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Le droit d’auteur est né pour protéger les créations quelle que soit leur forme d’expression :
musicale, audiovisuelle, artistique ou littéraire. Que la forme d’expression soit écrite, orale ou
numérique. L’objet du droit d’auteur repose sur la notion « d’œuvre de l’esprit » mais la loi
française n’a pas définie quelles sont les œuvres protégeables sur le terrain du droit d’auteur et
elle est donc difficile à cerner. C’est au juge que revient l’exercice délicat de la qualification. La
jurisprudence et la doctrine ont posé les conditions de la notion d’œuvre protégeable par le droit
d’auteur. Pour les résumer, l’oeuvre doit être une création de forme originale. Ainsi il y a un double
critères : d’une part, l’œuvre est une création de forme et d’autre part, l’œuvre est une création
originale.
La création de l’œuvre est le résultat d’un travail artistique ou d’un effort intellectuel conscient et
volontaire. La création doit être matérialisée par une forme perceptible par les sens pour être
protégée c’est-à-dire que la forme doit pouvoir être dissociée du fond. Ainsi le Code de propriété
intellectuel dispose que l’œuvre ne doit pas forcément être achevée (esquisses). Par conséquent,
c'est la forme qui est protégée, pas les idées. Par exemple, le CA de Paris, en 1986, considère que
l'emballage du Pont-Neuf par Christo est une œuvre protégeable mais non pas au titre de l’idée
d’emballer un monument, mais au titre des images issuds de cet emballage. Ainsi, il a le droit de
toucher des droits d’auteur sur les images montrant le Pont neuf emballé. Ce n'est donc pas l'idée
d'emballer un monument qui est protégeable et par exemple, le projet d’une autre personne
d'emballer les arbres des Champs-Élysées ne porterait pas atteinte à son droit d’auteur.
Ainsi, pour une action en contrefaçon le CPI indique qu’il faut toujours retrouver deux éléments : la
conception et la réalisation. Si l’un fait défaut, on ne pourra pas parler de contrefaçon.
L’autre critère de la notion d’œuvre permettant le droit d’auteur c’est l’originalité. C’est un critère
universelle que l’on retrouve donc au niveau international d’appropriation des œuvres (Convention
de Berne et accords ADPIC 1994 par exemple).
Le CPI dispose que ce critère d’originalité est une condition nécessaire et suffisante pour bénéficier
de la protection du droit d’auteur et qu’elle est l’expression juridique de la créativité de l’auteur.
Cependant, c’est une notion subjective et donc délicate à déterminer.
La jurisprudence a pu être amenée à se prononcer plusieurs fois sur cette question d’originalité et
en particulier en la corrélant à la question de la nouveauté. Ainsi, une œuvre originale est-elle
assimilable à une œuvre nouvelle ? Pour une partie de la doctrine française originalité et
nouveauté sont synonymes, pour l’autre partie, la nouveauté n’est qu’un élément constitutif de
l’originalité.
En 1965, la jurisprudence a tranché : une œuvre est originale lorsqu’elle est nouvelle et se
distingue du domaine public antérieur.
D’autres jurisprudence sont venus enrichir cette première conception.
Ainsi la jurisprudence précise aussi que l’originalité s’entend aussi comme l’empreinte de la
personnalité de l’auteur par son expression ( dans le cadre d’une traduction d’un roman par
exemple) ou par sa composition ( dans le cadre d’un montage photo par exemple).
Une conception plus objective a aussi été envisagé avec la notion d’apport intellectuel de l’œuvre,
notamment pour les objets purement utilitaires ou fonctionnels.
Un arrêt du 13 novembre 2008 de la Cour de cassation a montré qu’on peut aussi appréhender la
notion d’originalité en lui opposant le contraire, c’est-à-dire la banalité.
L’appréciation de l’originalité s’avère par ailleurs difficile aussi sur le terrain de la preuve,
notamment si la contestation de l’originalité intervient longtemps après la création de l’œuvre Le
CPI retient cependant que « l’oeuvre est réputée, créée, indépendamment de toute divulgation
publique, du seul fait de la réalisation, même inachevée, de la conception de l’auteur ».
Le CPI protège l’œuvre de l'esprit, quel que soit son genre ou sa forme d’expression, son mérite, sa
destination Il n’y a pas de définition légale de l’œuvre protégée mais un critère de forme /
d’originalité. LE CPI donne néanmoins une liste indicative des œuvres protégées et rappelle que le
titre original est protégé comme l’œuvre. De même sont protégés : les œuvres dérivées(celles qui
intègrent une œuvre ou des éléments d’une œuvre préexistante – ex. les traductions), les
anthologies, les recueils d’œuvres diverses, les bases de données. Sous réserve du respect des
droits de l’auteur de l’œuvre d’origine.
Principe : Il n’y a pas de définition légale de la notion d'auteur mais il existe une présomption
simple de paternité : "La qualité d'auteur appartient, sauf preuve contraire, à celui ou à ceux sous
le nom de qui l'œuvre est divulguée" . L'auteur est traditionnellement le créateur de l’œuvre,
l’artiste ou l’auteur personne physique. Il devra, le cas échéant prouver sa qualité d’auteur par tout
moyen.
Dans une situation assez simple qui est visée à l’article L111-1 du CPI, l’auteur crée seul un bien
intellectuel et il se voit attribuer sans aucune démarche à accomplir un droit de propriété
incorporelle exclusif et opposable à tous comme le dit le texte. La signature de l'œuvre n’est pas
nécessaire, il est même possible de choisir un pseudonyme, dès lors que ce choix ne nuira pas à
autrui et ne créera pas de confusion dans l’esprit du public. On peut songer par exemple à Banksy,
rendu célèbre par ses peintures anonymes dans l’espace public et qui signe d’un pseudonyme et
qui par ailleurs ne dévoile pas son identité. L'œuvre peut être anonyme tant que l’auteur le
souhaite. Il lui suffit de désigner un mandataire, éditeur par exemple qui sera susceptible d’exercer
les droits d’auteur pour son compte
Les exceptions au principe de titularité :
I. Les statuts particuliers échappant au principe de titularité.
La règle générale de titularité souffre d’exceptions admises par la loi en cas de pluralité d’auteurs.
A. Œuvre collective.
Au niveau légale, une œuvre collective c’est une œuvre constituée d'apports parallèles de plusieurs
auteurs sans concertation et dont les contributions ont été coordonnées et rassemblées par une
autre personne physique ou morale , celle-ci ayant pris l'initiative de la création puis de la
divulgation de l’œuvre. C’est le cas par exemple pour un journal ou une encyclopédie.
La doctrine a complété cette définition en retenant que l’œuvre collective sous-tend l’existence
d’un lien de subordination collectif entre le maître d’œuvre employeur et ses salariés. Ainsi, le
maître d’œuvre a pris l’initiative et la responsabilité de sa création et de la divulgation de l’œuvre.
Le CPI pose une présomption de propriété de l’œuvre collective au profit de la personne sous le
nom de laquelle l’œuvre est divulguée. Cette personne est investie des droits de l'auteur même s’il
est possible d’individualiser les contributions de chacun à la création de l’œuvre collective. Ainsi,
les auteurs conservent le droit de réutiliser leur contribution et peuvent aussi s’opposer à leur
exploitation séparée.
B. Œuvre de collaboration.
On parle d’œuvre de collaboration en cas d’inspiration commune et sans rapport hiérarchique. Les
auteurs agissent en même temps.
D’après le CPI, chacun des coauteurs a un droit indivis sur la propriété commune et les règles du
droit commun de l’indivision trouvent donc à s’appliquer en la matière. Ainsi, il faut l’accord de
l’ensemble des coauteurs pour prendre une décision et en cas de désaccord, le juge civil chargé dy
litige peut décider de passer outre une opposition. L’auteur d’une œuvre de collaboration peut
exploiter de manière autonome sa contribution. Mais il ne doit pas porter préjudice à l’exploitation
de l’œuvre commune ni tirer un avantage personnel indu de la situation.
C. Œuvre composite.
Il s’agit d’une œuvre nouvelle à laquelle a été incorporée une ou plusieurs œuvres préexistante.
Par exemple, il peut s’agir d’un roman porté au cinéma ou d’une adaptation musicale dérivé d’un
roman. A la différence de l’œuvre de collaboration, l’auteur n’aura pas travaillé avec l’auteur de
l’œuvre originaire A la différence des œuvres collectives, l’auteur aura pris seul l’initiative de
l’œuvre composite qu’il a crée de façon indépendante.
Il n’y a aucune copropriété ou indivision entre l’auteur de l’œuvre première et l’auteur de l’œuvre
composite. De ce fait l’œuvre dérivée doit être originale pour faire naître un droit d’auteur. L’auteur
de l’œuvre dérivée originale jouit pleinement de ses droits d’auteur sous réserve du respect des
droits d’auteur de l’œuvre préexistante . Un contrat doit en outre autoriser la création d’une
adaptation. Celui-ci sera à durée déterminée.
Les droits d’auteur sont dualistes en ce sens qu’ils se composent de deux séries de prérogatives :
1) Celles attachées au droit moral pour assurer la protection de la personnalité de l’auteur à travers
son œuvre et indépendamment de son exploitation.
2) Celles attachées aux droits patrimoniaux qui appartiennent à la catégorie des droits réeels et
permettent la circulation de l’oeuvre dans la vie économique.
Question 6 : Les éléments du droit moral durant la vie de l’auteur et post mortem
Le droit moral est un terme consacré au niveau supranational. On le retrouve notamment dans
l’article 6 de la Convention de Bern. Le droit européen l’a également intégré dans son vocabulaire.
En France, le droit moral est constitué de quatre éléments : le droit de paternité, le droit au
respect de la création, le droit de divulgation et le droit de retrait ou de repentir.
