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ORGANISATION ET COMPETENCE
JUDICIAIRES, OBJET DU DROIT
JUDICIAIRE CONGOLAIS

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INTRODUCTION

1. Définition du droit judiciaire

Le droit judiciaire peut être défini comme étant « une branche du


droit traitant des règles relatives à l’organisation et à la compétence des
juridictions judiciaires c'est-à-dire des juridictions civiles et pénales.

2. Utilité sociale du Droit Judiciaire

L’ordre social est-il troublé par une infraction qui est


commise ? Il faut punir le coupable ; mais pour aboutir à la sanction, à la peine
légale, il faut connaître la procédure à suivre. De même, le titulaire d’un droit
subjectif qui se trouve lésé dans son droit et qui veut obtenir la réparation du
préjudice subi doit savoir comment procéder pour aboutir à la réparation.

Nous pouvons donc dire que le droit judiciaire est la voie


nécessaire et obligatoire par laquelle doit passer celui qui veut obtenir justice.
Sans l’existence du droit judiciaire, la justice ne peut être rendue, à moins
évidemment d’admettre le système archaïque et anarchique du recours à la
vengeance privée. Bref, le droit judiciaire est socialement utile parce que :

a) Il met fin à l’insécurité, aux violences et aux désordres qu’engendre le


droit de se faire justice à soi-même ;
b) Par son existence, il paralyse à l’avance la résistance, la fraude ou la
mauvaise foi ; en effet, c’est parce qu’il pourra être poursuivi en justice,
que le malfaiteur sera parfois contraint soit de cesser son comportement
infractionnel soit d’exécuter un engagement contractuel non rempli.

3. Subdivision du Droit Judiciaire

Généralement il est admis que le Droit Judiciaire se subdivise


en deux branches :

- La procédure pénale : qui étudie l’ensemble des règles sur la recherche


des infractions, la poursuite et la condamnation du délinquant ;
- La procédure civile : qui étudie l’ensemble des règles permettant à un
titulaire de droit lésé, d’obtenir soit le rétablissement en son droit soit la
réparation du préjudice que lui cause la dépossession de son droit.

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En plus de ces deux grandes branches du droit judiciaire, il


faut encore distinguer l’organisation et la compétence judiciaires qui sont l’objet
du présent cours.
Il sied de préciser que : le « Cours d’Organisation et de
Compétence Judiciaires » peut s’intituler aussi « cours de droit judiciaire
congolais » et cela pour deux raisons : la première est que l’organisation et la
compétence judiciaires constituent l’objet du droit judiciaire et la deuxième
raison est que le droit judiciaire désigne l’ensemble des règles suivant lesquelles
les organes juridictionnels sont constitués et exercent leurs pouvoirs.

Strictement parlant, le droit judiciaire régit donc :

1. L’institution et le fonctionnement des cours et tribunaux ;


2. La compétence c'est-à-dire la répartition du pouvoir juridictionnel entre
les cours et tribunaux ;
3. La procédure ou les modalités suivant lesquelles les causes sont
introduites, instruites et jugées, tant en matières pénales, civiles,
administratives, etc. ;
4. Les voies de recours c'est-à-dire les moyens mis à la disposition des
parties pour leur permettre d’obtenir un nouvel examen des procès ou
de faire valoir les irrégularités observées dans le déroulement de la
procédure (1) ;
5. Les voies d’exécutions qui sont les modalités suivant lesquelles les
pouvoirs publics peuvent, éventuellement imposer par la force, les
décisions juridictionnelles ;
6. L’organisation et le fonctionnement du ministère public c'est-à-dire les
différents parquets près les cours et tribunaux ;
7. L’organisation et le fonctionnement des greffes qui sont des officiers
ministériels garantissant l’authenticité et la conservation des actes des
juridictions ;
8. Enfin l’organisation et le fonctionnement de la police judiciaire chargée
de renseigner le parquet en vue de l’accomplissement de sa mission ;
l’organisation et le fonctionnement de l’huissariat, chargé de
l’exécution, avec toutes les garanties de la légalité, des actes des parties,
du greffier, des juges et des cours et tribunaux.

(1)
On distingue parmi les voies de recours ordinaires (opposition et appel), les voies de recours extraordinaires
(tierce opposition, pourvoi en cassation, pourvoi en révision) ; les voies de rétractation (opposition, pourvoi en
révision) et les voies de réformation (Appel).

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4. Les sources du droit judiciaire(1)

Les différentes sources du droit judiciaire sont les suivantes :

a. La constitution du 18 Février 2006

La constitution contient un certain nombre des dispositions


qui relèvent du droit judicaire. A titre d’illustration, nous citerons les
dispositions ci-après : la garantie de l’indépendance du pouvoir judiciaire : cette
indépendance est affirmée par rapport au pouvoir législatif et par rapport au
pouvoir exécutif (Article 149 alinéa 1 de la constitution du 18 février 2006).

La constitution du 18 février 2006 garantit la publicité des


audiences judiciaires en son article 20 ;

- la garantie du droit de la défense en son article 19 In fine;


- l’obligation de motiver tout jugement en son article 21 alinéa 1;
- le prononcé de tout jugement en audience publique en son article 20
alinéas 1;
- la présomption d’innocence dont bénéficie toute personne accusée d’une
infraction, jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie par un jugement
définitif en son article 17 In fine;
- l’éclatement et l’attribution des compétences classiques de la cour
suprême de justice à trois nouvelles hautes juridictions, à savoir :

1. La Cour Constitutionnelle qui, en plus des compétences


répressives lui dévolue à l’égard du Président de la République et
du Premier Ministre, connaîtra entre autres des pourvois en
appréciation de la constitutionalité des lois, des recours en
annulation des actes et décisions des autorités centrales de la
République, des contestations nées des élections et du
référendum ;
2. La Cour de Cassation qui connaîtra des pourvois en cassation
dirigés contre les décisions judiciaires rendues par les cours et
tribunaux de l’ordre judiciaire, jugera en premier et dernier
ressort les bénéficiaires traditionnels des privilèges de juridictions
de la section judiciaire de la cour suprême de justice mis à part le
Président de la République et le premier ministre et qui sont le
Gouverneurs des provinces, les membres du gouvernement, les
Haut magistrats des cours ;
(1)
Lire à ce sujet, RUBBENS (A), Le droit judiciaire congolais, Tome I, Le pouvoir, l’organisation et la
compétence judiciaire, Kinshasa -Université Lovanium - Bruxelles, Maison Ferdinand, Larcier , 1970 .

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3. Le conseil d’Etat qui connaîtra des recours en annulation des


décisions des autorités administratives centrales de la République.

b. Les traités internationaux

Selon l’article 215 de la constitution du 18/02/2006, les


traités et accords internationaux régulièrement ratifiés ont une autorité
supérieure à celle des lois, à condition qu’ils soient également appliqués par
l’autre partie. Ainsi par exemple les traités conclus en matière d’extradition et
d’exécution des commissions rogatoires, d’arbitrage et d’exécution des
jugements et actes, peuvent avoir une incidence sur l’administration de la justice
congolaise.

c. La loi

La constitution du 18 février 2006 en son article 149 donne à


la loi le pouvoir d’instituer les cours et tribunaux, de fixer leur compétence et les
règles de procédure. C’est ainsi que nous avons le code d’organisation et de
compétence judiciaires institué par l’ordonnance loi N° 82/017 du 31 mars 1982,
le code de procédure pénale institué par le décret du 09 Août 1959, le code de
procédure civile, institué par le décret du 7 mars 1960.

Il faut citer aussi le code de procédure devant la cour suprême


de justice, qui a été institué par l’ordonnance – loi N° 82/017 du 31 mars 1982.
Il y a bien sûr beaucoup d’autres textes de lois qui contiennent des dispositions
relevant du droit judiciaire.

d. Le pouvoir réglementaire du Président de la République

La constitution du 18 février 2006 et le code de procédure


devant la cour suprême de justice attribuent au Président de la République
certaines compétences en matière judiciaire. Le président de la République
exerce ces compétences par voie d’ordonnance selon l’article 79 alinéas 3 de la
constitution du 18 février 2006. A titre d’illustration, nous pouvons citer les
compétences suivantes :

a) l’autorisation de poursuites judiciaires ou la mise en accusation de


certains justiciables de la cour suprême de justice (Article 114 du
code de procédure devant la cour suprême de justice) ;
b) le pouvoir de remettre, de commuer ou de réduire les peines
prononcées par les cours et tribunaux et ce, sur proposition du
gouvernement, le conseil supérieur de la magistrature entendu ;

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c) Le pouvoir de suspendre et les juridictions et les substituer par des


juridictions militaires sur tout ou partie du territoire national et pour
la durée et les infractions qu’il détermine aux termes de article 87 in
fine de la constitution du 18 février 2006 pendant l’état de guerre,
l’état de siège or l’état d’urgence.

e. Le pouvoir réglementaire du Ministère de la Justice

La loi reconnaît au ministère de la justice le pouvoir


réglementaire en matière judiciaire notamment :

a) le pouvoir d’accorder, par arrêté ministériel la libération


conditionnelle (Article 96 de l’ordonnance N° 344 du 17 septembre
1965 portant régime pénitentiaire et libération conditionnelle) ;
b) la nomination des juges assesseurs des tribunaux de paix (Article 25
du code de l’organisation et de compétence judiciaires) ;
c) la nomination des magistrats inspecteurs prés les tribunaux de paix
(Article 30 du code de l’organisation et de compétence judiciaire).

Aux termes de l’article 150 de la constitution du 18 février


2006 le ministre de la justice perd son pouvoir classique de muter tout magistrat
pour des raisons de service ou à la demande de l’intéressé.

f. Le pouvoir réglementaire des Présidents des Juridictions

a) Le président de la cour suprême de justice réglemente par voie


d’ordonnance le service intérieur de la cour suprême de justice
(Article 64 alinéas 1 du code de l’organisation et de compétence
judiciaires) ;
b) Le premier président de la cour d’appel réglemente par voie
d’ordonnance, le service intérieur de la cour d’appel et des
tribunaux de son ressort ainsi que le service des greffes et la tenue
des registres (Article 64 alinéas 2 et 3 du code de l’organisation et de
compétence judiciaires).

g. La coutume

a) Les contestations peuvent être tranchées par les tribunaux de paix


suivant la coutume ; en ce cas, les cours et tribunaux appliquent la
coutume pour autant que celle-ci soit conforme aux lois, à l’ordre
public et aux bonnes mœurs (Article 153 alinéas 4 de la constitution
du 18 février 2006, Article 116 du code de l’organisation et
compétence judiciaires) ;

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b) Les articlse 17 et 77 du code de procédure pénale permettent


respectivement à l’officier du Ministère public et au juge d’imposer
au témoin une forme de serment dont l’emploi, d’après les coutumes
locales, paraît le plus propre à garantir la sincérité de la déposition.

h. Les usages

Il nous faut distinguer deux catégories d’usages :

a) Il y a d’abord les usages locaux qui sont légalement prévus par le code
de l’organisation et compétence judiciaires à l’article 108 qui dispose
que: les juges qui allouent des dommages-intérêts d’office peuvent
fonder leur jugement sur la loi, la coutume ou les usages locaux ; il
s’agit en ce cas des règles nouvelles nées du commerce social dans un
milieu déterminé ; ils ne se rattachent cependant pas à la coutume ;
b) Il y a les usages qui sont des pratiques judiciaires ayant acquis force du
droit, complémentaires ou dérogatoires à la loi. ces usages peuvent être
une explication des textes trop rigides ; mais il y a en a qui sont « supra
legem » c'est-à-dire qui va au delà de la pensée du législateur ; ils
peuvent aussi être « contra legem », en ce cas, ils constituent une
véritable rébellion contre la loi (1).

i. Les principes généraux du droit

Les principes généraux sont des principes directeurs qui


servent de guide voire même de source du droit en cas de silence de la loi.

Le siège légal des principes généraux du droit est l’article 1


de l’ordonnance de l’administrateur général du Congo du 14 mai 1886
approuvée par le décret du 12 novembre 1886. Cet article dispose que: « Quant
la matière n’est pas prévue par un décret, un arrêté ou une ordonnance déjà
promulguée, les contestations qui sont, de la compétence des tribunaux du
Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes généraux du
droit et l’équité ».
Cette disposition demeure d’application aujourd’hui. A
l’époque coloniale, il s’était établi une opinion selon laquelle, par principes
généraux du droit, il fallait entendre « principes généraux du droit belge », cette
interprétation n’est plus de mise depuis l’indépendance de la RDC.

Le code d’organisation et de compétence judiciaires du 31


mars 1982 permet le recours aux principes généraux du droit lorsqu’il s’agit de

(1)
RUBBENS (A), Op. Cit., p.47

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trancher une contestation qui doit se baser sur la coutume. En effet, l’article 116
de ce code dispose que si une contestation doit être tranchée suivant la coutume,
les cours et tribunaux appliquent celle-ci pour autant qu’elle soit conforme aux
lois et à l’ordre public ; en cas d’absence de la coutume ou lorsque la coutume
n’est pas conforme aux lois et à l’ordre public, les cours et tribunaux s’inspirent
des principes généraux du droit.

Souvent, les principes généraux du droit sont contenus dans


les adages. Exemples de quelques principes généraux du droit :

- le pénal tient le civil en état ;


- in dubio pro reo (le doute doit profiter au prévenu) ;
- nul n’est sensé ignorer la loi ;
- electa una via, non datur recursus ad alterram ;
- actori incumbit probatio ;
- le droit de la défense, etc.

j. L’équité

L’ordonnance de l’Administrateur Général du Congo du 14


mai 1886 permet également aux cours et tribunaux, en cas de silence de la loi de
recourir à l’équité. C'est-à-dire au sens personnel de la justice et de l’ordre
social ; l’on peut définir l’équité comme le sens humain de la pondération et de
la conscience sociale du juge (1).

k. La jurisprudence

L’on peut définir la jurisprudence comme un ensemble de


décisions suffisamment concordantes rendues par les juridictions sur une
question (2).

La jurisprudence peut revêtir plusieurs épithètes (3):

- elle est constante lorsqu’elle acquiert une certaine permanence par le fait
conjugué de la répétition et de la confirmation par les juridictions
supérieures (cours d’appel et cour suprême de justice) ;
- elle est constante et définitive lorsque la cour suprême de justice agissant
en matière de cassation est intervenue pour départager des jurisprudences
diverses ;
- l’on parle aussi de jurisprudence « ancienne » en raison de sa vétusté ;

(1)
LAMY (E), Le droit privé Zaïrois, Kinshasa, 1975, p. 118, N° 71
(2)
GUILLIEN (R) et VINCINT (J), Lexique de termes juridiques, 6éme édition, Dalloz, Paris, 1985, p. 246
(3)
LAMY (E), Op. Cit., p. 124

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- la jurisprudence est dite récente, lorsqu’elle est encore nouvelle;


- l’on parle également de jurisprudence isolée, lorsqu’elle va dans le sens
contraire de la jurisprudence habituelle;
- l’on dit aussi que la jurisprudence est partagée, incertaine ou flottante
lorsque les tribunaux tranchent différemment une question de droit ;

Il y a lieu de noter qu’un seul arrêt de cassation peut fixer


d’une manière constante et définitive la jurisprudence surtout lorsqu’il s’agit
d’un arrêt de principe.

La jurisprudence peut être source de droit judiciaire à la


condition qu’elle soit constante : car en ce cas elle fait partie du droit et l’on ne
peut pas s’en écarter sans mettre en cause la sécurité juridique qui est un facteur
du maintien de l’ordre et de la paix sociale.

Notons que la jurisprudence permet d’admettre en droit les


pratiques judiciaires, les principes généraux du droit et l’équité.

l. La doctrine

Le rôle de la doctrine est primordial. La doctrine anime


considérablement le progrès et l’évolution du droit par ses analyses, ses
recherches et ses critiques ; elle stimule le législateur à améliorer des textes
incomplets ou obscurs et elle informe le juge sur l’évolution de la jurisprudence.
Bref, la doctrine peut créer une école, une orientation nouvelle (1).

5. L’interprétation des lois procédure

Nous utilisons l’expression lois de procédure dans un sens


large qui englobe les règles d’organisation, de compétence et de procédure
judiciaires.

Le droit judiciaire est soumis à une stricte interprétation, les


juges ne peuvent se permettre de se livrer à une interprétation analogique ou à
une large interprétation des textes de lois organisant le droit judiciaire.
Toutefois, les règles de procédure pénale peuvent faire l’objet d’interprétation
extensive en faveur du justiciable (2).

(1)
LAMY (E), Op. Cit., p. 131, N° 81
(2)
RUBBENS (A), Le droit judiciaire Congolais. Tome III, l’instruction criminelle et la procédure pénale,
Bruxelles – Kinshasa, 1965, N° 8, p. 36

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En aucun cas, le silence de la loi ne peut servir de prétexte pour ne


pas dire le droit, ce serait s’exposer à un déni de justice, car nous avons déjà vu
qu’en cas de silence de la loi, les juges recourent à la coutume, aux principes
généraux du droit ou à l’équité.

6. L’application des lois de la procédure

a. L’application dans le temps

Les règles de procédure sont d’application immédiate en ce


sens qu’elles s’appliquent immédiatement au procès déjà engagé. Prenons un
exemple : un tribunal devant lequel une affaire est pendante, devra se dessaisir si
un texte nouveau lui retire compétence, sauf si le tribunal a déjà rendu, à
l’occasion d’un incident, une décision qui intéresse le fond de l’affaire (1).

b. L’application dans l’espace

Le droit judiciaire régissant le fonctionnement d’un service


public (cours, tribunaux et parquets) ne peut concerner que les institutions
judiciaires établies sur le territoire national. Ainsi le droit judiciaire Congolais
ne s’applique pas à l’étranger, même entre ressortissants nationaux mais des
conventions internationales peuvent organiser la coopération des services
judiciaires de deux pays souverains.

Le droit Congolais prévoit que les décisions des juridictions


civiles étrangères peuvent s’exécuter en République Démocratique du Congo
moyennant exequatur et en se conformant aux conditions suivantes (Article 117
du code de l’organisation et compétence judiciaires) :
a) ces décisions ne peuvent contenir rien de contraire à l’ordre public
Congolais ;
b) ces décisions doivent être d’après la loi du pays où elles ont été
rendues, passées en force de la chose jugée ;
c) les expéditions de ces décisions doivent, selon la loi du pays où elles
ont été rendues, réunir les conditions nécessaires à leur authenticité ;
d) les droits de défense doivent avoir été respectés lors de la prise de ces
décisions ;
e) le tribunal étranger qui a rendu ces décisions, ne doit pas avoir été
compétent en raison de la nationalité du demandeur.

Ce sont des tribunaux de Grande Instance qui sont


compétents pour exequaturer les décisions civiles des juridictions étrangères.

(1)
RUBBENS (A), Op. Cit., p. 36

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Ajoutons que les actes authentiques en forme exécutoires qui


ont été dressés par l’autorité étrangère sont aussi exequaturés par les tribunaux
de grande instance moyennant le respect des conditions suivantes (Article 118
du code d’OCJ) :

1. les dispositions dont l’exécution est poursuivie ne doivent avoir rien de


contraire à l’ordre public Congolais ;
2. ces actes doivent, d’après la loi du pays où ils ont été passés, réunir les
conditions nécessaires à leur authenticité.

7. La différence entre l’acte juridique, l’acte judiciaire


et l’acte juridictionnel

- L’acte juridique est celui qui met le droit, qui est relatif au droit ou qui
est fondé sur le droit ; il englobe l’acte judiciaire et l’acte juridictionnel ;
- L’acte judiciaire est donc un acte juridique qui a trait au domaine de la
justice ;
- L’acte juridictionnel est un acte juridique et même judiciaire qui
concerne un domaine spécifique de la justice : domaine de la fonction qui
consiste à dire le droit, (fonction réservée aux juges) du latin : jus = droit
et dicere = dire ; il peut être un jugement définitif rendu par un tribunal ou
un arrêt rendu par une cour.

Donnons les exemples pour illustrer ces notions :

- Un contrat est un acte juridique ;


- Le mandat d’amener signé par un officier de police judiciaire ou par un
officier du ministère public est un acte judiciaire ;
- Le jugement rendu par un juge est un acte juridictionnel.

Le mandat d’amener et le jugement constituent au sens global


des actes juridiques, mais pour les spécifier, pour les différencier l’un des autres
judiciaires et l’autre d’acte juridictionnel » (1).

(1)
LUZOLO (B.L), Organisation et de compétence judiciaires, Syllabus, G1 Droit, UNIKIN, 2008–2009, pp.1-11

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DIVISION DU COURS
Le Cours d’Organisation et de Compétence Judiciaires est
divisé en trois parties.

La première partie consacrée au « Pouvoir judiciaire »


permettra d’examiner successivement les voies de droit, la fonction
juridictionnelle, la séparation des pouvoirs, le droit judiciaire, les différents
systèmes procéduraux, l’action en justice, l’instance, le jugement, les fonctions
non juridictionnelles des services judiciaires, les fores et les délais de procédure.

La deuxième partie est axé sur « L’organisation Judiciaire »


et dans laquelle sera déterminée les moyens d’action du pouvoir judiciaire, les
caractéristiques de l’organisation judiciaire congolaise, les juridictions, le
parquet, la police judiciaire, le greffe, l’office des huissiers, la représentation en
justice et l’assistance judiciaire, les auxiliaires de la justice, le statut du
personnel judiciaire.

Enfin, la troisième partie précisera « la compétence


judiciaire » ou la répartition du pouvoir juridictionnel, la répartition de la
compétence suivant le rang des juridictions, la compétence répressive des cours
et tribunaux, la compétence civile des cours et tribunaux répressifs, la
compétence civile des cours et tribunaux judiciaires, la compétence en matière
de contentieux administratif, la compétence en matière de juridiction gracieuse
et en fin les conflits de compétence.

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PREMIERE PARTIE
LE POUVOIR JUDICIAIRE

CHAPITRE PREMIER
LES VOIES DE DROIT
1. LE BUT DES VOIES DE DROIT : LA DEFENSE ET LA
RESTAURATION DU DROIT

L’ordre juridique peut être troublé, méconnu, violé par les


agissements des individus, des collectivités, des organismes nationaux ou
internationaux.

Dans ce cas, il importe de la défendre et de le restaurer. Les


moyens à mettre en œuvre pour assurer le maintien de l’ordre juridique ne
doivent être eux-mêmes régis que par le droit : ces moyens sont les voies de
droit. En effet, il est un principe général de droit qui dit que « nul ne peut se
rendre justice à lui-même ». Ce principe renvoie donc expressément à
l’existence d’une tierce autorité qualifiée pour rendre justice, pour résoudre les
conflits en disant le droit là où il est contesté, en le protégeant là où il est
menacé, en le rétablissant là où il est violé et au cas où la restitution n’est plus
possible, en assurant à la victime de justes compensations sous forme de
dommages intérêts.

Il s’agit donc là de la voie juridictionnelle qui s’appuie sur


l’autorité des juges. Toutefois, il convient de remarquer qu’il existe certains
litiges pour lesquels le recours à la voie juridictionnelle n’est pas possible ou
manque d’efficacité ; dans ce cas, une place est ouverte à la voie de la justice
privée.
Enfin, dans certains domaines le droit est si bien défini ou se trouve au
pouvoir d’une partie tellement désintéressée qu’aucune contestation ne peut
exister et que le bénéficiaire du droit peut l’exercer contre la volonté de son
débiteur sans recours à la voie juridictionnelle : c’est la voie parée qui peut être
définie comme une clause par laquelle un créancier gagiste ou hypothécaire
obtient de son débiteur l’autorisation de vendre la chose gagée ou hypothéquée
sans observer les formalités requises par la loi (1). Elle est, en principe, illicite.

(1)
GUILLIEN (R) et VINCENT (J), Lexique des termes juridiques, 8éme édition, Dalloz, Paris, 1990, p. 500

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2. LA HIERARCHIE DES VOIES DE DROIT

Dans la hiérarchie des voies de droit, on trouve


successivement la conciliation volontaire ou la palabre, la voie de la justice
privée, la clause résolutoire, la voie parée, les voies du préalable, la voie de
l’injonction judiciaire, la voie extra juridictionnelle de répression et la voie
juridictionnelle.

A. LA CONCILIATION OU LA PALABRE

Elle est la voie par laquelle les parties en litige règlent celui-
ci par une solution d’équité sans égard au droit en vigueur. Par la conciliation,
les parties en litige attachent plus de prix à la paix qu’au droit.

La palabre dépasse la loi du talion, la justice parce qu’elle est


la structure de tout échange exigeant des sacrifices mutuels entre les partenaires,
entre les égaux ou même entre supérieur et inférieur.

A l’heure actuelle, les litiges internationaux sont encore le


domaine de la conciliation notamment par la voie des négociations
diplomatiques en vue de conclure des traités de paix mettant fin à un conflit
armé ou des conventions (agreements) préventives de guerre.

Dans les litiges du droit privé, l’amiable compositeur joue le


rôle du juge de la palabre traditionnelle cherchant une solution acceptable pour
les parties au lieu d’une sentence rigide en justice.

B. LA VOIE DE LA JUSTICE PRIVEE

L’adage « nul ne peut se rendre justice » est corrélatif au


postulat « tout litige doit avoir un juge » ; mais là où la juridiction fait défaut ou
est incapable de sauvegarder l’ordre juridique, renaît le droit de se rendre justice
à soi-même.

En réalité, dans une société organisée qui dispose de son


réseau des juridictions, le recours à la justice privée est une voie de fait
anarchique.

En droit congolais, les voies de fait par lesquelles un


particulier prétend imposer de force ses prétentions de droit ne sont pas, comme
telles, punissables ni formellement interdits, mais elles peuvent constituer des
infractions qualifiées par la loi pénale ou des fautes civiles. Ainsi, la vengeance
privée par laquelle la victime d’une infraction prétend punir celui qui a attenté à

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son bien, à son honneur ou à son intégrité corporelle en lui infligeant une peine
corporelle est toujours infractionnelle.

Toutefois, il convient de distinguer de ces voies de fait, le


recours à une justice privée subsidiaire, complément nécessaire à la justice
juridictionnelle ne soient crées par la force. Dans ce cas, comme on le voit, la
justice privée n’est pas seulement tolérée, mais elle est parfois expressément
permise et organisée par la loi.

En droit congolais, il est admis des recours à la justice privée


subsidiaire découlant de l’état de nécessité tel le cas de la légitime défense non
prévu par aucun texte congolais mais admis par la jurisprudence à titre de
principe général du droit ou organisés formellement par la loi par exemple
l’article 6 du code de procédure pénale cas d’infraction flagrante, de l’article
289 du code civil congolais livre III sur le droit de rétention, des articles 441 et
445 du même code livre III qui permettent respectivement au maître de
l’ouvrage de résilier unilatéralement le marché à forfait et de révoquer
unilatéralement le mandat.

De ce qui précède, nous pouvons affirmer qu’en droit


congolais la seule voie de la justice privée admise est la justice privée
subsidiaire ou complémentaire à la justice juridictionnelle et d’après nous, de
droit par laquelle tout individu peut, se trouvant dans un état de nécessité ou
dans un des cas organisés par la loi, assurer sa défense contre les entreprises
abusives de tiers.

C. LES CLAUSES RESOLUTOIRES

Les parties peuvent stipuler dans leurs conventions que la


surveillance d’un événement aléatoire ou le manquement d’une partie aux
engagements souscrits (pacte commissoire exprès) opèrent de plein droit la
résolution de la convention.

En principe, pareille clause ne dispense pas la partie qui


l’invoque de faire constater la résolution en justice. Dans ce cas, le juge n’a que
le pouvoir de constater l’avènement de la condition ou de la défaillance de la
partie assignée en justice, la résolution étant acquise à dater de l’événement ou
de la sommation.

Les parties peuvent aussi bien stipuler dans le pacte


commissoire que la résolution s’opérera de plein droit et sans sommation. Même
dans cette hypothèse, celui qui se prétend libéré doit en principe faire constater
la résolution, celui-ci étant acquis depuis la défaillance de la partie adverse.

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Cependant, celui qui se prétend libéré peut également adopter


une attitude passive, refusant de remplir les engagements d’une convention
résolue. Il pourra toujours invoquer la résolution ex tunc le jour où son
cocontractant prétendra lui réclamer l’exécution. Cette attitude rejoint les voies
de la justice privée.

D. LA VOIE PAREE

L’expression voie parée n’est guerre utilisée dans notre droit,


si ce n’est pour désigner la clause en vertu de laquelle un créancier hypothécaire
peut se réserver le pouvoir de réaliser le gage immobilier sans devoir prendre
jugement à cet effet. La clause de voie parée accorde à la partie qui en bénéficie
une voie de justice privée agressive : elle permet au bénéficiaire de se payer de
sa créance en réalisant le bien d’autrui. La législation en vigueur prévoit
cependant un commandement préalable et un contrôle judiciaire avant la
réalisation du bien.

E. LES VOIES DU PREALABLE

Lorsque les autorités publiques agissant dans le cadre de leur


compétence exécutive, elles peuvent en principe exiger l’exécution de leurs
décisions sans soumettre préalablement leurs prétentions à une juridiction. Une
présomption est établie en faveur du pouvoir exécutif agissant dans l’intérêt du
bien commun : les titres qu’il se crée sont exécutoires.

Dans les régimes de la constitution congolaise cette


présomption est cependant soumise à un contrôle juridictionnel a posteriori,
mais ce contrôle se limite à la vérification de la légalité des actes de
l’administration et ne porte pas sur leur opportunité, dont le gouvernement reste
seul juge ; en outre, la juridiction saisie n’a d’autre pouvoir que d’annuler l’acte
illégal : elle ne peut pas reformer en y substituant une autre décision conforme à
la loi. Enfin, la présomption de validité de l’acte administratif subsiste tant que
l’annulation n’est pas prononcée, et jouit du privilège du préalable, permettant
de recourir à l’exécution forcée de l’acte unilatéral de l’administration.

Lorsqu’ils agissent, non en qualité d’organes du pouvoir


exécutif, mais en tant que personnes morales dans l’intérêt de leur patrimoine,
par exemple dans le cadre des relations contractuelles ou quasi-contractuelles et
dans le cadre de la responsabilité civile, les services publics doivent, tout comme
les particuliers, soumettre leurs prétentions de droit aux tribunaux judiciaires
pour obtenir un titre exécutoire. Il est d’ailleurs certaines matières de droit
public où, par une disposition dérogatoire expresse de la loi, les administrations

16
- 17 -

doivent s’adresser aux tribunaux aux fins d’obtenir un titre exécutoire même
pour des actes spécifiquement administratifs.

F. LA VOIE DE L’INJONCTION JUDICIAIRE

Elle est une voie de droit qui consiste dans la procédure


d’injonction permettant au porteur d’un titre de créance commerciale, sur
requête adressée au président du tribunal de grande instance, d’obtenir
l’autorisation de faire à son débiteur une injonction de payer.

A défaut pour le débiteur d’y opposer un contredit, le juge


vise l’injonction pour exécution. Il faut noter que le visa du juge n’est pas un
jugement.

En cas de contredit, la procédure devient contradictoire et


aboutit au prononcé d’un jugement.

La procédure d’injonction judiciaire, prévue en droit français


notamment, n’existe pas en droit congolais, nous pensons cependant qu’elle
pourrait opportunément y être introduite.

G. LA VOIE EXTRAJURIDICTIONNELLE DE LA REPRESSION OU


L’AMENDE PAYEE AVANT JUGEMENT

Elle est la voie de droit également appelée amende payée


avant jugement qui consiste dans le paiement d’une somme d’argent au profit du
trésor public par l’auteur d’une infraction mineure, sur proposition du ministère
public, titulaire de l’action publique ou de son délégué, l’officier de police
judiciaire, en vue d’éteindre l’action publique.

H. LA VOIE JURIDICTIONNELLE

Elle est la voie de droit qui consiste pour les parties litigantes
à soumettre leur litige à l’autorité d’une juridiction légalement établie.

Mais pour que la juridiction soit parfaite, trois conditions sont


requises :

1. Il faut que la voie juridictionnelle soit obligatoire ;


2. Il faut que la constatation des faits retenus pour vrais et l’énoncé du droit
applicable à ces faits ne soient pas indéfiniment remis en cause ;
3. Il faut que la décision prise en conséquence en vue de maintenir ou de
rétablir le droit soit exécutée au besoin par la force.

17
- 18 -

En définitive, il faut donc une autorité qui domine les parties


pour pouvoir leur imposer des juges et pour assurer l’exécution de leurs
décisions.

18
- 19 -

CHAPITRE DEUXIEME

LES PRINCIPES REGISSANT L’ORGANISATION


JUDICIAIRE
1. Principe de la répartition des fonctions judiciaires

Les fonctions judiciaires se répartissent entre quatre (4)


organes :

1. Les cours et les tribunaux qui, ont le pouvoir judiciaire (en vérité
l’expression judiciairement adéquate est le pouvoir juridictionnel,
consistant à dire le droit) ;
2. Les parquets qui exercent l’action publique et sont les gardiens de la loi et
de l’ordre public ;
3. Les greffes qui sont les conservateurs des archives des tribunaux ;
4. Le barreau qui est l’organe chargé d’assurer les droits de la défense.

2. Principe de l’indépendance des organes judiciaires

Le bon fonctionnement de la justice requiert que les quatre


organes qui, chacun dans sa sphère, concourent à l’administration de la justice,
soient indépendants.

L’article 149 de la constitution du 18 février 2006 garantit


l’indépendance des cours et tribunaux vis-à-vis d’autres pouvoirs, en effet
l’article précité dispose que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir
législatif et du pouvoir exécutif ; l’article 150 de la même constitution renchérit
en son alinéa 2 que les juges ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction
qu’à l’autorité de la loi ; de même que l’alinéa 4 de l’article 149 précité affirme
qu’il ne peut être créé des tribunaux extraordinaires ou d’exception sous quelque
dénomination.
L’indépendance du pouvoir judiciaire ne signifie pas
« séparation », car la justice doit compter sur la coopération avec les autres
pouvoirs : l’indépendance ne doit donc pas être absolue, car ce qui importe est
qu’il n’y ait ni entrave, ni pression dans la mission propre de l’organe
juridictionnel. La même affirmation peut valoir pour les autres organes
judiciaires. Les organes judiciaires doivent s’abstenir d’empiéter sur les
prérogatives des pouvoirs de l’exécutif et du législatif.

19
- 20 -

A. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif

Ces relations se caractérisent par les éléments suivants :

a) Le référé législatif n’existe pas : quand un juge, est saisi d’une


contestation et qu’il y a lacune de la loi, il ne peut surseoir à statuer
et demander au parlement de prendre une loi pour permettre la
solution à cette contestation ;
b) Le parlement peut adopter une loi interprétative : cette loi donne à
un texte de loi un sens déterminé et différent de celui que le juge va
vraisemblablement lui reconnaître ou lui a déjà donné, cette loi a un
effet rétroactif ;

Si la loi interprétative intervient en cours d’instance, en


fausse totalement le débat dont elle renverse la solution prévisible. Il s’agit là
manifestement de l’ingérence du parlement dans le pouvoir judiciaire (1).

c) Le législateur ne peut adresser des ordres aux juridictions que ce


soit pour leur ordonner ou pour leur interdire un certain
comportement ;
d) Le principe de l’interdiction au juge de se prononcer par voie des
dispositions générales ou réglementaires sur les causes qui leurs
sont soumises (2) ;

Cette interdiction des arrêts du règlement s’applique en droit


congolais en tant que principe général de droit (3).

e) Le juge a l’obligation d’appliquer la loi mais il ne peut tirer


prétexte des lacunes ou des imperfections de la loi pour refuser de
statuer à peine de déni de justice. Cependant, le juge a le pouvoir
d’interpréter des textes des lois obscurs par la recherche de la
volonté du législateur à travers l’analyse des débats parlementaires ;
f) Le juge n’exerce pas le contrôle juridictionnel de la
constitutionnalité des lois.

Au Congo, c’est la cour suprême de justice, toutes sections


réunies, qui exerce le contrôle (4), ce contrôle peut aussi s’exercer par voie

(1)
VINCENT (J), GUICHARD (S), MONTAGNIER (G) et VARINAND (A), La justice et les institutions, 3émz
édition, Dalloz, Paris, 1991, N° 69
(2)
Idem, N° 70
(3)
LAMY (E), Op. Cit., p.
(4)
Article 131 du code de procédure devant la cour suprême de justice

20
- 21 -

d’exception d’inconstitutionnalité ou d’illégalité soulevée par un plaideur devant


tout tribunal (1).

B. Relations entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif

Ces relations se caractérisent par les éléments suivants :

a) Au Congo, la cour suprême de justice, section administrative, ne


contrôle pas les actes législatifs (2) ;
b) Les actes du gouvernement échappent au contrôle du pouvoir
judiciaire : il s’agit des actes chargés d’un trop fort potentiel politique ;

Exemple : Actes relatifs aux relations internationales : exercice de la fonction


diplomatique (3).
En droit congolais, la cour suprême de justice, section
administrative apprécie souverainement quels sont les actes du gouvernement
qui échappent au contrôle (4).

c) Il y a interdiction pour les juges de faire acte d’administration : les


juges ne peuvent pas empiéter sur le rôle de l’administration en se
substituant à elle, en accomplissant à sa place des actes
d’administration ou en lui ordonnant de prendre une mesure juridique
ou matérielle ;
d) L’indépendance fonctionnelle du juge doit être assurée par un
aménagement de son statut particulier, c’est ainsi que sa promotion
professionnelle ne peut pas dépendre du gouvernement : il est nommé
et promu sur proposition du conseil supérieur de la magistrature, par le
président de la république.

L’indépendance fonctionnelle du juge est également assurée


par l’inamovibilité qui veut que le juge ne peut, sans son consentement, recevoir
une affectation nouvelle même en avancement (5).

Au Congo, le principe de l’inamovibilité du juge, qui avait


été reconnu dans la loi fondamentale du 19 juin 1960 relative aux structures de
l’Etat et par la constitution du 1er Août 1964, a été abrogé pour des raisons
pratiques de fonctionnement de la justice dans la constitution du 24 juin 1967.

(1)
Article 133 du code de procédure devant la cour suprême de justice
(2)
Article 87 du code de procédure devant la cour suprême de justice
(3)
VINCENT (J), GUICHARD (S), MONTAGNIER (G) et VARINAND (A), Op. Cit., N° 78
(4)
Article 87 du code de procédure devant la cour suprême de justice
(5)
constitution, article 150, alinéa 4 ; Statut des magistrats, article 2, alinéa 4.

21
- 22 -

3. Principe du monopole des organes judiciaires

Le monopole du pouvoir judiciaire est garanti par la


constitution. En effet, celle-ci est hostile à la création de toute juridiction en
dehors de l’hiérarchie unique des cours et tribunaux.

L’article 149 alinéas 4 de la constitution du 18 février 2006


dispose en effet qu’il ne peut être créé des tribunaux extraordinaires ou
d’exceptions sous quelconque dénomination que ce soit ; la même disposition
confère expressément à la loi le pouvoir de créer des juridictions spécialisées.

Le monopole du parquet n’est pas garanti par la


constitution, mais il ne fait pas de doute que le Ministère Public a bien le
monopole de l’exercice de l’action publique. En procédure pénale, on étudiera
cependant que dans certains cas, le Ministère Public est limité, parfois empêché
d’exercer l’action publique, qui peut être dévolue à d’autres organes. Le
monopole du greffe est évident.

Le monopole du barreau est affirmé par l’article 6 de


l’ordonnance loi N° 79/08 du 28 septembre 1979, mais ce même article prévoie
que la loi peut dans des cas et selon les modes prévus, déroger à ce monopole.
Par ailleurs, les parties ont toujours le droit de se défendre elles-mêmes.

Il nous faut ajouter que le monopole du barreau et du corps


des défenseurs judiciaires en matière d’assistance et de représentation se trouve
remis en cause par l’article 19 alinéas 4 de la constitution du 18 février 2006 qui
prévoit le droit pour toute personne poursuivie d’être entendue en présence de
son avocat, de son défenseur judiciaire ou de toute personne de son choix.

4. Principe de l’égalité de tous les congolais devant la loi

Cette égalité se trouve garantie par la constitution du 18


février 2006 en son article 12.

Dans le domaine judiciaire, l’égalité devant la loi se traduit


par la règle de l’égalité devant la justice, qui exige que tous les justiciables se
trouvant dans la même situation soient jugés par les mêmes tribunaux, selon les
mêmes règles de procédure et de fond ; mais cette égalité connaît des limites de
droit et des limites de fait.

22
- 23 -

- Au titre des limites de droit, nous citerons le privilège de


juridiction, les immunités et le principe de l’inexécution forcée contre l’Etat et
les autres personnes de droit public (Sociétés paraétatiques et établissements
d’utilité publique).

Le privilège de juridiction est une dérogation aux règles de


compétence matérielle répressive, qui fait que certaines catégories de personnes
doivent être jugées par des juridictions bien déterminées, à l’exclusion de toutes
les autres et ce dans le noble souci d’empêcher que ces personnes ne puisse
influencer ces juridictions.

Les immunités constituent également des dérogations aux


règles de compétence matérielle prévue par la convention de Vienne du 18 avril
1961 sur le droit des Traités. Elles ont pour effet d’empêcher toute poursuite à
l’égard des diplomates en fonction quelle que soit l’infraction qu’ils
adviendraient à commettre sur le territoire de l’Etat hôte sauf levée de ces
immunités par l’Etat d’affectation.

En matière d’exécution de jugement, normalement la partie


gagnante du procès, par exemple si elle bénéficie d’un jugement qui a condamné
son adversaire à des dommages intérêts, peut procéder à ce qu’on appelle
« l’exécution forcée » qui peut revêtir plusieurs formes : saisie-exécution, saisie
conservatoire, saisie-arrêt ou saisie immobilière.

Lorsque c’est l’Etat ou une personne morale de droit public


qui est condamné à payer ces dommages intérêts un principe général de droit
veut qu’on ne puisse pas exécuter le jugement par la force ; la raison de principe
invoqué est qu’on ne peut pas concevoir que l’Etat puisse retourner contre lui-
même la force publique qu’il utilise pour assurer le maintien de l’ordre public.
Mais la raison pratique fondamentale réside, à notre sens, dans le souci de ne pas
voir perturber, pour la satisfaction des intérêts individuels, le fonctionnement de
l’Etat ou d’une personne morale de droit public, qui poursuit la satisfaction de
l’intérêt général.

Il nous faut cependant noter qu’un acte de la conférence


nationale souveraine avait en son temps décidé qu’on peut exécuter par la force
contre une personne morale de droit public sauf contre l’Etat et les
établissements publics à caractère scientifique et social.

