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MODULE : LA PRATIQUE DES DIFFERENTES PROCEDURES

EN MATIERE CIVILE

Thème : L’organisation judiciaire, Les juridictions gracieuses, La saisine


des juridictions en matière civile
La procédure de référé, Les voies de recours

Ce module arrêté par le Conseil de l’Ordre est d’une extrême importance et


est au centre du droit processuel en matière civile.

Les parties qui entendent engager un procès ou saisir la justice pour


soumettre une prétention ou tout simplement défendre ses intérêts, se
doivent connaitre les organes chargés d’assurer le fonctionnement du service
public de la justice.

Une fois, ces organes connus, il faut pouvoir distinguer ceux qui sont des
juridictions civiles contentieuses et celles qui sont gracieuses, leur mode de
saisine, leur compétence et les voies de recours suite à un jugement que
vous contestez.

Après avoir connu les organes chargés d’assurer le fonctionnement de la


justice et faire la différence entre une juridiction civile contentieuse et une
juridiction gracieuse, il faut déterminer leur saisine.

Le référé qui est une procédure particulière de part sa saisine et son


instruction mérite qu’on s’y attarde dans la mesure où il existe un important
contentieux sur cette procédure qui n’est toujours pas maitrisée en général
par les parties et en particulier par certains praticiens.

Il a été fait dans l’exposé qui va suivre une place à l’organisation judiciaire
notamment en énumérant les différentes juridictions, en indiquant leur
composition, leur formation, leur compétence en matière civile et
commerciale.

Après cette énumération, j’indiquerai leur mode de saisine et les voies de


recours.

L’exposé qui va suivre n’est pas un cours magistral sur le droit processuel
mais un ensemble d’indications pratiques dont tout praticien doit pouvoir
maitriser pour initier les actions en justice.

 L’organisation judiciaire

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Au Cameroun, l’organisation judiciaire est régie par un ensemble de textes
législatifs et réglementaires qui fixent le fonctionnement et l’organisation des
juridictions.

Ces textes sont les suivants :

 Loi n°2006/015 du 29 Décembre 2006 portant organisation


judiciaire modifiée et complétée par la loi n°2011/027 du 14
décembre 2011 ;

 Loi n°2011/027 du 14 décembre 2011 modifiant et complétant


certaines dispositions de la loi n°2006/015 du 29 décembre 2006
portant organisation judiciaire ;

 Loi n°2006/016 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation du


fonctionnement de la Cour Suprême ;

 Loi n°2006/022 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation du


fonctionnement des Tribunaux Administratifs ;

 Loi n°2006/017 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation, les


attributions et le fonctionnement des Tribunaux Régionaux des
Comptes ;

 Loi n°2011/028 du 14 décembre 2011 portant création du


Tribunal Criminel Spécial, modifiée et complétée par la loi
n°2012/011 du 16 juillet 2012 ;

 Loi n°2012/011 du 16 juillet 2012 modifiant et complétant


certaines dispositions de la loi n°2011/028 du 14 Décembre 2011
portant création d’un Tribunal Criminel Spécial ;

 Décret n°2013/288 du 04 septembre 2013 fixant les modalités de


restitution du corps du délit ;

 Décret n°2013/131 du 03 Mai 2013 portant création,


organisation du corps spécialisé d’officiers de police judiciaire
du tribunal criminel spécial ;

 Loi n°2008/015 du 29 décembre 2008 portant organisation


judiciaire militaire et fixant des règles de procédure applicables
devant les tribunaux militaires ;

 Décret n°69-def-544 du 19 décembre 1969 fixant l’organisation


judiciaire et la procédure devant les juridictions traditionnelles
du Cameroun oriental modifié par le décret n°17/DF/607 du 3
décembre 1971 ;

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EN SUPPLEMENT

 Loi n°2009/004 du 04 avril 2009 portant organisation de


l’assistance judiciaire ;

