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Le Faux incident

Encadré par :
Mr Taieb Khaissidi

Réalisé par :

-EL Anssari El Mehdi


-Ech-chibi Abderrahim
-Ibn-Eddine Boubker
-Kaoutar Es-semlali
-Ouhabi Said

Master Droit privé et sciences criminelles :

Année universitaire 2019/2020.

AAAAAVlaj
Introduction
Le faux incident est une infraction parmi d’autres qui s’inscrit principalement
dans le domaine foncier et le domaine des affaires.

Constitue un faux, toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer


un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout
autre support d'expression de la pensée, qui a pour objet ou qui peut avoir
pour effet d'établir la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences
juridiques.Le faux incident concerne ainsi bien les actes authentiques que les
actes sous seing privé. Le faut incident constitue un moyen de défense au fond.
Il peut être évoqué en tout état de cause et même pour la première fois devant
la cour d’appel. Les faux incident doit être expressément requis par la partie
concernée. La juridiction de fond ne peut pas l’évoquer d’office. Si ce moyen
est déclaré recevable, la juridiction de fond adresse une sommation à la partie
qui a produit la pièce concernée. Ce dernier doit déclarer dans un délai de 8
jours. Le défaut de dépôt dans ce délai vaut renonciation. En cas d’échec de la
demande la partie qui a requis cette mesure sera passible d’une amende de
500 à 1500 DH. Enfin, la ou les déclarations sont fausses, l’action est transférée
immédiatement au procureur du Roi, le juge civil dans ce cas-là ne peut plus
statuer dans cette action, et il faut que l’action déjà engager devant le tribunal
pour que le juge pénal statuer sur cette action.

La problématique juridique entre nos mains consiste à savoir faire la différence


entre le faux principale et le faux incident tout en définissant ses
caractéristiques au niveau de la procédure ?

L’article 351 du code pénal a défini le faux comme étant: « l'altération


frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie dans un
écrit par un des moyens déterminés par la loi ». Il mentionné aussi sur l’article
294 du code de procédure pénale disposant que : « Nul n'est admis, à peine de
nullité, à faire preuve par témoins, outre ou contre le contenu aux procès-
verbaux ou rapports des fonctionnaires ou agents dont les constatations, aux
termes de la loi, font foi jusqu'à inscription de faux. »
Toutefois, il est d’autant plus récurant dans le code de procédure civile
mentionnant le faux incident dans la Section VI du code de la procédure sur la

1
vérification d’écriture et le faux incident mentionné dans les articles 89 à 102
du CPC.

Quant à l’intérêt pratique, le faux incident figure dans nombreux jugement de


la cours de cassation de Rabat comme par exemple l’arrêt N°961 rendu le
28/09/2005 à propos de La notification des affaires d’inscription en faux
incident au parquet. Décidant que les actions de faux incident sont notifiés au
ministère public selon les dispositions de l’article 9 du code de procédure civile 1
et l’arrêt qui viole les dispositions mentionnées est exposé à la cassation.

Le faux incident a également fait objet de nombreuses études au fil du temps,


un ouvrage de 18302intitulé Mémoire du sieur Garcet, ancien notaire à Provins, sur
le faux incident civil Griés-Bré en fait la preuve.

Le faux incident est une infraction existant depuis l’antiquité dans les
civilisations grecques et romaines, mais son développement sur l’histoire
moderne a commencé en 1786 en France notamment jusqu’à la chute de
Napoléon premier en 1827, poussée par un nationalisme économique éveillé
dès 1785 et que l’on voit s’exalter durant les guerres de la révolution et de
l’empire, elle met 30 ans à s’affraichir d’un tribut annuel qu’elle payait à
l’étranger.3

Dans notre exposé nous serons mené à définir le faux incident, ses
caractéristique, sa procédure et analyser la jurisprudence tout en faisant une
étude de droit comparé.

Et ce sera à travers deux parties, une Première partie sur les éléments
constitutifs du faux incident, et Deuxième partie portant sur la répression et
la procédure.

1
Article(s) : 9 - Code de Procédure Civile (28 septembre 1974)
2
Mémoire du sieur Garcet, ancien notaire à Provins, sur le faux incident civil Griés-Bré [24 juin 1830], Paris,
impr. A. Mie, s. d., 42 p
3
René Tressé, Le développement de la fabrication des faux en France de 1786 à 1827 et ses conséquences sur la
pratique des moissons, editionAemond Colis, 1955 à Paris.

2
I- Les éléments constitutifs du faux
incident :
On peut comprendre, sous la qualification générique de « faux », toute
manœuvre, tout procédé, employé par un individu pour en tromper un
autre. Sous sa forme primitive, le faux consiste donc essentiellement dans
un mensonge ; c’est-à-dire dans l’affirmation d’un fait que l’on sait être
contraire à la vérité, accompagnée ou non de manœuvres destinées à
corroborer cette affirmation. Dans cette première partie, nous détaillerons
ses éléments constitutifs commençant par l’élément moral.

A- L’élément moral :

1-La notion du faux :

Pris en lui-même, le fait de mentir n’est pas punissable. La loi laisse à


chacun de nous le soin de se prémunir contre l’erreur ; elle ne protège pas
la vérité par une sanction répressive. 4
À ce point de vue, du reste, l’action de la loi pénale a subi, dans les
conceptions modernes, une double évolution, en sens contraire, mais non
contradictoire.
Produire l’erreur dans l’esprit a toujours été considéré, au point de vue
philosophique, comme un fait nuisible, dommageable. Pendant des siècles,
on a pensé que le préjudice intellectuel que cause l’erreur était de ceux que
la loi peut prendre en considération pour intervenir. Le fait de professer de
fausses doctrines, de les répandre par la voie de la parole ou de la presse, a
été longtemps un délit. Mais d’autres idées tendent de plus en plus à
prévaloir chez les peuples modernes.
Toutes les opinions peuvent être librement exprimées et propagées ; il est
permis de recruter des adeptes pour n’importe quel système religieux,
philosophiques ou même politique, par la voie de la parole ou de la presse
sans tomber sous le coup de la loi. Les délits d’opinion, comme les délits de
propagandepour des opinions prétendues fausses, ont été rayés de nos
Codes, et il est vrai de dire que la loi pénale française reste, pour des motifs
qui se comprennent d’eux-mêmes, indifférente à la lutte de la vérité contre

