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Tous droits réservés
ISBN : 978-2-38313-013-0
2
SOMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Préface
Avant-propos
Bibliographie générale
Prolégomènes
3
Fiche n° 5 Les conditions de conclusion du contrat de travail
Fiche n° 12 La maternité
Fiche n° 17 La rémunération
4
Fiche n° 23 Le licenciement pour motif personnel : cause réelle et sérieuse
Fiche n° 29 La retraite
5
Fiche n° 40 Le Conseil d'entreprise
Prolégomènes
Fiche n° 52 La maladie
Fiche n° 53 La maternité
Fiche n° 54 L'invalidité
Fiche n° 55 Le décès
6
Fiche n° 56 La vieillesse
Fiche n° 58 La famille
Titre 3 - Le contentieux
Prolégomènes
7
Fiche n° 70 L'immigration légale exercée aux fins d'emploi
Titre 4 - Les conflits des lois et des juridictions dans le cadre du contrat de travail
international
Index
8
Préface
9
Ce que nous avons aimé, au fond, chez certains enseignants, c’est
qu’ils nous rendaient le savoir accessible. C’est que l’on commençait
à y croire, que l’on se disait : pourquoi pas ? J’aurais dû retenir le
nom de cette exceptionnelle chargée de travaux dirigés.
L’accessibilité demeure encore une préoccupation aujourd’hui, face
à un corpus juridique qui s’est complexifié à travers le temps, et
étendu dans l’espace. Les étudiants qui parcourent le présent
ouvrage deviendront en effet des avocats d’un monde quelque peu
nouveau : un droit interne toujours plus influencé par le droit
européen et international, une géopolitique qui aura modifié notre
rapport aux libertés individuelles, une conjugaison intime entre le
droit écrit et la soft law, devenus quasiment équivalents, l’émergence
d’acteurs nouveaux du droit (régulateurs sectoriels de plus en plus
nombreux, de plus en plus actifs, associations et organisations non
gouvernementales légitimées dans leur exercice quotidien),
bouleversement de notre pratique par cette révolution
anthropologique fascinante que constitue le numérique. Ce sont des
qualités nouvelles qui devront désormais être cultivées par l’avocat :
l’intelligence émotionnelle, la créativité, la résolution de problèmes
complexes, le développement de l’identité numérique, le travail – ou
davantage encore l’exercice – en équipe.
Le nouvel examen national s’efforce de répondre aux exigences de
cet environnement nouveau. L’examen d’entrée au CRFPA se
transforme afin d’être plus cohérent, plus lisible et plus sélectif. Plus
égalitaire aussi. Mais cette réorganisation crée quelques inquiétudes
chez les étudiants et implique un changement dans l’organisation de
leur préparation.
L’accessibilité est donc plus que jamais une préoccupation face à un
examen d’entrée dans les Écoles d’Avocats dont, conséquence de la
complexification du droit, les contours ont été redessinés. C’est donc
10
la stratégie d’enseignement et de préparation à cet examen qui s’en
trouve transformée, notamment en cette période légitimement
préoccupante pour les étudiants de transition entre l’ancien examen
et le nouveau.
Il faut donc saluer la démarche qui consiste pour une maison
d’édition telle qu’Enrick B Éditions, à imaginer une nouvelle structure
éditoriale, une offre innovante, totalement adaptée à la nomenclature
du nouvel examen national d’accès aux Écoles d’Avocats.
L’accessibilité, toujours, qui consiste à réorganiser les contenus d’un
manuel afin de les orienter vers leur application la plus concrète et la
plus immédiate. Il ne s’agit pas d’abandonner les traités et les
ouvrages les plus denses, qui ont fait l’objet d’un enrichissement
quasiment majestueux au fil des années. Il ne s’agit pas davantage
de déserter un apprentissage régulier et assidu à l’Université au
profit d’un bachotage affolé. Le Droit s’apprend par un phénomène
de sédimentation noble. Il faut du temps. Il faut de la régularité. Mais
le nouvel examen obéit à une structure et s’inscrit dans une stratégie
nouvelle : réduction des matières disponibles, recentrage autour de
certains enseignements, valorisation de l’admission à travers le
coefficient modifié du Grand Oral. Cette réorganisation nécessite
une pédagogie nouvelle.
Cet ouvrage participe de cette préoccupation constante, en constitue
une nouvelle initiative. Et il est – surtout – réjouissant de constater
que la pédagogie conserve sa capacité d’imagination.
Kami HAERI
Avocat associé, Quinn Emanuel,
Ancien secrétaire de la Conférence,
Ancien membre du Conseil de l’ordre.
11
Le mot du Directeur de collection
12
La Collection CRFPA a été conçue autour de ces trois axes.
L’éditeur, Enrick B Éditions, a mis en place une gamme d’outils
d’apprentissage et de révision efficaces, dans la seule optique de
la préparation au CRFPA.
13
En outre, grâce à l’emploi de technologies innovantes, chaque
ouvrage de la Collection CRFPA est connecté. Afin d’assurer une
veille entre chaque réédition, ils comportent un QR Code en
première page permettant d’accéder à des mises à jour en ligne,
disponibles jusqu’à la veille de l’examen. Par ailleurs, vous trouverez
tout au long des ouvrages d’autres QR Codes. En les scannant,
vous pourrez accéder à des vidéos portant sur des points particuliers
du cours, ou bénéficier de conseils méthodologiques de la part des
auteurs. Les ouvrages deviennent donc interactifs !
Daniel BERT
Maître de conférences à l’Université de Lille Droit & Santé
Avocat à la Cour
Directeur de la Collection CRFPA
14
Liste des auteurs
15
Avant-propos
I. – Droit du travail.
16
réglementaires et jurisprudentielles récentes. Pour exemple, les
Ordonnances Macron ont profondément bouleversé l’état du droit
positif, tout comme la récente loi pour la liberté de choisir son avenir
professionnel. Les magistrats de la chambre sociale de la Cour de
cassation apportent, en outre, régulièrement des précisions
d’importance. Un regard constant sur l’actualité constituera un gage
d’efficacité pour chacune et chacun !
Bonne lecture et surtout, bonnes révisions !
