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INSTITUT INTERNATIONAL DES ASSURANCES (IIA)

BP: 1575 Yaoundé – Cameroun


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E-Mail: iia@iiacameroun.com

DIPLOME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES EN ASSURANCE (DESS-


A)

ESSAI SUR LES ASSURANCES DU


GENIE DES RISQUES AGRICOLES

Samuel NKONGO BONDJO

1
AVANT PROPOS

2
Les économies africaines ont toujours été tributaires de leur
agriculture. Après les indépendances, la vente des produits agricoles de
rentes source importante de devises, a mis entre les mains des pouvoirs
publics un important instrument de développement. La quasi-totalité des
investissements des gouvernements allait vers le monde rural pour la
constitution d’une base économique solide, pour celles qui avaient la
bénédiction d’avoir des sols propices à l’agriculture.

Ce regard vers le monde rural a catalysé plusieurs phénomènes.

A) SUR LE PLAN DES ENTREPRISES

La création par le gouvernement, des sociétés de développement des


cultures et d’encadrement des paysans.

B) SUR LE PLAN FINANCIER

La création ou l’ouverture des Institutions financières (banques)


pour :
-Canaliser les fonds
-Réguler les campagnes agricoles.

C) SUR LE PLAN SOCIAL

L’augmentation incalculable des naissances et à travers elles de la


population.

3
Dans les années 80 où l’on croyait l’Afrique sortir de son sous
développement, les produits agricoles de rentes ont connu de fortes
méventes à cause de la venue sur le marché des produits « bon marché »
des pays du Sud-Est Asiatique.

Cette concurrence a donné aux pays africains un rhume carabiné. Il a


fallu recourir à la dévaluation des monnaies en l’occurrence le francs cfa
pour voir les ventes reprendre.

En outre, il faut prendre en bonne place la filière des produits


agricoles dits vivriers qui sur d’autres plans constitue une source
importante de devises et un instrument de production alimentaire.

Au demeurant, beaucoup de capitaux sous forme d’aide ou de


subvention, de prêts ainsi que plusieurs formules de sécurité sur le plan
social sont allés vers le monde rural. Mais venant de l’Etat à travers ses
organismes ont plutôt rendu les paysans paresseux.

Les montants alloués peu importants n’ont pas généré les effets

escomptés, c’est-à-dire l’augmentation de la production tant sur le plan

qualitatif que quantitatif, le remboursement des prêts pour la

reconstitution des fonds.

Devant cette situation, que faut-il faire pour développer l’Afrique à

travers son agriculture ?

Il y a certes plusieurs moyens, mais le problème qui se pose

aujourd’hui est de restituer la dignité au paysan. C’est-à-dire :

4
- En faire un corps de métier afin de freiner l’exode rural

- Trouver les sources de financement capables de le transformer en

opérateur économique important

- Réformer la politique agraire

- Garantir sa sécurité et celle des biens.

La présente étude a pour but de contribuer à l’augmentation des

chances de développement des pays africains à partir des systèmes de

sécurité garantissant les hommes et biens du monde rural.

Si nous-mêmes, Africains, nous ne posons pas les bases de notre

développement, qui le fera pour nous ?

5
INTRODUCTION

6
7
PREMIERE PARTIE

LES RISQUES AGRICOLES

8
-A-

LES CULTURES

9
Les risques relevant de l’agriculture sont ceux qu’une culture peut

encourir dans les différentes étapes de son évolution.

Ces risques varient en fonction des types de cultures que nous classons

en cinq grandes catégories :

1- Les légumineuses

Dans les légumineuses, l’on retrouve tout ce qui relève des pois (haricot,

soja, etc.)

2- Les céréales

Dans les céréales, l’on retrouve tout ce qui est graminées comestibles

(maïs, blé, mil, riz, etc.)

3- les arbres fruitiers

Dans cette catégorie, l’on retrouve tout ce qui est arbre pouvant porter

des fruits pendant une saison donnée (caféier, cacaoyer, cerisier, palmier à

huile, etc).

4- Les racines et tubercules

Dans cette catégorie, l’on retrouve tout ce qui est racine et tubercule

(manioc, macabo, ignames, etc.)

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5- Les plantes textiles

Dans cette catégorie, l’on retrouve toutes les plantes dont les fruits ou les

troncs servent à la production des fibres textiles (coton, Kenaf, etc.).

