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Droit d’organisation judiciaire

Royaume du Maroc
Introduction générale

Partie 1 : les principes de base de l’organisation judiciaire

Chapitre1: les principes relatifs à l’administration de la justice

Section 1 : l’égalité devant la justice

Section 2 : la gratuité de la justice

Section 3 : l’impartialité du juge

Section 4 : Le principe du double degré de juridiction

Chapitre 2 : Le principe de la séparation des pouvoirs

Chapitre 3 : L’unité ou la dualité de la juridiction

Chapitre 4 : La formation collégiale et le juge unique

Partie 2 : les juridictions de l’ordre judiciaire

Chapitre 1 : les juridictions ordinaires de droit commun


Section 1 : le tribunal de première instance
A- Les juridictions de proximité

1) Aperçu sur les tribunaux communaux et


d’arrondissement

a- Election des juges non-magistrats


b- Les audiences et les procédures
c- Les compétences des tribunaux communaux et
d’arrondissement
2) les juridictions de proximité
a-compétence des juridictions de proximité
b- La composition des juridictions de proximité
c-La procédure devant les juridictions de proximité

B-L ‘organisation des tribunaux de première instance


1) compétence des tribunaux de première instance

2) Le fonctionnement des tribunaux de première


instance
a-La formation des audiences
b- La procédure devant le tribunal de première
instance
c- Le rôle du représentant du ministère public
d- Le rôle du président du tribunal de première
instance
Section 2 : les cours d’appel
Paragraphe1 : l’organisation des cours d’appel
A- La composition des cours d’appel
B- Aménagement des cours d’appel
C- Le fonctionnement des cours d’appel
D- La procédure devant la cour d’appel
1) Le délai d’appel
2) Les conditions liées à la requête d’appel
3) Les effets de l’appel
Paragraphe 2 : La compétence de la cour d’appel

A- La compétence d’attribution de la cour d’appel

B- La compétence territoriale de la cour d’appel

Section 3 : La cour de cassation


Paragraphe 1 : le rôle de la cour de cassation
Paragraphe 2 : composition et organisation
Paragraphe 3 : le fonctionnement de la cour de
cassation
Paragraphe 4 : La procédure
Chapitre 2 : Les juridictions spécialisées
Chapitre 2 : Les juridictions spécialisées

L’ordre judiciaire marocain comprend deux catégories de


juridictions spécialisées, à savoir les juridictions administratives dont
l’objectif est de protéger les citoyens contre les abus et les excès de
pouvoir de l’administration, et les juridictions de commerce dont la
création vise généralement d’assurer une sécurité des investisseurs
et permettre, en conséquence, un développement économique plus
soutenable.

Section 1 : les juridictions administratives

Afin de permettre aux administrés de se défendre contre les abus


de l’administration, les juridictions administratives ont été mises en
place. Elles se constituent des tribunaux administratifs et des cours
d’appel administratives.

Paragraphe1 : les tribunaux administratifs

Les tribunaux administratifs ont été créés par la loi 41-90


promulguée par le dahir n°1-91-225 du 10 septembre 1993 et publiée
le 3 novembre1993. Cette loi vise la consolidation du pouvoir
judiciaire dans la mesure ils se sont substitués aux tribunaux de
première instance pour statuer sur les affaires d’ordre administratif.

Par ailleurs, l’étude de ces tribunaux nécessite de se pencher sur


l’examen de leur organisation et leurs compétences.

A- L’organisation des tribunaux administratifs


L’étude de l’organisation des tribunaux administratifs nécessite de
traiter leur nombre, leur composition, leur fonctionnement.

1) Le nombre restreint des tribunaux administratifs


Le nombre des tribunaux administratifs au Maroc a été déterminé
par l’article 1er du décret n°2-92-59 du 3novembre1993 pris en
application de la loi 41-90 instituant les tribunaux administratifs.
Celui-ci a fixé leur nombre à sept tribunaux repartis sur le territoire
marocain, et se trouvent à : Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech,
Meknès, Agadir, et Oujda. Leurs lieux et ressorts respectifs sont
définis dans le tableau annexé au présent décret.