 Loi n°2007/001 du 19 avril 2007 instituant le juge du


contentieux de l’exécution et fixant les conditions de l’exécution
au Cameroun des décisions judiciaires et actes publics étrangers
ainsi que des sentences arbitrales étrangères ;

 Loi n°92/008 du 14 aout 1992 fixant certaines dispositions


relatives à l’exécution des décisions de justice, modifiée par la
loi n°97-18 du 7 aout 1997

 Loi n°97-18 du 7 aout 1997 modifiant les articles 3 et 4 de la loi


n°92-8 du 14 aout 1992 fixant certaines dispositions relatives à
l’exécution des décisions de justice.

I- Le Tribunal de Première Instance

L’article 13 de la loi n°2006/015 du 29 décembre 2006 indique qu’il est


créé un Tribunal de Première Instance par Arrondissement.

Toute fois, pour les nécessités de services, le Tribunal peut être étendu à
plusieurs arrondissements par Décret du Président de la République.

1) L’article 14 du même texte indique que le Tribunal de Première


Instance comprend :

a) – 1 Président
– 1 un ou plusieurs Juges
1- un Greffier en Chef
1- des Greffiers

b) Un Procureur de la République
c) 1 ou plusieurs substituts
d) Un ou plusieurs Juges d’instruction

Article 14 alinéa (2)

Toute affaire soumise au Tribunal de Première Instance est jugée par un seul
Magistrat.

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Toutefois, le Tribunal peut siéger en formation collégiale sur ordonnance du
Président ou sur réquisitions du Ministère Public ou à la requête d’une
partie.

2) Formation du Tribunal de Première Instance

L’article 14 alinéa 4 nouveau a créé des chambres et une Assemblée


Générale.

 La chambre est le nom donné à la section d’un Tribunal.

a) Le Tribunal de Première Instance comprend :

- Une ou plusieurs chambres civiles


- Une ou plusieurs chambres commerciales
- Une chambre ou plusieurs chambres sociales
- Une ou plusieurs chambres correctionnelles et de simple police
- Une ou plusieurs chambres des mineurs

Le Président de la Cour d’Appel du ressort nomme après consultation parmi


les juges, par ordonnance le président des chambres pour chaque annexe
judiciaire.

Cette ordonnance est susceptible de modification avant la fin de l’année


judiciaire pour cause d’indisponibilité du Président de la chambre.

b) L’Assemblée Générale

Est composée de l’ensemble des Magistrats en poste au Tribunal ainsi que


du Greffier en Chef. Elle a des attributions consultatives et peut exercer des
attributions juridictionnelles.

A) Compétence du Tribunal de Première Instance en matière civile

1) En matière civile (nouveau) article 15 1 (b)

Les demandes de paiement des sommes d’argent dont le montant est


inférieur ou égal à 10.000.000 FCFA.

Des demandes de recouvrement par procédure simplifiée des créances civiles


d’un montant inférieur ou égal à 10.000.000 FCFA.

2) En matière commerciale

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- Des contestations relatives aux engagements et transactions entre
commerçants, entre établissements de crédit ou entre commerçants et
établissement de crédit.

- Des contestations entre associés pour raison d’une société de commerce


ou groupement d’intérêt économique.

 relatives

- Aux sociétés commerciales

- Aux actes et effets de commerce entre toute personne tel que prévu par
l’acte uniforme OHADA relative au droit commercial général

- Lorsque le taux évalué en argent de ces contestations est inférieur ou égal


à 10.000.000 FCFA.

C- compétence du Président du Tribunal de Première Instance

Article 15 alinéa 2

- Le Président du Tribunal est compétent pour statuer sur les procédures


en référé

- Rendre les ordonnances sur requête

- Le Président du Tribunal de Première Instance du lieu de l’exécution est


Juge de l’exécution des actes publics nationaux notamment des actes
notariés.

