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Répertoire de droit du travail

■ Table des matières


■ Généralités (1 - 7)
■ Titre 1 - Organisation de la juridiction prud'homale (8 - 407)
o Chapitre 1 - Compétences (8 - 174)
■ Section 1 - Compétence matérielle (8 - 117)
■ Art. 1 - Litiges individuels entre employeur et salarié (8 - 78)
■ § 1 - Principes généraux (8 - 11)
■ § 2 - Contrat de travail (12 - 35)
■ A - Définition du contrat de travail (12 - 25)
■ B - Contrat de travail de droit privé (26 - 33)
■ C - Charge de la preuve du contrat de travail (34 - 35)
■ § 3 - Présomptions de salariat (36 - 61)
■ A - Journaliste professionnel (37 - 40)
■ B - Artistes du spectacle (41 - 48)
■ C - Mannequins (49 - 51)
■ D - Voyageurs représentants placiers (52 - 57)
■ E - Travailleurs à domicile (58 - 61)
■ § 4 - Catégories particulières (62 - 76)
■ A - Concierges et employés d'immeubles à usage
d'habitation (62 - 63)
■ B - Gérants de succursales (64 - 68)
■ C - Gérants non salariés des succursales de commerce
de détail alimentaire (69 - 72)
■ D - Assistants maternels et assistants familiaux (73 - 75)
■ E - Apprentis (76)
■ § 5 - Présomption de non-salariat (77 - 78)
■ Art. 2 - Détermination de l'employeur (79 - 80)
■ Art. 3 - Ensemble des demandes liées au contrat de travail (81 - 90)
■ § 1 - Litiges liés à la conclusion du contrat de travail (81 - 85)
■ § 2 - Litiges relatifs à l'exécution du contrat de travail (86 - 87)
■ § 3 - Litiges relatifs à la rupture du contrat de travail (88 - 90)
■ Art. 4 - Litiges entre salariés nés à l'occasion du travail (91 - 94)
■ Art. 5 - Personnes qui se substituent habituellement aux obligations
légales de l'employeur (95 - 96)
■ Art. 6 - Litiges échappant à la compétence de la juridiction prud'homale
(97 - 117)
■ § 1 - Limites (97 - 99)
■ § 2 - Responsabilité extracontractuelle (100)
■ § 3 - Litiges de sécurité sociale (101)
■ § 4 - Marins (102 - 103)
■ § 5 - Droits d'auteur (104)
■ § 6 - Procédures collectives (105 - 106)
■ § 7 - Avocats (107)
■ § 8 - Exclusion des litiges collectifs (108 - 110)
■ § 9 - Actions de groupe en matière de discrimination (111)
■ § 10 - Exécution des décisions de justice (112 - 113)
■ § 11 - Respect de la séparation des pouvoirs (114 - 117)
■ Section 2 - Compétence territoriale (118 - 129)
■ Art. 1 - Principes (118 - 122)
■ Art. 2 - Dessaisissement au profit d'une juridiction limitrophe (123 -
129)
■ Section 3 - Compétence internationale (130 - 147)
■ Art. 1 - Au sein de l'Union européenne (131 - 137)
■ Art. 2 - En dehors de l'Union européenne (138 - 144)
■ Art. 3 - Immunité de juridiction (145 - 147)
■ Section 4 - Traitement des questions de compétence (148 - 168)
■ Art. 1 - Compétence d'ordre public (148 - 151)
■ Art. 2 - Conditions d'exercice de l'exception d'incompétence (152 -
162)
■ § 1 - Exception de procédure (152 - 158)
■ § 2 - Obligation de désigner la juridiction compétente (159 -
162)
■ Art. 3 - Examen de l'exception d'incompétence par le conseil
de prud'hommes (163 - 168)
■ Section 5 - Attributions non juridictionnelles (169 - 174)
■ Art. 1 - Attributions administratives (169 - 173)
■ Art. 2 - Attributions consultatives (174)
o Chapitre 2 - Fonctionnement institutionnel (175 - 235)
■ Section 1 - Création et suppression des conseils de prud'hommes (176 - 178)
■ Section 2 - Organisation interne des conseils de prud'hommes (179 - 226)
■ Art. 1 - Répartition en sections et chambres (179 - 193)
■ § 1 - Sections (179 - 185)
■ § 2 - Chambres (186 - 189)
■ § 3 - Référés (190 - 193)
■ Art. 2 - Formations de jugement (194 - 199)
■ Art. 3 - Assemblée générale du conseil de prud'hommes (200 - 204)
■ Art. 4 - Président et vice-président (205 - 216)
■ § 1 - Élection (205 - 209)
■ § 2 - Missions (210 - 216)
■ Art. 5 - Administration de la juridiction (217 - 221)
■ § 1 - Pouvoirs de gestion et d'inspection (217 - 219)
■ § 2 - Dépenses du conseil de prud'hommes (220 - 221)
■ Art. 6 - Difficultés de fonctionnement (222 - 226)
■ Section 3 - Conseil de la prud'homie (227 - 235)
o Chapitre 3 - Acteurs de la juridiction prud'homale (236 - 407)
■ Section 1 - Les conseillers prud'hommes (236 - 367)
■ Art. 1 - Obligations des conseillers prud'hommes (236 - 272)
■ § 1 - Impartialité et récusation (236 - 248)
■ A - Principe d'impartialité (236 - 244)
■ B - Procédure de récusation (245 - 248)
■ § 2 - Autres obligations (249 - 253)
■ § 3 - Discipline (254 - 270)
■ A - Manquements (254 - 258)
■ B - Procédures disciplinaires (259 - 270)
■ § 4 - Responsabilité (271 - 272)
■ Art. 2 - Statut et protection des conseillers prud'hommes (273 - 312)
■ § 1 - Rémunération (273 - 283)
■ A - Maintien des avantages et de la rémunération
des conseillers prud'hommes du collège salarié (273 -
278)
■ B - Vacations et indemnités (279 - 283)
■ § 2 - Protection du conseiller prud'homme (284 - 304)
■ A - Protection sociale (284 - 285)
■ B - Protection dans le cadre de l'exécution du contrat
de travail (286 - 287)
■ C - Protection en matière de rupture du contrat
de travail (288 - 303)
■ D - Protection d'ordre pénal (304)
■ § 3 - Formation (305 - 311)
■ § 4 - Port d'un insigne (312)
■ Art. 3 - Désignation des conseillers prud'hommes (313 - 328)
■ § 1 - Modalités de nomination (313 - 327)
■ A - Principes (313 - 315)
■ B - Répartition des sièges du collège salarié (316 - 321)
■ C - Répartition des sièges du collège employeur (322 -
327)
■ § 2 - Contestations de la répartition des sièges (328)
■ Art. 4 - Candidatures (329 - 358)
■ § 1 - Conditions générales (329 - 331)
■ § 2 - Répartition des candidatures par conseil de prud'hommes,
par collège et par section (332 - 344)
■ A - Répartition par conseil de prud'hommes (333 - 334)
■ B - Répartition par collège (335 - 337)
■ C - Répartition par section (338 - 344)
■ § 3 - Listes de candidats (345 - 349)
■ § 4 - Désignations complémentaires (350 - 355)
■ § 5 - Protection du mandataire de liste (356 - 358)
■ Art. 5 - Installation (359 - 360)
■ Art. 6 - Fin de mandat (361 - 364)
■ Art. 7 - Honorariat (365 - 367)
■ Section 2 - Juge départiteur (368 - 372)
■ Section 3 - Ministère public (373 - 375)
■ Section 4 - Greffe du conseil de prud'hommes (376 - 384)
■ Art. 1 - Service dédié (376 - 378)
■ Art. 2 - Directeur de greffe (379 - 382)
■ Art. 3 - Autres personnels du greffe (383 - 384)
■ Section 5 - Les défenseurs syndicaux (385 - 407)
■ Art. 1 - Désignation des défenseurs syndicaux (386 - 390)
■ Art. 2 - Statut des défenseurs syndicaux (391 - 397)
■ § 1 - Inscription sur la liste des défenseurs syndicaux (391 - 393)
■ § 2 - Formation et rémunération (394 - 397)
■ Art. 3 - Protection des défenseurs syndicaux (398 - 407)
■ Titre 2 - La procédure prud'homale (408 - 886)
o Chapitre 1 - Règles communes à toutes les formations (409 - 615)
■ Section 1 - Saisine du conseil de prud'hommes (409 - 459)
■ Art. 1 - Forme et contenu de la saisine du conseil de prud'hommes (409
- 416)
■ Art. 2 - Effets de la saisine du conseil de prud'hommes (417 - 443)
■ § 1 - Interruption de la prescription (417 - 432)
■ A - Délais de prescription applicables dans le cadre
de litiges individuels du travail (418 - 432)
■ § 2 - Conditions d'interruption par la saisine du conseil
de prud'hommes (433 - 442)
■ § 3 - Contestation du reçu pour solde de tout compte (443)
■ Art. 3 - Convocation des parties (444 - 459)
■ § 1 - Conditions de convocation (444 - 454)
■ § 2 - Effets de la convocation des parties (455 - 459)
■ A - Communication des pièces et moyens (455 - 457)
■ B - Point de départ des intérêts (458 - 459)
■ Section 2 - Oralité de la procédure (460 - 472)
■ § 1 - Principes (461 - 468)
■ § 2 - Structuration des échanges (469 - 472)
■ A - Entre toutes les parties (469 - 470)
■ B - Lorsque les parties sont toutes représentées par un avocat
(471 - 472)
■ Section 3 - Assistance et représentation (473 - 516)
■ Art. 1 - Conditions propres à la procédure prud'homale (473 - 491)
■ § 1 - Personnes habilitées à assister ou à représenter les parties
devant le conseil de prud'hommes (474 - 479)
■ § 2 - Pouvoir de représentation (480 - 491)
■ Art. 2 - Actions de substitution (492 - 504)
■ Art. 3 - Défaut de comparution (505 - 516)
■ § 1 - Caducité de la saisine (506 - 511)
■ § 2 - Jugement sur le fond (512 - 516)
■ Section 4 - Sanction du défaut de diligence des parties (517 - 537)
■ § 1 - Radiation et retrait du rôle (517 - 526)
■ § 2 - Péremption (527 - 537)
■ Section 5 - Incidents de procédure (538 - 593)
■ § 1 - Exceptions de procédure (538 - 539)
■ § 2 - Interruption de l'instance (540 - 543)
■ § 3 - Procédures collectives (544 - 550)
■ § 4 - Question prioritaire de constitutionnalité (551 - 564)
■ § 5 - Demande d'avis à la Cour de cassation (565 - 583)
■ § 6 - Sursis à statuer (584 - 593)
■ Section 6 - Modes alternatifs de règlement des litiges (594 - 615)
■ Art. 1 - Conciliateurs de justice (595 - 599)
■ Art. 2 - Médiation (600 - 611)
■ Art. 3 - Procédure participative (612 - 615)
o Chapitre 2 - Procédures de droit commun au fond (616 - 752)
■ Section 1 - Tentative de conciliation préalable (616 - 632)
■ Art. 1 - Organisation de la tentative de conciliation (616 - 621)
■ Art. 2 - Conclusion d'une conciliation (622 - 627)
■ Art. 3 - Échec de la tentative de conciliation (628 - 632)
■ Section 2 - Mise en état (633 - 661)
■ Art. 1 - Modalités (633 - 638)
■ Art. 2 - Conseiller rapporteur (639 - 645)
■ Art. 3 - Clôture de la mise en état (646 - 652)
■ Art. 4 - Mesures provisoires (653 - 661)
■ Section 3 - Saisine directe du bureau de jugement (662 - 665)
■ Section 4 - Jugement de l'affaire (666 - 752)
■ Art. 1 - Instruction (666 - 669)
■ Art. 2 - Débats (670 - 680)
■ Art. 3 - Dispositions spéciales en matière de licenciement (681 - 703)
■ § 1 - Plafonnement de certaines indemnités (681 - 684)
■ § 2 - Remboursement des allocations versées par les organismes
de chômage (685 - 688)
■ § 3 - Référentiel d'indemnisation dans le cadre de la conciliation
(689 - 691)
■ § 4 - Accélération des délais de traitement des litiges relatifs
à un licenciement pour motif économique (692 - 700)
■ § 5 - Rôle du juge dans les litiges relatifs aux licenciements (701
- 703)
■ Art. 4 - Dispositions spéciales en cas de procédure collective (704 - 732)
■ § 1 - Actions antérieures au jugement d'ouverture (706 - 730)
■ A - Relevé de créances salariales (719 - 727)
■ B - Contestation du refus de garantie de l'AGS (728 -
730)
■ § 2 - Actions postérieures à l'ouverture d'une procédure
collective (731 - 732)
■ Art. 5 - Exécution provisoire (733 - 738)
■ Art. 6 - Condamnation et cotisations sociales (739 - 740)
■ Art. 7 - Forme du jugement (741 - 746)
■ Art. 8 - Notification (747 - 752)
o Chapitre 3 - Procédures rapides (753 - 803)
■ Section 1 - Référé (753 - 790)
■ Art. 1 - Principes (753 - 757)
■ Art. 2 - Cas d'ouverture (758 - 772)
■ § 1 - Mesures urgentes (758 - 760)
■ § 2 - Dommage imminent ou trouble manifestement illicite (761
- 767)
■ § 3 - Provision (768 - 772)
■ Art. 3 - Procédure de référé (773 - 782)
■ Art. 4 - Formation de jugement (783 - 788)
■ Art. 5 - Passerelle vers le juge du fond (789 - 790)
■ Section 2 - Procédure accélérée au fond (791 - 803)
■ Art. 1 - Cas d'ouverture (791 - 797)
■ Art. 2 - Procédure applicable (798 - 803)
o Chapitre 4 - Frais et dépens (804 - 811)
o Chapitre 5 - Rectifications (812 - 837)
■ Section 1 - Erreurs et omissions matérielles (812 - 818)
■ Section 2 - Omissions de statuer (819 - 826)
■ Section 3 - Interprétation (827 - 831)
■ Section 4 - Exécution du jugement (832 - 837)
o Chapitre 6 - Voies de recours (838 - 886)
■ Section 1 - Voies de recours ordinaires (838 - 860)
■ § 1 - Appel (838 - 854)
■ § 2 - Opposition (855 - 860)
■ Section 2 - Voies de recours extraordinaires (861 - 886)
■ § 1 - Tierce opposition (861 - 866)
■ § 2 - Pourvoi en cassation (867 - 880)
■ § 3 - Révision (881 - 886)
■ Index alphabétique

Conseil de prud'hommes

Philippe FLORES
Magistrat

juin 2021

Table des matières

Généralités 1 - 7
Tit 1 - Organisation de la juridiction prud'homale 8 - 407

Chap. 1 - Compétences 8 - 174

Sect. 1 - Compétence matérielle 8 - 117

Art. 1 - Litiges individuels entre employeur et salarié 8 - 78

§ 1 - Principes généraux 8 - 11

§ 2 - Contrat de travail 12 - 35

§ 3 - Présomptions de salariat 36 - 61

§ 4 - Catégories particulières 62 - 76

§ 5 - Présomption de non-salariat 77 - 78

Art. 2 - Détermination de l'employeur 79 - 80

Art. 3 - Ensemble des demandes liées au contrat de travail 81 - 90

§ 1 - Litiges liés à la conclusion du contrat de travail 81 - 85

§ 2 - Litiges relatifs à l'exécution du contrat de travail 86 - 87

§ 3 - Litiges relatifs à la rupture du contrat de travail 88 - 90

Art. 4 - Litiges entre salariés nés à l'occasion du travail 91 - 94

Art. 5 - Personnes qui se substituent habituellement aux obligations légales de l'employeur 95

- 96

Art. 6 - Litiges échappant à la compétence de la juridiction prud'homale 97 - 117

§ 1 - Limites 97 - 99

§ 2 - Responsabilité extracontractuelle 100

§ 3 - Litiges de sécurité sociale 101

§ 4 - Marins 102 - 103

§ 5 - Droits d'auteur 104

§ 6 - Procédures collectives 105 - 106

§ 7 - Avocats 107

§ 8 - Exclusion des litiges collectifs 108 - 110


§ 9 - Actions de groupe en matière de discrimination 111

§ 10 - Exécution des décisions de justice 112 - 113

§ 11 - Respect de la séparation des pouvoirs 114 - 117

Sect. 2 - Compétence territoriale 118 - 129

Art. 1 - Principes 118 - 122

Art. 2 - Dessaisissement au profit d'une juridiction limitrophe 123 - 129

Sect. 3 - Compétence internationale 130 - 147

Art. 1 - Au sein de l'Union européenne 131 - 137

Art. 2 - En dehors de l'Union européenne 138 - 144

Art. 3 - Immunité de juridiction 145 - 147

Sect. 4 - Traitement des questions de compétence 148 - 168

Art. 1 - Compétence d'ordre public 148 - 151

Art. 2 - Conditions d'exercice de l'exception d'incompétence 152 - 162

§ 1 - Exception de procédure 152 - 158

§ 2 - Obligation de désigner la juridiction compétente 159 - 162

Art. 3 - Examen de l'exception d'incompétence par le conseil de prud'hommes 163 - 168

Sect. 5 - Attributions non juridictionnelles 169 - 174

Art. 1 - Attributions administratives 169 - 173

Art. 2 - Attributions consultatives 174

Chap. 2 - Fonctionnement institutionnel 175 - 235

Sect. 1 - Création et suppression des conseils de prud'hommes 176 - 178

Sect. 2 - Organisation interne des conseils de prud'hommes 179 - 226

Art. 1 - Répartition en sections et chambres 179 - 193

§ 1 - Sections 179 - 185

§ 2 - Chambres 186 - 189


§ 3 - Référés 190 - 193

Art. 2 - Formations de jugement 194 - 199

Art. 3 - Assemblée générale du conseil de prud'hommes 200 - 204

Art. 4 - Président et vice-président 205 - 216

§ 1 - Élection 205 - 209

§ 2 - Missions 210 - 216

Art. 5 - Administration de la juridiction 217 - 221

§ 1 - Pouvoirs de gestion et d'inspection 217 - 219

§ 2 - Dépenses du conseil de prud'hommes 220 - 221

Art. 6 - Difficultés de fonctionnement 222 - 226

Sect. 3 - Conseil de la prud'homie 227 - 235

Chap. 3 - Acteurs de la juridiction prud'homale 236 - 407

Sect. 1 - Les conseillers prud'hommes 236 - 367

Art. 1 - Obligations des conseillers prud'hommes 236 - 272

§ 1 - Impartialité et récusation 236 - 248

§ 2 - Autres obligations 249 - 253

§ 3 - Discipline 254 - 270

§ 4 - Responsabilité 271 - 272

Art. 2 - Statut et protection des conseillers prud'hommes 273 - 312

§ 1 - Rémunération 273 - 283

§ 2 - Protection du conseiller prud'homme 284 - 304

§ 3 - Formation 305 - 311

§ 4 - Port d'un insigne 312

Art. 3 - Désignation des conseillers prud'hommes 313 - 328

§ 1 - Modalités de nomination 313 - 327

§ 2 - Contestations de la répartition des sièges 328


Art. 4 - Candidatures 329 - 358

§ 1 - Conditions générales 329 - 331

§ 2 - Répartition des candidatures par conseil de prud'hommes, par collège et par section

332 - 344

§ 3 - Listes de candidats 345 - 349

§ 4 - Désignations complémentaires 350 - 355

§ 5 - Protection du mandataire de liste 356 - 358

Art. 5 - Installation 359 - 360

Art. 6 - Fin de mandat 361 - 364

Art. 7 - Honorariat 365 - 367

Sect. 2 - Juge départiteur 368 - 372

Sect. 3 - Ministère public 373 - 375

Sect. 4 - Greffe du conseil de prud'hommes 376 - 384

Art. 1 - Service dédié 376 - 378

Art. 2 - Directeur de greffe 379 - 382

Art. 3 - Autres personnels du greffe 383 - 384

Sect. 5 - Les défenseurs syndicaux 385 - 407

Art. 1 - Désignation des défenseurs syndicaux 386 - 390

Art. 2 - Statut des défenseurs syndicaux 391 - 397

§ 1 - Inscription sur la liste des défenseurs syndicaux 391 - 393

§ 2 - Formation et rémunération 394 - 397

Art. 3 - Protection des défenseurs syndicaux 398 - 407

Tit 2 - La procédure prud'homale 408 - 886

Chap. 1 - Règles communes à toutes les formations 409 - 615

Sect. 1 - Saisine du conseil de prud'hommes 409 - 459


Art. 1 - Forme et contenu de la saisine du conseil de prud'hommes 409 - 416

Art. 2 - Effets de la saisine du conseil de prud'hommes 417 - 443

§ 1 - Interruption de la prescription 417 - 432

§ 2 - Conditions d'interruption par la saisine du conseil de prud'hommes 433 - 442

§ 3 - Contestation du reçu pour solde de tout compte 443

Art. 3 - Convocation des parties 444 - 459

§ 1 - Conditions de convocation 444 - 454

§ 2 - Effets de la convocation des parties 455 - 459

Sect. 2 - Oralité de la procédure 460 - 472

§ 1 - Principes 461 - 468

§ 2 - Structuration des échanges 469 - 472

Sect. 3 - Assistance et représentation 473 - 516

Art. 1 - Conditions propres à la procédure prud'homale 473 - 491

§ 1 - Personnes habilitées à assister ou à représenter les parties devant le conseil

de prud'hommes 474 - 479

§ 2 - Pouvoir de représentation 480 - 491

Art. 2 - Actions de substitution 492 - 504

Art. 3 - Défaut de comparution 505 - 516

§ 1 - Caducité de la saisine 506 - 511

§ 2 - Jugement sur le fond 512 - 516

Sect. 4 - Sanction du défaut de diligence des parties 517 - 537

§ 1 - Radiation et retrait du rôle 517 - 526

§ 2 - Péremption 527 - 537

Sect. 5 - Incidents de procédure 538 - 593

§ 1 - Exceptions de procédure 538 - 539


§ 2 - Interruption de l'instance 540 - 543

§ 3 - Procédures collectives 544 - 550

§ 4 - Question prioritaire de constitutionnalité 551 - 564

§ 5 - Demande d'avis à la Cour de cassation 565 - 583

§ 6 - Sursis à statuer 584 - 593

Sect. 6 - Modes alternatifs de règlement des litiges 594 - 615

Art. 1 - Conciliateurs de justice 595 - 599

Art. 2 - Médiation 600 - 611

Art. 3 - Procédure participative 612 - 615

Chap. 2 - Procédures de droit commun au fond 616 - 752

Sect. 1 - Tentative de conciliation préalable 616 - 632

Art. 1 - Organisation de la tentative de conciliation 616 - 621

Art. 2 - Conclusion d'une conciliation 622 - 627

Art. 3 - Échec de la tentative de conciliation 628 - 632

Sect. 2 - Mise en état 633 - 661

Art. 1 - Modalités 633 - 638

Art. 2 - Conseiller rapporteur 639 - 645

Art. 3 - Clôture de la mise en état 646 - 652

Art. 4 - Mesures provisoires 653 - 661

Sect. 3 - Saisine directe du bureau de jugement 662 - 665

Sect. 4 - Jugement de l'affaire 666 - 752

Art. 1 - Instruction 666 - 669

Art. 2 - Débats 670 - 680

Art. 3 - Dispositions spéciales en matière de licenciement 681 - 703

§ 1 - Plafonnement de certaines indemnités 681 - 684

§ 2 - Remboursement des allocations versées par les organismes de chômage 685 - 688
§ 3 - Référentiel d'indemnisation dans le cadre de la conciliation 689 - 691

§ 4 - Accélération des délais de traitement des litiges relatifs à un licenciement pour motif

économique 692 - 700

§ 5 - Rôle du juge dans les litiges relatifs aux licenciements 701 - 703

Art. 4 - Dispositions spéciales en cas de procédure collective 704 - 732

§ 1 - Actions antérieures au jugement d'ouverture 706 - 730

§ 2 - Actions postérieures à l'ouverture d'une procédure collective 731 - 732

Art. 5 - Exécution provisoire 733 - 738

Art. 6 - Condamnation et cotisations sociales 739 - 740

Art. 7 - Forme du jugement 741 - 746

Art. 8 - Notification 747 - 752

Chap. 3 - Procédures rapides 753 - 803

Sect. 1 - Référé 753 - 790

Art. 1 - Principes 753 - 757

Art. 2 - Cas d'ouverture 758 - 772

§ 1 - Mesures urgentes 758 - 760

§ 2 - Dommage imminent ou trouble manifestement illicite 761 - 767

§ 3 - Provision 768 - 772

Art. 3 - Procédure de référé 773 - 782

Art. 4 - Formation de jugement 783 - 788

Art. 5 - Passerelle vers le juge du fond 789 - 790

Sect. 2 - Procédure accélérée au fond 791 - 803

Art. 1 - Cas d'ouverture 791 - 797

Art. 2 - Procédure applicable 798 - 803

Chap. 4 - Frais et dépens 804 - 811

Chap. 5 - Rectifications 812 - 837


Sect. 1 - Erreurs et omissions matérielles 812 - 818

Sect. 2 - Omissions de statuer 819 - 826

Sect. 3 - Interprétation 827 - 831

Sect. 4 - Exécution du jugement 832 - 837

Chap. 6 - Voies de recours 838 - 886

Sect. 1 - Voies de recours ordinaires 838 - 860

§ 1 - Appel 838 - 854

§ 2 - Opposition 855 - 860

Sect. 2 - Voies de recours extraordinaires 861 - 886

§ 1 - Tierce opposition 861 - 866

§ 2 - Pourvoi en cassation 867 - 880

§ 3 - Révision 881 - 886

Généralités

1. Institution. - Le premier conseil de prud'hommes a été créé sous le Premier Empire, à Lyon, sur le
modèle des juridictions qui traitaient les litiges entre canuts et fabricants de soie, lesquels privilégiaient
la conciliation. Cette juridiction s'est ensuite peu à peu répandue sur le territoire. Le paritarisme entre
les employeurs et les salariés a ensuite été adopté sous la IIe République. Les conseils de prud'hommes
ont été généralisés sur le territoire national en 1979 avec la loi Boulin.

2. Singularité française. - L'organisation paritaire du conseil de prud'hommes est une singularité. En


Europe, les litiges relatifs au droit du travail sont jugés soit par des juridictions, ordinaires, comme par
exemple en Espagne, en Italie ou aux Pays-Bas, soit par des formations échevinales, associant des
magistrats professionnels à des juges non professionnels, comme c'est notamment le cas en Allemagne
ou en Belgique. Mais il n'y a pas d'autres exemples en Europe de juridiction du travail composée
exclusivement de juges non professionnels.

3. Juridiction de l'ordre judiciaire. - Malgré la singularité du fait de leur composition et de l'origine


élective et non professionnelle des juges les composant, les conseils de prud'hommes font partie de
l'ordre judiciaire et restent soumis au code de procédure civile (C. trav., art. R. 1451-1 ), sauf lorsque
le code du travail prévoit une exception. La mission de conciliation obligatoire confiée aux conseils de
prud'hommes ne les extrait pas de l'organisation judiciaire. En cas de partage des voix, il est fait appel à
un juge professionnel pour dégager une solution. En cas d'appel, l'affaire est portée devant une chambre
sociale de la cour d'appel, composée exclusivement de magistrats professionnels. Enfin, en cas de
pourvoi en cassation, l'affaire est jugée par la chambre sociale de la Cour de cassation, qui est également
composée de magistrats professionnels.

4. Situation statistique. - Les conseils de prud'hommes sont au nombre de 210. En 2019 ils ont été saisis
de 118 573 affaires nouvelles et en ont réglé 122 131. La durée des litiges, référés inclus, était en
moyenne de quatorze mois, même si ce chiffre masque de fortes disparités selon les territoires et la
nature des contestations qui sont élevées. Dans un rapport déposé en 2019, le Sénat relevait que,
malgré les réformes intervenues, la juridiction prud'homale se trouvait au milieu du gué. Les délais de
jugement peuvent être excessivement longs, avec un taux d'appel élevé, en raison de la nature du
contentieux prud'homal, mais aussi d'une acceptabilité insuffisante des décisions rendues (Rapport
d'information au nom de la commission des lois du Sénat : « La justice prud'homale au milieu du gué »,
10 juill. 2019).

5. Évolution du contentieux. - L'évolution du contentieux du conseil de prud'hommes est marquée par


une baisse tendancielle des conciliations, alors que celles-ci constituaient la première mission des
conseils de prud'hommes. Cette baisse s'explique probablement par l'importance prise par les ruptures
du contrat de travail dans le contentieux et la complexité des questions posées à la juridiction
prud'homale. Néanmoins, les conseils de prud'hommes ont réalisé plus de 9 000 conciliations en 2019,
ce qui reste un résultat qui doit être souligné.

6. Le nombre d'affaires contentieuses a baissé drastiquement depuis dix ans, puisque le nombre de
saisines s'élevait à 229 000 en 2009. Cette baisse s'explique probablement par le succès des ruptures
conventionnelles, qui ont notamment pour objet de sécuriser les ruptures des contrats de travail. Les
ruptures conventionnelles peuvent ainsi se substituer à des démissions, à des prises d'acte de la rupture
du contrat de travail ou à des demandes de résiliation judiciaire introduites par le salarié, comme à des
licenciements dont l'employeur souhaite prévenir toute contestation. La mise en place de barèmes pour
l'indemnisation des licenciements jugés sans cause réelle et sérieuse favorise aussi probablement la
conclusion d'accords avant toute saisine du conseil de prud'hommes.

7. Réformes. - Le mode de désignation des conseillers prud'hommes a été profondément modifié par
l'ordonnance du 31 mars 2016 (Ord. no 2016-388 du 31 mars 2016 relative à la désignation des
conseillers prud'hommes), qui, tirant les conséquences de la faiblesse de la participation, a abandonné le
système de l'élection. Les dysfonctionnements de la juridiction prud'homale, notamment en raison de
délais qui ont conduit à une augmentation des mises en cause de la responsabilité de l'État en raison du
fonctionnement défectueux de la justice, ont conduit à plusieurs réformes. À la suite du dépôt du
rapport rédigé par le président Lacabarats (L'avenir des juridictions du travail, vers un tribunal
prud'homal du XXIe siècle, Ministère de la Justice, juill. 2014), une réforme profonde a été entreprise,
introduisant notamment une phase de mise en état (L. no 2015-990 du 6 août 2015 ; Décr. no 2016-
660 du 20 mai 2016. – Th. LAHALLE, La justice prud'homale à l'aune des lois du 18 décembre 2014
et du 6 août 2015, JCP S 2015. 1324). La procédure écrite avec représentation obligatoire a par ailleurs
été instituée à hauteur d'appel. Les effets de cette réforme sont examinés avec attention et, en dernier
lieu, le Sénat a formulé un certain nombre de préconisations (Rapport d'information au nom de la
commission des lois du Sénat : « La justice prud'homale au milieu du gué », 10 juill. 2019. – J. VIDAL,
La réforme prud'homale : quel bilan ?, JCP S 2021, act. 146).

Titre 1er - Organisation de la juridiction prud'homale

Chapitre 1er - Compétences

Section 1re - Compétence matérielle

Art. 1er - Litiges individuels entre employeur et salarié

§ 1er - Principes généraux

8. Juridiction spécialisée. - Le conseil de prud'hommes est une juridiction spécialisée dont la


compétence est rigoureusement circonscrite. Ainsi, conformément à l'article L. 1411-4 alinéa 2 du code
du travail, le conseil de prud'hommes n'est pas compétent pour connaître des litiges attribués à une
autre juridiction par la loi, et notamment par le code de la sécurité sociale, en matière d'accidents du
travail. La question du partage de compétences entre la juridiction prud'homale et la juridiction de
sécurité sociale est récurrente, du fait de la possibilité d'invoquer devant chacune de ces juridictions
une demande au titre de l'obligation de sécurité qui pèse sur l'employeur pour obtenir l'indemnisation
du préjudice subi du fait d'un tel manquement, mais aussi la perte de l'emploi qui pourrait résulter
d'une inaptitude causée par ce manquement. La Cour de cassation retient que l'indemnisation des
dommages résultant d'un accident du travail, qu'il soit ou non la conséquence d'un manquement de
l'employeur à son obligation de sécurité, relève de la compétence exclusive du tribunal des affaires de
sécurité sociale, alors que la juridiction prud'homale est seule compétente pour connaître de
l'application des règles relatives à la rupture du contrat de travail et pour se prononcer en conséquence
sur la demande de résiliation judiciaire de ce contrat formée par le salarié (Soc. 3 mai 2018, no 16-
18.116 , JCP S 2018, 1013, note A Bugada ; RDT 2018. 223, note F. Guiomard ; Procédures
2018, comm. 221, note A. Bugada).

9. Compétence d'attribution. - La compétence d'attribution du conseil de prud'hommes est fixée par


l'article L. 1411-1, alinéa 1er du code du travail : « Le conseil de prud'hommes règle par voie de
conciliation les différends qui peuvent s'élever à l'occasion de tout contrat de travail soumis aux
dispositions du présent code entre les employeurs ou leurs représentants, et les salariés qu'ils
emploient. » Cette compétence s'exerce quel que soit le montant de la demande (C. trav., art. L. 1411-
4 , al. 1er). La valeur du litige a simplement une incidence sur les voies de recours ouvertes, le
jugement n'étant ouvert que si la valeur du litige excède 4 000 euros ou a une nature indéterminée. Si
la valeur du litige n'excède pas 4 000 euros, seul un pourvoi en cassation peut être formé (C. trav.,
art. R. 1462-1 à D. 1462-3 ).

10. Compétence d'ordre public. - Cette compétence est d'ordre public de sorte que toute convention
contraire est réputée non écrite (C. trav., art. L. 1411-4 ). En particulier, il en résulte que la clause
compromissoire stipulée dans un contrat de travail est réputée non écrite et que le principe selon lequel
il appartient à l'arbitre de statuer par priorité sur sa propre compétence n'est pas applicable en matière
prud'homale (Soc. 30 nov. 2011, no 11-12.905 , Bull. civ. V, no 227. – F. GUIOMARD, Clauses de
conciliation obligatoire et clause compromissoire face à la compétence d'ordre public de la juridiction
prud'homale, RDT janv. 2012. 7 ).

11. Formation de référé. - En cas d'urgence, la formation de référé peut, dans la limite de la compétence
du conseil de prud'hommes, ordonner les mesures qui ne se heurtent à aucune contestation sérieuse ou
que justifie l'existence d'un différend (C. trav., art. R. 1455-5 ). La formation de référé peut toujours,
même en présence d'une contestation sérieuse, prescrire les mesures conservatoires ou de remise en état
qui s'imposent pour prévenir un dommage imminent ou pour faire cesser un trouble manifestement
illicite (C. trav., art. R. 1455-6 ). Elle peut également, dans le cas où l'obligation n'est pas
sérieusement contestable, accorder une provision ou ordonner l'exécution de l'obligation, y compris s'il
s'agit d'une obligation de faire.

§ 2 - Contrat de travail
A - Définition du contrat de travail

12. Juge du contrat de travail. - Le premier critère de compétence de la juridiction prud'homale tient à
l'existence d'un contrat de travail liant les parties. Le conseil de prud'hommes est donc au premier chef
le juge du contrat de travail et, en l'absence d'un tel contrat, sa compétence n'est pas justifiée.

13. Définition générale. - Dans le silence de la loi, la jurisprudence s'est employée à définir le contrat de
travail : il y a contrat de travail quand une personne s'engage à travailler pour le compte et sous la
direction d'une autre moyennant rémunération (Soc. 22 juill. 1954, Bull. civ. IV, no 576). Le contrat de
travail se définit donc par la réunion de trois critères : l'exécution d'une prestation de travail, une
rémunération et le lien de subordination. Pour autant, ces trois critères sont d'une importance inégale et,
en pratique, seul le lien de subordination est propre au contrat de travail et permet de le distinguer
d'autres contrats à titre onéreux.

14. Caractère d'ordre public de la qualification de contrat de travail. - L'application des règles du droit
du travail relevant de l'ordre public, dans les conditions aménagées par le législateur, la qualification de
contrat de travail est indisponible, de sorte que la seule volonté des parties est impuissante à soustraire
la personne concernée au statut social qui découle nécessairement des conditions d'accomplissement de
son travail (Cass., ass. plén., 4 mars 1983, Bull. ass. plén., no 3 ; D. 1983. 381). En conséquence,
l'existence d'une relation de travail ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties ni de la
dénomination qu'elles ont donnée à leur convention, mais des conditions de fait dans lesquelles est
exercée l'activité des travailleurs (Soc. 3 juin 2009, nos 08-41.712 à 08-41.714, no 08-40.981 à no 08-
40.983, Bull. civ. V, no 141). C'est ainsi, par exemple, que le contrat de location d'un véhicule de taxi
doit être requalifié en contrat de travail lorsque le locataire se trouve, en réalité, sous la subordination
du loueur (Soc. 19 déc. 2000, no 98-40.572 , Bull. civ. V, no 437). En présence d'une contestation, le
juge doit donc vérifier si, dans les faits, les trois critères du contrat de travail se trouvent ou non réunis.

15. Lien de subordination. - Le lien de subordination présente une importance toute particulière dans
la mesure où c'est lui qui distingue le salariat de la simple fourniture d'une prestation de service ou
d'une simple entraide. La Cour de cassation a tout d'abord jugé que la condition juridique d'un
travailleur à l'égard de la personne pour laquelle il travaille ne saurait être déterminée par la faiblesse ou
la dépendance économique du travailleur et ne peut résulter que du contrat conclu entre les parties
(Civ. 6 juill. 1931, DP 1931. 1. 131). Selon la jurisprudence constante de la chambre sociale de la
Cour de cassation (Soc. 13 nov. 1996, no 94-13.187 , Bull. civ. V, no 386), le lien de subordination est
caractérisé par l'exécution d'un travail sous l'autorité d'un employeur qui a le pouvoir de donner des
ordres et des directives, d'en contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son
subordonné. Cette définition permet d'appréhender la réalité de la situation des parties
indépendamment de la variété de leurs activités. Elle a notamment été retenue pour qualifier la relation
d'une plate-forme avec un livreur de repas (Soc. 28 nov. 2018, no 17-20.079 , RDT 2018. 812 ,
avis C. Courcol-Bouchard, p. 823, note Th. Pasquier) ou avec un chauffeur VTC (Soc. 4 mars 2020,
no 19-13.316, en cours de publication).

16. Preuve de l'existence du lien de subordination. - Pour vérifier l'existence d'un lien de subordination,
il est recouru à la technique du faisceau d'indices. Le juge doit rechercher dans la réalité de l'exécution
du contrat des éléments qui peuvent révéler la situation de subordination. En premier lieu, il convient
de rechercher l'exercice du pouvoir disciplinaire résultant d'une suspension de délégation et du retrait
de responsabilités (Soc. 1er juill. 1997, no 94-45.102 , Bull. civ. V, no 240). C'est par exemple le cas
du joueur de rugby tenu sous peine de sanctions, conformément au règlement interne du club et la
charte des droits et des devoirs du joueur auxquels il est soumis, de participer aux activités sportives, de
suivre les consignes données lors des entraînements et de respecter le règlement du club (Soc. 28 avr.
2011, no 10-15.573 , Bull. civ. V, no 100 ; RDT 2011. 370, obs. Auzero ). Il en va de même lorsque
l'une des parties a la possibilité de contrôler l'exécution de la prestation et de la sanctionner (Soc.
29 janv. 2002, no 99-42.697 , Bull. civ. V, no 38 ; Dr. soc. 2002. 494, note Savatier ). La
participation à un service organisé (Soc. 13 nov. 1996, no 94-13.187 , Bull. civ. V, no 386) comme
l'exercice de l'activité dans les locaux de l'entreprise (Cass., ass. plén., 4 mars 1983, Bull. ass. plén.,
no 3 ; D. 1983. 381) ou dans les lieux et les conditions fixés par cette dernière (Soc. 14 mars 1996,
no 94-12.373 , Bull. civ. V, no 96) sont également des indices à prendre en compte pour examiner la
qualification de contrat de travail.

17. Tuteur. - Dès lors que le tuteur est chargé de la représentation d'une personne, il ne peut pas être
placé sous la subordination de la personne pour laquelle il exécute une mesure de protection et il ne
peut donc avoir le statut de salarié de cette dernière (Soc. 6 mai 1993, no 90-13.764 , Bull. civ. V,
no 132), même s'il exerce des tâches qui pourraient relever de celles d'un employé de maison. En
pratique, les fonctions de représentation juridique d'une personne sont exclusives de tout lien de
subordination avec la personne ainsi représentée.

18. Mandat social et lien de subordination. - L'exercice d'un mandat social au sein de la société est de
nature à exclure tout lien de subordination pendant l'exercice de ce mandat. Néanmoins, le titulaire
d'un mandat social au sein de l'entreprise ne peut prétendre à l'existence parallèle d'un contrat de
travail s'il démontre, d'une part, l'existence de fonctions techniques distinctes de celles menées dans le
cadre du mandat qui donnent lieu à une rémunération distincte et, d'autre part, l'existence d'un lien de
subordination (Soc. 16 mai 1990, no 86-42.681 , Bull. civ. V, no 227). Cette possibilité est également
ouverte aux dirigeants de fait, dans les mêmes conditions que les dirigeants de droit (Soc. 7 juin 2006,
no 04-44.037 , inédit).
19. Prestations fournies. - Il est nécessaire que le contrat porte sur une prestation à fournir, mais les
tâches concernées sont extrêmement diverses, dès lors qu'elles sont celles attendues par l'employeur
dans le cadre du contrôle qu'il exerce sur le salarié. Il peut s'agir d'une prestation ponctuelle, comme
poser des affiches (Soc. 22 mai 1997, no 95-15.455 , Bull. civ. V, no 188). Il en va de même pour une
simple mission de surveillance (Soc. 18 juill. 2000, Bull. civ. V, no 289), comme de la participation à un
programme de télévision consistant à prendre part aux différentes activités et réunions, de suivre les
règles définies unilatéralement par le producteur, à être orientés dans l'analyse de leur conduite, le
règlement imposant une disponibilité permanente, assortie d'une interdiction de sortir du site et de
communiquer avec l'extérieur, et stipulant que toute infraction pourrait être sanctionnée par le renvoi
(Soc. 3 juin 2009, no 08-41.712 et autres, Bull. civ. V, no 141). La nature de la tâche à accomplir est
donc indifférente dès lors qu'elle répond aux exigences de l'employeur.

20. Prestation rémunérée. - L'existence d'une rémunération est l'un des critères à rechercher, même si ce
critère n'est pas nécessairement décisif, car il ne permet pas, par lui-même, de distinguer le contrat de
travail des autres contrats à titre onéreux. La jurisprudence retient à cet égard que le versement d'une
rémunération est à lui seul insuffisant pour caractériser un travail salarié (Soc. 31 mai 1989, no 86-
10.739 , Bull. civ. V, no 417). L'existence d'une rémunération vient fortifier les autres constatations
de fait permettant de caractériser l'existence d'un contrat de travail, au premier rang desquels se trouve
le lien de subordination. C'est particulièrement le cas lorsque le versement du salaire est dissimulé
derrière une qualification erronée ou abusive de frais (Soc. 28 avr. 2011, no 10-15.573 , Bull. civ. V,
no 100 ; RDT 2011. 370, obs. Auzero ). Rappelons à cet égard que les frais professionnels se
définissent comme des charges de caractère spécial inhérentes à la fonction ou à l'emploi des salariés
(Civ. 2e, 8 oct. 2009, no 08-20.707 , Bull. civ. II, no 241).

21. Bénévolat. - L'absence de rémunération ne suffira pas à écarter la qualification de contrat de travail
dès lors que l'intention de bénévolat n'est pas établie. À défaut, il suffirait de dissimuler la rémunération
derrière la fiction du bénévolat pour éluder le code du travail. Ainsi, la seule signature d'un contrat dit
de bénévolat entre une association et une personne n'ayant pas la qualité de sociétaire n'exclut pas
l'existence d'un contrat de travail, et la réalité de la rémunération peut être retenue lorsque la somme
forfaitaire versée aux « bénévoles » dépasse le montant des frais réellement exposés (Soc. 29 janv. 2002,
no 99-42.697 , Bull. civ. V, no 38). Peu importe par ailleurs que la rémunération soit versée en
numéraire ou par le biais d'avantages en nature (Soc. 3 juin 2009, no 08-41.712 et autres, Bull. civ. V,
no 141 ; D. 2009. 2116, chron. J.-F. Césaro et P.-Y. Gauthier ; Dr. soc. 2009. 780, avis. D. Allix ;
Dr. soc. 2009. 791, obs. J.-J. Dupeyroux ; Dr. soc. 2009. 930, note C. Radé ; RDT 2009. 507, obs.
G. Auzero ).
22. Situation d'esclavage moderne. - La Cour de cassation juge que la victime d'une situation de travail
forcé ou d'un état de servitude a droit à la réparation intégrale du préjudice tant moral qu'économique
qui en découle, en application de l'article 1382 devenu 1240 du code civil. Elle ajoute que ce préjudice
est aggravé lorsque la victime est mineure, celle-ci devant être protégée contre toute exploitation
économique et le travail auquel elle est astreinte ne devant pas être susceptible de compromettre son
éducation ou de nuire à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social. La Cour de
cassation reconnaît la possibilité pour la victime d'une situation de travail forcé d'en obtenir
l'indemnisation devant la juridiction prud'homale (Soc. 3 avr. 2019, no 16-20.490 , RJS 2019,
no 339).

23. Fonctionnaire détaché ou mis à disposition d'un organisme de droit privé. - Le principe de réalité de
la jurisprudence conduit à retenir l'existence d'un contrat de travail, et donc la compétence de la
juridiction prud'homale dans des situations où un fonctionnaire est mis à disposition d'un organisme de
droit privé (Cass., ass. plén., 20 déc. 1996, no 92-40.641 . – Soc. 15 juin 2010, no 08-44.238 ,
inédit), son statut initial n'étant pas exclusif d'une relation de travail avec la personne sous la direction
de laquelle il travaille réellement. De même, le fonctionnaire détaché auprès d'une personne morale de
droit privé relève de la compétence de la juridiction prud'homale pour les litiges l'opposant à cette
dernière (Soc. 15 juin 2010, no 09-69.453 , Bull. civ. V, no 139 ; RDT 2010. 510, note Debord ;
AJDA 2010. 2012 ; D. 2010. 1722 ).

24. Activités cultuelles. - Certaines situations peuvent être exclusives de tout contrat de travail, comme
c'est le cas pour les ministres du Culte, les moines ou les moniales pour les activités exercées pour le
compte et au bénéfice de la congrégation (Cass., ass. plén., 8 janv. 1983, Bull. ass. plén., no 2). De leur
côté, les pasteurs des églises et œuvres cultuelles relevant de la Fédération protestante de France ne
concluent pas, relativement à l'exercice de leur ministère, un contrat de travail avec les associations
cultuelles légalement établies (Soc. 12 juill. 2005, no 32-43.354, Bull. civ. V, no 243). La nature de
l'engagement communautaire a également été retenue pour écarter la qualification de contrat de travail
entre une association Emmaüs et un compagnon, dès lors que ce dernier, en intégrant la communauté
Emmaüs, s'est soumis aux règles de vie communautaire qui définissent un cadre d'accueil comprenant
la participation à un travail destiné à l'insertion sociale des compagnons et qui est exclusif de tout lien
de subordination (Soc. 9 mai 2001, no 98-46.158 , Bull. civ. V, no 155). Mais ces exceptions
s'entendent de façon étroite. L'engagement religieux d'une personne n'est susceptible d'exclure
l'existence d'un contrat de travail que pour les activités qu'elle accomplit pour le compte et au bénéfice
d'une congrégation ou d'une association cultuelle légalement établie (Soc. 20 janv. 2010, no 08-42.207
, Bull. civ. V, no 15). Cette exception est également écartée en cas de tâches sans lien avec l'exercice
sacerdotal, comme par exemple des enseignements occasionnels effectués par un prêtre dans une
université catholique (Soc. 20 déc. 1990, no 88-11.451 , Bull. civ. V, no 704).
25. Activités de formation. - Le suivi d'une activité de formation est également exclusif d'un contrat de
travail en raison de sa nature même. De même, les demandeurs d'emploi qui participent à des actions
d'évaluation en milieu de travail prescrites par l'Agence nationale pour l'emploi, et qui bénéficient du
régime des accidents du travail et des maladies professionnelles, sont placés dans une situation légale,
exclusive d'un lien de subordination caractérisant l'existence d'un contrat de travail (Soc. 18 juill. 2001,
no 99-42.525 , Bull. civ. V, no 278). Mais en cas de détournement de finalité, le stagiaire pourra bien
entendu obtenir la requalification de la relation contractuelle en contrat de travail si les circonstances
de fait le justifient, ce que le juge doit vérifier en cas de litige (Soc. 17 oct. 2000, no 98-40.986 , Bull.
civ. V, no 336). La qualification de contrat de travail doit s'appliquer lorsque la réalité de la relation
contractuelle en révèle la pertinence.

B - Contrat de travail de droit privé

26. Services publics industriels et commerciaux. - Conformément à l'article L. 1411-2 du code du


travail, le conseil de prud'hommes règle les différends et litiges des personnels de services publics,
lorsqu'ils sont employés dans les conditions de droit privé. Il appartient au juge, saisi d'un litige
opposant un établissement public à l'un de ses agents contractuels, de rechercher s'il s'agit d'un
établissement public administratif ou d'un établissement public à caractère industriel et commercial, ce
caractère s'appréciant au regard de son objet, de l'origine de ses ressources et de ses modalités de
fonctionnement (Soc. 24 juin 2014, no 13-11.142 , Bull. civ. V, no 157 ; JCP S 2014. 1440, note
Lahalle). Ainsi, les litiges opposant des salariés des établissements publics industriels et commerciaux à
leur employeur relèvent de la compétence des conseils de prud'hommes (CE 25 janv. 1952,
Lebon 55. – Soc. 18 déc. 2007, no 06-45.152, Bull. civ. V, no 215 ; RDT 2008. 393 ), sauf s'ils
exercent les fonctions de directeur ou de chef de la comptabilité publique ayant la qualité de comptable
public (T. confl. 15 nov. 2004, Lebon 23. – Soc. 28 avr. 2006, no 05-41.865 , Bull. civ. V, no 154), ou
bien s'ils sont affectés à des missions purement administratives ou dans des conditions exorbitantes du
droit commun. C'est ainsi que la Cour de cassation a jugé que la Caisse des dépôts et consignations
ayant été dotée, dès la loi du 28 avril 1816 qui l'a instituée, d'un statut particulier qui la place « sous la
surveillance et la garantie de l'autorité législative », ce statut exclut l'emploi du personnel dans les
conditions du droit privé et l'application des textes du code du travail relatifs à l'exercice du droit
syndical dans les entreprises (Soc. 28 nov. 1995, nos 94-60.728, 94-60.570 et 94-60.580, Bull. civ. V,
no 322).

27. Établissements publics et commerciaux. - La compétence de la juridiction prud'homale a été


retenue pour le personnel d'établissements publics et commerciaux tels que l'aéroport de Paris
(T. confl. 28 juin 2007, req. no C 3626, TPS 2007. comm. 133), l'Opéra de Paris (Soc. 12 nov. 2008,
no 07-42.853 et autres), la RATP (Soc. 18 déc. 2007, no 06-45.132 , Bull. civ. V, no 215), la
SNCF (Soc. 22 mai 1995, no 94-40.775 , Bull. civ. V, no 165 ; Dr. soc. 1996. 175, étude J. Chorin
), la Comédie-Française (Soc. 6 janv. 2010, no 08-44.117 ). Il en va de même pour le personnel non
statutaire de La Poste (Soc. 1er févr. 2011, no 09-71.006 ).

28. Mission de service public accomplie par une personne privée. - Dès lors que les relations de travail
établies entre un salarié et des employeurs soumis au droit privé sont des relations de droit privé, peu
importe que lesdits employeurs exécutent une mission de service public. Les litiges les opposant
relèvent de la juridiction prud'homale (Soc. 26 mai 2004, no 02-41.434 ). Il en va notamment ainsi du
personnel des caisses primaires d'assurance maladie ou des URSSAF (Soc. 17 mars 1965, Bull. civ. V,
no 246), comme pour celui de Pôle emploi (T. confl. 17 oct. 1988, Cayla c/ Assedic Champagne-
Ardennes). La compétence de la juridiction prud'homale a également été retenue pour les employés des
établissements relevant de l'hospitalisation privée (Soc. 25 juin 2002, no 01-41.848 , Bull. civ. V,
no 216 ; Dr. soc. 2002. 1155, obs. A. Mazeaud ).

29. Maîtres contractuels de l'enseignement privé. - Le législateur ayant octroyé le statut d'agent public
aux maîtres contractuels de l'enseignement privé, ceux-ci ne sont pas liés avec les établissements privés
d'enseignement sous contrat d'association par un contrat de travail au titre des fonctions pour lesquelles
ils sont employés et rémunérés par l'État (C. éduc., art. L. 442-5 ). Les litiges afférents ne relèvent
donc pas de la juridiction prud'homale. Toutefois, la Cour de cassation considère que le paiement des
heures de délégation des maîtres des établissements de l'enseignement privé sous contrat prises en
dehors de leur temps de travail, qui ne se confondent pas avec les décharges d'activités de service
accordées au représentant syndical en application de l'article 16 du décret no 82-447 du 28 mai 1982,
incombe à l'établissement au sein duquel ils exercent les mandats prévus par le code du travail dans
l'intérêt de la communauté constituée par l'ensemble du personnel de l'établissement (Soc. 8 déc. 2016,
no 13-27.913 , Bull. civ. V, no 243).

30. Exclusion des contestations portant sur l'organisation du service public. - La compétence de la
juridiction prud'homale pour connaître des litiges opposant un salarié à une personne morale assurant
un service public industriel et commercial est limitée aux problèmes relatifs au contrat de travail ou à
l'interprétation des conventions ou des accords collectifs applicables. Ainsi, toute contestation portant
sur la légalité ou l'application et la dénonciation d'une convention collective ou d'un accord d'entreprise
relève, sauf loi contraire, de la compétence judiciaire, hormis le cas où la contestation concerne des
dispositions qui n'ont pas pour objet la détermination des conditions d'emploi, de formation
professionnelle et de travail ainsi que des garanties sociales des personnels des entreprises et des
établissements publics visés par ces textes mais qui régissent l'organisation du service public (Soc.
6 févr. 2013, no 11-26.604 , Bull. civ. V, no 32 ; D. 2013. 441 ; D. 2013. 1026, obs. P. Lokiec et
J. Porta ; D. 2013. 1768, chron. P. Flores, S. Mariette, F. Ducloz, E. Wurtz, C. Sommé et
A. Contamine ; Dr. soc. 2013. 378, obs. C. Radé ). En revanche, le conseil de prud'hommes ne
peut pas, à l'occasion d'un litige individuel, porter une appréciation sur la légalité d'un acte administratif
(Soc. 16 juill. 1964, Bull. civ. V, no 628. – Soc. 23 janv. 2003, no 01-20.382 , Bull. civ. V, no 32). Il
ne doit pas davantage être amené à statuer sur des éléments relevant de l'organisation du service public
(Soc. 15 juin 1994, no 92-17.104, Bull. civ. V, no 198 ; Dr. soc. 1996. 175, étude J. Chorin . – Soc.
6 févr. 2013, no 11-26.604 , préc.). Dans ces dernières hypothèses, le conseil de prud'hommes est
tenu de poser une question préjudicielle au juge administratif, si cette question est sérieuse et
nécessaire pour la solution du litige. Dans un tel cas, il sursoit à statuer dans l'attente de la réponse du
juge administratif. Conformément à l'article 380 du code de procédure civile, cette décision de sursis à
statuer ne peut être frappée d'appel que sur autorisation du premier président de la cour d'appel s'il est
justifié d'un motif grave et légitime, lequel doit être clairement caractérisé (Soc. 1er oct. 2003, no 02-
45.635 , Bull. civ. V, no 251).

31. Établissements publics administratifs. - La compétence du conseil de prud'hommes est exclue pour
le personnel des établissements publics administratifs. Aucune distinction n'est effectuée selon la
situation de l'agent concerné, et la Cour de cassation retient, dans la suite du Tribunal des conflits
(T. confl. 25 mars 1996, req. no 02999 D. 1996. 598, note Saint-Jours ), que les personnels non
statutaires travaillant pour le compte d'un service public à caractère administratif sont des agents
contractuels de droit public, quel que soit leur emploi (Soc. 9 juill. 1996, no 93-44.699 , Bull. civ. V,
no 275).

32. Chambres de commerce et d'industrie. - Le litige opposant un agent public, soumis au statut du
personnel administratif des chambres de commerce et d'industrie, à une chambre de commerce et
d'industrie relève, en application de l'article 1er de la loi no 52-1311 du 10 décembre 1952, de la
compétence des juridictions administratives, quelles que soient les activités exercées par l'intéressé dans
les services de ladite chambre (Soc. 21 sept. 2017, no 15-22.847 , Bull. civ. V, no 151).

33. Agents fonctionnaires régis par des statuts particuliers. - La Cour de cassation considère qu'il
n'appartient qu'à la juridiction de l'ordre administratif de se prononcer sur les litiges individuels
concernant les agents fonctionnaires régis par des statuts particuliers pris en application de la loi no 83-
634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires et de la loi no 84-16 du 11 janvier
1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'État. En conséquence, pour ce
qui concerne La Poste où cohabitent deux catégories de personnel, dont celui des fonctionnaires, les
relations des employés ayant le statut de fonctionnaire avec leur employeur sont régies par le droit
public et les litiges en résultant relèvent de la compétence de la juridiction administrative (Soc. 27 nov.
2013, no 13-12.033 , Bull. civ. V, no 292).

C - Charge de la preuve du contrat de travail

34. Charge de la preuve pesant sur celui qui allègue l'existence d'un contrat de travail. - Il appartient à
celui qui se prévaut de l'existence d'un contrat de travail d'en établir l'existence. Le plus souvent, c'est
celui qui se prétend salarié qui invoque l'existence d'un contrat de travail et les conséquences statutaires
qui en découlent, de sorte que, dans cette hypothèse, la charge de la preuve lui incombe. À cet égard, la
simple reconnaissance par une personne de ce qu'elle aurait la qualité d'employeur ne suffit pas à
établir l'existence d'un contrat de travail dans la mesure où la déclaration d'une partie ne peut être
retenue contre elle comme constituant un aveu que si elle porte sur des points de fait et non sur des
points de droit (Soc. 23 sept. 2009, no 07-40.844 , Bull. civ. V, no 188). Or, la qualification de contrat
de travail est un élément de droit qui ne peut donc faire l'objet d'un aveu.

35. Contrat de travail apparent. - Cependant, en présence d'un contrat de travail apparent, il incombe à
celui qui invoque son caractère fictif d'en rapporter la preuve (Soc. 25 oct. 1990, no 88-12.868 , Bull.
civ. V, no 500). Ce contrat de travail apparent peut résulter de la remise d'un bulletin de salaire (Soc.
7 juill. 2009, no 08-40.962 . – Soc. 2 nov. 2016, no 15-19.968 ), d'une déclaration unique
d'embauche auprès de l'URSSAF (Soc. 5 déc. 2012, no 11-22.769 , Bull. civ. V, no 319) ou d'une
attestation (Soc. 18 déc. 2000, no 98-41.178 , Bull. civ. V, no 425). Dans la pratique, il convient d'être
particulièrement vigilant quant aux pièces produites par l'une ou l'autre des parties, car, selon qu'elles
caractérisent ou non l'existence d'un contrat de travail, la partie sur qui pèse la charge de la preuve sera
désignée.

§ 3 - Présomptions de salariat

36. Présomptions légales. - Dans un certain nombre d'hypothèses où une personne dispose d'une
autonomie plus ou moins grande, mais où elle se trouve en situation de dépendance à l'égard d'un tiers,
le législateur a institué des cas de présomption de salariat, de sorte que le salarié concerné n'a pas à
démontrer l'existence d'un contrat de travail.

A - Journaliste professionnel
37. Définition légale. - Aux termes de l'article L. 7111-1 du code du travail, les règles du code du travail
sont applicables aux journalistes professionnels et assimilés, sous réserve de dispositions particulières.
Le journaliste professionnel est défini par l'article L. 7111-3 du code du travail, comme toute personne
qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs
entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le
principal de ses ressources. Un correspondant, qu'il travaille sur le territoire français ou à l'étranger, est
un journaliste professionnel s'il perçoit des rémunérations fixes et remplit les conditions prévues ci-
dessus. La Cour de cassation a précisé que la qualité de journaliste était attachée aux personnes qui
apportaient une collaboration intellectuelle et permanente à une publication périodique en vue de
l'information des lecteurs (Soc. 1er avr. 1992, no 88-42.951 , Bull. civ. V, no 221), ce qui conduit à
exclure ceux qui se bornent à écrire ou traduire des œuvres de pure fiction et qui n'ont pas pour mission
d'assurer l'information des lecteurs (Soc. 11 oct. 1978, no 76-40.903 , Bull. civ. V, no 657), ou ceux
qui n'apportent qu'une collaboration purement technique liée à la fabrication ou à l'enregistrement
(Soc. 17 avr. 1991, no 87-45.076 ). La délivrance de la carte de journaliste professionnel est sans
incidence dès lors que les conditions prévues par l'article L. 7111-3 du code du travail ne sont pas
réunies.

38. Journaliste pigiste. - La qualité de journaliste professionnel est également applicable au journaliste
pigiste qui remplit les conditions de l'article L. 7111-3 du code du travail (Soc. 17 oct. 2012, no 11-
14.302 , Bull. civ. V, no 263).

39. Condition d'importance des ressources. - La qualité de journaliste professionnel ne peut être
reconnue qu'à la condition que l'intéressé démontre tirer de cette activité de journaliste l'essentiel de ses
ressources. Ce n'est pas le cas d'une avocate qui effectuait une collaboration régulière auprès d'un
journal, mais qui n'en tirait pas l'essentiel de ses ressources puisque celles-ci provenaient d'abord de son
activité principale (Soc. 7 déc. 2011, no 10-10.192 , Bull. civ. V, no 293 ; RJS 3/12, no 289).

40. Présomption d'ordre public. - Conformément à l'article L. 7112-1 du code du travail, toute
convention par laquelle une entreprise de presse s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un
journaliste professionnel est présumée être un contrat de travail. Cette présomption subsiste quelles
que soient les modalités de rémunération du journaliste et la qualification donnée par les parties à la
convention. La présomption opère une inversion de la charge de la preuve en faveur du journaliste et
au détriment de l'entreprise de presse qui doit alors démontrer que le journaliste a travaillé en toute
indépendance et en toute liberté (Soc. 1er févr. 1995, no 91-42.789 , Bull. civ. V, no 47).

B - Artistes du spectacle
41. Liste légale. - Conformément à l'article L. 7121-1 du code du travail, la compétence de la juridiction
prud'homale s'applique aux artistes du spectacle. Ce texte dresse une liste des personnes considérées
comme artiste du spectacle : l'artiste lyrique, l'artiste dramatique, l'artiste chorégraphique, l'artiste de
variété, le musicien, le chansonnier, l'artiste de complément, le chef d'orchestre, l'arrangeur-
orchestrateur, le metteur en scène, le réalisateur et le chorégraphe pour l'exécution matérielle de leur
conception artistique, le marionnettiste, ainsi que les personnes dont l'activité est reconnue comme un
métier d'artiste-interprète par les conventions collectives du spectacle vivant étendues. Cette liste légale
est indicative et non limitative, de sorte qu'il est possible de reconnaître la qualité d'artiste du spectacle à
d'autres catégories d'artistes, comme par exemple un sonorisateur-éclairagiste (Soc. 8 juill. 1999, no 97-
14.487 , Bull. civ. V, no 339), et d'adapter la qualification d'artiste du spectacle à l'évolution de ce
secteur économique.

42. Participation à une œuvre de l'esprit. - Pour pouvoir prétendre à la qualification d'artiste du
spectacle, la personne concernée doit participer à l'interprétation d'une œuvre de l'esprit (Soc. 27 nov.
2007, no 06-41.091 ).

43. Présomption légale. - En application de l'article L. 7121-3 du code du travail, tout contrat par lequel
une personne s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un artiste du spectacle en vue de sa
production est présumé être un contrat de travail dès lors que cet artiste n'exerce pas l'activité qui fait
l'objet de ce contrat dans des conditions impliquant son inscription au registre du commerce. L'article
L. 7121-4 du code du travail précise que cette présomption subsiste quels que soient le mode et le
montant de la rémunération, ainsi que la qualification donnée au contrat par les parties et même s'il est
prouvé que l'artiste conserve la liberté d'expression de son art, qu'il est propriétaire de tout ou partie du
matériel utilisé ou qu'il emploie lui-même une ou plusieurs personnes pour le seconder, dès lors qu'il
participe personnellement au spectacle. En cas de litige entre un artiste de spectacle et un producteur,
la présomption s'applique et le contrat de travail ne saurait être écarté au motif d'une absence de lien de
subordination et de l'utilisation par les salariés de leur propre matériel (Soc. 19 mai 1998, no 96-41.138
, Bull. civ. V, no 270).

44. Spectacles sportifs. - Le Conseil d'État a étendu la présomption de salariat de l'article L. 7131-3 du
code du travail à des sportifs professionnels comme les joueurs de tennis engagés dans des tournois du
type de ceux que la Fédération française de tennis organise (CE 22 juin 2011, req. no 319240 ) ainsi
qu'aux coureurs cyclistes professionnels (CE 8 juill. 1988, req. no 60731 ), en considérant qu'ils
participaient à des spectacles sportifs. Comme la Cour de cassation, le Conseil d'État relève que la
présomption de salariat s'applique sans qu'il soit nécessaire de reconnaître l'existence d'un contrat de
travail.
45. Prestataires de services issus d'un pays membre de l'Union européenne. - La présomption de salariat
s'efface toutefois lorsque l'artiste est reconnu comme un prestataire de services établi dans un État
membre de l'Union européenne ou dans un autre État partie à l'accord sur l'Espace économique
européen où il fournit habituellement des services analogues et qui vient exercer son activité en France,
par la voie de la prestation de services, à titre temporaire et indépendant (C. trav., art. L. 7121-5 ). Il
appartient toutefois à l'organisateur de spectacles qui soutient que les artistes qu'il emploie exercent
leur activité dans leur État membre d'origine dans de telles conditions d'en rapporter la preuve (Soc.
14 mai 2014, no 13-13.742 , Bull. civ. V, no 119 ; RDT 2014. 379, note A. Moulinier ).

46. Inscription au registre du commerce. - La présomption de salariat doit être écartée lorsque les tâches
accomplies par l'artiste l'associent pleinement au projet de sorte qu'il avait en réalité une fonction de
« co-producteur » qui impliquait son inscription au registre du commerce, laquelle est exclusive de la
présomption de salariat (Soc. 13 mai 1980, no 78-15.859 , Bull. civ. V, no 420).

47. Émission de télé-réalité. - La Cour de cassation a précisé que les participants à une émission de
télévision qui n'avaient aucun rôle à jouer ni aucun texte à dire, à qui il n'était demandé que d'être eux-
mêmes et d'exprimer leurs réactions face aux situations auxquelles ils étaient confrontés, du fait du
caractère artificiel des situations et de leur enchaînement, ne pouvaient pas prétendre à la qualité
d'acteur. Elle a en effet considéré que leur prestation n'impliquait aucune interprétation (Civ. 1re,
24 avr. 2013, no 11-19.091 , Bull. civ. V, no 83 ; JCP S 2013. 1191 avis. Faletti ; Dr. soc. 2013. 576,
note Tourneaux ). Cependant, si ces personnes ne bénéficient pas de la présomption de salariat, faute
d'avoir la qualité d'artiste du spectacle, la qualité de salarié peut néanmoins leur être reconnue si elles
démontrent l'existence d'un contrat de travail (Soc. 3 juin 2009, no 08-41.712 et autres, Bull. civ. V,
no 141).

48. Distinction entre artiste et mannequin. - Du fait de la nature réelle des prestations fournies et de
leur organisation, il peut être difficile de distinguer la situation des artistes de celles des mannequins. La
Cour de cassation a précisé les conditions dans lesquelles l'artiste de spectacle participant à un film
publicitaire se distingue du mannequin. Cette dernière qualification est exclue lorsque l'artiste ne se
limite pas à prêter son image pour la présentation d'un produit au public, mais qu'il se livre par la voix
ou le geste à un jeu de scène impliquant une interprétation personnelle et relevant de l'activité du
spectacle (Soc. 10 févr. 1998, no 95-43.510 , Bull. civ. V, no 82).

C - Mannequins

49. Présomption légale. - L'article L. 7123-3 du code du travail pose le principe selon lequel tout
contrat par lequel une personne s'assure, moyennant rémunération, le concours d'un mannequin est
présumé être un contrat de travail. L'article L. 7123-4 du code du travail précise que cette présomption
subsiste quels que soient le mode et le montant de la rémunération ainsi que la qualification donnée au
contrat par les parties. Cette présomption n'est pas renversée lorsque le mannequin conserve une
entière liberté d'action pour l'exécution de son travail de présentation. Toutefois, cette présomption
n'est pas irréfragable et peut être écartée, notamment lorsque l'intéressé, qui conserve une activité
principale de joueuse de tennis professionnelle, conserve la liberté d'exercer les activités auxquelles elle
participait et d'organiser son activité (Soc. 13 déc. 2005, no 04-30.457 , Bull. civ. V, no 318).

50. Prestataires de services issus d'un État membre de l'Union européenne. - Cette présomption de
salariat ne s'applique pas aux mannequins reconnus comme prestataires de services établis dans un État
membre de l'Union européenne ou dans un autre État partie à l'accord sur l'Espace économique
européen où ils fournissent habituellement des services analogues et qui viennent exercer leur activité
en France, par la voie de la prestation de services, à titre temporaire et indépendant (C. trav.,
art. L. 7123-4 ). Concernant la charge de la preuve, il est probable que la solution dégagée par la
jurisprudence pour les artistes du spectacle (Soc. 14 mai 2014, no 13-13.742 , Bull. civ. V, no 119 ;
RDT 2014. 379, note A. Moulinier ) puisse être transposée et que ce soit à celui qui recourt aux
services du mannequin de rapporter la preuve qu'il exerce son activité dans de telles conditions.

51. Contrat écrit. - Le contrat conclu entre un mannequin et l'agent qui l'emploie doit être établi par
écrit et préciser son objet (C. trav., art. L. 7123-5 ). Ce contrat, dont le contenu précis est imposé par
l'article R. 7123-1 du code du travail, est remis au mannequin dans le délai de deux jours.

D - Voyageurs représentants placiers

52. Définition légale. - L'article L. 7311-3 du code du travail définit le VRP comme toute personne qui
travaille pour le compte d'un ou de plusieurs employeurs, exerce en fait d'une façon exclusive et
constante une profession de représentant, ne fait aucune opération commerciale pour son compte
personnel, est lié à l'employeur par des engagements déterminant la nature des prestations de services
ou des marchandises offertes à la vente ou à l'achat, la région dans laquelle il exerce son activité ou les
catégories de clients qu'il est chargé de visiter et le taux des rémunérations. Le statut de VRP est d'ordre
public et ne saurait donc être retenu en raison de la seule référence à un accord collectif alors que les
conditions légales ne sont pas réunies (Soc. 12 avr. 1995, no 91-43.407 , Dr. soc. 1995. 606 ).

53. Charge de la preuve. - Il incombe au salarié, qui revendique l'application du statut de VRP, de
prouver qu'il exerçait en fait cette profession malgré les stipulations contraires du contrat de travail écrit
(Soc. 11 déc. 1990, no 87-45.544 , Bull. civ. V, no 632). En cas de contestation, il appartient donc au
juge de vérifier si les conditions d'exécution du contrat dans les faits répondent à la définition légale
posée par l'article L. 7311-3 du code du travail (Soc. 18 oct. 2006, no 08-48.025, Bull. civ. V, no 308. –
Soc. 25 mars 2010, no 08-42.302 ). En revanche, le statut de VRP peut toujours être accordé au
salarié par le contrat (Soc. 11 déc. 2013, no 12-27.208 ), indépendamment des conditions légales
prévues à cet égard. Le salarié peut ainsi revendiquer le statut de VRP et l'employeur ne peut pas s'y
opposer dès lors qu'il a donné son consentement sans équivoque. La seule volonté des parties est
impuissante à soustraire un salarié au statut social qui découle nécessairement des conditions effectives
d'exercice de son activité (Soc. 17 déc. 2002, no 00-44.375 , Bull. civ. V, no 398). Autrement dit, en
présence d'un contrat reconnaissant la qualité de VRP à un salarié, seul ce dernier a qualité pour
contester l'application du statut de VRP et revendiquer celui de salarié de droit commun si les
conditions du statut légal ne sont pas réunies.

54. Objet de l'activité. - L'activité confiée au VRP doit consister essentiellement à rechercher des
commandes, à prendre et à transmettre des ordres (Soc. 22 mai 2001, no 99-41.838 , Bull. civ. V,
no 398). La remise de marchandises à des particuliers avec encaissement immédiat du prix de vente ne
relève pas du statut légal de VRP (Soc. 26 mai 2010, no 08-42.184 ). Cette activité de VRP doit être
exercée de façon constante et exclusive, de sorte que la prise d'ordre de façon parallèle avec une autre
activité (Soc. 10 mai 1979, no 77-40.069 , Bull. civ. V, no 412) ou de façon intermittente (Soc.
18 nov. 1964, Bull. civ. IV, no 762) ne permet pas au salarié de bénéficier du statut légal, y compris
lorsque cette activité a été autorisée par l'employeur (Soc. 21 oct. 1964, Bull. civ. IV, no 692).

55. Définition du secteur d'activité. - Pour l'application du statut de VRP, les parties doivent fixer le
secteur d'activité du salarié (Soc. 31 janv. 1979, no 72-40.032, Bull. civ. V, no 56. – Soc. 8 mars 2012,
no 10-18.004 ). À défaut, le statut de VRP ne peut pas être retenu.

56. Caractère d'ordre public du statut. - Conformément à l'article L. 7313-1 du code du travail, toute
convention dont l'objet est la représentation, conclue entre un voyageur représentant ou placier et un
employeur est, nonobstant toute stipulation expresse du contrat ou en son silence, un contrat de travail.
Le caractère d'ordre public de ce statut et l'impossibilité d'y déroger d'une façon quelconque sont
affirmés par les articles L. 7313-2 et L. 7313-4 du code du travail.

