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(M1)
EL GARNI Houssam
1
Sommaire
Introduction……………………………………………………………………………….3
Conclusion……………………………………………………………….………….…..21
Bibliographie……………………………………………………..……………………..22
2
Introduction
L’objet principal de chaque société commerciale est de réaliser des bénéfices1. Pour
se faire, il est primordial de mettre en place un ensemble de règles qui ont pour objectif
garantir la stabilité, faire régner l’ordre, assurer la sécurité des affaires et harmoniser
les rapports entre les personnes physiques et morales, membres de cette société. Le
non-respect de certains de ces dispositions peut entrainer une responsabilité civile et
donner lieu à une réparation du préjudice, tandis que d’autres exposent la personne
présumée responsable pénalement à une sanction.
En matière sociétaire, il est fréquent que le même fait engage à la fois la responsabilité
pénale et civile de son auteur. A travers cette cumulation de responsabilité, le
législateur tente d’assurer le caractère obligatoire de la loi, c’est d’ailleurs la raison
d’insertion du droit pénal des affaires. En effet, la spécificité de cette discipline se situe
principalement au niveau de la qualité de l’auteur de l’infraction (dirigeant de société).
Le statut de ce dernier impacte l’intensité de la sanction et sa gravité vu que le même
fait est doublement qualifié (abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie et
répartition de dividendes fictifs). Parmi tous les délits susmentionnés, le plus grave et
le plus fréquent est : la distribution des dividendes fictifs2. C’est d’ailleurs l’objet de
notre étude.
En effet, le terme dividende peut être défini comme étant les sommes dues par une
société à ses associés ou actionnaires au titre des bénéfices réalisés au cours de
l'exercice écoulé3. Le législateur marocain a régi la distribution de ces sommes en
vertu de la loi 17-95 relative à la société anonyme et la loi 5-96 relative aux autres
sociétés commerciales, des dispositions spécifiques régissant les conditions et les
modalités de distribution des résultats sous forme de dividendes et portant, entre
autres, sur la responsabilité civile et pénale en cas de répartition de dividendes fictifs.
Par le biais de cette réglementation, le législateur s’assure que l’associé touche son
1
Michel Véron, Droit pénal des affaires, éd Dalloz, 2019, p.243.
2
« Le délit de distribution des dividendes fictifs en droit algérien », thèse préparée par Kissi Samia, année
universitaire 2015/2016, p5.
3
Idem, p5.
3
dividende lorsque des bénéfices sont réalisés tel qu’énoncé par l’article 330 de la loi
17-95 et que la société ne souffre pas.
4
Chapitre 1 : Le cadre juridique de la distribution des
dividendes fictifs
Il convient de signaler que la distribution des dividendes fictifs ne peut avoir lieu qu’à
la présence d’un dirigeant social. Autrement, l’auteur de l’infraction doit avoir
essentiellement la qualité de dirigeant social (de droit ou de fait). Ce dernier peut être
une personne physique, les organes d’administration, de direction ou de gestion d’une
société anonyme, le gérant dans une société à responsabilité limitée ou une société
par actions simplifiées.
A- L’élément légal
Les textes réprimant la distribution des dividendes fictifs sont à la fois l’article 384
alinéa 1 de la loi n 17-95 et l’article 107 alinéa 1 de la loi n 5-96.
4
Article 384 alinéa 1 de la loi 17-95.
5
Quant au second, il sanctionne les gérants qui auront intentionnellement opéré entre
les associés la répartition des dividendes fictifs en l’absence d’inventaire ou au moyen
d’inventaire frauduleux.5
B- L’élément matériel6
En effet, l’inventaire peut être défini comme étant le contrôle annuel de l’existence et
de la valeur de tous les éléments d’actif et de passif à la date de la clôture. Pour
caractériser le délit de distribution des dividendes fictifs, il faut que cet inventaire soit
frauduleux ou absent.