2) La composition
Selon l’article 2 de la loi 41-90 « le tribunal administratif
comprend :
- Un président et plusieurs magistrats ;
- Un greffe.
Le tribunal administratif peut être divisé en sections suivant la
nature des affaires.
Le président du tribunal administratif désigne pour une période de
2 ans parmi les magistrats de celui-ci et sur proposition de
l’assemblée générale un ou plusieurs commissaires royaux de la loi
et du droit ».
Partant, le tribunal administratif dispose d’une composition
similaire à celle des tribunaux de première instance. Il se compose
d’un président, de plusieurs magistrats, d’un greffe.
En revanche, la composition des tribunaux administratifs
représentent certaines particularités dans le sens où ces tribunaux ne
comprennent pas l’institution du ministère public. A cet égard, il est à
constater l’absence de la dualité d’organisation entre la présidence
des magistrats de siège et le service de greffe d’une part, et du
parquet et du secrétariat du parquet d’autre part.
Ainsi, les tribunaux administratifs se spécifient par l’existence du
commissaire royal pour la défense du droit et de la loi dont la
présence est obligatoire dans toutes les audiences. En plus, le
commissaire royal de la loi et du droit représente certaines
particularités par rapport au ministère public. Il s’agit d’un magistrat
désigné par le président du tribunal administratif parmi les
magistrats du tribunal administratif. De même que sa mission entant
que défenseur du droit et de la loi n’est que temporaire, elle est
limitée à la durée de deux ans. Ainsi qu’il est désigné sur proposition
de l’assemblée générale. Quant au ministère public, c’est un
magistrat qui n’est pas désigné par le président du tribunal mais il
s’agit d’un magistrat spécialement commis pour défendre l’intérêt
public et l’intérêt de la société.
En outre, le commissaire royal du droit et de la loi joue un rôle très
important au niveau des tribunaux administratifs. Sa fonction
se détermine dans la défense de la loi et du droit en vertu de
conclusions écrites et orales portant sur les circonstances de fait et
les règles de droit applicables. L’article 5 de la loi 41-90 précise aussi
qu’il ne prend pas part au jugement.
Et à l’instar des tribunaux de première instance, les tribunaux
administratifs peuvent être divisés en sections suivant la nature des
affaires ; or il convient de signaler dans ce cadre que l’article 2 de la
loi 41-90 a parlé des sections et non pas de chambres.

3) Le fonctionnement
C’est l’assemblée générale qui définit le mode de fonctionnement
interne des tribunaux administratifs. Son rôle implique une
participation plus ou moins directe des magistrats et des
commissaires royaux qui la composent.
En fait, elle se réunit annuellement dans la première quinzaine du
mois de décembre en vue d’arrêter le nombre des sections, leur
composition, les jours et heures des audiences ainsi que la
répartition des affaires entre les diverses sections, sans oublier aussi
sa proposition à la désignation d’un ou plusieurs commissaires
royaux de la loi et du droit.
En outre elle peut, le cas échéant, tenir d’autres réunions plus
rapprochées dans le temps si le président du tribunal administratif
l’estime nécessaire.
Par ailleurs, il convient de signaler que les audiences des tribunaux
administratifs sont tenues et leurs jugements sont rendus
publiquement en la présence de trois magistrats assistés d’un
greffier.
Dans ce cadre, l’article 5 de la loi 41-90 précise que la présidence
de l’audience est assurée par le président du tribunal administratif
ou par un magistrat désigné à cette fonction par l’assemblée
générale annuelle des magistrats du tribunal administratif.

B- La compétence des tribunaux administratifs

La loi 41-90 a consacré plusieurs dispositions à la compétence des


tribunaux administratifs. En fait, le législateur a déterminé la
compétence territoriale de ces tribunaux en plus de leur compétence
d’attribution à laquelle, il a consacré des règles générales d’une part,
en plus de plusieurs dispositions afférentes au contentieux
administratif au niveau des chapitres III à VII.

1) La compétence territoriale
Conformément aux dispositions de l’article 10 de la loi 41-90, sont
applicables devant les tribunaux administratifs les règles de
compétence territoriale prévues par les articles 27 à 30 du code de
procédure civile, sauf disposition contraire de la présente loi ou
d’autres textes particuliers. Partant, ce sont les règles de la
procédure civile qui régissent la compétence territoriale de ces
tribunaux.
De ce fait, le tribunal compétent est celui du domicile ou de la
résidence du défendeur. Si le défendeur n’a ni domicile, ni résidence
au Maroc, le tribunal compètent sera celui du domicile ou de la
résidence du demandeur.
Toutefois, à ce principe la loi 41-90 apporte certaines exceptions.
Ainsi, l’alinéa 2 de l’article 10 précise que « les recours en
annulation pour excès de pouvoir sont portés devant le tribunal
administratif du domicile du demandeur ou devant celui dans le
ressort territorial duquel la décision a été prise ».
En outre, selon l’article 11 de la loi 41-90, le tribunal administratif
de Rabat est seul compétent pour connaitre deux sortes de
contentieux :
En premier lieu, le contentieux relatif à la situation individuelle des
personnes nommées par dahir ou par décret (concernant par
exemple leurs salaires).
En second lieu, le contentieux relevant de la compétence des
tribunaux administratifs mais né en dehors du ressort de ces
tribunaux(les consulats, les ambassadeurs etc.).

