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COURS DE DROIT DES ASSURANCES

Les assurances ont pris naissance dans le droit maritime par le prêt à la grosse aventure.

Contrairement à la loi de 1930, le Code CIMA est un code moderne qui a su prendre en
compte un certain nombre de droits.

C’est la survenance du sinistre qui est l’élément déclencheur de la couverture d’assurance.

La prime est appelée cotisation dans les sociétés mutuelles d’assurance.

Avec le Code CIMA, le droit de la consommation a intégré le droit des assurances.

La Commission Régionale de Contrôle des Assurances.

En dehors de l’assurance, il ya la réassurance, la coassurance. Dans la réassurance, l’assureur


se fait assurer par un autre assureur avec la différence que l’assuré n’a pas d’action directe contre le
réassureur qu’il ignore.

La coassurance c’est lorsque l’assureur se rend compte que le risque est trop important pour
qu’il s’engage seul. Dans ce cas il chercher un autre assureur pour qu’ils s’engagent ensemble.
Exemple dans les grands risques comme le risque atomique.

INTRODUCTION : QUELQUES GENERALITES SUR LES


ASSURANCES

L’opération d’assurance peut recevoir 2 définitions. Du point de vue juridique, elle est
envisagée dans les relations bilatérales assureur/souscripteur.

« L’assurance est alors le contrat par lequel une partie (le souscripteur), se fait commettre par une
autre partie (l’assureur), une prestation en cas de réalisation d’un risque moyennant le paiement d’un
prix appelé prime ou cotisation ».

Mais l’aspect juridique s’efface devant l’aspect proprement technique qui est l’organisation
d’une mutualité.
Du point de vue technique, « l’assurance est l’opération par laquelle un assureur, organisant
en mutualité une multitude d’assurés exposés à la réalisation de certains risques, indemnise ceux
d’entre eux qui subissent un sinistre grâce à la masse commune des primes collectées ».

L’assurance repose alors sur les bases techniques auxquelles obéissent la réassurance et la
coassurance.

La réassurance est l’opération par laquelle l’assureur seul responsable à l’égard de ses assurés
pour les risques qu’il a acceptés se garantit à son tour auprès d’un réassureur pour une partie plus pu
moins importante de ces risques. C’est en quelque sorte l’assurance de l’assureur avec néanmoins
cette précision que jamais l’assuré n’a d’action directe contre le réassureur qu’il ignore. La
réassurance est une activité internationale qui groupe et éparpille les risques couverts par les
assureurs de tous les pays. Elle permet en outre de transférer au réassureur une partie des risques
souscrits, l’assureur direct ne gardant définitivement à sa charge que le « plein de conservation »
qu’il peut garantir lui-même.

La coassurance est la division de la garantie d’un gros risque entre plusieurs assureurs,
chacun étant garant de la seule part qu’il a acceptée dans la limite du « plein de souscription » qu’il
a déterminé pour son entreprise.

Les deux techniques peuvent être réunies au sein de « pools » spécialisées de coréassurance
en cote part auxquelles adhèrent le plupart des sociétés d’une branche donnée pour couvrir ensemble,
mais sans solidarité ni rétrocession, des risques très important. On peut citer le « pool atomique », le
« pool pollution ».

Certains risques sont techniquement inassurables parce que leur réalisation romprait
l’équilibre de la mutualité. La sélection par l’assureur d’une multitude de risques dispersé et de
valeur équivalente est la condition de réalisation de l’opération d’assurance qui ne peut se réaliser
que par la « compensation des risques ». il n’y a d’assurance efficace que si cette compensation des
risques est organisée à l’intérieur de la mutualité groupée par l’assureur conformément aux lois
mathématiques sur lesquelles il fonde ses prévisions. Des fléaux tels que la guerre, ou les
cataclysmes exceptionnels entrainent des dommages trop massifs pour qu’une compensation des
risques puisse jouer dans le cadre normal de l’assurance. Ils relèvent de la solidarité nationale ou
internationale.

Les assurances peuvent être classées en plusieurs catégories : les assurances à caractère
indemnitaire ou assurance de dommages et les assurances à caractère forfaitaire ou assurance de
personnes.

Les assurances à caractère indemnitaire comprennent les assurances de chose ou de biens et


les assurances de responsabilité ou de dette encore appelées assurances de passifs. Ces assurances
sont fondées sur le principe indemnitaire en vertu duquel l’assureur ne doit payer que la valeur de la
chose assurée. Le bénéficiaire de l’assurance ne saurait en aucun cas s’enrichir en recevant les
indemnités supérieures à ses préjudices.

Le principe indemnitaire est à la base de la nullité qui frappe toute surassurance frauduleuse,
et de la réglementation des assurances multiples et cumulatives.
Il y a surassurance aux termes de l’article 33 du Code des Assurances CIMA, « lorsqu’un
contrat d’assurance a été consenti pour une somme supérieure à la valeur de la chose assurée ».

Quant aux assurances à caractère forfaitaire, on en parle lorsque l’assureur doit seulement une
somme forfaitaire déterminée au moment de la conclusion du contrat. Les risques garantis dans les
assurances de personne affectent la personne même de l’assuré : vie, mort, accident corporel,
maladie, invalidité, nuptialité, natalité. Si l’un de ces évènement assurés se réalise, il rend exigible le
règlement de la prestation à caractère forfaitaire dont le montant est déterminé dans la police
d’assurance, sans qu’intervienne aucune évaluation du dommage éventuellement subi.

Les assurances fonctionnent dans le cadre d’un marché appelé marché de l’assurance. Ce
marché est animé par les vendeurs ou producteurs d’assurances, les intermédiaires d’assurance et
l’Etat.

Les vendeurs d’assurance ne peuvent être que les SA et de capitalisation et les sociétés
d’assurance mutuelles.

Quant aux intermédiaires ou distributeurs d’assurance, ce sont des personnes physiques ou


morales qui présentent au public des produits d’assurance et qui recueillent des souscriptions de
contrat qu’elles transmettent aux sociétés.

Il y a deux principales catégories d’intermédiaires : les courtiers et les agents généraux.

Le courtier d’assurance exerce une profession libérale puisqu’il agit en toute indépendance,
en principe il n’est lié à aucune entreprise d’assurance en particulier et de manière exclusive, si bien
qu’il peut servir d’intermédiaire entre tout assuré et toute compagnie d’assurance. Il est commerçant
selon l’article 3 de l’AUDCG.

Les agents généraux sont chargés, en vertu d’un mandat, de proposer les opérations
d’assurance et de souscrire les contrats d’assurance au nom d’une société d’assurance déterminée.
L’agent général est donc le représentant exclusif d’une entreprise d’assurance pour un territoire
donné. Les agents généraux sont assimilés à des préposés des assureurs qu’ils représentent (article
505 Code CIMA).

En ce qui concerne l’Etat il est régulateur et législateur. En tant que régulateur, il exerce son
contrôle sur les sociétés d’assurance à travers la Commission Régionale de Contrôle des Assurances
institué par le Code CIMA. Aux termes de l’article 309, cette commission est l’organe régulateur de
la CIMA. Elle est chargée du contrôle des sociétés et de la surveillance complémentaire des sociétés
d’assurance faisant partie d’un groupe d’assurance. Elle assure la surveillance générale et concourt à
l’organisation des marchés nationaux d’assurance. Selon l’article 300, ce contrôle s’exerce dans
l’intérêt des assurés souscripteur et bénéficiaire des contrats d’assurance. Il vise à faire respecter
leurs engagements part les Cie d’assurance, notamment en veillant à leur sérieux et à leur solvabilité.

En tant que législateur, l’Etat intervient à travers ses organes législatifs pour poser des règles
régissant les rapports assureurs/assurés à l’intérieur de chaque opération spécifique. On dit alors que
c’est le législateur qui règlemente le contrat d’assurance afin d’éviter que l’assureur y insère des
clauses abusives au détriment de l’assuré. Ainsi, le Code CIMA règlemente le contrat d’assurance et
donne aux dispositions protectrices des bénéficiaires et des souscripteurs un caractère d’ordre public.

Le champ d’application du Code CIMA est limité. Aux termes de l’article 1 er, les dispositions
de ce code s’appliquent aux assurances terrestres, à l’exclusion des assurances maritimes, fluviales et
les réassurances conclue entre assureur et réassureur. Elles ne s’appliquent pas non plus aux
dispositions d’assurance crédit, ces assurances sont régie par des textes particuliers régissant ces
profession.