Cette classification nous permet de distinguer deux grands types de

cultures

A- Les cultures Annuelles

B- Les cultures Pérennes

A- LES CULTURES ANNUELLES

Les cultures de ce type sont celles qui partent du semis à la récolte. Elles

se caractérisent par une seule production et par l’arrachage total de la

culture pendant la récolte (légumineuses, céréales, etc.).

B- LES CULTURES PERENNES

Les cultures de ce type sont celles qui se font en deux étapes : la

première se caractérise par la formation de l’arbre, la seconde par le port

11
des produits qui font l’objet de la récolte plusieurs fois pendant la vie de la

plante à des saisons déterminées (caféier, cacaoyer, palmier à huile, etc.).

La classification ainsi opérée nous emmène à poser la durée de la

protection eu égard aux différentes étapes que connaît une culture.

Nous parlerons à ce moment là d’une durée temporaire de protection ou

d’une durée permanente de protection.

Cependant, les cultures ainsi inventoriées ont « une vie » et chacune

d’entre elles évolue selon un cycle bien déterminé. Dans le cadre de cette

approche, nous parlerons d’une évolution classique du semis à la récolte.

Notre ambition ici n’étant pas de faire un document spécialisé sur

l’agriculture.

12
-B-

EVOLUTION DES CULTURES

13
« La graine n’oublie jamais les conditions dans lesquelles elle a été

produite ».

Car, produite dans les conditions elle se soumet aux conditions de

traitement difficiles.

Ce proverbe en lui tout seul établit les règles de conduite pour un

agriculteur soucieux d’avoir des résultats meilleurs. Ces résultats peuvent

se percevoir au niveau de quatre étapes de la vie d’une culture :

A) Le semis

B) La levée

C) La maturation

D) La récolte

Cependant, il y a lieu de relever que toutes les cultures ne sont pas

soumises à ces différentes étapes. Les progrès connus au niveau des

techniques culturales ont apporté beaucoup de sécurité dans les deux

premières étapes, par exemple la création des pépinières pour les caféiers,

14
les cacaoyers, les palmiers à huile et la transplantation du mil du bord des

mayos aux zones les plus sèches.

A- LES SEMIS

L’étape des semis est la première dans la vie d’une culture, elle s’opère

par la mise de la graine ou du plant dans la terre. Elle est la plus délicate car,

répondant à plusieurs conditions parmi lesquelles :

1- Le choix de la bonne semence

2- La préparation du terrain

3- L’observation des conditions météorologiques

4- La culture

5- L’utilisation des engrais

Cette opération doit être menée à bien pour s’assurer des résultats

meilleurs. Cependant, certains problèmes peuvent survenir. Nous en

parlerons dans la rubrique des risques encourus.

B- LA LEVEE

La réussite de l’opération des semis entraîne automatiquement une

bonne levée. Nous nous trouvons à la première étape du système végétatif

d’une culture. A ce niveau, les cultures les plus suivies sont celles qui

15
relèvent du cycle annuel car, les bonnes récoltes dans ce type passent par la

bonne formation.

Selon donc la nature de la culture, la protection s’impose avec beaucoup

d’intensité entres autres, l’épandage des engrais, des herbicides et d’autres

inputs.

Le succès de cette opération tient beaucoup d’une part, aux éléments de

la nature (pluie, soleil) et d’autre part, aux apports extérieurs inputs etc.

C- LA MATURATION

L’étape de maturation est celle pendant laquelle la plante grandit. A

ce niveau, la protection de la culture s’impose toujours, car elle est

facilement attaquable et

vulnérable. Les méthodes utilisées pour y arriver sont : l’épandage

des insecticides, des herbicides et pour lui donner des formes et une

rentabilité appréciable, des engrais.

Les éléments naturels qui conditionnent la bonne maturité de la

culture (pluie, eau, soleil) doivent être présents et dans la proportion

acceptée par chaque type de culture, d’où l’adaptation de celle-ci aux

conditions climatiques de la région.

16
La réussite de cette opération donne les moyens à la culture de

s’exprimer en portant de belles fleurs, ensuite de beaux fruits.

Il est bien évident que les progrès accomplis dans les domaines de la

maîtrise de l’eau pour remplacer les pluies dans le cas où elles se font rares

peuvent donner des résultats satisfaisants, à savoir : Les retenues d’eau par

la technique des barrages et des puits entrant dans les différents systèmes

d’irrigation s’avèrent coûteux pour des exploitations de grande envergure.