- Connaitre du contentieux de l’exécution des décisions du Tribunal de


Première Instance et d’autres titres exécutoires à l’exclusion de ceux
émanant des Tribunaux de Grande Instance, des Cours d’Appel et de la
Cour Suprême.

S’agissant de la compétence en matière du contentieux de l’exécution, la


CCJA dans un Arrêt rendu en Assemblée plénière affirmé « attendu qu’aux
termes des dispositions de l’article 10 du traité précité, les actes
uniformes OHADA sont directement applicables et obligatoires dans
les états parties nonobstant toute disposition contraire de droit
interne, antérieure ou postérieure ».

Qu’il ressort des termes de l’article 49 de l’Acte Uniforme précité que toute
contestation relative à une mesure d’exécution forcée relève que soit l’origine
du titre exécutoire en vertu duquel, elle est poursuivie de la compétence

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préalable du Président de la juridiction statuant en matière d’urgence et en
premier ressort ou du Magistrat délégué par lui »

CCJA
Arrêt n°109/2014 du 04 novembre 2014 Chanas Assurance SA
C/
AGF Cameroun SA devenue Allianz Assurances.

Par cet arrêt, nous constatons que la loi n°2007/001 du 19 Avril 2007
instituant le juge du contentieux a été remise en cause par la haute
juridiction.

Mais nous constatons que les réticences des Magistrats à suivre cette
jurisprudence.

II- Le Tribunal de Grande Instance

Le siège de ce Tribunal se trouve au Chef lieu de département.

Toute fois, suivant les nécessités de service, il ressort qu’un Tribunal de


Grande Instance peut être étendu à plusieurs départements.

Il peut tenir des audiences hors de son siège. Ce sont des audiences
foraines.

B) Composition du Tribunal

a) Au siège
- Un Président
- Un ou plusieurs Juges
- Un Greffier en Chef
- Des Greffiers

b) Instruction

- Un ou plusieurs Juges d’instruction


- Un ou plusieurs Greffiers

c) Parquet

- Un Procureur de la République
- Un ou plusieurs Substituts

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- Le Président du Tribunal de Première Instance du siège du Tribunal de
Grande instance peut, cumulativement avec ses fonctions être nommé
Président dudit Tribunal.
- Les Juges d’instruction du Tribunal de Grande Instance du siège d’un
Tribunal de Grande Instance peuvent aussi être juge d’instruction du
Tribunal de Grande Instance
- Les Juges également
- Les Greffiers également
- Toute affaire est Juge par un Magistrat.

Toutefois, le Tribunal peut siéger en collégialité sur ordonnance du Président


puis d’office ou sur réquisition du Ministère Public ou à la requête d’une
partie.

 La formation du Tribunal de Grande Instance est :

Les chambres et l’Assemblée Générale

Ils existent 04 chambres au lieu de 05 au Tribunal de Première Instance.

Les Présidents des chambres sont désignés comme il est indiqué au Tribunal
de Première Instance.

Les Assemblées Générales ont les mêmes fonctions que celles développées
devant les Tribunaux de Première Instance.

d) Compétence matérielle du Tribunal de Grande Instance

-En matière civile

- des actions et procédures relatives à l’état des personnes à l’état civil au


marge, du divorce à la filiation, à l’adoption et aux successions

- Des demandes de sommes d’argent supérieures à 10.000.000 FCFA,

- Des demandes de recouvrement par procédure simplifiée d’un montant


supérieur à 10.000.000 FCFA

-En matière commerciale

- Les procédures collectives d’apurement du passif

- Des créances commerciales certaines, liquides et exigibles quelque soit le


montant, lorsque l’engagement résulte d’un chèque, d’un billet à ordre ou
d’une lettre de change.

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- Des contestations relatives aux engagements et transactions entre
commerçants entre établissements de crédit ou entre commerçant et
établissement de crédit.

- Des contestations entre associés pour raison d’une société de commerce


ou d’un groupement d’intérêt économique relative aux sociétés
commerciales aux actes et effets de commerce tel que prévu par l’acte
OHADA relative au droit du Commerce Général.

