Vous êtes sur la page 1sur 25

LA REASSURANCE

I. Les notions et principes de la réassurance


1. Définitions
2. Les objectifs
3. Les risques réassurés

II. Les types de réassurance


1. Proportionnelle
o En quote part
o En excédent de plein
2. Non proportionnelle
o En excédent de sinistre
o En excédent de perte

III. Les formes de réassurance


1. Facultative
2. Facultative-obligatoire (FACOB)
3. Obligatoire

IV. Le plan de réassurance


1. Articulation des traités de réassurance

V. Contexte juridique de la réassurance


1. La réglementation
2. L’article 308 du code CIMA
I. Les notions et principes de la réassurance

1. Définitions

La réassurance
La Réassurance est une technique qui permet à l’assureur direct de se décharger
d’une partie du risque qu’il a souscrit auprès d’une autre partie appelée
Réassureur, moyennant le paiement d’un prix appelé Prime de Réassurance.

C’est une assurance au second degré ;


Le Réassureur suit le sort de l’assureur ;
L’assuré ignore (généralement) tout de l’opération dont il n’est pas partie
;
La Réassurance permet de stabiliser le résultat de l’assureur.

C’est en fait l’assurance de l’assureur, qui est lié au réassureur par un contrat aux
termes duquel il lui cède une partie de ses primes, à charge pour ce dernier de
payer une partie des sinistres.

Ce contrat n’est pas opposable à l’assuré, ce qui signifie qu’en cas de défaillance
du réassureur, l’assureur reste juridiquement redevable vis-à-vis de l’assuré de
la totalité du sinistre. C’est pourquoi les contrats de réassurance conclus sous
forme de « traités » prévoient souvent des dépôts espèces ou des nantissements
de titres effectués par les réassureurs auprès des sociétés cédantes en garantie
des engagements qui leur ont été cédés.

*Le caractère international de la réassurance et ses implications :


La réassurance a pour objectifs essentiels la dispersion et l’homogénéisation des
risques couverts par l’assureur et ce à travers des conventions ou contrats de
cession à des réassureurs qui sont généralement de nationalités étrangères.

La convention de réassurance crée un lien de droit entre deux parties


professionnelles et également averties, son exécution crée une certaine
collaboration fondamentalement basée sur le principe de la bonne foi
réciproque.

Le risque : la chose assurée : un bateau, une usine, une récolte

Le péril : ce contre quoi on est assuré : incendie, grêle, fortune de mer, tempête
Le sinistre : la matérialisation du risque : il peut être, pour chaque péril :
• isolé : une cause + un risque = 1 sinistre
• cumulatif : une cause + plusieurs risques = 1 événement
• agrégatif : plusieurs causes + plusieurs risques = 1 agrégat

La cédante : la compagnie qui se réassure (qui cède son risque ou se protège


contre un sinistre)

Le réassureur : celui qui l’accepte

La capacité : la somme maximum qu’un assureur (ou réassureur) peut accepter


sur un risque / sinistre / événement

Rétrocession : Il arrive souvent qu’un réassureur se réassure lui-même auprès


d'autres réassureurs. Cela s’appelle la rétrocession. Le réassureur sera alors
appelé rétrocédante et il rétrocède tout ou partie de son risque auprès
d’un rétrocessionnaire.

Le traité de réassurance
Assureurs et réassureurs concrétisent leur accord par la signature d’un
document qui définit l’objet de la convention, fixe ses conditions d’exécution et
précise des clauses de sauvegarde réciproques.

Ce document correspond à un contrat synallagmatique qu’est le traité de


réassurance.
Dans un traité de réassurance, l’assureur est généralement désigné par le terme
« cédant », alors que le réassureur, préserve sa signature de « réassureur ».
Tout d’abord, le texte du traité doit préciser l’objet de la convention en citant à
quelle branche et catégorie d’assurance il s’applique.
Ensuite, le traité délimite la circonscription géographique des affaires qui le
composent.
Puis, le traité précise l’engagement maximal que le réassureur s’engage
d’accepter. Cette limite sera fixée en fonction du mode et de la nature de la
convention de réassurance à signer et en se basant sur les estimations de la
sinistralité probable faites par le cédant.

Le traité fixe également le niveau de conservation du cédant, si cette dernière


est variable selon la nature du risque souscrit, le traité devrait être terminé par
un tableau de pleins.
En outre le traité prévoit également les différents documents techniques et
comptables que le cédant doit remettre au réassureur, ainsi que la fréquence et
la périodicité de ces remises :
-Bordereau de primes ;
-Bordereau de sinistres ;
-Avis de sinistre ;
-Comptes courants périodiques ;
-Inventaire des sinistres en suspens
-etc.

