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Ohadata J-08-159

SAISIE ATTRIBUTION – EXECUTION PROVISOIRE – DEFENSES A EXECUTION


PROVISOIRE DEVANT LA COUR D’APPEL – RECEVABILITE DE LA DEMANDE
DE DEFENSE A EXECUTION PROVISOIRE (OUI)

L’article 16 du Traité OHADA prévoit que « la saisine de la Cour Commune de


Justice et d’Arbitrage suspend toute procédure de cassation engagée devant une
juridiction nationale, contre la décision attaquée. Toutefois, cette règle n’affecte pas
les procédures d’exécution ».
Si l’article 16 du Traité OHADA écarte l’effet suspensif de la saisine de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage dans le cas des poursuites en droit interne, c’est
bien parce que le législateur communautaire était conscient de ce que les législations
nationales des Etats parties ont prévu des mécanismes spéciaux propres à chacun
pour lutter contre les conséquences parfois irrémédiablement nocives que peut
provoquer l’exécution provisoire d’une décision grossièrement illégale ;
C’est bien au regard de ce qui précède que l’article 32 de l’Acte uniforme
portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution n’accorde qu’une simple faculté de poursuivre l’exécution forcée jusqu’à
son terme, en vertu d’un titre exécutoire ; il ne s’agit ici que d’une possibilité d’option
en vue d’une situation juridique ; il s’ensuit que la Cour d’Appel de céans est
compétente pour statuer sur les mérites d’une requête de défenses à exécution
provisoire ;
L’interprétation qui est faite de l’arrêt KARNIB rendu le 11 octobre 2001 par la
CCJA est abusive, dès lors que celle-ci n’interdit pas les défenses à exécution
provisoire, étant entendu qu’aucune disposition des Actes uniformes n’abroge les lois
nationales relatives à l’exécution des décisions de justice ;
Les arguments avancés par la requérante au soutien de sa demande de
défenses à exécution provisoire sont pertinents ; en raison de la complexité des
problèmes de droit soulevés et dont la solution ne peut être trouvée que par le juge
d’appel saisi du fond de l’affaire, l’exécution prématurée de cette décision apparaît
imprudente et inopportune ; il est donc judicieux de faire droit à la mesure sollicitée.

ARTICLE 16 TRAITE
ARTICLE 32 AUPSRVE

Cour d’appel du Littoral, ARRET n° 311/DE du 7 juin 2002, affaire Société générale
de Banques au Cameroun et la banque des Etats de l’Afrique Centrale c/ la société
SOCOM SARL, Revue Camerounaise de l’Arbitrage n° 21 – Avril - Mai - Juin 2003,
p. 17, note Kenfack-Douajni Gaston

LA COUR D’APPEL DU LITTORAL, statuant en matière de défense à exécution,


conformément aux dispositions des articles 22 de l’ordonnance n° 72/4 du 26 août
1972 et 4 de la loi n° 92/008 du 14 août 1992 fixant certaines dispositions relatives à
l’exécution des décisions de justice, modifiée par celle n° 97/018 du 07 août 1997, en
son audience publique ordinaire tenue au Palais de Justice de ladite ville le vendredi
sept juin de l’an deux mille deux à sept heures quarante minutes du matin et en
laquelle siégeait :
- Monsieur Daniel MOKOBE SONE, Président de la Cour d’Appel du Littoral ;
PRESIDENT ;
- En présence de Monsieur NDJODO Luc, Procureur Général, occupant le banc du
Ministère Public ;
- Assisté de Maître EWANE John, greffier, tenant le plumitif ;
A rendu l’arrêt suivant dans la cause :

ENTRE :
- La Société Générale de Banques au Cameroun & la Banque des Etats de l’Afrique
Centrale, ayant domicile élu en l’Etude de Maîtres JOB & NININE, Avocats au
Barreau du Cameroun ;
- Appelants, comparant et concluant par lesdits Avocats;
d’une part ;
ET
- LA SOCIETE SOCOM Sarl, ayant domicile élu en l’Etude de Maîtres KOUO
MOUDIKI / MANGA AKWA, Avocats au Barreau du Cameroun ;
- Intimée comparant et concluant par lesdits Avocats ;
d’autre part ;