- Lorsque le taux évalué en argent est supérieur à 10.000.000 FCFA.

e) Le Tribunal est aussi compétent pour connaitre l’action en


réparation du dommage causé par l’infraction.

f) Le Tribunal de Grande Instance

La commission instituée auprès du Tribunal de Grande Instance est


compétente pour accorder l’assistance judiciaire en ce qui concerne les
instances à porter ou en cour audit tribunal.

Article 16 cette juridiction est créée dans chaque département

Toute fois, pour les nécessités de service, le tribunal peut être étendu à
plusieurs départements

g) En matière non Administrative

Toute requête tendant à obtenir l’accomplissement par toute personne ou


autorité d’accomplir un acte pour lequel, elle est légalement.

Des requêtes tendant à obtenir l’accomplissement par toute personne ou


autorité d’un acte qu’elle est tenue d’accomplir en vertu de la loi.

h) Compétence du Président du Tribunal

- Connaitre du contentieux de l’exécution des décisions des Tribunaux de


Grande Instance

- Des requêtes en habeas corpus formées par une personne arrêtée ou


détenue ou en son nom par toute autre personne (fondée) sur l’illégalité
d’une arrestation ou d’une détention.

III- La Cour d’Appel

Le siège comprend :

- Le Président

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- 1ou plusieurs Vice Présidents
- Un ou plusieurs Conseillers
- Un Greffier en Chef
- Des Greffiers
-
i) Le Parquet

- Un Procureur Général
- Un ou plusieurs Avocats Généraux
- Un ou plusieurs Substituts du Procureur Général
- Un ou plusieurs attachés
- Les chambres
- L’Assemblée Générale

La Cour d’Appel comprend les chambres suivantes :

- Un ou plusieurs chambres des référés


- Un ou plusieurs chambres du contentieux de l’exécution
- Un ou plusieurs chambres civiles
- Un ou plusieurs chambres commerciales
- Un ou plusieurs chambres sociales
- Un ou plusieurs chambres de droit traditionnel
- Un ou plusieurs chambres annuelles
- Un ou plusieurs chambres correctionnelles et de simple police
- Un ou plusieurs chambres d’autorité de l’instruction

L’Assemblée Générale comprend l’ensemble des Magistrats en poste à la


Cour d’Appel ainsi que le Greffier en Chef.

L’Assemblée Générale a des compétences juridictionnelles et des attributions


consultatives

j) En matière de compétence juridictionnelle,

L’Assemblée Générale délibère après conclusions ou réquisitions du


Ministère Public.

k) En matière d’attribution consultative

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Les Magistrats du Ministère Public participent à la délibération et au vote

Toute affaire relevant de la Cour d’Appel est jugé par 03 Magistrats du siège
de ladite Cour sauf en cas d’Appel d’une décision du Tribunal militaire ou
l’un des 03 Magistrats visé est remplacé par un Magistrat militaire ou un
Officier des forces armées.

Cet officier avant de siéger doit prêter serment devant ladite Cour.

l) Compétence de la Cour d’Appel

1) Des appels interjetés à l’encontre des décisions rendues en matière


civile et commerciale par les juridictions autres que la Cour Suprême
et la Cour d’Appel elle-même.

2) De tous autres cas prévus par la loi.

Les chambres de la Cour d’Appel sont respectivement compétentes pour


connaitre des décisions rendues par les chambres correspondantes des
tribunaux de première et grande instance.

La Cour d’Appel est compétente pour statuer sur les requêtes aux fins de
défense à exécution.

- Le Président de la Cour d’Appel est compétent pour connaitre en dernier


ressort du contentieux de l’exécution des décisions des Cours d’Appel
- Il est aussi compétent en matière de défenses à exécution provisoire

IV- La Cour Suprême

- Loi n°2006/16 du 29 décembre 2006 portant organisation et le


fonctionnement de la Cour Suprême.

