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Ohadata J-19-169

DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES ET DU GROUPEMENT D’INTERET


ECONOMIQUE – SOCIETE – TRANSFORMATION – PERSONNE MORALE
NOUVELLE (NON) – MODIFICATION DES STATUTS (OUI) – ARTICLE 181
AUSCGIE

VOIES D’EXECUTION – SAISIE ATTRIBUTION – DEMANDE DE DESIGNATION


D’UN SEQUESTRE – OBSTACLE A LA PROCEDURE – FAUTE –
CONDAMNATION (OUI) – ARTICLE 186 ET 38 AUPSRVE.

Le compte d’un débiteur auprès d’une banque a fait l’objet d’une saisie attribution. Le tiers
saisi invoquant la coexistence entre une ordonnance de sursis à exécution et un certificat de
non contestation saisit le tribunal pour obtenir la désignation d’un séquestre et conteste le
droit d’agir du saisissant qui a fait l’objet d’une transformation de SA en SARL.

Selon la Cour d’appel, il résulte des dispositions de l’article 181 AUSCGIE que la
transformation régulière d’une société n’entraîne pas la création d’une personne morale
nouvelle. Elle ne constitue qu’une modification des statuts et est soumise aux mêmes
conditions de forme et de délai que celle-ci. Dès lors, doit être confirmée, la décision du
premier juge qui a estimé que la transformation régulière d’une société anonyme en société à
responsabilité limité n’a aucune incidence sur la saisie opérée par celle-ci (1).

En matière de saisie-attribution, le tiers saisi a l’obligation de prêter main-forte au saisissant


en lui fournissant des informations exactes et précises sur les comptes du saisi ; cette
obligation lui est faite par les articles 166 et 38 de l’AUPSRVE. Doit donc être condamné au
paiement de dommages-intérêts pour avoir commis une faute manifeste, le tiers qui s’est
volontairement substitué au saisi et a fait entrave au recouvrement par le saisissant de sa
créance (2).

ARTICLE 181 AUSCGIE


ARTICLE 38 AUPSRVE
ARTICLE 166 AUVE

Cour d’appel de Lomé, arrêt n° 43/09 du 17 mars 2009, BIA-TOGO / Société NOSOCO-
TOGO SARL

La cour ;

Ouï les conseils des parties en leurs déclarations et conclusions respectives ;

Le Ministre Public entendu ;


Vu le jugement N° 2523 /2008 du 29 Août 2008 rendu par le Tribunal de Premier Instance de
Première classe de Lomé ;

Vu l’ordonnance N°430 /2008 du 06 Novembre 2008 rendue par le Président de la Cour


d’appel ;

Vu l’appel interjeté ensemble avec les pièces du dossier ;


Et après en avoir délibéré ;

EN LA FORME

Attendu que l’Appel interjeté par la société NOSOCO – TOGO SARL, assistée de la
SCP AKAKPO du jugement N°1223/08 rendu le 09 mai 2008 par le Tribunal de Première
Instance de Lomé (jugement non signifié) est recevable pour avoir été relevé dans les formes
et délai de la loi ;

AU FOND

Attendu que courant l’année 2006, les établissements LA MASCOTTE furent


condamnés pour contrefaçon à payer à la société NOSOCO – TOGO , la somme de quarante
deux millions quatre cent dix-sept mille cinq cents francs (42 417 500 f) CFA ;

Attendu que sur la base de la grosse en forme exécutoire de ce jugement de


condamnation, la société NOSOCO-TOGO a fait pratiquer le 29 Juin 2006 saisie attribution
sur les comptes des Etablissements La MASCOTTE ouverts dans les livres de la BIA-TOGO
S.A pour avoir payement de la somme susvisée ; que le 21 Juillet, les Etablissements La
MASCOTTE ont tenté de contester cette dette ; que le 09 Août 2006, ils sollicitaient et
obtenaient du Président du Tribunal la radiation de leur action ; que suite à cette radiation la
Société NOSOCO obtint du greffe du Tribunal un certificat de non contestation ou de saisie-
attribution ; que munie de certificat, elle se rendit à la BIA-TOGO où les Etablissements la
MASCOTTE ont un compte pour la saisie ; que conformément aux exigences légales, la BIA-
TOGO S.A lui fit la déclaration suivante : « solde créditeur = sept cent trente trois mille septe
cent quatre vingt treize francs ( 733 793) CFA sous réserve des opérations en cours de
dénouement » ;