2) La compétence d’attribution
(la compétence en raison de la matière)
En général, les tribunaux administratifs sont compétents de
trancher les litiges opposant un particulier à l’administration. Ainsi,
ils sont compétents pour juger en premier et dernier ressort les
matières suivantes :
*les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les
décisions des autorités administratives. Selon l’article 20 de la loi
41-90 « une décision administrative est entachée d’excès de
pouvoir soit en raison de l’incompétence de l’autorité qui l’a prise,
soit pour vice de forme, détournement de pouvoir, défaut de motif
ou violation de la loi. La personne à laquelle une telle décision fait
grief peut l’attaquer devant la juridiction administrative
compétente ».
* les contestations concernant les contrats administratifs ;
*les demandes en réparation des dommages causés par les actes ou
les activités des personnes publiques, à l’exclusion toutefois de ceux
causés sur la voie publique par un véhicule quelconque appartenant à
une personne publique.
Les tribunaux administratifs, sont également compétents pour
statuer sur :
*les litiges nés à l’occasion de l’application de la législation et la
règlementation des pensions(article 41 et suivants de la loi 41-90) et
du capital décès des agents de l’Etat, des collectivités locales, des
établissements publics et du personnel de l’administration de la
chambre des représentants ;
*les contestations découlant de la législation et de la réglementation
en matière électorale (l’article 26 et suivants de la même loi), fiscale
(l’article 28 de la même loi) ;
*le contentieux concernant le recouvrement des créances du trésor ;
*les litiges relatifs au droit de l’expropriation pour cause d’utilité
publique (l’article 37 et suivants de la même loi) ;
*les litiges relatifs à la situation individuelle des fonctionnaires et
agents de l’Etat, des collectivisés locales et des établissements
publics.
En outre l’article 8 de la loi 41-90 ajoute que les tribunaux
administratifs sont compétents pour l’appréciation de la légalité des
actes administratifs.
Il convient de signaler que la liste citée ci-dessus n’est pas
exhaustive du fait que le tribunal administratif jouit d’une
compétence générale en matière administrative.
En plus, il existe des cas où la cour de cassation ainsi que le
tribunal administratif de Rabat disposent d’une compétence
exclusive et statue en premier et dernier ressort.
Ainsi, l’article 9 de la loi 41-90 dispose que « par dérogation aux
dispositions de l’article précédent, la cour de cassation demeure
compétente pour statuer en premier et dernier ressort sur :
*les recours en annulation pour excès de pouvoir dirigés contre les
actes réglementaires ou individuels du chef du gouvernement ;
*les recours contre les décisions des autorités administratives dont
le champ d’application s’étend au-delà du ressort territorial d’un
tribunal administratif.
Aussi, le tribunal administratif de Rabat jouit de la compétence
exclusive pour connaitre :
*le contentieux relatif à la situation individuelle des personnes
nommées par dahir ou par décret (concernant par exemple leurs
salaires).
* le contentieux relevant de la compétence des tribunaux
administratifs mais né en dehors du ressort de ces tribunaux(les
consulats, les ambassadeurs etc.).
Enfin, il convient de préciser que l’article 12 de la loi 41.90 précise
que la compétence en raison de la matière des tribunaux
administratifs est d’ordre public. A cet égard l’incompétence de ces
tribunaux est relevée d’office par la juridiction saisie et peut être
soulevée par les parties à tout stade de la procédure.
Par ailleurs, l’examen de la compétence d’attribution des
tribunaux administratifs nécessite aussi traiter les compétences du
président du tribunal administratif. Dans ce cadre, l’article 19 de la loi
41.90 dispose que « le président du tribunal administratif ou la
personne déléguée par lui est compétent, entant que juge des
référés et des ordonnances sur requêtes, pour connaitre des
demandes provisoires et conservatoires ». Ainsi, comme il a été déjà
précisé, c’est à lui que revient la désignation d’un ou plusieurs
commissaires royaux sur proposition de l’assemblée générale.
C- La procédure
Selon l’article 7 de la loi 41.90 « les règles du code de procédure
civile sont applicables devant les tribunaux administratifs, sauf
dispositions contraires prévues par la loi ». De même, plusieurs
articles de la loi 41.90, en l’occurrence l’article3 et suivant, renvoient
aux articles du code de la procédure civile.
Ainsi, le tribunal administratif est saisi par une requête écrite
signée par un avocat inscrit au tableau de l’un des barreaux du
Maroc. Néanmoins, l’obligation de constituer un avocat ne s’impose
pas à l’administration (l’article 515 du code de procédure civile).
En outre la requête en annulation pour excès de pouvoir doit être
accompagnée de la décision administrative attaquée (l’article 21 de
la loi 41.90). De même qu’elle est dispensée du paiement de la taxe
judiciaire (l’article 22 de la loi 41.90).
Après enregistrement de la requête, le président du tribunal
administratif transmet immédiatement le dossier au juge
rapporteur qu’il désigne et au commissaire royal de la loi et du droit
dont la présence à l’audience est obligatoire.( les articles 3 et 4 de la
loi 41.90).