17
D- LA RECOLTE

La récolte est l’étape la plus délicate pendant laquelle les produits d’une

culture sont recueillis. Elle permet de mesurer les efforts fournis au cours

d’une opération.

Elle peut présenter plusieurs facettes si elle n’est pas faite à temps. La

mauvaise appréciation de la maturité entraînant toujours des

conséquences.

En fonction des types de culture, la récolte peut être mécanisée, c’est-à-

dire faite par des machines ou manuelle et se fait de deux manières.

a- Soit par l’arrachage total de la culture, tel est le cas des cultures

manuelles.

b- Soit par la cueillette des fruits, tel est le cas des cultures pérennes.

18
-C-

EVALUATION DES CULTURES

19
Après la connaissance de la nature du risque, le principal problème de

l’assureur se présente au niveau de l’appréciation de la valeur du bien à

assurer.

L’évaluation des cultures se trouve donc au centre de l’intérêt

d’assurance. La question qui vient immédiatement à l’esprit est celle de

savoir dans quel intérêt l’agriculteur aimerait-il se faire protéger ? La

réponse se rapporte immédiatement à la notion d’intérêt financier. La

disparition des efforts fournis pour réaliser une exploitation agricole.

Or dans l’agriculture, la notion d’intérêt financier est délicate à

apprécier et se situe au niveau de chaque étape de la vie d’une culture.

20
Nous n’entrerons pas ici en profondeur dans le calcul des dépenses

rentrant dans le cadre des opérations de labour qui a une importance

certaine dans une opération agricole (usure des machines, carburant, main-

d’œuvre, etc.).

Il faut noter avec beaucoup d’intérêt que des paramètres existent

pour chaque type de culture en fonction des surfaces cultivées.

1- Les normes de rendement déterminées en fonction des surfaces cultivées

par région

2- Le prix d’achat de la mercuriale

Pour ce qui est des cultures annuelles par exemple, il est établi que le

rendement moyen par hectare cultivé de maïs est de 800 Kg pour l’Afrique.

En ce qui concerne les cultures pérennes, l’évaluation des récoltes se

pose à deux niveaux :

A) Les produits sur pieds

B) Les produits après récolte

21
A) LES PRODUITS SUR PIEDS

Les produits sur pieds sont ceux qui, bien que prêts, sont encore attachés

à l’arbre. A ce niveau, l’évaluation paramétrique par convention est

nécessaire.

B) LES PRODUITS APRES RECOLTE

Les produits après récolte sont ceux qui sont détachés de l’arbre, mais

restent encore au champ. L’évaluation se fait en fonction de l’analyse

paramétrique et du prix d’achat de la mercuriale après inventaire des

produits rentrés en magasin ou hangar de stockage.

22
MAÏS

VA 212 500 CP 140 000

130 000

84 000

59,96 % 92,8 %
OP1 OP2

Unité = 1ha

CX Maïs

OP1 VA CP OP2 VA CP

Labour 25 11,77 11,85 2ème Sarclage 12 5,65 8,57

000 % % 000 % %

Semences 6 000 2,83 4,28 % 2ème Engrais 14 6,59 10 %

23
% 000 %

Semis 6 000 2,83 4,28 % Epandage 2 500 1,17 1,78

% % %

Engrais 29 13,65 20,71 Gardiennage 15 7,05 10,71

000 % % 000 % %

L. Terrain 10 4,70 7,14 % Récolte 10 4,70 7,14

000 % 000 % %

Démariage 2 000 0,94 1,42 % Transport 2 500 1,17 1,78

% % %

1er 6 000 2,83 4,28 %

Sarclage %

-D-

24
LES RISQUES A CHAQUE ETAPE ET LES SOLUTIONS DE
COUVERTURE EN ASSURANCE

Le risque est l’événement ou l’intérêt contre ou pour lequel l’assuré

veut se prémunir.

25
Nous avons constaté dans la rubrique des récoltes que cet événement

a une incidence financière dans la mesure où sa survenance entraîne la

disparition totale ou partielle des efforts financiers fournis pour la

réalisation d’une exploitation agricole.

Il s’agit de faire une analyse des risques encourus à chaque étape afin

de trouver les solutions de couverture en assurance.

A- L’ETAPE DU SEMIS

Le risque encouru au nouveau de cette étape est celui qui occasionne

la perte des frais entraînés pour le labour (préparation du sol : défrichage

ou désherbage- déforestation- labour), des semences et pour certaines

cultures des engrais.