Attendu que le 11 Août 2006, les Etablissements La MASCOTTE (le saisi) notifia à
la BIA-TOGO l’ordonnance N°109 rendue le 19 Juillet 2006 par laquelle le Président de la
cour d’Appel de céans confirmait le sursis à exécution de la saisie querellée ;

Attendu que le 06 Septembre 2006, la société NOSOCO-TOGO adressa à la BIA-


TOGO un courrier par lequel elle notifia à la banque le certificat de non contestation de
saisie-attribution à elle délivré le 29 Juin 2006 ;

Attendu que par le même courrier, la société NOSOCO-TOGO demandait à la BIA-


TOGO de procéder au virement des sommes saisies sur le compte NOSOCO-TOGO à la
BTCI S.A ;
Attendu que la BIA-TOGO jugea la coexistence de l’ordonnance de sursis à exécution du
Président de la Cour d’appel et le certificat de non contestation anormale et s’opposa au
décaissement des fonds saisis entre ses mains par la société NOSOCO-TOGO ; aussi, elle
saisit le Président du Tribunal de Première Instance de Lomé qui par ordonnance N°1926
rendue le 21 Septembre 2006 l’autorisant à déposer la somme sur elle saisie non pas sur le
compte de la société NOSOCO-TOGO à la BTCI mais plutôt sur la compte séquestre CARPA
de l’ordre des avocats ;

Attendu que la société NOSOCO-TOGO considéra la saisine du Président par la BIA-


TOGO comme une résistance et une intrusion injustifiée dans une procédure où elle n’est pas
partie ;
Attendu que pour ce faire, la société NOSOCO-TOGO saisit la Tribunal de Lomé pour
s’entendre la BIA-TOGO condamnée à lui payer la cause de la saisie soit la somme de
quarante deux millions quatre cent dix-sept mille cinq cent francs ( 42 417 500 F) CFA et
celle de cent cinquante millions francs ( 150 000 000 F ) CFA à titre de dommages intérêts;

Attendu que pour soutenir son action, la société NOSOCO – TOGO fait valoir que la
BIA-TOGO en se refusant de virer la somme sur elle saisie sur son compte a violé les
dispositions des articles 64 et 38 de l’Acte Uniforme de l’OHADA portant sur les procédures
simplifiées de recouvrement de créances et des voies d’exécution ;

Attendu que de son côté la BIA-TOGO résiste à l’action de la société NOSOCO-


TOGO et soutient in limine litis que la requérante est irrecevable pour défaut de qualité ;

Attendu qu’elle précise que la requérante n’a jamais pratiqué une saisie chez elle ; que
la société NOSOCO-TOGO SARL n’est pas connue d’elle ; que par conséquent, elle devra
être déclarée irrecevable au principal ; que subsidiairement, l’action de la société NOSOCO-
TOGO doit être rejetée car elle n’a commis aucune faute ; que contrairement aux allégations
de la requérante, elle a agi conformément aux dispositions de l’article 166 de l’Acte Uniforme
portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement de créance et des voies
d’exécution ;

Attendu que le premier juge au principal a déclaré recevable l’action de la société


NOSOCO-TOGO au motif que la transformation régulière d’une société en une société d’une
autre forme ne vaut pas création d’une personne morale nouvelle ; que c’est régulièrement
que la société NOSOCO-TOGO SA a été transformée en NOSOCO-TOGO SARL ; qu’aux
termes de l’article 1844-3 du Code civil, il s’agit de la même personne morale ;

