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Notes Du Cours de

Contentieux Administratif
L2 Droit

LA FONDATION
2023
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Introduction

Section. 1 L'objet du contentieux administratif

Un contentieux est formé par un ensemble de litiges se rapportant au même


objet. Le litige signifie la contestation entre prétentions opposées.

Le contentieux administratif désigne traditionnellement le litige qui oppose


un particulier à l'Administration. Le contentieux administratif renvoie en effet à
l'ensemble des litiges dont le règlement appartient aux juridictions
administratives.

Le contentieux administratif peut alors être défini comme l'étude des litiges
suscités par l'action administrative et réglés par les juridictions administratives
selon des procédures et des règles de fond essentiellement autonomes.

Section. 2 La conception organique du contentieux administratif congolais

Auparavant, dans le cadre de l'unique ordre judiciaire de l'époque, le


contentieux administratif congolais était défini d'un point de vue matériel comme
en Belgique, visant l'ensemble des litiges suscités par l'activité administrative et
réglés par tout juge.

Aujourd'hui le droit positif congolais s'est inspiré du modèle français où le


contentieux administratif a une définition organique. En effet, tout procès dont
l'Administration est susceptible de faire l'objet ou qu'elle peut engager devant le
juge judiciaire ne fait pas partie du contentieux administratif.

Section. 3 Le règlement des litiges administratifs autrement

Si le contentieux évoque plus précisément la notion de litige porté devant


une juridiction, le litige administratif ne se traite pas par le seul recours au juge.
L'Administration elle-même résout un grand nombre de litiges administratifs et
certains procédés empruntés au droit privé peuvent permettre aussi le règlement,
sans juge, d'un litige administratif. Toutefois, le contentieux administratif ou le

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droit du contentieux administratif ne s'intéresse pas aux procédures non


juridictionnelles de règlement des litiges administratifs.

Concrètement l'arbitrage, la transaction, les recours administratifs et la


médiation non juridictionnelle ne font pas partie directement de l'étude du
contentieux administratif.

Section. 4 L'ordre juridictionnel administratif

L'existence d'un droit public distinct d'un droit privé n'implique pas
nécessairement l'existence d'un ordre juridictionnel administratif distinct de
l'ordre juridictionnel judiciaire, tel fut le cas de la RDC entre 1968 et 2006.

La Constitution institue en son article 154 un ordre de juridictions


administratives. Par ailleurs l'article 149 alinéa 6 de la même Constitution donne
possibilité au législateur national de créer des juridictions spécialisées.

En application de ces dispositions Constitutionnelles l'article 2 de la loi


organique du 15 octobre 2016 portant organisation, compétence et
fonctionnement des juridictions de l'ordre administratif1, précise que l'ordre
juridictionnel administratif comprend d'une part des juridictions de droit
commun et d'autre part des juridictions spécialisées.

Les juridictions administratives de droit commun sont le Conseil d'Etat, les


Cours administratives d'appel et les tribunaux administratifs, qui peuvent être
qualifiées de juridictions administratives à compétence générale.

En revanche les juridictions administratives spécialisées sont créées ou


simplement organisées, en vertu de l'article 149 alinéa 6 de la Constitution, par
des lois particulières en dehors de la loi organique du 15 octobre 2016 sus
évoquée. Tel est le cas de la Cour des comptes (nature hybride, service public
administratif et juridiction), créée par la Constitution et organisée par une loi
organique comme juge des comptes des comptables publics, c'est-à-dire comme
juge administratif spécialisé.

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Lien de téléchargement :
https://legalrdc.com/wp-content/uploads/2020/01/Loi_sur_les_Juridictions_administratives.pdf

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Section. 5 Les sources du droit du contentieux administratif

En droit du contentieux administratif il y a application de règles de fond et


de procédure. S'agissant des règles de fond, elles font référence aux sources
formelles du droit administratif. Par sources formelles on entend les procédés de
création du droit et les actes dont le contenu a une portée juridique2. Les sources
formelles sont soit à portée générale et abstraite soit à portée limitée.

Les sources formelles à portée générale sont hiérarchisées3 et énumérées à


l’article 87 de la loi organique sur les juridictions de l’ordre administratif4. Elles
se présentent de la manière suivante :
 La Constitution ;
 Les traités et accords internationaux ;
 Les actes législatifs (lois, actes ayant force de loi et édits) ;
 La coutume locale dans son domaine d’application, reconnu par la
Constitution et les lois de la République ;
 Les principes généraux du droit, qui ne peuvent être, en soi, contraires ni à
la Constitution ni à la loi ;
 Les décisions règlementaires des autorités administratives (les règlements
administratifs).

Parmi les sources formelles à portée limitée nous avons :


 Les actes administratifs non réglementaires (actes individuels, actes collectifs
et actes particuliers);
 Les actes de justice ;
 Et les actes authentiques en forme exécutoire5.

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Les sources formelles renvoient non seulement aux actes à portée générale et abstraite, qui encadrent, par la suite,
l’édiction des actes individuels et la conclusion des contrats administratifs, mais également aux actes de portée
limitée, comme les actes individuels, les contrats administratifs et les décisions de justice, qui qui sont eux aussi
producteurs de droit, car ils modifient l’ordonnancement juridique, en ce qu’ils s’imposent tant à leurs auteurs qu’à
leur destinataire. Lire à cet effet, F. VUNDUAWE te PEMAKO et J.M. MBOKO DJ’ANDIMA, Traité de droit administratif
de la République du Congo, 2e éd, Bruxelles, Bruylant, 2020, p. 194.
3
L’ordre hiérarchique de ces sources formelles à portée générale et abstraire dans l’ordre juridique interne de l’Etat
est déterminé par la force juridique de chacune d’entre elles. Ibidem, pp. 207-208.
4
Une partie de sources formelles à portée générale et abstraite est énumérée par l’article 153 al. 4 de la Constitution.
5
F. VUNDUAWE te PEMAKO et J.M. MBOKO DJ’ANDIMA, op.cit., pp. 263-268.

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Sur le plan de procédure, le contentieux administratif a plusieurs sources


suivant une approche typologique: les règles de source constitutionnelle, de
source législative, de source réglementaire ou de source jurisprudentiel.

 S'agissant des règles de source constitutionnelle : l'on doit recourir au


texte de la Constitution car en droit congolais, Constitution et
constitutionnalité coïncident parfaitement.

Exemple : Les articles 19 et 61 point 5 de la Constitution portent sur le droit de


la défense; l'article 20 de la Constitution sur la publicité des audiences; l'article
21 alinéa premier de la Constitution porté sur le caractère écrit et la motivation
du jugement.

 S'agissant des règles de source législative : on doit se référer à la loi


organique du 15 octobre 2016 sur les juridictions de l'ordre administratif
mais aussi sur les lois particulières régissant les juridictions administratives
spécialisées.

 Quant aux règles de sources réglementaire : il y a notamment l'ordonnance


présidentielle du 22 août 2016 n° 16-070 portant dispositions relatives au
statut particulier des membres de la Cour constitutionnelle6 en ce qui
concerne spécialement le conseil de discipline y organisé ; mais aussi des
décrets du premier ministre fixant les ressorts et les sièges ordinaires des
cours administratives d'appel et des tribunaux administratifs.

 En ce qui concerne les règles de source jurisprudentielle : il importe de


noter que le juge administratif congolais, comme tout juge, a un large pouvoir
d'interpréter des textes applicables au cas d'espèce. En cas de carence du
législateur, le juge administratif peut aussi faire une œuvre palliative en vue
de résoudre un litige par l'élaboration et l'application dans le cas d'espèce
d'un principe général de droit. Dans ce contexte la jurisprudence
administrative congolaise peut jouer un double rôle :

 Un rôle d'interprétation en vue de préciser le sens des dispositions législatives


et réglementaires régissant la justice administrative et le procès administratif;

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Lien de téléchargement : http://droitcongolais.info/files/158.08.16-Ordonnance-du-22-aout-2016_Cour-
constitutionnelle_membres.pdf

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 Un rôle de suppléance lorsque les textes sont lacunaires en vue de combler


les vides juridiques (législatifs) constaté.

Section. 6 La plan sommaire de l'enseignement

Schématiquement le cours est subdivisé en deux parties :

 Partie 1. Les juridictions administratives de droit commun ;


 Partie 2. Les juridictions administratives spécialisées.

Dans la première partie quelques questions seront abordées, à savoir :

 L'histoire de la juridiction administrative de droit commun ;


 L'organisation et la compétence des juridictions administratives de droit
commun ;
 La structure du contentieux administratif ;
 L'instance devant les juridictions administratives de droit commun ;
 Le jugement.

Dans la seconde partie seront abordées les questions suivantes :

 La création des juridictions administratives spécialisées ;


 La Cour des comptes;
 Les juridictions disciplinaires de certaines catégories d'agents publics;
 Les juridictions ordinales ou les juridictions au sein des ordres
professionnels.

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Partie 1. Les juridictions administratives de droit commun

Titre.1 L'histoire de la juridiction administrative de droit


commun

L'Etat indépendant du Congo avait disposé d'un conseil supérieur créé par
décret du roi souverain. Ce conseil supérieur fut à la fois une Cour d'appel, une
Cour de Cassation et un Conseil d'Etat. En tant que Conseil d'Etat, la Conseil
Supérieur ne jouait simplement que le rôle de conseiller du roi souverain dans la
rédaction des textes, à l'instar du conseil d'Etat français de l'époque qui n'était
pas encore une juridiction avant la réforme de 1872.

La Belgique et le Congo belge n'ont eu de juridictions administratives de


droit commun qu'après l'institution du Conseil d'Etat de Belgique en 1946.

Chapitre. 1 Le Conseil d'Etat de Belgique en qualité de juridiction congolaise

En 1958, la loi du 23 décembre 1946 portant création du Conseil d'Etat de


Belgique fut modifiée pour étendre la compétence territoriale de ce Conseil d'Etat
au Congo-belge. De la sorte le Conseil d'Etat de Belgique est devenu aussi le
Conseil d'Etat du Congo-belge pour traiter du contentieux d'excès de pouvoir des
actes des autorités administratives coloniales et pour régler le contentieux de la
réparation des préjudices causés par l'administration publique coloniale.

Après l'indépendance du Congo, la Loi Fondamentale du 19 mai 1960


relative aux structures de l'Etat a maintenu transitoirement la compétence de ce
Conseil d'Etat de Belgique au Congo. Mais les difficultés connues dès
l'indépendance, qui ont provoqué entre autres la rupture des relations
diplomatiques entre le royaume de Belgique et le Congo n'ont plus permis au
Conseil d'Etat de Belgique de jouer ce rôle de juge administratif de transition au
Congo.

Concrètement le Congo n'a pas eu de juridiction administrative de droit


commun entre 1960 et janvier 1969 avec l'installation officielle de la Cour
suprême de justice avec sa section administrative.

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Chapitre. 2 Les premières juridictions administratives congolaises après


l'indépendance

Après l'installation officielle de la Cour suprême de justice avec sa section


administrative, la RDC (de 1969) avait eu sa première juridiction administrative
de droit commun. Par la suite il y a eu installation de la Cour d'appel de Kinshasa,
de Lubumbashi et de Kisangani avec leurs sections administratives qui doivent
être également considérées comme juridictions administratives de droit de droit
commun dans le cadre de l'unique ordre judiciaire de l'époque. Finalement
chaque province a disposé dans son chef-lieu d'une Cour d'appel avec sa section
administrative.

À Kinshasa, tenant compte de la démographie galopante, la Cour d'appel a


été réorganisée pour finalement avoir deux cours d'appels à Kinshasa (une pour
Kinshasa/matete et une autre pour Kinshasa/gombe) avec leurs sections
administratives.

Aujourd'hui la République a déjà installé le Conseil d'Etat mais les Cours


d'appels sans sections jouent le rôle de juges administratifs de transition.

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Titre. 2 L'organisation et la compétence des juridictions dont de


droit commun

C'est devant le Conseil d'Etat, les Cours administratives d'appel, et les


tribunaux administratifs que les litiges administratifs sont portés, à moins qu'un
texte ne désigne expressément une juridiction administrative spécialisée.

Ces juridictions administratives de droit commun font partie du pouvoir


judiciaire de l'Etat (art. 149 al. 2 de la Constitution).

Chapitre. 1 Les éléments commun d'organisation et de fonctionnement des


juridictions administratives de droit commun

En dehors des règles particulières, de nombreux traits commun


caractérisent l'organisation et le fonctionnement des juridictions administratives
de droit commun.

Section.1 L'indépendance organique et fonctionnelle

Comme pour tout le pouvoir judiciaire, la juridiction administrative est


indépendante des deux pouvoirs actifs de l'Etat, à savoir le pouvoir exécutif et le
pouvoir législatif. Cette indépendance est conçue à la fois du point de vue
organique et du point de vue fonctionnel.

