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Ohadata J-02-09

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POURVOI EN CASSATION - DEFAUT DE PRODUCTION DE L'EXPLOIT DE


SIGNIFICATION DE LA DECISION ATTAQUEE - DEFAUT DE PRODUCTION
DU MANDAT DONNE PAR LE REQUERANT A L'AVOCAT - IRRECEVABILITE
DU POURVOI.

Le défaut de production de certaines pièces, notamment la copie de l'exploit de


signification de la décision attaquée et le mandat donné par le requérant au pourvoi à son
avocat ne permet pas à la CCJA de savoir si le pourvoi a été formé dans le délai légal et de
s'assurer si l'avocat, par le ministère duquel la Cour est saisie avait bien qualité pour agir au
nom et pour le compte du requérant. Faute par le requérant d'avoir mis à la disposition de la
Cour les éléments essentiels d'appréciation sans lesquels il pourrait être porté atteinte
inconsidérément à la sécurité des situations juridiques, son recours, exercé au mépris de
l'article 28 du règlement de procédure de la CCJA, doit être déclaré irrecevable.

ARTICLE 28 DU REGLEMENT DE PROCEDURE CCJA (RPCCJA)

(CCJA, arrêt n° 4/2001 du 11 octobre 2001, BICIG c/ ENGATRANS et arrêt n° 6 / 2001


du 11 octobre 2001, S.A. Aminou et Cie et MAB c/ CCEI BANK. Recueil de
jurisprudence CCJA, n° spécial, janvier 2003, p. 3 et p. 8. Le Juris Ohada, n° 1/2002,
janvier-mars 2002, p. 16 et p. 21. Penant n° 843, p. 221).

ORGANISATION POUR L'HARMONISATION EN AFRIQUE DU DROIT DES


AFFAIRES
OHADA

COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D'ARBITRAGE


CCJA

Audience Publique du Jeudi 11 octobre 2001

Pourvoi n°004/2000/PC du 16 novembre 2000

Pourvoi n°005/2000/PC du 16 novembre 2000

Affaire : S.A AMINOU & Cie et Mohaman Adamou Bello

Contre

C.C.E.I. BANK

ARRET N° 006/2001 du 11 octobre 2001


La Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (C.C.J.A.) de l'Organisation pour l'Harmonisation
en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.D.A.) a rendu l'Arrêt suivant en son audience
publique du 11 octobre 2001 où étaient présents:

Messieurs

Seydou BA, Président


Jacques M'BOSSO, Premier Vice-Président
Antoine Joachim OLIVEIRA, Second Vice-Président
João Aurigemma CRUZ PINTO, Juge
Doumssinrinmbaye BAHDJE, Juge
Maïnassara MAIDAGI, Juge-rapporteur
Boubacar DICKO, Juge

et Maître Pascal Édouard NGANGA, Greffier en chef;

1°/ Sur le pourvoi formé le 10 octobre 2000 par Maître TIGNOIG Jean-Claude, avocat au
Barreau du CAMEROUN BP 1267 DOUALA, agissant au nom et pour le compte de la
Société Aminou & Cie et Mohaman Adamou Bello demeurant à Douala, pourvoi reçu et
enregistré au greffe de la Cour la 16 novembre 2000 sous le n° 004/2000/PC,

en cassation du Jugement n°428 rendu le 19 mai 2000 par le tribunal de grande instance de
Douala, dont le dispositif est le suivant :

« Statuant publiquement, contradictoirement à l'égard des parties en matière civile et


commerciale en premier et denier ressort ;

Reçoit le recours de la société Aminou & Compagnie

Le dit cependant mal fondé;

Ordonne la continuation des poursuites ;

Fixe au 06 juillet 2000 la nouvelle date de vente par devant le Tribunal ;

Ordonne à cette fin des nouvelles publications, conformément à l'article 276 de


l'Acte Uniforme de l'Organisation pour l'Harnonisation en Afrique du Droit des
Affaires : portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d'exécution » ;

Les requérants invoquent à l'appui de leur pourvoi six moyens de cassation tels qu'ils figurent
à la requête annexée au présent Arrêt ;

2°/ Sur le pourvoi formé le 1er novembre 2000 par Maître TIGNONG Jean-Claude, avocat au
Barreau du CAMEROUN B.P. 1267 Douala, agissant au nom et pour le compte de la .Société
Aminou & Cie et _Mohaman Adamou Bello demeurant à Douala, pourvoi reçu et enregistré
au greffe de la Cour sous le n°005/2000/PC du 16 novembre 2000,

en cassation du Jugement n° 007 rendu le 05 octobre 2000 par le Tribunal de grande instance
de Douala dont 1er dispositif est le suivant

Statuant publiquement, contradictoirement en matière civile et commerciale, en premier et


dernier ressort ; .