Attendu que sur la demande subsidiaire, le premier juge a estimé que la BIA-TOGO
SA en se refusant de verser les sommes saisies sur elle entre les mains du saisissant a violé les
dispositions des articles 32, 164 et 38 in fine de l’Acte Uniforme de l’OHADA sur les
procédures simplifiés de recouvrement de créances et des voies d’exécution ;

Attendu que eu égard à ce qui précède, le premier juge a condamné la BIA-TOGO SA


au payement de la cause de la créance et dix millions de francs (10 000 000 f) CFA à titre de
dommages-intérêts ;

Attendu que c’est contre cette décision que la BIA-TOGO SA a relevé appel ;

Attendu que l’appelante fait grief au jugement entrepris d’avoir déclaré recevable
l’action de la société NOSOCO-TOGO SARL d’une part et de l’avoir condamnée au
payement de la cause de la créance et à servir à l’intimée en l’espèce dix millions de francs
(10 000 000 F) CFA de dommages-intérêts;

Attendu qu’au soutien de son action, l’appelante fait valoir qu’un sujet de droit ne peut
valablement transmettre un droit à un autre sujet de droit que s’il existe et est juridiquement
viable ; que mieux, il ne doit pas être dépourvu du droit d’agir au moment de la transmission
du droit ; qu’en l’espèce la société NOSOCO-TOGO SARL ne peut prendre pour son compte
les droits et actions de la société NOSOCO-TOGO SA avant sa transformation ;
Attendu que l’appelante précise qu’aux termes de l’article 184 alinéa 1er de l’Acte
Uniforme sur les sociétés commerciales et les GIE : « la décision de transformation met fin
aux pouvoirs des organes d’administration et de gestion de la société » ; que NOSOCO-
TOGO SA n’ayant plus d’existence juridique depuis le 20 Juillet 2005 du fait de sa
transformation en NOSOCO-TOGO SARL , elle n’a pas pu valablement pratiquer la saisie
attribution du 29 Juillet 2006, qu’elle ne peut non plus transmettre cette action à la NOSOCO-
TOGO SARL ; qu’à la date de la saisie-attribution, la NOSOCO-TOGO SA n’existait plus ;
qu’elle était dépourvue donc du droit d’agir aux termes de l’article 4 du code de procédure
civile ;

Attendu que l’appelant conclut sur ce point que le premier juge a occulté la
chronologie des actes et faits de l’espèce car « la saisie-attribution dont l’exécution est
aujourd’hui poursuivie ayant été commencée par NOSOCO-TOGO sous sa forme SA et
poursuivie sous sa forme SARL, il ne peut être tiré motif d’irrecevabilité de l’action en
exécution du fait de cette transformation » ;

Attendu que sur le payement des causes de la saisie, l’appelante soutient que les
motivations du premier juge ne sont pas fondées, que le certificat de non contestation de la
saisie a été délivré à la société NOSOCO-TOGO SARL alors que la saisie-attribution de
créance a été pratiquée par la NOSOCO-TOGO SA ; que n’étant pas une autorité juridique,
elle ne peut pas de son chef passer outre le sursis à exécution n° 610 ordonné par le Président
de la Cour d’appel et procédé au paiement tant que mainlevée de ce sursis ne lui a pas été
signifiée ;

Attendu que l’appelante précise, qu’il revenait à la NOSOCO-TOGO SARL de saisir


la Cour et d’obtenir cette mainlevée si elle estimait que la décision de sursis à exécution du
jugement 610 violait les dispositions de l’article 32 de l’Acte Uniforme ; qu’elle a fait mieux
pour préserver les droits de l’intimée en l’espèce en obtenant du Président du Tribunal
l’autorisation de libérer la somme saisie sur elle sur le compte CARPA, conformément aux
dispositions de l’article 166 de l’Acte uniforme portant sur les procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution ;