La date de prise d’effet de la convention ainsi que sa durée sont également


fixées par le traité.
La durée est généralement fixée à une année.

2. Quel est l’objectif de la réassurance ?

Ecrêtement des Grands Risques «Rétention Homogène»:


L’assureur ne peut garder pour son propre compte des sinistres atteignant des
montants au-delà d’une certaine valeur. Ces risques sont donc typiquement
cédés aux réassureurs et ce afin d’homogénéiser la communauté des risques
conservés et éviter un dérapage de la sinistralité.

Augmentation de la Capacité de Souscription:


Lorsqu’une compagnie d’assurance souhaite souscrire des grands risques, elle
ne pourrait les supporter dès lors que les risques sont très importants pour les
conserver pour son propre compte. C’est la raison pour laquelle il peut être jugé
plus adéquat par l’assureur de céder une portion du risque à un réassureur. La
Réassurance permet donc à des assureurs d’augmenter leur capacité de
souscription.

Faciliter l’Accès à des Nouvelles Branches:


Le Réassureur aide à démarrer dans les branches inconnues par l’assureur ou à
répartir le poids des risques particulièrement dangereux.

Allègement de la Trésorerie:
Lors de la survenance d’un sinistre important, la compagnie d’assurance peut
avoir des difficultés de liquidités. Le Réassureur apporte une solution en mettant
immédiatement à la disposition de la cédante la liquidité et ce par l’appel au
comptant.
Support Technique:
Les Réassureurs disposent généralement d’une expérience et d’une expertise
parfois inaccessibles aux compagnies d’assurance. La tarification des risques
aggravés, la sélection médicale en assurance-vie et la tarification des grands
risques industriels peuvent s’avérer difficiles ou coûteuses pour un assureur qui
n’est que rarement confronté à ce type de risques. Le Réassureur Pourra offrir
des solutions grâce à son expérience et à sa maitrise des risques non standards.
La mise en place de nouveau produits d’assurance est rendue possible grâce aux
Réassureurs.
Le Réassureur peut également offrir des services en termes de prévention ou
gestion des sinistres, de formation des collaborateurs de cédante ou encore
l’analyses actuarielles.

*Différence entre la Réassurance et la Coassurance:

Il convient de bien faire la distinction entre Réassurance et la Coassurance. Cette


dernière consiste dans la division des risques entre divers assureurs qui
s’engagent chacun pour une fraction déterminée, le contrat mentionne
expressément chaque Quote-part, la gestion du contrat et des sinistres est
confiée à une compagnie désignée comme apéritrice.
Il faut signaler également que la Coassurance n’implique pas, sauf convention
contraire, la solidarité entre les assureurs.

3. Quels risques transférer à la réassurance ?

Les différents types de réassurance suivent dans les grandes lignes ceux des
assurances. Il s’exerce donc une première différence entre :
• la réassurance vie ou réassurance de personnes (life),
• la réassurance non vie, dite aussi de dommage (non life).

La réassurance non vie se divise ensuite entre :


• la réassurance de biens (property).
• la réassurance de responsabilité civile (casualty),
• la réassurance de personnes (Accident & Health),
Quels risques transférer à la réassurance ?

Dommage par risque


• Incendie
• Autres branches

Dommage par événement


• Evénements naturels
• Evénements technologiques
• Terrorisme

Assurances de personnes
• Accident par risque, par événement
• Pandémie
• Longévité
• Mortalité
• Dépendance

RC
• Automobile
• Générale

Construction
• Dommages Ouvrages
• RC Décennale

Risques émergents
• OGM
• Ondes Electro Magnétiques
• Risques nucléaires
• Environnement, Pollution
• Risques politiques
II. Les types de réassurance

1. L’assurance proportionnelle

La Réassurance Proportionnelle est conceptuellement très simple. L’assureur et


le réassureur conviennent d’un taux de cession (entre 0% et 100%) pour chacun
des risques en portefeuille (le taux de cession peut être le même ou différent
pour chacun des risques en portefeuille).
Ce taux de cession est alors appliqué à la prime originale, pour former la Prime
de Réassurance. Lorsqu’il y a un sinistre, le taux de cession est appliqué au
montant du sinistre pour former l’intervention du Réassureur dans le montant de
sinistre.

Dans cette catégorie l’on trouve la réassurance en participation et celle en


excédent de plein.

Quote part :

C’est le traité le plus connu où la cédante, qui est l’entreprise qui veut se
réassurer, cède auprès de son réassureur un pourcentage du risque qu’elle a pris
en tant qu’assureur direct. Par exemple elle a pris un risque à hauteur de 100 et
elle réassure en quote- part 20 % du risque qu’elle a souscrit. Ce type de
réassurance ne limite pas les écarts mais les diminue.