- La cour suprême est la plus haute juridiction.

1) En matière judiciaire administrative et comptes,

Son ressort s’étend sur tout l’ensemble du territoire national

2) composition de la Cour

Au siège

D’un premier Président

Les Présidents de chambres

Des Conseillers

De Conseillers Maitres

De Conseiller référendum
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Du Greffier en Chef de la Cour

Des Greffiers en Chef des Chambre

Des Greffiers

3) Au Parquet

Un Procureur Général

D’un Premier Avocat Général

Les Avocats Généraux

4) La Cour Suprême comprend

- Une chambre judiciaire


- Une chambre administrative
- Une chambre de compte
- Une formation des chambres réunies
- Une Assemblée Générale
- Un bureau
- Un Secrétariat Général
- Un Greffe
- Chaque chambre comprend des sections

Confère : la loi n°2006/016 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation et le


fonctionnement de la Cour Suprême

5) De la compétence de la Cour Suprême

La compétence de la Cour Suprême nous renvoi au cas d’ouverture à Pourvoi

Le Président de la Cour Suprême est compétent pour statuer sur les requêtes
aux fins de sursis à exécution.

L’article 35 de la loi susvisée a énuméré 09 cas d’ouverture

Voir la loi

Décret n°69/07/544 du 19 décembre 1969 fixant l’organisation judiciaire et


la procédure devant les juridictions traditionnelles du Cameroun Oriental
modifié par le Décret n°71/DF/607 du 03 décembre 1971.

a) L’incompétence
b) La dénaturation des faits de la cause ou des pièces de la procédure
c) Le défaut, la contradiction ou l’insuffisance de motifs

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d) Le vice de forme

- Sous réserve des dispositions de l’article 470 (1) du code de procédure


pénale, lorsque la décision attaquée n’a pas été rendue par le nombre de
juges prescrit par la loi ou l’a été rendue par des juges qui n’ont siégé à
toutes les audiences ;

- Lorsque la parole n’a pas été donnée au Ministère Public ou que celui-ci
n’a pas représenté ;

- Lorsque la règle relative à la publicité de l’audience, sous réserve des


exceptions prévues par la loi, n’a pas été observée.

e) La violation de la loi

f) La non réponse aux conclusions des parties ou aux réquisitions du


Ministère Public,

g) Le détournement de pouvoir ;

h) La violation d’un principe général de droit ;

i) Le non respect de la jurisprudence de la Cour Suprême ayant statué


en Sections Réunies d’une Chambre ou en Chambres Réunies.

3) Ces moyens peuvent être soulevés d’office par la Cour Suprême

Le Président de la Cour Suprême est compétent pour connaitre du contentieux


de l’exécution des Arrêts de la Cour Suprême.

V- La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage

L’article 14 du traité

La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage assure dans les Etats parties,


l’interprétation et l’application commune du présent traité, des règlements
pris pour son application de l’article 13 ci-dessus.

La Cour peut être consultée par tout Etat partie ou par le Conseil des
Ministres sur toute question entrant dans l’aliéna précédent.

Les juridictions nationales peuvent solliciter l’avis de la Cour sur les


questions matières relatives à l’acte OHADA.

12
Avis Cour Suprême du Congo 01 octobre 199, Penant 2002, P, 171

En cas de cassation, elle évoque et statue sur le fond, elle est saisie par la
voie de recours en cassation.

La Cour se prononce sur les décisions rendues par les juridictions d’Appel
des Etats parties dans toutes les affaires soulevant des questions relatives à
l’application des actes uniformes et des règlements prévus du présent traité.

Elle se prononce sur les décisions non susceptibles d’appel rendues par
toute juridiction des Etats parties dans le même contentieux.