L'indépendance organique des juridictions administratives s'affirme par le


fait que les juges administratifs sont aussi régis par le statut des magistrats fixé
en vertu de l'article 150 alinéa 3 de la Constitution. Elle est en outre affirmée par
le fait que le Conseil supérieur de la magistrature, composé uniquement de
magistrats, est l'organe de gestion de tout le pouvoir judiciaire.

En revanche, l'indépendance fonctionnelle s'affirme par des interdictions


faites aux deux pouvoirs actifs de l'Etat d'interférer dans l'action juridictionnelle
des juridictions administratives de manière générale. Ces deux pouvoirs actifs ne
peuvent ni censurer les décisions du juge ni donner des injonctions ou se
substituer au juge (art. 151 de la Constitution).

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Section. 2 L'organisation selon le modèle des juridictions judiciaires

Contrairement à l'organisation unitaire des juridictions administratives


françaises de droit commun, les juridictions administratives congolaises de droit
commun sont organisées sur le modèle des cours et tribunaux de l'ordre
judiciaire à l'instar de l'organisation du Conseil d'Etat de Belgique qui comprend
deux corps distincts : un organe de décision, le Conseil proprement dit, et un
organe d'instruction, qui est l'auditorat.

Les juridictions administratives de droit commun siègent dans tous les cas
avec le concours du ministère public. En effet le parquet près chaque juridiction
administrative congolaise de droit commun est le ministère public, lequel assiste
à toutes les audiences de la juridiction administrative et intervient dans
l'instance par voie d'avis.

Dans l'exercice de cette mission, l'officier du ministère public expose, comme


le rapporteur public en France ou l'auditeur en Belgique, publiquement et en
toute indépendance son opinion sur les questions que les requêtes présentent à
juger et les solutions qu'elles appellent.

Section. 3 La structure interne des juridictions administratives de droit


commun

Toutes les juridictions administratives congolaises de droit commun sont


appelées à exercer une double fonction : Une fonction consultative et une fonction
contentieuse. Par conséquent chaque juridiction administrative congolaise de
droit commun comprend une section consultative et une section du contentieux.

La section consultative donne des avis motivés, c'est-à-dire joue le rôle de


conseiller juridique des pouvoirs publics. La section consultative du conseil
d'Etat donne ses avis au pouvoir central, la section consultative de la Cour
administrative d'appel donne des avis aux provinces et aux autorités de la ville
de Kinshasa, et la section consultative du tribunal administratif donne des avis
aux autorités des entités territoriales décentralisées ainsi qu'à l'administrateur
de territoire (autorité déconcentrée d'Etat).

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En revanche, la section du contentieux de chaque juridiction administrative


de droit commun est le vrai juge administratif, c'est-à-dire joue ou exerce les
attributions juridictionnelles confiées à la juridiction en question.

Section. 4 Les ressorts et les sièges des juridictions administratives de droit


commun

Le siège du conseil d'Etat est situé à Kinshasa, capitale de la République,


tandis que son ressort s'étend sur l'ensemble du terrain national.

Les Cours administratives d'appel et les tribunaux administratifs sont


désignés sous le nom du lieu où ils ont leur siège. La Cour administrative d'appel
est installée dans le ressort d'une province et de la ville de Kinshasa. Toutefois il
peut être créé plusieurs Cours administratives d'appel dans le ressort d'une
province et dans la ville de Kinshasa.

Le tribunal administratif est installé dans chaque ville et dans chaque


territoire. Toutefois il peut être créé plusieurs tribunaux administratifs dans la
ville de Kinshasa.

Concrètement le ressort et le siège ordinaire de chaque Cour administrative


d'appel et de chaque tribunal administratif sont fixés par décret du premier
ministre délibéré en conseil de ministres.

Section. 5 Autres personnels des juridictions administratives de droit


commun

En dehors des magistrats de l'ordre administratif, de siège et de parquet, le


personnel d'une juridiction administrative de droit commun comprend : les
agents du greffe ; les agents des secrétariats des parquets et les huissiers de
justice.

Tous ces agents sont régis par la loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant
statut des agents de carrière des services publics de l’Etat7, c'est-à-dire que ce
sont des fonctionnaires relevant du pouvoir central.

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Lien de téléchargement : http://droitcongolais.info/files/143.07.16-Loi-du-15-juillet-2016_Statut-du-personnel.pdf

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 Le greffier : assiste la juridiction, il assiste le juge dans les actes et procès-


verbaux de son ministère; il signe les actes avec le juge; il écrit ce qui est
prononcé ou dicté par le juge; il conserve les minutes, les registres et tous les
actes afférents à la juridiction; il délivre les grosses, expéditions et extraits
des jugements et ordonnances.

 Les huissiers : sont chargés du service intérieur des juridictions


administratives de droit commun et de la signification (dépôt), notification
des exploits.

 Le secrétariat du parquet : tient et met à jour les registres, il en assure la


garde et la conservation des archives.

Section.6 Les vacances et les rentrées judiciaires

Comme en France ou en Belgique, les juridictions administratives de droit


commun prennent chaque année des vacances qui sont mises à profit pour les
congés de reconstitution.

Ces vacances commencent le 15 août et se terminent le 15 octobre de


chaque année. Pendant les vacances judiciaires, les audiences ne sont organisées
que pour le jugement des causes déclarées urgentes par les chefs de juridictions
ou pour le prononcé des arrêts et jugements en état.

Le 30 octobre de chaque année, le conseil d'Etat se réuni en audience


solennel et publique de rentrée judiciaire. À cette audience solennel et publique,
le premier président du Conseil d'Etat prononce son discours de rentrée
judiciaire, le procureur général une mercuriale et le bâtonnier du barreau près
le Conseil d'Etat une allocution.

Le 15 novembre de chaque année, une audience similaire de rentrée est


organisée au niveau de chaque Cours administratives d'appel.

Chapitre. 2 Le Conseil d'Etat

Le Conseil d'Etat est la plus haute juridiction de l'ordre administratif. Il est


en quelques sorte la Cour supérieure de l'ordre des juridictions administratives.

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Le Conseil d'Etat dispose d'une présidence assurée par le premier président


du Conseil d'Etat, dispose d'un bureau composé du premier président, du
procureur général, des présidents sections et des chambres et des premiers
avocats généraux. Ce bureau joue le rôle d'organe de réflexion et de décision mis
à la disposition premier président et du procureur général pour la gestion
efficiente et harmonieuse du Conseil d'Etat et des autres juridictions
administratives de droit commun. Toutefois le bureau n'a pas de compétence
juridictionnelle.

Le Conseil d'Etat est structuré en deux sections: une section consultative et


une section du contentieux. Chaque section comprend plusieurs chambres,
six chambre pour la section du contentieux et trois chambres pour la
section consultative.

Le Conseil d'Etat siège en chambre ordinaire à 3 juge, à l'exception du


Conseil d'Etat jouant le rôle de juge de référé. Dans ce dernier cas il siège avec
un seul juge. La composition du siège est fixée par ordonnance du premier
président.

Le Conseil d'Etat a plusieurs attributions: attributions contentieuses et


attributions consultatives.

S'agissant des attributions contentieuses : exercées par la section du


contentieux. Le Conseil d'Etat statue soit en premier et dernier ressort soit
comme juge d'appel soit comme juge de cassation soit exerçant des compétences
spéciales.

 En premier et dernier ressort : le Conseil d'Etat connaît des recours en


annulation des actes ou décisions des autorités administratives du pouvoir
central, des demandes d'indemnités relatives à la réparation d'un dommage
exceptionnel, des actions en responsabilité pour durée excessive de la
procédure devant une juridiction administrative ;
 Comme juge d'appel : le Conseil d'Etat connaît des recours formés contre les
arrêts rendus au premier degré par les Cours administratives d'appel ;
 Comme juge de cassation : le Conseil d'Etat connaît des pourvois en
cassation formés contre les arrêts, jugements et décisions rendus au second
degré ou en dernier ressort par les juridictions administratives ;

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 Quant aux compétences spéciales du Conseil d'Etat : le Conseil d'Etat


peut connaître des demandes en révision, des prises à parties des magistrats
de l'ordre administratif et des règlements de juges (art. 88 point 1, 2 et de la
L.O sur les juridictions de l'ordre administratif).

 S'agissant de la révision : la demande en révision tend à obtenir du Conseil


d'Etat qu'il se prononce sur un litige déjà jugé par une juridiction
administrative de droit commun.

Il doit s'agir ici d'une décision contradictoire passée en force de chose jugée
pour les cas ci-après :

1) Soit que cette décision a été rendue sur pièce reconnue ou déclarée fausse;
2) Soit que la partie a succombé faute d'avoir produit une pièce décisive qui
était retenue par le fait de son adversaire;
3) Soit si la décision est intervenue en violation des règles relatives à la
composition de la formation des jugements, à la tenue des audiences ou à
la forme et au prononce de la décision.

Si le Conseil d'Etat estime le recours en révision fondé, il annule la décision


attaquée.

 S'agissant de la prise à partie : tout magistrat de l'ordre administratif peut


être pris à partie en cas de dol ou de concussion commis soit dans le cours
de l'instruction soit lors de la décision rendue ou en cas de déni de justice.

La procédure en matière de prise à partie est définie aux articles 392 et 393
de la L.O sur les juridictions de l'ordre administratif. L'Etat est civilement
responsable des condamnations aux dommages-intérêts prononcées à charge
du magistrat fautif sans préjudice de l’action récursoire de l'Etat contre ce
dernier (article 394 de la L.O sur les juridictions de l'ordre administratif).

 Quant au règlement des jugements : cette procédure constitue un remède


aux situations de déni de compétence ou d'impasses dans lesquelles les
justiciables peuvent se trouver lorsque deux ou plusieurs juridictions de
l'ordre administratif se déclarent en même temps soit compétentes soit
incompétentes pour connaître d'une demande initiée par les mêmes parties.

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À l'issue de cette procédure le Conseil d'Etat désigne la juridiction


administrative compétente.

Chapitre. 3 Les Cours administratives d'appel

En attendant l'installation des Cours administratives d'appel, les Cours


d'appel de l'ordre judiciaire jouent le rôle de juge administratif de transition.

Les Cours administratives d'appel sont instituées pour jouer le rôle de juge
d'appel des jugements rendus en premier ressort par les tribunaux
administratifs.

Ces Cours ont également reçu une partie des anciennes attributions des
anciennes sections administratives et judiciaires des anciennes Cour d'appel de
l'époque. En effet les Cours administratives d'appel sont juges, en premier
ressort, du contentieux de l'excès de pouvoir contre les actes et décisions des
autorités administratives provinciales.

Elles sont également compétentes comme juge, en premier et dernier ressort


du contentieux fiscal d'assiette, c'est-à-dire des recours contre les décisions de
l'administration fiscale à la suite des réclamations des contribuables. Comme le
Conseil d'Etat, toute Cour administrative d'appel comprend deux sections, une
section consultative et une section du contentieux, afin de donner des avis
motivés en direction des autorités provinciales et de trancher les litiges de la
compétence de la Cour administrative d'appel.

Ces compétences sont énumérées aux articles 94 à 101 de la L.O organique


sur les juridictions de l'ordre administratif.

Chapitre. 4 Les tribunaux administratifs

Le tribunal administratif est en premier ressort le juge de droit


commun du contentieux administratif. En effet tout contentieux administratif
dont la connaissance n'aura pas été expressément attribuée à une autre
juridiction administrative relève de la compétence de la section du contentieux
du tribunal administratif (article 104 al. 5 de L.O sur les juridictions de l'ordre
administratif).

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Tout tribunal administratif comprend une section consultative et une


section du contentieux.

La section consultative joue le rôle de conseiller juridique, d'interprète


officiel des textes à l'échelon local ( ETD et le territoire). La section du contentieux
du tribunal administratif est juge du contentieux de l'annulation des actes et
décisions des autorités administratives à l'échelon local.

Elle est aussi juge du contentieux de l'indemnité ou de la responsabilité de


l'administration, également juge du contentieux des contrats administratifs,
également juge du contentieux des élections administratives ( élection des
recteurs d'universités par exemple), juge de tous les litiges d'ordre individuel
intéressant les fonctionnaires et autres agents des services publics, juge du
contentieux fiscal de recouvrement ou du contentieux de poursuite en
recouvrement, il est égal juge du contentieux de désignation au sein des ordres
professionnels.

Le tribunal administratif joue également, à travers sa section du


contentieux, le rôle de juge de l'exécution des jugements et arrêts des juridictions
administratives congolaises, et juge de l'exequatur des jugements et arrêts des
juridictions administratives étrangères et des sentences arbitrales en matière
administrative (article 104 et suivants de la loi organique sur les juridictions de
l'ordre administratif).

La compétence territoriale de chaque tribunal administratif est déterminée


selon le cas par les articles 105, 107 et 109 à 116 de la L.O sur les juridictions
de l'ordre administratif.

Le critère de détermination du tribunal administratif compétent


territorialement peut être le lieu du fait générateur du dommage, le lieu du siège
de l'autorité administrative qui avait pris la décision attaquée, le lieu d'exécution
du contrat administratif, le lieu d'affectation du fonctionnaire ou le lieu
d'implantation de l'immeuble objet du litige.