TITRE UNIQUE : LE CONTRAT D’ASSURANCE

CHAPITRE I : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU CONTRAT D’ASSURANCE

Il s’agit de voir les personnes qui interviennent, les éléments objectifs du contrat et les
caractères du contra d’assurance.

SECTIONS 1 : les personnes intervenant au contrat d’assurance

Les différentes parties sont le souscripteur et l’assureur, à ces deux personnages, il convient
d’ajouter l’assuré et le tiers.

I. LE SOUSCRIPTEUR

Le souscripteur ou « preneur d’assurance » est la partie au contrat au non de laquelle la police


d’assurance est signée et qui s’engage à payer les primes. Il peut être une personne physique ou
morale. Si le souscripteur est une personne physique, il doit avoir la capacité de contracter
conformément aux règles du droit commun. Il peut se faire représenter par un mandataire muni d’une
procuration générale ou spéciale. Dans ce cas, le mandataire qui conclura le contrat au nom et pour le
compte du souscripteur ne sera pas personnellement tenu du paiement des primes conformément à la
théorie générale du mandat.

Les souscripteurs personnes morales ne peuvent conclure le contrat d’assurance qu’en


agissant par l’intermédiaire de leurs représentants légaux.

Qu’il s’agisse d’une personne physique ou morale, le contrat d’assurance peut aussi être
conclu pour le compte d’autrui, sans mandat, même si la ratification n’intervient qu’après le sinistre
(article 5 Code CIMA).
II. L’ASSUREUR

C’est celle des parties qui assume les risques et s’engage à verser une prestation en cas de
sinistre. Contrairement au souscripteur, l’assureur ne peut être qu’une personne morale, SA ou
Société d’assurance mutuelle.

III. L’ASSURE

C’est la personne physique ou morale sur la tête ou sur les intérêts de laquelle repose
l’assurance. C’est aussi celui dont la personne ou les biens sont soumis au risque garanti par le
contrat. L’assuré peut être le souscripteur lui-même qui conclu le contrat d’assurance pour son
propre compte (ex : assurance incendie sur sa propre maison, assurance sur la vie). Lorsqu’une
personne contracte une assurance sur sa propre vie, elle réunit sur sa tête les qualités de souscripteur
et d’assuré auxquelles s’ajoutent celle du bénéficiaire.

Si une assurance sur la vie est souscrite par un tiers pour le compte de l’assuré, celui-ci doit
donner son consentement tant à la conclusion du contrat qu’à la transmission du bénéfice du contrat à
peine de nullité.

IV. LE TIERS

Il peut être soit le bénéficiaire de l’assurance, soit la victime ou le responsable du fait


dommageable. Le souscripteur peut conclure la police d’assurance au profit d’un tiers qui peut être
une personne déterminée ou pour le compte d’une personne indéterminée. Dans cette seconde
hypothèse, l’assurance est souscrite pour le compte de qui il appartiendra (article 5 Code CIMA).
Ce genre d’assurance est utilisé dans les assurances de chose en matière maritime ou les
marchandises passent de mains en mains rapidement. Le propre d’une telle assurance est de garantir
non seulement le propriétaire actuel de la chose assurée, mais aussi tout propriétaire futur de la chose
assurée. Le souscripteur souscrit alors un contrat non seulement pour son propre compte, mais aussi
pour le compte d’autrui.

SECTION 2 : les éléments objectifs caractéristiques du contrat d’assurance

Plusieurs éléments caractérisent le contrat d’assurance : le risque, la prime et la prestation de


l’assureur. Ce dernier élément sera étudié dans les obligations nées du contrat.

I. LE RISQUE
Le risque ou l’aléa est la raison d’être, l’objet même du contrat d’assurance. C’est l’élément
aléatoire contre lequel l’assuré se défend en souscrivant le contrat d’assurance. Il peut s’agir de
l’incendie de son bien, du vol ou du bris de glace. Le risque doit répondre aux critères inhérents à sa
nature faute de quoi l’assurance n’est pas valable.

A. Les critères du risque

Le risque peut porter sur la survenance même de l’évènement prévu au contrat (ex : vol ou
incendie). Cet évènement qui constitue l’aléa peut se produire ou ne pas se produire pendant toute la
durée du contrat.

Le risque doit présenter certains critères. Il doit être réel et licite.

Le caractère réel du risque suppose que sa réalisation par le sinistre soit possible. Cette
réalisation n’est possible que s’il s’agit d’un évènement incertain, futur et indépendant de la volonté
des parties. Il n’y a pas de certitude si l’évènement ne peut se réaliser selon les lois naturelles.
L’exigence de l’incertitude n’est pas absolue, elle peut ne porter que sur la date de réalisation et non
sur le fait même qui est certain (ex : la mort).

L’évènement doit être futur, ce qui suppose que s’il s’est déjà réalisé lors de la conclusion du
contrat, l’assurance est nulle alors même que les parties ignoraient cette réalisation. C’est le refus du
risque putatif dans les assurances terrestres.

Le droit maritime admet exceptionnellement l’assurance du risque putatif, à condition que ni


l’assureur, ni l’assuré ne sache la vérité, faute de quoi l’assurance est nulle.

De même, le risque ne doit pas dépendre de la volonté des parties, ce qui n’exclut pas
l’assurance en cas de faute non intentionnelle de l’assuré.

Par ailleurs, le risque doit être licite car l’objet du contrat ne saurait être contraire à l’ordre
public et aux bonnes mœurs. Ainsi, les condamnations et amendes pénales ou fiscales ne sont pas
assurables même si l’infraction n’est pas intentionnelle. Seules les conséquences civiles des
infractions pénales peuvent être assurées.

B. La réalisation du risque

Le sinistre est la réalisation du risque, il se produit par exemple lorsque la chose assurée est
détériorée ou détruite ou encore lorsque la personne assurée décède ou subi une lésion corporelle. La
survenance du sinistre crée des obligations à la charge des deux parties. L’obligation du souscripteur
de déclarer le sinistre à l’assureur, et l’obligation de l’assureur de mettre en œuvre la garantie en
exécutant la prestation promise.

II. LA PRIME
Elle désigne la somme payée à une entreprise d’assurance pour la garantie d’un risque. Elle
prend le nom de cotisation dans les entreprises à caractère mutuel, dans lesquelles le sociétaire assuré
est en même temps membre d’une communauté mutualiste organisée de manière spécifique.

Juridiquement, la prime ou prix de l’assurance est la contrepartie de la sécurité vendue par


l’assureur.

SECTION 3 : les caractères du contrat d’assurance

Le contrat d’assurance est un « contrat nommé » dont la spécificité est soulignée par
l’existence d’une législation particulière. Il présente plusieurs caractères qui permettent de le situer
dans la classification usuelle du droit des contrats.

I. CONTRAT CONSENSUEL

Le consentement des deux parties assureur et souscripteur fonde la validité du contrat


d’assurance. Si un écrit est exigé, ce n’est que pour la preuve du contrat dont la conclusion est faite
dès l’accord des parties. Si l’obligation de l’assureur est conditionnelle dans la mesure où il ne doit
sa prestation qu’en cas de sinistre, en revanche, le contrat d’assurance lui-même n’est pas
conditionnel, mais parfait dès l’échange des consentements sur les engagements réciproques.

II. CONTRAT ALEATOIRE

C’est ici que le contrat d’assurance s’oppose totalement à l’opération d’assurance. En effet, si
par la loi des grands nombres et la compensation des risques l’opération d’assurance est globalement
anti aléatoire, en revanche, il y a bien l’aléa dans la seule relation bilatérale assureur/assuré qu’est le
contrat d’assurance. L’aléa est évident en cas de couverture d’un risque incertain (assurance
incendie). Mais existe même e, cas de risque certain tel l’assurance en cas de décès où la date du
sinistre et le nombre d’année du paiement des primes demeurent inconnus.

Le caractère aléatoire est fondamental, car il est de l’essence même du contrat d’assurance.
Aussi un risque apparaît-il techniquement inassurable lorsque sa réalisation est très proche compte
tenu des circonstances de fait.

III. CONTRAT SYNALLAGMATIQUE

Assureur et assuré s’engagent réciproquement, l’un à faire les déclarations exactes qui lui
incombent et à payer les primes, l’autre à couvrir tel risque prévu au contrat s’il se réalise.