VI- Les juridictions traditionnelles du Cameroun Oriental sont les


tribunaux de premier Degré et les Tribunaux Coutumiers

- Les Tribunaux coutumiers

1) Compétence des juridictions traditionnelles

2) Les Tribunaux de Premier Degré

Connaissent des procédures relatives à l’état des personnes, à l’état civil,


au mariage, au divorce, à la filiation, aux successions et droits réels
immobiliers.

3) Les Tribunaux Coutumiers

Connaissent des différends d’ordre patrimonial et notamment des demandes


en recouvrement des créances civiles et commerciales, des demandes en
réparation de dommages intérêts matériels et corporels et des litiges relatifs
aux contrats.

VII- les juridictions gracieuses

Dans le droit positif camerounais, et selon la loi 2006 portant organisation


judiciaire, il existe 02 juridictions gracieuses.

- Le président du Tribunal de Première Instance


- Le Président du Tribunal de Grande Instance

Ce sont les attributions conférées par la loi aux Tribunaux ou à leur


Président leur donnant de statuer de manière gracieuse c'est-à-dire sans la
présence de l’autre partie.

Le Président sur la base des pièces qui lui ont été soumises contrôle de la
légalité de l’acte et rend une ordonnance.

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La saisie de ces juridictions se fait par requête accompagnée des pièces.

En principe, le Président de la juridiction rend une ordonnance

Dans la pratique, le projet est préparé par le demandeur à la mesure


gracieuse.

Ce projet d’ordonnance est au bas d’une requête rédigée par le demandeur à


la mesure.

VIII- La saisine des juridictions en matière civile

La saisine est une action de porter devant un organe sur une question sur
laquelle, celui-ci est appelé à statuer.

Au Cameroun, selon le code de procédure civile en son article 8, les


instances en matière civile et commerciale sont introduites par assignation
sous réserves des articles 18 et suivants du même code.

L’article 18 du texte indiqué supra stipule que les parties peuvent se


présenter volontairement devant le Juge pour y être jugé.

Par contre, l’article 19 du même texte indique que les parties peuvent saisir
en toute la juridiction compétente par requête et plaider par mémoire.

En résumé, nous constatons que la saisine des tribunaux en matière civile


se fait par assignation ou par requête introductive d’instance voir en ce sens
les articles 18, 19, 20, 21,22 du code de procédure civile et commerciale.

En matière de référé, la juridiction est saisie par une assignation


accompagnée d’une ordonnance du Président lorsque le cas requiert
célérité article 182 du code de procédure civile

En cas d’appel, la Cour d’Appel est saisie par une requête ainsi que l’indique
les articles 189 et suivants du code de procédure civile et commerciale.

 En Appel

La Cour d’Appel est saisie par requête suite au jugement rendu par les
Tribunaux de Première et Grande Instance.

 En matière de droit traditionnel

La Cour d’Appel est saisie par déclaration orale ou écrite

Article 31

IX- Les juridictions gracieuses

14
Sont saisies d’une requête au bas de laquelle se trouve un projet
d’ordonnance

X- Devant les juridictions traditionnelles

Le demandeur introduit l’instance par une requête orale ou écrite présentée


au Président de la juridiction compétente.

Si la requête est orale, le Président assisté d’une Secrétaire en établit un


procès verbal qui est consigné sur un registre.

Article 14 du Décret 1969

4) Cour Suprême

Après avoir formé pourvoi conformément à l’article 43 et suivants de la loi


n°2006/016 du 29 décembre 2006 fixant l’organisation et le fonctionnement
de la Cour Suprême, la haute juridiction est saisie par un mémoire ampliatif
qui est timbré par feuillet, doit articulé et développer les moyens de droit
invoqués à l’appui du pourvoi.

Article 52, 53,54

Le pourvoi en matière civile n’est pas suspensif. C.S Arrêt n°9 du 11


décembre. 1962 Bull n°7 P 391.

La saisine du Président de la Cour Suprême en matière de sursis à exécution


se fait par requête au Président de ladite Cour.

