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Classifications usuelles

Pour procéder à la classification des assurances conventionnelles, deux critères peuvent être retenus :
technique et juridique.
1.Classification technique
Techniquement, on peut distinguer deux types d’assurances : assurances gérées en répartition et
assurances gérées en capitalisation
1.1Assurances gérées en répartition
Il s’agit des assurances gérées selon une technique correspondant strictement à la définition de l’assurance
qui est une opération par laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre, moyennant une rémunération
(prime), pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d’un risque, une prestation par une autre partie,
l’assureur qui, prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la
statistique.
L’assureur ne fait que répartir entre les assurés sinistrés, la masse des primes acquittées par l’ensemble des
membres de la mutualité. C’est une forme élémentaire de répartition des risques au sein d’une mutualité
d’assurés.
Cette répartition s’opère par année. ce type d’assurance, la fréquence du risque est constante (ou
presque). Elle varie peu d’une année à l’autre.
1.2 Assurances gérées en capitalisation
Certaines assurances présentent certaines particularités. D’une part, elles sont souscrites à long terme et
comportent un aspect « épargne », d’autre part, le risque assuré n’est pas constant, la fréquence
augmente ou diminue en cours du contrat, c’est le cas de la probabilité de décès et de la probabilité de
survie de la personne humaine. Dans un régime d’assurances gérées en capitalisation, la logique est
différente. Les cotisations font l’objet de placements financiers ou immobiliers, dont le rendement dépend
essentiellement de l’évolution des taux d’intérêt
En conséquence, dans sa gestion, l’assureur doit mettre de côté tout ou partie des primes pour faire face à
ses engagements dans l’avenir et de plus, les primes doivent bénéficier d’intérêts composés, c’est-à-dire
être capitalisés.
Classification juridique
Sur le plan juridique, on peut distinguer deux types d’assurances : assurances dommages et assurances de
personnes
1.3Assurances de dommages
Ces assurances sont fondées sur le principe indemnitaire selon lequel l’assureur n’est tenu de réparer que
le préjudice subi. La prestation de l’assureur ne peut en aucun cas, excéder le préjudice réel subi par
l’assuré. Le bénéficiaire de l’assurance ne saurait en aucun cas s’enrichir en recevant des indemnités
supérieures au préjudice.
Cette rubrique englobe la majorité des branches d’assurances. Ainsi, se trouvent dans cette rubrique les
accidents de travail, la branche automobile, les accidents
corporels qui correspondent aux polices de protection individuelles, l’incendie, et la branche maritime.
Globalement, on distingue entre deux familles d’assurances de dommages : les assurances de choses et les
assurances de responsabilité.
1. 4 Assurances de choses
Elles garantissent les biens appartenant à l’assuré, il s’agit d’une garantie directe du patrimoine. C’est
l’assurance la plus classique de protection des biens en cas de pertes matérielles.
1.5 Assurances de responsabilité
Elles couvrent les conséquences de la responsabilité incombant à l’assuré à la suite de dommages causés à
autrui et dont il est juridiquement responsable. C’est une garantie indirecte du patrimoine de l’assuré
puisque ce dernier n’a pas à prélever les sommes nécessaires à la réparation.
2 .Assurances de personnes
L’originalité des assurances de personnes réside dans l’absence du principe indemnitaire, car, elle garantit
la personne même de l’assuré, en cas de vie, de décès, d’accidents, de maladie, ou de l’invalidité. La valeur
pécuniaire de la personne humaine ne peut être fixée.
L’assurance ne répare pas un préjudice, mais verse des sommes, selon le principe forfaitaire sauf pour les
frais de soins, qui sont fixées par le contrat, abstraction faite du préjudice réel que l’assuré a subi.
D’ailleurs, l’assuré peut contracter plusieurs assurances pour le même risque, et être couvert par diverses
polices auprès de plusieurs sociétés d’assurances.