Ce droit moral ainsi constitué est dit inaliénable et indisponible. Cela signifie qu’il reste la propriété
de l’auteur sans aucune cession ni renonciation possible. Dans la même logique, on ne peut pas
fixer la qualité d’auteur par contrat. On dit que le droit moral est d’ordre public en ce sens que les
parties ne peuvent en modifier son contenu.
I. Du vivant de l’auteur.
A) Le droit de paternité.
Ce droit comprend le droit au respect du nom et de la qualité de l’œuvre. C’est un droit perpétuel,
y compris si l’œuvre est tombée dans le domaine public. On doit toujours citer le nom de l’auteur
de l’œuvre.
Le droit au respect du nom permet de s’opposer à un tiers qui apposerait son propre nom sur
l’œuvre de l’auteur. Il permet aussi à celui qui a créé une œuvre sous le nom d’autrui de révéler à
tout moment sa paternité, la contrat stipulant l'inverse peut être dénoncé ad nutum.
L’usurpation du nom est sanctionnée civilement et pénalement pour violation du droit au nom,
droit de la personnalité ou pour faux artistique, depuis 1895.
Le droit de paternité est corrélé au droit au respect de la qualité qui consiste à faire mention des
titres, grades, distinction de l’auteur. Toutefois ce droit n’est pas une obligation et en conséquence
l’auteur a le loisir de garder l’anonymat ou de publier sous pseudonyme.
C) Le droit de divulgation.
C’est un élément crucial du droit moral qui indique la faculté discrétionnaire de l’auteur à se
défaire de sa création et de la communiquer au public au moment et selon la forme de son choix.
Ce droit de divulgation se compose d’un élément moral (intention de livrer son œuvre au public),
et d’un élément matériel ( divulgation par un moyen ou un autre). Il y a épuisement du droit à la
première divulgation de l’œuvre. La preuve de l’intention de divulgation est possible par tous
moyens et souvent à l’aide de faisceau d’indices concordants et laissés à l’appréciation des juges.
Avant la divulgation, aucune exécution forcée n’est possible, pas même par le créancier qui
pourrait envisager de saisir les œuvres non encore divulguées. En revanche, si le bien a été
divulgué, le droit est épuisé et l’auteur garde certains pouvoirs mais ils doivent s’exercer dans le
cadre contraignant du droit au retrait et de repentir.
A noter : le refus de divulguer malgré un contrat est une obligation de faire. Ainsi, le contrat de
commande non honoré donne lieu à des dommages et intérêts même si l'auteur avait le droit de
ne pas terminer l’œuvre.
Question 7 : Le contenu des droits patrimoniaux durant la vie de l’auteur et post mortem
L ‘auteur a vocation à tirer profit de son travail et a donc des droits patrimoniaux qui lui sont
universellement reconnus. On a pendant longtemps fait la distinction entre droit de représentation
et droit de reproduction même si aujourd’hui cela est un peu moins pertinent avec les accords
ADPIC qui ont une approche plus unitaire des droits patrimoniaux. Mais on peut quand même ici
les distinguer.
I. Du vivant de l’auteur.
A) Le droit de représentation.
Les actes de représentation visés par le CPI englobent tous les actes opérant une communication
du bien au public et ce quel qu’en soit le procédé. Le public peut être passif et la communication
s’entend dans un sens large. Le récepteur ne doit pas pouvoir conserver l’œuvre ( cas du streaming
par exemple). La représentation peut être vivante ( représentation théâtrale) ou non vivante
( projection cinématographique) mais dans les deux cas un public à directement accès à l’œuvre
donc la représentation doit être directe.
Toute représentation au sens juridique du terme ouvre doit à une redevance distincte. Ainsi le film
qui sera diffusé en salle de cinéma, à la télévision et qui sera projeté à partir d’un DVD dans un bar,
permettra à l’auteur de toucher une rémunération pour chaque utilisation nouvelle de l’œuvre.
Toute représentation au sens juridique du terme est aussi soumise à l’autorisation de l’auteur sous
réserve des exceptions et aménagements apportés par le droit positif français à la libre jouissance
du bien intellectuel ( par ex : exception légale de représentation privée et gratuite dans le cercle
familial).
B) Le droit de reproduction.
Le CPI définit la reproduction comme suit : « la reproduction consiste en la fixation matérielle de
l’oeuvre par tous procédés qui permettent de la communiquer au public d’une manière indirecte »
Par exemple : imprimerie, dessin, gravure, photographie, moulage…
En outre : « Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement
de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction,
l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé
quelconque. » Donc : la fixation est totale ou partielle, la communication doit être suffisante pour
constituer une reproduction et elle peut être permanente ou temporaire.
Par ailleurs, depuis un arrêt de 1988, la Cour de cassation a ajouté une nouvelle composante au
droit de reproduction : le droit de destination selon lequel chaque nouveau mode d’exploitation
doit donner lieu à une nouvelle autorisation et ouvrir au profit de l’auteur une nouvelle redevance.
Le droit de destination englobe désormais le droit de location et de prêt imposé en droit interne
depuis 1992.
Le CPI a échafaudé une série d’exceptions au droit de reproduction suivant que la reproduction est
réalisée pour un usage public ou un usage privé. Ainsi, par exemple en 2006, le législateur a
introduit une exception d’enseignement pour faciliter l’utilisation des oeuvres à des fins
pédagogiques. Cette exception étant assortie d’une rémunération forfaitaire. De même il y a une
exception pour la copie privée. Elle permet une reproduction à l’usage privé du copiste lorsque la
copie n’est pas destinée à une utilisation collective.
En matière de reproduction à usage public, on peut citer la dérogation concernant les
reproductions provisoires ou éphémères faites sur les réseaux numériques
Contrairement au droit moral, le droit patrimonial est temporaire. Il ne disparaît pas à la mort du
créateur mais le décès du créateur marque le point de départ d’une certaine durée de protection.
Le CPI dispose que le droit de propriété de l’auteur dure toute sa vie puis persiste au profit des
ayants-droit pendant 70 ans. Il en va ainsi en France pour les oeuvres musicales depuis une loi du 3
juillet 1985 et pour tous les genres d’oeuvre depuis une loi du 27 mars 1997.
Le point de départ de ces 70 ans est pour les oeuvres de collaboration fixé au 1er janvier suivant la
mort du dernier vivant des collaborateurs et pour les oeuvres composites, l’oeuvre première cesse
d'être protégée après 70 ans. Une loi en 1919 permettait de prolonger de 30 ans les droits des
auteurs tombés pour la France.
I. L’objet du droit.
Ce qui est protégé c’est le logiciel et le matériel de conception préparatoire (manuel d'utilisation,
interface graphique)
Pour ce qui est du caractère original de l’œuvre, le CPI n’en parle pas. Mais la Cour de Cassation
dans un Arrêt Pachot 1986 considère que cela est nécessaire. Il faut mesurer l'apport intellectuel
de l'auteur pouvant résider dans la composition (organigramme) et l'expression (code source).
La directive de l'UE sur les programmes d'ordinateurs ajoute qu’ill faut que soit une création
propre à son auteur. C’est un droit d’auteur qui protège que la forme d'expression et non les
algorithmes ou les fonctionnalités.
Il est quant à lui une sorte de restriction au droit patrimonial. Il est d’origine française, il est
spécifique aux arts plastiques et plus précisément aux œuvres originales créées par l’artiste lui
même : photographie, dessin, sculpture, collage etc.. ainsi que toute création plastique sur un
support audiovisuel ou numérique.
Ce droit de suite découle de la volonté du législateur de protéger l’auteur contre les mirages du
marché. Il confère à l’auteur le droit de bénéficier du surcroît de valeur acquise par son œuvre
depuis sa mise sur le marché.
Ce n’est pas un droit d’autoriser, c’est le droit de percevoir un pourcentage sur le prix de revente de
l’œuvre. A cette fin le professionnel de la vente de l’œuvre doit délivrer à l’auteur ou à la société de
perception et de répartition du droit de suite toutes les informations permettant l’évaluation de ce
droit de suite selon les critères fixés par voie réglementaire.
Les taux fixés sont progressifs et sont fonction du prix de vente. Et ajoutons que le système ne
s’applique pas aux transactions portées sur des œuvres d’un montant inférieur à 10 000 euros.
Un abondant contentieux récent porte sur la question de la responsabilité des fournisseurs d’accès
sur internet lorsqu’il y a mise à disposition non autorisée de nombreuses œuvres audiovisuelles et
musicales sur leur site d’hébergement en ligne.
Concrètement la jurisprudence française doit aujourd’hui répondre à la question de savoir s’il y a
atteinte au droit d’auteur lorsque le site hébergeur, comme l’est Google par exemple, suggère des
mots clé qui renvoient vers des sites permettant le téléchargement illégal.
De manière générale on peut conclure à l’absence de responsabilité civile ou pénale des
hébergeurs pour les contenus mis en ligne par les internautes, sauf à avoir joué un rôle actif dans
la mise à disposition du contenu litigieux. De même, il est acquis que le fournisseur d’hébergement
est passible de condamnation pour contrefaçon s’il n’a pas agit promptement, rapidement pour
retirer le contenu litigieux ou pour en rendre l’accès impossible.
Le régime général de la contrefaçon permet de choisir la voie civile ou la voie pénale pour mettre
fin à l’usage illégal et obtenir réparation du préjudice subi.
L’auteur ou ses ayants droits peuvent faire saisir les exemplaires illicitement reproduits et le
matériel ayant servi à les réaliser. Selon l’importance et la gravité de la saisie, les commissaires de
police ou le président du TGI ont compétence pour ordonner la saisie. La loi distingue selon que la
saisie est faite avec ou sans autorisation judiciaire.
Une procédure spéciale est prévue pour les logiciel. Ainsi, depuis la loi de 2009, l’HADOPI a pour
mission d’encourager le téléchargement légal en ligne et de protéger les œuvres couvertes par un
droit d’auteur ou un droit voisin. En outre, la loi a créé de nouvelles infractions : le délit de
contrefaçon commis au moyen d’un service de communication en ligne et le manquement à
l’obligation de surveillance de son accès internet en cas de négligence caractérisée qui est
contravention de 5ème classe.