57. Compétence exclusive du conseil de prud'hommes. - L'article L. 7313-8 du code du travail donne
compétence exclusive au conseil de prud'hommes pour connaître des litiges relatifs à l'application du
contrat de représentation régi par les dispositions des articles L. 7311-1 et suivants du code du travail.

E - Travailleurs à domicile
58. Définition. - L'article L. 7412-1 du code du travail définit comme suit le travailleur à domicile : est
travailleur à domicile toute personne qui :

1°) exécute, moyennant une rémunération forfaitaire, pour le compte d'un ou de plusieurs
établissements, un travail qui lui est confié soit directement, soit par un intermédiaire ;

2°) travaille, soit seule, soit avec un conjoint, partenaire lié par un pacte civil de solidarité, concubin ou
avec ses enfants à charge au sens fixé par l'article L. 313-3 du code de la sécurité sociale, ou avec un
auxiliaire.

59. Présomption. - Dès lors que le travailleur répond à la définition posée par l'article L. 7412-1 du code
du travail, il n'y a pas lieu de rechercher s'il existe un lien de subordination juridique avec le donneur
d'ouvrage, sous réserve de l'application des dispositions de l'article L. 8221-6 du même code.

60. Rémunération forfaitaire. - L'existence d'une rémunération forfaitaire est l'une des conditions
d'application du statut de travailleur à domicile. Elle est définie comme la rémunération calculée selon
des tarifs de base connus à l'avance et liés à des éléments quantitatifs, peu important qu'elle dépende de
critères quantitatifs distincts et qu'elle soit calculée sur la base de taux différents dès lors que ceux-ci
sont déterminés par avance. C'est par exemple le cas lorsqu'elle est calculée selon des taux fixes connus
à l'avance et dépend d'éléments strictement quantitatifs (Soc. 10 avr. 2013, no 12-11.676 ). Il en va de
même lorsque cette rémunération fait l'objet d'un calcul à la tâche ou à l'unité même si elle est variable
en fonction de la difficulté et subordonnée à l'acceptation du travail par l'établissement (Soc. 16 mai
1991, no 89-10.381 , Bull. civ. V, no 245).

61. Activités intellectuelles. - Le travail à domicile peut concerner des activités intellectuelles (Soc.
22 janv. 1981, no 80-10.493 , Bull. civ. V, no 60. – Soc. 22 janv. 1981, no 79-14.693 , Bull. civ. V,
no 63).

§ 4 - Catégories particulières

A - Concierges et employés d'immeubles à usage d'habitation

62. Définition légale. - L'article L. 7211-2 du code du travail énonce qu'est considérée comme
concierge, employé d'immeuble, femme ou homme de ménage d'immeuble, à usage d'habitation, toute
personne salariée par le propriétaire ou par le principal locataire et qui, logeant dans l'immeuble au titre
d'accessoire au contrat de travail, est chargée d'assurer la garde, la surveillance et l'entretien ou une
partie de ces fonctions.
63. Compétence exclusive du conseil de prud'hommes. - En application de l'article L. 7215-1 du code
du travail, le conseil de prud'hommes est seul compétent pour connaître des difficultés relatives au
contrat de travail conclu entre les concierges et employés d'immeubles d'habitation et leurs employeurs
ainsi qu'aux contrats qui en sont l'accessoire. La juridiction prud'homale doit alors appliquer le statut
défini par les articles L. 7211-1 et suivants du code du travail.

B - Gérants de succursales

64. Statut particulier. - Si les gérants de succursales ne sont pas des salariés au sens commun du terme
(Soc. 7 déc. 2017, nos 16-18.669 et 16-18.670, Bull. civ. V, no 211) dès lors que l'existence d'un
contrat de travail ne peut pas être caractérisée, la situation de dépendance dans laquelle ils se trouvent à
l'égard du fournisseur a conduit le législateur à leur appliquer certaines dispositions du code du travail,
au nombre desquelles se trouvent notamment celles relatives à la compétence du conseil de
prud'hommes. C'est l'objet des articles L. 7321-1 et suivants du code du travail.

65. Définition légale. - Selon l'article L. 7321-2 du code du travail, est gérant de succursale toute
personne :

1o chargée, par le chef d'entreprise ou avec son accord, de se mettre à la disposition des clients durant le
séjour de ceux-ci dans les locaux ou dépendances de l'entreprise, en vue de recevoir d'eux des dépôts,
de vêtements ou d'autres objets, ou de leur rendre des services de toute nature ;

2o dont la profession consiste essentiellement :

a) soit à vendre des marchandises de toute nature qui leur sont fournies exclusivement ou presque
exclusivement par une seule entreprise, lorsque ces personnes exercent leur profession dans un local
fourni ou agréé par cette entreprise et aux conditions et prix imposés par cette entreprise ;

b) soit à recueillir les commandes ou à recevoir des marchandises à traiter, manutentionner ou


transporter, pour le compte d'une seule entreprise, lorsque ces personnes exercent leur profession dans
un local fourni ou agréé par cette entreprise et aux conditions et prix imposés par cette entreprise.

Les conditions légales sont cumulatives (Soc. 3 nov. 2005, no 03-47.968 , JCP S 2005. 1399, note
Césaro).

66. Absence de lien de subordination. - Les gérants de succursales ne sont pas dans un lien de
subordination à l'égard de la société qui leur fournit les marchandises (Soc. 7 déc. 2017, nos 16-18.669
et 16-18.670, Bull. civ. V, no 211), mais relèvent du statut défini par les articles L. 7321-1 du code
du travail et de la compétence de la juridiction prud'homale.

67. Prix imposés par le fournisseur. - Aux termes de l'article L. 7321-1 2o du code du travail, les prix
doivent être imposés par le fournisseur (Soc. 12 janv. 1983, no 80-41.288 , Bull. civ. V, no 14), de
sorte que le statut de gérant de succursale ne peut pas être retenu lorsque ces prix sont simplement
conseillés par l'entreprise (Soc. 8 avr. 1992, no 89-42.101 ). Le local dans lequel le gérant de
succursale exerce son activité doit également avoir été agréé par le fournisseur (Soc. 13 oct. 1998,
no 96-41.922 ).

68. Répartition de compétences entre le conseil de prud'hommes et le tribunal de commerce. - En cas


de différends entre le locataire-gérant et le propriétaire du fonds, la répartition des compétences entre le
tribunal de commerce et le conseil de prud'hommes ne peut pas priver le locataire-gérant du droit de
saisir la juridiction prud'homale en invoquant le statut de gérant de succursale (Soc. 22 mars 2006,
no 05-42.233 , Bull. civ. V, no 122). Il n'est donc pas possible d'éluder les dispositions d'ordre public
relatives au statut de gérant de succursale. En pratique, dès que la réunion des conditions légales du
statut est établie, peu important le contenu des énonciations du contrat, les dispositions du code du
travail sont applicables, sans qu'il soit besoin d'établir l'existence d'un lien de subordination (Soc. 4 déc.
2001, no 99-41.265 , Bull. civ. V, no 373). En revanche, les litiges opposant le gérant de succursale à
la société lui fournissant le local et les marchandises relèvent de la compétence du tribunal de
commerce dès lors que ce litige porte sur les modalités d'exploitation commerciale du magasin et non
sur les conditions de travail et l'application de la réglementation du travail (Soc. 8 mars 2006, no 04-
17.059 , Bull. civ. V, no 96 ; Dr. soc. 2006. 789, note Savatier ).

C - Gérants non salariés des succursales de commerce de détail alimentaire

69. Statut spécifique. - Parmi les gérants de succursales, les gérants non salariés des succursales de
commerce de détail alimentaire bénéficient d'un statut qui leur est propre et qui est défini par les
articles L. 7322-1 et suivants du code du travail. Ces dispositions sont dérogatoires de celles prévues
pour les gérants de succursales qui restent applicables pour le surplus.

70. Définition légale. - Selon l'article L. 7322-2 du code du travail, est gérant non salarié de succursales
de commerce de détail alimentaire toute personne qui exploite, moyennant des remises
proportionnelles au montant des ventes, les succursales des commerces de détail alimentaire ou des
coopératives de consommation lorsque le contrat intervenu ne fixe pas les conditions de son travail et
lui laisse toute latitude d'embaucher des salariés ou de se faire remplacer à ses frais et sous son entière
responsabilité. L'article L. 7322-2, alinéa 2 du code du travail précise que la clause de fourniture
exclusive avec vente à prix imposé est une modalité commerciale qui ne modifie pas la nature du
contrat.

71. Requalification en contrat de travail. - L'application du statut de gérant non salarié de succursales
de commerce de détail alimentaire n'exclut pas que puisse être retenue la qualification de salarié de
droit commun si les conditions en sont réunies, comme par exemple lorsque des instructions écrites,
fréquentes et précises sur l'ensemble de la succursale étaient adressées par la société au gérant et que le
respect de ces directives était contrôlé, sur place, plusieurs fois par mois, voire par semaine par un
représentant de la société (Soc. 21 avr. 1988, no 86-18.100 , Bull. civ. V, no 244) ou encore lorsque
les « gérants » d'un magasin ne jouissent d'aucune liberté dans l'exploitation de leur commerce, qu'ils
sont contrôlés régulièrement et fréquemment par des inspecteurs habilités à leur donner des ordres et à
contrôler le moindre détail de leur mode de gestion des points de vente, et qu'ils ont des obligations qui
ne diffèrent en rien de celles d'un salarié, devant rendre des comptes à dates fixes et étant passibles de
sanctions en cas de modification ou de mauvaise qualité ou présentation des produits (Soc. 31 oct.
1989, no 87.13.376 , Bull. civ. V, no 624). En revanche, la brièveté et la multiplicité des
remplacements ainsi que les contraintes inhérentes aux conditions d'exploitation des magasins
concernés, ne permettent pas à elles seules de caractériser l'existence d'un lien de subordination
juridique de gérants intérimaires (Soc. 10 oct. 1998, no 17-13.418, JCP S 2018. 1355, note Lahalle),
dès lors que dans l'exécution effective du contrat les conditions de l'article L. 7322-2 du code du travail
sont réunies.

72. Répartition de compétences entre le conseil de prud'hommes et le tribunal de commerce. - L'article


L. 7322-5 du code du travail apporte des précisions particulières sur la répartition des compétences : les
litiges entre les entreprises et leurs gérants non salariés relèvent de la compétence des tribunaux de
commerce lorsqu'ils concernent les modalités d'exploitation des succursales. Ainsi, les litiges portant sur
un éventuel déficit d'exploitation relèvent de la juridiction commerciale. En revanche, les litiges
relèvent de la compétence des conseils de prud'hommes lorsqu'ils concernent les conditions de travail
des gérants non salariés. La Cour de cassation en déduit que les différends mettant en cause des gérants
non salariés, dont le contrat est conforme à l'article L. 7322-2 du code du travail, et l'employeur relèvent
de la compétence des conseils de prud'hommes, lorsqu'ils ne concernent pas les modalités commerciales
d'exploitation, mais portent en réalité sur des demandes de rappel de salaires, d'indemnité de préavis, de
dommages-intérêts pour rupture abusive (Soc. 9 juin 1998, no 94-43.827 , Bull. civ. V, no 313).

D - Assistants maternels et assistants familiaux


73. Compétence exclusive du conseil de prud'hommes. - Conformément à l'article L. 423-2 5o du code
de l'action sociale et des familles, le conseil de prud'hommes est compétent pour trancher les litiges qui
s'élèvent entre les assistants maternels ou les assistants familiaux et les personnes de droit privé qui les
emploient.

74. Définition de l'assistant maternel. - L'assistant maternel est la personne qui, moyennant
rémunération, accueille habituellement et de façon non permanente des mineurs à son domicile.
L'article L. 421-1 du code de l'action sociale et des familles définit l'assistant maternel comme une
personne qui accueille des mineurs confiés par leurs parents, directement ou par l'intermédiaire d'un
service d'accueil mentionné à l'article L. 2324-1 du code de la santé publique. Il exerce sa profession
comme salarié de particuliers employeurs ou de personnes morales de droit public ou de personnes
morales de droit privé après avoir été agréé à cet effet.

75. Définition de l'assistant familial. - De son côté, l'article L. 421-2 du code de l'action sociale et des
familles définit comme assistant familial la personne qui, moyennant rémunération, accueille
habituellement et de façon permanente des mineurs et des jeunes majeurs de moins de vingt et un ans à
son domicile. Son activité s'insère dans un dispositif de protection de l'enfance, un dispositif médico-
social ou un service d'accueil familial thérapeutique. Il exerce sa profession comme salarié de personnes
morales de droit public ou de personnes morales de droit privé après avoir été agréé à cet effet.
L'assistant familial constitue, avec l'ensemble des personnes résidant à son domicile, une famille
d'accueil.

E - Apprentis

76. Compétence. - Le contrat d'apprentissage est un contrat de travail particulier régi par les
dispositions des articles L. 6222-1 du code du travail. Ainsi, les litiges opposant l'apprenti au maître de
stage relèvent de la compétence du conseil de prud'hommes. L'article L. 6224-7 du code du travail
prévoit que les litiges relatifs à l'enregistrement du contrat d'apprentissage par la chambre consulaire
compétente, ou de la déclaration qui en tient lieu, sont portés devant le conseil de prud'hommes.

§ 5 - Présomption de non-salariat

77. Situations visées par la présomption. - L'article L. 8221-6 du code du travail pose une présomption
d'absence de contrat de travail avec le donneur d'ordre dans l'exécution de l'activité qui a donné lieu à
immatriculation ou inscription pour les personnes suivantes :
– les personnes physiques immatriculées au registre du commerce et des sociétés, au répertoire des
métiers, au registre des agents commerciaux ou auprès des unions de recouvrement des cotisations de
sécurité sociale et d'allocations familiales pour le recouvrement des cotisations d'allocations familiales ;

– les personnes physiques inscrites au registre des entreprises de transport routier de personnes, qui
exercent une activité de transport scolaire prévu par l'article L. 214-18 du code de l'éducation ou de
transport à la demande conformément à l'article 29 de la loi no 82-1153 du 30 décembre 1982
d'orientation intérieure ;

– les dirigeants des personnes morales immatriculées au registre du commerce et des sociétés et leurs
salariés.

78. Présomption simple. - Cette présomption est simple et peut donc être renversée si la personne
concernée démontre l'existence d'un contrat de travail, caractérisé par un lien de subordination, la liant
au donneur d'ordre.

Art. 2 - Détermination de l'employeur

79. Qualité d'employeur. - Le conseil de prud'hommes est compétent pour statuer tant sur l'existence
d'un contrat de travail que sur la détermination de la qualité d'employeur (Soc. 7 déc. 2005, no 04-
46.625 , Bull. civ. V, no 359). Ainsi, lors de la cession d'une entreprise, la juridiction prud'homale
peut avoir à connaître du litige opposant deux employeurs pour savoir lequel du cédant ou du
cessionnaire est l'employeur des salariés (Soc. 23 sept. 2008, no 07-44.270 , RJS 12/08 no 1166).

80. Co-emploi. - Une situation de co-emploi peut également être retenue en dehors de l'hypothèse de la
pluralité de liens de subordination, la reconnaissance de cette pluralité d'employeurs relevant des règles
de droit commun d'établissement du contrat de travail. La Cour de cassation avait été amenée à
reconnaître des situations de co-emploi, dans le cadre de procédure de licenciement collectif, en
retenant l'existence d'une immixtion d'une autre société dans la gestion de l'employeur. La société qui
s'était ainsi ingérée de façon abusive dans la gestion de sa filiale devenait ainsi débitrice des indemnités
de rupture, au même titre que l'employeur formel devenu insolvable. La Cour de cassation a finalement
adopté une définition plus stricte et plus étroite de la notion de co-emploi : Une société faisant partie
d'un groupe ne peut être considérée comme un co-employeur à l'égard du personnel employé par une
autre, hors de l'existence d'un lien de subordination, que s'il existe entre elles, au-delà de la nécessaire
coordination des actions économiques entre les sociétés appartenant à un même groupe et de l'état de
domination économique que cette appartenance peut engendrer, une confusion d'intérêts, d'activités et
de direction se manifestant par une immixtion dans la gestion économique et sociale de cette dernière
(Soc. 2 juill. 2014, no 13-15.208 et autres, Bull. civ. V, no 159). Ainsi, pour caractériser un co-
emploi, il ne suffit pas que mes dirigeants proviennent du groupe, soient en étroite collaboration avec la
société dominante, que cette dernière ait apporté un important soutien financier et que pour le
fonctionnement de la filiale ait été signée avec la société dominante une convention générale
d'assistance moyennant rémunération (Soc. 7 mars 2017, nos 15-16.765, 15-16.766 et 15-16.767, Bull.
civ. V, no 59 ; RDT 2017. 256, note G. Auzero ). Au vu de la jurisprudence de la Cour de cassation,
il faut distinguer les éléments qui résultent du fonctionnement d'un groupe avec des situations de réelle
immixtion.

Art. 3 - Ensemble des demandes liées au contrat de travail

§ 1er - Litiges liés à la conclusion du contrat de travail

81. Validité du contrat de travail. - Ainsi qu'il a été vu ci-dessus, le conseil de prud'hommes est d'abord
le juge de la qualification de contrat de travail. Il est également compétent pour statuer sur l'existence
ou la validité du contrat de travail (Soc. 20 mai 1992, no 90-44.061 , Bull. civ. V, no 323).

82. Conditions de formation du contrat de travail. - Sa compétence va également être étendue aux
conditions de formation du contrat de travail comme à la promesse d'embauche. Ainsi, la chambre
sociale de la Cour de cassation considère que le litige relatif à une promesse d'embauche stipulée dans
une « convention de stage d'accès à l'entreprise » est relatif à la formation d'un contrat de travail et
relève donc de la compétence du conseil de prud'hommes (Soc. 5 avr. 2005, no 02-45.636 , Bull.
civ. V, no 123 ; JCP S 2005. 1041, note B. Boubli).

83. Discrimination à l'embauche. - Les hypothèses de discrimination à l'embauche peuvent être portées
devant le conseil de prud'hommes aux fins d'obtenir l'indemnisation que la victime réclame. En la
matière, l'article L. 1132-1 du code du travail, qui prohibe et sanctionne les discriminations qu'il vise,
donne compétence à la juridiction prud'homale pour examiner les situations de discriminations lors de
procédures de recrutement (Soc. 20 déc. 2006, nos 06-40.864 , 06-40.799, 06-40.662 , Bull. civ. V,
no 404). À cet égard, la notion de discrimination relative aux conditions d'accès à l'emploi ou au travail
est une notion autonome du droit de l'Union définie par lui. Ainsi, la Cour de Justice de l'Union
européenne retient que la notion d'accès à l'emploi ou au travail, au sens de la directive 2000/78/CE
du Conseil du 27 novembre 2000, s'applique à des déclarations effectuées par une personne au cours
d'une émission audiovisuelle, selon lesquelles jamais elle ne recruterait ni ne ferait travailler de
personnes d'une certaine orientation sexuelle dans son entreprise, et ce alors qu'aucune procédure de
recrutement n'était en cours ou programmée, à condition que le lien entre les conditions d'accès à
l'emploi ou au travail au sein de l'entreprise ne soit hypothétique (CJUE 23 avr. 2020, aff. C-507/18).

84. Pourparlers. - En revanche, la simple rupture de pourparlers et l'action en responsabilité qui en


résulte ne sont pas liées à la formation du contrat de travail. La compétence du conseil de prud'hommes
ne peut pas être retenue (Soc.19 juin 1959, Bull. civ. V, no 770).

85. Interprétation du contrat. - Le conseil de prud'hommes sera naturellement compétent pour toutes
les questions qui touchent à l'interprétation du contrat de travail, à son objet ou à son exécution.

§ 2 - Litiges relatifs à l'exécution du contrat de travail

86. Compétence générale. - La compétence du conseil de prud'hommes couvre toutes les demandes
relatives à l'exécution du contrat de travail et aux obligations qui pèsent sur l'employeur du fait de la
conclusion du contrat de travail, comme celle de déclarer le salarié aux organismes sociaux (Soc.
16 janv. 1992, no 87-42.292 , Bull. civ. V, no 14). Elle s'étend également à l'ensemble des
conventions accessoires au contrat de travail ou qui en sont le prolongement. C'est le cas du litige
opposant l'employeur et le salarié au sujet de l'avantage social constitué par un contrat d'assurance
décès-invalidité (Soc. 19 janv. 1999, no 96-44.688 , Bull. civ. V, no 207) ou un contrat d'assurance
groupe souscrit au profit de l'ensemble du personnel de l'entreprise (Soc. 21 juin 2005, no 02-45.479 ,
Bull. civ. V, no 207). La Cour de cassation retient également la compétence de la juridiction
prud'homale pour les litiges relatifs à l'égalité de traitement en cas d'octroi d'action (Soc. 11 sept. 2012,
no 11-26.045 , Bull. civ. V, no 225) ou de litige relatif à la participation ou à l'intéressement (Soc.
28 févr. 2018, no 16-13.362, Bull. civ. V, no 32 ; JCP S 1131, note S. Brissy). Notons toutefois que la
demande d'exécution doit être en lien avec la relation de travail. Dans le cas où cette demande est en
lien avec un autre contrat, comme par exemple un pacte d'actionnaire conclu entre les parties
parallèlement au contrat de travail, cette demande échappe à la compétence de la juridiction
prud'homale (Soc. 18 oct. 2007, no 06-45.331 , D. 2008. 262, note P. Lokiec ). Il en va de même
pour les litiges relatifs à la location consentie par l'employeur sur un local mis à disposition du salarié
(Soc. 6 mai 2002, no 00-42.765 , inédit) ou pour un prêt conclu dans le cadre d'un contrat distinct
(Soc. 5 mai 1981, Bull. civ. V, no 462). Mais lorsque le solde du prêt consenti par l'employeur devient
exigible par l'effet de la rupture du contrat de travail, le litige qui en résulte est lié à l'exécution du
contrat de travail. Il relève donc de la compétence du conseil de prud'hommes (Soc. 10 déc. 2010,
no 07-40.190, inédit).
87. Action de substitution. - Afin de faciliter l'exercice par les salariés de leurs droits dans certaines
situations, le législateur a prévu la possibilité pour les syndicats d'engager une action dite « de
substitution » dans laquelle celui-ci peut poursuivre l'exécution par l'employeur de ses obligations à
l'égard des salariés concernés. Cette action doit être distinguée de celle ouverte par l'article L. 2262-11
du code du travail qui permet au syndicat d'engager une action en son nom propre afin d'obtenir le cas
échéant l'exécution des obligations de l'employeur, mais qui exclut toute condamnation au profit des
salariés. L'action de substitution ne peut être exercée par le syndicat qu'avec l'accord, au moins tacite,
des salariés au profit desquels il a saisi le conseil de prud'hommes. Elle est notamment ouverte en
matière d'application d'une convention ou d'un accord collectif (C. trav., art. L. 2262-9 ), de contrat à
durée déterminée (C. trav., art. L. 1247-1 , D. 1247-1 et D. 1247-2 ), de contrat de travail
temporaire (C. trav., art. L. 1251-59 , D. 1251-32 et D. 1251-33 ), en matière de harcèlement
moral ou sexuel (C. trav., art. L. 1154-2 ), de non-discrimination (C. trav., art. L. 1134-2 ), de droits
des travailleurs à domicile (C. trav., art. L. 7423-2 ), des salariés étrangers employés de façon illicite
(C. trav., art. L. 8255-1 et D. 8255-1 ) ou de ceux d'un groupement d'employeurs (C. trav.,
art. L. 1253-16 ), et en matière de licenciement économique (C. trav., art. L. 1235-8 , D. 1235-18
et D. 1235-19 ). Bien qu'exercée par un syndicat à l'encontre d'un employeur, cette action relève
de la compétence exclusive du conseil de prud'hommes (Soc. 12 oct. 2016, no 15-18.192 , inédit)
dans la mesure où elle tend à l'exécution des droits individuels de chacun des salariés concernés, tels
qu'ils résultent du contrat de travail les liant à l'employeur.

§ 3 - Litiges relatifs à la rupture du contrat de travail

88. Qualité de salarié au moment de la rupture. - Le conseil de prud'hommes est compétent pour
trancher les litiges relatifs à la rupture du contrat de travail, peu important que le litige soit survenu
après la cessation du contrat de travail (Soc. 23 févr. 1994, no 92-43.927 , Bull. civ. V, no 69) et que le
demandeur n'ait plus la qualité de salarié.

89. Délai écoulé depuis la rupture. - Le temps écoulé depuis la rupture du contrat de travail est
également sans conséquence sur la compétence du conseil de prud'hommes (Soc. 10 mai 2012, no 11-
11.916 , inédit), seule pourra le cas échéant se poser la question de la prescription du fait du temps
passé. De façon générale, toute action portant sur la rupture du contrat de travail se prescrit par douze
mois à compter de la notification de la rupture (C. trav., art. L. 1471-1 , al. 2). Il est également de
douze mois en matière de licenciement pour motif économique (C. trav., art. L. 1235-7 ). Néanmoins,
seul le conseil de prud'hommes est compétent pour constater la prescription, puisque l'action concernée
découle du contrat de travail.
90. Ruptures concernées. - La nature de la rupture est également indifférente pour la détermination de
la compétence du conseil de prud'hommes qui connaîtra donc autant du licenciement personnel ou
pour cause économique, que de la démission, de la prise d'acte de la rupture, d'une demande de
résiliation judiciaire, d'un départ à la retraite, d'une rupture conventionnelle, d'une rupture d'un
commun accord, de la rupture d'une période d'essai, d'un contrat à durée déterminée ou encore d'un
contrat de travail temporaire. Cette compétence de la juridiction prud'homale s'étend également aux
litiges portant sur les transactions nouées à la suite de la rupture du contrat de travail, y compris lorsque
celle-ci a été constatée par un acte authentique établi à la suite d'une conciliation devant le bureau de
conciliation du conseil de prud'hommes (Soc. 28 févr. 2007, no 06-42.005 , Bull. civ. V, no 35), ou
pour l'exécution des obligations prévues par la transaction (Com. 15 nov. 2011, no 10-26.028 , Bull.
civ. IV, no 187).

Art. 4 - Litiges entre salariés nés à l'occasion du travail

91. Travail en commun. - En application de l'article L. 1411-3 du code du travail, le conseil de


prud'hommes règle les différends et litiges nés entre salariés à l'occasion du travail. Bien évidemment,
dans cette hypothèse il n'y a pas à rechercher l'existence d'un lien de subordination entre les parties au
litige (Soc. 18 mars 2008, no 07-40.835 , Bull. civ. V, no 67), puisqu'elles ont la qualité de salarié d'un
même employeur. Cette règle de compétence reste exclusivement liée aux litiges opposant des salariés
pour l'exécution du contrat de travail (Soc. 3 mars 1983, Bull. civ. V, no 129 ; Dr. soc. 1983. 639, note
J. Savatier ; D. 1983. IR 169, note Frossard). La jurisprudence a précisé qu'elle s'étendait aux litiges nés
à l'occasion du travail entre salariés liés à un même employeur et exécutant un travail en commun (Soc.
27 févr. 1997, no 94-40.894 ).

92. Harcèlement moral. - La responsabilité du salarié, auteur de harcèlement moral, peut être
recherchée par la victime de ce harcèlement devant la juridiction prud'homale. En effet, la
responsabilité de l'employeur, tenu de prendre les mesures nécessaires à la prévention des risques
professionnels liés au harcèlement moral, n'exclut pas la responsabilité personnelle du travailleur
auquel il incombe de prendre soin de la sécurité et de la santé des personnes concernées du fait de ses
actes ou de ses omissions au travail (Soc. 21 juin 2006, no 05-43.914 , Bull. civ. V, no 223).

93. Faits extérieurs au contrat de travail. - Cette compétence ne peut pas être étendue aux demandes de
dommages-intérêts pour des faits extérieurs à l'exécution du contrat de travail. Il en va notamment ainsi
de la demande ayant pour objet la réparation du préjudice qu'un salarié imputait à la délivrance, par
d'autres salariés de la même entreprise, d'attestations qu'il estimait diffamatoires, un tel différend n'étant
pas né à l'occasion du contrat de travail (Soc. 15 juin 1995, no 94-40.748 . – Soc. 26 mars 1997,
no 94-44.055 , RJS 1997, no 590).

94. Discrimination lors d'une procédure de recrutement. - Le conseil de prud'hommes est compétent
pour connaître de tout litige relatif à l'article L. 1132-1 du code du travail. Il peut donc connaître de la
demande de dommages-intérêts fondée sur une discrimination raciale dans une procédure de
recrutement (Soc. 20 déc. 2006, nos 06-40.864 , 06-40.799 et 06-40.662 , Bull. civ. V, no 404).

Art. 5 - Personnes qui se substituent habituellement aux obligations légales de l'employeur

95. Substitution prévue par la loi. - L'article L. 1411-6 du code du travail permet de mettre en cause
aux côtés de l'employeur les organismes qui se substituent habituellement aux obligations légales de
l'employeur. C'est notamment le cas des caisses de congés payés, qui, dans certains secteurs comme le
bâtiment et les travaux publics (C. trav., art. D. 3141-12 s.) ou les spectacles (C. trav., art. D. 7121-
28 s.), se substituent aux employeurs pour le paiement de l'indemnité de congés payés. En revanche,
il n'est pas possible de mettre ainsi en cause devant la juridiction prud'homale des organismes qui se
substituent à l'employeur, non au titre d'obligations légales, mais en application de dispositions
conventionnelles ou contractuelles, comme c'est le cas, par exemple, pour un organisme gestionnaire
d'un régime de retraite complémentaire mis en place de façon conventionnelle (Soc. 16 nov. 2010,
no 10-12.156 , Bull. civ. V, no 259 ; RJS 3/11, no 272).

96. Aide à la personne. - La Cour de cassation a retenu la compétence de la juridiction prud'homale


pour un litige engagé à l'encontre d'une association d'aide à la personne qui se substitue à l'employeur
pour établir les fiches de paye (Soc. 28 févr. 2006, no 03-44.781 , Bull. civ. V, no 91 ; D. 2006. 811
; Dr. soc. 2006. 680, obs. J. Savatier ).

Art. 6 - Litiges échappant à la compétence de la juridiction prud'homale

§ 1er - Limites

97. Compétence spéciale d'attribution. - Conformément à l'article L. 1411-4 alinéa 2 du code du


travail, le conseil de prud'hommes n'est pas compétent pour connaître des litiges attribués à une autre
juridiction par la loi, et notamment par le code de sécurité sociale en matière d'accidents du travail. Il en
résulte qu'un certain nombre de demandes, même en lien avec le contrat de travail, échappent à la
compétence de la juridiction prud'homale soit parce qu'elles excédent la compétence d'attribution de la
juridiction prud'homale, soit parce qu'elles relèvent de la compétence d'attribution d'une autre
juridiction.

98. Caractère d'ordre public de la compétence prud'homale. - Il convient de souligner que le caractère
exclusif et d'ordre public de la compétence d'attribution du conseil de prud'hommes interdit d'y faire
échec pour cause de connexité, sauf en cas d'indivisibilité, laquelle ne peut résulter que d'une
impossibilité juridique d'exécution simultanée de deux décisions qui seraient contraires (Soc. 17 déc.
2013, no 12-26.938 , Bull. civ. V, no 306). Dès lors, une partie ne saurait contourner la compétence
de la juridiction prud'homale en saisissant une juridiction incompétente et en invoquant l'exception de
connexité ou de litispendance lorsque le conseil de prud'hommes est finalement saisi.

99. Moyen soulevé par voie d'exception. - En revanche, la compétence d'attribution du conseil de
prud'hommes ne s'oppose pas à ce qu'une autre juridiction règle par voie d'exception certains points
nécessaires pour trancher le litige. C'est ce qu'a jugé la Cour de cassation dans une procédure de
contentieux électoral. Elle a ainsi retenu que lorsqu'il existe un litige sur la qualité de salarié d'un
candidat aux élections des délégués du personnel dans l'entreprise à la date du dépôt des candidatures,
le tribunal d'instance, juge de l'action, étant compétent en dernier ressort pour apprécier si le
demandeur remplissait les conditions nécessaires pour être électeur, l'est également pour déterminer,
par voie d'exception, l'existence à cette date du contrat de travail de l'intéressé en vue de se prononcer
sur son électorat (Soc. 8 févr. 2012, no 11-14.802 , Bull. civ. V, no 60).

§ 2 - Responsabilité extracontractuelle

100. Compétence du tribunal judiciaire. - Dans le cadre de licenciement économique, il est parfois
envisagé de mettre en cause la société mère de l'entreprise en difficulté, laquelle peut présenter
davantage de garanties en termes de solvabilité. Toutefois, la Cour de cassation étant particulièrement
exigeante pour reconnaître une situation de co-emploi lorsque celui-ci ne repose pas sur un lien de
subordination, nombre de demandes ne peuvent pas prospérer sur ce fondement. C'est pourquoi
certains salariés ont préféré rechercher la responsabilité de la société mère. Toutefois, si une telle action
est ouverte, elle ne relève pas pour autant de la compétence du conseil de prud'hommes. En effet, en
l'absence de co-emploi, l'action en responsabilité extracontractuelle engagée contre la société mère à la
suite des licenciements intervenus dans la filiale, n'est pas liée à l'exécution d'un contrat de travail liant
un salarié à son employeur et ne relève pas de la juridiction prud'homale (Soc. 13 juin 2018, no 16-
25.873 et autres, P+B). Cette demande doit être portée devant la juridiction de droit commun.
§ 3 - Litiges de sécurité sociale

101. Manquement à l'obligation de sécurité. - Si la juridiction prud'homale peut connaître des


conséquences d'un manquement à l'obligation de sécurité, y compris en matière de licenciement ou
d'indemnisation, une frontière stricte est tracée entre les demandes relevant du conseil de prud'hommes
et celles devant être portées devant la juridiction de sécurité sociale. Ainsi, la Cour de cassation retient
que si l'indemnisation des dommages résultant d'un accident du travail, qu'il soit ou non la conséquence
d'un manquement de l'employeur à son obligation de sécurité, relève de la compétence exclusive du
tribunal des affaires de sécurité sociale, la juridiction prud'homale est seule compétente pour connaître
de l'application des règles relatives à la rupture du contrat de travail et pour se prononcer en
conséquence sur la demande de résiliation judiciaire de ce contrat formée par le salarié (Soc. 3 mai
2018, no 16-18.116 , P+B). Le salarié peut toutefois demander réparation du préjudice subi
antérieurement à l'accident du travail, puisque celui-ci n'est pas pris en charge au titre de la législation
sur les risques professionnels (Soc. 4 sept. 2019, no 17-17.329).

§ 4 - Marins

102. Compétence du tribunal judiciaire. - Conformément à l'article L. 5542-48 du code des transports,
tout différend qui peut s'élever à l'occasion de la formation, de l'exécution ou de la rupture d'un contrat
de travail entre l'employeur et le marin est porté devant le juge judiciaire. Cette instance doit
préalablement être précédée d'une tentative de conciliation devant l'autorité compétente de l'État. De
son côté, l'article R. 211-3-5 du code de l'organisation judiciaire donne compétence au tribunal
judiciaire pour connaître de ces litiges. Le tribunal judiciaire reprend ainsi la compétence qui était
dévolue au tribunal d'instance avant l'entrée en vigueur du décret no 2019-912 du 30 août 2019. La
solution retenue par la Cour de cassation sous l'empire des textes anciens, selon laquelle le tribunal
d'instance est seul compétent pour connaître des litiges entre armateur et marin portant sur la
conclusion, l'exécution ou la rupture du contrat d'engagement maritime (Soc. 12 févr. 2014, no 13-
10.643 , Procédures 2014, no 110, note Bugada) est transposable au tribunal judiciaire, désormais
compétent.

103. Navire étranger. - En revanche, le conseil de prud'hommes reste compétent pour connaître des
litiges entre armateur et marin portant sur la conclusion, l'exécution ou la rupture du contrat
d'engagement maritime sur un navire étranger (Soc. 28 mars 2018, no 16-20.476, Bull. civ. V, no 47).
Un tel contrat n'entre pas dans le champ d'application de l'article L. 5542-48 du code du travail.
§ 5 - Droits d'auteur

104. Compétence du tribunal judiciaire. - Le législateur a mis fin, en 2008, à la jurisprudence qui
retenait la compétence de la juridiction prud'homale pour les litiges relatifs à la rémunération des
salariés au titre des droits d'auteur (Soc. 2 juin 2004, no 02-17.516 , Bull. civ. V, no 155 ; D. 2004.
2087 ). Désormais, l'article L. 331-1, alinéa 1er du code de la propriété intellectuelle donne
compétence exclusive au tribunal judiciaire pour connaître de ce type de demandes : les actions civiles
et les demandes relatives à la propriété littéraire et artistique, y compris lorsqu'elles portent également
sur une question connexe de concurrence déloyale, sont exclusivement portées devant des tribunaux
judiciaires, déterminés par voie réglementaire. Le conseil de prud'hommes ne peut donc plus retenir sa
compétence pour une demande au titre du droit d'auteur, même si les parties sont par ailleurs liées par
un contrat de travail (Soc. 9 janv. 2013, no 11-11.808 , Bull. civ. V, no 2 ; D. 2013. 173 ).

§ 6 - Procédures collectives

105. Compétence du conseil de prud'hommes pour la fixation au passif des créances salariales. -
Lorsque l'employeur fait l'objet d'une procédure collective, les créances relatives à l'exécution d'un
contrat de travail, qu'elles soient exigibles à la date du jugement d'ouverture de la procédure collective
ou qu'elles soient nées après l'ouverture de cette procédure, doivent être inscrites, conformément à
l'article L. 3253-19 du code du travail, sur le relevé des créances. Conformément à l'article L. 621-125
du code de commerce, le bureau de jugement du conseil de prud'hommes est seul compétent pour
connaître des litiges relatifs aux créances qui doivent figurer sur un relevé des créances résultant du
contrat de travail, dès lors que le salarié entend obtenir la mise en œuvre de la garantie de l'AGS (Soc.
21 juin 2005, no 0242.499 , Bull. civ. V, no 209. – Soc. 23 oct. 2012, no 11-15.530 , Bull. civ. V,
no 272). Le conseil de prud'hommes, qui n'a pas à observer le préalable de conciliation, statue sur les
créances et, le cas échéant, les fixe au passif de l'employeur.

106. Demandes liées à la procédure collective. - L'article R. 662-3 du code de commerce donne au juge
de la procédure collective une compétence spéciale et d'ordre public (Com. 18 mai 2017, no 15-23.973
, Bull. civ. IV, no 74 ; D. 2017. 1117 ) pour connaître, dans les conditions qu'il précise, des litiges
nés de la procédure collective ou sous son influence juridique : « Sans préjudice des pouvoirs attribués
en premier ressort au juge commissaire, le tribunal saisi d'une procédure de sauvegarde, de
redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire connaît de tout ce qui concerne la sauvegarde, le
redressement et la liquidation judiciaires, l'action en responsabilité pour insuffisance d'actif, la faillite
personnelle ou l'interdiction prévue à l'article L. 653-8, à l'exception des actions en responsabilité civile
exercées à l'encontre de l'administrateur, du mandataire judiciaire, du commissaire à l'exécution du
plan ou du liquidateur qui sont de la compétence du tribunal de grande instance. » En conséquence, la
compétence du conseil de prud'hommes ne concerne que les demandes en lien avec l'exécution du
contrat de travail et qui, sauf exception légale, concernent les relations du salarié avec son employeur.
Mais, ce n'est pas le cas lorsque l'action va au-delà de cette relation entre le salarié et l'employeur et
concerne en réalité les créanciers de l'entreprise en difficulté. Ainsi, lorsque le liquidateur judiciaire
demande la nullité d'un acte sur le fondement des dispositions de l'article L. 632-1, I, 2o, du code de
commerce, il ne se substitue pas au débiteur dessaisi ayant la qualité d'employeur pour agir en son nom,
mais exerce une action au nom et dans l'intérêt collectif des créanciers de sorte que cette dernière ne
peut relever de la compétence du conseil de prud'hommes au motif que l'une des parties a la qualité
d'employeur. De façon plus générale, l'action en nullité, fondée sur l'article L. 632-1, I, 2o, du code de
commerce selon lequel est nul tout contrat commutatif dans lequel les obligations du débiteur excèdent
notablement celles de l'autre partie, est née de la procédure collective. Elle se trouve soumise à son
influence juridique et relève, par conséquent, de la compétence spéciale et d'ordre public du tribunal
de la procédure collective conformément à l'article R. 662-3 du code de commerce (Soc. 12 juin 2019,
no 17-26.197 , en cours de publication).

§ 7 - Avocats

107. Compétence du bâtonnier de l'ordre des avocats. - Les litiges opposant les avocats salariés à leurs
employeurs font l'objet d'une procédure particulière. En application de l'article 7, alinéa 7, de la loi
no 71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques, les
litiges nés à l'occasion d'un contrat de travail ou de la convention de rupture, de l'homologation ou du
refus d'homologation de cette convention ainsi que ceux nés à l'occasion d'un contrat de collaboration
libérale sont, en l'absence de conciliation, soumis à l'arbitrage du bâtonnier, à charge d'appel devant la
cour d'appel (Civ. 1re, 19 juin 2019, no 18-17.782 , en cours de publication).

§ 8 - Exclusion des litiges collectifs

108. Compétence du tribunal judiciaire. - La compétence de la juridiction prud'homale étant limitée


aux seuls litiges individuels, les conflits collectifs relatifs à l'application du droit du travail lui échappent
et relèvent de la compétence du tribunal judiciaire.

109. Critère de distinction. - Le critère de distinction entre les conflits individuels et les conflits
collectifs ne repose pas sur le nombre de parties au procès, mais sur la nature du litige et l'objet de la
demande, peu important que la solution au litige puisse être transposable à d'autres situations et avoir
ainsi des répercussions importantes. Les péripéties procédurales, telles que la jonction de plusieurs
demandes individuelles formées par plusieurs salariés, n'ont aucune incidence sur la qualification
juridique du litige qui continue de relever de la compétence de la juridiction prud'homale (Soc. 13 févr.
1996, no 93-42.309 , Bull. civ. V, no 53). Le litige est individuel lorsque le salarié recherche un
avantage à titre individuel, y compris lorsque sa demande implique d'interpréter une convention
collective, dès lors que le moyen est soulevé au seul profit du salarié (Soc. 20 oct. 1988, no 85-45.164
, Bull. civ. V, no 548). Rappelons à cet égard que la solution n'a d'autorité de la chose jugée qu'entre les
parties au procès. Ainsi, la Cour de cassation retient que pour un litige dont la solution implique
l'interprétation d'une convention collective, conservant un caractère individuel s'il est soulevé par un
salarié à son seul profit, le conseil de prud'hommes est compétent pour interpréter la convention
collective, même si le problème soulevé est susceptible d'intéresser tous les salariés relevant du champ
d'application de la convention collective (Soc. 20 oct. 1988, no 85-45.164 , Bull. civ. V, no 548. – Soc.
18 mars 2008, no 07-41.813 , Bull. civ. V, no 66). L'origine de l'avantage réclamé est indifférente et
peut donc reposer autant sur une convention collective ou un accord collectif, qu'un usage (Soc.
13 févr. 1996, no 93-42.309 , Bull. civ. V, no 53) ou un engagement unilatéral de l'employeur (Soc.
15 janv. 1997, no 94-44.914 , Bull. civ. V, no 20). Telle n'est pas la situation lorsque des salariés ne
présentent aucune demande personnelle, mais entendent faire reconnaître leur propre interprétation
d'un accord collectif. Une telle demande ne porte pas sur un litige individuel et ne relève pas de la
compétence du juge prud'homal (Soc. 30 avr. 1997, no 95-43.227 , Bull. civ. V, no 153). Elle doit être
portée devant le tribunal judiciaire.

110. Litige opposant un employeur et un syndicat. - Le litige entre un employeur et des syndicats quant
à l'interprétation d'accords collectifs relève de la compétence du tribunal judiciaire (Soc. 21 nov. 2012,
no 11-15.057 , Bull. civ. V, no 297). En effet, il ne s'agit pas d'une demande à titre individuel né à
l'occasion d'un contrat de travail. Saisi d'une telle demande, le conseil de prud'hommes doit donc se
déclarer incompétent.

§ 9 - Actions de groupe en matière de discrimination

111. Compétence du tribunal judiciaire. - En application de l'article L. 1134-7 du code du travail, une
action de groupe peut être engagée par une organisation syndicale de salariés représentative au sens des
articles L. 2122-1, L. 2122-5 et L. 2122-9 du code du travail lorsque plusieurs candidats à un emploi, à
un stage ou à une période de formation en entreprise, ou plusieurs salariés, font l'objet d'une
discrimination, directe ou indirecte, fondée sur un même motif figurant parmi ceux mentionnés à
l'article L. 1132-1 et imputable à un même employeur. De même, les associations régulièrement
déclarées depuis au moins cinq ans intervenant dans la lutte contre les discriminations ou œuvrant dans
le domaine du handicap peuvent agir aux mêmes fins pour la défense des intérêts de plusieurs
candidats à un emploi ou à un stage en entreprise. Du reste, un syndicat peut également solliciter l'aide
d'une telle association pour mener sa procédure. Cette action de groupe est portée devant le tribunal
judiciaire (C. trav., art. L. 1134-10 ). Si le conseil de prud'hommes ne peut pas connaître de l'action
de groupe, il n'en demeure pas moins qu'il reste compétent pour statuer sur des litiges individuels
relatifs à une éventuelle discrimination.

§ 10 - Exécution des décisions de justice

112. Exclusion de la compétence du conseil de prud'hommes. - Conformément à l'article R. 1454-27 du


code du travail, les conseils de prud'hommes ne connaissent pas de l'exécution forcée de leur jugement.
Ils peuvent toutefois se réserver la liquidation de l'astreinte lorsqu'ils assortissent d'une telle mesure l'un
de leurs jugements (C. pr. exéc., art. L. 131-3 ). Le bureau de conciliation et d'orientation a le pouvoir
de liquider à titre provisoire les astreintes qu'il a ordonnées (C. trav., art. R. 1454-15 , al. 2).

113. Obligation pour le juge prud'homal de relever d'office l'incompétence. - Le conseil de


prud'hommes est tenu de se déclarer d'office incompétent dans l'hypothèse où il serait saisi d'une
demande relevant de la compétence exclusive du juge de l'exécution (C. pr. exéc., art. R. 121-1 ). Il
doit toutefois recueillir préalablement les observations des parties sur ce moyen relevé d'office,
conformément à l'article 16 du code de procédure civile.

§ 11 - Respect de la séparation des pouvoirs

114. Juge administratif. - La compétence d'attribution du conseil de prud'hommes pour connaître des
litiges individuels nés à l'occasion d'un contrat de travail ne saurait toutefois l'autoriser à méconnaître la
séparation des pouvoirs qui s'exprime par l'autorité de la chose décidée par l'autorité administrative et la
compétence du juge administratif pour connaître des recours contre un acte administratif.

115. Question préjudicielle. - La juridiction prud'homale ne peut pas remettre en cause la légalité d'une
décision administrative ayant autorisé ou refusé d'autoriser le licenciement d'un salarié protégé (Soc.
2 mars 1978, Bull. civ. V, no 147). Ainsi, lorsqu'une autorisation administrative de licenciement d'un
salarié protégé a été accordée à l'employeur, le juge judiciaire ne peut, sans violer le principe de la
séparation des pouvoirs, apprécier le caractère réel et sérieux de la cause du licenciement ni la
régularité de la procédure antérieure à la saisine de l'inspecteur du travail dont le contrôle porte
notamment sur le respect par l'employeur des obligations que des dispositions conventionnelles mettent
à sa charge, préalablement au licenciement, pour favoriser le reclassement (Soc. 3 mars 2010, no 08-
42.526 , Bull. civ. V, no 50 ; D. 2010. 712 ; Dr. soc. 2010. 726, obs. Y. Struillou ; RDT 2010.
246, obs. E. Serverin ). En cas de contestation de la décision administrative, le conseil de
prud'hommes est contraint de surseoir à statuer dans l'attente de la décision du juge administratif sur la
légalité de cette décision. Il appartiendra ensuite à la juridiction prud'homale de tirer les conséquences
de cette décision dans le litige qui lui est soumis. Le juge prud'homal est également tenu par les motifs
retenus par l'autorité administrative, par exemple lorsqu'elle considère que des faits reprochés ne sont
pas établis (Soc. 17 nov. 2015, no 14-22.204 , inédit).

116. Plans de sauvegarde de l'emploi. - La loi no 2013-504 du 14 juin 2013, relative à la sécurisation de
l'emploi, a institué un contrôle administratif sur le plan de sauvegarde de l'emploi, déterminé de façon
unilatérale ou par voie conventionnelle lorsqu'un licenciement économique collectif doit être mis en
œuvre par l'employeur (C. trav., art. L. 1233-57-1 ). Les contestations auxquelles peuvent donner
lieu les décisions administratives d'homologation ou de validation des plans de sauvegarde de l'emploi
relèvent de la compétence du juge administratif (C. trav., art. L. 1235-7-1 ). Le juge prud'homal reste
cependant compétent pour connaître des litiges relatifs à l'application individuelle des mesures prises
en application du plan de sauvegarde de l'emploi, comme par exemple la contestation de la cause
économique du licenciement, la mise en œuvre de l'obligation de reclassement ou des critères d'ordre.
La Cour de cassation considère que la juridiction de l'ordre judiciaire est incompétente pour statuer sur
une demande de communication de pièces formulée à l'encontre de l'employeur par l'expert-comptable
désigné dans le cadre de la procédure de consultation du comité d'entreprise en cas de licenciements
collectifs pour motif économique prévue à l'article L. 1233-30 du code du travail (Soc. 28 mars 2018,
no 15-21.372 , Bull. civ. V, no 46 ; JCP S 2018. II. 1164, note A. Bugada ; RDT 2018. 344, note
C. Dechristé ). Ce point relève du contrôle de l'autorité administrative. Et si le juge judiciaire reste
compétent pour apprécier le respect de l'obligation individuelle de reclassement pesant sur l'employeur
avant tout licenciement économique, son contrôle ne saurait s'exercer sur le contenu du plan de
sauvegarde de l'emploi ni porter atteinte à l'autorité de la chose décidée par l'autorité administrative, le
recours contre cette décision s'exerçant devant le juge administratif (Soc. 21 nov. 2018, nos 17-16.766
et 17-16.767 ; JCP 2018. Actu. 1305, note G. Dedessus-Le-Moustier ; Procédures 2019, no 15, note
A. Bugada ; Gaz. Pal. 2019, no 2, p. 80, note C. Gailhbaud ; D. 2018. Actu. 2240 ; RDT 2019. 41,
obs. Ranc ; RDT 2019. 252, obs. Géa ).

117. Rupture conventionnelle du contrat de travail. - Le législateur a organisé une exception en matière
de rupture conventionnelle du contrat de travail, où l'homologation par l'autorité administrative est
nécessaire, le législateur a néanmoins organisé un bloc de compétence au profit de la juridiction
prud'homale : tout litige concernant la convention, l'homologation ou le refus d'homologation relève de
la compétence du conseil de prud'hommes, à l'exclusion de tout autre recours contentieux ou
administratif (C. trav., art. L. 1237-14 ). Soulignons toutefois que le conseil de prud'hommes n'a pas
le pouvoir pour accorder, en lieu et place de l'autorité administrative, l'homologation d'une convention
de rupture qui aurait été refusée par cette dernière (Soc. 14 janv. 2016, no 14-26.220 , Bull. civ. V,
no 10 ; JCP S 2016. II. 1079, note G. Loiseau ; Dr. soc. 2016. 291, note J. Mouly ).

Section 2 - Compétence territoriale

Art. 1er - Principes

118. Critères de compétence. - L'article R. 1412-1 du code du travail fixe les règles de compétence
territoriale et retient plusieurs critères alternatifs : l'établissement où est accompli le travail ; en cas de
travail à domicile ou en dehors de toute entreprise ou de tout établissement, le domicile du salarié.

119. Option ouverte au salarié. - Le salarié et lui seul peut également porter le litige devant le conseil de
prud'hommes dont dépend le lieu où l'engagement a été contracté ou celui du lieu où l'employeur est
établi. Cette dernière faculté n'est pas ouverte à l'employeur qui, s'il engage une action contre le salarié,
doit obligatoirement la porter devant le conseil de prud'hommes du lieu de l'établissement où le salarié
travaille, ou, à défaut, devant celui du domicile du salarié.

120. Définition de l'établissement. - La notion d'établissement est définie selon des critères matériels.
Elle se distingue de la notion d'établissement utilisée dans le cadre de la représentation du personnel.
L'établissement est examiné au regard des conditions réelles d'exécution du contrat de travail et le juge
va prendre en compte des éléments qui révèlent une certaine permanence des installations de
l'employeur (Soc. 13 nov. 1963, Bull. IV, no 774). Il est possible de retenir à cet effet un magasin, un
bureau, une agence (Soc. 16 juill. 1963, Bull. civ. V, no 607). Il faut que le représentant de l'employeur
ait une capacité de décision. Le critère de l'établissement ne peut pas être utilisé dès lors qu'en réalité le
salarié n'a pas été affecté à un établissement particulier (Soc. 9 mai 1963, Bull. civ. V, no 399). Mais, en
revanche, le juge doit tenir compte des établissements où, en pratique, le salarié a bien été affecté (Soc.
22 avr. 1971, no 70-40.126 , Bull. civ. V, no 299). De même, le fait que le directeur ou le représentant
de l'employeur sur place a un pouvoir de représentation de l'autorité centrale est révélateur de
l'existence d'un établissement (Soc. 12 juin 2001, no 99-43.329 , Bull. civ. V, no 218). En revanche, la
chambre d'hôtel occupée par la salariée à l'occasion de l'exécution de la prestation de travail ne saurait
être regardée comme un établissement au sens de l'article R. 1412-1 du code du travail (Soc. 25 oct.
2000, no 98-42.998 , inédit).
121. Domicile du salarié. - Lorsque le salarié n'est pas affecté à un établissement particulier, il peut
décider de saisir le conseil de prud'hommes du lieu de son domicile. Cette possibilité est ouverte dès
lors qu'il n'est affecté à aucun établissement, même s'il n'a travaillé que sur un seul chantier (Soc.
12 févr. 1992, no 91-41.541 , inédit). Là encore, la compétence territoriale est déterminée en fonction
de la réalité de l'exécution du contrat de travail et peu importe que le salarié soit administrativement
rattaché à un établissement dès lors que ce n'est pas le lieu de son activité (Soc. 27 janv. 1999, no 97-
40.298 , inédit). De même, l'exercice de fonctions techniques ponctuelles dans un endroit ne permet
pas de retenir l'existence d'une affectation à un établissement (Soc. 24 janv. 2001, no 98-45.910 ,
inédit). Il faut rechercher l'activité déterminante. La notion de domicile du salarié renvoie à l'endroit où
ce dernier a son principal établissement, ce que ne constitue pas une simple chambre d'hôtel occupée
lors de l'exécution du contrat de travail (Soc. 25 oct. 2000, no 98-42.998 , inédit). Le domicile à
prendre en compte est celui qu'avait le salarié lors de la saisine du conseil de prud'hommes et non celui
qu'il occupait, par exemple, lors de son licenciement (Soc. 10 avr. 1991, no 87-45.701 , Bull. civ. V,
no 182).

122. Interdiction des clauses dérogatoires de compétence. - L'article R. 1412-4 du code du travail
prohibe les clauses dérogeant à la compétence territoriale des conseils de prud'hommes. De telles
clauses sont réputées non écrites.

Art. 2 - Dessaisissement au profit d'une juridiction limitrophe

123. Cas d'ouverture. - Aux termes de l'article 47 du code de procédure civile, lorsqu'un magistrat ou
un auxiliaire de justice est partie à un litige qui relève de la compétence d'une juridiction dans le ressort
de laquelle celui-ci exerce ses fonctions, le demandeur peut saisir une juridiction située dans un ressort
limitrophe. Le défendeur au procès ou l'une quelconque des parties peut également demander le renvoi
de l'affaire devant une juridiction choisie dans les mêmes conditions.

124. Situation des conseillers prud'hommes. - Dans la mesure où les conseillers prud'hommes sont
constitués d'employeurs ou de salariés désignés en tant que tels, les litiges les concernant ont de grandes
chances de pouvoir relever du conseil de prud'hommes dans lequel ils siègent (Soc. 1er déc. 1988,
no 86-41.120 , Bull. civ. V, no 633). Cette règle s'applique que le conseiller prud'homme soit partie au
procès en son nom personnel ou en qualité de représentant légal d'une partie (Soc. 5 déc. 1990, no 87-
42.544 , Bull. civ. V, no 620). Mais, comme un conseiller prud'homme peut être impliqué dans un
litige sans avoir pour autant la qualité de partie au procès au sens strict du terme, la Cour de cassation a
étendu les hypothèses de dessaisissement au-delà des prévisions de l'article 47 du code de procédure
civile en se fondant sur le principe d'impartialité posé par l'article 6, § 1er de la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. C'est par exemple le cas lorsque le
signataire de la lettre de licenciement se trouve être directeur des ressources humaines et exercer les
fonctions de conseiller prud'homme au sein du conseil saisi de la contestation de ce licenciement, bien
qu'il ne soit pas formellement partie au procès faute d'être le représentant légal de l'employeur (Soc.
19 déc. 2018, no 17-26.376 , JCP 2019. II. 1044, note Brissy). L'exigence d'impartialité s'impose aux
juridictions à l'encontre desquelles un tel grief peut être invoqué, indépendamment des cas visés par
l'article 47 du code de procédure civile, dès lors que la situation peut entrer dans les prévisions de
l'article 6, § 1er de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales.

125. Avocat. - L'article 47 du code de procédure civile concernera aussi les hypothèses où un avocat,
qui est un auxiliaire de justice, est partie au procès alors qu'il appartient au barreau dont relève le
conseil de prud'hommes.

126. Ressort concerné. - La Cour de cassation considère qu'au sens de l'article 47 du code de procédure
civile le ressort dans lequel un conseiller prud'homme exerce ses fonctions est celui de la cour d'appel
dont dépend sa juridiction et qu'en cas de demande de dessaisissement sur ce fondement l'affaire doit
être renvoyée devant une juridiction appartenant à une cour d'appel limitrophe (Soc. 26 nov. 2013,
no 12-11.740 , Bull. civ. V, no 282 ; D. 2013. Actu. 2058 ; JCP S 2014. 1208, note Lahalle ;
Procédures 2014, no 74, note Bugada).

127. Office du juge. - Aucune appréciation d'opportunité n'est ouverte, s'agissant en réalité d'un
problème d'apparence d'impartialité de la juridiction. En conséquence, le juge ne peut rejeter une
demande de renvoi formée en vertu de l'article 47 du code de procédure civile, dès lors que les
conditions d'application en sont remplies (Civ. 2e, 6 janv. 2012, no 10-27.998 , Bull. civ. II, no 4).

128. Transfert du dossier. - En cas de renvoi devant une juridiction limitrophe en application de
l'article 47 du code de procédure civile, la procédure est poursuivie devant la juridiction désignée dans
l'état dans lequel elle se trouvait avant le dessaisissement, de sorte qu'il n'y a pas lieu de renouveler le
préliminaire de conciliation si celui-ci avait déjà été effectué (Soc. 7 nov. 1995, no 93-43.806 , Bull.
civ. V, no 291 ; JCP 1996. I. 3938 no 10, obs. Cadiet).

129. Droit autonome. - Le droit de saisir une juridiction limitrophe dans les conditions de l'article 47 du
code de procédure civile n'est pas subsidiaire. Dès lors, le magistrat concerné peut s'en prévaloir, sans
être de l'invoquer uniquement après avoir exercé l'une des autres options de compétence ouvertes par
l'article R. 1412-1 du code du travail (Soc. 27 mai 1998, no 96-41.311 , Bull. civ. V, no 285). Le choix
de l'option lui appartient donc exclusivement.
Section 3 - Compétence internationale

130. Mise en œuvre des règles de droit international privé. - Lorsque le litige prud'homal implique une
partie de nationalité étrangère ou lorsque le contrat a été conclu ou exécuté à l'étranger, il est nécessaire
de mettre en œuvre un certain nombre de règles de droit international privé. Le juge doit donc
déterminer, d'une part, le juge compétent pour connaître du litige, en mettant en œuvre les différents
dispositifs de détermination de la compétence territoriale, et, d'autre part, la loi applicable pour
trancher le fond du litige, étant précisé que ces deux points sont indépendants l'un de l'autre. Ainsi, le
conseil de prud'hommes, compétent en raison de la règle de compétence applicable peut être amené à
mettre en œuvre le droit étranger applicable à la relation de travail selon les règles de droit international
privé (Soc. 7 sept. 2004, no 02-41.417 , Bull. civ. V, no 225. – Soc. 7 nov. 2018, no 16-27.692 ,
Bull. civ. V, no 216 ; D. 2018. Somm. 2192 ; RDT 2018. 800, note A. Moulinier ; JCP S 2019.
II. 1008, note S. Laval).

Art. 1er - Au sein de l'Union européenne

131. Règlement no 1215/2012 du 12 décembre 2012. - Pour ce qui concerne les litiges qui vont
impliquer des éléments d'extranéité sur le ressort de l'Union européenne, les règles de compétence sont
définies par le règlement (CE) no 1215/2012 du 12 décembre 2012, qui a remplacé le règlement (CE)
no 44/2001 du Conseil du 22 décembre 2000 : un employeur domicilié sur le territoire d'un État
membre peut être attrait devant les juridictions de l'État membre où il a son domicile ou dans un autre
État membre, devant la juridiction du lieu où à partir duquel le travailleur accomplit habituellement
son travail ou devant la juridiction du dernier lieu où il a accompli habituellement son travail. Lorsque
le travailleur n'accomplit pas ou n'a pas accompli habituellement son travail dans un même pays, il peut
saisir la juridiction du lieu où se trouve ou se trouvait l'établissement qui a embauché le travailleur.
Ainsi, un employeur ayant son domicile sur le territoire d'un État membre peut être attrait dans un
autre État membre devant le tribunal du lieu où le salarié accomplit habituellement son travail (Soc.
27 nov. 2013, no 12-20.426 , Bull. civ. V, no 293).

132. Employeur extérieur à l'Union européenne. - L'employeur qui n'est pas domicilié sur le territoire
d'un État membre peut être attrait devant les juridictions d'un État membre dans les mêmes conditions.
C'est par exemple le cas pour un salarié employé par un club sportif domicilié à l'extérieur de l'Union
européenne qui exerçait des fonctions de masseur-kinésithérapeute, essentiellement lors
d'entraînements, au centre de formation du club, auquel il était contractuellement rattaché, qui se
trouvait sur le territoire français, alors qu'un nombre important de rencontres sportives auxquelles il a
pu participer se déroulaient sur le territoire français. Ce salarié a pu attraire son employeur devant le
conseil de prud'hommes de son domicile situé en France, dès lors que la circonstance que des matchs
requérant sa présence se soient déroulés à Monaco n'infirmait pas la constatation selon laquelle
l'essentiel de la prestation de travail avait été réalisé sur le territoire français (Soc. 5 déc. 2018, no 17-
19.935 , JCP S 2019. II. 1009, note J.-Ph. Lhernould).

133. Lieu de travail habituel. - La Cour de cassation, qui reprend la jurisprudence de la Cour de Justice
de l'Union européenne (CJUE 27 févr. 2002, Weber, aff. C-37/00), retient que le lieu de travail
habituel est l'endroit où le travailleur accomplit la majeure partie de son temps de travail pour le
compte de son employeur en tenant compte de l'intégralité de la période d'activité du travailleur. En cas
de périodes stables de travail dans des lieux successifs différents, le dernier lieu d'activité doit être
retenu dès lors que, selon la volonté claire des parties, il a été décidé que le travailleur y exercerait de
façon stable et durable ses activités. Lorsque le salarié a effectué une succession de contrats à durée
déterminée, il est nécessaire de rechercher si ces contrats doivent être considérés dans leur ensemble
pour déterminer une compétence juridictionnelle unique (Soc. 28 sept. 2016, no 15-17.188, Bull.
civ. V, no 182 ; JCP S 2016. 1408, note Ph. Coursier).

134. Règles d'ordre public. - Les règles de compétence issues du droit de l'Union européenne sont
d'ordre public et il n'est pas possible d'y déroger. Elles s‘imposent donc aux parties, comme aux États
membres et aux juges nationaux (CJCE 19 janv. 1993, Shearson Lehman Hutton Inc., aff. C-89/91
). L'article 19 du règlement no 44/2001, repris par l'article 21 du règlement 1215/2012, instaure des
règles de compétence spéciales qui interdisent à l'État membre saisi par un salarié d'une demande
dirigée contre son employeur domicilié dans un autre État membre de se référer à ses propres règles de
compétence pour déterminer quelle est la juridiction compétente. La Cour de cassation en déduit que
lorsqu'il résulte des constatations des juges du fond que le salarié a exécuté son travail sur différents
chantiers en France, dont le dernier était situé dans une ville qui n'était pas celle de son domicile, la
cour d'appel ne pouvait se fonder sur les dispositions du code du travail pour dire que la juridiction
compétente était celle du domicile du salarié (Soc. 20 sept. 2006, no 04-45.717 , Bull. civ. V, no 268 ;
D. 2006. 2344 ; Dr. soc. 2005. 1200, obs. J.-P. Lhernoud ).

135. Indifférence des règles de sécurité sociale sur la compétence en droit du travail. - Les règles de
sécurité sociale, comme l'affiliation de l'employeur dans un autre État membre, n'ont aucun effet sur la
détermination du juge compétent. Ainsi, la délivrance du certificat E 101, devenu A1, sur la base de
déclarations unilatérales faites par un employeur auprès d'une institution de sécurité sociale d'un autre
État membre ne saurait faire échec à la compétence du juge prud'homal français déterminée, en
application de l'article 19 du règlement CE no 44/2001 du 22 décembre 2000 concernant la
compétence judiciaire, qui a été repris par l'article 21 du règlement (CE) no 1215/2012, par les
conditions d'accomplissement du travail et le choix des parties (Soc. 10 juin 2015, no 13-27.799 ,
Bull. civ. V, no 123). De même, le litige relatif à la rupture d'un contrat de travail et aux créances
salariales durant une relation de travail ne relève pas de la procédure d'insolvabilité, ainsi que cela
résulte des articles 4 et 10 du règlement (CE) no 1346/2000 du Conseil du 29 mai 2000 relatif aux
procédures d'insolvabilité. Le juge compétent doit être déterminé en application de l'article 19 u
règlement (CE) no 44/2001 du Conseil du 22 décembre 2000, repris par l'article 21 du règlement (CE)
no 1215/2012 (Soc. 10 juin 2015, no 13-27.813 et autres, Bull. civ. V, no 123).

136. Dérogations ouvertes. - L'article 21 du règlement no 1215/2012 prévoit qu'il ne peut être dérogé
aux règles de compétence que par des conventions postérieures à la naissance du différend ou qui
permettent au travailleur de saisir d'autres juridictions que celles prévues par le règlement.

137. Détachement temporaire sur le territoire national. - L'article R. 1412-5 du code du travail précise
que lorsqu'un salarié est temporairement détaché sur le territoire national par une entreprise établie
dans un autre État membre de l'Union européenne, les contestations relatives aux droits reconnus dans
les matières énumérées à l'article L. 1262-4 du code du travail peuvent être portées devant le conseil de
prud'hommes dans le ressort duquel la prestation de travail a été exécutée. Lorsque la prestation a été
exécutée dans le ressort de plusieurs conseils de prud'hommes, ces contestations sont portées devant
l'une quelconque de ces juridictions. Les matières concernées, telles qu'elles sont visées à l'article
L. 1262-4 du code du travail, sont les libertés individuelles et collectives du travail, la discrimination et
l'égalité professionnelle entre hommes et femmes, la protection de la maternité, les congés de maternité,
de paternité et d'accueil de l'enfant et les congés pour événements familiaux, les conditions de mise à
disposition et les garanties dues aux salariés par les entreprises exerçant une activité de travail
temporaire, l'exercice du droit de grève, la durée du travail et les congés payés, les conditions
d'assujettissement aux caisses de congés et intempéries, le salaire minimal et le paiement du salaire et de
ses accessoires, les règles relatives à la santé et à la sécurité au travail et celles relatives au travail illégal.

Art. 2 - En dehors de l'Union européenne

138. Accord international. - S'il existe une convention internationale liant la France, la règle de
compétence territoriale sera déterminée en application de cet accord international qui s'impose en
application de l'article 55 de la Constitution. C'est par exemple le cas pour la Convention de Lugano
du 30 octobre 2007 qui lie l'Union européenne aux États de l'AELE et notamment la Suisse, l'Islande et
la Norvège (pour une illustration : Soc. 25 janv. 2012, no 10-28.155 , Bull. civ. V, no 24). Ce n'est
qu'en l'absence d'une telle convention internationale qu'il sera alors fait application des règles de
compétence françaises, de façon subsidiaire.
139. Règles subsidiaires en l'absence d'accord international liant les États concernés. - En l'absence de
convention internationale, le droit interne sera appliqué. Ainsi, en application de l'article 14 du code
civil, l'étranger, même non résidant en France, peut être attrait devant la juridiction prud'homale
française, pour l'exécution des obligations qu'il a contractées avec un Français en vertu d'un contrat de
travail. La juridiction prud'homale peut également être saisie pour l'exécution des obligations
contractées dans un pays étranger envers des Français. Le critère de la nationalité française peut être
invoqué dès lors que la condition est réunie lors de la saisine de la juridiction française. Dans ce cas, il
n'y a pas lieu de tenir compte de la nationalité des autres parties, dès lors que le demandeur français
justifie d'un intérêt à exercer en son nom propre l'action en justice devant les juridictions françaises
(Civ. 1re, 3 déc. 1996, no 94-17.863 , Bull. civ. I, no 426 ; D. 1997. IR 10 ). Le conseil de
prud'hommes compétent sera donc désigné selon les règles prévues par les articles R. 1412-1 et suivants
du code du travail et au regard des modalités réelles d'exécution du travail (Soc. 19 mai 1988, no 87-
42.286 , Bull. civ. V, no 305). Les dispositions de l'article 14 du code civil s'imposent au juge français,
sauf si le plaideur national a renoncé à leur bénéfice de façon expresse ou tacite (Civ. 1re, 30 sept. 2009,
no 08-16.141 , Bull. civ. I, no 191 ; D. 2009. AJ 2419, obs. Gallmeister ; JCP 2009. 346, obs.
Cornut). L'article 15 du code civil ajoute qu'un Français peut être traduit devant un tribunal en France
pour des obligations contractées par lui à l'étranger, y compris avec un étranger.

140. Possibilité de renonciation. - Les dispositions des articles 14 et 15 du code civil ne sont pas d'ordre
public, de sorte qu'un plaideur français peut y renoncer et que le juge ne peut pas les mettre en œuvre
d'office (Civ. 1re, 19 juill. 1989, no 88-12.592 , Bull. civ. I, no 296. – Civ. 1re, 26 mai 1999, nos 97-
15.433 et 97-16.128, Bull. civ. I, no 171).

141. Contrat exécuté en dehors de tout établissement par un salarié établi à l'étranger. - Lorsque le
contrat est exécuté en France, mais en dehors de tout établissement particulier par un salarié français ou
étranger domicilié hors de France, le litige devra être porté devant le conseil de prud'hommes désigné
par l'article R. 1412-1 du code du travail. Toutefois, si celui-ci désigne une juridiction étrangère, le
salarié français demandeur pourra invoquer le privilège de juridiction prévu par l'article 14 du code
civil et saisir la juridiction prud'homale.

142. Contrat exécuté dans un établissement situé en France par un salarié établi à étranger. - Lorsque le
contrat est exécuté en France dans un établissement, par un salarié français ou étranger établi hors de
France, la demande doit être portée devant le conseil de prud'hommes du lieu de l'établissement selon
les règles normales prévues par l'article R. 1412-1 du code du travail (Soc. 26 janv. 1989, no 86-40.766
, Bull. civ. V, no 76 ; Dr. soc. 1989. 729, obs. A. Jammaud).

143. Contrat exécuté à l'étranger par un salarié français. - En l'absence de disposition contraire
applicable, lorsque le contrat est exécuté à l'étranger, la juridiction du domicile, en France, de
l'employeur, est compétente pour connaître du litige l'opposant à son salarié français (Soc. 16 mars
1989, no 03-43.548, Bull. civ. V, no 227). En revanche, lorsque le salarié français travaille à l'étranger,
le critère du domicile en France du salarié peut être retenu (Soc. 19 mai 1988, no 87-42.286 , Bull.
civ. V, no 305).

144. Clause compromissoire. - Une clause compromissoire insérée dans un contrat de travail
international, qui prévoit l'intervention d'une institution étrangère, est inopposable au salarié qui a saisi
régulièrement le conseil de prud'hommes compétent en vertu de la loi de compétence française. Cette
solution est acquise que le contrat de travail soit exécuté en France (Soc. 16 févr. 1999, no 95-40.643,
Bull. civ. V, no 78) ou à l'étranger (Soc. 9 oct. 2001, no 99-43.288 , Bull. civ. V, no 312 ; Dr. soc.
2002. 122, note M.-A. Moreau . – Soc. 28 juin 2005, no 03-45.042 , Bull. civ. V, no 216).

Art. 3 - Immunité de juridiction

145. Principes. - En application des principes de droit international relatifs à l'immunité de juridiction
des États étrangers, un État souverain ne peut pas en juger un autre pour des actes relevant de l'exercice
de sa souveraineté. Le salarié d'un État étranger peut donc, dans certains cas, se voir opposer une fin de
non-recevoir tirée de l'immunité de juridiction de son employeur.

146. Accès au juge. - L'immunité de juridiction ne peut être opposée de façon générale et la Cour
européenne des droits de l'homme invite les États européens à retenir une conception stricte de
l'immunité de juridiction des États étrangers afin de garantir un accès effectif au juge tel que prévu par
l'article 6-1 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH Cudak c/ Lituanie, req.
no 15869/02. – CEDH, gr. ch., 29 juin 2011, Sabeh Le Leil c/ France, req. no 34869/05 ).