Ce risque st lié à un phénomène naturel, les pluies, soit qu’elles sont

rares ou absentes et n’entraînent pas la levée, soit qu’elles sont abondantes

au point de créer des inondations et faire pourrir la graine.

L’agriculture a été toujours perçue comme une activité à haut risque

et ce par le caractère aléatoire et peu contrôlable des phénomènes naturels

auxquels elle doit se soumettre.

26
Cependant, l’agriculteur éprouve une très grande perte et aimerait

être à l’abri en cas de réalisation du risque.

Le coût très élevé des éléments constituant l’opération de labour,

l’achat et les dépenses relatives aux semences, aux engrais le conduisent

dans une situation difficile.

Sur le plan de la couverture des assurances, les risques liés aux

phénomènes naturels sans accidents préalables ne sont pas couverts.

Cette théorie tient pour toutes les branches d’assurance.

Comment peut-on faire pour sortir l’agriculteur de son problème.

L’élément qui influence la réalisation du risque est certes lié aux

phénomènes naturels, mais peut être appréciable c’est-à-dire qu’on peut

mesurer sa fréquence et son intensité à travers les statistiques. Il s’agit

des pluies, vents violents, etc. A ce moment là, l’assureur ayant entre ses

mains tous les éléments pour la détermination d’un coefficient d’influence,

peut prendre ce risque ou événement en charge par le biais de l’assurance

directe basée sur le principe indemnitaire.

L’ETAPE DE LA LEVEE

27
Le risque encouru au niveau de cette étape est le même que celui de l’étape

précédente. Nous nous trouvons au premier niveau du système végétatif

d’une culture. La couverture d’une assurance est accordée sur la base du

coût de production. La détermination du taux de prime se rapporte au

schéma de la première étape.

L’ETAPE DE LA MATURATION

Nous avons vu plus haut qu’à ce niveau, la culture s’exprime. Elle grandit

ensuite porte des fleurs qui deviendront des produits. En cas de réalisation

du risque ou de la survenance de l’événement, l’évaluation des pertes se

fera après récolte en cas de sinistre partiel sur la base de la valeur d’achat.

Dans le cas du sinistre total, les pertes seront évaluées sur la base du coût

de production ; ces deux systèmes de couverture seront envisagés au

niveau de cette étape. La détermination sera faite par la nature de

l’événement (pluies-oiseaux-criquets-sable)

L’ETAPE DE LA RECOLTE

28
Au niveau de cette étape, les problèmes se présentent sous un autre

angle, le processus végétatif est terminé, l’agriculteur peut déjà recueillir les

produits de ses cultures.

Le risque encouru de cette étape est l’incendie. Il peut se produire

pendant la récolte surtout quand elle est mécanisée ou alors quand les

cultures sont sur pied ou en javelle.

La couverture est sans conteste le contrat d’assurance incendie

intégré dans la police de base pour ce qui est des cultures annuelles

(couverture temporaire).

En ce qui concerne des cultures pérennes, la couverture incendie est

utile même en dehors des périodes de récolte (couverture permanente).

La police d’assurance souscrite par les établissements MOHAMADOU

ABBO OUSMANOU actuellement MAÏSCAM sis à Borongo le 1er Septembre

1984 fut le premier cas concret de couverture.

29
30
COUVERTURE DES RISQUES
DE L’AGRICULTURE

31
Nous avons vu plus haut que le taux de prime est fonction de la

fréquence des sinistres et de leur intensité.

En assurance agricole la formule de couverture est fonction du type

de culture.

C’est ainsi qu’il faut distinguer trois techniques de couverture.

1- La couverture directe basée sur le principe indemnitaire.

2- La prévention

3- L’indemnité de fin de production

1- COUVERTURE DIRECTE BASEE SUR LE PRINCIPE INDEMNITAIRE

Cette formule consiste à déterminer le taux d’influence de l’élément cause

du sinistre, c’est-à-dire l’élément qui contribue à la baisse de production. Il

faut bien se dire qu’au niveau de toutes les étapes, cet élément n’est pas le

seul qui entrave la réussite d’une production. Il y a entre autres :

- Le choix d’une bonne semence

- La date de semis

- La densité de semis

32
- La fertilisation

- L’état du terrain

- Le respect du calendrier cultural

Dans l’ensemble, il faut que cet élément non maitrisable par l’homme

soit appréciable c'est-à-dire faire l’objet des statistiques. Nous pouvons

citer par exemple les pluies, les vents violents etc.

