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MEDECINE – DOCTORAT 1
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OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE
Objectif général
A la fin du cours, chaque apprenant devra être capable de comprendre les grandes lignes, les
principes et la démarche de calcul des différents types d’évaluations médico-économiques
Objectif spécifique 1.3 : Expliquer les caractéristiques des soins de santé qui
rendent souvent nécessaire l’intervention de l’Etat pour réguler ces soins
Objectif spécifique 3.2 : Décrire les principes de calcul des différents types
d’évaluation médico-économique
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CONCEPTS CLES EN ECONOMIE
ET EN ECONOMIE DE LA SANTE
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CONCEPTS CLES EN ECONOMIE ET EN ECONOMIE DE LA SANTE
1. Définitions de concepts
• Un bien : c’est un objet fabriqué (ex: une blouse, des gants, un médicament, unvaccin,
un microscope) ou quelque chose de concret, de tangible, utilisé pour combler un besoin
fondamental ou un désir. L’INSEE1 en France définit les biens comme « des objets
physiques produits pour lesquels il existe une demande, sur lesquels des droits de
propriété peuvent être établis et dont la propriété peut être transférée d’une unité
institutionnelle à une autre par le biais d’une opération sur le marché ».
- Le marché concurrentiel
- Le monopole
- L’oligopole
- Le monopsone
- L’oligopsone
• Les biens et services marchands : ce sont des biens et services qui s’achètent ou se
vendent sur un marché. Les entreprises commerciales, par exemple, elles, produisent
des biens et des services marchands.
• Les biens et services et non marchands : ce sont des biens et services qui ne s’achètent
pas ou ne se vendent pas sur un marché. Les administrations, par exemple, offrent des
biens et services non marchands, soit gratuitement, soit à un prix inférieur au coût de
revient.
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INSEE = Institut national de la statistique et des études économiques
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• Les biens et services publics : ce sont des biens et services qui répondent à deux
critères (théorie des biens publics, Paul Samuelson, 1954):
• Les biens et services et privés : ce sont des biens et services où il y a rivalité (la
consommation de ce bien ou de ce service par un usager réduit la consommation de ce
même bien ou service par d’autres usagers) et exclusion (on peut exclure quelqu’un de
la consommation de ce bien ou de ce service ; il est, par conséquent, obligé de payer
pour pouvoir faire usage de ce bien ou de ce service).
• Les biens et services communs : ce sont des biens et services rivaux mais non
exclusifs.
Exemples de biens/services commun : services de santé gratuits, éducation gratuite,
ressources environnementales et halieutiques
• Les biens ou services de club : ce sont des biens et services exclusifs mais non rivaux.
Exemples de biens/services de club : cinéma, télévision par satellite
• Les biens de recherche : ce sont des biens pour lesquels les acheteurs peuvent inspecter
les diverses alternatives avant l'achat (Nelson, 1970). Considérant le coût d’acquisition
de l’information sur la qualité du bien, il s'agit de biens dont les coûts d’acquisition de
l’information sont faibles avant l'achat ou la consommation du bien. Ces coûts se
réduisent aux coûts d’inspection du bien ou de la recherche d’information dans les
affiches par exemple.
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• Les biens d’expérience : considérant le coût d’acquisition de l’information sur la
qualité du bien, il s'agit de biens dont les coûts d’acquisition de l’information sont élevés
avant l'achat ou la consommation du bien, mais sont relativement faibles après achat ou
consommation. Il s’agit du coût d’"expérimentation" du bien qui peut se révéler utile
pour les achats futurs.
• Les biens de croyance ou biens de confiance : il s'agit de biens dont la qualité est
coûteuse à déterminer même après l’achat ou consommation (Darby et Karni, 1973).
• Les biens et services tutélaires ou de mérite : un bien est considéré comme tutélaire
lorsque l'Etat décide que sa consommation doit être encouragée ou au contraire modérée
ou bannie.
NB : Un bien qualifié de tutélaire peut le devenir car il dégage des externalités, mais
tout bien provocant des externalités ne devient pas forcément tutélaire.
Le fait qu'un bien devienne tutélaire peut découler d’une « myopie des citoyens »,
c'est-à-dire d'une tendance à maximiser leur utilité (voir définition plus loin) à court
terme plutôt qu'à long terme.
En d’autres termes, les externalités positives désignent les situations où un acteur est
favorisé par l’action d’une tierce personne sans qu’il ait à payer, tandis que les
externalités négatives désignent les situations où un acteur est défavorisé par l’action
d’une tierce personne sans qu’il en soit compensé.