A ce titre, on distingue dans les assurances de personnes deux branches : l’assurance « individuelle
accidents et maladie », gérée en répartition, et l’assurance-vie, gérée en capitalisation
2.1Branche d'accidents corporels
Cette branche rappelle par certains aspects l’assurance dommages. Elle met à la charge de l’assureur
l’obligation de verser à l’assuré victime d’un accident pendant la période de garantie ou aux bénéficiaires
désignés, une somme déterminée (assurance de personnes) et éventuellement sans oublier l’obligation de
lui verser tout ou une partie des frais médicaux et pharmaceutiques occasionnés par l’accident (assurance
dommages).
En pratique, cette assurance couvre le risque de décès, d’invalidité permanente totale ou partielle et
l’incapacité totale ou temporaire. Elle ne repose pas sur le principe indemnitaire puisque le capital est
librement fixé par l’assuré.
2.1Assurance-vie
Par définition, l ’assurance-vie est un contrat par lequel l’assureur, en contrepartie de la prime qu’il reçoit,
s’engage à verser au souscripteur ou à un tiers, désigné par celui-ci, une somme déterminé en cas de décès
de l’assuré ou de survie au-delà d’un âge déterminé. Cette somme peut être un capital ou une rente.
Lesquels peuvent se combiner en assurance mixte.
Il existe d’autres formes d’assurances-vie. Il s’agit notamment de l’assurance nuptialité, de l’assurance
complémentaire, de l’assurance populaire, et de l’assurance groupe.

: Marché théorique des assurances


L’assurance se définit en tant que bien susceptible de s’échanger sur un marché théoriquement
concurrentiel et animé par des offreurs et des demandeurs qui fixent des prix d’équilibre, c’est-à-dire des
primes d’assurances acceptées par toutes les parties
Une prime d’assurance est calculée en trois étapes. La prime pure, la prime nette, et la prime totale.
Sur le marché des assurances, l’offre correspond à la production des contrats d’assurance. La fonction de
production en assurance est, donc, traduite par la formule suivante : 𝑸=𝒇(𝒙𝟏,𝒙𝟐,𝒙𝟑,𝒙𝟒)
Sachant que :
Q : quantité des contrats souscrits (chiffre d’affaires)
𝑥1: Commissions versées aux commerciaux et aux intermédiaires
𝑥2: Charges de gestion administrative
𝑥3: Impôts et taxes
𝑥4: Prestations et règlements de sinistres
Si 𝑥1,𝑥2,𝑥3 correspondent à des coûts variables maîtrisables, 𝑥4 correspond à des coûts variables non
maîtrisables, donc aléatoires.
Prime pure . ;
Elle correspond à la fraction du risque, et peut être calculée comme suit : 𝑷𝒓𝒊𝒎𝒆 𝒑𝒖𝒓𝒆=𝒇𝒓é𝒒𝒖𝒆𝒏𝒄𝒆 𝒅𝒆
𝒓𝒊𝒔𝒒𝒖𝒆×𝒄𝒐û𝒕 𝒎𝒐𝒚𝒆𝒏 𝒅𝒆 𝒔𝒊𝒏𝒊𝒔𝒕𝒓𝒆
Statistiquement, l’assureur est en mesure, d’une année sur l’autre, de calculer la fréquence d’un sinistre
ainsi que son coût moyen.
Prime nette ;
Appelée prime commerciale, cette prime est la seconde étape de l’élaboration d’une prime d’assurance.
Les compagnies d’assurances ajoutent à la prime pure deux types de frais. Il s’agit des chargements
d’acquisition, composés en partie des primes (commissions) versées aux intermédiaires d’assurance ; et
des chargements de gestion, composés des frais de fonctionnement de la société d’assurance.