Céline LEBORGNE-INGELAERE
Maître de Conférences HDR en droit privé à l’Université de Lille
Membre du CRDP-LEREDS
Coordinatrice de l’ouvrage
17
Liste des abréviations
A. : arrêté
al. : alinéa
art. : article
CASF : Code de l’action sociale et des familles
Cass. ass. plén. : Cour de cassation, assemblée plénière
Cass. com. : Cour de cassation, chambre commerciale
re
Cass. civ. 1 : Cour de cassation, première chambre civile
Cass. crim. : Cour de cassation, chambre criminelle
Cass. ch. mixte : Cour de cassation, chambre mixte
Cass. soc. : Cour de cassation, chambre sociale
CCH : Code de la construction et de l’habitation
C. civ. : Code civil
C. com. : Code de commerce
CE : Conseil d’État
CEDH : Cour européenne des droits de l’homme
CEE : Comité d’entreprise européen
CJCE : Cour de justice des Communautés européennes
CJUE : Cour de justice de l’Union européenne
COJ : Code de l’organisation judiciaire
Cons. const. : Conseil constitutionnel
C. pén. : Code pénal
CRPA : Code des relations entre le public et l’administration
18
C. rur. : Code rural
CSP : Code de la santé publique
CSS : Code de la sécurité sociale
C. trav. : Code du travail
D. : décret
Dir. : directive
Dr. soc. : Droit social
égal. : également
et s. : et suivant(s)
IRP : Instances de représentation du personnel
JCP G : La semaine juridique, édition générale (LexisNexis)
JCP S : La semaine juridique, édition social (LexisNexis)
L. : loi
Ord. : ordonnance
préc. : précité
PSE : plan de sauvegarde de l’emploi
Règl. : règlement
RJS : Revue de Jurisprudence sociale (Francis Lefebvre)
T. confl. : tribunal des conflits
TFUE : Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
TJ : Tribunal judiciaire
TUE : Traité sur l’Union européenne
V. : voir
19
Bibliographie générale
Droit du travail
e
– G. AUZERO, E. DOCKES, Droit du travail, Dalloz, 33 éd., 2020.
– D. CHENU, R. CHISS, L. DAUXERRE, N. DAUXERRE, L. DRAI,
H. GUYOT, Le guide de la rupture du contrat de travail, sous la dir.
e
B. Teyssié, LexisNexis, 4 éd., 2017.
e
– A. COEURET, B. GAURIAU, M. MINE, Droit du travail, Dalloz, 4
éd., 2020.
– F. DUQUESNE, Droit du travail, Gualino éditeur, Lextenso éditions,
e
15 éd., 2020.
e
– F. FAVENNEC-HERY, P.-Y. VERKINDT, Droit du travail, LGDJ, 6
éd., 2018.
e
– D. GRANDGUILLOT, L’essentiel du droit du travail, Gualino, 19
éd., 2019.
20
e
– F. HEAS, Droit du travail, Larcier, 6 éd., 2018.
– E. JEANSEN, Y. PAGNERRE, Le Guide des clauses du contrat de
e
travail, sous la dir. B. Teyssié, LexisNexis, 2 éd., 2017.
e
– M. LE BIHAN-GUENOLE, Droit du travail, Hachette supérieur, 17
éd., 2019.
e
– A. MAZEAUD, Droit du travail, Montchrestien, 10 éd., 2016.
– Y. PAGNERRE, L’essentiel des grands arrêts du droit du travail,
e
Gualino, 2 éd., 2018.
e
– E. PESKINE, C. WOLMARK, Droit du travail, Dalloz, 13 éd.,
2020.
– F. PETIT, L’essentiel du droit du travail : les relations collectives,
Gualino, 2018.
– F. PETIT, L’essentiel du droit du travail : les relations individuelles,
e
2 éd., Gualino, 2018.
e
– J-E. RAY, Droit du travail : droit vivant, Wolters Kluwer France, 28
éd., 2020.
e
– V. ROY, Droit du travail, Malakoff : Dunod, 24 éd., 2020.
– B. TEYSSIE, J.-F. CESARO, A. MARTINON, Droit du travail,
e
Relations individuelles, LexisNexis, 3 éd., 2019.
e
– B. TEYSSIE, Droit du travail, Relations collectives, LexisNexis, 12
éd., 2020.
21
e
– F. KESSLER, Droit de la protection sociale, Dalloz, 6 éd., 2017.
e
– P. MORVAN, Droit de la protection sociale, LexisNexis, 9 éd.,
2019.
re
– I. OMARJEE, Droit européen de la protection sociale, Bruylant, 1
éd., 2018.
– R. PELLET, A. SKZRYERBAK, Droit de la protection sociale, PUF,
re
1 éd., 2017.
– F. PETIT, L’essentiel du droit de la protection sociale,
e
Gualino/Lextenso éditions, 3 éd., 2018.
e
– X. PRETOT, Droit de la sécurité sociale, Dalloz, 14 éd., 2015.
22
re
– M. SCHMITT, Droit du travail de l’Union européenne, Larcier, 1
éd., 2012.
e
– J.- M. SERVAIS, Droit social de l’Union européenne, Bruylant, 3
éd., 2017.
re
– J.-M. SERVAIS, Normes internationales du travail, LGDJ, 1 éd.,
2004.
e
– B. TEYSSIÉ, Droit européen du travail, Litec, 6 éd., 2019.
re
– J.-Ph. TRICOIT, Droit social international et européen, Gualino, 1
éd., 2020.
23
P@RTIE 1
DROIT DU TRAVAIL :
LES RELATIONS INDIVIDUELLES
DE TRAVAIL
24
PROLÉGOMÈNES
o
Fiche n 1 Les sources du droit du travail
o
Fiche n 2 Les instances de contrôle
25
o
Fiche n 1 Les sources du droit du travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
26
Les sources internes comprennent le bloc de constitutionnalité ; les
lois, règlements et ordonnances ; la jurisprudence et les sources
professionnelles internes.
A Le bloc de constitutionnalité
La primauté du bloc de constitutionnalité doit être rappelée. La
Constitution de 1958 affirme l’attachement aux « Droits de l’Homme
[…] tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et
complétée par le Préambule de la Constitution de 1946 ». Ce
Préambule évoque le droit syndical, le droit de grève, le droit de la
négociation collective, le droit à la sécurité sociale ou encore le
principe de non-discrimination.
27
Les lois et règlements composent également ces sources internes.
L’inflation législative, la technicité et la complexité des textes sont
toutefois largement pointées du doigt. L’essentiel des textes est
regroupé dans le Code du travail publié en 1973 et plus récemment
recodifié en 2008. Pour autant, les relations de travail sont
également appréhendées au travers du Code civil ou encore du
Code pénal, de manière plus ponctuelle.
C La jurisprudence
La jurisprudence est essentielle en cette matière.
28
matière de contentieux du travail. Un éclatement du contentieux peut
être relevé.
Traditionnellement, dans l’ordre judiciaire, il revenait au tribunal de
grande instance un rôle d’interprétation des conventions collectives,
tandis que le tribunal d’instance statuait sur les litiges relatifs aux
élections professionnelles. TGI et TI ont toutefois fusionné par la
combinaison de deux lois du 23 mars 2019. La compétence du Pôle
social (né de la fusion du Tribunal des affaires de sécurité sociale
avec le Tribunal du contentieux de l’incapacité et la Commission
départementale d’aide sociale) illustre encore la diversité des
juridictions compétentes en matière sociale. Également, le juge
répressif intervient en cas de non-respect des règles de sécurité, de
délit d’entrave aux fonctions des représentants du personnel, ou en
cas de travail dissimulé par exemple.