Le respect strict de ces conditions de production ne rend pas aisée

l’application de cette formule pour les exploitations de forme traditionnelle.

Elle est réservée aux exploitations de culture intensive.

33
FORMULE DE DETERMINATION DU TAUX DE PRIME

CAS DE PLUVIOMETRIE

I – CALCUL DU RENDEMENT MOYEN RM

Production

a) Rendement R =
Surface

Production Totale

b) Rendement Moyen RM =
Surface Totale

II – PLUVIOMETRIE MOYENNE PVM

Pluviométrie N années
PVM =
N

34
III – RENDEMENT DE REFERENCE R.F

Faire un rapprochement entre la pluviométrie et le rendement annuel

qui sera le rendement de référence.

IV- TAUX D’INFLUENCE

Rendement de référence – Rendement moyen x 100

Tx =
Rendement de référence

( R.F – R.M ) x 100

Tx =
R.F

En définitive donc, la détermination du taux de prime est un

coefficient de l’analyse des éléments de production.

2- LA PREVENTION

Cette technique de couverture consiste à prévenir la réalisation du

sinistre par la mise en place de moyens qui maîtrisent l’élément cause de la

baisse de production.

Cette formule est d’application plus aisée dans les exploitations de forme

traditionnelle car, l’élément d’influence est un prédateur (oiseaux – criquets

35
– chenilles) le moyen le plus utilisé est la lutte phytosanitaire qui

comprend :

1- La lutte Antiaviaire

2- La lutte Antiacridien

1- LA LUTTE ANTIAVIAIRE

La lutte Antiaviaire consiste à lutter contre les oiseaux granivores qui

détruisent les céréales en état laiteux ou sec, par la pulvérisation des

insecticides au niveau des dortoirs. Pour que cette opération soit efficace,

elle doit commencer par la nidification.

2- LA LUTTE ANTIACRIDIEN

La lutte antiacridien consiste à lutter contre l’invasion des criquets

migrateurs ou pèlerins sur les cultures, par la pulvérisation des insecticides

sur les zones cultivées par une ceinture phytosanitaire constituée par les

Brigades villageoises.

36
DETERMINATION DE LA PRIME

Dans cette formule, l’élément qui influence la baisse de la production

n’est pas maîtrisable par l’homme et ne peut faire l’objet des statistiques.

L’analyse des paramètres nous conduit à fixer la prime d’une manière

forfaitaire pour une contribution à la lutte.

A cet effet, l’assureur doit maîtriser les différents coûts d’intervention

et ceux des produits phytosanitaires pour une répartition équitable.

Cette contribution pour mieux s’intégrer, devra faire l’objet d’un bouquet

de garanties.

3- INDEMNITE DE FIN DE PRODUCTION

L’indemnité de fin de production est celle qu’un agriculteur peut

prétendre recevoir à la fin du système végétatif ou de la vie d’une culture.

Cette formule de couverture est hybride car elle consiste à déterminer le

37
taux d’influence de l’élément cause de sinistre et ce, pour en mesurer les

conséquences. Comme nous pouvons le constater, c’est la formule aisée

pour les exploitations traditionnelles contre les événements non

maîtrisables par l’homme mais appréciables.

DETERMINATION DE LA PRIME

La détermination du t’aux d’influence se fait comme dans l’assurance

directe basée sur le principe indemnitaire. Compte tenu de son application

dans les exploitations agricoles traditionnelles donc populaires pou la

création d’un fonds de calamité et de solidarité, il ne peut qu’être ramené à

une faible proportion et faire partie d’un bouquet de garanties.

38
L’INDEMNISATION

L’assureur ne peut indemniser que sur les pertes réellement subies

par l’assuré. D’où le principe Indemnitaire sur les assurances directes

souscrites par les sociétés Anonymes à forme de mutuelles. Dans les types

de sociétés admises pour effectuer les opérations d’assurances, les sociétés

mutuelles pures sont soumises au principe indemnitaire et au principe « de

Marc le Franc » c'est-à-dire ne peut payer qu’en fonction des avoirs en

caisse.

39
Les Assurances Agricoles peuvent donc être soumises dans l’un des

deux principes en fonction du type de société qui présente les opérations.