Déclare la requête de la S.A.A.C. irrecevable et par voie de conséquence la demande


de sursis sollicité ;

Fixe su 16 novembre 2000 la nouvelle date d'adjudication après l'accomplissement


des formalités de l'article 276 de l'Acte Uniforme n° 6 » ;

Les requérants invoquent à l'appui de leur pourvoi six moyens de cassation tels qu'ils
figurent à la requête annexée au présent Arrêt ;

Sur le rapport de Monsieur Doumssinrinmbaye BAHDJE, juge ;

Vu les dispositions des articles 13 et 14 du Traité relatif à l'Harmonisation du Droit des


Affaires en Afrique ;

Vu le Règlement de procédure de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, notamment en


ses articles 28 et 33 ;

Attendu que les deux affaires sont connexes; qu'il échet en conséquence de joindre les deux
procédures pour y être statué par une seule et même décision ;

Attendu que l'examen des pièces des dossiers de la procédure ressort que les requérants n'ont
pas joint â leurs recours certaines des pièces prévues par l'article 28 du Règlement de
procédure de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage ; qu'ainsi, font notamment défaut des
copies des exploits de signification des jugements attaqués, une copie des statuts ou un extrait
récent du registre de commerce ou tout autre preuve de l'existence juridique de la Société
Anonyme Aminou & Compagnie et le mandat donné par les requérants à l' avocat pour agir
en leur nom ;

Attendu qu'aux termes de l'article 28.5 du Règlement de procédure de la Cour Commune de


Justice et d'Arbitrage, « si le recours n'est pas conforme aux conditions fixées au présent
article, le Greffier en chef fixe au requérant un délai raisonnable aux fins de régularisation du
recours ou de production des pièces mentionnées ci-dessus. A défaut de cette régularisation
ou de cette production dans, le délai imparti, la Cour décide de la recevabilité du recours » ;

Attendu qu'invités par le. Greffier en chef par lettres n° 036/2000/G et n°038/2000/G du 29
novembre 2000 à régulariser leurs recours en produisant les pièces y faisant défaut dans un
délai d'un mois à partir de la réception des correspondances sus-mentionnées par les
requérants, ceux-ci n'ont point donné de suite aux termes du délai imparti ;

Attendu que conformément à l'article 28.5 du Règlement de procédure, la Cour Commune de


Justice et d'Arbitrage doit décider de la recevabilité de tels recours;

Attendu que le défaut de production de certaines pièces, notamment les copies des exploits de
signification des décisions et le mandat donné par la SA Aminou & Cie et Mohaman Adamou
Bello à Maître TIGNOIG Jean-Claude, avocat au Barreau du CAMEROUN, ne permet pas de
savoir si les pourvois ont été formés dans le délai légal requis et de s'assurez si l'avocat, par le
ministère duquel la Cour est saisie, avait bien qualité pour agir au nom et pour le compte de la
S.A. Aminou & Cie et Mohaman Adamou Bello ; qu'ainsi et faute par les requérants d'avoir
mis à la disposition de la Cour ces éléments essentiels d' appréciation sans lesquels il pourrait
être porté atteinte inconsidérément à la sécurité des situations juridiques, leurs recours,
exercés au mépris des prescriptions de l'article 28 du Règlement de procédure susvisé, doivent
être déclarés irrecevables ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, après en avoir délibéré,

Déclare les pourvois formés par Maître TIGNOIG Jean-Claude irrecevables ;

Condamne les requérants aux dépens.

Ainsi fait, jugé et prononcé les jour, mois et an que dessus et ont signé :

Le Président

Le Greffier en chef

Observations de Joseph ISSA-SAYEGH, Professeur, Consultant.

Les pourvois dans ces deux affaires présentaient exactement les mêmes défauts, mais
en plus, dans l'affaire faisant l'objet de l'arrêt n° 6/2001, la société requérante n'avait pas
produit une copie des statuts ou un extrait récent du registre du commerce ou toute autre
preuve de son existence juridique. Nous faisons deux observations.

1. La CCJA, pour déclarer ces deux pourvois irrecevables, a retenu que le défaut de
production des documents exigés par l'article 28 du Règlement de procédure était de nature à
"porter atteinte inconsidérément à la sécurité des situations juridiques". Cette considération
n'est pas prévue par le Règlement, si bien qu'on peut en déduire que la CCJA envisage de
distinguer, entre les règles de forme prévues par l'article 28, celles dont la violation peut faire
grief ou non. Un autre indice doit être remarqué : ainsi, dans les deux pourvois, la Cour a
relevé que n'y figuraient pas "une copie des statuts ou un extrait récent du registre du
commerce ou toute autre preuve de l'existence juridique de la société requérante", mais ne
reprend pas son grief dans la motivation de sa décision d'irrecevabilité, qu'elle fonde
exclusivement sur l'absence de production de l'acte de signification et du pouvoir du prétendu
mandataire. La CCJA fait donc une différence entre la première violation de l'article 28 qui ne
fait pas grief dans la mesure où l'existence juridique de la personnalité morale a dû être
prouvée et vérifiée devant les juges du fond, et les deux autres violations qui peuvent porter
atteinte inconsidérément à la sécurité de la situation juridique existant entre les parties, à
savoir, une décision rendue en dernier ressort par les juges nationaux.

2. Faisons observer que cette irrecevabilité concerne la forme et non le fond. Il s'ensuit que si
l'arrêt attaqué n'avait pas été signifié, il serait encore possible de le faire et de former un
nouveau pourvoi dans le délai de deux mois, qui pourrait être déclaré recevable (à condition
de produire toutes les autres pièces exigées par le Règlement de procédure de la CCJA).

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