Dans l’ordre administratif, les juridictions peuvent être amenées à
statuer en cas de licenciement d’un salarié protégé ou en cas de
contrôle du règlement intérieur par exemple.
29
professions ou, au contraire, ne couvrir qu’une seule profession.
30
prévues par la loi.
31
Les sources internationales sont fréquemment visées par les justiciables, au
soutien de leur action en justice. Le contentieux croissant tendant à remettre en
cause le barème « Macron » l’illustre parfaitement. Pour rappel, le système de
barème entré en vigueur à la suite des Ordonnances dites « Macron » du
22 septembre 2017 conduit à imposer au juge d’évaluer l’indemnisation du
préjudice subi par un salarié dont le licenciement est déclaré sans cause réelle et
sérieuse, par application d’un système de plancher et de plafond (C. trav., art.
L. 1235-3). Plusieurs jugements rendus en première instance avaient jugé
inconventionnel le barème en octroyant aux salariés des dommages et intérêts
supérieurs à ce que prévoit le barème. Ainsi, son existence avait été jugée
o
contraire à l’article 10 de la convention n 158 de l’OIT (Cons. prud’h. Amiens,
19 déc. 2018, RG F 18/00040) et l’article 24 de la Charte sociale européenne
(Cons. prud’h. Troyes, 13 déc. 2018, RG F 18/00036.- Cons. prud’h. de Lyon,
21 déc. 2018, RG F 18/01238).
Pour autant, par deux arrêts en date du 11 mai 2022, la Cour de cassation affirme
que le barème d’indemnisation du salarié licencié sans cause réelle et sérieuse
o
n’est pas contraire à l’article 10 de la Convention n 158 de l’Organisation
internationale du travail. De plus, il est souligné que le juge français ne peut
écarter, même au cas par cas, l’application du barème au regard de cette
convention internationale et que la loi française ne peut faire l’objet d’un contrôle
de conformité à l’article 24 de la Charte sociale européenne, qui n’est pas d’effet
o o
direct (Cass. soc., 11 mai 2022, n 21-14.490 et n 21-15247).
32
Les conventions et accords collectifs peuvent toujours améliorer les
règles édictées au bénéfice des salariés. Par principe, la loi fixe un
plancher de droit auquel les normes de niveau inférieur peuvent
déroger à condition que ce soit dans un sens plus favorable au
salarié. Ce principe de la dérogation favorable est qualifié par le
Conseil d’État de « principe général du droit » (CE, avis, 22 mars
1973) et par la Cour de cassation de « principe fondamental de droit
o
du travail » (Cass. soc., 17 juill. 1996, n 95-41.313). Un principe de
faveur régissait ainsi habituellement les situations de conflits de
normes en droit du travail.
o
L’ordonnance n 2017-1385, relative au renforcement de la
négociation collective du 22 septembre 2017 a également poursuivi
cette logique. Ainsi, quand la loi l’autorise explicitement, un accord
collectif peut prévoir des dispositions moins favorables que les
dispositions législatives. Par exemple, un accord de branche peut
déroger à des dispositions légales, notamment en matière de contrat
33
à durée déterminée. Pour exemple, si un salarié en CDD a droit à
une indemnité de fin de contrat égale à 10 %, un accord d’entreprise
ou un accord de branche, peut prévoir de limiter le montant de cette
indemnité à 6 %.
34
POUR ALLER PLUS LOIN…
– M. BONNECHERE, « L’articulation des normes », Dr. ouvrier,
2017, p. 66
– B. TEYSSIÉ, « De la loi à l’accord, variations sur la refondation du
Code du travail », JCP S 2017, 1179
– B. TEYSSIÉ, « Les ordonnances du 22 septembre 2017 ou la
tentation des cathédrales », JCP S 2017, 1294
35
o
Fiche n 2 Les instances de contrôle
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
36
Le Conseil des prud’hommes détient une compétence exclusive
(C. trav., art. L. 1411-4) pour les différends qui peuvent s’élever à
l’occasion de tout contrat de travail entre les employeurs et les
salariés qu’ils emploient (C. trav., art. L. 1411-1). Cette compétence
s’étend aux litiges nés entre salariés à l’occasion du travail (C. trav.,
art. L. 1411-3). Elle s’étend aussi aux différends et litiges des
personnels des services publics lorsqu’ils sont employés dans les
conditions du droit privé (C. trav., art. L. 1411-2).
37
unique, s’étend à l’ensemble de celui du tribunal de grande instance
(C. trav., art. L. 1422-1).
38
légitime à cet égard. Ils s’abstiennent, notamment, de tout acte ou
comportement public incompatible avec leurs fonctions (C. trav., art.
L. 1421-1).
39
formalité substantielle dont l’omission entraîne la nullité de la
o
procédure (Cass. soc., 12 déc. 2000, n 98-46.100).
40
Le bureau de conciliation et d’orientation assure la mise en état des
affaires dans les conditions fixées par le Code du travail (C. trav., art.
L. 1454-1-2 et R. 1454-1 et s.).
41
§2 L’inspection du travail
42
travail de faciliter une solution amiable afin de régler les conflits
collectifs de travail (C. trav., art. R. 2522-1).
43
l’hébergement de travailleurs (C. trav., art. L. 8113-2-1). Dans ce
cadre, les agents de l’inspection du travail peuvent procéder à des
vérifications d’identité et des auditions.
44
Le non-respect des prérogatives des agents de l’inspection du travail
est pénalement sanctionné. Notamment, le fait de faire obstacle à
l’accomplissement des devoirs d’un agent de contrôle de l’inspection
du travail mentionnés à l’article L. 8112-1 est puni d’un
emprisonnement d’un an et d’une amende de 37 500 euros (C. trav.,
art. L. 8114-1).
45
retrait d’un jeune travailleur d’une situation de travail (C. trav., art. L.
4733-2 et s.).
46
TITRE 1
LA FORMATION DE LA RELATION
DE TRAVAIL
o
Fiche n 3 La notion de contrat de travail
o
Fiche n 4 L’embauche du salarié
o
Fiche n 5 Les conditions de conclusion du contrat
de travail
o
Fiche n 6 Les différentes formes contractuelles
o
Fiche n 7 La période d’essai
47
o
Fiche n 3 La notion de contrat de travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
48
opérée par les juges (§ 1). Parfois, le législateur pose une
présomption de salariat ou de non salariat (§ 2).