5) La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage

La Cour est saisie d’une requête par le demandeur au Pourvoi

Article 27,28 et suivants du Règlement de Procédure de la Cour Commune


de Justice et d’Arbitrage

Le recours est présenté au Greffe dans les 02 mois de la signification de la


décision attaquée par l’Avocat du requérant dans les conditions de l’article
23 du règlement.

15
XI- La procédure de référé

Elle est régie par les articles 182, 183, 184, 185, 186 et 187 du code de
procédure civile et commerciale.

I- Cas et conditions de référé

Au terme de l’article 182 du code de procédure civile et commercial, dans


tous les cas d’urgence, Monsieur le Président de Première Instance au
Cameroun peut ordonner en référé toutes les mesures qui ne se heurtent à
aucune contestation sérieuse ou qui justifie l’existence d’un différend.

Le Président peut toujours même en présence d’une contestation sérieuse


prescrire en référé les mesures conservatoires qui s’imposent soit pour
prévenir en dommage imminent, soit pour faire cesser un trouble
manifestement illicite.

A- Référé en cas d’urgence

La contestation semble éliminer toute possibilité d’intervention du Juge des


référés, c’est le principe formulé par les textes et la jurisprudence.

1) Urgence

Le Juge des référés saisi doit au préalable et d’office vérifier l’existence de


l’urgence.

L’existence de l’urgence est souverainement appréciée par le Juge.

Elle peut résulter de la seule mention vu l’urgence

CASS 2e CIV 27 Novembre 1957

Bull CIV II n°706

L’urgence est une question de fait appréciée souverainement et s’il y’a


urgence et à cet égard la déclaration du Juge suffit

CSCO Arrêt n°18 du 12 Novembre 1959, Bull n°19, P 2331

CSCO Arrêt n°10 du 27 Octobre 1970, Bull n°23 P2834

 Exemples des cas d’urgence

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Il a été ainsi jugé à titre d’exemple, et qu’il y’a urgence

- Lorsque les désordres affectant un immeuble sont susceptibles de blesser


les passants

TGI Paris 28 Octobre 1974 GAZ PAL 1975 ; 78

- Lorsque la poursuite des travaux jusqu’à leur terme causerait à une


partie un préjudice irréparable

CASS 3e CIV 20 octobre 1976, JCPG 1976 IV 362

- Lorsque l’interruption des livraisons de marchandises entre un


fournisseur et un client causerait à ce dernier un préjudice
incommensurable

CA COLIMAR, 18 Octobre 1972 D. 197, 1 P406 note Cabrillac et Senbe

- Lorsqu’un occupant sans droit ni titre se maintient dans un local


d’habitation sans au propriétaire la moindre indemnité

CASS, 2e CIV 10 décembre 1958, Bull, CIV II n°832

4) Absence d’urgence

Il a été jugé en revanche qu’il n y ’avait pas urgence

- Lorsqu’une personnalité sollicitant la saisie d’une publication pour


violation de sa vie privée avait toléré ou provoqué de semblables atteintes.

CA Paris 15 Novembre 1966 D 1967

P, 18/note M/ min

- Lorsqu’un propriétaire sollicitant l’expulsion d’un locataire ayant reçu


congé, ne démontre pas l’intérêt imminent que présente pour lui la
libération d’un local dont il n’est nullement prétendu que les loyers
restent impayés.

CA Paris, 9 janvier, 1965 JCPG II 14117 note RD

5) Absence de contestation sérieuse


-

L’urgence ne suffit pas pour justifier l’intervention du Juge des référés.

Celui-ci ne peut exercer les pourvois qui lui sont dévolus que si la mesure
sollicitée ne se heurte à aucune contestation sérieuse.

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La précision doit être bien comprise, l’existence d’une contestation même
sérieuse n’est pas automatiquement un obstacle à l’intervention du Juge des
référé, on verra que c’est parfois une condition de sa saisine.

XII- Les voies de recours en matière civile

La voie de recours est un moyen juridictionnel tendant à la reformation, la


rétractation ou la cassation d’une décision de justice.