- Au titre des limites de fait, il y a lieu de noter les inégalités


économiques ou sociales. Bien souvent les ressources financières des parties en
présence peuvent permettre à la partie qui a plus de moyens financiers, d’user
des manœuvres dilatoires ; bien entendu, la loi a imaginée des mécanismes qui

23
- 24 -

tendent à réduire ce genre d’inégalité. C’est ainsi que ont été créés l’aide
juridique et la procédure du « pro deo » d’un conseil.

La constitution du 18 février 2006 ne garantie pas l’égalité


des étrangers devant les juridictions du Congo ; mais cette égalité ne fait pas de
doute, car elle relève des règles de notre hospitalité (1).

5. Principe de la Gratuite de la Justice

La gratuité de la justice est une garantie démocratique qui


permet aux plus humbles d’obtenir le respect de leurs droits ; c’est le corollaire
de l’égalité devant la justice. Le système de la gratuité s’oppose au système des
épices qui existe là où les justiciables doivent payer leurs juges. C’était le
régime qui était en vigueur en France jusqu’en 1970 ; c’était également le même
système que connaissent bon nombre des coutumes congolaises. Aujourd’hui,
les parties payent encore leurs arbitres (juges privés), mais les magistrats et les
greffiers sont payés par l’Etat, il en est de même de l’huissier.

La gratuité de la justice n’exclut pas le payement des


honoraires des avocats ou des défenseurs judiciaires ni le payement des frais de
justice. C’est cela qui fait que la justice est gratuite mais elle est onéreuse de
sorte que la conduite d’un procès peut être très onéreuse, même pour la partie
qui a gagné le procès car tous les frais ne sont pas compris dans les dépens
lesquels se récupèrent sur la partie perdante. Une telle situation est de nature à
empêcher les indigents de faire valoir leurs droits en justice, en dépit du principe
de la gratuité de la justice. C’est pour écarter ce danger et assurer le respect
absolu de ce principe que la loi a organisée l’assistance judiciaire gratuite.

L’assistance judiciaire gratuite peut se présenter sous quatre


aspects :

a) L’assistance judiciaire gratuite peut consister en le bénéfice gratuit d’un


conseil (avocat ou défenseur judiciaire). En matière de droit privé, le bénéfice
gratuit d’un conseil est prévu par l’article 8 du code d’organisation et de
compétence judiciaires qui dispose en son alinéa 3 que les officiers du ministère
public, peuvent par voie de requête écrite, demander au président de la
juridiction, la désignation d’un conseil chargé d’assister les personnes physiques
lésées qui seraient inaptes à ester en justice, à assurer leur défenses ou à y
pourvoir.

(1)
VINCENT (J), GUICHARD (S), MONTAGNIER (G) et VARINAND (A), Op. Cit., N° 82-85

24
- 25 -

Remarquons qu’ici la loi a voulu venir en aide non seulement


aux personnes dépourvues des moyens financiers mais aussi aux personnes
inaptes à agir en justice ou à assurer leur défense c'est-à-dire des personne qui,
culturellement parlant, ne maîtrisent pas le fonctionnement de l’appareil
judiciaire (c’est la grande majorité des congolais).

En matière répressive, la désignation d’office du conseil en


faveur des inculpés ou des prévenus indigent ne trouve à l’heure actuelle aucune
base légale.

b) L’assistance judiciaire gratuite peut aussi consister en le bénéfice de la


dispense de consignation des frais : lorsqu’une partie veut agir en justice, elle se
présente devant le greffier ; ce dernier, avant d’effectuer tout acte quelconque
que la partie veut faire accomplir (recevoir une assignation, acter une déclaration
d’appel, d’opposition ou du pourvoi en cassation, etc.) va exiger que la partie
consigne les frais : il s’agit en quelque sorte de payer à l’Etat, un somme
d’argent à titre d’acompte, sur les frais judiciaires. Lorsque la partie est
indigente, elle peut être dispensée de la consignation par une ordonnance du
président ; l’indigence est constatée par le juge ou le président de la juridiction
devant laquelle l’action est ou doit être intentée ; ceci est valable en matière
civile, et même devant la cour suprême de justice (1).

c) L’assistance judiciaire gratuite peut également consister en la délivrance en


débet des pièces de procédure ; normalement le greffier ne peut délivrer, sauf au
ministère public, grosse, expédition, extrait ou copie d’un jugement, portant
condamnation à des dommages intérêts, avant que le droit proportionnel n’ait été
payé (2).

Mais en cas d’indigence constatée par le juge ou par le


président de la juridiction qui a rendu le jugement, la grosse, une expédition, un
extrait ou une copie de jugement peut être délivrée en débet c'est-à-dire que les
frais sont supportés par le Trésor Public, la partie indigente bénéficiaire ne
débourse aucune somme d’argent (3).

d) L’assistance judiciaire gratuite peut enfin revêtir la forme de consultation


gratuite. A l’heure actuelle l’article 43 de l’ordonnance loi N° 79/08 du 29
septembre 1979 portant organisation du barreau, du corps des mandataires de
l’Etat a confiée au Conseil de l’Ordre, le soin d’organiser un bureau de
consultation gratuite en faveur des indigents en déterminant les conditions de

(1)
Article 123 du code de procédure pénale, article 157 du code de procédure civile.
(2)
Article 134 du code de procédure pénale, article 157 du code de procédure civile.
(3)
Article 135 du code de procédure pénale, article 158 du code de procédure civile et 33 du code de procédure
devant la cour suprême de justice

25
- 26 -

son fonctionnement. Nous déplorons pour notre part, qu’une matière aussi
importante soit laissée à la discrétion du Conseil de l’Ordre ; compte tenu de
l’ignorance aggravée par le fait que bien souvent le droit congolais se trouve en
porte-à-faux avec les réalités socioculturelles de notre pays, la solution idéale,
selon nous, est de voir la loi elle-même organiser entièrement le fonctionnement
du bureau de consultation gratuite en faveur des indigents.

6. Principe de l’Impartialité du Juge

L’impartialité du juge est garantie par le code d’organisation


et de compétence judiciaires ; en effet, les articles 71 et 79 de ce code régissent
la récusation et le déport du juge, tandis que les articles 83 et 83 réglementent le
renvoi pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime.

Puisque l’impartialité du juge n’est garantie que par une


simple loi, une autre loi peut y déroger. C’est cela qu’a fait le code judiciaire
militaire à l’article 235 en permettant à toute juridiction militaire de condamner
sur le champ toute personne qui, à l’audience, se rend coupable envers le
tribunal, ou envers l’un des membres, des voies de faits, outrages ou des
menaces par propos ou par gestes.

La constitution du 18 février 2006 en son article 149 alinéas


1 proclame l’impartialité du Tribunal.

7. Principe de la Collégialité

Ce principe exige que l’œuvre juridictionnelle soit celle de


plusieurs juges, appelés à siéger dans une affaire, ils doivent être au moins trois.

La collégialité est de règle en toute matière pénale, sauf,


devant le tribunal de paix qui siège à juge unique (Article 24 du code d’O.C.J).

En matière civile, c’est le principe de juge unique qui


s’applique au premier degré mais la collégialité s’impose au niveau d’appel
(Article 33, 40, 48 et 54 du code d’O.C.J). La collégialité s’impose devant le
tribunal de paix lorsqu’il statue en application de la coutume (Article 24 du code
d’O .C .J).

La collégialité présente l’avantage de fournir une meilleure


justice en ce sens qu’elle permet de mieux peser les arguments, de mieux
motiver les décisions et de garantir une haute impartialité sans compter qu’elle

26
- 27 -

protège chaque membre contre les pressions et assure une plus forte
indépendance à tous (1).

8. Principe de l’itinérance

Les juridictions ne sont pas obligées de tenir les audiences


judiciaires à leur siège ordinaire, elles peuvent tenir des audiences judiciaires en
dehors de ce siège en se déplaçant à l’intérieur de leur ressort, selon les besoins
de service, cela permet de rapprocher la justice des justiciables ; mais l’on doit
veiller à ce que l’itinérance ne puisse pas empêcher le fonctionnement de la
justice au siège ordinaire (Article 67 et 69 du code d’OCJ) d’où l’expression
audience foraine, pour parler d’une audience qui se tient en dehors du siège
ordinaire du tribunal.

9. Principe du Double Degré de Juridiction

Ce principe garantit le droit pour toute affaire soumise aux


cours et tribunaux de faire l’objet d’examen quant au fond, à deux niveaux :

 Au premier degré et
 En appel.

Le code de l’organisation et de compétence judicaires (article


89, 93 et 95) consacre le principe du double degré de juridiction.

Ce principe se trouve garanti par la constitution du 18 février


2006 en son article 21 alinéas 2 sans préjudices de son application à l’endroit
des justiciables de la cour constitutionnel, de la cour de cassation et du conseil
d’Etat. Deux raisons justifient le principe du double degré de juridiction : il
s’agit tout d’abord de veiller à ce que les décisions des tribunaux, qui peuvent
être entachées d’insuffisance ou d’erreurs, voire d’injustice, fassent l’objet d’un
second examen. En suite, du seul fait de savoir que sa décision pourrait être
réformée en appel, le juge du premier degré sera incité à redoubler de zèle et de
conscience professionnelle, car, en plus de son rôle réformateur, la juridiction
d’appel joue, indirectement un rôle de surveillance et d’appréciation de la
compétence technique et morale du juge de juridiction inférieure.

En droit privé congolais, l’appel n’est pas exclu en ce qui


concerne les litiges simples ou peu importants car une cause peu importante peut
avoir une grande répercussion sur le plan social et psychologique; toutefois, il
existe des cas d’interdiction d’appel.

(1)
MERLE (R) et VITU (A), Op. Cit., N° 569

27
- 28 -

Une cause ne peut être examinée que deux fois par les
tribunaux quant au fond ; il n’y a pas de troisième degré de juridiction pour
statuer sur le fond.

10. Principe de la Cassation

Toute décision pénale ou civile rendue en dernier ressort par


un tribunal ou une cour et qui viole la loi ou la coutume, est susceptible d’être
attaquée au moyen d’un pourvoi en cassation formé devant la cour de cassation.

Le terme « décision » est de large compréhension ; il faut y


inclure aussi les ordonnances qui statuent en dernier ressort en matière de
détention préventive.

A l’heure actuelle, les décisions des juridictions militaires


sont soumises au même sort.

11. Principe de Juge Naturel

En matière pénale, l’expression « juge naturel » désigne le


juge devant lequel le prévenu doit comparaître pour être jugé et déterminé soit la
gravité de la peine qui doit sanctionner l’infraction commise. (C’est le principe
de fixation de la compétence matérielle), c'est-à-dire le juge compétent désigné
par loi en fonction de la gravité de l’infraction prévue et de la personne du
délinquant, soit selon le rang social ou la qualité du prévenu (c’est le principe de
la fixation de la compétence personnelle).

En matière de droit privé, le juge naturel est également


désigné par les règles de l’organisation judiciaire. Ainsi le tribunal de paix est
reconnu compétent pour connaître des titres portant sur le droit de la famille.
Les successions, les libéralités et les conflits fonciers collectifs ou individuels
régis par la coutume ; il connaît également de toutes les autres contestations
susceptibles d’évaluation pour autant que leur valeur ne dépasse pas cinq milles
francs (article 110 du code d’OCJ) ; le tribunal de grande instance connaît de
toutes les contentions qui ne sont pas de la compétence du tribunal de paix
(article 111 du code d’OCJ).

28
- 29 -

CHAPITRE TROISIEME
LA FONCTION JURIDICTIONNELLE
1. LES ORGANES DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE

Ainsi que nous venions de la dire, l’exercice de la fonction


juridictionnelle suppose une tierce autorité qualifiée pour dire le droit de façon
certaine et pour prendre, en conséquence, une décision exécutoire protégeant ou
restaurant le droit.

Si les voies de droit non juridictionnelles (la voie de la justice


privée, la cause résolutoire, la voie parée, les voies du palabre, la voie de
l’injonction judiciaire) sont licites elles ne s’exercent pas cependant à l’abri de
tout contrôle judiciaire : soit que l’intervention gracieuse du juge est requise
notamment en cas de clause résolutoire, soit que l’exercice abusif du pouvoir
exécutif ouvre une action en annulation d’un acte réglementaire.

C’est ainsi donc la voie juridictionnelle qui est la voie


normale et souveraine pour le maintien de l’ordre juridique. C’est l’Etat,
responsable de la paix, de la sécurité publique et du bien commun de ses
administrés, qui a l’obligation de réglementer le fonctionnement des juridictions
publiques afin d’éviter le recours à la justice privée anarchique.

2. LA MISSION JURIDICTIONNELLE DE L’ETAT

L’exercice de la fonction juridictionnelle est une mission


essentielle de l’Etat souverain.

Pour cela, l’Etat peut créer des organes juridictionnels


spécialisés et indépendants entre lesquels il répartit la compétence suivant la
nature du contentieux traité, répressif, social, administratif etc. ou il peut réunir
en une seule organisation judiciaire hiérarchisée et subdivisée, la totalité du
pouvoir juridictionnel.

29
- 30 -

3. LES JURIDICTIONS DE LA REPUBLIQUE


DEMOCRATIQUE DU CONGO

En République Démocratique du Congo, il n’existe pas


jusque là un partage du pouvoir judiciaire entre la République (pouvoir central)
et les provinces.

En effet, depuis la création des premiers organes judiciaires


de l’Etat Indépendant du Congo, en passant par ceux du régime colonial, de la
constitution de 1967, de la constitution de transition du 04 Avril 2003 jusqu’à la
constitution du 18 février 2006, le pouvoir judiciaire a toujours été une
émanation de la souveraineté.

Le constituant du 18 février 2006, dans son exposé des


motifs, au point 3 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir judiciaire a
estimé nécessaire, pour plus d’efficacité, de spécialité et de célérité dans le
traitement des dossiers, d’éclater en trois ordres juridictionnels les cours et
tribunaux congolais, à savoir :

- Les juridictions de l’ordre judiciaire placées sous le contrôle de la Cour de


Cassation ;
- Celles de l’ordre Administratif coiffées par le Conseil d’Etat et
- L’ordre Constitutionnel incarné par la Cour Constitutionnelle (1).

La constitution dit qu’ « il ne peut être créé de commission ni


de tribunaux extraordinaires sous quelque dénomination que ce soit ». Cette
interdiction vise la création de « juridictions à caractère politique » qui serait
uniquement chargées de juger des personnes visées à titre individuel, pour des
infractions politiques.

Par conséquent, cette interdiction ne vise pas les juridictions


spécialisées ou spéciales dont la constitution elle-même fait mention : les
juridictions militaires, le conseil supérieur de la magistrature.

Retenons que la constitution du 18 février 2006 a crée


plusieurs juridictions dont : la cour constitutionnelle, la cour de cassation, le
conseil d’Etat (ces trois juridictions ne sont autres choses que l’éclatement de la
cour suprême de justice), la cour des comptes, la haute cour militaire, les cours
et tribunaux militaires ainsi que les parquets rattachés à ces juridictions.

(1)
LUZOLO (B.L), Op. Cit., p. 25

30
- 31 -

4. LA SPECIFICITE DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE

Ce qui distingue la voie juridictionnelle des autres voies de


droit est le recours, avons-nous dit, à l’autorité d’un tiers pour constater les faits,
pour dire le droit qui leur est applicable, pour donner la solution qui rétablira le
droit et pour s’assurer que le dite solution sera appliquée, au besoin par la force.

5. LA DEFINITION DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE

La fonction juridictionnelle est l’exercice du pouvoir


délégué par l’autorité souveraine ou par les parties litigantes en vue du
règlement pacifique de l’affrontement des prétentions de droit, en constatant
la vérité légale quant aux faits allégués, en déclarant irréfragablement le droit
applicable, en prenant irrévocablement la décision qui protégera, maintiendra
ou restaurera l’ordre juridique et en donnant force exécutoire à sa décision.

Il faut retenir qu’en droit congolais, la fonction


juridictionnelle ou judiciaire appartient indivisiblement aux Cours et
Tribunaux.

31
- 32 -

CHAPITRE QUATRIEME
LA SEPARATION DES POUVOIRS
Il existe un principe philosophique suivant lequel il faut
distinguer dans l’exercice de la souveraineté de l’Etat, le pouvoir législatif, le
pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.
(1)
Ce principe fut formulé par Montesquieu qui lui-même,
l’avait emprunté au philosophe Locke (2).

La pensée de ces philosophes était que les abus de pouvoir


devenaient impossibles si un pouvoir marquait la limite de l’autre.

1. LE DROIT JUDICIAIRE CONGOLAIS ET LA


SEPARATION DES POUVOIRS

La constitution de la 3 éme République du 18 février 2006


prévoit la séparation dans l’exercice de la souveraineté de l’Etat, le pouvoir
législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

Cette séparation est d’autant renforcée que le même texte


fondamental déclare que « le pouvoir judiciaire est indépendant des pouvoirs
législatif et exécutif ». Toutefois, dans le but de favoriser, pour chaque pouvoir,
la réalisation de ses fins propres, de nombreuses dispositions constitutionnelles
déterminent leurs relations et interférences.

2. LES RAPPORTS DU POUVOIR JUDICIAIRE ET DU


POUVOIR LEGISLATIF

Le pouvoir judiciaire fait application de la loi mais le


législateur ne peut pas se substituer au tribunal pour juger un litige ni amender
un jugement rendu.

D’un autre côté, les magistrats ne peuvent pas empiéter les


prérogatives du législateur en statuant par voie de règlement à portée générale,
ni se livrer, à l’occasion de l’exercice de leur mission juridictionnelle, à des
critiques du législateur.

(1)
MONTESQIEU, De l’esprit des lois, livre xi, chap, Paris, 1748
(2)
LOCKE, Essai sur le gouvernement civil, I ère édition, Londres, 1690

32
- 33 -

3. LES RAPPORTS DU POUVOIR JUDICIAIRE ET DU


POUVOIR EXECUTIF

Les cours et tribunaux judiciaires ordinaires connaissent des


actions patrimoniales des particuliers contre les pouvoirs publics ; certaines
juridictions connaissent des actions en annulation des actes réglementaires pour
violation de la loi.

Par contre, les juges ne peuvent jamais apprécier


l’opportunité des actes de l’administration ni faire des injonctions aux
fonctionnaires.

D’un côté, la constitution prévoit un pouvoir exceptionnel


donné au président de la république en vue de retirer aux juridictions répressives
ordinaire leur pouvoir juridictionnel et de confier aux juridictions militaires
pendant l’Etat de siège ou d’urgence ou pendant la guerre ; mais le droit d’appel
ne peut être suspendu.

La constitution donne également au président de la


république le pouvoir de nommer et de révoquer les magistrats (bien entendu sur
proposition du conseil supérieur de la magistrature), elle prévoit aussi les arrêt et
les jugements sont rendus exécutoires au nom du président de la république,
mais le justice est rendue au nom du peuple.

Le droit de grâce que la constitution attribue au président de


la république est, sans doute, un pouvoir judiciaire mais non pas un pouvoir
juridictionnel, dans la mesure où le président de la république est considéré
comme un magistrat par fiction juridique (magistrat suprême), mais n’est pas
une juridiction.

L’indépendance des organes judiciaires nécessaire à


l’exercice de leur mission juridictionnelle ne fait pas obstacle à leur
collaboration avec les services administratifs.

Par ailleurs, le budget, la dotation en bâtiments publics, les


fournitures, les moyens de transport qui permettent au pouvoir judiciaire de
fonctionner lui sont servis par le pouvoir exécutif puisque c’est lui qui a dans ses
attributions l’exécution du budget national ou la loi budgétaire votée par le
parlement.

33
- 34 -

CHAPITRE CINQUIEME
LE DROIT JUDICIAIRE

1. DEFINITION DU DROIT JUDICIAIRE

Au sens strict, nous pouvons définir le droit judiciaire


comme l’ensemble des règles suivant lesquelles les organes juridictionnels
sont constitués et exercent leurs pouvoirs.

Ainsi, le droit judiciaire régit l’organisation judiciaire


(institution des cours et tribunaux), la compétence judiciaire (répartition du
pouvoir juridictionnel entre les cours et tribunaux), la procédure (modalités
suivant lesquelles les causes sont introduites, instruites et jugées) les voies de
recours et les voies d’exécution (modalités suivant lesquelles les pouvoirs
publics pourront, éventuellement par la force, imposer les décisions
juridictionnelles).

Le droit judiciaire régit aussi la fonction de l’accusation


publique confiée au ministère public ; l’exercice et le fonctionnement de
greffes qui sont des offices ministériels chargés de garantir l’authenticité et la
conservation des actes des juridictions ; le fonctionnement de la police
judiciaire chargée de renseigner le parquet en vue de l’accomplissement de sa
mission ; le fonctionnement des huissiers chargés d’exécuter, avec toutes les
garanties de la légalité, les actes des greffiers, des parties (particuliers) et des
juges.

Enfin, le droit judiciaire régit les actes de juridiction


gracieuse c'est-à-dire des actes pour lesquels la loi rend nécessaire
l’intervention du juge ou du tribunal afin qu’ils acquièrent le caractère légal
afin qu’ils soient valables ou sortent des effets juridiques sans qu’il y ait
contestation ou litige.

2. LA SPECIALITE DU DROIT JUDICIAIRE

Cette spécialité réside principalement dans le fait que ce


dernier ne traite pas du fond du droit, mais des modalités suivant lesquelles le
droit est protégé, restauré ou rétabli par l’exercice du pouvoir juridictionnel ou
plus formellement par l’activité des organes judiciaires de l’Etat.

34
- 35 -

Le droit judiciaire régit, avons-nous dit, le fonctionnement


d’un service public de l’Etat et se rattache donc en raison de cela, au droit
public, c’est-à-dire appartient au droit public ou est une branche du droit public.

Il se distingue du droit administratif qui a pour objet de


réglementer l’activité administrative des personnes publiques (1).

3. LES CARACTERES DU DROIT JUDICIAIRE CONGOLAIS

Le droit judiciaire congolais a les caractères suivants:

- Le caractère réglementaire

Ce caractère résulte du fait que les institutions judiciaires sont


créées par les pouvoirs publics et obéissent à une procédure imposée pour le
fonctionnement d’un service public.

- Le caractère impératif

Il est une conséquence du caractère réglementaire et signifie


que les règles du droit judiciaire font partie du droit public et sont, à ce titre,
d’ordre public ; leur violation trouble l’ordre public, inversement, leur respect
assurent l’ordre public.

- Le caractère formaliste

Il signifie que les règles du droit judiciaire congolais doivent


être respectées de façon rigoureuse afin de préserver et de garantir le justiciable
contre l’arbitraire du juge et l’insécurité juridique.

4. L’UNITE FONDAMENTALE ET LES RAMIFICATIONS DU DROIT


JUDICIAIRE CONGOLAIS

Comme l’avions dit plus haut, le droit judiciaire est une


branche du droit public parce qu’il organise l’exercice d’un service public, la
justice étatique.

Mais le droit judiciaire se divise en plusieurs ramifications :

a) Suivant l’objet formel de la réglementation et

(1)
RIVERO (J), Droit administratif, Paris, 1960, No16, p. 17.

35
- 36 -

b) Suivant l’objet matériel c'est-à-dire suivant la nature du contentieux à


soumettre aux juridictions,
.

36
- 37 -

CHAPITRE SIXIEME
LES DIFFERENTS SYSTEMES PROCEDURAUX

1. LES OBJECTIFS DE LA PROCEDURE

Il importe de rappeler ici que le droit judiciaire fixe les règles


suivant lesquelles les causes sont introduites, instruites et jugées et doit en même
temps assurer d’une part l’efficacité de l’organe juridictionnel et garantir d’autre
part la sécurité juridique des parties en particulier et de la société en général.

Différents systèmes de procédure ont été imaginés dans le


but d’assurer cet équilibre difficile : les uns donnant des pouvoirs extensifs
aux magistrats, les autres circonscrivant étroitement leurs pouvoirs aux fins
de protéger les justiciables.

Ainsi, il existe des systèmes de procédure où l’initiative des


actes procéduraux appartient aux seules parties, les juges n’étant que les
contrôleurs de la légalité ; il en est d’autres où les juges ont mission
d’exécuter le programme politique du gouvernement tel que défini par les lois.

Dans le développement qui suit, nous examinerons les


principaux systèmes de procédure qui existent et indiquerons ensuite le système
procédural congolais.

2. LA PROCEDURE ACCUSATOIRE PAR OPPOSITION A LA


PROCEDURE INQUISITORIALE

La procédure accusatoire est celle où les juges adoptent une


attitude purement passive, ils ne sont saisis que si les parties ont introduit
leurs prétentions en bonne forme devant leurs juridictions, ils attendent que les
parties elles-mêmes apportent la preuve du bien-fondé de leurs prétentions ou
des exceptions qu’elles opposent à leurs adversaires ; ils ne prennent aucune
initiative pour arriver à la manifestation de la vérité, ils ne prennent pas la
direction de la marche du procès qu’ils abandonnent entièrement aux parties en
se bornant à trancher suivant le droit chaque fois que les parties opposent des
prétentions contraires tant sur le fond que sur les incidents.

Au contraire, la procédure inquisitoire est celle où les juges


prennent l’initiative de rétablir le droit partout où ils le voient violé et de le
protéger chaque fois qu’ils le savent menacé. Dans la procédure inquisitoriale,
les juges se saisissent d’office des litiges de leur compétence pour y apporter la

37
- 38 -

juste solution, ils recherchent, de leur propre initiative, la vérité au sujet des
faits sous examen, recourant d’office aux moyens de preuve susceptibles de les
éclairer ; ils prennent en main la direction des opérations de la procédure,
règlent d’autorité tous les incidents qui peuvent surgir pour faire aboutir le
procès à un jugement.

3. LA PROCEDURE CONTRADICTOIRE PAR OPPOSITION A LA


PROCEDURE UNILATERALE

La procédure est dite contradictoire lorsque chaque partie


au procès doit être avertie dès que les organes de la justice sont saisis d’un
litige qui la concerne ; si chaque partie a le droit de connaître et de contredire
toute prétention de son adversaire ainsi que tout argument invoqué et toute pièce
versée au débat ; si chaque partie a le droit de suivre et de discuter chaque acte
de la procédure.

La procédure est dite unilatérale si une partie peut saisir le


tribunal, y développer ses arguments, y rapporter les preuves, y soutenir ses
prétentions de droit sans que la partie adverse ne puisse en connaître ou y
répliquer ; si le tribunal procède d’office à certaines opérations de procédure
sans que les parties ou l’une d’elles n’aient la possibilité d’y contredire.

La procédure est dite par défaut lorsque les parties ont bien
eu le droit et l’occasion d’assister à la procédure, mais qu’en fait, l’une d’elles
n’y a pas assisté. En d’autres termes, la procédure par défaut signifie que la
procédure était de droit contradictoire mais qu’en réalité une partie n’a pas pris
part au procès : dans ce cas le jugement sera appelé « jugement par défaut »
tandis qu’un jugement est qualifié de « jugement contradictoire » lorsque, de fait
ou en réalité, les parties ont usé de la faculté de prendre part au procès.

4. LA PROCEDURE ORALE PAR OPPOSITION A LA PROCEDURE


ECRITE

La procédure est orale lorsque les actes de procédure


entraînant des effets juridiques sont les paroles prononcées par les parties, ou
par les officiers ministériels ou par les juges, même si la preuve du prononcé de
ces paroles résulte, en fait ou en droit, d’un écrit qui en rend compte.

Au contraire, la procédure est dite écrite lorsque l’acte


procédural qui sort des effets juridiques est l’écrit, même s’il est d’usage ou de
droit d’en donner lecture à haute voix au cours d’une audience.

38
- 39 -

5. LA PROCEDURE SECRETE PAR OPPOSITION A LA PROCEDURE


PUBLIQUE

La procédure est dite secrète si le public, c'est-à-dire les


personnes qui ne sont pas parties au procès, ne peuvent pas y assister. Le
caractère secret peut être plus ou moins absolu selon qu’il ne s’applique qu’à
certaines phases de la procédure ou que l’assistance de tiers est au moins
limitée.

Il faut noter que le secret le plus absolu s’attache aux


procédures qui se déroulent en chambre du conseil. Toutefois, il faut
distinguer les séances où seuls les juges sont admis par exemple aux délibérés,
les séances où les parties comparaissent seules sans leurs conseils par exemple
pour tentatives de réconciliation préalable à la procédure en divorce et enfin les
séances où les avocats peuvent assister leurs clients par exemple lors de de
l’autorisation ou de la confirmation de la détention préventive.

Quand au huit clos, il a pour effet d’interdire la salle


d’audience au public, mais non aux avocats et défenseur judiciaires, ni aux
membres du parquet ou du personnel judiciaire.

La procédure est publique si le public peut assister au


déroulement du procès. Toutefois, la publicité de la procédure va de pair avec
l’oralité des débats ; en effet, le public ne peut prendre connaissance des actes de
procédure en assistant aux audiences que dans la mesure où ceux-ci sont oraux.

Mais la publicité de la procédure écrite peut être réalisée par


la communication publique des archives, des dossiers et des registres ou par la
publication des actes de procédure.

6. LE SYSTEME MIXTE DES REGIMES PROCEDURAUX


CONGOLAIS

La procédure congolaise est mixte puisqu’elle est à la fois


accusatoire, contradictoire, orale, publique et secrète, mais ces caractères
connaissent quelques atténuations.

Le caractère accusatoire : en droit congolais, n’impose pas au


juge une attitude purement passive et ne s’oppose pas à ce que le juge vérifie
d’office sa saisine, sa compétence et la recevabilité de l’action ; il n’empêche
pas le juge de prendre des initiatives en matières de preuves ni d’allouer d’office
des dommages-intérêts aux victimes des infractions, enfin il permet même au

39
- 40 -

Juge de Paix d’exercer les fonctions du ministère public devant son propre
Tribunal.
Le caractère contradictoire de la procédure est bien sûr une
garantie essentielle des droits de la défense et est respectée de manière
rigoureuse.

Cependant, en droit congolais, la contradiction n’est requise


que devant la juridiction de jugement alors que la procédure unilatérale est
suivie pendant l’instruction pénale préparatoire, pendant l’instruction du
contentieux administratif ou encore en matière gracieuse.

La publicité de la procédure congolaise est une garantie de


l’objectivité et un moyen de participation du peuple à l’exercice du pouvoir
judiciaire. Toutefois, dans l’intérêt d’un fonctionnement correct de la justice,
cette publicité connaît différents degrés :

- La publicité du prononcé des jugements est imposée par la constitution


elle-même (1) ;
- La publicité des audiences est également requise. La constitution prévoit
que les audiences des cours et tribunaux sont publiques, à moins que la
publicité ne soit dangereuse pour l’ordre public et les bonnes mœurs ;
dans ce cas, le tribunal ordonne le huis clos par un jugement motivé et
écrit (2).

Il faut se rappeler que le droit judicaire congolais connaît


aussi les séances en chambre du conseil qui se tient ordinairement dans le
cabinet du juge, les parties et leurs défenseurs étant seuls admis à l’audience.

En matière de divorce, l’audience en chambre du conseil en


vue de tenter la réconciliation des parties est plus secrète puisque leurs
défenseurs n’y sont pas admis.

La procédure congolaise connaît le secret de l’instruction


pénale préjuridictionnelle et le secret du délibéré.

L’oralité de la procédure congolaise est une condition de sa


publicité. Lorsque la nature de certains actes de procédure exige qu’ils soient
écrits (procès-verbaux, rapports d’experts, conclusions), il est généralement
requis qu’ils soient lus pour sacrifier à la forme orale.

(1)
Article 21 de la constitution du 18 février 2006
(2)
Article 20 de la constitution du 18 février 2006

40
- 41 -

Toutefois, il est à noter que le caractère oral de la procédure


congolaise ne dispense pas de l’établissement des traces écrites de tous les
actes : c’est pourquoi les jugements prononcés sont minutés et les déclarations
d’opposition ou d’appel sont actées par le greffier.

41
- 42 -

CHAPITRE SEPTIEME
LA THEORIE DE L’ACTION EN JUSTICE

1. LA DEFINITION DE L’ACTION EN JUSTICE

Nous avons dit que le droit congolais applique aussi bien la


procédure accusatoire et que dans cette procédure accusatoire, le Tribunal ne
peut jamais prendre l’initiative de se saisir d’un litige : il doit donc attendre
qu’un agent extérieur, public ou un particulier, le saisisse par voie d’une action.

Ainsi, nous pouvons définir l’action en justice ou l’action


judiciaire comme étant le pouvoir légal, en vertu duquel un agent public (par
exemple le ministère public) ou un particulier peut saisir une autorité
juridictionnelle (le tribunal), à l’effet d’obtenir que la prétention de droit qu’il
soutient soit reconnue avec force légale et qu’une décision exécutoire soit
prise aux fins de protéger ou de restaurer le droit (1).

Comme nous le constatons, le système accusatoire est de


règle en matière de saisine des tribunaux congolais puisqu’il y a donc
normalement une personne, autre que le juge, qui possède l’action c'est-à-dire le
pouvoir de saisir la juridiction.

2. LE TITULAIRE DE L’ACTION EN JUSTICE

Ainsi, en droit judiciaire congolais, l’action judiciaire ou le


pouvoir de saisir la juridiction appartient aux personnes suivantes :

a) En matière pénale, l’action publique appartient exclusivement au


parquet, encore que par l’exercice de l’action civile, la victime agissant
par citation directe force la main au parquet, le contraint à l’exercice de
l’action publique ;
b) En matière de contentieux électoral, l’action judiciaire appartient à tout
candidat évincé ;
c) En matière de contentieux en annulation des actes réglementaires
illégaux, l’action en justice appartient à toute personne intéressée ;
d) En matière de contentieux administratif, l’action judiciaire appartient
aux personnes lésées ;
e) En matière civile, l’action privée appartient au créancier du droit ou à la
personne lésée par la violation du droit.
(1)
RUBBENS (A), Le droit judiciaire Zaïrois, Tome I, Le pouvoir, l’organisation et la compétence judiciaires,
Kinshasa, Bruxelles, Larcier, 1970, N° 39, p. 65

42
- 43 -

En résumé, nous retiendrons que l’action en justice ou


l’action judiciaire est le pouvoir légal que possède un agent de saisir une
juridiction en vue de recouvrer ses droits.

3. LA DISTINCTION ENTRE L’ACTION EN JUSTICE ET LE DROIT


SUBJECTIF

L’action en justice diffère du droit subjectif dont il est


question ici. En effet, alors que l’action en justice est le pouvoir légal reconnu
aux sujets de droit subjectif de s’adresser à la justice pour obtenir le respect de
leur droit ou de leurs intérêts légitimes (1) ; le droit, entendu comme droit
subjectif, est une prérogative attribuée à un individu par le droit objectif dans
son intérêt et qui lui permet de jouir d’une chose, d’une valeur ou d’exiger
d’autrui une prestation (2).

4. LA DISTINCTION ENTRE L’ACTION EN JUSTICE ET LA


DEMANDE EN JUSTICE

Sans revenir à la définition de l’action en justice, nous


définissons la demande en justice comme étant la voie par laquelle une personne
soumet au tribunal une prétention ; elle est la voie par laquelle s’exerce l’action
en justice. La demande en justice émane du demandeur.

5. L’IMPORTANCE DE LA DISTINCTION ENTRE L’ACTION EN


JUSTICE, LA DEMANDE EN JUSTICE ET LE DROIT SUBJECTIF

Comme nous pouvons nous en rendre compte, la distinction


entre l’action en justice, le droit subjectif et la demande en justice qui est
l’exercice de l’action est nécessaire.

- La demande en justice peut revêtir des formes diverses : Assignation,


citation, sommation, requête, conclusions, réquisition etc.
- La demande en justice peut être nulle tandis que l’action en justice
subsiste ;
- La demande en justice produit des effets juridiques qui lui sont propres en
modifiant la situation des parties quant au fond et en faisant naître entre
elles un lien juridique d’instance.

(1)
GUILLIEN (R) et VINCINT (J), Op. Cit., p. 49
(2)
GUILLIEN (R) et VINCINT (J), Op. Cit., p.49

43
- 44 -

6. L’OCTROI DE L’ACTION EN JUSTICE AUX ETRANGERS QUI


HABITENT LA R.D.C.

Nous avons vu le titulaire de l’action en justice dans les


différents contentieux. Mais la question se pose si les étrangers possèdent eux
aussi l’action en justice en droit congolais.

La réponse est qu’en R.D.C. les étrangers peuvent soutenir


leurs prétentions de droit devant les juridictions congolaises dans les mêmes
conditions que les nationaux.

7. LES CONDITIONS DE L’EXERCICE DE L’ACTION EN JUSTICE.

La théorie classique des civilistes toujours valable mentionne


quatre conditions d’exercice de l’action en justice ci-après :

1o Le droit subjectif : La juridiction a pour mission de vérifier si les


prétentions des parties sont ou non conformes au droit, l’action qui ne s’appuie
pas sur le droit mène à l’échec, au débouté ; d’où ou soutient que « il n’y a pas
d’action sans prétention de droit ».

2o La capacité : Pour que l’action en justice aboutisse, il faut que son titulaire
ait la faculté de l’exercer

3o La qualité : Pour que l’action en justice aboutisse, il est nécessaire que son
titulaire possède le titre en vertu duquel il agit c’est-à-dire la qualité
4o L’intérêt : C’est une condition d’exercice valable de l’action en justice ; il est
donc requis pour justifier de la recevabilité de l’action ; il doit être direct et
personnel.

En matière civile, par exemple, le créancier doit justifier de


son intérêt personnel pour agir en justice ; en matière pénale, l’action publique
est exercée par un magistrat du parquet dans l’intérêt du respect de la loi.

Ce qui reste universellement vrai est que « la règle : pas


d’intérêt pas d’action est une règle d’ordre public destinée à ménager le temps
des juges, les deniers de l’Etat et à empêcher (de naître) des contestations
inutiles ou vexatoires » (1).

(1)
MOREL (R), Traité élémentaire de procédure civile, 2è édition, Paris, 1949, NO 27, P 3O.

44
- 45 -

8. LE CARACTERE IMPERIEUX OU FACULTATIF DE L’ACTION EN


JUSTICE.

L’action en justice étant un pouvoir, il se pose la question de


savoir si le titulaire de ce pouvoir est tenu de l’exercer ou a la faculté de
s’abstenir.

Pour répondre à cette question, il y a lieu de distinguer


l’action en matière pénale et en matière de droit privé.

En matière répressive, l’exercice des poursuites est la mission


propre des magistrats du parquet qui ne peuvent jamais renoncer à l’action
publique ; toutefois les officiers du ministère ont le pouvoir d’apprécier
l’opportunité des poursuites et de s’abstenir de l’exercice de l’action publique.
Cette liberté d’appréciation n’est pas cependant arbitraire car c’est l’intérêt du
maintien de l’ordre public qui en est la mesure. Ce pouvoir d’appréciation
connaît des limites :

- l’injonction du ministre de la justice oblige le ministère public à exercer


les poursuites ;
- la citation directe par la partie civile force la main au ministère public qui
n’a plus la faculté de renoncer aux poursuites.

En droit privé, d’une manière générale, un particulier dispose


librement de l’action en justice. Toutefois, si un particulier a mis en mouvement
un organe juridictionnel dans une matière qui intéresse l’ordre public, il n’a plus
le pouvoir d’arrêter la marche légale du procès (1) ; les personnes de droit privé
peuvent renoncer à l’action elle-même si celle-ci ne concerne pas un droit
d’ordre public.

9. LA TRANSMISSION DE L’ACTION EN JUSTICE

En droit privé, lorsque l’action est corrélative à un droit


subjectif, la cessation du droit ou la dévolution successorale ou encore la
subrogation personnelle au droit emporte la transmission de l’action au nouveau
titulaire du droit subjectif. Toutefois, ce dernier ne se substitue pas « de plano »
c'est-à-dire de plein de droit dans l’instance introduite par l’ancien titulaire du
droit subjectif puisque dans ce cas, une reprise d’instance par le nouveau
titulaire s’impose.
(1)
En matière de divorce par exemple, le demandeur peut toujours retirer l’action, mais il ne peut retirer un
recours dirigé contre un jugement prononçant le divorce ; dans ce sens voyez cour d’appel
d’Elisabethville(Lubumbashi), 8 septembre 1962, in R.J., 1962, p. 128. En matière pénale, la citation directe est
irrévocable en matière l’action publique, sauf en matière d’adultère où l’on estime que l’ordre des familles prime
l’ordre public général.

45
- 46 -

En matière pénale, l’action publique est exercée par le


parquet et un changement de personnel ou une modification dans la hiérarchie
ne requiert aucune reprise d’instance puisque l’action publique appartient
toujours au ministère public.

10. L’EXTINCTION DE L’ACTION EN JUSTICE

a) Epuisée par une demande en justice, l’action en justice s’éteint


normalement par la décision judiciaire répondant à la prétention soumise
au tribunal.

 La chose jugée ne permet plus aux parties de demander une décision -


conséquence là où le pouvoir juridictionnel s’est déjà prononcé (1) ;
 L’épuisement de l’action au premier degré peut cependant donner
naissance à une autre action, l’action en recours en faveur de la partie à
qui le jugement a fait grief ; tout comme un jugement rendu en dernier
ressort peut ouvrir le pourvoi en cassation.

b) L’action en justice peut encore s’éteindre par prescription

Il existe certaines prescriptions qui éteignent le droit lui-


même et par voie de conséquence les actions qui protègent ce droit. Il existe
cependant des cas où l’écoulement du temps a pour effet de paralyser l’action
sans affecter le droit.

En droit privé, il existe certaines prescriptions qui ne sortent


leur effet inhibitif sur l’action en justice que si elles sont opposées par voies
d’exception, par contre, d’autres déchéances par exemple la péremption de
l’appel, de l’opposition, de la cassation sont encourue de plein droit par
l’écoulement des délais et ne tolèrent aucune dérogation puisqu’elles sont
d’ordre public.

c) Le désistement de l’action en justice est possible en cas d’une action


couvrant un droit sans incidence sur l’ordre public et dont le titulaire est
capable de disposer.

Au contraire, le désistement volontaire est impossible dans


tout contentieux du droit public et dans le contentieux du droit privé où l’ordre
public est intéressé.

(1)
En matière de droit privé, il est admis que l’autorité de la chose jugée n’est pas d’ordre public

46
- 47 -

On admet cependant que toute partie privée possédant une


action patrimoniale contre l’Etat ou un service public peut s’en désister si elle a
la capacité de disposer de son patrimoine.

47
- 48 -

CHAPITRE HUITIEME
LA THEORIE DE L’INSTANCE JURIDICTIONNELLE
1. LA DEFINITION DE L’INSTANCE JURIDICTIONNELLE

L’instance juridiction est l’état de droit qui résulte du fait


qu’une juridiction est saisie d’un litige.

En droit judiciaire congolais c’est normalement par une


demande que l’instance juridictionnelle est introduite car le cas où une
juridiction se saisit d’office demeure une exception.