POINT DE FAIT
Le 26 décembre 2001, intervenait dans la cause pendante entre les parties, une
ordonnance n° 397 rendue par le Tribunal de Première Instance de Douala Bonanjo,
et dont le dispositif est comme suit :

PAR CES MOTIFS


Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard de toutes les parties, en vertu de
l’article 49 de l’Acte uniforme OHADA portant voies d’exécution ;
- Recevons la société SOCOM Sarl en sa demande et la SGBC en son intervention
volontaire ;
Sur notre compétence à connaître du présent litige contre un établissement public de
droit international bénéficiaire d’un privilège et d’une immunité de juridiction :
- Constatons que contrairement à l’argument de la BEAC, l’accord de siège entre elle
et le Gouvernement camerounais n’accorde point d’immunité de juridiction à la
BEAC ; que bien au contraire, l’article 1er de cet accord de siège reconnaissant à la
BEA C la capacité d’ester en justice et donc, d’intervenir autant en demande qu’en
défense, il est admis l’exécution forcée sur ses biens en vertu d’un jugement définitif ;
- Constatons que c’est à bon droit que la présente demande nous est soumise, le
contentieux de l’exécution ressortissant de notre office exclusif en vertu de l’article 49
de l’Acte OHADA susvisé ;
- Rejetons par conséquent, telle exception comme non fondée ;
Sur le sursis à statuer sollicité par la SGBC :
- Constatons que la société SOCOM Sarl, personne morale de droit privé, n’est
nullement intéressée à quelque titre que ce soit par l’action du gérant NJANGA
Claude Henri ;
- Déboutons pour ce faire, l’intervenante volontaire de ce chef de demande comme
non caractérisé ;
Sur le fond,
- Constatons que l’ordonnance n° 1101 rendue le 11 septembre 2000 par le Président
du Tribunal de Première Instance de Douala prescrivait à la BEAC, le paiement à la
SOCOM du principal de 300.826.580 FCFA majoré des frais évalués à
44.544.638 FCFA et des intérêts de droit échus à compter du 8 mai 1990 ;
- Constatons que la BEAC avait par correspondance du 26 septembre 2000,
subordonné le paiement des causes de la première saisie-attribution pratiquée le
20 avril 2000 en exécution de l’ordonnance susvisée, au rejet des défenses à
exécution formulées par la SGBC contre cette ordonnance ;
- Constatons que par arrêt n° 433/DE du 12 septembre 2001, la Cour d’Appel du
Littoral rejetait les défenses à exécution ainsi formulées par la SGBC contre
l’ordonnance susvisée ;
- Constatons qu’en se libérant finalement du montant de 345.371.116 FCFA
représentant les causes de la saisie-attribution du 20 avril 2000, la BEAC n’exécute
que très partiellement l’ordonnance n° 1101 du 11 septembre 2000, en ce que cette
première saisie-attribution ne vise que le recouvrement du principal de
300.826.580 FCFA majoré de frais évalués à 44.544.638 FCFA, sans prendre en
compte les intérêts de droit échus à compter du 8 mai 1990 ;
- Constatons que dans cette logique, la saisie-attribution des créances du 23 avril
2001 se justifie parfaitement en ce qu’elle vise le recouvrement des intérêts de droit
échus à compter du 8 mai 1990 ;
- Constatons que les deux saisies-attributions de créances du 20 avril 2000 et du
23 avril 2001 forment un tout et convergent vers l’exécution intégrale de l’ordonnance
n° 1101 du 11 septembre 2000 ;
- Déclarons par conséquent, la BEAC débitrice des intérêts de droit échus à compter
du 8 mai 1990, en vertu de l’ordonnance n° 1101 susvisée, objet de la
saisie-attribution des créances du 23 avril 2001 ;
- Condamnons en outre la BEAC au paiement des causes de ladite saisie-attribution
des créances ;
- Disons notre ordonnance exécutoire sur minute par provision et avant
enregistrement ;
- Condamnons la BEAC aux dépens liquidés à la somme de 71.550 en ce non
compris les frais d’enregistrement, distraits au profit de Mes MANGA AKWA & KOUO
MOUDIKI, Avocats aux offres de droit.