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Titre.3 La structure du contentieux administratif

Dans un effort de systématisation, la doctrine a établi deux classifications


des différents types de contentieux administratifs.

Il y a d'abord la classification formelle ou formaliste (par Edouard Laferrière),


fondée sur le critère des pouvoirs du juge, laquelle distingue le contentieux de
l'annulation pour excès de pouvoirs des contentieux de pleine juridiction. D'autre
part une classification matérielle (par Léon Duguit), fondée sur le critère tenant
à la question de droit posée au juge, distingue les contentieux objectifs des
contentieux subjectifs.

Ces deux classifications ne s'opposent pas, elles sont plutôt


complémentaires. Néanmoins la différence entre l'objectif et le subjectif permet
d'expliquer les principes attachés à l'autorité de la chose jugée. L'autorité est
absolue dans le cadre du contentieux objectif (erga omnes), tandis qu'elle est
relative dans le cadre d'un contentieux subjectif ( inter alios).

Suivant le droit positif congolais, la structure du contentieux administratif


congolais regroupe les branches ci-après :

 Le contentieux de l'excès de pouvoir ;


 Le contentieux de pleine juridiction ;
 Le contentieux mixte de pleine juridiction ;
 Le contentieux de la responsabilité pour préjudice exceptionnel ;
 Le contentieux de la déclaration;
 Le contentieux de la répression ;
 Les contentieux au fond soumis à des règles spécifiques de procédure.

Chapitre. 1 Le contentieux de l'excès de pouvoir

Section. 1 La notion de contentieux de l'excès de pouvoir

Le recours pour excès de pouvoirs est apparu dans la jurisprudence du


Conseil d'Etat français au début du 19e siècle, à partir des années 1820. Ce type
de recours constitue un progrès considérable de l'Etat de droit légal car ce
recours permet la contestation de tout acte administratif unilatéral pour raison
d'irrégularité juridique.

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On est en présence d'un recours pour excès de pouvoirs que si le


requérant ne demande pas au juge administratif autre chose qu'une
annulation. L'office ou le pouvoir du juge administratif, dans le cadre de ce
contentieux, se limite à annuler l'acte administratif contesté comme sanction
d'illégalité ou à rejeter la requête dans le cas contraire parce qu'il n'y a pas
illégalité.

L'annulation d'un acte administratif unilatéral entraîne sa disparition


rétroactive, c'est-à-dire ab ovo, de orgine, ab initio, ex tunc. Néanmoins l'acte
contesté peut être divisible, dans ce cas le juge administratif peut se contenter
d'une annulation partielle.

En droit comparé, le système juridique de beaucoup de pays de l'Union


européenne, notamment la France et la Belgique, ont introduit le mécanisme de
modulation des effets de l'annulation. En effet le juge administratif peut
moduler dans le temps les effets de l'annulation dans le souci de trouver un
équilibre entre le principe de légalité et le principe de sécurité juridique.

Section. 2 Les caractères de l'acte administratif attaquable

L'acte administratif attaquable par un recours pour excès de pouvoirs doit


émaner d'une autorité administrative. L'acte administratif attaquable doit être
un acte juridique de l'autorité administrative.

Cet acte juridique doit être un acte unilatéral de l'autorité administrative,


c'est-à-dire on doit exclure du contentieux de l'excès de pouvoir les actes
bilatéraux (contrats administratifs). Néanmoins dans les contrats administratifs
on doit faire la part des choses entre les clauses du contrat et les actes
détachables du contrat administratif.

Les actes détachables du contrat administratif sont des actes unilatéraux


attaquables devant le juge administratif de l'excès de pouvoir.

Les actes administratifs unilatéraux attaquables devant le juge administratif


de l'excès de pouvoir doivent avoir un caractère décisoire, c'est-à-dire des
décisions administratives (pouvant affecter l'ordonnancement juridique, faire
grief). Dans ces conditions il faut exclure les actes administratifs unilatéraux non

La Fondation
18

décisoires, tels que les actes préparatoires, les actes déclaratifs, les mesures
d'ordre intérieur et même les actes de droit souple ou de droit mou ( tels que les
recommandations, conseils, des actes ne pouvant porter préjudice aux
administrés).

En droit positif congolais l'acte administratif attaquable se retrouve dans le


groupe de mots « actes, règlements et décisions » des autorités administratives.
Dans cette expression le mot acte renvoie à l'acte individuel tandis que le mot
règlement désigne tout naturellement tout acte unilatéral de l'Administration qui
crée des règles juridiques générales et impersonnelles. Le mot décision est un
terme générique des actes administratifs dérisoires. La décision peut prendre
diverses formes : prescription, autorisation, agrément, suspension,
interdiction, révocation, etc.

L'acte de gouvernement ou l'acte dit de gouvernement est aussi un acte


juridique administratif. Dans le système français certains actes
administratifs sont considérés comme des actes de gouvernement pour
échapper à la compétence du juge administratif de l'excès de pouvoir. Si à
l'origine le droit français justifiait ce type d'acte par la théorie du mobile politique,
aujourd'hui le domaine des actes de gouvernement se limite à une liste
comprenant deux séries de mesures :

 D'une part les actes concernant les rapports de l'exécutif avec le parlement ;
 Et d'autre part les actes qui se rattachent directement aux relations de la
France avec les puissances étrangères ou avec les organismes
internationaux.

S'inspirant du droit français, alors que le droit belge n'admet pas la notion
d'acte de gouvernement considéré comme contraire à l'esprit de l'Etat de droit, le
droit congolais de l'époque avait reconnu à la Cour suprême de justice, en sa
section administrative, le pouvoir souverain d'apprécier parmi les actes du
gouvernement lesquels échapperaient à son contrôle (art. 87 al. 2 du COCJ).

Ce pouvoir souverain a pu conduire la Cour suprême de justice à des


décisions se traduisant à des situations de déni de justice, tel est le cas de l'arrêt
du 26 septembre 2001 dans l'affaire de révocation de 315 magistrats.

La Fondation
19

Aujourd'hui la loi organique du 15 octobre 2016 sur les juridictions de


l'ordre administratif ne fait plus allusion à la notion d'actes de gouvernement.

Section. 3 Les moyens d'ouverture du recours de l'excès de pouvoir

D'emblée il importe de souligner que la conformité au droit d'un acte


administratif unilatéral s'apprécie au jour où l'acte en question a été pris, c'est-
à-dire in illo tempore non suspecto.

Le requérant qui saisit le juge administratif de l'excès de pouvoir doit


s'efforcer de le convaincre du bienfondé de ses prétentions (conclusions) en
invoquant différents moyens de fait et de droit de nature à justifier ses
prétentions.

Les moyens d'ouverture du recours pour excès de pouvoirs sont énumérés


à l'article 85 alinéa 3 de la loi organique sur les juridictions de l'ordre
administratif. Ils peuvent être regroupés en moyens d'illégalité égalité externe et
en moyen d'illégalité égalité interne.

L'illégalité externe à l'acte administratif unilatéral ressemble 3 types


d'irrégularités :

 Premièrement l'incompétence de l'auteur de l'acte: cette incompétence


s'apprécie en raison de la matière (incompétence ratione materiae), en raison
du lieu (incompétence ratione loci) ou encore en raison du temps
(incompétence ratione tempororis) ;

 Deuxièmement les vices de forme qui constituent des cas de violations


des formes substantielles dans l'élaboration des actes administratifs
unilatéraux : Tel est le cas du non-respect du mode d'expression juridique
d'une autorité administrative, du non-respect du contreseing prescrit ou de
la non motivation d'une décision individuelle défavorable. Toutefois la
violation des formalités accessoires n'affecte pas la légalité ou la
régularité de l'acte administratif unilatéral, tel est le cas des visas ;

 Troisièmement les vices de procédure qui sont des défauts quant à la


procédure d'adoption des actes administratifs unilatéraux : Il y a vice de

La Fondation
20

procédure lorsqu'une procédure obligatoire n'a pas été suivie dans l'édiction
d'une acte administratif unilatéral.

Exemple : Absence de délibération en conseil des ministres; l'absence de


consultation préalable imposée par un texte.

En revanche l'illégalité interne à l'acte administratif unilatéral vise le


contenu même de l'acte administratif et regroupe 4 types de moyens d'annulation
:

 Premièrement la violation de la règle de droit : c'est-à-dire le non-respect


ou la non-conformité de l'acte administratif attaqué à une source formelle de
droit administratif. On peut rappeler que les sources formelles dans
l'ordonnancement juridique se trouvent dans une hiérarchie de normes, une
règle inférieure ne peut être valide que si elle est conforme à une règle
supérieure dans cette hiérarchie ;

 Deuxièmement l'illégalité quant aux motifs de droit: cette illégalité vise la


prise d'un acte administratif unilatéral en dehors du champs d'application de
la loi, le défaut de base légale et l'erreur de droit traduite par soit une fausse
application ou une fausse interprétation de la loi ;

 Troisièmement l'illégalité tenant aux motifs de fait: cette illégalité renvoie


à l'inexactitude matérielle des faits justifiant la prise de l'acte administratif
unilatéral attaqué ou la mauvaise qualification juridique des faits pourtant
réels ayant justifié la prise de l'acte administratif unilatéral attaqué ;

 Quatrièmement le détournement de pouvoir ou de procédure : il y a


détournement de pouvoir lorsque l'auteur de l'acte administratif unilatéral
attaqué a poursuivi un but autre qu'un but d'intérêt général ou dans un but
d'intérêt général autre que celui qu'il aurait poursuivi en vertu de ses
pouvoirs.

Il y a détournement de procédure lorsque l'auteur de l'acte administratif


unilatéral attaqué a utilisé une procédure autre que celle qu'elle aurait dû
suivre.

La Fondation
21

Exemple : L'utilisation de la procédure de réquisition par une autorité


administrative alors que le cas d'espèce nécessite l'utilisation de la procédure
d'expropriation pour cause d'utilité publique (dans le cas de l'acquisition forcée
des biens).

Section. 4 La censure des actes administratifs par d'autres juges

Le juge judiciaire a un certain pouvoir de contrôle sur les actes


administratifs réglementaires. Il en est de même du juge constitutionnel.

Sous-section 1. La censure indirecte par le juge judiciaire

Suivant l'article 153 alinéa 4 de la Constitution les cours et tribunaux civils


et militaires n'appliquent les actes réglementaires que pour autant qu'ils soient
conformes aux lois, c'est-à-dire à l'ensemble des sources formelles à portée
générale et abstraite.

Ce contrôle indirecte de légalité, à travers la procédure d'exception


d'illégalité ou même d'office, vise à écarter l'application de l'acte réglementaire
jugé illégal dans le cadre d'un procès devant le juge judiciaire.

La décision du juge judiciaire n'a pas pour effet de mettre à néant l'acte
réglementaire déclaré illégal mais simplement d'écarter son application
dans le procès en cours.

Sous-section 2. La censure directe par le juge constitutionnel

Le juge constitutionnel est compétent pour déclarer non conforme à la


Constitution un règlement administratif. Il peut le faire sur recours direct de
toute personne, physique ou morale (art. 162 al. 2 de la Constitution). Toutefois
un tel recours d'inconstitutionnalité d'un acte réglementaire n'est recevable que
s'il est formé dans les 6 mois suivant la publication du règlement au journal
officiel ou suivant la date de sa mise en application (art. 50 al. 1 de la loi
organique sur la Cour constitutionnelle8).

8
Lien de téléchargement : http://droitcongolais.info/files/152.10.13-Loi-organique-du-15-octobre-2013_Cour-
constitutionnelle.pdf

La Fondation
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Le juge constitutionnel peut également contrôler la constitutionnalité des


règlements administratifs par voie d'exception d'inconstitutionnalité soulevée
devant une juridiction ordinaire en vertu de l'article 162 al. 1 et 3 de la
Constitution, article 52 al. 2 de la loi organique sur la Cour constitutionnelle).

Dans ce cas la juridiction ordinaire sursoit à statuer et saisit toutes affaires


cassantes la Cour constitutionnelle. En revanche le contrôle de constitutionnalité
des actes administratifs non réglementaires relève de l'office du juge
administratif.

NB: Le juge administratif est limité dans l'annulation des actes réglementaires
en vertu de la théorie de l'écran législatif. Il est en effet limité par la conformité
de l'acte réglementaire à la loi même si cette dernière est inconstitutionnelle, ne
pouvant annuler de ce fait un acte conforme à une loi inconstitutionnelle tant
que cette dernière n'est pas déclarée inconstitutionnelle par le juge
constitutionnel.

Bref l'écran législatif fait en sorte que l'acte réglementaire subordonné ne peut
être annulé car conforme à une loi non conforme à la constitution tant que cette
loi n'a pas été déclaré inconstitutionnelle par le juge constitutionnel.