147. Acte participant à la souveraineté de l'État concerné. - La Cour de cassation juge que les États
étrangers et les organismes qui en constituent l'émanation ne bénéficient de l'immunité de juridiction
qu'autant que l'acte qui donne lieu au litige participe, par sa nature ou sa finalité, à l'exercice de la
souveraineté de ces États. Cette définition exclut les actes qui ne peuvent pas relever de l'immunité de
juridiction, comme c'est le cas des actes de gestion (Cass., ch. mixte, 20 juin 2003, nos 00-45.629 et
00-45.630, Bull. ch. mixte, no 4). Par exemple, l'immunité de juridiction n'est pas applicable à l'acte de
gestion administrative consistant pour un État étranger à déclarer ou à ne pas déclarer un salarié à un
régime français de protection sociale en vue de son affiliation (Soc. 28 févr. 2012, no 11-18.952 , Bull.
civ. V, no 77). Il en va de même pour le contrat de travail signé par un salarié agissant en qualité
d'assistant administratif au service consulaire d'un État étranger et qui ne participe pas au service public
de cet État. Dès lors, la demande en paiement d'heures supplémentaires et de congés payés s'analyse en
un acte de gestion exclusif du principe de l'immunité de juridiction, qui, de ce fait, peut être portée
devant le conseil de prud'hommes (Soc. 23 mars 2017, no 15-22.890 , Bull. civ. V, no 57).

Section 4 - Traitement des questions de compétence

Art. 1er - Compétence d'ordre public

148. Interdiction des clauses dérogatoires de compétence. - Le caractère d'ordre public et


l'indisponibilité de la compétence de la juridiction prud'homale résultent de l'article L. 1411-4,
alinéa 1er du code du travail, qui énonce : « Le conseil de prud'hommes est seul compétent, quel que
soit le montant de la demande, pour connaître des différends mentionnés au présent chapitre. Toute
convention contraire est réputée non écrite. » L'article L. 1221-5 du code du travail ajoute que toute
clause attributive de juridiction incluse dans le contrat de travail est nulle et de nul effet. De même, il
n'est pas possible de déroger aux règles de compétence territoriale de la juridiction prud'homale, ainsi
que dispose l'article R. 1412-3 du code du travail : « Toute clause d'un contrat qui déroge directement
ou indirectement aux dispositions de l'article R. 1412-1, relatives aux règles de compétence territoriale
des conseils de prud'hommes, est réputée non écrite. » La prohibition des clauses attributives de
juridiction est absolue (Soc. 25 mars 1963, Bull. civ. IV, no 293), qu'elles portent sur la nature de la
juridiction ou sur son siège (Soc. 9 mai 1962, Bull. civ. IV, no 420). Il en va de même pour une clause
attributive de juridiction incluse dans un contrat de travail international et qui aurait pour effet de faire
échec aux dispositions impératives de l'article R. 1412-1 du code du travail qui sont applicables dans
l'ordre juridique international (Soc. 29 sept. 2010, no 09-40.688 , Bull. civ. V, no 204 ; Dr. soc. 2011.
212, note Chaumette ; JCP S 2011. 1036, note Tricoit).

149. Application par les autres juridictions. - La compétence d'attribution du conseil de prud'hommes
étant d'ordre public, elle s'impose aux parties comme au juge. Dès lors, une autre juridiction ne peut
statuer sur un litige relevant de la compétence de la juridiction prud'homale et peut être amenée à se
déclarer incompétente, d'office ou à la demande des parties. Les parties ne peuvent pas éluder la
compétence du conseil de prud'hommes (Soc. 16 déc. 1960, Bull. civ. IV, no 1202. – Soc. 2 févr. 1961,
Bull. civ. IV, no 163). La compétence de la juridiction prud'homale s'impose également aux autres
juridictions. Toutefois, comme ces juridictions ne sont pas tenues de relever d'office leur incompétence,
il ne peut pas leur être fait grief de s'être abstenu de le faire (Soc. 19 déc. 2000, nos 98-42.351 et 98-
42.352, Bull. civ. V, no 438 ; Dr. soc. 2001. 458, obs. C. Roy-Loustaunau ). Réciproquement, en sa
qualité de juridiction d'exception, le conseil de prud'hommes peut relever d'office son incompétence au
profit d'une autre juridiction, même si, sauf exception notamment au profit du juge de l'exécution
(C. pr. ex., art. R. 121-1), il n'en a pas l'obligation (Soc. 28 sept. 2010, no 09-41.243 , inédit).

150. Modes alternatifs de règlement des litiges. - Le législateur a ouvert la possibilité aux parties de
recourir à certains modes alternatifs de règlement des litiges. Ainsi, en application de l'article 1529 du
code de procédure civile, les parties peuvent recourir aux procédures de médiation et de conciliation
conventionnelles (C. pr. civ., art. 1532 à 1541 ). Elles peuvent également convenir d'une
procédure participative (C. pr. civ., art. 1542 s.). Ces diverses procédures conventionnelles
n'échappent pas totalement à la compétence de la juridiction prud'homale puisque l'article R. 1471-1
du code du travail prévoit que le bureau de conciliation et d'orientation homologue l'accord issu d'un
mode de résolution amiable des différends.

151. Dispositions imposant un préalable de conciliation. - En dehors des procédures de règlement des
litiges ouvertes par la loi, il n'est pas possible de subordonner la saisine de la juridiction prud'homale à
un préalable de conciliation ou d'arbitrage, d'autant que sauf exception légale liée à des impératifs de
célérité, le préalable de conciliation est obligatoire devant le conseil de prud'hommes. Ainsi, la chambre
sociale de la Cour de cassation considère que la saisine préalable obligatoire d'une commission paritaire
ne saurait constituer, à défaut de dispositions légales, une condition de recevabilité de l'action
prud'homale (Soc. 30 juin 2004, no 02-41.518 , inédit). La jurisprudence considère également que le
préalable de conciliation institué par un accord collectif n'interdisait pas la saisine directe du juge civil
si l'accord en question ne conférait pas au préliminaire de conciliation un caractère obligatoire (Soc.
13 janv. 2010, no 08-18.202 , Bull. civ. V, no 10). C'est en se fondant sur l'existence du préalable de
conciliation devant le conseil de prud'hommes que la chambre sociale refuse toute portée à la clause
d'un contrat de travail instituant une procédure de conciliation préalable en cas de litige (Soc. 5 déc.
2012, no 11-20.004 , Bull. civ. V, no 326). Il en va de même pour le règlement intérieur qui
instituerait une telle procédure (Soc. 5 janv. 1961, Bull. civ. IV, no 4).

Art. 2 - Conditions d'exercice de l'exception d'incompétence

§ 1er - Exception de procédure


152. Nature. - Le moyen par lequel une partie soulève une exception d'incompétence a d'abord pour
objet de suspendre la procédure, le temps qu'elle soit portée devant le juge désigné comme compétent.
Elle entre donc dans la catégorie des exceptions de procédure définie par l'article 73 du code de
procédure civile.

153. Moyen devant être soulevé avant toute défense au fond. - Comme toutes les exceptions,
l'exception d'incompétence doit, en application de l'article 74 du code de procédure civile, être soulevée
simultanément aux autres exceptions et avant toute défense au fond ou fin de non-recevoir. Il en va
ainsi même si l'exception repose sur une règle d'ordre public.

154. Référé. - Notons qu'en matière de référé, le moyen tiré de l'existence d'une contestation sérieuse
ou de l'absence d'urgence n'a pas pour objet de contester la compétence de la juridiction des référés,
mais les pouvoirs du juge des référés (Civ. 3e, 30 mars 2017, no 16-10.366 , Bull. civ. III, no 47 ;
D. 2017. Actu. 814 ; RTD civ. 2017. 728, obs. Cayrol ; Procédures 2017, no 123, obs. Strickler).
Il ne s'agit donc pas d'une exception d'incompétence devant être soulevée avant toute défense au fond
(Civ. 3e, 19 mars 1986, Bull. civ. III, no 34 ; Gaz. Pal. 1987. Somm. 55, obs. Guinchard et Moussa). Du
reste, le fait pour une partie d'indiquer à tort qu'elle soulève l'incompétence du juge des référés, alors
même que le moyen tend en réalité à contester les pouvoirs de ce dernier, n'en fait pas pour autant une
exception d'incompétence devant être présentée avant toute défense au fond. Ainsi, la Cour de
cassation a jugé que l'employeur qui soutenait que la juridiction de référé était « incompétente » pour
statuer sur la demande d'annulation d'une sanction disciplinaire irrégulière en la forme a soulevé, non
une exception d'incompétence, mais un moyen relatif aux pouvoirs de la juridiction des référés qui
pouvait être présenté en tout état de cause (Soc. 23 mars 1989, no 86-40.053 , Bull. civ. V, no 253).

155. Conditions de présentation de l'exception d'incompétence en matière prud'homale. - La procédure


devant le conseil de prud'hommes étant orale, en application de l'article R. 1453-3 du code du travail,
l'ordre de présentation des diverses demandes est apprécié lors de la comparution des parties devant le
juge et non en fonction des écritures qu'elles ont pu déposer ou notifier avant l'audience de jugement.
En effet, en procédure orale, la recevabilité des conclusions écrites est, sauf exception, toujours
subordonnée à la comparution de la partie qui les a déposées (Soc. 13 sept. 2017, no 16-13.578 , Bull.
civ. V, no 136 ; JCP 2017. II. 1092, note V. Orif). Peu importe donc que la partie qui soulève
l'incompétence ait notifié des conclusions au fond lors de la préparation du procès, si lors de sa
comparution elle a effectivement développé son exception d'incompétence avant toute référence à une
défense au fond (Civ. 2e, 16 oct. 2003, no 01-13.036 , Bull. civ. II, no 311 ; D. 2004. 454, note Mary
; RTD civ. 2004. 138, obs. Perrot ; Procédures 2003, no 248, obs. Perrot). Bien entendu, une
partie qui a plaidé au fond ne peut pas soulever ensuite l'incompétence de la juridiction par voie de
note en délibéré (Soc. 17 déc. 1987, no 86-60.330 , Bull. civ. V, no 761). Rappelons à cet égard qu'en
application de l'article 445 du code de procédure civile les notes en délibéré sont interdites sauf si elles
ont pour objet de répondre aux arguments développés par le ministère public ou si elles sont déposées à
la demande du président afin de répondre à un moyen relevé d'office ou de présenter les explications
sollicitées par lui.

156. Conditions pratiques. - Il convient de préciser que l'obligation de présenter l'exception


d'incompétence avant toute défense au fond ne signifie pas que le défendeur doive s'exprimer avant le
demandeur pour la présenter. L'article 74 du code de procédure civile fixe simplement l'ordre de
présentation des diverses exceptions, moyens ou demandes des parties lors de leur tour de parole
respectif. Or, contrairement à certaines pratiques, présenter une exception avant toute défense au fond
ne signifie pas qu'elle doive être soumise au juge in limine litis, au commencement du procès ou dès
l'ouverture des débats. En réalité, dans une procédure orale telle que celle en vigueur devant le conseil
de prud'hommes, il suffit que chaque partie présente l'exception d'incompétence avant toute demande
au fond ou fin de non-recevoir lorsqu'elle prend son tour de parole.

157. Office du juge. - La Cour de cassation fait une application stricte de cette règle et considère que
les exceptions doivent, à peine d'irrecevabilité, être soulevées avant toute défense au fond ou fin de
non-recevoir, y compris lorsque les règles invoquées au soutien de l'exception seraient d'ordre public et
que la partie à laquelle elle est opposée n'invoquerait pas sa tardiveté (Civ. 2e, 29 oct. 1986, no 85-
14.011 , Bull. civ. II, no 154 ; D. 1987. Somm. 229, obs. Julien). Le juge peut donc relever d'office
cette irrecevabilité.

158. Position du demandeur. - Bien entendu, le demandeur ne peut pas soulever l'incompétence de la
juridiction qu'il a lui-même saisie (Civ. 2e, 7 déc. 2000, no 99-14.902 , Bull. civ. II, no 163).
Toutefois, le demandeur à l'instance peut solliciter de la juridiction qu'il a saisie le renvoi de l'affaire
devant une autre juridiction en application de l'article 47 du code de procédure civile dès lors qu'il
justifie que lors de l'introduction de l'instance il ignorait la cause justifiant le renvoi (Civ. 2e, 5 juill.
2000, no 99-42.965 , Bull. civ. II, no 108). En conséquence, un requérant peut demander au conseil
de prud'hommes de renvoyer l'affaire devant un autre conseil de prud'hommes s'il apprend, après avoir
déposé sa requête, que son adversaire a la qualité de conseiller prud'homme.

§ 2 - Obligation de désigner la juridiction compétente

159. Motivation et objet de l'exception d'incompétence. - L'article 75 du code de procédure civile


impose à la partie qui soulève une exception de procédure de la motiver et de préciser devant quelle
juridiction l'affaire devrait, selon elle, être renvoyée. Cette obligation de motivation et de désignation de
la juridiction considérée comme compétente est générale et s'impose à l'auteur de l'exception y compris
lorsque le juge ne peut pas transmettre l'affaire à la juridiction effectivement compétente, ainsi que c'est
le cas, en application de l'article 81 du code de procédure civile, pour les juridictions répressive,
administrative, arbitrale ou étrangère (Civ. 1re, 8 juill. 2009, no 08-16.711 , Bull. civ. I, no 156. –
Civ. 2e, 21 févr. 2019, no 17-28.857 , en cours de publication ; JCP 2019. Actu. 265, note Harold
Herman ; D. actu 14 mars 2019, note Boize).

160. Impossibilité de proposer plusieurs alternatives de compétence. - L'auteur de l'exception


d'incompétence ne peut pas proposer plusieurs possibilités de juridictions compétentes, sauf lorsqu'il se
prévaut d'une option de compétence prévue par la loi. Il ne peut donc pas proposer la désignation d'une
juridiction à titre principal, puis une autre à titre subsidiaire (Civ. 1re, 9 janv. 2007, no 04-11.779 ,
Bull. civ. I, no 4 ; D. 2007. AJ 513 ).

161. Juridiction étrangère. - Lorsqu'une partie soulève une exception d'incompétence au profit d'une
juridiction étrangère, il suffit pour celle-ci de préciser l'État dont relève cette juridiction sans avoir à
préciser ni sa nature ni sa localisation exacte (Soc. 17 mars 1998, no 93-40.442 , Bull. civ. V, no 351).
En pratique, les plaideurs ne sont pas tenus de connaître le détail de l'organisation judiciaire de l'État
dont relève la juridiction étrangère compétente.

162. Juridiction administrative. - En revanche, l'impossibilité dans laquelle se trouve la juridiction saisie
d'une exception d'incompétence au profit du juge administratif de désigner la juridiction administrative
à saisir, en raison de la séparation des autorités administratives et judiciaires, ne dispense pas le plaideur
de l'obligation qui lui est faite, par l'article 75 du code de procédure civile, de faire connaître devant
quelle juridiction administrative l'affaire doit être précisément portée (Civ. 1re, 8 juill. 2009, no 08-
16.711 , Bull. civ. I, no 156. – Civ. 2e, 21 févr. 2019, no 17-28.857 ; JCP 2019. Actu. 265, note
H. Herman).

Art. 3 - Examen de l'exception d'incompétence par le conseil de prud'hommes

163. Office du juge. - Conformément à l'article 76 du code de procédure civile, le conseil de


prud'hommes peut relever d'office son incompétence en matière contentieuse en cas de violation d'une
règle de compétence lorsque cette règle est d'ordre public ou lorsque le défendeur ne comparaît pas. De
même, il peut relever d'office son incompétence territoriale lorsque le défendeur ne comparaît pas
(C. pr. civ., art. 77 ). Naturellement, le juge ne peut retenir d'office son incompétence, matérielle ou
territoriale, qu'après avoir invité les parties à présenter leurs observations ainsi qu'il résulte de l'article
16 du code de procédure civile. Sauf exception légale, le juge n'est jamais tenu de relever d'office son
incompétence et il ne peut donc pas lui être reproché de s'être abstenu de le faire (Civ. 2e, 29 nov.
1978, no 76-15.612 , Bull. civ. II, no 252. – Soc. 28 sept. 2010, no 09-41.243 , inédit).

164. Jugement statuant sur la compétence et sur le fond. - Le conseil de prud'hommes peut statuer dans
un même jugement, mais par des dispositions distinctes, sur la question de compétence puis sur le fond
du litige s'il a estimé devoir retenir sa compétence, être compétent pour en connaître (C. pr. civ., art. 78
). De même, lorsqu'il ne se prononce pas sur le fond du litige, mais que la détermination de la
compétence dépend d'une question de fond, la juridiction doit, dans sa décision, statuer sur cette
question de fond et sur la compétence par des dispositions distinctes (C. pr. civ., art. 79 ). C'est
notamment le cas lorsque l'incompétence de la juridiction prud'homale est soulevée parce que
l'existence d'un contrat de travail est contestée. Le conseil de prud'hommes devra donc d'abord trancher
la question de la qualification du contrat avant d'en tirer les conséquences sur la compétence. Cette
obligation de statuer par des chefs de dispositifs distincts n'est pas prévue à peine de nullité du
jugement (Civ. 1re, 27 nov. 1985, no 84-10.899 , Bull. civ. I, no 326). Notons toutefois que
l'employeur qui indique ne pas avoir soulevé l'incompétence du conseil de prud'hommes, reconnaissant
par là même la compétence de ce dernier, ne peut pas ensuite faire grief au conseil de prud'hommes de
ne pas avoir statué par des dispositions distinctes, d'une part, sur la question de fond dont dépendait la
solution du litige et, d'autre part, sur celle-ci (Soc. 16 mars 1976, no 75-40.212 , Bull. civ. V, no 139 ;
D. 1976. IR 131).

165. Jugement sur la compétence alors que les parties n'ont pas conclu au fond. - Lorsque le juge se
déclare compétent et que les parties n'ont pas conclu au fond, il est nécessaire d'inviter ces dernières à le
faire avant de trancher le litige sur le fond de l'affaire (C. pr. civ., art. 78 ). En pratique, le jugement
doit fixer le délai dans lequel les parties doivent présenter leurs observations au fond, quitte à tirer
toutes conséquences de droit en cas d'abstention, soit en jugeant l'affaire au fond, soit en la radiant pour
défaut de diligence des parties (C. pr. civ., art. 381 ).

166. Suspension de l'instance en cas de jugement statuant uniquement sur la compétence. - Si le conseil
de prud'hommes se déclare compétent sans statuer sur le fond, l'instance est suspendue jusqu'à
l'expiration du délai d'appel, et, en cas d'appel, jusqu'à ce que la cour d'appel ait rendu sa décision
(C. pr. civ., art. 80 ). En pratique, le conseil doit inviter les parties à justifier de l'usage du droit
d'appel et, le cas échéant, du sort de la procédure devant la cour d'appel. En cas d'abstention de leur
part, l'affaire peut être radiée pour défaut de diligence (C. pr. civ., art. 381 ).

167. Jugement se déclarant incompétent au profit d'une juridiction répressive, administrative, arbitrale
ou étrangère. - Conformément à l'article 81 du code de procédure civile, lorsque le conseil de
prud'hommes se déclare incompétent au profit d'une juridiction répressive, administrative, arbitrale ou
étrangère, il renvoie les parties à mieux se pourvoir. Il appartient alors à la plus diligente d'entre elles de
saisir le juge compétent selon les règles de procédure applicables devant ce dernier. Dans tous les autres
cas, le conseil de prud'hommes doit désigner la juridiction qu'il considère comme compétente. À défaut
d'appel dans le délai prescrit, le dossier est aussitôt transmis, avec une copie de la décision, à la
juridiction désignée compétente par le conseil de prud'hommes. À réception du dossier, les parties sont
invitées à poursuivre la procédure par le greffe de la juridiction compétente (C. pr. civ., art. 82 ).
Cette désignation de compétence s'impose aux parties, comme au juge de renvoi. Celui-ci ne peut pas
se déclarer incompétent, que ce soit sur requête des parties ou d'office et doit statuer sur les demandes
(Civ. 2e, 19 mars 2009, no 08-12.814 , Bull. civ. II, no 77 ; Procédures 2009, no 148, note Perrot).

168. Délai d'appel. - Le délai d'appel contre la décision d'incompétence est de un mois (C. trav.,
art. R. 1461-1 ), sauf pour les ordonnances de référé où il est de quinze jours (C. trav., art. R. 1455-
11 ). Il court à compter de la notification de la décision. La suppression du contredit par le décret
no 2017-891 du 6 mai 2017 (V. KEBIR, Le contredit n'est plus, vive l'appel, D. actu. 29 mai 2017. –
CROZE, Dernier appel de la République hollandaise, Procédures 2017. Étude 23) a largement
simplifié le régime des voies de recours contre les décisions statuant sur la compétence. Désormais, seul
l'appel est ouvert dans les conditions prévues par les articles 90 et 91 du code de procédure civile.

Section 5 - Attributions non juridictionnelles

Art. 1er - Attributions administratives

169. Publicités. - Le conseil de prud'hommes, et plus particulièrement son greffe, exerce des tâches
administratives qui tendent à organiser la publicité et l'accès au public d'un certain nombre d'actes.

170. Règlement intérieur. - Le règlement intérieur, comme ses modifications, doit faire l'objet de
mesures de publicité (C. trav., art. L. 1321-4 ), au nombre desquelles se trouve le dépôt au greffe du
conseil de prud'hommes du ressort de l'entreprise ou de l'établissement. Le règlement intérieur ne
prend effet qu'à l'expiration du délai d'un mois suivant l'accomplissement des formalités de publicité
parmi lesquelles se trouve le dépôt au greffe du conseil de prud'hommes. Cette diligence est
particulièrement importante puisqu'à défaut de justification d'accomplissement de cette formalité le
règlement intérieur n'entre pas en vigueur et l'employeur ne peut pas se prévaloir de son contenu pour
appliquer à un salarié les dispositions d'ordre disciplinaire qu'il contient ou qui en découlent (Soc.
4 nov. 2015, no 14-18.573 , RJS 1/16, no 27).

171. Conventions et accords collectifs. - Le conseil de prud'hommes participe également aux processus
de négociation collective. Ainsi, les conventions et accords de branche et les accords professionnels et
interprofessionnels, ainsi que leurs avenants et annexes, les accords de groupe, d'entreprise,
d'établissements et d'interentreprises, ainsi que les pièces les accompagnant, sont déposés, sous la forme
électronique, auprès des services du ministre chargé du Travail. Un exemplaire de ces conventions ou
accords est déposé auprès du greffe du conseil de prud'hommes du lieu de conclusion (C. trav.,
art. L. 2231-6 , L. 2261-1 et D. 2231-2 ). Notons toutefois que ces formalités de publicité sont à
destination des tiers et n'affectent en rien la force obligatoire de l'accord collectif en cause, laquelle
découle de sa conclusion par les parties signataires. Toutefois, il en va autrement lorsque les partenaires
sociaux ont subordonné l'entrée en vigueur de la convention ou de l'accord collectif à l'accomplissement
des formalités de dépôt (Soc. 22 avr. 2005, no 84-11.024, Bull. civ. V, no 249. – Soc. 18 oct. 1998,
no 04-40.493, Bull. civ. V, no 315 ; Dr. soc. 2007. 109, note P. Chaumette ). L'utilité du dépôt de ces
accords au greffe s'est amenuisée depuis la mise en place d'une plate-forme de téléprocédure par le
ministère du Travail (C. trav., art. D. 2231-4 ), qui collecte l'ensemble des conventions et des accords
collectifs, y compris d'entreprise ou d'établissement, et en assure la publicité notamment par voie
numérique.

172. Procès-verbaux d'échec des négociations. - Les procès-verbaux constatant qu'aucun accord n'a été
conclu au terme des opérations de négociation obligatoire font l'objet des mêmes conditions de dépôt
que les conventions et accords collectifs et sont déposés auprès du greffe du conseil de prud'hommes du
lieu d'établissement du procès-verbal en question (C. trav., art. L. 2242-4 et R. 2232-1 ).

173. Tarifs résultant des jugements en matière de rémunération des travailleurs à domicile. - Le conseil
de prud'hommes rend public, par affichage à la porte du prétoire, le tarif d'espèce résultant des
jugements rendus à la suite de différends portant sur la rémunération d'un travailleur exécutant des
travaux à domicile. Tout intéressé ou groupement professionnel peut prendre, sans frais, copie de ces
tarifs au greffe du conseil de prud'hommes et les publier (C. trav., art. R. 7423-2 ).

Art. 2 - Attributions consultatives

174. Demandes d'avis. - Aux termes de l'article L. 1411-5 du code du travail, le conseil de prud'hommes
donne son avis sur les questions que lui pose l'autorité administrative. Cette compétence consultative
sur l'initiative du ministère est commune à toutes les juridictions. Selon la question posée, elle est traitée
par l'assemblée générale compétente. La consultation des conseils de prud'hommes vient compléter les
missions du Conseil de la prud'homie, qui formule également des avis et des suggestions et est consulté
sur les projets de lois et de règlements relatifs au fonctionnement des conseils de prud'hommes, à la
procédure suivie et au statut des conseillers prud'hommes (C. trav., art. R. 1431-1 à R. 1431-3 ).
Chapitre 2 - Fonctionnement institutionnel

175. Juridiction paritaire. - Le conseil de prud'hommes est une juridiction originale et atypique dans le
champ juridictionnel, puisqu'il est constitué de façon paritaire de juges non professionnels répartis en
nombre égal entre salariés et employeurs (C. trav., art. L. 1421-1 ). Ce n'est qu'en cas de partage des
voix, à la demande des parties ou si la nature du litige le justifie, que l'intervention d'un juge
professionnel, dénommé « juge départiteur », est requise.

Section 1re - Création et suppression des conseils de prud'hommes

176. Répartition territoriale. - En principe, chaque ressort de tribunal judiciaire doit comporter au
moins un conseil de prud'hommes. Dans le cas où il n'y a qu'un seul conseil de prud'hommes, son ressort
correspond à celui du tribunal judiciaire. Toutefois, pour des raisons géographiques, économiques ou
sociales, notamment en raison des bassins d'emploi et des diverses activités qui y sont réalisées,
plusieurs conseils de prud'hommes peuvent coexister sur le ressort d'un même tribunal judiciaire
(C. trav., art. L. 1422-1 ). Le ressort des conseils de prud'hommes est fixé par voie réglementaire
(C. trav., art. L. 1422-3 ). Notons, toutefois, que lorsque l'emprise d'un aérodrome s'étend sur le
ressort de plusieurs conseils de prud'hommes, celui-ci peut être rattaché à un seul de ces conseils
(C. trav., art. L. 1422-2 ).

177. Enquêtes publiques. - Toute création, suppression, modification du ressort ou transfert du siège
d'un conseil de prud'hommes doit faire l'objet d'une publication dans le Journal officiel. Les conseils
départementaux, les conseils municipaux, les conseils de prud'hommes et les chambres consulaires
concernés sont invités à faire connaître leur avis. Il en va de même des organisations d'employeurs et de
salariés représentatives au niveau national et du premier président de la cour d'appel. L'avis est
présumé favorable en cas de silence dans le délai de trois mois suivant la publication au Journal officiel
(C. trav., art. R. 1422-1 à R. 1422-3 ).

178. Liste. - Les ressorts et les sièges des conseils de prud'hommes sont fixés à l'annexe du Livre 1 du
code du travail (C. trav., art. R. 1422-4 ).

Section 2 - Organisation interne des conseils de prud'hommes

Art. 1er - Répartition en sections et chambres


§ 1er - Sections

179. Division. - Le conseil de prud'hommes est divisé en sections autonomes (C. trav., art. L. 1423-1
). Ces sections sont : la section de l'encadrement, la section de l'industrie, la section du commerce et des
services commerciaux, la section de l'agriculture et la section des activités diverses (C. trav.,
art. R. 1423-1 ).

180. Ressort territorial de la section agriculture. - S'agissant de la section de l'agriculture, dont l'activité
peut être bien moindre que celle des autres sections, une section unique est constituée pour tout le
ressort du tribunal judiciaire, lorsque celui-ci compte plusieurs conseils de prud'hommes sur son ressort.
Sauf exception, la section agriculture unique est rattachée au conseil de prud'hommes du siège du
tribunal judiciaire (C. trav., art. R. 1423-2 ). De même, lorsque dans un département, il existe
plusieurs conseils de prud'hommes comprenant une section de l'agriculture, ce qui est le cas lorsqu'il y a
plusieurs tribunaux judiciaires dans le même département, il est possible d'en réduire le nombre en
tenant compte du nombre et de la variété des affaires traitées par chacune des sections agriculture.
Cette section est rattachée par décret en Conseil d'État à l'un des conseils de prud'hommes du
département (C. trav., art. R. 1423-3 ).

181. Principe de répartition des affaires. - Les affaires sont réparties entre les sections industrie,
commerce et services commerciaux, agriculture et activités diverses en fonction de la convention ou de
l'accord collectif de travail dont relève le salarié, partie au litige. Une répartition de ces conventions ou
accords collectifs de travail est faite par voie réglementaire (C. trav., art. L. 1423-1-1 ). En l'absence
de convention ou d'accord collectif applicable, la section de rattachement est celle des activités diverses
(C. trav., art. R. 1423-4 ).

182. Compétence de la section encadrement. - La compétence de la section encadrement, qui ne peut


pas être définie par référence à l'accord collectif applicable à l'entreprise, sera retenue si le salarié, partie
au litige, relève de l'une des catégories suivantes (C. trav., art. L. 1423-1-2 ) :

1°) les ingénieurs et salariés qui, même s'ils n'exercent pas de commandement ont une formation
équivalente constatée ou non par un diplôme. Les maîtres d'un établissement d'enseignement relèvent
de la section encadrement (Civ. 2e, 22 mai 2003, no 03-60.064 , Bull. civ. II, no 150) ;

2°) les salariés qui, ayant acquis une formation technique, administrative, juridique, commerciale ou
financière, exercent un commandement par délégation de l'employeur ;

3°) les agents de maîtrise qui ont une délégation écrite de commandement. Pour relever de la section
encadrement, les agents de maîtrise doivent disposer d'une délégation de commandement délivrée par
l'employeur. Cette délégation doit être écrite (Civ. 2e, 6 mars 2003, no 02-60.904 , Bull. civ. II,
no 48), explicite (Soc. 3 déc. 1982, no 82-60.487 , Bull. civ. V, no 684), durable, personnelle et
distincte des pouvoirs normalement exercés par tout agent de maîtrise dans la hiérarchie de l'entreprise
(Soc. 30 nov. 1982, no 82-60.573 , Bull. civ. V, no 663). Cette délégation peut prendre des formes
diverses, être insérée dans le contrat de travail ou faire l'objet d'un acte distinct, pourvu qu'elle soit
établie par écrit. En revanche, le fait de cotiser à la caisse de retraite des cadres est indifférent (Civ. 2e,
6 mars 2003, Bull. civ. II, no 48).

4°) les voyageurs, représentants ou placiers. Les VRP statutaires relèvent de plein droit de la section
encadrement (Soc. 21 nov. 1979, no 79-60.682 , Bull. civ. V, no 877). Les salariés qui ne bénéficient
pas du statut de VRP peuvent relever de la section encadrement à la condition de justifier bénéficier du
statut défini par les articles L. 7311-3 du code du travail.

183. Contestations. - En cas de difficulté ou de contestation sur l'attribution d'une affaire à une section,
le dossier est transmis au président du conseil de prud'hommes qui tranche après avis du vice-président.
Sa décision constitue une décision d'administration judiciaire qui n'est susceptible d'aucun recours
(C. trav., art. R. 1423-7 . – Soc. 24 oct. 1990, no 87-42.068 , inédit). Les contestations formées par
les parties doivent être élevées devant le bureau de conciliation et d'orientation ou lorsque l'affaire est
portée directement devant le bureau de jugement, avant toute défense au fond (C. trav., art. R. 1423-7
, al. 3).

184. Répartition des conseillers prud'hommes. - Le nombre de conseillers, répartis par collège, de
chaque section du conseil de prud'hommes est fixé par décret (C. trav., art. L. 1423-2 ) étant précisé
que chaque section du conseil de prud'hommes doit comprendre au moins trois conseillers
prud'hommes de chacun des collèges (C. trav., art. R. 1423-1 , al. 2).

185. Élection des président et vice-président. - Les conseillers réunis en assemblée de section élisent le
président et le vice-président de chambre au cours du mois de janvier (C. trav., art. L. 1423-3 et
R. 1423-13 ), chacun appartenant à un collège différent. L'alternance entre collèges pour la
présidence et la vice-présidence doit être respectée d'une année sur l'autre. L'assemblée de section
désigne les suppléants des président et vice-président normalement appelés à présider le bureau
(C. trav., art. R. 1454-9 ).

§ 2 - Chambres

186. Conditions d'existence. - Lorsque la taille d'une section d'un conseil de prud'hommes le justifie,
plusieurs chambres peuvent être constituées en son sein (C. trav., art. R. 1423-8 ). La décision de
constitution de plusieurs chambres est prise par le premier président de la cour d'appel sur proposition
de l'assemblée générale du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1423-10 ).

187. Compétence en matière de licenciement économique. - Lorsqu'une section comprend plusieurs


chambres, l'une d'entre elles doit être spécialisée pour connaître des différends et des litiges relatifs au
licenciement pour motif économique (C. trav., art. R. 1423-9 ). Il s'agit ainsi d'éviter la dispersion d'un
contentieux technique et spécialisé.

188. Élection des président et vice-président. - Les conseillers réunis en assemblée de chambre élisent
le président et le vice-président de chambre au cours du mois de janvier (C. trav., art. L. 1423-3 et
R. 1423-13 ), chacun appartenant à un collège différent. L'alternance entre collèges pour la
présidence et la vice-présidence doit être respectée d'une année sur l'autre.

189. Répartition des conseillers prud'hommes. - Chaque chambre doit être composée d'au moins quatre
conseillers prud'hommes salariés et quatre conseillers prud'hommes employeurs (C. trav., art. R. 1423-
8 ).

§ 3 - Référés

190. Formation commune. - La division du conseil de prud'hommes en plusieurs sections n'a pas d'effet
sur la formation de référé qui est commune à l'ensemble des sections (C. trav., art. L. 1423-1 , al. 2 et
R. 1455-1 ). Cette formation est composée d'un conseiller prud'homme salarié et d'un conseiller
prud'homme employeur (C. trav., art. R. 1455-1 ).

191. Désignation des conseillers prud'hommes. - Les conseillers appelés à composer la formation de
référé sont désignés par l'assemblée générale du conseil de prud'hommes. Ils doivent être désignés en
nombre suffisant pour pouvoir tenir les audiences de référé prévues selon le tableau de roulement
(C. trav., art. R. 1455-2 ).

192. Présidence de la formation de référé. - La présidence de l'audience est assurée en alternance par
un conseiller prud'homme employeur et par un conseiller prud'homme salarié (C. trav., art. R. 1455-3
).

193. Fixation des audiences. - Le règlement intérieur fixe les jour et heure habituels de l'audience de
référé. Il est tenu au moins une audience de référé par semaine (C. trav., art. R. 1455-4 ).

Art. 2 - Formations de jugement


194. Diversité des formations de jugement. - Le conseil de prud'hommes comporte diverses formations
de jugement selon la nature des dossiers qui lui sont soumis et les choix de procédure opérés : bureau de
conciliation et d'orientation ; bureau de jugement ; formation à deux ou quatre conseillers ; formation
présidée par le juge départiteur. Chaque section et, le cas échéant, chaque chambre comportent au
moins un bureau de conciliation et d'orientation et un bureau de jugement (C. trav., art. R. 1423-34 ).
La formation de référé est commune au conseil de prud'hommes.

195. Bureau de conciliation et d'orientation. - Le bureau de conciliation et d'orientation, qui assure le


préalable de conciliation lorsque celui-ci est obligatoire, a pour mission de concilier les parties (C. trav.,
art. L. 1454-1 ) et à défaut d'assurer la mise en état des affaires (C. trav., L. 1454-1-2). Il peut
ordonner des mesures d'instruction et les mesures provisoires prévues à l'article R. 1454-14 du code du
travail. Le bureau de conciliation et d'orientation renvoie l'affaire devant le bureau de jugement
(C. trav., art. L. 1454-1-2 ). Si, sans motif légitime, l'une des parties ne comparaît pas et qu'un
jugement sur le fond est demandé, le bureau de conciliation et d'orientation peut statuer sur le fond en
l'état des pièces et des moyens que la partie comparante a communiqués (C. trav., art. L. 1453-1-3). Le
bureau de conciliation et d'orientation est composé d'un conseiller prud'homme employeur et d'un
conseiller prud'homme salarié (C. trav., art. L. 1423-13 et R. 1423-35 ). La présidence est exercée
alternativement par le conseiller salarié et le conseiller employeur, suivant un roulement établi par le
règlement intérieur, étant précisé que celui qui préside le bureau le premier est désigné par le sort
(C. trav., art. R. 1454-7 , al. 2). Les séances du bureau de conciliation et d'orientation ont lieu au
moins une fois par semaine, sauf si aucune affaire n'est inscrite au rôle. Ses séances ne sont pas
publiques (C. trav., art. R. 1454-8 ).

196. Bureau de jugement. - Le bureau de jugement est saisi, soit par le bureau de conciliation et
d'orientation, après échec de la tentative de conciliation, soit directement par les parties dans les
hypothèses dispensées de préalable de conciliation. Le bureau de jugement est composé de deux
conseillers prud'hommes salariés et de deux conseillers prud'hommes employeurs (C. trav., art. L. 1423-
12 et R. 1423-35 ).

197. Formation restreinte du bureau de jugement. - Dans sa formation restreinte, il n'est composé que
de deux conseillers provenant chacun de l'un des collèges (C. trav., art. L. 1423-13 et R. 1423-35 ).

198. Formation de référé. - Chaque conseil de prud'hommes doit comporter une formation de référé
commune à l'ensemble des sections. La formation de référé comprend un conseiller prud'homme salarié
et un conseiller prud'homme employeur désignés par l'assemblée générale du conseil de prud'hommes
(C. trav., art. R. 1455-1 ). La formation de référé connaît également des demandes présentées dans le
cadre de la procédure accélérée au fond (C. trav., art. R. 1455-12 ) Dans cette hypothèse, la
formation de référé statue comme un juge du fond, les conditions du référé ne sont pas applicables à ces
demandes et le jugement à intervenir est une décision sur le fond avec les effets qui lui sont attachés.
199. Formation de départage. - Lorsque la formation de jugement, quelle que soit sa nature (bureau de
conciliation et d'orientation, bureau de jugement en formation normale ou en formation restreinte) ou
formation de référé est en partage de voix, l'affaire est renvoyée à une audience ultérieure de la
formation de jugement, mais sous la présidence d'un juge du tribunal judiciaire, le juge départiteur, qui
vient ainsi la compléter (C. trav., art. R. 1423-35 et R. 1423-29 ). L'imparité de juges qui en résulte
conduit nécessairement à dégager une solution. Si la formation de départage n'est pas réunie au
complet, le juge départiteur statue alors seul, après avoir recueilli l'avis des conseillers prud'hommes
présents. L'audience de départage doit être tenue dans le mois de la décision de renvoi. Dans le cas
d'une affaire de référé, l'audience de départage doit être tenue dans la quinzaine (C. trav., art. R. 1454-
29 ). Ce délai, fréquemment dépassé en raison de la charge des juridictions prud'homales, n'est pas
sanctionné. L'audience de départage ne porte que sur les points pour lesquels aucune majorité n'a pu
être dégagée par la formation paritaire (Soc. 10 juill. 1986, no 83-44.697 , Bull. civ. V, no 379. – Soc.
22 déc. 1988, no 84-44.233, Bull. civ. V, no 702). Mais rien ne s'oppose à ce que des demandes
nouvelles puissent être formées lors de cette audience de départage.

Art. 3 - Assemblée générale du conseil de prud'hommes

200. Rythme de réunion. - Les conseillers prud'hommes doivent se réunir en assemblée générale, au
moins une fois par an, notamment au mois de janvier pour élire un président et un vice-président
(C. trav., art. L. 1423-3 ).

201. Convocation. - L'assemblée générale est réunie à la demande soit du premier président de la cour
d'appel, soit de la majorité des membres en exercice, soit du président ou du vice-président (C. trav.,
art. R. 1423-23 ).

202. Procès-verbal. - Un procès-verbal est établi sous la responsabilité du président par le directeur de
greffe. Le procès-verbal est transmis dans les quinze jours au premier président et au procureur général
de la cour d'appel (C. trav., art. R. 1423-24 ).

203. Règlement intérieur. - L'assemblée générale du conseil de prud'hommes établit le règlement


intérieur de la juridiction, lequel doit notamment fixer les jour et heure des audiences, par analogie
avec les juridictions de droit commun ayant leur siège dans le ressort de la cour d'appel (C. trav.,
art. R. 1423-24 ). En cas d'abstention de l'assemblée générale, le règlement intérieur doit être fixé par
une commission restreinte composée du président, du vice-président et des présidents et vice-présidents
de chaque section et le cas échéant de chaque chambre (C. trav., art. R. 1423-26 ). Le règlement
intérieur ne devient exécutoire qu'après son approbation par le premier président et le procureur
général de la cour d'appel (C. trav., art. R. 1423-29 ). Le règlement intérieur établit également un
roulement au sein du bureau de conciliation et d'orientation entre tous les conseillers prud'hommes
salariés et employeurs. Il peut prévoir l'affectation de certains conseillers par priorité à ce bureau. Le
règlement intérieur prévoit également le roulement de la présidence du bureau entre le conseiller
salarié et le conseiller employeur, étant précisé que celui des deux qui préside en premier le bureau est
désigné par le sort (C. trav., art. R. 1454-7 ).

204. Honorariat. - L'assemblée générale du conseil de prud'hommes donne son avis sur les demandes
d'octroi de l'honorariat à un ancien membre du conseil de prud'hommes (C. trav., art. D. 1442-26 ).

Art. 4 - Président et vice-président

§ 1er - Élection

205. Alternance. - Les conseillers prud'hommes réunis en assemblée générale élisent le président et le
vice-président du conseil de prud'hommes en respectant les principes de parité et d'alternance entre les
collèges employeurs et salariés. Ainsi, si le président est un conseiller prud'homme employeur, le vice-
président doit être un conseiller prud'homme salarié et, l'année suivante, l'alternance doit être assurée
(C. trav., art. L. 1423-4 et L. 1423-5 ).

206. Durée du mandat. - Le président et le vice-président sont élus pour un mandat d'une année, avec
possibilité de réélection sous la condition d'alternance (C. trav., art. L. 1423-6 ), lors de l'assemblée
générale tenue en janvier de chaque année (C. trav., art. R. 1423-13 ). En cas de vacance de poste,
l'assemblée générale se réunit à nouveau pour élire un nouveau président ou un nouveau vice-président
(C. trav., art. R. 1423-15 ) pour le temps qui reste à courir avant la nouvelle élection de janvier.

207. Scrutin. - L'élection se fait à bulletin secret à la majorité absolue des membres présents. Après
deux tours de scrutin, l'élection est faite à la majorité relative. En cas d'égalité de voix, le candidat le
plus ancien en fonction est élu. Lorsque les candidats ont un temps de service égal, le plus âgé est élu
(C. trav., art. R. 1423-11 et R. 1423-12 ).

208. Impossibilité d'élire des suppléants. - Il n'est pas possible de procéder à l'élection d'un président et
d'un vice-président suppléant, et le règlement intérieur ne peut pas prévoir une telle élection (Soc.
10 avr. 1991, no 88-42.235 , Bull. civ. V, no 181). En effet, le code du travail prévoit les conditions
dans lesquelles il est procédé au remplacement du président ou du vice-président en cas de vacance de
poste (C. trav., art. R. 1423-15 ) et le règlement intérieur ne peut anticiper cette situation pour
l'organiser de façon anticipée.
209. Contestation. - L'élection du président et du vice-président peut être contestée par tout membre de
la formation concernée sous la forme d'un recours exercé devant la cour d'appel dans un délai de quinze
jours (C. trav., art. R. 1423-19 . – Soc. 10 avr. 1991, no 88-42.235 , Bull. civ. V, no 181). Ce
recours doit, à peine d'irrecevabilité, être formé par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. Les personnes élues disposent d'un délai de cinq jours pour présenter leurs observations
(C. trav., art. R. 1423-20 ). La cour d'appel dispose d'un délai d'un mois pour statuer. L'arrêt, qui est
notifié aux intéressés par le greffe, peut faire l'objet d'un pourvoi en cassation dans le délai de dix jours,
selon la procédure sans représentation obligatoire (C. trav., art. R. 1423-21 ).

§ 2 - Missions

210. Administration et discipline. - La première mission du président est d'assurer l'administration et la


discipline intérieure du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1423-31 ). De son côté, le vice-
président doit donner son avis avant que le président ne prenne un certain nombre de décisions. Le
projet de budget de la juridiction leur est soumis par le directeur de greffe (C. trav., art. R. 1423-39 ).

211. Assemblée générale. - Le président et le vice-président peuvent convoquer l'assemblée générale du


conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1423-23 ). Le président transmet le procès-verbal de
l'assemblée générale au premier président de la cour d'appel et au procureur général près la cour d'appel
(C. trav., art. R. 1423-13 ).

212. Vacances de postes. - Le président du conseil veille à la composition du conseil de prud'hommes. Il


est destinataire des démissions des conseillers prud'hommes (C. trav., art. D. 1442-17 ). Le président,
comme le vice-président, constate les vacances de postes et les signale au procureur général dans un
délai de huit jours (C. trav., art. D. 1442-19 ).

213. Refus de service. - Le président participe à la discipline intérieure du conseil de prud'hommes. Il


constate, après avis du vice-président, le refus de service d'un conseiller prud'homme (C. trav.,
art. D. 1442-20 ).

214. Affectation temporaire de conseillers prud'hommes dans une autre section. - En cas de difficulté
provisoire de fonctionnement d'une section, le président du conseil de prud'hommes peut, après avis
conforme du vice-président et sous réserve de l'accord des intéressés, affecter temporairement des
conseillers prud'hommes d'une section à une autre section. Ces affectations provisoires sont prises pour
une durée de six mois renouvelables deux fois (C. trav., art. L. 1423-10 , al. 1er).
215. Audiences de référés. - Si le rythme des audiences de référé est fixé par le règlement intérieur
adopté par l'assemblée générale, le président peut, après avis du vice-président, fixer des audiences
supplémentaires ou modifier les jour et heure des audiences (C. trav., art. R. 1455-4 ).

216. Indemnisation. - Le président et le vice-président sont indemnisés pour l'exécution des tâches
administratives, ces vacations s'ajoutant à celles éventuellement perçues au titre des activités
juridictionnelles (C. trav., art. R. 1423-71 à R. 1423-75).

Art. 5 - Administration de la juridiction

§ 1er - Pouvoirs de gestion et d'inspection

217. Crédits et budget. - L'administration du conseil de prud'hommes est assurée par le président
(C. trav., art., R. 1423-31), avec la collaboration du directeur de greffe qui dirige le personnel (C. trav.,
art. R. 1423-38 ), prépare le projet de budget et gère les crédits de la juridiction (C. trav., art. R. 1423-
39 ).

218. Rapports avec les chefs de cour d'appel. - Le premier président de la cour d'appel et le procureur
général près de la cour d'appel s'assurent, chacun en ce qui le concerne, de la bonne administration des
services judiciaires et de l'expédition normale des affaires. À cet effet, ils peuvent déléguer des
magistrats du siège ou du parquet placés sous leur autorité (C. trav., art. R. 1423-30 , al. 2). Ils
rendent compte annuellement au garde des Sceaux, ministre de la Justice, des constatations qu'ils ont
faites (C. trav., art. R. 1423-30 , al. 2).

219. Inspection. - Les chefs de cour d'appel procèdent à l'inspection des conseils de prud'hommes de
leur ressort (C. trav., art. R. 1423-30 , al. 1er). Cette mesure est l'un des instruments qui leur permet
de s'assurer du bon fonctionnement des conseils de prud'hommes et d'adopter les mesures qui
s'imposent.

§ 2 - Dépenses du conseil de prud'hommes

220. Locaux. - Le local du conseil de prud'hommes doit être mis à disposition par le département dans
lequel il est établi. Toutefois, lorsque le local dans lequel siège le conseil de prud'hommes a été mis à
disposition par la commune, cette dernière ne peut le reprendre sauf si c'est à la demande expresse du
conseil départemental (C. trav., art. L. 1423-14 ).
221. Personnel et fonctionnement. - Les dépenses de personnel et de fonctionnement du conseil de
prud'hommes sont prises en charge par l'État (C. trav., art. L. 1423-15 ).

Art. 6 - Difficultés de fonctionnement

222. Généralités. - Les difficultés de fonctionnement des conseils de prud'hommes peuvent être d'ordre
divers, et les mesures pour y remédier doivent être adaptées en conséquence. Le législateur a prévu un
certain nombre de remèdes en fonction des problèmes rencontrés par la juridiction, de leur nature et de
leur ampleur.

223. Difficulté de constitution du conseil de prud'hommes. - Lorsque la difficulté porte sur la


constitution même du conseil de prud'hommes, fait par nature exceptionnel, le premier président, saisi
par le procureur général, désigne un autre conseil de prud'hommes pour connaître des affaires inscrites
ou qui devaient être inscrites au rôle du conseil de prud'hommes défaillant. À défaut de désignation
d'un autre conseil de prud'hommes, notamment pour des raisons liées à sa taille ou à la distance
géographique, le premier président peut désigner un ou plusieurs juges du ressort de la cour d'appel
pour juger ces affaires (C. trav., art. L. 1423-8 ). Lorsque la difficulté de fonctionnement ne concerne
qu'une section du conseil de prud'hommes, le premier président peut, dans les mêmes conditions, soit
désigner la section correspondante d'un autre conseil de prud'hommes pour connaître des affaires, soit
un ou plusieurs juges du ressort de la cour d'appel (C. trav., art. R. 1423-33 ). Lorsque la situation
revient à la normale et que la difficulté affectant le conseil de prud'hommes ou l'une de ses sections a
disparu, le premier président constate cet état de fait et la date à laquelle les affaires seront de nouveau
portées devant le conseil de prud'hommes ou la section normalement compétente (C. trav., art. L. 1423-
9 et R. 1423-33 ).

224. Difficulté provisoire de fonctionnement d'une section. - Lorsqu'une section du conseil de


prud'hommes fait face à une difficulté provisoire de fonctionnement, le président du conseil peut, après
avis conforme du vice-président et avec l'accord des intéressés, affecter provisoirement des conseillers
prud'hommes d'une section à une autre. Cette délégation est renouvelable deux fois dans les mêmes
conditions (C. trav., art. L. 1423-10 ). Le caractère limité de ce type de difficultés justifie qu'elles
soient prises en charge par le président du conseil de prud'hommes avec les moyens propres à la
juridiction concernée.

225. Interruption de fonctionnement ou difficultés graves du conseil de prud'hommes. - Face à une


difficulté plus importante, caractérisée par une interruption de fonctionnement du conseil de
prud'hommes ou de difficultés graves rendant son fonctionnement impossible dans des conditions
normales, le premier président de la cour d'appel désigne un ou plusieurs juges du ressort de la cour
d'appel pour connaître des affaires inscrites au rôle du conseil de prud'hommes. Le premier président
met fin à cette délégation lorsque le conseil de prud'hommes est de nouveau en état de fonctionner
normalement (C. trav., art. L. 1423-10-1 ). Cette solution peut être adoptée lorsque la difficulté de
fonctionnement affecte les conseillers prud'hommes et pas le greffe. Cette délégation de magistrats
professionnels permet d'éviter le transfert des affaires en cours vers une autre juridiction qui, de ce fait,
pourrait à son tour être mise en difficulté et de contraindre les justiciables à des déplacements plus
importants. Pour ce qui concerne le traitement des affaires, le conseil de prud'hommes continue de
fonctionner aussi normalement que possible, la gestion de la difficulté étant prise en charge par les
juges délégués sans affecter la situation des justiciables.

226. Interruption durable ou fonctionnement impossible du conseil de prud'hommes. - Lorsque les


problèmes affectant le conseil de prud'hommes sont irrémédiables, une solution plus radicale est prévue
par le législateur. Ainsi, lorsqu'il est constaté l'interruption durable du fonctionnement ou de difficultés
graves rendant ce fonctionnement impossible, le conseil de prud'hommes peut être dissous par décret
motivé. Dans ce cas, une nouvelle opération de nomination des conseillers prud'hommes doit être
menée dans un délai de quatre mois suivant la publication du décret de dissolution. Dans l'attente de
l'installation des nouveaux conseillers prud'hommes, les affaires sont portées devant le conseil de
prud'hommes le plus proche du domicile du demandeur dans le même ressort de cour d'appel ou, à
défaut, devant le tribunal judiciaire (C. trav., art.L. 1423-11 ).

Section 3 - Conseil de la prud'homie

227. Organe consultatif. - Le conseil de la prud'homie est un organe consultatif qui siège auprès du
garde des Sceaux, ministre de la Justice, et du ministre du Travail.

228. Composition. - Le conseil de la prud'homie est composé, outre de son président, de cinq
représentants des ministères de la Justice, du Travail et de l'Agriculture, de onze membres représentant
les salariés, désignés sur proposition des organisations syndicales représentatives au plan national, et de
onze membres représentant les employeurs, désignés sur proposition des organisations représentatives
sur un plan national (C. trav., art. L. 1431-1 et R. 1431-4 ). Il est un organe de concertation pour le
fonctionnement de la juridiction prud'homale.

229. Missions. - Le conseil de la prud'homie formule des avis, d'office ou sur demande des ministres de
la Justice ou du Travail, et des suggestions. Il réalise également des études sur l'organisation et le
fonctionnement des conseils de prud'hommes (C. trav., art. R. 1431-1 et R. 1431-2 ). Dans le cadre
de sa mission consultative, il peut également proposer aux ministères de la Justice et du Travail toute
mesure qu'il juge utile (C. trav., art. R. 1431-2 ).

230. Consultations. - Le conseil de la prud'homie doit être consulté sur les projets de lois et de
règlements relatifs à l'institution, à la compétence, à l'organisation, et le fonctionnement des conseils de
prud'hommes, à la désignation, au statut et à la formation des conseillers prud'hommes, à la procédure
suivie devant les conseils de prud'hommes et aux décrets pris en application de l'article L. 1422-3,
relatifs à la création ou à la suppression des conseils de prud'hommes ainsi qu'à la modification ou au
transfert de leur ressort et de leur siège (C. trav., art. R. 1431-3 ).

231. Recueil de déontologie. - Le conseil de la prud'homie a pour mission d'élaborer un recueil de


déontologie des conseillers prud'hommes, qu'il doit rendre public (C. trav., art. R. 1431-3-1 ). Ce
recueil de déontologie est pris en compte par la Commission nationale de discipline des conseillers
prud'hommes dans le cadre des procédures disciplinaires qu'elle doit examiner.

232. Réunions. - Le conseil de la prud'homie se réunit au moins une fois par an (C. trav., art. R. 1431-3-
1 ). Son secrétariat est assuré par les services du ministère du Travail.

233. Effets sur le contrat de travail des membres du conseil de la prud'homie. - L'employeur doit laisser
à ses salariés qui exercent les fonctions de représentants au conseil de la prud'homie le temps nécessaire
pour remplir leurs fonctions. Le temps passé à l'exercice de ces fonctions est assimilé à du temps de
travail effectif dans les mêmes conditions que ce qui est prévu pour les conseillers prud'hommes
(C. trav., art. L. 1431-2 et L. 1442-6 ).

234. Fonctions bénévoles. - Les fonctions de membres du conseil de la prud'homie ne sont pas
rémunérées. En revanche, les frais de déplacement et de séjour sont remboursés.

235. Statut protecteur des membres salariés. - Les salariés exerçant des fonctions de représentant au
conseil de la prud'homie bénéficient d'un statut protecteur. Leurs fonctions ne peuvent être la cause
d'une sanction ou d'une rupture du contrat de travail par l'employeur (C. trav., art. L. 1431-2 , al. 2).
Rappelons que le statut protecteur ne peut être opposé à l'employeur, notamment pour le respect de la
procédure de licenciement d'un salarié protégé, qu'à la condition qu'il ait été porté à sa connaissance, au
plus tard lors de l'entretien préalable au licenciement (Cons. const. 14 mai 2012, no 2012-242 QPC,
D. 2002. 2622, obs. P. Lokiec et J. Porta ; Dr. soc. 2012. 796, note J. Bonnet ; Constitutions 2012.
459, obs. C. Radé . – Soc. 14 sept. 2012, no 11-21.307 , Bull. civ. V, no 230 ; D. 2012. 2179 ;
RDT 2013. 48, obs. J.-M. Verdier ; Constitutions 2012. 624, obs. C. Radé ).

Chapitre 3 - Acteurs de la juridiction prud'homale

Section 1re - Les conseillers prud'hommes


Art. 1er - Obligations des conseillers prud'hommes

§ 1er - Impartialité et récusation

A - Principe d'impartialité

236. Définition. - La récusation est la procédure qui permet à une partie de s'opposer à la présence dans
la formation de jugement d'un juge, lorsque cette partie considère que sa situation le disqualifie pour
rendre une décision en toute impartialité. Les causes de récusation sont énumérées par la loi. Ainsi,
l'article L. 1457-1 du code du travail prévoit un certain nombre d'hypothèses dans lesquelles un
conseiller prud'homme peut être récusé :

– lorsqu'il a un intérêt personnel à la contestation, le seul fait d'être affilié à une organisation syndicale
ne constituant pas cet intérêt personnel ;

– lorsqu'il est conjoint, partenaire lié par un pacte civil de solidarité, concubin, parent ou allié jusqu'au
degré de cousin germain inclusivement d'une partie ;

– si, dans l'année qui a précédé la récusation, il y a eu action judiciaire, criminelle ou civile entre lui et
une des parties ou son conjoint, partenaire lié par un pacte civil de solidarité, concubin ou ses parents
ou alliés en ligne directe ;

– s'il a donné un avis écrit dans l'affaire ;

– s'il est employeur ou salarié de l'une des parties en cause.

237. Impartialité. - Comme tous les juges, les conseillers prud'hommes sont tenus à une obligation
d'impartialité qui repose d'abord sur les exigences de l'article 6, § 1er de la Convention européenne des
droits de l'homme et dont l'objet dépasse le strict cadre de l'article L. 1421-2 du code du travail. Ainsi, la
Cour de cassation retient que l'exigence d'impartialité s'impose aux juridictions à l'encontre desquelles
le grief peut être invoqué indépendamment de la mise en œuvre des procédures de récusation ou de
renvoi, même s'il ne relève pas d'un des cas visés par l'article L. 1457-1 du code du travail (Soc. 27 janv.
2009, no 07-42.967 , RJS 4/09 no 393 ; JCP S 2009. 1169, note B. Boubli).
238. Origine des conseillers prud'hommes. - L'origine des conseillers prud'hommes et leur mode de
désignation ne sont pas, en soi, de nature à remettre en cause leur impartialité de façon générale. La
Cour de cassation juge en effet que le respect de l'exigence d'impartialité, imposé tant par les règles de
droit interne que par l'article 6.1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales, est assuré, devant le conseil de prud'hommes, par la mise en œuvre de
dispositions de nature à apporter les garanties nécessaires pour que ces exigences soient satisfaites : la
composition paritaire de cette juridiction qui comprend un nombre égal de salariés et d'employeurs
élus, la prohibition d'ordre public de tout mandat impératif, le recours à un juge départiteur extérieur
aux membres élus et la possibilité, selon les cas, d'interjeter appel ou de former un pourvoi en cassation.
C'est pourquoi la seule circonstance qu'un ou plusieurs membres d'un conseil de prud'hommes
appartiennent à la même organisation syndicale que l'une des parties au procès n'est pas de nature à
affecter l'équilibre d'intérêts inhérent au fonctionnement de la juridiction prud'homale ou à mettre en
cause l'impartialité de ses membres (Soc. 19 déc. 2003, no 02-41.429 , Bull. civ. V, no 321. – Soc.
16 mai 2013, no 11-23.246 , RJS 8-9/13, no 631).

239. Prise de position d'un conseiller prud'homme. - Les prises de position d'un membre du conseil de
prud'hommes qui a fait connaître publiquement son opinion sur le litige ne sont pas de nature à
remettre en cause l'impartialité de la juridiction dans son ensemble dès lors qu'il n'appartient pas à la
formation de jugement ayant à connaître effectivement de l'affaire (Soc. 26 janv. 2005, no 03-18.005,
Bull. civ. V, no 30). En revanche, le doute sur l'impartialité du conseil de prud'hommes est caractérisé
lorsque le président du conseil de prud'hommes avait engagé contre la société une procédure pénale par
citation directe du chef d'entrave au libre exercice du droit syndical et qu'un salarié de la société
requérante, titulaire du mandat de conseiller prud'homme, avait établi une attestation au profit de son
collègue contestant son licenciement (Soc. 21 sept. 2011, no 10-14.726 , inédit). L'atteinte au
principe d'impartialité est également acquise lorsque les conseillers rapporteurs désignés dans le cadre
de l'instruction du dossier et membres de la formation de jugement font connaître leur opinion lors de
l'exécution de leur mission (Soc. 3 mars 2009, no 07-15.581 , Bull. civ. V, no 54 ; JCP S 2009. 1409,
note A. Bugada).

240. Défenseur syndical. - Le fait qu'une partie exerce habituellement les fonctions de défenseur
syndical devant une juridiction est de nature à créer un doute sur l'impartialité objective de cette
juridiction (Soc. 24 juin 2014, no 13-13.609 , Bull. civ. V, no 154 ; RJS 10/14 no 728). Ce doute est
lié au risque de promiscuité avec les autres membres de la juridiction prud'homale. De façon plus
générale, un conseiller prud'homme ne peut pas exercer de mission d'assistance ou de mandat de
représentation devant le conseil des prud'hommes dont il est membre (Soc. 2 févr. 2005, no 03-40.271
, Bull. civ. V, no 44). Cette exigence d'impartialité ne se limite pas à la section à laquelle le conseiller
prud'homme appartient, mais s'étend à l'ensemble du conseil de prud'hommes (Soc. 19 nov. 2014,
no 13-19.937 , inédit). De façon générale, il n'est pas possible pour un conseiller prud'homme d'agir
en qualité de mandataire de l'une des parties, y compris dans des hypothèses autres que celles visées par
l'article R. 1453-2 du code du travail. En revanche, le fait qu'une partie soit assistée ou représentée
devant la cour d'appel par un délégué syndical, membre d'un conseil de prud'hommes du ressort de la
cour d'appel, n'est pas de nature à faire douter de l'impartialité de cette juridiction (Soc. 10 janv. 2012,
no 10-28.027 , Bull. civ. V, no 3 ; RJS 3/12, no 282). En effet, les magistrats professionnels, qui
composent la cour d'appel, ne sont pas dans la même situation que les juges du conseil de prud'hommes,
en raison de leur statut de juge professionnel et des conditions de leur nomination à la cour d'appel et
de leur affectation à la chambre sociale.

241. Liste non limitative. - Les règles d'impartialité de la juridiction dans son ensemble ne doivent pas
être confondues avec celle s'appliquant à chacun de ses membres pris individuellement. Les restrictions
posées par l'article L. 1457-1 du code du travail n'étant pas limitatives, la possibilité d'écarter un
conseiller prud'homme peut être étendue à d'autres hypothèses dès lors que la situation peut faire naître
un doute légitime sur l'impartialité du conseiller prud'homme concerné ou sur l'ensemble de la
juridiction. En effet, l'article 6 § 1 de la Convention européenne des droits de l'homme a une portée
plus large. Ainsi, même si l'article L. 1457-1 5o ne vise que la situation où le conseiller est employeur ou
salarié de l'une ou l'autre des parties, l'exigence d'impartialité s'oppose à ce que le conseiller puisse
siéger dès lors qu'il a été sous le lien de subordination de l'une des parties et le supérieur hiérarchique de
l'autre (Soc. 27 janv. 2009, no 07-42.967 , RJS 4/09, no 393 ; JCP S 2009. 1169, note B. Boubli),
même si cette situation a cessé lors du jugement. La situation doit toujours être analysée de façon
concrète. Ainsi, la demande de récusation d'un conseiller prud'homme ne peut pas être rejetée au motif
que la cause invoquée ne fait pas partie des hypothèses prévues par la loi, sans examiner si les
circonstances, tirées de ce que le salarié demandeur devant la juridiction prud'homale vivait
maritalement avec la nièce du conseiller prud'homme qui avait refusé de s'abstenir de siéger à
l'audience, constituaient une violation du principe édicté par l'article 6, § 1er de la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (Soc. 18 nov. 1998,
no 94-43.840 , Bull. civ. V, no 506 ; RJS 2/99, no 249). Mais, la circonstance que le conseiller
prud'homme soit conjoint et secrétaire d'un avocat ayant habituellement défendu les intérêts des
adversaires d'une partie dans d'autre litiges ne suffit pas à faire naître un doute légitime sur l'impartialité
d'un conseiller prud'homme ou de la formation de jugement dans laquelle il siège (Soc. 22 mars 2005,
no 03-17.162 , RJS 6/05, no 659).

242. Conseiller prud'homme ayant déjà connu de l'affaire. - C'est au nom des exigences de l'impartialité
objective que le conseiller prud'homme qui a déjà porté une appréciation sur le même litige en qualité
de juge des référés, dans le cadre d'une demande de provision, ne peut pas en connaître ensuite lorsque
l'affaire est portée devant le juge du fond afin qu'il statue sur cette obligation (Cass., ass. plén., 6 nov.
1998, no 94-17.709 , Bull. ass. plén., no 5). En revanche, la participation antérieure de conseillers
prud'hommes aux formations de jugement ayant statué sur des litiges analogues n'est pas de nature à
faire naître un doute légitime sur leur impartialité (Soc. 18 févr. 2013, no 01-11.170), puisque la
situation de fait et les demandes qui leur sont soumises sont distinctes.

243. Mission d'assistance. - La personne qui a assisté une partie à un procès prud'homal ne peut être
membre de la juridiction appelée à se prononcer sur le différend opposant les mêmes parties (Soc.
8 janv. 1997, no 94-42.241 , Bull. civ. V, no 11 ; JCP 1997. I. 4037, no 2, obs. Pétel-Teyssié). Cette
situation, qui peut se rencontrer lorsque la mission du mandataire a pris fin avant le jugement de
l'affaire, doit conduire ce dernier à se déporter s'il est finalement appelé à participer à la formation de
jugement.

244. Interdiction des mandats impératifs. - L'interdiction pour un conseiller prud'homme d'accepter un
mandat impératif est une application particulière du principe d'impartialité (C. trav., art. L. 1442-11
). Elle constitue l'une des garanties relevées par la jurisprudence pour écarter le grief de partialité qui
pourrait être liée à l'élection des juges (Soc. 19 déc. 2003, no 02-41.429 , Bull. civ. V, no 321. – Soc.
16 mai 2013, no 11-23.246 , RJS 8-9/13, no 631).

B - Procédure de récusation

245. Principe. - Les juges doivent se déporter naturellement, notamment lorsqu'ils ont connaissance
d'une cause de récusation. Il est alors procédé à leur remplacement.

246. Conditions de droit commun. - La procédure de récusation des conseillers prud'hommes est la
même que celle concernant les autres juges, l'article R. 1457-1 du code du travail renvoyant aux articles
341 et suivants du code de procédure civile. La demande de récusation doit être faite dès que la partie
qui souhaite présenter cette demande a connaissance de la cause de récusation (C. pr. civ., art. 342 ,
al. 1er). La demande doit être faite avant la clôture des débats (C. pr. civ., art. 342 , al. 2), c'est-à-dire
avant l'ordonnance de clôture, si une telle ordonnance est prise, ou avant la mise en délibéré de l'affaire.
La demande de récusation est portée devant le premier président de la cour d'appel, par acte remis au
greffe. Elle doit, à peine d'irrecevabilité, indiquer les motifs de récusation et être accompagnée des
pièces justificatives (C. pr. civ., art. 344 ). Le magistrat concerné par la demande de récusation est
informé et invité à présenter ses observations. La demande de récusation ne dessaisit pas le magistrat
concerné, mais le premier président peut, après avis du procureur général, ordonner le sursis à toute
décision juridictionnelle jusqu'à la décision sur la demande de récusation ou de renvoi pour cause de
suspicion légitime (C. pr. civ., art. 345 ). Si le premier président fait droit à la demande de récusation,
il est procédé au remplacement du juge concerné (C. pr. civ., art. 347 ).
247. Amende civile en cas de rejet de la demande. - En cas de rejet de la demande de récusation, son
auteur s'expose au prononcé d'une amende civile dont le montant peut atteindre 10 000 euros (C. pr.
civ., art. 348 ).

248. Renvoi pour cause de suspicion légitime. - La demande de renvoi de l'affaire pour cause de
suspicion légitime qui vise l'ensemble de la juridiction et non un juge particulier obéit aux mêmes règles
de procédure.

§ 2 - Autres obligations

249. Obligations générales. - Les conseillers prud'hommes ont une obligation générale de
comportement au regard des exigences découlant de la fonction de juger. Outre l'obligation
d'impartialité évoquée ci-dessus, ils doivent agir en toute indépendance, dignité et probité et se
comporter de façon à exclure tout doute légitime à cet égard. Ils doivent notamment s'abstenir de tout
acte ou comportement public incompatible avec leurs fonctions (C. trav., art. L. 1421-2 , al. 2).

250. Interdiction des mandats impératifs. - Il est interdit aux conseillers prud'hommes d'accepter, avant
ou après leur entrée en fonctions, un mandat impératif, sous quelque forme que ce soit (C. trav.,
art. L. 1442-11 ). Bien que désigné sur une liste établie par une organisation syndicale ou
professionnelle, le conseiller prud'homme doit pouvoir juger en toute impartialité le litige qui lui est
soumis sans être soupçonné de se déterminer en fonction de son origine syndicale ou professionnelle.

251. Secret des délibérations. - Comme tous les juges, les conseillers prud'hommes sont tenus au secret
des délibérations (C. trav., art. L. 1421-2 , al. 3). Il leur est donc interdit de faire connaître à une
personne extérieure à la formation de jugement le contenu de leurs échanges et le sens du vote de
chacun des délibérants.

252. Action concertée portant sur le fonctionnement des juridictions. - Les conseillers prud'hommes se
voient également interdire toute action concertée de nature à arrêter ou à entraver le fonctionnement
des juridictions lorsque le renvoi de l'examen d'un dossier risquerait d'entraver les conséquences
irrémédiables ou manifestement excessives pour les droits des parties (C. trav., art. L. 1421-2 , al. 4).
Sans interdire l'exercice d'une forme de droit de grève, cette disposition appelle au sens de la
responsabilité des conseillers prud'hommes et les invite à mesurer les conséquences d'un tel mouvement
sur la situation de certains justiciables. Les référés ayant pour objet d'organiser des mesures
conservatoires ou de remise en état qui s'imposent pour prévenir un dommage imminent ou pour faire
cesser un trouble manifestement illicite (C. trav., art. R. 1455-6 ) peuvent relever de cette catégorie.
Indépendamment des conséquences sur certains dossiers d'un mouvement concerté de nature à arrêter
ou à entraver le fonctionnement de la juridiction prud'homale, qui relèvent de la responsabilité
individuelle des conseillers prud'hommes, en cas d'interruption du fonctionnement du conseil ou de
difficultés graves rendant ce fonctionnement impossible dans des conditions normales, le premier
président de la cour d'appel peut désigner un ou plusieurs juges professionnels du ressort pour
connaître des affaires inscrites au rôle du conseil de prud'hommes. Ces derniers assurent donc la
poursuite de l'activité du conseil jusqu'à ce que le conseil soit à nouveau en mesure de fonctionner
normalement (C. trav., art. L. 1423-10-1 ).

253. Gratuité à l'égard des parties. - Les fonctions de conseiller prud'homme sont gratuites vis-à-vis des
parties (C. trav., art. L. 1442-8 ), ce qui leur interdit de percevoir une quelconque rémunération de
leur part.

§ 3 - Discipline

A - Manquements

254. Prévisions légales. - Le législateur a prévu plusieurs séries de manquements qui sont susceptibles
d'entraîner une sanction disciplinaire à l'encontre des conseillers prud'hommes.

255. Interdiction des mandats impératifs. - Le premier des manquements incriminés résulte de
l'interdiction d'accepter un mandat impératif avant ou après l'entrée en fonctions (C. trav., art. L. 1442-
11 ). Bien que nommé sur une liste proposée par des organisations professionnelles, le conseiller
prud'homme doit exercer son activité juridictionnelle en toute indépendance et en toute impartialité.
Cette interdiction rappelle que le conseiller prud'homme n'est pas lié par l'organisation professionnelle
qui a permis sa désignation reste libre de ses décisions et ne doit se déterminer qu'en fonction des
éléments de fait et de droit de l'affaire qui lui est soumise.

256. Refus de service. - Un deuxième manquement est spécifiquement défini par l'article L. 1442-12
du code du travail. Tout conseiller prud'homme qui, sans motif légitime et après mise en demeure,
refuse de remplir le service auquel il est appelé peut être déclaré démissionnaire. Il s'agit d'assurer le
bon fonctionnement des juridictions prud'homales et de permettre d'assurer le remplacement des
conseillers défaillants. L'article L. 1442-1 du code du travail prévoit également que le conseiller
prud'homme nouvellement désigné et qui n'a jamais exercé de mandat, qui se soustrait à son obligation
de formation initiale, est réputé démissionnaire.

257. Défaut de respect de la gratuité des fonctions. - Le code du travail incrimine le fait de ne pas
respecter la gratuité à l'égard des parties de l'exercice des fonctions de conseiller prud'homme.

258. Manquements aux devoirs. - De façon plus générale, l'article L. 1442-13 pose comme principe que
tout manquement à ses devoirs dans l'exercice de ses fonctions par un conseiller prud'homme est
susceptible de constituer une faute disciplinaire. Cette disposition renvoie plus largement aux
obligations découlant du serment prêté par le conseiller prud'homme et des obligations qui en résultent.
À cet égard, le conseil supérieur de la prud'homie élabore un recueil de déontologie des conseillers
prud'hommes, qui est rendu public (C. trav., art. R. 1431-3-1 ).

B - Procédures disciplinaires

1° - Constat de démission

259. Défaut de formation initiale. - Le conseiller prud'homme soumis à l'obligation de formation


initiale, qui n'a pas suivi celle-ci dans le délai de quinze mois à compter du premier jour du deuxième,
mais suivant sa nomination, est réputé démissionnaire. L'inexécution de cette obligation de formation et
la cessation de fonctions qui en résulte sont constatées par le premier président de la cour d'appel
(C. trav., art. D. 1442-10 ).

260. Refus de service. - En cas de refus de service d'un conseiller prud'homme, celui-ci est entendu ou
appelé à présenter ses explications. Le président du conseil de prud'hommes, après avis du vice-
président, constate cette situation dans un procès-verbal contenant l'avis motivé de la section ou de la
chambre dans laquelle siège le conseiller défaillant. La cour d'appel statue en chambre du conseil sur la
démission du conseiller prud'homme après avoir invité celui-ci à présenter ses observations (C. trav.,
art. D. 1442-20 ).