Le droit du travail est d’ordre public. La volonté des parties est donc
impuissante à soustraire l’individu à son statut social (Cass. ass.
o o
plén., 4 mars 1983, n 81-11.647 et n 81-15.290).
Jurisprudence
Les juges considèrent que l’existence d’un contrat de travail « ne dépend ni de
la volonté exprimée par les parties, ni de la dénomination qu’elles ont donné à leur
convention, mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité des
o
travailleurs » (Cass. soc., 17 avr. 1991, n 88-40.121). Peu importe la
dénomination donnée par les parties à la relation de travail. Ce sont les
circonstances de fait qui déterminent l’existence d’une situation de dépendance
o
dans l’exercice du travail (Cass. soc., 9 mai 2001, n 98-46.158). Il en est ainsi par
exemple d’un contrat de location d’un « véhicule taxi » qui dissimulait en réalité
o
l’existence d’un contrat de travail (Cass. soc., 19 déc. 2000, n 98-40.572).
49
Jurisprudence
Par un arrêt très attendu, la chambre sociale de la Cour de cassation a statué
sur le sort des travailleurs usant de plateformes numériques, en retenant
l’existence d’un contrat de travail dans une hypothèse où « l’application était dotée
d’un système de géolocalisation permettant le suivi en temps réel par la société de
la position du coursier et la comptabilisation du nombre total de kilomètres
parcourus par celui-ci et que la société T disposait d’un pouvoir de sanction à
o
l’égard du coursier » (Cass. soc. 28 nov. 2018, n 17-20.079). Également, la Cour
d’appel de Paris reconnait qu’un chauffeur Uber peut recevoir la qualité de salarié
o
(CA Paris, pôle 6, ch. 2, 10 janv. 2019, n RG 18/08357). Dernièrement, la
chambre sociale de la Cour de cassation a jugé que la relation contractuelle qui
unit les chauffeurs à Uber, quoique formellement indépendante, masque en réalité
une relation salariée. Elle estime que le critère du lien de subordination, lequel se
manifeste par l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui a le
pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de
o
sanctionner les manquements, est rempli (Cass. soc. 4 mars 2020, n 19-13.316).
A La prestation de travail
Le contrat de travail suppose une prestation de travail. Cette
prestation peut prendre des formes diverses : activités matérielles,
intellectuelles, artistiques, etc. Elle peut concerner tous les secteurs
professionnels.
50
La prestation de travail donne toutefois lieu à une conception
extensive des juges. Preuve en est le contentieux relatif à la
qualification juridique des participants à la téléréalité, pour lesquels
la qualité de salarié a déjà été reconnue (Cass. soc., 3 juin 2009,
o
n 08-40.981, 08-40.982, 08-40.983, 08-41.712, 08-41.713 et 08-
41.714).
B La rémunération
Le contrat de travail est un contrat à titre onéreux et appelle le
versement d’une rémunération. Peu importe qu’elle soit versée en
argent ou en nature, et calculée au temps, à la commission ou aux
pièces. A contrario, celui qui accomplit une activité à titre purement
bénévole n’est pas un salarié (Cass. soc., 27 oct. 1959). La
rémunération entre également en contrariété avec l’entraide
familiale.
Jurisprudence
Les juges considèrent qu’il existe une rémunération dès lors que les
travailleurs perçoivent une somme forfaitaire, dépassant le montant des frais
o
réellement exposés (Cass. soc., 29 janv. 2002, n 99-42.697).
C La subordination juridique
51
La subordination constitue le critère déterminant du contrat de
travail. Deux types de subordination s’opposent traditionnellement :
la subordination économique et la subordination juridique.
Jurisprudence
Depuis un arrêt fondamental de 1996, il est acquis que « le lien de
subordination est caractérisé par l’exécution d’un travail, sous l’autorité d’un
employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler
l’exécution, et de sanctionner les manquements de son subordonné » (Cass. soc.,
o
13 nov. 1996, n 94-13.187).
52
La subordination suppose la réunion de plusieurs indices. Sont ainsi pris
en considération l’autorité et le contrôle de l’employeur, les conditions matérielles
d’exécution de l’activité, les contraintes imposées par l’employeur (lieu, horaire,
fourniture du matériel, etc.). L’intégration à un service organisé, qui se caractérise
par l’exercice d’une activité au sein d’une structure organisée mettant à la
disposition de l’intéressé une infrastructure matérielle (mise à disposition de
locaux, secrétariat, fournitures diverses) et impliquant pour lui de se soumettre à
certaines contraintes (détermination des horaires et gestion administrative de la
clientèle par l’établissement…), constitue également un indice. Cet indice ne se
o
suffit toutefois pas à lui-même (Cass. soc., 13 nov. 1996, n 94-13.187 ; Cass.
er o o
soc., 1 déc. 2005, n 05-43.031 à n 05-43.035).
53
contrat de mandat, qui est un acte par lequel une personne
confie à une autre le pouvoir de faire quelque chose en son nom
et pour son compte ;
contrat de société par lequel deux personnes, ou plus,
conviennent de mettre quelque chose en commun en vue de
partager les bénéfices qui en résultent ;
contrat d’entreprise par lequel une partie s’engage à accomplir
pour l’autre un travail déterminé moyennant un prix convenu, en
dehors de tout lien de subordination.
Le salarié doit être distingué du travailleur indépendant, lequel est
présumé lorsque les conditions de travail sont définies
exclusivement par lui-même ou par le contrat les définissant avec
son donneur d’ordre (C. trav., art. L. 8221-6-1).
54
l’exercice est a priori incompatible avec l’existence d’un lien de
subordination au sens strict.
55
Il en est de même des dirigeants des personnes morales
immatriculées au registre du commerce et des sociétés et leurs
salariés. La présomption de non salariat de l’article L. 8221-6 du
Code du travail est aussi étendue aux personnes physiques
exerçant une activité commerciale ou artisanale à titre principal ou
complémentaire et pouvant bénéficier du régime optionnel de
prélèvements forfaitaires libératoires des charges sociales
o
personnelles, « le micro-social » (L. n 2008-776, 4 août 2008, art.
11 – JO 5 août 2008).
Le travail dissimulé est une infraction qui s’inscrit dans un cadre plus
large, celui du travail illégal.
