Vous êtes sur la page 1sur 34

Ohadata D-02-29

Voir Ohadata J-02-28

LA DETERMINATION DE LA JURIDICTION COMPETENTE


POUR STATUER SUR UN POURVOI FORME CONTRE UNE DECISION RENDUE
EN DERNIER RESSORT EN APPLICATION
DES ACTES UNIFORMES
(OBSERVATIONS SUR L’ARRET DE LA COUR SUPREME DU NIGER DU 16
AOUT 2001)

Par Alassane KANTE


Docteur d’Etat en Droit Privé
Maître-Assistant à la Faculté
Des Sciences Juridiques et Politiques
UCAD – DAKAR

SOMMAIRE
INTRODUCTION
I – La compétence exclusive de la CCJA
A – La nécessité d’une harmonisation de l’application et de l’interprétation des Actes
Uniformes
B – L’application et l’interprétation des Actes Uniformes, critère de compétence de la
CCJA
1°- Les domaines de compétences de la CCJA
2°- Les modes de saisine de la CCJA
a) La saisine par les parties
b) La saisine par les juges suprêmes nationaux
II – La compétence partagée entre la CCJA et les juridictions nationales de cassation
A – L’application des Actes Uniformes combinés avec des matières non harmonisées
1°- Le renvoi à la CCJA pour les Actes Uniformes
2°- La réaffirmation de la compétence de la Cour suprême pour les matières
non harmonisées
B – La portée de la mise en œuvre de la combinaison des Actes Uniformes avec les
matières non harmonisées.
ANNEXE – Arrêt de la Cour suprême du Niger du 16 août 2001.
2

INTRODUCTION

La réalisation de l’intégration juridique africaine a nécessité la mise en œuvre


de deux techniques que sont l’harmonisation et l’uniformisation du droit des affaires1.

Entre ces deux techniques juridiques, il existe une différence sur le plan de
leurs résultats dans la mesure où si l’harmonisation s’accommode de multiples
disparités juridiques, à l’inverse, l’uniformisation ne laisse place à aucune diversité.

Pour l’essentiel, il convient de préciser que ces disparités juridiques se


manifestent par le biais de la survie des lois nationales des Etats qui sont compatibles
avec les règles communautaires2.

Au demeurant, cette survivance de la législation interne va conduire


inéluctablement à un éclatement du contentieux survenant à l’occasion de l’application
des textes nationaux et communautaires qui seront portés respectivement à la
connaissance des juridictions nationales et des juridictions communautaires.

Toutefois, il convient de préciser que l’éclatement s’impose avec beaucoup


plus de netteté lorsqu’il s’agit d’un recours en cassation, comme l’illustre parfaitement
l’arrêt rendu par la Cour suprême du Niger en date du 16 août 20013.

Dans la présente espèce, si l’on se réfère aux faits tels qu’ils sont relatés par la
Cour suprême, il s’agissait d’une assemblée générale (A.G.) tenue courant décembre
1999 qui décidait de la recapitalisation de la Société Nigérienne d’Assurance et de
Réassurance Leyma (SNAR Leyma) par l’émission de 70.000 actions nouvelles.

1
Cf. Joseph ISSA-SAYEGH, L’intégration juridique des Etats africains de la zone franc, Penant,
1997, n° 823, p. 5 et suiv. et n° 824, p. 125 et suiv.
2
Cf. article 1er alinéa 2 de l’Acte Uniforme portant sur le droit commercial général (AUDCG). Adde
article 1er alinéa 3 de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique (AUDSC GIE).
3
Cour suprême du Niger (Chambre judiciaire). Arrêt n° 01-158/C DU 16/08/01. Arrêt inédit à notre
connaissance.
3

L’A.G. de la société ayant également décidé d’ouvrir le capital à de nouveaux


actionnaires, le Groupe Hima Souley a exprimé son intention de participer à cette
augmentation de capital par la souscription de quelques actions.

Pour un bon déroulement des opérations de souscription, un notaire avait


même été désigné par la SNAR Leyma qui l’avait chargé de recevoir les souscriptions
et les paiements qui seront effectués, à charge de les verser dans un compte ouvert à
une banque de la place.

Ces faits ayant engendré un litige, les parties ont décidé de porter l’affaire en
justice.

Devant les juges, le contentieux a été examiné en plusieurs étapes.

Tout d’abord, le Groupe Hima Souley reproche à la SNAR LEYMA l’inertie


de son conseil d’administration et son refus obstiné de convoquer une A.G. alors qu’il
soutient avoir libéré des actions. Ce faisant, le Groupe va saisir le Président du
Tribunal de Niamey par requête en date du 20 avril 2001 aux fins de la désignation
d’un administrateur judiciaire chargé de convoquer une A.G. des actionnaires.

Trois jours après, le juge donne une satisfaction à sa requête par l’ordonnance
n° 0352/PTR/NY en date du 23 avril 2001 qui désigne le même notaire comme
mandataire judiciaire.

Ensuite, non contente de la décision du Président du Tribunal, la SNAR


LEYMA saisit, le 27 avril 2001, le juge des référés en vue d’obtenir la rétractation de
l’ordonnance du 23 avril 2001. Cependant, sa requête fut rejetée d’abord par le juge
des référés du Tribunal régional de Niamey le 10 mai 2001 et, ensuite par la Cour
d’Appel de Niamey qui a confirmé l’ordonnance attaquée le 23 mai 2001.
4

Par conséquent, la SNAR Leyma décida d’introduire un pourvoi en cassation


en date du 29 mai 2001 qui tendait à l’annulation de la décision rendue par la Cour
d’Appel de Niamey.

Cette requête contient plusieurs moyens de cassation soumis à l’examen de la


Cour suprême du Niger.

C’est après avoir examiné et déclaré préalablement la recevabilité du pourvoi


conformément aux règles de forme et aux délais légaux que la Cour suprême du Niger
a commencé à statuer sur les moyens de cassation soulevés par toutes les deux parties.
Schématiquement, les arguments développés par les parties reposent, d’une part sur la
violation des règles de procédure et, d’autre part sur la violation des règles de fond.

En premier lieu, la violation des règles de procédure concerne des exceptions


soulevées par le défendeur au pourvoi, en l’occurrence le Groupe Hima, qui invoque
une exception d’incompétence et une fin de non-recevoir.

Naturellement, la Cour suprême avait commencé par examiner au préalable


l’exception d’incompétence dans la mesure où la suite de l’examen du litige dépendait
de la déclaration de compétence ou d’incompétence de la Cour.

Précisons que cette exception d’incompétence soulevée par le défendeur


repose sur la violation de l’article 14 alinéa 3 du Traité de l’OHADA4 qui dispose :
« Saisie par la voie du recours en cassation, la Cour se prononce sur les décisions
rendues par les juridictions d’appel des Etats parties dans toutes les affaires soulevant
des questions relatives à l’application des actes uniformes et des règlements prévus au
présent Traité à l’exception des décisions appliquant des sanctions pénales ».