La réciprocité des obligations dans le cadre d’un contrat synallagmatique explique que
l’assureur ne doive plus sa garantie si l’assuré a mal rempli ses obligations soit dans la déclaration
des risques (nullité du contrat ou réduction de l’indemnité), soit dans la déclaration des sinistres
(déchéances). Soit en cas de non paiement des primes (suspension de la garantie).

IV. CONTRAT A EXECUTION SUCCESSIVE

Les contrats d’assurance s’échelonne toujours dans le temps (comme le contrat de bail, de
travail). La garantie est prévue pour une durée qui peut être soit très longue, la prime étant
généralement payée chaque année, soit brève par exemple pour le temps d’un voyage aérien. Mais
cette garantie qui fait l’objet du contrat se prolonge après l’instant de sa conclusion ou de sa prise
d’effet.

Le caractère successif du contrat rend compte de l’élément temporel de la garantie et les


règles sur la résiliation du contrat ou sur la divisibilité des primes de la période garantie en sont les
conséquences.

V. CONTRAT D’ADHESION

Le contrat d’assurance est souvent donné comme exemple de contrat d’adhésion par la
doctrine et sanctionné comme tel par la jurisprudence alors que son caractère consensuel devrait
sauvegarder la liberté et l’égalité des parties.

Le contrat d’assurance est élaboré, rédigé, imprimé par l’assureur et l’assuré qui « adhère » à
un contrat préétabli dont il n’a pas discuté les conditions, se contente souvent de remplir les blancs
de l’imprimé. Compte tenu des abus que créait cette situation notamment par des clauses de
déchéance en petit caractère peu lisible, le législateur est intervenu pour réglementer le contrat
d’assurance en limitant les abus antérieurs. A ce propos, l’article 8 alinéa 2 dispose que « les clauses
des polices édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions, ne sont valables que si elles sont
mentionnée en caractère très apparent ».

Le caractère du contrat d’adhésion s’estompe cependant pour les très gros riques qui sont
généralement placés par les intermédiaires, courtiers, ou assureur conseil.

VI. CONTRAT DE BONNE FOI

Selon l’article 1134 Code Civil, les conventions doivent toujours être exécutées de bonne
foi. Celle-ci se présume et on comprend mal un système juridique qui ne postule pas une élémentaire
égalité des parties. En matière d’assurance, la loyauté est beaucoup plus exigée de l’assuré pour
maintenir l’équité de la relation contractuelle alors que l’assureur est le plus souvent obligé de faire
confiance à ses déclarations sans pouvoir les vérifier lors de la conclusion du contrat. C’est pourquoi
la mauvaise foi prouvée de l’assuré est sanctionnée avec une particulière sévérité par la nullité du
contrat s’il y a mauvaise foi dans la déclaration des risques, ou par la déchéance s’il y a mauvaise foi
dans la déclaration du sinistre.
CHAPITRE II : LA FORMATION DU CONTRAT D’ASSURANCE

Ce chapitre sera consacré à la conclusion du contrat et aux modifications intervenues en cours de


contrat.

Section 1 : La conclusion du contrat d’assurance

Le contrat d’assurance se conclue par l’échange des consentements. La prise d’effet de la


garantie doit être précisée dans le contrat. En tout état de cause, les engagements des parties doivent
être prouvés par un écrit. C’est cet écrit qui constitue la police d’assurance.

§1 : L’échange des consentements

Le contrat d’assurance peut être conclu après une longue phase de pourparlers. En effet,
l’assureur a besoin d’être informé de manière précise sur les risques qu’il s’apprête à prendre en
charge. De même, l’assuré a besoin de connaitre d’une manière générale les conditions de la garantie
pratiquée par l’assureur. C’est ainsi, que le code CIMA fait obligation à l’assureur avant la
conclusion du contrat, de fournir une fiche d’information sur le prix, les garanties et les exclusions
(art 6 al 2). Ces pourparlers conduisent à l’établissement d’une proposition d’assurance sous forme
de questionnaire. Le futur assuré devra y faire mention d’un certain nombre d’informations qui
permettront à l’assureur d’être renseigné sur le risque à couvrir. La proposition d’assurance est le
document par lequel le futur souscripteur demande une garantie pour les risques qu’il déclare. Si la
proposition d’assurance émane pratiquement de l’assureur, on l’analyse juridiquement comme une
offre faite par le futur assuré à l’assureur. L’assureur peut accepter ou refuser cette offre. Si dans sa
réponse l’assureur apporte des modifications, on parle de contreproposition soumise à l’assuré. La
proposition n’est qu’un acte préparatoire tant qu’elle n’est pas acceptée, ce qui n’engage ni l’assureur
ni l’assuré (art 6 al 1). Pour qu’il y ait engagement, il faut un contrat signé des parties. L’assuré n’est
pas obligé de maintenir son offre dans un certain délai et pourra la retirer à n’importe quel moment.
Pourtant, en droit commun, la jurisprudence exige le maintien de l’offre pendant le temps nécessaire.
En l’absence de révocation de l’offre, il n’y a pas de délai légal où l’offre serait caduque bien que le
pollicitant pourrait sans crainte accompagner son offre de la date limite d’acceptation. L’assureur
n’est pas obligé d’accepter durant un délai déterminé, et son silence n’engage pas sa responsabilité.
L’acceptation n’est soumise à aucune formalité particulière, mais elle doit être expresse. Lors de
l’accord des volontés, l’assureur retardera le moment de la conclusion en exigeant des conditions
complémentaires. Il est souvent stipulé que le contrat n’est formé qu’après la signature des parties.
Toutefois, si l’assuré souhaite être couvert plus rapidement, il va demander à l’assureur une note de
couverture. La note de couverture est une police provisoire remise à l’assuré avant la rédaction
définitive du contrat (art 7 al 3). Il s’agit alors d’un avant contrat d’assurance qui doit être interprété
aux conditions générales de la police type de l’assureur.
§2 : La prise d’effet du contrat

C’est le moment où le contrat déjà conclu s’appliquera quant aux obligations des parties. En
principe, le contrat produit un effet immédiat. Il y a donc concomitance entre la prise d’effet et la
conclusion du contrat. Toutefois, alors que l’assuré est tenu de ses obligations (paiement de la prime)
dès la conclusion du contrat, la prise d’effet de la garantie de l’assureur est subordonnée au
versement de la prime par l’assuré (art 13 al 2). Des difficultés se présenteront s’il y a un sinistre le
jour du paiement de la première prime. La détermination de l’heure sera difficile car elle n’est pas
souvent indiquée. Aussi, les assureurs ont-ils pris l’habitude d’insérer une clause prévoyant la prise
d’effet à midi, le lendemain de ce paiement. Si l’assuré paye par chèque, la garantie se trouvera
subordonnée à son encaissement.

§3 : La preuve du contrat

Non seulement l’écrit est nécessaire pour prouver le contrat, mais cet écrit doit comporter
certaines mentions.

A- L’exigence d’un écrit

L’article 7 al 1 du code des assurances précise que : « le contrat d’assurance est rédigé par écrit
dans la ou les langues officielles des États de la CIMA en caractères apparents. ». Cette exigence est
d’ordre public mais la loi n’a pas voulu faire du contrat d’assurance un contrat solennel. La police
doit être rédigée par écrit sans qu’aucune forme sacramental ne soit exigée. Le contrat pourra être
prouvé en rapprochant la proposition écrite de l’assuré et l’acceptation par tout moyen laissant trace
écrite de l’assureur donnant son accord à cette proposition. Sous réserve de cette distinction entre la
formation du contrat et la preuve, la seule preuve admise sera la preuve littérale. La preuve
testimoniale sera admissible lorsqu’il y a commencement de la preuve par écrit.

B- L’exigence de certaines mentions

La police rédigée en plusieurs exemplaires doit contenir les engagements des parties. Elle doit
contenir les noms et domiciles des parties contractantes. S’il s’agit des personnes morales, il faudra
préciser leur raison ou leur dénomination sociale, et leur siège social. La police comporte deux
catégories de clauses : les conditions générales et les clauses dactylographiées qui sont des
conditions particulières. En plus, il y a des intercalaires qui font corps avec la police et qui ont la
même force obligatoire. En cas de contradiction entre les conditions générales et les clauses
dactylographiées, ce sont celles-ci qui doivent s’appliquer, car elles traduisent mieux la volonté des
parties. Le contrat doit être rédigé en caractères apparents. Il s’agit ici de faire échec à la pratique
qui consiste à rédiger les contrats en caractères minuscules pour décourager la lecture. La police doit
être lue sans efforts afin de mieux sécuriser les intérêts de l’assuré consommateur. Les clauses écrites
en caractères infinitésimaux sont inopposables à l’assuré. Les clauses édictant des nullités et de
déchéances ou des exclusions de garanties doivent être mentionnés en de caractères très apparents
qui frappent le lecteur à première vue soit par leur encre de couleur différente, soit par les caractères
de leurs lettres.