Paragraphe 2 : les cours d’appel administratives


Presque après treize ans après la promulgation de la loi 41-90
instituant les tribunaux administratifs que les cours d’appel
administratives ont été instauré au Maroc en vertu de la loi n°80.03
promulguée par le dahir n° 1.06.07 du 14 février 2006(Bulletin officiel
n° 5400 du 2 mars 2006, p: 332). Leur nombre est fixé en deux, une à
Rabat et l’autre à Marrakech dans un tableau en vertu du premier
article du décret n° 2.06.187 du 25 juillet 2006 déterminant les cours
d’appel administratives te leur compétences.
Avant 2006, l’appel contre les jugements des tribunaux
administratifs était interjeté devant la chambre administrative de la
cour de cassation. A cet égard, l’article 20 de la loi 80.03 instituant
les cours d’appel administratives précise que « sont abrogées les
dispositions contraire à la présente loi, notamment les articles 45,
46,47, et 48 de la loi n°41-90 instituant les tribunaux
administratifs ». L’abrogation, dans ce cadre, concerne les articles
qui régissaient l’appel devant la chambre administrative de la cour
de cassation.
D’ailleurs, l’instauration des cours d’appel administratives a
représenté une solution aux difficultés liées à la détermination des
règles de procédure qu’il fallait appliquer devant la chambre
administrative de la cour de cassation. Celle-ci était compétente
pour statuer sur les appels formés contre les jugements des
tribunaux administratifs, ce qui soulevait un dilemme entre
l’application des règles de procédure appliquée devant les cours
d’appel et celles appliquées devant la cour de cassation.
En revanche, il convient de noter que conformément aux
dispositions de l’article 13 de la loi 41.90 instituant les tribunaux
administratifs, la cour de cassation demeure une juridiction de
second degré lorsqu’il s’agit de l’appel interjeté contre la décision
relative à la compétence en raison de la matière.

A- Composition et organisation
Selon l’article 2 de la loi 80.03 instituant les cours d’appel
administratives « la cour d’appel administrative comprend :
*un premier président, des présidents de chambres et des
conseillers ;
*un greffe ».
Ainsi, le premier président de la cour d’appel administrative
désigne parmi les conseillers, sur proposition de l’assemblée
générale, pour une durée de 2 deux ans renouvelable, un ou
plusieurs commissaires royaux de la loi et du droit dont la présence
est obligatoire à toutes les audiences.
En outre, l’article 3 de la loi 80.03 précise que « le commissaire
royal de la loi et du droit expose à la formation de jugement, et en
toute indépendance, ses avis écrits qu’il peut expliciter oralement
sur les circonstances de fait comme sur les règles de droit
applicables. Ses avis sont développés sur chaque affaire en
audience publique ». Les parties peuvent se faire délivrer copie des
conclusions du commissaire royal de la loi et du droit. De même que
le commissaire royal de la loi et du droit ne prend pas part aux
délibérations.
Par ailleurs, la cour d’appel administrative est divisée en
chambres suivant la nature des affaires dont elle est saisie (l’article 2
de la loi 80.03).
En outre, il convient de signaler que la procédure appliquée
devant les cours d’appel administratives est les règles du code de
procédure civile et de la loi n°41.90 instituant les tribunaux
administratifs, sauf dispositions contraires prévues par la loi (l’article
15 de la loi 80.03).
À cet égard, les audiences des cours d’appel administratives sont
tenues et leurs jugements sont rendus publiquement par trois
conseillers dont un président assisté d’un greffier (l’article 3 de la loi
80.03).
Par ailleurs, le délai d’appel contre les jugements des tribunaux
administratifs est de trente jours à compter de la date de la
notification du jugement conformément aux dispositions des articles
134 à 141 du code de procédure civile (l’article 9 de la loi 80.03).
Ainsi, les cours d’appel administratives sont saisies par une requête
écrite, signée par un avocat, hormis le cas où l’appel est interjeté par
l’Etat, les administrations publiques, auquel cas le recours à l’avocat
est facultatif. En plus, l’article 10 de la loi 80.03 ajoute que « l’appel
est dispensé du paiement de la taxe judiciaire.
Ainsi, l’appel est présenté au greffe du tribunal administratif qui a
rendu le jugement objet d’appel, ce dernier transmet la requête
d’appel accompagnée des pièces au greffe de la cour d’appel
administrative compétente dans le délai de quinze jours à compter
de la date de son dépôt au greffe du tribunal administratif.

B- compétence
Selon l’article 5 de la loi 80.03 « les cours d’appel administratives
sont compétentes pour connaitre, en appel, des jugements rendus
par les tribunaux administratifs et des ordonnances de leurs
présidents, sauf dispositions contraires prévues par la loi ».

C- le pourvoi en cassation devant la chambre administrative de la


cour de cassation
Conformément aux dispositions de l’article 16 de la loi 80.03, les
décisions rendues par les cours d’appel administratives sont
susceptibles de pourvoi en cassation devant la cour de cassation
sauf décisions rendues en matière d’appréciation de la légalité des
décisions administratives.
Ainsi, le délai de pourvoi en cassation est fixé à trente jours à
dater de la notification de l’arrêt objet du recours. L’article 16 de la
loi 80.03 précise qu’en matière de pourvoi en cassation sont
applicables les règles prévues par le code de procédure civile.
En plus de ses fonctions habituelles de juridiction suprême, la
chambre administrative de la cour de cassation jouit d’une
compétence exclusive qui s’explique par la nature des recours ou des
personnes publiques impliquées. De ce fait, elle est compétente de
statuer en premier et dernier ressort sur :
-les recours en annulation pour excès de pouvoir dirigés contre les
actes réglementaires ou individuels du chef du gouvernement.
-les recours contre les décisions des autorités administratives dont
le champ d’application s’étend au-delà du ressort territorial du
tribunal administratif.
Aussi, il convient d’ajouter que la cour de cassation statue
exceptionnellement comme juridiction de second degré au niveau
des appels interjetés contre les décisions relatives à la compétence
en raison de la matière.