L’instance juridictionnelle crée de nouveaux rapports de droit


au sein de la société :

Le premier rapport juridique qui résulte de l’instance


juridictionnelle est de droit public. En effet, un organisme de l’Etat c’est-à-dire
une juridiction à le devoir de dire le droit, de prendre une décision-
conséquence pour mettre fin à un litige délimité ;

L’instance crée aussi des nouveaux rapports juridiques entre


les parties au procès sans détruire les anciens rapports juridiques entre les
parties qu’elle met pourtant bien en évidence.

Cependant, de nouveaux rapports juridiques surgissent :

a) En matière civile, la demande en justice interrompt la prescription et


constitue une mise en demeure et les parties peuvent désormais soumettre
leurs prétentions au juge : le demandeur dans les limites de l’objet qu’il a
lui-même fixé et le défendeur, dans les limites de la cause invoquée par le
demandeur.
b) En matière répressive, l’acte de poursuite limite aux seuls faits énoncés la
responsabilité du prévenu ; l’instance lui donne accès au dossier e
l’instruction inquisitoriale pré juridictionnelle, permet à la victime
d’intervenir au procès pour réclamer la réparation du préjudice subi en se
constituant partie civile.

48
- 49 -

2. LES PARTIES AU PROCES

Il faut retenir que toute instance juridictionnelle suppose que


des personnes, physiques ou morale, privées ou publiques appelées parties au
procès soutiennent des protections de droit devant une juridiction
Dans la procédure accusatoire :

- La partie qui saisit le tribunal, qui met en mouvement l’activité


juridictionnelle, qui ouvre l’instance est appelée la partie
demanderesse ;
- La personne à la quelle on impute un manquement à ses obligations une
violation du droit ou excès de pouvoir et qui doit être invitée à se défendre
contre cette imputation est appelée partie défenderesse ;
- Si un tiers est amené de gré ou de force à formuler une prétention des
droit, agressive ou défensive, dans le cadre de l’instance liée entre le
demandeur et défendeur, il est appelé partie intervenante.

Il importe de retenir qu’en droit congolais il n’existe pas


d’action en justice contre une partie indéterminée, c’est-à-dire il est impossible
d’introduire une action sans préciser le défendeur.

Toutefois, s’il y a équivoque sur la personne du défendeur, le


droit congolais prévoit la possibilité d’introduire l’action judiciaire contre
plusieurs parties, quitte à mettre cause celles qui justifieraient, en cours
d’instance, de ne pas être responsables.

En droit civil, la loi prévoit que dans certains cas le


demandeur peut provoquer la désignation d’un défendeur, par exemple, le tuteur
ad hoc, administrateur des biens de l’absent etc. dans ce cas celui-ci comparait
« qualitate qua » : il n’est pas personnellement partie au procès qui ne peut pas
comparaître.

3. LES ELEMENTS DE L’INSTANCE JURIDICTIONNELLE

Nous pouvons distinguer trois phases dans toute l’instance


juridictionnelle qui sont :

a) La saisine : elle groupe et lie les actes par lesquels est délimité l’objet du
litige sur lequel la juridiction est appelée à se prononcer ;

49
- 50 -

b) L’instruction (examen) : elle embrasse tous les actes posés en vue


d’éclairer la religion du tribunal sur les faits de la cause et le droit qui
régit les rapports de parties ;

c) La juridiction : passant par le débat public et le délibéré secret, elle


aboutit au jugement, acte de dessaisissement du tribunal.

Il faut remarquer que l’analyse de l’instance juridictionnelle


en trois phases : la saisine, l’instruction et la juridiction ne rend pas compte des
incidents qui peuvent surgir dans chacune d’elles.

Dans le développement qui suit nous allons examiner


successivement l’économie des trois phases de l’instance juridictionnelle avant
de préciser la nature et l’effet des incidents.

4. LA SAISINE DES TRIBUNAUX (PREMIERE PHASE DE


L’INSTANCE JURIDICTIONNELLE).

En droit congolais où le régime accusatoire est pratiqué


aussi, la voie normale pour saisir le tribunal est une demande dont le nom et la
forme différent suivant la nature du contentieux ou le degré de la juridiction
saisie ; d’où la demande peut porter le nom d’assignation, de citation, de
déclaration, de pourvoi, de requête, etc.

Il faut noter que la demande initiale ne détermine pas


toujours d’emblée la mesure dans laquelle la juridiction sera amenée à statuer.

En effet, à la demande initiale ou introductive d’instance,


d’autres demandes : additionnelles ou reconventionnelles, interventions
volontaires ou forcées, action civile, etc. Peuvent venir modifier les rapports
procéduraux des parties ou introduire des parties nouvelles au procès et altérer
ainsi en conséquence la « saisie du tribunal » c’est-à-dire la mission
juridictionnelle qui lui est impartie.

Enfin, le tribunal est tenu de fournir une réponse


juridictionnelle aux exceptions, défenses et incidents que les parties peuvent
soulevés pendant l’instance juridictionnelle.

Il convient de remarquer que le système congolais qui est de


type accusatoire, connaît cependant un domaine de saisine d’office puisque
même quand aucune partie n’aurait formé de conclusions, le tribunal vide toute
exception ou toute fin de non recevoir d’ordre public et statue sur les frais
d’instance.

50
- 51 -

En matière pénale, le tribunal répressif saisi de l’action


publique alloue d’office les dommages- intérêts et réparation à la partie lésée par
l’infraction (1).

5. L’INSTRUCTION (DEUXIEME PHASE DE L’INSTANCE


JURIDICTIONNELLE).

Nous pouvons dire que l’instruction consiste essentiellement


dans la recherche de la vérité légale par le tribunal au moyen de la vérification
de faits et des obligations des parties c’est-à-dire par la vérification des données
du litige.

Elle permet au tribunal de former son intime conviction au


sujet de la réalité des faits avant d’en proclamer la vérité légale.

Dans le régime accusatoire mitigé que connaissent les


tribunaux congolais, il incombe cependant à ces derniers de prendre l’initiative
aux fins de contrôler les allégations des parties, de vérifier leurs moyens de
preuve, de former leur intime conviction.

Mais l’instruction peut, dans certains cas, se réduire à peu de


chose : c’est notamment le cas lorsque le demandeur se présente à l’audience,
toutes peuvent incontestées en main, ou lorsque le défendeur accepte, sans
réserves, aux allégations du demandeur.

En matière pénale, l’instruction prejuridictionnelle est


confiée aux magistrats du parquet tandis que l’instruction à l’audience est
confiée au tribunal pénal.

Les juridictions d’appel ne doivent pas normalement faire


l’instruction et n’y recourent que si l’instruction devant le premier juge est
viciée ou incomplète.

La juridiction de cassation se borne à vérifier la légalité


d’un jugement et n’instruit pas les faits de la cause.

(1)
Ord - loi du 19 juillet 1968, art. 114.

51
- 52 -

6. LA PHASE DE JURIDICTION (TROISIEME PHASE DE


L’INSTRUCTION JURIDICTIONNELLE).

Elle vise à la fois la rédaction du projet et le prononcé du


jugement, tout le processus de la recherche du droit applicable à la cause et
l’élaboration de la décision conséquence.

7. LES INCIDENTS

On entend par incident une prétention de droit formulé en


cours d’instance juridictionnelle par une partie au procès ou retenue d’office
par le tribunal si elle est d’ordre public (1).

L’incident a pour conséquence de modifier les rapports


procéduraux des parties et à la mission du juge (2).

L’incident peut surgir in limine litis pour contester la


composition du tribunal, la régularité de la saisine, la compétence de la
juridiction, la recevabilité de la demande ou pour mettre en cause une partie qui
ne s’y trouve pas ou pour mettre hors de cause une partie qui y a été appelé à
tors.

L’incident peut surgir dans la phase d’instruction pour


organiser ou pour faire échec à l’administration de la preuve.

Enfin, l’incident peut surgir dans la phase juridictionnelle et


même après clôture des débats.

Un incident peut éteindre ou réduire l’instance, orienter


l’instruction, délimités les débats, suspendre ou arrêter l’instance.

L’incident soulevé par une partie dans le cadre de l’instance


est essentiellement une prétention de droit ; il doit, à ce titre, recevoir une
réponse du juge, un dire pour droit qu’il accueille ou le rejette.

Suivant leur nature, les incidents requièrent une décision


préjudicielle ou une décision préalable ; mais le tribunal peut aussi prendre acte
de la prétention de droit qui lui est soumise par l’incident et le joindre au fond
tout en ordonnant de poursuivre l’instance.

(1)
RUBBENS (A), Op. cit , No 55, P. 89.
(2)
RUBBENS (A), Op. cit , No 55, P. 9O et suivantes.

52
- 53 -

Dans ce cas, le tribunal statuera, après délibéré, à la fois sur


l’incident et sur l’action introduite par la demande initiale.

En droit congolais, le caractère accusatoire de la procédure à


l’audience exige que seules les parties au procès soulèvent les incidents en
formulant une demande accessoire en cours d’instance ; toutefois, il existe des
exceptions d’ordre public qui empêchent les juges de répondre à certaines
prétentions de droit telles que le déport d’un juge, l’incompétence du tribunal, le
défaut de qualité des parties, l’irrégularité de leur représentation, l’absence de
saisine, l’irrecevabilité de la cause etc. ; le tribunal les retiendra d’office si son
pouvoir juridictionnelle en est affecté.

8. LA DEMANDE TEMERAIRE ET VEXATOIRE

Nous pouvons la définir comme une faute qui consiste pour


le demandeur qui, n’ayant aucun doute sur l’inanité de son action, agit par
malice, avec l’intention de nuire ou en commentant une erreur si grossière,
qu’elle est équipollente au dol.

En d’autres termes, nous pouvons dire que la demande


téméraire et vexatoire est l’exercice abusif de l’action en justice, le fait pour une
partie d’introduire une instance juridictionnelle ou même d’opposer une
demande incidente alors qu’elle sait ou doit savoir que son action ne peut
aboutir.

En dépit de cette définition, il y a lieu de noter que le fait


d’introduire une action qui, à l’examen, se révèle mal dirigée, irrecevable ou non
fondée, ne constitue pas en soi un abus.

Cette précision faite, les tribunaux congolais considèrent


que l’exercice abusif de l’action en justice c’est-à-dire l’action téméraire et
vexatoire est une faute civile donnant lieu à la réparation par voie de
dommages et intérêts.

Donc il appartient à celui qui prétend introduire la demande


en dommages - intérêts sous l’action reconventionnelle devant le Tribunal
répressif ou civil de l’action téméraire et vexatoire.

Il incombe également à celui qui prétend victime de l’action


téméraire et vexatoire de prouver la faute, le préjudice subi et de causalité.

53
- 54 -

Comme nous pouvons le constater, la procédure spéciale de


l’action reconventionnelle a été prévue pour permettre à la victime de l’abus de
l’action judiciaire d’obtenir réparation sans désemparer.

54
- 55 -

CHAPITRE NEUVIEME
LA THEORIE DU JUGEMENT

1. LA DEFINITION DU JUGEMENT

Le jugement peut être entendu au sens strict et au sens large.

Au sens strict du mot, le jugement est le prononcé par le


juge, constatant le fait, déclarant le droit et prenant, s’il échet, la décision –
conséquence et la rendant éventuellement exécutoire.

Au sens strict, le jugement est un acte propre de la fonction


juridictionnelle.

Au sens large, le jugement est toute décision judiciaire prise


en la forme matérielle d’un jugement.

Par extension, on désigne encore par jugement l’écrit


constatant en forme authentique le prononcé de la juridiction. Il est utile de
préciser qu’en droit congolais, il est d’usage de parler de :

- La minute du jugement : pour désigner l’original de l’écrit, le texte


littéral du jugement tel qu’il a été prononcé. La minute désigne un
manuscrit rédigé pour partie par le greffier (qualités, mentions fiscales) et
pour partie par le juge (motifs, dispositif) et signé par les juges et le
greffier. Bien souvent le manuscrit portant ratures et ajoutes est utilisé
comme « brouillon » repris en polycopie dont un exemplaire est signé et
intitulé « minute » ; le greffier est le dépositaire des minutes ;
- L’expédition du jugement : est une copie (en détails) in extenso de la
minute, revêtue de la signature du greffier pour authentification ;
- La grosse du jugement : est une expédition (copie) revêtue de la formule
exécutoire et signée par le greffier, elle est appelés « grosse » parce
qu’autrefois elle était un exemplaire recopié à la plume ronde qui était
grosse ;
- L’extrait du jugement : est l’énoncé résumé des éléments essentiels du
jugement, dressé et signé par le greffier, soit en vue d’une signification
faisant courir les délais (par exemple de dix jours pour l’appel en matière
pénale, article 97 du code de procédure pénale), soit à des fins
probatoires ;

55
- 56 -

- La copie du jugement : désigne spécialement la reproduction intégrale


de la grosse l’huissier laisse aux mains de la partie à laquelle le jugement
a été signifié ;
- Les copies libres du jugement : désignent toutes autres copies destinées
à la documentation personnelle des juges, au contrôle du parquet, à la
publication, etc.

2. LA STRUCTURE DU JUGEMENT

A. Première partie du jugement : Le préambule ou les qualités du jugement

Tout jugement doit contenir sa propre justification et pour ce


faire :

 Il doit mentionner l’organe juridictionnel qui l’a prononcé afin de


permettre la vérification de son pouvoir juridictionnel ;
 Il doit justifier de la qualité et de la compétence de l’organe juridictionnel
ainsi que du mandat des personnes qui ont participées à l’élaboration du
jugement c'est-à-dire la composition du tribunal ;
 Il doit mentionner les noms des parties et leur qualité dans la cause ;
 Il doit mentionner l’objet du litige soumis au tribunal ;
 Il doit constater ou justifier la régularité de la saisine, la compétence du
tribunal et la recevabilité de l’action en justice ;
 Il doit rendre compte des différents actes suivant lesquels l’instance s’est
déroulée.

Ces différentes mentions qui constituent le préambule


nécessaire du jugement sont appelées les qualités du jugement.

B. La deuxième partie du jugement : la motivation

Ils sont aussi appelés la « la motivation du jugement ». Dans


cette deuxième partie du jugement le tribunal justifie sur quoi repose l’opinions
qu’il s’est faite à propos des faits (les preuves) et sur quelles normes juridiques
c'est-à-dire le droit applicable, il les a appréciés et éventuellement sanctionnés.

C. La troisième partie du jugement : Le dispositif du jugement

C’est donc en réponse aux qualités et suivant les déductions


tirées des motifs que le jugement peut libeller :

- La constatation du fait ;
- La déclaration du droit applicable ;

56
- 57 -

- La décision – conséquence qui constituent le jugement au sens strict ou


plus précisément le « dispositif » du jugement avec les modalités
d’exécution telles que les délais, les conditions d’exécution.

D. Le jugement doit encore porter les mentions fiscales, soit le compte et


l’imputation des frais et éventuellement des droits proportionnels sur les
sommes allouées.

E. Le jugement peut être revêtu de la formule exécutoire au cas où il porte une


décision de condamnation à l’égard d’une personne privée.

F. Le jugement doit être daté et porter la signature des juges, du greffier aux fins
d’authentifier et de certifier la date du prononcé.

En voici un modèle :

57
- 58 -

3. LA FORME DU JUGEMENT

En droit congolais, les formes sont rarement prescrites à


peine de nullité. Cependant, certaines mentions sont si essentielles à la validité
du jugement (1). Il existe même des carences qui peuvent avoir comme
conséquence que le jugement se trouve dépourvu de ce caractère et soit appelé
jugement inexistant.

D’une manière générale, en droit congolais, les jugements


doivent être prononcés mais la procédure étant orale, l’écrit qui en rend compte
n’est qu’une preuve du contenu et du prononcé du jugement.

4. LA NOMENCLATURE DES DECISIONS


JURIDICTIONNELLES

En droit judiciaire congolais le terme « jugement » vise l’acte


juridictionnel. Cependant, il est d’usage de réserver le nom de jugement aux
actes des juridictions inférieures c'est-à-dire les Tribunaux et le nom d’arrêt à
l’acte d’une juridiction supérieure, une Cour.

 Le verdict indique la constatation des faits par un jury ;


 La sentence est le nom réservé à l’acte juridictionnel des arbitres ;
 La décision juridictionnelle désigne, dans le langage courant et de
façon un peu imprécise, tout acte de juridiction ;
 La décision judiciaire couvre aussi de manière défectueuse, l’acte
juridictionnel alors que ce vocable vise également les ordonnances de
juridiction gracieuse ;
 Les jugements en la forme sont des jugements qui ne jugent rien tels
que les jugements d’homologation.

5. LES JUGEMENTS AVANT DIRE DROIT

Ce sont des jugements en la forme par lesquelles le tribunal


confesse lui-même ne faire aucune constatation préjudiciable des faits et ne pas
déclarer le droit applicable.

(1)
En droit congolais, la nullité d’un jugement ne peut jamais être opposée au titre d’exception et il n’existe pas
d’action principale en nullité contre les jugements. Toutefois, les voies de recours exercées dans les délais légaux
permettent de constater la nullité d’un jugement.

58
- 59 -

Il existe trois types de jugements avant dire droit :

Les jugements préparatoires ;


Les jugements interlocutoires et
Les jugements provisoires.

1. Les jugements préparatoires

Ce sont des jugements avant dire droit qui ordonne une


mesure d’instruction, ils ne doivent pas être motivés.

2. Les jugements interlocutoires

Ce sont des jugements avant dire droit par lesquels le juge


ordonne des mesures d’instructions complémentaires tout en tenant certains faits
pour acquis ou parce qu’il s’est déjà formé une opinion sur le droit applicable,
dans ce cas, le juge préjuge du fond de la cause sous réserve de se déjuger après
des plus amples informations. Les jugements interlocutoires doivent être
motivés parce qu’ils constituent des jugements en fait et en droit.

3. Les jugements provisoires

Ce sont des jugements avant dire droit par lesquels le juge


statue sur des demandes qui ne sont formulées qu’en attendant le jugement final
ou par lesquels le juge peut allouer des dommages – intérêts à titre de provision.

Les jugements provisoires reposent sur une opinion que le


juge s’est formé, sans se prononcer irrévocablement. N’étant pas dessaisi, le
juge, mieux éclairé, peut toujours se rétracter.

C’est pour cette raison que l’interlocutoire et le provisoire ne


lient pas le juge, mais ils sont toujours motivés.

6. LES JUGEMENTS DEFINITIFS

Ce sont ceux par lesquels le Tribunal épuise sa saisine, vide


le litige. Ce sont les jugements définitifs qui répondent à la définition du
jugement.
Quand aux jugements préjudiciels, ce sont des jugements par
lesquels le juge résout, avant de statuer sur le litige qui lui est soumis, un point
de fait ou de droit qui conditionne le développement ultérieur du débat. Ils ont

59
- 60 -

un caractère juridictionnel parce qu’ils constatent un point de fait ou de droit,


même s’ils n’ont pas encore répondu à la prétention formulée par les parties.

Il est cependant possible qu’une demande portant sur


plusieurs chefs aboutisse à un jugement définitif sur un chef et à un jugement
avant dire droit sur un autre chef, on peut aussi avoir un jugement définitif sur
incident et donc irrévocable, sans que le juge se soit prononcé sur le fond du
litige et par conséquent dessaisi de la cause.

Cette situation s’exprime en introduisant le dispositif par la


formule ci-après : « statuant définitivement sur … (le premier chef de la
demande … ou sur l’exception de …) et avant dire droit ».

7. LES JUGEMENTS CONSTITUTIFS ET LES JUGEMENTS


DECLARATIFS

En droit congolais, les jugements constitutifs sont les


jugements qui donnent naissance à une situation juridique nouvelle, résultant de
la décision juridictionnelle tels que les jugements prononçant le divorce,
l’interdiction, la faillite, etc., tandis que les jugements déclaratifs sont des
jugements qui se bornent à donner force de vérité légale aux faits préexistants
sans les altérer et à dire quel est le droit en vigueur sans y ajouter des normes
nouvelles.

8. L’EFFET RETROACTIF DES JUGEMENTS

Les jugements constitutifs c'est-à-dire créateurs des droits


nouveaux n’ont pas d’effet rétroactif puisque ceux-ci n’existent qu’à dater du
jugement alors que les jugements déclaratifs ont un effet rétroactif en ce qu’ils
actualisent les droits antérieurs.

9. L’IMMUTABILITE (INCHANGEABILITE) DES


JUGEMENTS

Elle signifie que les jugements ayant acquis l’autorité de la


chose jugée ne peuvent plus être changés c'est-à-dire modifiés.

L’immutabilité des jugements est essentielle à la sécurité


juridique ainsi si un droit nouveau a été constitué par le jugement, il importe que
pareil droit soit à l’abri de toute discussion.

60
- 61 -

10. LE DESSAISISSEMENT DU TRIBUNAL

Le tribunal est dessaisi dès qu’il a prononcé un jugement


définitif, celui-ci ne peut plus être modifié ni complété en vertu du caractère
immutable des jugements.

Mais il y a quelques dérogations à cette règle :

- Le juge peut corriger des erreurs matérielles de son jugement, à la


demande d’une partie, l’autre dûment entendue, tant que le jugement
n’a pas été entrepris par un recours ;
- Le tribunal qui a rendu le jugement ambigu peut encore l’interpréter à
la demande d’une partie, l’autre dûment entendue, toute fois, le pouvoir
d’interprétation est retiré au tribunal dès qu’un recours est exercé. En
effet, un jugement ambigu est un jugement défectueux et la juridiction
de réformation est compétente pour remplacer les dispositions ambiguës
par des dispositions claires, même si ce faisant elle se borne à
reprendre en bonne forme la solution que le premier juge avait mal
exprimé ;
- Enfin, il faut remarquer que malgré le dessaisissement juridictionnel, le
tribunal qui a rendu le jugement reste généralement compétent pour
intervenir dans l’exécution.

11. L’OUVERTURE DES RECOURS

Les jugements n’acquièrent le caractère immuable que


lorsque les recours organisés par loi sont épuisés ou périmés. Suivant la
législation congolaise en vigueur, toute partie à la quelle un jugement fait grief
dispose, dès le prononcé, des actions en recours organisées par la loi.

12. L’AUTORITE DE LA CHOSE JUGEE

Tout jugement définitif acquiert, dès son prononcé, l’autorité


de la chose jugée : à ce titre, il ne peut plus être contredit ni modifié, sauf par
voie de recours. Tant que le jugement est susceptible d’être entrepris par un
recours, l’autorité de la chose jugée n’est que provisoire. Il « conserve cependant
l’autorité de la chose jugée alors même qu’il est frappé par une voie de recours
extraordinaire, et tant qu’il n’a pas été rétracté ou annulé » (1).

(1)
MOREL (R), Op. Cit., N° 578, p. 452

61
- 62 -

Par contre, le simple exercice des recours ordinaires suspend


l’autorité du jugement.

Il faut noter que du point de vue terminologique :

- Un jugement est passé en force de chose jugée ou est coulé en force de


chose jugée lorsqu’il n’est plus susceptible d’être attaqué par une voie de
recours ordinaire ;
- Un jugement est irrévocable lorsqu’il n’est plus susceptible de voies de
recours extraordinaires. Par ailleurs, l’autorité de la chose jugée ne
s’attache qu’aux seules déclarations de droit contenues dans le dispositif
du jugement. La notion de l’autorité de la chose jugée est parfois
invoquée pour justifier la présomption de validité des jugements,
l’immutabilité des jugements, le dessaisissement du tribunal et la force
exécutoire des jugements ;
- L’autorité de la chose jugée est la présomption de vérité qui s’attache à la
constatation des faits et dire pour droit, ayant pour effet juridique :
De faire obstacle à une nouvelle instance portant sur le même litige ;
De faire irréfragable de la vérité légale des constatations reprise dans
le jugement.

12. LA PREUVE TIREE DES JUGEMENTS : AU DELA DE


L’AUTORITE DE LA CHOSE JUGEE

Tout jugement est un acte authentique et un procès – verbal


dressé par un officier ministériel, le greffier.

Ainsi, toutes les énonciations et mentions d’un jugement


dénué de l’autorité de la chose jugée ont valeur probante qui, suivant le cas, peut
rencontrée par la preuve écrite contraire (voir code civil congolais livre III en
son article 201) ou par toutes présomptions abandonnées aux lumières et à la
prudence du magistrat conformément à l’article 229 du code civil congolais
livre III et à l’article 75 du code de procédure pénale.

Notons que même les jugements étrangers non exéquatureés


peuvent être invoqués « ad propationem » c'est-à-dire de preuve sans avoir
autorité de la chose jugée dans aucun de ses éléments.

62
- 63 -

13. LA FORCE EXECUTOIRE DES JUGEMENTS

Tout jugement rendu en vue de restaurer ou de protéger le


droit doit être exécuté afin que le règne du droit soit respecté. Mais les
jugements peuvent prévoir des délais ou la loi elle-même peut également prévoir
pour certains jugements qu’ils ne seront pas exécutoires avant l’écoulement de
certains délais.

En principe, l’exercice des voies de recours ordinaires


suspend la force exécutoire tout comme il suspend l’autorité de la chose jugée,
mais en matière civile et matière administrative, on peut avoir des jugements
exécutoires nonobstant tout recours, tandis qu’en matière pénale, le condamné
aux peines de servitude pénale qui était arrêté avant le jugement ou dont
l’arrestation immédiate a été prononcée, demeure en détention préventive durant
le délai d’appel et pendant la procédure d’appel.

Les jugements susceptibles d’être exécutés sont revêtus par le


greffier de la formule exécutoire.

14. LA FORMULE EXECUTOIRE DU JUGEMENT : LA GROSSE

L’expédition c'est-à-dire la copie du jugement destinée à la


procédure d’exécution est appelée grosse. Cette expédition est revêtue d’une
formule faisant appel à l’intervention des autorités judiciaires et exécutives aux
fins d’assurer l’exécution du jugement prononcé, au besoin par la force. Seul le
greffier a le pouvoir de délivrer la grosse et d’y porter la formule exécutoire.

La portée juridique de cette procédure est :

1. De soumettre à la responsabilité du greffier, le contrôle du caractère


exécutoire du jugement;
2. D’imposer au greffier de ne livrer qu’une seule grosse pour éviter l’abus
qui résulterait de la répétition de deux exécutions d’un même jugement ;
3. De ne délivrer une deuxième grosse, en cas de nécessité, que suivant
l’ordonnance du procureur général (1).

(1)
SOHIER (A), Droit de procédure du Congo belge, Bruxelles, 1995, N° 1955, p. 107.

63
- 64 -

15. L’EXECUTION FORCEE DES JUGEMENTS

Disposant de la grosse revêtue de la formule exécutoire,


même un particulier peut obtenir l’exécution par la force du jugement rendu en
sa faveur.

En règle générale, les huissiers sont normalement appelés à


procéder aux exécutions, mais ils doivent, le cas échéant, recourir à l’autorité du
procureur de la république pour obtenir l’assistance de la force publique dont
dispose l’exécutif.

Il faut retenir ici qu’il n’est pas pensable de recourir à


l’exécution forcée contre une personne morale constituée en service public
organique ; normalement, les autorités exécutives doivent se soumettre
volontairement aux décisions souveraines du pouvoir judiciaire, s’il n’en était
pas ainsi, seule la pression des organes politiques pourrait les y amener.

Toutefois, il n’en est pas ainsi d’une personne de droit privé


ne constituant pas un organe de l’exécutif politique, en effet, à son égard
l’exécution directe ou la saisie – exécution peuvent être opérées.

Lorsque les organismes publics autonomes relèvent de


l’autorité administrative qui possède le dernier mot en matière de décision, il
convient de recourir à cette autorité pour obtenir l’exécution volontaire de
recourir à la force.

Mais les organismes publics peuvent, suivant les règles de la


procédure régulière, faire exécuter par la force, les jugements qu’ils ont obtenus
contre les particuliers.

a) L’exécution directe

Elle tend à rétablir la situation de droit suivant les


prétentions formulées par la partie qui a obtenu gain de cause par le jugement.

En matière pénale, l’exécution directe n’efface pas


l’infraction commise, mais elle peut faire cesser une situation infractionnelle par
exemple en ordonnant une destruction ;

En matière d’obligations, l’exécution directe consiste à


obliger, à faire, à donner ou à s’abstenir ;

64
- 65 -

En matière de droit réel, l’exécution directe consiste à rétablir


l’ayant – droit dans la possession de son bien ou dans la jouissance d’une
servitude ou à démolir un empiètement ;

En matière d’obligation personnelle, l’exécution directe peut


obliger « manu militari » à l’exécution d’une obligation.

b) Parfois l’exécution peut être obtenu par l’astreinte (1) en vertu de laquelle
une pression pécuniaire est exercée en vue d’obtenir l’exécution d’une
obligation de faire.

c) L’exécution par équivalent est souvent la seule solution possible, ou la


solution subsidiaire que l’on peut obtenir par la force à défaut d’une
exécution directe volontaire.

C’est surtout en compensation d’un préjudice résultant de


l’inexécution des obligations contractuelles et en réparation du préjudice causé
par un délit ou par un quasi – délit que les jugements prononcent des
condamnations aux dommages – intérêts.

L’exécution d’une condamnation aux dommages – intérêts,


comme toute condamnation à payer une somme, peut se faire par la voie de la
contrainte sur la personne ; et la contrainte consiste à priver le débiteur de liberté
jusqu’à ce qu’il ait acquitté sa dette, mais le droit congolais ne se montre guère
favorable à ce mode d’exécution forcée qui ne s’applique que dans des cas
limités et avec des restrictions plus grandes.

C’est ainsi que la voie normale d’exécution forcée d’une


condamnation de payer est la saisie et l’expropriation des biens du débiteur.

d) L’exécution forcée des peines connaît un régime propre.

L’exécution des peines d’amendes devrait se faire de


préférence par voie de saisie et de réalisation des biens et des créances.

En matière pénale, il est cependant prévu des peines


subsidiaires de servitude pénale applicables à défaut de paiement volontaire des
amendes et la prise de corps (ou la menace d’arrestation) constitue une pression
efficace pour obtenir le paiement des amendes.

(1)
L’astreinte, est en matière civile, une condamnation à une somme d’argent, à raison de tant par jour ou par
semaine ou par mois de retard, prononcé par le juge du fond contre un débiteur récalcitrant, en vue de l’amener à
exécuter en nature une obligation. En principe provisoire, c'est-à-dire révisible, l’astreinte peut être définitive si
le tribunal en a décidé ainsi.

65
- 66 -

Quand aux peines corporelles, elles sont exécutées


directement par la prise de corps et le dépôt du condamné dans une maison de
détention.

16. LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX POUR CONNAITRE DE


L’EXECUTION DES JUGEMENTS

En matière pénale, c’est le ministère public près chaque


juridiction répressive qui a compétence pour faire exécuter les décisions rendues
par le juridiction pénale concernée.

En matière civile, les cours et tribunaux ont la compétence de


faire exécuter leurs décisions par le canal de leurs greffes d’exécution.

66
- 67 -

CHAPITRE DIXIEME
LES FONCTIONS NON JURIDICTIONNELLES
DES SERVICES JUDICIAIRES
1. LA DIVERSITE DES FONCTIONS DES SERVICES
JUDICIAIRES

Il y a lieu de rappeler ici que les services ont été institués


pour assumer la mission de souveraineté de l’Etat dans l’exercice de la fonction
juridictionnelle.

Les magistrats du siège c'est-à-dire les président, les


conseillers, les juges siégeant dans les cours et tribunaux sont les organes du
pouvoir juridictionnel.

Tous les autres services judicaires c'est-à-dire les parquets, la


police judiciaire, le greffe, l’office de l’huissier ont été conçus essentiellement
en vue d’assurer le bon fonctionnement de la mission juridictionnelle de l’Etat.

Enfin, la gestion des services judiciaires requiert, comme tout


service public, l’accomplissement de certains actes de pure administration
interne, qui incombent au personnel judiciaire dirigeant ces services.

Il faut donc distinguer dans les fonctions non juridictionnelles


des services judiciaires et des magistrats :

1. Les actes de pure administration ;


2. Les actes ministériels ;
3. Les actes accessoires à l’œuvre de juridiction ;
4. Les actes de juridictions gracieuse et
5. Les actes de juridiction formelle.

1. Les actes de pure administration

Pour le bon fonctionnement des services judiciaires et de la


fonction juridictionnelle, les organes dirigeant ces services tout comme les
magistrats peuvent prendre des actes de pure administration notamment pour
fixer les jours et les heures d’audience, pour renvoyer telle affaire à telle
chambre etc.

67
- 68 -

2. Les actes ministériels

En République Démocratique du Congo ce sont des agents de


la fonction publique, magistrat ou fonctionnaires, qui sont investis du pouvoir de
dresser des actes ministériels (1).
Au sens large, nous désignons par actes ministériels tout écrit
rédigé ou homologué par un officier public en vue de servir de preuve juridique
à ce qui s’y trouve relaté.

Dans ce sens, les actes notariés, les actes de l’état-civil, les


exploits d’huissier, les actes de procédure des greffiers par exemple la feuille
d’audience, la constitution de la partie civile, les actes de recours etc. sont des
actes ministériels ; les procès – verbaux des officier de police judiciaire sont
aussi des actes ministériels.

Ces actes ministériels et procès-verbaux sont des actes


authentiques ; leur valeur probante privilégiée est subordonnée aux conditions
spécifiques de forme imposées par la loi ; ces actes font foi jusqu’à preuve du
contraire ou jusqu’à ce qu’il soit prouvé qu’ils sont entachés de faux.

Les actes ministériels nuls dans la forme ne peuvent avoir


une valeur probante ordinaire ou être retenues au titre de simples
renseignements.

S’ils sont entachés de faux ou s’ils sont le résultat d’une


activité criminelle de leur auteur, ils doivent être rejetés.

Les actes ministériels et les procès verbaux font foi de ce que


l’officier public déclare avoir vu et entendu mais ne prouvent pas la sincérité ni
la véracité des déclarations reçues ; enfin, les opinions et les appréciations de
l’officier ministériel n’acquièrent aucun crédit particulier du fait qu’elles sont
insérées dans l’acte authentique.

(1)
En France par exemple il existe des offices ministériels en vertu desquels les pouvoirs publics délèguent à des
particuliers une compétence pour donner à certains actes judiciaires ou extrajudiciaires, une autorité juridique
particulière, les officiers ministériels étant rémunérés par une taxe ratifiée payée par les parties qui sollicitent
leurs prestations.

68
- 69 -

3) Les actes de juridiction gracieuse

Nous disons qu’il y a acte de juridiction gracieuse lorsque la


loi rend nécessaire l’intervention du juge ou du tribunal pour qu’un acte acquière
le caractère légal, pour qu’il soit valable ou pour qu’il sorte certains effets
juridiques sans que le juge ou le tribunal ait à répondre à un litige entre parties.

Suivant notre définition de la fonction juridictionnelle, l’acte


de juridiction gracieuse n’est pas véritablement juridictionnel puisque la
décision du juge se fait en conformité avec le droit et sur la postulation d’un
demandeur (requérant ou impétrant), mais s’il n’y a pas d’adversaire, il n’y a pas
de litige.

Cependant plusieurs auteurs modernes pensent qu’il faut


inclure la juridiction gracieuse dans la « JURIS DICTO », fonction ordinaire du
juge, arguant que le juge dit bel et bien le droit, fût-ce préventivement ou
préparatoirement (1).

Quoiqu’il en soit, le pouvoir de juridiction gracieuse


appartient essentiellement au président du tribunal de grande instance, et par
dérogation de la loi et de la jurisprudence aux présidents et juges de diverses
juridictions.

4) Les actes accessoires à l’œuvre de juridiction

La mise ne état de la demande est normalement l’œuvre de la


partie qui possède l’action par la prise des actes accessoires ; toutefois, une
partie privée ne peut prendre des mesures conservatoires qu’avec la permission
du juge.

La mise en état de l’action publique est assurée par les


officiers du ministère public qui disposent à cet effet de pouvoirs judiciaires et
non juridictionnels leur permettant de procéder à l’instruction préparatoire et
d’opérer des arrestations provisoires.

Mais les juges peuvent être appelés à prendre, avant d’être


saisis de l’action, à la requête d’une partie ou d’office, des mesures non
juridictionnelles accessoire à une œuvre de juridiction qu’eux- même ou un
autre juge seront appelés à accomplir. C’est notamment :

(1)
BAYONNE (N), Les actes de juridiction gracieuse en droit judiciaire privé, nature et portée, thèse, Kinshasa,
1969

69
- 70 -

- Lorsque les juges autorisent la mise en détention préventive au-delà de


cinq jours de l’arrestation provisoire ordonnée par officier du ministère
public ;
- Lorsque après le dépôt du dossier pénal mais avant que l’instance ne soit
liée, ils répondent à la requête de mise en liberté provisoire émanant du
prévenu incarcéré ;
- Lorsqu’ils ordonnent des devoirs complémentaires à la demande du
ministère public déjà dessaisi de l’instruction ;
- Lorsqu’ils accomplissent, à la demande de la partie civile ou du prévenu,
tout acte requérant urgence ;
- Lorsqu’ils estiment le dommage ou dressent procès- verbal à la demande
de la partie civile ou du prévenu etc.

Mais c’est plus spécialement lorsque l’instance est déjà liée


que le tribunal peut prendre des mesures qui, sans répondre aux prétentions
formulées par les parties sur le fond du litige, précisément le sort des incidents
de procédure, ordonnent des mesures probatoires, conservatoires ou apportent
des solutions provisoires avant de vider le procès.

Lors du prononcé du jugement, le juge peut prendre des


mesures non rigoureusement juridictionnelles mais qui sont néanmoins liées à
l’exercice de la juridiction par exemple l’arrestation immédiate, la mainlevée
des saisies judiciaires, l’octroi des délais de la grâce en matière civile, la
surséance au prononcé du divorce, l’interprétation de son propre jugement ou les
corrections des erreurs matérielles à y porter après dessaisissement, la
réhabilitation des condamnés et des faillis etc.

5) Les actes de juridiction formelle

Le tribunal pose un acte de juridiction formelle chaque fois


qu’il est appelé à rendre un jugement en l’absence de toute contestation (1).

C’est le cas lorsque l’accusé « plaide coupable » et s’en remet


à la sagesse du tribunal ; lorsque un commerçant fait aveu de faillite ; lorsque un
débiteur reconnaît sa dette ou lorsque des époux en instance de divorce
acceptent leurs torts.

Dans le premier cas le tribunal appréciera seulement la peine


équitable à prononcer tandis que le dernier cas par exemple le tribunal vérifiera
l’absence de collusion avant de rendre son jugement.

(1)
Il ne faut pas confondre les actes de juridiction gracieuse et les actes de juridiction formelle cfr. N° 71 supra

70
- 71 -

Toutefois, il faut retenir que dans chacun de ces cas, il y a


juridiction nécessaire, car sans jugement, la répression des infractions, la
liquidation de la faillite, l’expropriation en paiement des dettes etc. ne sont pas
possibles.

Enfin, de pareils jugements acquièrent l’autorité de la chose


jugée et ont force exécutoire des jugements contentieux et juridictionnels.

Il peut arriver que les parties en litige se mettent d’accord en


cours d’instance ; dans ce cas elles peuvent mettre fin au procès par un contrat
transactionnel ou non à la suite duquel la cause est retirée de commun accord.

Mais les parties peuvent aussi convenir de demander au juge


de prendre acte de leurs conclusions communes et de prononcer un dispositif qui
exprime la transaction : en droit congolais des tribunaux peuvent prononcer
pareils jugements appelés « jugements d’expédient » qui ont l’autorité de la
chose jugée et qui sont exécutoires.

Par contre, le droit congolais n’admet pas de donner acte,


dans la forme authentique et exécutoire d’un jugement, d’un accord conclu entre
parties en l’absence de tout litige et qu’on appelle « jugement de donner acte »
qu’admet cependant le droit français.

2. LES MESURES DE DEFENSE SOCIALE PRISES SOUS


FORME D’UN JUGEMENT

Le droit congolais prévoit l’intervention des tribunaux se


prononçant sous des jugements pour ordonner des mesures de défense sociale.
Ainsi :

- La mise à la disposition du gouvernement des mendiants et vagabonds ;


- Les mesures de garde, d’éducation et de préservation prises à l’égard des
mineurs délinquants sont ordonnées par le tribunal de paix sous forme
d’un jugement dépourvu cependant de tout caractère juridictionnel.

3. LA FORME DES ACTES NON - JURIDICTIONNELS DES


ORGANES DE LA JUSTICE

Dans le domaine de l’administration pure, les organes des


services judiciaires s’expriment dans la limite de leur compétence administrative
par des décisions, des contrats ou par l’accomplissement d’actes matériels
comme tout organe d’administration.

71
- 72 -

- Les actes ministériels des officiers publics ont la forme authentique : ce


sont les actes notariés, les actes judiciaires, les exploits de justice, les
feuilles d’audience, les procès-verbaux etc. ;
- Les actes ministériels des magistrats ont la forme d’ordonnance, de
déclarations d’homologation, d’autorisations, de validation etc. ;
- Les actes de juridiction gracieuse ont la forme d’ordonnances ; elles
doivent être motivées lorsque la loi le prescrit. Quand des décisions non
contentieuses par nature sont prises par le tribunal, elles ont la forme des
jugements et se rattachent aux actes de juridiction formelle ;
- Les actes accessoires à l’œuvre de juridiction prises avant la liaison de
l’instance ou après dessaisissement du tribunal ont la forme
d’ordonnances : lorsqu’elles constituent des mesures prises pendant
l’instance, elles ont la forme des jugements avant dire droit ;
- Les actes de juridiction formelle ou de juridiction nécessaire ont
obligatoirement la forme de jugements.

Enfin, en droit congolais, aucune forme propre ni aucune


formule obligatoire n’est imposée au magistrat qui rend une ordonnance ; il
suffit au magistrat de se conformer dans chaque cas à la législation particulière
régissant la matière.

Nous pensons cependant que l’utilisation de formules – types


est recommandée pour la facilité du magistrat et pour éviter à ce dernier des
omissions qui risquent d’entacher l’acte de nullité ou d’obscurité qui en
rendraient la lecture et l’exécution difficiles.

4. LA FORCE EXECUTOIRE DES ORDONNANCES

Il faut retenir ici que les ordonnances qui, suivant leur nature
requièrent une exécution forcée, peuvent être revêtues de la formule exécutoire
et peuvent par conséquent être exécutées avec l’aide de la force publique de
l’Etat.

Lorsque des décisions non – juridictionnelles sont prisent en


forme de jugement ou dans le corps d’un jugement de caractère juridictionnel
c'est-à-dire contentieux, elles participent tout naturellement à la force exécutoire
du jugement.

Lorsqu’un recours est exercé contre une ordonnance, celle-ci


reste cependant d’application, sauf disposition légale contraire jusqu’au jour où
elle est annulée ou réformée.

72
- 73 -

Puisque l’ordonnance ne dessaisit pas le juge, elle reste


sujette à la rétractation qui immédiatement cesser ses effets, sauf les droits
acquis.