56
POUR ALLER PLUS LOIN…
– P. COURSIER, « Le droit social face à l’économie collaborative et
distributive », JCP S 2016, 1389
– E. DOCKES, « Notion de contrat de travail », Dr. soc. 2011, 546
– M. PEYRONNET, « Take Eat Easy contrôle et sanctionne
des salariés », Revue de droit du travail 2019, p. 36
– C. RADE, « Les critères du contrat de travail », Dr. soc. 2013, 202
57
o
Fiche n 4 L’embauche du salarié
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
§1 Le placement
L’activité de placement, qui consiste à rapprocher, à titre habituel,
offres et demandes d’emploi, est définie à l’article L. 5321-1, alinéa
er
1 du Code du travail. Elle est notamment assurée par le service
public de l’emploi, via le « Pôle Emploi », qui ne dispose toutefois
58
pas d’un monopole. Ses moyens et missions sont précisés à l’article
L. 5312-1 du Code du travail. Les employeurs peuvent aussi faire
appel à des cabinets spécialisés dans le recrutement des salariés ou
peuvent choisir de recruter un ou plusieurs salariés eux-mêmes, et
de diffuser ainsi leurs offres d’emploi.
Cette activité peut être également exercée à titre lucratif par des
entreprises de travail temporaire (C. trav., art. L. 5321-1, al. 2).
59
s’acquitter de cette obligation en appliquant un accord de branche,
de groupe, d’entreprise ou d’établissement agréé prévoyant la mise
en œuvre d’un programme annuel ou pluriannuel en faveur des
travailleurs handicapés. Il peut également envisager un accueil en
stage ou préférer le versement d’une contribution financière à
l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des
handicapés (AGEFIPH). Dans les entreprises à établissements
multiples, cette obligation s’apprécie établissement par
établissement.
60
avoir appris que ce dernier était encore lié à un autre employeur par
un contrat de travail.
§3 La sélection du candidat
61
L’article L. 1132-1 du Code du travail constitue le texte de référence
en matière de discriminations au travail. Ce texte, fruit d’une
transposition de plusieurs directives européennes, vise l’embauche,
mais également l’exécution et la rupture du contrat de travail.
62
un désavantage particulier pour des personnes par rapport à
d’autres personnes, à moins que cette disposition, ce critère ou
cette pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et
que les moyens pour réaliser ce but ne soient nécessaires et
o
appropriés (L. n 2008-496, 27 mai 2008 – JO 28 mai 2008,
p. 8801).
63
(C. trav., art. L. 1221-9)
« Aucune information concernant personnellement un candidat à un emploi ne
peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa
connaissance ».
L’idée d’un curriculum vitae anonyme avait été introduite dans notre
dispositif juridique, par la loi du 31 mars 2006 sur l’égalité des
o
chances (L. n 2006-396, 31 mars 2006 – JO 2 avr. 2006, p. 4950). Il
s’imposait pour les entreprises de 50 salariés et plus. En l’absence
de décret d’application, la loi du 17 août 2015 relative au dialogue
o
social et à l’emploi (L. n 2015-994, 17 août 2015 – JO 18 août
2015, p. 14346) a toutefois mis fin à cet instrument envisagé comme
un outil de lutte contre les discriminations à l’embauche.
64
l’immatriculation du salarié à ce même régime (ou au régime
agricole s’il s’agit d’un salarié agricole). Elle doit être obligatoirement
effectuée par tous les employeurs ou leur mandataire dans les huit
jours qui précèdent toute embauche de salarié, y compris la période
d’essai. Elle est transmise à l’URSSAF dont relève l’établissement. À
défaut de déclaration, l’employeur encourt une sanction pénale
(C. trav., art. L. 8224-1) et une sanction civile. À défaut de
déclaration, le délit de travail dissimulé par dissimulation d’activité
o
est susceptible d’être caractérisé (Cass. crim., 20 janv. 2015, n 14-
80.532).
65
professionnels auxquels le salarié est exposé (C. trav., art. R. 4624-
16).
66
o
Fiche n 5 Les conditions de conclusion
du contrat de travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
67
(C. civ., art. 1128)
Par application de l’article 1128 du Code civil, sont nécessaires à la validité d’un
contrat de travail :
« 1° Le consentement des parties ;
2° Leur capacité de contracter ;
3° Un contenu licite et certain ».
68
une cause de nullité du contrat de travail que si elle est
o
excusable (Cass. soc., 3 juill. 1990, n 87-40.349).
La violence est constituée par le fait d’inspirer à une personne
une crainte qui la contraint à donner son consentement.
Le dol consiste en l’emploi de manœuvres frauduleuses visant
à surprendre le consentement (C. civ., art. 1137). La nullité du
contrat suppose qu’il ait été déterminant. Il en est ainsi du
contrat d’un salarié qui avait prétendu être titulaire d’un diplôme
d’études supérieures afin d’obtenir un poste de professeur
o
(Cass. soc., 17 oct. 1995, n 94-41.239). Par contre, le dol n’est
pas caractérisé dans une affaire où le salarié avait envoyé une
lettre de demande d’embauche et un curriculum vitæ manuscrits
pour analyse graphologique écrits de la main de son épouse. La
nullité n’est encourue que s’il est établi qu’en l’absence des
manœuvres accomplies par le salarié, l’employeur ne l’aurait
o
pas recruté (Cass. soc., 5 oct. 1994, n 93-43.615). De même,
le fait pour un salarié de mentionner dans son curriculum vitæ
un poste occupé pendant un an au titre « d’assistance de la
responsable de formation », alors qu’il s’agissait d’un stage de
quatre mois n’est pas constitutif d’une manœuvre frauduleuse
o
(Cass. soc., 16 févr. 1999, n 96-45.565).
69
essentiels du contrat figurent dans le document pour qu’il soit
assimilé à un contrat de travail.
Jurisprudence
Un revirement important a été opéré par la Cour de cassation « au regard de
o
l’évolution du droit des obligations, résultant de l’ordonnance n 2016-131 du
10 février 2016 », qui conduit à apprécier différemment, dans les relations de
travail, la portée des offres et promesses de contrat de travail (Cass. soc., 21 sept.
o o
2017, n 16-20.103 et n 16-20.104). Selon la Cour de cassation, l’offre de contrat
est l’acte par lequel un employeur propose un engagement précisant l’emploi, la
rémunération et la date d’entrée et exprime la volonté de son auteur d’être lié en
cas d’acceptation. Elle peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas parvenue
à son destinataire. Sa rétractation avant l’expiration du délai fixé par l’employeur
ou, à défaut, l’issue d’un délai raisonnable, fait obstacle à la conclusion du contrat
de travail et engage la responsabilité extracontractuelle de son auteur.
70
Par principe, un mineur ne peut conclure un contrat de travail
qu’avec l’accord de son représentant légal ou s’il est émancipé. Les
jeunes ne peuvent pas travailler avant 16 ans. Il existe toutefois
certaines exceptions : périodes ou séquences d’observation en
entreprise, stages, apprentissage, entreprises de spectacles et de
mannequinat, vacances scolaires, etc. (C. trav., art. L. 4153-1 et s.).
o
L’ordonnance n 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du
droit des contrats, du régime général et de la preuve des obligations
a remplacé les notions d’objet et de cause, placées au cœur de
l’ancien article 1108 du Code civil, par la notion de « contenu licite et
certain ».