4
René GARRAUD « Traité de droit pénal » ( 3e éd., T. IV, Paris 1922 )
3
l’erreur. Elle ne prend pas parti, car elle n’aurait aucune compétence pour
le faire.
Mais le mensonge peut aussi causer un dommage à ces biens juridiques
dont la loi sociale garantit et doit garantir la possession et l’exercice et
autour desquels elle trace une zone de protection : la propriété, l’honneur,
la condition, l’état des citoyens, leur santé, leur sécurité. La loi répressive
doit-elle intervenir pour réprimer lemensonge qui porte atteinte à l’un de
ces intérêts protégés ? Je trouverais, pour ma part, légitime, d’ériger en
délit pénal, tout mensonge, direct ou indirect, susceptible de causer un
préjudice pécuniaire ou moral, lorsqu’il sera démontré que son auteur a agi
dans une intention malveillante.
Bien qu’évoluant toutes dans cette direction, on peut dire qu’aucune des
législations contemporaines n’est encore arrivée à une conception aussi
large et aussi compréhensive. Le faux préjudiciable en constitue pas, en
effet, en France, aussi bien qu’à l’étranger, un délit général : la loi choisit,
parmi les actes destinés à tromper les tiers, certains procédés qu’elle
incrimine à raison de leur gravité ; mais elle laisse les autres dans la
catégorie des faits de dol civil et ne leur reconnaît d’autre conséquence que
l’obligation, pour l’auteur de manœuvres dolosives, de
réparer civilement le préjudice matériel ou moral qu’il a pu causer par sa
faute (Code civil, art. 1382). En somme, c’est le procédé employé pour
tromper et non le but poursuivi qui caractérise le mensonge punissable.
Dans toute législation répressive, les procédés de faux peuvent être
groupés en trois catégories distinctes, suivant que le mensonge est commis
par paroles, par actions ou par écrits.
En effet, le droit romain parait avoir compris, sous la qualification
générique de faux (falsum), la plupart de ces falsifications. Le titre du
Digeste, De falsis (Liv. 48, Tit. 10) et celui du Code, qui a le même intitulé
(Liv. 9, Tit. 20), englobent sous la même rubrique, le faux témoignage, le
faux monnayage, le faux dans les poids et mesures, le faux en écritures etc.
La même généralisation avait été acceptée dans l’ancien droit français, et la
définition du faux comprenait, d’après les auteurs : « toute action faite
pour détruire, altérer, ou obscurcir la vérité, au préjudice de quelqu’un et
dans le dessein de le tromper ». Déjà cependant l’expression tendait à être
précisée et limitée, et la notion du faux en écritures et sceaux
(chartae, notitiae, lettres), spécialisée dans le droit allemand, devenait dans
le droit français du XVIIIe siècle, une infraction indépendante.

4
La qualification de « faux » a fini par prendre dans le droit moderne un sens
de plus en plus restreint.
Le faux témoignage lui-même, le faux serment occupent, dans notre Code,
une place bien éloignée de celle du faux en écritures. Le législateur a donc
restreint cette qualification de faux à l’altération ou à la falsification de
certains signes, de certains instruments de preuve, dans lesquels la
confiance publique (fides publica) est une nécessité sociale. Le délit, ainsi
caractérisé, peut être qualifié de délit contre la foi publique.
C’est sous cette rubrique que beaucoup d’auteurs étudient le faux et que
quelques législations s’en occupent. Cette qualification convient, du reste,
même au faux en écriture privée ; car l’essence de toute falsification
d’écriture est d’ébranler la foi, attribuée, dans un intérêt public, aux écrits
destinés à servir de preuve. Quoi qu’il en soit, il est facile de voir, par ces
explications préliminaires, que les diverses dispositions que nous allons
étudier se classent en deux catégories. La première traite du faux commis
dans certaines choses, monnaies, sceaux, etc. La seconde, du faux commis
dans les documents, ou instruments de preuve. Mais, avant d’examiner ces
deux classes d’infractions, il y a lieu d’insister sur la distinction faite par la
loi entre le faux et l’usage du faux.
2- L’intention frauduleuse :
L’intention en matière de faux est dédoublée, se décomposant en un dol
général et un dol spécial. Le dol général est la connaissance de l’altération de la
vérité et ne soulève pas problème. En revanche le dol spécial a été une pomme
de discorde. Pour les uns il suppose le dessein de nuire ; pour les autres il est
conscience de causer un préjudice. Il aura fallu attendre 1860 pour que la
chambre criminelle mette fin à une longue période de tâtonnements et
consacre la deuxième analyse. La preuve du dol général et du dol spécial.
L’existence de l’intention frauduleuse relève de l’appréciation souveraine des
juges du fond.
La loi ne sanctionne que l’altération frauduleuse de la vérité. Le délit ne punit
donc pas la simple imprudence ou l’erreur dans la rédaction d’un acte ou dans
une déclaration, mais une altération de la vérité volontaire et consciente.
La preuve de cette intention est laissée à l’appréciation des juges du fond (une
expertise en écritures ou une expertise technique fera apparaitre les ratures,
surcharges, imitations ou contrefaçons d’écritures. Maintenant, voyant voire
de quoi s’agit-il au niveau de l’élément légal et l’élément matériel.