73
- 74 -

CHAPITRE ONZIEME
LES FORMES ET DELAIS DE LA PROCEDURE
Pour une meilleure compréhension de la matière, ce chapitre
éme
XI sera divisé en deux points:

Le premier examinera les formes, les formalités et les


formules de la procédure tandis que le deuxième point présentera les délais de la
procédure.

1. LES FORMES, LES FORMALITES ET LES


FORMULES DE LA PROCEDURE

A. LE FORMALISME DE LA PROCEDURE CONGOLAISE

La procédure congolaise est formaliste :

 Parce qu’elle prescrit des formes rationnelles suivant lesquelles les parties
doivent circonscrire leur prétentions, suivant lesquelles le tribunal doit
être saisi et exercer ses pouvoirs ;
 Parce qu’elle impose des formes qui garantissent les droits fondamentaux,
la rigueur dans l’administration des preuves, la publicité des débats, l et
du dispositif, le respect des principes du contradictoire, l’exercice des
voies de recours ; en un mot, les formes assurent la loyauté du procès.

B. LES FORMULES CONSACREES OU SACRAMENTELLES

Les formules consacrées ou sacramentelles sont des formules


dont la validité dépend du choix des mots et de leur place dans la phrase.

Le droit judiciaire congolais connaît quelques formules


sacramentelles qui sont imposées avec rigueur telles que :

 La formule exécutoire libellée par l’arrêté du 1er juillet 1960, qui doit être
reproduite littéralement sur la grosse des jugements ;
 La formule du serment des magistrats ;
 La formule du serment des officiers de police judiciaire qui doit être
réitérée au bas de chaque procès – verbal (article 2 du code de procédure
pénale) ;

74
- 75 -

 La formule du serment des témoins (articles 17 et 33 du code de


procédure pénale).

C. LES FORMALITES SUBSTANTIELLES OU


ESSENTIELLES

En droit judiciaire congolais, les formalités substantielles


sont des formalités par lesquelles la nature et le caractère de l’acte sont
déterminés ; en d’autres mots, sont substantielles les formalités sans lesquelles
l’acte ne répond pas aux fins en vue desquelles il a été institué.

Par exemple un procès – verbal non signé ne contient pas la


preuve qu’il a été dressé par un officier de police judiciaire qualifier et
compétent ; une citation qui n’indique pas à qui l’huissier a parlé n’établit pas si
la personne citée a été touchée par l’exploit.

D. LES FORMALITES PRESCRITES A PEINE DE NULLITE

Les formalités prescrites à peine de nullité sont des formalités


sans lesquelles l’acte procédural est nul. Par exemple l’interrogatoire ( du
prévenu) de l’inculpé est une formalité prescrite à peine de nullité pour la
validité du mandat d’arrêt provisoire à délivrer par l’officier du ministère public.

E. LES FORMALITES COMMINATOIRES

Les formalités comminatoires sont des formalités destinées à


intimider, à menacer, à faire pression sur un débiteur.

F. LA SANCTION DE LA VIOLATION DES FORMES

Il existe plusieurs types de sanctions de la violation des


formes de procédure en droit congolais.

Ainsi, au cas où la violation des formes constitue une


infraction, la sanction est la peine prévue par la loi pénale ; au cas où la violation
des formes par un magistrat est un dol (acte de mauvaise foi), la sanction est la
condamnation du magistrat aux dommages – intérêts au profit du justiciable à
l’issue de la procédure de prise à partie devant la cour de cassation (1).

(1)
La procédure de prise à partie contre un magistrat auteur d’un dol ou d’un déni de justice devant la cour
suprême de justice est prévue par les articles 58 à 67 de l’ordonnance N° 82-017 du 31 mars 1982 relative à la
procédure devant la cour suprême de justice

75
- 76 -

Toute fois, aux termes de l’article 66 de l’ordonnance – loi


N° 82-017 du 31 mars 1982 relative à la procédure devant la cour suprême de
justice, c’est l’Etat qui est civilement responsable des condamnations aux
dommages - intérêts à charge du magistrat pris à partie et reconnu coupable de
dol.

Enfin, si la violation des formes constitue un dol personnel du


juge constaté dans un jugement contradictoire rendu au dernier degré ou dans un
jugement par défaut rendu également au dernier degré par un tribunal de grande
instance ou une cour d’appel, la sanction est la mise à néant du jugement attaqué
à la requête de toute personne qui a été partie à ce jugement, requête portée
devant la juridiction qui a rendues attaqué et ce, conformément aux articles 85 et
94 du code de procédure civile congolais

Quoi qu’il en soit, la sanction ordinaire de la violation des


formes est la nullité de l’acte vicié.

Toutefois en procédure, la nullité n’est jamais automatique ou


de plein droit ; elle n’est décrétée que lorsque la violation porte sur une forme
expressément imposée à peine de nullité par un texte de loi, ou lorsqu’il s’agit
d’une formalité substantielles et si, en outre, elle a causé un grief à la partie
adverse.

Si la nullité est d’ordre public, elle peut être décrétée


d’office. La nullité des ordonnances du juge président peut être demandée :

- Soit par l’exercice d’un recours ;


- Soit par une action principale en nullité ;
- Soit par voie d’exception.

Il faut rappeler que la nullité des jugements ne peut jamais


être demandée par l’action en nullité ni par voie d’exception, en effet
l’annulation des jugements ne peut être que par voie de recours.

G. L’ADAGE « PAS DE NULLITE SANS GRIEF »

En droit congolais, cet adage signifie qu’un acte dit nul si le


vice dont il est entaché n’a causé aucun préjudice aux droits de la partie adverse,
sauf si la nullité est d’ordre public.

Si donc « nullité sans grief n’opère point », inversement la


partie peut couvrir la nullité en reconnaissance elle-même implicitement ou
explicitement l’acte vicié.

76
- 77 -

Toutefois en matière pénale, dans le cas où le prévenu est


irrégulièrement cité pour une infraction punissable de plus de cinq ans de
servitude pénale, la nullité ne sera cou verte que par une renonciation expresse
dûment actée après que le juge aura éclairé le prévenu qui a comparu de son
droit de réclamer une citation en bonne forme conformément à l’article 55 du
code de procédure pénale.

H. L’ADAGE « PAS DE NULLITE SANS TEXTE »

Cet adage signifie qu’un acte de procédure ne sera déclaré


nul que s’il viole les formes prescrites par un texte de loi.

En droit congolais, cet adage ne peut être retenu puisque les


nullités sont retenues pour atteinte aux formes substantielles imposées par la
coutume ou par les usages ayant acquis force de loi.

Mais ne faut-il pas craindre ici l’arbitraire du juge qui n’est


lié par la rigueur d’un texte ?

La réponse est non parce que le juge congolais ne peut


décréter la nullité que si la forme violée est prescrite par le droit, s’il cause un
préjudice à une partie qui n’a pas renoncé à s’en prévaloir ou si elle est d’ordre
public.

I. LES ACTES INEXISTANTS

Il faut retenir que l’acte inexistant ne peut être confirmé ni


supplée.

J. LA NULLITE DES JUGEMENTS ET DES DECISIONS GRACIEUSES

La nullité des jugements, faut-il le rappeler, ne peut être


obtenue par voie d’action en nullité d’où l’adage « voies de nullité n’ont lieu
contre les jugements ». cet adage signifie que ni les parties au jugement, ni les
tiers n’ont d’action ou d’exceptions opposables aux jugements et que seules les
voies de recours peuvent aboutir à la mise à néant des jugements.

Ainsi, faute d’avoir exercé les recours organisés par la loi


dans les délais et les formes impartis, le jugement est irrévocable quel que soit le
vice dont il est entaché.

77
- 78 -

Mais un jugement peut être inexistant, par exemple un


prétendu jugement rendu par un greffier.

Contrairement au jugement, l’acte de juridiction gracieuse


peut faire l’objet d’une action en nullité ; celle-ci s’exerce notamment à l’égard
des ordonnances même lorsque celles-ci sont susceptibles de recours.

Toutefois, l’acte de juridiction gracieuse ayant la forme d’un


jugement ne peut faire l’objet d’une action en nullité mais d’une voie de recours.

2. LES DELAIS DE LA PROCEDURE


A. LA NOTION DE DELAI DE PROCEDURE

Il faut entendre par délai de procédure un laps de temps


imposé ou accordé aux parties, aux juges ou aux auxiliaires de la justice,
pendant lequel un acte doit être accompli ou avant l’écoulement duquel un acte
ne peut valablement être accompli.

En droit judiciaire congolais, les délais de procédure visent


les mêmes fins que les formalités puisqu’ils garantissent aussi l’exercice des
droits des parties et le bon fonctionnement de la justice.

B. LES SORTES DE DELAIS DE PROCEDURE.

Il existe trois sortes de délais de procédure.

a. Les délais d’attente.

Les délais d’attente, appelés aussi délais – freins ou délais –


trêves ont pour but de laisser le temps de réflexion ou de préparation pour
pouvoir accomplir un acte à l’abri de la surprise par exemple le délai de citation
à prévenu en matière pénale.

b. Les délais d’action ou délais préfixe ou délais accélérateurs ou


encore stimulateurs

Ils ont pour but de fixer le temps pendant lequel un acte doit
être accompli en vue de limiter la durée de l’assistance et de l’incertitude ainsi
que l’insécurité juridiques qui en résulte. Par exemple les délais d’appel
endéans duquel l’appel doit être interjeté.

78
- 79 -

c. Le délai de distance

C’est un délai d’attente qui s’ajoute au délai ordinaire en vue


de permettre à celui qui n’est pas sur le lieu où doit être accompli de disposer de
temps pour s’y rendre ou pour y constituer un mandataire.

C. LA COMPUTATION DES DELAIS DE PROCEDURE

La computation ou le calcul des délais de procédure se fait de


la manière suivante, chaque délai à :

- Un point de départ appelé « dies a quo », déterminé par la date d’un acte
ou d’un fait et
- Un point terminal appelé « dies ad quem », calculé ou computé à partir
de la première date, en y ajoutant le délai fixé par la loi ou par le juge ou
par les parties.

Suivant l’adage « dies a quo non computatur in termino »,


la date du départ n’est pas comptée dans les délais ; par contre, le « dies ad
quem » c'est-à-dire la dernière date est incluse dans le délai ; toutefois, quand les
textes de loi parlent de délais francs, cela signifie que le délai ne prend fin que le
lendemain c'est-à-dire après le dernière date. En terme claires, quand il y a délai
franc, il faut ajouter un jour au délai normalement prévu (N+ 1).

Le délai peut aussi être nul c'est-à-dire que certains actes


peuvent valablement être posés dès que l’événement se produit, ainsi l’appel et
l’opposition peuvent être formés dès le prononcé du jugement, tout comme le
jugement peut être prononcé sur le banc dès la clôture des débats etc.

Le délai de distance est de 0 jours, lorsque le distance qui


sépare le justiciable du lieu où doit accomplir un acte ou comparaître est moins
de cent kilomètre (-100 KM).

Il est ajouté un jour par 100 kilomètre ou par fraction de 100


Kilomètre au-delà des premiers 100 kilomètre.

Quand à la distance considérée, elle est calculée suivant l’arc


géographique et non suivant la distance parcourue.

Lorsque la personne mise en demeure par l’exploit se trouve


à l’étranger, un délais forfaitaire de 45 jours ou de trois (3) mois est accordé,
absorbant alors le délai ordinaire.

79
- 80 -

Mais, si la personne à laquelle s’adresse l’exploit a été, en


fait, touchée sur le territoire de la République, elle ne peut bénéficier que du
délai ordinaire fixe et du délai de distance géographique, aussi bien en matière
civile (article 9 alinéa 3 du code de procédure civile) qu’en matière pénale
(article 62 du code de procédure pénale.

Lorsque la personne citée par l’exploit n’a pas de domicile


connu, en d’autres termes lorsque son domicile est inconnu, elle bénéficie d’un
délai forfaitaire de trois mois conformément à l’article 9 alinéa 2 du code de
procédure civile et l’article 62 du code de procédure pénale.

Enfin, les jours non ouvrables notamment les dimanches et


les jours fériés légaux sont comptés dans le délai, sauf s’ils tombent à
l’expiration du délai, dans ce cas, le délai est prolongé jusqu’au soir du premier
jour ouvrable qui suit le jour chômé ainsi que le prévoient les articles 137 du
code de procédure pénale et 195 du code de procédure civile. Toutefois, l’article
136 du code de procédure pénale prévoit que pour les délais très court, en
matière de détention préventive, les jours fériés légaux ne sont pas comptés dans
le délai.

D. LES DELAIS D’ATTENTE

C’est spécialement en matière d’assignation et de citation que


les délais d’attente sont imposés entre la date à laquelle un justiciable est averti
de l’action intentée contre lui (date de l’exploit) et la date de sa comparution
devant le tribunal (date de comparution ou de fixation).

En matière civile comme en matière pénale, le délai d’attente


est de huit (8) jours francs, éventuellement majoré du délai de distance, temps
nécessaire accordé à la personne citée pour préparer sa défense.

Cependant, à la requête du demandeur, le juge peut autoriser


à assigner à bref délai en matière de droit privé suivant l’article 10 du code de
procédure civile, en abrégeant aussi bien le délai fixe franc que le délai de
distance.

En matière pénale (article 63 du code de procédure pénale) le


juge peut autoriser à citer à bref délai en abrégeant le délai fixe franc mais non le
délai de distance. Mais en matière civile comme en matière pénale, les
ordonnances d’observation de délais doivent être motivées et portées à la
connaissance des personnes visées par l’exploit c'est-à-dire l’assignation
(matière civile) ou la citation (matière pénale).

80
- 81 -

Si la partie citée ou assignée, justifie n’avoir pas disposée


d’un délai suffisant pour préparer sa défense, le juge peut, à l’audience
d’introduction (d’instance) de la cause à une audience ultérieure.

En règle générale, les témoins ne doivent pas jouir d’un délai


d’attente pour préparer leurs réponses parce qu’il leur est simplement demandé
de dire au tribunal ce qu’ils savent à propos de la cause. Cependant :

- En matière civile, l’article 32 du code de procédure civile prévoit que les


délais d’assignation ordinaires doivent être respectés, par égard pour les
personnes auxquelles est imposé le dérangement de se présenter à la
barre ;
- En matière pénale, l’action publique exige plus de célérité et est mise en
œuvre dans l’intérêt général ; à ce titre, les témoins peuvent être appelés
sans aucun délai à l’instruction préparatoire (articles 5 et 6 du code de
procédure pénale) tout comme ils peuvent être cités à comparaître le jour
même aux audiences du tribunal, sauf à respecter le délai de distance.

Il faut néanmoins retenir que contrairement aux lois


antérieures qui consacraient le Ministre de la Justice comme garant du Pouvoir
Judiciaire, la loi organique N° 08/013 du 05 Août 2008 portant Organisation et
Fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature, c’est le Conseil
Supérieur de la Magistrature qui est devenu l’organe à titré de gestion du
Pouvoir Judiciaire en vue de garantir l’indépendance du Pouvoir Judiciaire vis-
à-vis de l’exécutif et du législatif.

81
- 82 -

DEUXIEME PARTIE :
ORGANISATION JUDICIAIRE
CONGOLAISE

82
- 83 -

L’ORGANISATION JUDICIAIRE CONGOLAISE


INTRODUCTION

La deuxième partie de notre cours nous permettra d’étudier


successivement les moyens d’action du pouvoir judiciaire, les caractéristiques de
l’organisation judiciaire congolaise, les juridictions, le ministère public, la police
judiciaire, le greffe, et l’office des huissiers, la représentation en justice et
l’assistance judiciaire, les auxiliaires de la justice et le statut du personnel
judiciaire.

CHAPITRE PREMIER

LES MOYENS D’ACTION DU POUVOIR JUDICIAIRE

A. LES ORGANES DE LA FONCTION JUDICIAIRE

Aux fins d’accomplir sa mission judiciaire, l’Etat dispose,


outre des prérogatives attachées à l’autorité du chef de l’Etat, président de la
République, de services publics, hiérarchisés ou autonomes, suivant la nature de
leurs fonctions.

A cet égard, on distingue les organes judiciaires proprement


dits des services administratifs de la justice. Ainsi, les organes judiciaires sont
avant tout les cours et tribunaux chargés de la juridiction ; mais il faut considérer
aussi comme organes judiciaires, les services institués pour permettre aux
organes juridictionnels d’accomplir leur mission et qui sont les greffe, l’office
des huissiers, le ministère public, la police judiciaire, le conseil supérieur de la
magistrature.

B. LES PREROGATIVES JUDICIAIRES DU PRESIDENT DE


LA REPUBLIQUE

Le Président de la République a le pouvoir de nommer, de


relever de leurs fonctions et de révoquer les magistrats du parquet et du siége,
bien entendu sur proposition du conseil supérieur de la magistrature, de mettre
en accusation les ministres, les vices ministres, les gouverneurs te vices
gouverneurs de province, d’exercer le droit de grâce, il peut remettre, commuer
ou réduire les peines.

83
- 84 -

C. LES PREROGATIVES JUDICIAIRES DU MINISTRE DE


LA JUSTICE

Le ministre de la justice a des pouvoirs propres en matière


judiciaire qui constituent notamment :

- A enjoindre au ministère public d’ouvrir des poursuites pénales ;


- A décider la libération conditionnelle des condamnés civils et à prendre
l’initiative en cette matière ;
- A enjoindre au procureur général de la république de saisir la cour
suprême de justice en cas d’excès de pouvoir ou dans l’intérêt de la loi.

D. LES SERVICES ADMINISTRATIFS DE LA JUSTICE

Il existe certains services administratifs par nature et par


structure qui sont institués exclusivement pour réaliser la mission
juridictionnelle de l’Etat. Il s’agit :

- Du ministère de la justice qui assume le recrutement et la répartition du


personnel judiciaire, tient les dossiers individuels des magistrats et des
fonctionnaires de l’ordre judiciaire, prépare et gère le budget de la justice,
procure les locaux et l’approvisionnement aux cours et tribunaux ;
- De services pénitentiaires et maisons de redressement où sont exécutées
les décisions pénales et gérés par le ministère de la justice ;
- Du service de casier judiciaire où est tenu à jour le relevé des
condamnations pénales et des réhabilitations et qui est géré également par
le ministère de la justice ;
- Du service du journal officiel qui relève aussi du ministère de la justice et
qui assure la publication de la législation en collaboration avec le
parlement ;
- Du service d’étude et de condamnation qui dépend également du
ministère de la justice.

E. LE PERSONNEL JUDICIAIRE

Comme tout service public, les Cours et Tribunaux, les


greffes, le Ministère Public, la police judiciaire et l’office des huissiers agissent
par leurs organes qui sont des personnes physiques auxquelles la constitution ou
la loi ont donné des pouvoirs, une compétence juridique pour poser valablement
certains actes.

84
- 85 -

Le personnel judiciaire fait partie du personnel de la fonction


publique sauf les magistrats qui sont régis par un statut spécial à cause le leurs
fonctions judiciaires propres.

F. LES MOYENS MATERIELS DES SERVICES JUDICIAIRES

Les services judiciaires ne sont pas constitués en personne


morale et par conséquent ne possèdent aucun patrimoine propre mobilier ou
immobilier. Ainsi l’affectation des bâtiments et du matériel nécessaires à
l’accomplissement de la fonction judiciaire ne fait pas sortir ces bâtiments et ce
matériel du patrimoine commun de l’Etat; de même, les recettes et les dépenses
des services judiciaires rentrent dans le budget et les comptes généraux de la
République.

Les archives des parquets et tribunaux sont placés sous la


garde matérielle des greffiers et des secrétaires de parquet (1) ; les dossiers
répressifs ne peuvent être communiqués sans l’autorisation du procureur général
(2)
mais ils restent la propriété de l’Etat.

(1)
Jusqu’à ce qu’elles sont versées aux archives générales c'est-à-dire nationales, voir règlement sur les archives,
in B.A, 1954, p. 1883 ; B.A., 1958, p. 732
(2)
BOUCHOMS (G), communication des dossiers et des dossiers répressifs, in R.J., 1955, p. 401

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- 86 -

CHAPITRE DEUXIEME

LES CARACTERISTIQUES DE L’ORGANISATION


JUDICIAIRE CONGOLAISE

A. L’EXISTENCE D’UN SYSTEME

Il existe un système lequel les institutions se trouvant


coordonnées dans l’organisation judiciaire congolaise.

Mais pour la bonne compréhension du mécanisme de


l’organisation judiciaire congolaise, il est utile d’en relever les caractéristiques
qui sont :

La spécialité des organes judiciaires ;


L’autonomie des services judiciaires ;
Le monopole des fonctions judiciaires ;
L’itinérance des services judiciaires ; le caractère collégial ou individuel
des fonctions judiciaires ;
Garantie du déport, de la récusation et du renvoi d’une juridiction à une
autre pour cause de suspicion légitime ;
La garantie du recours, l’annulation des actes irréguliers ou illégaux ;
L’égalité des justiciables devant la justice et
La gratuité de la justice.

B. LA SPECIALITE DES ORGANES JUDICIAIRES


CONGOLAIS

Elle signifie que les différentes fonctions nécessaires à


l’œuvre de la justice sont confiées, en principe, à des organes distincts. Ainsi :

- La juridiction est la fonction confiée et réservée aux cours et tribunaux,


même si ces derniers et les magistrats qui les composent exercent
accessoirement des fonctions non juridictionnelle ;
- L’exercice de l’action en publique est la fonction réservée aux magistrats
du ministère public, mais ces magistrats ont aussi compétences pour faire
des instructions préparatoires, d’assumer une mission de tutelle et des
fonctions administratives ;

86
- 87 -

- L’authentification et la conservation des actes juridictionnels sont la


fonction propre du greffier mais les greffes remplissent aussi des
fonctions d’officiers ministériels et des fonctions administratives ;
- Les huissiers ont pour mission de signifier les actes de procédure, de faire
la police des audiences et d’exécuter les jugements. Souvent les huissiers
sont nommés parmi le personnel des services administratifs auxquels ils
restent affectés à titre principal mais ils peuvent aussi faire partie des
cadres du personnel judiciaire, dans ce cas, ils sont accessoirement
affectés comme commis au greffe ;
- Les officiers de police judiciaire sont des auxiliaires du ministère public
dans la recherche des infractions et chargés d’exécuter les mandats et les
réquisitions des magistrats instructeurs.

C. L’AUTONOMIE DES SERVICES JUDICIAIRES

Il faut retenir ici que seules les cours et tribunaux ont une
indépendance garantie par la constitution en son article 149.

Le ministère public a en vertu de la loi et des traditions, une


grande autonomie à l’égard du pouvoir exécutif et une totale indépendance vis-
à-vis des cours et tribunaux prés lesquels il est installé.

Le greffier assiste le juge mais n’est pas subordonné


hiérarchique puisqu’il a des pouvoirs propres et une responsabilité ministérielle
et administrative dérivant de sa fonction, il n’est pas non plus son secrétaire.

Quand aux huissiers, bien qu’administrativement


subordonnés au greffier, ils sont également autonomes dans l’exercice de leur
mission propre ; en effet, les huissiers sont responsables en leur qualité
d’officiers ministériels à l’égard de leur mandant qui peut être un magistrat, un
greffier ou un particulier.

Au contraire, les officiers de police judiciaire qui, eux,


peuvent relever d’une autorité administrative suivant leur statut personnel
principal sont, dans l’exercice de leurs fonctions judiciaires, essentiellement
subordonnés à l’autorité de l’officier du ministère public ; ils ont cependant des
pouvoirs propres limités qui peuvent être étendus en cas de flagrant délit.

L’avocat possède la liberté de la parole qui est à la base de


l’exercice de sa profession ; l’autonomie du barreau et l’indépendance
individuelle de chacun de ses membres sont des exigences essentielles du bon,
fonctionnement de cette institution.

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- 88 -

D. LE MONOPOLE DES FONCTIONS JUDICIAIRES

Les organes judiciaires ne sont pas seulement spécialisés, ils


ont en outre, en principe, le monopole de la fonction qui leur est attribuée. En
effet, seuls les cours et tribunaux peuvent rendre justice, par conséquent il ne
peut être créé des commissions ne des tribunaux extraordinaires sous quelle que
dénomination que ce soit.

Les cours et tribunaux congolais ont le monopole de


connaître du contentieux civil, commercial, social, criminel et administratif.
Toutefois, le monopole des cours et tribunaux de l’ordre judiciaire connaît des
dérogations ; en effet, la constitution elle-même a prévue des exceptions à cette
règle par la création des tribunaux militaires, de la cour des comptes, du conseil
supérieur de la magistrature et de la cour constitutionnelle.

Seul le ministère public exerce l’action publique, mais dans


quelques cas exceptionnels, l’action publique appartient à un autre organe.

Enfin, par fiction juridique, le juge de paix est considéré


comme officier du ministère public près sa propre juridiction.

La fonction de greffier peut être remplie valablement par


toute personne majeure « assumée » par le juge à cette tâche ; certains exploits
de l’huissier peuvent être régulièrement notifiés par le greffier ou par l’officier
du ministère public, par contre, les mandats de justice des officiers de police
judiciaire ne peuvent être exécutés que par eux ou par les officiers du ministère
public qui les ont mandatés.

Enfin, si les membres du barreau ont le monopole de la


représentation et de la plaidoirie en justice, il existe cependant de larges
dérogations notamment en faveur des défenseurs judiciaires.

E. L’ITINERANCE DES SERVICES JUDICIAIRES


CONGOLAIS

Les magistrats du parquet étant chargés de la recherche des


infractions et de l’instruction préparatoire des affaires pénales sont appelés
normalement à se déplacer pour les besoins de l’enquête ou des constats. Il en
est ainsi, à plus forte raison, des officiers de police judiciaire chargés de
rechercher les infractions ou mandatés pour l’exécution de certains devoirs
d’instruction.

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- 89 -

Les cours et tribunaux congolais pratiquent également


l’itinérance et à ce titre siègent valablement dans les limites de leur ressort et
peuvent s’y déplacer suivant les besoins du service, dans ce cas, les cours et
tribunaux siègent en audience foraine.

En effet, l’itinérance des cours et tribunaux constitue une


exception au principe de l’inamovibilité des cours et tribunaux. L’inamovibilité
veut que les audiences des cours et tribunaux se tiennent toujours au siège
habituel de ceux-ci (caractère sédentaire des cours et tribunaux). L’inamovibilité
exige aussi que les juges ne soient pas changés de n’importe quelle manière de
leur lieu de travail, ce qui n’exclut toute fois pas les mutations des magistrats ou
juges.

L’itinérance offre l’avantage de rapprocher la justice de


justiciables et de faire une économie de magistrats.

Enfin, le greffier doit évidement suivre le tribunal dans ses


déplacements sans que cependant les archives du greffe se déplacent.

F. LE CARACTERE COLLEGIAL OU INDIVIDUEL DES


FONCTIONS JUDICIAIRES

L’importance des actes judiciaires, tant pour les particuliers


que pour la collectivité a introduit dans le droit congolais le principe de la
compétence collégiale. En effet, on admet qu’il y a plus de sagesse dans
plusieurs têtes que dans une seule ; que les erreurs d’appréciation se corrigent
l’une par l’autre ; qu’enfin, il est plus difficile de corrompre bun collège qu’un
individu.

Le code d’organisation et de compétence judiciaires


congolais prévoit la collégialité en matière pénale, sauf le tribunal de paix qui
siège à juge unique et sans assesseurs ; en matière civile et en matière pénale,
tout tribunal du second degré siège à trois juges. Les cous d’appel siègent en
tous cas à trois juges ; la cour suprême de justice siège à cinq, sept ou neuf juges
suivant la nature de ses attributions.

Enfin, si l’activité des avocats est individuelle, par nature, la


procédure de la requête civile exige cependant la consultation d’un collège de
trois avocats.

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- 90 -

G. LES GARANTIES DU DEPORT, DE LA RECUSATION ET


DU RENVOI DE JURIDICTION

Le code d’organisation et de compétence judiciaires


congolais prévoit huit (8) cas qui peuvent donner le droit à tout justiciable de
demander au tribunal saisi de son cas, de récuser tout juge et tout officier du
ministère public agissant au principal, soupçonné d’impartialité.

Le juge peut et doit prévenir cette démarche et décider lui-


même de son déport lorsqu’il se trouve dans l’un de ces huit cas dans lesquels il
y a conflit entre le devoir et celui de garder une impartialité à l’abri de tout
soupçon.

Toutefois, il ne peut y avoir ni récusation ni déport en dehors


des huit cas prévus par la loi : dès que l’un des cas se présente le déport est
obligatoire. Cependant, certains magistrats ne devraient pas croire, par scrupule
ou par pusillanimité, renoncer à siéger dans les causes où ils craignent d’être
suspectés pour d’autres motifs que ceux énumérés limitativement par la loi.

Lorsque plusieurs juges se trouvent dans les conditions qui


leur imposent le déport au point que la composition du tribunal ne soit plus
possible, la loi c'est-à-dire le code d’organisation et de compétence judiciaires
congolais a prévu la possibilité de renvoyer la cause à une autre juridiction ;
mais afin d’éviter l’arbitraire dans e renvoi des causes, cette mesure doit être
prise par décision du tribunal.

H. LA GARANTIE DU RECOURS CONTRE LES JUGEMENTS

En droit judiciaire congolais, le recours est prévu à l’encontre


des décisions juridictionnelles et gracieuses lorsque celles-ci ont été rendues
sous forme de jugement.

Le recours contre les décisions juridictionnelles vise une


double efficacité :

 Préventivement, l’éventualité du recours incline le magistrat à mieux


motiver sa décision ;
 A posteriori, le recours permet, en cas de mal jugé ou de mal procédé ou
même en cas de nullité, de corriger ou d’effacer l’erreur et d’arriver à une
bonne justice.

Cependant, la loi déroge expressément au principe du double


degré de juridiction qu’elle refuse, en matière pénale, aux bénéficiaires du

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- 91 -

privilège d’être jugés directement par la cour de cassation et le conseil d’Etat en


premier et dernier ressort. Toujours en matière pénale, la procédure d’évocation
(article 107 du code de procédure pénale) élude aussi le double degré de
juridiction ; les témoins récalcitrants ou défaillants peuvent être condamnés sans
appel mais ces condamnations peuvent être rétractées (article s 19 et 78 du code
de procédure pénale) ; par les tribunaux de paix ne sont pas susceptibles d’appel.
En matière civile, le double degré de juridiction est organisé pour toutes les
décisions juridictionnelles et plus en plus pour les décisions gracieuses rendues
sous forme de jugement.

Les demandes nouvelles formées en appel (article 77 du code


de procédure civile) et l’évocation des causes (article 79 du code de procédure
civile) permettent cependant à la juridiction d’appel de connaître d’une cause en
premier et dernier ressort.

I. L’ANNULATION DES ACTES IRREGULIERS OU


ILLEGAUX

Un jugement ne peut jamais être entrepris par une action


principale en nullité ; d’où l’adage « voie de nullité n’ont lieu contre les
jugements ». Cependant un recours extraordinaire, le pouvoir demande dans
certains délais la mise à néant, s’il leur a fait grief.

L’annulation des ordonnances des juges en matière gracieuse


peut être obtenue par voie de recours en appel lorsque la loi l’organise.

En droit commun, la nullité des ordonnances peut être


constatée par voie d’action principale devant les juridictions ordinaires ou par
voie de demande incidente devant la juridiction où ces actes seraient produits.

La nullité des actes ministériels peut également être


prononcée par le jugement sur action principale ou incidente.

L’action en nullité dirigée contre les actes du droit privé est


reçue par les juridictions civiles, tant au principal que comme exception.

Les recours en annulation pour violation de la loi, formés


contre les actes réglementaires des autorités exécutives sont prévues par la loi :
au premier degré devant la cour d’appel, lorsqu’ils (ses actes) émanent des

91
- 92 -

autorités provinciales, devant les actes réglementaires émanent des autorités


exécutives nationales (1).

J. L’EGALITE DES JUSTICIABLES DEVANT LA JUSTICE

La constitution de notre pays prévoit l’égalité des congolais


devant la loi ; ceci implique aussi l’égalité des congolais devant toute instance
judiciaire.
La constitution ne garantit pas ne garantit pas cette égalité
aux étrangers ; mais conformément à la tradition congolaise, les étrangers sont
admis à faire valoir leurs prétentions en justice en qualité de demandeur, de
défendeur, d’intervenant ou de prévenu au même titre que les nationaux.

Il faut relever cependant que l’égalité des congolais devant la


justice connaît quelques dérogations sous forme de privilèges de juridiction en
faveur de certaines personnes, notamment le Président de la République, les
membres du gouvernement, les membres du parlement, les magistrats de la cour
suprême de justice et du parquet près, les magistrats des juridictions inférieures,
les hauts cadres de l’administrations publique et des sociétés étatiques ou para –
étatiques.

K. LA GRATUITE DE LA JUSTICE

L’office des juridictions de l’Etat et des services judiciaires


est gratuit en ce sens que les justiciables ne paient pas leurs juges ni les officiers
ministériels auxquels ils ont recours.

Les parties succombantes paient des frais et parfois des droits


mais ceux-ci ont un caractère fiscal et sont perçus au profit du trésor.

(1)
En matière administrative, la cour suprême de justice est remplacée par le conseil d’Etat, la constitution du 18
février 2006.

92
- 93 -

CHAPITRE TROISIEME

LES JURIDICTIONS

A. LA STRUCTURE DES COURS ET TRIBUNAUX

a. Ce sont les juges ou les magistrats du siège qui exercent la mission


juridictionnelle et constituent, à ce titre, l’organe essentiel de toute juridiction.

Suivant leurs attributions et suivant le degré de leur


juridiction, la composition di siège peut varier du juge unique au collège de trois
à neuf juges. Dans les juridictions collégiales, l’un des juges préside et à ce titre
il dirige les débats et assure la police d’audience.

Lorsque l’un des juges qui composent le siège a un grade


supérieur à celui de ses collègues tel le cas du premier président, du président ou
du juge président, ou a été commissionné à tel grade, c’est lui qui préside de
droit. Si tous les membres du collège ont le même grade, c’est le magistrat le
plus ancien dans le dernier grade conféré qui préside l’audience.

Il faut noter que le président n’a aucune prééminence de


juridiction ; d’autre part, lorsque le nombre de juges attachés à une juridiction
dépasse le nombre requis pour la composition du siège, le président peut former
plusieurs chambres et établir un déroulement de vacations des juges.

b. Les cours et tribunaux siègent obligatoirement avec un greffier ; en cas


d’absence du greffier titulaire ou d’un greffier adjoint, le tribunal peut
assumer (désigner) toute personne majeure apte à remplir les fonctions de
greffier.

c. Le Ministère Public fait partie du Tribunal au cas où il n’est pas partie au


procès : dans ce cas, il a une compétence d’avis. Lorsque le Ministère Public
exerce l’action publique, il se détache du tribunal et comparait comme partie
au procès pénal. Il en est de même lorsque le ministère public agit comme
partie principale dans un procès civil.

93
- 94 -

B. LES ORDRES DE JURIDICTIONS

En principe l’activité juridictionnelle est réservée aux cours


et tribunaux judiciaires c'est-à-dire de l’ordre judiciaire. Mais cette règle connaît
des exceptions prévues par la constitution elle-même.

C’est ainsi qu’il convient de distinguer à côté de l’ordre des


juridictions c'est-à-dire ordinaire ou de droit commun, l’ordre des juridictions
militaires, l’ordre des juridictions administrative ainsi que les diverses
juridictions spécialisées telles que :

- La cour constitutionnelle ;
- La cour des comptes ;
- Le conseil supérieur de la magistrature.

C. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L’ORDRE JUDICIAIRE

Ils sont aussi appelés cours et tribunaux ordinaires ou cours et


tribunaux de droit commun. Ce sont :

- Les tribunaux de paix ;


- Les tribunaux de grande instance ;
- Les cours d’appel ;
- La cour de cassation.

A. LES TRIBUNAUX DE PAIX

a. Création et siège

Il existe un ou plusieurs tribunaux de paix dans chaque


territoire et dans chaque ville (article 22 alinéa 1 du code d’organisation et de
compétence judiciaires).

Toutefois, il peut être créé un seul tribunal de paix pour deux


ou plusieurs villes ou territoires (article 22 alinéa 2 du code d’organisation et de
compétence judiciaires).

Le siège ordinaire et le ressort des tribunaux de paix sont


fixés par une ordonnance du président de la République.

Pour les mesures de garde, d’éducation et de préservation


prévues par la législation en matière d’enfance délinquante, un arrêté du ministre

94
- 95 -

de la justice peut regrouper deux ou plusieurs ressorts des tribunaux de paix en


un seul.

b. Composition et fonctionnement des Tribunaux de Paix

Aux termes de l’article 24 du code d’organisation et de


compétence judiciaire, le tribunal de paix est composé d’un président, d’un ou
plusieurs juges et de deux (2) juges assesseurs au moins. En cas d’absence ou
d’empêchement, le président est remplacé par le juge le plus ancien d’après
l’ordre de nomination.

Le tribunal de paix siège au nombre d’un seul juge.


Toutefois, il siège au nombre de trois (3) juges dont deux (2) assesseurs lorsqu’il
y a lieu de faire application de la coutume. Lorsque l’effectif des juges
assesseurs présents au lieu où le tribunal de paix siège ne permet pas de
composer le siège, le président ou le juge peut assumer (désigner), au titre de
juge assesseur, tout notable résidant dans ce ressort.

Le notable assumé juge assesseur prêtera entre les mains du


président ou du juge la serment suivant : « Je jure fidélité au Président de
République, obéissance à la constitution et aux lois de la République
Démocratique du Congo ».

Le ministre de la justice nomme les juges assesseurs parmi


les notables du ressort du tribunal de paix ; ils sont régis par un règlement
d’administration propre (article 25 du code d’organisation et de compétence
judiciaires).

Il y a dans chaque tribunal de paix un greffier qui peut être


assister d’un ou plusieurs greffiers adjoints. Le tribunal de paix siège avec
l’assistance d’un greffier et éventuellement avec le concours d’un ministère
public (article 28 du code d’organisation et de compétence judiciaires).

Enfin, il peut être crée dans le ressort d’un tribunal de paix un


ou plusieurs sièges secondaires dont les sièges et les ressorts sont fixés par arrêté
du ministre de la justice. Le tribunal de paix, siège secondaire, peut siéger sans
l’assistance d’un greffier au cas où à ce siège, il n’y a pas de greffe.

95
- 96 -

B. LES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE

a. Création et siège

Conformément à l’article 31 du code d’organisation et de


compétence judiciaires, il est créé un ou plusieurs tribunaux de grande instance
dans chaque ville et dans chaque district. Le siège ordinaire et le ressort des
tribunaux de grande instance sont fixés par une ordonnance du président de la
République.

b. Composition et fonctionnement des Tribunaux de Grande Instance

Le tribunal de grande instance est composé d’un président et


des juges. Il siège au nombre d’un seul juge au premier degré en matière de droit
privé et au nombre de trois juges en principe en matière répressive (article 32 du
code d’organisation et de compétence judiciaires). En cas d’absence ou
d’empêchement, le président est remplacé par le juge le plus ancien d’après
l’ordre de nomination.

Dans le cas où l’effectif des juges du tribunal de grande


instance présent au lieu où le tribunal tient une audience ne permet pas de
composer le siège, le président du tribunal peut sur réquisition motivée du
procureur de la République, assumer un magistrat du parquet près le tribunal de
grande instance ou un avocat ou un défenseur judiciaire résident en ce lieu
(article 33 du code d’organisation et de compétence judiciaires).

L’avocat ou le défenseur judiciaire assumé au titre de juge


assesseur prête entre les mains du juge président le serment prévu à l’article 24
du code d’organisation et de compétence judiciaires ainsi libellé : « Je jure
fidélité au Président de République, obéissance à la constitution et aux lois de la
République Démocratique du Congo ».

Le président ou celui qui le remplace est chargé de la


répartition du service (article 33 du code d’organisation et de compétence
judiciaires), il y a dans chaque tribunal de grande instance, un greffier qui peut
être assisté d’un ou de plusieurs adjoints. Quand à l’article 35 du code
d’organisation et de compétence judiciaires, il porte que le tribunal de grande
instance siège avec l’assistance d’un greffier et le concours du ministère public.

96
- 97 -

C. LES COURS D’APPEL

a. Création et siège

D’après l’article 36 du code d’organisation et de compétence


judiciaires, il existe une cour d’appel dans le ressort de chaque province et dont
le siège ordinaire est établi au chef lieu de chaque province. Mais
exceptionnellement, il existe deux cours d’appel dans le ressort de la ville de
Kinshasa dont la cour d’appel de Kinshasa – Gombe et la cour d’appel de
Kinshasa – Matete.

b. Composition et fonctionnement des cours d’appel

La cour d’appel est composée d’un premier président, d’un


ou plusieurs présidents et des conseillers (article 37 du code d’organisation et de
compétence judiciaires). En cas d’absence ou d’empêchement, sont remplacés
d’après l’ordre des nominations :

- Le premier président par le président ;


- Le président par le conseiller le plus ancien (article 38 du code
d’organisation et de compétence judiciaires).

Le premier président ou celui qui le remplace est chargé de la


répartition du service et la cour d’appel siège au nombre de trois membres. Dans
chaque cour d’appel, il y a un greffier qui peut être assisté d’un ou de plusieurs
adjoints.

Enfin, la cour d’appel siège avec l’assistance d’un greffier et


le concours du ministère public.

D. LA COUR DE CASSATION

« Il fonctionnera à Kinshasa une cour de cassation dont le


ressort s’étendra sur tout le territoire de la République Démocratique du Congo.
Elle comprendra un président, des présidents des chambres et des conseillers ?
sa composition intégrera, autant possible, des conseillers référendaires qui seront
des assistants des membres de la cour pour l’accomplissement aisé de leurs
tâches. Elle siégera avec le concours du procureur général qui proviendra du
parquet général près cette cour.

Ce parquet général comprendra également plusieurs avocats


généraux. Une loi organique précisera son organisation, sa composition et son
fonctionnement.

97
- 98 -

Ce parquet général comprendra également en son seing


plusieurs avocats généraux. Une loi organique détaillera son organisation, sa
composition et son fonctionnement » (1).

