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LE JUGEMENT

I – La cour d’assises

A) Compétence
B) Composition
1) Le ministère public
2) La Cour
3) Le jury
C) Procédure
1) Phase préparatoire aux sessions d’assises
2) Ouverture du procès
3) Les débats
4) Le jugement
a) La délibération de la Cour d’assises
b) La décision sur l’action publique
c) La décision sur l’action civile
5) Le jugement par défaut
D) Appel des décisions rendues par la cour d’assises en premier ressort

E) L’expérimentation de la Cour criminelle

II- Le tribunal correctionnel

A) Compétence

B) Composition

C) L’audience

D) Le jugement

E) L’appel

III- Tribunal de police et juridictions de proximité

A) Compétence

B) Composition

C) Procédure

D) Appel

Le législateur confie à la cour d’assises le jugement des crimes (I), au tribunal correctionnel celui des
délits (II), au tribunal de police le jugement des contraventions de la cinquième classe (III) et aux
juridictions de proximité le jugement des contraventions des 4 premières classes (IV).

I – La cour d’assises
La cour d’assises est une juridiction départementale qui siège au chef lieu du département dont elle
emprunte le nom. Elle présente également l’originalité d’être une juridiction intermittente tenant
session tous les trois mois.

A) Compétence 231 CPP

La cour d’assises bénéficie d’une compétence exclusive pour connaitre des crimes, à l’exception de
ceux commis par les mineurs, du crime de haute trahison commis par le président de la République
(compétence de la haute cour de justice) et des crimes commis par les ministres (compétence de la
Cour de justice de la République). En outre, en certaines matières, le législateur a institué des cours
d’assises spécialisées, composées sans jury. Tel est notamment le cas des crimes commis en
matière militaire (art. 697 CPP), des crimes terroristes (art. 706-25 CPP), et des crimes consistant en
des infractions à la législation sur les stupéfiants (art. 706-27 CPP).

La compétence de la cour d’assises est définitivement fixée par la décision de mise en accusation
(ordonnance ou arrêt de mise en accusation), laquelle est attributive de compétence. La cour
d’assises ne pourra donc connaitre que des infractions qui lui auront été déférées par cette
décision. Elle ne sera ainsi pas compétente pour juger de faits qui apparaitraient au cours des
débats et qui ne seraient pas visés dans la décision de mise en accusation.

En revanche, la cour d’assises ayant plénitude de juridiction, elle est compétente pour juger de
toutes les infractions qui lui auront été déférées par cette décision, même si celles-ci ne s’avèrent
finalement pas revêtir de qualification criminelle. La cour d'assises est en outre compétente pour
juger les délits ou contraventions connexes aux crimes dont elle est saisie. La compétence territoriale
de la cour d'assises est également déterminée par la décision de mise en accusation. La plénitude de
juridiction conférée par la décision de mise en accusation implique que la cour d'assises n'a pas à
vérifier sa compétence et que les exceptions d'incompétence sont irrecevables devant elle.

B) Composition

1) Le ministère public 241 CPP

Les fonctions du ministère public sont exercées par le procureur général ou par ses substituts. Les
représentants du ministère public ne peuvent jamais être récusés ( 669 alina 2 CPP), peu importe
qu’ils aient antérieurement requis dans la même affaire. La présence d’un magistrat du ministère
public est obligatoire tout du long de l’audience ( 464, 312, 442-1, 346, 460 CPP).

2) La Cour

243 CPP : La cour proprement dite comprend le président et les assesseurs.

244, 245 CPP : Le président de la cour d’assises est soit un président de chambre, soit un conseiller
de la cour d'appel. Il est désigné, pour la durée d’un trimestre, par l’ordonnance du premier
président de la Cour d’appel qui fixe la date d'ouverture des sessions.

Les deux assesseurs sont quant à eux choisis soit parmi les conseillers de la Cour d'appel, soit parmi
les présidents, vice-présidents, ou juges du tribunal de grande instance du lieu de la tenue des
assises. Le premier président de la Cour d’appel les désigne par ordonnance pour la durée d'un
trimestre. Il peut leur être adjoint un ou plusieurs assesseurs supplémentaires si la durée ou
l'importance de la session rendent cette mesure nécessaire. Ces derniers siègent aux audiences mais
ne prennent part aux délibérations qu'en cas d'empêchement d'un assesseur titulaire. La loi du 23
mars 2019 a modifié l'article 249 CPP afin de permettre qu'un des assesseurs de la cour d'assises soit
un magistrat honoraire exerçant des fonctions d'assesseur dans les formations collégiales des
tribunaux de grande instance et des cours d'appel. Dans sa décision rendue le 21 mars 2019, le
Conseil constitutionnel a jugé ces prévision conformes aux exigences constitutionnelles, considérant
que « si les fonctions de magistrat de l'ordre judiciaire doivent en principe être exercées par des
personnes qui entendent consacrer leur vie professionnelle à la carrière judiciaire, la Constitution ne
fait pas obstacle à ce que, pour une part limitée, des fonctions normalement réservées à des
magistrats de carrière puissent être exercées à titre temporaire par des personnes qui n'entendent
pas pour autant embrasser la carrière judiciaire, à condition que, dans cette hypothèse, des garanties
appropriées permettent de satisfaire au principe d'indépendance qui est indissociable de l'exercice de
fonctions judiciaires. Or, en vertu de l'article 41-28 de l'ordonnance du 22 décembre 1958, les
magistrats honoraires exerçant les fonctions juridictionnelles mentionnées à l'article 41-25 de la
même ordonnance, qui sont susceptibles d'exercer les fonctions d'assesseurs en cour d'assises sont
soumis au statut de la magistrature ».

En tout état de cause, les magistrats qui, dans l'affaire soumise à la cour d'assises, ont, soit fait un
acte de poursuite ou d'instruction, soit participé à l'arrêt de mise en accusation ou à une décision
sur le fond relative à la culpabilité de l'accusé ne peuvent faire partie de la cour (art. 253 CPP).
Outre les incompatibilités visées par l'art. 253, existent toutes les causes classiques
d'incompatibilité ou de récusation des magistrats du siège visées à l'art. 668 CPP.

3) Le jury (254 à 267 CPP)

Les citoyens âgés de plus de 23 ans, sachant lire et écrire en français, jouissant des droits politiques,
civils et de famille, et ne se trouvant dans aucun cas d'incapacité ou d'incompatibilité énumérés aux
articles 256 et 257 CPP peuvent remplir les fonctions de juré. Parmi ces personnes, plusieurs
catégories d’individus énumérés par l’art. 258 CPP sont susceptibles d’être dispensés de siéger
comme juré.

Le jury d’assises est composé de citoyens désignés suivant une procédure rigoureusement décrite
par le législateur. Une liste du jury criminel est établie annuellement dans le ressort de chaque cour
d'assises. Elle comprend un juré pour 1300 habitants, nombre pouvant toutefois être revu à la hausse
par arrêté du ministre de la Justice. Le nombre des jurés pour la liste annuelle est réparti par
communes au prorata de leur population par arrêté préfectoral. Cette liste annuelle est élaborée
comme suit : dans chaque commune, le maire tire au sort publiquement à partir de la liste électorale
un nombre de noms triple de celui fixé par l'arrêté préfectoral pour la circonscription. Le résultat de
ce tirage au sort permet de dresser une liste préparatoire au sein de chaque commune. Le maire
avertit les personnes tirées au sort et les informe qu'elles ont la possibilité de solliciter une
dispense sur le fondement de l'art. 258 CPP. Une commission au siège de chaque cour d'assises
dresse à partir des listes préparatoires communales la liste annuelle des jurés. Cette commission est
composée du président de la juridiction où siège la cour d’assises, qui la préside, de trois magistrats
du siège, d’un magistrat du ministère public, du bâtonnier de l'ordre des avocats de la juridiction,
ainsi que de cinq conseillers généraux. Elle exclut les personnes qui ne remplissent pas les conditions
d'aptitude légale ou qui présentent des incompatibilités et statue sur les demandes de dispense. La
liste annuelle s'établit ensuite par tirage au sort parmi les noms qui n'ont pas été exclus. Elle est
définitivement arrêtée dans l'ordre du tirage au sort, et déposée au secrétariat-greffe de la
juridiction siège de la cour d'assises. Dans les mêmes conditions, la commission dresse également
une liste spéciale de jurés suppléants.

La liste de session est ensuite constituée trimestriellement à partir de la liste annuelle pour chaque
session de la cour d'assises : 30 jours au moins avant l'ouverture des assises, le président de la
juridiction siège de la cour d’assises, tire au sort en audience publique, sur la liste annuelle, les noms
de 35 jurés qui forment la liste de session. Il est tiré en outre les noms de douze jurés suppléants sur
la liste spéciale. Si parmi ces noms figurent des personnes décédées, qui présentent des
incompatibilités, qui ont été dispensées, ou qui se révèlent être conjoints, parents ou alliés d'un
membre de la cour ou de l'un des jurés inscrits avant lui, elles sont remplacées par un ou plusieurs
autres jurés désignés par le sort. Quinze jours au moins avant l'ouverture de la session, le greffier de
la cour d'assises convoque, par courrier, chacun des jurés titulaires et suppléants. Les citoyens requis
sont tenus d’y répondre sous peine d'être condamné à l'amende prévue par l'art. 288 CPP.

C) Procédure

1) Phase préparatoire aux sessions d’assises 269 et suivant CPP

269, 273, 274 CPP : Dès que la décision de mise en accusation est devenue définitive l'accusé
rencontre le président de la cour d’assises, qui l’interroge sur son identité, s'assure qu’il a reçu
notification de la décision de mise en accusation, et l’invite à choisir un avocat. Si l'accusé n’en
choisit pas, le président lui en désigne un d'office. Les débats ne peuvent s'ouvrir moins de 5 jours
après cet interrogatoire ( Article 277).

 Droits de la défense 278, 279 ; : Durant cette période , l'accusé communique librement avec
son avocat qui a accès au dossier de la procédure. Il est par ailleurs délivré aux accusés et
parties civiles copie des procès-verbaux constatant l'infraction, des déclarations écrites des
témoins et des rapports d'expertise.

281 CPP : Au plus tard l’avant-veille de l’ouverture des débats, la liste des jurés de session est
signifiée à l’accusé. Au plus tard un mois avant l’ouverture des débats, Ministère public, partie civile
et accusé se signifient mutuellement la liste des personnes qu'ils désirent faire entendre en qualité
de témoins.

283 CPP En outre, le président peut, si l'instruction lui semble incomplète ou si des éléments
nouveaux ont été révélés depuis sa clôture, ordonner tous les actes d'information qu'il estime
utiles. Il y est procédé soit par le président, soit par un de ses assesseurs soit par un juge
d'instruction qu'il délègue à cette fin. Les actes d'instruction ordonnés dans le cadre du supplément
d'information obéissent strictement aux règles de droit commun de l'instruction préparatoire. Les
procès-verbaux et autres pièces ou documents réunis au cours du supplément d'information sont
déposés au greffe et joints au dossier de la procédure. Ils sont mis à la disposition du ministère public
et des parties.

Article 287 : Si l’affaire ne lui parait pas en état d'être jugée, le président peut, soit d'office, soit sur
réquisition du ministère public, ordonner le renvoi à une session ultérieure.

2) Ouverture du procès

Au jour indiqué pour chaque affaire, la cour prend séance et fait introduire l'accusé. Le jury de
jugement est alors formé en audience publique. Il est composé de six jurés lorsque la cour d'assises
statue en premier ressort (9 avant la loi du 10 août 2011) et de neuf jurés lorsqu'elle statue en
appel (12 avant la loi du 10 août 2011).

L'accusé ou son avocat d'abord, le ministère public ensuite, récusent, parmi les 35 jurés présents,
ceux qu'ils souhaitent ne pas voir siéger. Lorsque la cour d'assises statue en premier ressort, l'accusé
ne peut récuser plus de quatre jurés et le ministère public plus de trois. Lorsqu'elle statue en appel,
l'accusé ne peut récuser plus de cinq jurés, le ministère public plus de quatre. C'est au moment où le
président tire au sort l'un après l'autre les noms des jurés, que doit s'exercer le droit de récusation.
Article 304 : Le greffier dresse procès-verbal des opérations de formation du jury de jugement. Le
président adresse alors aux jurés le discours suivant : "Vous jurez et promettez d'examiner avec
l'attention la plus scrupuleuse les charges qui seront portées contre X , de ne t rahir ni les intérêts de
l'accusé, ni ceux de la société qui l'accuse, ni ceux de la victime ; de ne communiquer avec personne
jusqu'après votre déclaration ; de n'écouter ni la haine ou la méchanceté, ni la crainte ou l'affection ;
de vous rappeler que l'accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter ; de vous
décider d'après les charges et les moyens de défense, suivant votre conscience et votre intime
conviction, avec l'impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre, et de
conserver le secret des délibérations, même après la cessation de vos fonctions". Chacun des jurés
répond en levant la main : "Je le jure". Ces formalités accomplies, le président déclare le jury
définitivement constitué.

Dès que le jury de jugement a été constitué et avant l’ouverture des débats, l'exception tirée d'une
nullité autre que celles déjà purgées et entachant la procédure qui précède l'ouverture des débats
doit, à peine de forclusion, être soulevée (art. 305-1 CPP). L'exception est jugée par arrêt incident
motivé, le ministère public entendu, la défense en ses observations et l'accusé ayant la parole en
dernier. La cour peut soit rejeter l'incident et passer outre en poursuivant l'audience, soit prononcer
l'annulation de la procédure et renvoyer l'affaire à une session ultérieure si l'irrégularité n'est pas
réparable.

3) Les débats

Publicité des débats : l’art. 306 CPP pose le principe de la publicité des débats, qui s'impose de,
l'ouverture de l'audience jusqu'au verdict criminel et l'arrêt sur intérêts civils. La cour peut
toutefois ordonner le huis clos, par arrêt rendu en audience publique, lorsqu'elle estime la publicité
dangereuse pour l'ordre ou pour les mœurs et si la victime ne s’y oppose pas . En outre, le huis clos
est de droit lorsque les poursuites sont exercées du chef de viol ou de tortures et actes de barbarie
accompagnés d'agressions sexuelles et que la victime partie civile le demande.

D'une façon générale, le huis clos s'applique à toutes les personnes étrangères à l'affaire. La cour
peut toutefois exclure souverainement du huis clos certaines personnes qu'elle désigne.

Continuité des débats : Article 307 : les débats doivent en principe se dérouler de manière continue
jusqu'à ce que la cause soit terminée par l'arrêt de la cour d'assises. Ils peuvent toutefois être
suspendus de manière discrétionnaire par le président pendant le temps nécessaire au repos des
juges, de l'accusé et de la partie civile.

Oralité des débats : l'oralité des débats a toujours été affirmée comme principe essentiel du procès
criminel, car c'est non d'après les pièces de la procédure, mais par le débat que se forme la
conviction des jurés. Alors que, devant la Cour d’assises, du fait de l’oralité de la procédure, seul le
Président avait jusqu’à présent accès au dossier de la procédure, la loi du 23 mars 2019 énonce
désormais qu’une copie du dossier est mise à la disposition des assesseurs.

Liberté de l’accusé : 317 et suivant l'accusé comparaît libre et seulement accompagné de gardes
pour l'empêcher de s'évader. Pendant le déroulement de l'audience, la cour peut, sur réquisition du
ministère public, décerner mandat de dépôt ou d'arrêt si l'accusé se soustrait aux obligations du
contrôle judiciaire ou s'il apparaît que la détention est l'unique moyen d'assurer sa présence ou
d'empêcher des pressions sur les victimes ou les témoins. Dès le début de l'audience, la cour peut
aussi, sur les réquisitions du ministère public, ordonner le placement de l'accusé sous contrôle
judiciaire. A tout moment, la personne peut demander sa mise en liberté à la cour.

La police de l’audience : 309, 321 CPP : le président a la police de l'audience et la direction des
débats. Il rejette tout ce qui tendrait à compromettre leur dignité ou à les prolonger inutilement. Il
peut ordonner l’expulsion de ceux qui en trouble l’ordre de la salle d’audience.

Le déroulement des débats : les assesseurs et les jurés peuvent poser des questions aux accusés et
aux témoins en demandant la parole au président, sans manifester leur opinion.