Attendu qu’elle allègue par ailleurs qu’il est absurde que le premier juge la condamne
à payer à l’intimée la cause de la créance soit plus de quarante deux millions de francs
(42 000 000f) CFA alors que seulement sept cent trente trois mille sept cent quatre vingt
treize francs (733 793 F) CFA ont été saisies dans ses comptes ; que si l’ordonnance de sursis
à exécution ne lui avait pas été signifiée, elle se serait exécutée en versant les sept cent trente
trois mille sept cent quatre vingt treize francs ( 733 793 F ) CFA à l’intimée ; qu’en vertu de
la décision du Président du Tribunal lui enjoignant de verser cette somme sur le compte
CARPA elle s’est exécutée ; qu’elle ne comprend pas pourquoi le premier juge n’a pas cru
devoir ordonner que cette somme soit décaissée du compte CARPA au profit de l’intimée,
mais a plutôt préféré la condamner à payer à l’intimée un montant plus élevé que celui saisi
sur elle ; qu’elle sollicite que la décision du premier juge soit infirmée car elle n’agi qu’en
vertu des décisions de justice et n’a donc commis aucune faute ;

Attendu que pour finir elle conclut que n’ayant commis aucune faute vis-à- vis de
NOSOCO SARL, elle n’a pas pu préjudicier à son activité économique ; que c’est donc à tort
que le premier juge l’a condamnée à lui payer des dommages -intérêts;
Attendu que Maître BATAKA, conseil de l’intimée par conclusions en date du 24
Octobre 2008 réfute l’ensemble des prétentions de l’appelante et soutient que c’est à bon droit
que le premier juge a rendu le jugement entrepris;

Qu’en effet, la NOSOCO-TOGO SA a été créée en 1994 ; qu’à la date du 29 Juin


2006, elle existait sous son ancienne forme ; que par ailleurs, le changement de la NOSOCO-
TOGO SA en NOSOC-TOGO SARL n’a aucune incidence sur son droit d’agir ; que la
NOSOCO-TOGO SA a seulement passé d’une forme SA à une SARL ; qu’aux termes de
l’article 1844-3 du Code civil, cette mutation ou plus exactement cette transformation
n’entraîne pas la création d’une personne morale nouvelle ; qu’il résulte clairement de ce texte
repris par l’article 181 de l’Acte Uniforme que la NOSOCO-TOGO SA à la date de la saisie
n’était pas dépourvue de la qualité d’agir ; que c’est donc à tort que l’appelante lui dénie cette
qualité ;

Attendu que l’intimée soutient d’autre part qu’il n’appartient pas au tiers saisi de
contester la saisie ; qu’il appartient au saisi lui-même de contester la saisie s’il estime qu’elle
n’est pas fondée, qu’en l’espèce et jusqu'à ce jour le saisi n’a jamais contesté la saisie ; que
mieux , il lui a délivré un certificat de non contestation de saisie qu’elle a notifié au tiers
saisi ; qu’elle ne comprend pas l’intrusion somme toute intempestive de l’appelante dans la
saisie querellée ; que sa condamnation par le premier juge n’est que la conséquence logique
de sa faute qui a consisté d’une part à contester la saisie litigieuse en lieu et place du saisi qui
sont les Etablissements La Mascotte violant ainsi les articles 166, 32 et 38 de l’Acte Uniforme
portant voies d’exécution; qu’au lieu de faire obstacle à l’exécution de la saisie litigieuse
l’appelante se devait de prêter comme le lui recommande la loi main forte au saisissant ; que
d’autre part il appartenait pas à l’appelante de se faire désigner un séquestre dans la mesure où
la saisie n’a pas été contestée par le saisi ; que en saisissant le Président du Tribunal pour se
faire désigner un séquestre , elle a commis une faute grave ; que sa condamnation n’est que la
juste sanction de sa double faute qui a consisté d’abord à s’opposer au décaissement des
sommes saisies entre les mains du saisissant et ensuite à introduire une demande pour
solliciter la désignation d’un séquestre comme si la saisie était contestée ; que eu égard à ce
qui précède, elle sollicite qu’il plaise à la cour confirmer le jugement entrepris tout en révisant
à la hausse soit à cent cinquante millions de francs ( 150 000 000 F) CFA les dommages-
intérêts car l’attitude de l’appelante lui a causé un préjudice nettement supérieur aux dix
millions de francs ( 10 000 000 F) CFA auxquels elle a été condamnée à lui servir pour ce
chef de préjudice ;