5
B- l’élément légal et matériel :

1- L’élément légal

Le faux incident était auparavant mentionné dans l’article 9 du code de


procédure civile, mais dans le présent code (dernière modification en 2013), on
lui a consacré toute une section.
L’Article 89 du CPC dispose que : « Lorsqu'une partie dénie l’écriture ou la
signature à elle attribuée ou déclare ne pas reconnaître celle attribuée à un
tiers, le juge peut passer outre s'il estime que le moyen est sans intérêt pour la
solution du litige. En cas contraire, il paraphe la pièce et ordonne qu'il sera
procédé à une vérification d'écritures, tant par titres que par témoins et, s'il y a
lieu, par expert. Les règles établies pour les enquêtes et les expertises sont
applicables aux vérifications d'écritures. » Alors que l’article 92 du CPC dispose
que : « Lorsqu'au cours d'un procès, une pièce produite est incidemment
arguée de faux par une des parties, le juge peut passer outre s'il reconnaît que
la décision ne dépend pas de cette pièce. En cas contraire, le juge fait
sommation à la partie qui a produit la pièce de déclarer si elle entend s'en
servir ou non. Si la partie sommée déclare qu'elle renonce à faire usage de la
pièce arguée de faux ou si, dans les huit jours de la sommation, elle ne fait
aucune déclaration, cette pièce est écartée du procès. ». Quant à l’article 93 il
dispose que : « Si la partie sommée déclare qu'elle entend faire usage de la
pièce, le juge surseoit à statuer au jugement de la demande principale. Il
ordonne le dépôt de la pièce en original au greffe dans le délai de huitaine ;
faute de ce dépôt, la partie qui invoque la pièce est présumée avoir renoncé à
s'en prévaloir. »
Et enfin dans les articles 94 à 102 du CPC il est disposé que : « Si le dépôt est
effectué, le juge procède à l'instruction de la demande incidente d'inscription
en faux.Dans le cas où la pièce n'a pas été produite en original, le juge invite la
partie qui entend s'en servir, à la remettre au greffe du tribunal dans le délai de
huit jours. Faute par cette partie d'effectuer la remise de la pièce dans ce délai,
il est procédé comme dans le cas où la partie déclare ne pas se servir de la
pièce. Si la pièce arguée de faux est en minute dans un dépôt public, le juge
ordonne au dépositaire public d'effectuer la remise de cette minute au greffe

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du tribunal.Dans les huit jours de la remise au greffe de la pièce arguée de faux
et s'il y a lieu, de la minute, le juge rapporteur ou le juge chargé de l'affaire
paraphe la pièce ou la minute et dresse procès-verbal de l’état de la pièce ou
de cette minute, en présence des parties ou elles dûment appelées en vue
d'assister à la rédaction du procès-verbal. Le juge rapporteur ou le juge chargé
de l'affaire peut, suivant l'exigence des cas, ordonner qu'il soit dressé d'abord
procès-verbal de l'état de l'expédition, sans attendre l'apport de la minute de
l'état de laquelle il est alors dressé procès-verbal séparément. Le procès-verbal
contient mention et description des ratures, surcharges, interlignes et autres
circonstances du même genre; il est dressé en présence du ministère public; il
est paraphé selon le cas, par le juge rapporteur ou le juge chargé de l'affaire, le
magistrat du ministère public et par les parties présentes ou leurs mandataires.
Dans le cas où les parties ou l'une d'elles ne veulent ou ne savent signer, il en
est fait mention au procès-verbal.Immédiatement après la rédaction du procès-
verbal, il est procédé pour l'administration de la preuve du faux, comme il est
dit aux articles 89 et 90. Le juge statue ensuite sur l'existence du faux. Le
demandeur qui succombe est passible d'une amende de cinq cents à mille cinq
cents dirhams, sans préjudice des dommages-intérêts et des poursuites
pénales. Si l'existence d'un faux est établie et s'il existe des éléments
permettant d'en identifier l'auteur, les pièces sont transmises au ministère
public par application du code de procédure pénale. Lorsque le jugement, en
statuant sur l'inscription en faux, ordonne soit la suppression, la lacération en
tout ou en partie, soit la réformation ou le rétablissement des pièces déclarées
fausses, il est sursis àl'exécution de ce chef du jugement tant que le condamné
est dans le délai de se pourvoir en appel, en rétractation ou en cassation, ainsi
que pendant le cours de ces procédures, à moins qu'il n'ait formellement
acquiescé au jugement ou ne se soit désisté de son recours.Lorsque le
jugement ordonne la restitution des pièces produites, il est également sursis à
l'exécution de ce chef dans les cas spécifiés à l'article précédent, à moins qu'il
n'en soit autrement ordonné sur la requête des particuliers ou dépositaires
publics intéressés.Tant que les pièces arguées de faux demeurent déposées au
greffe du tribunal, il n'en peut être délivré aucune expédition, si ce n'est en
vertu d'un jugement.Si indépendamment de la demande d'inscription en faux,
la juridiction répressive est saisie par voie principale, il est sursis à statuer au
civil jusqu'après la décision du juge pénal. »

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Bien que l’article 351 du CPU l’a défini, les articles 352 et 356 ont définit ses
sanctions.

Quant à sa récidive, elle prévu par l’article 158 du code pénal le mettant avec
d’autres infractions telle que l’escroquerie et la banqueroute frauduleuse.

2- L’élément matériel :

L’élément matériel de l’infraction de faux est l’altération de la vérité ou, si on


préfère, la fabrication du faux. L’ancien Code énumérait divers modes de
réalisation du faux, procédé non repris par son successeur, et suggérait par là
une distinction essentielle systématisée par la doctrine entre faux matériel et
faux intellectuel, et bien entendu toujours d’actualité. Il y a faux matériel
lorsque le faussaire falsifie physiquement les signes du support. Il y a faux
intellectuel lorsque les signes ne sont pas matériellement falsifiés, l’altération
de la vérité portant alors sur le contenu, la substance, les circonstances de
l’acte. On limitera les quelques illustrations qui suivent à la sphère
traditionnelle de l’écrit. Commençons par le faux matériel dont la perception
passe par plusieurs procédés. Un procédé classique est la signature fausse ou
contrefaite, la première étant le fait par une personne de signer d’un faux nom
et la seconde étant l’imitation de la signature d’autrui. L’incrimination joue
également si la fausse est opposée, notamment sur un chèque ou un effet de
commerce, par un procédé non manuscrit ou griffe. Un autre procédé classique
et l’altération d’écriture, qui est un changement matériel affectant celle-ci,
prenant la forme de surcharge, de suppression biffure grattage, tache d’encre,
moyens chimiques, modification de la substance. Un autre procédé consiste en
la contrefaçon d’écriture qui est l’imitation de l’écriture d’un tiers. Un
quatrième procédé est, pour reprendre une terminologie propre à l’ancien
Code, la fabrication de convention dispositions, obligations ou décharges,
nécessairement postérieure à la confection de l’acte – sinon le faux est
intellectuel – et consommée pour la jurisprudence dès la fabrication de l’écrit
et avant même qu’il soit signé. On citera à titre d’exemple la fabrication d’une
reconnaissance de dette revêtue ensuite de la signature imité du débiteur, ou
la fabrication d’un document par un montage photographique à partir d’une
lettre émanant d’un tiers.