Prime totale ;
Elle correspond à la prime réellement payée par le souscripteur du contrat d’assurance. Il s’agit de la prime
nette à laquelle l’assureur ajoute les frais accessoires, composés des frais d’émission de la police
d’assurance ; et les impôts et taxes, car chaque contrat d’assurance comporte une part de taxes versées à
l’Etat.
𝑃𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑝𝑢𝑟𝑒=𝐹𝑟é𝑞𝑢𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑥 𝐶𝑜û𝑡 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 𝑑𝑒 𝑠𝑖𝑛𝑖𝑠𝑡𝑟𝑒
𝑃𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑛𝑒𝑡𝑡𝑒=𝑃𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑝𝑢𝑟𝑒+𝐶ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠 (𝑎𝑐𝑞𝑢𝑖𝑠𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑒𝑡 𝑔𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛)
𝑃𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒=𝑃𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑛𝑒𝑡𝑡𝑒+𝐹𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑎𝑐𝑐𝑒𝑠𝑠𝑜𝑖𝑟𝑒𝑠+𝐼𝑚𝑝ô𝑡𝑠 𝑒𝑡 𝑡𝑎𝑥𝑒𝑠
Franchise ;
Propre aux assurances dommages, la franchise constitue la partie de la prime laissée à la charge de
l’assuré. Elle a pour objectifs d’écarter les petits sinistres dont les coûts de gestion administrative
dépassent le montant de leur règlement ; de responsabiliser le client en apportant un soin à son bien
assuré ; et de réduire l’aléa moral en abaissant la probabilité de subir les conséquences d’un sinistre.
La franchise peut prendre trois formules. La franchise absolue ou déduite, est supportée toujours par
l’assuré, car elle est défalquée du montant d’indemnisation du sinistre. Dans ce cas, il y aura indemnisation
uniquement si le montant du sinistre est supérieur à la franchise. L'assuré ne recevra que la différence
entre le montant du sinistre et la franchise.
Exemple : si la franchise est de 150 DH, l’assuré ne recevra rien si le sinistre est de 100 DH. Si le sinistre est
de 200 DH, seule la différence, soit 50 DH, sera remboursée à l'assuré.
la franchise relative ou atteinte offre la possibilité à l’assuré d’être indemnisé à concurrence de la totalité
du sinistre dès que le montant de ce sinistre excède la franchise convenue.
Bonus-malus
Il s’agit d’une pratique généralement utilisée en assurance automobile. C’est un instrument de pondération
de l’appréciation du risque par la sinistralité réalisée. Techniquement, elle est basée sur des coefficients en
rapport avec la nature et le nombre de sinistres survenus. Ces coefficients sont par la suite appliqués à la
prime nette que devra régler l’assuré.
Qualifié de coefficient de réduction, le bonus consiste à récompenser le bon comportement des
automobilistes et lutter contre l’aléa moral, tandis que le malus vise à sanctionner le mauvais
comportement de l’assuré, à travers l’application des majorations à la prime à charger aux clients.
Assurance Takaful ;
Paru en 1979 au Sudan à l’initiative de « Faisal Islamic Bank », Takaful s’est développé par la suite, en
raison de l’essor de la demande au niveau mondial et le boom de la Finance Islamique à cause des crises
financières récurrentes.
En fait, l’assurance Takaful est une composante de l’architecture de la finance islamique, composée, en sus
de Takaful, des banques participatives, du marché des Sukuks et de la Microfinance.
L’assurance Takaful combine le concept de la mutualité, partagée avec l’assurance conventionnelle, et les
préceptes de la Sharia. A cet effet, Takaful peut être défini comme « l’opération d’assurance réalisée en
conformité avec les avis conformes du conseil supérieur des oulémas, ayant pour objet la couverture des
risques prévus au contrat d’assurance Takaful par un compte d’assurance Takaful géré, moyennant une
rémunération de gestion, par une entreprise d’assurance et de réassurance agréée pour pratiquer les
opérations d’assurance Takaful »10. Le compte d’assurance Takaful est un compte constitué par les
contributions des participants dans l’opération d’assurance Takaful et par tous les revenus de ce compte y
compris ceux résultant de l’investissement de son solde11.