• En présence d’effets externes négatifs: Taxer celui qui en est à l’origine (par
exemple, en présence d’une pollution, l’Etat doit taxer le pollueur pour que ce
dernier réduise son émission)
• En présence d’effets externes positifs : Renforcer les droits de propriété (exemple de
l’investissement en R&D ou en fabrication de médicaments => législation en
matière de brevet ou de secret commercial) et/ou accorder des subventions (exemple
de la vaccination, de l’éducation, de la gratuité de certains médicaments comme les
antituberculeux).
• L’utilité : c’est la somme des satisfactions que l’on retire en consommant un bien ou
un service.
• L’efficacité : c’est l’atteinte d’un objectif ou d’un résultat préalablement fixé, sans
présumer des ressources mis en œuvre pour atteindre cet objectif ou ce résultat.
• L’équité dans le financement : cette équité fait référence à la façon dont les fonds sont
obtenus pour financer le système de santé. Chacun paie ou cotise selon ses moyens. Les
paiements ou cotisations sont liées aux revenus et non aux risques de santé de la
personne.
• L’équité dans l’accès et l’utilisation des services de santé : cette équité fait référence
à la façon dont les services de santé et les ressources sont répartis et utilisés. Cette
utilisation doit se faire en fonction des besoins. En d’autres termes, chacun est pris en
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charge par les services de santé en fonction de ses besoins, et non en fonction d’autres
facteurs tels que son niveau de revenu ou sa capacité à payer les services de santé.
L’économie vise à comprendre comment une société alloue ses ressources rares.L’idée de base
est que les ressources sont toujours limitées en quantité pour répondre aux besoins des
hommes. La satisfaction d’un besoin génère un nouveau besoin(« l’homme est un éternel
insatisfait »). Mais comment concilier besoin illimitées et ressources limitées ? Telle est la
véritable question à laquelle les économistes doivent répondre, et c’est ce qui explique que
l’efficience est au centre de la réflexion économique. L’économie est donc la science des choix.
Ce choix se fait en fonction de divers critères, tels que l’efficience ou la maximisation de
l’utilité, c’est-à-dire du bien-être.
Dix (10) lois régissent les phénomènes économiques selon l’économiste américain Mankiw
(on les appelle aussi les 10 principes de Mankiw)
=> Microéconomie
1. Les individus doivent faire des choix – prendre une décision revient à comparer des
objectifs à atteindre
2. Le coût d’un bien est ce à quoi l’on est prêt à renoncer pour l’obtenir
3. Les individus rationnels pensent en termes marginaux (c'est-à-dire qu’ils comparent les
coûts et les avantages associés à chaque décision en vue de satisfaire au mieux leurs
besoins)
6. La loi du marché : les marchés constituent une façon efficace d’organiser les activités
économiques
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7. Mais l’intervention de l’Etat peut améliorer les résultats de l’activité économique dans
certaines situations : (i) pour améliorer l’efficacité du marché (en cas par exemple
d’externalités ou de monopole) ; (ii) pour promouvoir l’équité économique (rôle de
redistribution de l’Etat – impôt sur le revenu, assurance-chômage…).
=> Macroéconomie
8. Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et services
Par exemple :
L’économie de la santé aide à répondre à ce genre de questions en apportant des éclairages sur
ce qu’on gagne et sur ce qu’on perd en adoptant l’un ou l’autre scénario. En d’autres termes,
l’économie de la santé aide à faire des choix en connaissance de cause, dans l’optique
d’améliorer au maximum la santé des individus et/ou des populations. Et chaque choix qu’on
fait a des conséquences, ce que l’économie de la santé tente justement d’expliciter. L’économie
de la santé révèle les choix optimaux, efficients. C’est une discipline d’aide à la prise de
décision.
Malgré tout, les choix optimaux, efficients ne sont toujours pas aisés à obtenir et les consensus
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restent parfois difficiles à obtenir. Pourquoi cela ? A cause des caractéristiques des soins de
santé (voir section suivante).
En outre, beaucoup d’autres éléments entrent aussi en ligne de compte dans la prise dedécision.
En particulier, l’équité (en plus de l’efficience) est un autre critère importantpris en compte
par les économistes de la santé dans leurs analyses. Cependant, l’équité et l’efficience peuvent
être en conflit.
Exemples : Investir dans les soins de nouveau-nés prématurés (par l’achat de couveuses
et de matériel de réanimation) peut être équitable mais pas efficient en termes de coût
par enfant sauvé.
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4. Quels sont les caractéristiques des soins de santé qui font que l’Etat
est souvent obligé d’intervenir pour réguler ces soins ?
- L’incertitude
- L’asymétrie d’information
- Les externalités
Les externalités. Les soins et services de santé dégagent beaucoup d’externalités et l’Etat doit
intervenir pour internaliser les externalités.