71
o
prestations d’assurance chômage (Cass. soc., 17 déc. 1987, n 86-
12.033).
72
le lieu de travail, la rémunération ou encore la durée du travail
journalière ou hebdomadaire (Cons. UE, dir. 91/533/CEE, 14 oct.
1991, relative à l’obligation de l’employeur d’informer le travailleur
des conditions applicables au contrat ou à la relation de travail – JO
o
n L. 288, 18 oct. 1991, p. 32). L’écrit en question n’est pas
forcément le contrat de travail. Il peut s’agir d’une lettre
d’engagement ou du bulletin de paie. Ce point de vue a été confirmé
par la Cour de justice des Communautés européennes le
4 décembre 1997 (CJCE, 4 déc. 1997, aff. 96/253).
Parfois, l’écrit est imposé. Il en est ainsi pour les contrats à durée
déterminée (C. trav., art. L. 1242-12), contrats de travail à temps
partiel (C. trav., art. L. 3123-6), contrats de travail temporaire et
autres contrats aidés, etc.
Jurisprudence
Ainsi, dans une espèce où la convention collective applicable prévoyait la
confirmation de l’embauche définitive d’un salarié soit par lettre, soit par un contrat
faisant référence à la convention collective et portant notamment mention de
l’emploi, des éléments de salaire et des indemnités, la Cour de cassation décide
qu’en l’absence des documents visés par la convention, le salarié est en droit de
réclamer des dommages-intérêts, cette omission « causant nécessairement un
o
préjudice au salarié » (Cass. soc., 27 mars 2001, n 98-46.119).
73
Par application de l’article L 1221-3 du Code du travail, le contrat de
travail établi par écrit est rédigé en français, même s’il est exécuté à
l’étranger. Cette règle n’a pas pour sanction la nullité du contrat : elle
permet seulement au salarié d’exiger de l’employeur la délivrance
d’un conforme aux exigences du Code du travail (Cass. soc.,
o
19 mars 1986, n 84-44.279).
74
(C. civ., art. 1366)
Aux termes de l’article 1366 du Code civil : « l’écrit électronique a la même force
probante que l’écrit sur support papier, sous réserve que puisse être dûment
identifiée la personne dont il émane et qu’il soit établi et conservé dans des
conditions de nature à en garantir l’intégrité ».
75
o
Fiche n 6 Les différentes formes
contractuelles
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
76
Tant le contrat à durée déterminée (§ 1) que le contrat de travail
temporaire (§ 2) et le contrat à temps partiel (§ 3) répondent à de
strictes conditions tenant à leurs cas de recours, leur durée ou
encore le statut du travailleur.
77
A Les cas de recours autorisés
Le CDD ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise
et temporaire (C. trav., art. L. 1242-2). Les cas de recours sont
limitativement fixés par la loi (C. trav., art. L. 1242-2 et suiv.) :
Remplacement d’un salarié en cas : d’absence ; de passage
provisoire à temps partiel, conclu par avenant à son contrat de
travail ou par échange écrit entre ce salarié et son employeur ;
de suspension de son contrat de travail ; de départ définitif
précédant la suppression de son poste de travail après
consultation du Comité social et économique, s’il existe ;
d’attente de l’entrée en service effective du salarié recruté par
contrat à durée indéterminée appelé à le remplacer ;
Accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise ;
Emplois à caractère saisonnier ;
Remplacement d’un chef d’exploitation agricole ou d’entreprise,
d’un aide familial, d’un associé d’exploitation, ou de leur
conjoint ;
CDD à objet défini.
D’autres cas de recours au CDD sont prévus par la loi : les CDD
conclus dans le cadre de la politique de l’emploi, le CDD senior
(C. trav., art. L. 1242-3) ou encore les CDD conclus suite à un
contrat d’apprentissage (C. trav., art. L. 1242-4).
78
De plus, il est interdit de conclure un CDD pour remplacer un salarié
dont le contrat de travail est suspendu à la suite d’un conflit collectif
de travail ou pour effectuer certains travaux particulièrement
dangereux (C. trav., art. L. 1242-6).
A La durée maximale
Par principe, un CDD est conclu pour une durée limitée et précisée
initialement dans le contrat. Il comporte, soit un terme fixé avec
précision, soit une durée minimale qui a pour terme la fin de
l’absence de la personne remplacée ou la réalisation de l’objet pour
lequel il a été conclu (C. trav., art. L. 1242-7).
79
B La possibilité de renouvellements
Il importe tout d’abord de distinguer les hypothèses de
renouvellements des situations de successions de CDD. Le
renouvellement a pour objet d’aménager le terme initial (fin de
contrat) de la relation contractuelle. Le même contrat de travail,
conclu pour le même motif, voit son terme reporté.
C La succession de contrats
La conclusion de CDD successifs avec le même salarié est possible
dans certains cas (remplacement d’un salarié absent et emploi à
caractère saisonnier notamment) (C. trav., art. L. 1244-1). Les
contrats de travail à caractère saisonnier peuvent même comporter
une clause de reconduction pour la saison suivante (C. trav.,
art. L. 1244-2).
80
S’agissant de contrats successifs sur le même poste, lorsqu’un CDD
prend fin, il ne peut être recouru, pour pourvoir le poste du salarié
dont le contrat a pris fin, ni à un CDD ni à un contrat de travail
temporaire, avant l’expiration d’un délai de carence. Ce délai est
calculé en fonction de la durée du contrat incluant, le cas échéant,
son ou ses renouvellements (C. trav., art. L. 1244-3).
Le salarié titulaire d’un CDD dispose des mêmes droits que les
autres salariés de l’entreprise (C. trav., art. L. 1242-14). Il est soumis
aux mêmes obligations que les salariés titulaires d’un CDI (CJUE,
22 déc. 2010, aff. C-444/09 et aff. C-456/09).
81
qualification équivalente et occupant le même poste de travail
(C. trav., art. L. 1242-14).
82
pas reporté en cas de maladie ou d’accident, qu’il soit d’origine
professionnelle ou non (C. trav., art. L. 1243-6).
83
10.130). De plus, la Cour de cassation rappelle que l’indemnisation
prévue par le Code du travail en cas de rupture anticipée non
justifiée du CDD par l’employeur, au moins égale aux rémunérations
que le salarié aurait perçues jusqu’au terme du contrat, est un
minimum : le salarié qui justifie d’un préjudice plus important peut
o
obtenir une indemnisation supérieure (Cass. soc., 3 juill. 2019, n
18-12.306).
84
Est un entrepreneur de travail temporaire, toute personne physique
ou morale dont l’activité exclusive est de mettre à la disposition
temporaire d’entreprises utilisatrices des salariés qu’en fonction
d’une qualification convenue elle recrute et rémunère à cet effet
(C. trav., art. L. 1251-2).