Chapitre. 2 Les contentieux de pleine juridiction

L'expression contentieux de pleine juridiction ou plein contentieux exprime


une réalité multiple. Cette appellation (expression) englobe le plein contentieux
subjectif, regroupant le contentieux contractuel et le contentieux de la
responsabilité extra contractuelle des pouvoirs publics (de la puissance publique)
d'une part, et d'autre part le plein contentieux objectif qui rassemble le
contentieux fiscal et le contentieux électoral.

Face à cette diversité, l'élément qui réunit tous ces contentieux est
simplement le fait qu'ici le juge dispose de pouvoirs plus étendus
comparativement au juge de l'excès de pouvoir.

La Fondation
23

Section. 1 Le contentieux contractuel

Sous-section 1. Le juge administratif compétent

La section du contentieux du tribunal administratif a, de manière générale,


la compétence de connaître du contentieux relatif aux marchés publics. Il en est
de même des concessions, des contrats de concession et largement de tout
contrat administratif.

En un mot, en premier ressort le tribunal administratif du lieu du siège de


l'autorité qui a conclu le contrat administratif est le juge compétent.

Sous-section 2. Le règlement des litiges précontractuels

Lorsqu'il y a lieu de sanctionner les violations des règles de transparence,


de publicité et de mise en concurrence, à l'occasion de la passation ou de la
conclusion des marchés publics et autres contrats administratifs, le juge des
référés du tribunal administratif est le juge compétent et est saisi par une requête
en référé précontractuel.

Ce juge dispose de pouvoirs étendus tels qu'ordonner à l'auteur du


manquement de se conformer aux obligations légales en matière de publicité et
de concurrence, retarder la signature du contrat, retarder l'approbation du
contrat définitif, suspendre la passation du contrat, etc.

Sous-section 3. Le règlement de litiges contractuels

Les litiges contractuels portent essentiellement sur l'exercice des


prérogatives reconnues à l'administration et sur les droits financiers ou
pécuniaires reconnus au cocontractant de l'Administration.

S'agissant des prérogatives de l'Administration, celle-ci a le pouvoir de


diriger et de contrôler l'exécution du marché et du contrat, le pouvoir de
sanctionner unilatéralement le cocontractant, le pouvoir de modifier les clauses
du contrat et même de résilier unilatéralement les contrats administratifs.

La Fondation
24

Dans le cadre de l'exercice de tous ces pouvoirs, des préjudices contractuels


peuvent naître et qui peuvent provoquer le contentieux de la responsabilité
contractuelle.

La responsabilité contractuelle appelle réparation de la part de


l'Administration, notamment pour le rétablissement de l'équilibre financier du
contrat administratif. Le rétablissement de l'équation financière du contrat a
appelé la jurisprudence administrative à concevoir 3 théories réparatrices :

 Premièrement la théorie des sujétions imprévues : s'applique dans le


cadre des marchés des travaux. Touche à des difficultés d'ordre matériel et
technique. Lorsque des difficultés d’ordre matériel étrangères aux parties
rendent difficile la réalisation de l'ouvrage, engendrant des dépenses
supplémentaires, la théorie des sujétions permet de justifier la réparation
intégrale du cocontractant ;
 Deuxièmement la théorie de l'imprévision : touche à des difficultés d'ordre
économique et financiers. L’imprévision consiste dans des circonstances
imprévues lors de la conclusion du contrat et qui viennent bouleverser
l’économie générale du contrat et qui ont pour effet de rendre plus onéreuse
l’exécution du contrat9. Il y a ici ouverture au droit à l’indemnisation
partielle, pour surmonter une difficulté passagère liée à la survenance
d’évènements particulièrement graves mais exceptionnels qui ont pu affecter
profondément l’exécution du contrat10 ;
 Et troisièmement la théorie du fait du prince : consiste en une intervention
de la puissance publique, mais cette intervention, bien que régulière dans ses
conditions, a pour conséquence de rendre plus difficile l’exécutions du
contrat par le cocontractant de l’Administration. Ici l’aléa est d'ordre
administratif et entraine l’indemnisation intégrale en vue du rétablissement
de l’équilibre financier du marché11.

9
F. VUNDUAWE te PEMAKO et J.M. MBOKO DJ’ANDIMA, op.cit., p. 870.
10
L’aléas économique dont il est question doit répondre aux conditions ci-après: être anormal et imprévisible à la
conclusion du contrat ; avoir été indépendant de la volonté du cocontractant ; et aboutir à un véritable
bouleversement de l’économie générale du contrat.
Ibidem, pp. 870-872.
11
Ibidem, p. 872.

La Fondation
25

Section. 2 Le contentieux de la responsabilité extra contractuelle

La responsabilité extra contractuelle, en dehors du contrat donc, vise la


responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle de l'Administration. Il y a même la
responsabilité de plein droit. Cette responsabilité est de nature civile, c'est-à-dire
une responsabilité patrimoniale en vue de la réparation des dommages causés
par l'action de l'Administration.

Sous-section 1. Les régimes de responsabilité extra contractuelle

Il y a principalement deux régimes : la responsabilité pour faute et la


responsabilité sans faute.

La responsabilité pour faute est une responsabilité délictuelle en cas de


faute intentionnelle. Cette responsabilité est quasi-délictuelle en cas de faute non
intentionnelle.

La faute intentionnelle ou non intentionnelle doit être commise par une


personne qui représente l'Administration. Cette responsabilité pour faute est
une responsabilité pour faute prouvée par la victime, toutefois il y a des
situations où la faute est présumée. Tel le cas des accidents dont peuvent être
victimes les usagers des ouvrages publics pour défaut d'entretien.

En matière de responsabilité pour faute on fait également la distinction entre


faute personnelle et faute de service en vue de soulager la situation de
l'Administration.

Il y a faute personnelle de l'agent lorsque celle-ci se détache du service soit


matériellement (faute commise en dehors de la fonction et sans lien avec le
service) soit psychologiquement (faute commise à l'occasion du service mais
dictée par les faiblesses de l'agent, ses passions ou ses imprudences).

En revanche la faute de service vise une défaillance dans le fonctionnement


normal du service. Elle découle de la mauvaise organisation ou du mauvais
fonctionnement du service, c'est donc une faute culpa in vigilando

En cas de faute personnelle, c'est la responsabilité de l'agent qui répare,


tandis que dans le cas des fautes de service c'est l'Administration qui est

La Fondation
26

civilement poursuivie. Toutefois dans certains cas, même s'il y a faute


personnelle établie, il y a substitution de responsabilité. Tel est le cas de la
substitution de responsabilité de l'Etat pour erreur commise par le conservateur
des titres immobiliers pour durée excessive de la procédure devant une
juridiction administrative ou pour faute de magistrat à la suite de la procédure
de prise à partie.

Par ailleurs la responsabilité de l'Administration peut être engagée sans


faute. Il y a deux hypothèses :

 Premièrement le risque pris par l'Administration d'avoir créé des choses


dangereuses (Ex : explosifs, armes et engins dangereux, ouvrages publics
dangereux) ou d'avoir adopté des méthodes dangereuses (Ex : Les sorties
d'essais destinées à réadapter progressivement à la vie normale des
malades mentaux) soit encore de créer des situations dangereuses ( Ex:
le risque encouru par des collaborateurs occasionnels pour éteindre un
incendie) ;

 Deuxièmement la rupture de l'égalité devant les charges publiques.

La responsabilité sans faute arrive souvent du fait de l'activité juridique qui


occasionne des dommages. Ces dommages sont même la conséquence naturelle
et prévisible de ces mesures, tel est le cas des mesures individuelles régulières
comme la décision d'expropriation pour cause d'utilité publique ou la décision de
réquisition des biens mobiliers.

Sous-section 2. Le préjudice réparable et le juge compétent

Le contentieux de la réparation extra contractuelle vise la réparation d'un


préjudice ordinaire quelle que soit la hauteur du montant de l'indemnité
réclamée. Ce préjudice ordinaire est un dommage subi par le requérant dans son
intégrité physique (préjudice corporel ou préjudice esthétique) dans ses biens
(préjudice matériel ou préjudice pécuniaire) ou dans ses sentiments (préjudice
moral comme l'atteinte à la réputation du requérant ou l'atteinte au sentiment
d'affection souvent lié au décès d'une personne cher).

En fonction de la distinction faute personnelle et faute de service, le juge


compétent peut être le juge civil (en cas de faute civile) ou le juge administratif

La Fondation
27

(en cas de faute de service) et plus précisément le tribunal administratif du lieu


du fait générateur du dommage.

NB : Le préjudice ordinaire est le dommage lié à la faute de l'Administration (à la


suite de son action) ou à la présomption de faute de l'Administration. Il y a donc
un lien de causalité entre la faute et l'action de l'Administration ou le
comportement de l'agent.

Chapitre. 3 Le contentieux mixte de pleine juridiction

Lorsque le préjudice subi ne peut être entièrement réparé par la décision


d'annulation, l'action en réparation du préjudice causé par un acte administratif
unilatéral illégal peut être portée devant la même juridiction saisie.

Section. 1 Notion

Le présent contentieux est à la fois un contentieux mixte et un plein


contentieux. Il est mixte parce qu'il est un double contentieux d'annulation d'un
acte administratif unilatéral pour illégalité et de réparation d'un préjudice
ordinaire consécutif à cette illégalité.

Il est aussi un plein contentieux parce que le juge ne se limite pas à la simple
annulation de l'acte administratif attaqué mais il doit également décider sur les
dommages-intérêts à allouer au requérant.

Section. 2 La procédure à suivre

Le juge administratif de droit commun est saisi par une requête unique
comportant une double demande. Cette double demande est portée à titre
principal et en même temps devant la même juridiction (art. 80 de la L.O sur
les juridictions de l'ordre administratif), dans ces conditions l'action en
réparation du préjudice ordinaire à la suite de l'acte administratif unilatéral
illégal ne peut être une question nouvelle au cours d'un procès d'annulation pour
excès de pouvoir. Le juge administratif doit être saisi de cette double demande in
limine litis.

La Fondation
28

Section. 3 Les moyens d'ouverture

Ce contentieux étant un double contentieux, objectif et subjectif, le


requérant doit invoquer à l'appui de son acte à la fois les moyens d'annulation et
les moyens d'obtention d'une réparation d'un préjudice ordinaire.

Chapitre 4. Le contentieux de la réparation du préjudice exceptionnel

La réparation du préjudice exceptionnel par voie d'arrêt a été consacrée pour


la première fois par l'article 60 alinéa 3 de la Constitution du 24 juin 1967.
Actuellement l'article 155 alinéa 3 de la Constitution du 18 février 2006 constitue
la base juridique du contentieux de la réparation du préjudice exceptionnel.

Section. 1 L'origine du dommage exceptionnel

Le dommage exceptionnel résulte d'une mesure prise ou ordonnée par les


autorités de la République au sens large (autorités du pouvoir central, d'une
province, d'une ETD ou d'un organisme public placé sous la tutelle d'une des
autorités précitées). La mesure prise ou ordonnée doit léser inéquitablement un
particulier mais cette mesure ne doit pas être entachée d'illégalité12.

Le devoir de réparation est ici dissocié de toute recherche de faute réelle ou


présumée car il n'y a ni irrégularité dans la mesure ni irrégularité dans son
exécution.

Section. 2 Notion de préjudice exceptionnel

Le préjudice exceptionnel est un préjudice normalement imprévisible de par


la mesure prise ou ordonnée. Ce préjudice exceptionnel doit être un préjudice
grave, rare et spécial.

Il est grave dans la mesure où il consiste en un préjudice anormal dépassant


par sa nature la gêne qu'exige la vie en société. Ce dommage ou ce préjudice est
rare et spécial en ce qu'il frappe spécialement un particulier ou un groupe limité
de particuliers.

12
C'est donc une mesure prise régulièrement mais qui finit par causer un préjudice aux particuliers.

La Fondation
29

La jurisprudence administrative belge a par exemple octroyé une indemnité


de réparation d'un dommage exceptionnel pour le retard anormal d'une
promotion ou pour une vaccination anti poliomyélitique décidée et administrée
sans faute.

Section. 3 Le juge compétent

Le Conseil d'Etat est le juge compétent mais il s'agit d'une compétence


supplétive. En effet, il ne peut être saisi d'une demande d'indemnité pour
réparation d'un dommage exceptionnel que dans les cas où il n'existe aucune
juridiction compétente pour connaître de la demande en réparation en cause (art.
155 alinéa 3 de la Constitution, articles 89 al. 1 et 355 de la L.O sur les
juridictions de l'ordre administratif).

Section. 4 La procédure pour la saisine du Conseil d'Etat

Sous peine d'irrecevabilité la requête en indemnité pour réparation d'un


préjudice ou d'un dommage exceptionnel doit être précédée d'une demande
préalable auprès de l'Administration sollicitant une réparation équitable
contenant l'estimation du préjudice (art. 356 alinéa 1 de la L.O sur les
juridictions de l'ordre administratif).