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Points essentiels du cours à retenir :
• L’économie de la santé ce n’est pas réduire uniquement les coûts de la santé, mais il
s’agit d’assurer une utilisation optimale des ressources dans la santé.
• L’efficience est au centre des choix en économie de la santé. Mais d’autres critères entre
aussi en ligne de compte, notamment l’équité, qui peut être en conflit avec l’efficience.
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ANALYSE DES COÛTS
EN SANTE
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ANALYSE DES COÛTS EN SANTE
1. Définitions
• Le coût : c’est la valeur des ressources mobilisées pour produire un bien ou un service.
• Le prix : c’est la valeur monétaire attachée (associée) à un bien ou à un service qui peut
être vendu sur le marché. Au sens le plus strict, c’est la résultante de laconfrontation
d’une fonction d’offre et d’une fonction de demande, qui s’exprime librement sur un
marché.
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• Le tarif : Ce sont des prix administrés, c'est-à-dire fixés par les pouvoirspublics ou
négociés avec l’administration.
L’étude des coûts est utile pour une meilleure mise en œuvre des interventions desanté.
En particulier, une étude des coûts peut être une aide à :
Les coûts variables sont les coûts des ressources dont le rythme de renouvellement est
inférieur à une année. Ils sont généralement associés à des achats ou des dépenses réguliers (ex:
médicaments, factures d’électricité, de téléphone ou d’eau, carburant, frais de maintenance des
équipements, salaire du personnel etc.). Ils varient avec le volume d’activités.
Les coûts fixes sont les coûts des ressources qui durent plus d’un an (ex. bâtiments, véhicules,
ordinateurs, tables etc.). Ils ne varient pas avec le volume d’activités.
NB: la distinction entre coûts variables et coûts fixes n’est pas toujours aisée !
Les coûts directs sont des coûts représentant les dépenses directes effectuées ; ils sont
valorisés en se basant sur les prix du marché ou les tarifs. On distingue:
Les coûts indirects représentent les coûts non monétaires, car non réellement dépensés. Il
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s’agit des pertes de production, des pertes de productivité, des pertes en vies humaines etc.
Les coûts intangibles. Il s’agit des pertes de bien-être du patient et de son entourage, liée à la
maladie (souffrance, douleur etc.) ou au traitement (anxiété, angoisse, effets secondaires). Il
peut s’agir également des pertes d’activités de loisir ou de plaisir. Ces coûts par définition sont
difficiles à évaluer, et donc pratiquement jamais pris en compte dans les analyses.
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Source: Didier Castel. Le calcul économique en santé – Méthodes et analyses critiques; Editions de
l’Ecole Nationale de la Santé Publique, 2004.
Pour estimer les coûts d’une intervention de santé ou d’une maladie, il fautdéterminer :
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4.1. Le point de vue de l’étude
Il s’agit de déterminer la perspective selon laquelle les coûts sont calculés. S’agit-ilpar
exemple :
- du gouvernement ?
- du système de santé dans son ensemble ?
- d’un hôpital ou autre établissement de santé ?
- des ménages ou des individus ?
- des partenaires techniques et financiers ?
- des employeurs ?
- d’une compagnie d’assurance maladie ?
- de la société dans son ensemble (on parle de perspective sociétale) ?
Quand par exemple on veut calculer les coûts d’une maladie du point de vue du malade, on
peut être amené à considérer les coûts suivants, selon les objectifs de l’étude.
Quand on veut calculer les coûts d’une maladie du point de vue d’un hôpital ou d’un
programme de santé, on peut être amené à considérer les coûts suivants, selon les objectifs de
l’étude.
Il s’agit de tenir compte de l’horizon temporel. Si par exemple on veut évaluer les coûts d’un
programme de santé qui dure plusieurs années, il faut tenir éventuellement compte de :
Si les interventions ont lieu dans des pays différents ou en cas d’importation de
matériels et d’équipement, il faut éventuellement tenir compte de :
En somme : Du fait de la multiplicité des points de vue, il est utile de considérer les coûts des
programmes de santé comme des briques qui peuvent être assemblées de différentes façons
pour conduire une évaluation (Drummond, 1998).
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INTRODUCTION AUX
ETUDES MÉDICO-
ECONOMIQUES
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INTRODUCTION AUX ETUDES MÉDICO-ECONOMIQUES
1. Définition
Tout comme l’étude des coûts, les analyses médico-économiques sont utiles pour :
On peut faire une évaluation médico-économique à chaque fois qu’il faut choisirentre
deux ou plusieurs stratégies.
- Parce que les ressources sont limitées, il n’est pas éthique de les gaspiller
- Il faut plutôt en faire bénéficier le plus grand nombre
- Il faut aussi pouvoir rendre compte (justifier) des ressources utilisées
On distingue ainsi les analyses économiques partielles (par exemple l’étude du coût de
développement d’un médicament ou d’un dispositif médical donné) et les analyses
économiques complètes (qui étudient à la fois les coûts et les conséquences).