4
OHADA : Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique signé à Port Louis le 17
octobre 1993 par les Etats suivants : Bénin, Cameroun, Comores, Burkina Faso, Centrafrique, Congo,
Côte d’Ivoire, Guinée Equatoriale, Niger, Gabon, Mali, Sénégal, Tchad et Togo.
5

En d’autres termes, selon le défendeur, le traité donne une compétence


exclusive à la Cour commune de Justice et d’Arbitrage5 pour examiner les recours en
cassation dirigés contre les Actes Uniformes.

Mais, cet argument du défendeur sera rejeté par la Cour suprême du Niger au
motif que cette thèse ne peut être admise que lorsque le pourvoi est basé uniquement
sur l’application des Actes Uniformes.

Or, en l’espèce, cela n’avait pas été le cas dans la mesure où, non seulement
des dispositions du Code de Procédure civile, du Code civil et du Code CIMA6 étaient
invoquées, mais encore et surtout, le moyen mis en exergue était la violation de la
procédure du référé.

Subséquemment, le défendeur au pourvoi a soulevé une fin de non recevoir


pour non-inscription en faux contre la déclaration notariée de souscription et de
versement. Logiquement, cette exception ne pouvait être accueillie favorablement par
la Cour suprême puisque l’argument du défendeur n’était pas étayé par des moyens
juridiques.

Sur ce point, la réponse de la Cour suprême paraît d’autant plus fondée que
les juridictions nationales de Cassation sont des juges du droit7. De ce fait, elles ne
sauraient examiner ni des moyens mélangés de fait et de droit, ni, comme c’était le cas
en l’espèce, des moyens dépourvus de valeurs juridiques.

En second lieu, la violation des règles de fond invoquée par le demandeur au


pourvoi concerne principalement une mauvaise application de l’article 809 du Code de

5
En abréviation C.C.J.A. ou Cour Commune : Doct. Cf. Etienne NSIE, La Cour Commune de Justice
et d’Arbitrage, Penant, sept-décembre 1998, p. 308.
6
CIMA : Code des Assurances des Etats membres de la Conférence Interafricaine des marchés
d’assurance.
7
En droit français, Cf. Marie Noëlle JOBARD-BACHELLIER et Xavier BACHELLIER, La
technique de Cassation, Pourvois et arrêts en matière civile, 2e éd., Dalloz 1991, p. 37 et s.
6

Procédure civile disposant que « les ordonnances sur référé ne feront aucun préjudice
au principal ».

A cet égard, la Cour suprême du Niger décide que, en raison de la


contestation de la qualité d’actionnaire du Groupe Hima Souley, le juge des référés n’a
pas compétence pour lui reconnaître cette qualité et qu’en le faisant, le juge des référés
prend alors une décision définitive contraire à la nature provisoire du référé.

Par conséquent, la violation de l’article 809 du Code de Procédure civile


suffisait pour justifier la cassation et l’annulation de la décision de la Cour d’Appel de
Niamey.

Malgré cela, la Cour suprême a estimé devoir examiner un moyen qu’elle a


soulevé d’office et qui était relatif au non respect de la procédure de référé pour la
désignation d’un mandataire judiciaire.

La position des juges suprêmes se justifie dans la mesure où le moyen soulevé


constitue un moyen d’ordre public8. En effet, en application de l’article 516 de l’Acte
Uniforme sur le Droit des Sociétés Commerciales et du GIE, la désignation du
mandataire judiciaire ne peut intervenir que selon la procédure du bref délai et en cas
d’urgence, à savoir la procédure du référé qui est, par définition, une procédure
contradictoire.

Or, dans le cas d’espèce, le Président du Tribunal n’avait pas respecté cette
procédure contradictoire lorsqu’il avait décidé de désigner un mandataire judiciaire par
une ordonnance sur requête.

Au demeurant, cela constitue une violation des règles de désignation du


mandataire, ce qui rejaillit sur la validité de la procédure et des actes qui ont été pris.

8
En droit français, Cf. Mimin, Moyens d’ordre public et office du juge, J.C.P. 1946.I., p. 452.
7

Sur ce fondement, la Cour suprême y voit le second motif de cassation et d’annulation


de l’arrêt de la Cour d’Appel de Niamey.

Ceci étant, dans le cadre de nos observations, nous avons choisi d’axer nos
réflexions uniquement sur la problématique de la juridiction compétente pour statuer
sur un pourvoi formé contre une décision rendue en dernier ressort en application des
Actes Uniformes.

Certes, ce choix pourrait paraître arbitraire a priori. Cependant, il peut se


justifier dans la mesure où il repose sur un critère objectif et scientifique en ce sens
que c’est sur ce point que la Cour suprême du Niger apporte une solution originale, en
matière de délimitation des compétences entre les juridictions nationales de Cassation
et la CCJA, qui mérite toute notre attention.

A ce sujet, la Cour suprême du Niger décide, d’une part que la CCJA n’est
compétente que pour l’application des Actes Uniformes et que d’autre part, lorsque le
pourvoi n’est pas fondé uniquement sur les Actes Uniformes, la Cour suprême a la
possibilité de ne pas renvoyer l’affaire auprès de la CCJA.

En somme, en matière de recours en cassation dirigé contre les Actes


Uniformes, il apparaît que la compétence exclusive de la CCJA (I) peut être remise en
cause par un partage des compétences entre la CCJA et les juridictions nationales de
Cassation (II).
8

I – LA COMPETENCE EXCLUSIVE DE LA CCJA

En matière de recours en cassation dirigé contre les Actes Uniformes, la Cour


suprême du Niger, en application de l’article 14 alinéa 3 du Traité de l’OHADA,
rappelle que la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) se prononce sur les
décisions rendues par les juridictions d’appel des Etats parties dans toutes les affaires
soulevant des questions relatives à l’application des Actes Uniformes et des
règlements prévus au présent Traité à l’exception des décisions appliquant des
sanctions pénales.

Le caractère exclusif, voire d’ordre public de cette compétence va en outre


déteindre sur les modalités de saisine de la CCJA. En effet, outre la saisine directe de
la Cour Commune par les parties, le législateur communautaire consacre la saisine de
ladite Cour sur renvoi d’une juridiction nationale statuant en cassation lorsque cette
dernière est saisie d’une affaire soulevant des questions relatives à l’application des
Actes Uniformes9.

Dans notre cas d’espèce, la Cour suprême du Niger fait une application de
toutes ces règles de compétence et de saisine de la Cour Commune. Dans cette
optique, il convient de cerner, d’une part, la justification de cette exclusivité de
compétence dévolue à la CCJA à travers l’analyse de la nécessité d’une harmonisation
de l’application et de l’interprétation des Actes Uniformes (A) et, d’autre part,
l’application et l’interprétation des Actes Uniformes, comme critère de compétence de
la CCJA (B).

9
Cf. article 15 du Traité de l’OHADA.
9

A – La nécessité d’une harmonisation de l’application et de


l’interprétation des Actes Uniformes

D’après la Cour suprême du Niger, la CCJA n’est compétente que pour


l’application des Actes Uniformes. Toutefois, cette affirmation de la Cour suprême ne
suffit pas à justifier l’exclusivité de compétence de la CCJA en matière de contentieux
relatif à l’application des Actes Uniformes. En effet, ce contentieux relatif à
l’interprétation et à l’application des Actes Uniformes est gouverné par deux principes
essentiels.

D’abord, le contentieux relatif à l’application des Actes Uniformes est réglé


en première instance et en appel par les juridictions des Etats Parties10.