 312 CPP : Le ministère public, les avocats des parties, l’accusé et la partie civile peuvent
poser des questions à l'accusé, à la partie civile, aux témoins et à toutes les personnes
appelées à la barre, en demandant la parole au président. Le président ordonne à l'huissier
de faire l'appel des témoins cités par le ministère public, par l'accusé et la partie civile dont
les noms ont été signifiés.
 326 CPP : Lorsqu'un témoin cité ne comparaît pas, la cour peut ordonner que ce témoin
soit immédiatement amené par la force publique, ou renvoyer l'affaire à la prochaine
session. Les témoins déposent dans l'ordre établi par le président. Avant de commencer leur
déposition, ils prêtent le serment "de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité,
rien que la vérité".
 335 CPP : Certains témoins ne peuvent toutefois jamais être entendus sous serment : les
ascendants, descendants, alliés ou conjoint de l'accusé ou de la partie civile ; les mineurs de
moins de 16 ans. Lorsque cela lui paraît nécessaire à la clarté et au bon déroulement des
débats, le président peut interrompre les déclarations d’un témoin ou lui poser directement
des questions sans attendre la fin de sa déposition.
 330 CPP : Le ministère public et les parties peuvent s'opposer à l'audition d'un témoin dont
le nom ne leur aurait pas ou mal été signifié. La cour statue sur cette opposition. Si elle est
reconnue fondée, ces témoins peuvent être entendus à titre de renseignements, en vertu
du pouvoir discrétionnaire du président.
 310 CPP : Le président est en outre investi d'un pouvoir discrétionnaire en vertu duquel il
peut prendre toutes mesures qu'il croit utiles pour découvrir la vérité. Ainsi, il peut au cours
des débats appeler, au besoin par mandat d'amener, et entendre toutes personnes ou se
faire apporter toutes nouvelles pièces qui lui paraissent utiles à la manifestation de la vérité.
Les témoins ainsi appelés ne prêtent pas serment et leurs déclarations ne sont considérées
que comme renseignements.

La clôture des débats : une fois l'instruction à l'audience terminée la partie civile ou son avocat est
entendu, le ministère public prend ses réquisitions, puis l'accusé et son avocat présentent leur
défense. La réplique est permise à la partie civile et au ministère public, mais l'accusé ou son avocat
auront toujours la parole les derniers. Le président déclare les débats terminés, et donne lecture des
questions auxquelles la cour et le jury ont à répondre. Les questions sont posées de la manière
suivante : "L'accusé est-il coupable d'avoir commis tel fait ?" pour chaque fait spécifié. Chaque
circonstance aggravante ou cause légale d’exemption ou de diminution de peine fait l'objet d'une
question distincte. Lorsqu’est invoquée l'existence d’une cause d'irresponsabilité pénale, chaque fait
spécifié dans le dispositif de la décision de mise en accusation fait l'objet de deux questions : "1o
L'accusé a-t-il commis tel fait ? ; "2o L'accusé bénéficie-t-il pour ce fait de la cause d'irresponsabilité
pénale prévue par... ?".

Article 353 : Avant que la cour d'assises se retire, le président donne lecture de l'instruction
suivante : "La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus,
elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et
la suffisance d'une preuve ; elle leur prescrit de s'interroger eux-mêmes dans le silence et le
recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur
raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que
cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs : "Avez-vous une intime
conviction ?". Le président fait retirer l'accusé de la salle d'audience et déclare l'audience
suspendue.

4) Le jugement

a) La délibération de la Cour d’assises

La cour et le jury délibèrent en commun et ils ne peuvent sortir de la chambre des délibérations
qu'après avoir pris leur décision. Ils votent par bulletins écrits et par scrutins distincts et successifs,
sur le fait principal d'abord, et s'il y a lieu, sur les causes d'irresponsabilité pénale, sur chacune des
circonstances aggravantes, sur les questions subsidiaires et sur chacun des faits constituant une
cause légale d'exemption ou de diminution de la peine. Le président dépouille chaque scrutin en
présence des membres de la cour et du jury. Il constate sur-le-champ le résultat du vote. Les
bulletins blancs ou nuls, sont comptés comme favorables à l'accusé.

Article 359 CPP : Toute décision défavorable à l'accusé se forme à la majorité de six voix au moins
lorsque la cour statue en premier ressort et de huit voix au moins en appel. En cas de réponse
affirmative sur la culpabilité, le président donne lecture aux jurés des dispositions des articles 132-18
et 132-24 du code pénal. La cour d'assises délibère alors sur l'application de la peine. Article 362
CPP : La décision sur la peine se forme à la majorité absolue des votants. Toutefois, le maximum de
la peine privative de liberté encourue ne peut être prononcé qu'à la majorité qualifiée de six voix au
moins en premier ressort et de huit voix au moins en appel. Si le maximum encouru n'a pas été
prononcé à cette majorité qualifiée, il ne peut être prononcé une peine supérieure à trente années
de réclusion criminelle lorsque la peine encourue est la réclusion à perpétuité et une peine
supérieure à vingt ans de réclusion criminelle lorsque la peine encourue est de trente ans de
réclusion criminelle. Si, après deux tours de scrutin, aucune peine n'a réuni la majorité des suffrages,
il est procédé à un troisième tour au cours duquel la peine la plus forte proposée au tour précédent
est écartée. Si, à ce troisième tour, aucune peine n'a encore obtenu la majorité absolue des votes,
soit sept voix en premier ressort et huit en appel, il est procédé à un quatrième tour et ainsi de suite
en continuant d'éliminer la peine la plus forte, jusqu'à ce qu'une peine soit prononcée. Dans tous les
cas, la cour d'assises délibère également sur les peines accessoires ou complémentaires.

b) La décision sur l’action publique 366 et suivant CPP

Une fois la cour d'assises rentrée en salle d'audience, le président fait comparaître l'accusé, donne
lecture des réponses, et prononce l'arrêt portant condamnation, absolution ou acquittement.

 Si l'accusé est exempté de peine ou acquitté, s'il est condamné à une peine autre qu'une
peine ferme privative de liberté, ou s'il est condamné à une peine ferme privative de liberté
couverte par la détention provisoire, il est mis immédiatement en liberté.
 Dans les autres cas, tant que l'arrêt n'est pas définitif et, le cas échéant, pendant l'instance
d'appel, le mandat de dépôt délivré contre l'accusé continue de produire ses effets ou la
cour décerne mandat de dépôt contre l'accusé, jusqu'à ce que la durée de détention ait
atteint celle de la peine prononcée, sans préjudice pour l'accusé de son droit à demander sa
mise en liberté.
Loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes a entendu faciliter la
requalification du crime de viol sur mineur en délit d’atteinte sexuelle. Ainsi, l’article 351 CPP, prévoit
désormais que lorsque l'accusé majeur est mis en accusation du chef de viol aggravé par la minorité
de quinze ans de la victime, le président de la Cour d’assises pose la question subsidiaire de la
qualification d'atteinte sexuelle sur la personne d'un mineur de quinze ans, si l'existence de violences
ou d'une contrainte, menace ou surprise a été contestée au cours des débats. Il doit dans ce cas en
informer les parties au plus tard avant le réquisitoire, afin de permettre à l'accusé et à son avocat de
faire valoir toutes les observations utiles à la défense.

Problématique de la motivation des verdicts de la Cour d’assises :

La CEDH a déduit du droit au procès équitable l’obligation de motivation des décisions de justice
dans un arrêt du 19 avril 1994, Van de Hurk c. Pays-Bas. D’où la question récemment posée à la
CEDH de la conformité aux exigences du procès équitable de la règle de la non motivation des
verdicts de cour d’assises. Jusqu’à présent, la règle en droit français était celle de l’absence de
motivation des verdicts de Cour d’assises. En effet, les jurés, assistés du président de la cour
d'assises et de ses deux assesseurs, n'avaient à répondre que par "oui" ou "non" aux questions, et
ne devaient pas motiver leur choix.

Cette exigence était tirée de l’art. 353 CPP et de la jurisprudence de la Cour de cassation, qui
censurait les verdicts motivés de Cour d’assises (v. nota. Crim. 15 décembre 1999). Elle trouvait son
explication dans plusieurs considérations. En premier lieu, il semblait peu réaliste d'exiger de 9
personnes qu'elles s'accordent sur une rédaction entrant dans le détail des raisons, le plus souvent
différentes, qui ont entraîné l'intime conviction de chacun. En second lieu, à supposer qu'elle soit
matériellement possible, la mise en forme des raisons du jugement ou de l'arrêt se heurtait
directement au principe du secret du vote et du délibéré. Enfin, en troisième et dernier lieu, imposer
la motivation des verdicts de Cours d’assises aurait généré un risque de contradiction de motifs,
cause de cassation.

Cette position a toutefois été remise en cause par la jurisprudence de la CEDH. En effet, dans une
décision Taxquet c/ Belgique du 13 janvier 2009, la Cour de Strasbourg a imposé la motivation des
verdicts de la cour d’assises, et condamné la Belgique, dont la loi, à l’image de la loi française, ne
contraint pas les jurys d'assises à motiver les verdicts. La Cour estime, en effet, que l'absence de
motivation constitue une violation du droit à un procès équitable (article 6 de la Convention
européenne des droits de l'homme) : "Il est important, dans un souci d'expliquer le verdict à
l'accusé, mais aussi à l'opinion publique, au peuple au nom duquel la décision est rendue, de mettre
en avant les considérations qui ont convaincu le jury de la culpabilité ou de l'innocence de l'accusé
et d'indiquer les raisons concrètes pour lesquelles il a été répondu positivement ou négativement aux
questions". Bien que réitérant la condamnation de la Belgique, la Grande chambre de la CEDH a, dans
une décision rendue le 16 novembre 2010 dans la même affaire, nuancé la position première en
énonçant que « la non-motivation du verdict d’un jury populaire n’emporte pas, en soi, violation du
droit de l’accusé à un procès équitable ». La violation de l’article 6 §1 découle d’une insuffisance
concrète des questions posées au jury en tant que moyen d’information du condamné et du public.
Ainsi, la non-motivation des arrêts d’assises peut s’avérer compatible avec la Convention, à la
condition que l’accusé ait pu « bénéficier des garanties suffisantes de nature à écarter tout risque
d’arbitraire et à lui permettre de comprendre les raisons de sa condamnation ».

Saisi de cette question par la voie de la QPC, le Conseil constitutionnel, dans une décision du 1er
avril 2011, a jugé conformes à la Constitution les articles 349, 350, 353 et 359 du code de procédure
pénale relatifs au prononcé des condamnations en matière criminelle. Après avoir énoncé que
l’obligation de motivation découle de l'exigence constitutionnelle incombant au législateur de fixer,
en matière pénale, des règles de nature à exclure l'arbitraire, le Conseil constitutionnel relève que «
la Constitution ne confère pas à cette obligation un caractère général et absolu ». Ainsi, l’absence
de motivation est conforme aux exigences constitutionnelles dès lors que sont instituées « des
garanties propres à exclure l'arbitraire ».

Or, le Conseil estime que les principes d'oralité et de continuité des débats imposant la production
et la discussion des moyens de preuve à l'audience, la présence de l'accusé à l'audience et le
bénéfice de l'assistance d'un défenseur, l’interdiction de consultation du dossier en cours de
délibéré hors la présence du ministère public et des avocats des parties, la garantie que magistrats
et jurés délibèrent juste après la clôture des débats et forgent leur conviction uniquement sur les
éléments contradictoirement débattus constituent des garanties suffisantes à exclure l’arbitraire.

Dépassant les exigences de la CEDH et du Conseil constitutionnel, la loi du 10 août 2011 impose la
motivation des verdicts rendus par la Cour d’assises. Quant aux modalités de mise en œuvre de
cette exigence nouvelle, l’art. 365-1CPP prévoit que le président de la Cour d’assises ou l'un des
magistrats assesseurs par lui désigné rédige la motivation de l'arrêt. En cas de condamnation, la
motivation consiste dans l'énoncé des principaux éléments à charge qui, pour chacun des faits
reprochés à l'accusé, ont convaincu la cour d'assises. Ces éléments sont ceux qui ont été exposés au
cours des délibérations menées par la cour et le jury, préalablement aux votes sur les questions. Sur
la forme, la motivation figure sur un document annexé à la feuille des questions appelé feuille de
motivation. Lorsqu'en raison de la particulière complexité de l'affaire, liée au nombre des accusés ou
des crimes qui leur sont reprochés, il n'est pas possible de rédiger immédiatement la feuille de
motivation, celle-ci doit alors être rédigée, versée au dossier et déposée au greffe de la cour d'assises
au plus tard dans un délai de trois jours à compter du prononcé de la décision.

Dans une décision rendue le 2 mars 2018, le Conseil constitutionnel, saisi sur question prioritaire de
constitutionnalité, est allé encore plus loin en imposant la motivation du choix de la peine par la
Cour d’assises. Les requérants reprochaient en l’espèce aux articles 362 et 365-1 CPP, en ce qu'ils
n'imposent pas à la cour d'assises de motiver la peine prononcée, de porter atteinte aux principes
de nécessité et de légalité des peines, au principe d'individualisation des peines, au droit à une
procédure juste et équitable, aux droits de la défense et au principe d'égalité devant la loi et
devant la justice. Dans la décision rendue le 2 mars 2018, le Conseil constitutionnel fait droit à cette
argumentation. En effet, il juge qu’il ressort des articles 7, 8 et 9 de la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen de 1789 qu'il appartient au législateur de fixer des règles de droit pénal et de
procédure pénale de nature à exclure l'arbitraire dans la recherche des auteurs d'infractions, le
jugement des personnes poursuivies ainsi que dans le prononcé et l'exécution des peines. En outre,
le principe d'individualisation des peines, qui découle de l'article 8 DDHC, implique qu'une sanction
pénale ne puisse être appliquée que si le juge l'a expressément prononcée, en tenant compte des
circonstances propres à chaque espèce. Le Conseil constitutionnel déduit de ces exigences qu’elles
imposent la motivation des jugements et arrêts de condamnation, pour la culpabilité comme pour
la peine. Il énonce par conséquent qu’en n'imposant pas à la cour d'assises de motiver le choix de la
peine, le législateur a méconnu les exigences tirées des articles 7, 8 et 9 DDHC, et déclare contraire à
la Constitution le deuxième alinéa de l'article 365-1 CPP. Toutefois, compte tenu des conséquences
manifestement excessives qu'aurait l'application immédiate de cette décision, il reporte au 1er mars
2019 la date de cette abrogation, tout en précisant que, pour les procès ouverts après la date de sa
décision et sans attendre le 1er mars 2019, le deuxième alinéa de l'article 365-1 CPP doit être
interprété comme imposant également à la cour d'assises d'énoncer, dans la feuille de motivation,
les principaux éléments, l'ayant convaincue dans le choix de la peine.

Tirant les conséquences de cette censure, la loi du 23 mars 2019 a enrichi l’article 365-1 CPP d’un
nouvel alinéa. Le texte prévoit ainsi que, en cas de condamnation, la motivation consiste dans
l'énoncé des principaux éléments à charge qui, pour chacun des faits reprochés à l'accusé, ont
convaincu la cour d'assises et qui ont été exposés au cours des délibérations menées par la cour et le
jury, préalablement aux votes sur les questions. La motivation consiste également dans l'énoncé des
principaux éléments ayant convaincu la cour d'assises dans le choix de la peine, au vu des éléments
exposés au cours de la délibération. En revanche, le texte énonce que la motivation des peines
complémentaires obligatoires, de la peine de confiscation du produit ou de l'objet de l'infraction ou
des obligations particulières du sursis probatoire n'est pas nécessaire.

c) La décision sur l’action civile

Après que la cour d'assises s'est prononcée sur l'action publique, la cour, sans l'assistance du jury,
statue sur les demandes en dommages-intérêts après que les parties et le ministre public aient été
entendus.

Toutefois, depuis la loi du 23 mars 2019, l’article 371-1 CPP prévoit que, désormais, la cour peut
mettre en délibéré sa décision sur l'action civile. Elle peut également, après avoir recueilli les
observations des parties, renvoyer cette décision à une audience ultérieure dont elle fixe la date. Ce
renvoi est de droit à la demande des parties civiles. L'audience sur les intérêts civils a alors lieu au
tribunal de grande instance dans le ressort duquel se sont tenues les assises. Sauf si la partie civile
ou l'accusé a sollicité lors du renvoi le bénéfice de la collégialité, le président de la cour d'assises
statue seul en la matière.