Par ailleurs, le Takaful consiste en la « participation d’un groupe de personnes, dans un but non lucratif
(don), par des cotisations, destinées à indemniser ceux ayant été endommagés. En cas de déficit, les
membres sont tenus de payer des primes supplémentaires ; dans le cas contraire, les membres ont droit à
l’excédent»12. Il s’agit donc d’une « participation d’un groupe de personnes à l’établissement d’un fonds
financé par des cotisations des membres dont le montant est prédéfini. En cas d’intervention du risque, ces
membres seront indemnisés»13.
Le Takaful est un système basé sur la coopération entre groupes et individus, qui s’engagent mutuellement,
à indemniser ceux ayant été endommagés. Ces associés (assureurs) ont les mêmes intérêts que les assurés
ayant subi le risque En fait, l’assurance Takaful est une composante de l’architecture de la finance
islamique, composée, en sus de Takaful, des banques participatives, du marché des Sukuks et de la
Microfinance
L’assurance Takaful combine le concept de la mutualité, partagée avec l’assurance conventionnelle, et les
préceptes de la Sharia. A cet effet, Takaful peut être défini comme « l’opération d’assurance réalisée en
conformité avec les avis conformes du conseil supérieur des oulémas, ayant pour objet la couverture des
risques prévus au contrat d’assurance Takaful par un compte d’assurance Takaful géré, moyennant une
rémunération de gestion, par une entreprise d’assurance et de réassurance agréée pour pratiquer les
opérations d’assurance Takaful »10. Le compte d’assurance Takaful est un compte constitué par les
contributions des participants dans l’opération d’assurance Takaful et par tous les revenus de ce compte y
compris ceux résultant de l’investissement de son solde
Par ailleurs, le Takaful consiste en la « participation d’un groupe de personnes, dans un but non lucratif
(don), par des cotisations, destinées à indemniser ceux ayant été endommagés. En cas de déficit, les
membres sont tenus de payer des primes supplémentaires ; dans le cas contraire, les membres ont droit à
l’excédent»12. Il s’agit donc d’une « participation d’un groupe de personnes à l’établissement d’un fonds
financé par des cotisations des membres dont le montant est prédéfini. En cas d’intervention du risque, ces
membres seront indemnisés»
Le Takaful est un système basé sur la coopération entre groupes et individus, qui s’engagent mutuellement,
à indemniser ceux ayant été endommagés. Ces associés (assureurs) ont les mêmes intérêts que les assurés
ayant subi le risque
Principes de l’assurance Takaful
Du point de vue de l’assurance Takaful, trois éléments invalident le contrat d’assurance conventionnelle : le
Gharar, le Maysir et le Ribat.
En assurance conventionnelle, l’incertitude (Gharar) porte sur la date et le montant de risque, ainsi que sur
la prime à payer. Par conséquent, toute forme de contrat disproportionné et qui constitue une perte
injuste en faveur d’une partie aux dépens de l’autre est considérée comme Gharar.
Le Maysir, deuxième principe invalidant l’assurance conventionnelle, permet de faire le pari sur la
survenance du sinistre, et donc de spéculer sur le hasard.
Au total, compte tenu de ce qui précède, l’activité d’assurance ne peut être incertaine ou ambiguë
(Gharar), spéculative (Maysir) ou entachée d’intérêt (Ribat).
En assurance Takaful, l’incertitude et les prises de risques excessives (spéculation) sont éliminés par le
paiement d’un don volontaire et la définition claire du type de sinistre. En effet, le contrat d’assurance
conventionnelle se trouve remplacé par un contrat de donation. Il s’agit d’une donation qui n’accorde à
priori au membre aucun droit, mais ce sont les participations des autres membres qui couvrent les sinistres
éventuels du membre en question.