261. Interdiction d'être candidat. - Le refus d'installation et la démission emportent en outre


interdiction pour le conseiller prud'homme concerné d'être candidat aux fonctions de conseiller
prud'homme pour une durée de quatre ans (C. trav., art. L. 1441-10 , al. 1er).

2° - Rappel aux obligations

262. Premier président de la cour d'appel. - En dehors de toute procédure disciplinaire et au regard des
manquements constatés, les premiers présidents de cour d'appel peuvent rappeler à leurs obligations les
conseillers prud'hommes du ressort de leur cour (C. trav., art. L. 1442-13-1 ). Il s'agit là d'un simple
« rappel à l'ordre », sans conséquence particulière.

3° - Procédure devant la commission de discipline

263. Commission nationale de discipline. - La procédure disciplinaire est exercée devant la


Commission nationale de discipline des conseillers prud'hommes, laquelle est présidée par un président
de chambre de la Cour de cassation et composée en outre d'un membre du Conseil d'État, d'un
magistrat et d'une magistrate du siège des cours d'appel, d'un représentant et d'une représentante des
salariés conseillers prud'hommes ou ayant exercé les fonctions de conseiller prud'homme, d'un
représentant et d'une représentante des employeurs, conseillers prud'hommes ou ayant exercé les
fonctions de conseiller prud'homme. Les membres de la commission sont désignés pour quatre ans
(C. trav., art. L. 1442-13-2 ).

264. Saisine. - La Commission nationale de discipline des conseillers prud'hommes est saisie par le
ministre de la Justice ou par le premier président de la cour d'appel dans laquelle le conseiller
prud'homme mis en cause siège, après audition de ce dernier par le premier président (C. trav.,
art. L. 1442-13-3 ). Toutes les pièces afférentes à la procédure sont transmises à la commission
(C. trav., art. R. 1442-22-8 ).

265. Suspension provisoire. - Le président de la commission de discipline peut, sur proposition du


ministre ou du premier président et après l'avoir entendu, suspendre provisoirement le conseiller
prud'homme impliqué pour une durée de six mois renouvelables une fois, lorsqu'il existe contre lui des
faits de nature à entraîner une sanction disciplinaire (C. trav., art. L. 1442-16 ).

266. Droits de la défense. - Le conseiller prud'homme mis en cause est avisé de la saisine de la
commission de discipline et peut prendre connaissance des pièces de la procédure (C. trav.,
art. R. 1442-22-9 , al. 1er). Il peut se faire assister par l'un de ses pairs, un avocat au Conseil d'État et à
la Cour de cassation, ou par un avocat inscrit dans un barreau, déposer des mémoires et des pièces
(C. trav., art. R. 1442-22-10 ). Un rapporteur est désigné parmi les membres de la commission. Il
procède à toutes investigations utiles. Il entend l'intéressé et tout témoin (C. trav., art. R. 1442-22-10 ,
al. 2).

267. Comparution. - Le conseiller prud'homme concerné est cité à comparaître devant la commission
de discipline (C. trav., art. R. 1442-22-11 ) et est tenu de comparaître en personne (C. trav.,
art. R. 1442-22-12 ).

268. Audience disciplinaire. - L'audience de la commission de discipline est publique, sauf


circonstances particulières permettant d'y faire exception. La commission délibère à huis clos. Sa
décision est motivée et rendue publiquement (C. trav., art. L. 1442-16-2 et R. 1442-22-14 ). La
décision est susceptible d'un pourvoi en cassation dans les dix jours de sa notification (C. trav.,
art. R. 1442-22-16 ).

269. Sanctions prévues. - Les sanctions applicables sont le blâme, la suspension pour une durée ne
pouvant excéder six mois, la déchéance assortie d'une interdiction d'exercer les fonctions de conseiller
prud'homme pour une durée maximale de dix ans et la déchéance assortie d'une interdiction définitive
d'exercer les fonctions de conseiller prud'homme (C. trav., art. L. 1442-14 ).

4° - Relevé d'incapacité
270. Conditions. - Un conseiller prud'homme qui a refusé de se faire installer ou qui a été déclaré
démissionnaire peut être relevé de l'interdiction d'être candidat aux fonctions de conseiller prud'homme
prévue par l'article L. 1441-10 du code du travail, d'office ou sur sa demande (C. trav., art. L. 1442-17
). Les demandes de relèvement ne peuvent être présentées qu'à l'expiration du délai d'un an depuis le
refus d'installation ou la démission. Le relèvement est prononcé par décret (C. trav., art. L. 1442-18 ).

§ 4 - Responsabilité

271. Faute lourde ou déni de justice. - Conformément à l'article L. 141-1 du code de l'organisation
judiciaire, l'État est tenu de réparer le dommage causé par le fonctionnement défectueux du service
public de la justice, et, sauf disposition particulière, cette responsabilité n'est engagée qu'en cas de faute
lourde ou de déni de justice. La juridiction prud'homale est ainsi fréquemment mise en cause en raison
de la durée excessive des procédures, laquelle peut être assimilée à un déni de justice.

272. Prise à partie. - Les juges peuvent toutefois faire l'objet d'une prise à partie dans les cas de dol, de
fraude, de concussion ou de faute lourde, commis dans le cours de l'instruction ou dans le jugement, ou
déni de justice. L'État est civilement responsable des condamnations en dommages-intérêts qui sont
prononcés en raison de ces faits contre les juges, sauf un recours contre ces derniers (COJ, art. L. 141-3
et C. trav., art. D. 1442-23 ). La prise à partie est portée devant la cour d'appel (C. trav.,
art. D. 1442-24 ) selon la procédure prévue par les articles 366-1 à 366-9 du code de procédure civile
(C. trav., art. D. 1442-23 ).

Art. 2 - Statut et protection des conseillers prud'hommes

§ 1er - Rémunération

A - Maintien des avantages et de la rémunération des conseillers prud'hommes du collège salarié

273. Temps nécessaire à l'exercice des missions. - Conformément à l'article L. 1442-5 du code du
travail, les employeurs doivent laisser aux salariés de leur entreprise qui exercent les fonctions de
conseiller prud'homme le temps nécessaire pour se rendre et participer aux diverses activités
déterminées, de façon exhaustive, par l'article R. 1423-55 du code du travail. Cette coopération est la
condition même du fonctionnement des conseils de prud'hommes. L'employeur est donc tenu de
coopérer à l'administration de la justice prud'homale.

274. Assimilation à du temps de travail effectif. - Le temps passé hors de l'entreprise pendant les heures
de travail par les conseillers prud'hommes du collège salarié pour l'exercice de leurs fonctions est
assimilé à un temps de travail effectif pour la détermination des droits que le salarié tient de son contrat
de travail, des dispositions légales et des stipulations conventionnelles (C. trav., art. L. 1442-5 , al. 2).
Un salarié conseiller prud'homme ne peut donc être privé d'un quelconque avantage en raison du
temps passé dans ses activités juridictionnelles. Aucune disposition conventionnelle ne peut déroger à
cette règle, à moins qu'elle ne soit plus favorable pour les salariés (Soc. 8 janv. 2002, no 99-45.953 ,
Bull. civ. V, no 7 ; Dr. soc. 2002. 472, obs. J. Savatier ).

275. Maintien de la rémunération. - L'article L. 1442-6, alinéa 3 du code du travail prévoit que les
absences de l'entreprise des conseillers prud'hommes du collège salarié, justifiées par l'exercice de leurs
fonctions juridictionnelles n'entraînent aucune diminution de leur rémunération ou de leurs avantages
correspondants. Ce maintien de salaire s'applique à l'ensemble des éléments de rémunération, quels
qu'ils soient, dès lors que le salarié les aurait perçus s'il avait travaillé au sein de l'entreprise pendant
l'exercice de ses fonctions juridictionnelles. À ce titre, il peut prétendre au paiement du temps de pause
appliqué aux travailleurs postés lorsqu'il exerce une activité de conseiller prud'homme pendant le
temps de travail posté (Soc. 7 avr. 1994, no 92-42.458 , Bull. civ. V, no 140), ou à celui de la prime
d'habillage (Soc. 13 oct. 2004, no 02-47.725 , Bull. civ. V, no 259). Le temps passé dans l'exercice des
fonctions juridictionnelles, qui est assimilé à du temps de travail effectif, doit être pris en compte pour
le calcul des heures supplémentaires et le paiement des majorations afférentes (Soc. 28 mai 2005,
no 03-43.373, Bull. civ. V, no 183). De même, les conseillers prud'hommes peuvent légitimement
prétendre au bénéfice des titres-restaurant dès lors qu'il est justifié que les temps de formation pour les
fonctions juridictionnelles englobaient un temps de repas et qu'il n'est pas rapporté la preuve de la non-
conformité des heures litigieuses avec l'objet de leur mission (Soc. 20 févr. 2013, no 10-30.028 , Bull.
civ. V, no 54 ; JCP S 2013, no 1184, p. 35 à 38, note Th. Lahalle ; D. 2013. 574 ). En revanche, le
salarié ne peut pas prétendre au maintien d'éléments qui constituent en réalité des remboursements de
frais, qu'il n'a pas supportés du fait de l'exercice de ses fonctions de conseiller prud'homme (Soc.
13 juill. 2004, no 02-44.342 , RJS 10/04, no 1082). Il est alors nécessaire d'examiner l'objet des
sommes versées, fût-ce de façon forfaitaire, afin de vérifier si c'est une rémunération qui doit être
maintenue ou des frais qui n'ont pas à être payés faute d'avoir été exposés.

276. Adaptations pour certaines catégories particulières de salariés. - Les articles D. 1423-61 et suivants
du code du travail prévoient des modalités d'application du maintien de salaire pour certaines
catégories de salariés dont le temps de travail ou la rémunération sort du droit commun (travail continu,
travail en dehors de tout établissement, forfait en jours…). L'article L. 1442-7 du code du travail prévoit
un aménagement des horaires pour les salariés travaillant en service continu ou discontinu posté afin de
garantir un temps de repos minimal. Le temps passé pour se rendre du domicile du salarié au siège du
conseil de prud'hommes ne peut pas être imputé sur le temps de repos auquel a droit un salarié qui
travaille en service continu ou discontinu posté (Soc. 8 avr. 2009, no 08-40.278 , Bull. civ. V, no 108 ;
D. 2009. 1361 ; RJS 6/09, no 570).

277. Protection des conseillers prud'hommes du collège employeur. - Bien que l'article L. 1442-5 du
code du travail ne vise que les conseillers prud'hommes du collège salarié, la Cour de cassation a fait
application du principe d'égalité de traitement pour en faire bénéficier les conseillers prud'hommes qui
siègent dans le collège employeur, en raison de la détention d'une délégation de pouvoir, mais qui ont
néanmoins la qualité de salarié. Elle considère en effet que leur participation au service de la justice
confère aux salariés membres d'un conseil de prud'hommes les mêmes droits en matière de
rémunération et d'avantages afférents, qu'ils appartiennent au collège salarié ou au collège employeur
(Soc. 12 oct. 2005, no 03-47.749 , Bull. civ. V, no 286). La différence de collège d'appartenance ne
saurait donc constituer une justification à une différence de traitement entre conseillers de
prud'hommes exerçant tous des fonctions en qualité de salariés.

278. Remboursement des rémunérations par l'État. - Les employeurs sont remboursés des sommes qu'ils
ont versées à leur salarié conseiller prud'homme du collège salarié au titre de ses activités
juridictionnelles, ainsi que de l'ensemble des avantages et des charges sociales correspondantes leur
incombant. La demande de remboursement doit être présentée dans l'année qui suit l'absence du salarié
de l'entreprise, à peine de prescription (C. trav., art. L. 1442-6 , al. 4).

B - Vacations et indemnités

279. Prise en charge des rémunérations et des indemnités. - Les fonctions de conseiller prud'homme
sont gratuites vis-à-vis des parties (C. trav., art. L. 1442-8 ). Comme toutes les dépenses de personnel
et de frais de déplacement du conseil de prud'hommes (C. trav., art. L. 1423-15 ), la rémunération et
l'indemnisation des conseillers prud'hommes sont prises en charge par l'État.

280. Vacations. - Le conseiller prud'homme salarié qui exerce des activités prévues par l'article R. 1423-
55 du code du travail en dehors des heures de travail, et qui de ce fait ne bénéficie pas pour celles-ci du
maintien de la rémunération, perçoit une indemnité pour les vacations qu'il a effectuées. Il en va de
même pour les conseillers prud'hommes du collège salarié qui ont cessé leur activité professionnelle ou
qui sont demandeurs d'emploi (C. trav., art. D. 1423-56 ). Les conseillers du collège employeur
peuvent prétendre à cette indemnité lorsqu'ils exercent l'une de ces activités avant 8 heures ou après 18
heures ou lorsqu'ils ont cessé leur activité professionnelle. Le taux des vacations est doublé pour les
activités exercées entre 8 heures et 18 heures. La durée de certaines activités, telles que l'étude
préparatoire des dossiers avant l'audience, celle préalable au délibéré ou encore celle consacrée à la
rédaction d'une décision font l'objet d'un plafonnement (C. trav., art. D. 1423-65 et D. 1423-66 ).

281. Taux horaire. - Le taux horaire des allocations au titre des vacations accomplies par les conseillers
prud'hommes est à l'heure actuelle de 8,40 euros (C. trav., art. D. 1423-56 ).

282. Activités administratives. - Les activités administratives des présidents et vice-présidents des
conseils de prud'hommes ouvrent droit à des indemnisations dans les conditions prévues par les articles
D. 1473-71 à 1423-75 du code du travail.

283. Frais de déplacement. - Les conseillers prud'hommes sont également indemnisés de leur frais de
déplacement dans les conditions prévues à l'article D. 1423-64 du code du travail.

§ 2 - Protection du conseiller prud'homme

A - Protection sociale

284. Accident du travail. - Conformément aux articles L. 412-8 6o, D. 412-78 et D. 472-79 III B), les
membres des conseils de prud'hommes bénéficient d'une protection contre le risque d'accident du
travail, qui couvre l'ensemble de leurs activités y compris lors des formations ainsi que les accidents de
trajet.

285. Protection sociale. - Les temps passés dans l'exercice des fonctions sont assimilés à du temps de
travail effectif pour l'acquisition des droits en matière de protection sociale (C. trav., art. L. 1442-6 ).

B - Protection dans le cadre de l'exécution du contrat de travail

286. Sanctions disciplinaires. - Conformément à l'article L. 1442-19 du code du travail, l'exercice des
fonctions de conseiller prud'homme et la participation aux activités de la juridiction ou de formation ne
peuvent être une cause de sanction ou de rupture du contrat de travail. Ainsi, les contraintes liées à
l'exercice de ces fonctions ne peuvent avoir de conséquence sur l'exécution normale du contrat de
travail.

287. Modification du contrat de travail et changement des conditions de travail. - Du fait de son statut
de salarié protégé, aucune modification de son contrat de travail ou de ses conditions de travail ne peut
être imposée à un conseiller prud'homme. Dès lors, il appartient à l'employeur d'engager la procédure
de licenciement en cas de refus par le salarié de la modification envisagée, sous réserve qu'une telle
mesure soit effectivement possible. En outre, les clauses d'un contrat de travail ne sauraient prévaloir
sur les dispositions protectrices prévues par la loi en faveur d'un salarié protégé et aucun changement de
lieu de travail ne peut être imposé à un tel salarié sans l'accord de ce dernier. C'est ainsi, par exemple,
que le rapatriement en France imposé à un salarié investi d'un mandat de conseiller prud'homme
constitue un trouble manifestement illicite, auquel le juge doit mettre fin (Soc. 4 oct. 1995, no 94-
40.387 , RJS 11/95, no 1161).

C - Protection en matière de rupture du contrat de travail

288. Autorisation administrative. - En application de l'article L. 1442-19 du code du travail, l'exercice


des fonctions de conseiller prud'homme et la participation aux activités mentionnées aux articles
L. 1442-2 à L. 1442-5 ne peuvent être une cause de sanction ou de rupture du contrat de travail. Le
licenciement du conseiller prud'homme est soumis à la procédure d'autorisation administrative et ne
peut intervenir qu'après autorisation délivrée par l'inspecteur du travail (C. trav., art. L. 2411-22 ). Il
s'étend à tous les salariés exerçant les fonctions de conseillers prud'hommes sans qu'il y ait lieu de
distinguer selon qu'ils siègent dans le collège salarié ou dans le collège employeur (Crim. 22 avr. 1986,
no 85-93.671 , Bull. crim. 133. – CE 10 juin 1994, req. no 105765 , Lebon 314), ces derniers ne
pouvant être moins protégés que les premiers. Le salarié appelé à remplacer un conseiller prud'homme
démissionnaire bénéficie également de la protection (Soc. 3 mars 1988, no 86-43.000 , Bull. civ. V,
no 155) dans les mêmes conditions.

289. Durée de la protection. - Le bénéfice de la protection est offert aux conseillers prud'hommes en
exercice et à ceux qui ont cessé leurs fonctions depuis moins de six mois (C. trav., art. L. 2411-22
1o. – Soc. 13 mars 2012, no 10-21.785 , Bull. civ. V, no 99 ; D. 2012. 885 ).

290. Information de l'employeur de l'existence du mandat. - Le statut protecteur lié à l'exercice des
fonctions de conseiller prud'homme ne peut être opposé à l'employeur, notamment pour le respect de la
procédure de licenciement d'un salarié protégé, qu'à la condition qu'il ait été porté à sa connaissance, au
plus tard lors de l'entretien préalable au licenciement (Cons. const. 14 mai 2012, no 2012-242 QPC,
D. 2002. 2622, obs. P. Lokiec et J. Porta ; Dr. soc. 2012. 796, note J. Bonnet ; Constitutions 2012.
459, obs. C. Radé . – Soc. 14 sept. 2012, no 11-21.307 , Bull. civ. V, no 230 ; D. 2012. 2179 ;
RDT 2013. 48, obs. J.-M. Verdier ; Constitutions 2012. 624, obs. C. Radé ).

291. Candidats aux fonctions de conseiller prud'homme. - La protection est étendue au salarié candidat
aux fonctions de conseiller prud'homme dès que l'employeur a reçu notification de la candidature du
salarié. Le bénéfice de cette protection ne peut être invoqué que par le candidat dont le nom figure sur
la liste déposée (C. trav., art. L. 2411-22 , al. 2, 2o). Cette protection est également acquise lorsque le
salarié fait la preuve que l'employeur a eu connaissance de l'imminence de sa candidature.

292. Nullité du licenciement. - Tout licenciement intervenu sans autorisation de l'autorité


administrative ou malgré une décision de refus d'autorisation serait frappé de nullité en application de
l'article L. 1235-3-1 du code du travail. Ainsi, le licenciement d'un conseiller prud'homme prononcé en
violation du statut protecteur, ouvre droit, pour le salarié qui demande sa réintégration pendant la
période de protection, au versement d'une indemnité égale au montant de la rémunération qu'il aurait
perçue entre son licenciement et sa réintégration effective (Soc. 10 déc. 1997, no 94-45.254 , Bull.
civ. V, no 431).

293. Refus d'autorisation administrative. - En cas de refus de l'autorisation, le contrat poursuit son cours
normal. Ainsi, constitue une violation du statut protecteur entraînant nécessairement pour le salarié,
conseiller prud'homme, un préjudice le fait, pour l'employeur, de ne pas le rétablir dans ses fonctions
après une mise à pied conservatoire suivie d'un refus de l'autorisation de le licencier (Soc. 18 juill. 2000,
no 98-42.542 , Bull. civ. V, no 301).

294. Situation au jour de l'entretien préalable. - Le bénéfice du statut protecteur est subordonné à
l'information de l'employeur. Dès lors, sa mise en œuvre doit être écartée lorsqu'il apparaît que le salarié
n'a pas informé son employeur de son mandat de conseiller prud'homme, et qu'il n'est pas établi que
l'employeur en ait été informé, au jour de la notification de la rupture, par le directeur régional des
entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, conformément aux
dispositions de l'article D. 1453-2-7 du code du travail (Soc. 16 janv. 2019, no 17-27.685 , JCP S
2019. II. 1061, note Y. Pagnerre ; JCP 2019, Act. 102, note D. Corrignan-Carsin ; RJS 2019, no 169).
L'employeur doit appliquer le statut protecteur dès lors qu'au jour de la convocation à l'entretien
préalable le salarié en bénéficiait, peu important qu'il en ait ensuite perdu le bénéfice (Soc. 26 mars
2013, nos 11-27.996 et 11-27.964 , Bull. civ. V, no 83 ; RDT 2013. 300, note C. Dechristé ; RJS
6/2013, no 468 ; JCP S 2013, no 1254, note T. Lahalle). De même, l'inspecteur du travail reste
compétent pour statuer sur la demande d'autorisation de licencier, même si, depuis la délivrance de la
convocation à l'entretien préalable, le salarié a cessé d'exercer son mandat (CE 23 nov. 2016,
no 392059 , RJS 2/17, no 129). C'est la convocation à l'entretien préalable qui fixe les règles de droit
applicables.

295. Sanctions. - En cas de licenciement du conseiller prud'homme sans autorisation administrative ou


malgré une décision de l'autorité administrative de refus d'autorisation de licencier, la rupture est
frappée de nullité. Le salarié peut alors solliciter sa réintégration dans l'entreprise. Par ailleurs, le salarié
qui a sollicité sa réintégration, par exemple en faisant une déclaration enregistrée au greffe du conseil
de prud'hommes (Soc. 16 déc. 2014, no 13-15.081 , Bull. civ. V, no 290 ; RJS 2/15, no 117), peut
également obtenir l'indemnisation des salaires perdus entre la date de son éviction et celle de sa
réintégration (Soc. 10 déc. 1997, no 95-45.254, Bull. civ. V, no 431), y compris lorsque la période de
protection a cessé lorsque l'intéressé est effectivement réintégré (Soc. 4 juill. 1989, no 87-45.198 ,
Bull. civ. V, no 498).

296. Réintégration. - La réintégration doit avoir lieu dans l'emploi antérieur, le salarié retrouvant son
ancienneté. Si l'emploi n'existe plus ou n'est pas vacant, cette réintégration doit se faire dans un emploi
équivalent (Soc. 24 juin 1998, no 95-44.388 , Bull. civ. V, no 339). Le salarié peut également
prétendre, en application de l'article L. 2422-4 du code du travail à l'indemnisation de l'intégralité de
son préjudice moral et matériel (Soc. 12 nov. 2015, no 14-10.640 , Bull. civ. V, no 232 ; JCP S 2016.
II. 1007, note J.-Y. Kerbourc'h).

297. Indemnités. - Lorsque le salarié ne sollicite pas sa réintégration, il peut prétendre non seulement
aux indemnités de rupture outre une indemnité pour licenciement illicite au moins égale à six mois de
salaire, mais également au versement de l'indemnité forfaitaire pour violation du statut protecteur, égale
aux salaires dus entre son éviction de l'entreprise et le prononcé de la résiliation de son contrat de
travail (Soc. 16 déc. 2014, no 13-15.081 , Bull. civ. V, no 290 ; RJS 2/15, no 117), dans la limite de
trente mois (Soc. 15 avr. 2015, no 13-27.211 , Bull. civ. V, no 87). Dans le cas où le salarié avait été
engagé dans le cadre d'un contrat à durée déterminée, la durée de ce contrat est sans effet sur les
conditions de fixation de l'indemnité pour violation du statut protecteur. Ainsi, le conseiller
prud'homme, qui a conclu un contrat d'accompagnement à l'emploi a le droit d'obtenir au titre de la
méconnaissance du statut protecteur, une indemnité forfaitaire égale au montant de sa rémunération
pendant la période comprise entre son éviction et l'expiration de la période de protection dans la limite
de la durée de protection accordée aux représentants du personnel, peu important la durée légale
maximale prévue pour son contrat de travail (Soc. 12 juin 2013, no 12-17.273 , Bull. civ. V, no 153 ;
Dr. soc. 2013. 762, note J. Mouly ; JCP S 2013, no 1348, note Th. Lahalle). Cette indemnité pour
violation du statut protecteur n'ouvre pas droit à indemnité de congés payés (Soc. 30 juin 2016, no 15-
12.984 , inédit). Notons toutefois que l'indemnité pour violation du statut protecteur peut être fixée
en fonction du seul préjudice subi lorsque le salarié présente sa demande de façon tardive, après
l'expiration du statut protecteur, sans justifier d'un motif légitime quant à cette tardiveté (Soc. 11 juin
2013, no 12-12.738 , Bull. civ. V, no 150 ; RDT 2013. 573, note M. Grévy ; JCP S 2013, no 1388,
note A. Barège).

298. Annulation de l'autorisation de licencier. - En cas d'annulation de l'autorisation de licencier, par le


ministre sur recours hiérarchique ou par le juge administratif dans le cadre d'un recours contentieux, ou
de retrait de cette décision, le salarié protégé peut prétendre à sa réintégration. Conformément à l'article
L. 2422-4 du code du travail, il doit former sa demande dans les deux mois de la notification de la
décision annulant l'autorisation de licenciement. S'il n'est pas réintégré, il peut demander une
indemnité correspondant au préjudice subi entre son licenciement et sa réintégration effective (Soc.
30 nov. 2004, no 01-44.739 , Bull. civ. V, no 309 ; RJS 2/05, no 177). Une annulation pour vice de
procédure ne fait pas obstacle au droit à réintégration, la procédure de licenciement pouvant néanmoins
être renouvelée. En effet, l'annulation de l'autorisation administrative ne laissant rien subsister de celle-
ci, le contrat de travail est toujours en cours et ne peut être rompu qu'à la suite de l'obtention par
l'employeur d'une nouvelle autorisation administrative (Soc. 18 mai 1993, no 91-44.145 , RJS 7/93,
no 764).

299. Autres modes de rupture du contrat de travail à l'initiative de l'employeur. - L'ensemble des modes
de rupture du contrat de travail sont concernés par la nécessité d'une autorisation administrative
préalable. En effet, la Cour de cassation considère que la protection exceptionnelle et exorbitante du
droit commun instituée par le législateur au profit des salariés exerçant les fonctions de conseiller
prud'homme interdit à l'employeur de poursuivre par d'autres moyens la rupture du contrat de travail. Il
en va ainsi en cas de mise à la retraite sur décision de l'employeur, y compris lorsque les conditions
d'une mise à la retraite sont réunies (Soc. 2 déc. 1998, no 96-44.668 , Bull. civ. V, no 534 ; RJS 1/99,
no 101. – Soc. 10 déc. 2013, no 01-43.876, Bull. civ. V, no 314). Si l'employeur procède à la mise à la
retraite sans autorisation de l'inspecteur du travail, la rupture du contrat de travail s'analyse en un
licenciement nul (Soc. 10 déc. 2003, no 01-43.876 , Bull. civ. V, no 314).

300. Rupture d'un commun accord. - La procédure d'autorisation administrative de licencier s'applique
également à la rupture conventionnelle (C. trav., art. L. 1237-15 ), à la rupture anticipée comme à
l'arrivée du terme du contrat de travail à durée déterminée (C. trav., art. L. 2421-8 . – Soc. 13 mars
2012, no 10-21.785 , Bull. civ. V, no 99 ; D. 2012. 885 ) ou du contrat de travail temporaire.

301. Période d'essai. - La rupture de la période d'essai relève également de cette protection
exceptionnelle et exorbitante du droit commun (Soc. 26 oct. 2005, no 03-44.751 , Bull. civ. V,
no 306 ; RJS 1/06, no 63. – Soc. 22 sept. 2010, no 09-40.968 , Bull. civ. V, no 191 ; JCP S 2010,
1474, note Th. Lahalle) et nécessite donc une autorisation administrative.

302. Résiliation judiciaire du contrat de travail. - Lorsque le conseiller prud'homme obtient la résiliation
judiciaire de son contrat de travail en raison des manquements de son employeur, cette résiliation a les
effets d'un licenciement nul et le salarié peut prétendre aux indemnités correspondantes. Notons que le
conseiller prud'homme dont la demande de résiliation judiciaire est accueillie n'a droit, au titre de la
violation de son statut protecteur, qu'au paiement d'une indemnité égale à la rémunération qu'il aurait
dû percevoir jusqu'à l'expiration de la période de protection en cours au jour de la demande. Ainsi,
lorsqu'au jour de la demande de résiliation judiciaire, le salarié ne bénéficiait pas d'un statut protecteur,
la résiliation judiciaire aux torts de l'employeur doit s'analyser en un licenciement sans cause réelle et
sérieuse (Soc. 26 oct. 2016, no 15-15.923 , Bull. civ. V, no 196 ; JCP 2016, no 1208, note
N. Dedessus-Le-Moustier ; Dr. soc. 2016. 1062, note J. Mouly ).

303. Prise d'acte de la rupture du contrat de travail. - La prise d'acte a les effets d'un licenciement nul, si
le juge considère que celle-ci était justifiée. Le conseiller prud'homme pourra alors prétendre aux
indemnités de rupture correspondantes. Notons toutefois que le salarié, qui s'est prévalu de la rupture
du contrat de travail, ne peut pas prétendre à sa réintégration dans l'entreprise (Soc. 29 mai 2013,
no 12-15.974 , Bull. civ. V, no 138 ; Dr. soc. 2013. 647, note J. Mouly ; RDT 2013. 450, note
A. Moulinier ; JCP S 2013, no 1338, note F. Dumont). Le conseiller prud'homme qui a pris acte de
la rupture du contrat de travail a néanmoins droit à une indemnité pour violation du statut protecteur
(Soc. 12 mars 2014, no 12-20.108 , Bull. civ. V, no 72 ; JCP S 2014, no 132, note N. Dauxerre) et aux
diverses indemnités de rupture prévues en cas de nullité du licenciement.

D - Protection d'ordre pénal

304. Infraction pénale. - Le législateur a institué une infraction pour les atteintes aux fonctions de
conseiller prud'homme. Ainsi, en application de l'article L. 1443-1 du code du travail, le fait de porter
atteinte soit à la libre désignation des candidats, à la nomination des conseillers prud'hommes, soit à
l'indépendance ou à l'exercice régulier des fonctions de conseiller prud'homme, notamment par l'effet
d'une méconnaissance des articles L. 1442-2 (délivrance des autorisations d'absence pour suivre les
formations initiale et continue), L. 1445-5 (obligation pour l'employeur de permettre au conseiller
prud'homme de disposer du temps nécessaire pour se rendre et participer aux activités prud'homales),
L. 1445-6, L. 1442-7 et L. 1442-10 (dispositions relatives au maintien de la rémunération et des droits),
est puni d'un emprisonnement d'un an et d'une amende de 3 750 euros.

§ 3 - Formation

305. Financement. - Aux termes de l'article L. 1442-1 du code du travail, l'État organise la formation
des conseillers prud'hommes et en assure le financement. L'une des innovations les plus importantes de
la réforme du 6 août 2015 a été d'introduire une formation initiale, commune aux conseillers
prud'hommes employeurs et salariés, organisée par l'École nationale de la magistrature. Cette formation
s'est ajoutée à la formation continue dispensée par les organisations professionnelles. Elle permet à
l'ensemble des conseillers prud'hommes de bénéficier d'une formation commune qui jette les bases de
l'exercice de leur mission judiciaire. La formation continue, qui porte davantage sur les règles de fond à
mettre en œuvre dans les litiges, est ensuite assurée par les organisations professionnelles.
306. Temps nécessaire à la formation. - Les employeurs doivent accorder aux salariés des autorisations
d'absences pour les besoins de la formation. Ces autorisations d'absences, qui peuvent être fractionnées,
doivent être accordées dans la limite de cinq jours pour la formation initiale et de six semaines par
mandat, au titre de la formation continue (C. trav., art. L. 1442-3 , al. 1er). Selon la chambre sociale
de la Cour de cassation, le législateur, en accordant aux conseillers prud'hommes pour les besoins de
leur formation des autorisations d'absences dans la limite de six semaines par mandat pouvant être
fractionnées, a entendu leur accorder, le repos hebdomadaire d'une durée minimale de vingt-quatre
heures consécutives étant exclu, une durée de six jours de formation pendant six semaines, soit trente-
six jours au total, et ceci quel que soit l'horaire habituel de l'entreprise où ils travaillent (Soc. 19 nov.
1996, no 93-43.012, Bull. civ. V, no 393).

307. Rémunération pendant la formation. - L'employeur doit maintenir la rémunération des conseillers
prud'hommes du collège salarié pendant ces absences (C. trav., art. L. 1442-2 , al. 3).

308. Formation initiale. - Les conseillers prud'hommes nouvellement désignés n'ayant jamais exercé de
mandat prud'homal sont astreints à une formation initiale (C. trav., art. D. 1442-10-1 , al. 1er). Cette
formation initiale est organisée par l'École nationale de la magistrature (C. trav., art. D. 1442-10-2 ,
al. 1er). Le programme de cette formation, fixé par l'arrêté du 28 avril 2017, porte sur le conseil de
prud'hommes et son environnement, l'organisation administrative et judiciaire, le statut, l'éthique et la
déontologie des conseillers prud'hommes, le procès devant le conseil de prud'hommes, et la
méthodologie pour la tenue des audiences et la rédaction des jugements. Cette formation initiale,
commune aux conseillers des deux collèges, a pour objet d'approfondir des thèmes partagés par
l'ensemble des conseillers et relatifs à l'organisation judiciaire, à la procédure, à la rédaction des
décisions et à la déontologie. Elle tend également à favoriser les liens entre différents conseillers autour
de l'acte de juger. Au terme de la formation, une attestation est délivrée aux conseillers prud'hommes,
sous condition d'assiduité, attestation qui peut être remise par le conseiller concerné au président du
conseil de prud'hommes et, le cas échéant, à l'employeur (C. trav., art. D. 1442-10-4 ).

309. Sanction de l'absence de formation initiale. - La formation initiale est obligatoire et conditionne la
prise de fonction effective du conseiller prud'homme nouvellement désigné et n'ayant jamais exercé de
mandat. Le conseiller qui n'a pas satisfait à cette obligation de formation initiale dans le délai imparti
par décret est réputé démissionnaire (C. trav., art. L. 1442-1 , al. 3).

310. Formation continue. - La formation continue des conseillers prud'hommes est assurée par des
établissements publics ou des instituts de formation des personnels de l'État, des établissements publics
de l'enseignement supérieur, des organismes privés à but non lucratif qui sont rattachés aux
organisations professionnelles et syndicales ayant obtenu, au niveau national, cent cinquante sièges à la
dernière désignation prud'homale répartis dans au moins cinquante départements ou qui se consacrent
exclusivement à cette formation (C. trav., art. D. 1442-1 ). Ces derniers organismes doivent faire
l'objet d'un agrément du ministre du Travail (C. trav., art. R. 1442-2 ).

311. Autorisation d'absence. - La durée d'autorisation d'absence des conseillers prud'hommes salariés au
titre de la formation continue ne peut pas excéder deux semaines au cours d'une même année civile
(C. trav., art. D. 1442-7 ). Une attestation de suivi de stage est délivrée par l'organisme de formation
et remise à l'employeur au moment de la reprise du travail (C. trav., art. D. 1442-8 ).

§ 4 - Port d'un insigne

312. Médaille. - Dans le cadre de leurs activités juridictionnelles, à l'audience et lors des cérémonies
publiques, les conseillers prud'hommes portent en sautoir une médaille signe de leurs fonctions. Elle est
en bronze doré pour le président de l'audience et en bronze argenté pour les autres conseillers (C. trav.,
art. D. 1442-25 ). L'achat des médailles est pris en charge par l'État au titre des dépenses de
fonctionnement du greffe du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1423-51 ).

Art. 3 - Désignation des conseillers prud'hommes

§ 1er - Modalités de nomination

A - Principes

313. Nomination. - Les conseillers prud'hommes sont nommés conjointement par le garde des Sceaux
et par le ministre du Travail, par conseil de prud'hommes, collège et section sur proposition des
organisations syndicales et professionnelles (C. trav., art. L. 1441-1 ) et au regard de leur audience
respective. Cette nomination intervient dans l'année qui suit la mesure de l'audience syndicale pour le
collège salariés et celle de l'audience patronale pour le collège employeurs (C. trav., art. L. 1441-2 ).

314. Contestations. - Les contestations relatives à la nomination doivent être portées par tout candidat
ou tout mandataire de liste devant le tribunal administratif dans le délai de dix jours à compter de cette
nomination. Le tribunal administratif statue en premier et dernier ressort (C. trav., art. L. 1441-24 ).

315. Répartition des sièges. - Le nombre de sièges attribués à chaque organisation syndicale et
professionnelle est arrêté par le garde des Sceaux et le ministre du Travail par conseil de prud'hommes,
par collège et par section, en fonction de l'audience obtenue par chacune d'entre elles, dans le cadre de
la mesure de l'audience syndicale et de l'audience patronale, définies respectivement par les articles
L. 2121-1 5o et L. 2151-1 6o du code du travail (C. trav., art. L. 1441-4 ). Les sièges sont attribués à la
représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne (C. trav., art. L. 1441-5 ,
R. 1441-5 et R. 1441-10 ). Une exception est prévue pour la Guadeloupe, Saint-Barthélemy et
Saint-Martin, en raison de la spécificité de ces collectivités locales, où la mesure de l'audience n'est pas
établie au niveau départemental, mais au niveau de chacun de ces territoires (C. trav., art. L. 1523-1
).

B - Répartition des sièges du collège salarié

316. Collège des salariés. - Pour ce qui concerne le collège des salariés, la répartition des sièges entre les
diverses organisations syndicales pour chacun des conseils de prud'hommes est faite en pratique et pour
l'essentiel sur la base des suffrages exprimés au premier tour des élections aux comités sociaux et
économiques, des suffrages exprimés au scrutin des élections concernant les entreprises de moins de
onze salariés, ainsi que des suffrages exprimés lors des élections des membres représentant les salariés
aux chambres départementales d'agriculture (C. trav., art. L. 2122-9 ).

317. Principes généraux. - Pour les sections industrie, commerce et services commerciaux, activités
diverses et agriculture sont pris en compte les suffrages exprimés en fonction du tableau de répartition
prévu à l'article R. 1423-4 du code du travail, à l'exception de ceux qui doivent être comptabilisés au
titre de la section encadrement.

318. Section agriculture. - Pour la section agriculture, il convient en outre de prendre en compte les
suffrages exprimés lors des élections des membres représentant les salariés de la production agricole au
sein des chambres d'agriculture (C. trav., art. R. 1441-4 ).

319. Section activités diverses. - Pour ce qui concerne la section activité diverses, il convient de prendre
en compte les suffrages exprimés obtenus dans le cadre des élections au sein des entreprises qui
relèvent d'une convention collective ou d'un accord collectif qui ne serait pas mentionné dans le tableau
de répartition prévu à l'article R. 1423-4 du code du travail (C. trav., art. R. 1441-4 ).

320. Section encadrement. - Pour la section encadrement, il convient de prendre en compte les
suffrages exprimés aux élections professionnelles mentionnées à l'article L. 2122-9 dans les collèges
dans lesquels seuls des personnels relevant de la section de l'encadrement sont amenés à s'exprimer
ainsi que les suffrages exprimés dans le cadre du collège cadre mentionné à l'article L. 2122-10-4 du
code du travail (C. trav., art. R. 1441-4 ).
321. Proportionnelle. - Les sièges sont attribués proportionnellement aux suffrages obtenus suivant la
règle de la plus forte moyenne entre organisations syndicales pour cette section. En cas d'égalité, le siège
est attribué à l'organisation syndicale qui a obtenu le plus de suffrages exprimés au niveau
départemental pour l'ensemble des sections. En cas de nouvelle égalité, le siège est attribué à
l'organisation syndicale qui a obtenu le plus de suffrages au niveau régional pour la section concernée.
Enfin, en cas de nouvelle égalité, le siège est attribué à l'organisation syndicale qui a obtenu le plus de
suffrages au niveau national pour la section concernée (C. trav., art. R. 1441-6 ). En l'absence de
suffrages permettant de déterminer la répartition des sièges entre les diverses organisations syndicales
pour une section donnée, il convient de prendre en compte les suffrages exprimés au niveau régional,
ou à défaut, au niveau national, pour la section concernée (C. trav., art. R. 1441-7 ).

C - Répartition des sièges du collège employeur

322. Audience. - La détermination du nombre de sièges de chaque section de chacun des conseils de
prud'hommes est faite sur la base du nombre d'entreprises adhérentes retenues pour mesurer l'audience
patronale en application de l'article R. 2152-8 du code du travail, dès lors que celles-ci emploient au
moins un salarié, et du nombre de salariés employés par ces entreprises, chacun de ces critères étant
retenu à hauteur de 50 %. Ces résultats sont additionnés au niveau national et par section (C. trav.,
art. R. 1441-8 ).

323. Principes. - S'agissant des sections industrie, commerce et services commerciaux, activités diverses
et agriculture, sont prises en compte en fonction du tableau de répartition prévu à l'article R. 1423-1 du
code du travail, les entreprises adhérentes à une organisation professionnelle d'employeurs candidate au
niveau d'une branche professionnelle ou à une structure territoriale de cette organisation, ainsi que les
entreprises adhérentes à une organisation professionnelle d'employeurs non candidate ou à une
structure territoriale de cette organisation, lorsqu'elle adhère à une organisation professionnelle
d'employeurs candidate au niveau d'une branche professionnelle (C. trav., art. L. 1441-9 I ).

324. Principales sections. - Pour les sections industrie, commerce et services commerciaux, agriculture
et activités diverses, doivent également être prises en compte les entreprises adhérentes à une
organisation professionnelle d'employeurs non candidate ou à une structure territoriale de cette
organisation, lorsqu'elle adhère à une organisation professionnelle candidate au niveau national et
interprofessionnel (C. trav., art. L. 1441-9 II I).

325. Section agriculture. - Pour la section agriculture, il convient de prendre également en compte les
entreprises adhérentes des secteurs d'activité mentionnés au quatrième alinéa de l'article L. 2152-1 du
code du travail (C. trav., art. L. 1441-9 II ).
326. Section encadrement. - Pour la section encadrement, il convient de prendre en compte l'ensemble
des entreprises adhérentes obtenues en application des articles R. 1441-9 I, II et III (C. trav.,
art. L. 1441-9 IV ).

327. Proportionnelle. - Les sièges sont répartis proportionnellement au nombre d'entreprises adhérentes
et de salariés, selon la plus forte moyenne entre organisations professionnelles au sein de chaque section
de chaque conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1441-10 ). En cas d'égalité, le siège est attribué à
l'organisation professionnelle dont le nombre d'entreprises et de salariés, chacun à hauteur de 50 %, est
le plus élevé. En cas, à nouveau, d'égalité, le siège est attribué à l'organisation professionnelle dont le
nombre d'entreprises adhérentes et de salariés, chacun à hauteur de 50 %, est le plus élevé pour
l'ensemble des sections (C. trav., art. R. 1441-11 ). Enfin, en l'absence d'entreprises adhérentes pour
déterminer la répartition des sièges entre les organisations professionnelles pour une section donnée, il
convient de prendre en compte les entreprises adhérentes et les salariés qu'elles emploient pour
l'ensemble des sections (C. trav., art. R. 1441-12 ).

§ 2 - Contestations de la répartition des sièges

328. Recours devant la juridiction administrative. - L'arrêté conjoint du garde des Sceaux, ministre de
la Justice, et du ministre du Travail, fixant la répartition des sièges entre les diverses organisations
syndicales et professionnelles, ne peut faire l'objet d'un recours administratif (C. trav., art. R. 1441-2 ,
al. 2). Les contestations relatives à la répartition du nombre de sièges opérée en application de l'article
L. 1441-4 du code du travail doivent être formées dans le délai de quinze jours suivant sa publication.
Le recours est porté devant le Conseil d'État (C. trav., art. L. 1441-5 ).

Art. 4 - Candidatures

§ 1er - Conditions générales

329. Conditions communes. - La candidature aux fonctions de conseiller prud'homme est ouverte aux
salariés, aux employeurs, aux personnes à la recherche d'un emploi inscrites sur la liste des demandeurs
d'emploi et aux personnes ayant cessé d'exercer toute activité professionnelle (C. trav., art. L. 1441-6
). Il faut en outre être de nationalité française, ne pas avoir sur le bulletin no 2 du casier judiciaire de
mentions incompatibles avec l'exercice des fonctions prud'homales et n'être l'objet d'aucune
interdiction, déchéance ou incapacité relative à ses droits civiques, être âgé de vingt et un ans au moins
et avoir exercé une activité professionnelle de deux ans ou justifier d'un mandat prud'homal dans les
dix ans précédant la candidature (C. trav., art. L. 1441-7 ). Les candidatures déposées en violation de
la condition de nationalité et d'absence de mention au bulletin no 2 du casier judiciaire sont irrecevables
(C. trav., art. R. 1441-15 ).

330. Conseillers déchus de leurs fonctions. - Les conseillers prud'hommes qui ont été déclarés déchus
de leurs fonctions dans le cadre d'une procédure disciplinaire ne peuvent pas être candidats à l'exercice
d'un nouveau mandat. Il en va de même, pour une durée de quatre ans, pour les conseillers
prud'hommes qui avaient refusé de se faire installer et qui ont été déclarés démissionnaires ou qui sont
réputés démissionnaires en application de l'article L. 1442-1 du code du travail (C. trav., art. L. 1441-
10 ).

331. Candidatures multiples. - Les candidatures multiples sont prohibées. Ainsi, nul ne peut être
candidat sur plus d'une liste, dans plus d'une section. Par ailleurs, personne ne peut être candidat dans
un conseil de prud'hommes, un collège ou une section autre que ceux au titre desquels il remplit les
conditions pour être candidat (C. trav., art. L. 1441-9 ).

§ 2 - Répartition des candidatures par conseil de prud'hommes, par collège et par section

332. Conditions. - La candidature aux fonctions de conseiller prud'homme doit être faite par conseil de
prud'hommes, par collège et par section.

A - Répartition par conseil de prud'hommes

333. Lieu de l'activité principale. - Les salariés et les employeurs doivent être candidats pour le conseil
de prud'hommes dans le ressort duquel ils exercent leur activité principale, ou dans l'un des conseils de
prud'hommes limitrophes. C'est donc le lieu de l'activité principale, et non celui du domicile, qui est le
critère de détermination du conseil de prud'hommes de candidature. Notons toutefois que par
dérogation les voyageurs représentants placiers peuvent également être candidats pour le conseil de
prud'hommes de leur domicile, mais cette dérogation tient aux conditions particulières de leur activité.
Une exception de même nature est ménagée pour les employés de maison et leurs employeurs qui
doivent être candidats pour le conseil de prud'hommes dans le ressort duquel est situé leur domicile, ou
pour un conseil de prud'hommes limitrophe (C. trav., art. L. 1441-11 , al. 1er). S'agissant des
personnes à la recherche d'un emploi et de celles ayant cessé leur activité personnelle, leur candidature
doit se porter vers le conseil de prud'hommes de leur dernière activité professionnelle, ou vers un
conseil de prud'hommes limitrophe, ou encore vers le conseil de prud'hommes dans le ressort duquel est
situé leur domicile (C. trav., art. L. 1441-11 , al. 2).

334. Section agriculture. - Pour ce qui concerne les candidats de la section agriculture, qui bénéficient
d'un découpage particulier, qui peut couvrir le ressort de plusieurs conseils de prud'hommes, le lieu de
candidature est déterminé en fonction du ressort de cette section (C. trav., art. L. 1441-11 , al. 4).

B - Répartition par collège

1° - Collège employeur

335. Conditions. - Conformément à l'article L. 1441-12 du code du travail, peuvent être candidats dans
le collège employeurs : 1°) les personnes employant pour leur compte ou pour le compte d'autrui un ou
plusieurs candidats ; 2°) le cas échéant, si ces personnes ne sont pas candidates, les conjoints
collaborateurs mentionnés à l'article L. 121-4 du code de commerce pour les artisans, commerçants et
professionnels libéraux et à l'article L. 321-5 du code rural et de la pêche maritime pour les
agriculteurs ; 3°) les associés en nom collectif, les présidents des conseils d'administration, les directeurs
généraux et directeurs, ainsi que les cadres détenant sur un service, un département ou un
établissement de l'entreprise, une délégation particulière d'autorité, établie par écrit, permettant de les
assimiler à un employeur ; 4°) les personnes ayant cessé d'exercer toute activité et dont la dernière
activité professionnelle relevait des catégories mentionnées au 1er ou au 3o.

336. Délégation d'autorité. - La délégation particulière d'autorité sur un service, un département, un


établissement de l'entreprise donnée à certains cadres peut prendre la forme d'un document spécifique
ou figurer dans le contrat de travail, pourvu qu'elle soit claire et établie par écrit. En l'absence d'une
telle délégation, les cadres concernés ne peuvent pas être candidats dans le collège employeur, mais
uniquement dans la section de l'encadrement du collège des salariés (C. trav., art. R. 1441-16 ).

2° - Collège salarié

337. Conditions. - Peuvent être candidats dans le collège des salariés : 1°) les salariés non cadres ; 2°) les
cadres ne détenant pas la délégation particulière d'autorité mentionnée à l'article L. 1441-12 3o du code
du travail ; 3°) les salariés titulaires d'un contrat d'apprentissage ou de formation en alternance ; 4°) les
personnes à la recherche d'un emploi inscrites sur les listes de demandeurs d'emploi ; 5) les personnes
mentionnées aux 1o, 2o, 3o et 4o ayant cessé d'exercer toute activité professionnelle (C. trav.,
art. L. 1441-13 ).
C - Répartition par section

338. Conditions. - Les candidatures doivent être réparties selon les diverses sections du conseil de
prud'hommes : encadrement ; industrie ; commerce et services commerciaux ; agriculture ; activités
diverses.

1° - Section encadrement

339. Salariés concernés. - Pour la section encadrement, les salariés en relevant sont déterminés par
référence à l'article L. 1423-1-2 1o, 2o, 3o et 4o du code du travail. Ainsi sont concernés : les ingénieurs
ainsi que les salariés qui, même s'ils n'exercent pas de commandement, ont une formation équivalente
constatée ou non par un diplôme ; les salariés qui, ayant acquis une formation technique,
administrative, juridique, commerciale ou financière, exercent un commandement par délégation de
l'employeur ; les agents de maîtrise qui ont une délégation écrite de commandement ; les voyageurs,
représentants ou placiers. Les maîtres d'un établissement d'enseignement relèvent de la section
encadrement (Civ. 2e, 22 mai 2003, no 03-60.064 , Bull. civ. II, no 150).

340. Agents de maîtrise. - Pour relever de la section encadrement, les agents de maîtrise doivent
disposer d'une délégation de commandement délivrée par l'employeur. Cette délégation doit être écrite
(Civ. 2e, 6 mars 2003, no 02-60.904 , TPS 2003. Comm. 188), explicite (Soc. 3 déc. 1982, no 82-
60.487 , Bull. civ. V, no 683), durable et personnelle (Soc. 30 nov. 1982, no 82-60.573 , Bull.
civ. V, no 663). Elle peut prendre des formes diverses, être insérée dans le contrat de travail ou faire
l'objet d'un acte distinct, pourvu qu'elle soit établie par écrit.

341. Voyageurs, représentants et placiers. - Les VRP statutaires relèvent de plein droit de la section
encadrement (Soc. 21 nov. 1979, no 79-60.682 , Bull. civ. V, no 877). Les salariés qui ne bénéficient
pas du statut de VRP peuvent relever de la section encadrement à la condition de justifier de relever du
statut défini, de façon stricte, par le code du travail.

342. Cadres titulaires d'une délégation d'autorité. - Les cadres détenant sur un service, un département
ou un établissement de l'entreprise une délégation particulière d'autorité établie par écrit et permettant
de les assimiler à un employeur ne peuvent pas être candidats dans la section encadrement du collège
des salariés (C. trav., art. L. 1441-14 ). L'assimilation à la qualité d'employeur est exclusive de la
possibilité de voter dans le collège des salariés.

343. Entreprise ne comptant que des cadres. - Les employeurs et assimilés qui n'emploient que des
salariés appartenant à la catégorie définie à l'article L. 1423-1-2 du code du travail relèvent de la section
encadrement. Parmi les personnes assimilées à ces employeurs se trouvent les cadres détenant sur un
service, un département ou un établissement de l'entreprise une délégation particulière d'autorité
établie par écrit et permettant de les assimiler à un employeur (C. trav., art. L. 1441-15 , al. 1er).
Peuvent également relever de la section encadrement les employeurs ou assimilés qui emploient au
moins un salarié appartenant à la catégorie définie à l'article L. 1423-1-2 du code du travail (C. trav.,
art. L. 1441-15 , al. 2).

2° - Autres sections

344. Conventions et accords collectifs. - De façon générale, l'appartenance d'un salarié à une section
résulte du champ d'application de la convention ou de l'accord collectif de travail dont il relève, selon le
tableau de répartition mentionné à l'article L. 1423-1-1-1 du code du travail, à l'exception toutefois des
salariés relevant de la section encadrement et des cadres détenant sur un service, un département ou un
établissement de l'entreprise une délégation particulière d'autorité établie par écrit et permettant de les
assimiler à un employeur (C. trav., art. L. 1441-16 ). Pour ceux-ci, la section ou le collège résulte de
leur statut et non de l'accord collectif applicable. S'agissant des employeurs, la section est déterminée en
fonction de leur choix, dès lors qu'au moins un de leurs salariés appartient à cette section (C. trav.,
art. L. 1441-17 ).

§ 3 - Listes de candidats

345. Contenu. - La liste des candidats, pour chaque conseil de prud'hommes, est déposée par les
mandataires des organisations syndicales et professionnelles (C. trav., art. L. 1441-18 ). Les listes ne
peuvent pas comporter plus de noms de candidats que de postes attribués par section et par conseil de
prud'hommes (C. trav., art. L. 1441-20 ). Le mandataire doit contrôler la liste et attester qu'elle
remplit les conditions légales. Il doit y joindre les déclarations individuelles de candidature de chacun
des candidats de la liste (C. trav., art. R. 1441-21 ). De leur côté, les candidats doivent donner mandat
à l'organisation qui les présente et déclarer sur l'honneur n'être l'objet d'aucune interdiction, déchéance
ou incapacité relative à ses droits civiques et ne pas exercer de fonctions incompatibles avec l'exercice
de celles de conseiller prud'homme. Les mandataires doivent en outre fournir les documents justifiant
qu'ils satisfont aux conditions mentionnées aux articles L. 1441-6 à L. 1441-7, à l'exception du bulletin
no 2 de leur casier judiciaire (C. trav., art. R. 1441-22 ).

346. Information des employeurs des candidats. - Le mandataire de la liste doit notifier aux employeurs
des salariés candidats le nom des candidats qu'il présente sur sa liste (C. trav., art. L. 1441-22 ). Cette
notification est faite par tout moyen de nature à lui donner date certaine. Cette information
conditionne la protection accordée aux candidats. Les éléments sont également communiqués à
l'inspection du travail (C. trav., art. R. 1441-19 ).
347. Dépôt de liste. - La déclaration de candidature résulte du dépôt de la liste des candidats pour
chaque conseil de prud'hommes par les mandataires des organisations auxquelles des sièges ont été
attribués. Cette déclaration de candidature est faite de façon dématérialisée (C. trav., art. L. 1441-18
). Aucune liste ne doit comporter plus de candidats que de postes attribués par section et conseil de
prud'hommes (C. trav., art. L. 1441-18 ).

348. Alternance entre les sexes. - La liste de candidats doit obligatoirement être composée de façon
alternée, d'un candidat de chaque sexe (C. trav., art. L. 1441-19 ).

349. Contrôle des listes. - La recevabilité des listes de candidats et des déclarations individuelles de
candidature est contrôlée par le garde des Sceaux, ministre de la Justice (C. trav., art. R. 1441-23 et
R. 1441-24 ). Les déclarations de candidature sont enregistrées par l'autorité administrative sauf si
elles ne respectent pas les conditions décrites ci-dessus et résultant des articles L. 1441-18 à L. 1441-20
du code du travail (C. trav., art. L. 1441-21 ).

§ 4 - Désignations complémentaires

350. Vacances de poste. - Il est possible que, durant le mandat des conseillers prud'hommes, des sièges
deviennent vacants. Lorsqu'une telle situation arrive, le président ou le vice-président du conseil de
prud'hommes le constate et en informe dans un délai de huit jours le procureur général de la cour
d'appel. Ce dernier en avise sans délai le garde des Sceaux, ministre de la Justice (C. trav., art. L. 1442-
19 ), lequel pourra décider s'il y a lieu de procéder à des désignations complémentaires.

351. Rythme des désignations complémentaires. - Il est possible de procéder à des désignations
complémentaires pour pourvoir aux postes devenus vacants (C. trav., art. L. 1441-24 ). Ces
désignations complémentaires interviennent en tant que de besoin et au moins une fois par an à
l'initiative du garde des Sceaux, ministre de la Justice (C. trav., art. R. 1441-25 ).

352. Application du principe d'égalité entre hommes et femmes. - Les vacances de postes de conseillers
prud'hommes pouvant affecter de façon différente chacun des sexes, le législateur a prévu un correctif
pour assurer l'égalité entre hommes et femmes. Ainsi, la liste de candidats doit être composée de telle
sorte que l'écart entre le nombre de femmes et d'hommes au sein du conseil de prud'hommes ne soit pas
supérieur à un, ou, lorsque la liste comprend un nombre de candidats inférieur au nombre de sièges à
pourvoir, de manière à diminuer l'écart entre le nombre de conseillers de chaque sexe (C. trav.,
art. L. 1441-29 ). Les listes ne peuvent pas compter plus de candidats que de postes à pourvoir
(C. trav., art. L. 1441-30 ).
353. Déclaration de candidature. - La déclaration de candidature est faite de façon dématérialisée. Elle
est contrôlée par l'autorité administrative, qui peut refuser d'enregistrer les listes qui ne remplissent pas
les conditions légales (C. trav., art. L. 1441-31 ).

354. Arrêté ministériel. - La nomination des conseillers prud'hommes destinés à pourvoir les postes
vacants intervient sur arrêté conjoint du garde des Sceaux, ministre de la Justice, et du ministre du
Travail (C. trav., art. L. 1441-26 et R. 1441-26 ).

355. Contestations. - Les contestations relatives à la nomination dans le cadre des désignations
complémentaires doivent être formées, par tout candidat ou tout mandataire de liste, dans les dix jours
de la publication de l'arrêt de nomination. Le recours est porté devant le tribunal administratif qui
statue en premier et dernier ressort (C. trav., art. L. 1441-24 et L. 1441-27 ).

§ 5 - Protection du mandataire de liste

356. Temps nécessaire à l'exercice des fonctions. - L'employeur du mandataire est tenu de lui laisser le
temps nécessaire pour remplir ses fonctions. De façon classique, ce temps est assimilé à du temps de
travail effectif dans des conditions similaires à celles prévues pour les conseillers prud'hommes par
l'article L. 1442-6 du code du travail (C. trav., art. L. 1441-23 , al. 1er).

357. Crédits d'heures des délégués syndicaux. - Les délégués syndicaux désignés en qualité de
mandataire de liste sont autorisés à utiliser à cet effet le crédit d'heures dont ils disposent au titre de leur
mandat (C. trav., art. L. 1441-23 , al. 2).

358. Statut protecteur. - Le mandataire de liste est également protégé dans le cadre de l'exécution du
contrat de travail puisque, en application de l'article L. 1441-23, alinéa 2, l'exercice de ses fonctions ne
peut être la cause d'une sanction ou d'une rupture du contrat de travail par l'employeur. Notons
toutefois que le bénéfice du statut protecteur est subordonné à l'information de l'employeur, et sa mise
en œuvre doit être écartée lorsqu'il apparaît que le salarié n'a pas informé son employeur de sa fonction
de mandataire de liste au plus tard le jour de l'entretien préalable au licenciement (Cons. const. 14 mai
2012, no 2012-242 QPC, D. 2002. 2622, obs. P. Lokiec et J. Porta ; Dr. soc. 2012. 796, note
J. Bonnet ; Constitutions 2012. 459, obs. C. Radé . – Soc. 14 sept. 2012, no 11-21.307 , Bull.
civ. V, no 230 ; D. 2012. 2179 ; DRT 2013. 48, obs. J.-M. Verdier ; Constitutions 2012. 624, obs.
C. Radé ).

Art. 5 - Installation
359. Prestation de serment. - Préalablement à son installation, un conseiller qui n'a jamais exercé de
fonctions judiciaires dans un conseil de prud'hommes doit prêter serment devant le tribunal de grande
instance dans le ressort duquel se trouve le siège du conseil de prud'hommes dans un délai d'un mois à
compter de la publication de l'arrêté de nomination (C. trav., art. L. 1442-11 et L. 1442-12 ). Le
contenu du serment est le suivant : « Je jure de remplir mes devoirs avec zèle et intégrité et de garder le
secret des délibérations » (C. trav., art. L. 1442-13 ).

360. Audience. - Le jour de l'installation, le procès-verbal de réception du serment est lu lors de


l'audience solennelle. L'installation vaut entrée en fonctions. En cas de désignation complémentaire,
l'installation est faite par le bureau de jugement de la section concernée (C. trav., art. L. 1442-14 ).
Dans les huit jours suivant l'installation, le directeur de greffe informe l'employeur des conseillers
prud'hommes salariés de leur entrée en fonctions (C. trav., art. L. 1442-14 , al. 3).

Art. 6 - Fin de mandat

361. Durée du mandat. - Les conseillers prud'hommes sont nommés pour quatre ans, sauf s'ils ont été
désignés en cours de mandat pour pourvoir des postes devenus vacants, les conseillers prud'hommes
sont nommés pour le reste du mandat, jusqu'au renouvellement du conseil de prud'hommes. Leurs
fonctions prennent fin à cette occasion. Ils restent toutefois en fonctions jusqu'à l'installation de leurs
successeurs (C. trav., art. L. 1442-3 , al. 2).

362. Renonciation au mandat. - Un conseiller prud'homme peut renoncer à son mandat en adressant sa
démission au président du conseil de prud'hommes. Dans ce cas, il doit ensuite en informer le procureur
général de la cour d'appel par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. La démission est
effective au terme du délai d'un mois suivant l'envoi de cette lettre (C. trav., art. L. 1442-17 ).

363. Autre cause de fin de mandat. - Le mandat peut aussi venir à terme avant le renouvellement du
conseil de prud'hommes pour des raisons diverses : refus d'installation, sanction disciplinaire de
déchéance (C. trav., art. L. 1442-14 ), démission pour refus de service (C. trav., art. L. 1442-12 et
D. 1442-20 ).

364. Changement de statut du conseiller prud'homme. - Le conseiller prud'homme qui devient


employeur alors qu'il siégeait dans le collège salarié, ou qui devient salarié alors qu'il siégeait dans le
collège employeur, doit le signaler au procureur général de la cour d'appel et au président du conseil de
prud'hommes. Cette déclaration entraîne sa démission de plein droit. En l'absence d'une telle
déclaration, le procureur général de la cour d'appel peut saisir la chambre sociale de la cour d'appel qui,
après avoir invité l'intéressé à présenter ses observations, prononce sa démission d'office (C. trav.,
art. R. 1441-18 ).
Art. 7 - Honorariat

365. Conditions. - Les anciens présidents et les anciens membres du conseil de prud'hommes peuvent
se voir conférer l'honorariat lorsqu'ils ont exercé leurs fonctions pendant douze ans. L'honorariat est
conféré par le garde des Sceaux sur proposition du président du tribunal judiciaire dans le ressort
duquel est situé le conseil de prud'hommes, après avis de l'assemblée générale de ce dernier (C. trav.,
art. L. 1442-26).

366. Exercice. - Les membres honoraires du conseil de prud'hommes peuvent assister, aux côtés des
membres de la juridiction, aux audiences d'installation et à l'audience solennelle. Ils peuvent porter à
ces audiences et dans les cérémonies publiques la médaille prévue à l'article R. 1442-25 du code du
travail (C. trav., art. D. 1442-27 ).

367. Obligations. - Les membres honoraires des conseils de prud'hommes ne peuvent pas faire mention
de leur honorariat ni dans la publicité ou de la correspondance commerciale, ni dans les actes de
procédure ou les actes extra-judiciaires. En revanche, ils ont liberté de faire état de cette distinction en
toutes autres circonstances (C. trav., art. D. 1446-28).

Section 2 - Juge départiteur

368. Conditions d'intervention. - Le conseil de prud'hommes étant une juridiction paritaire, il est
nécessaire de faire intervenir un cinquième juge lorsqu'aucune majorité n'émerge pour trancher
l'ensemble du litige qui lui est soumis. L'affaire est alors renvoyée à une audience ultérieure présidée
par le juge départiteur. Celui-ci est un magistrat professionnel appartenant au tribunal judiciaire dans
le ressort duquel est situé le siège du conseil de prud'hommes (C. trav., art. L. 1454-2 ). Le juge
départiteur peut également être saisi directement par le bureau de conciliation et d'orientation, après
constat d'échec de la tentative de conciliation, si les parties le demandent ou si la nature du litige le
justifie. L'affaire est alors renvoyée devant le bureau de jugement présidé par le juge départiteur
(C. trav., art. L. 1454-1-1 ).

369. Désignation. - Le juge départiteur est désigné chaque année, notamment au regard de ses
aptitudes et de ses connaissances particulières en matière sociale, par le président du tribunal judiciaire
(C. trav., art. L. 1454-2 , al. 3). Lors de la réforme du 6 août 2015, le législateur a entendu permettre
au président du tribunal judiciaire de spécialiser certains magistrats professionnels dans les contentieux
sociaux. Les magistrats concernés pourraient ainsi avoir une vision transversale de l'ensemble des
contentieux sociaux, que ce soit les conflits individuels au travers de la fonction de juge départiteur, du
contentieux électoral professionnel, des conflits collectifs ou des litiges relatifs à la sécurité sociale, qui
relèvent de la compétence du tribunal judiciaire.

370. Coopération. - Prenant acte du nombre croissant de départages, et dans le prolongement du


rapport du président Lacabarats, L'avenir des juridictions du travail, vers un tribunal prud'homal du
XXIE siècle, le législateur a pris des mesures afin, d'une part, de favoriser la coopération entre magistrats
professionnels et conseillers prud'hommes et, d'autre part, d'associer le juge départiteur au
fonctionnement du conseil de prud'hommes (Ph. FLORES et L. PECAUT-RIVOLIER, Les nouveaux
juges départiteurs, Dr. soc. 2017. 605 ). C'est ainsi que les magistrats professionnels peuvent être
sollicités pour contribuer à la formation initiale des conseillers prud'hommes.

371. Assemblée générale du conseil de prud'hommes. - Le juge départiteur peut, à sa demande et au


moins une fois par an, assister à l'assemblée générale du conseil de prud'hommes (C. trav., art. L. 1423-
3 , al. 2). À cette occasion, des échanges peuvent se nouer tant sur les questions de fonctionnement de
la juridiction que sur des questions de procédure ou sur des questions de fond.

372. Dysfonctionnement du conseil de prud'hommes. - En cas d'interruption du fonctionnement du


conseil de prud'hommes ou de difficultés graves rendant son fonctionnement impossible dans des
conditions normales, le premier président de la cour d'appel désigne un ou plusieurs juges du ressort de
la cour d'appel pour connaître des affaires inscrites au rôle du conseil de prud'hommes, de façon
provisoire, jusqu'à ce que le fonctionnement normal de la juridiction puisse reprendre (C. trav.,
art. L. 1423-10-1 ). Pour des raisons de souplesse, le législateur laisse toute latitude au premier
président pour désigner les juges professionnels destinés à assurer le fonctionnement du conseil de
prud'hommes, en fonction des contraintes de personnel et de compétence. Mais il est probable qu'en
pratique les juges départiteurs, qui connaissent à la fois le contentieux et la juridiction prud'homale,
soient les premiers à être désignés pour assurer cet intérim.

Section 3 - Ministère public

373. Absence de parquet propre. - Le conseil de prud'hommes n'est pas doté d'un parquet qui lui serait
propre. Le siège du ministère public est tenu par le procureur de la République près le tribunal
judiciaire dont relève le conseil de prud'hommes concerné. Le procureur intervient ainsi lors des
audiences solennelles.

374. Cas de transmission obligatoire. - Certains dossiers doivent obligatoirement être transmis au
ministère public, afin que celui-ci puisse faire connaître son avis. C'est le cas des demandes de révision
d'une précédente décision du conseil de prud'hommes (V. infra, no 919), des demandes d'avis à la Cour
de cassation (V. infra, no 582) et des questions prioritaires de constitutionnalité (V. infra, no 566).
375. Interventions facultatives. - Comme dans les autres matières civiles, le ministère public peut
toujours intervenir, spontanément ou après signalement, dans une procédure afin de faire connaître son
avis conformément à l'article 426 du code de procédure civile. Ainsi, par exemple, le ministère public a
été invité, dans une circulaire du 26 février 2019, à intervenir dans les affaires prud'homales où la
validité des barèmes d'indemnisation des licenciements sans cause réelle et sérieuse, issu de
l'ordonnance no 2017-1387 du 22 septembre 2017, était contesté au regard des engagements
internationaux de la France.

Section 4 - Greffe du conseil de prud'hommes

Art. 1er - Service dédié

376. Organisation du greffe. - Chaque conseil de prud'hommes est doté d'un greffe assuré par des
fonctionnaires de l'État (C. trav., art. R. 1423-36 ). En application de l'article L. 123-1 alinéa 2 du
code de l'organisation judiciaire, issu de la loi no 2019-222 du 23 mars 2019, lorsqu'un conseil de
prud'hommes a son siège dans la même commune que le siège d'un tribunal judiciaire ou de l'une de ses
chambres de proximité, le greffe du tribunal judiciaire comprend, d'une part, les services de greffe de
cette juridiction et, d'autre part, le service de greffe du conseil de prud'hommes, dans des conditions
propres à garantir le bon fonctionnement du conseil de prud'hommes. Cette disposition a pour effet
d'opérer la fusion de l'ensemble des greffes des tribunaux judiciaires, les anciens tribunaux de grande
instance, ou des chambres de proximité, des anciens tribunaux d'instance, et d'assurer une fongibilité
entre l'ensemble des personnels de ces juridictions. Cela facilite notamment l'organisation des accueils
du justiciable. Afin de prendre en compte les besoins du conseil de prud'hommes, son président doit,
conformément à l'article L. 123-1 alinéa 3 du code de l'organisation judiciaire, être consulté sur
l'organisation du greffe du conseil de prud'hommes.

377. Liens avec le greffe du tribunal judiciaire. - À la suite de la loi no 2019-222 du 23 mars 2019, de
programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice, il a été mis fin, à compter du 1er janvier 2020,
au principe d'autonomie des greffes des conseils de prud'hommes. Désormais, lorsqu'un conseil de
prud'hommes a son siège dans la même commune que le siège d'un tribunal judiciaire ou de l'une des
chambres de proximité, le greffe du conseil de prud'hommes fait partie du greffe du tribunal judiciaire
(COJ, art. L. 123-1 , al. 2). Dans cette hypothèse, la direction du greffe du conseil de prud'hommes
est assurée par le directeur de greffe du tribunal judiciaire (C. trav., art. R. 1423-36 , al. 2), lequel,
dans ce cas, exerce également les fonctions spécifiquement confiées au directeur du greffe du conseil de
prud'hommes (C. trav., art. R. 1423-36 , al. 2). Le directeur du greffe du tribunal judiciaire peut
utiliser les facultés de délégation à d'autres agents du greffe ouvertes par l'article R. 1423-43 du code du
travail. En cas d'absence ou d'empêchement du directeur de greffe, sa suppléance ou son intérim sont
assurés par son adjoint, ou, à défaut, par un chef de service ou un autre agent du greffe (C. trav.,
art. R. 1423-44 ). En pratique, le greffe du conseil de prud'hommes est réellement autonome lorsque
le conseil de prud'hommes est la seule juridiction à siéger dans la ville.

378. Service d'accueil unique du justiciable. - Le greffe du conseil de prud'hommes peut également être
conduit à participer au service d'accueil unique du justiciable dans les conditions de l'article R. 1423-
50-1 du code du travail. Les agents affectés dans ces services sont alors amenés à recevoir et à
transmettre les actes destinés à d'autres juridictions que le conseil de prud'hommes et dont la liste est
précisée à l'article R. 123-28 du code de l'organisation judiciaire. Ils accomplissent alors toutes les
diligences pour le compte du tribunal judiciaire, des chambres de proximité ou de tout autre conseil de
prud'hommes du ressort du tribunal judiciaire dont ils relèvent.

Art. 2 - Directeur de greffe

379. Missions générales. - Le directeur de greffe gère le personnel du greffe. Il le répartit et l'affecte
dans les services du conseil (C. trav., art. R. 1423-38 , al. 1er). Toutefois, lorsque le greffe est commun
avec celui du tribunal judiciaire ou d'une chambre de proximité, la répartition et l'affectation des
personnels sont faites dans les conditions de l'article R. 123-16 du code de l'organisation, relatif au
greffe du tribunal judiciaire (C. trav., art. R. 1423-38 , al. 2). Les missions purement administratives
du directeur de greffe portent sur la préparation du projet de budget de la juridiction, lequel doit être
soumis au président et au vice-président du conseil de prud'hommes, la gestion des crédits alloués à la
juridiction, à l'acquisition, à la conservation et le renouvellement du matériel, du mobilier, des revues et
ouvrages de la bibliothèque. Enfin, il surveille l'entretien des locaux (C. trav., art. R. 1423-39 ).

380. Accueil du public. - Il incombe au directeur de greffe d'organiser l'accueil du public (C. trav.,
art. R. 1423-40 ), étant précisé que les heures et jours d'ouverture du greffe au public sont fixés par le
premier président de la cour d'appel (C. trav., art. R. 1423-36 , al. 4).

381. Fonctions d'ordre juridictionnel. - Le directeur de greffe exerce au premier chef des fonctions
d'ordre juridictionnel : il tient à jour les dossiers, les répertoires et les registres ; il dresse les actes, notes
et procès-verbaux ; surtout, il assiste les conseillers prud'hommes à l'audience et met en forme les
décisions (C. trav., art. R. 1423-41 , al. 1er). Comme tout directeur de greffe, il est le dépositaire des
dossiers des affaires, ainsi que des minutes et des archives du conseil de prud'hommes. Il délivre les
expéditions et les copies des décisions ou actes de la juridiction (C. trav., art. R. 1423-41 , al. 2).
382. État de l'activité. - Le directeur doit tenir l'état de l'activité du conseil de prud'hommes et l'adresser
aux chefs de cour avec les éventuelles observations du président et du vice-président du conseil de
prud'hommes (C. trav., art. R. 1423-42 ).