Les sanctions :
- Dommages et intérêts ( appréciation in conreto ou forfaitaire)
- Mesures restitutives pour faire cesser les actes condamnés (interdiction de poursuivre
l'exploitation sous astreinte)
- Peine principale : 3 ans d'emprisonnement et 300 000 euros d'amendes (5 ans et 500 000 euros
d'amendes si en bande organisée)
- Peines complémentaires : fermeture de l'établissement (temporaire ou définitive), affichage et
publication de la condamnation aux frais du défendeur, suspension de l'accès à Internet (1 ans
max) et confiscation recettes, matériels, éléments contrefaits.
Le brevet est un titre de propriété qui est apparu en France à la période révolutionnaire. Les
brevets appartiennent à la catégorie des créations industrielles purement utilitaires. L’inventeur est
un créateur mais il ne jouit pas d’un droit sur son invention du seul fait de sa création, il doit
impérativement demander à l’office compétent un titre lui conférent un monopole d’exploitation
temporaire sur sa découverte. En France, c’est l’INPI, créée en 1951, qui reçoit les dépôts et délivre
les titres nationaux de propriété industrielle.
Le principe de titularité.
Selon le CPI, le titulaire du droit au brevet est en principe l’inventeur ou son ayant-cause. En
France, le premier déposant est présumé être l’inventeur. L’office français ( l’INPI ) n’a pas à vérifier
que le demandeur est légitime : il est présumé l’être jusqu’à preuve du contraire. Mais une action
en revendication pour l’inventeur spolié est possible.
1) L’invention de mission.
Elle a été réalisée par le salarié en exécution d’une mission inventive ou d’un travail d’études et de
recherches confié par son employeur ou déroulant du contrat. L’invention appartient alors à
l’employeur mais le salarié, selon la loi, a droit au complément de salaire fixé dans le contrat ( le
montant est librement fixé initialement dans le contrat). Cette rémunération est d’ordre public,
aucun texte ou accord ne peut l’écarter.
3) L’invention libre.
Elle est réalisée par le salarié en dehors de ses fonctions et sans aucun rapport avec celles-ci. Dans
ce cas, elle lui appartient, peu importe sa condition de salarié.
Les inventions brevetables sont celles qui répondent aux conditions de brevetabilité. Le CPI
énumère ces conditions. Il y a en a 4 qui sont quasi universelles.
Dans les faits, l’appréciation de nouveauté se fait différemment selon le type de brevet demandé.
La loi en distingue quatre types :
A) Les brevets de produits : ils concernent des corps certains au moment où l’invention est
réalisée. Des corps certains ayant une composition mécanique ou une structure chimique
particulière qui les distingue des autres corps. Sont par exemple des brevets de produits le
jouet RubixCube, l’ordinateur ou la carte à puce.
B) Les brevets de procédés : ils visent pour la plupart des procédés de fabrication qui ne
doivent pas être confondus avec les produits fabriqués. Par exemple Pasteur a pu breveter
le procédé de fabrication du vinaigre grâce à certaines bactéries permettant la fermentation
du vin. Lorsque le produit n’est pas breveté, seule l’utilisation du procédé sans l’autorisation
du titulaire du brevet constitue une contrefaçon.
C) L’application nouvelle de moyens connus : ce type de brevet vise l’emploi d’un moyen
connu pour obtenir un résultat industriel auquel ce moyen n’avait pas encore servi. Par
exemple un antibiotique déjà connu comme médicament pour l’homme peut être breveté
s’il permet à
l’époque de son appréciation de favoriser la croissance des animaux.
L’évolution du domaine de la brevetabilité est en France largement dictée par les mesures
d’harmonisation prises à l’échelle internationale dans le cadre de l’OMPI ou à l’échelle de l’UE.
Une Directive de l’UE de 1998 a consacré la brevetabilité des inventions biotechnologiques en
permettant aux états membres de breveter la technique qui consiste à utiliser des mécanismes
biologiques ou des particules vivantes pour créer des produits particuliers ou pour produire des
nouveaux procédés de fabrication. Cette mesure a permis de rapprocher l’Europe des États Unis
sur la brevetabilité du vivant. Elle a aussi permis de valider la pratique de l’office européen des
brevets qui accordait depuis longtemps des brevets aux inventions biotechnologiques ( par
exemple : la souris Harvard génétiquement modifiée est brevetée). Or cela pouvait paraître
contraire à la Convention sur le brevet européen, qui compte parmi les inventions non brevetables,
celles portant sur les produits du corps humain ainsi que celles portant sur les obtentions
végétales et races animales. En effet, ces dispositions étaient imposées par des impératifs de santé
publique : laisser à tous le droit d’utiliser les inventions nécessaires à la protection de la santé et de
la vie. Finalement, d’autres objectifs semblent l’avoir emporté : encourager les investissements étr
en Eur et promouvoir l’innovation, la recherche et le développement scientifique dans le domaine
des biotechnologies en y accordant des monopoles d’exploitation.
Désormais, la CJUE doit fixer les limites de la brevetabilité du vivant en Europe. Par exemple, dans
l’affaire Monsanto 6/07/2007 : la Cour a rappelé que seul l’enseignement technique est brevetable
et non l’être vivant lui-même. C’est une affaire qui concerne un brevet européen sur une séquence
de gène qui rend le soja résistant aux herbicides. Le brevet porte sur la plante elle-même.La
question était de savoir si le brevet sur la plante permet d’interdire à autrui d’utiliser un produit
dérivé, en l’occurrence de la farine (matière morte) contenant des traces de soja. La décision
rendue précise les limites à l’étendue de la brevetabilité du vivant en Europe : il n’y a pas de
protection absolue du vivant et la brevetabilité est limitée à l’utilisation prévue sans pouvoir
s’étendre aux utilisations autres et dérivées.
Concernant le domaine de la brevetabilité sur les biotechnologies et les méthodes commerciales,
l’UE, contrairement aux États Unis ne les protègent pas. L’UE a aussi, pour l’heure, prévu d’écarter
les inventions mises en œuvre par ordinateur. En effet, la proposition de directive européenne de
2002, qui visait à élargir le champ de la brevetabilité aux logiciels, n’a pas pu aboutir.
B) Les conditions de forme de la demande de brevet ( question 5 )
La délivrance du brevet est conditionnée par le dépôt devant un office national ou régional. La
délivrance du titre commence par le dépôt d’une demande dont la date marquera la date
d’acquisition du droit de propriété le jour de la délivrance définitive du titre de propriété.
C’est une procédure en 3 étapes : demande, instruction de la demande, décision de l’office.
Formalisme de la demande
La demande de brevets doit être déposée par le demandeur ou son mandataire.
Pour les personnes étrangères : si le domicile ou l’établissement est situé hors du territoire où le
titre de propriété est applicable, la protection sous condition de réciprocité. Si le domicile est hors
de l’Espace Économique Européen, le dépôt doit être fait par un mandataire ayant son domicile,
son siège ou un établissement dans un État parti à l’Espace Économique Européen.
La demande de brevet implique le dépôt de plusieurs pièces dans la langue de travail de l’office : le
français pour l’INPI ( ou alors traduire sous deux mois les documents en langue étrangère), le
français, l’anglais ou l’allemand pour l’office européen des brevets.
La demande comporte obligatoirement une requête permettant non seulement d’identifier le
demandeur et l’invention mais aussi de préciser si la demande porte sur un brevet ou sur un
certificat d’utilité. La demande doit comporter en outre une description verbale et éventuellement
graphique de l’invention. Cette description doit être suffisamment claire et complète pour qu’un
homme de métier puisse exécuter l’invention.
Le déposant doit sur un document séparé définir l’objet de la protection demandée avec clarté,
précision, et en cohérence avec la description. Ce sont les revendications. Tout ce qui n’est pas
expressément revendiqué est automatiquement exclu du monopole d’exploitation du brevet.
La demande de brevet ne peut concerner qu’une seule invention ou bien plusieurs inventions mais
alors à condition qu’elles soient liées entre elles ne formant qu’un seul concept inventif général.
A titre facultatif le dossier peut comporter un abrégé du contenu technique de l’invention ainsi que
le cas échéant une copie des dépôts antérieurs dont les éléments sont repris.
La demande de brevets est publiée par l’INPI, au Bulletin officiel de la propriété industrielle ( BOPI),
dans les 18 mois à compter de la date de son dépôt La publication constitue une opération de
divulgation : elle permet au public de consulter la demande de brevet.
Le dépôt fait naître le droit de propriété et le droit d’agir en contrefaçon pour une durée de 20
ans, à condition que le brevet soit effectivement délivré à la suite de la phase d’instruction de la
demande. Le déposant jouit d’un délai d'un an pour effectuer le dépôt pour le même bien
intellectuel dans tous les États membres et dans les pays de l'OMC depuis les accords ADPIC.
Dans le cas d’un litige où le demandeur souhaite se prévaloir de la priorité du dépôt antérieur, ce
demandeur est tenu de produire une déclaration de priorité et de justifier de l’existence de la
demande antérieure.
La date de dépôt est aussi le point de départ du calcul de la durée du monopole sur le brevet.
Théoriquement, c’est aussi la date à partir de laquelle il est possible d’engager une action en
contrefaçon.
Le dépôt produit également des effets sur l’obligation d’exploitation qui incombe au titulaire du
brevet. En effet le breveté doit exploiter ou faire exploiter son monopole sous peine de se voir
imposer une licence non volontaire. La loi n’impose pas pour autant une exploitation immédiate
du brevet. Au contraire l’article L613-11 dispose que la licence ne pourra être imposée qu’après un
délai de 3 ans après la délivrance du brevet ou de 4 ans après le dépôt de la demande.