Ensuite, la CCJA assure dans les Etats Parties l’interprétation et l’application


communes du présent Traité, des règlements pris pour son application et des Actes
Uniformes11.

Il en résulte une distinction entre l’application et l’interprétation des Actes


Uniformes dans la mesure où si toutes les juridictions nationales peuvent appliquer les
Actes Uniformes, à l’inverse, le Traité de l’OHADA donne une compétence exclusive
à la CCJA qui a le monopole de l’interprétation des Actes Uniformes.

Cette exclusivité est d’autant plus admissible que des divergences peuvent
exister entre plusieurs juridictions nationales de fond chargées d’appliquer les Actes
Uniformes.

Il s’agit, dès lors, d’assurer au sommet de la hiérarchie judiciaire, une


interprétation uniforme du sens des Actes Uniformes qui s’imposera à toutes les
juridictions nationales des Etats Parties12.

10
Cf. article 13 du Traité de l’OHADA.
11
Cf. article 14 alinéa 1 du Traité de l’OHADA.
10

Cette rigueur des décisions de la CCJA découle expressément du Traité de


l’OHADA qui dispose que : « les arrêts de la CCJA ont l’autorité de la chose jugée et
la force exécutoire. Ils reçoivent sur le territoire de chacun des Etats Parties une
exécution forcée dans les mêmes conditions que les décisions des juridictions
nationales (…) »13.

Dans la logique du développement d’une jurisprudence uniforme au sommet,


lorsque la CCJA est saisie à titre principal, elle évoque et statue sur le fond de l’affaire
au lieu de la renvoyer, après cassation, auprès d’une autre juridiction nationale. Ce
faisant, on ne laisse place à aucune divergence entre les juridictions nationales de fond.

Assurément, on peut observer que le système judiciaire de l’OHADA


bouleverse considérablement une vieille tradition judiciaire dans la mesure où, en
matière de contentieux des Actes Uniformes, c’est la règle de la cassation sans renvoi
qui est adoptée14.

Tout compte fait, ce bouleversement s’impose car il est dicté par un impératif
qui se résume à l’argument décisif selon lequel « un droit uniforme appelle une
interprétation uniforme »15.

12
Cf. Benjamin BOUMAKANI, Le juge interne et le « Droit OHADA », Penant n° 839, avril/juin
2002, pp. 133 à 154.
En effet, selon l’auteur : « la multiplicité des juges internes qui sont appelés à appliquer dans les Etats
membres le « droit OHADA » dans les litiges où celui-ci est invoqué au même titre que leur droit
national est, sans doute, un gage d’efficacité dans son application tout comme elle peut conduire à des
interprétations multiples et divergentes. Dans ce dernier cas, le contenu du droit OHADA risque de
devenir propre à chaque Etat. Il faut dès lors que les juges internes soient encadrés par une Cour
régulatrice ».
13
Cf. article 20 du Traité de l’OHADA.
14
En effet, dans les ordres juridiques internes des Etats, la cassation sans renvoi constitue l’exception
auprès des juridictions de cassation en matière civile et commerciale.
15
Selon l’expression partagée de Tristan Gervais de LAFOND, dans son article Le Traité relatif à
l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, Gaz. Pal. 1995, 20-21 sept. 1995, Doct. p. 2. Au
surplus, M. BOUMAKANI fait observer, dans son article précité, qu’il serait illogique et néfaste pour
la cohésion juridique de l’OHADA qu’à partir d’une même disposition du droit OHADA, les
justiciables soient jugés différemment à Abidjan, Dakar ou Brazzaville…
11

Ceci étant, il convient d’examiner le second aspect de l’exclusivité de


compétence de la CCJA qui se rapporte à l’application et l’interprétation des Actes
Uniformes, comme critère de compétence de la Cour Commune.

B – L’application et l’interprétation des Actes Uniformes, critère de


compétence de la CCJA

D’après la Cour suprême du Niger, la CCJA n’est compétente que pour


l’application des Actes Uniformes. Cette affirmation de la Cour conforte l’idée selon
laquelle l’application des Actes Uniformes constitue le critère de compétence de la
CCJA. Il s’ensuit alors que le domaine naturel et essentiel de compétence de la CCJA
est circonscrit par l’application et l’interprétation des Actes Uniformes.

Toutefois, il convient d’observer que l’Article 14 du Traité de l’OHADA


précité réserve d’autres domaines de compétence attribués exclusivement à la CCJA
qu’il convient d’examiner.

Par ailleurs, il faut préciser que la CCJA ne disposant pas de pouvoir d’auto-
saisine, elle ne saurait se prononcer qu’à la demande des parties ou des juridictions
nationales des Etats ou bien encore des Etats membres du Traité.

En somme, le développement de toutes ces questions nécessite de cerner


d’une part, les domaines de compétences de la CCJA (1) et, d’autre part, les modes de
saisine de la CCJA(2).

1°- Les domaines de compétences de la CCJA

Comme le souligne la Cour suprême du Niger, la CCJA, en application de


l’article 14 alinéa 3 du Traité de l’OHADA, détient une compétence exclusive en
matière de recours en cassation dirigé contre les Actes Uniformes.
12

Toutefois, ce domaine de compétence mérite d’être élargie pour au moins


trois raisons.

D’abord, les Actes Uniformes sont pris en application du Traité qui leur
confère une force contraignante16.

Ensuite, l’application des Actes Uniformes peut nécessiter l’adoption de


règlements communautaires.

Enfin, la CCJA est également un laboratoire d’expertise juridique qui peut


rendre des avis consultatifs pertinents en matière d’harmonisation du droit des affaires
en Afrique17.

Il résulte donc des observations qui précèdent que l’examen des domaines de
compétence de la CCJA peut être fait au-delà du cadre tracé par la Cour suprême du
Niger.

En partant de l’arrêt de la Cour suprême du Niger, nous avons pu relever un


premier domaine de compétence relatif à l’application et à l’interprétation des Actes
Uniformes. A ce sujet, il convient de préciser que les Actes Uniformes sont « des actes
pris pour l’adoption des règles communes relatives au droit des sociétés et au statut
juridique des commerçants, au recouvrement des créances, aux sûretés, aux voies
d’exécution, au régime de redressement des entreprises et de la liquidation judiciaire,
au droit de l’arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et
des transports, et toute autre matière que le Conseil des Ministres déciderait, à
l’unanimité, d’y inclure (…) »18.

16
Cf. article 10 Traité OHADA : « Les Actes Uniformes sont directement applicables et obligatoires
dans les Etats Parties, nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure.
17
Cf. E. NSIE, op. cit., p. 315. Cf. les attributions non juridictionnelles de la CCJA.
18
Cf. article 5 combiné avec l’article 2 du Traité de l’OHADA.
13

Dans notre cas d’espèce, l’Acte Uniforme visé tacitement par le pourvoi
introduit auprès de la Cour suprême du Niger concernait le droit des Sociétés
Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique dans la mesure où le litige
était consécutif à l’augmentation de capital d’une Société commerciale.