Section 2 : L’avenant
Aux termes de l’article 7 al 2 du code des assurances : « toute addition ou modification au
contrat d’assurance primitif doit être constaté par un avenant signé des parties. ». Ainsi, les parties
peuvent être amenées à apporter des modifications à leur convention par suite de changement. Elles
peuvent aussi vouloir rectifier une erreur, ou interpréter autrement une des clauses ambigües ou
douteuses. Il leur faudra alors rédiger un avenant qui s’ajoutera à la convention de base. L’avenant
requis à titre probatoire fait partie intégrante de la police. Mais l’avenant n’est pas exigé lorsque
l’assureur a accepté par son silence, une modification du contrat. Selon l’article 6 al 3 du code
CIMA : « est considéré comme accepté la proposition faite par lettre recommandé avec accusé de
réception, par lettre contresignée ou par tout moyen faisant foi de la date de réception, de prolonger
ou de modifier un contrat, ou de remettre en vigueur un contrat suspendu, si l’assureur ne refuse pas
dans les 15 jours après qu’elle lui soit parvenue. ». Toutefois, cette disposition n’est pas applicable
aux assurances sur la vie. Pour que le silence de l’assureur puisse valoir acceptation, il faut que la
proposition soit suffisamment claire et précise sur la nature et la portée des modifications souhaitées
afin de ne pas constituer une simple amorce de pourparlers. Bref, il doit s’agir d’une offre véritable
susceptible d’acceptation tel quel. Le délai de quinzaine imparti à l’assureur pour répondre court
pour compter du lendemain de la réception de proposition de la modification.

CHAPITRE 3 : L’EXECUTION DU CONTRAT D’ASSURANCE

Elle nécessite la détermination des obligations des parties, la durée du contrat et les difficultés
d’exécution.

Section 1 : les obligations des parties

Les parties sont obligées avant et après la survenance du sinistre.

§1 : Obligations des parties avant la survenance du sinistre

Avant la survenance du sinistre, les obligations découlant du contrat d’assurance pèsent


principalement sur le souscripteur qui doit payer les primes et déclarer les circonstances nouvelles
diminuant ou aggravant les risques en cours de contrat.

I- Le paiement de la prime ou cotisation

Parmi les obligations figure le paiement de la prime au taux et à la date convenue, elle est
obligatoire, car elle est la cause de l’obligation de garantie qui pèse sur l’assureur. La théorie de la
cause appliquée au contrat d’assurance constitue le fondement du principe de la divisibilité de la
prime.

Le principe de la divisibilité de la prime permet en cas de résiliation du contrat, de fractionner


la prime définitivement conservée par l’assureur au prorata de la période garantie. En effet, la prime
et généralement payée au début de la période de garantie afin de pouvoir régler les sinistres qui
surviennent au cours de l’année. Mais si pour une raison quelconque le contrat est résilié avant la fin
de l’année de garantie, l’assureur ne doit plus sa garantie et corrélativement, la portion de prime
perçue pour cette période doit être restituée à l’assuré. Ce cas peut arriver par exemple lorsqu’il y a
perte totale de la chose assurée résultant d’un évènement non prévu par la police. La question s’est
posée de savoir si le principe de la divisibilité de la prime s’applique lorsqu’il y a un sinistre total qui
met ainsi fin au contrat. Mais dans ce cas, la prime entière a trouvé sa contrepartie dans la prestation
versée par l’assureur. Celui-ci ne saurait donc être tenu de verser une portion de prime. Le paiement
de la prime étant une obligation contractuelle, son non-paiement est susceptible d’être sanctionné.

A- Régime du paiement de la prime

Elle est payée par le souscripteur, mais tout intéressé peut se substituer à lui pour payer. Le
paiement de la prime doit être effectué à l’assureur ou son mandataire pour être libératoire (art 13 al
1). L’agent général d’assurance a qualité pour recevoir le paiement de la prime pour le compte de la
société d’assurance qu’il représente, alors qu’en principe, le courtier peut le faire. La date de
paiement des primes est librement fixée par les parties lors de la conclusion du contrat d’assurance.
La prime peut être annuelle ou fractionnée. La police prévoit généralement que la prime est payable
d’avance. Mais l’assureur peut être tenu à garantie en cas de non-paiement s’il n’a pas subordonné sa
garantie au paiement de la prime. Le lieu de paiement c’est le siège social ou le domicile de
l’assureur ou de son mandataire. Contrairement à la législation antérieure, la prime est portable et
non quérable. Ainsi, l’assureur peut établir sans frais le défaut de paiement. Elle est payée en espèce
par chèque ou par virement. Dans le cas du paiement par virement, le paiement est acquis le jour où
le compte de l’assureur est crédité et non le jour où celui-ci en a été avisé. Pour le chèque, le
paiement est acquis le jour où les fonds sont mis au crédit du bénéficiaire. Mais pour protéger le
souscripteur contre la négligence de l’assureur à présenter le chèque à l’encaissement, la
jurisprudence a admis en matière d’assurance que la remise du chèque vaut paiement sous condition
résolutoire du non encaissement. L’assureur peut aussi prélever la prime impayée sous l’indemnité
d’assurance due à l’assuré. Il s’agit alors de la compensation.

B- La sanction du non-paiement de la prime : la résiliation de plein droit

Avant la modification de l’art13 du code CIMA intervenu suivant règlement du 11 avril 2011 à
Ndjamena au Tchad, deux principales sanctions frappaient le souscripteur en cas de non-paiement de
la prime : la suspension de la garantie et la résiliation du contrat. Selon l’art 13 nouveau, une seule
sanction est désormais applicable : la résiliation de plein droit. Ce texte interdit d’ailleurs aux
entreprises d’assurance sous peines de sanctions prévues à l’art 312, de souscrire ou de renouveler un
contrat d’assurance dont la prime n’a pas été payée. Par dérogation à ce principe, un délai maximum
de 60 jours à compter de la date de prise d’effet ou de renouvellement du contrat peut être accordé au
souscripteur pour les risques dont la prime du contrat excède 80 fois le SMIG annuel du pays de
localisation, à l’exception des contrats des branches automobiles, maladies et marchandises
transportées. Pour bénéficier de ce délai de paiement, le souscripteur devra signer un engagement
exprès à payer la prime du contrat avant l’expiration du délai prévu.

Si le souscripteur ne paye pas dans le délai convenu, le contrat est résilié de plein droit, et la
portion de prime courue reste acquise à l’assureur sans préjudice des éventuels frais de poursuite et
de recouvrement.

Si l’assuré a effectué le payement par chèque ou un effet de commerce revenu impayé, il est mis
en demeure de régulariser le paiement dans un délai de huit jours ouvrés à compter de la réception de
l’acte ou de la lettre de mise en demeure. À l’expiration de ce délai, si la régularisation n’est pas
effectuée, le contrat est résilié de plein droit.

L’art 14 (nouveau) du code CIMA, prévoit également la résiliation de plein droit pour les
contrats à tacite reconduction. Pour cette catégorie de contrat, l’assureur est tenu à chaque échéance
de prime, d’aviser à la dernière adresse connue, au moins 45 jours à l’avance, l’assuré ou la personne
chargée du paiement des primes de la date d’échéance et du montant dont il est redevable. Cet avis,
matérialisé par une lettre avec accusé de réception, ou décharge, devra rappeler que le contrat sera
résilié de plein droit si la prime de renouvellement n’est pas payée dans les délais prévus à l’art 13.
L’assureur qui n’a pas transmis l’avis d’échéance conformément aux dispositions de l’art 14 du code
des assurances ne peut se prévaloir du non-paiement de la prime de renouvellement par la suite. On
le voit, le code CIMA ne parle plus de suspension de garantie pour non-paiement de prime, mais de
résiliation de plein droit. Une telle sanction vise à protéger l’assureur contre la mauvaise foi de
l’assuré dans le paiement des primes.