Les réassureurs et la cédante ont donc un pourcentage identique :


• Des primes,
• Des sinistres,
Les réassureurs versent une commission de réassurance à la cédante pour
participer aux frais d’acquisition et de gestion des polices.
Nous avons un « Partage du sort » entre assureur et réassureurs.

Dans ce genre de traité, il n'y a pas d'homogénéité dans la réassurance de ces


risques c'est-à-dire que tous les risques acceptés par la cédante font l'objet d'un
partage proportionnel entre la cédante et le réassureur. Donc il n'y a aucune
distinction entre un risque de faible capital ou de somme assurée et un autre
plus important, mais ils sont tous limités à un seul "plein de souscription".
Avantages
Efficace pour tous les dérapages de fréquence
Partage du sort
Economie de fonds propres
Couverture illimitée

Le traité en quote-part est utilisé par exemple en début d'activité : au début une
grande cession puis réduction progressive jusqu'à ne plus rien céder en quote-
part.
En effet, en début d'activité, la cédante a besoin de se constituer un portefeuille
susceptible de supporter des écarts majeurs. Dès que ce portefeuille est arrivé à
maturité, la cédante peut se passer de sa réassurance en quote-part.
Egalement en début d'activité, la cédante pourra faire appel à son réassureur qui
lui fournira des éléments techniques tels que tarifs, modèles de contrats, suivi de
la sinistralité.
En début d'activité, le réassureur propose une aide financière en ce sens qu'il
prend en charge sa part des provisions techniques, qui peuvent être très
importantes lorsque le portefeuille est en croissance pour les branches à
développement long.
Au niveau comptable, la réassurance en quote-part peut servir à l'établissement
d'une marge de solvabilité satisfaisante.
La quote-part permet de réaliser une stabilisation absolue du résultat de
l'assureur.

Inconvénients
• Perte de produits financiers
• Pas de protection des grands sinistres
• Pas de protection de l’exercice comptable
• Hémorragie de primes

Tout en réduisant la charge de sinistres supportée par la cédante, elle ne la


limite pas. En effet si la sinistralité peut être infinie, même après application
d'une réassurance en quote-part, la sinistralité à charge de la cédante reste
infinie. Au contraire, elle fait intervenir le réassureur même dans le plus petit
sinistre, ce qui implique de potentiels grands montants de primes à céder.
La réassurance en quote-part ne rend pas le portefeuille plus homogène.
L'augmentation de la capacité de souscription est limitée. En effet, supposons
que la limite de souscription d'un assureur soit fixée à 1.000.000.000 F CFA. Cet
assureur a la possibilité de souscrire un contrat dont la somme assurée vaut
10.000.000.000 F CFA.
Si la quote-part est la seule réassurance disponible, ceci ne peut se faire que
moyennant une quote-part de taux de cession τ = 90%, ce qui implique une
énorme cession en réassurance, probablement non voulue par l'assureur. De
même l'exposition totale n'est réduite que de manière limitée avec une
quotepart.
La quote-part est inadéquate contre l'accumulation de petits sinistres.
Tous les risques en portefeuille sont réassurés, ce qui, intuitivement, ne semble
pas nécessaire. Ceci implique aussi une grosse cession de prime.

Pour corriger cette faiblesse qui consiste à céder tous les risques dont la cédante
a la capacité de conserver pour son propre compte et sans faire appel à la
réassurance, nous pouvons choisir une autre forme de réassurance, le traité en
"excédent de plein".

L’excédent de plein

Dans cette forme, la cédante détermine un plein de rétention, ou plein de


conservation. C’est le montant monétaire maximal que la cédante souhaite
prendre en charge lorsqu’un sinistre survient. Le taux de cession est déterminé
risque par risque, en fonction du capital assuré et de ce plein et par conséquent
pour les risques dont les capitaux assurés ne dépassent pas le plein, il n’y a pas
de réassurance. Les petits risques ne sont donc pas réassurés.

Pour un quote-part, un ratio de partage est défini pour toutes les polices. Afin de
garder les petits risques, il convient d'utiliser cet autre type de réassurance:
l'excédent de plein. C'est aussi un traité proportionnel, car les primes et les
sinistres sont partagés selon un ratio défini à l'avance. On définit d'abord le plein
de rétention: le réassureur va intervenir uniquement sur les polices dépassant
un certain montant de garantie, appelé plein de rétention ou ligne. Ensuite, on
peut définir le ratio du réassureur: (garantie - plein de rétention)/plein de
rétention. Ce ratio permet de partager les primes et les sinistres.

Avantages
Optimise la rétention
Homogénéité de la mutualisation
Économie de prime par rapport à la quote-part
Adapté à certaines branches (par ex. Bris de machine)
La réassurance en excédent de plein substitue au portefeuille assuré, un
portefeuille conservé pour propre compte plus homogène puisque, pour tout
risque assuré pour un montant supérieur au plein de conservation,
l'engagement de la cédante est limité à ce plein.