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Nous nous focaliserons sur les analyses économiques complètes. Il s’agit notamment des :
Elles sont destinées à répondre à la question suivante: « quel(le) médicament ou stratégie est
le (la) moins coûteux(se) » ? Les analyses de minimisation des coûts sont utilisées si par
exemple les effets de deux médicaments sont strictement identiques. Enfait, on compare des
médicaments qui diffèrent uniquement par leurs coûts.
L’analyse de minimisation des coûts peut être considérée comme un cas particulier d’une
analyse coût-efficacité ou d’une analyse coût-utilité, mais à résultats strictementidentiques.
Mais beaucoup nient la capacité, en pratique, de réaliser une étude de minimisation des coûts,
parce que les hypothèses qu’elles impliquent (même efficacitéou même utilité) ne sont presque
jamais réunies dans la réalité.
Elles sont destinée à relier les coûts d’une action à un seul type d’effet exprimé en unités
physiques ou naturelles (par exemple le nombre d’années de vie sauvées, le nombre de cas
évités, le nombre de kg gagnés ou perdus etc.)
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• Un ratio coût-efficacité incrémental ou ratio différentiel coût-efficacité :
𝐶𝑜û𝑡 (𝐵)−𝐶𝑜û𝑡 (𝐴) 𝐶𝑜û𝑡 (𝐶)−𝐶𝑜û𝑡 (𝐴)
ou
𝐸𝑓𝑓𝑖𝑐𝑎𝑐𝑖𝑡é (𝐵)−𝐸𝑓𝑓𝑖𝑐𝑎𝑐𝑖𝑡é (𝐴) 𝐸𝑓𝑓𝑖𝑐𝑎𝑐𝑖𝑡é (𝐶)−𝐸𝑓𝑓𝑖𝑐𝑎𝑐𝑖𝑡é (𝐴)
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Après avoir fait un ratio différentiel coût-efficacité, on se retrouve avec les quatre casde
figure suivants :
Volonté à
payer
L’utilité exprime les préférences des individus ou de la société entre différents états desanté et
de qualité de vie. En plus du nombre d’années de vie supplémentaires offert par un traitement,
l’analyse coût-utilité prend en compte la qualité de cette vie.
Le QALY est l’indicateur habituellement utilisé dans les analyses coût-utilité. Mais certains
utilisent aussi les DALYs. Le QALY est une mesure de l'utilité perçue par les patients d'une
action médicale qui modifie leur état de santé. Mais la perception de cette utilité reste
hautement variable. Ainsi, il est important de distinguer d’une part ce qu’est un résultat « brut »
et d’autre part ce qu’est l’utilité de ce résultat. Cet exemple donné par Drummond MF et al. en
est une parfaite illustration.
On considère des jumeaux, identiques en tout point, sauf dans leur activité
professionnelle, l’un est peintre et l’autre traducteur. Ils se cassent le bras droit. Bien
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qu’ils souffrent du même handicap, s’il leur était demandé de placerl’hypothèse " avoir
un bras cassé " sur une échelle allant de 0 (mort) à 1 (santéparfaite), leurs réponses
pourraient différer de façon considérable, compte tenu de l’importance que chacun
accorde au mouvement de son bras du fait de son activité professionnelle. Par
conséquent, leurs évaluations de l’utilité du traitement (c’est-à-dire l’amélioration de
la qualité de vie grâce au traitement), diffèrent aussi.
Elles visent à relier les coûts d’une action à ses conséquences exprimées en unités monétaires.
Les résultats sont monétarisés. Le but des analyses coût-bénéfices est de mettre en relation les
bénéfices et les coûts d’un médicament. les bénéfices sont-ils supérieurs aux coûts?
Deux indicateurs synthétiques sont habituellement utilisés pour présenter les résultats d’une
analyse coût-bénéfices :
- la valeur actualisée nette (VAN), qui permet de soustraire les coûts des bénéfices
(dommages évités) du traitement/médicament envisagé. Si la VAN est positive, le
traitement est pertinent d’un point de vue économique.
- le rapport bénéfice sur coût actualisé (rapport B/C), qui permet de rapporter les
bénéfices d’un traitement à ses coûts. Le traitement est pertinent économiquement si
le rapport B/C est supérieur à 1.
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Documents de référence
• Drummond, M. F., Sculpher, M. J., Torrance, G. W., O'Brien, B. J., & Stoddart, G. L.
(2005). Methods for the economic evaluation of health care programme. Third edition:
Oxford: Oxford University Press
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