 L’état du droit antérieur

Dans les anciennes dispositions, deux principales sanctions frappent l’assuré en cas de non-
paiement de la prime. La suspension de la garantie et la résiliation du contrat. Ces sanctions sont
subordonnées à la mise en demeure du débiteur d’exécuter ses obligations. Le débiteur doit
préalablement avoir été informé de l’échéance du paiement de la prime. L’assureur a l’obligation de
lui adresser un avis d’échéance périodiques lui indiquant la date de paiement et la somme due. Il doit
laisser s’écouler un délai de 10 jours après l’échéance de la prime pour mettre en demeure le
débiteur. Il lui adressera alors une lettre recommandée rappelant la date de l’échéance et le montant
de la prime. La mise en demeure qui est obligatoire fait courir les intérêts moratoires et le délai de 30
jours à l’expiration duquel la garantie peut être suspendue.

a- La suspension de la garantie

Cette sanction dégage l’assureur pour l’avenir de son obligation de garantie tout en
maintenant le souscripteur dans son obligation de paiement. Elle est opposable au tiers bénéficiaire
comme à la victime. Lorsqu’une prime ou fraction de prime d’un contrat renouvelé par tacite
reconduction est impayée dix jours après son échéance, la garantie ne peut être suspendue que 30
jours après la mise en demeure de l’assuré. Au cas où la prime annuelle a été fractionnée, la
suspension de la garantie intervenue en cas de non-paiement d’une des fractions de prime produit ses
effets jusqu’au terme du contrat sans qu’il soit besoin de la renouveler. Le contrat non résilié reprend
ses effets le lendemain à midi du jour où ont été payés à l’assureur ou à son mandataire, la prime
arriérée ou en cas de fractionnement de la prime annuelle, les fractions de prime ayant fait l’objet de
la mise en demeure et celles venues à l’échéance pendant la période de suspension, ainsi que
éventuellement les frais de poursuite et de recouvrement.

b- La résiliation du contrat

L’article 13 du code CIMA reconnait à l’assureur le droit de résilier le contrat d’assurance en


cas de non-paiement de la prime dans le délai convenu. Dans ce cas, dit le code, la portion de prime
courue reste acquise à l’assureur sans préjudice d’éventuels frais de poursuite et de recouvrement.
D’ailleurs, l’article 13 nouveau du code CIMA a fait du non-paiement de la prime dans le délai, un
cas de résiliation de plein droit.

II- La déclaration des modifications du risque

Une déclaration initialement exacte et complète du risque faite notamment dans le formulaire de
déclaration du risque, peut ne plus correspondre à la réalité en cours de contrat en raison du
changement des circonstances. Aussi, le code CIMA prescrit-il au souscripteur de déclarer en cours
de contrat les circonstances nouvelles qui ont pour conséquence soit d’aggraver les risques, soit d’en
créer de nouveaux et rendre de ce fait inexact ou caduque les réponses initialement faites à l’assureur
(art 12 al 3). Le code ne parle que d’aggravation. Pourtant, le risque peut aussi diminuer d’une façon
sensible et durable au point que si cette situation avait existée au moment de la souscription,
l’assureur et le souscripteur auraient consenti à l’assurance à des conditions moins onéreuses. Il
existe incontestablement une lacune à combler dans ce texte, car le régime de l’aggravation du risque
devrait avoir pour pendant un régime de diminution du risque. En cas de diminution du risque,
l’assureur et le souscripteur devraient convenir de la réduction de la prime à partir du jour où
l’assureur a eu connaissance de cette circonstance nouvelle. Cette solution est du reste préconisée par
le législateur communautaire, à l’art 15 al 3 du code CIMA en cas de disparition des circonstances
aggravantes. Ce texte dispose que : « si pour la fixation de la prime il a été tenu compte de
circonstances spéciales mentionnées dans la police, aggravant les risques, et si ces circonstances
viennent à disparaitre au cours de l’assurance, l’assuré a le droit de résilier le contrat sans
indemnité ». Si l’assureur consent pas la diminution de la prime correspondant d’après le tarif
applicable lors de la conclusion du contrat. ». Si l’assureur a été informé de quelque manière que ce
soit de l’aggravation des risques, et a consenti au maintien de l’assurance, il ne peut plus s’en
prévaloir. Il faut noter qu’il n’existe pas d’obligation de déclaration des aggravations de risque ni en
assurance sur la vie, ni en assurance maladie. L’art 15 ne prend en compte l’aggravation que lorsque
son importance est telle que si elle avait existé au temps de la souscription de la police, l’assureur
n’aurait pas accepté la charge du risque ou ne l’aurait fait que moyennant une prime plus élevée.
L’assuré doit déclarer les circonstances aggravantes ou la création de risques nouveaux dans un délai
de 15 jours à partir du moment où il en a eu connaissance. L’assureur peut opter soit pour le maintien
du contrat antérieur, soit la résiliation du contrat et le remboursement de la fraction de la prime non
courue. Cette dernière solution induit à penser qu’en cas de non déclaration par l’assuré des cas de
modification des risques, l’assureur doit être autorisé à indiquer l’inassurabilité du risque aggravé.

§2 : Obligations des parties à la survenance du sinistre

À la survenance du sinistre, l’assuré doit déclarer le sinistre et l’assureur doit fournir la prestation
convenue.

I- Obligation de déclaration du sinistre

C’est la seule obligation qui pèse sur l’assuré en cas de survenance/réalisation du risque. Cette
obligation est assortie de sanctions.

A- Contenu et forme de la déclaration du sinistre


L’article 12 al 1 – 4 oblige l’assuré à : « donner avis à l’assureur dès qu’il en a eu connaissance et
au plus tard dans le délai fixé par le contrat, de tout sinistre de nature à entrainer la garantie de
l’assureur. Ce délai ne peut être inférieur à cinq jours ouvrés. ». Il s’agit d’un délai minimal de droit
commun. Il peut être allongé d’accord partie et ne peut être réduit que dans les cas prévus par la loi.
Ainsi, l’article 12 al 2 du code CIMA dispose que le délai est réduit à 48 heures en cas de vol et de
sinistre mortalité de bétail. Le législateur n’a pas prévu de délai dans l’assurance sur la vie.
Généralement, les assureurs se contentent d’exiger que le sinistre soit déclaré dans les plus brefs
délais sans prévoir de déchéances. Ce qui donne aux intéressés toute la latitude pour agir. Le délai
commence à courir en principe le lendemain du jour où l’assuré a eu connaissance du sinistre. Il en
est autrement dans l’assurance en cas de vol ou de mortalité du bétail, où le délai se compte d’heure à
heure à partir du jour même de la connaissance du sinistre. La déclaration doit être faite dans le délai
prescrit, même si elle ne parvient à l’assureur qu’après ce délai. La forme de cette déclaration de
sinistre demeure libre. Les tribunaux admettent que l’assuré ou le bénéficiaire puisse aviser
l’assureur par tout moyen.

B- Sanction du défaut de déclaration ou de la déclaration tardive : la déchéance

Légalement, aucune sanction ne s’applique à l’assuré qui ne remplirait pas son obligation de
déclaration du sinistre. Mais la loi autorise les parties à prévoir dans la police, à condition que les
clauses soient en caractères très apparents, la déchéance de l’assuré. Une telle sanction entraine la
perte par l’assuré de son droit à la garantie pour le sinistre non déclaré, sans le dégager de son
obligation de payer la prime. Le contrat subsiste dans le passé comme dans l’avenir. La déchéance
est une sanction très grave et originale qui se distingue de la nullité et de la résiliation. Elle diffère
également de l’exclusion de risques et de la non-assurance qui ne sont que des absences de droit
alors qu’elle engendre un retrait de droit. En effet, l’assuré est privé de la garantie à laquelle il aurait
dû légitimement prétendre. La déchéance qui sanctionne une faute postérieure au sinistre, ne saurait
non plus être assimilée à la suspension de la garantie, laquelle s’oppose aux tiers. La déchéance est
opposable au bénéficiaire du contrat au même titre que le souscripteur. Mais elle n’est pas opposable
aux tiers (« penitusextranéi » et non tiers bénéficiaire selon le contrat qui est aussi frappé par la
déchéance selon l’art 10 du code) qui bénéficie d’une action directe contre l’assureur. Ces tiers
peuvent être les victimes de l’assurance de responsabilité ou les créanciers bénéficiaires de sûretés
réelles dans les assurances de choses qui disposent d’un droit propre sur l’indemnité d’assurance
représentant le bien grevé par cette sûreté. La déchéance peut être écartée si l’assuré prouve que le
retard dans la déclaration du sinistre résulte d’un cas fortuit ou de cause majeure (art 20 du code
CIMA). le code CIMA fait une distinction entre le retard de la déclaration du sinistre à l’assureur et
le retard de la déclaration aux autorités (administratives ou judiciaire). Les clauses édictant les
déchéances pour retard dans la déclaration du sinistre aux autorités ou pour défaut de présentation
des pièces, sont frappées de nullité. Seules sont valables des clauses édictant des déchéances pour
retard de déclaration du sinistre à l’assureur (art20 al 3). L’assureur qui a payé dispose d’une action
récursoire contre le véritable débiteur, c’est-à-dire contre son assuré déchu au lieu et place de qui il a
dû verser l’indemnité.