Ainsi jugé et prononcé en audience publique les mêmes jour, mois et an que dessus;

En foi de quoi, la présente ordonnance a été signée par le juge qui l’a rendue et le
Greffier.

LA COUR,
Vu l’ordonnance n° 397 rendue le 26 décembre 2001 par le Tribunal de Première
Instance de Douala Bonanjo ;
Vu l’appel interjeté contre ladite ordonnance ;
Vu la requête aux fins de défenses à exécution déposée au Greffe de la Cour d’Appel
du Littoral, sous le n° 109 en date du 03 janvier 2002 par Maître JOB, agissant au
nom et pour le compte de la SGBC ;
Vu les réquisitions du Ministère Public en date du 14 janvier 2002 ;

APRES EN AVOIR DELIBERE CONFORMEMENT A LA LOI ;


Statuant sur la requête aux fins de défenses à exécution déposée par Maître JOB,
Avocat au Barreau du Cameroun, agissant au nom et pour le compte de la SGBC
tendant à obtenir des défenses à exécution provisoire de l’ordonnance n° 397 rendue
le 26 décembre 2001 par le Tribunal de Première Instance de Douala Bonanjo ;
Considérant que l’article 10 du Traité prévoit que les Actes uniformes sont
directement applicables et obligatoires dans les Etats parties, nonobstant toute
disposition contraire de droit interne antérieure ou postérieure ;
Que de manière fort précise, si la force obligatoire des Actes uniformes et leur
supériorité sur les normes juridiques existantes et même futures sont affirmées, il ne
peut y avoir manquement que si le recours à la législation interne s’avère contraire au
Traité, au sens de l’article 10 susvisé ;
Que dans le cas de l’exécution provisoire, la matière n’a pas été réglementée par
l’OHADA et le nouveau régime n’est dégagé que des dispositions implicites
abusivement analysées par les uns et les autres ;
Qu’en l’absence d’une réglementation précise du domaine de l’exécution provisoire, il
est logique de souligner qu’il s’agit là d’une lacune de la réforme que comble
parfaitement le recours au droit interne, qui n’est en rien contraire ;
Considérant que l’article 16 du Traité OHADA prévoit que « la saisine de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage suspend toute procédure de cassation engagée
devant une juridiction nationale, contre la décision attaquée. Toutefois, cette règle
n’affecte pas les procédures d’exécution » ;
Que si l’article 16 du Traité OHADA écarte l’effet suspensif de la saisine de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage dans le cas des poursuites en droit interne, c’est
bien parce que le législateur communautaire était conscient de ce que les législations
nationales des Etats parties ont prévu des mécanismes spéciaux propres à chacun
pour lutter contre les conséquences parfois irrémédiablement nocives que peut
provoquer l’exécution provisoire d’une décision grossièrement illégale ;
Considérant que c’est bien au regard de ce qui précède que l’article 32 de l’Acte
uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des
voies d’exécution n’accorde qu’une simple faculté de poursuivre l’exécution forcée
jusqu’à son terme, en vertu d’un titre exécutoire ;
Qu’il ne s’agit ici que d’une possibilité d’option en vue d’une situation juridique ;
Qu’il s’ensuit que la Cour d’Appel de céans est compétente pour statuer sur les
mérites d’une requête de défenses à exécution provisoire ;
Considérant que l’interprétation qui est faite de l’arrêt KARNIB rendu le 11 octobre
2001 par la CCJA est abusive, dès lors que celle-ci n’interdit pas les défenses à
exécution provisoire, étant entendu qu’aucune disposition des Actes uniformes
n’abroge les lois nationales relatives à l’exécution des décisions de justice ;
Considérant que les arguments avancés par la requérante au soutien de sa demande
de défenses à exécution provisoire sont pertinents ;
Qu’en raison de la complexité des problèmes de droit soulevés et dont la solution ne
peut être trouvée que par le juge d’appel saisi du fond de l’affaire, l’exécution
prématurée de cette décision apparaît imprudente et inopportune ;
Qu’il est donc judicieux de faire droit à la mesure sollicitée ;

PAR CES MOTIFS


Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard de toutes les parties en matière
de défenses à exécution en appel et en dernier ressort ;
- Reçoit la requête ;
- Ordonne les défenses à exécution provisoire ;
- Condamne la société SOCOM Sarl aux dépens.