Article 372 : La partie civile, dans le cas d'acquittement comme dans celui d'exemption peine, peut
demander réparation du dommage résultant de la faute de l'accusé, telle qu'elle résulte des faits
qui sont l'objet de l'accusation.

5) Le jugement par défaut

V. fiche relative aux droits de la défense en matière pénale

D) Appel des décisions rendues par la cour d’assises en premier ressort

Les arrêts de condamnation rendus par la cour d'assises en premier ressort peuvent faire l'objet
d'un appel depuis la loi du 15 juin 2000. Cet appel est porté devant une autre cour d'assises, dont le
jury comporte 9 jurés (ils étaient au nombre de 12 avant la loi du 10 août 2011).

Depuis la loi du 3 juin 2016, il n’appartient désormais plus à la Cour de cassation de désigner la
Cour d’assises d’appel, mais au président de la Cour d’appel. Ainsi, après avoir recueilli les
observations écrites du ministère public et des parties ou de leurs avocats, le premier président de la
cour d'appel désigne la cour d'assises chargée de statuer en appel parmi les autres cours d'assises du
ressort de la cour d'appel. Toutefois, si le ministère public ou l'une des parties le demande ou si le
premier président estime nécessaire la désignation d'une cour d'assises située hors de ce ressort, le
ministère public adresse sans délai au greffe de la chambre criminelle de la Cour de cassation, avec
ses observations éventuelles et celles des parties, l'arrêt attaqué et, le cas échéant, le dossier de la
procédure. Dans le mois qui suit la réception de l'appel, la chambre criminelle, après avoir recueilli, si
elles n'ont pas déjà été données, les observations écrites du ministère public et des parties ou de
leurs avocats, désigne la cour d'assises chargée de statuer en appel. Il est alors procédé comme en
cas de renvoi après cassation.

Appel sur l’action publique :


s’agissant des arrêts de condamnation, le droit d'appel principal n'appartient qu'à l'accusé et au
ministère public.

 Le ministère public dispose en outre d'un droit d'appel incident en cas d'appel principal de
l'accusé.
 La partie civile ou civilement responsable ne peuvent pas relever appel des arrêts de
condamnation.

S’agissant des arrêts d’acquittement, le droit d’appel est ouvert au seul ministère public et le
législateur réserve l'exercice de ce droit uniquement au procureur général.

L’article 380-2-1 CPP issu de la loi du 23 mars 2019 prévoit que l'appel formé par l'accusé ou le
ministère public peut indiquer qu'il ne conteste pas les réponses données par la cour d'assises sur
la culpabilité et qu'il est limité à la décision sur la peine. Dans ce cas, seuls sont entendus devant la
cour d'assises statuant en appel les témoins et experts dont la déposition est nécessaire afin
d'éclairer les assesseurs et les jurés sur les faits commis et la personnalité de l'accusé, sans que
soient entendues les personnes dont la déposition ne serait utile que pour établir sa culpabilité. En
pareille hypothèse, lorsque la cour d'assises se retire pour délibérer, les dispositions relatives aux
questions sur la culpabilité ne sont pas applicables.

380-3 CPP : La cour d'assises statuant en appel sur l'action publique ne peut, sur le seul appel de
l'accusé, aggraver le sort de ce dernier.

Pendant les délais d'appel et durant l'instance d'appel, il est sursis à l'exécution de l'arrêt sur
l'action publique. Toutefois, le mandat de dépôt continue de produire ses effets à l'encontre de la
personne condamnée à une peine privative de liberté.

Appel sur l’action civile : l’appel est ici ouvert à toutes les parties, à l'exclusion du ministère public.

Lorsque la cour d'assises n'est saisie que de l'appel sur l’action civile, l’appel est porté devant la
chambre des appels correctionnels. L’appelant ne peut voir son sort aggravé sur son seul appel. La
partie civile ne peut formuler une nouvelle demande en appel. Pendant les délais d'appel et durant
l'instance d'appel, il est sursis à l'exécution de l'arrêt sur l'action civile.

Dans tous les cas, l'appel doit être interjeté dans le délai de dix jours à compter du prononcé de
l'arrêt. En cas d'appel d'une partie les autres parties ont un délai supplémentaire de cinq jours pour
interjeter appel. La déclaration d'appel doit être faite au greffe de la cour d'assises qui a rendu la
décision attaquée. Lorsque l'appelant est détenu, l'appel peut être fait au moyen d'une déclaration
auprès du chef de l'établissement pénitentiaire. Dès que l'appel a été enregistré, le ministère public
adresse sans délai au greffe de la chambre criminelle de la Cour de cassation, avec ses observations
éventuelles, la décision attaquée et, le cas échéant, le dossier de la procédure. Dans le mois qui suit
la réception de l'appel, la chambre criminelle, après avoir recueilli les observations écrites du
ministère public et des parties ou de leurs avocats, désigne la cour d'assises chargée de statuer en
appel.

Par ailleurs, depuis la loi du 23 mars 2019, l’article 380-3-1 CPP prévoit que l’accusé doit
comparaître devant la cour d'assises statuant en appel sur l'action publique dans un délai d'un an à
compter soit de l'appel, si l'accusé est détenu, soit de la date à laquelle l'accusé a été ultérieurement
placé en détention provisoire en application de la décision rendue en premier ressort. Toutefois, si
l'audience sur le fond ne peut se tenir avant l'expiration de ce délai, le président de la chambre de
l'instruction peut, à titre exceptionnel, par une décision mentionnant les raisons de fait ou de droit
faisant obstacle au jugement de l'affaire, ordonner la prolongation de la détention pour une
nouvelle durée de six mois. La comparution de l'accusé est de droit si lui-même ou son avocat en
font la demande. Cette prolongation peut être renouvelée une fois dans les mêmes formes. La durée
de six mois est portée à un an en cas de poursuites pour crime contre l'humanité ou pour un crime
constituant un acte de terrorisme. Si l'accusé n'a pas comparu devant la cour d'assises avant
l'expiration de ces délais, il est remis immédiatement en liberté s'il n'est pas détenu pour une
autre cause.

E) L’expérimentation de la Cour criminelle

Trouvant sa justification dans des délais de jugement trop longs par les Cours d’assises ainsi que
dans la correctionnalisation croissante de certains crimes, la loi du 23 mars 2019 prévoit
d’expérimenter une nouvelle juridiction de jugement criminel, « la Cour criminelle », exclusivement
composée de juges professionnels.

Compétence de la cour criminelle : la cour criminelle est compétente pour juger en premier ressort
les personnes majeures accusées d'un crime puni de quinze ans ou de vingt ans de réclusion
criminelle, lorsque ce crime n'est pas commis en état de récidive légale. Elle est également
compétente pour le jugement des délits connexes à de tels crimes. Elle est en revanche
incompétente s'il existe un ou plusieurs coaccusés ne répondant pas à ces conditions.

Composition de la cour criminelle : la cour criminelle, qui siège au même lieu que la cour d'assises,
est composée d'un président et de quatre assesseurs. Ces magistrats sont choisis par le premier
président de la cour d'appel parmi, pour le président, les présidents de chambres et les conseillers du
ressort de la cour d'appel et, pour les assesseurs, les conseillers et les juges de ce ressort. Deux des
assesseurs peuvent être des magistrats exerçant à titre temporaire ou des magistrats honoraires
exerçant les fonctions juridictionnelles.

Renvoi devant la cour criminelle : Les personnes contre lesquelles il existe à l'issue de l'information
des charges suffisantes d'avoir commis, hors récidive, un crime pour lequel la Cour criminelle est
compétente sont mises en accusation par le juge d'instruction devant la cour criminelle. L'accusé
détenu en raison des faits pour lesquels il est renvoyé devant la cour criminelle est immédiatement
remis en liberté s'il n'a pas comparu devant celle-ci à l'expiration d'un délai de 6 mois à compter,
soit de la date à laquelle la décision de mise en accusation est devenue définitive s'il était alors
détenu, soit de la date à laquelle il a été ultérieurement placé en détention provisoire. Ce délai peut
être prolongé une fois.

Fonctionnement de la cour criminelle : Sur proposition du ministère public, l'audiencement de la


cour criminelle est fixé par son président ou, à la demande du procureur général, par le premier
président de la cour d'appel. La cour criminelle applique les dispositions régissant le fonctionnement
de la cour d’assises sous les réserves suivantes :

 Il n'est pas tenu compte des dispositions qui font mention du jury ou des jurés ;
 Les décisions sont prises à la majorité pour les décisions défavorables à l’accusé, sur la
culpabilité et pour la décision sur la peine.
 La cour délibère avec le dossier.
 Si la cour criminelle estime, au cours ou à l'issue des débats, que les faits dont elle est saisie
constituent un crime puni de trente ans de réclusion criminelle ou de la réclusion criminelle
à perpétuité, elle renvoie l'affaire devant la cour d'assises. Si l'accusé comparaissait détenu,
il demeure placé en détention provisoire jusqu'à sa comparution devant la cour d'assises ;
dans le cas contraire, la cour criminelle peut, après avoir entendu le ministère public et les
parties ou leurs avocats, décerner, par la même décision, mandat de dépôt ou mandat
d'arrêt contre l'accusé.

Appel des décisions de la cour criminelle : l’appel des décisions de la cour criminelle est examiné par
la cour d'assises d’appel.

Expérimentation : Les dispositions relatives à la Cour criminelle sont applicables à titre expérimental
dans au moins deux départements et au plus dix départements déterminés par un arrêté du
ministre de la justice, pendant une durée de trois ans à compter de la date fixée par cet arrêté, pour
le jugement des personnes mises en accusation au plus tard deux ans après cette date. Six mois au
moins avant le terme de l'expérimentation, le Gouvernement adresse au Parlement un rapport
procédant à son évaluation. Pour la mise en œuvre de l'expérimentation, les personnes déjà mises
en accusation devant la cour d'assises peuvent être renvoyées devant la cour criminelle, avec leur
accord recueilli en présence de leur avocat, sur décision du premier président de la cour d'appel. Les
personnes mises en accusation devant la cour criminelle dans un délai de deux ans à compter du
début de l'expérimentation et non encore jugées dans un délai de trois ans à compter de cette date
sont de plein droit mises en accusation devant la cour d'assises.

II- Le tribunal correctionnel

A) Compétence

En matière délictuelle, le tribunal correctionnel compétent est celui du lieu de l'infraction, de la


résidence du prévenu ou celui du lieu d'arrestation ou de détention de ce dernier.

La compétence du tribunal correctionnel : s'étend aux délits et contraventions indivisibles ou


connexes à l'infraction déférée. De même, la compétence à l'égard d'un prévenu s'étend à tous
coauteurs et complices.

 Article 385 CPP : Le tribunal correctionnel a en outre qualité pour constater les nullités des
procédures qui lui sont soumises sauf lorsqu'il est saisi par le renvoi ordonné par le juge
d'instruction ou la chambre de l'instruction, les nullités étant dans ce cas purgées. Les
exceptions de nullité doivent être soulevées in limine litis.

 A la demande des parties ou d'office, le tribunal peut commettre par jugement l'un de ses
membres ou l'un des juges d'instruction de la juridiction désignée pour procéder à un
supplément d'information.

 Il peut en outre placer ou maintenir le prévenu sous contrôle judiciaire. Par ailleurs, dans
l’hypothèse d’une comparution immédiate, il peut décider de placer ou de maintenir le
prévenu en détention provisoire par décision spécialement motivée au regard de l’art. 144
CPP

 396 CPP : Lorsque le prévenu est en détention provisoire, le jugement au fond doit être
rendu dans les deux mois qui suivent le jour de sa première comparution devant le tribunal.
Lorsque la peine encourue est supérieure à 7 ans d’emprisonnement, la détention provisoire
est portée à quatre mois. Faute de décision au fond à l'expiration de ce délai, il est mis est
mis d'office en liberté. ( garanti du détenu)

B) Composition
Le tribunal correctionnel est composé d'un président et de deux juges. Les magistrats appelés à
statuer sont désignés par le président du tribunal de grande instance.

La loi du 26 janvier 2005 a prévu que les juges de proximité ( non profesionnel donc pas membre
de l’’autorité judiciaie) peuvent siéger au tribunal correctionnel. Sur le point, le conseil
constitutionnel a émis une réserve d’interprétation : les magistrats professionnels doivent être
majoritaires au sein de la formation collégiale du tribunal correctionnel afin de respecter l’art. 66
de la Constitution (L'autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce
principe dans les conditions prévues par la loi.) . Ainsi, un seul juge de proximité peut siéger parmi
les trois juges composant le tribunal correctionnel, les deux autres devant être des magistrats
professionnels. Les fonctions du ministère public sont exercées par le procureur de la République ou
l'un de ses substituts.

L’article 398 CPP : permet au tribunal correctionnel de statuer à juge unique pour des délits de
moindre gravité. La loi du 23 mars 2019 a considérablement étendu les délits susceptibles d’être
ainsi jugés. Sont désormais susceptibles d’être jugés à juge unique, uniquement lorsqu’ils sont punis
d'une peine inférieure ou égale à cinq ans d'emprisonnement, de nombreux délits consistant aussi
bien en des atteintes aux biens qu’en des atteintes aux personnes. On retrouve notamment parmi
ces infractions les violences, les blessures involontaires, l’exhibition sexuelle, la cession ou l'offre
illicite de stupéfiants, l’usage de stupéfiants, le délit de risques causés à autrui lorsqu'il est commis à
l'occasion de la conduite d'un véhicule, le délit de recours à la prostitution, les atteintes à la vie
privée et à la représentation de la personne, le vol, la filouterie, le recel, les destructions,
dégradations et détériorations, les outrages et rébellions ou encore le faux. A noter que, pour
l'appréciation du seuil de cinq ans d'emprisonnement, il n'est pas tenu compte des aggravations
résultant de l'état de récidive.

C) L’audience

Les audiences du tribunal correctionnel sont en principe publiques. Toutefois, le tribunal peut, si la
publicité est dangereuse pour l'ordre, la sérénité des débats, la dignité de la personne ou les
intérêts d'un tiers, ordonner que les débats aient lieu à huis clos. Le président assure la police de
l'audience et la direction des débats. Lorsque l'un des assistants trouble l'ordre de quelque manière
que ce soit, le président peut ordonner son expulsion de la salle d'audience.

Le président ou l'un des assesseurs constate l'identité du prévenu et donne connaissance de l'acte
qui a saisi le tribunal. Le prévenu doit comparaître. Lorsque le prévenu ne comparaît pas et que la
peine qu'il encourt est égale ou supérieure à deux années d'emprisonnement, le tribunal peut
ordonner le renvoi de l'affaire et, par décision spéciale et motivée, décerner mandat d'amener ou
mandat d'arrêt. Le prévenu a la faculté de se faire assister par un défenseur, le cas échéant commis
d’office par le président.

Toute personne qui prétend avoir été lésée par un délit, peut, si elle ne l'a déjà fait, se constituer
partie civile à l'audience même. La déclaration de partie civile doit alors, à peine d'irrecevabilité,
être faite avant les réquisitions du ministère public sur le fond. Le ministère d'un avocat n'est pas
obligatoire. Elle peut également se constituer partie civile par lettre recommandée avec avis de
réception ou par télécopie parvenue au tribunal vingt-quatre heures au moins avant la date de
l'audience. La partie civile n'est pas tenue de comparaître. Dans tous les cas, le tribunal apprécie la
recevabilité de la constitution de partie civile.

Avant de procéder à l'audition des témoins, le président interroge le prévenu et reçoit ses
déclarations. Le ministère public, les avocats des parties, le prévenu et la partie civile peuvent
poser directement des questions à toute personne appelée à la barre, en demandant la parole au
président. Les témoins produits par les parties poursuivantes sont entendus les premiers. Avant de
commencer leur déposition, les témoins prêtent le serment de dire toute la vérité, rien que la vérité.
Après chaque déposition, le président, le ministère public et les parties posent au témoin les
questions qu'ils jugent nécessaires.

Article 456 : Le tribunal peut ordonner qu’il soit procédé à des expertises ainsi qu’à tous transports
utiles en vue de la manifestation de la vérité. Les parties et leurs avocats sont appelés à y assister.