En pratique, le cas d’absence d’inventaire est rarement présent, Cela est dû à trois
raisons. La première réside dans le fait que tel cas provoque l’intérêt de l’administration
fiscal qui sera soustraite de ses droits comptables qu’elle dispose à l’égard de la
société. La seconde découle de l’acception large qu’offre la jurisprudence de
l’inventaire. Ainsi, un bilan ou un simple compte rendu pourrait être considéré comme
valant inventaire à condition de ne pas être entaché d’erreur. La dernière tient au fait
que le défaut de ce document, ne se caractérise qu’à l’expiration de l’exercice
comptable lorsque ce dernier a une durée supérieure à un an. Compte tenu de ces
5
Article 107 alinéa 1 de la loi 5-96.
6
Julie GALLOIS, « Fiches de droit pénal des affaires », éd Ellipses,2019, p386 et suivants.
6
circonstances, le délit de distribution des dividendes fictifs n’est pas souvent le
corollaire d’absence d’inventaire.
La fictivité des dividendes constitue elle aussi une condition fondamentale pour
l’incrimination du délit. En effet, on parle de fictivité lorsque de faux bénéfices se sont
distribués entre les associés ou et les actionnaires, c’est-à-dire des sommes prélevées
du capital social ou des réserves légales, ce qui mettra automatiquement la société en
danger. Le recours à ce type de comportement est toujours aux fins de donner une
impression de prospérité d’une société en réalité déficitaire.7
Bien que la fictivité des dividendes soit présente, l’acte n’est qualifié de délit que lors
de la répartition aux associés. A la différence de la distribution, la répartition ne
suppose pas que l’apperception des dividendes fictifs de la part des associés mais
oblige leur mise à disposition à leurs profits. Ce qui explique également la non
répression de la tentative de ce délit. D’ailleurs, le législateur ne considère l’infraction
consommé que lorsque les associés acquièrent un droit de créance sur la société.
Pratiquement, la répartition des dividendes fictifs se matérialise par la décision prise
par les organes d’administration, de direction ou de gestion dans le cas de la société
anonyme et le gérant dans le cas de la société à responsabilité limitée.
7
Michel Véron, op.cit., p.244 et 245.
7
C- L’élément moral
Dol général : il repose dans la non fidélité ou l’inexactitude des documents comptables.
C’est ce que reflète le terme « mauvaise foi ».
Dol spécial : il consiste dans la volonté de l’auteur de dissimuler les difficultés dont la
société souffre. Il suffit que l’agent ait voulu dissimuler la véritable situation de la
société bien que le résultat n’était pas obtenu.
Généralement, la jurisprudence ne prend pas en compte les motifs bien que l’objectif
soit le maintien du fonctionnement de la société qui souffre de quelques difficultés. En
revanche, le dirigeant social ne peut pas être poursuivi dans le cas où il arrive à prouver
sa bonne foi, par exemple, il n’est arrivé qu’après la commission des faits ou de son
absence à une réunion du conseil d’administration pendant laquelle s’est opérée la
répartition des dividendes fictifs.9
8
Julie GALLOIS, op.cit., p.391.
9
Idem, p.391.
8
souvent très délicat d’envisager que les dirigeants fraudeurs aboutissent à leurs fins
sans la contribution du commissaire aux comptes.
En réalité, les comptes de la société doivent nécessairement donner une image fidèle
de la société, ces comptes doivent permettre aux tiers d’avoir une idée claire et
suffisante sur l’état financier de la société afin apprécier la capacité de celle-ci à
générer des bénéfices.
Néanmoins, le fait pour les dirigeants d’une société qui ne reflètent pas la véritable
image des comptes de la société constitue le délit de publication des comptes
infidèles10. Ainsi, les dirigeants doivent avoir l’intention de dissimiler la situation réelle
de la société, ce qui implique qu’ils ont agi en toute connaissance de cause.
La distribution des dividendes fictifs s’avère une suite logique du délit de publication
de comptes infidèles, certes la loi 9-88 relative aux obligations comptables des
commerçants11 exige au conseil d’administration ou au directoire de lever ses états de
synthèses et ce n’est qu’en falsifions ces documents que les dirigeants ayant but de
consommer un délit de distribution des dividendes fictifs pouvant y arriver.