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Les faux intellectuels connaissent eux aussi plusieurs manifestations. Il y a
d’abord la supposition de personne qui consiste à faire figurer un individu
mensongèrement dans un acte ; tel le cas d’un notaire qui affirme
mensongèrement que des créanciers ont comparu devant lui, ont reçu les
sommes qui leur étaient dues et ont donné quittance. Il y a ensuite la
dénaturation des actes ou conventions ou supposition d’écrit, une hypothèse
courante étant l’obtention par un particulier de la signature d’autrui par
surprise. Il y a enfin la constatation de faits faux.
On remarquera que dans le cadre des faux intellectuels l’altération de la vérité
est indispensable puisque l’acte est irréprochable en la forme.
Pour les faux matériels il y aura aussi le plus souvent sans doute l’altération de
la vérité. Mais selon une jurisprudence bien arrêtée le faux sera pareillement
constitué quand la véracité des faits indiqués dans l’acte est indubitable. Selon
la cour de cassation la fabrication d’un document pour servir de preuve
constitue un faux matériel susceptible de porter préjudice à un tiers, en dépit
de la conformité de ce document à l’original.
Le préjudice en matière de faux est un concept multiforme, particulièrement
propice aux dissertations doctrinales. On oppose ainsi d’abord préjudice de fait.
Le préjudice de droit n’est autre que l’atteinte portée à la foi publique, au
sentiment général de confiance dans les actes. Le préjudice de fait n’a pas
cette uniformité car il englobe plusieurs types distincts de préjudices,
s’articulant en trois séries selon que l’on envisage l’existence, la consistance du
préjudice ou la victime qui l’éprouve. Au regard de son existence, le préjudice
est actuel s’il est présent, ou éventuel, on citera le fait de fabriquer des extraits
de titre présentant l’apparence d’écriture anciennes, puis de les introduire
subrepticement parmi les dossiers des archives du département dans le
territoire duquel résident les autorités de qui seraient émanés ces titres, afin
d’en obtenir l’expéditions pouvant être produites en justice à l’occasion d’un
procès. Au regard ensuite de sa consistance le préjudice est matériel ou moral.

L’exigence d’un préjudice comme élément constitutif du faux est exigé par le
code pénal puisque l’article 351 ss précisent que constitue un faux l’altération
de la vérité « de nature à causer un préjudice ».

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En principe le juge répressif doit constater l’existence du préjudice avant de
prononcer la condamnation. En parlant de procédure et répression ce sera le
titre de notre Deuxième partie.

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II – La répression et la procédure :
A- Les sanctions en droit marocain et droit comparé :

1- En droit marocain :

a- Les sanctions de faux en écriture publique ou authentique

Le faux et l’usage de faux est une infraction qui a souvent concerné des affaires
mineures jugées par les juridictions marocaines. les tribunaux de commerce,
qui ont le pouvoir de juger des affaires dont la valeur dépasse 3000 dhs, ont été
encombrés par ce genre d’affaires où la responsabilité pénales des partie au
litige est facile à démontrer.

Le législateur a consacré des pénalités applicables à chaque infraction, puisque


le faux et l’usage de faux sont deux infractions différentes. de ce fait, il y a
possibilité de réprimer l’une de ces deux infractions sans réprimer l’autre, par
exemple, il est possible de sanctionner l’usage du faux sans sanctionner le faux
ou le contraire. C’est le cas ou l’auteur du faux n’a pas l’intention coupable ou
s’il est inconnu, la sanction dans ce cas ne va concerner que l’usage du faux.

Par ailleurs, le faux et l’usage de faux peuvent être qualifiés de délits comme ils
peuvent être qualifiés de crimes. C’est la raison pour laquelle l’ampleur des
sanctions est importante. par exemple, le faux commis par un magistrat,
fonctionnaire public, notaire ou adel en écriture authentique ou publique est
sanctionné de la réclusion a temps de 10 a 20 ans de prison et d’une amende
de 100000 dhs à 200000 dhs.5

Donc, il est considéré comme crime. Tandis que le faux commis par toute
personne non partie à l’acte qui fait – par devant adoul- une déclaration qu’elle
savait non conforme a la verite ou puni de 6 mois à deux ans et une amende de
2000 à 10000 dhs , de ce fait , il est considéré comme délit (art.355 CP).

b- Les sanctions de faux commis dans certains documents


administratifs

5
Amendé par la loi 33-18 modifiant et complétant le code pénal

11
L’auteur des faits prévus par l’article 360 du CP est puni de 6 mois à 3 ans
d’emprisonnement et une amende de 200 à 1500 dhs. Or, l’avant projet du
code pénal baisse le maximum encouru à 2 ans et, en revanche, il augmente le
montant de l’amende à 2000 dh jusqu’à 20000 dh.

Le coupable peut en outre être frappé de l’interdiction de l’un ou plusieurs des


mentionnés à l’article 40 pendant 5 ans au moins et 10 ans au plus.

Les aubergistes, les logeurs qui commettent les faits mentionnés à l’article 362
sont exposés à une peine d’emprisonnement d’un à 6 mois et une amende de
200 à 500 dhs ou de l’une de ces deux peines seulement. Or , l’avant projet du
code pénal augmente le montant de l’amende à 2000 à 20000 dhs .