Une fois l'instruction à l'audience terminée, la partie civile est entendue, le ministère public prend
ses réquisitions, et le prévenu présente sa défense. La partie civile et le ministère public peuvent
répliquer. Cependant, le prévenu ou son avocat ont toujours la parole les derniers.

D) Le jugement

Le jugement est rendu soit à l'audience même à laquelle ont eu lieu les débats, soit à une date
ultérieure, le président informant dans ce cas les parties présentes du jour où le jugement sera
prononcé. Le jugement doit contenir des motifs et un dispositif.

 Les motifs constituent la base de la décision.


 Le dispositif énonce les infractions dont les personnes citées sont déclarées coupables ou
responsables ainsi que la peine, les textes de loi appliqués, et les condamnations civiles. Il
est donné lecture du jugement par le président ou par l'un des juges.

Si le tribunal estime que le fait constitue un délit, il prononce la peine et statue, s'il y a lieu, sur
l'action civile. Lorsque le prévenu est détenu, le tribunal peut, par décision spéciale et motivée,
maintenir la détention.

Concernant l’enfermement de l’accusé, Article 465 CPP : Le mandat continue alors à produire ses
effets. Si le prévenu est libre et que la peine prononcée est supérieure à 1 an d'emprisonnement sans
sursis, le tribunal peut, par décision spéciale et motivée, décerner mandat de dépôt ou d'arrêt. En
revanche, en cas de condamnation d'une personne libre à une peine d'emprisonnement inférieure
ou égale à un an ou pour laquelle la durée de détention restant à subir est inférieure ou égale à un
an, un avis de convocation à comparaître devant le juge de l’application des peines, dans un délai
compris entre 10 et 30 jours, en vue de déterminer les modalités d'exécution de la peine, est remis
au condamné.

Si le tribunal juge que les faits méritent une qualification contraventionnelle, il prononce la peine et
statue, s'il y a lieu, sur l'action civile. Si le fait déféré au tribunal correctionnel sous la qualification de
délit est de nature à entraîner une peine criminelle, le tribunal renvoie le ministère public à se
pourvoir ainsi qu'il avisera, sous réserve des dispositions relatives à la correctionnalisation judiciaire.
Il peut décerner, par la même décision, mandat de dépôt ou d'arrêt contre le prévenu.

Si le tribunal conclut à la relaxe, les mesures de détention provisoire et de contrôle judiciaire


prennent fin. Le tribunal demeure cependant compétent pour statuer sur l’action civile.

E) L’appel

Il est fait appel des jugements du tribunal correctionnel devant la chambre des appels
correctionnels de la Cour d’appel. L’appel peut être interjeté par le prévenu, la personne civilement
responsable quant aux intérêts civils seulement, la partie civile, quant à ses intérêts civils
seulement, le procureur de la République, les administrations publiques, dans les cas où celles-ci
exercent l'action publique, le procureur général près la cour d'appel.

La loi du 23 mars 2019 a réformé l’article 502 CPP relatif à la déclaration d’appel pour limiter la
portée des appels correctionnels. Désormais, la déclaration d’appel indique si l’appel porte sur la
décision sur l’action publique, sur la décision sur l’action civile ou sur les deux décisions.

 Si l’appel concerne la décision sur l’action publique, la déclaration indique s’il porte sur
l’ensemble de la décision ou s’il est limité aux peines prononcées, à certaines d’entre elles
ou à leurs modalités d’application. Si la décision sur l’action publique a déclaré le prévenu
coupable de plusieurs infractions, l’appel sur cette décision précise s’il concerne l’ensemble
des infractions ou certaines d’entre elles. Si la déclaration ne comporte aucune de ces
précisions, l’appel est considéré comme portant sur l’intégralité de la décision. Le prévenu
qui a limité la portée de son appel sur l’action publique aux peines prononcées peut revenir
sur cette limitation dans un délai d’un mois à compter de la déclaration d’appel. Le prévenu
qui n’a pas limité la portée de son appel lors de la déclaration d’appel peut toujours le faire
ultérieurement, jusqu’à l’audience de jugement. L’effet dévolutif de l’appel est en
conséquence limité aux éléments contestés.

Article 505 : Dans tous les cas, sauf s’agissant de l’appel du Procureur général qui bénéficie d’un délai
plus long, l'appel doit être interjeté dans un délai de 10 jours à compter du prononcé du jugement.
En cas d'appel d'une des parties, les autres parties ont un délai supplémentaire de cinq jours pour
interjeter appel. L’affaire est dévolue à la cour d'appel dans la limite fixée par l'acte d'appel et par la
qualité de l'appelant. Pendant les délais d'appel et durant l'instance d'appel, il est sursis à l'exécution
du jugement.

 Dans un arrêt Ben Naceur c/ France du 3 octobre 2006, la CESDH a condamné la France
pour violation de l’art. 6§1 CESDH, au motif qu’en octroyant au procureur général un délai
d'appel plus long que celui reconnu aux autres parties, l'article 505 du code de procédure
pénale méconnaît le principe de l'égalité des armes consacré par la Cour européenne sur le
fondement de l'article 6§1, de la Convention.
 Par l’arrêt du 17 septembre 2008, la chambre criminelle revient sur sa position
traditionnelle, et a aligné sa jurisprudence sur le droit européen en affirmant à son tour que
le délai d'appel du procureur général contre les jugements du tribunal correctionnel, plus
long que celui reconnu aux parties, viole le principe de l'égalité des armes.
 La loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 a réduit en conséquence le délai d’appel du
Procureur général de deux mois à 20 jours. La différence entre les délais d’appel perdure
donc, mais de manière amoindrie.

La loi du 23 mars 2019 a institué des délais butoirs, dans lesquels il doit être statué sur l’appel.
Ainsi, un nouvel article 509-1 CPP prévoit que le prévenu doit comparaître devant la chambre des
appels correctionnels dans un délai de quatre mois à compter soit de l’appel, si le prévenu est
détenu, soit de la date à laquelle le prévenu a été ultérieurement placé en détention provisoire, en
application de la décision rendue en premier ressort. Toutefois, si l’audience sur le fond ne peut se
tenir avant l’expiration de ce délai, le président de la chambre peut, à titre exceptionnel, par une
décision mentionnant les raisons de fait ou de droit faisant obstacle au jugement de l’affaire,
ordonner la prolongation de la détention pour une nouvelle durée de quatre mois. La comparution
personnelle du prévenu est de droit, si lui-même ou son avocat en font la demande. Cette décision
peut être renouvelée une fois dans les mêmes formes. Lorsqu’un des faits constitutifs de l’infraction
a été commis hors du territoire national ou lorsque la personne est poursuivie pour une infraction
mentionnée aux articles 706-73 et 706-73-1, ce délai est porté à six mois. Si le prévenu n’a pas
comparu devant la cour d’appel avant l’expiration de ces délais, il est remis immédiatement en
liberté s’il n’est pas détenu pour une autre cause.

La chambre des appels correctionnels est composée d'un président de chambre et de deux
conseillers. Les fonctions du ministère public sont exercées par le procureur général ou par l'un de
ses avocats généraux ou de ses substituts. L'appel est jugé à l'audience sur le rapport oral d'un
conseiller. Le prévenu est interrogé, et les témoins sont entendus selon les règles applicables devant
le tribunal correctionnel. Après que l'appelant ou son représentant a sommairement indiqué les
motifs de son appel, les parties en cause ont la parole dans le même ordre que celui prévu devant le
tribunal correctionnel. Si la cour estime que l'appel n'est pas fondé, elle confirme le jugement
attaqué. La cour ne peut, sur le seul appel du prévenu, du civilement responsable, ou de la partie
civile, aggraver le sort de l'appelant. La partie civile ne peut, en cause d'appel, former aucune
demande nouvelle. Si le jugement est réformé parce que la cour estime qu'il n'y a ni crime, ni délit, ni
contravention, ou que le fait n'est pas établi ou qu'il n'est pas imputable au prévenu, elle renvoie
celui-ci des fins de la poursuite. Si le jugement est annulé parce que la cour estime que le fait ne
constitue qu'une contravention, elle prononce la peine et statue, s'il y a lieu, sur l'action civile. Si le
jugement est annulé parce que la cour estime que le fait est de nature à entraîner une peine
criminelle, la cour d'appel se déclare incompétente. Elle renvoie le ministère public à se pourvoir
ainsi qu'il avisera. Elle peut décerner par la même décision, mandat de dépôt ou d'arrêt contre le
prévenu.

La loi du 23 mars 2019 a prévu à l’article 510 CPP que, lorsque le jugement attaqué a été rendu à
juge unique ou selon la procédure de l’ordonnance pénale, la chambre des appels correctionnels
est composée d’un seul magistrat exerçant les pouvoirs confiés au président de chambre, sauf si le
prévenu est en détention provisoire pour les faits qui lui sont reprochés ou si l’appelant demande
expressément que l’affaire soit examinée par une formation collégiale. La chambre des appels
correctionnels ainsi composée ne peut alors prononcer une peine d’emprisonnement ferme d’une
durée supérieure à cinq ans. Elle peut toutefois, si ce renvoi lui paraît justifié en raison de la
complexité des faits ou en raison de l’importance de la peine susceptible d’être prononcée, décider,
d’office ou à la demande des parties ou du ministère public, de renvoyer l’affaire devant la chambre
des appels correctionnels siégeant en formation collégiale.

 Le législateur avait limité la possibilité de recourir à une formation collégiale, puisque


l’appelant devait l’avoir sollicitée dans la déclaration d’appel. Le Conseil constitutionnel a
toutefois censuré cette limitation dans sa décision du 21 mars 2019. Il a en effet considéré
que, « en limitant ainsi les conditions de l'accès à une formation collégiale en appel
correctionnel, le législateur a, compte tenu du quantum des peines d'emprisonnement
susceptibles d'être prononcées, porté une atteinte excessive à la garantie des droits
protégée par l'article 16 de la Déclaration de 1789 ».

III- Tribunal de police et juridictions de proximité

A) Compétence

 Depuis la loi 9 septembre 2002, le tribunal de police connaissait des contraventions de la


cinquième classe, et la juridiction de proximité des contraventions des quatre premières
classes.

 Mais une loi du 13 décembre 2011 a programmé la disparition des juridictions de proximité
à compter du 1er janvier 2015. Le texte maintient néanmoins les juges de proximité, et les
intègre aux tribunaux d’instance (tribunaux de police pour la matière répressive). Le
jugement de ces contraventions retourne donc à la compétence des tribunaux de police,
comme en l’état antérieur à la loi du 9 septembre 2002.

 La loi du 18 novembre 2016 prévoit ainsi que tribunal de police, constitué d’un juge du TGI,
devient la juridiction compétente pour juger l’ensemble des contraventions à compter du
1er juillet 2017. Seules les contraventions commises par des mineurs demeurent de la
compétence du juge des enfants. Toutefois, pour faire face l’arrivée d’un important
contentieux, qui relevait jusqu’alors de la compétence des juridictions de proximité, le
texte prévoit que le tribunal de police pourra être constitué d’un magistrat exerçant à titre
temporaire, non seulement pour les contraventions des quatre premières classes, mais
également pour celles de cinquième classe relevant de la procédure de l’amende forfaitaire
(art. 523 CPP). Il est en outre prévu que le siège du ministère public devant le tribunal de
police est occupé par le procureur de la République pour les contraventions de la cinquième
classe ne relevant pas de la procédure de l’amende forfaitaire, et par le commissaire de
police pour toutes les autres contraventions, sous le contrôle du procureur.

B- Composition

Le tribunal de police est constitué par le juge du tribunal d'instance, un officier du ministère public, et
un greffier.

C- Procédure

Procédure simplifiée : toute contravention de police peut être soumise à une procédure simplifiée.
Le ministère public communique alors au juge du tribunal de police ou de la juridiction de
proximité le dossier de la poursuite accompagné de ses réquisitions.

 Le juge statue sans débat préalable par une ordonnance pénale portant soit relaxe, soit
condamnation à une amende ainsi que, le cas échéant, à une ou plusieurs des peines
complémentaires encourues. L’ordonnance n’a pas à être motivée.
 S'il estime qu'un débat contradictoire est utile, le juge renvoie le dossier au ministère public
aux fins de poursuite dans les formes de la procédure ordinaire. Le ministère public peut,
dans les dix jours de l'ordonnance, former opposition à son exécution. Si, à l'expiration de
ce délai, le ministère public n'a pas fait opposition, l'ordonnance pénale est notifiée au
prévenu par lettre recommandée avec demande d'avis de réception et exécutée.
 Le prévenu peut, dans un délai de trente jours à compter de la date d'envoi de la lettre,
former opposition à l'exécution de l'ordonnance. En cas d'opposition l'affaire est portée à
l'audience du tribunal de police ou de la juridiction de proximité dans les formes de la
procédure ordinaire.
 A défaut d’opposition, l'ordonnance pénale a les effets d'un jugement passé en force de
chose jugée.
 Cependant, elle n'a pas l'autorité de la chose jugée à l'égard de l'action civile en réparation
des dommages causés par l'infraction. La partie lésée a toujours la possibilité de citer
directement le contrevenant devant le tribunal de police ou devant la juridiction de
proximité. Le tribunal de police ou la juridiction de proximité statue alors sur les seuls
intérêts civils.

Procédure applicable à certaines contraventions : 529 CPP pour les contraventions des quatre
premières classes dont la liste est fixée par décret en Conseil d'Etat l'action publique est éteinte par
le paiement d'une amende forfaitaire. Le montant de l'amende forfaitaire peut être acquitté soit
entre les mains de l'agent verbalisateur au moment de la constatation de l'infraction, soit auprès du
service indiqué dans l'avis de contravention dans les 45 jours qui suivent la constatation de
l'infraction. Dans ce délai, le contrevenant peut formuler une requête tendant à son exonération
auprès du service indiqué dans l'avis de contravention. Cette requête est transmise au ministère
public. A défaut de paiement ou d'une requête présentée dans le délai de 45 jours, l'amende
forfaitaire est majorée de plein droit et recouvrée au profit du Trésor public. Dans les 30 jours de
l'envoi de l'avis invitant le contrevenant à payer l'amende forfaitaire majorée, l'intéressé peut former
auprès du ministère public une réclamation motivée. Au vu de la réclamation, le ministère public
peut, soit renoncer à l'exercice des poursuites, soit saisir le tribunal de police ou la juridiction de
proximité qui se prononcera alors selon la procédure simplifiée. En cas de condamnation, l'amende
prononcée ne peut être inférieure au montant de l'amende ou de l'indemnité forfaitaire.

La procédure ordinaire : le tribunal de police ou la juridiction de proximité sont saisis soit par le
renvoi de la juridiction d'instruction, soit par la comparution volontaire des parties, soit par la
citation directe.

 Les contraventions sont prouvées soit par procès-verbaux ou rapports, soit par témoins. Les
procès-verbaux font foi jusqu'à preuve contraire (v. sur ce point thème consacré à la preuve
pénale).
 Le juge du tribunal de police ou le juge de proximité peuvent ordonner un supplément
d’information. Si la juridiction estime que le fait constitue une contravention, elle prononce
la peine. Si elle estime que le fait constitue un crime ou un délit, elle se déclare
incompétente et renvoie le ministère public à se pourvoir ainsi qu'il avisera. Si elle conclut à
la relaxe, elle conserve la possibilité de se prononcer sur les intérêts civils.

D) Appel

ARTICLE 546 : Le droit d’appel est reconnu au prévenu, à la personne civilement responsable, au
procureur de la République, au procureur général et à l'officier du ministère public près le tribunal
de police et la juridiction de proximité. Il est toujours limité aux cas dans lesquels l'amende
encourue est celle prévue pour les contraventions de la cinquième classe, et au cas dans lesquels
l’amende prononcée est supérieure au maximum de l'amende encourue pour les contraventions de
la deuxième classe. La partie civile peut interjeter appel quant à ses intérêts civils seulement . L'appel
est porté à la cour d'appel. Les formes et délais sont les mêmes que ceux de l’appel correctionnel. La
cour est cependant composée du seul président de la chambre des appels correctionnels, siégeant à
siège unique.

FOCUS ACTUALITE

Ordonnancedu 25mars2020 portantadaptationderèglesdeprocédurepénaleàl’étatd’urgencesanitaire

Les dispositions issues de l’ordonnance du 25 mars 2020 étaient applicables du 12 mars 2020, jusqu'à
l'expiration d'un délai d'un mois à compter de la date de cessation de l'état d'urgence sanitaire, soit jusqu’au 11
août 2020.