Cette réclamation préalable doit contenir, outre le montant de l'indemnité


sollicitée, les motifs de la demande c'est-à-dire indiquer la mesure prise ou
ordonnée par une autorité de la République, préciser le dommage dont la
réparation est demandée et démontrer le lien de causalité entre la mesure et le
dommage.

En cas de rejet total ou partiel de la réclamation préalable par


l'Administration le requérant a 3 mois pour saisir le Conseil d'Etat (art. 357 al. 2
de la L.O sur les juridictions de l'ordre administratif).

Section. 5 La réparation en équité

En cas de préjudice exceptionnel, le Conseil d'Etat ne se prononce pas en


droit mais se prononce en équité en tenant compte de toutes les circonstances
d'intérêt public ou privé (art. 155 al. 3 in fine de la Constitution et l'article 89
al.2 de la L.O sur les juridictions de l'ordre administratif).

La Fondation
30

En effet ce contentieux n'est pas véritablement un contentieux des droits


subjectifs, il n'y a donc pas un conflit des droits, mais il y a plutôt un conflit
d'intérêts non protégés, d'où la réparation se fait en équité.

Chapitre. 5 Le contentieux de la déclaration

Dans le contentieux de la déclaration le juge administratif se limite à faire


une déclaration. Son jugement ou son arrêt n'ordonne aucune mesure et ne
comporte aucune décision à l'égard des parties au procès.

Il y a 3 types de recours en contentieux de la déclaration : le recours en


interprétation des actes administratifs ; le recours en appréciation de la légalité
des actes administratifs ; et les recours en reconnaissance d'une qualité
revendiquée.

Section. 1 Le recours en interprétation des actes administratifs

Les actes administratifs unilatéraux peuvent faire l'objet du recours en


interprétation. Le recours direct en interprétation n'est recevable que s'il existe
un litige sur le sens de l'acte administratif unilatéral déféré au juge.

Il doit s'agir d'un litige né et actuel concernant le sens de l'acte administratif


unilatéral en terme de difficulté sérieuse d'interprétation, de divergence de vues
ou d'un désaccord sur le sens de l'acte administratif. Ces difficultés doivent être
de nature à faire grief au requérant. En effet le désaccord doit être susceptible
d'affecter la situation du requérant par l'interprétation qu'il conteste.

Le juge administratif va se limiter à rendre un jugement déclaratoire. Ce


jugement a autorité de chose jugée (relative) à la différence de l'avis motivé qui
proviendrait d'une section consultative.

Section. 2 Le recours en appréciation de la légalité des actes administratifs

Ce recours concerne essentiellement les actes administratifs unilatéraux de


portée limitée (non réglementaires donc). En effet le juge judiciaire n'a pas la
compétence d'interpréter les actes administratifs unilatéraux non
réglementaires.

La Fondation
31

Au cours d'un procès devant le juge judiciaire, s'il y a une difficulté


d'interprétation ou de légalité d'un acte administratif non réglementaire, le
judiciaire se trouve devant une question préjudicielle, dans ce cas il sursoit à
statuer et fait demander par les parties au juge administratif comptent la solution
de la question qui fait difficulté.

Dans le cadre de ce recours le juge administratif ne dispose d'aucune


compétence décisoire, il se limite à faire une déclaration d'appréciation de la
légalité ou non de l'acte administratif non réglementaire.

Cette appréciation de la légalité s'impose au juge judiciaire dans le cadre du


litige principal.

Section. 3 Le recours en quête de reconnaissance d'une qualité

De prime abord la qualité désigne, dans l'organisation des pouvoirs publics,


le titre inhérent à une fonction. La qualité renvoie aussi à un statut personnel,
c'est-à-dire à la condition juridique qui permet à une personne de bénéficier des
avantages reconnus par des textes.

Exemple : La qualité de réfugié; la qualité d'étrangers.

Cela étant, le recours relatif à la reconnaissance d'une qualité ainsi qu'aux


avantages y attachés relève de la compétence du tribunal administratif (art. 109
de la L.O sur les juridictions de l'ordre administratif). C'est le lieu de résidence
du requérant qui détermine le tribunal administratif territorialement compétent.

L'office du juge administratif se limite, dans le cadre de ce contentieux à


rendre un jugement déclaratoire en reconnaissance ou non de la qualité
revendiquée.

Chapitre. 6 Le contentieux de la répression

Ce contentieux désigne l'ensemble de litiges dans lesquels le juge


administratif peut intervenir à des fins répressives en sanctionnant des actes et
comportements des particuliers comme des actes et comportements des autorités
publiques qui contreviendraient aux lois et règlements

La Fondation
32

Une bonne part du contentieux de répression est dévolue aux


juridictions administratives spécialisées. Tel est le cas de la Cour des comptes
qui a le pouvoir de sanctionner la méconnaissance des règles de la comptabilité
publique en infligeant des amandes au comptable public (art. 26 et 97 de la L.O
sur la Cour des comptes).

Tel est aussi le cas des juridictions administratives spécialisées statuant en


matière disciplinaire qui infligent des sanctions disciplinaires ou
professionnelles.

Le tribunal administratif a aussi un pouvoir de répression en matière de


contraventions de grandes voiries (art. 156 alinéa 4 point 1 in fine de la L.O sur
les juridictions de l'ordre administratif). Les contraventions de grande voirie
visent les violations des lois et règlements sur le domaine public.

Exemple : Le juge administratif peut sanctionner l'atteinte à l'intégrité matérielle


d'un bien ou d'une dépendance du domaine public autre que routier (notamment
le domaine public fluvial, maritime ou encore terrestre); il peut également s'agir
de l'enlèvement de sable sur le rivage de ma mère.

Chapitre. 7 Les contentieux au fond soumis à des règles spécifiques de


procédure

L'on vise principalement ici le contentieux électoral, conduit suivant la loi


électorale, et le contentieux fiscal traité suivant les procédures fiscales.

Section. 1 Le contentieux électoral

Les litiges relatifs aux élections politiques provinciales et locales au sens


large relèvent de la compétence du juge administratif.

Les juges administratifs de ces élections sont respectivement la Cour


administrative d'appel et le tribunal administratif.

Le juge administratif examine tant le contentieux de candidature que le


contentieux de résultat. Au niveau du contentieux de candidature, le juge

La Fondation
33

administratif décide de la liste définitive des candidats à une élection après avoir
vidé le contentieux de candidature.

En ce qui concerne le contentieux de résultat, le juge administratif a le


pouvoir, après l'examen des litiges, de proclamer les résultats définitifs après
avoir vidé le contentieux. Il peut aussi annuler les élections mais cette annulation
ne se fait pas comme dans le cadre du contentieux de l'excès de pouvoir.

NB : Les élections d'une circonscription ne peuvent être annulées que si


l'irrégularité a une influence prépondérante sur le résultat, alors qu'en
matière qu'en matière de contentieux de l'excès de pouvoir toute irrégularité
entraîne l'annulation.

Section. 2 Le contentieux fiscal

Le juge administratif est aujourd'hui le juge de l'impôt alors qu'hier c'était


le juge judiciaire, c'est-à-dire la section judiciaire d'une Cour d'appel.

Le juge administratif compétent est la Cour administrative d'appel en


ce qui concerne le contentieux fiscal d'assiette, c'est-à-dire le contentieux
relatif aux impositions décidées et notifiées par l'administration fiscale. Dans ce
cadre le contentieux porte sur le principe de l'impôt (sur la légalité de l'impôt),
sur l'évaluation de l'impôt en rapport avec l'activité ou l'emploi du personnel et
en rapport avec les procédures de redressement ou de taxation d'office selon les
cas.

Le juge administratif compétent est le tribunal administratif en ce qui


concerne le contentieux fiscal de recouvrement, le contentieux de poursuite
en recouvrement (art. 104 al.3). Les poursuites en recouvrement renvoient au
recouvrement forcé des impôts après l'échéance légale.

Dans les deux cas, contentieux fiscal d'assiette et contentieux fiscal de


recouvrement, le juge administratif ne peut être saisi que si l'administration
fiscale a été préalablement saisie par une réclamation du contribuable et que
l'Administration ait rejeté totalement ou partiellement cette réclamation
préalable.

La Fondation
34

Le rejet peut être exprès, c'est-à-dire explicite, mais le rejet peut être aussi
implicite, en cas de défaut de décision dans le délai ou en cas du silence de
l'Administration.

La Fondation
35

Titre. 4 L'instance devant les juridictions administratives de


droit commun

Une fois la requête déposée, le procès s'engage. Devant les juridictions


administratives de droit commun, Il existe aujourd'hui une procédure commune
devant la section consultative, une procédure contentieuse ordinaire et des
procédures contentieuses dérogatoires ou les référés administratifs.

Chapitre. 1 La procédure commune devant la section consultative

La section consultative de chaque juridiction administrative de droit


commun dispose de compétences pour donner des avis motivés sur les textes en
chantier et sur les difficultés d'interprétation des textes juridiques en vigueur.

Section. 1 La saisine de la section consultative

La saisine d'une section consultative n'est pas obligatoire en droit positif


congolais. Elle est facultative.

La section est saisie par requête de l'autorité habilitée à prendre un texte,


législatif ou administratif (art. 123 de la L.O sur les juridictions de l’ordre
administratif), ou par l'autorité qui voudrait obtenir l'interprétation officielle d'un
texte en vigueur. En effet, les pouvoirs publics sont les seuls autorisés à consulter
les juridictions administratives de droit commun.

Section. 2 L'examen de la requête

La requête déposée par l'autorité publique est examinée en deux étapes : il


y a d'abord le travail préalable d'un magistrat rapporteur désigné par le chef de
la juridiction et ensuite l'adoption de l'avis motivé en assemblée mixte.

Le rapporteur désigné peut correspondre ou prendre contact directement


avec tous les services intéressés par la requête. Il prend également contact avec
le mandataire de l'autorité requérante afin d'obtenir tout renseignement ou tout
document de nature à éclairer la juridiction sur l'objet de la requête. Il peut aussi
requérir les services d'un ou de plusieurs experts (art. 124).

La Fondation
36

À l'issue de son travail, le magistrat rapporteur dresse un rapport. Ce


rapport est examiné en assemblée mixte composée de magistrats de la section
consultative et de magistrats du parquet près la juridiction saisie (art. 126).

La teneur ou le texte de l'avis motivé est constitué par le résultat final obtenu
à l'issue des débats en assemblée mixte. Le résultat final des discussions ou des
débats est consigné dans le procès-verbal de la séance, dressé par le greffier
audiencier.

Sur base du procès-verbal de l'assemblée mixte, l'avis motivé est rédigé et


signé par chef de la juridiction, le président de la section consultative, le chef de
l'office du parquet et par le greffier de la séance ( greffier audiencier)13.

L'avis motivé est notifié à l'autorité requérante. L'avis en question ne fait pas
obstacle à toute action ultérieure d'un requérant qui a intérêt à agir contre l'acte
qui avait été soumis à l'examen de la section consultative.

Chapitre. 2 La procédure contentieuse ordinaire

La procédure contentieuse ordinaire est aussi déterminée par la loi


organique sur les juridictions de l'ordre administratif.

Cette procédure contentieuse ordinaire est ponctuée (comporte) par des


étapes obligatoires:

 L'introduction de l'instance ;
 La médiation ou la conciliation avant l'instruction de l'affaire ;
 L'instruction de la requête;
 Les préliminaires du jugement.

Section. 1 L'introduction de l'instance

De prime abord le juge est saisi, il ne se saisit pas d'office. L'acte introductif
d'instance est formellement appelé requête.

13
Art. 129.

La Fondation
37

La requête est initiée par les parties, personnes physiques comme personnes
morales de droit privé ou de droit public. Après l'observation de l'exigence du
recours administratif préalable, le requérant est en droit de saisir par requête le
juge administratif compétent. Le ministère public peut aussi saisir par
réquisitoire le juge administratif (art. 134).

La requête est formée dans les 3 mois à partir du rejet total ou partiel du
recours administratif préalable (art. 151). Le rejet peut être exprès ou implicite
en cas du silence de l'Administration.

Dans le calcul de ce délai de 3 mois à partir de la notification du rejet total


ou exprès, le législateur a décidé que le jour de l'acte (le jour de la décision de
rejet), qui est le point de départ (dies ad quem) ne soit pas compté. Tandis que
le jour de l'échéance (dies a quo) est compté. Toutefois lorsque le jour de
l'échéance est un dimanche ou un jour férié légal, ce jour est ramené au plus
prochain jour ouvrable (art. 152).

Il est important de souligner que le juge administratif est saisi par requête
des parties, contrairement à la procédure civile où le demandeur assigné son
adversaire de se présenter devant le juge par voie d'assignation, en procédure
administrative contentieuse le requérant s'adresse" plutôt et exclusivement
au juge. En effet le juge administratif joue un rôle actif dans la recherche de la
preuve et dans la direction du procès.

En matière de contentieux de l'annulation pour excès de pouvoirs, la


présence de l'avocat n'est pas obligatoire (art.155). En revanche, le ministère de
l'avocat ou le recours au ministère d'avocat est obligatoire en matière de plein
contentieux (art. 156).