Le dépôt produit enfin des effets sur la liberté de divulgation. A compter de la date de dépôt, il
est possible de divulguer l’information, de la publier, de la présenter au tiers.
L’article L612-8 du code prévoit toutefois que l’INPI porte ces demandes de brevet à la
connaissance du ministre chargé de la Défense. Il prévoit aussi que les inventions doivent se voir
accorder une autorisation du ministre chargé de la propriété industrielle pour pouvoir être
exploités et ensuite divulgués librement. Cette autorisation est acquise de plein droit au terme
d’un délai de 5 mois à compter du jour du dépôt de la demande de brevets. Le contrôle de la
divulgation par le ministère de la défense peut aboutir à ce que l’Etat demande soit à se faire
consentir une licence auquel cas l’inventeur ne peut pas la lui refuser, soit à exercer son pouvoir
discrétionnaire d’expropriation du bien.
L’article L613-20 autorise l’Etat à exproprier les inventions à tout moment et par décret à des fins
militaires ou plus généralement pour répondre aux besoins de la défense nationale.
L’examen préalable que l’on connaît porte sur la recevabilité du dossier et sur certaines conditions
de brevetabilité mais non sur les antériorités. De fait, il ne garantit pas la délivrance d’un titre
incontestable.
Au niveau national, l’INPI se prête à un examen technique et de recherche assez long, ce double
examen débouche sur une décision de délivrance ou de non délivrance d’un titre de propriété
opposable aux tiers.
Dans le cadre de la Convention sur le brevet européen, l’office européen des brevets est chargé des
principales missions des offices nationaux à l’exception de la délivrance d’un titre de propriété
opposable puisque cette mission demeure de la compétence exclusive des offices nationaux. La
procédure d’examen simplifiée ( et donc plus rapide) devant l’office européen des brevets permet
néanmoins d’obtenir un titre valable dans chacun des pays membres de la Convention sans avoir à
subir un nouvel examen auprès des offices nationaux.
Après ce 1er examen formel, l’office établit un rapport de recherches approfondies sur les
éléments de l’état de la technique qui peuvent être pris en considération pour apprécier la
brevetabilité de l’invention. La recherche effectuée permet de révéler l’existence d’antériorités. Elle
n’a qu’un rôle informatif et ne produit pas d’effets juridiques.
A) Le contenu du droit.
L’inventeur dispose d’un titre de propriété, c’est-à-dire d’un droit patrimonial. L’inventeur dispose
aussi d’un droit à la paternité, c’est-à-dire un droit moral.
Le droit de propriété
Le droit moral de l’inventeur est très limité du fait que nous sommes dans un domaine dominé par
la logique industrielle. L’inventeur bénéficie néanmoins de deux prérogatives morales : le droit de
divulgation et le droit à la paternité. Le droit à la paternité implique, selon le CPI, que le nom et la
qualité d’inventeur soient mentionnés sur le titre de brevet. Il peut cependant renoncer à ce droit
et demeurer dans l’anonymat.
Sur le sujet du contenu du droit de propriété, on observera enfin que l’on peut être en présence
d’un brevet objet d’une copropriété entre entreprises et/ou académies liées par un programme de
recherche commun. Il y a co-inventeurs lorsque plusieurs personnes physiques ont créé ensemble
le bien intellectuel. Il y a copropriété lorsque la propriété est organisée en indivision entre
plusieurs personnes physiques ou personnes morales.
Exceptions.
Au titre des exceptions au droit de propriété, le CPI a prévu que certains actes ne nécessitent pas
d’autorisation en considération de leur finalité. Il en va ainsi des actes accomplis dans un cadre
privé et à des fins non commerciales, des actes accomplis à titre expérimental et aussi des
préparations magistrales.
Ensuite l’exploitation de l’invention peut être permise à un tiers en considération de sa personne. Il
peut s’agir de l’inventeur qui n’a pas déposé son invention à temps. L’antériorité et la possession du
brevet de bonne foi lui confèrent le droit d’exploiter son invention. Si la possession personnelle
antérieure est établie, l’inventeur premier n’encourt pas la contrefaçon même si un autre
inventeur a pu déposer avant lui la même invention qu’il aurait créée de son propre fait.
Au nombre des autres exceptions au droit patrimonial du brevet, il faut compter le jeu de la règle
de l’épuisement du droit. Selon cette règle de l’épuisement, la première mise en circulation sur le
marché français d’un produit couvert par un droit intellectuel épuise le droit d’autoriser la
commercialisation du bien. Cela signifie que pour l’avenir, les ventes et reventes successives seront
libres pour les tiers, l’autorisation donnée au premier distributeur vaudra pour les autres.
La règle de l’épuisement intracommunautaire pose une limite au droit de s’opposer aux
importations parallèles en provenance d’autres pays. Ainsi la 1ère mise en circulation du bien
intellectuel dans le commerce de l’Espace Economique Européen par le titulaire ou avec son
consentement épuise le droit d’autoriser ou d’interdire la commercialisation des produits au sein
du marché unique. En cas d’épuisement, le propriétaire du bien intellectuel conserve néanmoins le
droit de s’opposer aux importations en provenance des pays extérieurs à l’Espace Economique
Européen. Autrement dit, si le droit de 1ère mise en circulation à l’intérieur de l’Espace
Economique Européen est épuisable, ce droit est inépuisable en cas de 1ère mise en circulation à
l’extérieur de cet espace européen. L’autorisation donnée pour le 1er franchissement du territoire
national vers un autre territoire de l’Espace Economique vaudra pour tous les autres
franchissements.
B) Portée du droit.
Le breveté peut exploiter son bien et il a le loisir de le faire lui même directement en gardant
l’usage et la jouissance du brevet. Cependant le breveté a aussi et surtout un devoir d’exploitation.
A défaut de l’exécuter, il risque d’être forcé d’octroyer une licence au tiers demandeur.
Si aucun tiers ne fait la demande de licence, le brevet reste inexploité jusqu’à ce qu’un candidat se
présente.
Présentation générale
Selon l’article L615-8, l’action en contrefaçon se prescrit par trois ans à partir de chacun des faits
de contrefaçon tant au civil qu’au pénal. Conformément au droit commun de la preuve, il
appartient au demandeur de prouver les actes matériels de la contrefaçon, ce qui ressort de la
comparaison entre les objets protégés et les objets argués de contrefaçon.
L’action en contrefaçon peut selon les dispositions du code être intentée par plusieurs personnes
ayant la qualité de demandeur. D’une part le breveté, d’autre part le licencié simple c’est à dire non
exclusif dans les cas de licence de droit, de licence obligatoire, de licence d’office. Enfin, peut aussi
intenter l’action en contrefaçon, le cessionnaire ou licencié exclusif dont le contrat a été publié au
registre national des brevets. Le licencié exclusif devra quant à lui avoir préalablement mis le
concédant en demeure d’agir en contrefaçon.
S’agissant du tribunal compétent, en matière civile, le tribunal de grande instance de Paris
bénéficie depuis le décret du 9 octobre 2009 d’une compétence exclusive en matière de brevet.
L’action pénale est peu usitée. La compétence bénéficie aux tribunaux correctionnels. Au civil
comme au pénal, le tribunal compétent est conformément au droit commun, au choix celui dans le
ressort duquel à lieu la contrefaçon par exemple le lieu où l’invention a été exposée dans un salon,
soit celui où le dommage est subi, soit encore celui où est situé le domicile du défendeur ou du
prévenu.
L’action en contrefaçon peut être intentée à partir de la publication de la demande de brevet.
La nullité ne peut être déclarée que par une action en justice. Mais elle est largement ouverte et
l’absence d’intérêt à agir n’est que très rarement constatée en pratique. Les causes de nullité sont
par ailleurs nombreuses. On peut les regrouper en deux catégories :
1) Les nullités produites par l’impossibilité de réunir les conditions d’appropriation du brevet
2) Les nullités pour non-respect des formalités d’appropriation du brevet.
Les effets de la nullité doivent être envisagés à l’égard du breveté et à l’égard des tiers.
1) A l’égard du breveté : le CPI retient que la nullité peut produire des effets partiels et être
prononcée sous la forme d’une limitation apportée aux revendications. Il est donc possible de
conserver le titre pour la partie du brevet non sanctionnée.
2) A l’égard des tiers : le CPI prévoit que la nullité a un effet absolu sur le territoire français mais
aucun effet sur le titre éventuellement délivré pour le bien dans un autre pays.
La marque permet au fabricant ou à un commerçant de distinguer ses produits ou services de ceux de ses
concurrents. Le recours à une marque est facultatif mais son rôle est primordial notamment pour le commerçant
car c’est un outil de fidélisation de la clientèle.
Le droit sur la marque est limité par deux grands principes mondiaux :
1) Le principe de la territorialité : le droit n’est protégé par le droit spécial des marques que dans la mesure où il
répond aux exigences du pays où la protection est recherchée.
2) Le principe de spécialité : la protection des marques est limitée aux produits et services sur lesquels le signe
est apposé.
La marque peut être détenue par une personne physique ou morale. Depuis 1964, une loi impose le dépôt pour
l’acquisition du droit de propriété sur la marque. Avant le propriétaire était le premier utilisateur. Cette loi a
également institué un examen préalable à la délivrance du droit de propriété pour contrôler les conditions de
fond de la validité de la marque en amont de la délivrance du titre. Elle a aussi instauré le régime de déchéance
du titre de propriété pour défaut d’exploitation à l’issue d’un certain délai après l’enregistrement.
Le droit des marques français est inspiré par deux sources de droit européenne : la directive de 1988 et le
règlement 40-94 du 20 décembre 1993.
I. Conditions de la protection.
A. Conditions de fonds
1) La distinctivité ( question 2 ).
Le signe doit servir à distinguer les produits ou services. Il suffit que la marque soit suffisamment
distinctive pour être protégée. La condition ne fait pas l’objet d’une définition positive dans les
textes mais le législateur a prévu d’exclure de la catégorie des signes distinctifs tous les signes
descriptifs, nécessaires ou usuels qui doivent rester à la portée de tous et ne sont donc pas
susceptibles d’appropriation sur le terrain des marque ( par exemple : « magasins de meubles » ou
la forme d’une tablette de chocolat).