Dispositions relatives aux voies de recours : Pour adapter l’exercice des voies de recours à l’état d’urgence
sanitaire, l’ordonnance prévoit que les délais fixés par le code de procédure pénale pour l'exercice des voies de
recours sont doublés, sans pouvoir être inférieurs à dix jours (sauf procédures de référé liberté et référé
détention). En outre, il est prévu que tous les recours et demandes peuvent être faits par lettre recommandée
avec accusé de réception.
Dispositions relatives aux « audiences à distance » : De manière à permettre la tenue des audiences pénales
dans le respect des contraintes sanitaires actuelles, plusieurs dérogations au droit commun sont instituées pour
le temps de l’état d’urgence sanitaire :

▪ Télécommunication audiovisuelle : il peut être recouru à un moyen de télécommunication audiovisuelle devant


l'ensemble des juridictions pénales, autres que les juridictions criminelles, sans qu'il soit nécessaire de recueillir
l'accord des parties. En cas d'impossibilité technique ou matérielle, le juge peut décider d'utiliser tout autre moyen
de communication électronique, y compris téléphonique. Dans tous les cas, le juge organise et conduit la
procédure en veillant au respect des droits de la défense et en garantissant le caractère contradictoire des
débats.

▪ Publicitédes audiences : par dérogation aux règles de publicité, le président de la juridiction peut décider, avant
l'ouverture de l'audience, que les débats se dérouleront en publicité restreinte, ou, s’il apparaît impossible de
garantir la protection de la santé des personnes présentes à l'audience, à huis clos. Des journalistes peuvent
assister à l'audience, y compris lorsque le huis clos a été ordonné. Lorsque le juge des libertés et de la détention
doit statuer en audience publique en matière de détention provisoire, s’il apparaît impossible de garantir la
protection de la santé des personnes présentes à l'audience, ce magistrat peut décider que l'audience se tiendra
en chambre du conseil.

Dispositions relatives à la composition des juridictions : Les dispositions relatives à la compétence des juridictions
prévues par l’ordonnance du 25 mars 2020 ne s’appliqueront qu’en vertu d'un décret constatant la persistance
d'une crise sanitaire compromettant le fonctionnement des juridictions malgré la mise en œuvre des autres
prévisions de l’ordonnance. Il s’agit donc de prévisions de « seconde ligne ». Dans ces conditions plusieurs
dispositions visent à réaménager la composition des juridictions en considération des contraintes sanitaires :
▪ La chambre de l'instruction pourra statuer, en matière correctionnelle, en n'étant composée que de son seul
président (ou d'un magistrat désigné pour le remplacer), sur décision du premier président de la cour d'appel
constatant que la réunion de la formation collégiale de la juridiction n'est pas possible.

▪ Le tribunal correctionnel peut statuer, quelle que soit la nature du délit dont il est saisi et quel que soit le mode
de sa saisine, en n'étant composé que de son seul président (ou du magistrat désigné pour le remplacer), sur
décision du président du tribunal judiciaire constatant que la réunion de la formation collégiale de la juridiction
n'est pas possible.

318

▪ Lachambre des appels correctionnels et la chambre spéciale des mineurs peuvent statuer en n'étant composée
que de leur seul président (ou d'un magistrat désigné pour le remplacer), sur décision du premier président de la
cour d'appel constatant que la réunion de la formation collégiale de la juridiction n'est pas possible.

▪ En matière correctionnelle, le tribunal pour enfants peut statuer en n'étant composé que de son seul président,
ou d'un juge des enfants, et à défaut d'un magistrat désigné pour le remplacer, sur décision du président du
tribunal judiciaire constatant que la réunion de la formation collégiale de la juridiction n'est pas possible.

▪ Le tribunal de l'application des peines et la chambre de l'application des peines de la cour d'appel peuvent, sur
décision du président du tribunal judiciaire ou du premier président de la cour d'appel constatant que la réunion
de la formation collégiale de la juridiction n'est pas possible, être composés de leur seul président, ou du
magistrat désigné pour le remplacer,

Conseil constitutionnel QPC 6 décembre 2019 – Enregistrement des audiences :


Dans une décision rendue sur question prioritaire de constitutionnalité le 6 décembre 2019, le Conseil
constitutionnel examine la conformité aux exigences constitutionnelles de l'article 38 ter de la loi du 29 juillet
1881 sur la liberté de la presse. Sous peine d'amende, ces dispositions interdisent à quiconque d'employer,
dès l'ouverture de l'audience des juridictions administratives ou judiciaires, tout appareil photographique ou
d'enregistrement sonore ou audiovisuel et de céder ou publier l'enregistrement ou le document obtenu en
violation de cette interdiction. Les requérants estimaient ces prévisions contraires à la liberté d'expression et de
communication. Dans la décision commentée, le Conseil constitutionnel rejette cette argumentation pour
conclure à la constitutionnalité des dispositions contestées. Il estime en effet que, en instaurant l'interdiction
critiquée, le législateur a, d'une part, entendu garantir la sérénité des débats au regard des risques de
perturbations liés à l'utilisation de ces appareils. Ce faisant, il a poursuivi l'objectif de valeur constitutionnelle de
bonne administration de la justice. D'autre part, il a entendu prévenir les atteintes que la diffusion des images
ou des enregistrements issus des audiences pourrait porter au droit au respect de la vie privée des parties au
procès et des personnes participant aux débats, à la sécurité des acteurs judiciaires et, à la présomption
d'innocence de la personne poursuivie. Le Conseil constitutionnel relève en outre que, s'il est possible d'utiliser
des dispositifs de captation et d'enregistrement qui ne perturbent pas en eux-mêmes le déroulement des
débats, l'interdiction de les employer au cours des audiences permet de prévenir la diffusion des images ou
des enregistrements, susceptible quant à elle de perturber ces débats. L'évolution des moyens de
communication est par ailleurs susceptible de conférer à cette diffusion un retentissement important qui
amplifie le risque qu'il soit porté atteinte aux intérêts précités. Enfin, l'interdiction résultant des dispositions
contestées ne prive pas le public qui assiste aux audiences, en particulier les journalistes, de la possibilité de
rendre compte des débats par tout autre moyen, y compris pendant leur déroulement, sous réserve du pouvoir
de police de l'audience du président de la formation de jugement. Pour l'ensemble de ces motifs, le Conseil
constitutionnel juge que l'atteinte portée par les dispositions contestées à l'exercice de la liberté d'expression et
de communication est nécessaire, adaptée et proportionnée aux objectifs poursuivis.

Loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice

A) Dispositions relatives au jugement des délits

1) Généralisation du tribunal correctionnel à juge unique

L’article 398 CPP permet au tribunal correctionnel de statuer à juge unique pour des délits de moindre gravité. La
loi du 23 mars 2019 étend considérablement les délits susceptibles d’être ainsi jugés. Sont désormais
susceptibles d’être jugés à juge unique, uniquement lorsqu’ils sont punis d'une peine inférieure ou égale à cinq
ans d'emprisonnement, de nombreux délits consistant aussi bien en des atteintes aux biens qu’en des atteintes
aux

319

personnes. On retrouve notamment parmi ces infractions les violences, les blessures involontaires, l’exhibition
sexuelle, la cession ou l'offre illicite de stupéfiants, l’usage de stupéfiants, le délit de risques causés à autrui
lorsqu'il est commis à l'occasion de la conduite d'un véhicule, le délit de recours à la prostitution, les atteintes à la
vie privée et à la représentation de la personne, le vol, la filouterie, le recel, les destructions, dégradations et
détériorations, les outrages et rébellions ou encore le faux. A noter que, pour l'appréciation du seuil de cinq ans
d'emprisonnement, il n'est pas tenu compte des aggravations résultant de l'état de récidive.

2) Réforme de l’appel correctionnel

Par plusieurs dispositions, la loi du 23 mars 2019 réforme l’appel correctionnel.

Limitation de l’appel correctionnel : l’article 502 CPP relatif à la déclaration d’appel est modifié pour limiter la
portée des appels correctionnels. Désormais, la déclaration d’appel indique si l’appel porte sur la décision sur
l’action publique, sur la décision sur l’action civile ou sur les deux décisions. Si l’appel concerne la décision sur
l’action publique, la déclaration indique s’il porte sur l’ensemble de la décision ou s’il est limité aux peines
prononcées, à certaines d’entre elles ou à leurs modalités d’application. Si la décision sur l’action publique a
déclaré le prévenu coupable de plusieurs infractions, l’appel sur cette décision précise s’il concerne l’ensemble
des infractions ou certaines d’entre elles. Si la déclaration ne comporte aucune de ces précisions, l’appel est
considéré comme portant sur l’intégralité de la décision. Le prévenu qui a limité la portée de son appel sur l’action
publique aux peines prononcées peut revenir sur cette limitation dans un délai d’un mois à compter de la
déclaration d’appel. Le prévenu qui n’a pas limité la portée de son appel lors de la déclaration d’appel peut
toujours le faire ultérieurement, jusqu’à l’audience de jugement. L’effet dévolutif de l’appel est en conséquence
limité aux éléments contestés.
Délais d’appel : le texte met en place des délais dans lesquels il doit être statué sur l’appel. Ainsi, un nouvel
article 509-1 CPP prévoit que le prévenu doit comparaître devant la chambre des appels correctionnels dans un
délai de quatre mois à compter soit de l’appel, si le prévenu est détenu, soit de la date à laquelle le prévenu a été
ultérieurement placé en détention provisoire, en application de la décision rendue en premier ressort. Toutefois,
si l’audience sur le fond ne peut se tenir avant l’expiration de ce délai, le président de la chambre peut, à titre
exceptionnel, par une décision mentionnant les raisons de fait ou de droit faisant obstacle au jugement de
l’affaire, ordonner la prolongation de la détention pour une nouvelle durée de quatre mois. La comparution
personnelle du prévenu est de droit, si lui-même ou son avocat en font la demande. Cette décision peut être
renouvelée une fois dans les mêmes formes. Lorsqu’un des faits constitutifs de l’infraction a été commis hors du
territoire national ou lorsque la personne est poursuivie pour une infraction mentionnée aux articles 706-73 et
706-73-1, ce délai est porté à six mois. Si le prévenu n’a pas comparu devant la cour d’appel avant l’expiration de
ces délais, il est remis immédiatement en liberté s’il n’est pas détenu pour une autre cause.

Chambredesappelscorrectionnelsstatuantàjugeunique :L’article510CPPprévoitquelorsquelejugement attaqué a


été rendu à juge unique ou selon la procédure de l’ordonnance pénale, la chambre des appels correctionnels est
composée d’un seul magistrat exerçant les pouvoirs confiés au président de chambre, sauf si le prévenu est en
détention provisoire pour les faits qui lui sont reprochés ou si l’appelant demande expressément que l’affaire soit
examinée par une formation collégiale. La chambre des appels correctionnels ainsi composée ne peut alors
prononcer une peine d’emprisonnement ferme d’une durée supérieure à cinq ans. Elle peut toutefois, si ce renvoi
lui paraît justifié en raison de la complexité des faits ou en raison de l’importance de la peine susceptible d’être
prononcée, décider, d’office ou à la demande des parties ou du ministère public, de renvoyer l’affaire devant la
chambre des appels correctionnels siégeant en formation collégiale. Le législateur avait limité la possibilité de
recourir à une formation collégiale, puisque l’appelant devait l’avoir sollicitée dans la déclaration d’appel. Le
Conseil constitutionnel a toutefois censuré cette limitation dans sa décision du 21 mars 2019. Il a en effet
considéré que, « en limitant ainsi les conditions de l'accès à une formation collégiale en appel correctionnel, le
législateur a, compte tenu du quantum des peines d'emprisonnement susceptibles d'être prononcées, porté une
atteinte excessive à la garantie des droits protégée par l'article 16 de la Déclaration de 1789 ».

320

B) Dispositions relatives au jugement des crimes

1) Dispositions relatives à la cour d’assises

Composition de la Cour d’assises : La loi du 23 mars 2019 modifie l'article 249 CPP afin de permettre qu'un des
assesseurs de la cour d'assises soit un magistrat honoraire exerçant des fonctions d'assesseur dans les
formations collégiales des tribunaux de grande instance et des cours d'appel. Dans sa décision rendue le 21
mars 2019, le Conseil constitutionnel a jugé ces prévision conformes aux exigences constitutionnelles,
considérant que « si les fonctions de magistrat de l'ordre judiciaire doivent en principe être exercées par des
personnes qui entendent consacrer leur vie professionnelle à la carrière judiciaire, la Constitution ne fait pas
obstacle à ce que, pour une part limitée, des fonctions normalement réservées à des magistrats de carrière
puissent être exercées à titre temporaire par des personnes qui n'entendent pas pour autant embrasser la
carrière judiciaire, à condition que, dans cette hypothèse, des garanties appropriées permettent de satisfaire au
principe d'indépendance qui est indissociable de l'exercice de fonctions judiciaires. Or, en vertu de l'article 41-28
de l'ordonnance du 22 décembre 1958, les magistrats honoraires exerçant les fonctions juridictionnelles
mentionnées à l'article 41-25 de la même ordonnance, qui sont susceptibles d'exercer les fonctions d'assesseurs
en cour d'assises sont soumis au statut de la magistrature ».

Préparation des débats : L’article 281 CPP prévoyait jusqu’à présent que «

Déposition des témoins devant la cour d’assises : L’article 331 CPP, qui prévoyait que les témoins ne sont pas
interrompus dans leur déposition, sous réserve du pouvoir de police du président, est abrogé. L’article 332
précise que lorsque cela lui paraît nécessaire à la clarté et au bon déroulement des débats, le président peut
interrompre les déclarations d’un témoin ou lui poser directement des questions sans attendre la fin de sa
déposition. Il est ajouté un alinéa à l’article 331 précisant que les témoins ne sont pas tenus de faire part de leur
intime conviction concernant la culpabilité de l’accusé (ce qui signifie qu’ils peuvent le faire).

Prérogatives des assesseurs : alors que, devant la Cour d’assises, su fait de l’oralité de la procédure, seul le
Président avait jusqu’à présent accès au dossier de la procédure, la loi nouvelle énonce désormais qu’une copie
du dossier est mise à la disposition des assesseurs.

Motivation du verdict sur la peine : Dans une décision rendue sur question prioritaire de constitutionnalité le 2
mars 2018 le Conseil constitutionnel avait censuré les dispositions légales en ce qu’elles n’imposaient pas la
motivation des verdicts de Cour d’assises. Tirant les conséquences de cette censure, la loi du 23 mars 2019
enrichit l’article 365-1 CPP d’un nouvel alinéa. Le texte prévoit ainsi que, en cas de condamnation, la motivation
consiste dans l'énoncé des principaux éléments à charge qui, pour chacun des faits reprochés à l'accusé, ont
convaincu la cour d'assises et qui ont été exposés au cours des délibérations menées par la cour et le jury,
préalablement aux votes sur les questions. La motivation consiste également dans l'énoncé des principaux
éléments ayant convaincu la cour d'assises dans le choix de la peine, au vu des éléments exposés au cours de la
délibération. En revanche, le texte énonce que la motivation des peines complémentaires obligatoires, de la
peine de confiscation du produit ou de l'objet de l'infraction ou des obligations particulières du sursis probatoire
n'est pas nécessaire.

Action civile : un nouvel article 371-1 CPP prévoit que, désormais, la cour peut mettre en délibéré sa décision sur
l'action civile. Elle peut également, après avoir recueilli les observations des parties, renvoyer cette décision à
une audience ultérieure dont elle fixe la date. Ce renvoi est de droit à la demande des parties civiles. L'audience
sur les intérêts civils a alors lieu au tribunal de grande instance dans le ressort duquel se sont tenues les assises.
Sauf si la partie civile ou l'accusé a sollicité lors du renvoi le bénéfice de la collégialité, le président de la cour
d'assises statue seul en la matière.

Le ministère public et la partie civile

signifient à l'accusé, l'accusé signifie au ministère public et, s'il y a lieu, à la partie civile, dès que possible et
vingt- quatre heures au moins avant l'ouverture des débats, la liste des personnes qu'ils désirent faire entendre
en qualité de témoins ». La loi nouvelle prévoit que ces obligations doivent désormais être mises en œuvre au
plus tard un

mois avant l’ouverture des débats.