« Ils sont, en outre, civilement responsables de restitutions, indemnités et frais


alloués aux victimes de crimes ou délits commis pendant leurs séjour par les
personnes ainsi logées chez eux » (article 362 -2)

Les faux certificats sont sanctionnés au titre de l’article 364 du code pénal : un
à 3 ans d’emprisonnement et l’avant projet une peine d’amende de 2000 à
20000 dhs ou de l’une de ces peines seulement. Le coupable peut, en outre,
être frappé de l’interdiction de l’un ou plusieurs de droits mentionnés à l’article
39-1 du code pénal.

L’établissement d’un des certificats énumérés par l’article 365 pour s’octroyer
un des avantages énumères par le même article est puni de 6 mois à 2 ans.
L’avant projet du code pénal ajoute une peine d’amende de 2000 à 5000 dhs.

La même peine s’applique :

1°) à celui qui falsifie un des véritables certificats pour le rendre applicables à
une personne autre que celle à laquelle il avait été primitivement délivres ;

2°) à tout individu qui fait sciemment usage de certificats ainsi falsifié ou établi.

Dans l’hypothèse ou le certificat est établi sous le nom d’un simple particulier,
sa fabrication ou son usage sont sanctionnés d’un à 6 mois d’emprisonnement.
L’avant projet du code pénal insère le texte une peine d’amende de 2000 à
20000 dhs. Le coupable peut en outre être sanctionné de l’une de ces deux
peines seulement.

12
L’article 366 prévoit des peines de 6 mois à deux ans et d’une amende de 200 à
1000 dh6 ou de l’une de ces deux peines seulement, contre celui :

« 1°) qui établit sciemment une attestation ou un certificat relevant des faits
matériellement inexacts ;

2°) fait sciemment usage d’une attestation ou d’un certificat inexact ou


falsifié » .

L’article 367 précise que les faux commis au préjudice de Trésor public ou
d’une tierce sont puni soit comme faux en écriture publique ou authentique,
soit comme faux en écritures privées, de commerce ou de banque

2- La répression du faux en droit français


a- Les peines principales

Le faux est puni de 3 ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende


(article 441-1 du Code pénal).
La jurisprudence assimile au faussaire celui qui passe par l’intermédiaire d’un
tiers de bonne foi pour commettre le faux. Lorsque le tiers de mauvaise foi a
donné l’ordre de commettre le faux sa poursuite se fait en qualité de coauteur,
et non de complice.

Divers circonstances ont pour conséquence d’aggraver la peine encourue :

La peine encourue est portée à 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros


d’amende lorsque le faux concerne un document délivré par une
administration publique qui a pour objet de constater un droit, une identité,
une qualité ou d’accorder d’une autorisation (article 441-2 du Code pénal).
La peine de 7 ans d’emprisonnement et 100.000 euros au faussaire de la
qualité de dépositaire de l’autorité publique ou chargé d’une mission de service
public et agissant dans l’exercice de ses fonctions. C’est aussi le cas lorsque le
faux est commis de manière habituelle, ou encore lorsqu’il est commis dans
l’intention de faciliter la commission d’un crime ou de procurer l’immunité à
son auteur. (Article 441-2 du Code pénal)

La peine se porte à 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende

6
L’avant projet portant reforme du code pénal prévoit une peine d’amende de 2000 dhs à 20000 dhs

13
Lorsque le faux se commet dans une écriture publique ou authentique ou
encore dans un enregistrement ordonné par l’autorité publique.
Concernant ce type de faux, la peine peut atteindre 15 ans d’emprisonnement
et 250.000 euros d’amende lorsque le faux relève de personne dépositaire de
l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public agissant dans
l’exercice de ses fonctions ou de sa mission. Le délit devient dans ce dernier cas
un crime (Article 441-4 du Code pénal).

b- Les peines complémentaires du faux :

Ces peines parfois s’accompagnent de peines dites complémentaires telles que


l’interdiction de droits civiques, civils ou de famille, l’interdiction d’exercer
une fonction publique ou une activité de nature professionnelle ou sociale,
l’exclusion des marchés publics, la confiscation de la chose qui a servi
ou avait pour objet de commettre l’infraction, ou la confiscation de la chose qui
est le produit de l’infraction, comme l’indique l’article 441-10 du Code pénal.
Si l’auteur de l’infraction est de nationalité étrangère, il peut être prononcé une
interdiction de territoire, soit à titre définitif, soit pour une durée maximale de
10 ans, en vertu de l’article 441-11 du Code pénal.

c- Les sanctions applicables aux personnes morales,

Les personnes morales peuvent aussi se voir reprocher l’infraction de faux.


L’article 441-12 du Code pénal énonce les différentes peines encourues par
celles-ci (car elles diffèrent de celles applicables aux personnes physiques).
Il peut s’agir d’une amende mais aussi de peines accessoires applicables
spécifiquement aux personnes morales, peines énoncées à l’article 131-39 du
Code pénal, notamment une série d’interdictions, parmi lesquelles
l’interdiction d’exercer directement ou indirectement une ou plusieurs activités
professionnelles ou sociales à titre définitif ou pour une durée ne pouvant
excéder les cinq ans.

d- La prescription dans le faux et usage de faux

Il faut distinguer la prescription de l’action publique, qui empêche le parquet


de poursuivre l’infraction une fois le délai écoulé, et la prescription de la peine,
qui empêche l’exécution de la peine une fois celle-ci prononcée et le délai
écoulé.

14
Concernant le faux, en vertu de l’article 8 du Code de procédure pénale, tel que
modifié par la réforme du 27 février 2017, le faux se prescrit par un délai de 6
ans.

Le faux s’avère un délit dit « instantané ».

Cela signifie que le délai de prescription commence à courir à compter du jour


de l’altération de la vérité.
En ce qui concerne la prescription de la peine, elle intervient après un délai de
6 ans, en vertu de l’article 133-3 du Code pénal.
Le délai commence à courir à compter de la date où la décision de
condamnation est devenue définitive, c’est-à-dire à compter de la date où il n’a
plus été possible d’intenter un recours contre cette décision.

e- La répression de la tentative et la complicité de faux :

La tentative d’une infraction se retient dans le cas d’un commencement


d’exécution suspendu ou échouant en raison de circonstances extérieures à la
volonté de son auteur, comme l’indique l’article 121-5 du Code pénal.
La tentative de faux prévus aux articles 441-1, 441-2 et 441-4, évoqués
précédemment, se réprime en vertu de l’article 441-9 du Code pénal.
La tentative fait encourir la même peine que si l’infraction s’avère commise.