II- Obligations de garantie à l’égard de l’assureur


Une fois le sinistre survenu, l’assureur a l’obligation d’en régler les conséquences. La loi a précisé
l’étendue de cette obligation et la mise en œuvre qui consiste dans le paiement de cette indemnité.

A- Étendue de l’obligation de garantie

Certains risques sont garantis, d’autres exclus.

1- Risques garantis

Selon les dispositions de l’art 11 al 1 du code CIMA, les pertes et dommages occasionnés par les
cas fortuits ou causés par la faute de l’assuré sont à la charge de l’assureur sauf exclusion formelle et
limitée contenue dans la police. La notion de cas fortuit vise un évènement imprévisible.

2- Risques exclus

Certains risques sont légalement exclus alors que d’autres le sont conventionnellement.

a- Exclusion légale des risques : les risques de guerre et les fautes intentionnelles

L’art 38 du code des assurances précise que : « l’assureur ne répond pas sauf convention
contraire, des pertes et dommages occasionnés par la guerre étrangère, soit par la guerre civile, soit
par des émeutes ou par des mouvements populaires ». Ces risques entrainent des dommages massifs
difficilement assurables et leur concentration rend également difficile les prévisions statistiques. La
loi exclut aussi formellement la garantie des fautes intentionnelles ou dolosives de l’assuré (art 11 al
2). La faute intentionnelle ou dolosive est en effet exclusive de la notion de risque qui sert de
fondement à l’assurance. Cette exclusion légale n’est pas susceptible de convention contraire,
contrairement à d’autres risques légalement exclus. La charge de la preuve du caractère intentionnel
de la faute pèse sur l’assureur. La faute intentionnelle non susceptible de garantie doit être la faute de
l’assuré lui-même. S’il s’agit de la faute intentionnelle d’une personne dont il est responsable, la
garantie est acquise car les fautes intentionnelles des personnes dont l’assuré répond revêtent un
caractère aléatoire à son égard. Toute clause d’exclusion qui consacrerait une solution contraire serait
nulle. Les exclusions légales de risque susceptibles de convention contraire ne concernent en réalité
que les seules assurances de dommage. Aux termes de l’art 37 du code CIMA, les déchets,
diminution, pertes subies par la chose assurée et qui provient de son vice propre ne sont pas à la
charge de l’assureur sauf convention contraire. Cette même solution est consacrée par le code pour
les risques de guerre dans l’art 38 et en matière d’assurance incendie pour les sinistres directement
occasionnées par les éruptions volcaniques, les tremblements de terre et autres cataclysmes (art 50 du
code CIMA). La faute intentionnelle dans les assurances des personnes se ramènent e plus souvent
au suicide et au meurtre de l’assuré. En ce qui concerne le suicide de l’assuré, l’art 66 dispose que :
« l’assurance en cas de décès est de nul effet si l’assuré se donne volontairement et consciemment la
mort au cours des deux premières années du contrat. ». Autrement dit, à partir de la troisième année,
tout suicide, quel que soit la nature, est garanti. En ce qui concerne le meurtre, l’art 78 du code des
assurances édicte l’inefficacité du contrat quand le bénéficiaire a occasionné volontairement la mort
de l’assuré. La loi sanctionne ici non la faute intentionnelle de l’assuré, mais celle du bénéficiaire de
l’assurance. Il serait quand même immoral et choquant que celui qui a occasionné la mort de l’assuré
recueille le fruit de son acte criminel.
b- Exclusion conventionnelle des risques

Les parties peuvent délimiter leur apport contractuel en restreignant le contenu du contrat par des
clauses négatives d’exclusion de risques ou en l’augmentant par des clauses positives déterminant les
risques assurés. L’art 11 du code CIMA prévoit qu’il ne pourra être fait échec au principe que
l’assureur couvre les pertes et dommages consécutifs aux cas fortuitset à la faute de l’assuré, qu’en
vertu d’une exclusion formelle et limitée contenue dans la police. À l’instar des clauses de nullité et
de déchéance, la validité en la forme des clauses d’exclusion de garantie est subordonnée à leur
rédaction en caractères très apparents. Quant aux conditions de fond, l’exclusion doit être formelle et
limitée, et contenue dans la police. Ce qui suppose absolument l’existence d’un écrit constatant la
cause.

B- Mise en œuvre de la garantie : le paiement de l’indemnité

L’assureur doit payer l’indemnité lors de la réalisation du risque ou à l’échéance du contrat


d’assurance. La réalisation du sinistre ne pourra être pris en compte par l’assureur que s’il s’est
produit après la prise d’effet de la garantie et si l’assuré a procédé à la déclaration du sinistre
conformément à la loi. L’assureur ne couvre pas les sinistres survenus après expiration ou suspension
du contrat. En principe, le paiement doit être immédiat, mais dans la pratique, les polices fixent
généralement un délai pour bien apprécier les éléments du sinistre. Le bénéficiaire de l’indemnité
dépend du type d’assurance.

En assurance de choses, le souscripteur a généralement la qualité d’assuré (bénéficiaire). En


assurance vie, lorsqu’il y a décès de l’assuré, le bénéficiaire est une personne autre que l’assuré ou
souscripteur. Le montant de l’indemnité due par l’assureur est fonction des termes du contrat. Cette
règle s’applique avec rigueur en assurance de personnes, où l’assureur est tenu au paiement de
l’indemnité fixée dans la police. Par contre, en assurance de dommages, l’application du principe
indemnitaire réduira la prestation de l’assureur à la valeur du dommage.

Après avoir mis en œuvre son obligation de garantie après la survenance du sinistre, l’assureur a
la faculté de résilier le contrat si une clause le prévoit. L’exécution par les parties de leurs obligations
peut se heurter à des difficultés.

Section 2 : Difficultés d’exécution du contrat

Elles peuvent concerner le paiement des primes par les souscripteurs, ou le règlement du sinistre
par l’assureur. En l’absence de règlement amiable, les parties saisissent les tribunaux. Dès lors se
pose le problème de compétence et de prescription.

§1 : Le problème de la compétence juridictionnelle

On parlera ici de la compétence d’attribution et de la compétence territoriale.

A- Compétence d’attribution

Les litiges en matière d’assurance relèvent des juridictions civiles et commerciales. Les
juridictions administratives sont incompétentes, même pour statuer sur l’action directe de la victime
contre une responsabilité administrative. Il en est de même des juridictions d’exception. L’obligation
de l’assureur est de droit privé. Les juridictions répressives sont également incompétentes car ce
n’est pas dans le fait des fautes commis par l’assuré que réside la cause de l’obligation de l’assureur,
mais dans le contrat d’assurance de responsabilité. Mais les juridictions répressives peuvent statuer
sur la responsabilité de l’assuré lorsque la victime s’est constituée partie civile dans circonstances de
responsabilité et déclarer l’assureur garant des condamnations civiles prononcées contre l’assuré à
titre de dommages et intérêts. L’option entre la chambre civile ou commerciale du tribunal saisi
dépend de la qualité de commerçant ou non du défendeur. Si le montant de la demande est supérieur
ou égal à 10 millions de FCFA, le TPI sera compétent. Le TGI sera seul compétent si le taux du litige
est supérieur à10 millions de FCFA.