321
Appel des verdicts de Cour d’assises : un nouvel article 380-2-1 CPP prévoit que l'appel formé par l'accusé ou le
ministère public peut indiquer qu'il ne conteste pas les réponses données par la cour d'assises sur la culpabilité
et qu'il est limité à la décision sur la peine. Dans ce cas, seuls sont entendus devant la cour d'assises statuant en
appel les témoins et experts dont la déposition est nécessaire afin d'éclairer les assesseurs et les jurés sur les
faits commis et la personnalité de l'accusé, sans que soient entendues les personnes dont la déposition ne serait
utile que pour établir sa culpabilité. En pareille hypothèse, lorsque la cour d'assises se retire pour délibérer, les
dispositions relatives aux questions sur la culpabilité ne sont pas applicables. Par ailleurs, un nouvel article 380-
3- 1 CPP prévoit que l’accusé doit comparaître devant la cour d'assises statuant en appel sur l'action publique
dans un délai d'un an à compter soit de l'appel, si l'accusé est détenu, soit de la date à laquelle l'accusé a été
ultérieurement placé en détention provisoire en application de la décision rendue en premier ressort. Toutefois, si
l'audience sur le fond ne peut se tenir avant l'expiration de ce délai, le président de la chambre de l'instruction
peut, à titre exceptionnel, par une décision mentionnant les raisons de fait ou de droit faisant obstacle au
jugement de l'affaire, ordonner la prolongation de la détention pour une nouvelle durée de six mois. La
comparution de l'accusé est de droit si lui-même ou son avocat en font la demande. Cette prolongation peut être
renouvelée une fois dans les mêmes formes. La durée de six mois est portée à un an en cas de poursuites pour
crime contre l'humanité ou pour un crime constituant un acte de terrorisme. Si l'accusé n'a pas comparu devant la
cour d'assises avant l'expiration de ces délais, il est remis immédiatement en liberté s'il n'est pas détenu pour une
autre cause.

2) Institution de la cour criminelle

Trouvant sa justification dans des délais de jugement trop longs par les Cours d’assises ainsi que dans la
correctionnalisation croissante de certains crimes, la loi du 23 mars 2019 prévoit d’expérimenter une nouvelle
juridiction de jugement criminel, « la Cour criminelle », exclusivement composée de juges professionnels.

Compétence de la cour criminelle : la cour criminelle est compétente pour juger en premier ressort les personnes
majeures accusées d'un crime puni de quinze ans ou de vingt ans de réclusion criminelle, lorsque ce crime n'est
pas commis en état de récidive légale. Elle est également compétente pour le jugement des délits connexes à de
tels crimes. Elle est en revanche incompétente s'il existe un ou plusieurs coaccusés ne répondant pas à ces
conditions.

Composition de la cour criminelle : la cour criminelle, qui siège au même lieu que la cour d'assises, est composée
d'un président et de quatre assesseurs. Ces magistrats sont choisis par le premier président de la cour d'appel
parmi, pour le président, les présidents de chambres et les conseillers du ressort de la cour d'appel et, pour les
assesseurs, les conseillers et les juges de ce ressort. Deux des assesseurs peuvent être des magistrats exerçant
à titre temporaire ou des magistrats honoraires exerçant les fonctions juridictionnelles.

Renvoidevantlacourcriminelle :Lespersonnescontrelesquellesilexisteàl'issuedel'informationdescharges suffisantes


d'avoir commis, hors récidive, un crime pour lequel la Cour criminelle est compétente sont mises en accusation
par le juge d'instruction devant la cour criminelle. L'accusé détenu en raison des faits pour lesquels il est renvoyé
devant la cour criminelle est immédiatement remis en liberté s'il n'a pas comparu devant celle-ci à l'expiration
d'un délai de 6 mois à compter, soit de la date à laquelle la décision de mise en accusation est devenue définitive
s'il était alors détenu, soit de la date à laquelle il a été ultérieurement placé en détention provisoire. Ce délai peut
être prolongé une fois.

Fonctionnementdelacourcriminelle :Surpropositionduministèrepublic,l'audiencementdelacourcriminelle est fixé par


son président ou, à la demande du procureur général, par le premier président de la cour d'appel. La cour
criminelle applique les dispositions régissant le fonctionnement de la cour d’assises sous les réserves suivantes :

 -  Il n'est pas tenu compte des dispositions qui font mention du jury ou des jurés ;
 -  Les décisions sont prises à la majorité pour les décisions défavorables à l’accusé, sur la culpabilité et
pour

la décision sur la peine.


 -  La cour délibère avec le dossier.
 -  Si la cour criminelle estime, au cours ou à l'issue des débats, que les faits dont elle est saisie
constituent un

crime puni de trente ans de réclusion criminelle ou de la réclusion criminelle à perpétuité, elle renvoie
l'affaire

322

devant la cour d'assises. Si l'accusé comparaissait détenu, il demeure placé en détention provisoire jusqu'à sa
comparution devant la cour d'assises ; dans le cas contraire, la cour criminelle peut, après avoir entendu le
ministère public et les parties ou leurs avocats, décerner, par la même décision, mandat de dépôt ou mandat
d'arrêt contre l'accusé.

Appel des décisions de la cour criminelle : l’appel des décisions de la cour criminelle est examiné par la cour
d'assises d’appel.

Expérimentation : Les dispositions relatives à la Cour criminelle sont applicables à titre expérimental dans au
moins deux départements et au plus dix départements déterminés par un arrêté du ministre de la justice, pendant
une durée de trois ans à compter de la date fixée par cet arrêté, pour le jugement des personnes mises en
accusation au plus tard deux ans après cette date. Six mois au moins avant le terme de l'expérimentation, le
Gouvernement adresse au Parlement un rapport procédant à son évaluation. Pour la mise en œuvre de
l'expérimentation, les personnes déjà mises en accusation devant la cour d'assises peuvent être renvoyées
devant la cour criminelle, avec leur accord recueilli en présence de leur avocat, sur décision du premier président
de la cour d'appel. Les personnes mises en accusation devant la cour criminelle dans un délai de deux ans à
compter du début de l'expérimentation et non encore jugées dans un délai de trois ans à compter de cette date
sont de plein droit mises en accusation devant la cour d'assises.

Crim. 16 octobre 2019 – Motivation des peines criminelles :


Dans sa décision du 2 mars 2018 imposant la motivation des verdicts de Cour d’assises dans leur volet relatif
aux peines, le Conseil constitutionnel avait énoncé qu’« il y a lieu de juger, pour les arrêts de cour d’assises
rendus à l’issue d’un procès ouvert après cette date, que les dispositions du deuxième alinéa de l’article 365-1
du code de procédure pénale doivent être interprétées comme imposant également à la cour d’assises
d’énoncer, dans la feuille de motivation, les principaux éléments l’ayant convaincue dans le choix de la peine ».
Dans un arrêt rendu le 16 octobre 2019, la chambre criminelle de la Cour de cassation apporte des précisions
quant à la teneur de la motivation ainsi exigée. Elle juge en effet suffisante la motivation de la Cour d’assises
ayant retenu, pour justifier les peines prononcées, « d’une part, la gravité des faits, s’agissant d’un viol, d’autre
part, une personnalité marquée par une absence d’introspection ». La chambre criminelle estime que « ces
motifs exposent les principaux éléments ayant convaincu la cour d’assises dans le choix de la peine,
conformément aux exigences énoncées par le Conseil constitutionnel, dans sa décision n° 2017-694 QPC du
2 mars 2018 ». Ainsi la chambre criminelle limite la motivation des peines criminelles à la gravité des faits et à
la personnalité de l’auteur.

Motivation des peines criminelles – Crim 27 mars 2019 :

Dans un arrêt rendu le 27 mars 2019, la chambre criminelle procède pour la première fois à un contrôle de
l’exigence de motivation d’un verdict de Cour d’assises au regard des exigences énoncées par le Conseil
constitutionnel dans sa décision QPC du 2 mars 2018. Le demandeur au pourvoi jugeait en l’espèce insuffisante
la motivation de la peine par la Cour d’assises en ce qu’elle ne contenait que des éléments relatifs aux
circonstances de l’infraction et à la personnalité de l’auteur, mais n’évoquait pas la situation matérielle, familiale
et sociale de l’intéressé. Dans l’arrêt commenté, la chambre criminelle juge une telle motivation suffisante et
rejette le pourvoi. Elle énonce en effet « qu’en l’état de ces motifs qui exposent les principaux éléments l’ayant
convaincue dans le choix de la peine, la cour d’assises a justifié la peine appliquée, conformément aux
exigences énoncées par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2017-694 QPC du 2 mars 2018 ».
Conseil constitutionnel, QPC du 2 mars 2018 - Motivation des arrêts de cour d'assises :
Dans une décision rendue le 2 mars 2018, le Conseil constitutionnel se prononce sur la motivation des verdicts
de Cour d’assises. Les requérants reprochaient en l’espèce aux articles 362 et 365-1 CPP, en ce qu'ils
n'imposent pas à la cour d'assises de motiver la peine prononcée, de porter atteinte aux principes de nécessité
et de légalité

323

des peines, au principe d'individualisation des peines, au droit à une procédure juste et équitable, aux droits de la
défense et au principe d'égalité devant la loi et devant la justice. Dans la décision rendue le 2 mars 2018, le
Conseil constitutionnel fait droit à cette argumentation. En effet, il juge qu’il ressort des articles 7, 8 et 9 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qu'il appartient au législateur de fixer des règles de droit
pénal et de procédure pénale de nature à exclure l'arbitraire dans la recherche des auteurs d'infractions, le
jugement des personnes poursuivies ainsi que dans le prononcé et l'exécution des peines. En outre, le principe
d'individualisation des peines, qui découle de l'article 8 DDHC, implique qu'une sanction pénale ne puisse être
appliquée que si le juge l'a expressément prononcée, en tenant compte des circonstances propres à chaque
espèce. Le Conseil constitutionnel déduit de ces exigences qu’elles imposent la motivation des jugements et
arrêts de condamnation, pour la culpabilité comme pour la peine. Il énonce par conséquent qu’en n'imposant pas
à la cour d'assises de motiver le choix de la peine, le législateur a méconnu les exigences tirées des articles 7, 8
et 9 DDHC, et déclare contraire à la Constitution le deuxième alinéa de l'article 365-1 CPP. Toutefois, compte
tenu des conséquences manifestement excessives qu'aurait l'application immédiate de cette décision, il reporte
au 1er mars 2019 la date de cette abrogation, tout en précisant que, pour les procès ouverts après la date de sa
décision et sans attendre le 1er mars 2019, le deuxième alinéa de l'article 365-1 CPP doit être interprété comme
imposant également à la cour d'assises d'énoncer, dans la feuille de motivation, les principaux éléments, l'ayant
convaincue dans le choix de la peine.

Loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes - Création d’une facilité
procédurale en cas de poursuites du chef de viol sur mineur :
Le législateur a entendu faciliter la requalification du crime de viol sur mineur en délit d’atteinte sexuelle. Ainsi,
l’article 351 CPP, prévoit désormais que lorsque l'accusé majeur est mis en accusation du chef de viol aggravé
par la minorité de quinze ans de la victime, le président de la Cour d’assises pose la question subsidiaire de la
qualification d'atteinte sexuelle sur la personne d'un mineur de quinze ans, si l'existence de violences ou d'une
contrainte, menace ou surprise a été contestée au cours des débats. Il doit dans ce cas en informer les parties
au plus tard avant le réquisitoire, afin de permettre à l'accusé et à son avocat de faire valoir toutes les
observations utiles à la défense.
Inconstitutionnalité des dispositions relatives aux modalités du prononcé d’une période de sûreté - Cons.
Const. QPC 29 mars 2019 :
Dans une décision rendue sur question prioritaire de constitutionnalité le 29 mars 2019, le Conseil
constitutionnel se penche sur la constitutionnalité des dispositions relatives aux modalités du prononcé d’une
période de sûreté. Plus précisément, l'article 362 CPP, qui énumère les informations dont le Président d’une
Cour d’assises doit donner lecture aux jurés en cas de réponse affirmative sur la culpabilité, ne prévoit pas qu’il
leur soit donné lecture des dispositions de l'article 132-23 CP relatives à la période de sûreté. Dans la décision
commentée, le Conseil constitutionnel rappelle qu'il appartient au législateur, dans l'exercice de sa
compétence, de fixer des règles de droit pénal et de procédure pénale de nature à exclure l'arbitraire, et que le
principe de l’individualisation des peines découle de l'article 8 DDHC, la combinaison de ces deux règles
impliquant qu'une sanction pénale ne puisse être appliquée que si le juge l'a expressément prononcée, en
tenant compte des circonstances propres à chaque espèce. Il relève ensuite que, lorsqu'une cour d'assises
composée majoritairement de jurés, qui ne sont pas des magistrats professionnels, prononce une peine à
laquelle s'attache une période de sûreté de plein droit, aucune disposition légale ne prévoit que les jurés soient
informés des conséquences de la peine prononcée sur la période de sûreté ainsi que de la possibilité de la
moduler. Le Conseil constitutionnel en déduit l’inconstitutionnalité des dispositions contestées. S’agissant des
effets dans le temps de cette décision d’inconstitutionnalité, il reporte au 31 mars 2020 la date de l’abrogation.
324

Conseil constitutionnel QPC, 8 juin 2018 – Inconstitutionnalité de dispositions relatives à l’opposition à


jugement :
Dans une décision rendue sur question prioritaire de constitutionnalité le 8 juin 2018, la Conseil constitutionnel
vient censurer certaines prévisions légales relatives à l’opposition à jugement. Le Code de procédure pénale
prévoit qu’un prévenu absent peut être jugé contradictoirement. En pareille hypothèse, l’article 410 CPP prévoit
que, lorsqu’il n’est pas établi que le prévenu a eu connaissance de la citation, le jugement est considéré
comme rendu par défaut (art. 410 CPP). La personne ainsi condamnée par défaut, qui souhaite contester le
jugement, peut le faire par la voie de l’opposition. L’opposition est une voie de recours ordinaire qui anéantit la
décision rendue par défaut et permet un nouveau jugement en présence de l’intéressé. A cet égard, les articles
492 CPP et 133-5 CP prévoient que, lorsque la signification de la décision de condamnation rendue par défaut
intervient postérieurement à la prescription de la peine, l’intéressé perd la possibilité de former opposition. Ces
dispositions étaient ici contestées par la voie de la QPC. Plus précisément, les requérants contestaient la
conformité des articles 492 CPP et 133-5 CP au droit à un recours juridictionnel effectif, dans la mesure où ces
textes empêchent une personne, condamnée par défaut pour un délit, de contester cette condamnation
lorsque la peine est prescrite, y compris si elle n’en a pas eu connaissance avant cette prescription. Le Conseil
constitutionnel fait droit à cette argumentation dans la décision commentée. Il considère en effet, qu’en privant
la personne condamnée par défaut de la possibilité, lorsque la peine est prescrite, de former opposition,
lorsqu’elle n’a pas eu connaissance de sa condamnation avant cette prescription et alors que des
conséquences restent attachées à une peine même prescrite, les dispositions contestées portent une atteinte
excessive aux droits de la défense et au droit à un recours juridictionnel effectif. Il déclare par conséquent
inconstitutionnelles les dispositions contestées.

Loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle - Dispositions pénales :

tirant les conséquences de la disparition prochaine des juridictions de proximité, la loi du 18 novembre 2016
prévoit que le tribunal de police, constitué d’un juge du TGI, devient la juridiction compétente pour juger
l’ensemble des contraventions à compter du 1er juillet 2017. Seules les contraventions commises par des mineurs
demeurent de la compétence du juge des enfants. Toutefois, pour faire face l’arrivée d’un important contentieux,
qui relevait jusqu’alors de la compétence des juridictions de proximité, le texte prévoit que le tribunal de police
pourra être constitué d’un magistrat exerçant à titre temporaire, non seulement pour les contraventions des
quatre premières classes, mais également pour celles de cinquième classe relevant de la procédure de l’amende
forfaitaire (art. 523 CPP). Il est en outre prévu que le siège du ministère public devant le tribunal de police est
occupé par le procureur de la République pour les contraventions de la cinquième classe ne relevant pas de la
procédure de l’amende forfaitaire, et par le commissaire de police pour toutes les autres contraventions, sous le
contrôle du procureur.