En vertu de l’article 121-7 du Code pénal, est complice la personne qui, en


connaissance de cause, a aidé ou assisté l’auteur de l’infraction afin de faciliter
la préparation ou la commission de l’infraction.
Est aussi complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus
d’autorité ou de pouvoir, provoque la commission de l’infraction
ou donne des instructions pour la commettre.
Le complice encourt les mêmes peines que celles prévues pour la commission
de l’infraction.

f- Les infractions dérivés ou complémentaires du faux

La détention de faux est incriminée en elle-même par l’article 441-3 du Code


pénal. La peine encourue est de 2 ans d’emprisonnement et de 30.000 euros
d’amende. Cette infraction ne se confond avec l’infraction de recel ;
Le fait de procurer frauduleusement à autrui un faux par l’article 441-5 du Code
pénal. La peine encourue est de 5 ans d’emprisonnement et 75.000 euros
15
d’amende et les circonstances aggravantes sont les mêmes que celles évoquées
à l’article 441-2 du Code pénal précédemment cité ;

B- La procédured’inscription du faux incident

Le faux incident civil est l’exception de faux, élevé incidemment à une


instance dans le but de faire écarter par le juge comme fausse ou falsifiée une
pièce ou un écrit susceptible de vérification par sa nature ( sans distinction,
qu'elle soit authentique ou privée), et qui apportée (par signification ,
production ou communication ) à l'appui de la défense par la partie adverse,
soit qu'elle regarde le fond ou la forme du procès. Si la pièce, d'après l'état
matériel où elle est, ne pouvait pas être regardée comme ayant existence
suffisante pour faire preuve, la demande en inscription de faux serait
frustratoire, et la pièce devrait être, sans plus, rejetée du procès . Le faux, pour
être l'objet de l'inscription au civil, ne doit pas nécessairement être un faux
matériel, il peut être un faux formel ou intellectuel. On ne peut agir aux fins
principales du faux civil par demande principale, et on ne le peut pas même en
donnant comme objet de la demande la réparation du faux par son prétendu
auteur, excepté le cas où le crime serait prescrit, ou bien où il ne pourrait être
poursuivi contre son auteur pour une autre cause. Si l'inscription de faux avait
été élevée dans un tribunal d'exception ou dans la Cour de cassation, le renvoi
devant le juge compétent devrait être prononcé, et elle s'introduirait devant lui
par action principale. On peut s'inscrire en faux en tout état de cause, et même
contre des pièces ou écrits vérifiés dans l'instance même. On peut aussi
toujours prendre la voie du faux principal, et le juge peut même y renvoyer
d'office, (à moins que le délit ne soit prescrit ) , et dans ce cas il est sursis à la
procédure au civil, sans qu'il résulte nécessairement du seul acquittement de
l'accusé de faux une preuve de la sincérité de la pièce, ni une fin de non-
recevoir contre la demande incidente de faux civil; mais cette demande serait
non-recevable, si le jugement pénal rendu en présence de l'autre partie
constituée en partie civile, avait formellement déclaré qu'il n'y a pas de faux.

1-L’objet de l’inscription en faux incident :

La procédure d'inscription en faux permet de qualifier un acte de faux. C'est


uniquement dans le cadre d'une instance judiciaire ou administrative qu'un
document peut être inscrit en faux.
Lorsqu'une inscription en faux est déposée auprès d'une juridiction, celle-ci
suspend l'affaire afin que la partie qui a déposé le document litigieux décide de
16
le retirer ou de le maintenir, et, le cas échéant, qu'il soit alors statué
pénalement sur le faux allégué.
L'article 351 et suivant du Code pénal marocain présente le faux comme
« toute altération frauduleuse de la vérité ».

L'inscription de faux peut être déposée contre tous types de faux ayant
différents supports possibles : oral, écrit, vidéo, enregistrement.

Il y a trois types d'inscription de faux, le faux matériel, le faux par omission


et le faux intellectuel. Les contradictions de motifs d'une décision inscrite en
faux la rend nulle et non avenue (décision de la cour de cassation). Les termes
génériques contenus dans une décision rendent une décision de justice nulle et
non avenue (jurisprudence)

Les règles nouvelles ont profondément simplifié les formes de cette


procédure mais ont maintenu de lourdes sanctions : en effet, le demandeur qui
succombe est condamné, non seulement aux frais mais à une amende civile et
le cas échéant, à des dommages-intérêts7.
L'inscription de faux contre un acte authentique donne lieu à communication
au ministère public (CPC, art. 09).

Le législateur a souhaité que cette procédure ne soit pas mise en œuvre de


manière inconsidérée. Cette procédure, minutieusement décrite par les articles
91 à 102 du Code de procédure civile. L’inscription en faux peut-être effectuée
a tout moment au cours de procès même en appel.
Le juge peut écarter la pièce arguée de faux s’il reconnait que sa décision ne
dépend pas de cette pièce8. En cas contraire, il fait sommation à la partie qui a
produit la pièce de déclarer afin de lui demander de soit le modifier, soit de
renoncer à en faire usage, soit de l'annuler lui-même et donc de revenir dessus.

L’inscription en faux est toujours reçue et en tout état de cause, à moins


que la loi n’oppose une exception particulière à sa recevabilité ou à moins que
la cause ne puisse être jugée sans la pièce arguée de faux.