En outre, bien que la décision commentée ne le mentionne pas expressément,


il convient d’ajouter que la CCJA est également compétente pour examiner les
décisions non susceptibles d’appel rendues par les juridictions nationales de fond dans
les mêmes contentieux19. Dans ce dernier cas, il s’agit des décisions rendues en
premier et dernier ressort et qui ne sont pas susceptibles d’appel.

Ce sera notamment le cas de certains litiges de faible valeur qui sont jugés en
premier et dernier ressort20.

Ensuite, un autre domaine de compétence concerne les règlements prévus au


Traité de l’OHADA que la Cour suprême du Niger a mentionnés dans son
argumentaire juridique.

Il convient simplement de souligner que ces règlements jouent un rôle


important d’application du Traité en ce sens qu’ils peuvent au besoin venir préciser ou
compléter la signification des dispositions communautaires21.

A cause de cette fonction jouée par les règlements communautaires, ils


doivent être considérés comme une partie intégrante dudit Traité.

19
Cf. art. 14 al. 4 du Traité de l’OHADA.
20
Par exemple au Sénégal, en matière de bail à usage d’habitation, le Tribunal départemental se
prononce en dernier ressort lorsque le taux du loyer est inférieur ou égal à 25.000 francs CFA. Encore
que le Tribunal départemental ne soit pas le tribunal de droit commun en matière commerciale, cette
juridiction bénéficie, au Sénégal, de compétences spéciales qui auraient pu être dévolues au Tribunal
régional qui est la juridiction de droit commun au Sénégal.
Egalement, il faut préciser que l’exemple choisi a pour objet d’illustrer la notion de litiges de faible
valeur qui sont dévolus généralement à une juridiction de proximité, comme le Tribunal
départemental.
14

En outre, il convient de préciser que les Actes Uniformes peuvent inclure des
dispositions d’incrimination pénale qui feront alors partie intégrante du domaine de
compétence de la CCJA.

Toutefois, le législateur communautaire décide d’exclure du domaine du


Traité les sanctions pénales en laissant le soin aux Etats parties de les déterminer.

Cette dichotomie peut s’expliquer et se justifier par le fait que la


détermination des sanctions répressives doit résulter de la politique pénale adoptée par
chaque Etat membre du Traité dans la mesure où il est difficile de concilier, voire de
rapprocher les options individuelles des Etats dans ce domaine.

Enfin, encore que la Cour suprême du Niger ne le mentionne pas


expressément, il faut dire qu’on ne peut délimiter entièrement le périmètre de la
compétence de principe de la CCJA sans faire une allusion au différend pouvant surgir
entre les Hautes Parties Contractantes au sujet de l’application ou de l’interprétation du
Traité de l’OHADA en application duquel tous les Actes Uniformes en vigueur ont été
adoptés. Aussi bien, devant ce cas de figure, si le différend n’est pas résolu à
l’amiable, il peut être porté par un Etat partie devant la CCJA22.

Compte tenu de l’importance et des incidences que peuvent revêtir les avis de
la Cour Commune, nous estimons utile de formuler des observations sur cette
question. Au demeurant, ce constat peut être illustré par l’avis de la CCJA n° 2/2000
du 26 avril 200023.

21
Cf. art. 4 du Traité de l’OHADA.
22
Cf. article 56 du Traité de l’OHADA.
23
Cet avis est publié dans l’hebdomadaire d’informations juridiques et d’annonces légales Africajuris
n° 19 du 6 au 12 juin 2002, p. 4. Il est également publié à la Revue Penant n° 837, septembre à
décembre 2001, p. 342 à 344 et Penant n° 839, avril/juin 2002, pp. 223 à 225.
On peut tout de même rappeler que d’autres avis importants ont été donnés par la CCJA. A titre
d’exemples, on peut citer :
- CCJA (26 avril 2000) : Avis sur la portée de l’article 449 de l’AUDSCGIE, à savoir s’il
s’applique aux banques et établissements financiers ? Cf. Penant n° 837 précité, pp. 342 et
343.
15

A la question de savoir s’il est possible dans le cadre de la mise en harmonie


des statuts des sociétés anonymes avec les dispositions de l’Acte Uniforme sur les
Sociétés, d’instituer un poste de vice-président dans les organes dirigeants des banques
et établissements financiers, la CCJA a apporté un avis défavorable. Ce dernier repose
sur le motif suivant : « les dispositions de l’Acte Uniforme étant d’ordre public et ne
prévoyant pas la possibilité de créer un poste de vice-président pour l’administration
d’une société anonyme, la création d’un tel poste pour les banques et établissements
financiers constitués sous cette forme est impossible, fût-ce à l’occasion d’une
harmonisation des statuts en application de l’article 909 AUSCGIE »24.

L’interprétation de cet avis a connu une fortune diverse dans la doctrine qui
semble divisée sur cette question.

D’abord, dans ses observations sur l’avis sur le site w.w.w. de l’internet, M.
Joseph ISSA-SAYEGH estime que « le refus de considérer comme possible la création
d’un poste de vice-président (…) ne peut être approuvé qu’avec réserve ».

Selon l’auteur, « il paraît essentiel de distinguer deux plans : les rapports de la


société avec les tiers et ceux internes à la société, à savoir, d’une part, entre les organes
et les associés et, d’autre part, entre les organes eux-mêmes de la société anonyme.
Dans les rapports avec les tiers, la société ne peut opposer l’existence d’un tel poste
pour échapper à ses obligations ou les atténuer, le caractère législatif et institutionnel
de l’organisation de la S.A. devant prévaloir à cet égard.

- CCJA, Avis n° 002/99/EP, 13 octobre 1999, Cf. Penant n° 839, avril/juin 2002, pp. 221 à
223.
- CCJA, Avis n° 01/2001/EP, 30 avril 2001, Penant n° 839 précité, pp. 225 à 230.
24
En effet, il résulte de l’article 909 de l’AUSCGIE que : « la mise en harmonie a pour objet
d’abroger, de modifier et de remplacer, le cas échéant, les dispositions statutaires contraires aux
dispositions impératives du présent Acte Uniforme et de leur apporter les compléments que le présent
Acte Uniforme rend obligatoires ».
16

En revanche, sur le plan interne, si une meilleure organisation commande ou


recommande la création d’un tel poste à travers les dispositions statutaires, le caractère
essentiellement contractuel de celles-ci ne s’y oppose pas »25.

En d’autres termes, l’auteur adopte une interprétation nuancée qui se justifie


par le fait que son analyse s’appuie sur deux données incontournables en droit des
sociétés qui se résument à ses caractères contractuel et institutionnel.

A l’inverse, Messieurs Mohamed M.O. SALAH et Abdoullah CISSE


considèrent que l’avis de la CCJA, essentiellement critiquable, est curieux au moins à
deux égards26.

D’abord, ils observent que, en droit des affaires, c’est la liberté qui doit être la
règle, et l’interdiction, l’exception. Or, selon eux, l’avis de la CCJA aboutit à inverser
le principe puisqu’il considère que la création d’un poste de vice-président n’étant pas
prévue par la Loi Uniforme, ne saurait être admise. Ils en déduisent que la règle serait
que tout ce qui n’est pas expressément permis est défendu.

Ensuite, ils font remarquer que, au moment où il est admis que les décisions
des investisseurs sont, au moins partiellement, déterminées par le libéralisme et la
souplesse des règles du droit de l’Etat d’accueil, le droit lui-même devient un
instrument de concurrence27.