On peut révéler alors que le délit de la publication d’un faux bilan n’est autre que le
commencement de l’exécution du délit de distribution des dividendes fictifs. Dans le
même sens, on trouve que la loi reconnaît cette infraction même en absence de
distribution de dividendes.
10
L’article 384 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes et l’article 107 de la loi 5-96 relative aux autres
sociétés commerciales.
11
Dahir n ° 1-92-138 (30 joumada II 1413) portant promulgation de la loi n ° 9-88 relative aux obligations
comptables des commerçants (B.O. 30 décembre 1992).
9
Elément légal de l’infraction :
Au Maroc, la loi sanctionne le délit de publication des comptes infidèles dans les lois
17-95 relative aux sociétés anonymes (article 384) et 5-96 sur les autres formes de
sociétés SARL notamment (article 107).12
L’inexactitude des états de synthèses : cette inexactitude peut être une dissimulation
des dettes, ou bien une inexactitude dans la distribution des valeurs dans les postes
tel qu’un fait d’annuler par compensation un poste du passif par son équivalent à l’actif
et en dernier lieu une majoration des éléments d’actif et une minoration des éléments
du passif13. On peut toutefois ajouter la surévaluation ou la sous-évaluation des stocks,
l’omission d’inscrire des dettes sociales ou même l’absence de constitution de
provisions.
L’intention frauduleuse des dirigeants est obligatoire pour constituer le délit, de cela le
caractère intentionnel est essentiel selon l’article 384 de la loi 17-95 afin d’entamer
une responsabilité pénale entière.
La mauvaise foi des dirigeants doit être prouvée par le procureur du Roi ainsi admettre
que les accusés ont cherché à cacher la réelle situation de la société sans même que
le résultat soit atteint. En ce sens, on déduit que ce délit est doublement intentionnel
d’où une connaissance de l’inexactitude des comptes et une volonté de dissimuler la
situation véritable de la société.
12
Mohamed EL MERNISSI, « Traité marocain de droit des sociétés », éd LexisNexis, 2020, p.583.
13
Julie GALLOIS, op.cit., p.387 et 388.
10
Les peines encourues :
Les chefs d’une société anonyme coupables d'un tel délit risquent une peine
d'emprisonnement d’un à six mois et une amende allant de 100.000 DH à 1 MDH ou
l’une de ces deux peines uniquement. Quant aux gérants des autres sociétés
commerciales, ils encourent une peine d’emprisonnement d’un à six mois et une
amende de 10 000 à 100.000 DH ou de l’une de ces deux peines.14
Le commissaire aux comptes est un organe de la société qui doit assurer en parallèle
une certaine indépendance notamment quant à ses rapports avec ses dirigeants, il
exerce un contrôle permanent qui profite à tous de manière impartiale en agissant
comme un expert neutre chargé de mettre ses compétences techniques au service de
la seule personne morale.
Dans cette optique la loi aurait pu se contenter de punir le commissaire aux comptes
fraudeur comme simple complice des administrateurs coupables de publications ou de
présentation de comptes infidèles.
Elle a cependant voulu l’aborder de manière différente et plus sévère en créant à son
encontre une incrimination spéciale dans l’article 405 de la loi 17-95 ainsi libellé :
« Sera puni tout commissaire aux comptes qui, soit en son nom personnel, soit au titre
d’associé dans une société de commissaires aux comptes, aura, sciemment donné ou
confirmé des informations mensongères sur la situation de la société ou qui n’aura pas
révélé aux organes d’administration, de direction ou de gestion les faits lui
14
L’article 384 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes et l’article 107 de la loi 5-96 relative aux autres
sociétés commerciales répriment le délit.
11
apparaissant délictueux dont il aura eu connaissance à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions ».15
La lecture de cet article nous interpelle quant à deux délits : celui de la profération
d’informations mensongères et celui de la violation de l’obligation légale de révélation.
L’article 405 de la loi 17-95 incrimine tout manquement du commissaire aux comptes
à son obligation d’approuver que les comptes soient sincères et donnent une image
réelle du résultat des opérations de l’exercice achevé ainsi que la situation financière
de la société au terme de cet exercice.