(1)
LUZOLO (B.L), Op. Cit., p. 27

98
- 99 -

E. LA PRESENTATION DES COURS ET TRIBUNAUX DE LA


VILLE DE KINSHASA

a. La Cour d’Appel de Kinshasa Gombe

Cour d’Appel de
Kinshasa / Gombe
Place de l’indépendance,
Commune de la Gombe

Tribunal de Grande Tribunal de Grande Instance


Instance de la Gombe de Kinshasa/Kalamu
Place de l’indépendance, Avenue Force Publique
Commune de la Gombe Commune de Kasa - Vubu

Tribunal de Paix Tribunal de Tribunal de Tribunal de paix


de la Gombe Paix de Paix de Pont d’Assossa
Avenue de la Ngaliema Kasa-Vubu Avenue assossa
mission Sis à côté de la Avenue Assossa Commue de
Commune de la commune de Commune de Kasa-vubu
Gombe Ngaliema Kasa-Vubu

Communes : Communes : Communes : Communes :


- Barumbu Kitambo Kasa-Vubu Bumbu
- Gombe Mont Ngafula Kalamu Ngiri-Ngiri
- kinshasa Ngaliema Bandalungwa Selembao
- lingwala

99
- 100 -

b. La Cour d’Appel de Kinshasa Matete

Cour d’Appel de Kinshasa


/Matete
éme
4 Rue Limete Résidentiel

Tribunal de Grande Tribunal de Grande Instance


Instance de Matete de N’djili
Quartier Tomba, derriere Place Sainte Thèrese
le marché Tomba Commune de N’djili
Commune de Matete

Tribunal de Paix Tribunal de Tribunal de Tribunal de


de Matete Paix de Lemba Paix de N’djili Paix de
Quartier Tomba, Place Sous - Place Sainte Kinkole
en face de la Région Thèrese A côté de la
maison Commune de Commune de maison
communale Lemba N’djili communale
Commune de Commune de
Matete la N’sele

Communes : Communes : Communes : Communes :


Limete Lemba N’djili Maluku
Matete Makala Masina N’sele
Kisenso Ngaba Kimbaseke

100
- 101 -

F. LA HIERARCHIE DES MAGISTRATS DE SIEGE

En attendant l’éclatement de la cour suprême de justice en


trois ordres de juridictions et leur établissement, organisation et fonctionnement
effectifs nous nous contenterons à donner l’hiérarchie selon l’organisation
jusque là opérationnelle.

Cour Suprême de Justice

Cour d’Appel

Tribunaux de Grande Instance Tribunaux de Commerce

Tribunaux de Paix

JURIDICTIONS GRADES
- Le Premier Président
La Cour Suprême de Justice - Les Présidents
- Les Conseillers
- Premier Président
Cour d’Appel - Les Présidents
- Les Conseillers
- Président
Tribunal de Grande Instance
- Les Juges
- Président
Tribunal de commerce
- Les Juges
- Président
Tribunal de Paix
- Les Juges

101
- 102 -

G. LA HIERARCHIE DES MAGISTRATS DU PARQUET

Le Parquet général de la République

Le Parquet Général

Le Parquet de Grande Instance

PARQUETS GRADES
- Le Procureur Général de la
République (P.G.R)
- Les Premiers Avocats
Parquet Général de la République Généraux de la République
(1er A.G.R)
- Les Avocats Généraux de la
République (A.G.R)
- Le Procureur Général (P.G)
- Les Avocats Généraux (A.G)
Parquet Général - Les Substituts du Procureur
Général (Sub. P.G)

- Procureur de la République
(P.R)
- Les Premiers Substituts du
Parquet de Grande Instance Procureur de La République
(1er Sub. P.R)
- Les Substituts du Procureur
de la République (Sub. P.R)

102
- 103 -

H. LA HIERARCHIE DES JURIDICTIONS MILITAIRES

Haute Cour Militaire

Cour Militaire Cour Militaire Opérationnelle

Tribunal Militaire de Garnison

Tribunal Militaire de Police

JURIDICTIONS GRADES
- Premier Président
Haute Cour Militaire - Présidents
- Conseillers
- Premier Président
Cour Militaire - Présidents
- Conseillers
- Premier Président
Cour Militaire Opérationnelle - Présidents
- Conseillers
- Président
Tribunal Militaire de Garnison
- Juges
- Président
Tribunal Militaire de Police
- Juges

103
- 104 -

I. LA HIERARCHIE DES AUDITORATS MILITAIRES


(Parquet Militaire)

Auditorat Général des FARDC

Auditorat Militaire Supérieur

Auditorat Militaire

AUDITORATS GRADES
- Auditeur Général des FARDC
- Premiers Avocats Généraux
AUDITORAT GENERAL DES
des FARDC
FARDC
- Avocats Généraux des
FARDC
- Auditeur Militaire Supérieur
- Avocats Généraux Militaire
AUDITORAT MILITAIRE
Supérieur
SUPERIEUR
- Substituts de l’Auditeur
Militaire Supérieur
- Auditeur Militaire
- Premiers Substituts de
AUDITORAT MILITAIRE
l’Auditeur Militaire
- Substituts Militaire

104
- 105 -

J.QUELQUES ILLUSTRATIONS DES JURIDICTIONS CONGOLAISES

Les tribunaux de paix de la République démocratique du Congo (1)

1. Tribunal de paix de Kinshasa/ Ngaliema commune de:


• Kintambo
• Ngaliema
• Mont Ngafula
2. Tribunal de paix de Kinshasa/Assossa commune de :
• Ngiri-Ngiri
• Bumbu
• Selembao
3. Tribunal de paix de Kinshasa/Pont Kasa-Vubu commune de:
• Kasa-Vubu
• Kalamu
• Bandalungwa
4. Tribunal de paix de Kinshasa-Gombe commune de:
• Gombe
• Lingwala
• Kinshasa
• Barumbu
5. Tribunal de paix de Kinshasa/Lemba commune de:
• Makala
• Ngaba
• Lemba
6. Tribunal de paix de Kinshasa/Matete commune de:
• Matete
• Limete
• Kisenso
7. Tribunal de paix de Kinshasa/N’djili commune de:
• N’dijli
• Masina
• Kimbanseke
8. Tribunal de paix de Kinshasa/Kinkole Zone commune de:
• N’sele
• Maluku

(1)
YOKA (M), Codes congolais de procédure pénale, éd. Yoka, p. 81

105
- 106 -

Ville de Lubumbashi

1. Tribunal de paix de Lubumbashi/Kamalondo commune de Kamalondo ;


commune de:
• Lubumbashi
• Kamalondo

2. Tribunal de paix de Lubumbashi/Katuba commune de Katuba ; commune de:


• Kenya
• Katuba

3. Tribunal de paix de Lubumbashi/Ruashi commune de Ruashi ; commune de:


• Kampemba
• Ruashi

A. Province de Bandundu

1. Tribunal de paix de Feshi


• Le siège ordinaire: Feshi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Feshi.

2. Tribunal de paix de Kahemba


• Le siège ordinaire: Kahemba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kahemba.

3. Tribunal de paix de Kasongo-Lunda


• Le siège ordinaire: Kasongo-Lunda
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kasongo-Lunda.

4. Tribunal de paix de Kenge


• Le siège ordinaire: Kenge
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kenge.

5. Tribunal de paix de PopoKabaka


• Le siège ordinaire: Popokabaka
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Popokabaka.

6. Tribunal de paix de Bagata


• Le siège ordinaire: Bagata
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bagata.

106
- 107 -

7. Tribunal de paix de Bulungu


• Le siège ordinaire: Bulungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bulungu.

8. Tribunal de paix de Gungu


• Le siège ordinaire: Gungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Gungu.

9. Tribunal de paix d’Idiofa


• Le siège ordinaire: Idiofa
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Idiofa.

10. Tribunal de paix de Masimanimba


• Le siège ordinaire: Masimanimba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Masimanimba.

11. Tribunal de paix de Bolobo


• Le siège ordinaire: Bolobo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bolobo.

12. Tribunal de paix d’Inongo


• Le siège ordinaire: Inongo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Inongo.

13. Tribunal de paix de Kiri


• Le siège ordinaire: Kiri
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kiri.

14. Tribunal de paix de Kutu


• Le siège ordinaire: Kutu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kutu.

15. Tribunal de paix de Mushie


• Le siège ordinaire: Mushie
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mushie.

16. Tribunal de paix d’Oshwe


• Le siège ordinaire: Oshwe
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Oshwe.

107
- 108 -

B. Province du Bas Congo

17. Tribunal de paix de Lukula


• Le siège ordinaire: Lukula
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lukula.

18. Tribunal de paix de Seke-Banza


• Le siège ordinaire: Seke-Banza
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Seke-Banza.

19. Tribunal de paix de Tshela


• Le siège ordinaire: Tshela
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Tshela.

20. Tribunal de paix de Luozi


• Le siège ordinaire: Luozi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Luozi.

21. Tribunal de paix de Mbanza-Ngungu


• Le siège ordinaire: Mbanza-Ngungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mbanza-Ngungu.

22. Tribunal de paix de Songololo


• Le siège ordinaire: Songololo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Songololo.

23. Tribunal de paix de Kasangulu


• Le siège ordinaire: Kasangulu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kasangulu
24. Tribunal de paix de Kimvula
• Le siège ordinaire: Kimvula
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kimvula.

25. Tribunal de paix de Madimba


• Le siège ordinaire: Madimba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Madimba.

108
- 109 -

C. Province de l’équateur

26. Tribunal de paix de Basankusu


• Le siège ordinaire: Basankusu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Basankusu.

27. Tribunal de paix de Bikoro


• Le siège ordinaire: Bikoro
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bikoro.

28. Tribunal de paix de Bolomba


• Le siège ordinaire: Bolomba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bolomba.

29. Tribunal de paix de Bomongo


• Le siège ordinaire: Bomongo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bomongo.

30. Tribunal de paix d’Ingende


• Le siège ordinaire: d’Ingende
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Ingende.

31. Tribunal de paix de Lukolela


• Le siège ordinaire: Lukolela
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lukolela.

32. Tribunal de paix de Makanza


• Le siège ordinaire: Makanza
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Makanza.

33. Tribunal de paix de Bongandanga


• Le siège ordinaire: Bongandanga
• Le ressort territorial l’étendue administrative du territoire de Bongandanga.

34. Tribunal de paix de Bumba


• Le siège ordinaire: Bumba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bumba.

35. Tribunal de paix de Lisala


• Le siège ordinaire: Lisala
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lisala.

109
- 110 -

36. Tribunal de paix de Bosobolo


• Le siège ordinaire: Bosobolo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bosobolo.

37. Tribunal de paix de Mobayimbongo


• Le siège ordinaire: Mobayimbongo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mobayimbongo.

38. Tribunal de paix de Yakoma


• Le siège ordinaire: Yakoma
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Yakoma.

39. Tribunal de paix de Budjala


• Le siège ordinaire: Budjala
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Budjala.

40. Tribunal de paix de Businga


• Le siège ordinaire: Businga
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Businga.

41. Tribunal de paix de Gemena


• Le siège ordinaire: Gemena
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Gemena.

42. Tribunal de paix de Kungu


• Le siège ordinaire: Kungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kungu.

43. Tribunal de paix de Libenge


• Le siège ordinaire: Libenge
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Libenge.

44. Tribunal de paix de Befale


• Le siège ordinaire: Befale
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Befale.

45. Tribunal de paix de Boende


• Le siège ordinaire: Boende
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Boende.

46. Tribunal de paix de Bokungu


• Le siège ordinaire: Bokungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bokungu.

110
- 111 -

47. Tribunal de paix de Djolu


• Le siège ordinaire: Djolu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Djolu.

48. Tribunal de paix d’Ikela


• Le siège ordinaire: Ikela
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Ikela.

49. Tribunal de paix de Monkoto


• Le siège ordinaire: Monkoto
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Monkoto.

D. Province orientale

Ville de Kisangani

1. Tribunal de paix de Kisangani/Kabondo Commune de Kabondo ; Communes


de:
• Makiso
• Mangobo
• Lubunga
2. Tribunal de paix de Kisangani/Makiso Commune de Makiso ; Communes de:
• Kabondo
• Tshopo
• Kisangani

50. Tribunal de paix d’Aketi


• Le siège ordinaire: Aketi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Aketi.

51. Tribunal de paix d’Ango


• Le siège ordinaire: Ango
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Ango.

52. Tribunal de paix de Bambesa


• Le siège ordinaire: Bambesa
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bambesa.

53. Tribunal de paix de Bondo


• Le siège ordinaire: Bondo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bondo.

54. Tribunal de paix de Buta

111
- 112 -

• Le siège ordinaire: Buta


• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Buta.

55. Tribunal de paix de Poko


• Le siège ordinaire: Poko
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Poko.

56. Tribunal de paix de Dungu


• Le siège ordinaire: Dungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Dungu.

57. Tribunal de paix de Faradje


• Le siège ordinaire: Faradje
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Faradje.

58. Tribunal de paix de Niangara


• Le siège ordinaire: Niangara
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Niangara.

59. Tribunal de paix de Rungu


• Le siège ordinaire: Rungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Rungu.

60. Tribunal de paix de Wamba


• Le siège ordinaire: Wamba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Wamba.

61. Tribunal de paix de Watsa


• Le siège ordinaire: Watsa
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Watsa.

62. Tribunal de paix d’Aru


• Le siège ordinaire: Aru
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Aru.

63. Tribunal de paix de Djugu


• Le siège ordinaire: Djugu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Djugu.

64. Tribunal de paix d’Irumu

112
- 113 -

• Le siège ordinaire: Irumu


• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Irumu.

65. Tribunal de paix de Mahagi


• Le siège ordinaire: Mahagi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mahagi.

66. Tribunal de paix de Mambasa


• Le siège ordinaire: Mambasa.
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mambasa.

67. Tribunal de paix de Bafwasende


• Le siège ordinaire: Bafwasende
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bafwasende.

68. Tribunal de paix de Banalia


• Le siège ordinaire: Banalia
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Banalia.

69. Tribunal de paix de Basoko


• Le siège ordinaire: Basoko
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Basoko.

70. Tribunal de paix d’Isangi


• Le siège ordinaire: Isangi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Isangi.

71. Tribunal de paix d’Opala


• Le siège ordinaire: Opala
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Opala.

72. Tribunal de paix d’Ubundu


• Le siège ordinaire: Ubundu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Ubundu.

73. Tribunal de paix de Yahuma


• Le siège ordinaire: Yahuma
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Yahuma.

E. Province du Kasaï Occidental

113
- 114 -

74. Tribunal de paix de Dekese


• Le siège ordinaire: Dekese
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Dekese.

75. Tribunal de paix d’Ilebo


• Le siège ordinaire: Ilebo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Ilebo.

76. Tribunal de paix de Luebo


• Le siège ordinaire: Luebo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Luebo.

77. Tribunal de paix de Mweka


• Le siège ordinaire: Mweka
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mweka.

78. Tribunal de paix de Tshikapa


• Le siège ordinaire: Tshikapa
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Tshikapa.

79. Tribunal de paix de Demba


• Le siège ordinaire: Demba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Demba.

80. Tribunal de paix de Dibaya


• Le siège ordinaire: Dibaya
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Dibaya.

81. Tribunal de paix de Dimbelenge


• Le siège ordinaire: Dimbelenge
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Dimbelenge.

82. Tribunal de paix de Kazumba


• Le siège ordinaire: Kazumba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kazumba.

83. Tribunal de paix de Luiza


• Le siège ordinaire: Luiza
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Luiza.

114
- 115 -

F. Province du Kasaï Oriental

84. Tribunal de paix de Gandajika


• Le siège ordinaire: Gandajika
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Gandajika.

85. Tribunal de paix de Kabinda


• Le siège ordinaire: Kabinda
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kabinda.

86. Tribunal de paix de Kamiji


• Le siège ordinaire: Kamiji
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kamiji.

87. Tribunal de paix de Lubao


• Le siège ordinaire: Lubao
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lubao.

88. Tribunal de paix de Mweneditu


• Le siège ordinaire: Mweneditu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mweneditu.

89. Tribunal de paix de Katako-Kombe


• Le siège ordinaire: Katako-Kombe
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Katako-Kombe.

90. Tribunal de paix de Kole


• Le siège ordinaire: Kole
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kole.

91. Tribunal de paix Lodja


• Le siège ordinaire: Lodja
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lodja.

92. Tribunal de paix Lomela


• Le siège ordinaire: Lomela
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lomela.

93. Tribunal de paix de Lubefu


• Le siège ordinaire: Lubefu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lubefu.

115
- 116 -

94. Tribunal de paix de Lusambo


• Le siège ordinaire: Lusambo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lusambo.

95. Tribunal de paix de Kabeya-Kamwanga


• Le siège ordinaire: Kabeya-Kamwanga
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kabeya-
Kamwanga.

96. Tribunal de paix de Katanda


• Le siège ordinaire: Katanda
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Katanda.

97. Tribunal de paix de Lupatapata


• Le siège ordinaire: Lupatapata
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lupatapata.

98. Tribunal de paix de Miabi


• Le siège ordinaire: Miabi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Miabi.

99. Tribunal de paix de Tshilenge


• Le siège ordinaire: Tshilenge
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Tshilenge.

G. Province du Nord-Kivu

100. Tribunal de paix de Beni


• Le siège ordinaire: Beni
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Beni.

101. Tribunal de paix de Lubero


• Le siège ordinaire: Lubero
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lubero.

102. Tribunal de paix de Masisi


• Le siège ordinaire: Masisi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Masisi.

103. Tribunal de paix de Rutshuru


• Le siège ordinaire: Rutshuru
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Rutshuru.

116
- 117 -

104. Tribunal de paix de Walikale


• Le siège ordinaire: Walikale
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Walikale.

H. Province du Sud-Kivu

105. Tribunal de paix de Fizi


• Le siège ordinaire: Fizi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Fizi.

106. Tribunal de paix d’Idjwi


• Le siège ordinaire: Idjwi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’djwi.
107. Tribunal de paix de Kabare
• Le siège ordinaire: Kabare
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kabare.

108. Tribunal de paix de Kalehe


• Le siège ordinaire: Kalehe
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kalehe.

109. Tribunal de paix de Mwenga


• Le siège ordinaire: Mwenga
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mwenga.

110. Tribunal de paix de Shabunda


• Le siège ordinaire: Shabunda
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Shabunda.

111. Tribunal de paix d’Uvira


• Le siège ordinaire: Uvira
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire d’Uvira.

112. Tribunal de paix de Walungu


• Le siège ordinaire: Walungu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Walungu.

117
- 118 -

I. Province du Maniema

113. Tribunal de paix de Kabambare


• Le siège ordinaire: Kabambare
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kabambare.

114. Tribunal de paix de Kasongo


• Le siège ordinaire: Kasongo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kasongo.

115. Tribunal de paix de Kibombo


• Le siège ordinaire: Kibombo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kibombo.

116. Tribunal de paix de Lubutu


• Le siège ordinaire: Lubutu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lubutu.

117. Tribunal de paix de Pangi


• Le siège ordinaire: Pangi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Pangi.

118. Tribunal de paix de Punia


• Le siège ordinaire: Punia
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Punia.

J. Province du Katanga

119. Tribunal de paix de Lubudi


• Le siège ordinaire: Lubudi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Lubudi.

120. Tribunal de paix de Mutshatsha


• Le siège ordinaire: Mutshatsha
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mutshatsha.

121. Tribunal de paix de Bukama


• Le siège ordinaire: Bukama
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Bukama.

122. Tribunal de paix de Kabongo

118
- 119 -

• Le siège ordinaire: Kabongo


• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kabongo.

123. Tribunal de paix de Kamina


• Le siège ordinaire: Kamina
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kamina.

124. Tribunal de paix de Kaniama


• Le siège ordinaire: Kaniama
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kaniama.

125. Tribunal de paix de Malemba-Nkulu


• Le siège ordinaire: Malemba-Nkulu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Malemba-Nkulu.

126. Tribunal de paix de Kambove


• Le siège ordinaire: Kambove
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kambove.

127. Tribunal de paix de Kasenga


• Le siège ordinaire: Kasenga
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kasenga.

128. Tribunal de paix de Kipushi


• Le siège ordinaire: Kipushi
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kipushi.

129. Tribunal de paix de Mitwaba


• Le siège ordinaire: Mitwaba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Mitwaba.

130. Tribunal de paix de Pweto


• Le siège ordinaire: Pweto
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Pweto.

131. Tribunal de paix de Sakania


• Le siège ordinaire: Sakania
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Sakania.

132. Tribunal de paix de Dilolo


• Le siège ordinaire: Dilolo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Dilolo.

119
- 120 -

133. Tribunal de paix de Kapanga


• Le siège ordinaire: Kapanga
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kapanga.

134. Tribunal de paix de Sandoa


• Le siège ordinaire: Sandoa
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Sandoa.

135. Tribunal de paix de Kabalo


• Le siège ordinaire: Kabalo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kabalo.

136. Tribunal de paix de Kalemie


• Le siège ordinaire: Kalemie
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kalemie.

137. Tribunal de paix de Kongolo


• Le siège ordinaire: Kongolo
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Kongolo.
138. Tribunal de paix de Manono
• Le siège ordinaire: Manono
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Manono.

139. Tribunal de paix de Moba


• Le siège ordinaire: Moba
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Moba.

140. Tribunal de paix de Nyunzu


• Le siège ordinaire: Nyunzu
• Le ressort territorial: l’étendue administrative du territoire de Nyunzu.

120
- 121 -

Les Tribunaux de grande instance

1. Ville de Kinshasa

Dénomination Siège Ordinaire Ressort


Commune – Gombe
- Barumbu
- Kinshasa
TGI de Kinshasa
GOMBE - Lingwala
GOMBE
- Kintambo
- Ngaliema
- Mont Ngafula
- Kalamu
- Kasa-Vubu
TGI de Kinshasa - Ngiri –Ngiri
KASA – VUBU
KALAMU - Bandalungwa
- Bumbu
- Selembao
- Matete
- Limete
TGI de Kinshasa
MATETE - Ngaba
MATETE
- Lemba
- Kisenso
- N’djili
- Kimbaseke
TGI de Kinshasa
N’DJILI - Masina
N’DJILI
- N’sele
- Maluku

Il faut rappeler en ce qui concerne les Cours d’Appels que la


loi crée dans chaque province une Cour d’Appel ayant son siège dans le chef-
lieu de chaque province excepté la ville province de Kinshasa qui dispose de
deux (2) Cours d’Appels une à la Gombe et l’autre à Matete.

En ce qui concerne la Cour Suprême de Justice, elle est une et


son siège se situe à Kinshasa et son ressort s’étend sur toute l’étendue de la
République.

121
- 122 -

K. LES DISPOSITIONS COMMUNES AUX COURS ET


TRIBUNAUX

Ces dispositions sont prévues par les articles 58 à 85 du code


d’organisation et de compétence judiciaires et sont relatives :

 Aux greffiers (Articles 58, 59, 60 et 70 du code d’organisation et de


compétence judiciaires) ;
 Aux huissiers (Article 61 du code d’organisation et de compétence
judiciaires) ;
 Aux délibérés et décisions judiciaires (Articles 62 et 63 du code
d’organisation et de compétence judiciaires) ;
 Au service intérieur, à la police de l’audience, à la surveillance et à
l’inspection des juridictions inférieures (Articles 64, 65 et 66 du code
d’organisation et de compétence judiciaires) ;
 A l’itinérance des cours et tribunaux (Articles 67 et 69 du code
d’organisation et de compétence judiciaires) ;
 A l’installation des sièges secondaires (Article 68 du code d’organisation
et de compétence judiciaires) ;
 Aux causes de récusation des juges (Articles 71, 72, 73, 74, 75, 76 et 78
du code d’organisation et de compétence judiciaires) ;
 A la récusation du ministère public (Article 77 du code d’organisation et
de compétence judiciaires) ;
 Au déport des juges (Articles 78, 79 et 80 du code d’organisation et de
compétence judiciaires) ;
 Au droit de la partie poursuivie de solliciter la récusation de l’officier du
ministère public, magistrat instructeur (Article 81 du code d’organisation
et de compétence judiciaires) ;
 Au renvoi de la cause d’une juridiction à une autre pour cause de sûreté
publique et de suspicion légitime (Article 83 du code d’organisation et de
compétence judiciaires).

A. Les Greffiers

Le greffier, ainsi qu’il a été dit plus haut, assiste le juge dans
les actes et les procès-verbaux de son ministère et le signe avec lui. Si un acte ou
un jugement ne peut être signé par le greffier qui y a concouru, le juge signe seul
et constate l’impossibilité du greffier(1).

Le greffier garde les minutes, les registres et tous les actes


afférents à la juridiction à laquelle il appartient, délivre les grosses, expéditions

(1)
Article 58 du code d’organisation et de compétence judiciaires

122
- 123 -

et extraits des jugements et des ordonnances, écrit ce qui est prononcé par le
juge ou dicté par lui, dresse des actes de diverses formalités dont
l’accomplissement doit être constaté (1).

En cas d’absence ou d’empêchement, le greffier est remplacé


par un de ses adjoints ou, à défaut, par toute personne majeure assumée c'est-à-
dire désignée par le juge (2).

Dans tous ces cas, toute personne appelée à remplir les


fonctions de greffier prête verbalement ou par écrit, avant d’entrer en fonction,
entre les mains du magistrat qui l’a désigné ou assumé le serment suivant : « Je
jure de remplir fidèlement et loyalement les fonctions qui me sont confiées »(3).

B. Les huissiers

Les huissiers sont chargés du service intérieur des cours et


tribunaux et de la signification de tous les exploits de justice (4).

Il faut rappeler ici que ce sont les présidents des juridictions


qui désignent les huissiers parmi les agents de l’ordre judiciaire mis à leur
disposition (5). Les présidents des tribunaux de grande instance et les présidents
des tribunaux de paix peuvent désigner des huissiers suppléants parmi les agents
administratifs des services publics de leur ressort.

Ces huissiers suppléants ne peuvent pas cependant être


chargé du service intérieur des tribunaux (6).

C. Les délibérés et la prise des décisions juridictionnelles

Les délibérés des cours et tribunaux sont secrets. Dans le


délibéré, le juge le moins ancien du rang le moins élevé donne son avis avant les
autres juges tandis que le juge président donne son avis en dernier lieu (7).

Quand aux décisions juridictionnelles, elles sont prises à la


(8)
majorité des voix . Toutefois :

(1)
Article 59 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 60 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 70 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(4)
Article 61 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(5)
Article 61 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(6)
Article 61 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(7)
Article 62 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(8)
Article 63 du code d’organisation et de compétence judiciaires

123
- 124 -

- En matière répressive, s’il se forme plus de deux opinions dans le


délibéré, le juge qui a émis l’opinion la moins favorable au prévenu, est
tenu de se rallier à l’une de deux autres opinions ;
- En matière de droit privé, s’il se forme plus deux opinions dans la
délibéré, le juge le moins ancien du rang le moins élevé est tenu de se
rallier à l’une des deux autres opinions.

D. Le service d’ordre, la police de l’audience et la surveillance des


juridictions inférieures

Le service d’ordre intérieur de la cour suprême de justice est


réglé par l’ordonnance du premier président de cette cour, il en est de même du
service d’ordre intérieur des greffes et de la tenue des registres de la cour
suprême de justice (1).

Le service d’ordre intérieur de la cour d’appel et des


tribunaux du ressort de la cour d’appel est réglé par l’ordonnance du premier
président de cette cour, il en est de même du service d’ordre intérieur des greffes
et de la tenue des registres de la cour d’appel et des tribunaux de son ressort (2).
Le juge qui préside l’audience en assure la police et la
direction des débats (3).
La cour suprême de justice a le droit de surveillance et
d’inspection sur toutes les juridictions inférieures congolaises, les cours d’appel
ont le droit de surveillance et d’inspection sur tous les tribunaux inférieurs de
leurs ressorts respectifs et enfin, les tribunaux de grande instance ont le droit de
surveillance et d’inspection sur tous les tribunaux de paix de leur ressorts
respectifs. La surveillance est exercée par le chef de la juridiction ou par son
remplaçant (4).

E. L’Itinérance des cours et tribunaux

Sans revenir sur l’itinérance des magistrats du parquet


chargés de la recherche des infractions et de l’instruction préparatoire des causes
criminelles qui sont appelés à se déplacer pour les besoins de l’enquête ou des
constats, il convient de retenir que les cours et tribunaux congolais peuvent
siéger dans toutes les localités de leurs ressorts respectifs s’ils l’estiment
nécessaire à la bonne administration de la justice (5).

(1)
Article 64 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 64 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 65 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(4)
Article 66 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(5)
Article 67 du code d’organisation et de compétence judiciaires

124
- 125 -

Toutefois, l’itinérance ne peut pas empêcher le


fonctionnement normal et régulier de la juridiction au siège ordinaire (1).

F. Les sièges secondaires

Le ministre de la justice peut établir, pour toutes les


juridictions, des sièges secondaires dans la même localité ou dans les localités
de leurs ressorts autres que celles où sont leurs sièges ordinaires (2). Dans ce cas,
le ministre de la justice détermine le nombre et la périodicité des sessions qui y
seront tenues et y affecte un greffier les actes de procédure (3).

Le greffier peut être chargé d’exercer ses fonctions auprès de


toutes les juridictions dont le siège principal ou secondaire est établi dans la
même localité(4). Toutefois, le tribunal de paix, siège secondaire, peut siéger sans
l’assistance d’un greffier dans le cas où à ce siège, il n’y a pas de greffe (5).

G. La récusation des Juges

a. Les causes de récusation

Tout juge peut être récusé ou écarté du siège pour l’une des
causes énumérées exhaustivement ci-après :

1. Si lui ou son conjoint a un intérêt personnel quelconque dans l’affaire ;


2. Si lui ou son conjoint est parent ou allié soit en ligne directe, soit en ligne
collatérale jusqu’au troisième degré inclusivement de l’une des parties, de
son avocat ou de son mandataire ;
3. S’il existe une amitié entre lui et l’une des parties ;
4. S’il existe des liens de dépendance étroite à titre de domestique, de
serviteur ou d’employé entre lui et l’une des parties ;
5. s’il existe une inimitié grave entre lui et l’une des parties ;
6. S’il a déjà donné son avis dans l’affaire ;
7. S’il est déjà intervenu dans l’affaire en qualité de juge, de témoin,
d’interprète, d’expert ou d’agent d’administration ou d’avocat ou
défenseur judiciaire ;
8. S’il est déjà intervenu dans l’affaire en qualité d’officier de police
judiciaire ou d’officier du ministère public.

(1)
Article 69 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 68 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 68 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(4)
Article 68 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(5)
Article 29 du code d’organisation et de compétence judiciaires

125
- 126 -

Toutefois, les causes de récusation prévue au numéro 8 ne


s’appliquent pas aux juges des tribunaux de paix puisque ces derniers peuvent
être officiers de police judiciaire ou officiers du ministère public près leurs
propres juridictions (1).

b. La procédure de récusation

Celui qui veut récuser un juge appelé à statuer dans son


affaire doit le faire sous peine d’irrecevabilité :

- Dès qu’il a connaissance de la cause de récusation ;


- Au plus tard avant la clôture des débats ;
- Par une déclaration motivée et actée au greffe de la juridiction dont le
juge mis en cause fait partie (2).

Le greffier notifie la déclaration de récusation au président de


la juridiction et au juge mis en cause. Le juge faisant l’objet de la demande de
récusation est tenu de faire une déclaration écrite ou verbale, actée par le greffier
dans les deux jours de la notification de l’acte de récusation (3).

La juridiction à laquelle appartient le juge mis en cause statue


sur la récusation, toutes affaires cessantes et sous forme de jugement après avoir
attendu la partie récusante. Toutefois, le juge mis en cause ne peut pas faire
partie du siège devant statuer sur la récusation (4).

Si la juridiction statuant en premier ressort rejette la


récusation, elle peut ordonner, pour cause d’urgence, que le siège comprennent
le juge mis en cause et ayant fait l’objet de la récusation rejetée, poursuivre
l’instruction de la cause malgré l’appel formulé par la partie récusante (5).

Si le jugement rejetant la récusation est confirmée par la


juridiction d’appel, celle-ci peut, après avoir appelé le récusant, le condamner à
une amende de 50 à 1000 Franc Congolais et aux dommages – intérêts au profit
du juge mis en cause.

Les décisions sur la récusation rendues en premier degré


devant la cour d’appel sont susceptibles d’appel devant la cour de cassation.
Toutefois, lorsque la récusation a été dirigée contre un magistrat siégeant à la
cour de cassation, celle-ci peut, en cas de rejet de la récusation, après avoir
(1)
Article 71 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 72 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 73 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(4)
Article 74 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(5)
Article 75 du code d’organisation et de compétence judiciaires

126
- 127 -

appelé le récusant, le condamner à une amende de 50 à 1000 francs congolais et


aux dommages – intérêts au profit du juge mis en cause (1).

Si le juge d’appel infirme le jugement rejetant la récusation, il


doit annuler en même temps toute procédure du premier degré qui aurait été la
suite et renvoyer les parties devant le même tribunal pour y être jugées ou
devant un tribunal voisin du même rang ou degré (2). Dans ce cas une action
disciplinaire devra être ouverte à charge du juge mis en cause (3).

H. La récusation du Ministère Public

Les causes de récusation et la procédure de récusation sont


applicables à l’officier du ministère public lorsqu’il intervient dans l’affaire par
voie d’avis (4) notamment en matière de droit privé.

I. Le déport des Juges

Le juge qui se trouve dans une des causes de récusation


prévues à l’article 71 du code d’organisation et de compétence judiciaires est
tenu de se déporter sous peine des poursuites disciplinaires (5).

Pour ce faire, le juge qui désire se déporter doit informer le


président de la juridiction à laquelle il appartient en vue de pourvoir à son
remplacement. Les causes du déport prévues pour le juge sont également
applicables à l’officier du ministère public lorsqu’il intervient par voie d’avis
dans une affaire de droit privé.

J. Le droit du prévenu de solliciter que l’officier du Ministère public chargé


de l’instruction en soit déchargé

L’inculpé qui estime que l’officier du ministère public,


appelé à instruire son affaire, se trouve dans l’une des causes de récusation
prévues par l’article 71 du code d’organisation et de compétence judiciaires, a le
droit d’adresser au chef hiérarchique, une requête motivée tendant à voir ce
magistrat être déchargé de l’instruction de la cause. Le chef hiérarchique est
tenu de répondre à cette requête par une ordonnance motivée, non susceptible de
recours après audition du magistrat mis en cause (6).

(1)
Article 75 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 76 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 76 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(4)
Article 77 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(5)
Article 78 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(6)
Article 81 du code d’organisation et de compétence judiciaires

127
- 128 -

K. Le renvoi de la cause d’une juridiction à une autre pour cause de sûreté


publique ou de suspicion légitime en matière pénale

1. Principe

Une cause peut être renvoyée d’une juridiction répressive à


une autre pour cause de sûreté publique ou de suspicion légitime (1). Ces notions
seront précisées plus loin.

2. La procédure

La requête aux fins de renvoi pour cause de sûreté publique


ou de suspicion légitime peut être présentée :

- Soit par le procureur Général de la République ;


- Soit par l’officier du ministère public près la juridiction saisie ;
- Soit par les parties mais uniquement pour cause de suspicion légitime.

La requête doit avoir la forme écrite.

La juridiction saisie de la requête de renvoi donne acte du


dépôt de la requête, sur production d’une expédition (copie) de l’acte de dépôt
par le ministère public ou par la partie la plus diligente, la juridiction saisie
quant au fond sursoit à statuer.

Dès ce moment, la date d’audience est notifiée à toutes les


parties en cause dans les formes et délais ordinaires.

Les débats se déroulent de la manière suivante :

a) Le requérant expose ses moyens ;


b) La partie adverse présente ses observations ;
c) Le ministère public donne son avis s’il échet ;
d) La juridiction clôt les débats et prend l’affaire en délibérées.

La décision sur la requête doit être rendue dans la huitaine de


la prise en délibéré de l’affaire mais elle n’est susceptible ni d’opposition ni
d’appel.

(1)
Article 82 et 83 du code d’organisation et de compétence judiciaires

128
- 129 -

3. La décision de renvoi

Le tribunal de grande instance peut, pour cause de sûreté


publique ou de suspicion légitime, renvoyer la connaissance d’une affaire, d’un
tribunal de paix de son ressort à un autre tribunal de paix du même ressort (1).

La cour d’appel peut, pour les mêmes causes ou raisons,


renvoyer la connaissance d’une affaire d’un tribunal de grande instance de son
ressort à un autre tribunal de grande instance du même ressort (2).

Enfin, la cour de cassation peut, pour les mêmes causes,


renvoyer la connaissance d’une affaire d’une cour d’appel à une autre ou d’une
juridiction du ressort d’une cour d’appel à une juridiction de même rang du
ressort d’une autre cour d’appel (3).

4. Notion de renvoi d’une affaire d’une juridiction à une autre pour cause de
sûreté publique ou pour cause de suspicion légitime

En matière pénale, on entend par renvoi d’une affaire d’une


juridiction supérieure à une autre pour cause de sûreté publique le fait pour une
juridiction supérieure de dessaisir une juridiction inférieure de son ressort de la
connaissance d’une affaire et de renvoyer cette dernière devant une autre
juridiction de même rang et du même ressort lorsqu’il existe des raisons
suffisantes qui montrent que l’instruction de cette affaire par la première
juridiction troublera la tranquillité publique.

Dans le même ordre d’idée, on entend par renvoi d’une


affaire pénale d’une juridiction à l’autre pour cause de suspicion légitime le fait
pour une juridiction supérieure de dessaisir une juridiction inférieure de son
ressort de la connaissance d’une affaire et de renvoyer cette dernière devant une
autre juridiction de même rang et du même ressort à la demande d’une partie
privée au procès pénal lorsque cette partie privée possède des raisons suffisantes
qui montrent que la juridiction initialement saisie ne statuera pas en toute
impartialité.

(1)
Article 82 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 82 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 82 du code d’organisation et de compétence judiciaires

129
- 130 -

REMARQUE

Avant de clore l’étude des juridictions de l’ordre judiciaire, il


convient de noter que le cde judiciaire congolais, mis à jour au 31 janvier 1986,
contient, dans ses pages 41 à 82, l’arrêté d’organisation judiciaire N° 299/79 du
20 Août 1979 qui précise, dans les détails, le règlement intérieur des cours et
tribunaux ainsi que celui des parquets.

Il y a lieu de s’y référer à bon escient.

130
- 131 -

TROISIME PARTIE :

LES COMPETENCES DES


JURIDICTIONS CONGOLAISES

131
- 132 -

INTRODUCTION
Définition

En Droit Judiciaire, la compétence est l’aptitude légale


pour une juridiction à accomplir un acte ou à instruire et juger un procès.

Sortes de compétence

En matière judiciaire, il existe trois sortes de compétence :

1. La compétence matérielle ou la compétence « ratione materiae » ;


2. La compétence personnelle ou la compétence « ratione personnae » et
3. La compétence territoriale ou la compétence « ratione loci ».

I. La compétence matérielle ou la compétence « ratione materiae »

En procédure pénale, la compétence matérielle est l’aptitude


légale d’une juridiction pénale à connaître des infractions en fonction de leur
nature : infractions de droit commun, infractions militaires ou infractions
politiques.

En matière civile, la compétence matérielle est l’aptitude


légale pour une juridiction civile à connaître des affaires en fonction de leur
nature ‘état des personnes, faillite etc.) ou de leur importance pécuniaire.

II. La compétence personnelle ou la compétence « ratione personnae »

En matière pénale, la compétence personnelle ou « ratione


personnae » est l’aptitude légale d’une juridiction pénale à connaître de certaines
infractions en fonction de la qualité personnelle du délinquant par exemple : le
conseil d’Etat est compétent pour connaître des infractions commises par le
Président de la République et le Premier Ministre ; la cour de cassation est
compétente pour connaître des infractions commises par les membres du
gouvernement, les membres du parlement etc.

III. La compétence territoriale ou la compétence « ratione loci »

En matière pénale, la compétence territoriale est l’aptitude


légale d’une juridiction pénale à connaître d’une infraction en fonction d’une
circonstance de lieu par exemple le lieu de la commission de l’infraction, de la
résidence ou de l’arrestation du prévenu.

132
- 133 -

En matière civile, la compétence territoriale est l’ensemble


des règles qui précisent quel est, de tous les tribunaux d’une même catégorie,
répartis sur le territoire national, celui qui devra connaître de l’affaire.

IV. La compétence d’attribution

On entend par compétence d’attribution la répartition de la


compétence entre les divers ordres de juridiction notamment entre les ordres de
juridiction ordinaire ou de droit commun, commercial, administratif, militaire ou
du travail.

133
- 134 -

CHAPITRE PREMIER

COMPETENCE DES TRIBUNAUX REPRESSIFS


A. LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN

COMPETENCE COMPETENCE COMPETENCE


JURIDICTION
MATERIELLE PERSONNELLE TERRITORIALE
Ier degré :
- Punissables d’une peine
maximum de 5 ans de
servitude pénale
principale et d’une peine
d’amende, quel que soit
son taux, ou de l’une de
ces peines seulement
(Article 86 C.O.C.J) ;
TRIPAIX - Mesures de garde,
d’éducation et de Elle peut résulter :
préservation prévues par
la législation en matière o Soit du lieu de la
d’enfance délinquante commission de
(Article 90 C.O.C.J) ; l’infraction ;
- Sur le vagabondage et o Soit du lieu de la
la mendicité (Article 88 résidence de
C.O.C.J) l’auteur de
Ier DEGRE : I er DEGRE : l’infraction
- Punissables de la peine Les membres des organes (délinquant) :
de mort et de celles locaux délibérants de o Soit du lieu de
punissable d’une peine certaines personnes l’arrestation de
supérieure à 5 ans de morales de droit public. l’auteur
servitude pénale (délinquant) de
principale ou des travaux l’infraction
forcés (Article 91 (Article 104
T.G.I C.O.C.J) C.O.C.J)
SECOND DEGRE :
Il connaît de l’appel des
jugements rendus au Ier
degré par les TRIPAX et
des décisions prises en
vertu de l’article 90
(Article 92 C.O.C.J)
Ier DEGRE : Ier DEGRE
Elle connaît des - Les magistrats autres
infractions commises par que ceux de la cour de
les justiciables cassation et du parquet
bénéficiaires des général près ;
privilèges de cette - Les dignitaires de
juridiction (Article 94 al. l’ordre national de
C.A 2 C.O.C.J) léopard ;
Second degré : - Les fonctionnaires de
Elle connaît de l’appel l’administration publique
des jugements rendus au revêtus du grade de
Ier degré par le T.G.I directeur ;
(Article 94 C.O.C.J) - Les membres des
Assemblées Provinciales

134
- 135 -

B. LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX CIVILS

COMPETENCE COMPETENCE
JURIDICTIONS
MATERIELLE TERRITORIALE
TRIPAIX -Le juge du domicile ou de la résidence du
défendeur est seul compétent pour connaître de
Ier DEGRE la cause, sauf les exceptions établies par les
Il connaît : dispositions spéciales (Article 127 C.O.C.J) ;
- De toute contestation portant sur le droit sur le droit - Les actions contre l’Etat peuvent être
de la famille, les libéralités, les successions, … ; introduites devant le juge du lieu où est établi le
- Des conflits fonciers collectifs ou individuels régis siège du gouvernement ou chef- lieu de
par la coutume ; province ;
- Des autres contestations susceptibles d’évaluation - Les actions contre les entités provinciales et
pour autant que leur valeur ne dépasse pas 5.000 locales ayant la personnalité civile peuvent être
Francs congolais (Article 110 C.O.C.J) introduites devant le juge du lieu où ces entités
Ier DEGRE ont le siège de leur administration (Article 128
- De toutes les contestations qui C.O.C.J) ;
ne sont pas de la compétence du - En matière mobilière, l’action peut être portée
Tribunal de paix (Article 111 devant le juge du lieu dans lequel l’obligation
C.O.C.J) ; est née ou dans lequel elle doit être ou a été
- De l’exécution de toutes les exécutée (Article 129 C.O.C.J) ;
décisions de justice, à - Les contestations entre associés ou entre
l’exception de celle des administrateur – associé sont portées devant le
jugements des TRIPAIX qui est juge où se trouve le siège de la société (Article
T.G.I de la compétence ce ces derniers
(Article 112 C.O.C.J) ;
130 C.O.C.J) ;
- Les actions en reddition du compte de tutelle
- De l’exécution des autres actes sont portées devant le juge du lieu dans lequel
authentiques (Article 111 la tutelle s’est ouverte (Article 132 C.O.C.J) ;
C.O.C.J). - En matière immobilière l’action est portée
SECOND DEGRE devant le juge de la situation de l’immeuble
Il connaît de l’appel des (Article 133 C.O.C.J) ;
jugements rendus en premier - En matière de succession, toutes les
ressort par les TRIPAIX (Article contestations sont portées devant le juge du
114 C.O.C.J). ressort où la succession s’est ouverte ;
SECOND DEGRE - Les contestations en matière de faillite sont
Elle connaît de l’appel des portées devant le tribunal dans le ressort duquel
jugements rendus au premier la faillite est ouverte (Article 136 C.O.C.J) ;
C.A degré par les tribunaux de - Les contestations soulevées sur l’exécution
grande instance (Article 114 Bis des jugements et arrêts sont portées devant le
C.O.C.J) tribunal du lieu où l’exécution se poursuit
(Article 137 C.O.C.J).