B- Compétence territoriale

Le tribunal territorialement compétent est celui du domicile de l’assuré. L’article 30 du code


CIMA est péremptoire à cet égard lorsqu’il dispose que : « dans toutes les instances relatives à la
fixation et au règlement des indemnités dues, le défendeur (assureur ou assuré) est assigné devant le
tribunal du domicile de l’assuré, de quelque espèce d’assurance qu’il s’agisse, sauf en matière
d’immeubles ou de meubles en nature, auquel cas le défendeur est assigné devant le tribunal de
situation des objets assuré. Toutefois, s’il s’agit d’assurance contre les accidents de toute nature,
l’assuré peut assigner l’assureur devant le tribunal du lieu où s’est produit le fait dommageable. ».
Ces règles de compétences sont impératives. Le texte est de portée générale et doit recevoir
application dans toutes les contestations relatives au contrat d’assurance, qu’il s’agisse du paiement
de la prime ou de l’indemnité d’assurance.

§2 : La prescription

Elle est de deux ans en matière d’assurance. L’article 28 du code CIMA dispose que : « toutes
actions dérivant d’un contrat d’assurance sont prescrites par deux ans à compter de l’évènement qui
y donne naissance (…) ». Le texte a caractère d’ordre public mais les parties peuvent renoncer au
bénéfice de la prescription quand elle est déjà acquise. La prescription est de cinq ans en matière
d’assurance vie, lorsque le bénéficiaire est différent du souscripteur ainsi que dans les contrats contre
les accidents atteignant les personnes lorsque les bénéficiaires sont les ayants droit de l’assuré.

Il importe de voir le domaine de la prescription et son calcul.

A- Domaine d’application

Le domaine de la prescription est large. Elle joue pour les actions en règlement des primes en
nullité, en règlement des sinistres en répétition des sommes indument versées pour l’action de
l’assureur contre l’assuré déchu, en remboursement des sommes payées aux victimes. La prescription
n’est pas applicable à l’action directe de la victime car cette action trouve son fondement dans le doit
à réparation du préjudice causé.

B- Calcul du délai

La prescription commence à courir à partir du jour de l’évènement qui y donne naissance. Pour
l’action en paiement de l’indemnité, elle commence à courir au jour du sinistre. Pour l’action en
résiliation, c’est à compter du jour où s’est produit le fait donnant ouverture à la résiliation. Aux
termes de l’art 28 du code CIMA le point de départ de la prescription est retardé dans trois cas :

- En cas de réticence, omission, déclaration fausse ou inexacte sur le risque couru, le délai ne
court que du jour où l’assureur en a eu connaissance ;
- En cas de sinistre, le délai ne court que du jour où les intéressés en ont eu connaissance, s’il
prouve qu’ils l’ont ignoré jusque-là ;
- Quand l’action de l’assuré contre l’assureur a pour cause le recours d’un tiers, le délai de la
prescription ne court que du jour où ce tiers a exercé une action en justice contre l’assuré ou a
été indemnisé par ce dernier.
C- L’interruption de la prescription

L’art 29 du code CIMA précise que la prescription est interrompue par une des causes ordinaire
d’interruption de la prescription et par la désignation d’expert à la suite d’un sinistre. L’interruption
de la prescription peut en outre résulter soit de l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de
réception, adressé par l’assureur à l’assuré en ce qui concerne l’action en paiement de la prime et par
l’assuré à l’assureur en ce qui concerne le règlement de l’indemnité.

Section 3 : Durée et extinction du contrat d’assurance

Le contrat d’assurance, contrat à exécution successive, peut être conclu pour une durée
déterminée ou indéterminée selon le libre choix des parties. Il peut aussi prendre fin de manière
anticipée.

A- Détermination initiale de la durée du contrat

Les parties fixent librement la durée de leur contrat en optant soit pour un contrat à durée
déterminée, soit pour un contrat à durée indéterminée. Quelle que soit la durée fixée par les parties,
l’art 21 du code CIMA reconnait à l’assuré le droit de résilier le contrat à l’expiration d’un délai d’un
an. Ce droit de résilier le contrat tous les ans est aussi reconnu par le même article à l’assureur lequel
doit le rappeler dans chaque police. Pour être régulière, la clause relative à la durée doit être rédigée
en caractères très apparents (Art 24 al 1 du code CIMA). Cette prescription vise à attirer l’attention
du souscripteur sur la durée du contrat qu’il conclue. Sa violation entraine inopposabilité de la clause
à l’assuré. Si la durée du contrat n’a pas été fixée, le juge usera de son pouvoir d’appréciation pour
rechercher dans le contrat, quelle a été la commune intention des parties afin de fixer une durée
éventuelle de la police souscrite.

B- Modification de la durée initiale

La durée initiale du contrat peut être modifiée soit dans le sens d’une prorogation, soit dans le
sens d’une abréviation. Le contrat peut aussi être suspendu.

a- La prolongation de la durée initiale du contrat

Conformément à l’art 6 al 3 du code CIMA, une proposition de prorogation de la durée du


contrat d’assurance peut être faite par l’assuré à l’assureur. Une telle proposition suppose que l’on
est en présence d’un contrat arrivé à expiration. Cette proposition peut être faite par tout moyen
laissant trace de sa réception. Elle vaut pollicitation et l’assureur est considéré comme l’avoir accepté
s’il ne manifeste pas son refus dans les 15 jours qui suivent sa réception.

b- La tacite reconduction

Elle consiste à prolonger la durée du contrat sans nouvelle manifestation particulière de volonté.
Ce genre de prorogation ne peut jouer que si la police d’assurance le prévoit, sinon, un nouvel accord
des parties est nécessaire. La tacite reconduction ne vaut que pour les contrats à durée déterminée
arrivés à terme. Elle a pour effet de proroger le contrat antérieur dans les mêmes termes. Ma durée de
cette prorogation est impérativement fixée à un an, nonobstant toute clause contraire (art 24 du code
CIMA). La durée de la tacite reconduction doit être mentionnée dans la police en caractères très
apparents.

c- Abréviation de la durée du contrat

L’abréviation de la durée du contrat, peut provenir de plusieurs causes. Elle peut provenir dans
certains cas, de la perte totale de la chose assurée, notamment dans les assurances de dommages. Elle
peut aussi résulter de la mise en faillite ou en liquidation judiciaire de l’assureur (art 17 du code
CIMA). Le plus souvent, l’abréviation de la durée du contrat d’assurance, résultera soit d’un
jugement prononçant la nullité du contrat affecté d’un vice originel, soit d’une résiliation résultant du
défaut de paiement des primes ou cotisations.

d- La suspension

Le contrat peut être suspendu d’accord partie.

§2 : Fin anticipée du contrat

Elle résulte soit du prononcé de la nullité, soit de la résiliation. La résiliation met fin à un contrat
valablement formé, alors que la nullité est une sanction du non-respect des conditions de validité du
contrat d’assurance.

I- La résiliation du contrat

En cas de résiliation, le contrat d’assurance cesse pour l’avenir. Elle peut résulter de la faculté de
résiliation périodique prévue aux parties, du non-paiement de la prime, de l’aliénation de la chose
assurée, ou du décès de l’assuré, du changement dans la situation de l’assuré.

A- La faculté de résiliation périodique

Pour les contrats de longue durée ou d’une durée indéterminée, la loi accorde à chaque partie le
droit d’y mettre fin tous les ans (art 21 al 2). Cette disposition n’est pas applicable aux assurances sur
la vie qui peuvent être résiliés à tout moment. Dans tous les cas où l’assuré a la faculté de demander
la résiliation, il peut le faire à son choix, soit par une déclaration faite contre récépissé au siège social
ou chez le représentant de l’assureur dans la localité, soit par acte extra judiciaire, soit par lettre
recommandée, soit par tout autre moyen indiqué dans la police (art 22 du code). L’assuré doit
demander la résiliation à l’assureur, deux moins au moins avant la date de l’échéance. La résiliation
entraine l’extinction du contrat à la date anniversaire de sa prise d’effet. Elle ne donne pas lieu
généralement à la restitution par l’assureur d’une portion de la prime, le contrat prenant fin au terme
d’une année de garantie.

B- La résiliation pour non-paiement de la prime

Il s’agit ici de la résiliation de plein droit prévue par l’art 13 nouveau du code CIMA. cette forme
de résiliation a déjà été étudiée, il convient de s’y reporter.