Art. 3 - Autres personnels du greffe

383. Fonctionnaires de catégorie A et B. - Outre le directeur de greffe, le greffe du conseil de


prud'hommes peut, selon sa taille et les besoins du service, être constitué d'adjoints du directeur de
greffe, de chefs de service de greffe et de fonctionnaires du corps des greffiers (C. trav., art. R. 1423-48
). Le directeur de greffe peut ainsi être assisté d'un ou de plusieurs adjoints qui peuvent diriger
plusieurs services du greffe ou contrôler l'activité de tout ou partie du greffe du conseil de prud'hommes
(C. trav., art. R. 1423-45 ). Lorsque la taille d'un service ne justifie pas d'en confier la direction à un
adjoint du directeur de greffe, cette direction est attribuée à un greffier (C. trav., art. R. 1423-47 ,
al. 1er). Dans les greffes les plus petits, un greffier peut exercer les fonctions de directeur de greffe
(C. trav., art. R. 1423-47 , al. 2). Chacun des membres du greffe exerce, dans la sphère de sa
compétence, les fonctions attribuées par l'article R. 1423-41 au directeur de greffe (C. trav.,
art. R. 1423-48 ).

384. Fonctionnaires de catégorie C et vacataires. - Le greffe bénéficie également du concours de


fonctionnaires appartenant à la catégorie C de la fonction publique et, le cas échéant, de vacataires. Ces
personnels, qui effectuent avant tout des tâches d'exécution, peuvent, après avoir prêté serment, être
chargés des fonctions dévolues au directeur de greffe en application de l'article L. 1423-41 du code du
travail. Ils en sont toutefois déchargés au terme d'un délai de quatre mois, s'ils en font la demande
(C. trav., art. R. 1423-49 ).

Section 5 - Les défenseurs syndicaux

385. Mission d'assistance et de représentation. - Si la procédure devant le conseil de prud'hommes est


orale (C. trav., art. R. 1453-3 ) et que les parties peuvent se défendre elles-mêmes, elles peuvent
néanmoins choisir de se faire assister ou représenter par l'une des personnes énumérées par l'article
R. 1453-2 du code du travail (V. infra, no 485). Parmi elles se trouvent les défenseurs syndicaux. Ces
derniers ont donc pour mission d'assister et de représenter les parties devant les conseils de
prud'hommes de la région administrative dans laquelle ils sont inscrits (C. trav., art. L. 1453-4 , al. 3).
Ils peuvent également représenter les parties devant la cour d'appel, mais uniquement en matière
prud'homale. Il leur est donc impossible d'assister une partie dans un litige de droit du travail tranché
par le tribunal judiciaire. L'exercice de la fonction de défenseur doit être fait à titre gratuit (C. trav.,
art. D. 1453-2-1 ).

Art. 1er - Désignation des défenseurs syndicaux

386. Liste établie par l'autorité administrative. - Les défenseurs syndicaux sont inscrits sur une liste par
le préfet de région sur proposition des organisations d'employeurs et de salariés représentatives au
niveau national et interprofessionnel, national et multiprofessionnel ou dans au moins une branche
(C. trav., art. L. 1453-4 ). En pratique, les organisations d'employeurs et de salariés communiquent au
directeur régional des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, les
personnes qu'elles sélectionnent au regard de leur expérience des relations professionnelles et de leur
connaissance du droit social (C. trav., art. D. 1453-2-1 , al. 1er). Ces organisations précisent en outre
les conditions générales d'exercice de la fonction à l'autorité administrative (C. trav., art. D. 1453-2-2
). L'inscription est faite sur la liste du domicile du défenseur syndical ou sur celle du lieu de son activité
professionnelle (C. trav., art. D. 1453-2-1 ).

387. Incompatibilités. - Les fonctions de défenseur syndical sont incompatibles avec celles de président
ou de vice-président du conseil de prud'hommes saisi du litige (C. trav., art. L. 1453-3 ). De façon
plus générale et plus radicale, la Cour de cassation considère que l'exigence d'impartialité posée par
l'article 6, § 1er de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales implique qu'un conseiller prud'homme ne peut pas exercer de fonction d'assistance ou
de représentation devant le conseil de prud'hommes auquel il appartient (Soc. 2 févr. 2005, no 03-
40.271 , Bull. civ. V, no 44). Dans une telle hypothèse, la procédure est entachée de nullité et aucune
régularisation n'est possible (Soc. 8 sept. 2008, no 06-45.334, Bull. civ. V, no 160). Cette
incompatibilité est examinée lorsque l'action est introduite. Pour un défenseur syndical, prétendre
accomplir des actes de procédure devant le conseil de prud'hommes dont il est membre serait donc
particulièrement préjudiciable pour la partie qu'il assiste ou représente.

388. Publication de la liste. - La liste des défenseurs syndicaux est établie par le préfet de région,
publiée au recueil des actes administratifs de la région et surtout tenue à la disposition du public dans
les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de
l'emploi, ainsi que dans chaque conseil de prud'hommes et dans chaque cour d'appel de la région
concernée (C. trav., art. D. 1453-2-3 ).

389. Révision et actualisation de la liste. - La liste est révisée tous les quatre ans, mais peut être
actualisée à tout moment par ajout ou retrait. Le retrait peut intervenir à l'initiative des organisations
ayant proposé l'inscription, ou de l'autorité administrative, notamment en cas d'inactivité d'une durée
d'un an, sauf motif légitime (C. trav., art. D. 1453-2-5 ).

390. Radiation. - La radiation peut intervenir sur décision du préfet de région en cas de violation des
obligations relatives au secret professionnel, de celles relatives à la discrétion dues aux parties, tel qu'il
résulte de l'article L. 1453-8 du code du travail, ou encore de violation de l'obligation d'exercice à titre
gratuit de la fonction de défenseur syndical (C. trav., art. D. 1453-2-6 ).

Art. 2 - Statut des défenseurs syndicaux

§ 1er - Inscription sur la liste des défenseurs syndicaux

391. Compétence. - L'inscription sur la liste régionale permet au défenseur syndical d'exercer ses
fonctions devant tous les conseils de prud'hommes de la région administrative concernée (C. trav.,
art. L. 1453-4 , al. 3). En cas d'appel, il peut poursuivre la représentation de la partie qui l'a mandaté
devant la cour d'appel, y compris lorsque le siège de celle-ci est extérieur à la région sur la liste de
laquelle il est inscrit. Il doit toutefois produire un pouvoir spécial, délivré par la partie (C. pr. civ.,
art. 416 , al. 1er), afin de procéder aux actes de la procédure et d'assurer sa mission devant le conseil
de prud'hommes ou la cour d'appel saisis (C. trav., art. R. 1453-2 , al. 3). Cette mission emporte
obligation pour le défenseur syndical de devoir conseiller la partie qui l'a désigné et de présenter sa
défense sans l'obliger (C. pr. civ., art. 412 ). Toutefois, le défenseur syndical ne peut pas assurer sa
propre représentation devant la cour d'appel pour un litige qui le concernerait personnellement (Soc.
17 mars 2021, no 19-21.349, en cours de publication).

392. Obligations. - Le défenseur syndical est tenu au secret professionnel pour toutes les questions
relatives aux procédés de fabrication qu'il serait amené à apprendre dans le cadre de l'exercice de ses
fonctions. Il est également tenu à une obligation de discrétion pour ce qui concerne les informations
présentant un caractère confidentiel et données comme telles par la personne qu'il assiste ou représente
ou par la partie adverse dans le cadre d'une négociation (C. trav., art. L. 1453-8 ). Sans être tenu aux
mêmes obligations de déontologie que celles qui pèsent sur les avocats, il doit néanmoins respecter une
certaine loyauté dans le cadre des discussions qui entourent la procédure prud'homale lorsqu'il échange
avec ses adversaires. La méconnaissance de ces obligations peut être sanctionnée par la radiation de la
liste des défenseurs syndicaux sur décision de l'autorité administrative (C. trav., art. L. 1453-8 , al. 3).
393. Gratuité des fonctions. - L'exercice des fonctions de défenseur syndical doit être fait à titre gratuit
(C. trav., art. D. 1453-2-1 , al. 2). Toute violation de cette obligation peut entraîner la radiation de
l'intéressé de la liste des défenseurs syndicaux (C. trav., art. D. 1453-2-6 ).

§ 2 - Formation et rémunération

394. Formation. - Le défenseur syndical bénéficie d'un droit à la formation. L'employeur doit en
conséquence lui accorder des autorisations d'absences à cette fin, dans la limite de deux semaines par
période de quatre ans suivant la publication de la liste des défenseurs syndicaux sur laquelle il est
inscrit (C. trav., art. L. 1453-7 ). Le défenseur syndical doit informer l'employeur de ses absences
pour formation par tout moyen permettant de conférer date certaine au moins trente jours à l'avance, en
cas d'absence égale ou supérieure à trois jours consécutifs et au moins quinze jours à l'avance dans les
autres cas (C. trav., art. D. 1453-2-8 ). Ces absences sont rémunérées par l'employeur (C. trav.,
art. L. 1453-7 , al. 2) et le défenseur syndical doit justifier de la formation suivie lors de la reprise du
travail (C. trav., art. D. 1453-2-9 ). Ces absences sont prises en compte pour la détermination des
avantages liés à l'ancienneté et le salarié conserve tous les avantages acquis avant cette absence pour
formation (C. trav., art. L. 1453-7 , al. 2 et L. 3142-12 ).

395. Temps nécessaire à l'exercice des fonctions. - Dans les entreprises d'au moins onze salariés, le
défenseur syndical doit bénéficier du temps nécessaire pour l'exercice de ses fonctions dans la limite de
dix heures par mois (C. trav., art. L. 1453-5 ). Le temps passé par le défenseur syndical pour ses
missions d'assistance et de représentation est assimilé à du temps de travail effectif pour la
détermination des congés payés, le droit aux prestations familiales et aux avantages liés à l'ancienneté
(C. trav., art. L. 1453-6 , al. 1er).

396. Maintien de la rémunération. - Ces périodes consacrées à l'exercice des missions sont rémunérées
par l'employeur, sans diminution de la rémunération ou des avantages qui y sont attachés (C. trav.,
art. L. 1453-6 , al. 2). L'employeur est remboursé mensuellement par l'État du montant des
rémunérations et avantages maintenus pendant l'exercice par le défenseur syndical de ses missions
(C. trav., art. L. 1453-6 , al. 3 et D. 1453-2-10 à D. 1453-2-13 ).

397. Frais de déplacement. - Le défenseur syndical bénéficie également d'une indemnité de


déplacement à l'audience. Son montant est fixé par arrêté. Cette indemnité est prise en charge par l'État
au vu d'une attestation de présence délivrée par le greffe (C. trav., art. D. 1453-2-13 et D. 1453-2-
15).
Art. 3 - Protection des défenseurs syndicaux

398. Sanctions disciplinaires. - Les défenseurs syndicaux font partie des salariés protégés, de sorte que
l'exercice de leur mission ne peut être une cause de sanction disciplinaire de rupture du contrat de
travail (C. trav., art. L. 1453-9 , al. 1er). Toute sanction prononcée en raison de l'exercice de la
mission du défenseur syndical serait nulle.

399. Autorisation administrative de licencier. - Le licenciement d'un défenseur syndical est soumis à
l'autorisation préalable de l'inspection du travail (C. trav., art. L. 1453-9 , al. 2). Là encore, tout
licenciement intervenu sans autorisation de l'autorité administrative ou malgré une décision de refus
d'autorisation serait frappé de nullité en application de l'article L. 1235-3-1 du code du travail.

400. Information de l'employeur. - Afin de prévenir toute difficulté dans l'entreprise liée à l'exercice du
statut de défenseur syndical, l'autorité administrative doit informer l'employeur de l'acquisition ou du
retrait de la qualité de défenseur syndical (C. trav., art. D. 1453-2-7 ). Le bénéfice du statut
protecteur est subordonné à l'information de l'employeur, et sa mise en œuvre doit être écartée lorsqu'il
apparaît que le salarié n'a pas informé son employeur de son mandat de défenseur syndical, et qu'il n'est
pas établi que l'employeur en ait été informé par le directeur régional des entreprises, de la concurrence,
de la consommation, du travail et de l'emploi en application des dispositions de l'article D. 1453-2-7 du
code du travail (Soc. 16 janv. 2019, no 17-27.685 , JCP S 2019. II. 1061, note Y. Pagnerre ; JCP
2019. Actu. 102, note D. Corrignan-Carsin ; RJS 2019, no 169).

401. Statut protecteur au jour de l'entretien préalable. - L'employeur doit appliquer le statut protecteur
dès lors qu'au jour de la convocation à l'entretien préalable le salarié en bénéficiait, peu important qu'il
en ait ensuite perdu le bénéfice (Soc. 26 mars 2013, nos 11-27.996 et 11-27.964 , Bull. civ. V, no 83 ;
RDT 2013. 300, note C. Dechristé ; RJS 6/2013, no 468 ; JCP S 2013, no 1254, note T. Lahalle).
De même, l'inspecteur du travail reste compétent pour statuer sur la demande d'autorisation de
licencier, même si, depuis la délivrance de la convocation à l'entretien préalable, le salarié a cessé
d'exercer son mandat de défenseur syndical (CE 23 nov. 2016, req. no 392059 , RJS 2/17, no 129).

402. Nullité du licenciement. - Le licenciement du défenseur syndical sans autorisation administrative


ou malgré une décision de l'autorité administrative de refus d'autorisation de licencier est frappé de
nullité. Le salarié peut alors solliciter sa réintégration dans l'entreprise. Par ailleurs, le salarié qui a
sollicité sa réintégration, par exemple en faisant une déclaration enregistrée au greffe du conseil de
prud'hommes (Soc. 16 déc. 2014, no 13-15.081 , Bull. civ. V, no 290 ; RJS 2/15, no 117), peut
également obtenir l'indemnisation des salaires perdus entre la date de son éviction et celle de sa
réintégration (Soc. 10 déc. 1997, no 95-45.254, Bull. civ. V, no 431), y compris lorsque la période de
protection a cessé lorsque le salarié est effectivement réintégré (Soc. 4 juill. 1989, no 87-45.198 , Bull.
civ. V, no 498).

403. Indemnités. - Lorsque le salarié ne sollicite pas sa réintégration, il peut prétendre non seulement
aux indemnités de rupture et à une indemnité pour licenciement illicite au moins égale à six mois de
salaire, mais également au versement de l'indemnité forfaitaire pour violation du statut protecteur, égale
aux salaires dus entre son éviction de l'entreprise et le prononcé de la résiliation de son contrat de
travail (Soc. 16 déc. 2014, no 13-15.081 , Bull. civ. V, no 290 ; RJS 2/15, no 117), dans la limite de
trente mois (Soc. 15 avr. 2015, no 13-27.211 , Bull. civ. V, no 87). Cette indemnité pour violation du
statut protecteur n'ouvre pas droit à indemnité de congés payés (Soc. 30 juin 2016, no 15-12.984 ,
inédit). Cette solution est toutefois remise en cause par un arrêt de la Cour de justice de l'Union
européenne qui considère que l'article 7 de la directive 2003/88/CE du 4 novembre 2003 s'oppose à
une jurisprudence nationale en vertu de laquelle un travailleur illégalement licencié, puis réintégré
dans son emploi, conformément au droit national, à la suite de l'annulation de son licenciement par une
décision judiciaire, n'a pas droit à des congés annuels payés pour la période comprise entre la date du
licenciement et la date de sa réintégration dans son emploi au motif que, pendant cette période, ce
travailleur n'a pas accompli un travail effectif au service de l'employeur (CJUE 25 juin 2020, aff. C-
762-18). Notons que l'indemnité pour violation du statut protecteur peut être fixée en fonction du seul
préjudice subi lorsque le salarié présente sa demande de façon tardive, après l'expiration du statut
protecteur, sans justifier d'un motif légitime expliquant cette tardiveté (Soc. 11 juin 2013, no 12-
12.738 , Bull. civ. V, no 150 ; RDT 2013. 573, note M. Grévy ; JCP S 2013, no 1388, note
A. Barège).

404. Annulation de l'autorisation administrative de licencier. - En cas d'annulation de l'autorisation de


licencier, par le ministre sur recours hiérarchique ou par le juge administratif dans le cadre d'un recours
contentieux, ou de retrait de cette décision, le défenseur syndical peut prétendre à sa réintégration.
Conformément à l'article L. 2422-4 du code du travail, il doit former sa demande dans les deux mois de
la notification de la décision annulant l'autorisation de licenciement (Soc. 5 déc. 2018, no 17-26.325 ,
inédit). Une annulation pour vice de procédure ne fait pas obstacle au droit à réintégration, la
procédure de licenciement pouvant néanmoins être renouvelée. En effet, l'annulation de l'autorisation
administrative ne laissant rien subsister de celle-ci, le contrat de travail est toujours en cours et ne peut
être rompu qu'à la suite de l'obtention par l'employeur d'une nouvelle autorisation administrative (Soc.
18 mai 1993, no 91-44.145 , RJS 7/93, no 764). La réintégration doit avoir lieu dans l'emploi
antérieur, le salarié retrouvant son ancienneté. Si l'emploi n'existe plus ou n'est pas vacant, cette
réintégration doit se faire dans un emploi équivalent (Soc. 24 juin 1998, no 95-44.388 , Bull. civ. V,
no 339). Le salarié peut également prétendre, en application de l'article L. 2422-4 du code du travail, à
l'indemnisation de l'intégralité de son préjudice moral et matériel (Soc. 12 nov. 2015, no 14-10.640 ,
Bull. civ. V, no 232 ; JCP S 2016. II. 1007, note J.-Y. Kerbourc'h).

405. Ruptures concernées par l'autorisation administrative. - Tous les modes de rupture du contrat de
travail sont concernés par la nécessité d'une autorisation administrative préalable. Il en va ainsi en cas
de mise à la retraite sur décision de l'employeur (Soc. 10 déc. 2013, no 01-43.876, Bull. civ. V, no 314),
de la rupture conventionnelle (C. trav., art. L. 1237-15 ), de la rupture anticipée comme de l'arrivée
du terme du contrat de travail à durée déterminée ou du contrat de travail temporaire, ou enfin de la
rupture de la période d'essai.

406. Résiliation judiciaire du contrat de travail. - Lorsque le défenseur syndical obtient la résiliation
judiciaire de son contrat de travail en raison des manquements de son employeur, la résiliation a les
effets d'un licenciement nul et le salarié peut donc prétendre aux indemnités correspondantes. Il en va
de même en cas de prise d'acte de la rupture du contrat si le juge considère que celle-ci était justifiée.
En revanche, le salarié ne peut pas prétendre à sa réintégration dans l'entreprise (Soc. 29 mai 2013,
no 12-15.974 , Bull. civ. V, no 138 ; Dr. soc. 2013. 647, note J. Mouly ; RDT 2013. 450, note
A. Moulinier ; JCP S 2013, no 1338, note F. Dumont) puisqu'il a pris l'initiative de la rupture, mais il
a droit à une indemnité pour violation du statut protecteur (Soc. 12 mars 2014, no 12-20.108 , Bull.
civ. V, no 72 ; JCP S 2014, no 132, note N. Dauxerre).

407. Prise d'acte de la rupture du contrat de travail. - La prise d'acte de la rupture du contrat de travail a
les effets d'un licenciement nul si le juge considère que celle-ci était justifiée. Le défenseur syndical
pourra alors prétendre aux indemnités de rupture correspondantes. Toutefois, le salarié protégé, qui
s'est prévalu de la rupture du contrat de travail, ne peut pas prétendre à sa réintégration dans
l'entreprise (Soc. 29 mai 2013, no 12-15.974 , Bull. civ. V, no 138 ; Dr. soc. 2013. 647, note J. Mouly
; RDT 2013. 450, note A. Moulinier ; JCP S 2013, no 1338, note F. Dumont), mais a droit à une
indemnité pour violation du statut protecteur (Soc. 12 mars 2014, no 12-20.108 , Bull. civ. V, no 72 ;
JCP S 2014, no 132, note N. Dauxerre) et aux diverses indemnités de rupture prévues en cas de nullité
du licenciement.

Titre 2 - La procédure prud'homale

408. Application de principe du code de procédure civile. - Par principe, les règles fixées par le code de
procédure civile sont applicables en matière prud'homale dès lors qu'il n'y est pas dérogé par le code du
travail (C. trav., art. R. 1451-1 ). La Cour de cassation en déduit que la juridiction prud'homale est
tenue d'appliquer d'abord les règles spécifiques de procédure prévues par le code du travail, puis, en
l'absence de règles particulières, celles du code de procédure civile (Soc. 19 févr. 1992, no 88-43.409 ,
Bull. civ. V, no 105). La procédure prud'homale est applicable devant le tribunal judiciaire lorsque
celui-ci statue en matière prud'homale (C. trav., art. R. 1451-3 ).

Chapitre 1er - Règles communes à toutes les formations

Section 1re - Saisine du conseil de prud'hommes

Art. 1er - Forme et contenu de la saisine du conseil de prud'hommes

409. Saisine par requête. - La saisine du conseil de prud'hommes doit être faite par requête (C. trav.,
art. R. 1452-1 ). Sa forme et son contenu sont définis par l'article 58 du code de procédure civile
auquel renvoie l'article R. 1452-2 du code du travail. Ainsi, la requête doit préciser, à peine de nullité :

1°) Pour les personnes physiques : l'indication des nom, prénoms, profession, domicile, nationalité, date
et lieu de naissance du demandeur. Pour les personnes morales : l'indication de leur forme, leur
dénomination, leur siège social et de l'organe qui les représente légalement ;

2°) L'indication des nom, prénoms et domicile de la personne contre laquelle la demande est formée, ou,
s'il s'agit d'une personne morale, de sa dénomination et de son siège social ;

3°) L'objet de la demande.

410. Date et signature. - La requête doit être datée et signée (C. pr. civ., art. 58 ). Sauf s'il est avocat,
le mandataire doit justifier détenir un mandat spécial (C. trav., art. R. 1452-3 ). Même si ce pouvoir
peut être présenté plus tard, régularisant ainsi la procédure dès lors qu'un délai de prescription ou de
forclusion n'a pas expiré avant sa délivrance, il est préférable de joindre le pouvoir spécial à la requête
afin de prévenir ainsi toute difficulté.

411. Nullité pour vice de forme. - La sanction de nullité prévue par l'article 58 du code de procédure
civile ne vient sanctionner qu'un vice de forme, de sorte que celui qui s'en prévaut doit, pour obtenir son
prononcé, prouver le grief qui lui a été ainsi causé (C. pr. civ., art. 114 ). Le juge ne peut pas relever
d'office une nullité pour vice de forme (Civ. 3e, 22 mars 1995, no 93-18.111 , Bull. civ. III, no 82). Il
convient malgré tout d'être particulièrement vigilant sur la forme et la dénomination des personnes
morales. Ainsi, une action dirigée par ou à l'encontre d'une personne morale inexistante constitue non
pas un vice de forme, mais un vice de fond qui ne peut être couvert. C'est par exemple le cas lorsque
l'action est engagée par une simple dénomination ou raison sociale et non par la personne morale elle-
même ou la personne physique qui exerce derrière le nom commercial de l'entreprise (Civ. 2e, 11 sept.
2003, no 01-14.493 , Bull. civ. II, no 253). Il convient donc de bien distinguer l'enseigne, dépourvue
de personnalité juridique, de la dénomination de la personne morale qui exerce une activité en utilisant
une enseigne différente. Il est en toute hypothèse préférable de produire des extraits Kbis des sociétés
en cause ne fût-ce que pour vérifier leur situation réelle et l'absence de toute procédure collective qui
serait de nature à impliquer la mise en cause des organes de la procédure et de l'AGS.

412. Greffe du conseil de prud'hommes. - La requête doit être faite, remise ou adressée au greffe du
conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1452-2 , al. 1er).

413. Motivation et précision des chefs de demandes. - La requête doit notamment contenir un exposé
sommaire des motifs de la demande et mentionner chacun des chefs de celle-ci (C. trav., art. R. 1452-2
, al. 2). Cette exigence de motivation, qui résulte directement du rapport du président Lacabarats, a
pour objet d'inviter le requérant à ne pas saisir la juridiction de façon trop impulsive et à faire l'effort de
présenter clairement ses demandes, de telle sorte que le juge et le défendeur soient en mesure d'en
apprécier la portée en vue de l'instauration rapide d'un débat, y compris lors de la tentative de
conciliation. La formule adoptée par l'article R. 1452-2 du code du travail est directement reprise de la
déclaration au greffe, autrefois utilisée devant le tribunal d'instance pour les litiges de faible valeur. Il
est apparu que l'exigence de simplicité de la saisine du conseil de prud'hommes ne faisait pas obstacle à
une présentation minimale des prétentions à l'instar de ce qui était pratiqué, avec succès, dans le cadre
d'autres saisines simplifiées devant des juridictions où la procédure orale et l'absence de représentation
obligatoire sont également de règle.

414. Pièces sur lesquelles la demande est fondée. - La requête doit être accompagnée des pièces que le
demandeur souhaite invoquer à l'appui de ses prétentions (C. trav., art. R. 1452-2 , al. 2). Cette
nouvelle exigence, également reprise du rapport Lacabarats, a pour objet de faciliter la communication
et les échanges de pièces entre les parties et de prévenir l'accumulation des demandes de renvoi pour
cause de communication de pièces. Elle doit également permettre au demandeur de bien préparer son
action avant de saisir la juridiction prud'homale et d'y porter ainsi un regard critique. Sur un plan
pratique, le demandeur, qui, dans la majorité des cas, est le salarié, devra pour le moins communiquer le
contrat de travail, si celui-ci est écrit, ses derniers bulletins de paie, le cas échéant la lettre de
licenciement et les autres documents de rupture. Rien ne s'oppose à ce que d'autres pièces que celles
visées dans le bordereau soient produites pendant le cours de la procédure selon ce que les
circonstances justifieront. Mais la production spontanée des pièces peut être de nature à accélérer une
procédure dont la lenteur est souvent dénoncée. Par ailleurs, la motivation de la requête et
l'énumération des pièces permettent d'assurer le respect du principe du contradictoire dans l'hypothèse
où le défendeur ne comparaîtrait pas lors de l'audience de conciliation et où le conseil de prud'hommes
statuerait au fond directement (C. trav., art. L. 1454-1-3 et R. 1452-3 ).

415. Bordereau de communication. - Les pièces produites doivent être énumérées sur un bordereau
annexé à la requête (C. trav., art. R. 1452-2 , al. 2). Ce bordereau est établi en autant d'exemplaires
qu'il existe de défendeurs, outre l'exemplaire destiné à la juridiction (C. trav., art. R. 1452-2 , al. 3).

416. Demandeurs multiples. - Même si en principe la requête est un acte individuel, rien ne s'oppose à
ce que la requête soit commune à plusieurs demandeurs qui présentent, chacun pour leur propre
compte, diverses demandes. Aucune cause de nullité ne saurait en résulter (Soc. 25 juin 2002, no 01-
41.848 , Bull. civ. V, no 216). Cette pratique doit toutefois être utilisée avec circonspection, dans la
mesure où, en réalité, elle peut être source de confusion et d'erreurs. D'abord, les voies de recours seront
examinées pour chaque demandeur de façon indépendante dès lors que leurs demandes ne reposent
pas sur un titre commun, chacun disposant d'un contrat de travail distinct. En outre, en cas d'incident
de procédure, comme un décès, ou de retard ne concernant qu'un demandeur, l'ensemble du dossier
pourrait être entravé, alors que toutes les parties ne sont pas nécessairement concernées par le problème
justifiant un nouveau délai.

Art. 2 - Effets de la saisine du conseil de prud'hommes

§ 1er - Interruption de la prescription

417. Principe. - Aux termes de l'article R. 1452-1 du code du travail, la saisine du conseil de
prud'hommes, même incompétent, interrompt la prescription.

A - Délais de prescription applicables dans le cadre de litiges individuels du travail

418. Réformes successives et dispositions transitoires. - Les règles de prescription applicables en droit
du travail ont été modifiées en profondeur et à plusieurs reprises au cours des dernières années : loi
no 2008-496 du 27 mai 2008 ; loi no 2008-561 du 17 juin 2008 ; loi no 2013-504 du 14 juin 2013 ;
ordonnance no 2017-1387 du 22 septembre 2017 ; ordonnance no 2017-1718 du 20 décembre 2017.
Les délais de prescription applicables sont différents selon la nature de la demande, d'où un travail de
qualification préalable de la nature précise des diverses demandes avant de déterminer la règle
applicable. Il convient en outre d'être particulièrement vigilant sur les conditions d'application de la loi
dans le temps et des dispositions transitoires éventuellement prévues par le législateur. Pour ce qui
concerne l'application de ces dispositions transitoires, la Cour de cassation retient, conformément à
l'article 2222 du code civil, que la loi nouvelle s'applique aux prescriptions en cours à compter de la
date de promulgation de la dite loi, sans que la durée totale de la prescription puisse excéder la durée
prévue par la loi antérieure (Soc. 30 mai 2018, no 16-25.557 , en cours de publication). Il convient
d'être particulièrement vigilant quant à la qualification juridique des diverses demandes afin de pouvoir
déterminer la règle de prescription applicable.

419. Rupture du contrat de travail. - De façon générale, toute action portant sur la rupture du contrat
de travail se prescrit par douze mois à compter de la notification de la rupture (C. trav., art. L. 1471-1
, al. 2). Ce délai de prescription concerne au premier chef les licenciements pour motif personnel, à
compter de la notification de la lettre de licenciement, mais aussi les démissions, les prises d'acte de la
rupture du contrat de travail, les départs ou mises à la retraite, les ruptures du contrat de travail à durée
déterminée ou du contrat de travail temporaire ou les fins de période d'essai. Ce délai de prescription,
auparavant de deux ans, a été harmonisé avec celui applicable en matière de licenciement pour motif
économique. Dans le cas d'une demande de résiliation judiciaire, tous les griefs invoqués par le salarié
doivent être examinés, quelle que soit leur ancienneté, y compris s'ils remontent à plus d'un an de la
rupture (Soc. 30 juin 2021, no 19-18.535, en cours de publication).

420. Licenciement pour motif économique. - Les contestations en matière de licenciement économique
se prescrivent dans un délai de douze mois à compter de la dernière réunion du comité social et
économique ou, dans le cadre de l'exercice par le salarié de son droit individuel à contester le
licenciement pour motif économique, à compter de la notification de celui-ci (C. trav., art. L. 1235-7
).

421. Contrat de sécurisation professionnelle. - En cas d'adhésion du salarié au contrat de sécurisation


professionnelle, toute contestation portant sur la rupture du contrat de travail ou son motif se prescrit
par douze mois à compter de l'adhésion du salarié, date à laquelle intervient la rupture du contrat de
travail, et non à l'expiration du délai de réflexion de vingt et un jours qui court à compter de la remise
du document proposant le contrat de sécurisation professionnelle (Soc. 13 janv. 2021, no 19-16.564, en
cours de publication). Ce délai d'un an à compter de l'acceptation du contrat de sécurisation
professionnelle court dans les mêmes conditions lorsque le salarié conteste l'inobservation des critères
d'ordre du licenciement (Soc. 16 déc. 2020, no 19-18.322, en cours de publication). Toutefois, ce délai
n'est opposable au salarié qu'à la condition d'avoir été mentionné dans la proposition de contrat de
sécurisation professionnelle (C. trav., art. L. 1233-67 , al. 2).

422. Exécution du contrat de travail. - De façon générale, et sauf exception prévue par la loi, toutes les
actions relatives à l'exécution du contrat de travail se prescrivent par deux ans à compter du jour où
celui qui exerce cette action a connu ou aurait dû avoir connaissance des faits lui permettant d'exercer
son action (C. trav., art. L. 1471-1 ). Cette prescription biennale vise notamment toutes les demandes
de dommages-intérêts en raison de l'inexécution d'une obligation pesant sur l'employeur comme par
exemple les manquements à l'obligation de sécurité, à une obligation conventionnelle ou aux règles
relatives à la durée du travail. Ce délai biennal s'applique également aux demandes de remboursements
de frais qui ne sont pas des rémunérations pour lesquelles s'applique une prescription triennale (Soc.
20 nov. 2019, no 18-20.208, en cours de publication). Ce délai de deux ans s'applique aux demandes
d'indemnisation au titre du préjudice d'anxiété (Soc. 12 nov. 2020, no 19-18.480, en cours de
publication).

423. Requalification d'un contrat à durée déterminée ou d'un contrat de travail temporaire en contrat à
durée indéterminée. - En matière de requalification d'un contrat à durée déterminée en contrat à durée
indéterminée, il convient de distinguer selon que la cause de la requalification résulte d'un vice de
forme du contrat, qui est apparent dès la conclusion de celui-ci, ou sur les conditions mêmes de recours
au contrat à durée déterminée, où les irrégularités peuvent être clandestines ou cachées. Ainsi, le délai
de prescription d'une action en requalification d'un contrat à durée déterminée en contrat à durée
indéterminée, fondée sur l'absence ou l'inexactitude d'une mention au contrat susceptible d'entraîner sa
requalification, court à compter de la conclusion de ce contrat (Soc. 3 mai 2018, no 16-26.437 , RJS
2018, no 472 ; Procédures 2018, comm. 215, note A. Bugada). En revanche, le délai de prescription
d'une action en requalification d'un contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée fondée
sur le motif du recours au contrat à durée déterminée énoncé au contrat a pour point de départ le terme
du contrat ou, en cas de succession de contrats à durée déterminée, le terme du dernier contrat (Soc.
29 janv. 2020, no 18-15.359, en cours de publication). La permanence de ce type d'irrégularité ne
permet pas à la prescription de commencer à courir. Le délai de prescription est celui de deux ans prévu
par l'article L. 1471-1 du code du travail. La Cour de cassation a adopté la même solution pour le
contrat de travail temporaire (Soc. 30 juin 2021, no 19-10.161, en cours de publication).

424. Actions en paiement ou en répétition des salaires. - L'action en paiement ou en répétition des
salaires se prescrit par trois ans à compter du jour où celui qui exerce cette action a connu ou aurait dû
connaître les faits lui permettant de l'exercer (C. trav., art. L. 3245-1 ). Le législateur a en outre
précisé qu'en cas de rupture du contrat de travail la demande pouvait porter sur les trois années
précédant la rupture du contrat, les contestations de la rupture étant elles-mêmes soumises à un délai de
prescription d'un an (C. trav., art. L. 1471-1 , al. 2). La prescription court à compter de la date
d'exigibilité de l'élément de salaire réclamé (Soc. 14 nov. 2013, no 12-17.409 , Bull. civ. V, no 271 ;
JCP S 2014. 1069, note H. Guyot ; RDT 2014. 475, note G. Pignarre ), et, lorsqu'il y a plusieurs
termes de salaire exigibles, à compter de la date d'exigibilité de chacune des fractions de salaire en
question. La prescription triennale s'applique à tous les éléments de rémunération du salarié, qui sont
versés en contrepartie ou à l'occasion du travail comme les indemnités de congés payés (Soc. 16 déc.
2015, no 14-15.997 , Bull. civ. V, no 271), l'indemnité de préavis (Soc. 4 juill. 2004, no 10-19.404,
inédit. – Soc. 16 déc. 2015, no 14-15.997 , Bull. civ. V, no 271), la contrepartie financière à la clause
de non-concurrence, laquelle a une nature de salaire (Soc. 26 sept. 2002, no 00-40.461 , Bull. civ. V,
no 283), les heures de délégation et l'indemnité de fin de mission (Soc. 8 oct. 2014, no 13-16.840 ,
inédit). La prescription triennale ne s'applique pas aux créances qui n'ont pas la nature de salaire,
comme l'indemnité de licenciement (Soc. 14 avr. 1988, no 85-46.027 , Bull. civ. V, no 228),
l'indemnité de requalification d'un contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée (Soc.
18 mai 2004, no 01-45.622 , RJS 7/04, no 795), ou le remboursement de frais professionnels (Soc.
20 nov. 2019, no 18-20.208, en cours de publication).

425. Irrégularité d'une convention de forfait en jours. - La contestation de la régularité d'une


convention de forfait en jours, dont la reconnaissance a pour effet de soumettre la durée du travail aux
règles de droit commun, s'analyse en une action en paiement des salaires. La prescription triennale est
donc applicable à la demande de rappel de salaire consécutive à l'invalidation d'une convention de
forfait en jours quelle qu'en soit la cause (Soc. 27 mars 2019, nos 13-23.375 et 17-23.314 , JCP S
2019. 1132, note M. Morand). En réalité, la Cour de cassation considère que la durée de la prescription
est déterminée par la nature de la créance invoquée, de sorte que l'action en paiement d'un rappel de
salaire, fondée sur l'invalidité du forfait en jours relève de la prescription triennale (Soc. 30 juin 2021,
no 18-23.932, en cours de publication).

426. Requalification d'un contrat à temps partiel en contrat à temps complet. - L'action en
requalification du contrat de travail en contrat à temps complet est une action en paiement du salaire
soumise au délai de prescription prévu par l'article L. 3245-1 du code du travail (Soc. 19 déc. 2018,
no 16-20.422, inédit). La prescription triennale ne s'applique donc qu'aux rappels de salaire sur la base
d'un temps complet consécutif à la requalification au regard de la date d'exigibilité des rémunérations
dues en conséquence de la requalification du contrat à temps partiel en contrat à temps complet. Là
encore, le délai de prescription est déterminé au regard de la nature de la créance invoquée, à savoir, en
l'espèce, un rappel de salaire (Soc. 30 juin 2021, no 19-10.161, en cours de publication).

427. Discrimination. - L'action en réparation du préjudice résultant d'une discrimination se prescrit par
cinq ans à compter de la révélation de la discrimination (Soc. 30 juin 2021, no 19-14.543, en cours de
publication). Toutefois, les dommages-intérêts doivent réparer l'entier préjudice résultant de la
discrimination pendant toute la durée (V. DELNAUD, Prescription et discrimination, D. 2008. 2533
). La Cour de cassation en déduit que, pour apprécier la réalité de la discrimination subie au cours de
la période non prescrite, le juge peut procéder à des comparaisons avec d'autres salariés engagés dans
des conditions identiques de diplôme et de qualification à la même date que l'intéressé, celle-ci fût-elle
ou non antérieure à la période non prescrite (Soc. 4 févr. 2009, no 07-42.697 , Bull. civ. V, no 33).

428. Harcèlement moral et sexuel. - Les demandes au titre du harcèlement moral (C. trav., art. L. 1152-
1 ) ou au titre du harcèlement sexuel (C. trav., art. L. 1153-1 ) sont soumises à la prescription
quinquennale de l'article 2224 du code civil.

429. Dommage corporel. - L'action en réparation d'un dommage corporel est expressément exclue de la
prescription biennale prévue à l'article L. 1471-1 du code du travail et se trouve soumise à un délai de
prescription de dix ans en application de l'article 2226 du code civil. Le délai court à compter du
moment où le salarié a connu ou aurait dû connaître les faits qui lui permettent d'exercer son action.

430. Reçu pour solde de tout compte. - Le reçu pour solde de tout compte a pour objet de faire
l'inventaire des sommes versées au salarié lors de la rupture du contrat de travail et dont le salarié donne
reçu. Ce reçu pour solde de tout compte peut être dénoncé dans les six mois qui suivent sa signature.
Au terme de ce délai, le reçu pour solde de tout compte a un effet libératoire pour les sommes qui y sont
mentionnées (C. trav., art. L. 1234-20 ). Notons toutefois qu'il n'est pas nécessaire de mentionner sur
le document remis au salarié que ce dernier dispose d'un délai de six mois pour le dénoncer. L'effet
libératoire pourra jouer même en l'absence de cette information (Soc. 4 nov. 2015, no 14-10.657 ,
Bull. civ. V, no 218 ; RJS 1/16 no 261).

431. Fin de non-recevoir. - Conformément à l'article 122 du code de procédure civile, le moyen tiré de
la prescription constitue une fin de non-recevoir. Elle peut donc être proposée en tout état de cause,
sauf la possibilité pour le juge de condamner à des dommages-intérêts la partie qui se serait abstenue de
la soulever plus tôt dans un but dilatoire (C. pr. civ., art. 123 ). Dans cette hypothèse, la parte victime
de la manœuvre dilatoire devra malgré tout démontrer le préjudice subi de ce fait. La prescription, qui
n'est pas une exception de procédure (Civ. 1re, 2 oct. 2007, no 05-17.691 , Bull. civ. I, no 316), peut
donc être opposée à n'importe quel moment de la procédure, devant le bureau de conciliation ou devant
le bureau de jugement, voire même lors de l'audience présidée par le juge départiteur, y compris si la
partie a déjà présenté des demandes au fond.

432. Interdiction pour le juge de relever d'office la prescription. - Conformément à l'article 2247 du
code civil, les juges ne peuvent pas suppléer d'office le moyen résultant de la prescription (Soc. 29 juin
2005, no 06-41.966, Bull. civ. V, no 224. – Soc. 12 déc. 2012, no 11-20-502 , Bull. civ. V, no 339). Il
est donc impossible pour un conseil de prud'hommes de relever d'office une prescription qui n'aurait
pas été invoquée par les parties.

§ 2 - Conditions d'interruption par la saisine du conseil de prud'hommes


433. Définition. - Conformément à l'article 2231 du code civil, l'interruption consécutive à la saisine du
conseil de prud'hommes a pour effet d'effacer le délai de prescription acquis et d'en faire courir un
nouveau de même durée.

434. Durée de l'interruption. - L'interruption de prescription liée à la saisine du conseil de


prud'hommes produit ses effets jusqu'à l'extinction de l'instance. En pratique, cette interruption dure
jusqu'à ce qu'il ait été statué définitivement sur les demandes. En cas d'appel, l'interruption dure jusqu'à
la délivrance de la signification de l'arrêt rendu entre les parties (Civ. 3e, 15 févr. 2006, no 04-19.864
, Bull. civ. III, no 41 ; RTD civ. 2006. 374, obs. R. Perrot ). Cette interruption continue de produire
effet même en cas de radiation tant qu'il n'a pas été statué sur le fond ou que l'instance n'est pas atteinte
par la péremption (Civ. 1re, 10 avr. 2013, no 12-18.193 , Bull. civ. I, no 69 ; D. 2013. 1073 ).

435. Saisines concernées. - L'interruption de la prescription concerne toutes les saisines du conseil de
prud'hommes, qu'il s'agisse de demandes au fond ou de demandes en référé, y compris lorsque le conseil
saisi s'avère en réalité incompétent (C. civ., art. 2241 ).

436. Annulation de la saisine pour vice de procédure. - L'annulation de l'acte de saisine de la juridiction
n'a aucun effet sur l'interruption du délai de prescription, laquelle reste acquise (C. civ., art. 2241 ). Il
en va ainsi quelle que soit la nature du vice de procédure qui a entraîné la nullité de l'acte.
L'interruption subsiste donc peu important qu'il s'agisse d'un vice de forme ou d'un vice de fond
(Civ. 3e, 11 mars 2015, no 14-15.198 , Bull. civ. III, no 31).

437. Irrecevabilité de la demande. - Les exceptions prévues par l'article 2241 alinéa 2 du code civil sont
limitatives et ne peuvent donc pas être étendues au-delà des cas d'incompétence ou d'annulation pour
vice de procédure. Il en résulte que, lorsque l'assignation tendant à une condamnation au titre de
l'insuffisance d'actif et à une mesure de faillite personnelle ou d'interdiction de gérer est déclarée
irrecevable, elle n'interrompt pas la prescription (Com. 26 janv. 2016, no 14-17.952 , Bull. civ. IV,
no 17).

438. Interruption non avenue. - En application de l'article 2243 du code civil, l'interruption liée à la
saisine de la juridiction est non avenue lorsque le demandeur se désiste finalement de sa demande, s'il
laisse périmer l'instance ou si sa demande est définitivement rejetée.

439. Désistement. - Un désistement ne fait perdre à la saisine son caractère interruptif qu'à la condition
qu'il soit pur et simple. Ainsi, quand le désistement est motivé par l'incompétence de la juridiction
devant laquelle il est formulé et qu'il fait suite à la saisine d'une autre juridiction compétente pour
connaître de la demande, le désistement maintient l'effet interruptif que l'article 2246 du code civil
attache à la citation en justice (Soc. 9 juill. 2008, no 07-60.468 , Bull. civ. V, no 158). Cette solution
s'explique notamment par le fait que la saisine d'une juridiction incompétente interrompt malgré tout la
prescription en application de l'article 2241 du code civil. Dès lors, un désistement motivé par
l'incompétence et la volonté de saisir la juridiction compétente, ne saurait avoir un effet plus
défavorable qu'une décision d'incompétence. Pour prévenir toute difficulté, le demandeur doit prendre
le soin de bien préciser les motifs d'un tel désistement.

440. Caducité de la saisine. - Lorsque, sans motif légitime, le demandeur s'abstient de comparaître, le
conseil de prud'hommes peut constater la caducité de la requête et de la citation si le défendeur ne
demande pas de jugement sur le fond (C. trav., art. R. 1454-12 ). Dans ce cas, cette décision de
caducité, qui n'est pas une nullité pour vice de procédure, fait perdre tout effet interruptif de
prescription à la saisine du conseil de prud'hommes (Soc. 21 mai 1996, no 92-44.347 , Bull. civ. V,
no 193).

441. Rejet de la demande en référé. - La décision par laquelle la juridiction des référés rejette une
demande en raison du défaut de réunion des conditions du référé, comme l'absence d'urgence ou une
contestation sérieuse, ne constitue pas une décision sur la compétence, mais une décision sur le fond
même du référé. Ainsi, lorsque la demande a été rejetée, l'effet interruptif de l'assignation en référé doit
être considéré comme non avenu (Civ. 1re, 27 févr. 1996, no 93-21.436 , Bull. civ. I, no 111). Même
si le juge des référés s'est, à tort ou maladroitement, déclaré incompétent au lieu de dire n'y avoir lieu à
référé, une telle décision est rendue sur le fond et fait perdre tout caractère interruptif à l'acte de saisine.
Lorsque le demandeur choisit d'agir en référé plutôt qu'au fond, il lui appartient donc d'en mesurer
l'opportunité au regard des conditions du référé, des délais déjà écoulés et des conséquences qui
peuvent en résulter.

442. Portée de l'interruption liée à la saisine du conseil de prud'hommes. - En matière prud'homale, la


portée de l'interruption de la prescription va au-delà des seules demandes énumérées dans la requête.
En effet, la Cour de cassation retient que si, en principe, l'interruption de la prescription ne peut
s'étendre d'une action à l'autre, il en est autrement lorsque les deux actions, au cours d'une même
instance, concernent l'exécution du même contrat de travail (Soc. 8 avr. 2010, no 08-42.307 , Bull.
civ. V, no 91 ; RJS 6/10, no 520. – Soc. 26 mars 2014, no 12-10.202 , Bull. civ. V, no 88 ; JCP S 2014.
1261, note H. Guyot ; RJS 7/14, no 565 ; RDT 2014. 475, note G. Pignarre ). L'extension de la
prescription à toutes les demandes dérivant du même contrat de travail s'applique également en cas de
saisine de la formation de référé du conseil de prud'hommes, même si certaines demandes sont
présentées au cours de l'instance au fond (Soc. 24 sept. 2014, nos 13-10.233 et 13-10.234, Bull.
civ. V, no 214). Cet effet interruptif lié à la requête s'étend également aux demandes
reconventionnelles fondées sur le même contrat, lesquelles, pourtant, ne figurent pas dans l'acte de
saisine (Soc. 21 déc. 2006, no 04-47.426 , Bull. civ. V, no 411 ; Dr. soc. 2007. 358, obs. Ch. Radé ;
RDT 2007. 284, note G. Pignarre ). Cette jurisprudence étant notamment liée au principe de
l'unicité de l'instance, il est possible que la jurisprudence vienne à évoluer à la suite de la suppression de
ce principe avec le décret no 2016-660 du 20 mai 2016.

§ 3 - Contestation du reçu pour solde de tout compte

443. Dénonciation implicite du reçu pour solde de tout compte. - La saisine du conseil de prud'hommes
a les effets d'une contestation du reçu pour solde de tout compte pour ce qui concerne les sommes visées
par ce document, à la condition toutefois que la convocation adressée par le conseil de prud'hommes
soit reçue dans le délai de six mois de la signature du reçu pour solde de tout compte (Soc. 7 mars 2018,
no 16-13.194 , RJS 5/18, no 322 ; Dr. soc. 2018. 481, note J. Mouly ).

Art. 3 - Convocation des parties

§ 1er - Conditions de convocation

444. Convocation du demandeur. - Le greffe doit aviser le demandeur par tous moyens, des lieu, jour et
heure de la séance du bureau de conciliation et d'orientation, ou de l'audience de jugement si le
préalable de conciliation ne s'applique pas. Dans la mesure où cet avis est fait par tous moyens, et non
pas obligatoirement par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, le demandeur doit
s'inquiéter du suivi de la procédure dans l'hypothèse où il tarderait à le recevoir. Le greffe invite en
outre le demandeur à communiquer avant l'audience à son adversaire les pièces indiquées dans le
bordereau annexé à la requête. L'avis adressé par le greffe précise en outre qu'en cas de défaut de
comparution sans motif valable il pourra être statué en l'état des pièces et moyens contradictoirement
communiqués par l'autre partie (C. trav., art. R. 1452-3 ).

445. Convocation du défendeur. - Le greffe du conseil de prud'hommes doit convoquer par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception le défendeur. La convocation doit indiquer :

– Les nom, profession et domicile du demandeur ;

– Selon le cas, les lieu, jour et heure de la séance du bureau de conciliation et d'orientation ou de
l'audience à laquelle l'affaire sera appelée ;

– Le fait que des décisions exécutoires à titre provisoire pourront, même en son absence, être prises
contre lui et qu'en cas de non-comparution sans motif légitime il pourra être statué en l'état des pièces et
moyens contradictoirement communiqués par l'autre partie. La convocation adressée au défendeur doit
l'inviter à déposer ou à adresser au greffe les pièces qu'il entend produire et à les communiquer au
demandeur. Il s'agit là encore de prévenir des renvois qui ne seraient justifiés que par des problèmes de
communication de pièces alors que cette communication devrait être spontanée (C. pr. civ., art. 15 ).
La convocation doit également reproduire les dispositions des articles R. 1453-1 et R. 1453-2 et, lorsque
l'affaire relève du bureau de conciliation, celles des articles R. 1454-10 et R. 1454-12 à R. 1454-18 du
code du travail. Enfin, le greffe doit joindre à la convocation un exemplaire de la requête et du
bordereau de pièces, de sorte que le défendeur peut ainsi connaître l'objet de la demande et les
justificatifs qui doivent l'appuyer (C. trav., art. R. 1452-4 ).

446. Remise groupée de convocations à un même défendeur. - Dans un but de simplification, il est
possible, avec son accord, de notifier à un défendeur attrait par plusieurs demandeurs l'ensemble des
requêtes et des bordereaux par remise contre émargement ou récépissé, le cas échéant en plusieurs fois
(C. trav., art. R. 1452-4 , dern. al.). Cette modalité de notification peut être particulièrement utile
dans les contentieux sériels afin de limiter la multiplication des actes de notification et les risques
d'erreurs et de perte qui l'accompagnent.

447. Aménagement des modes de convocation. - Afin de faciliter les relations entre les greffes et des
plaideurs institutionnels, et de limiter les coûts et certaines tâches répétitives sources d'erreur, l'article
692-1 du code de procédure civile permet d'aménager les modes de convocation en renonçant à la lettre
recommandée avec demande d'avis de réception. Ainsi, les convocations aux personnes morales de droit
privé, aux administrations de l'État, aux collectivités territoriales, aux établissements publics à caractère
administratif, aux organismes de sécurité sociale et aux autres organismes chargés de la gestion d'un
service public administratif peuvent leur être adressées par le greffe par tous moyens auxquels ils
auront préalablement consenti. En pratique, cet aménagement ouvre d'abord la possibilité d'adresser les
actes sous la forme électronique, le plus souvent grâce à des boîtes aux lettres fonctionnelles.

448. Citation en justice. - Aux termes de l'article R. 1452-5 du code du travail, la convocation adressée
par le greffe vaut citation en justice, sous réserve de l'article R. 1452-1. En application de ce dernier
texte, l'interruption de la prescription est attachée à la saisine du conseil de prud'hommes et non à la
convocation adressée aux parties à la suite de cette saisine.

449. Retour au greffe de la lettre de convocation du défendeur. - Conformément à l'article 670-1 du


code de procédure civile, en cas de retour au greffe du conseil de prud'hommes de la lettre de
convocation dont l'avis de réception n'a pas été signé par son destinataire ou par une personne munie
d'un pouvoir à cet effet, le greffier doit inviter le demandeur à procéder par voie de signification par
huissier de justice. Cette obligation s'impose quelle que soit la cause du retour de la convocation (Soc.
7 nov. 2007, no 06-41.883 , Procédures 2008, no 6), que le défendeur n'habite pas à l'adresse
indiquée, que la lettre n'ait pas été réclamée (Civ. 2e, 14 juin 2018, no 17-21.149 , en cours de
publication) ou qu'elle ait été refusée (Soc. 31 mars 2003, no 02-30.765 , inédit). Si le demandeur ne
justifie pas avoir procédé à cette signification dans le délai imparti, la juridiction peut tirer les
conséquences de ce défaut de diligence en radiant l'affaire (Soc. 29 juin 2005, no 04-10.623, Bull.
civ. V, no 226).

450. Absence de délai de comparution. - Le code du travail ne fixe aucun délai de comparution
minimal destiné à permettre au défendeur de préparer sa défense (Soc. 5 juin 1984, no 80-41.726 ,
Bull. civ. V, no 232). En pratique, la convocation par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception impose d'attendre un délai suffisant pour obtenir le retour des avis de réception, en pratique
une quinzaine de jours. En toute hypothèse, les exigences du principe de la contradiction et d'un procès
équitable imposent au juge de s'assurer que le défendeur a pu bénéficier d'un délai suffisant pour
préparer sa défense (Civ. 1re, 17 nov. 1993, no 90-11.615 , Bull. civ. I, no 336). À défaut, l'affaire doit
être renvoyée. Selon la jurisprudence de la Cour de cassation, en l'absence de délai de comparution
prévu par la loi ou le règlement, le juge apprécie souverainement si le défendeur a bénéficié d'un délai
suffisant pour préparer sa défense (Civ. 2e, 16 mars 2017, no 15-26.744 , Bull. civ. V, no 57). Notons
par ailleurs que le code du travail ne prévoit non plus aucun délai de comparution pour la convocation
du demandeur, laquelle est adressée par tous moyens.

451. Délai d'audiencement. - Le code du travail ne prévoit pas, sauf exception, le respect d'un délai
particulier entre le dépôt de la requête et la date d'audience. Toutefois, en matière de licenciement pour
motif économique, la séance de conciliation doit avoir lieu dans le mois de la saisine du conseil de
prud'hommes (C. trav., art. R. 1456-2 ). En cas de demande de requalification du contrat de travail à
durée déterminée, d'un contrat de mission ou d'une convention de stage mentionnée à l'article L. 124-1
du code de l'éducation, en contrat à durée indéterminée, ou de demande de qualification de la rupture
du contrat de travail à l'initiative du salarié en raison de faits que celui-ci reproche à son employeur,
l'affaire est portée directement devant le bureau de jugement dans le mois de la saisine du conseil de
prud'hommes (C. trav., art. L. 1245-2 , L. 1251-41 , L. 1451-1 et L. 1454-5 ). Mais ce délai
d'audiencement n'étant assorti d'aucune sanction, il s'agit d'abord d'une norme d'organisation pour le
greffe.

452. Absence de convocation du mandataire des parties. - Dans le cadre d'une procédure orale, sans
représentation obligatoire, la convocation du mandataire, qu'il soit avocat, défenseur syndical ou faisant
partie des catégories habilitées, n'est pas prévue, y compris en cas d'octroi de l'aide juridictionnelle. Dès
lors, lorsque la partie convoquée ne comparaît pas, il ne peut être fait grief à la juridiction de juger
l'affaire sur le fond au motif que l'avocat désigné n'a pas été convoqué (Civ. 2e, 12 oct. 2006, no 05-
15.690 , Bull. civ. II, no 264). Il appartient donc à chaque partie de s'organiser pour assurer sa
représentation en justice et transmettre au mandataire les documents reçus du greffe. Réciproquement,
la convocation adressée à l'avocat ne saurait suppléer l'absence de convocation de la partie représentée
elle-même (Soc. 26 mai 1993, no 90-12.185, Bull. civ. V, no 148).

453. Partie sous tutelle. - Lorsque l'une des parties se trouve sous tutelle, ce qui peut être le cas tant
pour le salarié que pour l'employeur, notamment lorsque celui-ci recourt à des employés à domicile,
l'action doit être engagée à l'encontre du représentant légal désigné et, par conséquent, la convocation
doit être adressée à ce dernier. À défaut, la convocation adressée à une partie sous tutelle, qui de ce fait
est dépourvue du droit d'agir, est irrecevable en application des articles 30 et 122 du code de procédure
civile.

454. Partie sous curatelle. - Lorsque l'une des parties se trouve sous curatelle, la convocation doit être
adressée non seulement à cette partie, mais également à son curateur. À défaut, la convocation est
atteinte d'un vice de fond et sa nullité peut être retenue en application de l'article 467 du code civil
(Civ. 1re, 23 févr. 2011, no 09-13.867 , Bull. civ. I, no 37 ; D. 2011. 1265, note Loir ; AJ fam. 2011.
215 -216, note Th. Verheyde). L'action doit être dirigée à la fois contre le curatélaire et contre le
curateur. L'action engagée contre le seul curateur est irrecevable, celui-ci ne pouvant se substituer à la
personne en curatelle pour défendre en son nom à une action en justice (Soc. 18 déc. 2013, Bull. civ. V,
no 308).

§ 2 - Effets de la convocation des parties

A - Communication des pièces et moyens

455. Communication par le demandeur. - Une fois avisé de la date d'audience, le demandeur doit
adresser au défendeur, avant l'audience fixée, l'ensemble de ses pièces et moyens (C. trav., art. R. 1452-
3 ; C. pr. civ., art. 15 ). Cette communication, qui doit être spontanée, a d'abord pour objet de
limiter les effets dilatoires des demandes de renvoi pour cause de communication des pièces et
écritures. Elle permet aussi au demandeur de surmonter les retards qui pourraient résulter d'une
absence de son adversaire à l'audience. En effet, si, sans motif légitime, le défendeur s'abstient de
comparaître, le demandeur peut demander au bureau de conciliation et d'orientation de juger l'affaire
sur la base des pièces et moyens communiqués à son adversaire (C. trav., art. L. 1454-1-3 ). À cette
fin, il devra justifier de cette communication et devra donc privilégier un envoi par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception ou tout autre moyen fiable. Tout retard dans cette communication
spontanée pourrait donc priver le demandeur de la possibilité d'obtenir un jugement sur le fond dès
l'audience de conciliation dans le cas où le défendeur ne comparaîtrait pas.
456. Communication par le défendeur. - Le défendeur est invité à déposer ou adresser au greffe les
pièces qu'il entend produire, et à les communiquer au demandeur ; le bordereau de pièces du
demandeur, qui lui est adressé avec la convocation, doit lui permettre de prendre la mesure de la
demande et des pièces qu'il doit à son tour produire pour le soutien de sa défense, et, le cas échéant, de
ses demandes reconventionnelles. Là encore, il s'agit de prévenir les retards induits par des demandes
de renvoi pour cause d'échanges de pièces et les tentations dilatoires qui peuvent inspirer certains
plaideurs. En cas d'absence, sans motif légitime, du demandeur, le défendeur pourra demander au
bureau de conciliation et d'orientation de rendre un jugement sur le fond sur la base des éléments
communiqués contradictoirement (C. trav., art. L. 1454-1-3 ). Le défendeur devra donc se ménager la
preuve de cette communication s'il entend demander un tel jugement sur le fond.

457. Licenciement pour motif économique. - Lorsque le salarié forme un recours contre la mesure de
licenciement économique dont il a fait l'objet, l'employeur doit, dans le délai de huit jours suivant la
réception de la convocation adressée par le greffe, déposer ou adresser au greffe par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception les éléments mentionnés à l'article L. 1235-9 du code du travail pour
qu'ils soient versés au dossier (C. trav., art. R. 1456-1 ). Il s'agit de tous les éléments fournis aux
représentants du personnel dans le cadre de la procédure de consultation ou, à défaut de représentants
du personnel dans l'entreprise, de tous les éléments fournis à l'autorité administrative. Cette
communication doit être faite spontanément par l'employeur. Elle a pour objet de faciliter l'instruction
des affaires dans le cadre d'une procédure qui doit être plus rapide (C. trav., art. R. 1456-2 s.). En cas
de défaillance de l'employeur, le bureau de conciliation et d'orientation peut utiliser ses pouvoirs
d'instruction pour ordonner la production des documents manquants.

B - Point de départ des intérêts

458. Intérêts légaux. - Conformément à l'article 1231-6 du code civil, la convocation en justice fait
courir les intérêts légaux sur les créances de nature contractuelle à compter de sa réception par le
destinataire, car elle a l'effet d'une mise en demeure (Soc. 21 mars 2001, no 99-41.247 , inédit), même
en l'absence de chef spécial les réclamant (Soc. 28 janv. 2004, no 01-46.447 , inédit). Il en va
notamment ainsi des créances salariales, telles que l'indemnité de congés payés (Soc. 18 avr. 2000,
no 97-43.743 , Bull. civ. V, no 138), mais aussi d'un certain nombre d'indemnités nées de plein droit
du fait de la rupture, selon la qualification retenue pour celle-ci comme l'indemnité légale ou
conventionnelle de licenciement ou l'indemnité de préavis dont le montant n'est pas laissé à
l'appréciation des juges (Soc. 10 juill. 2013, no 12-18.273 , Bull. civ. V, no 192. – Soc. 15 janv. 2014,
no 12-21.179 , Bull. civ. V, no 17). Notons toutefois que l'interpellation résultant de la convocation
devant le bureau de jugement ne fait courir les intérêts moratoires que pour les créances échues. Pour
ce qui concerne les termes à échoir à la date de la convocation, les intérêts ne courent qu'à compter de
chaque échéance devenue exigible (Soc. 12 sept. 2018, no 17-10.307 , JCP S 2018. 1336, note
S. Brissy).

459. Créances exclues. - Les créances de nature indemnitaire, comme l'indemnité pour licenciement
sans cause réelle et sérieuse ou pour licenciement nul, pour lesquelles le juge apprécie le montant de
l'indemnisation à allouer, le cas échéant dans les limites prévues par la loi, relèvent de l'article 1231-7
du code civil, de sorte que les intérêts légaux courent de plein droit à compter du jugement, sauf si le
juge en décide autrement.

Section 2 - Oralité de la procédure

460. Accessibilité de la juridiction prud'homale. - Si pendant longtemps le principe de l'oralité a


dominé l'ensemble de la procédure prud'homale, depuis la réforme de la procédure d'appel issue du
décret no 2016-660 du 20 mai 2016, celle-ci ne concerne plus que la première instance. Le principe en
est posé par l'article R. 1453-3 du code du travail, qui dispose que la procédure prud'homale est orale.
Cette oralité a pour objet d'ouvrir largement l'accès au conseil de prud'hommes des justiciables dans des
litiges qui les touchent et qui concernent leur quotidien. Toutefois, les facilités offertes par l'oralité de la
procédure ne dispensent pas les parties du respect des principes de procédure civile et n'atténuent en
rien la sophistication du droit du travail. Garantie de souplesse elle nécessite malgré tout un minimum
de rigueur pour la bonne administration de la justice. Surtout, elle n'atténue en rien les exigences du
principe de la contradiction. Les échanges peuvent être organisés par le juge avec l'accord des parties
(C. pr. civ., art. 446-2 ). Un tempérament a été prévu par le pouvoir réglementaire lorsque toutes les
parties sont représentées par un avocat, des règles précises de structuration des écritures pouvant alors
être imposées (C. trav., art. R. 1453-5 ).

§ 1er - Principes

461. Présentation orale des demandes. - Dans le cadre de la procédure orale, les parties présentent
librement leurs prétentions, ainsi que les moyens qu'elles développent à leur soutien. Le greffe prend
note des observations faites par les parties (C. pr. civ., art. 446-1 ).

462. Dépôt de conclusions écrites par une partie comparante. - L'oralité de la procédure n'a pas pour
objet d'imposer aux parties d'exposer l'intégralité de leurs moyens et prétentions oralement. En réalité,
le principe de l'oralité de la procédure est respecté dès lors que l'intéressé a comparu à l'audience (Soc.
17 juill. 1997, no 99-44.672, Bull. civ. V, no 281). Et le juge doit alors prendre en compte l'ensemble
des écritures ou conclusions développées par les parties dès lors qu'elles les ont réitérées à l'audience
(Civ. 2e, 15 mai 2014, no 12-27.035 , Bull. civ. II, no 111). Cette réitération n'implique pas une
lecture exhaustive, mais la simple référence qu'en fait oralement le plaideur lors de l'audience. L'oralité
de la procédure ne s'oppose pas au dépôt du dossier d'audience, les parties indiquant simplement se
référer à son contenu, ce que le greffe doit prendre en note.

463. Caractère contradictoire résultant des débats. - Lorsque la procédure est orale, les moyens retenus
et les pièces produites sont présumés, sauf preuve contraire non rapportée en l'espèce, avoir été
débattus contradictoirement (Soc. 2 mars 2016, no 15-12.810 , inédit). Cette présomption est simple
et la preuve contraire peut être rapportée au vu de la décision et des pièces de la procédure (Soc. 27 avr.
2017, no 15-29.000 ).

464. Date des prétentions et moyens. - Lorsque les échanges entre les parties sont formalisés, la date des
moyens et prétentions présentés par écrit est celle de leur communication entre elles (C. pr. civ.,
art. 446-4 ). De ce fait, le juge ne peut pas constater l'absence de production d'une pièce visée dans
des conclusions communiquées sans inviter les parties à s'expliquer sur ce point (Soc. 29 sept. 2015,
no 14-16.995 , inédit).

465. Demandes d'explications du juge. - Le conseil de prud'hommes peut, à tout moment inviter les
parties à fournir les explications qu'il estime nécessaires à la compréhension ou à la solution du litige. Il
peut les mettre en demeure de produire tout élément propre à l'éclairer dans le délai qu'il fixe, sauf à
tirer toute conséquence de droit d'un refus ou d'une abstention. Si ces demandes sont faites à l'audience,
il en est pris note par le greffe. Ces demandes d'explications peuvent être organisées en dehors de toute
audience, sous réserve que les parties en soient avisées par tout moyen (C. pr. civ., art. 446-3 ).

466. Demandes nouvelles. - Il est possible de présenter des demandes nouvelles tout au long de la
procédure, dans le respect du principe de la contradiction. Il est également possible de présenter des
demandes nouvelles en l'absence de l'autre partie, qui serait non comparante, sous réserve de vérifier
que ces demandes nouvelles ont été portées à la connaissance de cette dernière (Soc. 12 févr. 2003,
no 00-45.860 ). À défaut, le conseil de prud'hommes ne peut statuer que sur les demandes initiales
qui ont été portées à la connaissance de la partie défaillante.

467. Sort des écritures en l'absence de comparution de la partie qui les a déposées. - En matière de
procédure orale, une demande en justice présentée dans un écrit n'est valablement formée que
lorsqu'elle est oralement soutenue à l'audience des débats. Dès lors, la juridiction n'est pas saisie des
écritures qui lui ont été adressées ou envoyées en dehors de l'audience, et il n'y a pas lieu de statuer sur
elles (Soc. 13 sept. 2017, no 16-13.578 , Bull. civ. V, no 136). En toute hypothèse, le dépôt d'un écrit
ne saurait suppléer à l'absence de comparution de la partie concernée (Soc. 25 sept. 2013, no 12-
17.968 , inédit) et le juge ne saurait prendre en considération l'argumentation figurant dans des
conclusions écrites d'une partie qui n'était ni présente ni représentée à l'audience (Soc. 28 janv. 2014,
no 12-22.455 , inédit). En pratique, l'écrit déposé par les parties ne peut être examiné que dans les
conditions restrictives prévues par l'article 446-1 du code de procédure civile, c'est-à-dire lorsqu'elles
ont été, à leur demande, dispensées de se présenter à l'audience en application d'une disposition
particulière qui en ouvre la possibilité. Le juge ne peut pas leur accorder d'office une telle dispense
(Soc. 13 juin 2018, no 16-24.135 , en cours de publication).

468. Désistement et demande incidente antérieure. - La jurisprudence a apporté un tempérament à


l'obligation de comparaître pour donner corps à une demande écrite, lorsque le demandeur se désiste de
sa demande, peut-être après avoir pris conscience de la faiblesse de ses prétentions et de ses réelles
chances de succès. Ainsi, la Cour de cassation juge que lorsqu'une demande incidente a été formulée
par un écrit déposé au greffe antérieurement au désistement d'appel, l'égalité des armes et l'exigence
d'un procès équitable imposent qu'il soit statué sur la demande incidente soutenue à l'audience (Cass.,
ch. mixte, 13 mars 2009, Bull. ch. mixte, no 1). Il s'agit d'éviter des effets d'aubaine pour le demandeur
qui a contraint le défendeur à organiser sa défense et finalement voudrait priver ce dernier de la
possibilité de présenter l'ensemble de ses demandes en justice. L'effet extinctif immédiat du
désistement ne joue pas sur l'instance, le défendeur doit avoir la possibilité de présenter à l'audience
orale ses propres demandes incidentes, s'il le souhaite, et à la condition qu'il comparaisse pour le faire.

§ 2 - Structuration des échanges

A - Entre toutes les parties

469. Mise en état en cas de renvoi. - Lorsque, lors des débats, l'affaire est renvoyée à une audience
ultérieure, le juge peut, après avoir recueilli l'avis des parties, fixer les délais de communication des
pièces et moyens. En outre, et avec l'accord des parties, le juge peut fixer les modalités de
communication des prétentions, moyens et pièces qu'elles comptent développer ou exploiter (C. pr.
civ., art. 446-2 , al. 1er). Cette organisation des échanges dans le cadre de la procédure orale peut être
utile lorsqu'en pratique le bureau de conciliation et d'orientation n'a pas fait usage des pouvoirs de mise
en état que lui donne l'article R. 1454-1 du code du travail. Elle peut également être utile en cas
d'évolution du litige depuis la comparution des parties devant le bureau de conciliation et d'orientation,
en particulier si depuis lors le salarié a été licencié ou a pris acte de la rupture du contrat de travail aux
torts de l'employeur. À défaut de respect des modalités et délais de communication fixés par le conseil
de prud'hommes, ce dernier peut radier l'affaire en raison du défaut de diligence des parties (C. pr. civ.,
art. 446-2 , al. 4). Le juge peut également écarter les moyens, prétentions et pièces qui auraient été
produits et communiqués tardivement, sans respecter les délais fixés (C. pr. civ., art. 446-2 , al. 5).
470. Formalisation des écritures. - Lorsque les parties présentent leurs prétentions et moyens par écrit
bien qu'elles ne soient pas représentées ou assistées par un avocat, le conseil de prud'hommes peut, avec
leur accord, prévoir qu'elles seront réputées avoir abandonné les prétentions et moyens qui n'auraient
pas été repris dans les dernières écritures (C. pr. civ., art. 446-2 , al. 3). Cette possibilité permet de
simplifier la compréhension du procès, car, à défaut, le juge reste saisi de l'ensemble des conclusions
successivement déposées par les parties, avec des risques d'oublis, d'erreur ou de confusion s'il y a eu
une évolution des demandes et moyens soutenus. Il s'agit en réalité d'inviter les parties à clarifier leurs
demandes à la date de l'audience de jugement.

B - Lorsque les parties sont toutes représentées par un avocat

471. Structuration des écritures. - Le souci de rationalisation de la procédure prud'homale a conduit le


pouvoir réglementaire à imposer une structuration des écritures lorsque l'ensemble des parties sont
représentées ou assistées par un avocat et que ce principe peut être mis en œuvre de façon équivalente
par l'ensemble des parties. Ainsi, dans cette hypothèse, les parties sont tenues de formuler
expressément dans leurs conclusions les prétentions ainsi que les moyens en fait et en droit sur lesquels
chacune de leurs prétentions est fondée avec indication des pièces invoquées pour chaque prétention.
Un bordereau de communication énumérant les pièces justifiant les prétentions doit être joint aux
conclusions (C. trav., art. R. 1453-5 ). La présence d'un professionnel du droit auprès de chacune des
parties justifie une telle exigence qui a pour objet d'organiser de façon plus stricte les échanges, de
prévenir les renvois et les manœuvres dilatoires et de faciliter l'examen des demandes par la formation
de jugement. S'agissant d'obligations usuelles dans les matières où la représentation par un avocat est
obligatoire, elles ne constituent pas réellement une contrainte supplémentaire pour les professionnels
qui représentent les parties.

472. Saisine du bureau de jugement ou de la formation de référé. - Les prétentions des parties doivent
être récapitulées sous forme de dispositif et le bureau de jugement, ou la formation de référé, ne statue
que sur les prétentions énoncées dans ce dispositif. Il n'y a donc pas lieu de statuer sur les demandes qui
figureraient dans le corps des conclusions sans être reprises dans le dispositif. Les demandes ou moyens
présentés dans de précédentes conclusions, qui n'ont pas été repris dans les dernières conclusions
soumises au bureau de jugement ou à la formation de référé sont réputés abandonnés (C. trav.,
art. R. 1453-5 ). Il convient toutefois de souligner que seules les demandes doivent impérativement
être reprises dans le dispositif pour opérer la saisine de la juridiction, mais qu'en revanche les moyens
n'ont pas à être énumérés dans le dispositif. Notons toutefois que la fin de non-recevoir tirée de la
prescription est une demande qui doit figurer dans le dispositif des conclusions (Soc. 21 sept. 2017,
no 16-24.022 , Bull. civ. V, no 144).
Section 3 - Assistance et représentation

Art. 1er - Conditions propres à la procédure prud'homale

473. Spécificité. - Les conditions d'assistance et de représentation en justice ont été aménagées pour le
conseil de prud'hommes afin de faciliter l'accès de cette juridiction et d'organiser au mieux la défense
des parties dans le cadre d'un contentieux technique.

§ 1er - Personnes habilitées à assister ou à représenter les parties devant le conseil de prud'hommes

474. Suppression de l'obligation de comparaître en personne. - Avant la réforme issue du décret


no 2016-660 du 20 mai 2016, les parties avaient l'obligation de comparaître en personne et ne
pouvaient s'en abstenir et se faire représenter que sous la condition de justifier d'un motif légitime. Le
déclin de la conciliation en matière prud'homale et l'évolution des modes de vie, de l'organisation des
entreprises et des conditions de représentation a conduit le pouvoir réglementaire à supprimer cette
exigence, qui, en pratique, était source de blocage et d'allongement des délais de procédure. En effet,
l'affaire pouvait être renvoyée ou radiée au seul motif de l'absence de comparution en personne des
parties, alors qu'aucune possibilité de conciliation préalable n'était ouverte.