La distinctivité s’apprécie de manière globale. Pour être valable, la marque doit être composée
d’un ou plusieurs éléments arbitraires par rapport aux produits ou services qu’elle désigne. Cette
distinctivité peut aussi s’acquérir avec le temps et l’usage qui en est fait ( par exemple, un signe à la
base descriptif peut devenir avec le temps distinctif et donc protégeable comme ce fut le cas pour
les Pages Jaunes).
La condition de distinctivité s’apprécie au moment du dépôt au regard de la spécialité mais aussi
au regard du libellé de la marque. Peu importe que le signe soit en tant que tel ordinaire. Par
exemple, « orange » est un mot ordinaire mais il peut être utilisé à titre de marque pour désigné
des services de téléphonie car il est parfaitement arbitraire au regard de la spécialité concernée.
Par ailleurs, dans le cas de l’appréciation de la distinctivité de la marque communautaire, cette
appréciation doit se faire à l’échelle de l’UE. La marque nominale doit être distinctive dans toutes
les langues de l’UE pour être protégée en tant que titre unitaire.
La distinctivité est une condition centrale de la protection des marques, elle en est la raison d’être
et est tellement importante que le droit français et le droit européen ont fait du défaut de
distinctivité un motif absolu de refus de la marque et est aussi un motif de déchéance et un motif
de nullité absolue.
2) La disponibilité.
La marque ne doit pas avoir fait l’objet d’une appropriation antérieure. Le CPI n’offre par une liste
limitative, exhaustive des antériorités mais expose certaines d’entre elles. Le signe ne doit donc
pas être déjà utilisé par autrui dans la même spécialité. Le signe ne doit pas non plus être un
élément déjà protégé par un autre droit de la propriété intellectuelle ou un droit de la
personnalité. Le signe doit aussi être disponible dans chacun des états membres de l’UE. Cette
vérification s’impose au déposant.
L’antériorité peut être une marque identique ou similaire valable sur le même territoire dans une
même spécialité. Depuis le règlement de 1993, un signe déposé comme marque communautaire
devient indisponible sur tout le territoire de l’UE dans la même spécialité. Il constitue une
antériorité opposable au dépôt national et communautaire. En France, l’antériorité opposable à
titre de marque est uniquement constituée par une marque enregistrée.
Si les marques et ou spécialités ne sont pas identiques, l’appréciation de l’antériorité implique le
respect d’une analyse en plusieurs étapes :
1) Définir le territoire en cause
2) Déterminer le public pertinent à prendre en considération
3) Comparer les signes
En définitive le signe sera considéré comme antériorité s’il existe un risque de confusion dans
l’esprit du public. Ce risque peut être direct dans les cas où le consommateur pourrait être fondé à
croire, en présence du signe contesté, qu’il est en présence de la marque antérieure. Ce risque
peut être indirect dans les cas où le consommateur peut considérer que les marques proviennent
de la même entreprise ou d’entreprises liées.
De même pourront être considérée comme non disponible et affectée d’antériorité, même si les
marques ne sont pas dans les mêmes spécialités, l’usage d’une marque notoire ou d’une marque
de renommée. La notoriété peut être définie comme connue du grand public et doté d’un pouvoir
d’attraction propre, indépendant des produits ou services que la marque désigne. Une marque
notoire non déposée peut constituer une antériorité dans la même spécialité. Une marque de
renommée déposée peut constituer une antériorité en dehors de la spécialité. La marque notoire
ou de renommée jouit ainsi d’un régime de protection dérogatoire, non seulement au principe du
dépôt mais aussi au principe de spécialité. Par exemple, les marques Waterman et Michelin ont été
respectivement considérées comme indisponibles pour des lames de rasoir, pour la première et
pour des pâtisseries pour la seconde.
Outre les marques antérieures, l’antériorité peut encore être constituée par une œuvre, un dessin,
un modèle, une appellation d’origine, une dénomination sociale ou un nom de domaine. Ainsi
l’appellation « Champagne » ne peut plus être déposée comme marque. La dénomination sociale
d’un tiers ne peut pas être choisie comme marque s’il existe un risque de confusion dans l’esprit du
public. Ce qui suppose que la dénomination soit largement connue.
Le nom commercial ou l’enseigne ne sont pas davantage disponibles s’il existe un risque de
confusion.
Le nom de domaine internet peut également constituer une antériorité. La jurisprudence tend à
subordonner l’opposabilité du nom de domaine à son dépôt sur un site d’enregistrement et à son
exploitation effective.
3) La licéité.
L’absence de licéité est un motif absolu de refus d’enregistrement. Cette condition vise deux
prohibition.
B. Conditions de forme.
Sous réserve de la protection réservée aux marques notoires non déposées, la propriété sur la
marque s’acquiert par l’enregistrement.
La procédure est conduite en France par l’INPI et par l’OHMI à l’échelle européenne, ou par l’OMPI
si la protection est rechercher par les pays membres du système Madrid.
Devant l’INPI et l’OHMI la procédure d’enregistrement impose le respect de plusieurs étapes et aux
tiers la possibilité d’intervenir pour défendre leurs intérêts en amont de la délivrance du titre de
propriété.
Étape 1 : La demande d’enregistrement doit d’abord être déposée et accompagnée d’un modèle
de la marque c’est à dire une représentation graphique mais aussi de l’énumération des produits et
services auxquels elle s’applique. Le dépôt doit fixer un classement à l’aide de la classification de
Nice laquelle regroupe 45 classes. Cette opération permet d’arrêter le périmètre de la propriété.
En France cette demande de dépôt peut être faite à l’INPI ou au greffe du tribunal de commerce, le
déposant doit payer des redevances à défaut le dépôt sera rejeté. Il en va de même du
renouvellement tous les 10 ans.
Étape 2 : Une fois le dépôt reconnu recevable, ce dépôt fait l’objet d’une publication dans les 6
semaines qui suivent la réception du dépôt. Toute personne intéressée peut formuler des
observations dans un délai de deux mois pour la marque nationale et de trois mois pour la marque
communautaire. Les titulaires de droits antérieures peuvent former dans ce même délai une
opposition à l’enregistrement. L’office dispose ensuite d’un certain délai pour statuer sur les
demandes d’opposition fondées sur l’antériorité et ceci au terme d’une procédure contradictoire.
Étape 3 : L’office procède ensuite à un examen préalable portant sur la vérification des pièces, de la
condition de représentation graphique et des conditions de fond de la validité de la marque à
l’exclusion de la condition de disponibilité.
A la différence de la procédure devant l’INPI, la procédure devant l’OHMI implique l’établissement d’un
rapport de recherches pour la délivrance de la marque unitaire. Ce rapport doit mentionner les demandes
de marques communautaires ou les marques communautaires susceptibles d’être constitutives
d’antériorités opposables. Le rapport est ensuite communiqué au demandeur et l’OHMI informe par ailleurs
les tiers identifiés dans le rapport de la demande d’enregistrement d’une marque communautaire.
Étape 4 : L’office peut enregistrer la demande sur le registre, la publier, et adresser alors un
certificat au demandeur. Et l’office peut aussi rejeter la demande, un recours contre la décision de
l’office, en France directement devant la Cour d’appel de Paris, un pourvoi peut être formé contre
l’arrêt de la Cour d’appel par l’une ou l’autre des parties donc même par le directeur de l’INPI. Le
recours du demandeur ou des tiers ayant qualité et intérêt pour agir contre la décision de l’OHMI
peut être effectué devant la Chambre des recours de l’OHMI, et l’affaire peut ensuite être portée
devant le Tribunal Européen, Tribunal de 1ère instance et le pourvoi peut être exercé auprès de la
CJUE.
Si l’on veut protéger ses marques dans plusieurs pays, il convient d’effectuer un dépôt dans chacun
de ces pays. Or la multiplication des démarches n’est ni pratique ni économique.
C’est pourquoi les pays ont prévu la possibilité d’un dépôt international. De nombreux États ont
signé des traités multilatéraux afin de permettre d’obtenir une protection géographique élargie en
respectant une procédure unique, un seul dépôt, une seule langue, une seule taxe dans une seule
monnaie adressée à un seul office.
En droit des marques la procédure unifiée a été confiée à l’OMPI. Il existe deux systèmes
centralisés de dépôt des marques issus de deux traités multilatéraux distincts et tous deux
administrés par l’OMPI : l’arrangement de Madrid est le traité fondateur et le protocole de
Madrid est celui qui propose depuis 1996 le système de dépôt le plus attractif.
Le système de l’arrangement de Madrid.
L’arrangement de 1891 offre certains avantages aux titulaires de marques déjà enregistrées dans le
pays d’origine. Si ces marques ont déjà été enregistrées dans le pays d’origine les titulaires ont la
possibilité d’étendre la protection de leur marque dans les pays membres, en faisant une seule
demande auprès de l’office national ou régional et non directement auprès de l’OMPI. Les
déposants sont libres de désigner les pays où le dépôt est recherché.
C’est l’office d’origine qui va transmettre la demande d’extension de protection de la marque telle
quelle à l’OMPI c’est à dire sans qu’aucune modifications ne puissent être apportées à la marque
ou à la spécialité. L’OMPI examine le dossier sur la forme c’est à dire vérifie le classement des
produits et services et le paiement des taxes. L’OMPI enregistre ensuite la marque sur le registre
international puis transfère la demande à chacun des offices désignés, pour que chacun de ces
offices examine les marques selon leur propre législation. Les conditions de validité du dépôt n’ont
pas été unifiées. L’office d’accueil peut donc librement refuser de valider le dépôt, dans le délai
d’un an selon l’arrangement. Si la demande est rejetée, l’OMPI en donne les raisons au déposant
qui peut exercer un recours dans le pays d’accueil selon les voies nationales. Mais si l’office accepte
d’enregistrer la marque telle quelle dans son pays, ce titre donne aux déposants les mêmes droits
que si la marque avait été enregistrée directement par l’office d’accueil.