Grâce à l'excédent de plein, l'exposition maximale par risque est limitée au plein.
La cession de prime est moindre avec un excédent de plein, ce qui est sans
doute souhaitable. En particulier, les petits risques, dont la somme assurée est
inférieure au plein, ne sont pas réassurés.

Inconvénients
• Complexité et lourdeur de la gestion

La réassurance en excédent de plein est complexe dans son fonctionnement et


lourde dans sa gestion. En résumé, elle est très lourde d'un point de vue
administratif.
L'excédent de plein est nettement plus lourd au niveau de la gestion que la
quote-part puisque chaque contrat d'assurance doit être analysé pour
déterminer le taux de cession y afférent, la cession de prime et la responsabilité
du réassureur dans la sinistralité.
Par ailleurs, une grosse fraction de la prime reste cédée au réassureur et de
petits sinistres peuvent mener à une intervention du réassureur si le contrat
relatif au sinistre a un capital assuré plus élevé que le plein.
La réassurance en excédent de plein ne peut fonctionner qu'avec des branches
d'assurances pour lesquelles la somme assurée est déterminée (donc pas les
branches de responsabilité, sauf si ces dernières sont expressément limitées en
montant dans le contrat original).
Enfin ce type de réassurance reste inadéquat contre le risque d'accumulation de
petits sinistres.

Illustrons le fonctionnement de la réassurance en excédent des capitaux avec


l’exemple suivant:

Plein: 1 000 000 000 F CFA


Premier excédent : 5 pleins
Deuxième excédent : 10 pleins
Troisième excédent : 15 pleins

En conclusion, la capacité de souscription de la cédante vaut 31 000 000 000 F


CFA
Supposons un risque de somme assurée 23 000 000 000 F CFA.

La prime originale pour ce risque vaut 40 000 000 F CFA.

Survenance d’un sinistre à hauteur de 1 000 000 000 F CFA

Capitaux Prime Sinistre


23 000 000 000 40 000 000 1 000 000 000

1 000 000 000 1 000 000 000 4,35% 1 739 130 43 478 261
5 000 000 000 5 000 000 000 21,74% 8 695 652 217 391 304
10 000 000 000 10 000 000 000 43,48% 17 391 304 434 782 609
15 000 000 000 7 000 000 000 30,43% 12 173 913 304 347 826
100,00% 1 000 000 000

2. L’assurance non proportionnelle

En réassurance non proportionnelle, contrairement à la réassurance


proportionnelle, il n'y a pas de fraction contractuellement fixée permettant de
partager proportionnellement primes et sinistres. L'intervention du réassureur
est déterminée en fonction du montant de sinistre.

Assureur et réassureur conviennent d'une franchise (la priorité) au-delà de


laquelle le réassureur prendra en charge la compensation financière relative au
sinistre survenu. La prime est fixée par le réassureur, en fonction de son attente
de la sinistralité, de ses coûts de gestion et de la rémunération attendue par son
actionnaire. En particulier, la commission de réassurance n'a ici pas de raison
d'être.

Il n'y a pas donc plus aucun lien de proportionnalité entre d'une part la prime
d'assurance et la prime de réassurance, et d'autre part les montants de sinistres
originaux et la responsabilité du réassureur dans ces montants de sinistres, ce
qui justifie l'appellation « Réassurance non proportionnelle ».

La prime de réassurance est le prix payé par la cédante au réassureur pour la


couverture qu'il lui accorde. Elle fait l'objet d'une tarification spécifique appelée
habituellement cotation, indépendante du tarif des contrats originaux.
La prime de réassurance s'exprime souvent sous la forme d'un taux de prime à
appliquer à l'encaissement de l'assureur, ce qui est assez logique. En effet en
début d'année, l'exposition exacte du traité n'est pas encore connue. Cette
dernière est plus au moins bien représentée par l'encaissement de prime de
réassureur. Il est donc logique de lier la prime de réassurance à cet
encaissement de prime.

Pour des raisons de simplicités, ceci se fait par l'application d'un taux de prime
de réassurance à l'encaissement de prime de l'assureur. En pratique la cédante
paye une prime prévisionnelle en début d'année, ou bien par trimestre ou
semestre, sur base d'un encaissement estimé

En réassurance non proportionnelle, on trouve également deux types de


réassurances.

Excédent de sinistre:

La première forme est appelée en excédent de sinistre ou excess.

Les parties dans un traité en excédent de sinistre, commencent par définir le


champ d’application du traité c'est-à-dire les zones géographiques qui seront
couvertes ainsi que les catégories auxquelles il s’appliquera.