475. Liste réglementaire. - Les personnes habilitées à assister ou à représenter une partie devant le
conseil de prud'hommes sont limitativement énumérées par l'article R. 1453-2 du code du travail :

– les salariés ou les employeurs appartenant à la même branche d'activité ;

– les défenseurs syndicaux ;

– le conjoint, le partenaire lié par un pacte de solidarité ou le concubin ;

– les avocats ;

– pour ce qui concerne uniquement l'employeur, un membre de l'entreprise ou de l'établissement fondé


de pouvoir à cet effet.

Cet élargissement des personnes habilitées à représenter en justice est une exception apportée au
monopole d'assistance et de représentation prévu par l'article 4 de la loi no 71-1130 du 31 décembre
1971. Mais cette exception au monopole de représentation des avocats induit une application
rigoureuse des conditions de dérogation.

476. Liste limitative. - La liste des personnes habilitées à représenter les parties devant le conseil de
prud'hommes est limitative et ne peut donc être étendue au-delà de ses prévisions, par exemple pour le
père du salarié, même muni d'un pouvoir spécial (Soc. 11 mai 1993, no 88-44.230 ). Il importe peu à
cet égard que le mandataire désigné puisse être habilité devant une autre juridiction. Rappelons à cet
égard que les exceptions au monopole de représentation en justice des avocats ne peuvent être prévues
que par la loi.

477. Membre de l'entreprise. - La notion de membre de l'entreprise implique une certaine permanence
du mandataire dans l'entreprise. Cette appartenance doit être examinée au regard de la réalité des
relations entre le mandataire et l'entreprise concernée. Ainsi, la personne qui, sous le couvert de
contrats de travail épisodiques, n'intervient que pour représenter l'entreprise en justice n'a pas la qualité
de membre de l'entreprise au sens de l'article R. 1453-2 du code du travail, et n'est donc pas habilitée à
assister ou à représenter l'employeur en matière prud'homale (Soc. 12 avr. 1996, no 94-40.127, Bull.
civ. V, no 135). L'appartenance à l'entreprise doit être plus large que la seule représentation en justice
ponctuelle.

478. Mineurs. - En application de l'article L. 1453-1 du code du travail, les mineurs qui ne peuvent être
assistés de leur père, mère ou tuteur peuvent être autorisés par le conseil de prud'hommes à agir devant
lui. Une fois muni d'une telle autorisation, le mineur peut ensuite se faire assister ou représenter dans
les conditions de l'article R. 1453-2 du code du travail par un mandataire de son choix, appartenant à la
liste des personnes habilitées à assister ou à représenter devant le conseil de prud'hommes.

479. Exigence d'un représentant unique. - Conformément à l'article 414 du code de procédure civile,
une partie n'est admise à se faire représenter devant le conseil de prud'hommes que par une seule des
personnes habilitées par l'article R. 1452-3 du code du travail.

§ 2 - Pouvoir de représentation

480. Nécessité d'un pouvoir spécial. - Conformément à l'article R. 1453-2 du code du travail, le
mandataire, s'il n'est pas avocat, doit être muni d'un pouvoir spécial. Le mandataire doit obligatoirement
justifier détenir un mandat (Soc. 12 avr. 1995, no 94-40.127 , JCP 1996. I. 3899, no 2, obs.
Pierchon). Ce texte est la reprise de l'article 416 du code de procédure civile. Le mandat doit être
délivré spécialement pour la procédure en question, et pas de façon générale.
481. Mentions spéciales du mandat de représentation devant le bureau de conciliation et d'orientation.
- Plus précisément, devant le bureau de conciliation et d'orientation, le pouvoir doit autoriser le
mandataire à concilier au nom et pour le compte du mandant, et à prendre part aux mesures
d'orientation (C. trav., art. R. 1453-2 , al. 3). Cette exigence ne s'applique pas aux avocats, qui
tiennent des articles 416 et 417 du code de procédure civile une dispense générale d'avoir à justifier à
l'égard du juge et de la partie adverse qu'ils ont reçu un mandat de représentation comprenant
notamment le pouvoir spécial d'accepter ou de refuser des offres (Cass., avis, 8 sept. 2014, no 14-
70.005 , Bull. avis, no 5 ; D. 2015. Pan. 297, obs. Fricero ; RDT 2014. 706, note Vigneau . – Soc.
10 juin 2015, no 14-11.814 , Bull. civ. V, no 120 ; D. 2015. Somm. 1323 ).

482. Déclaration au greffier. - Le représentant doit non seulement justifier détenir un mandat spécial,
mais également le porter à la connaissance du juge par déclaration au greffier de la juridiction (C. pr.
civ., art. 415 ).

483. Nullité de fond. - Conformément à l'article 117 du code de procédure civile, le défaut de pouvoir
du représentant constitue une nullité de fond. Cette irrégularité de fond peut être retenue sans que
celui qui l'invoque soit tenu de démontrer l'existence d'un grief qui en résulterait. En cas de signature
d'un procès-verbal de conciliation par un représentant dépourvu de pouvoir spécial, le procès-verbal de
conciliation est affecté d'une irrégularité de fond qui conduit à son annulation (Soc. 5 mars 1992, no 88-
45.188 , Bull. civ. V, no 161). Il importe donc que le juge, comme chaque partie, vérifie la réalité des
pouvoirs de représentation invoqués.

484. Régularisation de la nullité. - Le défaut de pouvoir peut être régularisé, de sorte que la nullité n'est
pas retenue si sa cause a disparu au moment où le juge statue (C. pr. civ., art. 121 ). Cette
régularisation peut intervenir à tout moment de la procédure, y compris à hauteur d'appel (Soc. 26 janv.
2016, nos 14-11.995 et 14-11.992 , Bull. civ. V, no 15 ; Procédures 2016, no 104, note A. Bugada ;
RJS 2016, no 287). Cette régularisation ne peut intervenir qu'à la condition qu'un délai de recours ou
de forclusion (Soc. 17 oct. 2001, no 00-41.055 , Bull. civ. V, no 325. – Soc. 20 déc. 2006, no 06-
60.017 , Bull. civ. V, no 400), lié à l'acte entaché du vice, ne soit pas écoulé entre-temps, étant précisé
que cette régularisation est valable lorsque l'intéressé justifie, même postérieurement à l'expiration de
ce délai, avoir obtenu en temps utile le pouvoir spécial nécessaire. En effet, le juge doit simplement
vérifier que le pouvoir spécial avait été donné avant l'expiration du délai applicable (Civ. 2e, 17 avr.
2008, no 07-11.333 , Bull. civ. V, no 85. – Soc. 27 janv. 2010, no 09-60.231 , inédit).

485. Dispense de pouvoir spécial pour les avocats. - Conformément aux articles 416, alinéa 2 du code
de procédure civile et R. 1453-2, alinéa 3 du code du travail, l'avocat est dispensé de justifier de son
mandat (Soc. 10 juin 2015, no 14-11.814 , Bull. civ. V, no 120). Il se bornera donc à déclarer en
détenir un auprès du greffe de la juridiction, conformément à l'article 415.

486. Représentant légal. - Lorsqu'il résulte des statuts de la personne morale concernée qu'une
personne est habilitée à la représenter en justice, la production du pouvoir spécial n'est pas nécessaire
(Soc. 16 avr. 2008, no 07-60.157 , Bull. civ. V, no 89). En revanche, le mandat spécial ne peut être
délivré que par une personne qui, au sein de la personne morale concernée, a effectivement le pouvoir
de le faire (Soc. 29 mars 2005, nos 04-60.159 et 04-60.160, Bull. civ. V, no 101).

487. Effets du pouvoir de représentation. - Le pouvoir de représentation donne au représentant désigné


pouvoir et devoir d'accomplir les actes de la procédure (C. pr. civ., art. 411 ). Il emporte également
mission d'assistance, sauf disposition ou convention contraire (C. pr. civ., art. 413 ). Sauf pour ce qui
concerne la procédure devant le bureau de conciliation et d'orientation régie par l'article R. 1453-2,
alinéa 3, le représentant est réputé avoir le pouvoir spécial de faire ou d'accepter un désistement,
d'acquiescer, de faire ou de donner des offres, un aveu ou un consentement (C. pr. civ., art. 417 ). Le
juge n'a donc pas à vérifier si le mandant a personnellement et de façon non équivoque donné son
accord à l'acte accompli par le mandataire (Soc. 23 mai 1996, no 94-16.949 , Bull. civ. V, no 209).

488. Révocation du mandat. - Lorsqu'une partie révoque son mandataire, elle doit soit pourvoir
immédiatement à son remplacement, soit informer le juge et la partie adverse de son intention de se
défendre elle-même devant le conseil de prud'hommes, faute de quoi son adversaire est fondé à
poursuivre la procédure et à obtenir un jugement en continuant à ne connaître que le représentant
révoqué (C. pr. civ., art. 418 ) et à notifier à ce dernier les actes de la procédure.

489. Démission du mandataire. - Lorsque le représentant décide de mettre un terme à son mandat, il
n'en est déchargé qu'après en avoir informé son mandant, le juge et la partie adverse (C. pr. civ.,
art. 419 ).

490. Office du juge. - L'absence de pouvoir spécial peut être relevée d'office (Soc. 10 oct. 1990, no 88-
60.711 , Bull. civ. V, no 433. – Civ. 2e, 5 avr. 2001, no 97-04.139 , Bull. civ. II, no 71. – Soc.
29 sept. 2004, no 02-43.693 , inédit) de même que les conséquences qui en découlent comme une
éventuelle nullité de fond. Ce relevé d'office doit se faire dans le respect du principe du contradictoire,
les parties pouvant, le cas échéant, apporter les justifications nécessaires ou procéder à une
régularisation si les délais ne sont pas expirés.

491. Demande de nullité. - La demande en nullité d'un acte de procédure en raison du vice de fond
résultant de l'absence de pouvoir spécial peut être proposée à tout moment au cours de la procédure,
sauf la possibilité pour le juge d'octroyer des dommages-intérêts si celui qui soulève cette nullité s'est
abstenu de le faire plus tôt dans un but dilatoire (C. pr. civ., art. 118 ).
Art. 2 - Actions de substitution

492. Notion. - L'action dite « de substitution » a pour objet de permettre, dans les cas prévus par la loi, à
un syndicat d'agir pour le compte d'un ou de plusieurs salariés afin d'obtenir la condamnation de
l'employeur à l'exécution de ses obligations à l'égard de ces derniers. Cette action doit être distinguée de
celle ouverte par l'article L. 2262-11 du code du travail, qui permet au syndicat d'engager une action en
son nom propre afin d'obtenir le cas échéant l'exécution des obligations de l'employeur, mais qui exclut
toute condamnation au profit des salariés. L'action dite de substitution ne peut être exercée par le
syndicat qu'avec l'accord, au moins tacite, des salariés au profit desquels il a saisi le conseil de
prud'hommes. Le législateur a ainsi entendu faciliter l'exercice des actions judiciaires au profit de
salariés qui, pour des raisons diverses, ne souhaiteraient pas agir directement alors que l'intérêt de la loi
et son application générale justifient pleinement la saisine de la justice. L'action de substitution a
l'avantage en outre de libérer le salarié du suivi d'une procédure qui peut être longue, fastidieuse et
éprouvante, et présente un intérêt économique évident si plusieurs salariés sont concernés
(V. F. PETIT, L'action de substitution, un cadeau promis à un avenir meilleur, Dr. soc. 2004. 262 ).
Les conditions peuvent différer quant au niveau de représentativité de l'organisation syndicale et à la
précision de la procédure d'information du salarié à suivre, mais le principe repose sur une information
du salarié et la possibilité pour celui-ci, soit de s'opposer à cette action, soit de s'y joindre.

493. Action personnelle du syndicat. - Selon la jurisprudence de la Cour de cassation, l'action de


substitution est une action qui est personnelle au syndicat qui l'engage et non une action par
représentation des salariés (Soc. 1er févr. 2000, no 98-46.201 , Bull. civ. V, no 53).

494. Contrat de travail à durée déterminée. - Selon l'article L. 1247-1 du code du travail, les
organisations syndicales représentatives dans l'entreprise peuvent exercer en justice toutes les actions
qui résultent des dispositions relatives au contrat de travail à durée déterminée en faveur d'un salarié,
sans avoir à justifier d'un mandat de ce dernier. Le salarié doit être averti par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception de la nature et de l'objet de l'action envisagée. Cette lettre doit en outre
préciser que l'action est conduite par l'organisation syndicale qui peut également exercer les voies de
recours contre le jugement à intervenir, que le salarié peut à tout moment intervenir au cours de
l'instance ou mettre un terme à l'action et que le salarié peut faire connaître son opposition à cette action
dans le délai de quinzaine suivant la notification de la réception de la lettre d'information (C. trav.,
art. D. 1247-1 ). L'acceptation du salarié est réputée acquise une fois ce délai de quinze jours écoulé
(C. trav., art. D. 1247-2 ). L'action de substitution est recevable même si elle a été engagée avant
l'envoi de la lettre d'information prévue à l'article D. 1247-1, dès lors que le délai d'opposition de quinze
jours est expiré lorsque le conseil de prud'hommes statue (Soc. 1er févr. 2000, no 98-41.624 , Bull.
civ. V, no 52 ; Dr. soc. 2000. 519, obs. C. Roy-Loustaunau ).
495. Contrat de travail temporaire. - L'article L. 1251-59 du code du travail reconnaît aux organisations
syndicales représentatives la possibilité d'exercer en justice les actions relatives à l'application des
dispositions relatives au travail temporaire en faveur d'un salarié sans avoir reçu de mandat de celui-ci.
Le salarié temporaire concerné doit être avisé par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception et ne pas s'opposer à cette action dans le délai de quinze jours suivant la réception de la lettre
(C. trav., art. L. 1251-59 et D. 1251-32 ). Une fois le délai de quinze jours expiré, le salarié est
réputé avoir donné son consentement à l'action envisagée par le syndicat (C. trav., art. D. 1251-33 ).
La lettre d'information envoyée par le syndicat au salarié doit mentionner que l'action est conduite par
l'organisation syndicale qui peut également exercer les voies de recours contre le jugement, que le
salarié peut à tout moment intervenir dans l'instance engagée ou mettre un terme à celle-ci et qu'il doit
faire connaître son éventuelle opposition à l'action dans les quinze jours suivant la réception de la lettre
d'information (C. trav., art. D. 1251-2 ). La solution dégagée par la jurisprudence en matière de
contrat de travail à durée déterminée selon laquelle l'action de substitution est recevable même si elle a
été engagée avant l'envoi de la lettre d'information prévue à l'article D. 1247-1, dès lors que le délai
d'opposition de quinze jours est expiré lorsque le conseil de prud'hommes statue (Soc. 1er févr. 2000,
no 98-41.624 , Bull. civ. V, no 52 ; Dr. soc. 2000. 519, obs. C. Roy-Loustaunau ), est probablement
transposable au dispositif mis en place en matière de contrat de travail temporaire.

496. Licenciement pour motif économique. - En application de l'article L. 1235-8 du code du travail,
les organisations syndicales représentatives peuvent exercer toutes les actions résultant des dispositions
légales ou conventionnelles régissant le licenciement pour motif économique d'un salarié, sans avoir à
justifier d'un mandat de l'intéressé. Le salarié doit être averti de l'intention du syndicat d'engager cette
action par lettre recommandée avec demande d'avis de réception (C. trav., art. D. 1235-18 ). Cette
lettre doit préciser la nature et l'objet de l'action envisagée et mentionner que l'action est conduite par
l'organisation syndicale qui peut également exercer des recours contre le jugement à intervenir, que le
salarié peut à tout moment intervenir dans l'instance ou y mettre fin et qu'il a un délai de quinze jours à
compter de la réception de la lettre d'information pour s'y opposer (C. trav., art. D. 1235-19 ). À
défaut d'opposition du salarié dans le délai de quinze jours, l'acceptation du salarié est réputée acquise
(C. trav., art. D. 1235-20 ). L'organisation doit, à l'issue de ce délai de quinze jours informer
l'employeur, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, de son intention d'agir en
justice (C. trav., art. L. 1235-8 et D. 1235-18 ).

497. Principe de non-discrimination. - Les organisations syndicales représentatives au niveau national,


au niveau départemental ou de la collectivité en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Mayotte, à
la Réunion, à Saint-Barthélémy et à Saint-Martin, ou dans l'entreprise, peuvent exercer les actions nées
des dispositions relatives à la non-discrimination, en faveur d'un candidat à un emploi, à un stage ou à
une période de formation en entreprise, ou d'un salarié, dans les conditions prévues par l'article
L. 1134-1 du code du travail. L'organisation syndicale n'a pas à justifier d'un mandat de l'intéressé,
pourvu qu'elle ait averti l'intéressé de cette action et que le salarié ne s'y soit pas opposé dans le délai de
quinze jours suivant la notification de l'intention d'agir (C. trav., art. L. 1134-2 ). Il suffit à cet égard
que la lettre de notification adressée au salarié concerné mentionne expressément la volonté du
syndicat d'exercer une action en justice en son nom, en raison d'une discrimination dont il a été victime
(Soc. 3 mars 2009, no 07-44.676 , RJS 5/09, no 450).

498. Harcèlement moral ou sexuel. - Conformément à l'article L. 1154-2 du code du travail, les
organisations syndicales représentatives dans l'entreprise peuvent exercer en justice toutes les actions
résultant des articles L. 1152-1 à L. 1152-3 (harcèlement moral) et L. 1153-1 à L. 1153-4 (harcèlement
sexuel) du même code en faveur d'un salarié de l'entreprise, sous réserve de justifier d'un accord écrit de
l'intéressé. Contrairement aux précédents dispositifs, la loi exige un consentement exprès et formalisé
et n'a pas mis en place un dispositif d'information et d'acceptation tacite. Le salarié peut toujours
intervenir à l'instance engagée par le syndicat et y mettre fin à tout moment.

499. Conventions ou accords collectifs. - En application de l'article L. 2262-9 du code du travail, les
organisations ou groupements ayant la capacité d'agir en justice, dont les membres sont liés par une
convention ou un accord, peuvent exercer toutes les actions en justice qui en résultent en faveur de
leurs membres, sans avoir à justifier d'un mandat de l'intéressé, pourvu que celui-ci en ait été averti et
n'ait pas déclaré s'y opposer.

500. Travailleurs étrangers en situation irrégulière. - Eu égard à leur situation particulière, le législateur
autorise les organisations syndicales représentatives à exercer en justice les actions nées en faveur des
salariés étrangers en vertu des articles L. 8252-1 (application du principe d'égalité de traitement) et
L. 8252-2 du code du travail (droits au titre de la période de travail illicite), sans avoir à justifier d'un
mandat de l'intéressé, à condition que celui-ci n'ait pas déclaré s'y opposer. L'intéressé peut toujours
intervenir à l'instance (C. trav., art. L. 8255-1 ). Le salarié doit être informé par le syndicat de l'action
en justice envisagée par tout moyen lui donnant date certaine. Cette information doit mentionner la
nature et l'objet de l'action envisagée et indiquer que le salarié peut faire connaître au syndicat son
opposition à l'action concernée, que l'organisation syndicale peut exercer elle-même les voies de recours
et que le salarié peut toujours intervenir à l'instance (C. trav., art. D. 8255-1 ).

501. Marchandage. - Les organisations syndicales représentatives peuvent exercer en justice les actions
résultant des dispositions relatives au marchandage en faveur d'un salarié sans avoir à justifier d'un
mandat de l'intéressé (C. trav., art. L. 8233-1 ). Celui-ci doit toutefois avoir été avisé de l'engagement
de cette action par tout moyen lui donnant date certaine. Cette information doit préciser la nature et
l'objet de l'action envisagée et indiquer au salarié qu'il peut faire connaître son opposition à cette action
dans le délai de quinze jours à compter de la réception de l'information, que l'organisation syndicale
peut également exercer les voies de recours contre la décision à intervenir et que le salarié peut
intervenir à tout moment dans l'instance qui aura été engagée (C. trav., art. D. 8233-1 ). À l'expiration
de ce délai de quinzaine, le salarié est considéré comme ayant donné tacitement son acceptation
(C. trav., art. D. 8233-2 ).
502. Prêt illicite de main-d'œuvre. - Les organisations syndicales représentatives peuvent également
exercer en justice les actions résultant des dispositions relatives au prêt illicite de main-d'œuvre au
profit d'un salarié sans avoir à justifier d'un mandat de l'intéressé. Le salarié concerné doit avoir été
avisé de l'action et ne pas s'y être opposé dans le délai de quinze jours suivant l'information qui lui en a
été donnée. Le salarié concerné peut toujours intervenir dans l'instance engagée par l'organisation
syndicale à son profit (C. trav., art. L. 8242-1 ). Le salarié doit être informé par le syndicat par tout
moyen conférant date certaine. Cette infirmation doit préciser la nature et l'objet de l'action envisagée
et indiquer que le salarié peut s'y opposer dans le délai de quinzaine, que l'organisation syndicale pourra
exercer elle-même les voies de recours contre la décision à intervenir et que le salarié peut, à tout
moment, intervenir à l'instance en question (C. trav., art. R. 8242-1 ). Sans opposition de sa part dans
le délai de quinze jours, le salarié est réputé avoir donné son accord à l'action envisagée par le syndicat
(C. trav., art. R. 8242-2 ).

503. Salariés d'un groupement d'employeurs. - En application de l'article L. 1253-16 du code du travail,
les organisations syndicales représentatives dans l'entreprise utilisatrice ou dans le groupement
d'employeurs peuvent exercer les actions relatives à la mise à disposition de salarié dans le cadre d'un
groupement d'employeurs, sans avoir à justifier d'un mandat du salarié concerné pourvu que celui-ci ne
déclare pas s'y opposer. L'intéressé peut toujours intervenir à l'instance.

504. Travailleurs à domicile. - L'article L. 7423-2, alinéa 2 permet aux syndicats professionnels
d'exercer les actions en faveur de chacun de leurs membres pour la mise en œuvre des règles du travail à
domicile, sans avoir à justifier d'un mandat du travailleur concerné pourvu que celui-ci ait été averti et
n'ait pas déclaré s'y opposer. L'intéressé peut toujours intervenir à l'instance.

Art. 3 - Défaut de comparution

505. Principe. - Une partie, qu'elle soit en demande ou en défense, ne peut, sauf si le juge relève ou
prend en compte une difficulté relative à l'exercice des droits de la défense ou de l'application du
principe du contradictoire, retarder ou empêcher la solution du litige en s'abstenant de comparaître. La
jurisprudence retient de façon constante que l'absence de comparution du défendeur, régulièrement
convoqué et assigné, n'empêche pas la formation de jugement de statuer (Soc. 13 déc. 1994, no 92-
42.301, Bull. civ. V, no 340), sauf pour le juge à user de son pouvoir discrétionnaire de renvoyer
l'affaire.

§ 1er - Caducité de la saisine


506. Défaillance du demandeur. - En cas de défaillance du demandeur, qui ne justifie pas d'un motif
légitime d'absence, et si le défendeur ne demande pas de jugement sur le fond, le conseil de
prud'hommes peut constater la caducité de la citation (C. trav., art. R. 1454-12 , al. 1er). Ce pouvoir
de prononcer la caducité appartient tant au bureau de jugement qu'au bureau de conciliation (C. trav.,
art. R. 1454-13 ). Cette décision de caducité peut être prise d'office par le conseil de prud'hommes
(C. pr. civ., art. 468 , al. 2). La caducité ne peut être prononcée que si le demandeur ne comparaît pas
à l'audience initiale, du bureau de conciliation ou du bureau de jugement, mais cette mesure ne peut
pas être prise s'il a effectivement comparu à la suite de sa convocation et qu'il est défaillant lors de
l'audience de renvoi ultérieure (Soc. 13 janv. 1999, no 96-45.301 , Bull. civ. V, no 21). Dans cette
hypothèse, seule une radiation pourrait être prononcée si le défendeur ne demande pas de jugement sur
le fond. Naturellement, si le défendeur demande un jugement sur le fond, le conseil de prud'hommes
ne peut pas prononcer la caducité et doit statuer sur cette demande, quitte à renvoyer l'affaire si le litige
n'est pas en état d'être jugé.

507. Demande de rapporter la décision de caducité. - La décision de caducité peut être rapportée à la
requête du demandeur si ce dernier fait connaître au greffe du conseil de prud'hommes, dans le délai de
quinze jours, le motif légitime qu'il n'avait pas été en mesure d'invoquer en temps utile (C. pr. civ.,
art. 468 , al. 2). Le demandeur ne peut donc pas faire appel de la décision de caducité, mais
seulement demander qu'elle soit rétractée (V. infra, nos 518 et 519).

508. Irrecevabilité de l'appel dirigé contre la décision de caducité. - Il ne peut être relevé appel que de
la décision qui refuse de rétracter un jugement constatant la caducité d'une citation. En conséquence, la
décision qui prononce la caducité ne peut pas faire l'objet d'un appel (Soc. 23 mai 2007, no 06-40.146
, Bull. civ. V, no 87).

509. Décision rapportant la caducité. - S'il est fait droit à la demande de rapporter la décision de
caducité, le demandeur est avisé par tous moyens de la nouvelle date d'audience et le défendeur est
convoqué par lettre recommandée avec demande d'avis de réception (C. trav., art. R. 1454-12 , al. 2).
La décision de caducité ayant pour effet d'éteindre l'instance, lorsque cette décision est rapportée, la
demande doit être présentée de nouveau devant le bureau de conciliation (Soc. 8 déc. 1988, no 86-
40.032 , Bull. civ. V, no 653).

510. Recours contre la décision refusant de rapporter la caducité. - La décision refusant de rapporter la
caducité précédemment retenue par le conseil de prud'hommes peut faire l'objet d'un appel (Civ. 2e,
17 juin 1998, no 95-12.810 , Bull. civ. II, no 193 ; RTD civ. 1998. 743, obs. R. Perrot . – Soc.
23 mai 2007, no 06-40.146 , Bull. civ. V, no 87. – Civ. 2e, 20 avr. 2017, no 16-15.394, Bull. civ. II,
no 72).
511. Effet de la caducité sur la prescription. - La décision de caducité fait perdre tout effet interruptif
de prescription à la saisine du conseil de prud'hommes conformément à l‘article 2243 du code civil
(Soc. 21 mai 1996, no 92-44.347 , Bull. civ. V, no 193 ; V. supra, no 450).

§ 2 - Jugement sur le fond

512. Nécessité d'une demande de jugement sur le fond. - En l'absence de comparution du demandeur,
le juge ne peut rendre de jugement sur le fond que si le défendeur le requiert (C. pr. civ., art. 468 ).
Faute d'une telle demande, le conseil de prud'hommes ne peut que constater la caducité de la citation
ou radier l'affaire en raison du défaut de diligence des parties.

513. Défaillance lors du préalable de conciliation. - Si l'une des parties ne comparaît pas, sans justifier
d'un motif légitime, le bureau de conciliation et d'orientation peut juger l'affaire en l'état des pièces et
des moyens que le défendeur a communiqués contradictoirement (C. trav., art. L. 1454-1-3 ). Il est
toutefois nécessaire que l'autre partie comparaisse et réclame un jugement sur le fond. La décision est
alors prise par le bureau de conciliation et d'orientation, qui statue alors comme bureau de jugement
dans sa composition restreinte comprenant deux conseillers prud'hommes, un conseiller salarié et un
conseiller employeur, telle qu'elle est prévue par l'article L. 1423-13 du code du travail.

514. Défaillance devant le bureau de jugement. - En cas de défaillance de l'une des parties devant le
bureau de jugement, la partie comparante peut demander un jugement sur le fond. Le conseil de
prud'hommes statue alors en l'état des demandes qui ont été présentées contradictoirement. La décision
est prise par la formation du bureau de jugement, de droit commun ou restreinte, qui a été saisie de
l'affaire, soit directement dans les matières qui relèvent d'une saisine directe (demande de
requalification d'un contrat de travail à durée déterminée en contrat à durée indéterminée, prise d'acte
de la rupture du contrat de travail…), soit par le bureau de conciliation et d'orientation qui a renvoyé
l'affaire.

515. Nouvelle convocation. - Conformément à l'article 471 du code de procédure civile, en cas de
défaut de comparution du défendeur qui n'a pas été touché en personne par la convocation, le juge peut
toujours demander à ce que cette partie soit invitée à comparaître à l'audience de renvoi. Cette nouvelle
convocation est adressée selon les mêmes formes que la convocation initiale, c'est-à-dire par le greffe par
lettre recommandée avec demande d'avis de réception, ou par acte d'huissier si le juge en décide ainsi.

516. Demande de renvoi. - La faculté de faire droit ou non à une demande de renvoi relève du pouvoir
discrétionnaire du juge, lequel n'a donc pas à motiver sa décision sur ce point. En toute hypothèse, la
demande de renvoi ne peut être faite que par une partie comparante et le juge n'est pas tenu de
répondre à une telle demande formée par une partie non comparante (Soc. 13 déc. 1994, no 92-42.301,
Bull. civ. V, no 340). Ce n'est que si la partie non comparante n'a pas été régulièrement convoquée que
le juge doit procéder au renvoi afin qu'une nouvelle convocation soit délivrée.

Section 4 - Sanction du défaut de diligence des parties

§ 1er - Radiation et retrait du rôle

517. Retrait du rôle. - Le retrait du rôle est une mesure adoptée par la juridiction lorsque toutes les
parties, qui s'entendent pour suspendre le cours de l'instance pour des raisons qui leur sont propres, en
font la demande de façon écrite et motivée (C. pr. civ., art. 382 ). Bien que la procédure devant le
conseil de prud'hommes soit orale, la demande de retrait du rôle doit faire l'objet de conclusions écrites
de la part de toutes les parties. À défaut, les parties peuvent réclamer la radiation de l'affaire dès lors
que le juge refuse le renvoi qu'elles sollicitent et cette demande de radiation s'impose au juge (Cass., ass.
plén., 24 nov. 1989, no 88-18.188 , Bull. ass. plén., no 3 ; D. 1990. 25, concl. Cabannes ; JCP
1990. II. 21407, note L. Cadiet ; Gaz. Pal. 1990. 2. Somm. 358, obs. S. Guinchard et T. Moussa ; RTD
civ. 1990. 145, obs. R. Perrot ). La demande motivée de retrait du rôle s'impose au juge qui est tenu
d'y faire droit, sans avoir à apprécier les motifs avancés, comme celui tiré d'un mouvement de grève des
avocats (Civ., 17 févr. 2011, no 10-14.863 , Bull. civ. I, no 46 ; Procédures 2011, no 165, note
R. Perrot).

518. Radiation. - La radiation est une décision prise par la juridiction qui vient sanctionner le défaut de
diligence des parties (C. pr. civ., art. 381 ). Elle est prise notamment lorsque le juge constate que les
parties n'ont pas accompli certains actes nécessaires à la tenue de la procédure ou au jugement de
l'affaire : mise en cause des organes de la procédure en cas d'ouverture d'une procédure collective ;
communication des pièces et conclusions dans les délais prescrits ; production de l'extrait Kbis de la
personne morale partie au litige ; signification de la convocation en justice après le retour de la lettre
recommandée adressée par le greffe (Soc. 29 juin 2005, no 04-40.623 , Bull. civ. V, no 226) ;
justification de la situation après une décision de sursis à statuer (Soc. 2 févr. 2006, no 00-12.459 ,
Bull. civ. V, no 59)… La radiation est une mesure d'administration judiciaire (C. pr. civ., art. 383 ,
al. 1er) qui de ce fait n'est pas susceptible de recours (Soc. 18 juin 1981, no 80-60.428 , Bull. civ. V,
no 577. – Soc. 17 juill. 1991, no 91-60.078 , Bull. civ. V, no 229). Les parties ne sont toutefois pas
démunies puisqu'elles peuvent demander la réinscription de l'affaire au rôle sous réserve de justifier
avoir accompli les diligences nécessaires.
519. Mise en état. - Le bureau de conciliation et d'orientation dispose de pouvoir de mise en état qu'il
peut mettre en œuvre en cas d'échec de la tentative préalable de conciliation. Dans ce cadre, il fixe les
délais et les conditions de communication des prétentions, moyens et pièces et peut inviter les parties à
fournir les explications nécessaires à la solution du litige et les mettre en demeure de produire dans le
délai qu'il fixe tous documents ou justifications propres à éclairer le conseil de prud'hommes (C. trav.,
art. R. 1454-1 ). En cas de défaut de respect des prescriptions fixées par lui, le bureau de conciliation
et d'orientation peut radier l'affaire (C. trav., art. R. 1454-2 ). Cette mise en état formalisée permet de
mieux organiser la procédure, de rendre les audiences plus prévisibles et de prévenir les renvois inutiles
et les manœuvres dilatoires.

520. Notification de la décision de radiation. - La décision doit préciser la ou les diligences dont le
défaut a justifié la radiation. Elle est notifiée par lettre simple aux parties, ainsi qu'à leur représentant
(C. pr. civ., art. 381 , al. 3). Cette disposition de procédure civile est applicable aux procédures
prud'homales (Soc. 19 oct. 2016, no 15-16.120 , Bull. civ. V, no 194 ; JCP S 2016. II. 1409, note
S. Brissy). Il n'est donc pas nécessaire de notifier cette décision par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception pour que la décision de radiation soit opposable aux parties.

521. Effets de la décision de radiation. - La décision de radiation emporte suppression de l'affaire du


rang des affaires en cours (C. pr. civ., art. 381 ). Elle n'a pas pour effet d'éteindre l'instance ni de
dessaisir le conseil de prud'hommes et ne fait que suspendre l'instance conformément à l'article 377 du
code de procédure civile (Civ. 2e, 8 juill. 1987, no 86-10.394 , Bull. civ. II, no 149).

522. Rétablissement de l'affaire. - Sauf si la péremption est acquise, l'affaire est rétablie sur justification
de l'accomplissement des diligences dont l'absence avait justifié la radiation (C. pr. civ., art. 383 ). Le
rétablissement de l'affaire n'est donc pas de droit dès lors que la demande de rétablissement n'est pas
accompagnée des justificatifs nécessaires. La demande de rétablissement ne s'analyse pas comme une
nouvelle instance, mais comme la reprise de l'instance initiale, peu important que sur le plan de
l'administration judiciaire un nouveau numéro de rôle soit délivré par le greffe du conseil de
prud'hommes. La procédure reste régie par les dispositions applicables lors de la saisine du conseil de
prud'hommes (Soc. 27 mars 1991, no 88-41.526 , Bull. civ. V, no 157 ; RTD civ. 1991. 601, obs.
R. Perrot ).

523. Intervention volontaire. - Seules les parties présentes lors de la décision de radiation peuvent
demander le rétablissement de l'affaire après accomplissement des diligences dont l'absence a été
sanctionnée. Une intervention volontaire ne peut avoir cet effet (Civ. 2e, 21 juin 2007, no 06-12.233
, Bull. civ. V, no 169).

524. Délai de prescription. - La radiation n'a aucun effet sur la poursuite de l'interruption de la
prescription liée à la saisine initiale du conseil de prud'hommes, interruption qui prolonge ses effets
jusqu'à ce qu'il ait été statué sur le fond de l'affaire (Soc. 8 juin 2005, no 03-44.983 , Bull. civ. V,
no 195 ; Procédures 2005, no 226, obs. R. Perrot).

525. Délai de péremption. - La radiation prononcée en application de l'article 381 du code de


procédure civile n'interrompt pas le délai de péremption (Civ. 2e, 24 sept. 2015, no 14-20.299 , Bull.
civ. II, no 217. – Soc. 19 oct. 2016, no 15-16.120 , Bull. civ. V, no 194 ; JCP S 2016. II. 1409, note
S. Brissy), lequel continue donc de courir à compter du dernier acte accompli par les parties.

526. Demandes nouvelles. - Rien ne s'oppose à ce que de nouvelles demandes soient présentées devant
le conseil de prud'hommes après rétablissement de l'affaire, sous réserve toutefois qu'aucun désistement
ne soit intervenu entre-temps (Soc. 11 juin 1976, no 75-40.382 , Bull. civ. V, no 366. – Soc. 3 juill.
1991, no 87-44.462 , Bull. civ. V, no 345).

§ 2 - Péremption

527. Définition. - La péremption est une cause d'extinction de l'instance (C. pr. civ., art. 384 ). Elle a
pour objet de sanctionner l'inertie des parties qui n'accomplissent pas les diligences nécessaires au suivi
de la procédure (Com. 9 nov. 2004, no 01-16.726 , Bull. civ. IV, no 192 ; RTD civ. 2005. 185, note
R. Perrot ). L'instance est périmée lorsque aucune des parties n'accomplit de diligences pendant deux
ans (C. pr. civ., art. 386 ).

528. Office du juge. - Le juge peut relever d'office le moyen tiré de la péremption. Il ne peut toutefois
le faire qu'après avoir invité les parties à présenter leurs observations sur ce point (C. pr. civ., art. 388
, al. 2).

529. Exception de procédure. - La péremption est une exception de procédure qui doit être présentée,
en demande ou en défense, avant tout autre moyen, à peine d'irrecevabilité (C. pr. civ., art. 388 ,
al. 1er). Elle doit donc être soulevée dans les premières conclusions postérieures à l'expiration du délai
de péremption (Civ. 2e, 8 avr. 2004, no 02-16.207 , Bull. civ. II, no 186) et être présentée avant
d'autres exceptions de procédure telle qu'une exception d'incompétence (Civ. 2e, 13 mai 1991, no 90-
12.133 , Bull. civ. II, no 148). Elle peut, conformément à l'article R. 1451-2 du code du travail, être
formée devant le bureau de jugement même si des moyens au fond ont été développés lors du
préliminaire de conciliation, sous la réserve d'être effectivement présentée avant toute défense au fond
ou toute fin de non-recevoir (Soc. 10 mai 1995, no 92-40.352 , inédit). Le juge peut relever d'office
l'irrecevabilité du moyen de péremption présenté postérieurement à d'autres moyens (Civ. 2e, 8 juill.
2004, no 01-11.565 , Bull. civ. II, no 379 ; D. 2005. IR 339 ).

530. Diligences interrompant le délai de péremption. - La péremption sanctionnant l'inertie des parties,
seules des diligences émanant des parties peuvent avoir pour effet d'interrompre le délai de péremption
(Civ. 2e, 6 oct. 2005, no 03-17.680 , Bull. civ. II, no 239). Mais une diligence ne peut être regardée
comme efficace que si elle est de nature à faire progresser l'affaire (Civ. 3e, 20 déc. 1994, no 92-21.536
, RTD civ. 1995. 683, obs. R. Perrot ). Devant le conseil de prud'hommes, la procédure étant orale,
la demande de fixation de l'affaire à l'audience interrompt le délai de péremption (Civ. 2e, 30 avr. 2009,
no 07-16.467 , Procédures 2009, no 182, note R. Perrot). En revanche, la seule comparution à une
audience au cours de laquelle l'affaire est renvoyée ne suffit pas pour interrompre ce délai (Civ. 2e,
25 sept. 2014, no 13-19.583 , Bull. civ. II, no 196 ; Procédures 2014, no 315, obs. H. Croze ; D. 2015.
Chron. Cass. 518, obs. Vasseur, de Leiris et Adida-Canac). De même, du fait de la nature de la
procédure orale, l'envoi au greffe de conclusions sans demande de rétablissement de l'affaire après
radiation n'est pas de nature à interrompre le délai de péremption (Civ. 2e, 1er sept. 2016, no 15-
14.551 , Bull. civ. II, no 197). La solution est peut-être différente lorsque la présentation des écritures
est formalisée dans les conditions de l'article R. 1453-5 du code du travail, cette formalisation
empruntant à la procédure écrite.

531. Aide juridictionnelle. - La demande d'aide juridictionnelle interrompt le délai de péremption


(Civ. 2e, 19 nov. 2009, no 08-16.698 , Bull. civ. II, no 276 ; D. 2010. Chron. Cass. 536, obs. Sommer
et Leroy-Gissinger ; Procédures 2010, no 1, obs. R. Perrot).

532. Interruption de l'instance. - L'interruption de l'instance emporte interruption du délai de


péremption (C. pr. civ., art. 392 , al. 1er). Dans une telle hypothèse, l'interruption du délai de
péremption ne prend fin que lors de la reprise d'instance (Civ. 2e, 5 avr. 1993, no 91-18.734 , Bull.
civ. II, no 148 ; RTD civ. 1993. 646, obs. R. Perrot ).

533. Suspension de l'instance. - En cas de suspension de l'instance, le délai de péremption continue à


courir sauf lorsque cette suspension n'a lieu que dans un temps ou jusqu'à la survenance d'un
événement déterminé. Dans ce dernier cas, le délai de péremption court de nouveau une fois le temps
expiré ou l'événement intervenu (C. pr. civ., art. 392 , al. 2). Le nouveau délai de péremption court à
compter de l'événement en question (Soc. 18 déc. 2002, no 00-40.519, Bull. civ. V, no 399 ; D. 2003.
Somm. 1405, obs. Julien ; Procédures 2003, no 60, obs. Perrot) ou de la notification de sa survenance
(Civ. 2e, 15 sept. 2005, no 03-20.037 , Bull. civ. V, no 219 ; RTD civ. 2005. 823, obs. R. Perrot ).
En revanche, le délai de péremption continue à courir lorsque la décision de sursis à statuer est motivée
par des diligences que le juge met à la charge des parties (Civ. 2e, 15 mars 1995, no 93-15.761 , Bull.
civ. II, no 92).

534. Radiation. - La décision de radiation n'interrompt pas le délai de péremption (Civ. 2e, 24 sept.
2015, no 14-20.299 , Bull. civ. II, no 2017. – Soc. 19 oct. 2016, no 15-16.120 , Bull. civ. V, no 194 ;
JCP S 2016. II. 1409, note S. Brissy).

535. Effets de la péremption. - La péremption a pour effet d'éteindre l'instance, de sorte que l'on ne
puisse jamais opposer aucun des actes de la procédure périmée ou s'en prévaloir, mais n'emporte pas
extinction de l'action (C. pr. civ., art. 389 ). La décision retenant la péremption entraîne le
dessaisissement de la juridiction.

536. Indivisibilité de la péremption. - Même si elle n'est demandée que par une partie, la péremption
éteint l'instance et elle profite à l'ensemble des parties en raison de son caractère indivisible (Civ. 2e,
1er sept. 2016, no 15-18.909 , Bull. civ. II, no 198).

537. Délai de prescription. - En cas de péremption de l'instance, l'interruption de la prescription


consécutive à la saisine du conseil de prud'hommes est réputée non avenue, conformément à l'article
2243 du code civil (Civ. 1re, 10 avr. 2013, no 12-18.193 , Bull. civ. I, no 69 ; D. 2013. Actu. 1073 ;
Procédures 2013, no 177, note R. Perrot ; V. supra, no 448).

Section 5 - Incidents de procédure

§ 1er - Exceptions de procédure

538. Conditions de recevabilité. - Conformément à l'article R. 1451-2 du code du travail, les exceptions
de procédure doivent, à peine d'irrecevabilité, être soulevées avant toute défense au fond ou fin de non-
recevoir. Rappelons qu'en matière civile les exceptions ne doivent pas être soulevées in limine litis,
comme il est parfois indiqué de façon inexacte, mais avant toute défense au fond et que la recevabilité
de l'exception s'apprécie donc exclusivement au regard de l'ordre de présentation des moyens adopté
par celui qui invoque cette exception. L'analyse de la recevabilité de l'exception de procédure se fait
lors des débats devant le bureau de jugement. Il importe peu à cet égard que des moyens de défense
aient été avancés lors du préalable de conciliation (Soc. 10 mai 1995, no 92-40.352 , inédit).
539. Exclusion des fins de non-recevoir. - Les fins de non-recevoir peuvent être soulevées en tout état
de cause. Ainsi, la prescription, qui est une fin de non-recevoir, peut être opposée après des moyens de
fond dès lors qu'elle est soulevée avant la clôture des débats (Soc. 20 oct. 1988, no 85-45.664 , inédit).

§ 2 - Interruption de l'instance

540. Causes d'interruption de l'instance. - Selon les articles 369 et 370 du code de procédure civile,
l'instance devant le conseil de prud'hommes est interrompue par la majorité de l'une des parties, le
décès d'une partie, la cessation de fonctions du représentant légal d'un incapable et le recouvrement ou
la perte par une partie de la capacité d'ester en justice. Dans ces trois dernières hypothèses,
l'interruption de l'instance n'est acquise qu'à compter de la notification qui en est faite à l'autre partie.

541. Rôle du juge. - L'interruption de l'instance ne dessaisit pas le conseil de prud'hommes qui peut
interroger les parties sur leurs diligences pour reprendre l'instance et procéder à une radiation de
l'affaire en cas d'inertie de leur part (C. pr. civ., art. 376 ). En pratique, le conseil de prud'hommes
peut, lorsqu'il constate l'interruption de l'instance, donner un délai aux parties pour reprendre l'instance
en mettant en cause les parties concernées, par exemple les héritiers en cas de décès de l'une des parties.
Il peut ensuite procéder à la radiation de l'affaire si ces mises en cause n'ont pas été faites dans les délais
prescrits (Civ. 2e, 6 déc. 1984, no 82-11.277 , Bull. civ. II, no 189). En l'absence de reprise d'instance,
le juge ne peut pas statuer au fond (Civ. 2e, 29 juin 1988, no 87-15.171 , Bull. civ. II, no 161 ; JCP
1988. IV, 317 ; RTD civ. 1989. 139, obs. R. Perrot. – Civ. 3e, 14 avr. 1999, no 97-18.008 , Bull.
civ. III, no 101).

542. Formalités de reprise d'instance en cas de décès d'une partie. - En cas d'interruption de l'instance
en raison du décès de l'une des parties, l'instance doit être reprise par la mise en cause de l'ensemble des
héritiers et pas uniquement de certains d'entre eux (Civ. 2e, 7 nov. 1977, Gaz. Pal. 1978. 141 ; RTD
civ. 1978. 731, obs. R. Perrot. – Civ. 2e, 29 juin 1988, no 97-15.171, Bull. civ. II, no 161 ; JCP 1988.
IV. 317 ; RTD civ. 1989. 139, obs. R. Perrot).

543. Reprise d'instance. - Une fois les diligences accomplies pour la reprise de l'instance, celle-ci
reprend son cours en l'état où elle se trouvait au moment où elle a été interrompue (C. pr. civ., art. 374
).

§ 3 - Procédures collectives
544. Exception. - Contrairement à ce qui est prévu par le doit commun, l'ouverture d'une procédure
collective n'a pas pour effet d'entraîner l'interruption de l'instance prud'homale. En effet, selon l'article
L. 625-3, alinéa 1er du code de commerce, « les instances en cours devant la juridiction prud'homale à
la date du jugement d'ouverture sont poursuivies en présence du mandataire judiciaire ou de
l'administrateur ou ceux-ci dûment appelés ». En outre, « le mandataire judiciaire informe dans les dix
jours la juridiction saisie et les salariés parties à l'instance de l'ouverture de la procédure » (C. com.,
art. L. 625-3 , al. 2). La Cour de cassation en déduit que les dispositions des articles 369 et 372 du
code de procédure civile ne sont pas applicables aux instances concernées, qui ne sont ni suspendues ni
interrompues (Soc. 23 mai 2007, no 05-40.946 , inédit). De plus, le représentant des créanciers qui
n'a pas informé la juridiction saisie et les salariés de l'ouverture de la procédure de liquidation judiciaire
ne peut valablement se prévaloir d'une inopposabilité de la décision rendue (Soc. 28 févr. 2018, no 15-
24.856 , Bull. civ. V, no 33 ; JCP S 2018. II. 1128, note L. Fin-Langer ; D. 2018. Somm. 509 ). La
Cour de cassation considère en conséquence que les instances en cours devant la juridiction
prud'homale à la date du jugement d'ouverture n'étant ni interrompues ni suspendues, il appartient au
mandataire judiciaire ou, selon le cas, au liquidateur, d'informer la juridiction de l'ouverture de la
procédure collective. C'est alors que le conseil de prud'hommes, ainsi informé de l'ouverture d'une
procédure collective, doit convoquer les organes de la procédure collective, ainsi que l'AGS (Soc.
9 mars 2011, no 09-67.312 , Bull. civ. V, no 71).

545. Diligences à accomplir. - En cas d'ouverture d'une procédure collective, les parties ne peuvent
donc pas demander au conseil de prud'hommes de constater l'interruption de l'instance. Il n'en demeure
pas moins que les organes de la procédure doivent être attraits à la procédure. L'une des parties peut
alors présenter une requête pour attraire en intervention forcée les organes de la procédure, mais il lui
appartient de les désigner pour que le greffe du conseil de prud'hommes puisse ensuite procéder aux
convocations nécessaires. En cas de retour au greffe des convocations par lettre recommandée avec avis
de réception, le greffe invitera la partie la plus diligente à procéder par voie d'acte d'huissier, et, en cas
de défaut de diligence, l'affaire pourra être radiée.

546. Mise en cause de l'AGS. - En cas d'ouverture d'une procédure collective, l'AGS doit être appelée à
la cause afin que puisse être mise en œuvre au profit du salarié la garantie prévue par les articles
L. 3253-6 et suivants du code du travail. Il appartient alors au salarié de présenter une requête à cette
fin au greffe du conseil de prud'hommes, qui procède ensuite aux convocations nécessaires.

547. Absence de mise en cause de l'AGS en cas de dissolution amiable de la société. - L'AGS ne devant
sa garantie qu'en cas de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, ainsi qu'il résulte des
articles L. 3253-6 et L. 3253-2 à L. 3253-21 du code du travail, cette mise en cause n'a pas à être faite
en cas de liquidation de la société après une décision judiciaire de dissolution prise sur le fondement de
l'article 1844-7 5o du code civil, puisque la garantie n'est pas due dans une telle hypothèse (Soc. 16 mai
2018, nos 16-258.98 et 16-25.899, JCP S 2018. II. 1238, note L. Fin-Langer).

548. Suspension des poursuites individuelles. - L'ouverture d'une procédure collective a pour effet de
suspendre les poursuites individuelles, de sorte qu'il n'est pas possible d'obtenir la condamnation du
débiteur pour une créance antérieure au jugement d'ouverture. Le conseil de prud'hommes ne peut que
fixer la créance au passif de l'employeur. Cette interdiction perdure, y compris en cas de mise en place
d'un plan de continuation, les créances antérieures au jugement d'ouverture demeurant des créances de
la procédure collective (Com. 29 avr. 2014, no 12-24.628 , inédit). La Cour de cassation considère
que les sommes dues par l'employeur antérieurement au jugement ouvrant la procédure de
redressement judiciaire restent soumises, même après l'adoption du plan de redressement, qu'il soit par
cession ou par continuation, au régime de la procédure collective de sorte que l'AGS doit dans tous les
cas en faire l'avance à la demande du représentant des créanciers en l'absence de fonds disponibles (Soc.
17 janv. 2011, no 98-46.345, inédit).

549. Irrecevabilité des demandes de condamnation. - Du fait de l'interdiction des poursuites


individuelles, le salarié qui a saisi le conseil de prud'hommes d'une demande de condamnation de son
employeur avant l'ouverture d'une procédure collective à l'encontre de ce dernier doit modifier ses
demandes pour ne plus solliciter que la fixation de ses créances au passif. À défaut, le juge doit relever
d'office l'irrecevabilité des demandes (Soc. 24 mai 2018, no 17-15.639 et autres, Doctrine, JCP S 2018.
Actu., no 167, note G. Loiseau ; JCP S 2018. 1252, note Y. Pagnerre, et 1253, note M. Lafargue ; JCP
2018. Actu. 672, note G. Dedessus-Le-Moustier ; RDT 2018. Actu. 496, note C. Dechristé ). En cas
de moyen relevé d'office, le juge doit inviter les parties à présenter leurs observations conformément à
l'article 16 du code de procédure civile.

550. Autorité de la fixation de la créance. - L'employeur peut se prévaloir de la décision de fixation au


passif de la société prononcée alors qu'il était dessaisi puisqu'il était partie à cette décision qui est
revêtue de l'autorité absolue de la chose jugée (Soc. 7 févr. 2018, no 16-13.732 , Bull. civ. V, no 16).

§ 4 - Question prioritaire de constitutionnalité

551. Définition. - En application de l'article 61-1 de la Constitution, lorsque, à l'occasion d'une instance
en cours devant le conseil de prud'hommes, il est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte
aux droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette
question. En cas de déclaration d'inconstitutionnalité, la disposition législative en question est abrogée à
compter de la décision du Conseil constitutionnel ou à une date ultérieure fixée par cette décision
(Const. 4 oct. 1958, art. 62).
552. Organisation. - De façon générale, tout justiciable peut, à l'occasion d'une procédure soumise au
conseil de prud'hommes, présenter une question prioritaire de constitutionnalité afin de contester la
constitutionnalité d'une disposition législative. Si le conseil de prud'hommes considère que cette
question n'est pas dépourvue de sérieux, il la transmet à la Cour de cassation, laquelle apprécie ensuite
s'il y a lieu de la renvoyer au Conseil constitutionnel.

553. Conditions légales. - Conformément à l'article 23-2 de l'ordonnance no 58-1067 du 7 novembre


1958, la transmission à la Cour de cassation d'une question prioritaire de constitutionnalité est
subordonnée à trois conditions : la disposition législative contestée doit être applicable au litige ou à la
procédure ou constituer le fondement des poursuites, elle doit ne pas avoir déjà été déclarée conforme à
la Constitution dans les motifs ou le dispositif d'une décision du Conseil constitutionnel, sauf
changement de circonstances, et la question ne doit pas être dépourvue de sérieux.

554. Interdiction du relevé d'office par le juge. - Le moyen tiré de l'inconstitutionnalité d'une loi ne
peut pas être relevé d'office par le juge (Ord. no 58-1067 du 7 nov. 1958, art. 23-1). Cette interdiction
est générale et ne permet pas au juge de compléter ou de corriger une question prioritaire de
constitutionnalité défectueuse. Le juge ne peut donc pas enrichir la question telle qu'elle a été posée
par les parties, même pour y joindre un élément qui lui paraît important ou déterminant.

555. Écrit distinct et motivé. - Malgré le caractère oral de la procédure prud'homale, la question
prioritaire de constitutionnalité doit obligatoirement être formée par écrit. Cet écrit doit en outre être
distinct des autres écritures éventuellement présentées par les parties, ce qui est l'expression du
caractère prioritaire de la question de constitutionnalité, qui doit être traitée indépendamment des
autres questions de procédure ou sur le fond. Cet écrit doit en outre être motivé. À défaut de remplir
cette triple condition, la question prioritaire de constitutionnalité doit être déclarée irrecevable par le
juge prud'homal comme par la Cour de cassation (Soc. 7 juin 2017, no 17-40.034 , Bull. civ. V,
no 104) si le conseil de prud'hommes n'a pas relevé d'office cette cause d'irrecevabilité (C. pr. civ.,
art. 126-2 ). Cette exigence d'un écrit distinct et motivé a pour objet de faciliter le traitement de la
question prioritaire de constitutionnalité et de permettre que la juridiction saisie puisse juger dans le
plus bref délai afin de ne pas retarder la procédure, si cette question mérite ou non d'être transmise à la
Cour de cassation (Cons. const. 13 juin 2014, no 2014-401 QPC ).

556. Communication au ministère public. - En cas de dépôt d'une question prioritaire de


constitutionnalité, le dossier doit être communiqué dans les meilleurs délais au ministère public, si
celui-ci n'est pas partie à la procédure, afin qu'il puisse faire connaître son avis (Ord. no 58-1067 du
7 nov. 1958, art. 23-1).
557. Délai pour statuer. - Lorsqu'il est saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité, le conseil de
prud'hommes doit statuer sans délai le ministère public avisé et les parties entendues ou appelées sur
cette question (C. pr. civ., art. 126-4 ).

558. Information sur la date de décision et ses suites éventuelles. - Les parties doivent être avisées par
tout moyen de la date à laquelle la décision sur la question prioritaire de constitutionnalité sera rendue
(C. pr. civ., art. 126-4 , al. 2). En pratique, devant le conseil de prud'hommes, cet avis est donné à
l'audience par le président lors de la mise en délibéré. Les parties sont en outre informées de ce qu'elles
devront, en cas de transmission de la question à la Cour de cassation, se conformer aux dispositions de
l'article 126-9 du code de procédure civile, qui prévoient que les parties ont un mois à compter de cette
décision pour faire connaître leurs observations à la Cour de cassation, et que, la représentation étant
obligatoire en matière prud'homale devant la Cour de cassation, leurs observations devront être signées
par un avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation.

559. Question prioritaire de constitutionnalité déjà transmise. - Le conseil de prud'hommes n'est pas
tenu de transmettre une question prioritaire de constitutionnalité mettant en cause par les mêmes
motifs, une disposition législative dont la Cour de cassation ou le Conseil constitutionnel est déjà saisi.
Dans ce cas, il sursoit à statuer sur le fond jusqu'à ce qu'il soit informé de la décision rendue par la Cour
de cassation ou le Conseil constitutionnel (C. pr. civ., art. 126-5 ).

560. Sursis à statuer en cas de transmission de la question prioritaire de constitutionnalité. - Dans


l'hypothèse où le conseil de prud'hommes transmet la question prioritaire de constitutionnalité à la
Cour de cassation, il doit surseoir à statuer jusqu'à réception de la décision de cette dernière, ou, s'il a
été saisi, du Conseil constitutionnel. Le conseil de prud'hommes peut toutefois adopter les mesures
provisoires ou conservatoires nécessaires, ou statuer sur le fond sans attendre la décision sur la question
prioritaire de constitutionnalité si la loi ou le règlement prévoit qu'il doit statuer dans un délai
déterminé ou en urgence. Il peut également statuer sur le fond lorsque le sursis à statuer risquerait
d'entraîner des conséquences irrémédiables ou manifestement excessives pour l'une des parties (Ord.
no 58-1067 du 7 nov. 1958, art. 23-3).

561. Décision de refus de transmission. - La décision par laquelle le conseil de prud'hommes refuse de
transmettre la question prioritaire de constitutionnalité dessaisit la juridiction (C. pr. civ., art. 126-6 ,
al. 1er), qui doit ensuite trancher le fond du litige.

562. Voies de recours contre une décision de rejet. - Il n'existe pas de voie de recours qui puisse être
exercée directement contre la décision du conseil de prud'hommes refusant de transmettre la question
prioritaire de constitutionnalité à la Cour de cassation. Cette question peut simplement être renouvelée
devant la cour d'appel si un appel est interjeté par l'une ou l'autre des parties contre une décision
tranchant tout ou partie du litige au fond (C. pr. civ., art. 126-7 , al. 3). La cour d'appel appréciera
alors la pertinence de cette question prioritaire de constitutionnalité. De la même façon, la question
prioritaire de constitutionnalité pourrait également être présentée directement devant la Cour de
cassation à l'occasion du pourvoi qui aurait été formé.

563. Hypothèse de rétractation du refus. - Lorsque le refus de transmission repose exclusivement sur
un motif tiré de ce que la disposition législative contestée n'est pas applicable au litige ou à la procédure,
la juridiction peut, si elle entend finalement faire application de cette disposition législative lorsqu'elle
tranche le litige, rétracter ce refus et transmettre la question prioritaire de constitutionnalité
initialement écartée (C. pr. civ., art. 126-6 , al. 2).

564. Information sur la décision de transmission. - En cas de décision de transmission à la Cour de


cassation, les parties et le ministère public en sont avisés par tout moyen. L'avis précise que si les parties
entendent présenter des observations devant la Cour de cassation, elles devront se conformer aux
dispositions de l'article 126-9 du code de procédure civile, lequel doit être reproduit dans l'avis. La
représentation étant obligatoire devant la Cour de cassation en matière prud'homale, les parties devront
recourir aux services d'un avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation si elles entendent
effectivement présenter des observations. Cet avis est adressé par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception aux parties qui n'ont pas comparu (C. pr. civ., art. 126-7 ).

§ 5 - Demande d'avis à la Cour de cassation

565. Conditions. - Comme toute juridiction de l'ordre judiciaire, lorsqu'il est saisi d'une question de
droit nouvelle, présentant une difficulté sérieuse et se posant dans de nombreux litiges, le conseil de
prud'hommes peut solliciter l'avis de la Cour de cassation (COJ, art. L. 441-1 , al. 1er).

566. Interprétation d'une convention ou d'un accord collectif. - Le conseil de prud'hommes peut
solliciter un avis de la Cour de cassation avant de statuer sur l'interprétation d'une convention ou d'un
accord collectif présentant une difficulté sérieuse et se posant dans de nombreux litiges (COJ,
art. L. 441-1 , al. 2). Cette possibilité a pour objet de faciliter et d'accélérer le traitement de
contentieux qui peuvent concerner de nombreux salariés et plusieurs juridictions à la fois.

567. Question de pur droit. - La question présentée à la Cour de cassation dans ce cadre doit être de pur
droit et détachée des éléments de fait de l'espèce, faute de quoi la demande d'avis est irrecevable (Cass.,
avis, 24 janv. 1994, no 09-30.017 , Bull. avis no 1 ; Dr. ouvrier 1994, no 554, p. 151, note Y. Chauvy).
Il en va de même lorsque l'examen de la demande implique l'examen des circonstances de l'espèce
(Cass., avis, 23 mai 2016, no 16-70.002 , Bull. avis no 3).

568. Question précise présentant une difficulté sérieuse. - La Cour de cassation n'ayant pas pour
mission de se substituer au juge pour trancher le litige qui lui est soumis, la question doit présenter une
difficulté sérieuse (Cass., avis, 29 janv. 1194, no 09-30.018, Bull. avis, no 3 ; Dr. ouvrier 1994, no 544,
note Y. Chauvy). La demande ne doit pas être formulée de façon générale sans énoncer de question de
droit précise de nature à commander l'issue du litige (Soc. 26 oct. 2017, no 17-70.010 , Bull. avis,
no 10).

569. Question nouvelle. - La demande d'avis doit porter sur une question nouvelle, c'est-à-dire une
question qui n'a pas encore été tranchée par la jurisprudence de la Cour de cassation (Cass., avis,
24 janv. 1994, no 09-30.019 , Bull. avis, no 2). La Cour de cassation considère également qu'il n'y a
pas lieu à avis lorsqu'elle est déjà saisie d'un pourvoi portant sur la même question (Cass., avis, no 12-
00.012, Bull. avis, no 9. – Cass., avis, 9 mars 2015, no 14.70.012 , Bull. avis no 3).

570. Contrôle de conventionnalité. - À la suite d'un revirement de jurisprudence décidé après une
demande d'avis portant sur la conventionnalité du plafonnement des indemnités de licenciement opéré
par l'ordonnance no 2017-1387 du 22 septembre 2017, la Cour de cassation a admis que la
compatibilité d'une disposition de droit interne avec les dispositions de normes européennes et
internationales pouvait faire l'objet d'une demande d'avis, dès lors que son examen implique un
contrôle abstrait ne nécessitant pas l'analyse d'éléments de fait relevant de l'office du juge du fond
(Cass., ass. plén., 17 juill. 2019, nos 19-70.010 et 19-70.011 , D. 2019. 1916, note Sachs ; RDT
2019. 569, note Bargain ).

571. Avis des parties. - Lorsqu'il envisage de saisir la Cour de cassation d'une demande d'avis, le conseil
de prud'hommes doit, préalablement et à peine d'irrecevabilité de la demande, inviter les parties à
présenter leurs observations sur cette éventualité dans le délai qu'il fixe, sauf si elles ont déjà conclu sur
ce point (C. pr. civ., art. 1031-1 , al. 1er). À défaut, la demande d'avis est irrecevable, ce que la Cour
de cassation peut relever d'office (Cass., avis, 12 févr. 1993, no 09-20.010 , Bull. avis, no 1. – Soc.
26 oct. 2017, no 17-70.010 , Bull. avis, no 10).

572. Ministère public. - Le conseil de prud'hommes doit en toute hypothèse, à peine d'irrecevabilité,
recueillir l'avis du ministère public sur la demande d'avis, que celle-ci soit faite à la requête des parties
ou d'office par le juge (C. pr. civ., art. 1031 , al. 1er). Dans la mesure où le ministère public n'est pas,
sauf exception, partie à la procédure prud'homale, le conseil de prud'hommes doit donc lui
communiquer la procédure afin qu'il puisse émettre un avis dans le délai fixé. À défaut, la Cour de
cassation peut retenir l'irrecevabilité de la demande d'avis (Soc. 26 oct. 2017, no 17-70.010 , Bull.
avis, no 10).

573. Décision insusceptible de recours. - La décision par laquelle le conseil de prud'hommes décide de
saisir la Cour de cassation d'une demande d'avis n'est pas susceptible de recours (COJ, art. L. 441-1 ).
574. Sursis à statuer. - Lorsque le juge saisit la Cour de cassation d'une demande d'avis, il doit surseoir à
statuer jusqu'à la réception de l'avis ou jusqu'à l'expiration du délai de trois mois prévu à l'article 1031-3
du code de procédure civile (C. pr. civ., art. 1031-1 , al. 3).

575. Mesures conservatoires. - Le sursis à statuer dans l'attente de la réception de l'avis ne fait pas
obstacle à l'adoption par le juge des mesures d'urgence ou conservatoires nécessaires (C. pr. civ.,
art. 1031-1 , al. 4).

576. Transmission de la question à la Cour de cassation. - La décision formulant la demande d'avis est
transmise, avec les conclusions et les observations éventuelles des parties, par le greffe du conseil de
prud'hommes à la Cour de cassation (C. pr. civ., art. 1031-2 , al. 1er). Les parties doivent également
être avisées de la transmission du dossier à la Cour de cassation (Cass., avis, 14 févr. 1997, no 09-
60.012 , Bull. avis no 1).

577. Notification de la décision formulant une demande d'avis. - La décision formulant la demande
d'avis doit être notifiée aux parties par lettre recommandée avec demande d'avis de réception par le
greffe du conseil de prud'hommes (C. pr. civ., art. 1031-2 , al. 2). Le dossier doit faire mention de
cette notification et à défaut il n'y a pas lieu à avis de la part de la Cour de cassation (Cass., avis, 14 févr.
1997, no 09-60.012 , Bull. avis no 1).

578. Information du ministère public et du premier président de la cour d'appel. - Le ministère public
auprès de la juridiction qui a posé la demande d'avis, en pratique le parquet du tribunal judiciaire, et le
premier président de la cour d'appel doivent être avisés de la demande d'avis (C. pr. civ., art. 1031-2 ,
al. 3). Le dossier doit faire mention de ce que ces avis ont bien été adressés aux autorités concernées,
faute de quoi il n'y a pas lieu à avis de la Cour de cassation (Cass., avis, 14 févr. 1997, no 09-60.012 ,
Bull. avis no 1).

579. Formation compétente à la Cour de cassation. - La question est transmise à la chambre de la Cour
de cassation compétente (COJ, art. L. 441-2 , al. 1er). S'agissant de demandes émanant de conseils de
prud'hommes, il est probable que la question soit portée devant la chambre sociale de la Cour de
cassation. Lorsque la demande d'avis concerne plusieurs chambres ou pose une question de principe,
elle est portée, selon le cas, devant la formation mixte ou la formation plénière de la Cour de cassation
(COJ, art. L. 441-2 ).

580. Délai pour statuer sur la demande d'avis. - La Cour de cassation dispose d'un délai de trois mois
pour statuer sur la demande d'avis (C. pr. civ., art. 1031-3 ), faute de quoi la juridiction qui a présenté
cette demande a la possibilité de statuer sur le fond du litige sans attendre la réception de l'avis (C. pr.
civ., art. 1031-1 , al. 3). C'est ainsi que la demande d'avis portant sur la conventionnalité du barème
d'indemnisation des licenciements sans cause réelle et sérieuse, tel qu'il résulte de l'ordonnance
no 2017-1387 du 22 septembre 2017, au regard de la convention no 158 de l'OIT et de la Charte
sociale européenne révisée, a été portée devant la formation plénière de la Cour de cassation. La Cour
de cassation a opéré un revirement sur la possibilité de former une demande sur une question de
conventionnalité de la loi, dès lors que son examen n'exigeait pas la prise en compte d'éléments de fait
(Cass., avis, 17 juill. 2019, nos 19-70.010 et 19-70.011 , RDT 2019. 693, obs. J.-P. Marguénaud
; RDT 2019. 699, obs. Schmitt ).

581. Communication au parquet général. - La demande d'avis doit être communiquée au procureur
général de la Cour de cassation, qui doit également être informé de la date de la séance au cours de
laquelle la demande sera examinée (C. pr. civ., art. 1031-5 ).

582. Communication de la décision rendue par la Cour de cassation. - L'avis rendu par la Cour de
cassation est adressé au conseil de prud'hommes qui l'a demandé, au procureur de la République près le
tribunal judiciaire dont relève ce conseil de prud'hommes, au premier président de la cour d'appel et au
procureur général près de cette cour. Elle est également notifiée aux parties par le greffe de la Cour de
cassation (C. pr. civ., art. 1031-7 ).

583. Portée de l'avis de la Cour de cassation. - L'avis rendu par la Cour de cassation ne lie pas la
juridiction qui a formulé la demande (COJ, art. L. 441-3 ). En pratique, la décision rendue par la
Cour de cassation est revêtue d'une autorité semblable à celle des arrêts et elle contribue bien
évidemment à la fixation de la jurisprudence. Elle a même pour objet d'apporter rapidement une
réponse à une question nouvelle susceptible de diviser les juges du fond. Il est assez probable qu'en cas
de pourvoi la Cour de cassation applique la jurisprudence issue d'un avis précédemment rendu. Les
décisions rendues sur le fond peuvent toutefois nourrir la réflexion et amener la Cour de cassation à
réexaminer la solution issue de son précédent avis.

§ 6 - Sursis à statuer

584. Définition. - La décision de sursis à statuer a pour objet de suspendre le cours de l'instance pour le
temps ou jusqu'à la survenance de l'événement qu'elle détermine (C. pr. civ., art. 378 ). En pratique,
l'instance est suspendue jusqu'à l'arrivée d'un événement qui devrait avoir une incidence sur le sort du
procès et probablement influer sur la solution du litige.

585. Exception qui doit être soulevée avant toute défense au fond. - Comme toutes les exceptions de
procédure, la demande de sursis à statuer doit être présentée avant toute défense au fond (C. pr. civ.,
art. 74 et C. trav., art. R. 1451-2 ), dès que la partie concernée a eu connaissance de la cause de
sursis à statuer. Cette exigence s'applique même lorsque la règle invoquée au soutien de la demande de
sursis à statuer est d'ordre public (Civ. 1re, 16 oct. 1985, no 84-12.323 , Bull. civ. V, no 264).
586. Demande de renvoi préjudiciel devant la Cour de Justice de l'Union européenne. - La demande
de renvoi devant la Cour de justice de l'Union européenne pour l'interprétation des dispositions du
droit de l'Union, lequel s'il est ordonné, entraîne un sursis à statuer dans l'attente de la décision de la
Cour de Luxembourg, peut être faite en tout état de cause, et même à titre subsidiaire, sans qu'une
quelconque fin de non-recevoir pour tardiveté puisse être opposée à la partie qui la présente (Civ. 2e,
18 déc. 2008, no 08-11.438 , D. 2009. AJ 174 ; D. 2009, Chron. cass. 757, obs. Sommer et
Nicoletis ; Procédures 2009, no 75, obs. Perrot). Ce renvoi préjudiciel a pour objet de déterminer le
droit applicable au litige et non d'attendre un élément factuel particulier. Rappelons que le droit de
l'Union est très présent en droit du travail et que des questions préjudicielles peuvent donc être
présentées dans le cadre d'une procédure prud'homale.

587. Question préjudicielle spéciale. - Lorsqu'il constate l'existence d'une question préjudicielle, le juge
doit surseoir à statuer jusqu'à la décision de la juridiction compétente (Soc. 22 nov. 1991, no 89-12.831,
Bull. civ. V, no 528).

588. Question préjudicielle de nature administrative. - Le juge prud'homal est notamment tenu de
surseoir à statuer lorsque la solution du litige dépend d'une question qui doit être tranchée par la
juridiction administrative. Dans ce cas, le juge judiciaire doit surseoir à statuer jusqu'à ce que le juge
administratif ait tranché la question (Civ. 1re, 12 juill. 2001, no 99-14.427 , Bull. civ. I, no 220). Il
faut toutefois que l'exception présente un caractère sérieux (Soc. 23 mars 1989, no 87-18.599 , Bull.
civ. V, no 254), ce que le juge saisi doit vérifier.

589. Instance pénale. - En application de l'article 4 du code de procédure pénale, la mise en


mouvement de l'action publique, laquelle implique la saisine d'une juridiction pénale, n'impose pas le
sursis à statuer dans les instances portées devant le juge civil, à l'exception de celles tendant à obtenir
réparation du dommage causé par l'infraction pénale, y compris lorsque la décision du juge pénal
pourrait avoir une incidence sur l'instance civile (Civ. 1re, 31 oct. 2012, no 11-26.476 , Bull. civ. I,
no 226 ; D. 2012. Actu. 2665 . – Civ. 1re, 20 sept. 2017, no 16-19.643 , Bull. civ. I, no 193 ;
D. 2017. 1834 ).

590. Sursis à statuer pour une bonne administration de la justice. - À l'exception des cas où elle est
prévue par la loi, les juges du fond apprécient discrétionnairement l'opportunité d'un sursis à statuer
dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, y compris dans une hypothèse où la loi n'impose
pas un tel sursis à statuer (Soc. 17 sept. 2008, no 17-43.2011, Bull. civ. V, no 164).

591. Voies de recours. - La décision de sursis à statuer ne peut être frappée de recours que sur
autorisation du premier président de la cour d'appel et sur justification d'un motif grave et légitime
(C. pr. civ., art. 380 ). En l'absence d'une telle autorisation délivrée, l'appel est irrecevable et le juge
doit relever d'office cette irrecevabilité d'ordre public (Soc. 17 févr. 1993, no 89-45.744 , Bull. civ. V,
no 80). Lorsque le jugement est rendu en dernier ressort, un pourvoi en cassation immédiat est possible,
mais uniquement pour violation de la règle de droit (C. pr. civ., art. 380-1 ).

592. Rôle du juge. - La décision de sursis ne dessaisit pas le juge (C. pr. civ., art. 379 , al. 1er). En
fonction des circonstances, le juge peut toujours décider de révoquer le sursis à statuer ou en abréger le
délai (C. pr. civ., art. 379 , al. 2).