L’inconvénient majeur du système de Madrid réside dans la dépendance de l’enregistrement dans
les pays membres par rapport à l’enregistrement en pays d’origine.
Pendant 5 ans si la marque d’origine cesse de produire effet, elle sera radiée du registre
international et ce sont par ricochet toutes les marques visées dans le dépôt international qui
cessent de produire effet. L’autre inconvénient majeur de l’arrangement tient à l’impossibilité
d’utiliser ce système tant que la marque n’a pas été enregistrée dans le pays d’accueil.
Hormis la nullité dont on a déjà parlé, deux principales causes pour lesquelles le titulaires peut
perdre son monopole : par déchéance ou par forclusion par tolérance.
La déchéance.
Dans les systèmes de dépôt déclaratifs de droit, l’usage de la marque est une condition de fond de
la délivrance de l’enregistrement. Ce système interdit le dépôt de marques dites dormantes ou de
marques de barrages.
Dans les systèmes de dépôt constitutifs de droit ce n’est pas le cas, l’exploitation n’est pas une
condition de délivrance du titre ni même de la protection du droit sur la marque. Néanmoins dans
les systèmes de dépôt constitutifs de droit, il existe une obligation d’exploitation dont le non-
respect peut être lourdement sanctionné, c’est-à-dire, il peut être sanctionné par la perte du
monopole.
Cette obligation d’exploitation a été posée à l’échelle internationale dans l’accord ADPIC. On la
retrouve à l’échelle européenne dans la directive de 1988 et dans le règlement sur la marque
communautaire.
Ce n’est pas l’INPI ou l’OHMI qui ira reprocher au titulaire le défaut d’exploitation. Ce n’est pas
l’Office qui ira vérifier si la marque est effectivement utilisée dans le commerce. C’est le tiers qui
pourra trouver un intérêt à soulever le défaut d’exploitation.
La déchéance pour non exploitation peut être demandée en justice par toute personne intéressée.
Cette sanction permet de fonder une antériorité, de demander la nullité. Elle est aussi une cause
exonératoire de contrefaçon et un moyen de défense dans le cadre d’une action en contrefaçon. Il
reste que c’est seulement à l’initiative d’un tiers que la déchéance du droit de marque peut être
encourue pour défaut d’exploitation sérieuse. On distinguera ce cas de déchéance de celui qui vise
la dégénérescence de la marque.
La Convention d’Union de Paris a prévu d’octroyer une certaine protection dérogatoire au principe
d’enregistrement à l’article 6. Il interdit aux tiers de déposer ou d’utiliser un signe qui serait la
reproduction, l’imitation ou la traduction de la marque notoire pour des produits identiques ou
similaires même si la marque notoire n’est pas déposée dans le pays où la protection est
recherchée.
Pour être mise en oeuvre cette exception doit réunir deux conditions :
1) Il faut rapporter la preuve du caractère notoire de la marque
2) Il faut que la marque seconde porte une atteinte à la marque notoire et pour cela il faut le cas
échéant établir le risque de confusion.
On sait que la notoriété doit exister dans le pays où la protection est recherchée selon les
exigences nationales. En France, la notion n’est pas définie mais la jurisprudence tend à considérer
que la marque notoire est connue d’une large fraction du public en raison de l’importance de
l’usage, de l’ancienneté de la marque, des budgets consacrés à la publicité ou encore de la qualité
des produits revêtus de la marque. En outre, une marque peut être connue sur un territoire sans y
avoir été exploitée commercialement. Enfin, le titulaire de la marque notoire pourra demander le
refus de l’enregistrement ou sa nullité.
La convention d’Union de Paris prévoit que le titulaire pourra agir dans un délai de 5 ans à compter
de l’enregistrement si le tiers déposant est de bonne foi et à tout moment si le tiers est de mauvais
foi.
Par contre, le titulaire du droit ne peut pas agir en contrefaçon dans un pays comme la France où il
est écrit que le droit de propriété s’acquiert par l’enregistrement. Le titulaire de la marque notoire
doit se rabattre sur l’action sui generis en responsabilité civile fondée sur l’article L713-5 du CPI et
faire donc interdire l’usage de la marque sur ce fondement.
Ainsi la marque notoire Boeing utilisée pour des avions a pu être protégée sur ce fondement là
pour faire cesser son emploi par un tiers qui utilisait Boeing pour désigner une eau de toilette. Il a
été admis que l’action en responsabilité peut jouer que les produits ou services en cause soient
identiques, similaires ou différents.
La convention d’Union de Paris n’a pas imposé une protection spécifique en cas d’atteinte à la
marque notoire en dehors de la spécialité. En revanche l’ADPIC a posé le principe de la protection
des marques de renommée enregistrées contre la dilution c’est à dire en dehors de leur spécialité.
Pour revendiquer cette protection en dehors de la spécialité, trois conditions cumulatives doivent
être réunies :
1) Disposer d’une marque notoire ou de d’une marque de renommée.
2) Que ce signe fasse l’objet d’un emploi injustifié, d’une reproduction ou d’une
imitation de la marque injustifiée
3) Que cet emploi engendre un préjudice
Outre les contraintes imposées par le critère de la vie des affaires, il y a en droit des marques les
actes interdits par la loi et les actes qui par nature pourraient constituer une contrefaçon mais que
le législateur autorise expressément. L’article L713-2 du CPI cite à cet égard les actes de
reproduction, d’apposition et d’usage de la marque dans la même spécialité que celle de la marque
enregistrée. Ainsi, le contrefacteur peut être coupable du simple fait d’avoir fabriqué des flacons
ou d’y avoir apposé la marque même s’il ne les a pas vendus. Il sera coupable du délit de
contrefaçon par reproduction, il sera coupable pour n’avoir pas demandé l’autorisation. L’usage est
toléré par la jurisprudence lorsque la marque est mentionnée aux fins d’information ou dans un
roman par exemple. La reproduction totale ou partielle de la marque consiste en une copie servile,
il s’agit de la reproduire à l’identique. Il n’y a pas reproduction mais imitation selon l’article L713-3
si le signe reproduit et/ou utilisé n’est pas identique à la marque enregistrée mais diffère quelque
peu aux yeux du consommateur moyen. Cette interprétation restrictive a été entérinée par la CJUE
dans l’affaire « Arthur et Félicie » du 20 mars 2003. Ainsi la marque Arthur et Félicie ne reproduit
pas à l’identique la marque Arthur en raison d’une adjonction qui n’est pas insignifiante aux yeux
du public.
Est aussi un acte de contrefaçon qui requiert autorisation, le dépôt à l’INPI d’un signe déjà
approprié à titre de marque. En revanche le dépôt d’un nom de domaine auprès d’un organisme
spécialisé ne constitue pas une contrefaçon tant que le nom de domaine reste inactif.
Certains actes sont soumis à autorisation mais à la condition qu’ils créent un risque de confusion.
L’imitation existe aussi bien pour des produits ou services identiques que pour une spécialité
similaire à celle désignée dans l’enregistrement. Selon les critères dégagés par la CJUE dans
l’affaire Sabel, en date du 11 novembre 1997, l’imitation résulte d’une similitude visuelle,
phonétique ou conceptuelle entre les deux signes. En l’absence d’identité entre les produits ou
services, un autre type d’actes est visé par la loi, la reproduction, l’usage et l’apposition d’une
marque pour des produits ou services similaires à ceux désignés dans l’enregistrement. Le risque
de confusion est la clé de voûte de la protection des marques. Il y a risque lorsque le public est
porté à croire que les objets ou services en concurrence dans la même spécialité proviennent de la
même personne.
Il ressort de la jurisprudence de la CJUE que ce risque s’apprécie de façon globale en considération
de l’impression d’ensemble produite par les signes utilisés sur un consommateur d’attention
moyenne qui n’a pas simultanément les deux marques sous les yeux au moment où il consomme
les produits ou au moment où il utilise les services.
L’action en contrefaçon de marque civile ou pénale est exclusivement dévolue aux juridictions
nationales, qu’il s’agisse de protéger la marque nationale ou la marque communautaire. Le CPI
offre des procédures de saisies qui peuvent être préventives pour empêcher les contrefaçons.
Elles sont détaillées dans l’article L716-6 du CPI. Ces mesures préventives peuvent consister en une
saisie-contrefaçon prévue à l’article L716-7, soit en une saisie-description soit en une saisie-réelle.
Les mesures préventives peuvent aussi consister en une retenue en douanes.
Entre le dépôt de la demande et sa publication, l’action n’est possible que si le demandeur notifie
au défendeur une copie certifiée de son dépôt. A partir de la publication de la demande, le
déposant peut assigner le prétendu contrefacteur sans conditions particulières. Les faits
répréhensibles sont ceux qui sont commis à partir de la publication de la demande
d’enregistrement ou à partir de la notification. Le Tribunal doit surseoir à statuer jusqu’à la
publication de l’enregistrement. L’action se prescrit par 3 ans.
Le dénouement de l’action.
Au civil, le tribunal pourra prononcer contre le défendeur diverses interdictions comme celle
d’utiliser la marque contrefaisante, la radiation de la marque contrefaisante, la publication du
jugement, le retrait des objets contrefaisants des circuits commerciaux mais aussi et surtout des
dommages et intérêts, à hauteur des bénéfices réalisés par le contrefacteur.
Au pénal, le tribunal correctionnel peut prononcer diverses confiscations et la fermeture de
l’établissement du délinquant. Quant aux peines, l’article L716-9 prévoit 400 000 Euros d’amende
et 4 ans de prison. Lorsque la contrefaçon a été commise en bande organisée, les peines sont
portées à 500 000 Euros d’amende et à 5 ans d’emprisonnement. Depuis la loi du 5 février 1994, il
existe en outre un délit douanier de contrebande sanctionné par l’article 414 du code des douanes
et les amendes prévues par ce code peuvent se cumuler avec celles de droit commun.