7L’article 98 du Code de procédure civile dispose que : « Le demandeur qui succombe est passible d'une
amende de cinq cents à mille cinq cents dirhams, sans préjudice des dommages-intérêts et des poursuites
pénales »
8 L’article 92 du code de procédure civile dispose : « Lorsqu’au cours d'un procès, une pièce produite est
incidemment arguée de faux par une des parties, le juge peut passer outre s'il reconnaît que la décision ne
dépend pas de cette pièce. En cas contraire, le juge fait sommation à la partie qui a produit la pièce de déclarer
si elle entend s'en servir ou non.
dans les huit jours de la sommation, elle ne fait aucune déclaration, cette pièce est écartée du procès »

17
2-La nature de la procédure :

La démonstration du faux peut faire l'objet d'une instance principale ou


d'une demande incidente.
L’inscription de faux incident, relève de la compétence du tribunal de
première instance, le juge saisi du litige principal ordonne un sursis à statuer
jusqu'à ce que l'incident soit jugé.

D'une manière générale, lorsqu'un acte authentique présente les


apparences extérieures de régularité, celui qui s'en prévaut n'a pas à en
démontrer l'authenticité.

L'acte fait, par lui-même, pleine foi de son origine. Il en résulte, et c'est la
principale différence avec l'acte sous seing privé, que l'acte est présumé
émaner effectivement des signataires apparents.
Il s'impose à la conviction du juge, sans qu'il y ait besoin de reconnaissance
de signature par celui à qui on l'oppose ou que cette signature soit déclarée
sincère par le juge. C'est à celui qui conteste l'authenticité de l'acte qu'il
incombe d'en démontrer la fausseté au moyen de la procédure d'inscription de
faux. Toutefois, si par sa contexture ou sa forme, l'acte était entaché de vices si
évidents qu'une simple inspection oculaire suffisait à en démontrer la fausseté
ou l'altération, le juge pourrait, sans inscription de faux préalable, le déclarer
inexact et comme tel, le rejeter des débats.
Cette infraction relevant du crime de faux et non d'un délit.

Les actes authentiques sont ceux établis par les huissiers de justice et les
notaires.
Compte tenu de la qualité de leur auteur, ils jouissent d’une présomption de
validité et ils font foi jusqu'à inscription de faux.
Il faut distinguer la procédure civile d’inscription de faux de la plainte pénale
du faux civil.
En effet, la procédure civile d'inscription en faux permet le cas échéant
d'établir la fausseté matérielle ou intellectuelle d'un acte authentique.
La procédure civile d'inscription de faux est donc la seule procédure civile
qui permette de remettre en cause la validité et l’efficacité des décisions de
justice, les actes notariés, et les actes d'huissiers de justice.
Toutefois, la procédure civile de demande d’inscription de faux suppose que
l'acte argué de faux comporte une mention fausse.
Si une mention a été falsifiée, on parlera de faux matériel.

18
Si une mention est contraire à la vérité, on parlera alors de faux intellectuel.
Selon la jurisprudence, la fausseté d’un acte dressé par un huissier de justice
ne doit pas s'apprécier à l'aune de la validité de l'acte ou de son efficacité sur le
plan juridique mais uniquement au regard de la véracité des énonciations qu'il
contient
La fausseté d’un acte est établie dès lors qu'il existe une discordance entre
d’une part les énonciations de l'acte et d’autre part la réalité
De même, la Cour de cassation française a jugé que l'exactitude des
mentions des procès-verbaux des huissiers de justice doit s'apprécier en
considération son contenu et non de ses conséquences (Cour de cassation,
deuxième chambre civile, 25 février 2016, n°14-23.363)
Aux termes de cet arrêt du 25 février 2016, la Haute cour a posé le principe
selon lequel la qualification de faux invoquée à l'égard d'un acte authentique
ne suppose pas la conscience par l'huissier de justice instrumentaire du
caractère inexact des constatations arguées de faux.
La question de la volonté de l'auteur de l'acte relève du droit pénal et de
l'infraction d'inscription de faux en écriture publique ou authentique visée par
l'article 365 et suivant du code pénal marocain.
L'inscription de faux « en matière civile » a pour unique but d'établir la
fausseté de l'acte authentique sans égard à la personne qui l'a établi.
Il n'y a donc pas lieu de faire de l'intention de l'huissier instrumentaire une
condition de validité de la procédure d'inscription de faux en matière civile.
Ainsi, la volonté du rédacteur de l’acte est indifférente en matière civile,
contrairement en matière pénale.
Par ailleurs, il convient de distinguer le faux de l'erreur purement matérielle.
Le faux nécessite, pour être constitué, une altération frauduleuse de la
vérité de nature à causer un préjudice.
Dans l’affaire jugée par la cour de cassation, le 25 février 2016, les juges ont
posé le principe selon lequel la qualification de faux invoquée à l'égard d'un
acte authentique, en matière civile, ne dépend pas de l'existence ou non d'un
préjudice qui résulterait du caractère inexact des constatations arguées de
faux.
Le grief causé par la discordance entre les mentions de l'acte et la réalité
n’est donc pas une condition de validité de la l’action civile de demande
d’inscription de faux.
Par ailleurs, la Cour de cassation a posé le principe selon lequel la procédure
civile de demande d’inscription de faux contre un acte authentique peut être
formée, même si elle vise un écrit déjà produit en justice et contre lequel un
incident de faux n'a pas encore été formé.

19
Autrement dit la production en justice d’un acte n'a pas pour effet de
couvrir les éventuelles erreurs ou anomalies qu'il contient. Cette jurisprudence
a été consacrée par la jurisprudence marocaine à travers plusieurs arrêts.
Concrètement, l'inscription de faux contre un acte authentique est formée
par acte remis au greffe qui doit, à peine d'irrecevabilité, articuler avec
précision les moyens que la partie invoque pour établir le faux.
L'un des exemplaires est immédiatement versé au dossier de l'affaire et
l'autre, daté et visé par le greffier, est restitué à la partie en vue de la
dénonciation de l'inscription au défendeur.
La dénonciation doit être notifiée par voie d’huissier à la partie adverse.