Au surplus, ils précisent que les législateurs nationaux souvent relayés par
leurs juges se lancent dans un mouvement de contractualisation de leur droit des
sociétés, non seulement pour attirer les investisseurs, mais aussi pour ne pas pénaliser

25
L’opinion de M. ISSA-SAYEGH est reproduite intégralement dans le magazine juridique
Africajuris précité qui se réfère à ses observations sous l’avis sur le site w.w.w..ohada.com.
26
Cf. Mohamed M.O. SALAH et Abdoullah CISSE, Droit des sociétés, Droit des sûretés et Droit
bancaire. Quelle place pour les vice-présidents dans les sociétés anonymes ? (Avis de la CCJA n°
2/2000/EP du 26 avril 2000), Africajuris, op. cit. p. 4..
27
M. M.O. SALAH et A. CISSE, op. cit. p. 5.
17

les opérateurs économiques par rapport à leurs concurrents étrangers qui ont un droit
plus souple.

En conséquence, ces deux auteurs estiment qu’on ne peut comprendre que la


CCJA accepte de figer, de rigidifier le droit uniforme sur un point important.

Selon nous, l’avis rendu par la CCJA adopte une conception assez rigide de la
notion d’ordre public sociétaire, qui, au demeurant, est en contradiction avec
l’évolution du recul de la notion d’ordre public économique dans un contexte
économique où il est essentiel que ce droit soit appliqué avec diligence, dans les
conditions propres à garantir la sécurité juridique des activités économiques, afin de
favoriser l’essor de celles-ci et d’encourager l’investissement28.

Il s’y ajoute que cet avis aura une portée considérable sur la représentation des
organes et l’organigramme des banques et établissements financiers où les
gouvernements africains avaient déjà institué le poste de vice-président de Conseil
d’administration dans certaines banques29.

En définitive, on peut dire que l’élargissement du domaine naturel de


compétence de la CCJA constitué par les Actes Uniformes a permis de soulever
d’autres questions fondamentales concernant l’affirmation d’un droit communautaire
sous-régional et que nous avons tenté de résoudre.

A présent, il s’agit d’appréhender les problèmes juridiques relatifs aux


différentes voies permettant de saisir la CCJA.

28
Cf. Préambule du Traité de l’OHADA. Sur l’ordre public économique, cf. notre Thèse « L’ordre
public économique dans un pays en développement : l’exemple du Sénégal », Thèse pour le Doctorat
d’Etat en Droit (Dakar, UCAD, F.S.J.P., 27 février 1998).
29
C’est notamment le cas du gouvernement sénégalais qui était, du reste, l’auteur de la question
adressée au CCJA.
18

2°- Les modes de saisine de la CCJA

Conformément aux dispositions du Traité de l’OHADA30, la Cour suprême du


Niger distingue deux modes principaux de saisine de la CCJA que sont : la saisine par
les parties (a) et la saisine par les juges suprêmes nationaux (b).

a) La saisine par les parties

D’après la Cour suprême du Niger, la CCJA peut être saisie par les parties
dans deux situations.

D’abord, la Cour suprême rappelle qu’il appartient aux parties demanderesses


au pourvoi de saisir la Cour Commune. Dans cette hypothèse, nous sommes en
présence d’une saisine directe.

Ensuite, il existe en outre une saisine consécutive à la contestation de la


compétence d’une juridiction nationale statuant en cassation. Dans ce cas, le Traité de
l’OHADA dispose que : « toute partie qui, après avoir soulevé l’incompétence d’une
juridiction nationale statuant en cassation estime que cette juridiction a, dans un litige
la concernant, méconnu la compétence de la CCJA, peut saisir cette dernière dans un
délai de deux mois à compter de la notification de la décision contestée »31.

Dans le cas d’espèce, l’on observera que le défendeur aura toujours la


possibilité de saisir la CCJA dans le délai prescrit à compter de la notification de
l’arrêt de la Cour suprême qui s’est déclarée compétente nonobstant l’invocation de la
présence d’actes uniformes dans le périmètre contentieux.

De façon générale, on peut faire observer enfin que la saisine de la CCJA par
les parties risque de se heurter à des difficultés matérielles et financières puisque le

30
Cf. article 15 du Traité de l’OHADA.
19

ministère d’avocat étant obligatoire32, les plaideurs auront à supporter nécessairement


des frais de déplacement de leurs avocats au siège de la juridiction à Abidjan.

Encore que cette critique soit largement fondée pour des plaideurs à faible
revenu, il convient toutefois de la relativiser dans la mesure où il y a impérativement
un prix à payer pour prétendre aux bienfaits et avantages d’une harmonisation du droit
des affaires que les opérateurs économiques privés nationaux et internationaux
appellent de tous leurs vœux.

Quid de la saisine de la CCJA par les juridictions nationales de cassation ?

b - La saisine par les juges suprêmes nationaux

En application de l’article 15 du Traité de l’OHADA, la Cour suprême du


Niger rappelle que la CCJA est également saisie sur renvoi d’une juridiction nationale
statuant en cassation saisie d’une affaire soulevant des questions relatives à
l’application des Actes Uniformes.

La saisine sur renvoi de la CCJA constitue-t-elle une obligation ou une faculté


pour la juridiction nationale ?

Normalement, lorsqu’une juridiction nationale statuant en cassation est saisie


d’une affaire soulevant des questions relatives à l’application des Actes Uniformes, il
en résulte que, en vertu du principe de l’exclusivité de compétence de la CCJA en la
matière, elle ne doit pas examiner cette partie du dossier qu’elle doit renvoyer à la
Cour Commune.

Toutefois, le raisonnement de la Cour suprême du Niger contredit cette thèse


dans la mesure où elle semble admettre que la Cour suprême nationale a seulement la

31
Cf. article 18 al.1er du Traité de l’OHADA.
32
Cf. article 19 du Traité de l’OHADA.
20

faculté de « saisir la Cour Commune lorsqu’elle estime que la cause à elle soumise
relève de la compétence de cette Cour ».

Il faut enfin observer que lorsqu’une Cour suprême nationale méconnaît les
règles de répartition des compétences entre la Cour Commune et elle, l’une des parties
pourra élever le conflit au niveau de la Cour Commune. Et si cette dernière décide que
cette juridiction s’est déclarée compétente à tort, la décision rendue par cette
juridiction sera réputée nulle et non avenue33.

Ceci étant, si l’on suit le raisonnement de la Cour suprême du Niger


interprétant l’article 18 du Traité de l’OHADA précité, la Cour précise que « l’examen
de cet article permet de se rendre compte que la compétence de la Cour Commune
n’est pas exclusive de la compétence des juridictions nationales des Etats parties au
Traité ».

Par conséquent, l’analyse de la disposition précitée par la Cour suprême


autorise à penser qu’il existe une compétence exceptionnelle de la Cour suprême en
matière d’interprétation et d’application des Actes Uniformes surtout lorsqu’ils sont
combinés avec des matières ne relevant pas du Traité de l’OHADA.