REMARQUE

1. La compétence matérielle est déterminée par la nature et le montant de la


demande (Article 119 et suivant C.O.C.J) ;
2. Les demandes reconventionnelles n’exercent quant à la compétence
aucune influence sur l’action originaire (Article 138 C.O.C.J) ;
3. Le juge de l’action est aussi le juge de l’exception (Article 140 C.O.C.J)
et des demandes en garanties (Article 141 C.O.C.J) ;
4. Les cours et tribunaux connaissent de l’interprétation de toutes décisions
de justice rendues par eux (Article 115 C.O.C.J).

135
- 136 -

C. DES COMPETENCES SPECIALES DE LA COUR


SUPRËME DE JUSTICE

SECTION SECTION SECTION DE


JUDICIAIRE ADMINISTRATIVE LEGISLATION
Elle connaît : Ier et dernier ressort
- Des pourvois en cassation
pour violation de la loi ou de Elle connaît : Elle donne des avis
coutume formés contre les consultatifs sur les projets ou
arrêts et jugements rendus en Des demandes d’indemnités propositions de lois ou
dernier ressort par les cours relatives à la réparation d’un d’actes réglementaires qui lui
et tribunaux ; dommage exceptionnel sont soumis ainsi que sur les
- Des demandes en révision ; matériel ou moral, résultant difficultés d’interprétation
- Des prises à parties contre d’une mesure prise ou des textes (Article 159
les magistrats ; ordonnée par les autorités de C.O.C.J).
- Des règlements de juges ; la République, des provinces
- Des demandes en renvoi ou des entités locales (Article
d’une juridiction du ressort 158 C.O.C.J).
d’une cour d’appel à une
juridiction du même rang du
ressort d’une cour d’appel ;
- Des renvois ordonnés après
une deuxième cassation par
la cour suprême de justice
siégeant toute sections
réunies ;
- Du renvoi ordonné après
cassation sur injonction di
Ministre de la justice (Article
155 C.O.C.J).

TOUTES SECTIONS REUNIES


Elle connaît :
- Des recours en appréciation de la constitutionnalité des lois et actes ayant force de loi
ainsi que des recours en interprétation de la constitution ;
- Des conflits d’attribution ;
- Des contestations électorales ;
- Des pourvois introduits pour la deuxième fois après la première cassation et
concernant la même cause et les mêmes parties ;
- Des renvois ordonnés après cassation en matière d’infraction flagrante intentionnelle
(Article 160 C.O.C.J).

136
- 137 -

D. LA COMPETENCE ADMINISTRATIVE ET FISCALE DE


DROIT MODERNE

JURIDICTIONS COMPETENCES
Section administrative
Siégeant en premier ressort, elle connaît les
recours e annulation des actes et décisions des
autorités administratives et locales et des
organismes décentralisés placés sous la tutelle de
ces autorités (Article 146 C.O.C.J)
COUR D’APPEL
Section judiciaire

Siégeant en premier et dernier ressort, elle


connaît des recours introduits contre les décisions
rendues sur la réclamation du contribuable
(Article 152 C.O.C.J).
Comme juridiction administrative spécialisée

Elle est le juge des comptables publics. A ce titre,


COUR DES COMPTES elle contrôle dans les conditions fixées par la loi,
la gestion des fiances publiques et les comptes de
toutes les entreprises et organismes publics.
Section Administrative

- Siégeant en premier et dernier ressort, elle


connaît :
a) Des recours en annulation des actes et
décisions des autorités administratives centrales
de la République et des organismes décentralisés
placés sous la tutelle de ces autorités (Articles
147 et 149 C.O.C.J) ;
COUR SUPREME DE b) Des demandes d’indemnités relatives à la
réparation d’un dommage exceptionnel résultant
JUSTICE d’une mesure prise ou ordonnée par les autorités
de la république, des provinces ou des entités
locales (Article 158 C.O.C.J) ;

- Elle connaît de l’appel des arrêts en annulation


rendus par la section administrative d’une cour
d’appel (Article 148 C.O.C.J) ainsi que les arrêts
rendus par la cour des comptes qu’elle connaît en
cassation (Article 155 C.O.C.J)

137
- 138 -

CHAPITRE DEUXIEME

LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX MILITAIRES


DE LA COMPETENCE DE LA COMPETENCE DE LA COMPETENCE
RATIONE MATERIAE RATIONE LOCI RETIONE PERSONNAE
1. Les juridictions militaires 1. Sont compétent, le tribunal du Elle est déterminée par la qualité, le
connaissent sur le territoire de la lieu où l’une des infractions a été grade que porte le justiciable au moment
république, des infractions d’ordre commise et celui du lieu où le de la commission de l’infraction ou au
militaire punies en application des prévenu aura été trouvé ; moment de sa comparution (Article 104
dispositions du code pénal 2. On renvoie devant un seul du code Judiciaire militaire)
militaire. Elles connaissent tribunal le prévenu qui est
également des infractions de toute poursuivi du chef d’infractions
nature commises par des militaires commises en deux ou plusieurs
et punies conformément aux lieux différents ;
dispositions do code pénal 3. Si l’un d’eux est saisi, l’autre qui
ordinaire (Article 76 du code est en principe également
Judiciaire militaire) ; compétent ne peut plus juger cette
2. La justice militaire ne statue en affaire (Article 98 al 1 et 2 du code
principe que sur l’action publique Judiciaire militaire).
et exceptionnellement sur l’action CAS DE CONFLITS CAS DE CONFLITS
civile (Article 77 du code
1. Lorsqu’il y a pluralités de
Judiciaire militaire) ;
1. Lorsque deux ou plusieurs grades ou de rang différents, il
3. Les juridictions militaires sont
juridictions de même est tenu compte du grade ou du
incompétentes à l’égard de l’action
rang, compétents rang les plus élevés (Article
disciplinaire qui est laissée à la
territorialement, se 105 du code Judiciaire
répression de l’autorité militaire
trouvent saisies des militaire) ;
(Article 78 du code Judiciaire
mêmes faits, la juridiction 2. Si le prévenu était civil au
militaire) ;
saisie la première est moment la commission de
4. Les juridictions militaires sont
préférée aux autres l’infraction et a acquis par la
compétentes pour connaître des
(Article 98 al 4 du code suite et au moment des
infractions imputables à des
Judiciaire militaire) ; poursuites la qualité de
justiciables étrangers à l’armée,
2. Lorsqu’un officier militaire, la juridiction militaire
dans le cas défini par la loi (Article
justiciable de la Haute est incompétente sauf
79 du code Judiciaire militaire) ;
Cour Militaire est disposition contraire de la loi ;
5. Les infractions commises depuis
poursuivi en même temps 3. Si au contraire l’inculpé était
l’ouverture des hostilités par les
qu’un justiciable d’une militaire au moment de la
nationaux ennemis ou par tous
juridiction inférieure pour commission de l’infraction et
agents au service de
des infractions connexes perd par la suite et au moment
l’administration ou des intérêts
commises en lieux des poursuites sa qualité de
ennemis, sur le territoire de la
différents, ils sont tous militaire, le tribunal militaire
R.D.C ou dans toute zone
jugés par la Haute Cour demeure compétent (Articles
d’opérations de guerre sont de la
Militaire (Article 101 du 111 et 112 al 3 du code
compétence des juridictions
code Judiciaire militaire). Judiciaire militaire) ;
militaires (Article 80 du code
4. En cas d’infraction continue
Judiciaire militaire).
s’étendant d’une part sur une
période où le justiciable relevait
de la juridiction de droit
commun et d’autre part sur une
période pendant laquelle il
relève de la juridiction militaire
ou vice – versa, la juridiction
militaire est compétente
(Article 119 du code Judiciaire
militaire).

138
- 139 -

REMARQUES

1. L’auditeur général des F.A.R.D.C pourra, pour cause de sûreté ou de


suspicion légitime, renvoyer la connaissance d’une affaire d’une cour
militaire opérationnelle ou d’un tribunal militaire de garnison à un autre
de même rang ;
2. Seuls les militaires et les assimilés sont justiciables devant les juridictions
militaires (Article 106 du code Judiciaire militaire) ;
3. Les tribunaux de droit commun sont compétents dès lors que l’un de
coauteur ou complice n’est pas justiciable des juridictions militaires sauf
le cas prévu par la loi (Article 115 du code Judiciaire militaire) ;
4. Quand la juridiction ordinaire est appelée à juger une personne justiciable
de la juridiction militaire, elle lui applique le code pénal militaire (Article
117 du code Judiciaire militaire).

139
- 140 -

B. LES JURIDICTIONS MILITAIRES PREVUES PAR LA LOI


N° 023/2002 DU 18 NOVEMBRE 2002 PORTANT CODE
JUDICIAIRE MILITAIRE

JURIDICTIONS COMPETENCES
- Il connaît des infractions punissables au maximum d’une peine
d’un an de servitude pénale principale, dune amende et de la
privation de garde ;
LE TRIBUNAL - Il connaît des autres infractions lorsque les circonstances font que
la peine à prononcer ne doit pas dépasser un an de servitude pénale
MILITAIRE DE principale, une amende ou de privation de grade ;
POLICE - Il est compétent pour juger les militaires des FARDC, ou assimilés
d’un grade inférieur à celui de major, qui se rendent coupables des
faits punis par la loi d’une servitude pénale principale d’un an au
maximum.
- Il connaît de toutes les infractions punissables de la peine de mort
et celles punissables d’une peine supérieure à un an commises par
LE TRIBUNAL les militaires des FARDC d’un grade inférieur à celui de Major et
MILTAIRE DE les membres de la Police Nationale congolaise et du service national
GARNISON de même rang ;
- Il connaît de l’appel des jugements rendus en premier ressort par
les tribunaux militaires de police.
- Elle connaît au premier degré, des infractions commises par les
officiers supérieurs des FARDC et les membres de la Police
Nationale Congolaise de même rang ; les personnes justiciables, par
état, de la Cour d’appel pour des faits qui relèvent de la compétence
des juridictions militaires ; les fonctionnaires de commandement du
ministère de la défense, de la Police Nationale Congolaise, du
LA COUR service national ainsi que de leurs services annexes ; les magistrats
MILITAIRE ET militaires des tribunaux militaires de garnison et ceux des auditorats
COUR MILITAIRE militaires près ces tribunaux militaires ; les membres militaires de
ces juridictions poursuivis pour les faits commis dans l’exercice ou
OPPERATIONNELLE à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions de juge ;
- Elle connaît de l’appel des jugements rendus en premier ressort
par les tribunaux militaires de garnison.
Quand à la cour militaire opérationnelle, elle connaît des infractions
de toute nature commises par des justiciables des juridictions
militaires
- La haute cour militaire connaît, en premier et dernier ressort, des
infractions de toute nature commises par les officiers généraux des
FARDC et les membres de la Police Nationale et du service national
de même rang ;
- Les personnes justiciables, par état, de la Cour suprême de justice,
pour des faits qui relèvent de la compétence des juridictions
LA HAUTE COUR militaires ;
MILTAIRE - Les magistrats militaires membres de la haute cour militaire, de
l’auditorat général, des cours militaires, des cours militaires
opérationnelles, des auditorats militaires près ces cours ;
- Les membres des dites juridictions, poursuivis pour des faits
commis dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs
fonctions de juge.

140
- 141 -

a. COMPETENCES SPECIALES DE LA HAUTE COUR


MILITAIRE

Elle connaît des recours en annulation pour violation de la loi


formés contre les arrêts et jugements rendus en dernier ressort par les cours et
tribunaux militaires. Elle connaît également des demandes en révision, des
prises en partie, des règlements de juges.

En outre, la Haute Cour Militaire connaît des renvois


ordonnés après une deuxième annulation et ceux ordonnés sur pourvois formés
sur injonction du Ministre de la défense. Dans tous ces cas, la Haute Cour
Militaire siège à cinq membres, tous magistrats de carrière.

Lors de l’examen des renvois ordonnés après une deuxième


annulation et de ceux ordonnés sur pourvois formés sur injonction du Ministre
de la défense, le premier Président de la cour suprême de justice peut, à la
requête du premier président de la haute cour militaire, désigner un membre de
la cour suprême de justice pour siéger à la haute cour militaire.

REMARQUES

- En temps de guerre, le Président de la République peut instituer des cours


militaires opérationnelles accompagnant les fractions de l’armée
déterminées par son ordonnance d’institution (Article 18 du code
judiciaire militaire) ;
- Les jugements et arrêts du tribunal militaire de police, du tribunal
militaire de garnison et ceux de la cour militaire sont susceptibles d’appel
et d’opposition ;
- Les arrêts de la cour militaire opérationnelle ne sont pas susceptibles
d’aucun recours ;
- Les arrêts de la haute cour militaire ne sont susceptibles que d’opposition,
toutefois, les recours pour violation des dispositions constitutionnelles par
la haute cour militaire sont portés devant la cour constitutionnelle. la
haute cour militaire peut toutefois rectifier les erreurs matérielles de ses
arrêts ou en ordonner l’interprétation, à la requête des parties ou celle de
l’Auditeur Général des F.A.R.D.C.

141
- 142 -

b) RESSORT DES JURIDICTIONS MILITAIRES

La haute cour militaire s’étend sur toute l’étendue de la


République ; son siège est fixé dans la capitale et peut être déplacé en un autre
lieu par le président de la république si les circonstances exceptionnelles
l’exigent. Elle peut tenir des chambres foraines en temps de guerre.

Il est situé une ou deux cours militaires dans le ressort


territorial de chaque province et dans la ville province de Kinshasa. Le siège
ordinaire de la cour militaire est établi au chef lieu de la province, dans la
localité où se trouve le quartier général de la région militaire ou dans tout autre
lieu fixé par le Président de la République. Toutefois, elle peut se réunir en tout
lieu de son ressort et dans les circonstances exceptionnelles, être fixé en un autre
lieu du ressort, par arrêté du ministre de la défense.

La cour militaire opérationnelle siège dans les zones


d’opérations de guerre et accompagne les fractions de l’armée en opération. Sa
compétence territoriale est illimitée.

Il est situé un ou plusieurs tribunaux de garnison dans le


ressort d’un district, d’une ville, d’une garnison ou d’une base militaire. Le siège
ordinaire est fixé au chef-lieu du district, dans la ville où est situé l’état major de
la garnison ou dans un lieu fixé par le Président de la République.

Il est établi un ou plusieurs tribunaux militaires de police


dans le ressort d’un tribunal militaire de garnison.

c) COMPOSITION ET SIEGE DES JURIDICTIONS MILITAIRES

La haute cour militaire est composée d’un Premier Président,


d’un ou de plusieurs présidents et des conseillers ; nommés et le cas échéant,
relevés de leurs fonctions par le Président de la République, conformément au
statut des magistrats. En cas d’empêchement ou d’absence, le premier président
est remplacé par le président le plus ancien ou à défaut, par le conseiller le plus
ancien. Tel est aussi le cas du président à l’égard des conseillers.

La haute cour militaire siège au nombre de cinq membres,


tous officiers généraux ou supérieurs, dont deux magistrats de carrière. Elle
siège avec le concours du ministère public et l’assistance du greffier. Elle est
présidée par un officier général, magistrat de carrière ; lorsqu’elle siège en
appel, elle est composée de cinq membres dont trois magistrats de carrière.

142
- 143 -

La composition et le fonctionnement de la cour militaire sont


semblables à ceux de la haute cour militaire, mais il faut noter que la cour
militaire peut en cas de nécessité, requérir les services d’un magistrat civil, en
vue de compléter le siège.

La cour militaire opérationnelle est composée et fonctionne


comme la cour militaire, seulement que la première ne nécessite qu’un magistrat
de carrière au moins, contrairement à la cour militaire opérationnelle qui en
exige deux.

Le tribunal militaire de garnison est composé d’un président


et des juges. Il siège au nombre de cinq membres, tous officiers supérieurs ou
subalternes, dont au moins un magistrat de carrière. Il siège avec le concours du
ministère public et l’assistance du greffier. Il est présidé par un officier supérieur
ou subalterne, magistrat de carrière.

Le tribunal militaire de police siège avec trois juges, dont un


magistrat de carrière. Il est toujours présidé par le magistrat de carrière faisant
partie du siège.

Le premier président de la cour militaire du ressort peut


désigner un juge du tribunal militaire de garnison pour siéger au tribunal
militaire de police qui siège avec le concours du ministère public et l’assistance
du greffier.

N.B. : A la première audience où est appelée l’affaire, tous les membres du siège
non revêtus de la qualité de magistrat prêtent le serment suivant : « Nous jurons
devant Dieu et la nation de remplir loyalement nos fonctions de président et
membres de cette juridiction d’en garder le secret des délibérations et de juger
les personnes traduites devant nous sans haine, sans crainte, sans
complaisance, avec la seule volonté d’exécuter la loi ». Chacun des membres,
débout, la main droite levée, dit : « Je le jure ».

En temps de guerre, le Président de la République peut


modifier les sièges et les ressorts des ces juridictions.

143
- 144 -

C. CONFLITS DE COMPETENCE DES JURIDICTIONS REPRESSIVES

COMPETENCE MATERIELLE
NATURE DU CONFLIT JURIDICTION COMPETENTE
1. Une personne est poursuivie 1. La juridiction ordinaire du rang
simultanément du chef de plusieurs le plus élevé, compétente à
infractions qui sont de la raison de l’une des infractions,
compétence des juridictions de l’est aussi pour connaître les
nature ou de rang différents ; autres (Article 99 du code
2. Plusieurs personnes justiciables des d’organisation et de compétence
juridictions de nature ou de rang judiciaires) ;
différents, sont poursuivies, en 2. La juridiction ordinaire
raison de leur participation à une compétente du rang le plus
infraction ou à des infractions ; élevé est compétente pour juger
3. Deux tribunaux compétents se (Article 100 du code
trouvent saisis des mêmes faits ; d’organisation et de compétence
4. Un tribunal saisi d’une infraction de judiciaires) ;
sa compétence constate que les faits 3. Le tribunal du rang le moins
constituent une infraction dont la élevé déclinera sa compétence
compétence est attribuée à un (Article 102 du code
tribunal inférieur. d’organisation et de compétence
judiciaires) ;
4. Le tribunal statuera sur l’action
publique et éventuellement sur
l’action civile et sur les
dommages – intérêts à allouer
d’office (Article 103 du code
d’organisation et de compétence
judiciaires).
COMPETENCE TERRITORIALE
NATURE DU CONFLIT JURIDICTION COMPETENTE
1. Plusieurs personnes sont 1. Le tribunal compétent au point
poursuivies conjointement comme de vue territorial pour juger
coauteurs ou complices l’une d’elles est compétent pour
d’infractions connexes ; juger toutes les autres (Article
2. Deux ou plusieurs tribunaux de 104 du code d’organisation et de
même rang, compétents compétence judiciaires) ;
territorialement se trouvent saisis 2. Le tribunal saisi le premier est
des mêmes faits. préféré aux autres (Article 105
du code d’organisation et de
compétence judiciaires).

144
- 145 -

CHAPITRE TROISIEME

LA COMPETENCE EN MATIERE REPRESSIVE

A. GENERALITES
1) NOTIONS

La compétence criminelle ou pénale ou encore répressive est


l’aptitude légale des cours et tribunaux à connaître des infractions qui leur sont
soumises. Dans les législations belges et françaises, les infractions sont classées
suivant leur gravité en trois (3) catégories : Crimes, Délits et Contraventions ; en
droit pénal congolais, on applique le monisme infractionnel c'est-à-dire toutes
les violations des lois pénales sont appelées infractions.

2) CARACTERE D’ORDRE PUBLIC DES REGLES DE COMPETENCE


CRIMINELLE

Les règles de la compétence criminelle sont d’ordre public


car elles sont établies dans l’intérêt général. La distinction admise en matière
civile entre l’incompétence absolue et l’incompétence relative ou ratione loci ne
s’applique pas en matière criminelle ou répressive.

De ce principe, il résulte que :

1. L’exception d’incompétence peut être soulevée en tout état de cause, et


doit être examinée tant qu’il n’a pas de décision définitive. Elle peut donc
être soulevée pour la première fois soit en cours d’instance, soit en appel,
soit même en cassation. Elle peut l’être même par le plaignant qui a saisi
lui-même la juridiction dont il allègue ensuite l’incompétence en
cassation ;
2. Si l’exception n’a pas été soulevée, le juge doit la soulever d’office ;
l’incompétence ne peut être couverte par l’acquiescement ou le silence de
la partie ou du ministère public car ni la partie, ni le ministère public,
fussent – ils d’accord, ne peuvent proroger la compétence d’une
juridiction.

Malgré son caractère d’ordre public, l’exception


d’incompétence se trouve éteinte par l’autorité de la chose jugée. La partie, dont
le déclinatoire a été rejeté et qui n’a pas attaqué le jugement dans ledélai légaux

145
- 146 -

ne peut plus soulever l’incompétence du juge saisi, ni devant lui ni devant la


juridiction supérieure.

Les lois sur la compétence étant d’ordre public, ne sont pas


soumises au principe de non rétroactivité.

3) L’OBLIGATION POUR LE JUGE DE VERIFIER SA COMPETENCE

Toute juridiction a, en principe, le droit d’apprécier sa


compétence et doit trancher la question de la compétence avant l’examen du
fond. C’est à la citation à prévenu ou l’ordonnance de renvoi que le juge doit
avoir égard à cette phase de la procédure pour se prononcer. Mais si la citation
ou l’ordonnance de renvoi ne détermine pas de façon suffisante les faits
dénoncés, la juridiction saisie devrait examiner ces actes à la lumière des
éléments qui lui fournirait l’instruction et les débats, le moyen de
l’incompétence étant lié indivisiblement à l’examen du fond de la poursuite. En
ce cas, si le juge croit devoir retenir le fond il peut statuer par le même jugement
qui statue sur la compétence à condition que ce soit par des dispositions
différentes.

Le droit pour le juge d’examiner sa compétence souffre de


certaines dérogations dans les cas suivants :

1. Renvoi après un arrêt de règlement de juge rendu par la cour suprême de


justice conformément à l’article 155 du code d’organisation et de
compétence judiciaires, si deux juridictions en conflit se déclarent toutes
compétentes ;
2. Renvoi en cas de litispendance ou connexité prononcé par une juridiction
à une autre de même rang en application de l’article 143 du code
d’organisation et de compétence judiciaires ;
3. Renvoi ordonné par un jugement ou un arrêt pour cause de sûreté
publique ou de suspicion légitime ;
4. Renvoi ordonné après cassation pour rejuger l’affaire ;
5. La situation du prévenu ne pouvant être aggravée par son seul recours, la
juridiction saisie de son recours ne peut, en l’absence du recours du
Ministère Public et les conclusions formelles du prévenu, déclarer
d’office l’incompétence de la juridiction dont la décision lui est déférée.
Cette règle doit s’appliquer logiquement aux trois recours suivants :
Appel, Opposition et le pourvoi en cassation.

146
- 147 -

4) OBLIGATION DE JUGER

Un tribunal légalement saisi doit juger ou se déclarer


incompétent. Il ne peut renvoyer l’affaire devant une autre juridiction ni
ordonner le renvoi au ministère public. S’il croit devoir procéder à un
complément d’instruction, il doit commettre un des juges qui ont assisté aux
débats. Il a le pouvoir d’ordonner toutes les mesures d’instructions nécessaires à
la manifestation de la vérité sur les faits qui lui sont soumis : expertise, descente
sur les lieux, … Le tribunal a épuisé sa juridiction lorsqu’il s’est définitivement
prononcé sur l’infraction qui lui est soumise.

5) LE JUGE DE L’ACTION EST AUSSI LE JUGE DE L’EXCEPTION

De même qu’en matière civile, le juge de l’action est le juge


de l’exception dans tous les cas où la connaissance de celle-ci n’a pas été
attribuée à un juge différent par disposition expresse de la loi. Il appartient donc
aux tribunaux répressifs d’apprécier tous les éléments caractéristiques de
l’infraction :

1. La prescription de l’action publique ;


2. Le défaut de qualité pour saisir le tribunal (cas d’adultère ou de
l’administration des finances publiques) ;
3. Les moyens de preuve ;
4. Les dommages – intérêts …

Toutefois, le juge répressif ne statue sur les questions de droit


civil opposées par le prévenu à titre d’exception que dans la mesure et dans les
limites de l’action pénale dont il est saisi : il ne les tranche pas par un jugement
distinct du fond du procès.

6) LA RECONVENTION

La reconvention n’est pas admise en matière pénale. Ainsi,


un tribunal répressif compétent pour connaître d’une infraction imputée à une
partie ne cesse pas d’être compétent pour statuer sur cette infraction par le seul
fait que le demandeur se serait rendu coupable envers le défendeur d’une
infraction qui ne serait pas de la compétence de ce tribunal et que ce défendeur
en aurait demandé la répression. Si donc, le prévenu poursuivi devant un
tribunal à le pouvoir de dénoncer à ce tribunal un fait préjudiciable commis par
son adversaire, cela n’empêche pas ce tribunal de se déclarer compétent pour
juger ce prévenu ; s’il est saisi de cette autre infraction il en examinera
séparément sa compétence (Article 138 du code d’organisation et de
compétence judiciaires).

147
- 148 -

En terme plus clair, le juge répressif doit statuer même si le


plaignant est aussi prévenu du prévenu dans une autre affaire pénale.

En procédure civile, la reconvention se définit comme « une


demande incidente formée par le défendeur, en réplique à celle du demandeur et
par laquelle il ne se contente pas de résister aux prétentions de celui-ci ; mais
sollicite à son tour la condamnation de ce dernier » ; le défendeur se défend en
attaquant. Exemple le demandeur réclame au défendeur une dette, le défendeur
riposte par une demande reconventionnelle tendant à faire juger qu’il est lui-
même créancier du demandeur.

- C’est le cas du débiteur qui, poursuivi en exécution de ses obligations


contractuelles, réplique en demandant la nullité ou la résolution du
contrat ;
- Le cas d’un époux assigné en divorce mais qui à son tour demande le
divorce ou la séparation du corps ;
- Le cas du malade à la suite d’une demande en paiement d’honoraires
formée par son médecin, riposte en demandant de son côté la
condamnation de celui-ci à des dommages – intérêts pour mauvais soins ;
- Le cas d’un bailleur qui assigne son locataire en résolution du bail pour
non paiement des arriérés de loyer, ce dernier lui réclame le
remboursement des dépenses pour des travaux de réfection des lieux
loués.

B. ETENDUE ET SORTES DE COMPETENCE EN MATIERE


PENALE

Il existe trois sortes de compétence en matière pénale ; l’une


tenant à la nature de l’infraction c'est-à-dire au taux de la peine fixé par la loi ;
l’autre aux circonstances de lieu où elle a été commise ou découverte ; l’autre
enfin à la qualité de la personne qui en est l’auteur. Le tribunal répressif n’est
compétent qu’à la condition qu’il puisse connaître de l’infraction en raison de sa
nature (ratione materiae), de son auteur (ratione personnae ou qualitatis) et des
circonstances du lieu (ratione loci).

148
- 149 -

C.COMPETENCE MATERIELLE DES DIVERSES


JURIDICTIONS REPRESSIVES

1. LE TRIBUNAL DE PAIX

a. Sur l’action publique

L’Article 86 du code d’organisation et de compétence


judiciaires attribue au tribunal de paix, la connaissance des infractions
punissables au maximum de cinq (5) ans de servitude pénale principale et d’une
peine d’amende quel que soit son taux ou de l’une de ces peines seulement.

La compétence du tribunal de paix doit être réglée dès les


premiers actes de poursuite sur le maximum de la peine applicable, suivant la
nature et le caractère du fait qui lui est déféré, sans égard à la faculté qui est
laissée au juge de prononcer une peine dont un fait est punissable aux termes de
la loi et qui excède le taux des peines que le juge est autorisé à prononcer pour
que ce juge se déclare incompétent sans qu’il puisse purger ce vice
d’incompétence ou de renvoyer le prévenu de la plainte.

Tel n’était cependant pas le cas dans les législations


antérieures où ce juge était compétent en raison de la peine méritée, même si
l’infraction lui déférée était punissable d’une peine excédant cinq (5) ans de
servitude pénale principale.

Mais lorsqu’un tribunal de paix se déclare incompétent à


raison du taux de la peine à appliquer, le jugement n’est susceptible d’aucun
recours (Article 87 du code d’organisation et de compétence judiciaires).

Mais le juge de paix saisi de plusieurs infractions


(préventions) reste compétent, bien que le montant cumulé des peines qu’il peut
prononcer pour chaque infraction dépasse le maximum de cinq (5) ans de
servitude pénale principale dès lors que chacune des infractions est punissable
d’une peine ne dépassant pas cinq (5) ans de servitude pénale principale.

b. Sur l’action civile

Par application de l’Article 107 du code d’organisation et de


compétence judiciaires, le tribunal de paix peut être saisi de l’action civile en
même temps que l’action publique. Mais il ne peut statuer sur les dommages –
intérêts que réclame la victime que s’il condamne le prévenu. Il est dès lors
incompétent pour statuer sur les dommages – intérêts réclamés par la partie
civile toutes les fois qu’il acquitte le prévenu, soit parce que le fait incriminé ne

149
- 150 -

constitue pas une infraction, soit parce que cette infraction est prescrite, soit
encore parce que l’infraction n’est pas de sa compétence.

Il résulte encore de la même règle que le juge de répression


doit statuer sur les dommages – intérêts par le même jugement que sur l’action
pénale. Toute fois, il est permis au juge du tribunal de paix, après avoir admis
l’action publique et reconnu la légitimité de la demande des dommages –
intérêts de condamner le prévenu. Par ailleurs, le tribunal de paix ne peut
condamner la personne civilement responsable au paiement des réparations
civiles sans que le prévenu ait été mis en cause.

En vertu de l’alinéa 2 du même article 107, le tribunal de


paix, comme les autre tribunaux répressifs est compétent pour allouer au
prévenu les dommages – intérêts qu’il réclame, lorsqu’il est acquitté, à raison du
préjudice qui lui a fait causer une poursuite mal fondée.

Dans ce cas cependant, la demande de dommages – intérêts


ne peut être formée que contre la partie civile et pas contre un simple plaignant ;
elle ne peut en aucun cas être formée contre le ministère publique qui ne peut
être actionné en responsabilité que s’il est pris en partie par une procédure
complexe prévue à l’article 58 de l’ordonnance – loi N° 82/017 du 31 Mars 1982
relative à la procédure devant la cour suprême de justice.

C’est pour protéger les magistrats contre les rancoeurs des


plaideurs mécontents que la loi a posée le principe de l’irresponsabilité des juges
et des officiers du ministère public ; c’est seulement en cas de faute
professionnelle lourde que la procédure de prise à partie peut être engagée
contre eux et si cette procédure aboutit, seul l’Etat sera déclaré civilement
responsable des fautes dont les magistrats seront convaincus.

La compétence du tribunal de paix est sans limites quand au


chiffre des dommages – intérêts qu’il peut prononcer au profit soit du prévenu
soit de la partie civile.

L’Article 108 du code d’organisation et de compétence


judiciaires fait obligation au juge de paix comme à tout autre juge de répression
d’allouer d’office les dommages – intérêts et d’autres réparations dues en vertu
de la loi ou de la coutume aux personnes indigentes qui ne seraient pas capables
de défendre leurs intérêts devant lui.

150
- 151 -

2. LE TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE

a. Sur l’action publique

Les tribunaux de grande instance connaissent des infractions


punissables de la peine de mort et de celles punissables d’une peine excédant
cinq (5) ans de servitude pénale principale ou des travaux forcés (Article 91 du
code d’organisation et de compétence judiciaires). Ils connaissent de l’appel
exercé contre les jugements des tribunaux de paix (Article 92 du code
d’organisation et de compétence judiciaires).

Il est de règle quand à l’étendue de sa saisine que le tribunal


de grande instance ne peut statuer qu’à l’égard des inculpés qui ont été déférés,
ou qui ont comparu volontairement ; il est incompétent à l’égard des autres. Il en
est de même devant le tribunal de paix. Quand aux faits dont il est saisi, le
tribunal de grande instance ne peut connaître que des faits énoncés dans l’acte
qui le saisit. Cette règle comporte un certain nombre de conséquences
importantes.

D’abord le tribunal ne peut statuer en même temps sur la


prévention qui lui est déférée et sur une prévention différente ; en suite, il
n’appartient pas au tribunal de grande instance de substituer à la prévention qui
lui est déférée une prévention nouvelle s’appuyant sur un fait nouveau.

Le principe selon lequel le juge ne peut statuer que sur la


prévention ne s’oppose pas à ce que sa compétence s’étende à certains faits non
compris et spécifiés expressément dans l’acte qui l’a saisi.

Tout d’abord le tribunal a le pouvoir de modifier la


qualification des faits dont il est saisi, le libellé de la prévention n’étant
qu’indicatif et non attributif de juridiction. Ce n’est pas seulement un droit, mais
c’est aussi un devoir pour le juge de grande instance de déterminer la
qualification exacte du fait dont il est saisi et d’y appliquer la peine d’après les
résultats de son information. La substitution de la qualification n’est admise qu’à
la condition de ne puiser que dans les faits de la prévention primitive des
éléments de la qualification nouvelle et de n’ajouter aucun fait nouveau sur
lequel le prévenu n’ait été mis en demeure de se défendre.

Il est toute fois permis aux juges du tribunal de grande


instance de faire état de toutes les circonstances accessoires qui se rattachent aux
faits dont ils sont saisis et qui sont résultés de l’instruction, lors même qu’elles
ne seraient pas énoncées dans l’acte qui les a saisis.

151
- 152 -

Les règles exposées ci-dessus sur l’étendue de la saisine des


juges de grande instance s’appliquent aux juges d’appel. Mais si l’appel n’a été
interjeté que par le prévenu seul, le juge d’appel ne peut rectifier la qualification
inexacte donnée aux faits par les premiers juges qu’autant qu’il ne doit en
résulter aucune augmentation de la peine puisque la situation de l’appelant ne
peut, dans ce cas, être aggravée.

Au cas où l’appel émane de la partie civile, seule la


juridiction d’appel ne peut acquitter le prévenu ; mais elle peut reconnaître le
caractère infractionnel du fait ou en changer la qualification. Mais elle ne peut,
sur l’appel de la partie civile seule, statuer sur un délit étranger aux intérêts de
cette partie civile et que le premier juge a déjà écarté.

N.B. : Le délit d’audience : mais en dehors des faits dont il est saisi, le tribunal
de grande instance comme le tribunal de paix peut juger séance tenante toute
infraction commise dans la salle d’audience et pendant la durée de l’audience, à
condition que la peine à appliquer soit de sa compétence sauf privilège de
juridiction (Ordonnance – loi N° 70 – 12 du 10 Mars 1970).

b. Sur l’action civile

Comme exposé plus haut, lorsque le tribunal de grande


instance est saisi d’une action pénale, il a l’obligation de statuer sur les intérêts
civils au profit soit de la partie civile, soit du prévenu. Lorsqu’il reconnaît
l’existence d’un délit, il a le pouvoir d’accorder à la partie civile les réparations
auxquelles elle a droit, ce qui comprend les dommages – intérêts, les
restitutions, l’annulation des actes frauduleux au moyen desquels le délit a été
commis.

Le tribunal a de même le droit de statuer sur les dommages –


intérêts réclamés par le prévenu renvoyé des fins de la plainte et ce, en vertu de
l’Article 107 du code d’organisation et de compétence judiciaires. Notons que
pour les personnes indigentes, le tribunal statue d’office sur les réparations
civiles comme précisé plus haut. Il est compétent pour ordonner la restitution
des objets détournés par l’effet de l’infraction, soit d’office, soit à la demande
des parties.

Les jugements rendus par les tribunaux de grande instance en


premier ressort sont susceptibles d’opposition et d’appel.

152
- 153 -

3. LA COUR D’APPEL

a. Sur l’action publique

Les cours d’appel connaissent de l’appel des jugements


rendus en premier ressort par les tribunaux de grande instance de leur ressort.
Toute fois, les règles exposées sur les tribunaux de grande instance s’appliquent
aux cours d’appel, sous réserve de la distinction établie plus haut.

L’appel a un effet dévolutif : il défère la connaissance de la


cause aux juges du second degré. Cet effet est l’essence de l’appel. Toutefois, il
est doublement limité. D’une part, l’effet dévolutif ne peut saisir la juridiction
supérieure de questions qui n’ont pas été soumises aux juges du premier degré.
D’autre part, la juridiction supérieure n’étant saisie que par l’appel, sa
compétence est limitée par le texte de l’acte d’appel d’où l’adage : « tantum
devolum quantum appelatum ». Cet adage qui est l’application du principe plus
général : « tantum juridicatum quantum litigatum » a été consacré comme ayant
force de loi.

Mais le principe dévolutif qui est de l’essence de l’appel


connaît une exception. En effet, les juges d’appel ont le droit d’évocation.
D’après l’article 107 du code de procédure pénale, lorsque la juridiction d’appel
réforme un jugement du premier degré qui a statué sur un incident sans aborder
le fond, pour toute autre cause que l’incompétence ou la saisie irrégulière du
premier juge, il connaît du fond de l’affaire. L’évocation en matière pénale est
soumise aux conditions ci-après :

a. Le juge d’appel ne peut évoquer que lorsqu’il annule ou réforme ;


b. L’évocation n’est possible que lorsque le premier juge a été
légalement saisi ;
c. Le juge d’appel ne peut évoquer la cause que si le premier juge
était compétent ;
d. L’évocation est obligatoire en matière pénale et non facultative
comme en matière civile ;
e. En matière pénale, il n’est pas nécessaire que l’affaire soit
disposée à recevoir une solution définitive. En conséquence
l’annulation du jugement et la décision sur le fond ne doivent pas
être prononcées par une seule et même décision. La cour peut,
après avoir annulé et décidé l’évocation, ordonner tous devoirs
d’instructions utiles.

153
- 154 -

 Avantages de l’évocation : simplification et diminution des frais, frein


aux lenteurs de la procédure résultant des renvois.
 Désavantages : l’évocation supprime une garantie judiciaire précieuse en
privant les parties d’un double degré de juridiction.

b. Sur l’action civile

Saisie de l’action publique, la cour d’appel est compétente


pour statuer sur les intérêts civils spécialement sur les dommages – intérêts
réclamés soit par l’accusé acquitté, soit par la partie civile ainsi que sur les
restitutions et sur les demandes civiles autres que les dommages – intérêts. Elle
statue soit à la demande des parties, soit d’office. Pour le surplus, il faut se
référer à ce qui a été dit plus haut spécialement sur le délit d’audience.

Les arrêts rendus au premier degré par les cours d’appel sont
susceptibles d’opposition et d’appel.

D. COMPETENCE PERSONNELLE : RATIONE PERSONNAE


OU QUALITATIS

Les règles de la compétence en matière répressive ne


comportent en principe aucune modification à raison de la qualité des personnes.
Toutefois, certaines exceptions y sont établies au profit de certains
fonctionnaires et dignitaires de l’Etat ainsi que des militaires et des enfants
mineurs de moins de 16 ans.

Ainsi les tribunaux de paix sont seuls compétents pour


prendre des mesures de garde, d’éducation et de préservation prévues par la
législation en matière d’enfance délinquante (Article 90 du code d’organisation
et de compétence judiciaires).

Les cours d’appel connaissent au premier degré des


infractions commises par les magistrats, les fonctionnaires des services publics
et para –étatiques revêtus au moins de grade de directeur ou équivalent et des
dignitaires des ordres nationaux.

Le conseil d’Etat connaît en premier et dernier ressort les


infractions commises par le Président de la République et le Premier Ministre et
la Cour de cassation connaît en premier et dernier ressort les infractions
commises par les magistrats de la cour de cassation et du parquet près, les
Ministres, les membres du parlement.

154
- 155 -

Les militaires et les personnes assimilées conformément au


code judiciaire militaire sont justiciables devant les juridictions militaires.

E. LA COMPETENCE TERRITORIALE : RATIONE LOCI

1. La compétence du tribunal du lieu du délit

La compétence territoriale des juridictions répressives est


déterminée soit par le lieu de la commission de l’infraction, soit par celui de la
résidence du prévenu, soit par le lieu où le prévenu pourra être arrêté ou trouvé
(forum delicti commisi, forum domicili, forum deprehensionis (Article 104 du
code d’organisation et de compétence judiciaires)).

Tout autre tribunal que celui de la résidence du délinquant ou


du lieu de perpétration de l’infraction ou du lieu de l’arrestation est incompétent.
Cette incompétence est d’ordre public. Le juge compétent est en effet du lieu où
l’élément essentiel de l’infraction a été commis.

Quid dans le cas où le lieu du délit est inconnu ou incertain.


Un juge ne peut se saisir de l’affaire dans ce cas qu’autant que les circonstances
de fait font présumer que le délit a été commis sur le territoire de son ressort.

Exemple : un cadavre a été découvert sans que l’on puisse dire où l’homicide a
été commis : jusqu’à preuve du contraire, on admet que le lieu où gît le cadavre
doit être présumé lieu du crime.