Il appartient au juge d'admettre ou de rejeter l'acte litigieux au vu des


éléments dont il dispose.
S'il y a lieu le juge ordonne, sur le faux, toutes mesures d'instruction
nécessaires et il est procédé comme en matière de vérification d'écriture.
La copie de l’acte d’inscription doit être jointe à l’assignation qui contient
sommation pour le défendeur, de déclarer s’il entend ou non faire usage de
l’acte prétendu faux ou falsifié.
Enfin, si des poursuites pénales sont engagées contre les auteurs ou
complices du faux, il est sursis au jugement civil jusqu'à ce qu'il ait été statué au
pénal, à moins que le principal puisse être jugé sans tenir compte de la pièce
arguée de faux ou qu'il y ait eu, sur le faux, renonciation ou transaction.
Pour mémoire, si l’inscription de faux aboutit, l’officier public rédacteur des
mentions mensongères encourt des poursuites pénales pour faux en écriture
publique ou authentique.
Le faux commis dans une écriture publique ou authentique ou dans un
enregistrement ordonné par l'autorité publique est puni jusqu’à la réclusion
perpétuelle conformément à l’article 352
L'usage du faux est puni des mêmes peines.
Le cas échéant, il convient aussi de garder en mémoire que les contestations
fantaisistes donnent lieu à la condamnation obligatoire du demandeur à
l’inscription de faux qui succombe en sa demande au paiement d’une amende
civile.
Ainsi, selon l’article 94 du code de procédure civile, le demandeur en faux
qui succombe peut-être condamné au paiement d’une amende civile cinq cents
à mille cinq cents dirhams, sans préjudice des dommages-intérêts et des
poursuites pénales.

20
Conclusion :
Le faux incident est un délit qui s’inscrit dans les mesures relatives à la preuve
écrite, Les justiciables peuvent prouver la véracité de leurs prétentions en
produisant des actes écrits qui peuvent être soit authentiques soit sous seing
privé. Les actes authentiques sont ceux établis par les soins d’un notaire. Les
actes sous seing privé sont ceux établis par les soins des intéressés ou par toute
personne autre qu’un notaire. La vérification d’écriture et le faux incident ne
constituent pas réellement des mesures d’instruction, mais ce sont des moyens
de défense qui peuvent être évoqué par la partie contre laquelle un acte écrit
est produit. La vérification d’écriture Cette mesure permet d’examiner la
sincérité d’un acte sous seing privé qui a été déniée par la partie contre
laquelle il a été produit. La vérification peut porter soit sur le contenu de l’acte
soit sur la signature apposée sur lui. Cette mesure ne peut être ordonnée que si
elle est nécessaire à la solution du litige. La vérification d’écriture est faite soit
par titres (comparaison) soit par témoins soit par expert. La première méthode
consiste en la comparaison des écritures et des signatures garant sur l’acte
concerné. La seconde méthode consiste en l’audition.La peine peut aller à 5ans
d’emprisonnement comme elle peut être aggravée s’il y a des circonstances
aggravantes. Si la sincérité de l’acte est prouvée, la partie qui l’a dénié peut
être condamnée à une amende civile de 100 à 300 DH ainsi qu’aux dépens. : Le
faux incident ‫دعوى الزور‬concerne ainsi bien les actes authentiques que les
actes sous seing privé. La ou les déclarations est faux, l’action est transférer
immédiatement au procureur du Roi, le juge civil dans ce cas-là ne peut plus
statuer dans cette action, et il faut que l’action déjà engager devant le tribunal
pour que le juge pénal statuer sur cette action.

La prescription ne commencera pas à courir tant que le faux continue à


produire ses effets utiles. La question est donc de savoir quand peut-on,
précisément, considérer qu’un faux a cessé de produire tout effet utile 9.

9
O. KLEES, op. cit., p. 122.

21
Table des matières :

Introduction

I- Les éléments constitutifs du faux incident


A- L’élément moral
1-Notion et définition
2- L’intention frauduleuse

B- L’élément légal et matériel


1-l’élément légal
2-l’élément matériel

II- Répressions et procédures relatives au faux


incident
A- Les sanctions en droit marocain et comparé
1- en droit marocain
2- en droit comparé

B- La procédure d’inscription du faux incident


1-L’objet de la procédure
2-La nature de la procédure

Conclusion

22
Bibliographie :
Ouvrages :

EN-NEFKHAOUI Aziz , Précis du droit pénal spécial étude approfondie et analytique , edition
SOMADIL CASABLANCA , année 2016

René GARRAUD « Traité de droit pénal » ( 3e éd., T. IV, Paris 1922 )

René Tressé, Le développement de la fabrication des faux en France de 1786 à 1827 et ses
conséquences sur la pratique des moissons, Edition Aemond Colis, 1955 à Paris.

Locard (Ed.), Les faux en écriture et leur expertise., Paris, Payot, 1959, 1958.

Esmein (Adhémar), Histoire de la procédure criminelle en France et singulièrement de la procédure


inquisitoire depuis le XIIe siècle jusqu'à nos jours, Paris, L. Larose et Forcel, 1882, XI-596 p

Schnapper (Bernard), Voies nouvelles en histoire du droit. La justice, la famille, la répression pénale
(XVIème-XXème siècles), Publications de la Faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers, tome
18, Paris, P. U. F., 1991, 680 p.

Guy Block , Les fins de non-recevoir en procédure civile, Paris, Ed. Bruyant, 2002.

Recueil et les encyclopédies :

Recueil officiel des instructions et circulaires du ministère de la Justice, Paris, 1879-1883, 3 vol
(tomes I. 1790-1840, II. 1841-1862, III. 1863-1875).

Thèses et mémoires :

Béroud (Georges, Dr). L'expertise des faux en écriture par altération, thèse de médecine, Lyon, Impr.
A. Rey, 1923, 151 p.

Jurisprudence :

1ère Chambre civile 9 décembre 2015, pourvoi n°14-28216, BICC n°841 du 1er mai 2016 et
Legifrance). Consulter la note de M. Yves Strickler, D. 2016, somm. p.18.

Cass. 1ère CIV. - 19 décembre 2006, BICC n°659 du 15 avril 2007

CCass Rabat, 28/09/2005,N°961

CCass Rabat, 04/11/2009,N°1682

TPI Casablanca, 30/10/1991, N°1087/100

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