Ces donations (participations) des membres sont collectées par un fonds Takaful, qui est une entité
juridique qui assure que ces donations servent à couvrir les sinistres éventuels des souscripteurs. Cette
structure juridique est plus ou moins similaire à une mutuelle d’assurance.
La gestion du fonds Takaful est confiée à un opérateur (société gestionnaire) qui est une entreprise par
actions qui assure la gestion technique et financière du fonds Takaful. Il est rémunéré selon différentes
formes : Mudharaba, Wakala, et selon un modèle hybride.
La gestion du fonds Takaful est confiée à un opérateur (société gestionnaire) qui est une entreprise par
actions qui assure la gestion technique et financière du fonds Takaful. Il est rémunéré selon différentes
formes : Mudharaba, Wakala, et selon un modèle hybride.
l’assurance Takaful est soumise au principe de la séparation entre le fonds Takaful (sociétaires) et
l’opérateur (société gestionnaire). Il s’agit de deux entités juridiques distinctes, l’une collecte les donations
qui demeurent une propriété des sociétaires, l’autre se charge uniquement de la gestion technique et
financière du fonds en contrepartie d’une rémunération prédéfinie en commun accord.
Elle est soumise, également au principe de la mise en place d’un comité Charia Il s’agit d’un comité qui
contrôle la conformité des opérations d’assurance aux préceptes de la Charia
Le portefeuille d’investissement, c’est à dire les placements des excédents doit être géré selon les normes
de la charia. En effet, ces investissements ne peuvent être destinés aux activités telles que l’alcool, le porc,
les casinos…De même, il n’est pas autorisé à investir dans les sociétés trop endettées
Le partage de risque en réassurance doit être auprès du fonds Retakaful, et l’opérateur « Takaful »
s’engage à reverser les excédents techniques aux sociétaires après constitution des provisions techniques
et réserves et déductions des avances.
En rapport avec ce dernier principe, la gestion financière et technique est soumise aux mêmes règles que
celles de l’assurance conventionnelle. En effet, le résultat technique est la conséquence de l’écart entre les
participations et les frais de gestion, d’une part, et les sinistres d’autre part.
Résultat technique = [Participations – Frais de gestion] – Sinistres
En cas d’excédent, c’est à dire un résultat technique positif, et après constitution des provisions techniques
et réserves et déduction des avances, quatre formes peuvent se présenter. L’opérateur d’assurance peut
procéder, soit par reverser l’excédent à l’ensemble des participants au prorata de leurs donations initiales,
soit octroyer un bonus, c'est-à-dire reverser l’excédent aux non indemnisés uniquement. De même, il peut
procéder par une baisse des prix des polices d’assurance, comme il peut l’investir, sous formes de
placements dans des marchés mobiliers ou immobiliers.
Dans le cas de déficit technique, l’opérateur peut recourir aux réserves techniques, ou faire appel aux dons
supplémentaires auprès des participants. Il peut, également faire recours aux avances. Il s’agit des
montants engagés par l’entreprise d’assurance (opérateur Takaful) ou de réassurance (opérateur
Retakaful) pour combler le déficit et pouvant être récupérés sur les excédents futurs dégagés par une
opération d’assurance Takaful. Ces montants ne peuvent donner lieu à aucun intérêt17 (Qardh hassan).
L’opérateur Retakaful est rémunéré moyennant une exclusivité totale ou partielle sur les opérations de
réassurance du fonds. Tandis que l’opérateur Takaful se rémunère déjà par les frais de gestion, mais
également par le partage des risques et la coopération entre les deux entités.
Modèles d’affaires
Plusieurs formes de contrat gouvernant la relation entre les sociétaires (assurés) et l’opérateur Takaful
peuvent se présenter.
En effet, trois modèles de contrat peuvent se présenter : Mudharaba, Wakala et le modèle hybride.