I) Dispositions renforçant la protection des témoins

- Extension du huis-clos (art. 306-1 CPP) : en matière criminelle, la loi du 3 juin 2016 permet à la cour, sans
l'assistance du jury, d’ordonner le huis clos pour le temps de l'audition d'un témoin si la déposition publique de
celui-ci est de nature à mettre gravement en danger sa vie ou son intégrité physique ou celles de ses proches.
Une telle décision doit intervenir par un arrêt rendu en audience publique. Cette possibilité peut être mise en
œuvre pour le jugement des crimes contre l'humanité, du crime de disparition forcée, des crimes de tortures ou
d'actes de barbarie, des crimes de guerre, et des crimes relevant de la criminalité organisée. La même possibilité
est offerte au tribunal correctionnel pour le jugement des délits de guerre et des délits relevant de la criminalité
organisée.

- Protection de l’identité des témoins (art. 706-62-1 CPP) : La loi du 3 juin 2016 institue un dispositif destiné à
protéger l’identité des témoins. Ainsi, en cas de procédure portant sur un crime ou sur un délit puni d'au moins
trois ans d'emprisonnement, et lorsque la révélation de l'identité d'un témoin est susceptible de mettre gravement
en danger sa vie ou son intégrité physique ou celles de ses proches, le juge d'instruction ou le président de la
juridiction
Loi du 3 juin 2016 renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant
l'efficacité et les garanties de la procédure pénale
325

de jugement statuant en chambre du conseil peut ordonner, que cette identité ne soit pas mentionnée au cours
des audiences publiques et ne figure pas dans les ordonnances, jugements ou arrêts de la juridiction d'instruction
ou de jugement qui sont susceptibles d'être rendus publics. La décision ordonnant la confidentialité de l'identité
du témoin n'est pas susceptible de recours. Le témoin est alors désigné au cours des audiences ou dans les
ordonnances, jugements ou arrêts par un numéro que lui attribue le juge d'instruction ou le président de la
juridiction de jugement. Le fait de révéler l'identité d'un témoin ayant bénéficié d’une telle protection ou de diffuser
des informations permettant son identification ou sa localisation est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75
000 € d'amende.

- Protection de la sécurité des témoins (art. 706-62-2 CPP) : Au-delà de la seule protection de l’identité des
témoins, la loi du 3 juin 2016 entend également garantir leur sécurité. Ainsi, le texte prévoit qu’en cas de
procédure portant sur un crime ou un délit relevant de la criminalité organisée, des crimes contre l’humanité ou
des crimes de guerre, lorsque l'audition d'une personne est susceptible de mettre gravement en danger la vie ou
l'intégrité physique de cette personne ou de ses proches, cette personne fait l'objet, en tant que de besoin, de
mesures de protection destinées à assurer sa sécurité. Les mesures de protection sont définies, sur réquisitions
du procureur de la République, par la commission nationale prévue à l'article 706-63-1. Cette commission assure
le suivi des mesures de protection, qu'elle peut modifier ou auxquelles elle peut mettre fin à tout moment. Par
ailleurs, en cas de nécessité, elle peut être autorisée, par ordonnance motivée rendue par le président du tribunal
de grande instance, à faire usage d'une identité d'emprunt. Le fait de révéler qu'une personne fait usage d'une
identité d'emprunt ou de révéler tout élément permettant son identification ou sa localisation est puni de cinq ans
d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende. Lorsque cette révélation a eu pour conséquence, directe ou
indirecte, des violences, les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 100 000 € d'amende. Elles
sont portées à dix ans d'emprisonnement et à 150 000 € d'amende lorsque cette révélation a eu pour
conséquence, directe ou indirecte, la mort.

II) Dispositions relatives à la Cour d’assises

- Enregistrement des débats de la Cour d’assises d’appel (art. 308 CPP) : suite à la censure des anciennes
dispositions par le Conseil constitutionnel, la loi du 3 juin 2016 prévoit qu’il est désormais possible de déroger à
l’obligation de procéder à un enregistrement sonore des débats devant une Cour d’assises d’appel en cas de
renonciation expresse de l'ensemble des accusés. Devant une cour d'assises statuant en premier ressort,
l’enregistrement n’est plus la règle. La loi prévoit en effet que « le président peut, d'office ou à la demande du
ministère public ou des parties, ordonner cet enregistrement ». Ces dispositions ne sont pas prescrites à peine
de nullité de la procédure. Toutefois, le défaut d'enregistrement sonore, lorsque celui-ci est obligatoire, constitue
une cause de cassation de l'arrêt de condamnation s'il est établi qu'il a eu pour effet de porter atteinte aux
intérêts de la personne condamnée.

- Désignation de la Cour d’assises d’appel (art. 380-14 CPP) : la loi du 3 juin 2016 prévoit qu’il n’appartient
désormais plus à la Cour de cassation de désigner la Cour d’assises d’appel, mais au président de la Cour
d’appel. Ainsi, après avoir recueilli les observations écrites du ministère public et des parties ou de leurs avocats,
le premier président de la cour d'appel désigne la cour d'assises chargée de statuer en appel parmi les autres
cours d'assises du ressort de la cour d'appel. Toutefois, si le ministère public ou l'une des parties le demande ou
si le premier président estime nécessaire la désignation d'une cour d'assises située hors de ce ressort, le
ministère public adresse sans délai au greffe de la chambre criminelle de la Cour de cassation, avec ses
observations éventuelles et celles des parties, l'arrêt attaqué et, le cas échéant, le dossier de la procédure. Dans
le mois qui suit la réception de l'appel, la chambre criminelle, après avoir recueilli, si elles n'ont pas déjà été
données, les observations écrites du ministère public et des parties ou de leurs avocats, désigne la cour
d'assises chargée de statuer en appel. Il est alors procédé comme en cas de renvoi après cassation.

Cons. const. QPC 20 novembre 2015 – Enregistrement des débats devant la Cour d’assises :

Le Conseil constitutionnel a été saisi par la Cour de cassation d'une question prioritaire de constitutionnalité
relative à la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit des dispositions du dernier alinéa de
l'article 308 CPP. Ce texte prévoit que l'obligation d'enregistrement sonore des débats de la cour d'assises n'est
pas prescrite à peine de nullité de la procédure. Le requérant soutient que cette disposition méconnaitrait les
garanties découlant
326
de l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et porterait atteinte au principe
d'égalité devant la justice. Dans sa décision du 20 novembre 2015, le Conseil constitutionnel fait droit à cette
argumentation. Selon l'article 308 CPP, les débats de la cour d'assises font l'objet d'un enregistrement sonore
sous le contrôle du président de cette cour. En vertu du troisième alinéa de ce même article, cet enregistrement
peut être utilisé jusqu'au prononcé de l'arrêt, devant la cour d'assises statuant en appel, devant la cour de
révision et de réexamen saisie d'une demande de révision, devant la juridiction de renvoi. Devant la cour
d'assises, cette utilisation peut être ordonnée d'office, sur réquisition du ministère public, à la demande de
l'accusé ou de la partie civile dans les conditions fixées par les articles 310 et suivants CPP. Le Conseil
constitutionnel en déduit que le législateur a conféré aux parties un droit à l'enregistrement sonore des débats de
la cour d'assises et qu'en interdisant toute forme de recours en annulation en cas d'inobservation de cette
formalité, les dispositions contestées méconnaissent les exigences de l'article 16 de la Déclaration de 1789. Il
déclare par conséquent les dispositions du dernier alinéa de l'article 308 CPP contraires à la Constitution.

Crim. 25 mai 2016 – Violation du secret professionnel par un juré d’assises :

Dans un arrêt rendu le 25 mai 2016, la Cour de cassation se penche sur la portée de l’obligation posée par
l’article 304 CPP, qui impose à tout juré de conserver le secret des délibérations, même après la cessation de
ses fonctions. Dans les faits soumis à la chambre criminelle, un quotidien national avait publié, sous l’intitulé “La
présidente essayait d’orienter notre vote”, le compte-rendu d’un entretien entre un journaliste et un juré de cour
d’assises. Le membre du jury y faisait des révélations sur le déroulement du délibéré et mettait en cause le
comportement de la présidente. En particulier, il accusait celle-ci d’avoir dissuadé les jurés de voter “blanc”,
d’avoir organisé un premier tour de scrutin à main-levée au cours duquel plusieurs jurés avaient exprimé leur
indécision, d’avoir qualifié ce scrutin de “moment d’égarement”, et d’avoir ensuite, dans la perspective du vote à
bulletin secret, incité les jurés indécis à se prononcer en faveur de la culpabilité de l’accusé. Il ajoutait qu’au
moment de la fixation de la peine, après que l’accusé eut été déclaré coupable, les magistrats professionnels
avaient insisté pour que soit prononcée une peine ferme. A la suite de cette publication, le juré interviewé a été
poursuivi pour violation du secret du délibéré sur le terrain de l’incrimination de violation du secret professionnel
de l’article 226-13 CP, et condamné de ce chef par les juges du fond. A l’appui de son pourvoi devant la Cour de
cassation, il fait valoir que, que la Cour d’appel a refusé de faire droit à sa demande d’ordonner un supplément
d’information qui aurait eu pour objet d’entendre toutes les personnes ayant participé au délibéré, et de vérifier
ainsi l’exactitude des révélations du prévenu. Pour confirmer le rejet par la Cour d’appel d’une telle demande, la
chambre criminelle énonce dans l’arrêt commenté qu’une telle mesure d’instruction serait illégale dans la mesure
où elle conduirait les magistrats et les jurés à rompre leur serment. En effet, « une dérogation à l’obligation de
conserver le secret des délibérations, édictée par l’article 304 CPP, ne saurait être admise, même à l’occasion de
poursuites pour violation du secret du délibéré, sans qu’il soit porté atteinte tant à l’indépendance des juges,
professionnels comme non-professionnels, qu’à l’autorité de leurs décisions ». Ce faisant, la chambre criminelle
proclame le caractère absolu du secret du délibéré en matière criminelle, considérant explicitement qu’aucune
mesure d’investigation ne saurait avoir pour objet de recueillir auprès des jurés des informations sur le cours des
délibérations. Cette décision illustre l’attachement de la Cour de cassation au principe du secret du délibéré,
lequel a été expressément reconnu comme une composante du principe de l’indépendance des magistrats dans
une décision du Conseil constitutionnel relative aux mesures de perquisition (Cons. const., QPC, 4 déc. 2015).

Crim.16décembre2015(3arrêts)–Rappeldesrèglesrelativesauxdépositionsdetémoinsincriminantes :

Dans trois arrêts rendus le 16 décembre 2015, la Cour de cassation rappelle quelques règles relatives aux
dépositions incriminantes de témoins devant la cour d’assises. En premier lieu, l’art. 331 CPP impose aux
personnes régulièrement acquises aux débats criminels de prêter serment. Il est depuis longtemps établi en
jurisprudence que le défaut de cette formalité substantielle, dont l’accusé peut se prévaloir, entraîne la nullité de
la procédure ayant abouti à la condamnation de la personne poursuivi (en ce sens, v. déjà Crim. 13 juill. 1923 ;
Crim. 28 févr. 1946). Dans l’un des arrêts rendus le 16 décembre 2015, la Cour de cassation juge que méconnaît
les dispositions de l’article 331 CPP le président de cour d’assises qui continue d’entendre, en vertu de son
pouvoir discrétionnaire, un témoin régulièrement acquis, à titre de simples renseignements, après avoir constaté
qu’il avait
327

omis de le faire prêter serment. En second lieu, la personne poursuivie a la possibilité d’invoquer le respect de
ses droits de la défense, particulièrement lorsqu’un témoin rappelle, lors des débats, les déclarations qu’elle a pu
tenir en garde à vue alors même que ces déclarations ont été réalisées hors la présence d’un avocat et sans
notification du droit de se taire. A cet égard, l’article préliminaire du code de procédure pénale, prévoit depuis la
loi du 14 avril 2011 que, « en matière criminelle et correctionnelle, aucune condamnation ne peut être prononcée
contre une personne sur le seul fondement de déclarations qu’elle a faites sans avoir pu s’entretenir avec un
avocat et être assistée par lui ». A contrario, la juridiction de jugement n’est autorisée à déclarer la personne
poursuivie coupable des faits qui lui sont reprochés qu’à la condition que « les juges ne se [soient] fondés ni
exclusivement ni même essentiellement sur les déclarations recueillies au cours des gardes à vue sans
assistance d’un avocat » (V. Crim. 6 déc. 2011 ; 21 mars 2012 ; 16 mai 2013). Ces propos incriminants pouvant
être pris en compte sous ces conditions, il appartient dès lors aux juges, sous le contrôle de la Cour de cassation,
de démontrer leur caractère non déterminant à la déclaration de culpabilité. C’est pourquoi la Cour de cassation
casse, dans sa deuxième espèce du 16 décembre 2015, l’arrêt rendu par la cour d’assises qui s’était fondée
notamment sur les premières déclarations de l’accusé, rappelées par l’un des témoins lors des débats. En
troisième lieu, la Cour de cassation refuse au président de la cour d’assises la possibilité d’interrompre la
déposition d’un témoin qui se prévaut de déclarations incriminantes tenues lors d’une garde à vue irrégulière.
L’article 331 al. 4 CPP n’autorise en effet l’interruption des témoins dans leurs dépositions que dans le cas où ces
dernières « tendrai[en]t à compromettre la dignité des débats ou à prolonger ces derniers sans donner lieu
d’espérer plus de certitude dans les résultats ».

CEDH 29 octobre 2015 Matis c/ France – Motivation des verdicts de Cour d’assises :

dans une décision Matis c/ France en date du 29 octobre 2015, la CEDH valide au regard de l’article 6§1 CESDH
le dispositif législatif français relatif à la motivation des verdicts de Cour d’assises. Selon les prévisions de l’art.
365-1 CPP, une feuille de « motivation » avait en l’espèce été rédigée puis annexée à l’arrêt afin que la
requérante puisse prendre connaissance de sa culpabilité à travers « les principaux éléments à charge qui pour
chacun des faits reprochés à l’accusé, ont convaincu la Cour d’assises ». Dans sa décision du 29 octobre 2015,
la CEDH relève un renforcement significatif en droit français des garanties contre l’arbitraire et une meilleure
compréhension de la condamnation de l’accusé garantissant ainsi le respect de l’article 6, § 1er, de la Convention
européenne des droits de l’homme. Elle considère qu’en vertu de la précision des éléments énumérés dans la
feuille de motivation annexée à l’arrêt de la cour d’assises d’appel, la requérante a « disposé des garanties
suffisantes lui permettant de comprendre le verdict de sa condamnation prononcée à son encontre ». La CEDH
valide ainsi pour la première fois le dispositif français de motivation des verdicts de Cour d’assises.

- Information de la personne poursuivie : La loi du 27 mai 2014 prévoit que le Président de la Cour d’assises (art.
273 CPP) ou du tribunal correctionnel (art. 406 CPP) informe la personne poursuivie, préalablement à toute
notification, de son droit d'être assisté par un interprète. De la même manière, le nouveau texte impose que le
mis en cause devant la Cour d’assises ou le tribunal correctionnel soit informé de son droit, « au cours des
débats de faire des déclarations, de répondre aux questions qui lui sont posées ou de se taire » (art. 328 et 406
CPP).

- Tribunal correctionnel, supplément d’information : La loi du 27 mai 2014 donne une base légale à la possibilité
pour les parties de demander un supplément d’information avant que l’affaire ne soit jugée en cas de citation
directe et de COPJ. Bien que cette possibilité soit depuis longtemps consacrée par la Cour de cassation, elle
n’était jusqu’à présent pas prévue par la loi. Un nouvel article 388-5 CPP la prévoit désormais expressément.
Ainsi, en cas de citation directe ou de COPJ, les parties ou leur avocat peuvent, avant toute défense au fond ou à
tout moment au cours des débats, demander, par conclusions écrites, qu'il soit procédé à tout acte qu'ils estiment
nécessaire à la manifestation de la vérité. Ces conclusions peuvent être adressées avant le début de l'audience.
S'il estime que tout ou partie des actes demandés sont justifiés et qu'il est possible de les exécuter avant la date
de l'audience, le président du tribunal peut, après avis du procureur de la République, en ordonner l'exécution
selon les règles de l'enquête préliminaire. Les procès-verbaux ou autres pièces relatant leur exécution sont alors
joints au dossier de
Loi du 27 mai 2014 relative au droit à l'information dans le cadre des procédures pénales – Dispositions relatives
au jugement
328

la procédure et mis à la disposition des parties ou de leur avocat. Si les actes demandés n'ont pas été ordonnés
par le président du tribunal avant l'audience, le tribunal statue sur cette demande et peut commettre par jugement
l'un de ses membres ou l'un des juges d'instruction du tribunal pour procéder à un supplément d'information. S'il
refuse d'ordonner ces actes, le tribunal doit spécialement motiver sa décision. Dans tous les cas, le tribunal peut
statuer sur cette demande sans attendre le jugement sur le fond, par un jugement qui est susceptible d'appel en
même temps que le jugement sur le fond.