Le ministère d'avocat n'est pas obligatoire concernant quelques recours en


appel, en matière électorale ou en matière de litige individuel de travail du
fonctionnaire (donc de l'agent public).

Section. 2 La médiation ou la conciliation avant l'instruction de l'affaire

Dans le cadre spécialement du contentieux de la réparation d'un préjudice,


le juge administratif saisi peut, avant de démarrer le procès proprement dit, et
dans le délai maximum de 3 mois de l'introduction de la requête, recourir à la

La Fondation
38

médiation ou la conciliation (art.277). La médiation ou la conciliation se fait à


l'initiative des parties, à travers la requête introductive d'instance ou dans les
mémoires déposés.

L'arrangement amiable du litige (dans le cadre de la conciliation ou de la


médiation) se clôture par un procès-verbal signé par toutes les parties ainsi que
par le juge le médiateur ou le conciliateur, et est constaté et coulé dans une
décision d'expédiant (art. 277 al. 3). Cette décision d'expédiant, revêtue de la
formule exécutoire est signée par tous les membres de la composition et par le
greffier audiencier.

Section. 3 L'instruction de l'affaire

Sous-section 1. La désignation d'un magistrat rapporteur

Dès l'enregistrement de la requête au greffe le magistrat instructeur est


désigné par le chef de juridiction (art. 162). Ce magistrat rapporteur fait le travail
préalable, obtient des parties tout document, tout renseignement, peut recourir
à une expertise, ordonner une enquête ou une commission rogatoire. Il obtient
communication de tout renseignement auprès des administrations (auprès des
services).

Sous-section 2. Les principes directeurs de l'instruction préparatoire

L'instruction de la requête doit répondre aux principes suivants :

 Premièrement le principe du contradictoire de l'instruction en vue


d'assurer une certaine égalité des parties : Concrètement la mise en œuvre
du principe du contradictoire est assurée par la transmission in extenso (en
entier) des pièces et documents aux parties, à savoir : les mémoires en
réponses, les mémoires en répliques, les mémoires en duplique et routes
autres observations et pièces jointes telles que déposées au greffe;
 Deuxièmement le principe du caractère écrit de la procédure : la
procédure administrative contentieuse est essentiellement écrite.
L'instruction est faite sur le vu des mémoires des parties contenant
l'expression écrite de leurs conclusions (de leurs prétentions) et de leurs
moyens (les arguments de fait et de droit qui appuient leurs conclusions).
Toutefois le principe du caractère écrit de la procédure n'est pas absolu car

La Fondation
39

le magistrat rapporteur peut entendre tout témoin au cours de l'instruction


préparatoire ;
 Troisièmement le principe du caractère inquisitoire de la procédure : à
l'instar du procès pénal, le juge administratif dirige l'instruction en
organisant et en encadrant les échanges contradictoires entre parties. Ce
juge actif participe à la manifestation de la vérité. Il peut enjoindre
l'Administration de lui fournir les éléments de preuve, les documents
administratifs dans le cadre de l'objet de la requête. Il peut aussi soulever
d'office certains moyens considérés comme des moyens d'ordre public ;
 Quatrièmement le principe du caractère secret de l'instruction : le
caractère secret de l'instruction traduit la volonté de garantir la
confidentialité des échanges devant les juridictions administratives en
mettant à l'abri les parties au litige de toute pression extérieure.

Sous-section 3. L'instruction à l'audience de l'affaire

La date d'audience est fixée par le chef de juridiction lorsque l'affaire est en
état d'être jugée au vu du rapport du magistrat rapporteur et de l'avis du
ministère public. L'unique audience se déroule dans l'ordre ci-après :

1. Le requérant expose oralement ses moyens (résume ses moyens);


2. La partie adverse présente oralement ses observations ;
3. Le ministère public donne son avis (avis qui est également dans le dossier
écrit);
4. La juridiction clôture le débat et prend l'affaire en délibéré (art. 233).

Chapitre. 3 Les procédures contentieuses dérogatoires ou les référés


administratifs

Le terme référé recouvre à la fois une procédure rapide et des pouvoirs de


sauvegarde. Le droit positif congolaise fait la distinction entre référés généraux;
référés particuliers et référés spéciaux.

Section. 1 Enjeu et juge des référés

En terme d'enjeu, gagner du temps est parfois plus important que gagner
son procès. Les procédures des référés administratifs permettent de hâter

La Fondation
40

l'intervention d'une solution, même conservatoire ou provisoire, et de parer aux


effets néfastes de la durée du litige.

Le juge des référés est un juge unique qui siège en chambre du conseil (art.
278 de la L.O sur les juridictions de l’ordre administratif). Ce juge des référés est
précisément le président du tribunal administratif, le premier président de la
Cour administrative d'appel et le président de la section du contentieux du
Conseil d'Etat ainsi que les magistrats de leurs juridictions qu'ils désignent (art.
279)14.

Le juge des référés prend par voie d'ordonnance, des mesures provisoires
(art. 278 al.2), dans les 8 jours de la saisine (al. 3).

NB: L'ordonnance est une décision de justice articulée.

En cas d'appel, le juge des référés statue dans les 48h.

Section. 2 Les référés généraux (art. 282 à 296)

Les référés généraux sont effectivement des procédures d'urgence devant


le juge administratif de droit commun. La loi organique sur les juridictions de
l'ordre administratif prévoit 3 référés généraux : le référé-suspension; le référé-
liberté et le référé-conservatoire.

La procédure des référés est contradictoire, écrite et orale. Sauf si le juge


renvoie la question à une formation collégiale, l’audience se déroule sans les
conclusions du Ministère public (art. 285).

NB : Lorsqu’il apparaît, au vu de la requête, que la demande est dépourvue de


caractère d’urgence ou ne relève manifestement pas de la compétence de la
juridiction administrative, qu’elle est irrecevable ou non fondée, le juge des
référés peut rejeter la demande, sans même communiquer la requête au
défendeur ni procéder à la convocation des parties (art. 286).

14
Au niveau du Conseil d’Etat, nul ne peut être désigné, sur délégation, juge des référés, s’il n’a pas le grade de
président ou, en cas d’absence ou d’empêchement de celui-ci, de conseiller ayant au moins trois ans d’ancienneté
dans le grade. Art. 279 al. 3.

La Fondation
41

NB : Outre les mentions prévues à l’article 135 (à savoir l’identité et l’adresse des
parties, l’exposé des faits et des moyens ainsi que les conclusions), la requête
aux fins des mesures en référé contient la justification de l’urgence des mesures
sollicitées (art. 287 al.1).

Sauf pour le référé-liberté, le ministère d’avocat est obligatoire pour tous les
référés généraux (art. 290).

Sous-section 1. Le référé-suspension

La requête principale en annulation pour excès de pouvoirs doit


précéder la requête en référé-suspension. Le référé-suspension n'est
envisageable qu'à l'endroit d'une décision administrative, c'est-à-dire à l'endroit
d'un acte administratif unilatéral décisoire. Cet acte décisoire doit faire grief,
c'est-à-dire porter préjudice au requérant.

Le juge des référés peut décider qu’il y a lieu d’ordonner la suspension de la


décision administrative attaquée pour une durée qui ne peut excéder la date de
la décision quant au fond du litige soulevé par la requête principale en annulation
ou en réformation. Il est alors statué sur la requête principale dans les huit jours
de la saisine (art. 282).

Deux conditions cumulatives sont nécessaires pour que le juge des référés
prononce la suspension d'une décision administrative :

 Premièrement l'urgence : l'urgence suppose un risque d'un préjudice à


brève échéance au regard des effets de la décision administrative attaquée ;
 Deuxièmement le doute sérieux quant à la légalité de la décision
administrative attaquée : en effet le juge des référés procède à un examen
rapide et superficiel de l'affaire, mais il doit arriver à une probabilité de
l'illégalité.

NB : La requête en référé-suspension doit, à peine d’irrecevabilité, être présentée


dans une requête distincte de la requête en annulation ou en réformation et être
accompagnée de la requête principale (art. 287 al. 2).

Les ordonnances en référé-suspension ne peuvent être attaquées que par le


pourvoi en cassation dans les quinze jours de la notification (art. 296 al.1).

La Fondation
42

Sous-section 2. Le référé-liberté

En l'absence de toute requête principale préalable, lorsqu'une décision


administrative porte gravement atteinte à une liberté publique ou à une liberté
fondamentale le juge des référés peut être saisi d'une requête en référé-liberté
pour obtenir des mesures de sauvegarde de la liberté compromise par cette
décision (art. 283).

Pour ce référé-liberté il fait deux conditions:

 Premièrement l'urgence ;
 Deuxièmement il faut qu'il y ait d'une liberté publique ou fondamentale
et cette atteinte doit être grave et manifestement illégale.

NB: Le ministère de l'avocat n'est pas obligatoire à ce niveau (art. 290). Le juge
des référés en matière de référé liberté statue dans les 48h (art. 283 al.2).

Les ordonnances rendues en matière de référé-liberté le sont en premier ressort


(art. 295 al.2) et sont susceptibles d’appel devant la Cour administrative d’appel
ou le Conseil d’État (art. 296 al.2). Même en appel, le juge statue dans un délai
de 48h (al.3).

Sous-section 3. Le référé conservatoire

Le référé-conservatoire peut être aussi appelé référé mesures utiles.


Lorsqu’à la suite d’une décision administrative ou en l’absence de celle-ci, il y a
lieu soit d’empêcher le maintien ou l’aggravation d’une situation dommageable
en fait ou irrégulière en droit, soit de préserver les intérêts particuliers du
demandeur ou l’intérêt général, le juge des référés, saisi en référé-conservatoire,
peut, sans faire obstacle à l’exécution d’aucune décision administrative,
ordonner toutes mesures utiles à la préservation de la situation des parties à
l’avenir (art. 284).

Pour la mise en œuvre de cette procédure, la loi pose 3 conditions :

 Premièrement l'urgence : par exemple un dommage grave et immédiat


auquel un bâtiment en ruine expose le requérant;

La Fondation
43

 Deuxièmement l'utilité de la mesure : la mesure à prendre par le juge dans


le cadre de cette procédure doit être une mesure utile ;
 Troisièmement la requête en référé-conservatoire ne doit pas faire
obstacle à l'exécution d'une décision administrative.

Exemple: le requérant ne peut demander qu'il soit enjoint à l'Administration de


mettre à sa disposition une salle après avoir essuyé un refus de l'administration.

NB : Les ordonnances en référé-conservatoire ne peuvent être attaquées que par


le pourvoi en cassation dans les quinze jours de la notification (art. 296 al.1).

Section. 3 Les référés particuliers (art. 297 à 307)

Ces référés sont qualifiés de référés particuliers parce qu'ils visent un objet
particulier et qu'ils ne sont pas conditionnés par l'urgence.

La loi organique prévoit 3 référés particuliers ou 3 référés ordinaires non


conditionnés par l'urgence : le référé-instruction ; le référé-instruction ; et le
référé-provision.

 Le référé-constat : il est présenté avec ou sans ministère d'avocat, en


l’absence même d’une décision administrative préalable. Dans cette
procédure, le juge ordonne le constat des faits survenus dans un ressort,
lorsque ces faits seraient susceptibles de donner lieu à un litige devant une
juridiction administrative (art. 297).

La requête aux fins de constat comporte, outre l’identité et l’adresse des


parties, l’exposé des faits et des moyens ainsi que les conclusions, et ce à
peine d’irrecevabilité, l’indication précise des faits qui font l’objet de la
demande de constat et de l’utilité de ce constat.

Le juge des référés peut ordonner le constat sans débat contradictoire. Il


statue seul sans les conclusions du Ministère public. L’ordonnance en référé-
constat qui ordonne le constat doit être notifiée sans délai au défendeur
éventuel (art. 300).

La Fondation
44

NB 1: L’ordonnance en référé-constat qui ordonne le constat peut faire l’objet


d’une tierce opposition, et ce dans un délai de 15 jours à compter de sa
notification (art. 303).

L’ordonnance en référé-constat qui rejette partiellement ou totalement la


demande peut faire l’objet d’un appel du demandeur dans un délai de 15
jours à compter de sa notification (art. 304 al.1). Le recours en cassation est
ouvert contre la décision d’appel dans les quinze jours de sa notification (art.
304 al.3)

NB 2: Le défendeur, ayant qualité de partie au litige, peut également attaquer,


par voie d’appel, l’ordonnance en référé-constat devant le juge des référés
(al.2).

 Le référé-instruction : peut aussi être appelé référé expertise. À travers


ce référé, le requérant veut obtenir du juge des référés des mesures
d'expertise ou d’instruction portant uniquement sur les questions de fait,
dans le cadre de l'instruction de l'affaire. Le référé-instruction peut être
présenté en l’absence même d’une décision administrative préalable, avec ou
sans ministère d'avocat (art. 298).