Le monopole sur les dessins et modèles se traduit par le droit d’interdire à autrui de copier ou
d’utiliser la même gamme de produit. Il récompense la création de produits à l’apparence
attractive de clientèle. L’objectif du dessin et modèle est de compléter la protection offerte sur les
autres terrains de la propriété intellectuelle. Selon les pays, les dessins et modèles peuvent aussi
être protégés exclusivement ou cumulativement sur le terrain des droits
d’auteur.
I. Conditions de fond.
A. La titularité.
Si le dépôt du dessin et modèle est, du reste en France, obligatoire, le titulaire est le créateur. C’est
ce qu’énonce l’article L511-9 du CPI. L’employeur ne peut être investi des droits qu’en vertu d’une
cession expresse. Un groupe de créateurs peut effectuer un dépôt de dessin et modèle en
copropriété. La preuve de la titularité pose souvent difficultés. Le code a alors prévu une
présomption qui joue en faveur du déposant, le premier déposant est considéré comme le
créateur. Le véritable propriétaire a la possibilité d’intenter une action en revendication selon les
modalités prévues à l’article L511-10 du CPI.
Concernant les objets susceptibles d’appropriation, deux conditions de fond doivent être remplies
pour pouvoir déposer un dessin et modèle :
1) Une création de forme à caractère ornemental ou esthétique.
Question 3 : La condition d’apparence du produit
Le droit des dessins et modèles ne protège que les créations objets qui se matérialisent dans une
forme à l’exclusion des idées et du style. Contrairement au droit d’auteur, le dessin et modèle doit
résulter d’un effort qui s’est obligatoirement concrétisé matériellement. A la différence du droit
d’auteur, le législateur ne propose pas une liste des choses qui peuvent être appropriée. Seule la
pratique permet d’identifier des exemples de formes appropriables, peu importe que la forme en
cause soit en 2 ou 3 dimensions.
La création doit présenter un caractère propre ou individuel. Un dessin ou modèle a un caractère
propre lorsque l’impression visuelle d’ensemble qu’il suscite chez l’observateur averti diffère de
celle produite par tout dessin ou modèle divulgué avant la date de dépôt. La notion de caractère
propre est la transposition française de la notion de caractère individuel consacrée par la directive
et par le règlement. L’observateur averti n’est ni l’expert en esthétique ni le simple consommateur.
L’analyse de la jurisprudence française nous informe qu’il s’agit de l’utilisateur doté d’une vigilance
particulière que ce soit en raison de son expérience professionnelle ou de sa connaissance étendue
du secteur considéré. Autrement dit, l‘objet doit avoir un caractère propre ou individuel dans le
domaine créatif considéré.
La création doit remplir la condition d’apparence. Le domaine d’appropriation est limité aux seuls
éléments visibles. La forme doit être visible, apparente pour l’utilisateur final. Cette notion signifie
que le dessin et modèle doit être perceptible par la vue et non par le toucher. Ne sont pas non plus
protégeables les éléments dissimulés à l’intérieur d’un objet.
La création doit présenter un caractère ornemental ou esthétique. Le dessin et modèle doit
présenter un caractère esthétique et non pas purement utilitaire. Bien que la loi ne le mentionne
pas, il est acquis que, pour que la forme de l’objet soit protégée, elle doit avoir une valeur
attractive de clientèle, apporter un plus à l’objet commercial qui peut avoir une destination
industrielle voire une fonction utilitaire.
Attention, dans le cas où la création est purement utilitaire et ne poursuit aucun but ornemental ni
esthétique, l’article L511-8 prévoit qu’une telle création n’est pas protégeable sur le terrain des
dessins et modèles dès lors qu’elle est protégeable sur le terrain des brevets. En outre, dans le cas
où la création est à la fois utilitaire ou ornementale, on parle de forme fonctionnelle comme la
planche à voile dont la forme est imposée pour assurer une bonne flottaison. Si l’on peut dissocier
la forme ornementale de son résultat utilitaire, le cumul des protections est permis par la loi. Si les
deux sont indissociables, l’objet peut seulement être protégé à titre de brevet.
La condition de nouveauté est posée en droit des dessins et modèles par la loi française mais aussi
par la directive et par le règlement sur le dessin et modèle communautaire, à l’article 5.
En France selon l’article L511-3, la nouveauté existe si à la date du dépôt de la demande aucun
dessin ou modèle identique n’a été divulgué. Il n’est pas nécessaire de démontrer une activité
artistique. La nouveauté de la forme extérieure du produit s’entend de la différence par rapport à
l’état de l’art antérieur au dépôt. Ainsi le dépôt effectué à l’étranger constitue une antériorité.
Des dessins et modèles sont considérés comme identiques lorsque leurs caractéristiques ne
diffèrent que par des détails insignifiants. Ce contrôle s’impose aux offices comme aux juges. Un
dessin et modèle est différent de ses prédécesseurs s’il est nouveau de mémoire d’hommes sans
aucune limitation de temps ni même de territoire.
Il est acquis que la création doit produire sur l’utilisateur averti une impression visuelle globale
différente. Il n’est pas question d’imposer une analyse caractéristique par caractéristique du
produit en cause. Seule une appréciation d’ensemble est acceptable.
Pour autant la liberté de création n’est pas la même dans tous les secteurs d’activité, il convient
d’en tenir compte pour apprécier la condition de nouveauté. L’antériorité n’est opposable que si
elle a été divulguée, c’est à dire rendue accessible au public mais aussi raisonnablement connue
des professionnels du secteur concerné.
Comme en droit d’auteur la divulgation est donc l’acte qui rend la création accessible au public. Les
formes de la divulgation importent peu. La preuve de l’antériorité est toujours à la charge de celui
qui l’invoque pour contester la protection d’un dessin et modèle.
Un dessin et modèle doit-il être de surcroît original ? Avant la réforme de 2001 la jurisprudence a
fait un amalgame entre nouveauté et originalité et ainsi la Cour de Cassation a pu exiger du dessin
et modèle qu’il soit nouveau et qu’il exprime la personnalité de l’auteur. Après la réforme, cette
juridiction a cultivé l’ambiguïté. Frédéric Pollaud-Dulian fait justement observer que la condition
d’originalité découle de la notion même de création. Concrètement, il est vrai que l’on a du mal à
concevoir un dessin et modèle nouveau mais banal. Il reste que l’empreinte de la personnalité
n’est pas une condition de fond de la protection des dessins et modèles en France. Néanmoins la
preuve de cette condition peut servir à établir la nouveauté.
Il existe deux régimes de dépôt en France : le dépôt ordinaire et le dépôt simplifié qui bénéficie
aux industries qui renouvellent fréquemment la forme et le décor de leurs produits, article L512-2
du CPI. Le recours à la procédure du dépôt simplifié peut être fait auprès de l’INPI. Cette procédure
obéit à certaines formalités allégées. La présentation des reproductions est moins exigeante.
Surtout le dépôt simplifié est aussi moins coûteux que le dépôt ordinaire dont il est ici question. Le
dépôt du dessin ou modèle est reçu en France au siège de l’INPI pour l’obtention d’un titre
national.
Une demande d’enregistrement d’un dessin ou modèle communautaire peut être déposée auprès
de l’OHMI. Procédure nationale et européenne sont assez proches.
Après la période du dépôt vient celle de l’examen du dossier, examen effectué par l’office, suivant
une procédure propre à chaque office, il est possible pour le déposant autorisé sur requête de
corriger les erreurs matérielles relevées dans les documents déposés.
Une fois le dépôt effectué, l’office procède à un contrôle formel et de fond. En effet il pourra
rejeter le dépôt si la demande n’a pas été faite dans les conditions de forme réglementaire sous
réserve des irrégularités auxquelles il peut être remédié.
L’office pourra également rejeter le dépôt sur le fond s’il porte sur des dessins et modèles
contraires à l’ordre public et aux bonnes moeurs. En droit communautaire comme en droit
français, l’office s’assure en outre que l’objet de la demande répond à la définition d’un dessin ou
modèle mais il n’a pas pour mission d’apprécier les autres conditions de fond. Il ne se livre donc
pas à un examen des caractères créatif, ornemental, propre, il ne vérifie pas la nouveauté ni la
condition d’extériorité de la forme.
Lorsque le dépôt est recevable il est publié sur un registre mentionnant pour chaque dépôt
l’identité du titulaire ainsi que les éléments permettant l’identification du dessin ou modèle.
Toute inscription fait l’objet d’une mention au sein d’une publication officielle. L’OHMI inscrit le
dessin ou modèle au registre des dessins et modèles communautaires. Ensuite l’enregistrement est
publié par l’office dans un bulletin ouvert au public. En France la publication est faite au BOPI et le
dépôt est mentionné au Registre national des dessins et modèles. La publication marque une date
importante car l’action en contrefaçon n’est recevable qu’à partir du moment où le dépôt a été
publié.
Les décisions des offices peuvent faire l’objet de recours. Les recours contre les décisions de l’INPI
sont portés devant la Cour d’Appel du lieu de résidence de la personne qui a formé le recours.
Les recours contre les décisions de l’OHMI sont portés devant la Chambre des recours et peuvent
être formés dans les deux mois à compter du jour de la notification de la décision litigieuse.
L’absence de contrôle au fond dans le cadre d’une procédure d’opposition n’écarte pas toute
compétence de l’OHMI pour apprécier la validité post-dépôt du titre de propriété communautaire
ou unitaire.