33
Cf. article 18 al. 3 du Traité de l’OHADA.
21

II – LA COMPETENCE PARTAGEE ENTRE LA CCJA ET LES


JURIDICTIONS NATIONALES DE CASSATION

La Cour suprême du Niger rappelle le principe selon lequel lorsque


l’application des Actes Uniformes est combinée avec des matières juridiques non
harmonisées, un partage des compétences s’imposera entre la CCJA qui n’est
compétente que pour l’application des Actes Uniformes et les Cours de Cassation
nationales qui demeurent compétentes pour les matières n’ayant pas encore fait l’objet
d’une harmonisation.

Toutefois, sur cette question, la Cour suprême du Niger adopte une position
particulière en ce sens qu’elle ne fait pas du renvoi des Actes Uniformes auprès de la
CCJA une exigence absolue.

En somme, il apparaît que l’application des Actes Uniformes combinés avec


des matières non harmonisées (A) peut donner lieu à des difficultés de mise en œuvre
que l’on étudiera dans la portée de la combinaison des Actes Uniformes avec les
matières non harmonisées (B).

A – L’application des Actes Uniformes combinés avec des matières non


harmonisées

Si l’on se réfère à la décision de la Cour suprême du Niger interprétant


l’article 18 du Traité créant l’OHADA, la solution découlant de la distribution des
compétences entre la CCJA et les Cours de Cassation nationales peut se résumer à
deux volets.

Il s’agit, d’abord, du renvoi à la CCJA pour les Actes Uniformes (1) et,
ensuite, de la réaffirmation de la compétence des Cours de Cassation nationales pour
les matières non harmonisées (2).
22

1°- Le renvoi à la CCJA pour les Actes Uniformes

En combinant les différents articles définissant les règles de compétences de


la CCJA34, la Cour suprême du Niger rappelle que la Cour Commune n’est compétente
que pour l’application des Actes Uniformes.

Dans notre cas d’espèce, encore que la décision ne le mentionne pas


formellement, il est permis de penser que les Actes Uniformes soumis au renvoi auprès
de la CCJA sont relatifs au droit des Sociétés Commerciales et du Groupement
d’Intérêt Economique. Cette observation paraît d’autant plus fondée que le litige en
question découlait d’une mésentente entre les organes sociaux d’une société
commerciale avec de nouveaux partenaires qui prétendaient accéder au capital de
ladite Société suite à un appel à une augmentation de capital par une souscription
d’actions nouvelles35.

Dès lors, en application de l’article 15 du Traité créant l’OHADA36, la Cour


suprême du Niger étant saisie d’une affaire contenant des questions relatives à
l’application des Actes Uniformes avait l’obligation de surseoir à statuer sur ce point.
En effet, comme le souligne, avec juste raison, la Cour suprême, la spécificité des
Actes Uniformes emporte la nécessité de les renvoyer auprès de la CCJA.

Toutefois, l’on remarquera que la Cour suprême du Niger ne fait pas de ce


renvoi un impératif catégorique. Selon elle, le renvoi à la CCJA ne devient obligatoire
qu’à une double condition.

34
Cf. les articles 14 alinéa 3, 15 et 18 du Traité de l’OHADA.
35
Il convient de préciser qu’il existe d’autres modalités de l’augmentation du capital d’une Société
commerciale. Ex. Incorporation des bénéfices dans le capital social ; la transformation d’obligations
en actions ou de la valeur nominale des actions, etc.
36
Texte de l’article 15 du Traité de l’OHADA : « les pourvois en cassation prévus à l’article 14 sont
portés devant la CCJA, soit directement par l’une des parties à l’instance, soit sur renvoi d’une
juridiction nationale statuant en cassation saisie d’une affaire soulevant des questions relatives à
l’application des Actes Uniformes ».
23

Tout d’abord, l’application des Actes Uniformes doit être prépondérante pour
la prise de la décision attaquée. On en déduit a contrario que lorsque l’application des
Actes Uniformes n’est pas déterminante, voire décisive, le juge national de Cassation
peut faire l’économie du renvoi auprès de la CCJA et statuer sur l’affaire en entier.

Ensuite, selon la Cour suprême du Niger, le pourvoi doit être surtout basé sur
ces Actes Uniformes.

A vrai dire, nous pensons que cette seconde condition n’en est pas
véritablement une car elle ne fait que préciser la première par une redondance.

Enfin, lorsque l’examen du pourvoi soulève en outre des questions relatives


au droit non harmonisé, ces dernières doivent échapper à la compétence de la CCJA37.
C’est ce que la Cour suprême a rappelé en réaffirmant la compétence des juridictions
nationales de Cassation pour les matières juridiques non harmonisées.

2°- La réaffirmation de la compétence de la Cour suprême pour les


matières non harmonisées

Dans l’arrêt soumis à notre appréciation, les matières juridiques non


harmonisées invoquées dans le pourvoi concernent le Code de Procédure civile, le
Code civil et le Code CIMA38 qui justifient la compétence de la Cour suprême du
Niger.

S’agissant du Code de Procédure civile, il apparaît que le pourvoi est


essentiellement fondé sur les dispositions de cette loi dans la mesure où, comme le
précise avec juste raison la Cour suprême du Niger, le moyen mis en exergue est la

37
Contra J. ISSA-SAYEGH, Penant 1997, parag. 122, op. cit. En effet, l’auteur fait observer qu’un
lien de connexité entre les matières harmonisées et les matières non harmonisées pourrait entraîner
l’élargissement des compétences de la CCJA au droit non harmonisé.
38
Code CIMA : Code des Assurances des Etats africains précité.
24

violation de la procédure du référé qui est à la base du rejet de l’exception


d’incompétence soulevée par le défendeur au pourvoi.

Quant aux dispositions du Code civil, encore qu’elles n’apparaissent pas


formellement dans l’argument du pourvoi, elles semblent se justifier par la règle de la
force obligatoire des conventions signées par les parties39. En effet, si l’on en juge par
les faits rapportés par la Cour suprême du Niger, un nouveau partenaire a répondu
favorablement à une offre de recapitalisation émise par un organe compétent, en
l’occurrence, l’assemblée générale d’une Société commerciale.

Toutefois, il convient d’observer que cet argument n’a pas été jugé dirimant
par la Cour suprême du Niger.

Enfin, s’agissant du Code CIMA, son invocation se justifie ici par le fait que
l’une des sociétés partie au pourvoi, en particulier le demandeur, est une société
d’assurance et de réassurances régies, par conséquent, par les dispositions du Code
CIMA applicable au Niger.

Néanmoins, l’on soulignera que cet argument non plus n’a pas été d’un poids
significatif aux yeux de la Cour suprême pour accueillir favorablement l’exception
d’incompétence soulevée par le défendeur au pourvoi.

En définitive, la combinaison des Actes Uniformes avec les matières non


harmonisées impose une clef légale de répartition des compétences entre la CCJA et
les juridictions nationales de cassation qui ne souffre d’aucune ambiguïté.