Modèle Mudharaba
Dans ce modèle, l’opérateur Takaful agit en tant que Mudarib (entrepreneur) et les participants comme
Rab al mal (apporteurs de capitaux). Le contrat doit préciser comment les gains générés par le placement
et/ou les excédents de l’opération Takaful seront répartis entre l’opérateur Takaful et les participants
Souvent, l’opérateur reçoit une part prédéfinie des excédents générés par le fonds et des bénéfices réalisés
au moyen des activités de placement, ce qui l’incite à se montrer efficace en termes de souscription et de
placement
Il s’agit en fait, d’un modèle de rémunération par le partage du profit entre l’opérateur et les sociétaires
(fonds Takaful) selon un pourcentage après déduction des frais de gestion.
Modèle Wakala
Il s’agit dans ce modèle d’un contrat d’agence pour le compte des sociétaires. L’opérateur agit en tant que
Wakeel ou agent des participants pour gérer le fonds Takaful.
Tous les risques sont supportés par le fonds et tout excédent d’exploitation appartient aux participants.
L’opérateur Takaful ne participe pas directement au risque supporté par le fonds ni à aucun excédent /
déficit du fonds. En revanche, l’opérateur reçoit une commission fixe dite Wakala, qui rémunère sa gestion
de l’opération (charges et marge bénéficiaire) pour le compte des participants, et représente généralement
un pourcentage des cotisations payées
Modèle hybride
Ce modèle est une combinaison des modèles de la Wakala et de la Mudharaba. Le contrat Wakala est
adopté pour la souscription et prestations, et le contrat Mudharaba est utilisé pour la gestion du
portefeuille d’investissements (placements) du fonds Takaful. A cet effet, l’opérateur reçoit une part
proportionnelle fixée à l’avance des cotisations versées par les assurés, puis une part des plus-values
générées par les activités de placement. il permet de tirer parti des avantages des deux modèles.
Concernant les produits d’assurance Takaful pouvant être commercialisés, deux grandes catégories
peuvent se présenter : le General Takaful (non vie) qui peut couvrir les risques habitation, véhicules,
maladie, et le Family Takaful (vie) destiné à l’épargne, la retraite et l’invalidité.
En assurance General Takaful, la participation de chaque assuré sociétaire est enregistrée dans un compte
à risques du participant et le contrat Takaful précise le montant des indemnisations en cas de dommages
Quant à l’assurance Family Takaful, les cotisations que versent les assurés sociétaires alimentent, en plus
d’un fonds de garantie afin de se couvrir contre les éventuels risques comme dans le cas de General
Takaful, un fonds d’investissement du participant, qui constitue une composante d’épargne et
d’investissement.
Quant à la tarification des produits d’assurance Takaful, elle s’effectue de la même manière que pour les
produits conventionnels. Elle se base sur les mêmes statistiques de sinistralité et se réfère aux mêmes
modèles mathématiques d’évaluation et aux mêmes techniques actuarielles. En assurance Takaful, la
tarification doit tenir compte, en plus, le pourcentage des cotisations (Wakala) qui rémunère l’opérateur.
Takaful: potentiel, défis et perspectives
Le marché de l’assurance Takaful est un marché potentiel grâce aux limites de la finance conventionnelle
déclenchées au moment des crises financières et à l’engouement à la finance islamique, considérée comme
une finance éthique.
Ce marché peut bénéficier également d’une demande latente qui peut paraître avec l’évolution
démographique des pays musulmans et non musulmans, et de l’émergence d’une classe moyenne
adoptant des modes de consommation nouveaux en conformité avec ses convictions26. De même, le faible
taux de pénétration de l’assurance est un indicateur d’une demande non satisfaite.
Ce potentiel du marché de l’assurance Takaful, ne peut être exploité rationnellement sans surmonter les
défis et les contraintes qui pèsent sur ce créneau. Ils sont d’ordre Marketing, commercial, technique,
financier, réglementaire et humain.