Ce délit est constitué par la réunion de deux éléments à savoir l’élément matériel et
l’élément moral.
Toutefois il importe peu que ce mensonge soit écrit ou verbal, il pourrait se manifestait
dans un signe et peu importe également le lieu où il est professé.
L’élément moral est constaté par la volonté frauduleuse de l’auteur, la mauvaise foi
du commissaire aux comptes représente donc une condition à la réalisation de
l’infraction. Le fait de mentir peut se concrétiser par le fait de dire le faux ou le fait de
cacher la vérité.
15
Mohamed EL MERNISSI, op.cit., p 625.
16
Idem, p.625.
12
La répression de ce délit est citée dans l’article 405 de la loi 17-95 qui le sanctionne
d’une peine d’emprisonnement de six à deux ans et d’une amende de 10 000 à
100 000 dirhams ou l’une de ces deux peines.17
Cette infraction ressort de l’article 405 de la loi 17-95 qui incrimine le commissaire aux
comptes qui ne révèle pas aux organes d’administration de direction ou de gestion les
faits qui lui apparaissent délictueuses dont il aura eu connaissance ça l’occasion de
l’exercice de ses fonctions.
Le commissaire aux comptes est responsable à l’égard de la société et des tiers des
conséquences dommageables des fautes et négligences commise par lui dans
l’exercice de ses fonctions.
Il n’est pas civilement responsable des infractions commises par les administrateurs
ou les membres du directoire ou du conseil de surveillance sauf si en ayant eu
connaissance lors de l’exécution de sa mission, il ne les a pas révélés dans son rapport
à l’assemblée générale.
On remarque ici que le législateur a limité la responsabilité du commissaire aux
comptes qui n’a pas révélé les infractions commises par les administrateurs ou les
dirigeants dans son apport destiné à l’assemblée générale à une responsabilité civile.
17
Mohamed EL MERNISSI, op.cit., p.758.
13
Chapitre 2 : Les conséquences de la distribution des
dividendes fictifs
Dans le même sens, ce délit porte une grande atteinte à l’ordre social et à l’économie
de manière générale, ce qui a poussé le législateur a incriminé l’infraction et de ceci
sanctionner les auteurs fraudeurs.
- Le président, les directeurs généraux, les membres du directoire pour les SA.
De plus, les dirigeants de fait sont également responsables à l’instar de l’article 374
de la loi 17-95.
18
Julie GALLOIS, op.cit., p.385.
14
Il est essentiel aussi d’indiquer que les dirigeants responsables doivent avoir été en
fonction le jour de l’assemblée générale qui a accordé la distribution des dividendes
fictifs.
Et en ce qui concerne la complicité, c’est selon l’article 129 du code pénal marocain
que peuvent être poursuivies les personnes extérieures ou non à la société qui ont
concouru à préparer ou à faciliter le délit sans une participation directe à cette
infraction.
La peine du délit de la distribution des dividendes fictifs est plus grave qu’aux autres
peines des infractions citées dans la loi 17-95 même avec l’avancement de la
rectification 20-05 qui complète la loi relative aux sociétés anonymes21, ainsi qui a
baissé un ensemble de peines des infractions cités dans le code sauf celle de la
distribution des dividendes fictifs.
En ce qui concerne la répression du délit, selon l’article 384 de la loi 17-95 seront
punis d’un emprisonnement d’un à six mois et d’une amende de 100 000 à 1 000 000
de dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement les membres des organes
d’administration, de direction ou de gestion d’une société anonyme qui en l’absence
d’inventaire ou au moyen d’inventaires frauduleux, auront, sciemment, opéré entre les
actionnaires la répartition de dividendes fictifs.22
La loi 5-96 également sanctionne dans son article 107 les gérants qui auront opéré
entre les associés la répartition de dividendes fictifs en l'absence d'inventaire ou au
moyen d'inventaire frauduleux par un emprisonnement d’un à six mois et d'une
amende de 10000 à 100 000 dirhams ou de l'une de ces deux peines uniquement.