Cependant, dans notre cas d’espèce, l’on se rendra compte que la mise en
œuvre de cette combinaison pourra déboucher sur des difficultés juridiques au sujet

39
Cf. article 96 du Code des Obligations civiles et commerciales du Sénégal (C.O.C.C.) : Force
obligatoire du contrat. « Le contrat légalement formé crée entre les parties un lien irrévocable ».
Comp. Art. 1134 al . 1 du Code civil français « Les conventions légalement formées tiennent lieu de
loi à ceux qui les ont faites ».
25

desquelles la Cour suprême du Niger apportera des réponses qui ne seront pas
pleinement satisfaisantes. D’où l’étude de la portée de la mise en œuvre de la
combinaison des Actes Uniformes avec les matières non harmonisées.

B – La portée de la mise en oeuvre de la combinaison des Actes


Uniformes avec les matières non harmonisées

Si l’on suit le raisonnement de la Cour suprême du Niger, on se rend compte


que la combinaison des Actes Uniformes avec des matières juridiques non
harmonisées débouchera sur la compétence des juridictions nationales de Cassation
lorsqu’elles s’abstiennent surtout de renvoyer une affaire dont elles sont saisies.

Dès lors, il en résulte des difficultés dans la répartition des compétences entre
la CCJA et les juges nationaux de Cassation dans la mesure où ces derniers pourraient
connaître incidemment du contentieux de l’application et de l’appréciation des Actes
Uniformes. Ceci paraît d’autant plus probable que les juridictions nationales de
cassation ont en outre une mission d’interprétation de la règle de droit40.

Pour toutes ces raisons, on en déduit que la solution rendue par la Cour
suprême du Niger est essentiellement critiquable sur ce point dans la mesure où elle est
contraire à la lettre et à l’esprit de l’article 14 alinéa 1er du Traité de l’OHADA qui
donne une compétence exclusive à la CCJA en matière d’interprétation des Actes
Uniformes41.

Au demeurant, il convient d’observer que sur ce point, la décision soumise à


notre analyse présente une originalité puisqu’elle autorise à penser que l’interprétation
des Actes Uniformes ne doit pas être l’affaire d’une seule juridiction supérieure de
cassation, fût-elle une juridiction communautaire.

40
En droit français, cf. M.N. J.-B. et X. BACHELLIER, op. cit. p. 38.
41
Cf. supra. 1ère partie.
26

Pour notre part, nous pensons que ce nouveau principe dégagé, à notre
connaissance, pour la première fois par l’arrêt de la Cour suprême du Niger, constitue
une manifestation de taille qui confirme et renforce à la fois un mouvement de
résistance amorcé par certains juges nationaux à propos de l’application et
l’interprétation des règles communautaires en Afrique42

Reste à savoir quand et comment la CCJA va réagir pour annihiler ces


velléités d’indépendance qui vont inéluctablement à l’encontre des objectifs vitaux
d’une intégration juridique africaine dont la construction se poursuit encore dans des
secteurs clefs de la vie des affaires.

DAKAR, novembre 2002.

42
Cf. Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique : la résistance des juges nationaux. Note sous
Tribunal Régional de Dakar, Ordonnance de référé du 23 juillet 2001, SCAT-URBAM c/ NDIR, Rev.
27

ANNEXE

ARRET DE LA COUR SUPREME DU NIGER (CHAMBRE JUDICIAIRE)


Arrêt N°01-158/C du 16/o8/01
_____________________________________________

La Cour suprême, Chambre Judiciaire statuant pour les affaires civiles en son audience
du jeudi seize août deux mille un, tenue au Palais de ladite Cour a rendu l’arrêt dont la
teneur suit :

Entre :
SNAR LEYMA, Société Nigérienne d’Assurance et de Réassurances Leyma,
représentée par son Directeur Général, assisté de Maîtres Manou KIMBA et Souley
OUMAROU, avocats à la Cour, Niamey ;

D’ UNE PART

ET

Groupe Hima SOULEY, assisté de Maître CISSE Ibrahim, avocat à la Cour ;

D’AUTRE PART

Après lecture du rapport de Monsieur Abdou ZAKARI conseiller rapporteur, les


conclusions de Monsieur le Procureur Général et en avoir délibéré conformément à la
loi ;

Statuant sur le pourvoi en cassation enregistré au greffe de la Cour d’Appel le


29/05/2001 sous le n° 35/2001 et formé par requête de Maître Manou KIMBA, avocat

Inter. Dt. Afric., EDJA n° 50, trimestriel juil.-août-sept. 2001, pp. 75à 77.
28

à la Cour, conseil constitué de SNAR Leyma contre l’arrêt n° 81 du 23/05/2001 rendu


par la Cour d’Appel de Niamey qui a statué en ces termes :

« Statuant publiquement, contradictoirement en matière de référé et en dernier


ressort ;

- Reçoit la SNAR Leyma en son appel régulier en la forme ;


- Au fond, confirme l’ordonnance attaquée ;
- Condamne SNAR Leyma aux dépens » ;

Une assemblée générale tenue courant décembre 1999 décidait de la recapitalisation de


la SNAR Leyma par l’émission de 70.000 actions nouvelles ;

L’Assemblée générale décidait également d’ouvrir le capital social à de nouveaux


partenaires. C’est dans cet ordre d’idées que le Groupe Hima SOULEY fit part de son
intention de participer à cette recapitalisation par la souscription de quelques actions ;

Pour la supervision de cette opération de recapitalisation, un notaire en la personne de


maître Mayaki OUMAROU a été choisi par la direction générale de la LEYMA avec
pour mission de recevoir les souscriptions et les libérations qui seront effectuées, et de
verser ces dernières dans le compte n° 251 110 10 551/12 ouvert à la SONIBANK ;

Invoquant l’inertie du conseil d’administration ou son refus obstiné de convoquer une


assemblée générale, le Groupe Hima SOULEY soutenant avoir libéré ces actions, va
saisir le Président du Tribunal par requête en date du 20 avril 2001, tendant à la
désignation d’un administrateur judiciaire qui aura pour mission de convoquer une
assemblée générale des actionnaires avec comme ordre du jour :

- Situation des souscriptions et de libération par le notaire ;


- Désignation des administrateurs ;
- Questions diverses ;
29

Par ordonnance n° 0352/PTR/NY en date du 23 avril 2001, satisfaction a été donnée à


la requête du Groupe Hima Souley par la désignation de Maître Mayaki OUMAROU,
Notaire à Niamey comme mandataire judiciaire ;

Suivant acte en date du 27 avril 2001, la Société Nigérienne d’Assurance et de


Réassurances Leyma (SNAR-LEYMA) saisissait le juge des référés aux fins d’obtenir
la rétractation de l’ordonnance n° 352/PTR/NY/2001 en date du 23 avril 2001. Par
ordonnance n° 89/TR/NY/2001 en date du 10 mai 2001, le juge des référés du
Tribunal Régional de Niamey déboutait la LEYMA de sa demande. Sur appel de la
SNAR-LEYMA, la Cour d’Appel par arrêt n° 81 du 23 mai 2001 confirmait
l’ordonnance attaquée et condamnait la SNAR-LEYMA aux dépens ;

Maître Soulèye OUMAROU, avocat à la Cour, agissant également pour le compte de


la SNAR-LEYMA, s’est joint au pourvoi et a déposé au greffe de la Cour d’Appel de
Niamey, le 22/06/2001, une requête contenant quatre moyens de cassation qui
viennent ainsi s’ajouter aux trois moyens invoqués par Maître Kimba MANOU ;

