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Le compte d’un débiteur auprès d’une banque a fait l’objet d’une saisie attribution. Le tiers
saisi invoquant la coexistence entre une ordonnance de sursis à exécution et un certificat de
non contestation saisit le tribunal pour obtenir la désignation d’un séquestre et conteste le
droit d’agir du saisissant qui a fait l’objet d’une transformation de SA en SARL.
Selon la Cour d’appel, il résulte des dispositions de l’article 181 AUSCGIE que la
transformation régulière d’une société n’entraîne pas la création d’une personne morale
nouvelle. Elle ne constitue qu’une modification des statuts et est soumise aux mêmes
conditions de forme et de délai que celle-ci. Dès lors, doit être confirmée, la décision du
premier juge qui a estimé que la transformation régulière d’une société anonyme en société à
responsabilité limité n’a aucune incidence sur la saisie opérée par celle-ci (1).
Cour d’appel de Lomé, arrêt n° 43/09 du 17 mars 2009, BIA-TOGO / Société NOSOCO-
TOGO SARL
La cour ;
EN LA FORME
Attendu que l’Appel interjeté par la société NOSOCO – TOGO SARL, assistée de la
SCP AKAKPO du jugement N°1223/08 rendu le 09 mai 2008 par le Tribunal de Première
Instance de Lomé (jugement non signifié) est recevable pour avoir été relevé dans les formes
et délai de la loi ;
AU FOND
Attendu que le 11 Août 2006, les Etablissements La MASCOTTE (le saisi) notifia à
la BIA-TOGO l’ordonnance N°109 rendue le 19 Juillet 2006 par laquelle le Président de la
cour d’Appel de céans confirmait le sursis à exécution de la saisie querellée ;
Attendu que pour soutenir son action, la société NOSOCO – TOGO fait valoir que la
BIA-TOGO en se refusant de virer la somme sur elle saisie sur son compte a violé les
dispositions des articles 64 et 38 de l’Acte Uniforme de l’OHADA portant sur les procédures
simplifiées de recouvrement de créances et des voies d’exécution ;
Attendu qu’elle précise que la requérante n’a jamais pratiqué une saisie chez elle ; que
la société NOSOCO-TOGO SARL n’est pas connue d’elle ; que par conséquent, elle devra
être déclarée irrecevable au principal ; que subsidiairement, l’action de la société NOSOCO-
TOGO doit être rejetée car elle n’a commis aucune faute ; que contrairement aux allégations
de la requérante, elle a agi conformément aux dispositions de l’article 166 de l’Acte Uniforme
portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement de créance et des voies
d’exécution ;
Attendu que sur la demande subsidiaire, le premier juge a estimé que la BIA-TOGO
SA en se refusant de verser les sommes saisies sur elle entre les mains du saisissant a violé les
dispositions des articles 32, 164 et 38 in fine de l’Acte Uniforme de l’OHADA sur les
procédures simplifiés de recouvrement de créances et des voies d’exécution ;
Attendu que c’est contre cette décision que la BIA-TOGO SA a relevé appel ;
Attendu que l’appelante fait grief au jugement entrepris d’avoir déclaré recevable
l’action de la société NOSOCO-TOGO SARL d’une part et de l’avoir condamnée au
payement de la cause de la créance et à servir à l’intimée en l’espèce dix millions de francs
(10 000 000 F) CFA de dommages-intérêts;
Attendu qu’au soutien de son action, l’appelante fait valoir qu’un sujet de droit ne peut
valablement transmettre un droit à un autre sujet de droit que s’il existe et est juridiquement
viable ; que mieux, il ne doit pas être dépourvu du droit d’agir au moment de la transmission
du droit ; qu’en l’espèce la société NOSOCO-TOGO SARL ne peut prendre pour son compte
les droits et actions de la société NOSOCO-TOGO SA avant sa transformation ;