Le législateur a entendu favoriser la mise en œuvre des procédures de révision suite à condamnation pénale
définitive. Pour ce faire, la loi du 21 juin 2014 a institué une Cour de révision et de réexamen et étendu les cas
d’ouverture des procédures de révision.

- Extension des cas d’ouverture des procédures de révision : la loi du 21 juin 2014 élargit l’accès à la procédure
de révision suite à condamnation définitive. Actuellement, le Code de procédure pénale permet l’ouverture d’une
procédure de révision dans quatre hypothèses limitativement énumérées : 1) après une condamnation pour
homicide, sont représentées des pièces propres à faire naître de suffisants indices sur l'existence de la prétendue
victime de l'homicide ; 2) Après une condamnation pour crime ou délit, un nouvel arrêt ou jugement a condamné
pour le même fait un autre accusé ou prévenu ; 3) un des témoins entendus a été, postérieurement à la
condamnation, poursuivi et condamné pour faux témoignage contre l'accusé ou le prévenu ; 4) après une
condamnation, vient à se produire ou à se révéler un fait nouveau ou un élément inconnu de la juridiction au jour
du procès, de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné. La loi du 21 juin 2014 supprime cette
énumération, pour énoncer de manière plus générale à l’article 622 du Code de procédure pénale la règle selon
laquelle « la révision d'une décision pénale définitive peut être demandée au bénéfice de toute personne
reconnue coupable d'un crime ou d'un délit lorsque, après une condamnation, vient à se produire un fait nouveau
ou à se révéler un élément inconnu de la juridiction au jour du procès de nature à établir l'innocence du
condamné ou à faire naître un doute sur sa culpabilité ». L’ouverture à révision se trouve ainsi considérablement
élargie. On notera toutefois que le législateur a finalement choisi de ne pas consacrer la possibilité de recourir à
la procédure de révision en cas d’acquittement définitif de la personne mise en cause.

- Composition : la nouvelle Cour de révision et de réexamen est composée de dix-huit magistrats de la Cour de
cassation, et est présidée par le président de la chambre criminelle.

- L’instruction des dossiers : elle est conçue comme une juridiction dotée de pouvoirs propres et indépendants, et
il lui appartient de procéder elle-même à l’instruction des dossiers. Ainsi, tous les trois ans, il est prévu que les
magistrats composant la Cour de révision désignent cinq magistrats titulaires, qui formeront la commission
d’instruction des demandes en révision et en réexamen. Pour permettre de nouvelles investigations, la loi prévoit
la possibilité pour la Cour de révision et de réexamen d’ordonner l’exécution d’un supplément d’information (art.
624 CPP). Lorsque des éléments nouveaux laissent apparaître qu’un tiers pourrait être impliqué dans la
commission des faits, la commission d’instruction en avise le procureur de la République compétent, lequel
effectue les investigations nécessaires et peut ouvrir une information judiciaire.

- L’audience : à la suite de l’instruction de la demande, se tient l’audience devant la Cour de révision et de


réexamen. Au cours de l’audience la Cour recueille les observations du requérant et du ministère public. En
outre, le texte prévoit que la partie civile au procès dont il est demandé la révision peut déposer des conclusions
orales à l’audience.

- Les outils : de manière à faciliter le travail de la Cour de révision, la loi du 21 juin 2014 consacre l’obligation de
faire un enregistrement audio ou vidéo des audiences d’assises. Par ailleurs, elle impose que les scellés des
différentes affaires soient conservés pendant au moins cinq ans, délai renouvelable sur décision du parquet.

Loi du 21 juin 2014 relative à la réforme des procédures de révision et de réexamen d’une condamnation pénale
définitive :
329

Création et Disparition des tribunaux correctionnels citoyens


Loi du 10 août 2011 sur la participation des citoyens au fonctionnement de la justice pénale et le jugement
desmineursetdécisionduConseilconstitutionneldu4août2011) :Lelégislateurdu10août2011aentendu accroître la
participation des citoyens à la justice pénale. Pour ce faire le texte avait institué des tribunaux correctionnels
citoyens dont il était prévu qu’ils fonctionnent selon les modalités suivantes :

- Composition : dans sa formation citoyenne, le tribunal correctionnel est composé de trois magistrats, et de deux
citoyens assesseurs. Les trois magistrats composant la juridiction sont nécessairement dans ce cas des
magistrats professionnels, à l’exclusion des juges de proximité.
- Compétence : le tribunal correctionnel dans sa formation citoyenne est compétent pour juger les délits
limitativement énumérés par la loi : 1) atteintes à la personne humaine punies d'une peine d'emprisonnement
d'une durée égale ou supérieure à 5 ans ; 2) vols avec violence et extorsions ; 3) destructions, dégradations et
détériorations dangereuses pour les personnes punies d'une peine d'emprisonnement d'une durée égale ou
supérieure à 5 ans.

- Déroulement des délibérations : les décisions sur la qualification des faits, la culpabilité du prévenu et la peine
sont prises par les magistrats et les citoyens assesseurs. Toutes les autres décisions sont en revanche prises par
les seuls magistrats (ex : décisions relatives à la constitution de partie, à la compétence...). Sur la qualification, la
culpabilité et la peine, les trois magistrats délibèrent avec les citoyens assesseurs sur la qualification des faits, la
culpabilité et la peine. Avant de délibérer sur la culpabilité du prévenu, le président rappelle aux citoyens
assesseurs les éléments constitutifs de l'infraction ainsi que, s'il y a lieu, les éléments des circonstances
aggravantes. Si le prévenu est déclaré coupable, avant de délibérer sur la peine, le président rappelle aux
citoyens assesseurs les peines encourues, ainsi que l'existence des différents modes de personnalisation des
peines.

- Position du Conseil constitutionnel : dans sa version initiale, la loi prévoyait également la compétence du
tribunal correctionnel pour les délits d’usurpation d'identité et les infractions prévues au code de l'environnement
passibles d'une peine d'emprisonnement d'une durée égale ou supérieure à cinq ans. Le Conseil constitutionnel,
dans sa décision du 4 août 2011 censure ces prévisions. Il estime en effet que les infractions d’usurpation
d’identité et celles prévues au code de l'environnement sont d'une nature telle que leur examen nécessite des
compétences juridiques spéciales, qui font obstacle à ce que des personnes tirées au sort y participent.

L’avenir incertain des tribunaux correctionnels citoyens - Circulaire ministère de la justice du 9 décembre 2013 :
la loi du 10 août 2011 prévoyait l’expérimentation de ces nouvelles formations de jugement dans le ressort d’au
moins deux cours d’appel jusqu’au 1er janvier 2014, date à laquelle ces dispositions devaient être généralisées à
l’ensemble du territoire. A la suite de la remise d’un rapport dressant un bilan négatif de l’expérimentation ainsi
conduite, la Chancellerie y a mis un terme par un arrêté en date du 18 mars 2013. Toutefois, la hiérarchie des
normes interdit qu’un règlement, de valeur inférieure, vienne abroger ou neutraliser un texte législatif. Or, aucune
loi n’a à ce jour abrogé les dispositions de la loi du 10 août 2011 relatives aux citoyens assesseurs. Dès lors, la
question se pose de savoir si les dispositions en cause entreront en vigueur sur l’ensemble du territoire le 1er
janvier 2014 comme l’avait initialement prévu le législateur. Les règles relatives à la compétence et à la
composition des juridictions étant d’ordre public, les tribunaux correctionnels dans leur composition ordinaire
pourraient en effet bien voir leur compétence contestée pour juger des délits que le législateur de 2011 avait
attribués aux tribunaux correctionnels dans leur formation citoyenne. C’est d’ailleurs cette solution qui devrait
juridiquement s’imposer dans la mesure où la loi du 10 août 2011 ne comprend aucune disposition qui
conditionnerait la généralisation des juridictions citoyennes au succès de l’expérimentation. Pourtant, dans une
circulaire du 9 décembre 2013 adressée aux magistrats du parquet, la Chancellerie énonce qu’il n’est pas
nécessaire d’abroger les dispositions de la loi du 10 août 2011, et que les juridictions pour lesquelles ce texte
avait prévu une composition citoyenne ont compétence « pour juger les affaires dont ils sont saisis à compter du
2 janvier 2014, sans devoir être composés de citoyens assesseurs ». Par voie de conséquence, la circulaire
donne aux parquets l’instruction de s’opposer de façon systématique dans leurs réquisitions à toutes conclusions
qui pourraient être déposées à partir de cette date et qui soulèveraient l’incompétence de ces juridictions, et, s’il y
a lieu, d’interjeter appel ou de former un pourvoi en cassation contre les décisions qui feraient droit à ce type de
conclusions. Toutefois, bien que claire, cette recommandation, puisqu’adressée par la voie de circulaire, reste un
texte de valeur inférieure à la loi, ce qui n’aura certainement pas échappé aux barreaux. Il serait par conséquent
souhaitable qu’un projet de loi soit rapidement déposé visant abroger les dispositions en cause.

330

Réforme de la Cour d’assises (loi du 10 août 2011 sur la participation des citoyens au fonctionnement de la
justice pénale et le jugement des mineurs et décision du Conseil constitutionnel du 4 août 2011)

Composition de la Cour d’assises : la loi nouvelle abaisse le nombre des jurés d’assises :
- abaissement du nombre des jurés figurant sur la liste de session : l’art. 266 CPP prévoyait jusqu’à présent que,
30 jours au moins avant l'ouverture des assises, soient tirés au sort sur la liste annuelle des jurés d’assises, les
noms de quarante jurés formant la liste de session. La loi du 10 août 2011 ramène ce chiffre à 35.
- abaissement du nombre des jurés composant la juridiction de jugement : la loi nouvelle abaisse le nombre des
jurés composant le jury de jugement. Ce jury est désormais composé de six jurés lorsque la cour statue en
premier ressort (9 jurés auparavant) et de neuf jurés lorsqu'elle statue en appel (12 jurés selon la loi ancienne).
Corrélativement, le législateur abaisse le nombre des jurés susceptibles d’être récusés. Ainsi, lorsque la cour
d'assises statue en premier ressort, l'accusé ne peut récuser plus de quatre jurés et le ministère public plus de
trois (respectivement au nombre de 5 et 4 selon le droit ancien). Lorsqu'elle statue en appel, l'accusé ne peut
récuser plus de cinq jurés et le ministère public plus de quatre (anciennement 6 et 5).
Débats devant la Cour d’assises : l’art. 335 CPP dresse la liste des personnes dont la déposition ne peut être
reçue sous la foi du serment. La loi nouvelle ajoute à cette liste « toute personne qui a été accusée, prévenue ou
condamnée soit pour le crime dont est saisie la cour d'assises en qualité de coauteur ou de complice, soit pour
un crime ou un délit connexe ou formant un ensemble indivisible avec le crime dont est saisie la cour d'assises ».

Modification des règles relatives à la délibération : tirant les conséquences de l’abaissement du nombre de jurés,
le législateur du 10 août 2011 modifie les quantums nécessaires à la prise d’une décision défavorable à
l’intéressé. Ainsi, l’art. 359 CPP prévoit désormais que toute décision défavorable à l'accusé se forme à la
majorité de six voix au moins lorsque la cour d'assises statue en premier ressort (8 voix selon la législation
antérieure) et à la majorité de huit voix au moins lorsque la cour d'assises statue en appel (10 voix auparavant).

Institution de la motivation des verdicts de Cour d’assises : dépassant les exigences de la CEDH (CEDH Grande
chambre 16 novembre 2010 Taxquet c/ Belgique) et du Conseil constitutionnel (Cons. const. QPC 4 avril 2011),
le législateur du 10 août 2011 impose la motivation des verdicts rendus par la Cour d’assises. Quant aux
modalités de mise en œuvre de cette exigence nouvelle, l’art. 365-1CPP prévoit que le président de la Cour
d’assises ou l'un des magistrats assesseurs par lui désigné rédige la motivation de l'arrêt. En cas de
condamnation, la motivation consiste dans l'énoncé des principaux éléments à charge qui, pour chacun des faits
reprochés à l'accusé, ont convaincu la cour d'assises. Ces éléments sont ceux qui ont été exposés au cours des
délibérations menées par la cour et le jury, préalablement aux votes sur les questions. Sur la forme, la motivation
figure sur un document annexé à la feuille des questions appelé feuille de motivation. Lorsqu'en raison de la
particulière complexité de l'affaire, liée au nombre des accusés ou des crimes qui leur sont reprochés, il n'est pas
possible de rédiger immédiatement la feuille de motivation, celle-ci doit alors être rédigée, versée au dossier et
déposée au greffe de la cour d'assises au plus tard dans un délai de trois jours à compter du prononcé de la
décision.

Conseil constitutionnel 16 septembre 2011 - Amende forfaitaire :

S’agissant de la procédure de l’amende forfaitaire, l’art. 530-1 CPP prévoit que, dans l’hypothèse d’une
réclamation portée contre une amende forfaitaire, le tribunal saisi ne peut, en cas de condamnation, prononcer
une amende inférieure au montant de l’amende forfaitaire initialement retenu. Cette disposition était contestée
devant le Conseil constitutionnel par la voie de la question prioritaire de constitutionnalité. Les requérants se
prévalaient en effet de la violation par cette disposition des principes de nécessité, de proportionnalité et
d’individualisation des peines. L’argument est rejeté par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 16
septembre 2011. Pour valider la disposition en cause, le Conseil constitutionnel relève que le juge conserve la
possibilité d’individualiser le montant de l’amende dans la limite minimale de l’amende forfaitaire et la limite
maximale de l’amende encourue. Le Conseil constitutionnel estime en outre que le législateur, « dans l’intérêt
d’une bonne administration de la justice et pour assurer la répression effective des infractions, retenu un
dispositif qui fait obstacle à la multiplication des contestations dilatoires ».
331

CEDH 8 mars 2012 Célice c/ France, Cadène c/ France, Josseaume c/France (3 décisions) – Amende
forfaitaire :
Dans trois décisions du 8 mars 2012, la CEDH examine la conformité à l’art. 6 CESDH de la procédure française
d’amende forfaitaire. En l’espèce, le requérant avait reçu un avis de contravention au code de la route l’invitant à
payer une amende forfaitaire. Utilisant le « formulaire de requête en exonération », il procéda à la consignation
du montant de l’amende, et expliqua ne pas avoir été le conducteur du véhicule sans pour autant désigner ce
conducteur. L’officier du ministère public déclara cette requête irrecevable au motif qu’elle n’était pas
accompagnée d’une contestation explicite de l’infraction. Il s’ensuivit l’encaissement de la consignation équivalant
au paiement de l’amende forfaitaire et, par voie de conséquence, l’extinction de l’action publique. Devant la
CEDH, le requérant se prévaut notamment d’une violation du droit d’accès au juge (art. 6 §1 CESDH. La CEDH
conclut à la violation par la France du droit au procès équitable, sur le fondement de l’art. 6 §1 CESDH, dans sa
composante « droit d’accès à un tribunal ». Elle rejoint ainsi la position arrêtée par le Conseil constitutionnel dans
une décision rendue sur question prioritaire de constitutionnalité le 29 septembre 2010. Le Conseil constitutionnel
avait en effet estimé que, dans le cas où l’officier du ministère public déclare irrecevable une requête en
exonération contre une amende forfaitaire après paiement de la consignation et où la déclaration d’irrecevabilité
a pour effet de convertir ce paiement en règlement de l’amende, l’impossibilité de saisir la juridiction de proximité
d’un recours contre cette décision est incompatible avec le « droit à un recours juridictionnel effectif ».

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