La requête en référé-instruction doit, outre l’identité et l’adresse des parties,


l’exposé des faits et des moyens ainsi que les conclusions, et ce à peine
d’irrecevabilité, porter sur un objet réel et effectif, ayant un lien d’utilité avec
le règlement du litige principal (art. 301).

NB 1: L’ordonnance en référé-instruction qui rejette partiellement ou


totalement la demande peut faire l’objet d’un appel du demandeur dans un
délai de 15 jours à compter de sa notification (art. 304 al.1). Le recours en
cassation est ouvert contre la décision d’appel dans les quinze jours de sa
notification (art. 304 al.3).

NB 2 : Le défendeur, ayant qualité de partie au litige, peut également


attaquer, par voie d’appel, l’ordonnance en référé-constat devant le juge des
référés (al.2).

La Fondation
45

 Le référé-provision : peut aussi être appelé référé en paiement d'une


créance ou toit simplement référé-créance. À travers cette procédure le
juge des référés peut accorder une provision au créancier qui l'a saisi lorsque
l'existence de l'obligation de payer n'est pas sérieusement contestable. À cet
effet, le juge des référés peut, même d’office, subordonner le versement de la
provision à la constitution d’une garantie (art. 299).

La requête en référé-provision doit, outre l’identité et l’adresse des parties,


l’exposé des faits et des moyens ainsi que les conclusions, indiquer la source
de la créance et les titres sur lesquels elle se fonde. La créance doit être
liquide, exigible et insusceptible de recouvrement en l’état par un titre
exécutoire (art. 302 al.1).

L’ordonnance en référé-provision confère un caractère exécutoire à la créance


(al. 2).

NB 1 : L’irrecevabilité de la requête principale en vue de laquelle la demande


en référé-provision est introduite entraine l’irrecevabilité de cette dernière (al.
3).

NB 2 : L’ordonnance en référé-provision est susceptible d’appel dans le délai


de 15 jours à compter de sa notification. Le recours en cassation est ouvert
contre la décision d’appel dans les 15 jours de sa notification (art. 305).

Section 4. Les référés spéciaux (art. 308 à 320)

Les référés spéciaux visent les référés propres à certains contentieux. La


loi organique sur les juridictions de l'ordre administratif organise 4 référés
spéciaux : le référé-précontractuel ; le référé-douanier et le référé-fiscal ; et le
référé sur déféré

 Le référé-précontractuel : autorise le juge des référés à prendre des mesures


devant résoudre les problèmes créés par les violations des règles de
transparence, de publicité et de concurrence dans la conclusion des contrats
administratifs (art. 308).

La Fondation
46

Le requérant sont ici les personnes laissées par le non-respect de ces règles,
les autorités de tutelle sur les actes des ETD et les autorités de tutelle sur les
établissements publics (art. 309).

NB : Le juge des référés saisi en matière de référé précontractuel des marchés


publics statue en premier et dernier ressort (art. 312).

 Le référé-douanier et référé-fiscal : dans le cadre de ces deux référés le juge


des référés vérifie si les garanties offertes par le requérant en matière de
recouvrement de droits, impôts, taxes et autres redevances répondent ou pas
aux prescription de la législation douanière ou de la législation fiscale. Ces
garanties sont offertes dans le cadre des sursis de recouvrement.

Le juge des référés en matière douanière est le juge des référés du Conseil
d’État. Il statue en dernier ressort (art. 315). Quant au juge des référés en
matière fiscale, c’est le juge des référés correspondant au juge de l’impôt, droit
et taxe concerné. Il statue en premier ressort (art. 318).

 Le référé sur déféré : dans le cadre de cette procédure, le juge des référés
peut être saisi par l'autorité de tutelle des ETD (le gouverneur de province ou
le gouverneur de la ville de Kinshasa) pour obtenir la suspension d'une
délibération d'un acte soumis à un contrôle à priori et qui n'a pas fait l'objet
de transmission préalable (art. 319).

Lorsqu’un acte d’une entité territoriale décentralisée paraît créer un doute


sérieux quant à sa légalité ou qu’il compromet l’exercice d’une liberté
publique ou individuelle, l’autorité de tutelle peut, par une demande séparée,
saisir le juge en référé sur déféré pour suspendre l’exécution de la décision.
La suspension ne peut dépasser la durée d’un mois endéans lequel le juge,
obligatoirement saisi du fond, statue sur la légalité de l’acte querellé (art.
320).

NB : La décision du juge des référés est susceptible d’un recours en cassation


devant le Conseil d’État dans les 15 jours de sa notification (art. 320 al. 3).

La Fondation
47

Titre 5. Le jugement

La décision juridictionnelle, appelée jugement, arrêt ou ordonnance,


constitue l'aboutissement de l'instance contentieuse sous réserve, bien, entendu
des voies de recours.

Chapitre 1. Le cadre général du jugement

Section. 1 L'obligation de juger et les limites au pouvoir de juger

Toute saisine d'une juridiction doit donner lieu à une décision


juridictionnelle ne serait-ce que pour donner acte d'un désistement. Tant que la
juridiction n'a pas statué explicitement sur un recours ou une requête, elle
demeure saisie de l'affaire du fait qu'il n'y a pas de jugement implicite.

S'agissant des limites, le juge administratif est lié par les conclusions, c'est-
à-dire les prétentions du requérant ou du ministère public selon les cas. Il ne
peut statuer ni en deçà (infra petita) ni au-delà des conclusions (ultra petita).
Toutefois, il peut interpréter les prétentions des parties surtout lorsqu'elles sont
présentées sans avocat mais toujours dans l'intérêt du requérant.

Section. 2 Les pouvoirs du juge administratif

Le juge administratif peut prendre plusieurs types de décisions :

 Premièrement annuler l'acte administratif unilatéral jugé illégal :


l'annulation produit des effets ex tunc (rétroactifs). L'annulation a une
autorité absolue car ses effets sont erga omnes;

 Deuxièmement réformer l'acte contesté: la réformation est décidée,


surtout dans le domaine fiscal (réduire le montant de l'imposition) ou dans le
domaine électoral (modifier le résultat d'un scrutin par exemple) ;

 Troisièmement suspendre une décision administrative : la suspension


d'une décision administrative est prise spécialement dans le cadre de la
procédure des référés, en l'occurrence le référé-suspension, le référé-liberté
et le référé sur déféré ;

La Fondation
48

 Quatrièmement condamner une partie : la décision de condamnation d'une


partie est prononcée dans le cadre du contentieux de la réparation d'un
préjudice (l’Administration peut être condamné au paiement des dommages-
intérêts) et aussi dans le cadre du contentieux de contraventions de grandes
voiries.

Exemple : Infliger une amende à une personne privée ou publique qui aurait
violé les dispositions légales de protection du domaine public autre que routier.

Section. 3 Le délibéré

À l'issue de l'unique audience publique, la juridiction prend l'affaire en


délibéré. Le délibéré est une discussion entre juge, c'est-à-dire une discussion au
sein de la composition. Cette discussion règle le sort du litige.

Le délibéré est couvert par le secret, qui a vocation de protéger


l'indépendance des juges. La décision doit être prononcée dans les 30 jours de la
prise en délibéré (art. 183).

Section. 4 La notification et l'exécution du jugement

Le jugement n'est exécutoire que s'il est notifié aux parties. Il est assorti de
la formule exécutoire afin de bénéficier, le cas échéant, du concours de
l'administration pour son exécution. La notification est faite aux parties par le
soin du greffier.

En outre, en cas de décision d'annulation ou de réformation, en sus de la


notification aux parties, le jugement est publié dans les mêmes conditions que
les actes administratifs annulés ou réformés.

Exemple : Si l'ordonnance présidentielle était publiée au journal officiel, l'arrêt


du conseil d'Etat d'annulation de cette ordonnance sera également publiée au
journal officiel.

Chapitre. 2 La contestation du jugement

Le jugement n'a pas d'emblée un caractère définitif. Il peut être contesté par
le requérant ou par la partie adverse.

La Fondation
49

Les voies de recours sont prévues à cet effet. On distingue deux catégories
de voies de recours : les voies de réformation et les voies de rétractation.

Section. 1 Les voies de réformation

Ces voies de recours sont qualifiées de voies de réformation parce qu'elles


constituent des recours juridictionnels exercés devant une juridiction
supérieure. L'on vise ici l'appel et la cassation.

Sous-section 1. L'appel

L'appel est la voie de recours ordinaire de réexamen par laquelle le requérant


porte le procès devant une juridiction du degré supérieur.

Le délai d'appel est de 2 mois, augmenté des délais de distance. Ce délai


court à compter du jour de la notification de la décision (art. 264).

Sous-section 2. La cassation

La cassation est la voie de recours qui permet au Conseil d'Etat de casser


une décision passée en force de la chose jugée pour violation de la règle de droit
supérieur.

Le délai pour déposer le pourvoi en cassation est de 3 mois à dater de la


signification (notification) de la décision attaquée (art. 365). La fonction du juge
de cassation du Conseil d'Etat incarne son rôle de juridiction suprême dans
l'ordre de juridictions administratives.

La cassation vise à assurer l'unité dans l'interprétation et dans


l'application du droit dans tout l'ordre juridictionnel administratif.

Section. 2 Les voies de rétractation

Ces recours juridictionnels peuvent être considérés comme des voies de


recours spéciales. Certaines de ces voies de recours sont susceptibles au
remplacement du jugement contesté par un autre jugement (opposition, tierce
opposition et révision) tandis que d'autres ne peuvent donner lieu qu'à un

La Fondation
50

jugement aux effets juridiques moindres (rectification d'erreurs matérielles et


interprétation).

 L'opposition est ouverte contre tout jugement ou tout arrêt rendu par défaut.
Elle est formée dans le délai de deux mois à compter du jour où la décision
par défaut a été notifiée, outre deux jours par cent kilomètres de distance
(art. 253 al. 3) ;
 La tierce opposition en matière administrative : donne possibilité à toute
personne qui n'a pas été partie au procès ni personnellement ni représentée
ou appelée dans l'instance ayant abouti à une décision qui aurait préjudicié
le requérant dans ses droits. La tierce opposition n’est recevable que si elle
est introduite dans les deux mois qui suivent la publication de l’ordonnance,
du jugement ou de l’arrêt ou, si l’exécution est parvenue à la connaissance
du tiers d’une manière quelconque avant la publication, trente jours après la
date à laquelle il en a eu connaissance (art. 258) ;

 La rectification d'erreurs matérielles : est la possibilité donnée à toute


juridiction administrative de corriger les erreurs contenues dans les
jugements ou arrêts prononcés. Il doit s'agir de la correction des erreurs
grossières, des erreurs de calcul ou des erreurs de plume. L’action en
rectification d’erreur matérielle est présentée dans les mêmes formes que
celles de la requête initiale. Elle est introduite dans un délai de deux mois qui
court du jour de la notification de la décision rendue (art. 275) ;

 L'interprétation : est la possibilité donnée à tout juridiction administrative


d'interpréter ses propres décisions de justice (art. 275 al.1). Dans le cadre de
ce recours, le juge administratif se limite à prononcer un jugement déclaratif;

 La révision : est cette procédure particulière permettant au Conseil d'Etat de


passer outre le caractère définitif d'une décision de justice afin de rejuger
l'affaire. Le recours en révision est recevable contre une décision
contradictoire passée en force de chose jugée, pour les motifs ci-après :

 Soit que la décision a été rendue sur pièce reconnue ou déclarée fausse
depuis le jugement contradictoire attaqué;
 Soit que la partie qui a succombé l'a été faute d'avoir produit une pièce
décisive qui était retenue par le fait de son adversaire ;

La Fondation
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 Soit que la décision est intervenue en violation de règles relatives à la


composition de la formation des jugements (composition du siège donc), à la
tenue des audiences, aux principes du délibéré, ainsi qu'à la forme et au
prononcé de la décision (art. 395).

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Partie. 2 Les juridictions administratives spécialisées

Deux questions principales seront abordées:

 Premièrement les principes de création des juridictions administratives


spécialisées;
 Et deuxièmement la présentation successive des juridictions administratives
spécialisées.

Titre.1 La création des juridictions administratives spécialisées

Chapitre. 1 Les principes de création des juridictions administratives


spécialisées

Contrairement aux juridictions administratives de droit commun qui sont


directement instituées par la Constitution, le principe est que les juridictions
administratives spécialisées sont créées en vertu de la Constitution (article 149
alinéa 6 de la Constitution). Toutefois il y a deux exceptions dans le domaine, le
Conseil supérieur de la magistrature est prévu directement dans la Constitution
(article 152) et la Cour des Comptes est instituée directement par la Constitution
(article 178 alinéa 1 de la Constitution).

En réalité les juridictions administratives spécialisées sont créées par des


lois particulières. Par ailleurs les membres de la Cour constitutionnelle n'étant
pas soumis au statut des magistrats, ils sont régis par un statut particulier en
vertu de l'article 11 de la loi organique sur la Cour constitutionnelle.