Le juge aura donc le choix selon ses appréciations de choisir entre la sanction privative
de liberté, la sanction pécuniaire ou les deux la fois. Il peut également prononcer des
19
Article 27 du code pénal marocain.
20
Julie GALLOIS, op.cit., p.393.
21
La loi 20-05 est une loi qui est venu pour compléter la loi 17-95 par des amendements relatifs à la publicité,
au volet pénal et aux sociétés faisant appel public à l’épargne.
22
Mohamed EL MERNISSI, op.cit., p.758.
15
sanctions complémentaires selon l’article 442 de la loi 17-95 en ordonnant aux frais
du dirigeant, soit l’insertion intégrale ou par extrait de sa décision dans les journaux
qu’il désigne, soit l’affichage dans les lieux qu’il désigne.
Il est essentiel de noter que la tentative du délit de la répartition des dividendes fictifs
n’est pas punissable, il faut que l’infraction soit consommée afin de poursuivre
pénalement les auteurs fraudeurs.
Le respect des dispositions législatives est assuré en partie par les juridictions pénales
et sur ce à travers l’action publique et en partie par des autorités administratives
indépendantes à savoir l’autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC).
23
Coralie AMBROISE-CASTEROT, « Droit pénal spécial et droit pénal des affaires », éd, Gualino, 2019, p.345.
24
Article 2 du code de procédure pénale marocain.
16
S’agissant de la compétence territoriale celle-ci revient au tribunal situé dans le
ressort ou l’infraction s’est produite, le ressort duquel relève la résidence de l’accusé,
ou celle de l’un des co-auteurs ou des complices ou le ressort de leur arrestation.
Comme tout délit l’auteur de l’infraction ne peut plus être poursuivi passé un certain
délai de prescription, l’article 355 de la loi 17-95 précise que l’action en responsabilité
contre les administrateurs, le directeur général et, le cas échéant, le directeur général
délégué ou les membres du directoire tant sociale qu’individuelle, se prescrit par cinq
ans, à compter du fait dommageable ou s’il a été dissimulé, de sa révélation.25
Toutefois lorsque l’infraction est un crime, l’action se prescrit par vingt ans.
Et en ce qui concerne l’AMMC, c’est une autorité de régulation du marché des capitaux
qui veille au contrôle de l’information destinée aux tiers26. Et tant que la distribution
des dividendes fictifs constitue une indication ou un indice sur l’activité de la société
qui fait appel public à l’épargne surtout si elle marche correctement ou non, est conçue
donc comme une information destinée aux tiers qui doit être contrôlée. Si cette
information circulante s’avère fictive elle aura un impact grossier sur le marché boursier
et sur les intérêts des tiers en général. Ainsi l’organe procède à des enquêtes, à la
désignation des experts ou même à demander au commissaire aux comptes tout
document nécessaire ou lui ordonner de mener des investigations en tout ce qui
concerne la fictivité des dividendes et leurs distributions. En plus du contrôle, l’AMMC
selon l’article 43 de la loi 43-12 sanctionne les fraudeurs responsables par des peines
d’emprisonnement de trois mois à un an et par une amende de 20 000 à 100 000
dirhams.
D’autre part, le gérant peut engager une responsabilité fiscale personnelle lorsque par
suite de manœuvres frauduleuses, il a rendu le recouvrement de l'impôt impossible
(Code de recouvrement des créances publiques, art. 98).27
25
Mohamed EL MERNISSI, op.cit., p.759.
26
Loi n° 43-12 relative à l’autorité marocaine du marché des capitaux.
27
Idem, p.193.
17
à savoir un arrêt de la cour de cassation, chambre criminelle du 31 octobre 2007 et un
arrêt de la cour de cassation du 20 mars 2014.
Par ailleurs à côté de la responsabilité pénale coexiste une autre action qui s’avère
nécessaire de voir dite action civile.
Outre les sanctions pénales, des mesures civiles peuvent être prononcés, notamment
la répétition des dividendes. Ainsi, les actionnaires qui ont eu connaissance du
caractère irrégulier de la distribution vont être amenés à restituer les sommes perçues.