593. Poursuite de l'instance. - Au terme du délai de sursis fixé par le juge, l'instance est poursuivie soit à
l'initiative des parties, soit à celle du juge. Ce dernier peut toutefois ordonner un nouveau sursis à
statuer (C. pr. civ., art. 379 , al. 1er).

Section 6 - Modes alternatifs de règlement des litiges

594. Application à la procédure prud'homale. - Dans la mesure où l'instance prud'homale prévoit un


préalable de conciliation obligatoire, les divers acteurs de la procédure ont longtemps été réticents aux
nombreux modes alternatifs de règlement des litiges qui pouvaient paraître redondants ou inutiles.
Malgré tout, le législateur a étendu la faveur donnée aux modes de règlement amiable des litiges à la
procédure prud'homale, les parties comme le conseil de prud'hommes restant libres de recourir de façon
souple aux dispositifs les plus adaptés selon la nature du litige et l'avancement de la procédure.
Désormais, l'article R. 1471-1 du code du travail prévoit expressément que les dispositions du livre
cinquième du code de procédure civile, consacré à la résolution amiable des différends, s'appliquent à
ceux nés à l'occasion d'un contrat de travail.

Art. 1er - Conciliateurs de justice

595. Mission des conciliateurs. - Conformément à l'article R. 131-12 du code de l'organisation


judiciaire, les conciliateurs de justice ont pour mission, à titre bénévole, de rechercher le règlement
amiable d'un différend. Les conciliateurs de justice peuvent intervenir dans le cadre d'une conciliation
conventionnelle, à l'initiative d'une ou de plusieurs parties, ou à la demande d'un juge dans le cadre
d'un litige déjà né.

596. Statut des conciliateurs de justice. - Le conciliateur de justice est nommé par le premier président
de la cour d'appel parmi les personnes qui justifient d'une expérience en matière juridique d'au moins
trois ans et dont la compétence et l'activité qualifient particulièrement pour l'exercice de cette mission.
Ils doivent jouir de leurs droits civils et politiques et n'être investis d'aucun mandat électif dans le
ressort duquel ils exercent leurs fonctions. Les fonctions de conciliateur de justice sont incompatibles
avec celles d'officier public ou ministériel et avec l'exercice, à quelque titre que ce soit, d'activité
judiciaire ou de participation au fonctionnement du service public de la justice. Ces fonctions sont
bénévoles (Décr. no 78-381 du 20 mars 1978, art. 2).

597. Conciliation conventionnelle. - La conciliation conventionnelle a pour objet de parvenir à un


accord en dehors de toute procédure judiciaire en vue de la résolution amiable d'un différend, avec
l'aide d'un conciliateur de justice qui doit accomplir sa mission avec impartialité, compétence et
diligence (C. pr. civ., art. 1530 ).

598. Confidentialité. - La conciliation est soumise au principe de confidentialité (C. pr. civ., art. 1531
). Sauf exception prévue par la loi, les constatations du conciliateur comme les déclarations des
parties ne peuvent être divulguées aux tiers, ni invoquées ou produites dans le cadre d'une instance
judiciaire ou arbitrale sans l'accord des parties (L. no 95-125 du 8 févr. 1995, art. 21-3).

599. Conciliation menée par un conciliateur de justice. - Le conciliateur de justice peut être saisi sans
forme par toute personne physique ou morale pour rechercher la solution à un litige (C. pr. civ.,
art. 1536 ). Le conciliateur invite, le cas échéant, les parties à comparaître devant lui, étant précisé
qu'elles peuvent être assistées par une personne majeure de leur choix (C. pr. civ., art. 1537 ). Il peut,
avec l'accord des intéressés, se rendre sur place, entendre les personnes dont l'audition lui paraît utile,
sous réserve de leur acceptation (C. pr. civ., art. 1538 ), ou s'adjoindre, avec l'accord des parties, le
concours d'un autre conciliateur de justice du ressort de la cour d'appel (C. pr. civ., art. 1539 ). Si un
accord intervient, celui-ci peut être constaté par écrit. Il est alors signé par les parties et par le
conciliateur de justice (C. pr. civ., art. 1539 et 1540 ). La rédaction d'un tel accord écrit est
nécessaire en cas de renonciation à un droit (C. pr. civ., art. 1539 ). Les parties peuvent demander au
juge de procéder à l'homologation de leur constat d'accord (C. pr. civ., art. 1540 ). Cette demande,
présentée par requête, est homologuée par le bureau de conciliation et d'orientation lorsque l'accord
tend au règlement d'un différend né à l'occasion du contrat de travail (C. trav., art. R. 1471-1 , al. 2).

Art. 2 - Médiation

600. Définition. - Aux termes de l'article 21 de la loi no 95-125 du 8 février 1995, la médiation s'entend
de tout processus structuré, quelle qu'en soit la dénomination, par lequel deux ou plusieurs parties
tentent de parvenir à un accord en vue de la résolution amiable de leurs différends, avec l'aide d'un
tiers, le médiateur, choisi par elle ou désigné avec leur accord par le juge saisi du litige. La médiation
peut être confiée à une personne physique ou à une personne morale (C. pr. civ., art. 131-4 ).
601. Liste des médiateurs. - Les médiateurs en matière civile, commerciale et sociale sont inscrits sur
une liste prévue par l'article 22-1 A de la loi no 95-125 du 8 février 1995, établie pour l'information des
juges (Décr. no 2017-1457 du 9 oct. 2017, art. 1er). Pour être inscrits sur cette liste, les candidats
doivent justifier n'avoir pas fait l'objet d'une condamnation, d'une incapacité ou d'une déchéance
mentionnée sur le bulletin no 2 du casier judiciaire, ne pas avoir été l'auteur de faits contraires à
l'honneur, à la probité et aux bonnes mœurs ayant donné lieu à une sanction disciplinaire ou
administrative de destitution, de radiation, de révocation, de retrait d'agrément ou d'autorisation et
justifier d'une formation ou d'une expérience attestant de l'aptitude à la pratique de la médiation.

602. Médiation conventionnelle. - Les parties peuvent, en dehors de toute procédure judiciaire,
recourir à un processus structuré de médiation par laquelle elles tentent de parvenir à un accord en vue
de la résolution amiable de leur litige avec l'aide d'un médiateur choisi par elles qui accomplit sa mission
avec impartialité, compétence et diligence.

603. Désignation par le conseil de prud'hommes. - Le bureau de conciliation et d'orientation ou le


bureau de jugement du conseil de prud'hommes peut, à tout moment et avec l'accord des parties,
désigner un médiateur qui aura pour mission de les entendre, de confronter leurs points de vue pour
permettre de trouver une solution au litige qui les oppose (C. trav., art. R. 1471-2 ).

604. Médiation et péremption. - L'acceptation par une partie d'une médiation proposée par le conseil
de prud'hommes, après l'expiration du délai de péremption, ne constitue pas une renonciation par les
parties à la possibilité pour elles de se prévaloir de la péremption d'instance (Soc. 30 mai 2018, no 16-
22.356 , Bull. civ. V, no 91). La volonté de rechercher une solution amiable ne doit pas se voir
opposer des obstacles, d'où la nécessité pour les parties de ne pas voir leurs droits affectés par la décision
de médiation.

605. Obligation de rencontrer un médiateur. - Le bureau de conciliation et d'orientation ou le bureau de


jugement du conseil de prud'hommes peut, à tout moment, enjoindre aux parties de rencontrer un
médiateur qui les informe sur l'objet et le déroulement de la mesure de médiation. Cette mesure a pour
objet de vaincre les réticences éventuelles des parties sur l'opportunité d'une telle mesure. À cette fin,
certaines juridictions prévoient la présence d'un médiateur à l'audience et, lors de l'évocation de
l'affaire, invitent les parties à le rencontrer. Si cette mission n'aboutit pas à l'organisation d'une
médiation, l'affaire peut être plaidée un peu plus tard à l'audience ou à une autre date, mais elle peut
aussi permettre aux parties d'explorer les voies d'une solution amiable à leur litige. L'affaire peut être
renvoyée pour permettre cette recherche d'une solution amiable au litige par le biais d'une médiation.

606. Durée de la médiation ordonnée par le juge. - La durée initiale de la médiation ne peut excéder
trois mois. Elle peut être renouvelée une fois, à la demande du médiateur (C. pr. civ., art. 131-3 ). Le
juge peut mettre fin à la mission à tout moment, sur demande des parties ou à l'initiative du médiateur
ou d'office lorsque le bon déroulement de la médiation apparaît compromis (C. pr. civ., art. 131-10 ).

607. Fin de la mission. - Lors de la fin de sa mission, le médiateur doit rendre compte au juge de son
exécution par écrit et préciser si les parties sont ou non parvenues à trouver une solution au litige qui les
oppose (C. pr. civ., art. 131-11 ).

608. Homologation de l'accord. - Les parties, ou la plus diligente d'entre elles, peuvent, à tout moment,
présenter au juge une demande d'homologation de leur accord. Cette demande relève de la procédure
gracieuse et le juge statue sans débat, sauf s'il estime nécessaire d'entendre les parties préalablement
(C. pr. civ., art. 131-12 ). Ce sera par exemple le cas s'il souhaite s'assurer de la portée du
consentement des parties en cas de renonciation à un droit. La demande d'homologation est examinée
par le bureau de conciliation et d'orientation (C. trav., art. R. 1471-1 , al. 2).

609. Confidentialité. - La médiation, conventionnelle ou judiciaire, est soumise au principe de


confidentialité (C. pr. civ., art. 1531 ). Sauf exception prévue par la loi, les constatations du
conciliateur comme les déclarations des parties ne peuvent être divulguées aux tiers, ni invoquées ou
produites dans le cadre d'une instance judiciaire ou arbitrale sans l'accord des parties (L. no 95-125 du
8 févr. 1995, art. 21-3 ; C. pr. civ., art. 131-14 ).

610. Rémunération du médiateur. - Contrairement à la conciliation, la médiation n'est pas une fonction
bénévole. Le juge fixe la rémunération du médiateur et la charge des frais est ensuite répartie selon
l'accord intervenu entre les parties. À défaut, la charge est répartie à parts égales, à moins que le juge
n'estime qu'une telle répartition est inéquitable au regard de la situation économique des parties (C. pr.
civ., art. 131-13 ; L. no 95-125 du 8 févr. 1995, art. 22-2).

611. Décision du juge. - En cas d'accord entre les parties réglant intégralement le litige, le conseil de
prud'hommes constate son dessaisissement (C. pr. civ., art. 384 ). En l'absence d'accord intégral, le
conseil de prud'hommes doit statuer sur les éléments du litige qui restent en suspens.

Art. 3 - Procédure participative

612. Objet. - La procédure participative a pour objet de permettre aux parties, assistées de leurs
avocats, d'œuvrer conjointement, dans les conditions fixées par la convention, pour conclure un accord
susceptible de mettre un terme au différend qui les oppose ou qui organise la mise en état de leur litige
(C. civ., art. 2062 ; C. pr. civ., art. 1544 ). L'article R. 1471-1 du code du travail en ouvre la
possibilité en matière prud'homale.
613. Conditions. - La convention de procédure participative doit obligatoirement, et à peine de nullité,
être établie par écrit et préciser : son terme, l'objet du différend ; les pièces et informations nécessaires à
la résolution du litige et les modalités de leur échange ; le cas échéant, les actes contresignés par avocats
que les parties s'accordent à établir (C. civ., art. 2063 ). La convention doit en outre préciser les noms,
prénoms et adresses des parties et de leurs avocats (C. pr. civ., art. 1545 ).

614. Fin de la procédure participative. - La procédure participative prend fin lors de l'arrivée du terme
conventionnel, de sa résiliation anticipée, de la conclusion d'un accord mettant fin en totalité au
différend ou au litige ou de l'établissement d'un acte constatant la persistance de tout ou partie de celui-
ci (C. pr. civ., art. 1555 ).

615. Demande d'homologation. - En cas d'accord total ou partiel, la demande d'homologation est portée
devant le bureau de conciliation et d'orientation du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1471-1 ,
al. 3).

Chapitre 2 - Procédures de droit commun au fond

Section 1re - Tentative de conciliation préalable

Art. 1er - Organisation de la tentative de conciliation

616. Principe. - La tentative de conciliation est au cœur du fonctionnement du conseil de


prud'hommes. Du reste, lorsqu'il a défini la mission du conseil de prud'hommes, le législateur a posé
comme principe qu'il devait régler par voie de conciliation les différends qui pouvaient s'élever à
l'occasion de tout contrat de travail. Ce n'est que dans un second temps, et dans un second alinéa, que le
législateur a ajouté que le conseil de prud'hommes juge les litiges lorsque la conciliation n'a pas abouti
(C. trav., art. L. 1411-2 ).

617. Bureau de conciliation. - Le préliminaire de conciliation est mené par le bureau de conciliation et
d'orientation. Il peut à cette fin entendre les parties séparément et dans la confidentialité (C. trav.,
art. L. 1454-1 ). Cette méthode peut lui permettre d'explorer certaines solutions avant de pouvoir
ensuite les soumettre aux parties dans un second temps, de façon contradictoire. Il peut aussi proposer
aux parties de recourir à un mode alternatif de règlement du litige, tel qu'une médiation (V. supra,
no 615).

618. Formalité substantielle. - Le préliminaire de conciliation constitue une formalité substantielle


(Soc. 6 juill. 1978, no 76-40.728 , Bull. civ. V, no 577. – Soc. 19 févr. 1975, no 74-40.407 , Bull.
civ. V, no 80). Son absence constitue un vice de fond qui affecte le jugement rendu ensuite par le
conseil de prud'hommes (Soc. 12 déc. 2000, no 98-46.100 , Bull. civ. V, no 422).

619. Régularisation. - Le vice de fond résultant de l'omission du préliminaire de conciliation est


régularisable à tout moment. En conséquence, le conseil peut, avant de statuer et se rendant compte de
l'absence de cette formalité, procéder à cette tentative de conciliation avant de statuer au fond dès lors
que plus aucun grief ne subsiste après l'accomplissement de cette formalité (Soc. 18 nov. 1998, no 96-
41.005 , Bull. civ. V, no 507). De même, le bureau de jugement qui se rend compte de cette omission
peut renvoyer l'affaire devant le bureau de conciliation afin que ce dernier y procède (Soc. 28 nov.
2006, no 04-40.356 , inédit). S'agissant d'un vice qui n'est pas imputable aux parties, mais à la
défaillance de la juridiction, il appartient à la cour d'appel éventuellement saisie de procéder elle-même
à cette régularisation.

620. Exceptions. - Dans certaines hypothèses, le législateur a considéré que le préalable de conciliation
n'était pas utile, ou pouvait trop retarder la solution du litige et a prévu une saisine directe du bureau de
jugement dans certaines hypothèses limitativement énumérées :

– demande de qualification de la rupture du contrat de travail à l'initiative du salarié en raison de faits


que celui-ci reproche à son employeur (C. trav., art. L. 1451-1 ) ;

– redressement ou liquidation judiciaire (C. com., art. L. 625-1 , L. 625-4 et L. 625-5 );

– demande de requalification d'un contrat de travail à durée déterminée en contrat de travail à durée
indéterminée (C. trav., art. L. 1245-2 ) ;

– demande de requalification d'un contrat de travail temporaire en contrat de travail à durée


indéterminée (C. trav., art. L. 1251-41 ) ;

– requalification d'une convention de stage en contrat de travail à durée indéterminée (C. trav.,
art. L. 1454-5 ) ;

– exercice par un membre de la délégation du personnel au comité social et économique du droit


d'alerte en cas d'atteinte aux droits des personnes (C. trav., art. L. 2312-59 ) ;
– demande de qualification de la rupture du contrat de travail à l'initiative du salarié en raison de faits
que celui-ci reproche à son employeur (C. trav., art. L. 1451-1 ).

621. Délai pour tenir la séance de conciliation en cas de contestation du motif économique du
licenciement. - La tentative de conciliation doit avoir lieu dans le délai de trois mois suivant la saisine
du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1456-2 ). Notons toutefois que le pouvoir réglementaire
n'a prévu aucune sanction particulière en cas de non-respect de ce délai.

Art. 2 - Conclusion d'une conciliation

622. Vérification de la portée des droits des parties. - Avant de constater la conclusion d'une transaction
à la suite du préliminaire de conciliation, le bureau de conciliation doit s'assurer que les parties ont bien
eu connaissance de la portée de leurs droits et que c'est en toute connaissance de cause qu'elles ont pu
procéder à des renonciations. À défaut, le bureau de conciliation commet un excès de pouvoir et un
appel est recevable (Soc. 24 mai 2006, no 04-45.877 , Bull. civ. V, no 189). Le bureau de conciliation
doit donc faire preuve de vigilance lors de la conclusion d'une transaction afin d'éviter de se faire
l'instrument d'une situation où une partie renoncerait à ses droits par ignorance. En effet, la Cour de
cassation considère que la conciliation judiciaire préalable obligatoire de l'instance prud'homale est un
acte judiciaire qui implique une participation active du bureau de conciliation à la recherche avec les
parties d'une solution préservant les droits de chacune d'elles. Le conseil de prud'hommes doit
notamment vérifier la réalité des concessions réciproques (Soc. 5 déc. 2007, no 06-40.634 , inédit).
Ce n'est pas le cas lorsque, en échange de son désistement, le salarié n'a obtenu que des sommes qui lui
étaient dues en toutes hypothèses (Soc. 28 mars 2000, no 97-42.419 , Bull. civ. V, no 135).

623. Nullité de la transaction. - Le conseil de prud'hommes est compétent pour connaître de la


demande de nullité d'une transaction conclue devant le bureau de conciliation (Soc. 28 févr. 2007,
no 06-42.005 , Bull. civ. V, no 35. – Soc. 9 févr. 1989, no 86-40.676 , Bull. civ. V, no 118), peu
important que cette transaction ait pris la forme d'un acte authentique.

624. Procès-verbal de conciliation. - En cas de conciliation, totale ou partielle, le procès-verbal doit


mentionner la teneur de l'accord intervenu entre les parties. Le procès-verbal doit notamment
mentionner si l'accord a fait l'objet en tout ou partie d'une exécution immédiate (C. trav., art. R. 1454-
10 , al. 2). C'est notamment le cas lorsque l'employeur procède à un paiement immédiat, ou remet un
chèque au salarié, ou encore lui délivre les documents de rupture.

625. Novation. - Comme tous les autres actes de nature contractuelle, le procès-verbal de conciliation
n'emporte novation que si l'intention de nover résulte d'une volonté claire et non équivoque (Soc.
12 janv. 2010, no 08-44.381, Bull. civ. V, no 3 ; RDT 2010. 183, obs. E. Serverin ; JCP S 2010.
1178, note P.-Y. Verkindt).

626. Titre exécutoire. - Le procès-verbal de conciliation signé par les parties, les juges et le greffier
constitue un titre exécutoire que le créancier peut utiliser dans le cadre d'une procédure d'exécution
forcée (C. pr. exéc., art. L. 111-3 3o).

627. Extinction de l'instance. - La conciliation totale résultant de la transaction intervenue entre les
parties emporte l'extinction de l'action et de l'instance. Le conseil de prud'hommes doit alors constater
son dessaisissement (C. pr. civ., art. 384 ).

Art. 3 - Échec de la tentative de conciliation

628. Renvoi devant la formation de jugement. - En cas d'échec de la tentative préalable de conciliation,
le bureau de conciliation et d'orientation renvoie l'affaire devant le bureau de jugement (C. trav.,
art. L. 1454-1-1 , al. 1er). Ce renvoi constitue une mesure d'administration judiciaire, ce qui signifie
qu'elle ne peut pas faire l'objet d'un recours. Plusieurs formations de jugements différentes peuvent
connaître de l'affaire selon les conditions de renvoi par le bureau de conciliation et d'orientation.

629. Renvoi devant la formation restreinte du bureau de jugement. - Le bureau de conciliation et


d'orientation peut renvoyer l'affaire devant la formation restreinte du bureau de jugement prévue à
l'article L. 1423-13 du code du travail (V. supra, no 197) et composée de deux conseillers prud'hommes,
un de chaque collège. Ce renvoi est possible lorsque le litige porte sur un licenciement ou une demande
de résiliation judiciaire du contrat de travail, et nécessite l'accord des parties. La formation restreinte du
bureau de jugement doit alors statuer dans le délai de trois mois (C. trav., art. L. 1454-1-1 1o).
L'objectif de cette disposition légale est de faciliter le traitement rapide de l'affaire.

630. Renvoi direct devant la formation de jugement présidée par le juge départiteur. - L'affaire peut
également être renvoyée, à la demande des parties, directement devant le bureau de jugement présidé
par le juge départiteur. Dans ce cas, l'article L. 1454-4 du code du travail, qui prévoit les conditions
dans lesquelles le conseil de prud'hommes statue en cas de composition incomplète de la formation de
jugement lors de l'audience de départition, n'est pas applicable (C. trav., art. L. 1454-1-1 2o). Là
encore, le législateur a souhaité permettre aux parties d'accélérer le cours de la procédure, notamment
lorsque l'intervention du juge départiteur paraît inévitable.
631. Jugement au fond dans les conditions de droit commun. - Dans les autres hypothèses, l'affaire est
renvoyée devant le bureau de jugement composé de quatre conseillers prud'hommes, deux de chaque
collège (C. trav., art. L. 1454-1-1 ).

632. Évolution du litige. - Le litige et les demandes présentées par les parties ne sont pas figés par le
préalable de conciliation. Chaque partie peut actualiser ses demandes et la formation de jugement peut
connaître des demandes additionnelles ou reconventionnelles (C. trav., art. L. 1454-1-1 ).

Section 2 - Mise en état

Art. 1er - Modalités

633. Organisation. - En cas d'échec de la tentative de conciliation, le bureau de conciliation et


d'orientation assure la mise en état de l'affaire (C. trav., art. L. 1454-1-2 , al. 1er) jusqu'à la date qu'il
fixe pour l'audience de jugement (C. trav., art. R. 1454-1 ). Bien que la procédure soit orale il est
apparu nécessaire d'organiser la mise en état de l'affaire de façon structurée afin de limiter le nombre de
renvois lors des audiences de jugement. Ces renvois ont l'effet paradoxal de vider les audiences de
jugement d'une partie des affaires convoquées, alors même que le rôle des conseils de prud'hommes est
particulièrement encombré. Cette mise en état a pour objet de faire en sorte que les affaires viennent
utilement à l'audience de jugement et que les échanges des pièces et des conclusions ainsi que les
éventuels incidents soient traités en amont. À cet effet, des séances particulières du bureau de
conciliation et d'orientation peuvent être consacrées à la mise en état des affaires en cours.

634. Communication des pièces. - Dans le cadre de la mise en état, le bureau de conciliation et
d'orientation fixe, après avis des parties, les délais et les conditions de communication des moyens
développés par les parties et les pièces produites à leur soutien (C. trav., art. R. 1454-1 , al. 1er).

635. Dispense de comparution. - La mise en état d'une affaire peut nécessiter certains échanges qui
vont allonger la durée de la procédure. Le bureau de conciliation et d'orientation peut tenir compte des
difficultés de comparution à toutes les audiences qui pourraient se poser pour l'une ou l'autre des
parties en raison de ses occupations. Dès lors, le bureau de conciliation et d'orientation peut dispenser
une partie qui en fait la demande de comparaître à une séance ultérieure. Dans ce cas, les
communications sont faites par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou par
notification entre avocats, et il doit en être justifié auprès du bureau de conciliation et d'orientation
(C. trav., art. R. 1454-1 , al. 3). Cette justification permet de régler les incidents et de prévenir
d'éventuels retards.
636. Audition et explications des parties. - Le bureau de conciliation et d'orientation peut décider
d'entendre les parties. Il peut également leur demander de présenter les explications qu'il estime
nécessaires, ce qui peut être utile lorsqu'il envisage de relever d'office un moyen qui sera ensuite
tranché par le bureau de jugement (C. trav., art. R. 1454-1 , al. 4).

637. Production de pièces. - Le bureau de conciliation a la possibilité d'inviter les parties à produire les
documents et les justifications qu'il estime nécessaires à la solution du litige dans le délai qu'il détermine
(C. trav., art. R. 1454-1 ).

638. Défaut de diligence des parties. - Lorsque les parties ne respectent pas les délais fixés pour la
communication des pièces et des moyens, le bureau de conciliation et d'orientation peut soit radier
l'affaire, soit la renvoyer devant le bureau de jugement, lequel pourra tirer toutes conséquences de droit
de l'abstention constatée (C. trav., art. L. 1454-2 ). Il s'agit là d'une mesure d'administration judiciaire
qui n'est pas susceptible de recours.

Art. 2 - Conseiller rapporteur

639. Magistrat compétent. - Le conseiller rapporteur est un conseiller prud'homme. Il peut faire partie
de la juridiction de jugement (C. trav., art. L. 1454-4 , al. 1er). En cas de désignation de deux
conseillers rapporteurs, l'un doit appartenir au collège des salariés et l'autre au collège des employeurs
(C. trav., art. R. 1454-4 , al. 2). Lorsque deux conseillers rapporteurs sont désignés, il n'est pas
nécessaire qu'ils fassent tous les deux partie de la formation de jugement qui sera appelée à statuer sur
le fond de l'affaire (Soc. 16 juill. 1987, no 85-40.014 ). Ils doivent procéder ensemble à leur mission.

640. Désignation. - Le bureau de conciliation et d'orientation est compétent pour désigner un ou deux
conseillers rapporteurs pour procéder à la mise en état de l'affaire. La décision de désignation fixe le
délai imparti pour exécuter cette mission. Cette décision n'est pas susceptible de recours (C. trav.,
art. R. 1454-3 ).

641. Pouvoirs. - Le conseiller rapporteur dispose des mêmes pouvoirs que le bureau de conciliation et
d'orientation. Ainsi, pour l'exécution de sa mission, il peut entendre toute personne et faire procéder à
toute mesure d'instruction. Il a également le pouvoir d'ordonner toutes mesures nécessaires (C. trav.,
art. R. 1454-4 , al. 2). Le conseiller rapporteur peut mettre les parties en demeure de produire tel
document qu'il estime utile à la mise en état de l'affaire. Toutefois, il n'a pas le pouvoir de se faire
remettre des documents contre le gré de leur détenteur (Soc. 17 oct. 1990, no 87-45.853 , Bull. civ. V,
no 482). La production de telles pièces ne peut être ordonnée que par le tribunal de grande instance,
conformément à l'article 812 du code de procédure civile (Soc. 12 avr. 1995, no 93-10.982 , Bull.
civ. V, no 134).

642. Communication de renseignements par des agents de contrôle. - Dans le cadre de demandes
relatives à du travail dissimulé, du marchandage ou du prêt illicite de main-d'œuvre, le conseiller
rapporteur peut se faire communiquer les documents ou renseignements détenus par les agents de
contrôle mentionnés à l'article L. 8271-1-2 du code du travail (agents de contrôle de l'inspection du
travail, officiers et agents de police judiciaire, agents des impôts et des douanes, agents des organismes
de sécurité sociale et des caisses de mutualité sociale agricole agréés à cet effet et assermentés,
administrateurs des affaires maritimes, officiers du corps technique et administratif des affaires
maritimes et fonctionnaires affectés à ces services exerçant des missions de contrôle dans le domaine
des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre de la Mer, fonctionnaires des corps
techniques de l'aviation civile commissionnés à cet effet et assermentés, fonctionnaires ou agents de
l'État chargés du contrôle des transports terrestres ; agents de l'institution mentionnée à l'article
L. 5312-1 du code du travail, chargés de la prévention des fraudes, agréés et assermentés à cet effet sans
que ceux-ci puissent opposer le secret professionnel (C. trav., art. L. 1454-1-2 , al. 3).

643. Conciliation. - Comme tous les juges, le conseiller rapporteur peut constater la conciliation,
partielle ou totale, intervenue entre les parties (C. trav., art. R. 1454-5 ). La conciliation totale mettra
fin au litige, alors que la conciliation partielle entraînera un renvoi devant le bureau de jugement pour
la partie du litige qui n'a pas été réglée par les parties.

644. Portée des décisions. - Les décisions prises par le conseiller rapporteur sont dépourvues d'autorité
de chose jugée au principal. Elles sont prises à titre provisoire et ne peuvent pas faire l'objet d'un appel
principal indépendamment de la décision sur le fond (C. trav., art. R. 1454-6 ).

645. Impartialité. - Le conseiller rapporteur est tenu, comme tous les conseillers prud'hommes, à
l'exigence d'impartialité. Ainsi, le conseiller rapporteur, membre de la formation de jugement, qui fait
connaître son opinion sur le caractère mal fondé, selon lui, de l'affaire fait naître un doute légitime sur
son impartialité et sur la juridiction, de sorte que le renvoi devant une autre juridiction est justifié (Soc.
3 mars 2009, no 07-15.581 , Bull. civ. V, no 54 ; JCP S 2009. 1429, note A. Bugada).

Art. 3 - Clôture de la mise en état

646. Délais. - La mise en état a pour objet de permettre la fixation de délais par le bureau de
conciliation et d'orientation, le ou les conseillers rapporteurs ou le bureau de jugement pour organiser
notamment la communication des pièces et des moyens dans les délais fixés. Dès lors, en l'absence de
circonstance particulière, rien ne justifie une communication tardive de pièce ou de moyen, dont l'effet
provoquerait de nouveaux délais ou à un renvoi à une date qui peut être éloignée selon l'état du stock
des affaires à juger par le conseil de prud'hommes.

647. Décision. - Le bureau de conciliation et d'orientation, qui est notamment chargé de la mise en état
de l'affaire en cas d'échec de la tentative de conciliation, le ou les conseillers rapporteurs désignés par le
bureau de conciliation et d'orientation, ou le bureau de jugement peuvent fixer la clôture de
l'instruction de l'affaire par une ordonnance qui n'est pas susceptible de recours (C. trav., art. L. 1454-1-
2 , al. 5).

648. Effets de l'ordonnance de clôture. - L'ordonnance de clôture a pour effet d'empêcher le dépôt de
nouvelles pièces ou de nouvelles conclusions à peine d'irrecevabilité, laquelle peut être prononcée
d'office (C. trav., art. R. 1454-19-3 ). Cette mesure a pour objet de favoriser la rationalisation de la
procédure prud'homale et de lutter contre les dérives dilatoires qui conduisent à imposer le renvoi de
l'affaire en raison de communications de pièces ou de conclusions de dernière minute. Il s'agit ainsi
d'appliquer à une procédure orale les éléments de structuration de la procédure écrite.

649. Conditions du rabat de clôture. - L'ordonnance de clôture peut être révoquée d'office ou à la
demande des parties après l'ouverture des débats. Pour que ce rabat soit ordonné, il est toutefois
nécessaire que soit constatée l'existence d'une cause grave qui s'est révélée depuis que l'ordonnance de
clôture a été rendue. Le pouvoir réglementaire a précisé que le choix par l'une des parties de changer de
mandataire, pour l'assister ou la représenter postérieurement à la clôture ne constitue pas en soi une
cause de révocation de l'ordonnance (C. trav., art. R. 1454-19-4 , al. 1er). En cas d'intervention
volontaire, l'ordonnance de clôture n'est révoquée que si le bureau de jugement n'est pas en mesure de
juger immédiatement le tout (C. trav., art. R. 1454-19-4 , al. 2).

650. Cause grave justifiant la révocation de l'ordonnance de clôture. - Selon la jurisprudence retenue
en matière de mise en état dans le cadre de la procédure écrite devant le tribunal judiciaire ou la cour
d'appel, la partie qui sollicite la révocation de l'ordonnance de clôture doit invoquer la cause grave qui
justifie une telle demande (Civ. 2e, 29 avr. 1982, no 81-10.666 , Bull. civ. II, no 68 ; JCP 1982.
IV. 238). Le juge qui prononce une telle révocation est tenu de motiver sa décision sur ce point et de
caractériser la cause grave (Civ. 2e, 10 janv. 1979, no 77-11.676 , Bull. civ. II, no 12 ; JCP 1979.
IV. 90). De son côté, le juge n'a pas à rechercher d'office l'existence d'une éventuelle cause grave qui
justifierait le rabat de l'ordonnance de clôture et il n'est pas lié par les demandes des parties, même si
elles s'accordent sur ce point (Civ. 3e, 28 oct. 1985, no 84-13.397 , Bull. civ. II, no 134 ; JCP 1986.
IV. 21 ; RTD civ. 1986. 417, obs. R. Perrot ; D. 1987. 514, note Fenaux).

651. Irrecevabilité des communications tardives. - Il suffit pour le juge de constater que les pièces ou les
conclusions ont été déposées après le prononcé de l'ordonnance de clôture pour que leur irrecevabilité
puisse être retenue. Il n'est pas nécessaire de caractériser une quelconque atteinte aux droits de la
défense, la tardiveté suffisant pour appliquer cette sanction.

652. Office du juge. - La jurisprudence appliquée dans le cadre de la mise en état des procédures avec
représentation obligatoire doit pouvoir être transposée au conseil de prud'hommes. Ainsi, le juge qui
relève d'office le moyen tiré de l'irrecevabilité de conclusions déposées après l'ordonnance de clôture n'a
pas à inviter au préalable les parties à présenter leurs observations sur ce moyen (Civ. 2e, 11 mars 1992,
no 90-19.699 , Bull. civ. II, no 80).

Art. 4 - Mesures provisoires

653. Généralités. - En cas d'échec de la tentative préalable de conciliation, quelles qu'en soient les
raisons, le bureau de conciliation et d'orientation a le pouvoir de prendre un certain nombre de mesures
dans l'attente de ce que l'affaire soit jugée sur le fond. Ces mesures provisoires, qui doivent être
distinguées des cas de référés, peuvent avoir trait soit à l'instruction de l'affaire, soit à la préservation des
droits de l'une des parties.

654. Délivrance de documents. - En cas d'échec du préalable de conciliation, le bureau de conciliation


et d'orientation a le pouvoir d'ordonner la remise, le cas échéant sous astreinte, des certificats de travail,
des bulletins de paie ou de toute pièce que l'employeur est tenu de délivrer (C. trav., art. R. 1454-14
1o). Cette mesure a pour objet de permettre au salarié de faire valoir certains droits, notamment auprès
de Pôle emploi ou d'un organisme quelconque, sans attendre la fin du litige. Le salarié peut ainsi obtenir
la remise d'un certificat de travail (Soc. 10 oct. 1985, no 85-45.693, Bull. civ. V, no 456), ou d'une lettre
de licenciement (Soc. 4 déc. 1990, no 87-44.824 , Bull. civ. V, no 612).

655. Provision. - Lorsque l'obligation invoquée par le salarié n'est pas sérieusement contestable
(C. trav., art. R. 1454-14 2o), le bureau de conciliation peut ordonner le versement d'une provision
sur les salaires et accessoires du salaire, les commissions, les indemnités de congés payés, de préavis ou
de licenciement, sur l'indemnité compensatrice et l'indemnité spéciale de licenciement en cas
d'inaptitude médicale consécutive à un accident de travail ou à une maladie professionnelle
mentionnée à l'article L. 1226-14 du code du travail. Le bureau de conciliation et d'orientation peut
également ordonner le versement d'une provision sur l'indemnité de fin de contrat prévue par l'article
L. 1243-8 en matière de contrat de travail à durée déterminée, ou par l'article L. 1251-32 du code du
travail en matière de travail temporaire. Les hypothèses dans lesquelles le bureau de conciliation et
d'orientation peut accorder une provision sont limitativement énumérées par le code du travail. Il ne lui
est donc pas possible d'accorder une provision sur les dommages-intérêts pour licenciement sans cause
réelle et sérieuse (Soc. 15 juin 1995, no 94-49.524). Il ne peut pas davantage accorder une provision à
l'employeur qui invoquerait une créance à l'encontre du salarié (Soc. 6 mai 1997, no 94-43.085 , Bull.
civ. V, no 166).

656. Plafonnement du montant des provisions. - Le montant des provisions qui peuvent être allouées
par le bureau de conciliation et d'orientation est plafonné par l'article R. 1454-15 alinéa 1er du code du
travail à six mois de salaire calculé sur la moyenne des trois derniers mois de salaire.

657. Audiences publiques pour l'octroi des provisions. - Lorsque le bureau de conciliation et
d'orientation est saisi d'une demande d'octroi de provision, l'audience est publique (C. trav.,
art. R. 1454-15 , al. 3).

658. Mesures d'instruction. - Le bureau de conciliation et d'orientation peut ordonner, y compris


d'office, toute mesure d'instruction qui lui semblerait utile à la solution du litige. Ce pouvoir lui permet
d'ordonner la remise par l'employeur de documents autres que ceux visés par l'article R. 1454-14 1o du
code du travail (Soc. 7 juin 1995, no 91-42.604 , Bull. civ. V, no 612).

659. Liquidation de l'astreinte. - Le bureau de conciliation et d'orientation peut liquider, à titre


provisoire, les astreintes qu'il a ordonnées (C. trav., art. R. 1454-15 , al. 2).

660. Caractère provisoire des décisions du bureau d'orientation et de conciliation. - Les décisions prises
par le bureau de conciliation et d'orientation en application de l'article R. 1454-14 du code du travail
sont provisoires et n'ont pas autorité de chose jugée au principal (C. trav., art. R. 1454-16 , al. 1er).
Elles peuvent donc être remises en cause lorsque le bureau de jugement tranche le fond de l'affaire. Ces
décisions sont de plein droit exécutoires par provision, le cas échéant sur minute (C. trav., art. R. 1454-
16 , al. 1er).

661. Voies de recours. - Les décisions prises par le bureau de conciliation et d'orientation en application
de l'article R. 1454-14 du code du travail ne peuvent pas faire l'objet d'une opposition. Elles ne peuvent
pas faire l'objet d'un appel distinct de celui qui peut être interjeté contre la décision au principal, sous
réserve des dispositions propres à l'expertise (C. trav., art. R. 1454-16 , al. 2). En conséquence, un
appel immédiat est irrecevable (Soc. 12 déc. 1991, no 87-45.857 , Bull. civ. V, no 583), sauf dans
l'hypothèse où le bureau de conciliation aurait commis un excès de pouvoir, ce qui est par exemple le
cas lorsque la formation a pris une décision qui n'entre pas dans les prévisions de l'article R. 1454-14 du
code du travail (Soc. 16 déc. 1998, no 97-44.596 , Bull. civ. V, no 567) ou lorsque l'employeur n'a pas
été régulièrement convoqué (Soc. 3 oct. 1985, Bull. civ. V, no 440).
Section 3 - Saisine directe du bureau de jugement

662. Exception au préliminaire de conciliation. - Le législateur a prévu quelques exceptions à


l'obligation du préliminaire de conciliation en considérant que celui-ci était inutile à la solution du litige
ou qu'il pourrait, sans avantage suffisant, en retarder la solution. Dans ces hypothèses, la demande est
portée directement devant le bureau de jugement.

663. Hypothèses limitatives. - Les hypothèses dans lesquelles la demande est portée directement
devant le bureau de jugement sont limitativement prévues par le code du travail. Il s'agit de :

– des demandes de requalification en contrat de travail d'une convention de stage mentionnée à l'article
L. 124-1 du code de l'éducation (C. trav., art. L. 1454-5 ) ;

– des demandes de qualification de la rupture du contrat de travail à l'initiative du salarié en raison de


faits que celui-ci reproche à son employeur (C. trav., art. L. 1451-1 ). Notons à cet égard que l'article
L. 1451-1 du code du travail ne fait pas de distinction entre une rupture du contrat de travail par prise
d'acte du salarié aux torts de l'employeur avec une rupture résultant d'une démission dont il est
demandé à la juridiction prud'homale de la qualifier en prise d'acte de la rupture du contrat de travail
(Soc. 18 sept. 2019, no 18-15.765, en cours de publication).

– des litiges relatifs à la fixation de créances du salarié alors que l'employeur se trouve soumis à une
procédure collective (C. com., art. L. 625-5 ) ;

– des demandes de requalification d'un contrat de travail à durée déterminée en contrat de travail à
durée indéterminée (C. trav., art. L. 1245-2 ) ;

– des demandes de requalification d'un contrat de travail temporaire en contrat de travail à durée
indéterminée (C. trav., art. L. 1251-41 ) ;

– de l'examen d'une opposition à jugement (C. trav., art. R. 1463-1 , al. 2) ;

– de la tierce opposition à un jugement (C. trav., art. R. 1463-1 ).

664. Délais d'examen de la demande. - Dans la plupart des hypothèses de saisine directe du bureau de
jugement, le législateur a généralement prévu que le conseil de prud'hommes devait statuer au fond
dans le délai d'un mois suivant sa saisine (C. trav., art. L. 1245-2 et L. 1254-5 ). Toutefois, le
législateur n'a pas prévu de sanction en cas de non-respect de ce délai par le conseil de prud'hommes.

665. Intégralité du litige. - Lorsque l'une des demandes formulées par le salarié relève de la saisine
directe du bureau de jugement, l'ensemble du litige est porté devant cette formation du conseil de
prud'hommes (Soc. 2 mai 2000, no 98-41.557 , RJS 7-8/00, no 776 ; solution dégagée dans le cadre
d'une demande portant sur une requalification de contrat à durée déterminée en contrat à durée
indéterminée).

Section 4 - Jugement de l'affaire

Art. 1er - Instruction

666. Mise en état. - Le bureau de jugement peut, comme le bureau de conciliation et d'orientation,
procéder à la mise en état de l'affaire. La mise en état ne relève pas de la compétence exclusive du
bureau de conciliation et d'orientation et l'évolution du litige peut justifier une révocation de
l'ordonnance de clôture par le bureau de jugement ou de nouvelles mesures d'instruction. Le dossier a
également pu être renvoyé devant le bureau de jugement pour des raisons diverses, et notamment la
carence des parties, qui justifient de nouvelles mesures de mise en état. En outre, en cas de saisine
directe du bureau de jugement, seul ce dernier peut procéder à la mise en état de l'affaire. Le bureau de
jugement peut dès lors prendre toutes les mesures prévues par l'article R. 1454-1 du code du travail :
mise en état, fixation des délais et des conditions de communication des moyens et des pièces, dispense
de comparution, audition des parties, demandes d'explications, mise en demeure de produire des
documents ou des justifications (C. trav., art. R. 1454-19 , al. 1er).

667. Désignation d'un ou de deux conseillers rapporteurs. - Le bureau de jugement peut désigner un ou
deux conseillers rapporteurs qui disposent alors des pouvoirs prévus à l'article R. 1454-4 du code du
travail (C. trav., art. R. 1454-19-1 ; V. supra, no 666).

668. Défaut de diligence. - En cas de carence des parties, qui n'accompliraient pas dans les délais fixés
les diligences mises à leur charge, le bureau de jugement peut rappeler l'affaire à l'audience et, selon le
cas, la juger ou la radier (C. trav., art. R. 1454-19 , al. 2).

669. Communications tardives. - Les pièces ou moyens communiqués tardivement au regard des délais
fixés par le bureau de jugement ou les conseillers rapporteurs peuvent être écartés des débats, mais à la
condition que soit caractérisée l'atteinte aux droits de la défense qui en résulterait (C. trav., art. R. 1454-
19 , al. 3). Celle-ci peut résulter du court délai qui sépare cette communication de la date prévue pour
le jugement de l'affaire. En revanche, les pièces et moyens communiqués après la clôture de la mise en
état sont de plein droit irrecevables (C. trav., art. R. 1454-19-3 ), sans qu'il soit nécessaire de relever
une éventuelle atteinte aux droits de la défense.
Art. 2 - Débats

670. Oralité des débats. - Le principe de l'oralité permet aux parties de présenter oralement l'ensemble
de leurs demandes sans avoir l'obligation de déposer un écrit pour les formaliser (C. trav., art. R. 1453-
3 ). Le contenu des demandes et des moyens résulte alors des notes d'audience telles qu'elles sont
prises par le greffier. Mais la souplesse de l'oralité des débats doit être combinée avec les exigences
découlant d'une éventuelle ordonnance de clôture. Dès lors, en présence d'une telle ordonnance, les
parties ne peuvent présenter aucun moyen nouveau ni aucune demande additionnelle, faute de quoi la
sanction d'irrecevabilité pourrait être retenue par le conseil de prud'hommes. Les parties peuvent de
toute façon se référer aux prétentions et aux moyens qu'elles ont pu développer par écrit (C. trav.,
art. R. 1453-4 ). Eu égard à l'importance du nombre d'affaires venant à l'audience et afin de favoriser
une dynamique des débats, il est préférable d'inviter les parties à se référer ainsi à leurs écrits et à ne
développer à l'oral que les points qui le méritent réellement. Ce renvoi aux écrits permet aussi aux
parties de déposer leur dossier sans plus de développements, les juges devant de toute façon examiner
l'ensemble des éléments qui leur sont remis et répondre à toutes les demandes et moyens.

671. Observations des parties. - Même quand elles sont représentées ou assistées, les parties ont la
possibilité de présenter des observations elles-mêmes. Le juge peut toutefois leur retirer la parole,
notamment si la passion ou l'inexpérience les empêche de discuter leur cause avec la décence
convenable ou la clarté nécessaire (C. pr. civ., art. 441 ).

672. Notes d'audience. - Les observations que tiennent les parties et qui ne sont pas reprises dans les
écrits remis à la juridiction prud'homale doivent être notées soit au dossier soit dans un procès-verbal
(C. trav., art. R. 1453-4 ). Ces notes sont tenues par le greffier d'audience.

673. Police de l'audience. - Le président a la police d'audience. Il veille à l'ordre de l'audience et tout ce
qu'il ordonne doit être immédiatement exécuté (C. pr. civ., art. 438 ).

674. Mise en délibéré. - À l'issue des débats et si la décision n'est pas immédiatement rendue, le
président doit indiquer aux parties la date à laquelle le jugement sera prononcé. Ce prononcé peut être
fait par mise à disposition au greffe (C. trav., art. R. 1454-26 , al. 1er). La pratique selon laquelle les
jugements sont rendus sur le siège dans la suite des plaidoiries doit être rejetée. En effet, les juges
courent alors le risque de prendre leur décision essentiellement sur des impressions d'audience qui
peuvent être contredites radicalement par l'examen des pièces. Or, un dossier prud'homal peut être
volumineux et il est nécessaire d'en examiner l'ensemble pour déterminer les motifs de la décision.

675. Prorogation du délibéré. - En cas de prorogation du délibéré, le greffe en informe les parties par
lettre recommandée avec demande d'avis de réception. Il est nécessaire de préciser la raison de cette
prorogation et d'indiquer la nouvelle date à laquelle le jugement sera prononcé (C. trav., art. R. 1454-
26 , al. 2).
676. Jugement sur le siège. - La pratique selon laquelle le jugement est rendu sur le siège après
l'audition des plaidoiries est clairement déconseillée. D'abord, parce que la complexité de l'affaire peut
justifier un certain temps pour examiner l'ensemble des moyens et des demandes. Ensuite, parce que la
décision implique l'examen de l'ensemble des éléments de fait et de preuve produits par les parties,
lesquels peuvent démentir des impressions d'audience. En outre, ce n'est qu'après avoir pris en compte
l'ensemble des éléments de droit et de fait que les juges sont en mesure de présenter les motifs de leur
décision.

677. Interdiction des notes en délibéré. - Conformément à l'article 445 du code de procédure civile, les
notes en délibéré sont interdites sauf lorsqu'elles ont pour objet de répondre à l'argumentation
développée par le ministère public ou qu'elles ont été demandées par le président, par exemple pour
présenter des observations sur un moyen relevé d'office. Le conseil de prud'hommes n'est pas tenu de
répondre à une note en délibéré qui aurait été remise spontanément par les parties (Civ. 2e, 21 févr.
2002, no 01-60.017 , Bull. civ. V, no 17). Le juge n'est d'ailleurs pas tenu de mentionner dans sa
décision le dépôt d'une note en délibéré qui aurait été remise en dehors des prévisions de l'article 445
du code de procédure civile (Civ. 2e, 6 juin 2013, no 11-27.198 , D. 2013. 1485 ; Procédures
2013, no 232, obs. Perrot).

678. Secret du délibéré. - Les délibérations du conseil de prud'hommes sont secrètes (C. pr. civ.,
art. 448 ). Le public et le greffe en sont exclus. Pour assurer le respect de ce secret le jugement ne
peut pas indiquer qu'il a été rendu à l'unanimité (Soc. 20 janv. 1972, no 71-50.450 , Bull. civ. V,
no 37. – Soc. 5 juin 1975, no 74-40.570, Bull. civ. V, no 304. – Soc. 7 juin 1979, no 77-40.677 , Bull.
civ. V, no 493).

679. Décision. - La décision est prise à la majorité absolue des juges délibérant (C. trav., art. R. 1454-
23 ). Si la majorité ne peut pas se dégager, il est alors procédé comme en partage de voix et les débats
sont repris devant le juge départiteur.

680. Jugement sur départage. - En cas de formation de départage, la décision est adoptée à la majorité
absolue, la présence du juge départiteur permettant à celle-ci d'émerger dans toutes les hypothèses
puisque grâce à sa présence le nombre des juges est impair. En revanche, lorsque la formation de
départage est incomplète en raison de l'absence d'un ou plusieurs conseillers prud'hommes, le juge
départiteur statue seul après avoir recueilli l'avis des conseillers prud'hommes présents (C. trav.,
art. R. 1454-31 ).

Art. 3 - Dispositions spéciales en matière de licenciement


§ 1er - Plafonnement de certaines indemnités

681. Licenciement sans cause réelle et sérieuse. - Lorsque le juge considère que le licenciement ne
repose pas sur une cause réelle et sérieuse, l'article L. 235-3 du code du travail, dans sa rédaction issue
de l'ordonnance no 2017-1387 du 22 septembre 2017, encadre le montant des dommages-intérêts que
le conseil de prud'hommes peut mettre à la charge de l'employeur. Cette indemnité doit être fixée dans
le cadre d'un plancher et d'un plafond, exprimé en mois de salaire, déterminé par la loi en fonction de
l'ancienneté du salarié dans l'entreprise et de la taille de celle-ci, le barème étant différent selon que
l'entreprise compte ou non moins de onze salariés.

682. Conventionalité du barème d'indemnisation en cas de licenciement. - Dans deux avis du 17 juillet
2019, la formation plénière de la Cour de cassation a jugé que le barème issu de l'ordonnance du
22 septembre 2019 était compatible avec les dispositions de l'article 10 de la Convention no 158 de
l'OIT (Cass., avis, 17 juill. 2019, nos 19-70.010 et 19-70.011 , JCP S 2019, Libres propos, no 289,
note G. Loiseau ; no 290, note N. Collet-Thiry ; JCP E 2019. Actu. 525 ; D. 2019. 1497 ). La Cour
de cassation a également écarté le grief tiré d'une contrariété avec la Charte sociale européenne
(révisée), considérant que celle-ci n'était pas d'effet direct.

683. Absence de plafonnement pour certaines nullités de licenciement. - Les dispositions de l'article
L. 1235-3 du code du travail, plafonnant les indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse
ne sont pas applicables en cas de nullité du licenciement en raison de la violation d'une liberté
fondamentale, de faits de harcèlement moral ou sexuel, de discrimination, de licenciement consécutif à
une action en justice en matière d'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ou à une
dénonciation de crimes et délits, en cas de licenciement d'un salarié protégé mentionné aux articles
L. 2411-1 et L. 2412-1 du code du travail en raison de l'exercice de son mandat et en cas de
licenciement d'un salarié en méconnaissance des protections mentionnées aux articles L. 1225-71 et
L. 1226-13 du code du travail. Dans ces hypothèses, le salarié a droit à une indemnité qui ne peut être
inférieure aux six derniers mois de salaire (C. trav., art. L. 1235-3-1 ).

684. Détermination des assiettes de calcul. - Dans la mesure où les diverses indemnités se réfèrent à des
assiettes de calcul précises pour leur calcul, le conseil de prud'hommes doit vérifier la rémunération du
salarié avant de procéder à la fixation des montants des éventuelles condamnations. Il doit s'assurer de
bien appliquer la règle de calcul appropriée.

§ 2 - Remboursement des allocations versées par les organismes de chômage


685. Obligation du conseil de prud'hommes. - Lorsque le conseil de prud'hommes juge que le
licenciement est sans cause réelle et sérieuse, il doit, le cas échéant d'office, condamner l'employeur à
rembourser à l'organisme concerné les indemnités de chômage versées au salarié dans la limite de six
mois. Il en va de même en cas de nullité du licenciement dans les hypothèses de discrimination, de
harcèlement sexuel ou moral, ou de nullité du licenciement économique prévu par l'article L. 1235-11
du code du travail (C. trav., art. L. 1235-4 ). Cette indemnité doit également être allouée à
l'organisme concerné lorsque le conseil de prud'hommes juge que la prise d'acte de la rupture du contrat
de travail par le salarié a les effets d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse ou lorsqu'il prononce
la résiliation du contrat de travail aux torts de l'employeur (Soc. 22 juin 2016, no 14-27.072 , RJS
2016, no 618).

686. Omission de statuer. - Dans l'hypothèse où le conseil de prud'hommes aurait omis d'ordonner le
remboursement des indemnités de chômage alors qu'il était tenu de statuer sur ce point, l'organisme
concerné pourrait le saisir d'une requête en omission de statuer dans les conditions de l'article 463 du
code de procédure civile (Soc. 16 févr. 1987, no 84-40.131 , Bull. civ. V, no 90 ; Gaz. Pal. 1987. 2.
somm. 486, obs. Guinchard et Moussa ; RTD civ. 1988. 568, obs. Normand. – Soc. 12 janv. 1993,
nos 88-41.510 et 89-41.344 , Bull. civ. V, no 6 ; D. 1993. IR 31 ).

687. Exceptions. - Les hypothèses dans lesquelles la juridiction prud'homale doit ordonner le
remboursement des indemnités de chômage en cas de licenciement nul ou sans cause réelle et sérieuse
sont limitativement énumérées par la loi. Dès lors, ce remboursement ne peut pas être ordonné dans des
hypothèses de nullité du licenciement autres que celles visées par l'article L. 1235-4 du code du travail,
ni en cas de licenciement intervenu en violation des règles particulières aux victimes d'un accident du
travail ou d'une maladie professionnelle prévues par les articles L. 1226-10 et L. 1226-15 du code du
travail. Ce remboursement est également exclu en cas de violation de l'ordre des licenciements (Soc.
23 mars 1994, no 91-43.735 , Bull. civ. V, no 104 ; Dr. soc. 1994. 711 ), en cas d'irrégularité de la
procédure de licenciement (Soc. 26 mars 1980, no 78-41.369 , Bull. civ. V, no 298), ou lorsque le
salarié licencié a moins de deux ans d'ancienneté (Soc. 9 oct. 2019, no 17-26.636) ou que son entreprise
compte moins de onze salariés (Soc. 23 sept. 2015, no 14-13.264 , Bull. civ. V, no 180).

688. Moyen dans le débat. - Le conseil de prud'hommes est tenu d'ordonner le remboursement des
indemnités de chômage dans les hypothèses prévues par la loi et ce moyen est considéré comme étant
par nature dans le débat de sorte que l'employeur ne peut pas invoquer une éventuelle violation du
principe de la contradiction (Soc. 30 nov. 2016, no 14-17.746 ).

§ 3 - Référentiel d'indemnisation dans le cadre de la conciliation


689. Conciliation. - En cas de litige relatif à un licenciement, les parties peuvent mettre fin au litige, le
cas échéant sur proposition du bureau de conciliation et d'orientation, au moyen d'un accord prévoyant
le versement par l'employeur d'une indemnité forfaitaire dont le montant est déterminé sans préjudice
des indemnités légales, conventionnelles ou contractuelles, par référence à un barème fixé par décret en
fonction de l'ancienneté du salarié.

690. Barème de référence. - Le barème de référence prévu par l'article L. 1235-1 du code du travail est
fixé par l'article D. 1235-21 du même code dans les termes suivants :

Le barème mentionné au premier alinéa de l'article L. 1235-1 est défini comme suit :

– deux mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté inférieure à un an ;

– trois mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté au moins égale à un an,
auxquels s'ajoute un mois de salaire par année supplémentaire jusqu'à huit ans d'ancienneté ;

– dix mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté comprise entre huit ans et
moins de douze ans ;

– douze mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté comprise entre douze ans
et moins de quinze ans ;

– quatorze mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté comprise entre quinze
ans et moins de dix-neuf ans ;

– seize mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté comprise entre dix-neuf
ans et moins de vingt-trois ans ;

– dix-huit mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté comprise entre vingt-
trois ans et moins de vingt-six ans ;

– vingt mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté comprise entre vingt-six
ans et moins de trente ans ;

– vingt-quatre mois de salaire si le salarié justifie chez l'employeur d'une ancienneté au moins égale à
trente ans.

691. Constat d'accord. - L'accord intervenu entre les parties est constaté dans un procès-verbal. Il vaut
renonciation des parties à toutes réclamations et indemnités relatives à la rupture du contrat de travail.
Le procès-verbal, qui est signé par les parties, le président et le greffier, constitue un titre exécutoire qui
peut être mis à exécution forcée en cas de défaillance de l'une des parties.
§ 4 - Accélération des délais de traitement des litiges relatifs à un licenciement pour motif économique

692. Procédure d'urgence. - Selon l'article L. 1456-1 du code du travail, le conseil de prud'hommes doit
statuer en urgence sur les litiges portant sur les licenciements pour motif économique.

693. Délai pour la séance de conciliation. - La séance de conciliation doit avoir lieu dans le mois de la
saisine du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1456-2 ).

694. Mise en état. - Les mesures de mise en état doivent être exécutées dans le délai de trois mois. Ce
délai ne peut être prorogé par le bureau de jugement que sur la demande du technicien ou du
rapporteur commis (C. trav., art. R. 1456-2 ).

695. Dépôt de pièces par l'employeur. - En cas de recours contre un licenciement pour motif
économique, l'employeur est tenu de déposer ou d'adresser par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception, au greffe du conseil de prud'hommes, les éléments mentionnés à l'article L. 1235-9
du code du travail dans le délai de huit jours suivant la réception de la convocation (C. trav.,
art. R. 1456-1 ). L'employeur doit donc déposer au greffe tous les éléments fournis aux représentants
du personnel en application du chapitre III ou, à défaut, de représentants du personnel dans
l'entreprise, tous les éléments fournis à l'autorité administrative en application de ce même chapitre.

696. Communication des pièces au salarié. - L'employeur doit, dans le même délai de huit jours,
envoyer ces pièces au demandeur par lettre recommandée avec demande d'avis de réception (C. trav.,
art. R. 1456-1 , al. 2).

697. Contenu de la convocation. - La convocation doit rappeler à l'employeur cette obligation de dépôt
de pièces (C. trav., art. R. 1456-1 , al. 2).

698. Délai de jugement en cas de contestation d'un licenciement pour motif économique. - En cas
d'échec du préliminaire de conciliation, le bureau de conciliation et d'orientation fixe la date d'audience
de l'affaire devant le bureau de jugement, lequel ne doit pas statuer dans un délai excédant six mois à
compter de la date à laquelle l'affaire lui a été renvoyée. Ce délai est réduit à trois mois en cas de renvoi
devant la formation restreinte du bureau de jugement (C. trav., art. R. 1456-4 ). Le pouvoir
réglementaire n'a pas prévu de sanction en cas de défaut de respect de ces délais. Un délai excessif
pourrait toutefois justifier une demande d'indemnisation de l'État pour déni de justice.

699. Absence de sanction. - Le code du travail n'a pas prévu de sanction particulière en cas d'absence de
respect de l'ensemble des délais fixés pour le traitement des recours contre un licenciement pour motif
économique.
700. Jonction. - Lorsqu'il apparaît qu'au cours de la même séance plusieurs salariés contestent le motif
économique d'un licenciement économique, le conseil de prud'hommes peut ordonner la jonction des
affaires (C. trav., art. L. 1456-5). Notons toutefois que, pour des raisons purement pratiques, il n'est pas
toujours opportun d'ordonner la jonction de plusieurs affaires relevant d'un même licenciement
collectif dès lors que chaque salarié peut articuler des moyens qui lui sont propres exigeant un examen
de situations individuelles distinctes, telles que la nullité du licenciement, le défaut de respect de
l'obligation de reclassement, le défaut de respect des critères d'ordre, outre les demandes d'ordre salarial
qui peuvent être présentées à cette occasion (rappels de salaire pour heures supplémentaires, primes
diverses…).

§ 5 - Rôle du juge dans les litiges relatifs aux licenciements

701. Preuve de la réalité du licenciement. - C'est à la partie qui invoque l'existence d'une rupture du
contrat de travail d'en rapporter la preuve. C'est notamment le cas lorsque le salarié soutient avoir fait
l'objet d'un licenciement verbal. La preuve du licenciement est libre (Soc. 6 févr. 2013, no 11-23.738
, Bull. civ. V, no 31).

702. Pouvoir du juge. - Conformément à l'article L. 1235-1, alinéa 3 du code du travail, le juge doit
apprécier la régularité de la procédure suivie pour le licenciement du salarié ainsi que le caractère réel
et sérieux des motifs invoqués par l'employeur au soutien de sa décision de rompre le contrat de travail.
Le juge forme sa conviction au vu des éléments produits par chacune des parties après avoir ordonné,
au besoin, toutes les mesures d'instruction qu'il estime utiles.

703. Doute. - En cas de doute, celui-ci doit profiter au salarié licencié (C. trav., art. L. 1235-1 , al. 5).

Art. 4 - Dispositions spéciales en cas de procédure collective

704. Suspension des poursuites individuelles. - En application de l'article L. 622-21 du code de


commerce, le jugement d'ouverture d'une procédure collective (sauvegarde, redressement judiciaire,
liquidation judiciaire) interdit, dès l'ouverture de la procédure et pendant toute sa durée, toute action
judiciaire tendant à la condamnation et à l'exécution du paiement d'une somme d'argent dont la créance
est née antérieurement au jugement d'ouverture.

705. Vérification de la situation des entreprises. - Afin de prévenir tout retard dans le traitement de
l'affaire et toute difficulté, il est recommandé de vérifier la situation des entreprises lors de
l'introduction de l'instance et peu avant l'audience de plaidoirie afin d'être informé en temps utile de
l'éventuelle ouverture d'une procédure collective et d'accomplir en temps utile les mises en cause
nécessaires et les ajustements de demandes qui en découlent.

§ 1er - Actions antérieures au jugement d'ouverture

706. Poursuite des instances introduites antérieurement au jugement d'ouverture. - En cas d'ouverture
d'une procédure collective au profit de l'employeur, l'article L. 625-3 du code de commerce dispose que
les instances en cours devant la juridiction prud'homale à la date du jugement d'ouverture sont
poursuivies en présence du mandataire judiciaire ou de l'administrateur ou ceux-ci dûment appelés. Le
mandataire judiciaire doit, dans les dix jours, informer la juridiction saisie et les salariés parties à
l'instance de l'ouverture de la procédure.

707. Carence du mandataire. - En cas de carence du mandataire judiciaire dans l'information de la


juridiction, la décision prononcée en son absence ne peut être considérée comme non avenue (Soc.
24 nov. 2004, no 02-45.126 , Bull. civ. V, no 300 ; RTD com. 2005. 174, obs. Vallens ) et il ne
saurait être fait grief à la juridiction de statuer sur le fond (Soc. 28 févr. 2018, no 15-24.856 , Bull.
civ. V, no 33 ; JCP S 2018. Actu., no 69, et II. 1128, note L. Fin-Langer ; D. 2018. 509 ).

708. Absence d'interruption de l'instance. - L'ouverture d'une procédure collective n'emporte pas
interruption des procédures prud'homales déjà en cours (Soc. 17 sept. 2003, no 01-43.029 , Bull.
civ. V, no 235. – Soc. 7 juill. 2004, no 02-47.653 , Bull. civ. V, no 201), l'instance devant être
poursuivie avec mise en cause des organes de la procédure. En l'absence d'interruption de l'instance, les
délais éventuellement applicables continuent à courir et les parties doivent donc accomplir sans tarder
les diligences nécessaires à la mise en cause des organes de la procédure.

709. Mise en cause des organes de la procédure. - Le salarié, informé de l'ouverture d'une procédure
collective, doit l'indiquer au greffe, lequel procède ensuite aux convocations nécessaires.

710. Carence des parties. - En cas de carence des parties, il appartient au conseil de prud'hommes
informé de la procédure collective de faire procéder aux mises en cause nécessaires des mandataires
judiciaires ainsi que de l'AGS (Soc. 9 mars 2011, no 09-67.312 , Bull. civ. V, no 71 ; RDT 2011. 376,
note Ledessus-Le-Moustier ).

711. Mise en cause de l'AGS. - L'AGS, qui a pour objet de garantir les créances des salariés, doit être
mise en cause dans la procédure prud'homale, à la suite du jugement ordonnant l'ouverture d'une
procédure collective (C. com., art. L. 631-18 et L. 641-14 ; C. trav., art. L. 3253-14 ).
712. Communications à destination de l'AGS. - L'AGS est informée par les mandataires judiciaires des
circonstances du litige et reçoit les éléments justificatifs nécessaires.

713. Dissolution de la personne morale selon les règles de droit commun. - La mise en cause de l'AGS
n'est pas nécessaire en cas de dissolution de la personne morale dans les conditions du droit commun.
En effet, l'assurance prévue à l'article L. 3253-6 du code du travail ne couvrant le risque de non-
paiement des sommes dues aux salariés en exécution d'un contrat de travail, dans les conditions
énoncées aux articles L. 3253-2 à L. 3253-21 de ce code, qu'en cas de procédure de sauvegarde, de
redressement ou de liquidation judiciaire, les institutions de garantie mentionnées à l'article L. 3253-14
du même code n'ont pas à être mises en cause devant la juridiction prud'homale en vue de la garantie de
telles sommes dues par une société en liquidation après une décision judiciaire de dissolution prise sur
le fondement de l'article 1844-7 5o du code civil (Soc. 16 mai 2018, nos 16-258.98 et 16-25.899,
Bull. civ. V, no 83 ; JCP S 2018. II. 1238, note L. Fin-Langer).

714. Fixation de la créance. - En cas d'ouverture d'une procédure collective, il n'est plus possible de
demander la condamnation de l'employeur qui en ferait l'objet. Le salarié ne peut demander que la
fixation au passif de l'entreprise des créances antérieures au jugement d'ouverture. Toute demande en
condamnation au paiement d'une créance antérieure est irrecevable (Soc. 18 nov. 2020, no 19-15.795)
et le conseil de prud'hommes est tenu de relever d'office cette irrecevabilité (Soc. 24 mai 2018, no 17-
15.639 et autres, Bull. civ. V, no 86 ; JCP S 2018. Actu., no 167, note G. Loiseau, I, 1252, note
Y. Pagnerre, et 1253, note M. Lafargue ; JCP 2018. Actu. 672, note G. Dedessus-Le-Moustier ; RDT
2018. 496, note C. Dechristé ). Les parties doivent donc veiller à modifier leurs demandes en
conséquence de l'ouverture d'une procédure collective.

715. Interdiction de prononcer une condamnation de la personne morale objet d'une procédure
collective. - Le conseil de prud'hommes ne peut pas prononcer de condamnation au paiement des
créances relevant de la procédure collective (Soc. 16 déc. 2008, no 02-43.726. – Soc. 4 juill. 2012,
no 11-12.573 ) et doit donc simplement constater leur existence et fixer leur montant (C. com.,
art. L. 625-6 ). Cette interdiction persiste même si un plan de continuation est finalement mis en
place, car les créances concernées restent des créances de la procédure collective et le plan de
redressement ne met pas fin à la suspension des poursuites individuelles (Com. 29 avr. 2014, no 12-
24.628 ). Une éventuelle confusion entre condamnation et fixation ne peut pas faire l'objet d'une
rectification d'erreur matérielle, car elle modifie la portée des obligations des parties (Soc. 18 nov. 2020,
no 19-15.933).

716. Jugement. - Le conseil de prud'hommes, qui ne peut pas prononcer de condamnations en raison de
la suspension des poursuites individuelles, fixe la créance au passif du débiteur. Cette créance est
ensuite portée sur l'état des créances déposées au greffe du tribunal de commerce (C. com., art. L. 622-
22 et R. 622-20 ).

717. Garantie de l'AGS. - Les sommes ainsi fixées par le conseil de prud'hommes, comme celles
figurant dans le relevé de créances visé par le juge-commissaire, bénéficient de la garantie de l'AGS
(Soc. 14 mars 2000, no 97-45.335 , Bull. civ. V, no 102).

718. Opposabilité à l'AGS. - Le jugement est opposable à l'AGS si celle-ci a bien été mise en cause,
mais aucune condamnation ne peut être prononcée à son encontre au titre des créances fixées au passif
du débiteur (Soc. 5 janv. 2005, no 02-43.726 ). En effet, les articles L. 3253-20 et L. 3253-21 du code
du travail excluent pour le salarié le droit d'agir directement contre les institutions de garantie et lui
permettent seulement de demander que les créances litigieuses soient inscrites sur le relevé dressé par
le mandataire judiciaire afin d'entraîner l'obligation pour lesdites institutions de verser, selon la
procédure légale, les sommes litigieuses entre les mains de celui-ci (Soc. 18 nov. 2020, no 19-15.795, en
cours de publication). Une demande de condamnation de l'AGS à payer au salarié les sommes objet de
sa garantie est irrecevable (Soc. 2 juill. 2014, no 13-11.948 , Bull. civ. V, no 163).

A - Relevé de créances salariales

719. Établissement du relevé de créances. - Conformément à l'article L. 625-1 du code de commerce,


après vérification, le mandataire judiciaire établit, dans les délais prévus à l'article L. 3253-19 du code
du travail, les relevés des créances résultant d'un contrat de travail, le débiteur entendu ou dûment
appelé. Les relevés des créances sont soumis au représentant des salariés dans les conditions prévues à
l'article L. 625-2 du code de commerce. Ils sont visés par le juge-commissaire, déposés au greffe du
tribunal de commerce et font l'objet d'une mesure de publicité dans des conditions fixées par décret en
Conseil d'État.

720. Délai de contestation. - Le salarié peut contester le relevé des créances dans le délai de deux mois à
compter de l'accomplissement des formalités de publicité. Ce délai est sanctionné par une forclusion
(C. com., art. L. 625-1 ; C. trav., art. L. 3253-19 ).

721. Saisine directe du bureau de jugement. - Lorsque le relevé de créances n'a pas été déposé dans les
délais prévus par l'article L. 3253-14 du code du travail, le salarié peut saisir directement le bureau de
jugement du conseil de prud'hommes pour faire reconnaître ses créances salariales, notamment celles
nées après le jugement d'ouverture de la procédure collective (Soc. 8 janv. 2002, no 99-41.520 , RDT
2003. 568, obs. A. Martin-Serf. – Soc. 26 févr. 2003, no 00-46.174 , Bull. civ. V, no 69 ; Dr. soc.
2003. 667, note Boulmier ).
722. Conditions d'opposabilité du délai de forclusion au salarié. - Ce délai de forclusion n'est opposable
au salarié que s'il a été personnellement informé par le liquidateur judiciaire de la date du dépôt au
greffe de l'état des créances résultant du contrat de travail et du point de départ du délai de forclusion
(Soc. 25 juin 2002, no 00-44.704 , Bull. civ. V, no 210. – Soc. 28 juin 2006, no 04-44.798 . – Soc.
13 mai 2008, no 06-44.125 ).

723. Créances non soumises au délai de deux mois. - Les créances indemnitaires, comme celles
résultant d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse (Soc. 28 juin 2000, no 98-41.928 . – Soc.
11 oct. 2006, no 04-47.950 , Bull. civ. V, no 304 ; D. 2006. 2624 ) relèvent du délai de prescription
applicable selon leur nature respective.

724. Saisine du bureau de jugement du conseil de prud'hommes. - La contestation du relevé de


créances par le salarié est portée directement devant le bureau de jugement du conseil de prud'hommes
(C. com., art. L. 625-5 ).

725. Compétence exclusive. - Il s'agit d'une compétence exclusive du bureau de jugement du conseil de
prud'hommes (Soc. 23 oct. 2012, no 11-15.530 , Bull. civ. V, no 272 ; RJS 2013, no 34).

726. Défendeurs et mises en cause. - L'action en contestation du relevé de créances engagée par le
salarié est dirigée contre le mandataire judiciaire qui reste le défendeur principal (Soc. 16 déc. 1992,
no 89-43.900 ). Le débiteur, ou son représentant, doit également être mis en cause, de même que
l'AGS (C. com., art. L. 625-1 , L. 631-18 et L. 641-14 ).

727. Représentant des salariés. - Dans le cadre de l'action en contestation du relevé de créances, le
salarié peut se faire assister ou représenter par les personnes habituellement habilitées à le faire devant
le conseil de prud'hommes, mais également par le représentant des salariés (C. com., art. L. 621-4 ).

B - Contestation du refus de garantie de l'AGS

728. Décision de l'AGS. - L'AGS peut opposer un refus de garantir une des créances figurant au relevé
de créances. Elle doit alors faire connaître son opposition au mandataire dans les délais prévus à l'article
L. 3253-20 et R. 3253-6 du code du travail. Elle doit indiquer la nature, le montant de la créance
concernée, ainsi que les motifs de son refus (C. com., art. L. 625-4 ). Le mandataire judiciaire doit
alors en aviser le salarié et le représentant des salariés (C. com., art. R. 625-6 ).

729. Action en contestation. - La décision de refus de garantie de l'AGS peut être engagée par le salarié
et par lui seul (Soc. 21 mars 1989, no 87-19.377 . – Soc. 21 mars 1989, no 88-10.219). Saisi dans un
tel cadre, le conseil de prud'hommes ne se prononce pas sur la compétence, mais statue sur le seul bien
ou mal-fondé de la décision de l'institution (Soc. 26 mars 2014, no 12-27.138 , Bull. civ. V, no 83).

730. Absence de délai de contestation. - L'action en contestation du refus de garantie engagée par le
salarié n'est pas soumise à un délai de forclusion (Soc. 1er févr. 2001, no 97-45.009 ).

§ 2 - Actions postérieures à l'ouverture d'une procédure collective

731. Demande de fixation de créances. - Malgré la suspension des poursuites individuelles, le salarié
peut saisir le conseil de prud'hommes d'une demande de fixation de la créance objet de sa contestation.

732. Saisine directe du bureau de jugement. - Par exception aux règles de droit commun, en cas de
procédure collective, le litige est porté directement devant le bureau de jugement conformément à
l'article L. 625-5 du code de commerce (Soc. 21 juin 2005, no 02-42.499 , Bull. civ. V, no 209 ;
D. 2005. 2039 . – Soc. 23 oct. 2012, no 11-15.530 , Bull. civ. V, no 272).