Concrètement ce statut particulier est porté par une ordonnance


présidentielle n° 16-070 du 22 août 201615. C'est dans ce texte réglementaire
qu'il est institué un Conseil de discipline en tant que juridiction disciplinaire
des membres de la Cour constitutionnelle au sens large (juges à la Cour,
membres du parquet général près la Cour et conseillers référendaires qui
assistent les 9 juges).

15
Lien de téléchargement : http://droitcongolais.info/files/158.08.16-Ordonnance-du-22-aout-2016_Cour-
constitutionnelle_membres.pdf

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Chapitre. 2 Les juridictions administratives spécialisées dans l'ordre


juridictionnel administratif

Quoique les juridictions administratives spécialisées ne soient pas


pleinement régies par la loi organique du 15 octobre 2016 sur les juridictions de
l'ordre administratif, elles sont dans le système des juridictions administratives
c'est-à-dire elles ne se retrouvent pas hors système. En effet elles sont toutes
placées sous le contrôle de cassation du Conseil d'Etat en vertu de l'article 87
alinéa 1 de la loi organique sur les juridictions de l'ordre administratif.

Le contrôle de cassation constitue une garantie pour les justiciables


qui relèvent de ces juridictions administratives spécialisées. Il permet au
Conseil d'Etat de soumettre toute ces juridictions administratives spécialisées
aux principes essentiels du contentieux administratif, à savoir :

 Le principe du contradictoire;
 Le principe d'impartialité;
 Les principes des droits de la défense.

La Fondation
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Titre. 2 La Cour des comptes

Chapitre. 1 La Cour des comptes comme juridiction financière

La Cour des comptes est une juridiction financière ayant une compétence
sur toute l'étendue du territoire national16. Elle dispose de chambres provinciales
pour permettre de couvrir l'ensemble de sa compétence.

Elle comprend un siège et un parquet. Elle exerce ses attributions


juridictionnelles sous l'autorité de la loi comme les juridictions du pouvoir
judiciaire. La Cour des comptes ne relève pas du pouvoir judiciaire de l'Etat
mais exerce le pouvoir juridictionnel de l'Etat (le pouvoir de trancher les litiges
au regard de la règle de droit). La Cour des comptes relève de l'assemblée
nationale.

La Cour des comptes exerce un contrôle extra juridictionnel et un contrôle


juridictionnel.

Le contrôle juridictionnel de la Cour des comptes se clôture par des


décisions sous forme d'arrêt. Le contrôle extra juridictionnel se clôture par des
décisions sous forme administrative.

Section. 1 Le contrôle extra juridictionnel

Le contrôle extra juridictionnel vise le contrôle budgétaire et le contrôle de


gestion.

Le contrôle budgétaire a pour objet de vérifier la conformité ou non entre les


comptes individuels des comptables publics assignataires des recettes ou des
dépenses et le compte général soit de l'Etat, de la province ou de l'ETD. En

16
Elle est régie par la loi organique n° 18/024 du 13 novembre 2018 portant composition, organisation et
fonctionnement de la cour des comptes, ainsi que l’arrêté n°001 du 30 septembre 2020 portant Règlement
intérieur de la Cour des comptes.
Lien de téléchargement : https://droitcongolais.info/files/670.11.18-Loi-du-13-novembre-2018_Cour-des-
comptes.pdf
Lien du règlement intérieur :
www.leganet.cd/Legislation/Droit%20Public/compta/A.30.09.2020.html#:~:text=3%20de%20la%20Loi%20organiqu
e%20n%C2%B018%2F024%20du%2013,comprend%20un%20si%C3%A8ge%20et%20un%20parquet.%20Article%20
3

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55

revanche le contrôle de gestion a pour objet de contrôler tous les aspects de


gestion dans le sens d'apprécier la performance des programmes arrêtés et leur
mise en œuvre.

Ces deux types de contrôle se clôturent par des décisions sous la forme
administrative, notamment : la note du premier président de la Cour des
comptes, le référé (des observations assorties de contrainte) de la Cour des
comptes, les observations de la Cour des comptes et leur insertion au rapport
annuel de la Cour des comptes.

Section. 2 Le contrôle juridictionnel

La Cour des comptes exerce un contrôle juridictionnel comme juge des


comptes, c'est-à-dire des écritures comptables des comptables publics
principaux, assignataires de recettes ou de dépenses.

La Cour des comptes est aussi juge des comptes des personnes déclarées
par elle comptables de fait. La Cour des comptes rend dans le cadre de son
contrôle juridictionnel, des arrêts de quitus ou des arrêts de débet selon les cas

Elle prononce un arrêt de quitus lorsque les comptes du comptable public


ont été reconnus conformes et que les omissions, irrégularités et déficits ont été
réparés et aussi lorsque les débets ont été apurés et le cas échéant les amandes
payées. L'arrêt de débet est prononcé lorsque les comptes sont déclarés non
conformes.

Les arrêts de la Cour de comptes sont notifiés par le rapporteur général de


la Cour des comptes qui est le coordonnateur du greffe central de la Cour des
comptes. Dès leur notification, les arrêts sont exécutoires sur le patrimoine
de la personne condamnée.

Les arrêts prononcés en premier ressort par une chambre de la Cour des
comptes sont susceptibles d'appel devant la formation inter chambres de la Cour
des comptes.

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Chapitre. 2 La cassation et la révision des arrêts de la Cour des comptes

Section. 1 La cassation devant le Conseil d'Etat

Les arrêts rendus au second degré par la formation inter chambres de la


Cour des comptes, sont susceptibles de pourvoi en cassation pour violation de la
loi (sens large) devant le Conseil d'Etat. Le pourvoi est formé, instruit et jugé
conformément à la procédure devant le Conseil d'Etat.

En cas de cassation par le Conseil d'Etat le compte est renvoyé devant la


Cour des comptes siégeant, cette fois-ci, toutes chambres réunies à l'exception
des magistrats ayant rendu le premier jugement.

Section. 2 La révision par la Cour des comptes elle-même

Un recours en révision est ouvert contre les arrêts définitifs de la Cour des
comptes en cas de découverte d'un fait nouveau, dans un délai de 10 ans à dater
de la notification de l'arrêt.

La révision est possible pour cause d'erreurs, omissions, double emploi,


lorsqu'il est établi qu'un compte a été arrêté sur production de pièces fausses.

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Titre 3. Les juridictions disciplinaires de certaines catégories


d'agents publics

Le principe est que les fautes disciplinaires des agents publics sont
réprimées par l'administration active. Par exception alors, les fautes
disciplinaires de certains agents publics sont examinées par des juridictions
disciplinaires qui sont en fait des juridictions administratives spécialisées.

Chapitre. 1 Le Conseil supérieur de la magistrature17

Les magistrats de l'ordre judiciaire et de l'ordre administratif sont tous des


agents publics régi par un statut particulier, le statut des magistrats. Le conseil
supérieur de la magistrature exerce, entre autres attributions, le pouvoir
disciplinaire sur ces magistrats.

Section. 1 Les chambres de discipline

Le Conseil supérieur de la magistrature dans ce rôle (du pouvoir


disciplinaire) exerce son pouvoir à travers la chambre nationale et les chambres
provinciales de discipline siégeant avec 3 magistrats.

La chambre provinciale de discipline connaît au premier degré des fautes


disciplinaires des magistrats des ressorts des Cours d'appel, des Cours
administratives d'appel, des cours militaires et des parquets près ces juridictions
jusqu'au rang des Cours d'appel et des cours administratives d'appel.

La chambre nationale de discipline connaît en premier et dernier ressort les


fautes disciplinaires des magistrats de la Cour de cassation, du Conseil d'Etat,
de la Haute Cour militaire et des parquets près ces juridictions.

La chambre nationale de discipline connaît en appel des décisions rendues


par les chambres provinciales de discipline. Les décisions de la chambre
nationale de discipline peuvent faire l'objet de pourvoi en cassation devant
le Conseil d'Etat.

17
Il est organisé par la loi organique n° 08/013 du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil
supérieur de la magistrature.
Lien de téléchargement : http://droitcongolais.info/files/150.08.08-Loi-organique-du-5-aout-2008_Conseil-
superieur-de-la-magistrature.pdf

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Section 2. Les peines à infliger

Suivant la gravité des faits, les peines disciplinaires (les sanctions


disciplinaires) ci-après peuvent être prononcées :

 Le blâme (appelé dans le secteur privé le dernier avertissement);


 La retenue de 1/3 du traitement d'un mois;
 La suspension de 3 mois au maximum avec privation de traitement mais les
avantages sociaux peuvent être libérés ;
 La révocation.

Les trois premières sanctions sont prononcées par la chambre de discipline


tandis que la révocation est prononcée par le président de la République sur
proposition du Conseil supérieur de la magistrature.

Chapitre. 2 Le Conseil supérieur de la Cour des comptes

Les magistrats du siège et du parquet de la Cour des comptes ont comme


juridictions disciplinaire le Conseil supérieur de la Cour des comptes qui exerce
son pouvoir disciplinaire à travers la chambre du conseil.

Suivant la gravité des faits, les peines ou les sanctions disciplinaires à


prononcer sont les suivantes :

 Le blâme ;
 La retenue de 1/3 du traitement d'un mois ;
 L'exclusion temporaire pour une durée ne dépassant pas 3 mois avec
privation de la rémunération, les avantages sociaux sont libérés;
 La révocation.

Les trois premières sanctions sont prononcées par la chambre du conseil du


Conseil supérieur de la Cour des comptes tandis que la sanction de révocation
est prononcée par le président de la République à la demande du conseil
supérieur de la Cour des comptes après avis de l'assemblée nationale.

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Chapitre. 3 Le Conseil de discipline au sein de la Cour constitutionnelle

Le conseil de discipline institué par le statut particulier des membres de la


Cour constitutionnelle est la juridiction disciplinaire des dix membres au sens
large. Le Conseil de discipline siège toujours en premier et dernier ressort.

La décision du conseil de discipline est susceptible de pourvoi en cassation


devant le Conseil d'Etat.

Suivant la gravité des faits, les sanctions disciplinaires à infliger sont les
suivantes :

 Le blâme ;
 La retenue de 1/3 des émoluments pour une durée ne dépassant pas 3 mois
;
 La suspension des fonctions pour une durée ne dépassant pas 3 mois ;
 La démission d'office ;
 La révocation.

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Titre. 4 Les juridictions ordinales

Chapitre. 1 Les organes professionnels de discipline

Au sein de chaque ordre professionnel il y a des organes professionnels de


discipline des membres de la profession. Dans chaque ordre professionnel, il y a
également le respect du principe du double degré de juridiction.

Exemple: Pour l'ordre des médecins18 il y a le Conseil provincial de l'ordre en


première instance et le Conseil national de l'ordre en révision (en seconde
instance); pour l'ordre des pharmaciens19 il y a le Conseil provincial de l'ordre et
le Conseil national de l'ordre en chambre d'appel; et pour l'ordre des avocats20 il
existe le Conseil de l'ordre comme Conseil de discipline en première instance et
le Conseil national de l'ordre siégeant en appel.

La décision rendue en dernier ressort, au second degré, est susceptible


de pourvoi en cassation devant le Conseil d'Etat.

Suivant la gravité des faits les juridictions ordinales peuvent prononcer les
peines ou sanctions disciplinaires ou professionnelles ci-après :

 L'avertissement;
 Le blâme ;
 L'interdiction temporaire d'exercer ;
 La radiation du tableau de l'ordre ;
 L'interdiction définitive d'exercer.

18
L’ordre des médecins est organisé par l’ordonnance-loi 68-070 du 1er mars 1968 créant l’ordre des médecins.
Lien : http://leganet.cd/Legislation/Droit%20Public/SANTE/OL.68.070.01.03.1968.htm
19
Créé par l’ordonnance-loi 91-018 du 30 mars 1991 portant création d’un Ordre des pharmaciens en République
du Zaïre.
Lien de téléchargement : http://droitcongolais.info/files/811.03.91-Ordonnance-loi-du-30-mars-1991_Ordre-des-
pharmaciens.pdf
20
L’ordre des avocats et est institué par l’ordonnance-Loi n° 79-028 du 28 sept 1979 Portant Organisation du
Barreau, du Corps des défenseurs judiciaires et du Corps des mandataires de l'Etat. Lien de téléchargement :
https://ona-rdc.org/storage/files/February2023/tdppB5sbetBs4Iez5XDd.pdf
A côté de ce texte il y a également la décision n° CNO-8-87 du 19 août 1987 portant règlement intérieur cadre des
barreaux de la RD Congo tel que modifiée par la décision n° 4CNO du 24 février 2001. Lien de téléchargement :
https://ona-rdc.org/storage/files/February2023/sL3CvJ7YiUkP7d74z91l.pdf

La Fondation
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LA FONDATION

LA FONDATION est une association d’étudiants composée de :

 AKALEFA Louange

 BARUANI Benjamin

 BOMBELOSANDA Gradi

 FUNGA Martin

 IBULA Jérémie

 KABEMBA John

 KATUMBA Lionel

 MULENGA Styvie

 WANI Daniel

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