Ensuite, elles définiront les trois éléments fondamentaux du traité en excédent


de sinistre à savoir :

La franchise, la portée, et enfin l’événement impliquant l’intervention du


réassureur.

La franchise d’un traité ou encore la priorité d’un traité correspond au montant


du dommage que le cédant conserve pour son propre compte, si la valeur du
sinistre dépasse la franchise, l’excédent étant pris en charge par les réassureurs.

Comme le traité en excédent de sinistre est généralement mis en place pour la


couverture d’affaires impliquant une garantie très élevée ou même illimitée, le
réassureur se trouve, par la signature d’un tel traité, engagé d’une manière
infinie.
Devant une telle situation, deux alternatives s’offrent au réassureur : soit il se fait
lui-même réassuré, soit il fixe dans le traité une limite maximale à son
engagement, c’est la portée.

La portée d’un traité correspond au montant maximal des sinistres au-delà


duquel l’intervention du réassureur cesse d’exister, l’engagement maximal d’un
réassureur au titre d’un traité en excédent de sinistres est déterminé ainsi par
différence entre la portée et la franchise.

Franchise et portée sont donc déterminées dans le traité, et elles s’entendent


par sinistre.

Exemple : si la priorité est 20 et la portée est de 30, lorsque un sinistre fait 10 il n’y
a pas de réassurance, lorsque un sinistre fait 25 il y a une réassurance de 5,
lorsqu’un sinistre fait 70 il y a une réassurance de 30 et les 20 au-delà des 50, 20
de priorité et 30 de portée, ne sont pas réassurés et retourne donc à la cédante.
Sauf à ce que la cédante ait mis en place une autre réassurance au-delà de la
première portée du premier réassureur.

Avantages
Coût maîtrisé
Moins de primes cédées qu’en réassurance proportionnelle
Couverture totale au-delà de la franchise, dans la limite du plafond
Adapté à pratiquement toutes les branches

Difficultés
• Coût de la franchise (dérapage de fréquence),
• Pas de protection du résultat technique global
• Détermination du juste prix
• Pondère moins le calcul de la marge de solvabilité que la réassurance
proportionnelle

Excédent de perte:

Le traité stop loss ou de réassurance en excédent de pourcentage de sinistres


offre à l’assureur une protection contre les risques de fluctuation, en valeur ou
en fréquence, de la sinistralité du portefeuille couvert.

Nous avons vu précédemment que dans le cadre d’un traité de réassurance


proportionnelle, assureurs et réassureurs supporteront chacun pour sa part une
partie de la totalité des sinistres frappant le portefeuille et ce quel que soit leur
importance. Les quotes- parts sont ainsi fixées dès la Signature du traité. Dans
un stop-loss la quote-part de chaque intervenant est fixée à posteriori et variera
en fonction du rapport S/P enregistré par le portefeuille des affaires objet du
traité.

Comme pour tout autre traité, les parties en excédent de perte, commencent
par définir son champ d’application, les catégories d’affaires auxquelles il
s’appliquera ainsi qu’une période de référence au bout de laquelle il sera
procédé à la détermination du rapport S/P. Cette période est généralement
d’une année qui coïncide avec l’exercice comptable de l’assureur.
La détermination de S/P consiste à rapporter le montant des sinistres supportés
au titre des catégories d’affaires à celui des primes relatives à ces mêmes
catégories.

Par la signature d’un stop-loss, l’assureur bénéficie d’une couverture de la part


de son réassureur qui s’engage à supporter une partie des sinistres frappant le
portefeuille à concurrence d’un montant permettant de maintenir le rapport S/P
de l’assureur à un niveau préalablement fixé au traité.

C’est ainsi qu’à la fin de la période de référence, si le rapport S/P est inférieur ou
égale au niveau convenu le réassureur n’interviendra pas. Dans le cas contraire,
le réassureur prendra en charge la fraction des sinistres supportés qui permettra
de ramener le rapport au niveau fixé dans le traité.

A ce stade, l’engagement du réassureur est illimité, il pourra donc convenir avec


sa cédante que sa perte sera limitée lorsque le rapport S/P atteindra un certain
niveau.

Le rapport S/P se trouve ainsi compris entre une limité inférieur (Li) à partir de
laquelle le réassureur s’engage à intervenir et une limite supérieure (Ls), une
fois atteinte, l’intervention du réassureur cessera.

On constate que comme dans la réassurance proportionnelle, la réassurance en


excédent de perte fonctionne en quote-part sauf que la part des sinistres qui
sera mise à la charge du réassureur est aléatoire au lieu qu’elle soit fixée au
préalable.

Avantages
Offre une protection du résultat global dans la limite de la couverture
Difficultés
• Coût élevé
• Engagement limité (sauf le SL de la CCR en Cat Nat),
• Ne convient qu’aux branches courtes.