Section 2 : les juridictions de commerce


Les juridictions de commerce ont été instituées par la loi 53-95
promulguée par le dahir n°1-97-65 du 12 février 1997(Bulletin officiel
n° 4482 du 15-05-1997, p.520).
Certes, le Maroc a connu plusieurs réformes économiques et
financières (touchant plusieurs secteurs tel que les banques, les
crédits, les bourses, les épargnes, les investissements etc.) tendant à
rendre les entreprises de plus en plus compétitives et à encourager
les investisseurs étrangers à fructifier leurs capitaux au Maroc. Ces
changements répondaient aux exigences de la mondialisation de
l’économie de marché et des échanges commerciaux.
Pour accompagner ce développement et pour répondre aux
injonctions de la banque mondiale et du fonds monétaire
international, plusieurs textes juridiques ont été mis en place tel que
la promulgation du code de commerce, la loi n°06-99 sur la
concurrence et les prix adopté en juin 2000.
En revanche, l’instauration des textes juridiques ne suffit pas pour
répondre au besoin des investisseurs à la sécurité juridique pour
leurs avoirs et profits, mais aussi faut-il mettre en place une justice
compatible avec leurs besoins et objectifs, une justice commerciale
de qualité adaptée à la nature des affaires commerciales, et dotée
de ressources humaines qualifiées et suffisante ainsi d’une
procédure appropriée.
Par ailleurs, les juridictions de commerce se composent d’une part
des tribunaux de commerce et d’autre part les cours d’appel de
commerce.

Paragraphe1 : les tribunaux de commerce

Les tribunaux de commerce constituent une juridiction spécialisée


pour juger en première instance les affaires commerciales. L’article 1
de la loi 53-95 précise que leur nombre, leurs sièges et leur ressort
sont fixés par décret. A cet égard, l’article 1er du décret n° 2-97-771
du 28 octobre 1997 fixant le nombre, le siège et le ressort de ces
juridictions, dispose que « le nombre des tribunaux de commerce
est fixé à six ». En fait ces tribunaux se situent à Rabat, Casablanca,
Fès, Tanger, Marrakech et Agadir.

Ce nombre a été augmenté en instaurant deux tribunaux de


commerce l’un à Meknès et l’autre à Oujda par le décret n° 2.00.280
modifiant et complétant le décret n° n° 2-97-771 du 28 octobre 1997
fixant le nombre, le siège et le ressort des tribunaux de commerce et
des cours d’appel de commerce.

La création de ces deux tribunaux est intervenue pour limiter les


inconvénients du nombre limité de ces tribunaux qui se répercute
négativement sur le principe du rapprochement de la justice des
justiciables et augmente les frais de justice.

Toutefois malgré leur nombre limité, ces tribunaux jouent un rôle


prépondérant dans la réalisation de la justice commerciale. Par
conséquent afin de mieux éclaircir leur importance il s’avère crucial
de les traiter sur plusieurs niveaux, à savoir: D’une part, de traiter
leur organisation et composition, et d’autre part de se pencher sur
leurs compétences.

A- Organisation et composition
Selon l’article 2 de la loi 53-95instituant les juridictions de
commerce « le tribunal de commerce comprend :
-un président, des vices présidents et des magistrats.
-un ministère public composé du procureur du Roi et de un ou
plusieurs substituts.
-un greffe et un secrétariat du ministère public ». Ainsi le même
article ajoute que le président du tribunal de commerce désigne sur
proposition de l’assemblée générale, un magistrat chargé du suivi
des procédures d’exécution.
Par ailleurs, les audiences des tribunaux de commerce sont tenues
et leurs jugements rendus par trois magistrats, dont un président,
assistés d’un greffier (l’article 4 de la loi 53-95).
Partant, les tribunaux de commerce ont une composition similaire
à celle des tribunaux de première instance, ils se composent d’un
président et des vices présidents, des magistrats et un ministère
public; or il convient, dans ce cadre, de soulever la particularité de la
fonction du ministère public devant les tribunaux de commerce qui
ne jouit d’aucun rôle répressif en matière commerciale.
En plus, les tribunaux de commerce peuvent être divisés en
chambres suivant la nature des affaires dont il est saisi. À ce niveau,
l’article 2 de la loi 53-95 précise que chaque chambre peut instruire
les affaires soumises au tribunal et y statuer.
Par ailleurs, la détermination des modalités de fonctionnement
des magistrats est confiée à l’assemblée générale des tribunaux de
commerce, qui à l’instar du cas de toutes les juridictions du royaume,
l’assemblée générale des tribunaux de commerce se réunit à la
première quinzaine de décembre de chaque année pour arrêter le
nombre de chambres leur composition, les jours et les heures des
audiences (l’article 4 du décret n°2-97-771 cité ci-dessus).

B- La procédure
Afin de répondre aux exigences de commerce, le législateur a doté
les tribunaux de commerce d’une procédure simplifiée et rapide.
Ainsi, ces tribunaux sont saisis par une requête écrite signée par un
avocat inscrit au tableau de l’un des barreaux du Maroc.
Ensuite, dès leur enregistrement, le président du tribunal désigne
un juge rapporteur auquel il transmet le dossier dans les 24 heures,
lequel convoque les parties à l’audience après en avoir fixé la date.