En droit français l’article L512-4 a écarté la compétence de l’INPI et a prévu que la nullité peut
seulement être faite en justice à titre principal ou à titre reconventionnel. Le règlement a prévu
que dans le cadre d’une action en contrefaçon, la nullité d’un dessin ou modèle communautaire
non enregistré peut être prononcée par le tribunal national communautaire des dessins ou
modèles, en France le TGI de Paris. Mais si le dessin ou modèle est enregistré, l’article 24 du
règlement a prévu que la demande en nullité peut être formée au principal devant l’OHMI et dans
le cadre d’une action en contrefaçon à titre reconventionnel devant le tribunal national des dessins
ou modèles communautaires. La décision de l’OHMI est susceptible d’un recours.
Les causes de nullité du titre français comme les causes de nullités du titre unifié sont celles de
l’article 11 de la directive de 1998, cet article a été transposé à l’article L512-4 du code français et
on le retrouve à l’article 25 du règlement. Ces deux textes proposent une liste exhaustive des
causes de nullité relative et absolue.
Le non-respect des conditions de fond de validité des titres est sanctionné par la nullité absolue :
absence de caractère propre ou individuel, absence de nouveauté par exemple. Les causes de
nullité absolue sont celles qui peuvent être invoquées par tout intéressé. Elles sont identiques en
droit français et en droit européen unifié.
Les causes de nullité relative sont celles qui ne peuvent être invoquées que par une catégorie
limitée de personnes, en pratique celles qui détiennent une antériorité opposables et qui n’ont pas
donné une autorisation au déposant. Il existe 4 causes de nullité relative communes au droit
français et au droit européen unifié :
1) D’abord le dépôt effectué en violation des droits du créateur ou de l’ayant-cause, c’est à dire le
dépôt frauduleux permettant au créateur ou à l’ayant cause d’exercer une action en revendication
de propriété.
2) Ensuite la nullité en violation des droits d’un dessin ou modèle antérieur, divulgué après la date
de dépôt ou de priorité de la demande d’enregistrement. C’est à dire qu’il est possible de
demander la nullité en cas de conflits dans le temps entre la période de dépôt et la date de
divulgation du bien intellectuel. Deux hypothèses sont visées : celle où le dessin ou modèle déposé
est en conflit avec un dessin ou modèle antérieur divulgué après le dépôt ou après la date de
priorité du dessin ou modèle.
Celle où la priorité unioniste est revendiquée à une date antérieure correspondant à
l’enregistrement ou à la date du dépôt d’un dessin ou modèle dans un pays origine.
3) L’atteinte à un droit d’auteur antérieur et il s’agit ici de sanctionner l’utilisation d’une oeuvre
protégée sur le terrain du droit d’auteur. Dans ce cas, le dépôt constitue une reproduction non
autorisée de l’oeuvre antérieure.
4) Est aussi une cause de nullité relative, commune au droit français et au droit européen unifié,
l’atteinte à un signe distinctif antérieur. L’expression de signe distinctif recouvre les marques,
l’enseigne, le nom commercial, le nom de domaine ou encore la dénomination sociale, le conflit
peut surgir dès lors qu’un dessin déposé reproduit l’un de ses signes antérieurs qui ont été
appropriés par un tiers.
L’expression de signe distinctif recouvre les marques, l’enseigne, le nom commercial, le nom de
domaine ou encore la dénomination sociale, le conflit peut surgir dès lors qu’un dessin déposé
reproduit l’un de ses signes antérieurs qui ont été appropriés par un tiers.
S’agissant enfin des effets de la nullité, il est acquis que la décision du juge ou de l’OHMI
concernant les dessins ou modèles unitaires enregistrés porte sur l’ensemble du territoire
concerné. La nullité produit un effet rétroactif et le titre de propriété est tenu pour ne jamais avoir
existé emportant résolution des contrats qui ont pu être passés pour l’exploitation du bien.
C’est à cet égard que l’article L512-6 signale l’effet absolu de la décision d’annulation.
Toutefois l’effet absolu de la nullité n’affecte pas les décisions en contrefaçon ayant acquis autorité
de chose jugée avant la décision d’annulation et l’effet absolu de la nullité n’affecte pas non plus les
contrats conclus et exécutés antérieurement à la décision d’annulation. Il convient par ailleurs
d’indiquer que les effets de la nullité peuvent être partiels si les motifs de nullité n’affectent le
dessin ou modèle qu’en partie seulement. Dans ce cas le droit français et le règlement admettent
la possibilité de maintenir l’enregistrement sous une forme modifiée. Cela signifie que le titulaire
aura renoncé pour l’avenir à une partie de la protection jusque-là accordée.
C. Les stratégies de dépôts (INPI, OHMI, OMPI) ( question 8 )
En règle générale pour pouvoir être enregistré le dessin et modèle doit être nouveau et/ou
original. Les exigences et la définition du dessin ou modèle pouvant varier d’un pays à l’autre. La
procédure peut comprendre ou non un examen de fond en vue de déterminer la nouveauté et/ou
l’originalité de l’apparence du produit.
La durée de protection du titre est en règle générale de 5 ans et peut faire l’objet de
renouvellement pendant une durée maximum qui se situe entre 15 et 25 ans. La durée minimale
imposée par l’ADPIC est de 10 ans. Selon la législation, le dessin et modèle peut aussi être protégé
en tant qu’oeuvre d’art si le cumul de protection est possible sachant qu’il n’a pas été imposé par
le législateur européen.
A titre de rappel le dépôt peut se faire devant l’INPI pour l’obtention d’un titre national, devant
l’OHMI pour l’obtention d’un titre unitaire et aussi auprès de l’OMPI pour l’obtention de plusieurs
titres nationaux. Ce choix est stratégique pour le déposant, il choisira un ou plusieurs offices en
fonction des territoires sur lesquels il souhaite obtenir protection. Pour définir une stratégie il est
important de dresser un bilan de toutes les possibilités de protection. Au dépôt communautaire
s’ajoute la possibilité d’un dépôt national ou d’un dépôt international selon la procédure
centralisée.
A. Durée.
En droit franco-communautaire, l’enregistrement du dessin ou modèle confère un droit de
propriété industrielle sur les dessins ou modèles pendant une période de 5 ans renouvelables 4
fois par période de 5 ans dans la limite de 25 ans.
Cependant le dessin ou modèle peut aussi faire l’objet d’une protection pour une durée de 70 ans
post mortem sur le terrain du droit d’auteur. En vertu du principe de l’unité de l’art consacré par le
droit franco-communautaire les dessins ou modèles déposés sont également qualifiables d’oeuvres
de l’esprit protégés en cette qualité par le droit d’auteur. Le titulaire peut alors utiliser les deux
terrains pour protéger efficacement le dessin ou modèle.
B. Prérogatives.
On définira le contenu du droit de propriété en abordant d’abord la question non harmonisée du
cumul de protection puis nous allons définir les prérogatives du titulaire du dessin ou modèle
communautaire non déposé pour mieux distinguer ses prérogatives de celles attachées au dessin
ou modèle enregistré.
En France le cumul de protection est possible selon l’article L513-2 du CPI, les dessins ou modèles
sont protégeables par le droit d’auteur s’ils constituent des oeuvres de l’esprit en dépit de leur
destination industrielle.
Comme la règle du cumul est une mesure d’harmonisation facultative en Europe, les États
membres gardent toute latitude pour continuer comme l’Italie ou l’Allemagne à interdire le cumul
avec le droit d’auteur ou comme le Royaume-Uni à autoriser le cumul de la protection du design
non industriel sur le terrain du copyright. Il en résulte une grande insécurité juridique pour le
titulaire du dessin ou modèle.
Question 10 : La protection du dessin & modèle non déposé par le droit européen unifié
Le règlement 6/2002 du 12 décembre 2001 a prévu deux types distincts de protection des dessins
ou modèles communautaires selon qu’ils sont enregistrés ou non à l’OHMI.
La protection accordée à un dessin ou modèle non enregistré est caractérisée par le quarter. Il est
protégé pendant une période de 3 ans à compter de la date à laquelle il a été divulgué pour la
première fois au public au sein de l’UE.
Il peut s’agir de la date de la mise en vente du produit par des actions de marketing ou de
publication. Cette forme de protection peut être utile dans des secteurs qui utilisent d’importantes
quantités de dessins ou de modèles destinés à des produits qui ont souvent une vie économique
courte. C’est le cas dans le secteur de la mode et du textile par exemple.
Ces produits peuvent ainsi bénéficier d’un certain niveau de protection sans devoir passer par une
procédure plus longue.
Ensuite le degré de protection offert aux dessins ou modèles non enregistrés est moindre que le
degré de protection offert aux dessins et modèles enregistrés. En effet un titre enregistré est
protégé à la fois contre la copie systématique et contre le développement indépendant d’un dessin
ou modèle similaire. Tandis qu’un dessin ou modèle non enregistré est protégé uniquement contre
la copie systématique non autorisée effectuée à des fins commerciales.
L’action civile est ouverte à son déposant ou à son cessionnaire de même qu’au licencié exclusif
mais à condition que le propriétaire concédant n’ait pas réagi à la mise en demeure du licencié. Le
déposant peut agir en amont de l’action en contrefaçon pour violation du droit sur le dessin ou
modèle afin de se pré-constituer une preuve de l’infraction ou d’y mettre un terme. Il peut selon
l’article L512-4 adresser une requête au président du tribunal de grande instance en vue d’une
saisie-description ou d’une saisie-réelle des objets ou matériels contrefaisants.
En vertu de l’article L521-14, il peut également solliciter la retenue en douanes des marchandises
contrefaisantes.
Au pénal, les officiers de police judiciaire peuvent intervenir sur demande du déposant pour saisir
les produits ou matériels litigieux, cela est prévu à l’article L521-9.
A partir de la publication de l’enregistrement, le titulaire du dessin ou modèle pourra saisir le TGI
au civil et le Tribunal Correctionnel au pénal. La juridiction territorialement compétente étant
définie par décret. Le Tribunal administratif pourra être compétent si le défendeur est une
personne publique telle une université par exemple.
Toute action est bien entendue exclue pour des faits postérieurs à la durée de protection.