Cas où les faits constitutifs ont été commis successivement


sur le territoire de plusieurs juridictions, il faut distinguer deux cas :

 Cas de délits continus ou de délits successifs (port illégal de décoration ou


de costume, le port d’armes prohibées). Dans ces cas les juges des divers
lieux où se produisent les faits constitutifs du délit sont également
compétents car le délit se produit dans chacun de ces lieux ;
 Cas de délits collectifs ou d’habitude : (usure, excitation habituelle de
mineurs à la débauche). Il faut considérer comme juge compétent à raison
du lieu du délit, le juge du lieu où se produit le fait qui, par sa relation
avec d’autres faits antérieurs, constituent le délit d’habitude, car ce fait
qui consomme le délit.

155
- 156 -

2. La compétence du tribunal de la résidence

Le lieu de la résidence de l’inculpé est le lieu où il réside en


fait, habituellement. Ce lieu peut ne pas être le domicile légal. Si le prévenu a
deux ou plusieurs résidences, les tribunaux des divers lieux où il habite sont
également compétents.

S’il a changé de résidence entre le jour de la perpétration de


l’infraction et le moment de la plainte ou des poursuites, c’est la dernière
résidence qui détermine le tribunal compétent.

3. La compétence du tribunal de l’arrestation

La loi donne compétence en troisième lieu au tribunal du lieu


où le prévenu aura été trouvé c'est-à-dire au tribunal du lieu de l’arrestation
(forum deprehensionis (Article 3 du code de procédure pénale)).

Mais le lieu où le prévenu était déjà en détention au moment


où les faits qui font l’objet de la poursuite ont été relevés à la justice n’est pas
considéré comme le lieu de l’arrestation attributif de compétence. La
compétence du juge du lieu de capture cesse si le prévenu, après avoir été arrêté,
parvient à s’échapper, à moins que son évasion n’ait lieu qu’après le
commencement de l’instruction.

4. Exception aux règles de la compétence ratione loci

Les règles qui déterminent la compétence territoriale


exposées ci-dessus comportent certaines exceptions tenant à des causes diverses.
C’est notamment le cas:

 En matière d’évasion et de rupture de ban, c’est le tribunal dont émane la


condamnation qui sera seul compétent pour juger ces nouvelles
infractions ;
 Le renvoi après cassation se fait par le tribunal de cassation, à sa
discrétion, sans tenir compte des lois ordinaires de la territorialité ;
 Il est de même pour le renvoi pour cause de sûreté publique ou de
suspicion légitime ;
 La connexité, l’indivisibilité et la complicité relatives aux règles
ordinaires ci-dessus.

156
- 157 -

F. INFLUENCE DE LA CONNEXITE, DE L’INDIVISIBILITE


OU DE LA COMPLEXITE SUR LA COMPETENCE

a. NOTIONS

Les règles de la compétence peuvent fléchir en raison de


l’indivisibilité et de la connexité. Ces deux cas supposent tous la pluralité des
faits ou d’agents, mais ils répondent à des états différents.

1. L’indivisibilité

L’indivisibilité des poursuites suppose l’unité de délit, l’unité


de détermination qui fait que tous les actes accomplis par l’agent ne doivent être
envisagés que comme une infraction unique, alors même qu’ils constitueraient
ou seraient envisagés isolement comme des infractions différentes.

L’indivisibilité ainsi envisagée se rencontre dans les trois


situations suivantes :

1. Celle où plusieurs coauteurs ou complices participent à une même


entreprise criminelle (unité de délit et pluralité d’agents) ;
2. Celle d’un fait unique impliquant plusieurs délits : c’est l’hypothèse du
concours idéal d’infraction.

Exemples : un anarchiste qui, par un fait unique, blesse et tue plusieurs


personnes ; un facteur des postes ouvre un pli fermé qui lui est confié pour y
soustraire des valeurs, un faussaire présente un titre faux pour obtenir la remise
de fonds ;

3. Celle d’un ensemble de faits commis par un agent pour la réalisation d’un
but unique qui constitue également un cas de concours idéal d’infractions
ou infraction continue.

Exemples : un voleur transporte en plusieurs voyages les meubles d’une


maison ; l’infraction de détournement de deniers publics par un comptable par
l’imputation des fausses factures ou bulletins fictifs, le concubinage.

2. La connexité

La connexité suppose plusieurs délits, unis entre eux de telle


façon que la bonne administration de la justice demande qu’ils soient jugés
conjointement, sans pour autant que le lien existant entre eux soit assez étroit

157
- 158 -

pour empêcher de les envisager séparément. La connexité existe dans trois cas
suivants :

1. Lorsque les délits ont été commis en même temps par plusieurs
personnes réunies dans un même lieu, peu importe qu’il y ait but commun
ou concert préalable, mais l’unité de temps et de lieu suffit.

Exemples : le type de délits connexes se rencontre particulièrement dans les


émeutes, les grèves ou dans les infractions ou des rixes accidentelles ;

2. Lorsque plusieurs délits ont été commis par différentes personnes, même
en différents temps et en divers lieux, mais par la suite d’un concert
préalable formé d’avance entre les délinquants. Il n’y a pas, dans ce cas,
ni indivisibilité par l’unité de résolution parce que le but commun n’est
pas de commettre une même infraction déterminée.

Exemples : un camionneur et son convoyeur se concertent sur la route de Matadi


pour débarquer une partie des marchandises en cours de route au profit des
clients frauduleux et de causer plus loin un grave accident de circulation
provoquant le vol du reste de la cargaison par les passants et les villageois ;

3. Lorsque les coupables ont commis les différents délits entre lesquels il
existe une relation de cause à effet ; les coupables ont commis les uns
pour se procurer.

158
- 159 -

CHAPITRE QUATRIEME

LA COMPETENCE CIVILE DES TRIBUNAUX

INTRODUCTION
Le mot ‘’civil’’ doit être entendu ici dans le sens le plus
large. Il ne s’agit pas des tribunaux statuant à l’égard des civils, l’épithète
« civil » doit ici revêtir le sens juridique, il s’agit donc des tribunaux qui jugent
des litiges civils, ou mieux des litiges du droit privé lequel englobe le droit civil,
le droit du travail, le droit commercial, le droit coutumier et bien plus, ces
tribunaux dits civils connaissent également des actions patrimoniales dirigées
par ou contre les services publics de l’Etat.

A. LA COMPETENCE TERRITORIALE DES TRIBUNAUX


CIVILS

La règle générale est que le juge du domicile ou de la


résidence du défendeur est seul compétent pour connaître de la cause. S’il y a
plusieurs défendeurs, le demandeur peut choisir le domicile de l’un d’eux. Les
parties peuvent, si l’ordre public n’est pas intéressé, déroger
conventionnellement aux règles de la compétence territoriale, elles peuvent le
faire soit par une clause attributive de compétence soit par l’élection de
domicile, soit en comparaissant volontairement devant un juge autre que le juge
naturel.

La règle de la compétence territoriale cède le pas également


en certains cas prévus par la loi : en voici quelques illustrations :

Pour les actions contre l’Etat, c’est le juge du lieu où est établi le siège du
gouvernement ou le chef – lieu de province, qui est compétent (Article
128 du code d’organisation et de compétence judiciaires)
Pour les actions contre les collectivités régionales ou locales ayant la
personnalité civile, c’est le juge du lieu à ces collectivités ont le siège de
leur administration qui est compétent (Article 128 du code d’organisation
et de compétence judiciaires) ;
Pour les contestations portant sur des droits immobiliers, c’est le tribunal
de la situation des immeubles qui est compétent (Article 133 du code
d’organisation et de compétence judiciaires) ;

159
- 160 -

En matière mobilière, l’action peut être portée devant le juge du lieu dans
lequel l’obligation est née ou dans lequel elle doit être ou a été exécutée.

B. LA COMPETENCE PERSONNELLE DES TRIBUNAUX


CIVILS

En principe, le problème de la compétence personnelle ne se


pose qu’en matière pénale car c’est là que l’on rencontre de nombreux cas du
privilège de juridiction. Toutefois, il faut signaler un cas de compétence
personnelle en matière coutumière : lorsque le défendeur ou le prévenu est un
militaire en activité de service, un agent de l’administration, de l’ordre judiciaire
ou de la police territoriale, un juge, une autorité coutumière, communale ou
territoriale, seul le tribunal de territoire ou de ville connaît, à l’exclusion de tout
autre tribunal des affaires dans lesquelles ces défendeurs et demandeurs sont
parties.

C. LA COMPETENCE MATERIELLE DES TRIBUNAUX


CIVILS

1. REGLES ORDINAIRES

A. La compétence matérielle est déterminée par la nature ou le montant de la


demande :

Les fruits, intérêts, arrérages, dommages – intérêts, frais et autres


accessoires ne sont ajoutés au principal que s’ils ont une cause antérieure
à la demande (Article 120 du code d’organisation et de compétence
judiciaires) ;
Si la demande a plusieurs chefs qui proviennent de la même cause, on le
cumule pour déterminer la compétence (Article 121 du code
d’organisation et de compétence judiciaires) ;
Si une somme réclamée fait partie d’une créance plus forte que ce qui est
réclamée, c’est le montant de celle-ci qui détermine la compétence
(Article 122 du code d’organisation et de compétence judiciaires) ;
Si une demande est formée par plusieurs demandeurs ou contre plusieurs
défendeurs en vertu d’un même titre, la somme totale réclamée fixe la
compétence (Article 123 du code d’organisation et de compétence
judiciaires) ;
S’il y a contestation sur la validité d’un bail, on détermine la valeur du
litige en cumulant les loyers pour toute la durée du bail ;

160
- 161 -

S’il y résiliation du bail, on détermine la valeur du litige en cumulant les


loyers à échoir (Article 124 du code d’organisation et de compétence
judiciaires) ;
Lorsqu’il n’existe pas d’autre base d’estimation, le litige est évalué par les
parties, sous le contrôle du juge (Article 126 du code d’organisation et de
compétence judiciaires).

B. La répartition de la compétence matérielle des tribunaux civils

a. Le tribunal de paix

Il examine les contestations qui portent sur le droit de la


famille, les successions, les libéralités et les conflits fonciers collectifs ou
individuels régis par la coutume (1). Il est aussi compétent pour examiner toutes
les autres contestations qui peuvent être évaluées en argent pourvu que leur
valeur ne dépasse pas cinq mille Zaïres (2). Le tribunal de paix est également
compétent en matière d’exécution des actes authentiques (3).

b. Le tribunal de grande instance

Il examine toutes les contestations qui ne sont pas de la


compétence du tribunal de paix (4). Il est aussi compétent en matière d’exécution
de toutes les décisions de justice sauf celles de jugement du tribunal de paix (5).
Il examine également les problèmes relatifs à l’exécution des autres actes
authentiques (6).

Le tribunal de grande instance examine l’appel des jugements


rendus en premier ressort par les tribunaux de paix de son ressort (7).

c. La cour d’appel

Elle examine l’appel des jugements rendus en premier ressort


par les tribunaux de grande instance de son ressort (8).

(1)
Article 110 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 110 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 110 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(4)
Article 111 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(5)
Article 112 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(6)
Article 112 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(7)
Article 114 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(8)
Article 114 du code d’organisation et de compétence judiciaires

161
- 162 -

2. REGLES SPECIALES

a. les demandes reconventionnelles n’exercent, quant à la


compétence ; aucune influence sur l’action originaire, c’est
pourquoi les tribunaux connaissent de toutes les demandes
reconventionnelles quelque en soient la nature et le montant
(Article 138 du code d’organisation et de compétence judiciaires) ;
b. les demandes fondées sur le caractère vexatoire et téméraire d’une
action sont portées devant le tribunal saisi de cette action (Article
139 du code d’organisation et de compétence judiciaires) ;
c. le juge compétent pour statuer sur la demande principale, connaît
de tous les incidents et devoirs d’instruction auxquels donne lieu
cette demande (Article 140 du code d’organisation et de
compétence judiciaires) ;
d. le juge devant lequel la demande originaire est pendante connaît
des demandes en garanties ;
e. en cas de litispendance (1) s’appliquent les règles suivantes et ce en
respectant l’ordre suivant :
- la juridiction saisie au degré d’appel est préférée à la juridiction saisie au
premier ressort ;
- la juridiction qui a rendue sur l’affaire une décision autre qu’une
disposition d’ordre intérieur est préférée aux autres juridictions ;
- la juridiction saisie la première est préférée aux autres juridictions ;
f. en cas des demandes connexes devant les juridictions différentes,
les règles suivantes sont appliquées :
- les demandes pendantes devant le tribunal de paix peuvent, à la demande
de l’une des parties, être jointes à des demandes connexes pendantes
devant le tribunal de grande instance, la juridiction ainsi saisi statue en
premier ressort (Article 143 alinéa 1 du code d’organisation et de
compétence judiciaires) ;
- lorsque des demandes pendantes devant les juridictions différentes de
même rang sont connexes, elles peuvent, à la demande de l’une des
parties, être renvoyées à celle de ces juridictions qui a déjà rendu une
décision autre qu’une disposition d’ordre intérieur, sinon à la juridiction
saisie la première ;
g. les conditions qui doivent être réunies pour assigner les étrangers
devant les tribunaux en République Démocratique du Congo sont
notamment :
- avoir un domicile ou une résidence en République Démocratique du
Congo ou y avoir fait élection de domicile ;

(1)
Il y a litispendance lorsque deux ou plusieurs juridictions compétentes se trouvent saisie à la fois des mêmes
faits intéressant les mêmes personnes (parties).

162
- 163 -

- en matière immobilière, l’immeuble doit être situé en république


Démocratique du Congo ;
- l’obligation qui sert de base à la demande doit être née, avoir été ou doit
être exécutée au Congo ;
- l’action doit être relative à une succession ouverte au Congo ;
- il doit s’agir d’une demande en validité ou en main levée de saisie-arrêt
formée au Congo ou toutes autres mesures provisoires ou conservatoires ;
- la demande connexe à un procès déjà pendant devant un tribunal du
Congo.

Ainsi on peut dire que tous les litiges individuels en matière


du travail sont aujourd’hui de la compétence des tribunaux de grande instance,
étant donné que ces litiges, une fois évalués dépassent la valeur de cinq mille
francs congolais.

La loi N° 73/008 du 5 janvier 1973, fixe la procédure


particulière qui doit être suivie devant la chambre des affaires du travail,
toutefois, nous devons noter que certaines dispositions de cette loi doivent être
considérée comme dépassées compte tenu du fait que depuis il y a eu la réforme
du code de l’organisation et de compétence judiciaire du 31 mars 1982 qui a
supprimé les tribunaux du travail. Ainsi par exemple, on peut plus parler
d’assesseurs du tribunal de travail ; étant désormais, c’est le tribunal de grande
instance qui va examiner le conflit individuel du travail, et ce à juge unique.

3. LA COMPETENCE EN MATIERE FISCALE

Le tribunal de grande instance est le tribunal que peut saisir le


service des impôts lorsqu’un habitant du pays refuse de payer les impôts qu’il
doit à l’Etat (1).

La cour d’appel examine l’appel des jugements rendus au


premier degré par me tribunal de grande instance (2).

La cour d’appel est saisie en premier et dernier ressort c'est-à-


dire sans possibilité d’appel pour examiner les recours introduits par le
contribuable contre les décisions du service des impôts lorsque ces décisions
constituent la cotisation d’impôt ou d’accroissement d’impôt établis d’office
c'est-à-dire d’autorité (3).

(1)
Article 151 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(2)
Article 152 alinéa 1 du code d’organisation et de compétence judiciaires
(3)
Article 152 alinéa 2 du code d’organisation et de compétence judiciaires

163
- 164 -

D. LA COMPETENCE EN MATIERE ADMINISTRATIVE

La constitution du 18 février 2006 confie désormais la


matière administrative à l’ordre administratif de juridictions constitué d’un
conseil d’Etat au sommet, des cours administratives d’appel, et des tribunaux
administratifs.

Le fonctionnement de l’Etat, de l’administration publique et


des sociétés para – étatiques peut, par les actes et décisions qu’ils prennent,
causer du tort aux habitants du pays, en ce cas, la personne qui a été lésée par
ces actes ou ces décisions peut les attaquer en justice pour les faire annuler, et si
possible pour obtenir un dédommagement. C’est cela qu’on appelle
« contentieux administratif ».

Notons qu’au niveau de la cour de cassation, le pourvoi en


cassation c'est-à-dire l’examen des demandes qui veulent voir cassé les
jugements illégaux ou irréguliers prononcés par les tribunaux qui ont siéger au
niveau d’appel. Nous devons ici faire remarquer que les congolais n’ont pas
encore assimilés le mécanisme de la cassation. Certains croient qu’ils peuvent
saisir la cour de cassation dès l’instant où un mauvais jugement est rendu au
premier degré alors que la loi exige d’aller d’abord jusqu’à la juridiction
d’appel, d’autres s’imaginent que la cour de cassation constitue un troisième
degré de juridiction c'est-à-dire une juridiction qui va comme devant le tribunal
du premier degré ou devant la juridiction d’appel, interroger les parties et
entendre les témoins. Non, la cour suprême de justice qui siège en matière de
cassation ‘’juge’’ les jugements pour vérifier s’ils n’ont pas violé la loi ou la
coutume, elle ne juge pas les causes, les affaires.

La cour constitutionnelle est chargée du contrôle de la


constitutionnalité des lois et des actes ayant force de la loi, les lois organiques,
avant leur promulgation, et les règlements intérieurs des chambres
parlementaires et du congrès, de la commission électorale nationale
indépendante ainsi que du conseil supérieur de l’audiovisuel et de la
communication, avant leur mise en application, doivent être soumis à la cour
constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la constitution. Aux
mêmes fins d’examen de la constitutionalité, les lois peuvent déférées à la cour
constitutionnelle, avant leur promulgation par le président de la République, le
premier ministre, le président de l’assemblée nationale, le président du sénat ou
le dixième des députés ou sénateurs suivant l’article 160 de la constitution du 18
février 2006.

164
- 165 -

DEFINITION DE CERTAINES EXPRESSIONS OU DE CERTAINS


MOTS UTILISES DANS LE CADRE DE LA COMPETENCE PENALE
ET CIVILE DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT COMMUN

1. L’acte authentique (Article 110 du code d’O.C.J)

Est, en droit privé, un écrit établi par un officier public tel


qu’un notaire par exemple et qui dont les affirmations font fois jusqu’à
inscription à faux et dont les grosses, revêtues de la formule exécutoire, sont
susceptibles d’exécution forcée.

2. La saisie-arrêt (Article 113 du code d’O.C.J)

Est, en procédure civile, une voie d’exécution par laquelle un


créancier bloque entre les mains d’un tiers les sommes qui sont dues ou les
objets mobiliers qui appartiennent à son débiteur, en vue de se faire payer sur
ces sommes ou sur le prix de ces objets.

3. L’action en reddition du compte de tutelle (Article 132 du code d’O.C.J)

En procédure civile, on entend par reddition de compte, la


procédure consistant pour celui qui a géré les intérêts d’autrui (le rendant), à
présenter à celui auquel il est dû (l’oyant), l’état détaillé de ce qu’il a reçu ou
dépensé, dans le but d’arriver à la fixation du reliquat ( le débet).

Ainsi, l’action en reddition du compte de tutelle est, en


procédure civile, la procédure consistant pour le tuteur qui a géré les intérêts du
mineur à présenter au mineur devenu majeur, l’état détaillé de ce que, lui le
tuteur a reçu ou dépensé au nom du mineur, dans le but d’arriver à la fixation du
reliquat à remettre au mineur devenu majeur.

4. Le séquestre (Article 133 du code d’O.C.J)

Est, en procédure civile, la personne désignée par la justice


ou par des particuliers pour assurer la conservation d’un bien qui est l’objet d’un
procès ou d’une voie d’exécution.

Une voie d’exécution est une procédure permettant à un


particulier d’obtenir, par la force, l’exécution des actes ou des jugements qui lui
reconnaissent des prérogatives (ou droits subjectifs).

165
- 166 -

5. Action en rescision du partage (Article 134 du code d’O.C.J)

La rescision est, en droit privé, le terme désignant la destruction, par


décision judiciaire, d’un acte lésionnaire.
La lésion est, en droit privé, le préjudice contemporain de l’accord de
volonté résultant de la différence de valeur entre les prestations d’un
contrat synallagmatique ou entre les lots attribués à des copartageants.
Ainsi, l’action en rescision du partage est, en droit privé, la procédure
consistant pour un copartageant préjudicié, à obtenir la destruction de
l’acte du partage des lots.

6. La litispendance (Article 142 du code d’O.C.J)

Il y a litispendance, en procédure civile, lorsque le même


procès que celui dont le tribunal est saisi, est porté devant une seconde
juridiction. Il faut noter que la litispendance est soulevée par un déclinatoire de
compétence avant tout débat au fond ; ce déclinatoire est présenté au tribunal
saisi en second lieu.

Ainsi, le déclinatoire de compétence est, en procédure civile,


une exception permettant de contester la compétence du tribunal saisi, qui doit
être soulevée avant toute conclusion au fond et toute fin de non recevoir et
contenir l’indication de la juridiction que le plaideur estime devoir être
compétente.

7. Actions connexes (Article 143 du code d’O.C.J)

En procédure civile, il existe une connexité entre deux


demandes en justice lorsque celles-ci sont étroitement liées entre elles si bien
qu’en les jugeant séparément on risque d’aboutir à une contrariété de jugements.

En procédure pénale, il y a connexité, lorsqu’il existe des


liens étroits entre plusieurs infractions, soit qu’il y a unité de temps, de lieu ou
d’intention, soit qu’une relation de cause à effet les unit, soit qu’il y a recel après
appropriation illicite d’une chose.

8. La prorogation de compétence

Est, en droit judiciaire, le fait qu’un procès soit porté devant


une juridiction qui ne devrait pas normalement en connaître au point de vue de
la compétence d’attribution (matérielle) ou de la compétence territoriale.

166
- 167 -

9. L’évocation

C’est le pouvoir reconnu à la cour d’appel d’attraire à elle le


fond du litige (ou de l’affaire pénale), c'est-à-dire le pouvoir de trancher les
points non jugés en première instance, lorsqu’elle se trouve saisie d’un jugement
ayant mis fin à l’instance sur l’exception de procédure, d’un jugement ayant
ordonné une mesure d’instruction, d’un contredit de compétence.

En toutes circonstances, la cour d’appel doit estimer de bonne


justice de donner à l’affaire une solution définitive.

10. Le contredit de compétence

C’est une voie de recours formée par la partie qui refuse de


s’incliner devant une décision d’incompétence qui a statué seulement sur la
compétence et non sur le fond ; dans ce cas il faut recourir à l’appel.

167
- 168 -

CHAPITRE CINQUIEME

LE MINISTERE PUBLIC

INTRODUCTION

Les Magistrats du Ministère Public s’appellent aussi


Magistrat débout parce qu’ils se lèvent à l’audience pour leurs réquisitions, ceci
par opposition aux juges ou Magistrats Assis parce qu’ils restent dans cette
position durant les audiences. L’expression « Magistrat du Parquet » vient de ce
que, dans l’ancien régime français, les Procureurs et Avocats du Roi ne
siégeaient pas sur l’estrade à côté des juges, mais sur les parquet de la salle
d’audience comme les justiciables et représentants de ceux-ci. Cette expression
est restée bien q’actuellement les Magistrats du Ministère Public se trouvent
placés sur l’estrade sur le même plan que les juges.

I. LA MISSION DU MINISTERE PUBLIC DANS LA RECHERCHE DES


INFRACTIONS

En matière répressive, le Ministère Public recherche les


infractions aux actes législatifs et réglementaires qui sont commises sur le
territoire de la République (art.7 du code d’organisation et compétence
judiciaire). Mais c’est rare que les officiers du Ministère Public constatent eux-
mêmes les infractions, généralement ce sont les OPJ (officiers de police
judiciaire) qui leur transmettent les P.V (Procès-verbaux) de constat et d’autres.

A. L’ACTION PUBLIQUE.

1. Notion

L’action publique est celle qui a pour but la répression de


l’infraction considérée ayant porté atteinte à l’ordre social et qui a pour objet
l’application de la peine ou d’une mesure de sûreté au délinquant. Ainsi exercer
l’action publique, c’est saisir les tribunaux répressifs et soutenir devant eux
l’accusation en vue de faire punir les coupables, il y a cependant lieu de noter
que quand le ministère public ouvre un dossier d’instruction préparatoire
(R.M.P), il exerce déjà l’action publique. Mais la saisie di tribunal répressif
constitue le temps fort, le moment culminant de l’action publique.

168
- 169 -

Cependant, dans le système ayant prévalu jusqu’au 18 février


2006, il est requis qu’avant de déclencher des poursuites judiciaires contre
certaines catégories de personnes ou pour réprimer certaines catégories
d’infractions, il en soit référé au ministre de la justice qui peut ainsi demander
que pour des raison sociales ou politiques et même économique, l’action
publique ne puisse pas s’exercer. Ainsi, la pratique judiciaire congolaise a
instaurée par le biais de l’avis d’ouverture d’information en sigle A.O.I, le droit
de veto dans le chef du ministre de la justice.

2. La plénitude de l’exercice de l’action publique

L’exercice de l’action publique dans toute sa plénitude et


devant toutes les juridictions de son ressort appartient au Procureur Général près
la Cour d’appel qui exerce, sous l’autorité du ministre de la justice les fonctions
du ministère public près toutes les juridictions établies dans le ressort de la cour
d’appel (Article 13 du code d’organisation et de compétence judiciaires du 31
mars 1982).

Ainsi, les fonctions du Ministère public, y compris l’action


publique du procureur général de la République s’exercent uniquement près la
cour suprême de justice (article 12 alinéa 7). Le procureur général de la
République peut également, sur injonction du Ministre de la justice ou d’office,
pour l’exécution des mêmes devoirs, faire injonction aux procureurs généraux
prés le cour de sûreté de l’Etat (article 12 alinéa 3). De même, le procureur de la
république peut sur injonction du ministre de la justice, requérir et soutenir
l’action publique devant tous les cours et tribunaux à tous les niveaux (article 12
alinéa 4).

Enfin, le procureur général de la république dispose d’un


droit de surveillance et d’inspection sur les parquets généraux près les cours
d’appel (article 12 alinéa 5).

Il faut dire que toutes ces dispositions appellent une refonte


particulière, conformément à la nouvelle philosophie de notre justice telle que
consacrée dans la constitution du 18 février 2006. D’abord de la dissolution de
la cour suprême de justice ; en suite, en considérant que, conformément à la loi
sur le statut des magistrats, le ministre de la justice se trouve dépouillé de tous
les pouvoirs régaliens qu’il possédait au profit du conseil supérieur de la
magistrature, etc.

169
- 170 -

3. L’autorité du Ministre de la justice sur les magistrats des parquets

L’article 10 du code d’organisation et de compétence


judiciaires dispose que les officiers du ministère public est placé sous l’autorité
du ministre de la justice. La doctrine classique affirme le m^me principe. La
doctrine classique analyse cette autorité en droit d’injonction, qui s’exerce sous
trois formes :

- Un droit d’ordonner des poursuites ;


- Un droit d’impulsion ;
- Un droit de regard.

La doctrine classique n’a jamais voulu reconnaître au


ministre de la justice un droit de veto, consistant à empêcher l’exercice de
l’action publique. L’on estime en effet que l’ordre de poursuivre ne préjuge rien,
car l’exercice de l’action publique peut aboutir à l’acquittement : la justice aura
éclairci la situation. En revanche, les conséquences de l’interdiction de
l’interdiction des poursuites sont autrement plus graves, car en ce cas l’autorité
qui interdit se substitue à la fonction juridictionnelle et absout le coupable sans
qu’aucune garantie ne soit donnée à la vindicte publique.

Cependant dans le pratique judiciaire, il est de coutume


qu’avant de déclencher des poursuites judiciaires contre certaines catégories des
personnes ou pour réprimer certaines catégories d’infractions il en est référé au
Ministre de la justice qui peut ainsi demander que pour des raisons sociales ou
politiques et même économique l’action publique ne puisse pas s’exercer.

Ainsi, la pratique judiciaire congolaise a instauré par le biais


de l’avis d’ouverture d’information, le droit de veto dans le chef du ministre de
la justice.

A ce jour, conformément aux dispositions pertinentes de la


constitution (article 151) et de la loi sur le statut des magistrats, en attendant des
textes relatifs à l’organisation et au fonctionnement de la justice, l’on peut dire
que l’autorité du ministre de la justice sur le parquet n’est plus limité qu’au seul
pouvoir d’injonction sur l’action publique.

La pratique d’avis d’ouverture d’instruction est supprimée.

170
- 171 -

4. Les limitations à l’exercice de l’action publique

En principe, le ministère public a le droit, le devoir d’exercer


des poursuites, chaque fois qu’une infraction est portée à sa connaissance.
Néanmoins, dans certains cas, le pouvoir du ministère public se trouve soit
paralysé soit limité, et ce pour diverses raisons notamment en raison de la
qualité de l’inculpé.

De la qualité de l’inculpé : cas des inculpés hommes politiques, membres


du gouvernement, chef coutumier, chef religieux et quelques
fonctionnaires de commandement, ainsi qu’en cas des agents
diplomatiques et consulaires ;
Poursuite subordonnée à la plainte préalable de la partie lésée : l’article
468 du code la famille dispose que : « la poursuite pour l’adultère ne
pourra avoir lieu que sur la plainte de l’époux qui se prétendra offensé »,
ici, il faut retenir que la raison d’être de cette exigence réside dans la
considération selon laquelle l’unité et la stabilité de la famille risquent
d’être compromises par l’intervention du ministère public qu’ainsi la
victime de l’infraction d’adultère doit être considérée ici comme le
meilleur juge des suites à donner à l’infraction. L’époux plaignant peut
demander en tout état de cause, l’abandon de la procédure par retrait de la
plainte à condition de consentir à reprendre la vie commune ;
L’exposé des motifs du décret du 03 août 1955 complétant le code pénal
par la répression de l’infraction de grivèlerie déclare que cette infraction
ne trouble que très légèrement l’ordre social ; c’est ainsi que la paiement
de prix ou le désistement de la partie plaignante éteint l’action publique ;
Les infractions commise à l’étranger sont poursuivies sur enquêtes du
ministère public, mais lorsqu’elles lèsent les particuliers et que la loi
congolaise prévoit, à cet effet, une peine d’emprisonnement d’au moins
cinq (5) ans, la requête du ministère public doit être précédée d’une
plainte de la partie offensée ou d’une dénonciation officielle de l’autorité
du pays où l’infraction a été commise ;
Les infractions au droit d’auteur régie par le décret du 21 juin 1948 et
l’ordonnance – loi N° 86/0033 du 05 avril 1986 portant création de droit
d’auteur et de droit voisin. Elles sont poursuivies par la plainte préalable
de la partie lésée ;
La concurrence déloyale (ordonnance législative N° 41/63 du 24 février
1930) ;
Poursuite en matière fiscale : c’est le directeur général de la direction
général des impôts qui doit initier l’action publique
En matière douanière, …

171
- 172 -

5. L’extinction de l’action publique

L’extinction de l’action publique constitue un obstacle


permanent qui empêche définitivement de saisir les juridictions compétentes.
Diverses et multiples sont les causes d’extinction de l’action publique. Elles
peuvent être :

a. Le décès du délinquant

En cas de décès du délinquant, l’action publique est éteinte :

- Si l’action publique n’avait pas encore été mise en mouvement, elle ne


pourra plus l’être ;
- Si le procès pénal est déjà engagé, la juridiction saisie devra rayer l’affaire
du rôle sans pouvoir prononcer sur l’action ni sur les frais, qui devraient
demeurer à charge de l’Etat ;
- Si dans l’ignorance du décès, le ministère public avait mis l’action
publique en mouvement, et qu’un jugement ait été prononcé, celui-ci est
nul et le tribunal qui l’a rendu peut rapporter sa décision même si entre
temps celle-ci avait acquit l’autorité de la chose jugée ;
- L’on doit également envisager l’hypothèse où le décès se produit quand
l’affaire est déjà assez avancée. Il se peut qu’un jugement ait été rendu au
moment où meurt le prévenu. Il y a lieu de distinguer :
Si le délinquant meurt avant l’expiration des délais de recours,
cet événement anéantit la procédure faite : le jugement prononcé
et les condamnations, même aux frais ne peuvent être exécutés ;
Si une voie de recours avait été exercée avant le décès, la
juridiction compétente pour statuer sur ce recours devrait se
border à radier l’affaire de son rôle ;
Si le jugement a acquis l’autorité de la chose jugée, mais n’a pas
encore été exécuté, il peut être ramené à l’exécution, bien qu’il
conserve sa valeur pleine et entière.

Le droit pénal repose sur le principe de la responsabilité des


peines ; ainsi la peine ne peut frapper que celui-là même qui a commis
l’infraction, ces sont ces principes qui font obstacle à ce que l’on poursuive et
condamne pénalement les héritiers du délinquant.

Mais le décès du délinquant n’éteint pas l’action publique


vis-à-vis des coauteurs et des complices, qui peuvent toujours être poursuivis.
Nous verrons plus loin les conséquences du décès du prévenu quant à l’action
civile.

172
- 173 -

b. L’amnistie

C’est par une loi qu’est décrétée l’amnistie. Lorsqu’elle


intervient après qu’une condamnation définitive a été prononcée, l’amnistie est
une cause d’extinction des peines. Si elle se produit avant que le jugement
définitif soit passé en force de chose jugée, l’amnistie éteint l’action publique.
L’effet principal de l’amnistie est de faire perdre au fait amnistié son caractère
délictueux : notons cependant que l’amnistie peut-être personnelle c'est-à-dire
accordée à certaines catégories de délinquants (exemple ancien combattants,
etc.) ; en ce cas elle ne produit son effet extinctif qu’à l’égard des coupables
identifiés.

L’amnistie peut aussi être subordonnée à l’accomplissement


d’une condition, exemple le paiement préalable de l’amende par le délinquant.
Nous verrons plus loin les effets de l’amnistie sur l’action civile.

C. L’abrogation de la loi pénale

L’abrogation de la loi pénale enlève à l’acte son caractère


délictueux et fait disparaître l’élément légal : les poursuites deviennent
impossibles si elles n’avaient pas encore débuté ou s’arrêtent si l’action publique
avait déjà été mise en mouvement.

L’essentiel à retenir d’ores et déjà,, ici comme pour


l’amnistie et le décès du délinquant est que les droits de la victime de
l’infraction demeurent intacts, puisque le fait garde soin caractère dommageable.

d. La transaction

En principe, il est impossible que l’action publique s’éteigne


par une transaction intervenue entre le coupable et les représentants de la
société ; en effet, l’on admet en doctrine, de manière unanime, que le ministère
public est sans droit pour disposer valablement de l’action publique ; il ne peut
s’engager à ne pas mettre l’action publique en mouvement ni renoncer à attaquer
les décisions judiciaires rendues. Mais ce principe connaît des exceptions :

Le pouvoir de transiger reconnu par la loi, à la banque


centrale du Congo pour les infractions à la législation de change ; de même que
le pouvoir de transiger reconnu au service de douanes pour les infractions
commises en matière douanière, le service des contributions dispose aussi des
pouvoirs de transiger.

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- 174 -

La transaction pénale est admise en ces matières où l’amende


revêt un caractère indemnitaire. Toutefois considérée sous l’angle de la moralité,
la transaction pénale consolide les critiques des transactions même onéreuses,
pour échapper aux poursuites ; l’opinion publique a parfois l’impression qu’il
suffit d’être assez riche pour éviter la répression pénale.

Le droit congolais connaît un autre cas de transaction pénale,


qui est prévu par l’article 9 du code de procédure pénale : l’amende
transactionnelle, que nous aurons l’occasion d’étudier en détail plus loin.

e. Nouvelles techniques de désengorgement

- Dépénalisation ;
- Déjudiciarisation.

f. Retrait de la plainte

En principe, la plainte simple n’a pas pour effet de mettre en


mouvement une action publique ; c’est ainsi que son retrait sans influence sur le
sort ultérieur de cette action. Mais en France, l’article 6 alinéa 3 du code de
procédure pénale regarde comme un cas d’extinction de l’action publique « le
retrait de la plainte, lorsque celle-ci est une condition de poursuite ».

Qu’en est-il en droit congolais ?

Nous rappelons qu’en droit congolais, nous connaissons sept


cas où l’exercice de l’action publique est subordonné à une plainte préalable de
la victime de l’infraction :

1. Adultère ;
2. Grivèlerie ;
3. Infraction aux droits d’auteur ;
4. Outrage envers les corps constitués, les membres et les dépositaires de
l’autorité ou de la force publique ;
5. La concurrence déloyale ;
6. La contrefaçon en matière de propriété industrielle

Le législateur congolais a pris position en ce qui concerne


l’adultère en disposant que le retrait de la plainte de l’époux offensé éteint
l’action publique ; il a également pris position en matière de grivèlerie en
disposant que le retrait de la plainte par la victime éteint l’action publique. Pour
les autre cas, le législateur garde silence, notre position personnelle est la

174
- 175 -

suivante : retrait de la plainte pour ces cas ne peut éteindre l’action publique et
ce pour deux raisons :

- Le silence du législateur congolais est éloquent là où il a voulu que le


retrait de la plainte éteigne l’action publique, il l’a dit expressément ;
- Dans une matière où la loi a expressément subordonné l’exercice de
l’action publique à une plainte préalable de la victime de l’infraction, on
ne peut tolérer qu’un fois déposée, le ministère public puisse encore voir
son action être à tout moment mise en échec par le retrait de la plainte,
retrait qui peut souvent du reste être l’objet de tractions malhonnêtes ; rien
n’oblige la victime de l’infraction à déposer une plainte ; dès qu’elle se
décide à le faire et que l’action publique a été mise en mouvement, plus
rien ne peut justifier sa mise en échec par le retrait de la plainte.

g. La prescription de l’action publique

La prescription est un droit accordé par la loi à l’auteur d’une


infraction de ne pas être poursuivi depuis la perpétration du fait après
l’écoulement d’un certain laps de temps déterminé par la loi.

La prescription est l’expression de la grande loi de l’oubli :


l’opinion publique ne réclame plus la répression d’une infraction dont le temps a
effacé les conséquences matérielles et morales, jusqu’au souvenir dans la
mémoire des individus.

On fait aussi appel à l’idée de négligence de la partie


poursuivante à mettre l’action publique en mouvement ainsi la société perdrait
son droit de punir parce qu’elle ne l’aurait pas exercé en temps utile. Cette
justification est dangereuse car comment un délinquant va –t-il prouver
efficacement la date à laquelle le ministère publique a connu l’infraction.

L’on dit que l’angoisse et le remords dans lesquels a vécu le


délinquant équivalent à un châtiment et que ce serait trop punir deux fois. Cette
dernière justification ne convient pas car il existe des délinquants endurcis qui
n’éprouvent ni angoisse ni remords quelconques après la commission d’une
infraction.

L’on invoque enfin l’idée de dépérissement des preuves : au


fur et à mesure que le temps s’écoule depuis que l’infraction a été commise, les
preuves disparaissent ou du moins perdent beaucoup de leur valeur. Plusieurs
années après la commission de l’infraction ; il serait difficile d’en découvrir des
traces et indices ou de les chercher du moins, ces derniers qu’on pourra trouver
auront peut-être oublié ou ne seront que vagues et imprécis.

175
- 176 -

En exerçant l’action publique dans ces conditions, l’on court


le risque d’une erreur judiciaire ; l’éviter dans l’intérêt même de la justice et de
la société suggère que mieux serait de renoncer à l’exercice de l’action publique.
Sur le plan de la doctrine classique, le fondement de la prescription de l’action
publique est critiquable ; en effet, l’on se refuse à admettre que le temps est à
même d’amender le délinquant ou de neutraliser son comportement dangereux.

L’on estime aussi que l’impunité qu’entraîne la prescription


de l’action publique constitue un encouragement à persévérer dans la
délinquance. Considérée sous l’angle de la dimension culturelle, la prescription
de l’action publique constitue aussi un encouragement à persévérer dans la
délinquance.

Il sied de souligner ici l’opposition fondamentale qui sépare


la conception juridique occidentale caractérisée par la sécurité juridique et la
conception juridique traditionnelle de l’Afrique caractérisée par la moralisation
du droit.

En occident, l’on se préoccupe d’abord de ne pas laisser


indéfiniment en état de litispendance des causes de conflits ; d’où l’existence des
délais de recours et l’idée de prescription et de l’autorité de la chose jugée.

La conception juridique traditionnelle de l’Afrique se


préoccupe d’assurer au droit un rôle de moralisation qui poursuit un idéal de
justice dont la réalisation ne peut dépendre d’un délai (recours ou prescription)
pour remplir sa mission. Tant que subsiste une injustice, un dommage, rien ne
peut s’opposer à ce que la justice intervienne pour corriger cette injustice et
réparer ce dommage.

Délais de prescription de l’action publique

La durée de la prescription est déterminée par le maximum de


la peine comminée par la loi pour chaque infraction. En droit congolais, il existe
trois délais de prescription de l’action publique, selon les trois catégories
d’infraction reparties de la manière suivante :

- Pour les infractions pour lesquelles le maximum de la peine prévue ne


dépasse pas un (1) an ou qui ne sont punies que d’une peine d’amende, le
délai de prescription est d’un (1) an (prescription annale) ;
- Pour les infractions pour lesquelles le maximum de la peine prévue ne
dépasse pas cinq (5) ans ou, qui ne sont punies que d’une peine d’amende,
le délai de prescription est de trois (3) ans (prescription triennale) ;

176
- 177 -

- Pour les infractions pour lesquelles le maximum de la peine dépasse cinq


(+ 5) ans d’emprisonnement ou qui sont punies de la peine de mort, le
délai de prescription est de dix (10) ans (prescription décanale).

Le point de départ du délai de prescription

La loi congolaise fait courir la prescription du jour où


l’infraction a été commise et non du jour où elle est constatée ou connue
légalement, quand une infraction est consommée, l’explication de ce principe ne
soulève pas de difficultés quand l’infraction est instantanée. Mais qu’en est-il
lorsque les infractions sont connexes, d’habitude ou continues ?

Sans entrer dans tous les délais que vous aurez à approfondir
dans le cours de droit pénal, retenons qu’en ce qui concerne l’infraction
instantanée, le point de départ est fixé au jour de l’acte délictueux, en ce qui
concerne les infractions dites continues, successives (exemple recel des choses),
le point de départ est fixé au jour où prend fin l’état délictueux, en ce qui
concerne les infractions d’habitude, le point de départ est fixé au jour du dernier
manifestant l’état d’habitude.

L’INTERRUPTION ET LA SUSPENSION DE LA PRESCRIPTION DE


L’ACTION PUBLIQUE

a. L’interruption

1. Notion

La prescription est interrompue par des actes d’instruction ou


de poursuite faits dans le délais d’un, trois ou dix ans, à compter du jour où
l’infraction a été commise. Le jour où l’infraction a été commise est compris
dans le délai de prescription (Article 26 du code pénal).