Pour appeler les financements des investisseurs privés, il est

préférable de faire passer les Assurances Agricoles par le gouvernement

compte tenu de la modicité des primes, ce qui conduirait le Secteur Agricole

à ne pas s’intégrer profondément dans le développement des Economies

africaines pour des raisons qui ont été évoquées plus haut. Les techniques

de couverture par contribution donnent déjà une réponse satisfaisante

pour les cultures des exploitations traditionnelles.

INDEMNISATION BASEE SUR LE PRINCIPE INDEMNISATAIRE

40
L’indemnisation se fera sur la base de la perte subie par l’exploitant

agricole.

Cependant, l’élément d’influence non maîtrisable par l’homme au regard de

ceux maîtrisables tous conditionnant la bonne ou la mauvaise production,

l’assureur a introduit la notion de découvert qui rendrait en partie

responsable l’exploitant de sa négligence pour les éléments maîtrisables.

Cette notion se traduit par un taux.

LE TAUX DE DECOUVERT

Le taux de découvert (Td D) représente la partie du dommage que

l’assureur ne prend en compte pendant le paiement du sinistre.

41
INDEMNITE

Dans le cas du sinistre total au cours de la première phase du système

végétatif.

I = CP (1 – Td D) x TIR

Dans le cas du sinistre partiel après récolte

I = (VA – VR) (1 – Td D)

INDEMNISATION BASEE SUR LA TECHNIQUE DE PREVENTION

Si la lutte Antiaviaire ou Antiacridienne est bien faite, les pertes de

production seront quasiment nulles. Dans ce cas sans dommage, il n’y aura

pas d’indemnisation possible. Il faudrait que l’assureur s’entoure de tous les

moyens pour prévenir le sinistre.

42
INDEMNISATION BASEE SUR LA TECHNIQUE DE CAPITALISATION

La technique de capitalisation ayant pour but de dédommager les

sinistres contribuant pour le fonds de solidarité, après évaluation des

pertes, l’assureur versera une indemnité sur les bases suivantes.

1°) Phase végétative (sinistre total)

CP (1 – Td D) x TIR

2°) Phase finale (sinistre partiel)

43
I = (VA – VR) (1 – Td D)

Compte tenu du fait que la formule se base sur le forfait, l’assureur

trouvera une valeur moyenne d’indemnisation appelée base

d’indemnisation (B.I.) qui sera applicable à tous les sinistres sur unité de

travail 1 Ha par exemple – La B.I devra tenir compte des résultats obtenus

pendant les campagnes précédentes.

DEUXIEME PARTIE

44
LES INDEMNITES DE FIN D’ELEVAGE

Les Indemnités de Fin d’Elevage (IFE) sont celles qu’un éleveur peut

prétendre recevoir en cas d’arrêt ou de fin des opérations d’élevage.

Elles peuvent avoir pour objet :

45
A) La réalisation des risques de moralité.

B) La réalisation des risques de dépréciation des valeurs

marchandes

L’élevage se distingue en plusieurs types :

1- Elevage des bovins

2- Elevage des ovins

3- Elevage des caprins

4- La pisciculture

5- L’aquaculture

6- L’apiculture

46
-A-

LES RISQUES DE MORTALITE

47
Les risques de moralité sont ceux que peuvent encourir les produits

des éleveurs au cours de leurs opérations, allant de la production jusqu’à la

vente ou au début de la transformation des espèces vivantes.

Dans cette étude nous ne parlerons que de l’élevage des bovins qui est

organisé et dont le caractère économique a nécessité des études profondes

ces dernières années dans le cadre de la recherche.

48
ELEVAGE DES BOVINS

49
L’élevage des bovins est organisé en plusieurs systèmes.

1- RANCHING

2- Transhumant

3- Semi-sédentaire

4- Sédentaire

1- LE SYSTEME RANCHING

50
C’est celui par lequel un éleveur occupe un espace limité par une clôture

et comprenant des points de pâturage, des points d’eau, une installation du

suivi sanitaire, des habitations et des points de parcs à bétail pour y

pratiquer ses opérations d’élevage en toute saison.

2- LE SYSTEME TRANSHUMANT

C’est celui par lequel les éleveurs se déplacent vers de nouveaux

pâturages en saison sèche. Ils recherchent des pâturages encore humides.