Au niveau Marketing, Takaful a besoin encore d’une grande sensibilisation et de prise de conscience, ainsi
que du changement d’état d’esprit qui règne dans la société et qui considère que Takaful n’offre des
produits que pour les musulmans et imite l’assurance conventionnelle. L’objectif donc est de positionner
l’assurance Takaful comme produit éthique quel que soit la demande à laquelle est destinée et avoir une
meilleure offre qualité/prix.
Sur le plan commercial, Takaful continue à souffrir de la faiblesse des réseaux de distribution et ce
contrairement à l’assurance conventionnelle qui bénéficie de plus de réseaux comme la bancassurance, et
des difficultés de concurrencer les sociétés d’assurance conventionnelle, qui disposent des avantages
comparatifs en matière de savoir-faire et des lourds investissements opérés. De même, les compagnies
d’assurance Takaful n’arrivent pas encore à diversifier la gamme des produits par rapport aux besoins des
clients.
Sur le plan technique et financier, on constate une faiblesse du marché de réassurance (Retakaful) qui
conduit à la recrudescence de la solvabilité des compagnies d’assurance Takaful. De même, la gestion de
l’investissement est contrainte par la sélection des secteurs non interdits et conformes aux préceptes de la
Charia.
Au niveau réglementaire, excepté le Sudan, la Malaisie, l’Arabie saoudite et l’Iran, l’activité de l’assurance
Takaful se trouve dépourvue d’une réglementation idoine.
En somme, la performance des compagnies Takaful et leur capacité d’apprentissage, la différenciation et
l’innovation en matière des produits, et surtout ceux liés à l’assurance vie, la qualification de leur personnel
et l’extension des réseaux de distribution à travers les stratégies de bancassurance, demeurent les facteurs
clés de succès de l’assurance Takaful.
Retakaful et réassurance conventionnelle
Pour consolider sa solvabilité et réduire les effets des risques, l’opérateur Takaful peut assurer
certains risques auprès des réassureurs (Retakaful) par une donation versée par le fonds Takaful.
Le Retakaful est donc une assurance Takaful pour les fonds Takaful. Les sociétaires participants dans
les fonds Retakaful peuvent opérer en coassurance, définie comme l’opération par laquelle
plusieurs sociétés d’assurances couvrent au moyen d’un seul contrat un même risque.
Les techniques de Retakaful permettent au fonds Takaful de réduire les risques encourus, et
d’augmenter son nombre de souscriptions sur le long terme. Elles permettent, également, une plus
grande flexibilité financière au fonds Takaful en lui injectant des capitaux supplémentaires en cas de
besoin lui permettant d’améliorer sa solvabilité.
La couverture retraite au Maroc concerne actuellement la population des salariés. Les principaux
régimes de retraite existants diffèrent les uns des autres quant à leurs statuts juridiques, leurs
modes de gestion, leurs ressources et leurs modalités de prestations.
La couverture retraite est assurée par six régimes de base et trois régimes complémentaires :

 Les régimes des pensions civiles et militaires gérés par la Caisse Marocaine des Retraites
(CMR-RPC et CMR-RPM).

 Le Régime Collectif d’Allocation de Retraite - Régime Général- (RCAR-RG) pour les salariés
du secteur semi-public.

 Le Régime général de la sécurité sociale au profit des salariés du secteur privé géré par la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).

 Deux régimes de retraite internes des salariés de Bank Al Maghreb et de l’Office national
d’électricité et de l’eau potable.
Ce secteur comporte également trois régimes complémentaires et facultatifs :

 La Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraite (CIMR) pour les salariés du secteur


privé.

 Le Régime complémentaire du RCAR (RCAR-RC) pour les affiliés du RCAR-RG .

 Le Régime ATTAKMILI géré par la CMR au profit des affiliés des deux régimes CMR-RPC et
CMR-RPM.

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