C- La résiliation en cas d’aliénation de la chose assurée ou du décès de l’assuré

Dans les assurances de dommages, en cas d’aliénation de la chose assurée ou du décès de


l’assuré, le contrat est de plein droit transmis à l’acquéreur ou à l’héritier, à charge pour celui-ci
d’exécuter toutes les obligations dont l’assuré était tenu vis-à-vis de l’assureur en vertu du contrat.
Mais, en cas d’aliénation d’un véhicule terrestre à moteur, d’un navire ou d’un bateau de présence,
l’assurance est de plein droit suspendue (art 40 al 6) du code CIMA. Toutefois, l’assureur et
l’acquéreur ou l’héritier peuvent résilier le contrat. L’assureur peut, par lettre recommandée résilier
le contrat dans le délai de trois mois à partir du jour où l’attributaire des objets assurés a demandé le
transfert de la police à son nom. La résiliation prend effet 10 jours après l’envoi de la lettre
recommandée. L’acquéreur ou l’héritier peuvent aussi résilier le contrat d’assurance par l’envoi
d’une lettre recommandée sans qu’un délai ne leur soit imposé pour le faire. En l’absence de volonté
contraire, la résiliation prend effet immédiatement.

D- La résiliation en cas de changement dans la situation de l’assuré

26/04/2013
On distingue ici la résiliation pour cas déterminés, et le cas de redressement judiciaire de
l’assuré.

1. La résiliation pour cas déterminé

L’article 25 énumère limitativement les circonstances qui peuvent engendrer la résiliation du


contrat.

- Changement de domicile
- Changement de profession
- retraite professionnelle ou cessation définitive d’activité professionnelle
- changement de situation ou de régime matrimonial

Lorsque l’un de ces évènement se réalise, le contrat peut être résilié par chacune des parties,
lorsqu’il a pour objet la garantie de risque en relation directe avec la situation antérieure et qu’il ne se
retrouve pas dans la situation nouvelle.

La résiliation prend effet un mois après que l’autre partie au contrat en a reçu notification.
Dans ces cas, l’assureur doit rembourser à l’assurer la portion de prime ou cotisation correspondant à
la période pendant laquelle le risque n’a pas couru, période calculée à compter de la date d’effet de la
résiliation.
Dans tous les cas de résiliation sus mentionnés, il ne peut être prévu le paiement d’une
indemnité à l’assureur. Les dispositions de l’article 25 ne sont pas applicables aux assurances sur la
vie.

2. La faillite et la liquidation judiciaire de l’assuré

Aux termes de l’article 17 du Code CIMA, en cas de faillite ou de liquidation judiciaire de


l’assuré, l’assurance subsiste. Le syndic ou le débiteur autorisé par le juge, ou le liquidateur selon le
cas, et l’assureur conservent le droit de résilier le contrat pendant un délai de trois mois à compter de
la date du jugement de faillite ou de liquidation judiciaire. La portion de prime correspondant au
temps pendant lequel l’assureur ne couvre plus le risque est restituée au débiteur.

En cas de faillite d’une entreprise d’assurance, les contrats qu’elle contient dans son
portefeuille cessent de plein droit d’avoir effet le 40ème jour à midi à compter de la publication
dans un journal d’annonces légales de la décision de retrait d’agrément. Les primes sont dues
proportionnellement à la période de garantie. Le syndic peut sursoir au paiement des sinistres.

II- LA NULLITE DU CONTRAT D’ASSURANCE

Comme en droit commun, la nullité du contrat d’assurance peut être demandée par les parties
pour inobservation des conditions de fond et des conditions de forme établies par le code CIMA.

Les causes de nullité peuvent relever du droit commun (consentement, capacité, objet et
cause). Comme elle peuvent être spécifiques au contrat d’assurance.

La nullité du contrat d’assurance peut ainsi être prononcée dans quatre cas principaux :

- La fausse déclaration intentionnelle (article 18)


- La surassurance frauduleuse
- Les assurances cumulatives frauduleuses
- L’erreur sur l’âge

Les causes de nullité peuvent aussi provenir des clauses insérées dans la police. Elles ne sont
valables que si elles sont mentionnées en caractère très apparent dans la police.

S’agissant du régime des nullités, il convient de préciser que toutes les causes de nullité
spécifiques au contrat d’assurance sont sanctionnées par la nullité relative, les intérêts protégés étant
ceux des parties (assureur ou assuré). C’est ainsi que l’article 18, offre au seul assureur la faculté de
demander la nullité du contrat pour fausse déclaration intentionnelle de l’assuré. Il en est de même de
l’article 80 relatif à l’erreur sur l’âge de la chose.

Conformément au droit commun, la nullité du contrat d’assurance implique la disparition


rétroactive de la garantie due par l’assureur. Aussi l’assureur pourra demander à l’assuré le
remboursement de toutes les indemnités versées pour régler les sinistres antérieurs. Mais la
réciproque n’est pas toujours vraie.
En effet, il ressort de l’article 18 alinéa 2 du Code CIMA qu’en cas de nullité pour réticence
ou fausse déclaration intentionnelle de l’assuré, les primes payées demeurent acquises à l’assureur
qui a droit au paiement de toutes les primes échues à titre de dommages intérêts.

CONCLUSION

Au terme de ce cours, on peut se rendre compte à l’évidence que le code CIMA a aménagé le
contrat d’assurance dans un souci d’équité afin de mieux garantir l’équilibre contractuel. Désormais,
l’assureur n’a plus le droit de disposer du contrat à sa guise. Il lui est même interdit de signer un
contrat d’assurance ou de renouveler un contrat existant, sans avoir perçu la prime. Cette interdiction
est d’ailleurs assortie de sanctions. Celles-ci prévues par l’article 312 Code CIMA sont notamment
l’avertissement, le blâme, la limitation ou l’interdiction de tout ou partie des opérations, les
limitations dans l’exercice de la profession, la suspension ou la démission d’office des dirigeants
responsables, le retrait d’agrément, les amendes, le transfert du portefeuille et des contrats.

Ces sanctions visent à renforcer la crédibilité des sociétés d’assurance, afin de faciliter le
règlement des sinistres. Autrement dit, il ne s’agit pas d’une simple protection des assureurs, mais
surtout de la garantie de règlement des sinistres. En effet, c’est la somme des primes collectées qui
permet à l’assureur de régler les sinistres et de faire ses prévisions selon les lois mathématiques.
Dès lors, les stipulations contractuelles trouvent leur limite dans les prescriptions légales édictées de
manière péremptoire.

L’assureur est tenu avant la conclusion du contrat, d’informer l’assuré sur les prix, les
garanties et les exclusions (article 6 alinéa 2). L’assuré est également tenu de répondre à toutes les
questions posées par l’assureur dans le formulaire de déclaration du risque, afin de lui permettre de
mieux apprécier le risque, de fixer la prime correspondante, et d’accorder sa garantie. Si le risque est
aggravé, la prime devra également augmenter pour que l’indemnité à payer par l’assureur en cas de
sinistre soit adéquate.

L’indemnité elle-même ne sera versée que si l’assuré a payé la prime. De même, aussi bien
l’assuré que l’assureur dispose de la faculté de résiliation périodique, ou après un sinistre, ou encore
en cas de changement survenu dans leurs situations juridiques...

Ces quelques éléments sont symptomatiques de l’équilibre contractuel consacré par le Code
CIMA contrairement à la loi du 13 juillet 1930 qui n’accordait que rarement à l’assuré le droit de
résiliation.

Le droit du contrat d’assurance selon la nouvelle législation est donc désormais dépouillé
d’un certain nombre de dispositions protectrices de l’assureur au détriment de l’assuré
consommateur. Le droit de la consommation consacré au Cameroun par la loi cadre n°2011/012 du
06 mai 2011 portant protection du consommateur trouve dès lors son terrain de prédilection dans le
contrat d’assurance. Cette évolution consumériste qu’il faut saluer à juste titre risque cependant
d’être handicapée par l’analphabétisme de certains assurés, mieux encore par l’ignorance des textes.
Le droit des assurances étant un droit technique, il est fort à craindre que même les assurés qui ont la
volonté de bien scruter les stipulations contractuelles avant de s’engager ne s’en sortent pas aisément
sur la signification des termes techniques utilisés. Du coup, la règle « nul n’es censé ignorer la loi »
qui remonte au droit romain devient alors l’affaire de quelques spécialistes.

Quoiqu’il en soit, l’avenir reste prometteur et la Commission Régionale de Contrôle des


Assurances devra assumer correctement sa mission de veiller au respect de la législation sur les
assurances et à l’exécution par les Cie d’assurance des engagements contractés envers les assurés...
afin que vive le droit du contrat d’assurance de la CIMA.

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