3- LE SYSTEME SEMI-SEDENTAIRE

C’est celui par lequel on distingue les éleveurs agriculteurs. La plupart

d’entre eux produisent du mil, du sorgho Mouskouari et du maïs pour leur

propre consommation. Ils attendent la récolte du Mouskouari pour faire

51
paître les chaumes. Après ce pacage ils vont vers les plaines inondables ou

des points d’eau.

4- LE SYSTEME SEDENTAIRE

C’est celui par lequel l’élevage et l’agriculture sont pratiqués dans les

mêmes exploitations. Ce sont des agro-éleveurs très diversifiés produisant

et vendant du coton, du maïs, du sorgho, du niébé et parfois des fruits et

légumes. Leur déplacement est d’environ 10 Km.

RISQUES ENCOURUS

52
Le risque encouru généralement par les bovins est la moralité par

suite des maladies ou d’accidents. Il peut aussi être question de la moralité

par suite d’une opération chirurgicale au moment de la fécondation.

La situation géographique du pays ou plus précisément de la région

est un facteur influant sur la fréquence des maladies et de mortalité compte

tenu des conditions agroclimatiques.

Pour apprécier la moralité, il faudrait avoir une estimation de

l’espérance de vie et une fréquence des maladies. L’âge est un facteur

important, l’animal doit être d’un âge qui lui laisse une probabilité élevée de

survie mais il faut également lui fixer un âge limite.

Les accidents survenus au cours du transport doivent faire l’objet

d’une police distincte car les bovins sont considérés comme marchandise.

53
LES RISQUES COUVERTS

L’assurance couvre essentiellement les accidents. On peut citer :

- L’incendie

- La chute de la foudre

- Les inondations

- La tempête

- Les cyclones

- L’électrocution

- Les morsures de serpent

- L’attaque par les animaux sauvages… etc.

En principe, il est difficile d’assurer des maladies à caractère

épidémiques. Or si ces maladies sont exclues, l’assurance ne présente plus

d’intérêt pour l’assuré.

Dans la pratique, toutes les maladies sont assurables dans la plupart des

pays avec obligation de vaccination contre lesdites maladies.

Dans ce cas, les vaccinations se distinguent en trois types :

54
1- Obligatoires

2- Semi-obligatoires

3- Facultatives

La classification des maladies n’est pas automatique.

Les maladies contractées avant l’assurance sont exclues. Une période

d’attente est parfois exigée (de 21 à 90 jours).

LA POPULATION BOVINE

De nombreuses races bovines se rencontrent dans la région, ainsi que

dans les troupeaux suivis et les plus fréquents sont les ZEBUS AKOU (39%),

GOUDALI (28%), MBORORO (18%), ARABE CHOAS (11%) et divers (4%).

Sur l’ensemble des troupeaux, les mâles représentent 39,2% du

Cheptel, se décomposant en 36,9% de mâles entiers et 2,3% de castrés

utilisés surtout comme animaux de trait.

Provinces Nombre de têtes Observations

Nord et Extrême-Nord 1.657.400 38%

55
Cheptel National

Adamaoua 1.700.000

TOTAL 3.357.400

TOTAL CAMEROUN

L A MORTALITE DES BOVINS

- Quotient de mortalité des veaux

Le quotient de mortalité est relativement élevé 11,4% en moyenne. Il est

très variable d’un élevage à un autre. Dans certains élevages, un veau sur

deux meurt avant l’âge d’un an. Le taux de mortalité est souvent plus élevé à

cause de la traite sévère des vaches par les bergers pour la vente de lait aux

prix forts rémunérateurs au détriment des veaux. 30% des mortalités sont

56
enregistrés au cours du premier mois de leur vie et 75% enregistrés au

cours de la période d’octobre à mars.

- Mortalité des adultes

La mortalité des adultes est beaucoup plus faible. Elle varie en fonction

des années et des régions (voir tableau) sans doute à cause des

disponibilités fourragères insuffisantes et de problèmes d’infestation

parasitaire. Les principales causes de mortalité ont été répertoriées. En

dehors des causes accidentelles, le parasitisme digestif et la malnutrition, la

recrudescence de certaines maladies dans la région (tuberculose,

pasteurellose, cowdriose, charbon symptomatique et bactéridien, fièvre

aphteuse) peuvent être les principales causes de mortalité. La lutte contre

les glossines a permis de contrôler la trypanosomiase bovine

57
58
FIGURE 1 PYRAMIDE DES AGES DES BOVINS SUIVIS EN MILIEU PAYSAN AU NORD-CAMEROUN (01/01/ 95)