C- compétences
La compétence des tribunaux de commerce se détermine dans
leur compétence d’attribution d’une part et dans leur compétence
territoriale d’autre part.

1) la compétence d’attribution
La compétence des tribunaux de commerce a été déterminée par
les articles de 5 à 9 de la loi 53-95. En vertu de ces textes, il convient
de constater que la compétence d’attribution des tribunaux de
commerce se détermine selon les matières relevant de leur
compétence ou encore en raison de la valeur du litige.
Ainsi, les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre
tous litiges se rapportant aux matières suivantes:
 les actions relatives aux contrats commerciaux ;
 des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités
commerciales ;
 des actions relatives aux effets de commerce ;
 des différends entre associés d’une société commerciale,
 des différends à raison de fonds de commerce. (l’article 5 de la
loi 53-95).
Sont exclues de la compétence des tribunaux de commerce les
affaires relatives aux accidents de la circulation.
Il convient de noter que l’article 5 de la loi 53-95 octroie au
commerçant la possibilité de convenir avec le non commerçant
d’attribuer compétence au tribunal de commerce pour connaitre les
litiges pouvant les opposer à l’occasion de l’exercice de l’une des
activités du commerçant.
Dans ce cadre, un arrêt de la cour de cassation n°339 datant du
19.03.2003, dossier commercial n° 391 /2001 a précisé que la partie
civile a le choix d’assigner le commerçant entant que défendeur
devant le tribunal ordinaire ou le tribunal de commerce. Toutefois,
lorsque c’est le commerçant qui assigne le non commerçant en
justice, la compétence de statuer sur le litige revient au tribunal
ordinaire, sauf l’existence d’un accord entre les parties d’attribuer
compétence au tribunal de commerce.
D’autre part, l’article précité confère aux parties au litige le droit
de « convenir de soumettre les litiges prévus ci-dessus à la procédure
d’arbitrage et de médiation conformément aux dispositions des
articles 306 à 327-70 du code de la procédure civile ».
Il convient d’ajouter, en outre, que la compétence des tribunaux
de commerce comprend tous les litiges pouvant naitre de
l’application des dispositions du code de commerce conformément
aux dispositions de l’article 736 du code de commerce qui dispose
« dans l’attente de l’institution des juridictions compétentes pour le
règlement des différends intervenus entre commerçant ou pour
l’application de la présente loi , il sera statué sur les dits différends
conformément à la législation en vigueur ».
En effet, les tribunaux de commerce sont compétents en matière
de traitement des entreprises en difficulté et en matières relatives
au droit de sociétés.
Par ailleurs, la compétence des tribunaux de commerce
se détermine selon la valeur du litige qui leur est déféré. Dans ce
cadre, l’article 6 de la loi 53-95 précise que « les tribunaux de
commerce sont compétents pour connaitre des demandes dont le
principal excède la valeur de 20000 dirhams, ils connaissent
également toutes demandes reconventionnelles ou en
compensation quelle qu’en soit la valeur ».
En outre, le président du tribunal de commerce jouit des mêmes
compétences en matière de référé et d’ordonnance sur requête que
le président du tribunal de première instance. En plus, il est
compétent de statuer sur les injonctions de payer. A ce titre, l’article
20 de la loi 53-95 dispose « les président du tribunal de commerce
exerce, outre les attributions qui lui sont dévolues en matière
commerciale, celles dévolues au président du tribunal de première
instance par le code de procédure civile ».
Toutefois, il est à noter que conformément à l’article 22 de la loi
53-95 « le président du tribunal de commerce est compétent pour
connaitre des requêtes aux fins d’injonction de payer dont la valeur
excède 20000 dirhams, fondées sur des effets de commerce et des
titres authentiques en application des dispositions du chapitre III du
titre IV du code de procédure civile ».
En fait, le présent article limite la compétence du président du
tribunal de première instance qui est compétent de statuer sur les
demandes aux fins d’injonctions de payer fondées sur des effets de
commerce et des titre authentiques dont la valeur n’excède pas
20000 dirhams.
Reste à préciser aussi qu’en cas d’incompétence, le tribunal de
commerce statue sur l’exception d’incompétence par une décision
ou jugement séparé. Sous cet angle l’article 8 de la loi 53-95 précise
« par dérogation aux dispositions de l’article 17 du code de la
procédure civile, le tribunal de commerce doit statuer sur
l’exception d’incompétence en raison de la matière dont il est saisi
par un jugement séparé dans un délai de huit jours ». Ce jugement
peut faire objet d’appel dans le délai de dix jours à compter de la
date de sa notification.