Sur la recevabilité du pourvoi

Le pourvoi étant intervenu dans les forme et délai prévus par la loi, il y a lieu de le
déclarer recevable ;

Sur les exceptions soulevées par le défendeur au pourvoi

A – Sur l’exception d’incompétence

Attendu que le Groupe Hima Souley assisté de Maître CISSE Ibrahim, avocat à la
Cour, défendeur au pourvoi, invoque l’incompétence de la Chambre Judiciaire de la
Cour suprême, en s’appuyant sur les dispositions de l’article 14 alinéa 3 du Traité
relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique ;
30

Attendu qu’aux termes de l’article 14 alinéa 3 du Traité susvisé : « saisie par la voie
du recours en cassation, la Cour se prononce sur les décisions rendues par les
juridictions d’appel des Etats parties dans toutes les affaires soulevant des questions
relatives à l’application des Actes Uniformes et des règlements prévus au présent
Traité à l’exception des décisions appliquant des sanctions pénales » ;

Mais attendu d’une part qu’il résulte aussi bien de l’article 14, que de l’article 15 du
Traité créant l’OHADA, qu’il appartient aux parties demanderesses au pourvoi de
saisir la Cour Commune ;

Que si cela n’a pas été fait, la Cour suprême saisie, peut elle-même saisir la Cour
Commune lorsqu’elle estime que la cause à elle soumise relève de la compétence de
cette Cour ;

Attendu d’autre part qu’aux termes de l’article 18 du Traité créant l’OHADA : « Toute
partie qui, après avoir soulevé l’incompétence d’une juridiction nationale statuant en
cassation, estime que cette juridiction a, dans un litige la concernant, méconnu la
compétence de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage peut saisir cette dernière
dans un délai de deux mois à compter de la notification de la décision contestée » ;

Attendu que l’examen de cet article permet de se rendre compte que la compétence de
la Cour Commune n’est pas exclusive de la compétence des juridictions nationales des
Etats parties au Traité ; sauf la possibilité de recours ouverte à la partie ou aux parties
ayant soulevé l’incompétence dans le délai prévu à l’article 18 du Traité précité ;

Attendu enfin, qu’il résulte de la combinaison des articles précités que la Cour
Commune n’est compétente que pour l’application des Actes Uniformes, qu’ainsi
lorsque le pourvoi n’est pas exclusivement fondé sur les Actes Uniformes, comme
c’est le cas en l’espèce où des dispositions du Code de Procédure Civile, du Code Civil
31

et du Code CIMA sont invoquées, il appartient à la Cour suprême nationale de saisir la


Cour Commune des questions spécifiques aux Actes Uniformes ;
Attendu qu’en ce cas elle ne peut d’ailleurs le faire que si l’application des Actes
Uniformes a été prépondérante pour la prise de la décision attaquée, et que le pourvoi
est surtout basé sur ces Actes. Qu’en l’espèce, le moyen mis en exergue est la violation
de la procédure du référé ;

Attendu qu’il ressort de tout ce qui précède qu’il y a lieu de rejeter cette exception et
de se déclarer compétente ;

B – Sur la fin de non-recevoir pour non-inscription en faux contre la


déclaration notariée de souscription et de versement

Attendu que ce moyen est inopérant car non étayé par des moyens juridiques ; qu’il y a
lieu également de le rejeter ;

AU FOND

Sur le moyen pris de la violation de l’article 809 du Code de Procédure Civile

Attendu que le demandeur au pourvoi reproche aux juges d’appel d’avoir reconnu la
qualité d’actionnaire au Groupe Hima SOULEY, et ainsi d’avoir outrepassé leurs
pouvoirs de juges des référés ;

Attendu qu’aux termes de l’article 809 du Code de Procédure Civile : « les


ordonnances sur référé ne feront aucun préjudice au principal » ;

Attendu que les mesures susceptibles d’être ordonnées en référé sont des dispositions
provisoires de nature à remédier à un état de crise conflictuelle sans pour autant
trancher au fond le litige, ni fixer les droits des parties ; qu’ainsi les mesures prises en
32

référé ne doivent pas avoir un caractère irréversible qui serait incompatible avec la
nature provisoire du référé ;

Mais attendu en l’espèce que les dirigeants sociaux de la SNAR LEYMA ne


reconnaissent pas la qualité d’actionnaire au Groupe Hima SOULEY ; qu’en
reconnaissant à celui-ci cette qualité, lui ouvrant ainsi droit à un certain nombre de
prérogatives, le juge des référés a violé l’article 809 précité prenant ainsi une décision
n’ayant pas un caractère provisoire et fixant les droits d’une partie ; que sa décision
encourt donc cassation de ce chef ;

Sur le moyen relevé d’office tiré du non respect de la procédure de référé pour la
désignation du mandataire judiciaire

Attendu que l’article 516 de l’Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés
Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique invoqué par le Groupe « Hima
Souley » pour obtenir la désignation du mandataire judiciaire spécifie que cette
désignation ne peut intervenir que selon la procédure du bref délai et en cas
d’urgence ;

Attendu que le recours à ces notions de « bref délai »et « d’urgence » suffisent
amplement à démontrer que seule la voie de référé, procédure contradictoire, est
ouverte pour la désignation de ce mandataire ; que cette procédure contradictoire a
l’avantage d’une part de permettre au Président du Tribunal de s’assurer que toutes les
conditions posées par le texte sont réunies et d’autre part qu’il y a urgence nécessitant
son intervention ;

Mais attendu en l’espèce que le Président du Tribunal a statué par simple ordonnance
sur requête ; qu’en ne censurant pas une telle décision, l’arrêt de la Cour d’Appel a lui-
même violé la loi ; qu’il encourt cassation de ce chef ;
33

Attendu que l’irrégularité de la procédure de la désignation du mandataire entraîne la


nullité de toute procédure subséquente ainsi que de tous les actes posés ;

Attendu, et ce, sans qu’il soit besoin d’examiner les autres moyens du pourvoi, qu’il y
a lieu de casser et annuler l’arrêt n° 81 du 23 mai 2001 de la Cour d’Appel de
Niamey ;

Attendu que cette cassation ne laissant rien à juger, il y a lieu de dire qu’elle sera faite
sans renvoi, les parties demeurant à la situation antérieure à la désignation du
mandataire judiciaire ;

Attendu qu’il y a lieu de condamner le Groupe Hima SOULEY aux dépens ;

PAR CES MOTIFS

Vu les textes susvisés ;

Vu la loi n° 2000-10 du 14 août 2000 sur la Cour suprême ;

En la forme :
- Reçoit le pourvoi de SNAR-Leyma ;
- Rejette l’exception d’incompétence et de fin de non-recevoir ;

Au fond :
- Casse et annule l’arrêt n° 81 du 23 mai 2001 de la Cour d’Appel de
Niamey ;
- Dit qu’il n’y a pas lieu à renvoi, les parties demeurant à la situation
antérieure à la désignation du mandataire judiciaire ;
- Condamne le « Groupe Hima SOULEY » aux dépens ;
34

Ainsi, fait, jugé et prononcé publiquement par la Cour suprême, Chambre Judiciaire,
les jour, mois et an que dessus ;

Et ont signé le Président et le Greffier.

Vous aimerez peut-être aussi