Art. 5 - Exécution provisoire

733. Absence de principe d'exécution provisoire de plein droit. - Par dérogation au principe de
l'exécution provisoire de droit des décisions de première instance posé par l'article 514 du code de
procédure civile, l'article R. 1454-28 du code du travail dispose que, sauf exception légale ou
réglementaire, les décisions du conseil de prud'hommes ne sont pas exécutoires de droit à titre
provisoire. En revanche, le conseil de prud'hommes peut toujours décider d'ordonner l'exécution
provisoire de sa décision.

734. Hypothèses d'exécution provisoire de droit. - L'article R. 1454-28 du code du travail prévoit un
certain nombre d'hypothèses dans lesquelles la décision du conseil de prud'hommes est exécutoire de
plein droit. Il s'agit :

– du jugement qui ne serait susceptible d'appel que par l'effet d'une demande reconventionnelle ;

– du jugement qui ordonne la remise d'un certificat de travail, de bulletins de paie ou de toutes autres
pièces que l'employeur est tenu de délivrer ;

– du jugement qui ordonne le paiement de sommes au titre des rémunérations et indemnités


mentionnées au 2o de l'article R. 1454-14 du code du travail (salaires et accessoires, commissions,
indemnités de congés payés, de préavis et de licenciement, indemnité compensatrice et indemnité
spéciale de licenciement en cas d'inaptitude médicale consécutive à un accident du travail ou une
maladie professionnelle), dans la limite de neuf mois de salaire calculé sur la moyenne des trois derniers
mois de salaire.

735. Requalification d'un contrat de travail à durée déterminée en contrat à durée indéterminée. -
Lorsque le conseil de prud'hommes est saisi d'une demande de requalification d'un contrat de travail à
durée déterminée en contrat de travail indéterminée, sa décision est de plein droit exécutoire à titre
provisoire (C. trav., art. R. 1245-1 ).

736. Requalification d'un contrat de mission en contrat de travail à durée indéterminée. - Lorsque le
conseil de prud'hommes est saisi d'une demande de requalification d'un contrat de mission en contrat de
travail à durée indéterminée, sa décision est exécutoire à titre provisoire de plein droit (C. trav.,
art. D. 1251-3 ).

737. Mention de la moyenne des salaires. - Afin de faciliter la mise en œuvre de l'exécution de plein
droit prévue par l'article R. 1454-28, alinéa 2, 3o du code du travail, le jugement doit mentionner la
moyenne des trois derniers mois de salaire dans sa décision. Il appartient donc au conseil de
prud'hommes d'interroger les parties pour la fixer, si cet élément ne peut pas être déterminé au vu des
éléments qui sont versés aux débats. Notons toutefois que l'absence de cette mention dans le jugement
n'a pas pour effet de priver de son caractère exécutoire de plein droit, à concurrence de la limite de neuf
mois, un jugement qui prononcerait une condamnation à payer des salaires (Soc. 2 avr. 1996, no 94-
43.503 , Bull. civ. V, no 134).

738. Omission de la mention de la moyenne des salaires. - L'omission de cette mention peut être
réparée dans les conditions de l'article 462 du code de procédure civile (Soc. 24 janv. 1996, no 92-
43.473 , Bull. civ. V, no 28. – Soc. 28 juin 2001, no 99-43.831 , Bull. civ. V, no 237).

Art. 6 - Condamnation et cotisations sociales

739. Principes. - Les créances salariales ou indemnitaires peuvent être soumises à cotisations sociales
dans les conditions prévues par le code de sécurité sociale. Il incombera en conséquence à l'employeur
de procéder au précompte de ces cotisations sociales lors de leur règlement au salarié. Pour éviter toute
difficulté, il est préférable que le jugement précise si les condamnations sont exprimées de façon brute
ou nette de cotisations sociales.
740. Mentions du jugement. - Lorsque le jugement ne s'est pas prononcé sur l'imputation des
cotisations et des contributions sociales, il incombe alors à l'employeur de procéder au précompte des
sommes dues par le salarié sur la condamnation prononcée (Soc. 3 juill. 2019, no 18-12.149 P+B).

Art. 7 - Forme du jugement

741. Mentions obligatoires. - Le jugement doit indiquer qu'il est rendu au nom du peuple français. Il
doit indiquer : la juridiction dont il émane, le nom des juges qui ont délibéré, la date du prononcé, le
nom du représentant du ministère public s'il a assisté aux débats, le nom du greffier, les noms, prénoms
ou dénominations des parties ainsi que leur domicile ou siège social, le cas échéant le nom des avocats
ou de toute personne ayant représenté les parties (C. pr. civ., art. 454 ).

742. Motivation. - Comme tous les autres jugements, le jugement du conseil de prud'hommes doit être
motivé. Il doit exposer succinctement les prétentions respectives des parties et leurs moyens, cet exposé
pouvant revêtir la forme d'un simple visa des conclusions des parties (C. pr. civ., art. 455 ). La
motivation doit être opérante et contenir les éléments de réponse aux moyens invoqués par les parties.

743. Impossibilité de reproduire les conclusions au titre de la motivation. - Le conseil de prud'hommes


ne peut pas se borner, au titre de sa motivation, à reproduire sur tous les points en litige, à l'exception de
quelques aménagements de style, les conclusions de l'une des parties. Dans une telle hypothèse, cette
apparence de motivation peut faire peser un doute sur l'impartialité de la juridiction (Soc. 3 juill. 2019,
no 17-28.770 ). Si le conseil de prud'hommes est convaincu par l'argumentaire d'une des parties, il ne
peut donc se contenter de reprendre plus ou moins servilement les conclusions, il doit adopter une
motivation originale même s'il s'approprie les moyens avancés par l'une ou l'autre des parties.

744. Signatures. - Le jugement est signé par le président et le greffier. En cas d'empêchement du
président, il en est fait mention sur la minute qui est signée par l'un des juges qui a participé au délibéré
(C. pr. civ., art. 456 ).

745. Force probante. - Le jugement a la force probante d'un acte authentique, sous réserve des
dispositions de l'article 459 du code de procédure civile (C. pr. civ., art. 457 ). En effet, l'omission ou
l'inexactitude d'une mention destinée à établir la régularité du jugement ne peut entraîner la nullité de
celui-ci en application de l'article 458, s'il est établi par les pièces de la procédure, par le registre
d'audience ou par tout autre moyen que les prescriptions légales ont été, en fait, observées.

746. Nullité du jugement. - La nullité du jugement, encourue dans les conditions de l'article 458 du
code de procédure civile, ne peut être demandée qu'en suivant les voies de recours ouvertes contre la
décision (C. pr. civ., art. 460 ).
Art. 8 - Notification

747. Décisions d'administration judiciaire. - Les parties sont informées des décisions d'administration
judiciaire, telles que les radiations, par tous moyens (C. trav., art. R. 1454-26 , al. 2). Ce texte ne
déroge donc pas à l'article 381 du code de procédure civile applicable aux instances prud'homales, qui
prévoit que la décision de radiation est notifiée aux parties par lettre simple. Dès lors, cette décision de
radiation fait courir le délai de péremption, et les parties concernées ne peuvent pas se réfugier derrière
l'absence de notification par voie de lettre recommandée avec demande d'avis de réception pour éviter
une telle sanction (Soc. 19 oct. 2016, no 15-16.120 , Bull. civ. V, no 194). Il importe donc aux parties
de bien suivre le cours des procédures et d'accomplir en temps utile les diligences nécessaires.

748. Jugements. - Les jugements sont notifiés par le greffe par lettre recommandée avec demande d'avis
de réception au domicile de chacune des parties. Ces dernières conservent la possibilité de faire
signifier le jugement (C. trav., art. R. 1454-26 , al. 1er). En cas de retour de la lettre recommandée de
notification, qui n'aurait pas pu être remise à son destinataire, le greffe doit inviter l'autre partie à faire
signifier le jugement par acte d'huissier de justice (C. pr. civ., art. 670-1 ).

749. Décision valant délivrance de l'attestation Pôle emploi. - Lorsque le bureau de conciliation et
d'orientation a pris une décision provisoire valant délivrance de l'attestation prévue à l'article R. 1234-9
du code du travail, afin de pallier la carence de l'employeur et de permettre au salarié de faire valoir
malgré tout ses droits auprès de Pôle emploi, le jugement ensuite rendu sur le fond par le bureau de
jugement doit être notifié à l'agence Pôle emploi dans le ressort duquel le salarié est domicilié (C. trav.,
art. R. 1454-26 , al. 3).

750. Contenu de la notification des jugements. - La notification du jugement doit contenir la mention
des voies de recours ouvertes contre la décision, ainsi que celles des modalités dans lesquelles elles
peuvent être exercées et du lieu où le recours peut être formé (C. pr. civ., art. 680 ). À défaut, le délai
de recours ne court pas (Soc. 13 juill. 1999, no 97-42.323 , Bull. civ. V, no 352).

751. Effets de la notification. - La notification régulière a pour effet de faire courir les délais de recours.
Mais ce délai ne court pas lorsque l'avis de réception de la lettre de notification n'a pas été signé par la
personne physique qui en était destinataire (Soc. 7 juill. 1993, no 90-41.346 , Bull. civ. V, no 199).
C'est la raison pour laquelle l'autre partie doit, dans une telle situation, faire signifier le jugement et
permettre ainsi, non seulement une éventuelle exécution forcée de la décision, mais, d'abord, de faire
courir les délais de recours.
752. Notification à l'organisme de chômage concerné. - En cas de décision ordonnant le remboursement
par l'employeur à l'organisme concerné des indemnités de chômage dans la limite de six mois, le greffe
doit adresser à Pôle emploi une copie certifiée conforme du jugement en précisant si ce dernier a fait ou
non l'objet d'un appel. Cette copie est adressée à la direction générale de cet établissement (C. trav.,
art. R. 1235-2 ).

Chapitre 3 - Procédures rapides

Section 1re - Référé

Art. 1er - Principes

753. Définition. - Conformément à l'article 484 du code de procédure civile, l'ordonnance de référé est
une décision provisoire rendue à la demande d'une partie, l'autre présente ou appelée, dans les cas où la
loi confère à un juge qui n'est pas saisi du principal le pouvoir d'ordonner immédiatement les mesures
nécessaires.

754. Compétence. - La compétence matérielle et territoriale de la formation de référé est celle du


conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1455-5 ). Il ne faut pas confondre règles de compétence et
cas d'ouverture du référé qui touchent les conditions d'ouverture. En cas d'incompétence, matérielle ou
territoriale, la formation de référé doit se déclarer incompétente et désigner la juridiction compétente,
sauf s'il s'agit d'une juridiction pénale, administrative, arbitrale ou étrangère. En revanche, si la
demande n'entre pas dans les cas d'ouverture du référé, il n'y a pas lieu à référé, ce qui constitue une
décision de rejet de la demande.

755. Absence de décision au fond. - Le juge des référés peut statuer sur une demande, même si le juge
du fond a été saisi parallèlement, dès lors que ce dernier n'a pas statué sur le fond du litige (Soc. 14 juin
1989, no 87-43.817 , Bull. civ. V, no 447).

756. Autonomie du juge des référés à l'égard du juge du fond. - Le principe d'autonomie du juge des
référés à l'égard du juge du fond permet à la formation de référé de trancher la demande qui lui est
soumise même si le demandeur s'est désisté de sa demande au fond (Soc. 17 mars 1999, no 96-43.328
, Bull. civ. V, no 129). L'intervention du juge des référés n'est exclue que si le juge du fond a statué sur
le litige.

757. Limitation légale. - Seule une disposition spéciale de la loi ne peut empêcher la formation de référé
de statuer dès lors que la demande relève des prévisions des articles R. 1455-5 à R. 1455-8 du code du
travail (Soc. 31 mars 2016, no 14-25.241 et autres, Bull. civ. V, no 63).

Art. 2 - Cas d'ouverture

§ 1er - Mesures urgentes

758. Définition. - Le premier cas d'ouverture du référé est, de façon classique, l'urgence : dans tous les
cas d'urgence, la formation de référé peut ordonner toutes les mesures qui ne se heurtent à aucune
contestation sérieuse ou que justifie l'existence d'un différend (C. trav., art. R. 1455-5 ).

759. Caractérisation de l'urgence. - Les juges apprécient souverainement si la condition d'urgence est
remplie. Ils peuvent la caractériser de façon implicite (Civ. 1re, 21 juin 1989, no 87-16.804, Bull. civ. I,
no 332).

760. Contestation sérieuse. - Le juge des référés ne peut prendre une mesure au titre de l'urgence qu'à
la condition que la demande ne se heurte à aucune contestation sérieuse (C. trav., art. R. 1455-5 ).

§ 2 - Dommage imminent ou trouble manifestement illicite

761. Définition. - Selon l'article R. 1455-6 du code du travail, la formation de référé peut toujours,
même en présence d'une contestation sérieuse, prescrire les mesures conservatoires ou de remise en état
qui s'imposent pour prévenir un dommage imminent ou pour faire cesser un trouble manifestement
illicite.

762. Absence de critère d'urgence. - La constatation d'une situation d'urgence n'est pas nécessaire en cas
de trouble manifestement illicite (Soc. 15 mars 1984, Bull. civ. V, no 99).

763. Mauvaise foi en cas de dénonciation de harcèlement moral. - Il appartient au juge des référés de se
prononcer, s'il le lui est demandé, sur la mauvaise foi du salarié lorsqu'il a relaté des faits de harcèlement
moral pour déterminer si son licenciement prononcé pour ce motif est nul et constitue ainsi un trouble
manifestement illicite (Soc. 25 nov. 2015, no 14-17.551 , Bull. civ. V, no 235).

764. Violation d'une liberté fondamentale. - La Cour de cassation considère qu'en application il résulte
de l'article R. 1455-6 du code du travail que le juge des référés peut, même en l'absence de disposition
l'y autorisant, ordonner la poursuite des relations contractuelles en cas de violation d'une liberté
fondamentale par l'employeur. Ainsi, lorsque la rupture illicite d'un contrat à durée déterminée avant
l'échéance du terme comme intervenue en dehors des cas prévus par l'article L. 1243-1 du code du
travail fait suite à l'action en justice engagée par le salarié contre son employeur, il appartient à ce
dernier d'établir que sa décision est justifiée par des éléments étrangers à toute volonté de sanctionner
l'exercice, par le salarié, de son droit d'agir en justice (Soc. 6 févr. 2013, nos 11-11.740 , 11-11.742,
11-11.743, 11-11.744, 11-11.745, 11-11.746, 11-11.747 et 11-11.748, Bull. civ. V, no 27 ; RJS
no 4/13, no 265 ; Procédures, no 4, avr. 2013, no 107, note A. Bugada).

765. Licenciement au mépris de la protection de la femme enceinte. - Le licenciement d'une salariée en


situation de grossesse en dehors des prévisions prévues par la loi constitue un trouble manifestement
illicite. Le juge des référés peut faire cesser ce trouble en ordonnant la poursuite de la relation
contractuelle, notamment sous la forme du versement des salaires qui auraient été dus en cas de nullité
du licenciement (Soc. 9 nov. 1997, no 94-42.540, Bull. civ. V, no 382).

766. Paiement du salaire. - La reprise du paiement du salaire peut constituer une mesure propre à faire
cesser un trouble manifestement illicite (Soc. 3 mars 2015, no 13-22.411 , Bull. civ. V, no 37). Elle se
distingue ainsi du paiement d'une provision à valoir sur une créance de salaire.

767. Disparition du trouble. - Lorsque le trouble qui avait motivé la saisine du juge des référés a
disparu, il n'y a pas lieu à référé (Soc. 26 juin 1991, no 88-17.936 , Bull. civ. V, no 331).

§ 3 - Provision

768. Créance non sérieusement contestable. - Dans le cas où l'existence de l'obligation invoquée n'est
pas sérieusement contestable, il est possible d'obtenir du juge des référés une provision ou ordonner
l'exécution de l'obligation y compris s'il s'agit d'une obligation de faire (C. trav., art. R. 1455-7 ). La
demande en référé peut porter sur le paiement de salaires ou d'indemnités de rupture telles que
l'indemnité, légale ou conventionnelle, de licenciement, sauf si le principe de la rupture est contesté, de
remboursement de frais, mais aussi sur la remise de documents particuliers, comme les bulletins de paye
ou une attestation Pôle emploi. L'employeur peut également réclamer la restitution d'objets détenus par
le salarié.
769. Absence de critère d'urgence. - La décision du juge des référés sur l'allocation d'une provision n'est
pas subordonnée à la constatation d'une situation d'urgence, cette dernière n'étant pas une condition du
référé provision (Soc. 26 oct. 1993, no 91-44.990 ).

770. Interprétation d'une disposition conventionnelle. - Dans le cadre d'une demande de provision, la
formation de référé du conseil de prud'hommes a le pouvoir d'interpréter les dispositions d'une
convention collective ou d'un accord collectif avant de juger si la demande est ou non sérieusement
contestable (Soc. 15 janv. 2002, no 00-41.117 , Bull. civ. V, no 14. – Soc. 15 juin 2016, no 14-19.257
). L'interprétation d'un accord collectif est un élément de droit, distinct de la contestation qui porte
sur l'obligation objet du litige.

771. Contestation sur la rupture. - La formation de référé n'a pas le pouvoir de se prononcer sur
l'imputabilité de la rupture (Soc. 13 avr. 2010, no 08-45.112 . – Soc. 11 mai 2005, no 03-45.228 ,
Bull. civ. V, no 158 ; JCP S 2005. 1021, note B. Boubli. – Soc. 25 oct. 2007, no 06-43.590 , RJS 2/08,
no 150) pour octroyer ensuite une provision sur les indemnités de rupture. En revanche, le juge des
référés peut accorder une provision sur l'indemnité de préavis dès lors que l'employeur a dispensé le
salarié de l'exécution de ce préavis (Soc. 7 déc. 2005, no 03-47.890 , Bull. civ. V, no 360 ; RJS 2/06,
no 202).

772. Intérêts légaux. - La formation de référé a le pouvoir d'assortir des intérêts légaux les
condamnations qu'elle prononce (Soc. 21 févr. 1990, no 88-40.471 , Bull. civ. V, no 84).

Art. 3 - Procédure de référé

773. Demande. - La demande en référé doit être formée soit par acte d'huissier de justice, soit par
requête, dans les conditions de l'article R. 1452-1 du code du travail (C. trav., art. R. 1455-9 , al. 1er).

774. Acte d'huissier. - Lorsqu'elle est formée par voie d'acte d'huissier de justice, l'assignation n'a pas à
indiquer les lieu, jour et heures de l'audience. L'assignation doit, au plus tard, être remise au greffe la
veille de l'audience (C. trav., art. R. 1455-9 , al. 2).

775. Forme de la requête. - Lorsqu'elle est formée par requête, la demande doit répondre aux exigences
des articles R. 1452-2 et R. 1452-3 du code du travail (C. trav., art. R. 1455-9 , al. 3).

776. Délai de comparution. - Aucun délai minimal entre la date de convocation et la date de l'audience
n'est fixé. Il appartient dès lors au juge, conformément à l'article 486 du code de procédure civile, de
vérifier que le défendeur a bénéficié d'un délai raisonnable pour préparer sa défense (Soc. 14 nov.
1990, no 89-44.131 , Bull. civ. V, no 556).

777. Délai d'appel. - Le délai d'appel contre une décision de la formation de référé du conseil de
prud'hommes est de quinze jours (C. trav., art. R. 1455-11 ).

778. Exécution provisoire de plein droit. - Les décisions de la formation de référé du conseil de
prud'hommes sont exécutoires de plein droit, de sorte qu'en cas d'appel l'exécution provisoire ne peut
être arrêtée par le premier président de la cour d'appel que dans les conditions de l'article 514-3 du code
de procédure civile (Soc. 12 nov. 1997, no 95-43.263 , Bull. V, no 374. – Soc. 17 févr. 2004, no 02-
40.409 , RJS 2004, no 592).

779. Exécution sur minute. - Le conseil de prud'hommes statuant en référé a le pouvoir de décider que
sa décision sera exécutoire sur minute (C. trav., art. R. 1455-10 ; C. pr. civ., art. 489 ).

780. Absence d'autorité de chose jugée au fond. - Conformément aux dispositions des articles R. 1455-
10 du code du travail et 488 du code de procédure civile, la décision rendue en référé n'a pas autorité de
la chose jugée au fond. Néanmoins, la décision est opposable au juge et aux paries et elle ne peut être
modifiée ou rapportée en référé qu'en cas de circonstances nouvelles. Le juge du fond, saisi par l'une ou
l'autre des parties, peut donc, au vu des éléments qui lui sont soumis, rendre sur le fond une décision
différente de celle adoptée par le juge des référés. La décision sur le fond aura alors autorité de chose
jugée et s'imposera aux parties. En revanche, le juge du fond ne peut pas rejeter la demande au motif
que celle-ci a été tranchée par le juge des référés (Soc. 28 juin 1979, Bull. civ. V, no 590).

781. Astreinte. - Le juge des référés a le pouvoir d'ordonner une astreinte afin d'assurer l'exécution de sa
décision. Il peut s'en réserver la liquidation (C. trav., art. R. 1455-10 ; C. pr. civ., art. 491 ).

782. Exclusion des règles de caducité. - Les dispositions de l'article R. 1454-21 du code du travail, qui
renvoient à l'article 468 du code de procédure civile, ne sont pas applicables devant la formation de
référé du conseil de prud'hommes (Soc. 27 nov. 2013, no 12-21.275 , Bull. civ. V, no 287).

Art. 4 - Formation de jugement

783. Composition. - La formation de référé est commune à l'ensemble des sections du conseil de
prud'hommes (C. trav., art. R. 1455-1 ). Elle est composée d'un conseiller prud'homme salarié et d'un
conseiller prud'homme employeur.
784. Élection des membres de la formation de référé. - Les membres de la formation de référé sont élus
par l'assemblée générale du conseil de prud'hommes. Ils doivent être en nombre suffisant pour assurer
le service des audiences de référé (C. trav., art. R. 1455-2 ).

785. Présidence. - La présidence de la formation de jugement en référé est assurée alternativement par
un conseiller prud'homme salarié et par un conseiller prud'homme employeur (C. trav., art. R. 1455-3
).

786. Rythme d'audience. - Les audiences de référé sont fixées par le règlement intérieur du conseil de
prud'hommes. Il doit y avoir au moins une audience par semaine (C. trav., art. R. 1455-4 ).

787. Juge départiteur. - En cas de partage de voix, l'affaire est renvoyée à une audience de référé
présidée par le juge départiteur. Cette audience doit être tenue sans délai et au plus tard dans les
quinze jours de la décision de renvoi (C. trav., art. R. 1454-29 , al. 2). Le code du travail ne prévoit
pas de sanction en cas de non-respect de ce délai de quinzaine.

788. Impossibilité pour les juges de référé de statuer ensuite sur le fond. - Le juge qui a statué sur une
demande de référé ne peut pas, pour des raisons liées à l'exigence d'impartialité objective, statuer
ensuite au fond sur la même demande. C'est par exemple le cas lorsque la formation a alloué une
provision après avoir constaté l'existence d'une obligation qui ne se heurte à aucune contestation
sérieuse, et que le demandeur engage ensuite un litige relatif à cette même obligation (Cass., ass. plén.,
6 nov. 1998, no 98-17.709, Bull. ass. plén., no 5).

Art. 5 - Passerelle vers le juge du fond

789. Demande urgente excédant les pouvoirs du juge des référés. - Lorsque la demande excède les
pouvoirs du juge des référés, mais que celui-ci constate que cette demande présente une particulière
urgence, la formation de référé peut, avec l'accord des parties, renvoyer l'affaire devant le bureau de
jugement après avoir procédé à la tentative de conciliation dans les conditions prévues par l'article
R. 1454-10 du code du travail (C. trav., art. R. 1455-8 ).

790. Accord exprès des parties. - L'accord des parties doit porter expressément sur la possibilité de
renvoyer l'affaire devant le bureau de jugement de la formation compétente pour juger du fond de
l'affaire. Tel n'est pas le cas du défendeur qui, devant la formation de référé du conseil de prud'hommes,
se bornait à exciper de l'incompétence de cette formation en faisant valoir que seul le bureau de
jugement aurait dû être saisi, alors qu'il n'avait pas donné son accord au renvoi de l'affaire devant le
bureau de jugement comme le prévoit l'article R 516-33 du code du travail (Soc. 12 janv. 1989, no 86-
41.202 , Bull. civ. V, no 23).
Section 2 - Procédure accélérée au fond

Art. 1er - Cas d'ouverture

791. Objet. - La procédure accélérée au fond, issue du décret no 2019-1419 du 20 décembre 2019, a
pour objet de remplacer les procédures selon la forme des référés, combinant certaines règles du référé
tout en ayant pour objet de statuer au fond. Cette nouvelle dénomination permet d'éviter toute
confusion entre les décisions au fond qui relèvent de la procédure accélérée au fond, et les décisions de
référé qui n'ont pas autorité de chose jugée sur le fond (S. MRAOUAHI, La mutation du référé en la
forme : bienvenue à la procédure accélérée au fond, RDT 2019. 635 ).

792. Principe. - La procédure accélérée au fond ne peut être utilisée que lorsqu'elle est prévue par la loi
ou le règlement (C. pr. civ., art. 481-1 , al. 1er).

793. Contestation des avis du médecin du travail. - Le salarié et l'employeur peuvent saisir le conseil de
prud'hommes selon la procédure accélérée au fond, des contestations portant sur les avis propositions,
conclusions écrites ou indications émis par le médecin du travail reposant sur les éléments de nature
médicale en application des articles L. 4624-2, L. 4624-3 et L. 4624-4 du code du travail. Le médecin
du travail concerné doit être informé de la contestation par l'employeur, mais n'est pas partie au litige
(C. trav., art. L. 4624-7 I ).

794. Effet de la décision. - La décision du conseil de prud'hommes se substitue aux avis, aux
propositions, aux conclusions écrites ou aux indications objet de la contestation de l'employeur ou du
salarié (C. trav., art. L. 4624-7 II I).

795. Remplacement du médecin inspecteur désigné. - Le conseil de prud'hommes peut également,


selon la procédure accélérée au fond, procéder au remplacement du médecin inspecteur du travail
désigné en cas d'empêchement ou de récusation (C. trav., art. R. 4624-45-2 ).

796. Contestations sur la prise de certains congés. - Conformément à l'article L. 3142-3 du code du
travail, le conseil de prud'hommes peut être saisi selon la procédure accélérée au fond des contestations
relatives à la prise par le salarié de congés pour événements familiaux (Soc. 23 janv. 2019, no 17-
28.330 , Procédures 2019, comm. 80, note A. Bugada ; JCP S 2019. II. 1087, note S. Brissy). Le
conseil de prud'hommes statue en dernier ressort sur les contestations relatives à la prise des congés
pour événements familiaux présentées dans le cadre d'une procédure accélérée au fond (C. trav.,
art. R. 3142-1 ). Le conseil de prud'hommes peut être saisi dans les mêmes conditions en cas de litige
sur la prise de congés de formation de cadres d'animateurs pour la jeunesse, des responsables associatifs
bénévoles, des titulaires de mandats mutualistes autres qu'administrateurs et des membres des conseils
citoyens (C. trav., art. L. 3142-57 ). La procédure accélérée au fond est également ouverte en cas de
litige sur la prise d'un congé pour acquisition de la nationalité (C. trav., art. L. 3142-76 ), d'un congé
de solidarité familiale (C. trav., art. L. 3142-13 ), d'un congé pour engagement associatif, politique ou
militant (C. trav., art. L. 3142-39 ), d'un congé de participation aux instances d'emploi et de formation
professionnelle ou à un jury d'examen, d'un congé pour catastrophe naturelle (C. trav., art. L. 3142-51
), d'un congé de représentation d'une association, d'une mutuelle ou d'une collectivité territoriale
(C. trav., art. L. 3142-63 ) ou d'un congé de solidarité internationale pour le compte d'une association
à objet humanitaire ou pour le compte d'une organisation internationale dont la France est membre
(C. trav., art. L. 3142-69 ). La procédure accélérée au fond est ouverte en cas de litige sur la prise d'un
congé ou le passage à temps partiel pour la création ou la reprise d'une entreprise (C. trav., art. L. 3142-
113 ).

797. Droit d'alerte du CSE en cas d'atteinte aux droits des personnes. - Lorsqu'un membre de la
délégation du personnel au comité social et économique constate qu'il existe une atteinte aux droits des
personnes, à leur santé physique et mentale ou aux libertés individuelles dans l'entreprise qui ne serait
pas justifiée par la nature de la tâche à accomplir, ni proportionnée au but recherché, il peut en saisir
immédiatement l'employeur. En cas de carence de l'employeur, de divergence sur la réalité de l'atteinte
invoquée et à défaut de solution trouvée avec l'employeur, le salarié ou le membre de la délégation du
personnel au comité social et économique, si le salarié informé par écrit ne s'y oppose pas, saisit le
conseil de prud'hommes qui statue selon la procédure accélérée au fond (C. trav., art. L. 2312-59 ).

Art. 2 - Procédure applicable

798. Forme de la demande. - La saisine de la juridiction prud'homale statuant selon la procédure


accélérée au fond est formée dans les mêmes conditions que la demande en référé (C. trav.,
art. R. 1455-12 ). La demande est formée soit par acte d'huissier, soit par requête (C. trav.,
art. R. 1455-9 ).

799. Délai de comparution. - Si aucun délai minimal n'est prévu pour permettre la comparution du
défendeur, le juge doit s'assurer qu'il s'est écoulé un délai suffisant pour que ce dernier ait pu préparer
sa défense (C. pr. civ., art. 481 3o).

800. Exécution provisoire. - Le jugement rendu dans le cadre d'une procédure accélérée au fond est de
plein droit exécutoire par provision (C. trav., art. R. 1455-12 , al. 2, 2o).
801. Délai d'appel. - Le délai d'appel contre un jugement rendu dans une procédure accélérée au fond
est de quinze jours (C. pr. civ., art. 481-1 , al. 2).

802. Passerelle vers le bureau de jugement. - Lorsque le conseil de prud'hommes a été saisi à tort d'une
demande de procédure accélérée au fond, l'affaire peut être renvoyée devant le bureau de jugement
avec l'accord des parties dans les conditions de l'article R. 1455-8 du code du travail (C. trav.,
art. R. 1455-12 , al. 3).

803. Composition de la formation de jugement. - La demande relevant de la procédure accélérée au


fond est portée devant une formation de jugement composée dans les mêmes conditions que la
formation de référé (C. trav., art. R. 1455-12 , al. 4). En pratique, l'affaire est portée à la même
audience que l'audience de référé, même si la décision rendue sera une décision sur le fond.

Chapitre 4 - Frais et dépens

804. Principe. - En principe, la partie qui perd le procès est également condamnée à supporter les
dépens, à moins que le juge, par une décision motivée, n'en mette la totalité ou une partie à la charge
d'une autre partie (C. pr. civ., art. 696 ). Lorsque chaque partie succombe partiellement en ses
prétentions, le juge décide souverainement les conditions dans lesquelles ils vont être supportés par les
parties, quitte à les mettre à la charge d'une seule d'entre elles (Soc. 12 oct. 1978, no 77-40.761 , Bull.
civ. V, no 670 ; JCP 1978. IV. 343).

805. Liste réglementaire. - Les dépens n'incluent pas l'ensemble des frais exposés par les parties dans le
cadre de la procédure, mais uniquement ceux qui sont visés par l'article 695 du code de procédure
civile, lesquels correspondent à des diligences obligatoires pour la tenue de la procédure. Il s'agit des
frais suivants pour ce qui concerne la procédure prud'homale : droits divers perçus par les greffes des
juridictions ou l'administration à l'exception de droits éventuellement dus sur les actes produits à
l'appui des prétentions des parties ; frais de traduction des actes lorsque la traduction est rendue
nécessaire par la loi ou un engagement international ; indemnités des témoins ; rémunération des
techniciens ; débours tarifés ; émoluments des officiers publics ou ministériels ; frais de notification d'un
acte à l'étranger ; frais d'interprétariat et de traduction effectués dans le cadre du règlement (CE)
no 1206/2001. Ainsi, les frais d'avocats n'entrent pas dans les dépens lorsque la représentation n'est pas
obligatoire, ce qui est le cas devant le conseil de prud'hommes, même si ces frais sont réglementés (Soc.
14 nov. 1985, no 84-42.282 , Bull. civ. V, no 537 ; JCP 1986. IV. 40).

806. Frais d'exécution. - Les frais d'exécution du jugement du conseil de prud'hommes ne sont pas liés à
la tenue de l'instance qui s'est achevée avec le jugement et sa notification. Ces frais n'entrent donc pas
dans les dépens. En réalité, leur sort précis est réglé par le code des procédures civiles d'exécution qui
prévoit dans quelles conditions les frais de recouvrement sont mis à la charge du débiteur (C. pr. exéc.,
art. L. 111-7 s.).

807. Tarif des huissiers de justice. - La rémunération des huissiers de justice pour les actes qui relèvent
de leur monopole est réduite en matière prud'homale. Ainsi, pour leur ministère, leurs honoraires sont
égaux à la moitié de ceux prévus par le tarif pour les actes de même nature en matière civile ou
commerciale (C. trav., art. R. 1423-53 ; C. com., art. L. 444-1 à L. 444-7 et A. 444-11 à
A. 444-52 ). Il ne faut pas confondre frais tarifés et dépens. Les frais d'huissiers n'entrent dans les
dépens qu'à la condition d'être obligatoires pour la tenue de la procédure même s'ils sont tarifés. Ainsi,
une sommation, de faire ou de payer, qui est une mise en demeure de forme solennelle, n'est pas
obligatoire pour engager une action en paiement de salaire ou en délivrance de documents. Elle n'entre
donc pas dans les dépens, mais relève des dispositions relatives aux frais irrépétibles.

808. Témoins. - Les témoins dont l'audition a été ordonnée par le conseil de prud'hommes perçoivent
une indemnité de comparution et, le cas échéant, une indemnité de voyage égales à celles allouées aux
témoins en matière civile (C. trav., art. R. 1423-54 ). Ces frais entrent dans les dépens.

809. Frais irrépétibles. - Conformément à l'article 700 du code de procédure civile, le conseil de
prud'hommes peut condamner la partie perdante au paiement d'une indemnité qui a pour objet de
prendre en compte les frais exposés, mais non compris dans les dépens. Il s'agit par exemple des frais
d'avocat, mais aussi de consultation, de transport pour se rendre à l'audience, les frais de constat qui
n'ont pas été judiciairement ordonnés, les expertises amiables…

810. Aide juridictionnelle. - Les parties peuvent bénéficier de l'aide juridictionnelle, totale ou partielle,
sous condition de ressources, dans les conditions prévues par la loi no 91-647 du 10 juillet 1991.

811. Amende civile. - Conformément à l'article 32-1 du code de procédure civile, celui qui agit en
justice de façon dilatoire peut être condamné à une amende civile dont le montant maximal est fixé à
10 000 euros, et ce sans préjudice des dommages-intérêts qui pourraient être alloués à la partie victime
de cet abus. En cas de condamnation du défendeur à une telle amende, le juge doit caractériser un abus
du droit de défendre en justice (Soc. 30 janv. 2013, no 11-23.891 , Bull. civ. V, no 22). L'amende
civile à laquelle peut être condamné celui qui agit en justice de manière abusive constitue une mesure
de procédure civile qui peut être prononcée d'office par le juge, usant du pouvoir laissé à sa discrétion
par l'article 32-1 du code de procédure civile, sans être astreint aux exigences d'une procédure
contradictoire (Soc. 29 oct. 2008, no 06-42.170 . – Civ. 2e, 3 sept. 2015, no 14-11.676 , Procédures
2015, no 316, note H. Croze). L'amende civile prononcée par la juridiction est ensuite recouvrée par le
Trésor public.
Chapitre 5 - Rectifications

Section 1re - Erreurs et omissions matérielles

812. Objet. - Le conseil de prud'hommes peut réparer les erreurs ou omissions matérielles qui affectent
sa décision. Cette rectification s'opère selon ce que le dossier révèle ou, à défaut, selon ce que la raison
commande (C. pr. civ., art. 462 , al. 1er).

813. Saisine du conseil de prud'hommes. - Le conseil de prud'hommes est saisi par simple requête de
l'une des parties ou par requête commune. Il peut également se saisir d'office de la question (C. pr. civ.,
art. 462 , al. 2).

814. Audience. - Le conseil de prud'hommes doit se prononcer sur la requête en rectification des parties
entendues ou appelées. Il appartient donc au greffe du conseil de prud'hommes de procéder à la
convocation des parties. Toutefois, lorsque le conseil de prud'hommes est saisi par requête, c'est-à-dire à
la demande des parties, il statue sans audience, à moins qu'il n'estime nécessaire d'entendre les parties
(C. pr. civ., art. 462 , al. 3). Dans ce dernier cas, le conseil de prud'hommes doit toutefois recueillir les
observations des parties qui ne sont pas à l'origine de sa saisine. En revanche, en cas de saisine d'office
par le conseil de prud'hommes, l'organisation d'une audience n'est pas obligatoire.

815. Limites de la rectification. - Si les erreurs ou omissions matérielles affectant une décision peuvent
être réparées par la juridiction qui l'a rendue, celle-ci ne peut modifier les droits et obligations reconnus
aux parties par cette décision (Cass., ass. plén., 1er avr. 1994, no 91-20.250 , Bull. ass. plén. no 3 ;
D. 1994. 293, concl. Jéol ; JCP 1994. II. 22256, concl. Jéol ; RTD civ. 1994. 681, obs. Perrot ).

816. Mention sur la décision rectifiée. - La décision rendue sur la requête en omission de statuer est
mentionnée sur la minute et sur les expéditions du jugement rectifié (C. pr. civ., art. 462 , al. 4).

817. Notification. - La décision rendue sur la requête en rectification d'omission de statuer est notifiée
dans les mêmes conditions que le jugement rectifié (C. pr. civ., art. 462 , al. 4).

818. Voies de recours. - Lorsque le jugement rectifié est passé en autorité de chose jugée, la décision
rectificative ne peut être attaquée que selon un pourvoi en cassation (C. pr. civ., art. 462 , al. 5).

Section 2 - Omissions de statuer


819. Objet. - Comme les autres juridictions, le conseil de prud'hommes a le pouvoir de réparer une
omission de statuer en complétant un précédent jugement sans porter atteinte à l'autorité de la chose
jugée, sauf à rétablir, s'il y a lieu, le véritable exposé des prétentions respectives des parties et de leur
moyen (C. pr. civ., art. 463 , al. 1er).

820. Délai. - La demande en rectification d'une omission de statuer doit être présentée dans le délai
d'un an après que la décision est passée de force de chose jugée. En cas de pourvoi en cassation, le délai
court à compter de l'arrêt d'irrecevabilité (C. pr. civ., art. 463 , al. 2).

821. Délai en cas d'omission du remboursement des allocations chômage. - En cas d'omission par la
juridiction prud'homale d'avoir ordonné le remboursement à Pôle emploi par l'employeur des
indemnités de chômage alors que le licenciement a été déclaré sans cause réelle et sérieuse, le délai d'un
an ne court qu'à compter de la notification contenant l'indication des voies de recours (Soc. 7 janv.
1992, no 88-41.584 , Bull. civ. V, no 8).

822. Requête. - La demande en interprétation est formée par requête de l'une des parties ou par requête
commune (C. pr. civ., art. 463 , al. 3).

823. Audience. - Le conseil de prud'hommes doit se prononcer sur la requête en interprétation des
parties entendues ou appelées. Il appartient donc au greffe du conseil de prud'hommes de procéder à la
convocation des parties (C. pr. civ., art. 463 , al. 2).

824. Mention sur la décision rectifiée. - La décision rendue sur la requête en omission de statuer est
mentionnée sur la minute et sur les expéditions du jugement rectifié (C. pr. civ., art. 463 , al. 2).

825. Notification. - La décision rendue sur la requête en rectification d'omission de statuer est notifiée
dans les mêmes conditions que le jugement rectifié (C. pr. civ., art. 463 , al. 4).

826. Voies de recours. - Le jugement rendu sur la requête en omission de statuer est susceptible d'être
attaqué selon les mêmes voies de recours que celles ouvertes contre la décision rectifiée (C. pr. civ.,
art. 464 , al. 4).

Section 3 - Interprétation

827. Objet. - Comme toutes les juridictions, il appartient au conseil de prud'hommes d'interpréter sa
décision, à la condition qu'elle ne soit pas frappée d'appel (C. pr. civ., art. 461 , al. 1er).

828. Requête. - La demande en interprétation est formée par requête de l'une des parties ou par requête
commune (C. pr. civ., art. 461 , al. 2).
829. Audience. - Le conseil de prud'hommes doit se prononcer sur la requête en interprétation des
parties entendues ou appelées. Il appartient donc au greffe du conseil de prud'hommes de procéder à la
convocation des parties (C. pr. civ., art. 461 , al. 2).

830. Limites de l'interprétation. - Le conseil de prud'hommes saisi d'une contestation relative à


l'interprétation d'une précédente décision ne peut, sous prétexte d'en déterminer le sens, apporter une
modification quelconque aux dispositions précises de celle-ci (Soc. 16 avr. 1996, nos 94-14.915, 94-
14.916 et 94-11.660 , Bull. civ. V, no 164).

831. Voies de recours contre la décision interprétative. - Les jugements interprétatifs ont, quant aux
voies de recours, le même caractère et sont soumis aux mêmes règles que les jugements interprétés (Soc.
27 janv. 2000, no 97-43.998 , JCP 2000. II. 10330, note Perdriau).

Section 4 - Exécution du jugement

832. Titre exécutoire. - Le jugement du conseil de prud'hommes constitue un titre exécutoire (C. pr.
exéc., art. L. 111-3 ) qui peut être mis à exécution forcée comme toutes les décisions judiciaires, dès
lors qu'il constate une créance liquide et exigible (C. pr. exéc., art. L. 111-2 ).

833. Notification préalable. - Le jugement du conseil de prud'hommes ne peut être exécuté contre celui
à qui il est opposé qu'après avoir fait l'objet d'une notification régulière, à moins que l'exécution ne soit
volontaire (C. pr. civ., art. 503 ). Pour pouvoir mettre à exécution un jugement prud'homal, le
créancier doit s'assurer que la décision a bien été notifiée par le greffe du conseil de prud'hommes
(C. trav., art. R. 1454-26 , al. 1er), et si cette notification n'est pas parvenue au destinataire, il doit
alors procéder par voie de signification par acte d'huissier (C. pr. civ., art. 670-1 ). Le créancier peut
toujours faire procéder à une signification du jugement par acte d'huissier, même s'il a déjà été notifié
préalablement en la forme ordinaire par le greffe.

834. Caractère exécutoire du jugement. - Le jugement est exécutoire lorsqu'il n'est plus susceptible
d'aucun recours suspensif ou qu'il bénéficie de l'exécution provisoire. Le caractère exécutoire de la
décision peut aussi résulter de l'acquiescement de l'autre partie ou d'un certificat permettant d'établir
l'absence, dans le délai, d'une opposition ou d'un appel (C. pr. civ., art. 504 ).

835. Certificat de non-appel. - Le certificat de non-opposition ou de non-appel peut être obtenu auprès
de la juridiction devant laquelle le recours devait être exercé (C. pr. civ., art. 505 ).
836. Juge de l'exécution. - Le conseil de prud'hommes ne connaît pas de l'exécution forcée de ses
jugements (C. trav., art. R. 1454-27 ). Les litiges relatifs à l'exécution forcée d'un jugement
prud'homal relèvent de la compétence exclusive du juge de l'exécution (C. pr. exéc., art. L. 121-1 ).

837. Prescription. - L'exécution d'un jugement prud'homal se prescrit par dix ans, sauf si les actions de
recouvrement des créances qui y sont constatées se prescrivent par un délai plus long (C. pr. exéc.,
art. L. 111-4 , al. 1er). Le délai de prescription extinctive prévu à l'article 2232 du code de procédure
civile n'est pas applicable pour l'exécution forcée des titres exécutoires. Ce délai de prescription peut
être interrompu par les causes habituelles d'interruption telles qu'une voie d'exécution. Ainsi, une saisie
des rémunérations du travail interrompt la prescription de l'exécution du titre exécutoire qui constate la
créance objet de la saisie et fait courir un nouveau délai de prescription (Civ. 2e, 2 déc. 2015, no 14-
27.138, Bull. civ. II, no 268 ; Dr. et pr. 2015. 216, obs. Lauvergnat ; D. 2015. 743, chron. Cass ., obs.
Adida-Canac, Vasseur et de Leiris).

Chapitre 6 - Voies de recours

Section 1re - Voies de recours ordinaires

§ 1er - Appel

838. Conditions. - Les jugements des conseils de prud'hommes sont susceptibles d'appel sauf lorsqu'ils
sont rendus en dernier ressort (C. trav., art. L. 1462-1 ). Le taux de dernier ressort est fixé à
4 000 euros par l'article D. 1462-3 du code du travail.

839. Demande indéterminée. - Conformément à l'article 40 du code de procédure civile, le jugement


qui statue sur une demande indéterminée est susceptible d'appel. Ainsi, la Cour de cassation considère
que n'est pas indéterminée, quel que soit son fondement allégué, une demande tendant à l'allocation
d'une somme d'argent dont le montant est précisé (Soc. 23 mai 2006, no 03-45.447 , Bull. civ. V,
no 183). La Cour de cassation fait une application stricte de cette règle, y compris lorsque les
conséquences pécuniaires de la demande apparaissent modiques. Ainsi, constituent des demandes
indéterminées sur lesquelles il est statué en premier ressort : la demande d'annulation d'une sanction
disciplinaire (Soc. 1er oct. 1996, no 93-43.959 , Bull. civ. V, no 48) ; la demande de l'employeur
tendant à obtenir la justification par le salarié de l'utilisation de ses heures de délégation (Soc. 19 oct.
1994, no 91-41.097 , Dr. soc. 1995. 72 ) ; la demande d'annulation d'une clause de non-
concurrence (Soc. 15 mars 1978, no 77-40.650, Bull. civ. V, no 186) ou celle tendant à l'octroi d'un jour
de repos supplémentaire (Soc. 26 mai 2010, no 09-65.948 ).

840. Demande de requalification. - Une demande de requalification de la relation contractuelle est


indéterminée et susceptible d'appel (Soc. 9 févr. 2005, no 04-41.214 ). C'est par exemple le cas de la
demande de requalification de la relation de travail en contrat à durée indéterminée (Soc. 12 mars
1996, no 92-43.139, Bull. civ. V, no 93), comme de celle tendant à obtenir la qualification de contrat à
durée déterminée au contrat de travail conclu entre les parties (Soc. 28 janv. 1998, no 95-43.660 ,
Bull. civ. V, no 48).

841. Contestation du licenciement. - La demande tendant à faire déclarer le licenciement comme


abusif, qui est de nature indéterminée, est susceptible d'appel, peu important le montant des sommes
demandées (Soc. 8 juill. 2020, no 18-25.370, en cours de publication). Il en va de même pour la
demande qui tend à faire juger que l'employeur aurait dû appliquer les règles du licenciement collectif
(Soc. 3 oct. 1990, no 89-44.201 , Bull. civ. V, no 410).

842. Qualification erronée du jugement. - Conformément à l'article 536 alinéa 1er du code de
procédure civile, la qualification erronée d'un jugement est sans effet sur les voies de recours ouvertes
au regard de la nature des demandes qui ont été tranchées.

843. Délai d'appel. - Le délai d'appel est d'un mois (C. trav., art. R. 1461-1 ). Il est de quinze jours en
matière de référé (C. trav., art. R. 1455-1 ). Le délai d'appel court à compter de la notification de la
décision. En cas de notification par la voie postale, le délai court à compter de la réception de la
notification par le destinataire (C. pr. civ., art. 668 ). En cas de notification successive auprès de la
même personne, le délai d'appel court à compter de la première notification régulière (Soc. 30 mai
2012, no 11-10.247 , RJS 8-9/12, no 733. – Civ. 2e, 5 févr. 2009, no 07-13.589 , Bull. civ. II,
no 35).

844. Notification retournée au greffe. - Lorsque la notification par la voie postale est retournée par les
services postaux, le greffe doit inviter les parties à procéder par voie de signification par huissier. En
l'absence d'une telle signification, le délai d'appel ne court pas (Soc. 7 mars 1992, no 89-42.408, Bull.
civ. V, no 159. – Soc. 7 juill. 1993, no 90-41.346 , Bull. civ. V, no 199).
845. Mention erronée sur les voies de recours ouvertes. - Le délai d'appel ne court pas lorsque la
notification contient une information sur la voie de recours ouverte (Soc. 5 juin 2001, no 99-41.289 ,
Bull. civ. V, no 205. – Soc. 29 mai 2013, no 12-13.357 , Bull. civ. V, no 140).

846. Conditions d'allongement et de prorogation du délai d'appel. - Le délai d'appel est allongé en
raison des distances dans les conditions des articles 642 et 644 du code de procédure civile.

847. Lorsque le délai d'appel expire un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé, le délai est
prorogé jusqu'au jour ouvrable suivant (C. pr. civ., art. 642 ).

848. Chambre sociale. - L'appel contre une décision de la juridiction prud'homale est porté devant la
chambre sociale de la cour d'appel (C. trav., art. R. 1461-2 , al. 1er). Cette chambre sociale connaît de
l'appel des jugements rendus en matière de sécurité sociale, de contrat de travail et en application des
lois sociales (COJ, art. R. 311-6 ). Il ne s'agit pas d'une compétence exclusive (Soc. 16 juin 1961,
RTD civ. 1962. 165, obs. Hébraud).

849. Procédure d'appel. - L'appel est formé, instruit et jugé selon la procédure avec représentation
obligatoire (C. trav., art R. 1461-2, al. 2). Les parties doivent donc être représentées par un avocat ou
par un défenseur syndical. Toutefois, les règles de la postulation en appel ne s'appliquent pas en
matière prud'homale de sorte que les parties peuvent être représentées par un avocat extérieur à la cour
d'appel saisie (Cass., avis, 5 mai 2017, no 17-70.005 , Bull. avis, no 5 ; JCP E 2017. Actu., no 383 ;
D. 2017. 990 ; RDT 2017. 436, note F. Guiomard ; JCP 2017. II. 732, note S. Lataste).

850. Forme de l'appel. - L'appel est formé auprès du greffe de la cour d'appel par déclaration unilatérale
ou par requête conjointe (C. pr. civ., art. 900 ). L'acte d'appel doit contenir les mentions prévues par
l'article 57 du code de procédure civile et contenir, à peine de nullité : la constitution d'avocat de
l'appelant ; l'indication de la décision attaquée ; l'indication de la cour devant laquelle elle est portée ;
les chefs du jugement expressément critiqués auxquels l'appel est limité, sauf si l'appel tend à
l'annulation du jugement ou si l'objet du litige est indivisible. L'acte d'appel doit être signé par l'avocat
ou le défenseur syndical constitué et être accompagné d'une copie de la décision attaquée (C. pr. civ.,
art. 901 ).

851. Procédure avec représentation obligatoire. - Les appels contre un jugement prud'homal relèvent
de la procédure avec représentation obligatoire (C. trav., art. R. 1461-2 ). Les parties sont tenues de
constituer soit un avocat, soit un défenseur syndical (C. trav., art. L. 1453-4 ).

852. Communications avec le défenseur syndical. - Si le défenseur syndical doit respecter la procédure
écrite applicable devant la cour d'appel, les dispositions de l'article 930-1 du code de procédure civile,
relatif à la communication électronique des actes de procédure, ne lui sont pas applicables. Les actes de
procédure effectués par le défenseur syndical peuvent être établis sur support papier et remis au greffe
ou lui être adressés par lettre recommandée avec demande d'avis de réception (C. pr. civ., art. 932 ).
De la même façon, les communications entre un avocat et un défenseur syndical sont faites par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception ou de signification (C. pr. civ., art. 930-3 ).

853. Absence de postulation. - L'application des dispositions du code de procédure civile relatives à la
représentation obligatoire devant la cour d'appel statuant en matière prud'homale, résultant de la loi
no 2015-990 du 6 août 2015 et du décret no 2016-660 du 20 mai 2016, n'implique pas la mise en
œuvre des règles de la postulation devant les cours d'appel découlant des articles 5 et 5-1 de la loi no 71-
1130 du 31 décembre 1971 modifiée portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques,
les parties pouvant être représentées par tout avocat, si elles ne font pas le choix d'un défenseur syndical
(Cass., avis, 5 mai 2017, no 17-70.004 , Bull. avis no 4).

854. Dispense de droit d'appel. - Dans la mesure où le justiciable a le choix, pour sa représentation
devant la cour d'appel, entre un avocat et un défenseur syndical, il n'est pas tenu de payer le droit
d'appel de 225 euros prévu par l'article 1365 bis P du code général des impôts.

§ 2 - Opposition

855. Définition. - L'opposition est une voie de recours qui tend à faire rétracter un jugement rendu par
défaut. Cette voie de recours n'est ouverte qu'à la partie défaillante devant le conseil de prud'hommes
dont le jugement est ainsi contesté (C. pr. civ., art. 571 ). L'opposition a pour objet de remettre en
question devant le même juge les points jugés par défaut pour qu'il soit à nouveau statué sur le fond en
fait et en droit (C. pr. civ., art. 572 , al. 2. – Soc. 25 mai 1994, no 90-43.338 ).

856. Délai d'opposition. - Conformément à l'article 538 du code de procédure civile, le délai
d'opposition est d'un mois. Il court à compter de la notification régulière de la décision (Soc. 30 sept.
1992, no 90-43.027, Bull. civ. V, no 489). Ce délai ne court pas s'il n'a pas été indiqué sur la notification
de la décision (Soc. 13 juill. 2005, no 03-45.505 , Bull. civ. V, no 247).

857. Conditions d'allongement et de prorogation du délai d'opposition. - Le délai d'opposition est


allongé en raison des distances dans les conditions des articles 642 et 644 du code de procédure civile.
Lorsque le délai d'opposition expire un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé, le délai est
prorogé jusqu'au jour ouvrable suivant (C. pr. civ., art. 642 ).

858. Forme de l'opposition. - L'opposition est formée par requête remise ou dressée au conseil de
prud'hommes dans les conditions des articles R. 1452-1 et R. 1452-2 du code du travail (C. trav.,
art. R. 1463-1 , al. 2).
859. Saisine directe du bureau de jugement. - L'opposition formée contre une décision du conseil de
prud'hommes est portée directement devant le bureau de jugement (C. trav., art. R. 1463-1 ).

860. Jugement de l'opposition. - L'opposition est jugée selon la procédure de droit commun devant le
bureau de jugement du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1463-1 , al. 2).

Section 2 - Voies de recours extraordinaires

§ 1er - Tierce opposition

861. Définition. - La tierce opposition tend à faire rétracter ou réformer un jugement au profit d'un tiers
à la procédure qui attaque cette décision. Elle remet en question relativement à l'auteur de la tierce
opposition les points jugés qu'elle critique pour qu'il soit à nouveau statué en fait et en droit (C. pr. civ.,
art. 582 ).

862. Ouverture de la tierce opposition. - La tierce opposition est ouverte à toute personne qui a intérêt à
contester la décision à condition qu'elle n'ait été ni partie ni représentée au jugement qu'elle attaque
(C. pr. civ., art. 583 ). Ainsi, par exemple, seul un salarié peut agir en nullité de la clause de non-
concurrence insérée à son contrat de travail. En revanche, un nouvel employeur ne peut former, en
invoquant une telle nullité, tierce opposition au jugement qui a statué sur cette action (Soc. 2 févr.
2006, no 04-41.004 , Bull. civ. V, no 56).

863. Organisme de chômage. - L'organisme qui a versé des indemnités de chômage au salarié licencié,
qui, par l'effet de la loi, est partie au litige opposant l'employeur au salarié qui soutient avoir été licencié
sans cause réelle et sérieuse, n'est pas recevable à former tierce opposition à la décision statuant sur ce
litige (Soc. 9 mai 1990, no 87-42.055 , Bull. civ. V, no 216).

864. Forme de la tierce opposition. - La tierce opposition est formée par requête remise ou dressée au
conseil de prud'hommes dans les conditions des articles R. 1452-1 et R. 1452-2 du code du travail
(C. trav., art. R. 1463-1 , al. 3).

865. Saisine directe du bureau de jugement. - La tierce opposition formée contre une décision du
conseil de prud'hommes est portée directement devant le bureau de jugement (C. trav., art. R. 1463-1
).

866. Jugement de l'opposition. - La tierce opposition est jugée selon la procédure de droit commun
devant le bureau de jugement du conseil de prud'hommes (C. trav., art. R. 1463-1 ).
§ 2 - Pourvoi en cassation

867. Objet. - Conformément à l'article 604 du code de procédure civile, le pourvoi en cassation tend à
faire censurer par la Cour de cassation la non-conformité du jugement qu'il attaque aux règles de droit.
La Cour de cassation n'étant pas un troisième degré de juridiction, le pourvoi en cassation ne peut pas
remettre en cause les éléments d'appréciation qui relèvent du pouvoir souverain des juges du fond, mais
seulement critiquer les motifs qui seraient contraires à la règle de droit invoquée.

868. Conditions. - Le pourvoi en cassation est ouvert à toute partie à la décision qui y a intérêt, même si
la disposition qui lui est défavorable ne profite pas à son adversaire (C. pr. civ., art. 609 ). Selon
l'article 605 du code de procédure civile, il est ouvert contre les décisions rendues en dernier ressort
(Soc. 3 oct. 1990, no 89-44.201 , Bull. civ. V, no 410).

869. Délai du pourvoi en cassation. - Le délai du pourvoi en cassation est, sauf disposition contraire, de
deux mois (C. pr. civ., art. 612 ).

870. Conditions d'allongement et de prorogation du délai de pourvoi en cassation. - Le délai de pourvoi


est allongé en raison des distances dans les conditions des articles 642 et 644 du code de procédure
civile. Lorsque le délai de pourvoi en cassation expire un samedi, un dimanche ou un jour férié ou
chômé, le délai est prorogé jusqu'au jour ouvrable suivant (C. pr. civ., art. 642 ).

871. Dernier ressort. - Les jugements du conseil de prud'hommes sont rendus en dernier ressort et
susceptibles d'un pourvoi en cassation lorsque la valeur totale des prétentions d'aucune des parties ne
dépasse pas un taux fixé par décret (C. trav., art. L. 1462-1 ). Le taux de compétence en dernier
ressort du conseil de prud'hommes a été fixé à 4 000 euros par l'article D. 1462-3 du code du travail.

872. Remise de certaines pièces. - Les demandes qui tendent à la remise, même sous astreinte, de
certificats de travail, de bulletins de paie ou de toute pièce que l'employeur est tenu de délivrer sont
rendus en dernier ressort, sauf si le conseil de prud'hommes statue en premier ressort en raison d'une
autre demande dont il est saisi (C. trav., art. R. 1462-1 ).

873. Radiation. - Les décisions de radiation, qui sont des décisions d'administration judiciaire, ne sont
pas susceptibles de faire l'objet d'un pourvoi en cassation (Soc. 8 juill. 1992, no 91-60.252 ).

874. Astreinte. - L'astreinte est une mesure de contrainte destinée à vaincre la résistance opposée à
l'exécution d'une injonction, en étant l'accessoire, le jugement rendu sur une demande en paiement
d'une somme dont le montant est inférieur au taux du dernier ressort n'est pas susceptible d'appel
lorsque celle-ci est assortie d'une demande d'astreinte (Soc. 22 oct. 2014, no 12-10.587, Bull. civ. V,
no 245).

875. Demande de transmission du jugement à intervenir au procureur de la République. - La demande


de transmission du jugement à intervenir au procureur de la République sur le fondement de l'article
40 du code de procédure pénale n'est pas de nature à rendre le jugement susceptible d'appel (Soc.
26 sept. 2018, nos 17-17.974 et 17-17.975, en cours de publication ; Procédures 2018, comm. 338,
note A. Bugada).

876. Indifférence de la demande reconventionnelle fondée sur la demande initiale. - Lorsqu'une


demande reconventionnelle fondée exclusivement sur la demande initiale dépasse le taux de dernier
ressort, le jugement n'est pas susceptible d'appel si les autres demandes sont jugées en dernier ressort
(C. trav., art. R. 1462-2 ). En revanche, lorsque la demande reconventionnelle n'est pas fondée
exclusivement sur la demande initiale, comme par exemple lorsqu'elle est fondée sur le préjudice moral
et commercial causé par le comportement fautif du salarié, il en sera tenu compte pour la détermination
du taux de ressort (Soc. 9 avr. 1998, no 97-41.235 ).

877. Décisions qui ne tranchent pas le principal. - Conformément aux articles 606, 607 et 608 du code
de procédure civile que, sauf dans les cas spécifiés par la loi, les jugements en dernier ressort qui ne
mettent pas fin à l'instance ne peuvent être frappés de pourvoi en cassation indépendamment des
jugements sur le fond que s'ils tranchent dans leur dispositif tout ou partie du principal. Ainsi, par
exemple, il n'est pas possible de former un pourvoi contre l'arrêt qui, dans son dispositif, dit que le
salarié établit des faits laissant présumer l'existence d'une « discrimination salariale » et ordonne la
production de pièces, mais ne se prononce pas sur la demande fondée sur la violation du principe « à
travail égal, salaire égal » (Soc. 7 avr. 2010, no 08-44.629 , Bull. civ. V, no 90 ; JCP S 2010. 1265,
note S. Brissey). Il en va de même pour le pourvoi contre une décision qui se borne, dans son dispositif,
sans mettre fin à l'instance, à ordonner avant dire droit la réouverture des débats sans se prononcer sur
le fond du litige (Soc. 16 janv. 2008, nos 05-41.313 et no 07-43.346, Bull. civ. V, no 247). La
question de savoir si le jugement a ou non tranché le principal n'examine qu'au regard de ce qui figure
dans le dispositif, et qui se trouve revêtu de l'autorité de chose jugée, ainsi qu'il résulte de l'article 480
du code de procédure civile.

878. Mentions erronées sur la qualification du jugement. - En application de l'article 536 du code de
procédure civile, la qualification inexacte d'un jugement par les juges qui l'ont rendu est sans effet sur le
droit d'exercer un recours. L'erreur de qualification du jugement rendu par le conseil de prud'hommes,
qui indique à tort être rendu en dernier ressort, alors qu'en réalité, au vu des demandes qui lui ont été
soumises, l'appel est ouvert, n'a pas d'incidence sur les voies de recours réellement ouvertes. Le pourvoi
en cassation formé à tort est irrecevable (Soc. 20 oct., no 93-42.800, RJS 12/94, no 1371). Toutefois,
dans une telle hypothèse d'erreur de qualification, le délai de recours ne court pas, sauf si l'acte de
notification indique le délai de recours effectivement applicable (Civ. 2e, 3 juin 1999, no 97-15.511 ,
Bull. civ. II, no 108 ; D. 1999. IR 75 ; RTD civ. 1999. 702, obs. Perrot ).

879. Procédure avec représentation obligatoire. - Le pourvoi formé contre un jugement prud'homal
relève de la procédure avec représentation obligatoire. Les parties sont donc tenues de constituer un
avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation. Le pourvoi doit être formé par un tel avocat au
Conseil d'État et à la Cour de cassation (C. pr. civ., art. 974 s.).

880. Chambre sociale de la Cour de cassation. - Les pourvois formés contre les décisions prud'homales
sont portés devant la chambre sociale de la Cour de cassation, à moins que la question posée ne relève
de la compétence d'une autre chambre.

§ 3 - Révision

881. Définition. - Le recours en révision tend à faire rétracter un jugement passé en force de chose
jugée pour qu'il soit à nouveau statué en fait et en droit (C. pr. civ., art. 593 ). Il n'est ouvert qu'aux
personnes qui ont été parties au jugement (C. pr. civ., art. 594 ).

882. Cas d'ouverture. - Le recours en révision est ouvert dans les cas suivants : s'il se révèle, après le
jugement, que la décision a été surprise par la fraude de la partie au profit de laquelle elle a été rendue ;
si, depuis le jugement, il a été recouvré des pièces décisives qui avaient été retenues par le fait d'une
partie ; s'il a été jugé sur des pièces reconnues ou judiciairement déclarées fausses depuis le jugement ;
s'il a été jugé sur des attestations, des témoignages ou des serments judiciairement déclarés faux depuis
le jugement (C. pr. civ., art. 595 ).

883. Condition de recevabilité. - Le recours en révision n'est recevable que si son auteur n'a pu, sans
faute de sa part, faire valoir la cause qu'il invoque avant que la décision ne soit passée en force de chose
jugée (C. pr. civ., art. 595 ). Ce recours est donc recevable dès lors, c'est-à-dire qui n'est susceptible
d'aucun recours suspensif d'exécution (Soc. 26 sept. 1989, no 87-41.377 , Bull. civ. V, no 543), étant
précisé que le pourvoi en cassation n'est pas suspensif d'exécution même s'il est encore ouvert.

884. Délai. - Le recours en révision doit être introduit dans le délai de deux mois à compter du jour où
la partie a eu connaissance de la cause de révision qu'elle invoque (C. pr. civ., art. 596 ).

885. Forme du recours en révision. - Le recours en révision est introduit par voie de citation. Toutefois,
s'il est introduit contre un jugement produit dans une autre instance, le recours en révision est présenté
selon les formes prévues pour la présentation des moyens de défense (C. pr. civ., art. 598 ). Seule la
convocation adressée par le conseil de prud'hommes valant citation, le recours en révision est
irrecevable si celle-ci est adressée postérieurement à l'expiration du délai de deux mois, même si la
saisine a été remise au greffe avant (Soc. 19 févr. 1992, no 88-44.324 , Bull. civ. V, no 104).

886. Ministère public. - Le recours en révision est communiqué au ministère public (C. pr. civ.,
art. 600 ) à la diligence du conseil de prud'hommes.

Index alphabétique

■Accident du travail 284

■Accord collectif 171, 566

■Acte d'huissier 807

■Action de groupe 111

■Action de substitution 87, 492 s.

■Agents de contrôle 642

■Agent de maîtrise 340

■AGS 546, 728 s.

■Aide à la personne 96

■Aide juridictionnelle 531, 810

■Allocations de chômage 685 s.

■Amende civile 247, 811

■Appel 838 s.

■Apprentis 76 s.

■Artiste 41 s.

■Assemblée générale 211, 371

■Assistance 474 s.
■Assistant familial 73 s.

■Assistant maternel 73 s.

■Astreinte 659, 874

■Autorisation administrative 288, 293, 298, 299, 404

■Avis de la Cour de cassation 565 s.

■Avocat 107, 125, 471

■Barème 681 s.

■Bénévolat 21

■Bâtonnier de l'ordre des avocats 107

■Bordereau de communication 415

■Budget 217

■Bureau de conciliation et d'orientation 195, 616 s.

■Bureau de jugement 196, 666 s.

■Caducité 440, 506 s.

■Certificat de non-appel 835

■Citation 448

■Chambre de commerce et d'industrie 32

■Chambre du conseil de prud'hommes 186 s.

■Chambre sociale de la cour d'appel 848

■Chambre sociale de la Cour de cassation 880

■Changement des conditions de travail 287

■Clause compromissoire 144


■Clôture de la mise en état 648 s.

■Co-emploi 80

■Commission nationale de discipline 263

■Communication de pièces 634

■Communications tardives 669

■Comparution 513

■Compétence d'attribution 9

■Compétence d'ordre public 10

■Concierge 62 s.

■Conciliateur de justice 595 s.

■Conciliation 616 s., 689 s.

■Conciliation conventionnelle 597

■Conclusions 471

■Confidentialité 609

■Congés 796

■Conseil de la prud'homie 227 s.

■Conseiller rapporteur 639 s.

■Constat d'accord 691

■Contestation sérieuse 760, 768

■Contradictoire 463

■Contrat de sécurisation professionnelle 421

■Contrat de travail 12 s.
■Contrat de travail à durée déterminée 423, 494, 735

■Contrat de travail temporaire 736

■Convention collective 171

■Convocation 444 s., 515

■Cotisations sociales 739 et 740

■Cour de cassation 564, 576, 582, 583

■Curatelle 454

■Débats 670 s.

■Décès 542

■Défaut de diligence 668

■Défendeur 445, 446, 456

■Défense au fond 585

■Défenseur syndical 240, 385 s., 851

■Délai de comparution 450, 776, 799

■Délai d'appel 777, 801, 843

■Délai d'audiencement 451

■Délibéré 674, 675, 677, 678

■Déontologie 231

■Demande nouvelle 466

■Demandeur 455, 506

■Déni de justice 272

■Départage 199
■Dépens 804 s.

■Désistement 439, 468

■Directeur de greffe 379 s.

■Dispense de comparution 635

■Discipline 263 s.

■Discrimination 83, 94, 427, 497

■Dissolution amiable 547

■Dommage corporel 429

■Dommage imminent 761 s.

■Doute 703

■Droit d'appel 854

■Droit d'alerte 797

■Droits d'auteur 104

■Employé d'immeuble à usage d'habitation 62 s.

■Erreur matérielle 812 s.

■Esclavage moderne 22

■Établissement 120

■Établissement public administratif 31

■Exception de procédure 152 s.

■exécution du contrat de travail 422

■Exécution provisoire 778 s., 800

■Extinction de l'instance 627


■Faute lourde 271

■Fin de non-recevoir 431

■Fixation de créance 549, 714, 731

■Frais de déplacement 243, 397

■Fonctionnaire 23, 33

■Forclusion 720

■Formation de référé 11, 190 s.

■Formation initiale 259, 308, 309

■Formation continue 310

■Formation restreinte du bureau de jugement 197, 629

■Frais 804 s.

■Gérant de succursale 64 s.

■Gérant de succursale de commerce de détail alimentaire 69 s.

■Greffe 376 s., 412

■Greffier 482

■Groupement d'employeurs 503

■Harcèlement moral 92, 428, 498

■Harcèlement sexuel 428, 498

■Homologation 608, 615

■Honorariat 204, 365 s.

■Huissiers de justice 807

■Immunité de juridiction 145 s.


■Impartialité 236 s., 645

■Infraction pénale 304

■Insigne 312

■Inspection 219

■Intérêts légaux 458, 772

■Interprétation 827 s.

■Interruption de l'instance 532, 540 s., 708

■Interruption de la prescription 433 s.

■Intervention volontaire 523

■Jonction 700

■Journaliste professionnel 37 s.

■Juge administratif 114

■Juge départiteur 368 s.

■Jugement 676, 741 s.

■Jugement d'ouverture 706

■Juridiction administrative 162, 328

■Juridiction arbitrale 167

■Juridiction étrangère 161, 167

■Juridiction répressive 167

■Liberté fondamentale 764

■Licenciement 288, 292, 399, 402, 681 s.

■Licenciement économique 420, 457, 496, 692 s.


■Licenciement sans cause réelle et sérieuse 681

■Lien de subordination 15 s.

■Maître de l'enseignement privé 29

■Mandat impératif 244, 250, 255

■Mandat social 18

■Mannequin 49 s.

■Marchandage 501

■Marins 102 et 103

■Médaille 312

■Médecin-inspecteur 795

■Médecin du travail 793

■Médiateur 600, 615

■Médiation 600 s.

■Mesures conservatoires 575

■Mesures d'instruction 658

■Mesures provisoires 653 s.

■Mineur 478

■Ministère public 373 s., 556, 572, 578, 886

■Mise à la retraite 299, 405

■Mise en état 633 s.

■Modes alternatifs de règlement des litiges 594 s.

■Modification du contrat de travail 287


■Notes d'audience 672

■Note en délibéré 677

■Notification 520, 747 s., 825

■Novation 625

■Nullité de fond 483

■Nullité du licenciement 292, 402

■Omission matérielle 812 s.

■Omission de statuer 686, 819 s.

■Opposition 855 s.

■Oralité 460 s.

■Ordonnance de clôture 647 s.

■Organisme de chômage 685

■Parquet général 581, 582

■Passerelle 789, 802

■Péremption 525, 527 s., 604

■Période d'essai 301

■Pigiste 38

■Plan de sauvegarde de l'emploi 116

■Pôle emploi 685

■Police de l'audience 673

■Postulation 853

■Pouvoir 480 s.
■Pourvoi en cassation 867 s.

■Premier président de cour d'appel 262, 578

■Prescription 417 s.

■Prestation de serment 359

■Prêt illicite de main-d'œuvre 502

■Prise à partie 272

■Prise d'acte de la rupture 303, 407

■Procédure accélérée au fond 791 s.

■Procédure collective 105 s., 544 s.

■Procédure participative 612 s.

■Procès-verbal de conciliation 624

■Protection sociale 285

■Provision 655, 768 s.

■Question prioritaire de constitutionnalité 551 s.

■Question préjudicielle 586, 588

■Rabat de clôture 649

■Radiation 517 s.

■Reçu pour solde de tout compte 440, 430, 443

■Rectification 812 s.

■Récusation 245 s.

■Référé 190 s., 743 s.

■Référentiel 689
■Refus de service 260

■Règlement intérieur 170, 203

■Réintégration 296

■Relevé de créances salariales 719 s.

■Relevé d'incapacité 270

■Rémunération 20, 273 s., 396

■Renvoi 469, 516

■renvoi préjudiciel 586

■Représentant des salariés 727

■Représentation 473 s.

■Représentation obligatoire 851, 879

■Résiliation judiciaire 302, 406

■Responsabilité extra-contractuelle 100

■Requête 409 s.

■Rétablissement de l'affaire 522

■Retrait du rôle 517

■Révision 881 s.

■Rupture conventionnelle 117, 300

■Rupture du contrat de travail 419

■Saisine du conseil de prud'hommes 409 s.

■Salaire 424

■Sanctions disciplinaires 286 s., 398


■secret du délibéré 251, 678

■Section du conseil de prud'hommes 179 s., 316 s., 322 s., 338 s.

■Sécurité sociale 101

■Serment 359, 360

■Service d'accueil unique du justiciable 378

■service public 26, 28

■Service public industriel et commercial 26

■Spectacle sportif 44

■Suspension des poursuites individuelles 704

■Suspension provisoire 265

■Sursis à statuer 584 s.

■Suspicion légitime 248

■Syndicat 110, 493

■Télé-réalité 47

■Témoin 808

■Temps de travail effectif 274

■Tentative de conciliation 616 s.

■Tierce-opposition 861 s.

■Titre exécutoire 626, 834

■Transaction 623

■Travailleur à domicile 58 s., 504

■Travailleur étranger 500


■Tribunal judiciaire 376

■Trouble illicite 761 s.

■Tutelle 453

■Urgence 758 s.

■Vacataire 384

■Vacations 279 s.

■Vice de forme 411

■Voyageur-représentant-placier 52 s., 341

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