2. Effet de l’interruption

L’interruption de la prescription a pour effet d’en arrêté le


cours et de rendre inutile le laps de temps qui s’est écoulé de sorte que toute
prescription doit recommencer. Toutes, la durée de l’action publique ne peut être
indéfiniment prolongée par des actes d’instruction ou de poursuite
successivement renouvelées. Si dans un second délai d’un, trois ou dix ans,
n’intervient pas un jugement définitif, c'est-à-dire non susceptible d’un recours,
l’action publique sera automatiquement et irrévocablement éteinte parce que les
interruptions de la prescription ne peuvent jamais avoir pour effet de prolonger
l’action publique au-delà du terme primitif.

177
- 178 -

3. Quels actes doivent être considérés comme acte d’instruction ou de poursuite

Les actes d’instructions sont ceux qui ont pour objet de


recueillir les preuves de l’existence des infractions et de la culpabilité de
l’auteur.

Les actes de poursuite sont ceux par lesquels s’exercent


l’action publique et même l’action civile résultant d’une infraction et qui ont
pour objet de traduire le prévenu en jugement soit de s’assurer de sa personne.
Ces actes doivent émaner de magistrats ou d’officiers de police judiciaire,
agissant dans les limites de leurs compétences territoriales et matérielles, ils
doivent en outre être valables.

Exemple d’actes interruptifs de la prescription :

- Un interrogatoire d’officier du ministère public ou officier de police


judiciaire ;
- Les ordonnances statuant sur la confirmation de la détention préventive ;
- Les mandats d’amener et d’arrêt ;
- Les citations à prévenus ;
- Les visites domiciliaires ;
- Audition d’un témoin ;
- Instruction faite à l’audience ;
- La citation directe ;
- Une commission rogatoire sur un ensemble des faits délictueux ;
- Les jugements de condamnation non encore passés en force de chose
jugée.

Ne constituent pas des actes d’interruption :

- Une lettre d’un officier de police judiciaire adressée au magistrat


instructeur et contenant certains renseignements sur l’inculpé ou témoins ;
- Un rapport administratif ;
- La notification de l’appel au ministère public ;
- La plainte de la partie lésée parce qu’elle n’engendre pas elle-même
aucun effet légal.

NB : A notre sens, c’est à tort qu’un certaine jurisprudence considère la


déclaration d’appel d’un prévenu comme non interruptive de prescription car
elle opère la saisie de la juridiction d’appel.

b. La suspension de la prescription de l’action publique

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- 179 -

La législation congolaise ne contient aucune disposition sur


la suspension de la prescription. La prescription de l’action publique est
l’application en tant que principe général de droit. Il s’agit d’un obstacle de droit
ou de fait qui empêche les parties poursuivantes d’agir.

A la différence de l’interruption, la suspension ne fait


qu’arrêter pour un temps le cours de la prescription si bien que le temps déjà
écouler avant sa surveillance entre en ligne de compte pour le calcul du délai de
prescription, il existe des obstacle de droit et de fait :

Sont obstacle de droit :

- Existence d’une question préjudicielle ;


- Le pourvoi en cassation (matière pénale) ;
- L’existence de l’immunité parlementaire dont on attend la levée ;
- La non réalisation des conditions nécessaires à l’exercice des poursuites,
par exemple l’absence d’une plaint de faite.

Sont considérés comme obstacles de fait :

- L’invasion de territoire par des armées ennemies ;


- L’inondation ;
- L’inaction du magistrat instructeur;
- La demande du prévenu après la commission de l’infraction.

La suspension de la prescription a pour effet de prolonger


tout le délai de la prescription ; elle diffère de l’interruption en ce sens que
l’interruption fait commencer en entier le délai de la prescription alors que la
suspension en arrête simplement le cours, l’empêche momentanément d’agir
mais laisse au prévenu tout le bénéfice de la prescription qui a déjà couru
antérieurement.

L’imprescriptibilité de l’action publique

Au plan international, la résolution des nations unies du 13


février 1946 déclare imprescriptibles les crimes contre l’humanité, que sont
l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclave, la déportation et tout autre
acte inhumain commis contre toute population avant ou pendant la guerre ou
bien les persécutions pour des mépris politiques, raciaux ou religieux.

Une forme particulière de crime contre l’humanité est le


génocide, qui est la destruction totale d’un groupe ethnique, religieux ou

179
- 180 -

politique ; cette destruction pouvant s’opérer soit par la liquidation physique,


soit par l’étouffement lent du groupe dont on limite ou empêche les naissances
notamment par des mesures systématiques de stérilisation soit enfin par
l’élimination progressive des caractéristiques ethniques et culturelles
(destruction de la langue, de la culture et de la religion d’un groupe).

La poursuite des délinquants pour tous les faits non encore


prescrits ne pose aucun problème ; les faits infractionnels qui peuvent être
considérés comme des crimes contre l’humanité sont imprescriptibles, mais il se
fait que le droit pénal congolais ordinaire n’a pas encore prévu ce genre
d’infraction.

En vue sans doute de compéter les balbutiement du code


pénal militaire congolais de 2002 sur ce point, le projet de la loi d’application du
traité de Rome portant statut de la cour pénale internationale, adopté en conseil
des ministres le 09 septembre 2005, au cas où notre parlement devant lequel il
est pendant l’adoptait, introduire dans l’arsenal pénal congolais, plus
précisément dans le code pénal congolais ordinaire, les crimes de guerre, contre
l’humanité et le génocide.

Seul le code judiciaire militaire jusqu’à ce jour prévoit encore


en effet, l’imprescriptibilité de l’action publique dans les cas suivants :

- La désertion à bande armée ;


- La désertion à l’ennemi ou en présence de l’ennemi ;
- Le fait pour un déserteur ou un insoumis de s’être réfugié ou d’^tre resté à
l’étranger pour se soustraire à ses obligations militaires ;
- Les crimes de guerre et crimes contre l’humanité (article 204 du code
judiciaire militaire).

Les immunités en matière d’exercice de l’action publique

Le principe d’égalité des délinquants pose comme règle


essentielle, que tout délinquant, quelle que soit sa nationalité, quel que soit son
rang social, est soumis à l’action publique née de l’infraction qu’il a commise.

Mais ce principe souffre des exceptions importantes fondées


sur les immunités d’ordre politique, judiciaire ou familiales.

1. Les immunités politiques

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- 181 -

Les immunités politiques sont indispensables pour assurer le


maintien et le fonctionnement des institutions les plus importantes de l’Etat. En
droit congolais, ces immunités concernent le chef de l’Etat (immunités
partielles) et les parlementaires.

Les réfugiés politiques reconnus comme tels par un pays


jouissent aussi de l’immunité politique et ce en application de la convention de
Genève du 28 juillet 1951.

Au plan strictement scientifique, on ne peut pas parler de


l’immunité politique des membres du gouvernement qui jouissent plutôt de
l’inviolabilité dans ce sens que leur poursuite pénale doit faire l’objet d’une
décision de l’assemblée nationale qui en quelque sorte doit autoriser cette
poursuite.

Il convient d’ores et déjà de signaler qu’avec la probable


adoption souhaitée du projet de loi d’application du statut de Rome instituant la
cour pénale internationale ; projet qui pose à son article 27 le principe du
« défaut de pertinence de la qualité officielle », la notion d’immunités sera
sujette à après débats et fait pointer à l’horizon un cas faisant appel au respect
strict du monisme du système de notre droit qui réserve la prééminence l’article
215 de la constitution de la transition le rappelle très pertinemment d’ailleurs
aux textes internationaux dont le traité de Rome en est un.

2. Les immunités familiales

La force des liens de famille est assez puissante et légitime


dans certains cas. En France, le législateur prévoit l’existence d’immunités
particulières.

Il en est ainsi dans les cas suivants :

- Les parents et alliés jusqu’au 4 éme rang sont à l’abri de poursuites pénales
lorsqu’ils ont sciemment recelé de leurs proches qu’ils savaient être
l’auteur d’un crime ou qu’ils savaient recherché pour ce fait par la justice,
ou ont tenté de se soustraire aux recherches ou l’ont aidé à se cacher ou à
prendre la fuite ;
- Les parents et alliés bénéficient également de l’immunité lorsque,
connaissant la preuve de l’innocence d’une personne incarcérée ou
condamnée pour un crime ou délit, ils se sont abstenus d’en apporter
immédiatement le témoignage aux autorités ;
- Les vols, les escroqueries et les abus de confiance commis entre époux,
entre ascendants et descendants ou entre alliés aux mêmes degrés ne

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- 182 -

peuvent donner lieu à des ou suites pénales, mais seulement à des


sanctions civiles.

Le droit congolais prévoit deux cas d’immunité familiale,


mais le second pose problème. L’article 64 du code pénal punit de six mois à
deux ans d’emprisonnement, ceux qui auront recelé ou fait receler les personnes
qu’ils savaient être poursuivies ou condamnées du chef d’infraction que la loi
punit de mort ou de cinq ans d’emprisonnement. Sont exemptés de cette
disposition, les ascendants ou descendants, époux ou épouse même divorcés,
frères ou sœurs des détenus évadés ou leurs alliés aux degrés. Cette formulation
légale appelle les observations suivantes :

- Au plan de la terminologie, la loi aurait dû dire ‘’ sont exemptés de cette


disposition’’ pour bien souligner qu’il s’agit d’une exception légale que
les personnes poursuivies peuvent soulever devant le tribunal ;
- Le droit congolais, contrairement au droit français, a sensiblement réduit
les cas d’application des immunités familiales en limitant au seul cas de
recel des détenus évadés en excluant ainsi des inculpés en fuite qui n’ont
jamais été détenus.

Un cas douteux d’immunité familiale est celui qui est prévu


par l’article 217 du code pénal qui punit comme receleur, en matière d’infraction
d’atteinte à la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat. Celui qui recèlera
sciemment les objets ou instruments ayant servi à commettre l’infraction ou les
objets matériels ou documents obtenus par l’infraction, se trouvera également
poursuivi comme receleur, celui qui détruira, soustraira, recèlera ou altérera
sciemment un document, public ou privé de nature à faciliter la recherche de
l’infraction, la découverte des preuves ou la châtiment des auteurs.

3. Les immunités judiciaires

Il existe deux catégories d’immunités judicaires, l’immunité


des paroles devant le tribunal qui est rendu nécessaire par la liberté de la défense
et la manifestation de la vérité ; l’immunité d’écrits devant les tribunaux, qui est
le corollaire du principe de la publicité des débats devant les tribunaux et
l’expression de la liberté de l’information.

Ces deux immunités empêchent l’exercice de l’action


publique en diffamation, injure ou outrage.

B. LA NATURE JURIDIQUE DU MINISTERE PUBLIC

182
- 183 -

La nature juridique du ministère public fait l’objet d’opinions


suivantes :

1. La doctrine classique

Traditionnellement il a toujours été que les officiers du


ministère public sont des agents du pouvoir exécutif auprès des tribunaux. En
droit congolais, pareille affirmation trouve son appui sur l’article 6 du code
d’organisation et de compétence judiciaires qui dispose : « le ministère publique
surveille l’inexécution des actes législatifs, des actes réglementaires et des
jugements ». il poursuit d’office cette exécution dans les dispositions qui
intéressent l’ordre public. Ainsi donc, agents d’exécution, donc fonctionnaires,
les officiers du ministère public doivent recevoir des ordres du gouvernement,
mais la même doctrine classique prend la préoccupation d’ajouter que les
officiers du ministère public sont aussi magistrats puisqu’ils concourt à
l’audience, à l’interprétation et à l’application de la loi et en cette dernière
qualité, ils ont la liberté de parole.

En effet, argue-t-on, les officiers du ministère public sont


principalement fonctionnaires et subsidiairement magistrats ; fonctionnaires
dans l’ensemble de leurs attributions, ils deviennent magistrats à l’audience dans
la mesure où ils gardent le droit de faire connaître leur opinion.

2. La doctrine de Madame RASSAT LAURE

Dans sa thèse de doctorat « Le ministère public entre son


passer et son avenir », Madame RASSAT s’élève contre la conception classique
qui considère les magistrats du parquet comme des simples agents de l’exécutif ;
en effet soutient-elle, si dans l’ancien droit les Officiers du Ministère Public
étaient les agents du pouvoir royal auprès des tribunaux agissant au nom du roi
et sur sa délégation, c’est parce que le roi était souverain, or depuis la révolution
française la souveraineté appartient à la nation ; les Officiers du Ministère Public
sont donc et ne peuvent donc être que les représentants de la nation et c’est par
le fait d’une erreur évidente que la doctrine soutient encore unanimement qu’ils
sont les agents du pouvoir exécutif auprès des tribunaux.

La conséquence en est que représentant de la société auprès


des tribunaux, le Ministère Public se fait auprès de ceux-ci l’interprète de la
volonté de celle-ci or dans un régime représentatif, la volonté nationale se
manifeste par le vote de la loi et par le choix du gouvernement ; le Ministère
Public doit donc veiller à la loi, à l’intérêt du gouvernement.

183
- 184 -

Il n’est pas vrai qu’en ce qui concerne la mise en mouvement


de l’action publique, les officiers du ministère publique ne sont que des
fonctionnaires chargés d’exécuter les volontés du gouvernement, sans que la
considération de la loi ait à l’intervenir, en effet, le ministère public est lié par le
principe de la légalité des infractions et des peines, ce qui lui interdit de
poursuivre si aucune loi pénale n’a été violée.

La conséquence de ce principe est que la distinction de ce


principe est que la distinction traditionnelle entre l’officier du ministère public,
fonctionnaire dans son parquet et le magistrat à l’audience où il devient
l’homme de la loi est à condamner car, la considération de la loi a grande
importance et m^me plus à l’origine du procès pénal que pendant son
déroulement.

Enfin pour conclure, Madame RASSAT LAURE affirme que


dans l’exécution des ordres du gouvernement ; les officiers du ministère public
doivent distinguer entre l’intérêt de la loi et l’intérêt di gouvernement. Le
ministère public est seul compétent pour apprécier la légalité des poursuites, il
n’en est pas de même de l’opportunité des poursuites au plan politique, social,
économique, laquelle relève de la politique gouvernementale.

Ainsi, peut-on admettre logiquement que le gouvernement


peut, par la voie de circulaires du ministre de la justice, porter à la connaissance
du ministère public toutes les considérations d’utilité générale nécessaire, ceci
réalise, du reste, l’exact équilibre des pouvoirs qui doivent être séparés mais non
isolés.

C.LES PRINCIPES GOUVERNANT DE L’ACTION DU MINISTERE


PUBLIC

Deux principes fondamentaux se trouvent à la base de


l’organisation interne du ministère public et expliquent les modalités de son
action.

1. Le principe de l’unité du ministère publique

Le ministère public est en toute matière pénale et à tout


moment l’organe de la loi chargé de l’interpréter. Ce qui impose l’unité du
ministère public puisque le fondement de l’action est identique. Il n’y a qu’une
action du parquet à laquelle son chef imprime une direction unique. C’est
l’origine du principe de la plénitude d’exercice de l’action publique, l’action qui
appartient au Procureur général prés la cour d’appel.

184
- 185 -

La conséquence de ce principe est la subordination


hiérarchique : tous les membres du ministère public d’un ressort d’une cour
d’appel dépendant d’un supérieur commun : le procureur général près la cour
d’appel qui exerce sur eux l’autorité.

L’obéissance hiérarchique se traduit par l’obligation pour les


procureurs de la république de tenir le procureur général informer des affaires
importantes de leurs ressorts. Ce même principe fait que tous les représentants
du ministère public doivent obéir aux ordres reçus de leurs supérieurs sous peine
des sanctions disciplinaires.

a. Limitation au principe de la subordination hiérarchique

La première limitation est le pouvoir propre des chefs de


parquet : en vertu de ce pouvoir, ils peuvent poursuivre sans l’ordre ou même
contre l’ordre de leurs supérieurs. Les poursuites engagées sans l’ordre ou même
contre l’ordre de leurs supérieurs sont régulières et valables ; le chef
hiérarchique dont les ordres ont été bafoués n’aura donc qu’à ouvrir l’action
disciplinaire, il ne pourra empêcher l’action judiciaire.

Dans la pratique, l’expression ‘’pouvoir propre’’ revêt un


autre sens proche du précèdent : elle signifie qu’un chef du parquet peut prendre
à tout moment et dans toute affaire des décisions ou accomplir des actes, sans
avoir à s’en référer constamment à ses supérieurs. Ce serait ralentir gravement le
cours de la justice que d’imposer par exemple au procureur de la République de
solliciter à tout instant les ordres du parquet général.

La seconde limitation est tirée de l’adage : la plume est serve


mais la parole est libre : cet adage doit être analysé pour essayer d’en dégager sa
réelle portée. Pris au sens littéral, l’adage veut exprimer un proverbe populaire,
les écrits restent, les paroles s’en volent : les juges par l’action du M.P. doivent
répondre au réquisitoire écrit, déposé par l’OMP car c’est dans ce réquisitoire
que normalement doit se trouver l’opinion du Ministre de la justice dans
l’hypothèse où l’action publique a été déclenchée sur son injonction. Le
réquisitoire oral du ministère public a seulement une influence de fait sur le juge
qui n’est pas tenu d’y répondre.

L’interprétation littérale se heurte cependant à une objection ;


les réquisitions orales du M.P. ne sont pas une simple plaidoirie comme celle
des particuliers, elles sont actées par le greffier et normalement les juges doivent
y répondre.

185
- 186 -

Ainsi pris en son sens littéral, l’adage est dépourvu de toute


juridiction. Seul le sens rationnel permet de donner à l’adage sa véritable
portée : le pouvoir exécutif peut imposer au parquet des actes, mais il ne peut lui
imposer une opinion, il peut prescrire une poursuite, un appel, un pourvoi mais
ne peut pas entraîner cette opinion.

Ainsi donc, le pouvoir exécutif peut contraindre le ministère


public à accomplir un acte quelconque comme il l’entend mais il ne peut pas
l’empêcher ensuite d’exprimer son opinion en toute sincérité. Cette conception
produit deux conséquences :

- L’officier du ministère public après avoir pris des réquisitions écrites


conformes aux ordres reçus de ses chefs, peut y ajouter, toujours par écrit,
sa propre opinion ;
- Les supérieurs hiérarchiques de l’officier du ministère public peuvent lui
donner l’ordre oralement de requérir oralement dans tel ou tel sens, mais
ils ne peuvent lui empêcher d’émettre sa propre opinion.

2. Principe de la liberté du Ministère Public

Bien que subordonnés hiérarchiquement, les officiers du


ministère public sont cependant libres dans ce sens que seuls l’intérêt supérieur
de l’ordre public peut guider leur action répressive. Cette liberté se traduit par
deux principes :

a. Principe de l’indépendance des officiers du ministère public

Les Officiers du Ministère Public sont d’abord indépendants


des juges. Ceux-ci ne peuvent pas se permettre de blâmer les magistrats du
parquet dans leurs décisions ou dans leurs paroles : il ne peuvent pas non plus
donner des injonctions de poursuites aux magistrats du parquet. C’est ainsi que
par l’arrêt du 02 juillet 1969 (M.P C/ Kines Yav Makuta, Kibwe et Bindscedier),
la cour suprême de justice a réaffirmée ce principe en cassant l’arrêt de la cour
d’appel de Kinshasa notamment au motif que cet arrêt a demandé au parquet de
compléter l’enquête dans cette cause.

En effet, le Ministère Public, est seul juge de l’exercice de


l’action publique. Il lui appartient d’apprécier l’opportunité des poursuites et de
mettre lui-même en mouvement l’action publique estimant ainsi qu’à son avis, le
dossier reste complet (article 53 du code de procédure pénale). Si le tribunal
saisi constate des lacunes il appartient à la juridiction saisie de compléter elle-
même l’instruction (article 74 du code de procédure pénale). Toutefois, il y a
lieu de noter une exception à la répression des infractions intentionnelles,

186
- 187 -

affaires cessantes, aux devoirs d’instructions pénales. Les magistrats de parquets


sont aussi indépendants des justiciables ; ils ne sont pas en principe liés par le
retrait de la plainte ou les transactions intervenues au bénéfice des délinquants.
La magistrat du parquet est-il indépendant à l’égard du ministre de la justice ?

La réponse à cette question devra se conformer à la nouvelle


législature sur la justice en République Démocratique du Congo, conformément
à la constitution et à la loi sur le statut des magistrats.

En définitive, le magistrat du parquet jouit à l’égard du


ministre de la justice de l’indépendance. Mais il s’agit d’une indépendance
parsemée de quelques exceptions liées aux pouvoirs d’injonction et du contrôle
du ministre de la justice.

3. La décharge du magistrat instructeur

Une notion importante a été introduite dans notre code


d’organisation et de compétence judiciaires par l’article 81 qui
dispose : « l’inculpé qui estime que l’ officier du ministère public appelé à
instruire son affaire, se trouve dans une des hypothèses légales de récusation
s’agissant du juge, adressé au chef hiérarchique une requête tendant à voir ce
magistrat être déchargé de l’instruction de la cause. Il est répondu à cette requête
par une ordonnance motivée, non susceptible de recours, qui doit être rendu à
cette dans le meilleur délai, le magistrat mis en cause entendu. Du point de vue
terminologique, l’on peut à juste titre, nous semble-t-il, parler du refus du
magistrat instructeur.

4. La récursivité du ministère public à l’audience

Conformément aux prescrits de l’article 81 du code


d’organisation et de compétence judiciaires, l’on peut affirmer sans ambages
que le ministère public est récusable lorsqu’il se trouve dans les conditions
similaires à celles de la récusation du juge. La seule différence réside au niveau
de la procédure à suivre pour le besoin de la cause. Aussi, l’article 81 précité
parle-t-il de la décharge du ministère public au lieu de la récusation.

b. Principe de l’irresponsabilité de l’officier du ministère public

le principe de l’irresponsabilité de ministère publique se


limite au fait que l’ officier du ministère public ne peut être condamné aux frais
ou à des dommages – intérêts si le prévenu est acquitté ou si l’inculpé bénéficie
d’une décision de classement sans suite pour absence d’élément constitutifs de
l’infraction. Cependant sa responsabilité peut être engagée dans les cas

187
- 188 -

suivants : une procédure particulière dénommée la prise à partie qui permet


quand même d’assigner l’Officier du Ministère Public qui a commis le déni de
justice ou un dol dans l’exercice de ses fonctions.

Par ailleurs, il reste entendu que si, dans l’exercice de l’action


publique, l’ officier du ministère public commet une infraction à l’endroit d’un
inculpé , ou d’un prévenu, les poursuites judiciaires seront ouvertes à sa
charge,donnant ainsi à la partie lésée la possibilité de se constituer partie civile.

C. Rôle et situation du Ministère public dans un procès pénal

Le ministère public agit au nom de la société à laquelle


l’infraction a portée atteinte, il n’est jamais un juge. Dans un procès pénal il est
toujours partie principale même si la juridiction a été saisi par une citation
directe. En matière répressive, c’est le ministère public qui poursuit et réclame
au juge l’application d’une peine ; d’où son appellation de partie publique au
procès pénale.

Mais si la différence du demandeur en matière civile, le


ministère public n’a pas le droit de transiger à la suite de l’action publique, à
l’instar du demandeur civil qui peut disposer de cette action. Nous avons vu plus
haut que le pouvoir de transiger qui lui est reconnu est bien limité (amende
transactionnelle).

Le Ministère Public ne peut pas davantage lorsque l’action


publique a été mise en mouvement se désister et dessaisir le tribunal répressif.
S’il estime que les poursuites ont été engagées à tort, et qu’il abandonne
l’accusation, le tribunal répressif ne reste pas moins saisi et il doit statuer.

Une fois le jugement rendu, le ministère publique n’a pas le


droit d’acquiescer c'est-à-dire de renoncer expressément ou tacitement à
l’exercice des voies de recours.

Le Ministère Public dispose, en sa qualité de demandeur, des


droits particuliers : ainsi au niveau de l’instruction préparatoire, il siége en
chambre de conseil et peut relever appel de toute ordonnance rendue par cet
organe.

Au cours de l’audience, il donne ses conclusions, il a le droit


de produire tous les documents et de donner toutes les explications qui lui
paraissent utiles quitte à ce que les autres parties aient le droit à la discussion. Sa
qualité de demandeur privilégié se manifeste par le fait qu’il peut poser
directement lui-même des questions aux témoins au lieu de demander au

188
- 189 -

président de la faire. Par le réquisitoire, qui contient l’exposé des faits, il apporte
les preuves et l’application de la loi. En sa qualité de demandeur, le ministère
public peut attaquer par des voies de recours, la décision intervenue.

189
- 190 -

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
- La constitution du 18 février 2006
- La loi N° 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats
- Le décret du 07 Mars 1960 portant code de procédure pénale
- L’ordonnance – loi N° 82/017 du 31 mars 1982 portant code de procédure
devant la cour suprême de justice
- BOUCHOMS (G), communication des dossiers et des dossiers répressifs, in R.J., 1955
- GUILLIEN (R) et VINCINT (J), Lexique de termes juridiques, 6éme édition,
Dalloz, Paris, 1985
- GUILLIEN (R) et VINCENT (J), Lexique de termes juridiques, 8éme édition,
Dalloz, Paris, 1990
- LAMY (E), Le droit privé Zaïrois, Kinshasa, 1975, p. 118
- LUZOLO (B.L), Organisation et de compétence judiciaires, Syllabus, G1 Droit,
UNIKIN, 2008–2009
- LOCKE, Essai sur le gouvernement civil, I ère édition, Londres
- MERLE (R) et VITU (A), Traité de droit criminel. Procédure pénale, édition
Cujas, 4éme édition, 1989
- MONTESQIEU, De l’esprit des lois, livre xi, chap, Paris, 1748
- MOREL (R), Traité élémentaire de procédure civile, 2è édition, Paris, 1949
- RUBBENS (A), Le droit judiciaire Congolais. Tome III, l’instruction
criminelle et la procédure pénale, Bruxelles – Kinshasa, 1965, N° 8
- VINCENT (J), GUICHARD (S), MONTAGNIER (G) et VARINAND (A), La
justice et les institutions, 3émz édition, Dalloz, Paris, 1991, N° 69
- RIVERO (J), Droit administratif, Paris, 1960
- RUBBENS (A), Le droit judiciaire Zaïrois, Tome I, Le pouvoir, l’organisation
et la compétence judiciaires, Kinshasa, Bruxelles, Larcier, 1970
- SOHIER (A), Droit de procédure du Congo belge, Bruxelles, 1995
- BAYONNAE (N), Les actes de juridiction gracieuse en droit judiciaire privé,
nature et portée, thèse, Kinshasa, 1969

190
- 191 -

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
- La constitution du 18 février 2006
- La loi N° 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats
- Le décret du 07 Mars 1960 portant code de procédure pénale
- L’ordonnance – loi N° 82/017 du 31 mars 1982 portant code de procédure
devant la cour suprême de justice
- GUILLIEN (R) et VINCINT (J), Lexique de termes juridiques, 6éme édition,
Dalloz, Paris, 1985
- GUILLIEN (R) et VINCENT (J), Lexique de termes juridiques, 8éme édition,
Dalloz, Paris, 1990
- LAMY (E), Le droit privé Zaïrois, Kinshasa, 1975, p. 118
- LUZOLO (B.L), Organisation et de compétence judiciaires, Syllabus, G1 Droit,
UNIKIN, 2008–2009
- LOCKE, Essai sur le gouvernement civil, I ère édition, Londres
- MERLE (R) et VITU (A), Traité de droit criminel. Procédure pénale, édition
Cujas, 4éme édition, 1989
- MONTESQIEU, De l’esprit des lois, livre xi, chap, Paris, 1748
- MOREL (R), Traité élémentaire de procédure civile, 2è édition, Paris, 1949
- RUBBENS (A), Le droit judiciaire Congolais. Tome III, l’instruction
criminelle et la procédure pénale, Bruxelles – Kinshasa, 1965, N° 8
- VINCENT (J), GUICHARD (S), MONTAGNIER (G) et VARINAND (A),
La justice et les institutions, 3émz édition, Dalloz, Paris, 1991, N° 69
- RIVERO (J), Droit administratif, Paris, 1960
- RUBBENS (A), Le droit judiciaire Zaïrois, Tome I, Le pouvoir, l’organisation
et la compétence judiciaires, Kinshasa, Bruxelles, Larcier, 1970
- SOHIER (A), Droit de procédure du Congo belge, Bruxelles, 1995
- BAYONA (B.M), Les actes de juridiction Gracieuse en Droit Judiciaire Privé,
nature et portée, thèse, Kinshasa, 1969.

191
- 192 -

TABLE DES MATIERES

L’ORGANISATION JUDICIAIRE CONGOLAISE………………………. 2


INTRODUCTION………………………………………………………….. 2
CHAPITRE PREMIER : LES MOYENS D’ACTION DU POUVOIR
JUDICIAIRE……………………………………………………………….. 2
A. LES ORGANES DE LA FONCTION JUDICIAIRE…………………… 2
B. LES PREROGATIVES JUDICIAIRES DU PRESIDENT DE LA
REPUBLIQUE……………………………………………………………... 2
C. LES PREROGATIVES JUDICIAIRES DU MINISTRE DE LA
JUSTICE……………………………………………………………………. 3
D. LES SERVICES ADMINISTRATIFS DE LA JUSTICE………………. 3
E. LE PERSONNEL JUDICIAIRE………………………………………… 3
F. LES MOYENS MATERIELS DES SERVICES JUDICIAIRES……….. 4
CHAPITRE DEUXIEME : LES CARACTERISTIQUES DE
L’ORGANISATION JUDICIAIRE CONGOLAISE………………………. 5
A. L’EXISTENCE D’UN SYSTEME……………………………………… 5
B. LA SPECIALITE DES ORGANES JUDICIAIRES CONGOLAIS……..5
C. L’AUTONOMIE DES SERVICES JUDICIAIRES……………………. 6
D. LE MONOPOLE DES FONCTIONS JUDICIAIRES…………………...7
E. L’ITINERANCE DES SERVICES JUDICIAIRES CONGOLAIS……... 7
F. LE CARACTERE COLLEGIAL OU INDIVIDUEL DES FONCTIONS
JUDICIAIRES……………………………………………………………… 8
G. LES GARANTIES DU DEPORT, DE LA RECUSATION ET DU RENVOI
DE JURIDICTION…………………………………………………………. 9
H. LA GARANTIE DU RECOURS CONTRE LES JUGEMENTS……… 9
I. L’ANNULATION DES ACTES IRREGULIERS OU ILLEGAUX……..10
J. L’EGALITE DES JUSTICIABLES DEVANT LA JUSTICE…………... 11
K. LA GRATUITE DE LA JUSTICE……………………………………… 11
CHAPITRE TROISIEME : LES JURIDICTIONS………………………... 12
A. LA STRUCTURE DES COURS ET TRIBUNAUX…………………… 12
B. LES ORDRES DE JURIDICTIONS……………………………………. 13
C. LES COURS ET TRIBUNAUX DE L’ORDRE JUDICIAIRE………… 13
A. LES TRIBUNAUX DE PAIX…………………………………………... 13
a. Création et siège………………………………………………………….. 13
b. Composition et fonctionnement des tribunaux de paix…………………... 14
B. LES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE………………………… 15
a. Création et siège………………………………………………………….. 15
b. Composition et fonctionnement des tribunaux de grande instance……… 15
C. LES COURS D’APPEL…………………………………………………. 16
a. Création et siège………………………………………………………….. 16
b. Composition et fonctionnement des cours d’appel………………………. 16

192
- 193 -

D. LA COUR DE CASSATION…………………………………………… 16
E. LA PRESENTATION DES COURS ET TRIBUNAUX DE LA VILLE DE
KINSHASA………………………………………………………………… 18
a. La Cour d’Appel de Kinshasa Gombe…………………………………... 18
b. La Cour d’Appel de Kinshasa Matete…………………………………… 19
F. LA HIERARCHIE DES MAGISTRATS DE SIEGE…………………… 20
G. LA HIERARCHIE DES MAGISTRATS DU PARQUET………………21
H. LA HIERARCHIE DES JURIDICTIONS MILITAIRES……………….22
I. LA HIERARCHIE DES AUDITORATS MILITAIRES ………………... 23
J.QUELQUES ILLUSTRATIONS DES JURIDICTIONS
CONGOLAISES…………………………………………………………….24
K. LES DISPOSITIONS COMMUNES AUX COURS ET
TRIBUNAUX………………………………………………………………. 41
A. Les Greffiers…………………………………………………………….. 41
B. Les huissiers…………………………………………………………….. 42
C. Les délibérés et la prise des décisions juridictionnelles…………………. 42
D. Le service d’ordre, la police de l’audience et la surveillance des juridictions
inférieures…………………………………………………………………... 43
E. L’Itinérance des cours et tribunaux……………………………………… 43
F. Les sièges secondaires…………………………………………………… 44
G. La récusation des Juges…………………………………………………. 44
a. Les causes de récusation……………………………………………………….. 44
b. La procédure de récusation……………………………………………………. 45
H. La récusation du Ministère Public………………………………………. 46
I. Le déport des Juges………………………………………………………. 46
J. Le droit du prévenu de solliciter que l’officier du Ministère public chargé de
l’instruction en soit déchargé……………………………………………….. 46
K. Le renvoi de la cause d’une juridiction à une autre pour cause de sûreté
publique ou de suspicion légitime en matière pénale………………………. 47
1. Principe…………………………………………………………………………... 47
2. La procédure…………………………………………………………………….. 47
3. La décision de renvoi…………………………………………………………… 48
4. Notion de renvoi d’une affaire d’une juridiction à une autre pour cause de
sûreté publique ou pour cause de suspicion légitime…………………………..48
REMARQUE……………………………………………………………….. 49
COMPETENCE DES JURIDICTIONS……………………………………. 50
INTRODUCTION………………………………………………………….. 51
Définition…………………………………………………………………… 51
Sortes de compétence………………………………………………………. 51
I. La compétence matérielle ou la compétence « ratione materiae »……….. 51
II. La compétence personnelle ou la compétence « ratione personnae » …... 51
III. La compétence territoriale ou la compétence « ratione loci »………….. 51
IV. La compétence d’attribution……………………………………………. 52

193
- 194 -

CHAPITRE PREMIER : COMPETENCE DES TRIBUNAUX


REPRESSIFS……………………………………………………………….. 53
A. LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN…………………………. 53
B. LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX CIVILS……………………… 54
C. DES COMPETENCES SPECIALES DE LA COUR SUPRËME DE
JUSTICE……………………………………………………………………. 55
D. LA COMPETENCE ADMINISTRATIVE ET FISCALE DE DROIT
MODERNE………………………………………………………………….56
CHAPITRE DEUXIEME : LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX
MILITAIRES……………………………………………………………….. 57
REMARQUES……………………………………………………………… 58
B. LES JURIDICTIONS MILITAIRES PREVUES PAR LA LOI N° 023/2002
DU 18 NOVEMBRE 2002 PORTANT CODE JUDICIAIRE
MILITAIRE………………………………………………………………… 59
a. COMPETENCES SPECIALES DE LA HAUTE COUR MILITAIRE…. 60
REMARQUES……………………………………………………………… 60
b) RESSORT DES JURIDICTIONS MILITAIRES………………………... 61
c) COMPOSITION ET SIEGE DES JURIDICTIONS MILITAIRES 61
C. CONFLITS DE COMPETENCE DES JURIDICTIONS
REPRESSIVES…………………………………………………………….. 63
CHAPITRE TROISIEME : LA COMPETENCE EN MATIERE
REPRESSIVE………………………………………………………………. 64
A. GENERALITES………………………………………………………… 64
1) NOTIONS……………………………………………………………………….. 64
2) CARACTERE D’ORDRE PUBLIC DES REGLES DE COMPETENCE
CRIMINELLE………………………………………………………………………. 64
3) L’OBLIGATION POUR LE JUGE DE VERIFIER SA
COMPETENCE……………………………………………………………………. 65
4) OBLIGATION DE JUGER……………………………………………………. 66
5) LE JUGE DE L’ACTION EST AUSSI LE JUGE DE
L’EXCEPTION…………………………………………………………………….. 66
6) LA RECONVENTION………………………………………………………….. 66
B. ETENDUE ET SORTES DE COMPETENCE EN MATIERE
PENALE……………………………………………………………………. 67
C.COMPETENCE MATERIELLE DES DIVERSES JURIDICTIONS
REPRESSIVES…………………………………………………………….. 68
1. LE TRIBUNAL DE PAIX………………………………………………..68
a. Sur l’action publique…………………………………………………………… 68
b. Sur l’action civile……………………………………………………………….. 68
2. LE TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE……………………………. 70
a. Sur l’action publique…………………………………………………………… 70
b. Sur l’action civile………………………………………………………………. 71
3. LA COUR D’APPEL……………………………………………………. 72

194
- 195 -

a. Sur l’action publique…………………………………………………………… 72


b. Sur l’action civile………………………………………………………………. 73
D. COMPETENCE PERSONNELLE : RATIONE PERSONNAE OU
QUALITATIS……………………………………………………………….73
E. LA COMPETENCE TERRITORIALE : RATIONE LOCI…………….. 74
1. La compétence du tribunal du lieu du délit………………………………….. 74
2. La compétence du tribunal de la résidence………………………………….. 75
3. La compétence du tribunal de l’arrestation…………………………………. 75
4. Exception aux règles de la compétence ratione loci……………………….. 75
F. INFLUENCE DE LA CONNEXITE, DE L’INDIVISIBILITE OU DE LA
COMPLEXITE SUR LA COMPETENCE………………………………… 76
a. NOTIONS……………………………………………………………….. 76
1. L’indivisibilité…………………………………………………………………… 76
2. La connexité…………………………………………………………………….. 76
CHAPITRE QUATRIEME : LA COMPETENCE CIVILE DES
TRIBUNAUX………………………………………………………………. 78
INTRODUCTION………………………………………………………… 78
A. LA COMPETENCE TERRITORIALE DES TRIBUNAUX
CIVILS……………………………………………………………………... 78
B. LA COMPETENCE PERSONNELLE DES TRIBUNAUX
CIVILS……………………………………………………………………... 79
C. LA COMPETENCE MATERIELLE DES TRIBUNAUX
CIVILS……………………………………………………………………... 79
1. REGLES ORDINAIRES………………………………………………………… 79
A. La compétence matérielle est déterminée par la nature ou le montant de la
demande :…………………………………………………………………… 79
B. La répartition de la compétence matérielle des tribunaux
civils………………………………………………………………………… 80
a. Le tribunal de paix……………………………………………………………… 80
b. Le tribunal de grande instance……………………………………………….. 80
c. La cour d’appel…………………………………………………………………. 80
2. REGLES SPECIALES…………………………………………………………. 81
3. LA COMPETENCE EN MATIERE FISCALE………………………………. 82
D. LA COMPETENCE EN MATIERE ADMINISTRATIVE…………… 83
DEFINITION DE CERTAINES EXPRESSIONS OU DE CERTAINS MOTS
UTILISES DANS LE CADRE DE LA COMPETENCE PENALE ET CIVILE
DES COURS ET TRIBUNAUX DE DROIT COMMUN…………………. 84
1. L’acte authentique (Article 110 du code d’O.C.J)…………………………. 84
2. La saisie-arrêt (Article 113 du code d’O.C.J)……………………………… 84
3. L’action en reddition du compte de tutelle (Article 132 du code
d’O.C.)………………………………………………………………………………. 84
4. Le séquestre (Article 133 du code d’O.C.J)………………………………… 84
5. Action en rescision du partage (Article 134 du code d’O.C.J)……………. 85

195
- 196 -

6. La litispendance (Article 142 du code d’O.C.J)……………………………. 85


7. Actions connexes (Article 143 du code d’O.C.J)……………………………. 85
8. La prorogation de compétence……………………………………………….. 85
9. L’évocation……………………………………………………………………… 86
10. Le contredit de compétence………………………………………………….. 86
CHAPITRE CINQUIEME : LE MINISTERE PUBLIC…………………… 87
INTRODUCTION…………………………………………………………. 87
I. LA MISSION DU MINISTERE PUBLIC DANS LA RECHERCHE DES
INFRACTIONS…………………………………………………………….. 87
A. L’ACTION PUBLIQUE………………………………………………………... 87
1. Notion…………………………………………………………………………….. 87
2. La plénitude de l’exercice de l’action publique……………………………. 88
3. L’autorité du Ministre de la justice sur les magistrats des parquets…….. 89
4. Les limitations à l’exercice de l’action publique…………………………….90
5. L’extinction de l’action publique…………………………………………….. 91
a. Le décès du délinquant……………………………………………………91
b. L’amnistie………………………………………………………………... 92
C. L’abrogation de la loi pénale……………………………………………. 92
d. La transaction……………………………………………………………. 92
e. Nouvelles techniques de désengorgement……………………………….. 93
f. Retrait de la plainte………………………………………………………..93
g. La prescription de l’action publique………………………………………94
Délais de prescription de l’action publique……………………………………..95
Le point de départ du délai de prescription……………………………………. 96
L’INTERRUPTION ET LA SUSPENSION DE LA PRESCRIPTION DE
L’ACTION PUBLIQUE……………………………………………………. 96
a. L’interruption……………………………………………………………………. 96
1. Notion……………………………………………………………………. 96
2. Effet de l’interruption…………………………………………………… 96
3. Quels actes doivent être considérés comme acte d’instruction ou de
poursuite……………………………………………………………………. 97
b. La suspension de la prescription de l’action publique…………………… 98
L’imprescriptibilité de l’action publique……………………………………….. 98
Les immunités en matière d’exercice de l’action publique…………………… 99
1. Les immunités politiques………………………………………………… 100
2. Les immunités familiales………………………………………………… 100
3. Les immunités judiciaires………………………………………………... 101
B. LA NATURE JURIDIQUE DU MINISTERE PUBLIC………………... 102
1. La doctrine classique…………………………………………………….. 102
2. La doctrine de Madame RASSAT LAURE………………………………102
C.LES PRINCIPES GOUVERNANT DE L’ACTION DU MINISTERE
PUBLIC…………………………………………………………………….. 103
1. Le principe de l’unité du ministère publique…………………………….. 103

196
- 197 -

a. Limitation au principe de la subordination hiérarchique…………………. 104


2. Principe de la liberté du Ministère Public………………………………...104
a. Principe de l’indépendance des officiers du ministère public…………….. 105
3. La décharge du magistrat instructeur………………………………………… 106
4. La récursivité du ministère public à l’audience …………………………. 106
b. Principe de l’irresponsabilité de l’officier du ministère public…………... 106
C. Rôle et situation du Ministère public dans un procès pénal……………... 107
CODE D’ORGANISATION ET DE COMPÉTENCE
JUDICIAIRES……………………………………………………………... 109
CODE JUDICIAIRE MILITAIRE…………………………………………..133

197

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