2) La compétence territoriale
Selon l’article 10 de la loi 53-95 et conformément à l’article 27 du
code de procédure civile: « la compétence territoriale appartient au
tribunal du domicile réel ou élu du défendeur.
Lorsque ce dernier n’a pas de domicile au Maroc, mais y dispose
d’une résidence, la compétence appartient au tribunal de cette
résidence. Lorsque le défendeur, n’a ni domicile ni résidence au
Maroc, il pourra être traduit devant le tribunal du domicile ou de la
résidence du demandeur ou de l’un d’eux s’ils sont plusieurs.
S’il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir, à son choix
le tribunal du domicile ou de la résidence de l’un d’eux ».
A ce principe, l’article 11 de la loi 53-95 porte certaines
exceptions. Sous cet angle, il dispose : « par dérogation aux
dispositions de l’article 28 du code de la procédure civile, les actions
sont portées :
- En matière de sociétés, devant le tribunal de commerce du
lieu du siège social de la société ou de sa succursale ;
- En matière de difficultés d’entreprise, devant le tribunal de
commerce du lieu du principal établissement du commerçant ou du
siège social de la société.
- En matière de mesures conservatoires, devant le tribunal de
commerce dans le ressort territorial duquel se trouve l’objet
desdites mesures ».
A ces dispositions, l’article 12 de la même loi ajoute que : « les
parties peuvent dans tous les cas convenir par écrit de désigner le
tribunal de commerce compétent ».

Paragraphe2 : Les cours d’appel de commerce

Afin de répondre au principe du double degré de juridiction en


matière commerciale, le législateur a mis en place les cours d’appel
de commerce. En effet, elles sont compétents de statuer sur les
appels interjetés contre les jugements des tribunaux de commerce.

Par ailleurs, les cours d’appel de commerce ont un nombre trés


limité. D’ailleurs, le décret n°2-97-771 du 28 octobre 1997 a fixé leur
nombre en trois cours d’appel de commerce instaurées à Rabat,
Marrakech et Fès.

En outre, l’étude de ces juridictions invite nécessite de les traiter


de plusieurs points.

A- Composition
Aux termes de l’article 3 de la loi 53-95la loi 53-95 : « la cour
d’appel de commerce comprend :
-un premier président, des présidents de chambres et des
conseillers.
-un ministère public composé d’un procureur général du Roi et de
ses substituts.
-un greffe et un secrétariat du ministère public.

B- organisation
L’article 2 de la loi 53-95 précise que la cour d’appel de
commerce peut être divisée en chambre suivant la nature des
affaires dont elle est saisie, et chaque chambre peut instruire les
affaires soumises à la cour et y statuer, ceci à l’instar des cours
d’appel de l’ordre judiciaire.
En principe, et sauf dispositions contraires de la loi, les audiences
des cours d’appel de commerce sont tenues et leurs jugements sont
rendus par trois magistrats, dont un président, assistés d’un greffier
(l’article 4 de la loi 53-95).

C- La compétence
Avant la réforme du 13 juin 2002 afférente à la loi 53-95 instituant
les juridictions de commerce, les tribunaux de commerce statuaient
en premier et dernier ressort lorsque la valeur du litige ne dépassait
pas la valeur de 9000 dirhams. En conséquence, l’appel n’était
concevable que pour les litiges dont la valeur était supérieure à 9000
dirhams.
Toutefois, après la réforme de 13 juin 2002, les tribunaux sont
désormais compétents de statuer uniquement sur les litiges dont la
valeur excède 20000 dirhams puisque les litiges dont le montant est
inférieur à 20000 dirhams relèvent de la compétence des tribunaux
de première instance tel qu’il a été déjà traité.
Par ailleurs, les cours d’appel de commerce ne sont compétentes
que lorsque l’appel a été interjeté dans le respect du délai prescrit
par la loi. En principe, le délai d’appel devant les cours d’appel de
commerce est de quinze jours à compter de la date de notification
du jugement (l’article 18 de la loi 53-95), tandis qu’il est de huit jours
à compter de la date de sa notification pour l’appel interjeté contre le
jugement relatif à la compétence (l’article 8 de la loi 53-95).

D- La procédure
A l’exception des règles spécifiques aux règles de recours, ce sont
les mêmes règles de procédure appliquées devant les tribunaux de
commerce, et ce conformément aux dispositions du code de la
procédure civile qui ne sont pas contraires aux dispositions de la loi
53-95.
Partie 3 : La compétence territoriale
En général, la compétence peut être définie comme le pouvoir
légal donné à une juridiction pour connaitre d’un procès. En fait, la
compétence d’une juridiction se concrétise soit dans les attributions
qui lui sont dévolues à savoir la compétence en raison de la matière
appelée aussi la compétence d’attribution. Aussi, la compétence
s’envisage dans la compétence d’une juridiction dans une
circonscription géographique. Il s’agit de la compétence territoriale
d’une juridiction.
Concernant toujours la compétence territoriale, le code de procédure
civile prévoit des dispositions qui précisent le principe régissant cette
matière et aussi les exceptions y afférentes.