Attendu que l’appelante précise qu’aux termes de l’article 184 alinéa 1er de l’Acte
Uniforme sur les sociétés commerciales et les GIE : « la décision de transformation met fin
aux pouvoirs des organes d’administration et de gestion de la société » ; que NOSOCO-
TOGO SA n’ayant plus d’existence juridique depuis le 20 Juillet 2005 du fait de sa
transformation en NOSOCO-TOGO SARL , elle n’a pas pu valablement pratiquer la saisie
attribution du 29 Juillet 2006, qu’elle ne peut non plus transmettre cette action à la NOSOCO-
TOGO SARL ; qu’à la date de la saisie-attribution, la NOSOCO-TOGO SA n’existait plus ;
qu’elle était dépourvue donc du droit d’agir aux termes de l’article 4 du code de procédure
civile ;
Attendu que l’appelant conclut sur ce point que le premier juge a occulté la
chronologie des actes et faits de l’espèce car « la saisie-attribution dont l’exécution est
aujourd’hui poursuivie ayant été commencée par NOSOCO-TOGO sous sa forme SA et
poursuivie sous sa forme SARL, il ne peut être tiré motif d’irrecevabilité de l’action en
exécution du fait de cette transformation » ;
Attendu que sur le payement des causes de la saisie, l’appelante soutient que les
motivations du premier juge ne sont pas fondées, que le certificat de non contestation de la
saisie a été délivré à la société NOSOCO-TOGO SARL alors que la saisie-attribution de
créance a été pratiquée par la NOSOCO-TOGO SA ; que n’étant pas une autorité juridique,
elle ne peut pas de son chef passer outre le sursis à exécution n° 610 ordonné par le Président
de la Cour d’appel et procédé au paiement tant que mainlevée de ce sursis ne lui a pas été
signifiée ;
Attendu qu’elle allègue par ailleurs qu’il est absurde que le premier juge la condamne
à payer à l’intimée la cause de la créance soit plus de quarante deux millions de francs
(42 000 000f) CFA alors que seulement sept cent trente trois mille sept cent quatre vingt
treize francs (733 793 F) CFA ont été saisies dans ses comptes ; que si l’ordonnance de sursis
à exécution ne lui avait pas été signifiée, elle se serait exécutée en versant les sept cent trente
trois mille sept cent quatre vingt treize francs ( 733 793 F ) CFA à l’intimée ; qu’en vertu de
la décision du Président du Tribunal lui enjoignant de verser cette somme sur le compte
CARPA elle s’est exécutée ; qu’elle ne comprend pas pourquoi le premier juge n’a pas cru
devoir ordonner que cette somme soit décaissée du compte CARPA au profit de l’intimée,
mais a plutôt préféré la condamner à payer à l’intimée un montant plus élevé que celui saisi
sur elle ; qu’elle sollicite que la décision du premier juge soit infirmée car elle n’agi qu’en
vertu des décisions de justice et n’a donc commis aucune faute ;
Attendu que pour finir elle conclut que n’ayant commis aucune faute vis-à- vis de
NOSOCO SARL, elle n’a pas pu préjudicier à son activité économique ; que c’est donc à tort
que le premier juge l’a condamnée à lui payer des dommages -intérêts;
Attendu que Maître BATAKA, conseil de l’intimée par conclusions en date du 24
Octobre 2008 réfute l’ensemble des prétentions de l’appelante et soutient que c’est à bon droit
que le premier juge a rendu le jugement entrepris;
Attendu que l’intimée soutient d’autre part qu’il n’appartient pas au tiers saisi de
contester la saisie ; qu’il appartient au saisi lui-même de contester la saisie s’il estime qu’elle
n’est pas fondée, qu’en l’espèce et jusqu'à ce jour le saisi n’a jamais contesté la saisie ; que
mieux , il lui a délivré un certificat de non contestation de saisie qu’elle a notifié au tiers
saisi ; qu’elle ne comprend pas l’intrusion somme toute intempestive de l’appelante dans la