Par contre, dans le cas de bonne foi ou d’ignorance légitime des actionnaires qui n’ont
pas eu communication des comptes sociaux exactes ou qui n’ont pas été présent à
l’assemblé qui les a approuvés, ceux-ci ne sont pas obligés de restituer les dividendes
fictifs antérieurement reçus. On retient donc, que la restitution des dividendes fictifs
n’a lieu qu’à l’existence de la mauvaise foi.28
28
Mohamed EL MERNISSI, op.cit., p.758.
29
Idem, p.759.
30
Idem, p.759.
18
D’autres mesures accessoires peuvent être prononcées à l’égard du dirigeant social
ou du commissaire aux comptes qui a omis sciemment de relever dans son rapport à
l’assemblé général le caractère fictif des dividendes :
Lors d’un procès pénal, les victimes de la distribution des dividendes peuvent
demander la réparation du préjudice qu’ils ont subi par l’exercice de l’action civile
devant le juge pénal, tel prévu par l’article 9 du code de procédure pénal. Donc, le juge
pénal est compétent à la fois de prononcer une peine pénale et d’étudier la demande
de réparation du dommage subi par les victimes. La recevabilité de la demande de
réparation du préjudice peut être admise lorsque la partie civile est constituée
d’actionnaires qui ont pris cette qualité après la publication des comptes infidèles,
c’est-à-dire que l’acquisition de la qualité d’actionnaire est le résultat de la publication
de comptes infidèles, comme elle peut être par des actionnaires ayant acquis cette
qualité avant la publication des comptes. L’idée soutenant l’acceptation de ceux-ci
comme partie civile s’explique par leur maintien d’investissement à cause de l’infidélité
des comptes qui leur ont faussement fait croire en sa prospérité, de sorte qu’ils ont
ainsi perdu la chance de limiter leurs pertes financières. Cette justification a été
critiquée par deux sortes d’auteurs. Les premiers déclarent que le caractère direct du
préjudice par perte d’une chance est contestable car les considérations déterminant le
maintien d’un investissement peuvent être multiples. Quant aux autres, ils disposent
19
que le préjudice situant dans la dépréciation de leurs titres se confond avec le préjudice
social.31
En effet, le tribunal de commerce peut être compétent pour siéger sur des actions de
réparation de la part des associés ou des tiers. Cette action est exercée contre les
gérants, les présidents, administrateurs ou directeurs généraux de sociétés
anonymes, ou les membres du directoire et du conseil de surveillance de ces mêmes
sociétés ainsi qu’à l’encontre des spécialistes de la comptabilité (comptable de la
société, commissaires aux comptes) pour non-révélation de faits délictueux.
4- La compétence territoriale :
5- La prescription :
31
Thèse préparée par Kissi Samia, op.cit., p79.
32
Article 259 du code de procédure pénale.
20
Conclusion
En guise de conclusion, le délit de la répartition des dividendes fictifs est une infraction
grave du droit des sociétés, la distribution de tels dividendes encourt à la fois l’abus
de confiance et l’escroquerie, ce qui est plus alarmant c’est qu’il concerne une
distribution du capital social voir même les réserves ce qui devrait nuire au bon
fonctionnement de l’activité des sociétés.
On peut donc remarquer que les victimes du délit de la distribution des dividendes
fictifs ont reçu des dispositions de la loi toute la protection possible sur le niveau de la
responsabilité puisque cette distribution opérée même de bonne foi engage la
responsabilité civile. Elle engage de plus la responsabilité pénale si elle est effectuée
de mauvaise foi.
21
Bibliographie
Ouvrages et thèses :
-Coralie Ambroise-Castérot, « Droit pénal spécial et droit pénal des affaires », Edition
Gualino 2019.
-Julie Gallois, « Fiches de droit pénal des affaires », Edition Ellipses 2019.
-
Mohamed El Mernissi, « Traité marocain de droit des sociétés », Edition LexisNexis
2020.
-Thèse : « Le délit de distribution des dividendes fictifs en droit algérien ». Préparée par
Kissi Samia. Année universitaire 2015-2016.
Lois :
-Loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes.
-Loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société
en commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en
participation.
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