Chapitre 1 : le principe de la compétence territoriale


Concernant la compétence territoriale des tribunaux de première
instance, l’article 27 du code de procédure civile précise que « la
compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou
élu du défendeur.
Si celui-ci n’a pas de domicile au Maroc, mais y possède une
résidence, elle appartient au tribunal de cette résidence.
Si le défendeur n’a ni domicile, ni résidence au Maroc, il pourra être
traduit devant le tribunal du domicile ou de la résidence du
demandeur ou de l’un d’eux s’ils sont plusieurs.
S’il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir, à son choix,
le tribunal du domicile ou de la résidence de l’un d’eux ».
D’après cet article, la juridiction du premier degré
territorialement compétente est celle du domicile réel ou élu du
défendeur. Cette disposition se justifie par le fait que le demandeur
prenant l’initiative de troubler le défendeur et que le procès soit
engagé dans les conditions qui dérangeront le moins possible le
défendeur.
Au niveau du domicile réel il faut distinguer entre les personnes
physiques et les personnes morales.
Pour les personnes physiques le domicile réel se détermine dans
le lieu de séjour ou le lieu d’activité professionnelle. Sous cet angle,
l’article 519 du code de procédure civile précise que le domicile d’une
personne physique s’envisage dans le lieu où cette personne a son
habitation habituelle ou le centre de ses affaires et de ses intérêts.
Aussi le domicile peut être soit le lieu où séjourne habituellement un
individu avec sa famille, soit celui ou l’individu possède sa fortune ou
encore exerce une activité professionnelle. Cependant, lorsqu’une
personne a son habitation habituelle en un lieu et le centre de ses
affaires dans un autre, elle est considérée comme domiciliée à
l’égard de ses droits de famille et de son patrimoine personnel là où
elle a son habitation habituelle. Par contre, elle est considérée
comme domiciliée là où elle a le centre de ses occupations et de ses
intérêts lorsqu’il s’agit des droits concernant son activité
professionnelle.
D’autre part le domicile réel d’une société est le lieu où se trouve
son siège social ou encore le lieu où se trouve l’une de ses
succursales c’est-à-dire un établissement distinct du siège social
principal où existe un agent de la société chargé de la représenter
auprès des tiers.
En revanche, il arrive qu’une personne physique ou morale fasse
élection d’un domicile spécial pour l’exécution de certains actes ou
pour l’accomplissement des faits et obligations qui en résultent. Ce
domicile prévaut, d’après l’article 524 du code de procédure civile,
sur le domicile réel ou légal. En fait, l’élection du domicile peut être
soit conventionnelle c’est-à-dire fixée par le contrat conclu entre les
parties, soit légale, autrement dit la loi impose parfois l’élection du
domicile dans le ressort d’une juridiction ou chez un mandataire
constitué.
En outre, le domicile légal est le domicile imposé par la loi pour
certaines personnes. Dans ce cadre l’article 521 du code de
procédure civile détermine le domicile légal des personnes
incapables et celui des fonctionnaires publics.
En plus du domicile réel et du domicile élu, le législateur a conféré
compétence au tribunal de première instance de la résidence du
défendeur. En effet, la résidence est le lieu où la personne se trouve
effectivement à un moment donné (l’article 520 du code de
procédure civile). Il s’agit, en fait, d’un lieu de séjour même
temporaire qui présente une stabilité. Donc, la résidence envisage un
rapport de fait entre la personne et le lieu où elle réside, alors que le
domicile constitue un rapport de droit.

Chapitre 2 : Les exceptions au principe de la compétence territoriale

C’est l’article 28 du code de procédure civile qui détermine


plusieurs exceptions au principe de la territorialité tel que précisé par
l’article 27 de la même loi. Sous cet angle, le législateur prévoit des
dérogations obligatoires d’une part et aussi des dérogations options.
Afférentes aux cas où le législateur confère au demandeur le choix
d’assigner soit selon le principe défini soit devant un autre tribunal.

Concernant les dérogations obligatoires, le législateur détermine


la juridiction compétente territorialement dans plusieurs cas telle
qu’en matière immobilière, la juridiction compétente est le tribunal
de la situation de l’immeuble. En matière de succession, c’est le
tribunal du lieu où la succession est ouverte. En matière de contrat
dans lesquels l’Etat est partie, c’est le tribunal du lieu où le contrat a
été signé.
Par ailleurs, l’article 28 du code de procédure civile détermine les
cas afférents aux simples options comme suit :

 En matière de pension alimentaire, le demandeur a le


choix d’assigner soit devant le tribunal du lieu du domicile
ou de la résidence du défendeur, soit devant celui du
demandeur.
 En matière mixte portant sur un droit réel et un droit
personnel, le demandeur a le droit d’assigner devant le
tribunal de la situation des lieux ou celui du domicile ou
de la résidence du défendeur.
 En matière commerciale, le demandeur peut, au choix,
assigner le défendeur, soit devant le tribunal de son
domicile soit devant celui dans le ressort duquel
l’exécution devait être effectuée.
 En matière de réparation de dommage, le demandeur a le
choix entre le tribunal du lieu où le fait dommageable
s’est produit ou devant celui du domicile du défendeur.

Grosso modo, il convient de signaler que la compétence


territoriale de la juridiction de premier degré compétente pour
trancher un litige se détermine dans des règles générales (le principe)
et aussi dans des règles spéciales (les dérogations au principe). Par
ailleurs, les cours d’appel sont compétentes territorialement pour
statuer sur les appels des jugements rendus par les tribunaux de droit
commun compris dans leur ressort.
Partie 4 : les juridictions d’exception

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