saisie querellée ; que sa condamnation par le premier juge n’est que la conséquence logique
de sa faute qui a consisté d’une part à contester la saisie litigieuse en lieu et place du saisi qui
sont les Etablissements La Mascotte violant ainsi les articles 166, 32 et 38 de l’Acte Uniforme
portant voies d’exécution; qu’au lieu de faire obstacle à l’exécution de la saisie litigieuse
l’appelante se devait de prêter comme le lui recommande la loi main forte au saisissant ; que
d’autre part il appartenait pas à l’appelante de se faire désigner un séquestre dans la mesure où
la saisie n’a pas été contestée par le saisi ; que en saisissant le Président du Tribunal pour se
faire désigner un séquestre , elle a commis une faute grave ; que sa condamnation n’est que la
juste sanction de sa double faute qui a consisté d’abord à s’opposer au décaissement des
sommes saisies entre les mains du saisissant et ensuite à introduire une demande pour
solliciter la désignation d’un séquestre comme si la saisie était contestée ; que eu égard à ce
qui précède, elle sollicite qu’il plaise à la cour confirmer le jugement entrepris tout en révisant
à la hausse soit à cent cinquante millions de francs ( 150 000 000 F) CFA les dommages-
intérêts car l’attitude de l’appelante lui a causé un préjudice nettement supérieur aux dix
millions de francs ( 10 000 000 F) CFA auxquels elle a été condamnée à lui servir pour ce
chef de préjudice ;
Attendu que pour finir, elle conclut qu’en matière de saisie attribution , le tiers saisi est
une partie au même titre que le saisi et le saisissant ; que chacun d’eux peut se prévaloir du
bénéfice de l’article 166 de l’Acte Uniforme ; que c’est en vertu de ce texte qu’elle a saisi le
Tribunal pour la désignation d’un séquestre ; que de ce qui précède, il résulte qu’elle ne s’est
pas immiscée dans la procédure de la saisie litigieuse comme le prétend l’intimée, qu’elle n’a
fait aucune obstruction à l’exécution de la saisie ; qu’elle a obéi aux décisions de justice et
s’est exécutée en virant le montant saisi sur elle sur le compte CARPA ; qu’elle n’a commis
aucune faute aux yeux de la loi pouvant entraîner sa condamnation au paiement de la cause de
la saisie et pire encore à servir à l’intimée des dommages-intérêts ; qu’elle sollicite qu’il plaise
à la Cour infirmer le jugement entrepris en toutes ses dispositions ;
Attendu d’autre part qu’il résulte de l’article 181 de l’acte Uniforme de l’OHADA sur les
sociétés que « la transformation régulière d’une société n’entraîne pas la création d’une
personne morale nouvelle. Elle ne constitue qu’une modification des statuts et est soumise
aux mêmes conditions de forme et de délai que celle-ci… » ;
Attendu qu’il ressort des dispositions de ces deux textes que la transformation
régulière en l’espèce de la NOSOCO-TOGO SA en NOSOCO-TOGO SARL n’a consisté
qu’en une modification des statuts de la NOSOCO-TOGO SA ; que cette modification n’a
aucune incidence sur la saisie litigieuse ; que par conséquent la société NOSOCO-TOGO
SARL n’est pas dépourvue du droit d’agir ; que c’est donc à tort que l’appelante dénie à
l’intimée la qualité d’agir ; que de ce qui précède, il est constant que le premier Juge en
déclarant recevable l’action de l’intimée ne s’est pas fourvoyé ; qu’il convient de confirmer sa
décision sur ce point ;
Attendu qu’il est certes vrai qu’aux termes de l’article 166 précité, toute partie peut en
cas de contestation de la saisie demander à la juridiction compétente de lui désigner un
séquestre ;
EN LA FORME
Reçoit l’appel ;
AU FOND
Le déclare mal fondé ;
STATUANT A NOUVEAU