Différence Proportionnel / Non Proportionnel

Réassurance Proportionnelle : Le pourcentage de primes cédées est égal au


pourcentage de sinistralité cédée

Réassurance Non Proportionnelle :


• Une prime déterminée à l’avance
• Des sinistres cédés au-delà d’une franchise, et dans une limite (plafond)
III. Les formes de réassurance

Nous distinguons juridiquement quatre formes de Réassurance selon le


caractère obligatoire ou facultatif de la cession ou de l’acceptation.

Sous forme de tableau, nous avons ce qui suit:

Cession (Assureur)/Acceptation Facultative Obligatoire


(Réassureur)
Facultative Facultative FACOB

Obligatoire OB-FAC Traité

1. La réassurance facultative

La réassurance facultative est une technique très simple à mettre en place. Elle
consiste en une proposition faite par l’assureur au réassureur, ce dernier se
réserve le droit d’accepter ou de refuser cette proposition. En pratique, elle ne se
rencontre que dans l’assurance des risques les plus lourds.

En pratique cette proposition est effectuée moyennant une note de présentation


qui constitue le document contractuel qui engage le réassureur par sa simple
acceptation ou approbation.

La note de présentation comporte généralement des informations descriptives


du risque à assurer pour que le réassureur puisse disposer des éléments
nécessaires afin de pouvoir décider de l’acceptation ou non de l’offre de
l’assureur.

La Réassurance facultative est le seul moyen pour les cédantes de couvrir des
risques exceptionnellement grands. Pour le réassureur, c’est l’occasion
d’analyser des risques qu’il n’accepte habituellement pas automatiquement et
ce, grâce à l’étude technique potentiellement détaillée qui accompagne
l’analyse de l’affaire.
Il faut signaler également que la réassurance facultative est achetée par une
cédante lorsque le risque à assurer dépasse la capacité mise à sa disposition par
la réassurance en traité ou lorsque le risque à assurer ne tombe pas dans la
catégorie des risques automatiquement couverts au traité.

La réassurance facultative est généralement conclue pour une durée d’une


année renouvelable, elle est simple à mettre en place et elle offre à l’assureur la
possibilité de multiplier sa capacité de souscription autant que son besoin.

Elle présente toutefois, deux inconvénients majeurs :


• Pour le réassureur, ce mode de réassurance ne lui permet pas de
participer dans toutes les affaires de l’assureur, il n’aura accès qu’aux
risques que ce dernier décide de lui céder.

• Pour l’assureur la réassurance facultative ralentit le processus de prise de


décision de l’assureur étant donné qu’il se trouve astreint de demander
l’approbation du réassureur pour la couverture du risque et de solliciter
son consentement pour son renouvellement chaque année.

2. La réassurance « facultative-obligatoire »

La cédante et le réassureur vont conclure un accord en vertu duquel, le premier


aura, pour une certaine catégorie d’affaires, la liberté de choisir et de céder des
risques au second, qui s’engage à les accepter automatiquement et ce bien
entendu, dans la limite d’une certaine somme fixée à l’avance représentant son
engagement maximal.

Le traité « facultative-obligatoire » est donc d’un emploi facultatif pour le cédant


qui se réserve d’appliquer au réassureur les affaires de son choix. Il peut ne pas
céder des risques même si leur souscription fait augmenter son engagement
au-delà de son plein de conservation.

Mais le traité est d’application obligatoire pour le réassureur qui s’oblige


d’accepter tout risque transféré par le cédant, sauf s’il ne répond pas aux
conditions et caractéristiques indiquées dans le traité.
3. La réassurance obligatoire

Contrairement à la réassurance facultative ou on assiste à une réciprocité de


liberté (le cédant étant libre de céder ou de conserver, le réassureur étant aussi
libre d’accepter ou de refuser), et à la réassurance « facultative-obligatoire » (ou
la liberté devient un droit unilatéral en faveur du cédant qui oblige le réassureur
d’accepter les applications faites au traité), la réassurance obligatoire abolit
cette liberté et oblige les deux parties, l’une à céder et l’autre à accepter.

Les cessions et acceptations découlant d’une opération de réassurance


obligatoire seront effectuées conformément à un traité fixant notamment le
champ d’application de la souscription ainsi que le plein de conservation au delà
duquel le cédant s’engage à céder.

La réassurance obligatoire est le mode le plus courant sur le marché, plusieurs


formules d’application de ce mode ont été mises en place et ce suivant
l’évolution des besoins de l’assurance directe.
IV. Le plan de réassurance

1. Caractéristiques d’un Programme en Réassurance Proportionnelle:

a. La Prime :

Prime émise : Calculé sur les primes émises en fonction du partage du risque
entre l’assureur et le réassureur.