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement par la Cour d’Appel du Littoral, les mêmes
jour, mois et an que dessus ;

Et ont signé sur la minute du présent arrêt, le Président qui l’a rendu et le Greffier.

NOTE

L’arrêt SOCOM ci-dessus rapporté est intéressant, en ce qu’il résout la question de


savoir si le droit OHADA abroge les dispositions nationales relatives à l’exécution des
décisions de justice.
En affirmant que lesdites dispositions sont compatibles avec le droit OHADA (I), cet
arrêt dissipe les inquiétudes que l’arrêt KARNIB (CCJA, 11 octobre 2001) a pu
susciter, relativement au contentieux de l’exécution provisoire des sentences
arbitrales (II).

I- La compatibilité des lois nationales relatives à l’exécution des décisions de


justice avec le droit OHADA
Les faits ayant donné lieu à l’arrêt SOCOM étaient simples. En effet, suite à une
ordonnance n° 1101 rendue le 11 septembre 2000 par le Président du Tribunal de
Première Instance de Douala, une saisie-attribution avait été pratiquée par la société
SOCOM Sarl entre les mains de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) au
préjudice de la Société Générale de Banques au Cameroun (SGBC), pour une
créance échue depuis le 8 mai 1990.
La SGBC ayant succombé devant la Cour d’Appel de Douala dans sa recherche
d’une suspension de l’ordonnance ci-dessus indiquée, la BEAC dut verser à la
société SOCOM SARL, le principal de la créance (300.826.580 FCFA), majoré des
frais (évalués à 44.544.638 FCFA), soit la somme totale de 345.371.116 FCFA.
Estimant que cette somme ne prend pas en compte les intérêts de droit remontant à
la date de l’exigibilité de sa créance, la SOCOM demanda et obtint du magistrat cité
plus haut, l’ordonnance n° 397 du 26 décembre 2001 déclarant la BEAC « débitrice
des intérêts de droit échus à compter du 8 mai 1990 ... » et condamnant « ... en outre
la BEAC au paiement des causes de la saisie ... ».
Cette ordonnance était assortie de l’exécution provisoire.
La SGBC et la BEAC interjetèrent appel contre la décision dont il s’agit et en
sollicitèrent des défenses à l’exécution.
Sur la base de l’arrêt KARNIB évoqué plus haut, la société SOCOM Sarl déniait toute
compétence à la Cour d’Appel pour connaître d’une requête en défenses à
l’exécution provisoire de la décision querellée, motif pris de ce que la loi nationale
réglementant cette matière (loi n° 92/008 du 4 août 1992 fixant certaines dispositions
relatives à l’exécution des décisions de justice, modifiée par la loi n° 97/018 du 7 avril
1997) serait contraire au droit OHADA, qui l’aurait abrogée (article 10 du Traité
OHADA).
Aux termes d’une motivation dont la clarté et la pertinence méritent d’être soulignées,
la Cour d’Appel de Douala a retenu sa compétence en invoquant l’article 16 du Traité
OHADA, qui exclut « les procédures d’exécution » de la compétence d’attribution de
la CCJA.
La Cour de Douala précise, en outre, que si cet article 16 « écarte l’effet suspensif de
la saisine de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage dans les cas des poursuites
en droit interne, c’est bien parce que les législations nationales des Etats parties ont
prévu des mécanismes spéciaux … pour lutter contre les conséquences parfois
irrémédiablement nocives que peut provoquer l’exécution provisoire d’une décision
grossièrement illégale » !
Ainsi se trouve confirmée la compatibilité des lois nationales relatives à l’exécution
provisoire des décisions de justice avec le droit OHADA.
La doctrine avait déjà relevé cette compatibilité en soulignant la complémentarité des
textes dont il s’agit (Gaston KENFACK DOUAJNI, « L’abandon de souveraineté dans
le Traité OHADA », recueil Penant, n° 830, mai à août 1999, p. 125 et s., adde
Jacqueline LOHOUES OBLE, commentaire de l’article 16 du Traité OHADA in
« OHADA : Traité et actes uniformes commentés et annotés », Juriscope 2002, 2ème
édition, p. 45).
La Cour d’Appel de Douala rappelle fort opportunément que seules les législations
nationales contraires au droit OHADA sont abrogées, conformément à l’article 10 du
Traité OHADA, qui institue la force obligatoire des actes uniformes OHADA ainsi que
leur supranationalité.
La CCJA avait déjà rappelé cette règle dans son avis n° 001/EP du 30 avril 2001
(publié dans cette revue n° spécial octobre 2001, p. 107 ainsi qu’au n° 14, édition de
juillet-août-septembre 2001, p. 28) par lequel elle a eu à se prononcer sur la portée
abrogatoire des actes uniformes.
En tout état de cause, après avoir affirmé que la loi camerounaise relative à
l’exécution provisoire des décisions de justice « n’est en rien contraire » au droit
OHADA, la Cour de Douala conclut que « ... l’arrêt KARNIB ... rendu par la
CCJA ... n’interdit pas les défenses à exécution provisoire ».
Cette lecture de l’arrêt KARNIB par la Cour d’Appel de Douala ne peut que lever les
doutes suscités par ledit arrêt quant à l’applicabilité de l’article 28 de l’Acte uniforme
relatif au droit de l’arbitrage, texte qui traite du contentieux de l’exécution provisoire
des sentences arbitrales OHADA.