85
Il est intéressant de faire état du CDI intérimaire institué par l’accord sur la
sécurisation des parcours professionnels des intérimaires entré en vigueur le
6 mars 2014. Il permet aux entreprises de travail temporaire de proposer un CDI à
un travailleur intérimaire, dont la durée totale de la mission ne peut pas excéder
36 mois. Il ne s’impose à aucune des parties. Il comporte des périodes
d’exécution des missions, que l’intéressé est tenu d’accepter, et des périodes
d’intermission (c’est-à-dire des périodes sans exécution de missions). Les
périodes où le salarié en CDI n’a pas de mission sont assimilées à du temps de
travail effectif pour les droits à congés payés, ainsi que pour l’ancienneté. La loi
pour la liberté de choisir son avenir professionnel pérennise ce contrat, à l’origine
expérimental, en l’intégrant dans le Code du travail (C. trav., art. L. 1251-58-1 à
1251-58-8).
Au-delà des règles applicables aux CDD et qui peuvent être, pour
l’essentiel, transposées à l’intérim (cas de recours, renouvellement,
droits individuels et collectifs, etc.), la relation de travail temporaire
connaît quelques spécificités.
86
deux mois ; cinq jours si le contrat est conclu pour une durée
supérieure à deux mois (C. trav., art. L. 1251-30).
I. Définition
Ce formalisme est très contrôlé par les juges. En effet, s’il n’est pas
respecté, le contrat est présumé être un contrat de travail à temps
87
plein. Cette présomption demeure néanmoins simple (Cass. soc.,
o
29 janv. 1997, n 94-41.171) et supporte donc la preuve contraire.
Jurisprudence
La Cour de cassation a récemment rappelé dans plusieurs arrêts qu’en
l’absence d’une telle mention, si l’employeur ne rapporte pas la preuve de la durée
exacte hebdomadaire ou mensuelle convenue, le contrat de travail doit être
o
requalifié en contrat de travail à temps plein (Cass. soc., 18 mars 2020, n 18-
o
19.255 ; Cass. soc., 18 mars 2020, n 19-10.628 ; Cass. soc., 18 mars 2020,
o o
n 17-27.452 ; Cass. soc., 18 mars 2020, n 18-12.357).
88
Le temps partiel peut être mis en place par accord d’entreprise ou
d’établissement ; à défaut, il peut l’être par accord de branche
er
étendu (C. trav., art. L. 3123-17, al. 1 ).
V. La durée du travail
89
du salarié à temps partiel est fixée par une convention ou un accord
de branche étendu (C. trav., art. L. 3123-19). Lorsqu’elle est
inférieure à vingt-quatre heures par semaine, il détermine les
garanties quant à la mise en œuvre d’horaires réguliers ou
permettant au salarié de cumuler plusieurs activités afin d’atteindre
une durée globale d’activité correspondant à un temps plein ou au
moins égale à vingt-quatre heures. À défaut d’accord, la durée
minimale de travail du salarié à temps partiel est fixée à vingt-quatre
heures par semaine ou, le cas échéant, à l’équivalent mensuel de
cette durée ou à l’équivalent calculé sur la période prévue par un
accord collectif (C. trav., art. L. 3123-27).
90
o
Fiche n 7 La période d’essai
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
91
I. L’existence de la période d’essai
92
• S’agissant des CDD, la durée de la période d’essai dépend
de la durée du contrat de travail.
93
o
publication de la loi n 2008-596 du 25 juin 2008 portant
modernisation du marché du travail) ou durées plus courtes fixées
par des accords collectifs conclus après cette date. Par ailleurs, des
durées plus courtes peuvent être fixées dans la lettre d’engagement
ou le contrat de travail.
94
o
(Cass. soc., 5 mars 1997, n 94-40.042 ; Cass. soc., 3 juin 1998,
o o
n 96-40.344), congé sans solde (Cass. soc., 23 mai 2007, n 06-
41.338), etc.
95
Lorsque la période d’essai est concluante, le contrat de travail se
poursuit sans autre formalité.
96
donc lui remettre son solde de tout compte, son certificat de travail
ainsi qu’une attestation Pôle emploi.
97
Le salarié peut également mettre un terme de manière anticipée à
sa période d’essai sous réserve de respecter un délai de préavis de
48 heures voire de 24 heures si sa durée de présence dans
l’entreprise est inférieure à 8 jours.
98
La période d’essai visant notamment à évaluer les compétences du
salarié, toute rupture de cette période pour des motifs étrangers à la
personne même du salarié peut être considérée comme abusive par
o
les tribunaux (Cass. soc., 10 avr. 2013, n 11-24.794).
99
TITRE 2
L’EXÉCUTION DE LA RELATION
DE TRAVAIL
100
SOUS-TITRE 1
LES POUVOIRS DE CONTRÔLE
ET DE SANCTION DE L’EMPLOYEUR
o
Fiche n 8 Le pouvoir réglementaire
o
Fiche n 9 Le pouvoir disciplinaire de l’employeur
101
o
Fiche n 8 Le pouvoir réglementaire
L’ESSENTIEL
102
LES CONNAISSANCES
103
les dispositions relatives au harcèlement moral, au harcèlement
sexuel et aux agissements sexistes (C. trav., art. L. 1321-2).
104
III. Les clauses interdites
105
Le règlement intérieur est souvent l’occasion de prendre position sur
des problématiques d’ouverture des armoires et vestiaires (par ex. :
o
Cass. soc., 11 déc. 2001, n 99-43.030), les contrôles d’alcoolémie
o
dans l’entreprise (Cass. soc., 24 févr. 2004, n 01-47.000 ; CE,
er o
1 février 1980, n 06361), ou encore de restrictions à la liberté de
se vêtir. Sur ce dernier point, le port d’une blouse ne peut ainsi être
imposé que suivant la nature de la tâche à accomplir (Cass. soc.,
o
18 févr. 1998, n 95-43.491).
106
identifiés. En outre, il peut établir le caractère proportionné de cette
interdiction par le biais d’un autre document, en l’occurrence le
o
document unique d’évaluation des risques (CE, 8 juill. 2019, n
420434).
§2 L’élaboration et le contrôle
107
Toutefois, les modifications apportées par l’employeur au règlement
intérieur initial de l’entreprise et résultant uniquement d’injonctions de l’inspection
du travail ne sont pas soumises à une nouvelle consultation des institutions
représentatives du personnel. Autrement dit, si la modification résulte de la volonté
exclusive de l’employeur, il est tenu de consulter les IRP sous peine de voir le
règlement intérieur inopposable aux salariés. Par contre, si la modification du
règlement intérieur est imposée uniquement par l’inspection du travail, l’employeur
est exonéré de demander à nouveau l’avis des IRP (Cass. soc., 26 juin 2019,
o
n 18-11.230).