59
60
FIG. 2 DISTRIBUTION SAISONNIERE DES NAISSANCES DANS
LES TROUPEAUX BOVINS AU NORD -CAMEROUN

14
12
10
8
6
4
2
0

PT

EC
V

R
S

T
T
N

IN

V
AI

IL

C
U
FE

AR

O
AV
JA

JU
M

JU

SE

O
AO

D
N
M

61
62
FIG. 3 REPARTITION DE LA
MORTALITE DES VEAUX EN MILIEU
PAYSAN AU NORD CAMEROUN
P. 100 MORTALITES

35,00
30,00
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
AGE (MOIS)

63
FIG. 4 DISTRIBUTION SAISONNIERE
DE LA MORTALITE DES VEAUX EN
MILIEU PAYSAN AU NORD-
CAMEROUN
P. 100 MORTALITE

20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
MOIS

64
DETERMINATION DU TAUX DE MORTALITE

- Le taux de mortalité s’obtient par la somme des taux de survivants

des mâles divisé par le nombre d’années

DETERMINATION DE LA VALEUR D’ASSURANCE

- La valeur d’assurance est la valeur optimale de l’animal à assurer en

faisant une projection par rapport à la valeur d’acquisition. Cette

projection prend en compte l’âge de l’animal, l’index de revalorisation

à rapporter à l’âge moyen des femelles. Nous parlerons de la courbe

de la vache debout en train de brouter.

100.000

90.000

75.000

80.000
VALEUR 70.000

50.000
50.000

20.000

6M
Année
65
1 2 3 4 5 6 7

-B-

LA DEPRECIATION DE LA VALEUR MARCHANDE

66
A la fin des opérations d’élevage, la valeur marchande de l’animal

peut subir des dépréciations pour des raisons suivantes :

- L’éleveur a gardé des spécimens pour la reproduction pendant une longue

période

- Le prix de vente de la mercuriale est bas à cause de la saison.

- L’abondance du bétail sur le marché.

Le risque encouru au niveau de cette étape est la mévente ou la vente

à perte pour éviter d’engranger d’autres frais. Pour quelles raisons ? Les

67
bêtes croulent sous le poids de la reproduction, de l’âge. La viande par

conséquent a perdu toutes ses qualités.

Pour lui permettre de pallier à toutes ces éventualités, la solution

consisterait à donner des moyens supplémentaires par la constitution d’un

fonds.

Ce fonds est géré par l’assureur selon la technique de capitalisation. Il

permettra à l’éleveur de compenser ses pertes au moment de la

reconstitution du troupeau.

68
Valeur maximale des meilleures conditions de vente

Conditions de vente

Manque à gagner

VALEUR
Valeur minimale

1 2 3 4 5 6 7 8

69
ASSURANCE DE PERSONNES

70
Les assurances de personnes constituent une technique particulière

et spéciale que nous ne développerons pas dans cette étude. Nous

présenterons les statistiques de la population rurale pour démontrer

l’importance de celle-ci pour le développement des assurances relatives aux

personnes.

La personne est l’actrice principale du monde rural, nous ne pouvons

donc pas envisager la protection des cultures et du bétail sans envisager la

sienne.

A cet effet, nous pensons à la protection en cas de maladie, d’accident,

de décès et la constitution de la retraite pour les personnes agriculteurs.

71
Il faudra noter avant toute chose que les cas de protection à envisager

doivent relever de la technique des assurances de groupe ou populaires

pour les personnes n’ayant ni revenus, ni besoins élevés.

EFFECTIF DES CHEFS D’EXPLOITATION AGRICOLES PAR SEXE

Provinces Chefs Hommes Chefs Femmes Total

Extrême-nord 224.790 22.240 247.030

Nord 99.940 4.130 104.110

Adamaoua 51.310 5.280 56.590

Total GD Nord 376.080 31.280 407.730

Total Cameroun 975.620 226.250 1.201.870

REPARTITION DES CHEFS D’EXPLOITATION ET DE LA POPULATION

AGRICOLE PAR ZONE DE RESIDENCE

72
Provinces Chefs Hommes Chefs Femmes Taille moyenne

de ménage

Extrême-nord 232.120 1.233.630 5,3

Nord 94.330 527.810 5,6

Adamaoua 50.460 263.000 5,2

73

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