Prime acquise : Portion de prime entièrement acquise à l’exercice.

Prime non Acquise : Portion de prime qui à la clôture de l’exercice doit être
reportée à l’année suivante, puisque la garantie continue (polices à cheval sur
deux exercices, polices à durée supérieure à 12 mois).

b. Sinistre Maximum Possible – SMP :


Augmentation artificielle de la valeur du plein de conservation et du plein de
souscription.

c. Commission de Réassurance:
Lorsque le réassureur reçoit une portion fixe (le taux de cession) de la prime de
l’assureur, il reçoit l’équivalent de la prime pure servant à couvrir le risque ainsi
qu’une portion de chargements appliqués par la cédante. Il est clair que les
coûts d’acquisition et de gestion des affaires sont nettement plus faibles pour le
réassureur que pour l’assureur. C’est pour ces raisons que le réassureur sert à
l’assureur une commission de réassurance, qui est censée représenter les coûts
d’acquisition et de gestion de l’assureur (y compris la commission de courtage).
En pratique assureur et réassureur conviennent d’un taux de commission de
réassurance.
Le tableau suivant nous montre ces propos:

Désignation Montant
Prime d'assurance 1 000 000
Taux de cession 40%
Prime de réassurance 400 000
Taux de commission de réassurance 30%
Commission de réassurance 120 000

d. Participation Bénéficiaire:

Une autre technique permettant de partager le profit du réassureur consiste à


assortir le traité de réassurance d’une participation bénéficiaire. Souvent la
participation bénéficiaire prévoit qu’une fraction du profit est servie à l’assureur.

Le profit est contractuellement défini comme étant la prime de réassurance


déduite des sinistres, de la commission de réassurance et d’un forfait censé
représenter les frais du réassureur. De plus la participation bénéficiaire fait
généralement l’objet d’un report de pertes. En clair si un traité est en perte,
celle-ci est reportée vers les années suivantes en vue d’atténuer les bénéfices
futures et par conséquent les participations bénéficiaires futures.

e. Le Sinistre:

En ce qui concerne les sinistres, il convient de tenir compte des paiements


relatifs aux sinistres survenus durant les exercices antérieurs à l’exercice actuels.

Ces paiements sont censés être couverts par la réserve pour sinistres en suspens
entrant. De même, des paiements relatifs à l’exercice de réassurance actuel, ou
à des exercices antérieurs, peuvent avoir lieu lors d’exercices ultérieurs. Il
convient donc de prévoir une réserve des sinistres sortant pour le paiement des
sinistres restant à payer à cette date. Ces réserves sont établies par la cédante en
fonction de son anticipation du développement de la sinistralité.

La charge de sinistralité affectant une année comptable se définit comme étant


la somme des paiements durant l’exercice diminuée de la provision pour
sinistres en suspens des exercices antérieurs et augmentée de la provision pour
sinistres en suspens non encore définitivement réglés.
Exemple de Programme de Réassurance Proportionnelle

Supposons le programme de réassurance suivant, couvrant la branche incendie:


• Quote-part de 60% sur une rétention de maximum 5 000 000 000 F CFA à
100%;
• Premier surplus: 7 pleins;
• Deuxième surplus: 6 pleins;
• Facob : 4 pleins;
• Facultative lorsque c’est nécessaire.

Pour les trois risques suivants :

Désignation A B C
Somme assurée 4 000 000 000 8 000 000 000 16 000 000 000
Prime 5 000 000 9 000 000 13 000 000
Sinistre 200 000 000 300 000 000 80 000 000

Nous obtenons l’engagement, la prime, et le montant de sinistre, à charge de


chaque section du programme de réassurance :

Plein 1 000 000 000 1 000 000 000


rétention 40% 400 000 000
Quote part 60% 600 000 000
1er surplus : 4 pleins 4 000 000 000 5 000 000 000
2e surplus : 6 pleins 6 000 000 000 11 000 000 000
FACOB 4 pleins 4 000 000 000 15 000 000 000

Partage du risque A B C
Taux de rétention 10,00% 4,00% 2,50%
Taux de cession en quote part 15,00% 6,00% 3,75%
Taux de cession au 1er surplus 75,00% 40,00% 25,00%
Taux de cession au 2nd surplus 0,00% 50,00% 37,50%
Taux de cession au FACOB 0,00% 0,00% 25,00%
Taux de cession en FAC 0,00% 0,00% 6,25%
TOTAL 100% 100% 100%
Sommes assurées
Rétention 400 000 000 400 000 000 400 000 000
Cession en quote part 600 000 000 600 000 000 600 000 000
Cession au 1er surplus 3 000 000 000 4 000 000 000 4 000 000 000
Cession au 2nd surplus 0 5 000 000 000 6 000 000 000
Cession au FACOB 0 0 4 000 000 000
Cession en FAC 0 0 1 000 000 000
TOTAL 4 000 000 000 10 000 000 000 16 000 000 000