II – L’incidence de l’arrêt SOCOM sur le contentieux de l’exécution provisoire des


sentences arbitrales
Ainsi qu’on l’a mentionné plus haut, l’arrêt KARNIB avait suscité des inquiétudes
quant à la gestion du contentieux de l’exécution provisoire des sentences arbitrales
dans l’espace OHADA (voir à cet effet Gaston KENFACK DOUAJNI, « Le
contentieux de l’exécution provisoire dans l’Acte uniforme relatif au droit de
l’arbitrage », cette revue, n° l6, édition de janvier-février-mars 2002, p.3 ; adde
Jacqueline LOHOUES OBLE op. cit.).
En effet, devant s’appuyer sur ces lois nationales pour gérer le contentieux sus
indiqué, le juge étatique aurait eu du mal à le faire convenablement, si l’arrêt KARNIB
évoqué plus haut devait être compris comme indiquant que le droit OHADA a abrogé
lesdites lois nationales.
Il faut donc approuver la Cour d’Appel de Douala lorsqu’elle rappelle que l’article 16
du Traité OHADA exclut, en l’état tout au moins, les procédures d’exécution de la
compétence d’attribution de la CCJA.
Il convient également d’approuver la lecture que ladite Cour donne de l’arrêt KARNIB
et grâce à laquelle le juge étatique OHADA ne devrait plus s’interroger sur le texte
national à appliquer dans la gestion du contentieux de l’exécution provisoire des
sentences arbitrales.
D’une certaine manière, l’arrêt rapporté rend justice à la CCJA, qui semble avoir été
mal comprise avec l’arrêt KARNIB. Dès lors, il est souhaitable qu’à la suite de la Cour
d’Appel de Douala, ladite CCJA trouve l’occasion de réaffirmer la complémentarité du
droit OHADA avec les lois nationales relatives à l’exécution des décisions de justice.

Gaston KENFACK DOUAJNI


Magistrat
Spécialiste en Contentieux Economique (E.N.M.- Paris)
Membre correspondant de l’Institut pour l’Arbitrage International (Paris)
Membre de la London Court of International Arbitration (Panafrican Council)
Sous-Directeur de la Législation Civile, Commerciale,
Sociale et Traditionnelle au Ministère de la Justice
Yaoundé - Cameroun

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