Attendu que par conclusions en répliques en date du 24 Novembre 2008, l’appelante


par la plume de son conseil fait valoir que l’intimée fait un amalgame sur sa dénomination
exacte ; qu’en effet dans ses conclusions en réponse l’intimée a conclu au nom de NOSOCO
SARL alors qu’en première instance, elle avait conclu au nom de NOSOCO-TOGO SARL en
précisant au premier juge que la NOSOCO-TOGO SA avait été transformée en NOSOCO-
TOGO SARL ; que c’est sur cette base que le premier juge s’est fondé pour déclarer son
action recevable ;

Attendu qu’elle précise qu’il n’existe ni de NOSOCO-TOGO SA, ni de NOSOCO


SARL ; que seule la NOSOCO-TOGO SARL existe au Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier ; que pour ce motif, elle sollicite qu’il plaise à la cour déclarer la NOSOCO SARL
irrecevable pour défaut de droit d’agir ;
Attendu qu’elle souligne d’autre part qu’aux termes de l’article 184 alinéa 1 de l’Acte
Uniforme, la transformation d’une société met fin à ses organes d’administration et de
gestion que la NOSOCO-TOGO SARL ne peut pas prendre à son profit la saisie pratiquée par
NOSOCO-TOGO SA ; que mieux elle ne peut poursuivre la concluante en vertu de cette
saisie ;

Attendu que pour finir, elle conclut qu’en matière de saisie attribution , le tiers saisi est
une partie au même titre que le saisi et le saisissant ; que chacun d’eux peut se prévaloir du
bénéfice de l’article 166 de l’Acte Uniforme ; que c’est en vertu de ce texte qu’elle a saisi le
Tribunal pour la désignation d’un séquestre ; que de ce qui précède, il résulte qu’elle ne s’est
pas immiscée dans la procédure de la saisie litigieuse comme le prétend l’intimée, qu’elle n’a
fait aucune obstruction à l’exécution de la saisie ; qu’elle a obéi aux décisions de justice et
s’est exécutée en virant le montant saisi sur elle sur le compte CARPA ; qu’elle n’a commis
aucune faute aux yeux de la loi pouvant entraîner sa condamnation au paiement de la cause de
la saisie et pire encore à servir à l’intimée des dommages-intérêts ; qu’elle sollicite qu’il plaise
à la Cour infirmer le jugement entrepris en toutes ses dispositions ;

Attendu qu’aux termes de l’article 1844-3 du code civil, « la transformation régulière


d’une société en une société d’une autre forme n’entraîne pas la création d’une personne
nouvelle… » ;

Attendu qu’il en est de même de la programmation et de la modification statutaire ;

Attendu d’autre part qu’il résulte de l’article 181 de l’acte Uniforme de l’OHADA sur les
sociétés que « la transformation régulière d’une société n’entraîne pas la création d’une
personne morale nouvelle. Elle ne constitue qu’une modification des statuts et est soumise
aux mêmes conditions de forme et de délai que celle-ci… » ;

Attendu qu’il ressort des dispositions de ces deux textes que la transformation
régulière en l’espèce de la NOSOCO-TOGO SA en NOSOCO-TOGO SARL n’a consisté
qu’en une modification des statuts de la NOSOCO-TOGO SA ; que cette modification n’a
aucune incidence sur la saisie litigieuse ; que par conséquent la société NOSOCO-TOGO
SARL n’est pas dépourvue du droit d’agir ; que c’est donc à tort que l’appelante dénie à
l’intimée la qualité d’agir ; que de ce qui précède, il est constant que le premier Juge en
déclarant recevable l’action de l’intimée ne s’est pas fourvoyé ; qu’il convient de confirmer sa
décision sur ce point ;