Répartition de la prime
Rétention 500 000 360 000 325 000
Cession en quote part 750 000 540 000 487 500
Cession au 1er surplus 3 750 000 3 600 000 3 250 000
Cession au 2nd surplus 0 4 500 000 4 875 000
Cession au FACOB 0 0 3 250 000
Cession en FAC 0 0 812 500
TOTAL 5 000 000 9 000 000 13 000 000

Charge sinistre
Rétention 20 000 000 12 000 000 2 000 000
Cession en quote part 30 000 000 18 000 000 3 000 000
Cession au 1er surplus 150 000 000 120 000 000 20 000 000
Cession au 2nd surplus 0 150 000 000 30 000 000
Cession au FACOB 0 0 20 000 000
Cession en FAC 0 0 5 000 000
TOTAL 200 000 000 300 000 000 80 000 000

2. Caractéristiques d’un Programme en Réassurance non Proportionnelle:

2.1. La Prime de Réassurance:

La Prime de Réassurance est égale au Taux de prime multiplié par l’Assiette


protégée.

Taux de prime commercial = Taux de prime pure + Chargement de sécurité +


Chargement de gestion.
Assiette protégée = prime émise du portefeuille protégé.

2.1.1. Prime Minimum de Dépôt

En pratique, la cédante paye une prime provisionnelle en début d’année, ou bien


par trimestre ou semestre, sur base d’un encaissement estimé. Cette prime est
appelée donc prime minimum de dépôt.

Cette prime a les spécificités suivantes :


• Provisoire : ajustée en fin d’exercice;
• Minimale : prix minimum de la couverture;
• Fractionnée : Payable d’avance, par moitié ou par quart.

2.1.2. Taux de Prime:


Le Taux de Prime: peut être :
Fixe : Un taux appliqué à l’assiette;
Variable : Dépendant du loss ratio;
Taux appliqué «Taux min ≤Taux appliqué≤ Taux max»: qui égal la charge
de sinistre divisée sur l’assiette protégée, multiplié par un chargement
(100/80 ou 100/75…etc);
Prime forfaitaire.

A titre d’exemple :

Taux fixe :
Traité: 50 000 000 XL 20 000 000
Taux de prime: 4%

Année 2 015 2016 2017 2018


Assiette de prime 1 000 000 000 1 150 000 000 1 250 000 000 1 300 000 000
Prime XL 40 000 000 46 000 000 50 000 000 52 000 000
Taux variable :
Traité: 50 000 000 XL 20 000 000
Taux de prime variable: 2% à 5% avec un chargement de 100/80.

Année 2 015 2016 2017 2018


Assiette de prime 1 000 000 000 1 150 000 000 1 250 000 000 1 300 000 000
Charge du traité 12 500 000 70 000 000 42 000 000 48 000 000
Charge du traité en % 1,25% 6,09% 3,36% 3,69%
Taux chargé 1,56% 7,61% 4,20% 4,62%
Taux minimum 2,00% 2,00% 2,00% 2,00%
Taux maximum 5,00% 5,00% 5,00% 5,00%
Taux appliqué 2,00% 5,00% 4,20% 4,62%
Prime XS 20 000 000 57 500 000 52 500 000 60 060 000

2.2. La Clause de Reconstitution:

Souvent la limite annuelle s’exprime sous forme d’un multiple de la portée,


disons K+1 fois la portée. On dit alors qu’il y a K reconstitutions. Ceci signifie que
la garantie offerte peut être reconstituée K fois. Les reconstitutions peuvent être
gratuites ou payantes.

Dans ce dernier cas, lorsque la tranche est touchée, la cédante doit payer un
complément de prime de réassurance pour reconstituer la garantie. Le
paiement est obligatoire : il ne s’agit pas d’une option. En clair, si un sinistre
survient le 31 Décembre à 23H30, la cédante ne peut s’exonérer du paiement de
la prime de reconstitution.

La reconstitution de garantie peut se définir comme le rétablissement après


sinistre du montant de l’engagement de l’assureur à sa valeur au jour de la prise
en cours du contrat. La reconstitution de la couverture s’applique
immédiatement après qu’une partie de l’engagement ait été absorbé et
entraine généralement le paiement d’une prime additionnelle, appelée prime
de reconstitution.
2.3. Clause de la Franchise Aggregate:

Effet: Restreindre l’engagement final du Réassureur;

Super franchise «annuelle» déduite du total des sinistres à charge du


réassureur;

Exprimée en valeur ou en pourcentage d’un montant défini au traité,


souvent l’assiette de prime de la branche protégée.

Vous aimerez peut-être aussi