Il existe des voies de recours ordinaires et les voies de recours


extraordinaires

- Les voies de recours ordinaire

L’opposition

Elle est prévue aux articles 62 et suivants du code de procédure civile et


commerciale

L’opposition est faite pour les jugements rendus par défaut par contre les
ordonnances de référés ne sont pas susceptibles d’opposition.

Article 185 alinéa 2

L’opposition n’est recevable qu’après quinzaine à compter du jour de la


signification à personne.

A ce délai, s’ajoute celui déterminé aux articles 14 et 15.

1) Devant les juridictions traditionnelles

Les jugements rendus par défaut doivent être frappés d’opposition de 15


jours à compter de la notification du jugement si celle-ci a été faite en
personne.

D’un mois à compter de la notification, si celle-ci a été dans l’une des autres
formes prévues à l’article 37 ci-dessus (au domicile, remis à un parent).

2) L’Appel

En matière civile, l’appel est fait dans un délai de 03 mois à compter de la


notification, sous réserves des délais plus court particuliers comme le
divorce.

En matière de référé, la voie de recours est l’appel qui est fait dans les 15
jours à compter de la notification.

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Mais lorsque l’ordonnance est exécutoire sur minute, la partie qui a
succombé peut faire appel indépendamment du fait qu’il soit notifié pour
éviter l’exécution de la décision.

 La tierce opposition

Article 217

On peut former tierce opposition à un jugement qui préjudicie à ses droits et


lors duquel ni elle ni ceux qu’elle représente n’ont été appelés.

La tierce opposition est une voie de rétractation par laquelle la décision qui
en fait l’objet est mise à néant tandis que la juridiction qui a rendu ladite
décision se trouve à nouveau saisie de l’action initiale.

C S Arrêt n°55/CC du 29 février 1996

Les décisions de justice ne s’imposent qu’à ceux qui y ont pas été partie et
sont sans effet à l’égard de ceux qui n’y ont pas été appelés

CS CO Arrêt n°73/L du 28 janvier 1969 Bull n°17 P 2393

La partie qui n’a jamais figuré dans la précédente procédure d’appel qu’à
titre d’intimée et n’a relevé ni appel principal ni appel incident du jugement
confirmé par arrêt de la Cour est irrecevable à former pourvoi contre cet
arrêt.

CS CO n°80/L du 25 février 1969 Bull n°17 P 2397

- Les personnes qui ne figurent pas au procès qui a abouti à un jugement


ne peuvent si elles le jugent à propos, attaquer celui-ci que par la voie de
la tierce opposition et non par celle de l’appel

CA Arrêt n°274 septembre 1961 Bull n°183

 La requête civile

Elle est prévue aux articles 223 et suivants

Les jugements contradictoires rendus en dernier ressort par les justices de


paix à compétence étendue, les Tribunaux de Première Instance et d’appel et
les jugements par défaut rendus aussi bien dernier ressort, et qui ne sont
pas susceptibles d’opposition, pourront être rétractés sur la requête de ceux
qui y auront été parties ou dûment appelés pour les causes prévus aux
alinéas 1, 2, 3, 4,5,6,7,8,9,10 de l’article 223

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La requête civile et le recours en révision sont les seules voies de recours
contre les décisions devenues définitives.

CS CO Arrêt n°130/P du 29 février 1972 Bull n°26 P 3372

CONCLUSION

La maitrise de la procédure civile et certaines procédures particulières par


les praticiens de droit que nous sommes est recommandée et un gage pour
initier les procédures idoines pour le compte de nos mandants.

Un procédurier comme nous l’avons l’habitude de l’appeler est réputé et


craint non seulement par les Magistrats mais aussi par les confrères.

Je souhaite que vous soyez les Avocats craints et réputés parce que vous
maitrisez le droit processuel.

Patrice UM

Avocat au Barreau du Cameroun

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