Attendu d’autre part qu’en matière de saisie-attribution, le tiers saisi a l’obligation de


prêter main-forte au saisissant en lui fournissant des informations exactes et précises sur les
comptes du saisi ; que cette obligation lui est faite par les articles 166 et 38 de l’Acte
Uniforme de l’OHADA portant sur l’organisation des procédures simplifiées de recouvrement
et des voies d’exécution;

Attendu qu’il est certes vrai qu’aux termes de l’article 166 précité, toute partie peut en
cas de contestation de la saisie demander à la juridiction compétente de lui désigner un
séquestre ;

Attendu en l’espèce que la saisie-attribution querellée n’a jamais fait l’objet de


contestation de la part du saisi ; que mieux les Etablissements La Mascotte saisis ont délivré
au saisissant ( l’intimée en l’espèce) un certificat de non contestation de saisie ; que ce
certificat a été notifié à l’appelante ; que la Cour comprend mal les raisons qui ont poussé la
BIA-TOGO SA à refuser de virer les fonds saisis sur les comptes du saisissant et préférer
saisir le Tribunal pour qu’il lui désigne un séquestre ; qu’en se comportant comme elle l’a fait
, l’appelante a commis deux fautes : la première a consisté à s’abstenir de respecter les articles
166, 38 et 32 de l’Acte Uniforme sur les voies d’exécution ; la seconde a consisté pour la
BIA-TOGO à s’immiscer dans la procédure de la saisie litigieuse en sollicitant du Tribunal la
désignation d’un séquestre alors que la saisie n’était pas contestée ; qu’en agissant comme
elle l’a fait, la BIA-TOGO a empêché l’intimée de recouvrer sa créance ; elle a par
conséquent violé les dispositions légales ;

Attendu que c’est volontairement que l’appelante s’est substituée au saisi


(Etablissements La Mascotte) et fait entrave à l’intimée qui n’a pas pu mener jusqu'à ce jour à
terme le recouvrement de sa créance ; que sa faute est manifeste, que sa condamnation au
paiement de la cause de la créance par le premier juge n’est que la conséquence de son
comportement fautif ; que le premier juge en la condamnant au paiement de la cause de la
créance n’a fait qu’une application judicieuse et saine des dispositions de l’article 38 de
l’Acte Uniforme sur les voies d’exécution ; que sa décision mérite d’être confirmée par la
Cour ;

Attendu que le premier juge a condamné l’appelante à servir dix millions


(10 000 000 F) CFA à l’intimée à titre de dommages et intérêts ;

Attendu que certes la BIA-TOGO SA par son comportement fautif a causé un


préjudice à l’intimée ; que si sa condamnation à servir à l’intimée des dommages-intérêts
paraît justifiée dans son principe, elle paraît exagérée dans son quantum ; que la Cour entend
en conséquence ramener cette condamnation à sa juste proposition soit cinq millions de francs
( 5 000 000 F) CFA ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement, en matière commerciale et en appel ;

EN LA FORME
Reçoit l’appel ;

AU FOND
Le déclare mal fondé ;

Confirme le jugement entrepris en ce qu’il a condamné l’appelante à payer à l’intimée


la cause de la saisie-attribution ;

L’infirme par contre en ce qu’il a condamné l’appelante à servir à l’intimée la somme


de dix millions de francs (10 000 000 F) CFA.

STATUANT A NOUVEAU

Condamne la BIA-TOGO SA à payer à la NOSOCO-TOGO SARL la somme de cinq


millions de francs (5 000 000 f) CFA à titre de dommages-intérêts ;

Condamne l’appelante aux dépens ;


Ainsi fait, juge et prononcé publiquement par la Cour d’Appel de Lomé, Chambre
Civile, les jour, mois et an que dessus ;

Et ont signé le Président et le Greffier./

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