108
Il est à noter que les mêmes formalités doivent être accomplies en
cas de modification ou de retrait des clauses du règlement intérieur.
A Le contrôle administratif
L’inspecteur du travail opère une vérification du contenu du
règlement intérieur. Il procède au contrôle de la légalité du règlement
et vérifie le respect de la procédure. Il peut exiger le retrait ou la
modification de certaines clauses (C. trav., art. L. 1322-1).
109
l’encontre des décisions administratives dans un délai de deux mois
après leur notification.
Cette décision de l’inspecteur du travail est motivée. Elle est notifiée à l’employeur
et communiquée, pour information, aux membres du comité social et économique.
Elle peut faire l’objet d’un recours hiérarchique.
B Le contrôle judiciaire
Un contrôle par le juge judiciaire peut aussi être opéré (Cass. soc.,
o
16 déc. 1992, n 90-14.337). En effet, le Conseil des prud’hommes a
compétence pour statuer à l’occasion de litiges individuels sur
l’application d’une clause du règlement. À l’occasion d’un litige
110
opposant le salarié à l’employeur et mettant en cause une
disposition du règlement intérieur, le juge prud’homal vérifie la
conformité de la clause aux dispositions légales. Il contrôle
également le caractère justifié et proportionné des éventuelles
restrictions apportées aux droits des personnes et aux libertés, ainsi
que l’absence de caractère discriminatoire.
111
o
Fiche n 9 Le pouvoir disciplinaire
de l’employeur
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
112
Le pouvoir disciplinaire est inhérent à la qualité de chef d’entreprise
o
(Cass. soc., 16 oct. 1980, n 79-13.894). Il doit être exercé dans
l’intérêt du bon fonctionnement de l’entreprise (Cass. soc., 15 déc.
1961, D, 1962, 306). Il suppose l’existence d’une faute disciplinaire
justifiant le prononcé d’une sanction (§ 1), sous réserve de certaines
conditions procédurales (§ 2).
I. La faute disciplinaire
113
Il appartient à l’employeur de qualifier le comportement fautif afin
d’appliquer la sanction adéquate. Le fait de sanctionner
différemment des salariés est, en soi, possible dès lors qu’aucun
détournement de pouvoir ni discrimination ne peuvent être relevés
o
(Cass. soc., 6 juin 2012, n 10-28.199).
114
Par contre, les amendes ou autres sanctions pécuniaires sont
interdites (C. trav., art. L. 1331-2). S’agissant d’une interdiction
générale d’ordre public, toute disposition contraire est réputée non
o
écrite (Cass. soc., 20 oct. 2010, n 09-42.896). Le fait d’infliger une
amende ou une sanction pécuniaire est passible de sanctions
pénales (C. trav., art. L. 1334-1). À l’inverse, la perte ou la baisse
d’un élément de rémunération n’est pas une sanction pécuniaire
illicite lorsqu’elle découle d’une sanction disciplinaire licite (mise à
pied par exemple). Dans ce cas, les conséquences pécuniaires sont,
en effet, indirectes. De même, l’employeur peut, en principe,
subordonner l’attribution d’une prime à des conditions d’assiduité ou
o
de rendement (Cass. soc., 10 juin 1992, n 88-44.717, Bull. civ. V,
o
n 376).
De la même manière, les sanctions discriminatoires sont interdites,
sous peine de nullité (C. trav., art. L. 1132-1).
§2 La procédure disciplinaire
115
supplémentaires (audition par un conseil de discipline : Cass. soc.,
o
16 sept. 2008, n 07-41.532).
116
délai maximal d’un mois entre l’entretien préalable et la notification
o
de la sanction (Cass. soc., 9 oct. 2019, n 18-15.029).
117
Jurisprudence
Les juges précisent toutefois que ce délai d’un mois peut être dépassé lorsque
l’employeur est conduit, en vertu de règles statutaires ou conventionnelles, à
recueillir l’avis d’un organisme disciplinaire dès lors qu’avant l’expiration de ce
délai, le salarié a été informé de la décision de l’employeur de saisir cet organisme
o
(Cass. soc., 26 juin 2019, n 17-31.328).
§3 Le contrôle judiciaire
118
fournis par le salarié à l’appui de ses allégations, le Conseil de
prud’hommes forme sa conviction après avoir ordonné, en cas de
besoin, toutes les mesures d’instruction qu’il estime utiles. Si un
doute subsiste, il profite au salarié (C. trav., art. L. 1333-1).
Le juge est libre de retenir ou non l’existence d’une faute. Il n’est pas
lié par la sanction retenue par l’employeur.
119
SOUS-TITRE 2
LES ÉVÉNEMENTS QUI AFFECTENT
LA RELATION DE TRAVAIL
o
Fiche n 10 La maladie de droit commun
o
Fiche n 11 L’inaptitude médicale
o
Fiche n 12 La maternité
o
Fiche n 13 Le transfert d’entreprise
o
Fiche n 14 La modification du contrat de travail
et des conditions de travail
120
o
Fiche n 10 La maladie de droit commun
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
121
I. Les conditions de la suspension
122
exceptionnelle, conduire à la rupture du contrat. Il en est ainsi
lorsque le salarié n’a pas envoyé de certificat de prolongation d’arrêt
o
de travail durant trois mois (Cass. soc., 9 nov. 2004, n 02-42.495)
par exemple. Le salarié se soustrait en effet volontairement à toute
explication. Il en est de même lorsque l’employeur lui a envoyé
plusieurs lettres de mise en demeure, restées vaines (Cass. soc.,
o
25 févr. 2009, n 07-41.483).
A La dispense de travail
Le salarié n’a pas l’obligation de se tenir à la disposition de
o
l’employeur (Cass. soc., 16 juill. 1987, Bull. civ. 1987, V, n 521). Si
le salarié tombe malade au cours de la période d’essai, le salarié ne
doit pas non plus effectuer sa prestation de travail. En ce cas, la
durée de l’essai est d’ailleurs prolongée d’une durée égale à celle de
l’absence pour maladie.
123
salarié même lorsque ce dernier se trouve en arrêt maladie (Cass.
o
soc., 3 avr. 2019, n 17-20.953).
124
des actes de concurrence et exerce une activité incompatible avec
o
l’état de santé déclaré (Cass. soc., 21 oct. 2003, n 01-43.943). Tel
est le cas aussi lorsque le salarié profite de son arrêt de travail pour
effectuer une visite dans l’entreprise et y tenir des propos insultants
o
et injurieux (Cass. soc., 29 oct. 2008, RJS 2009, n 31).
B Le maintien du salaire
Pendant son arrêt de travail, le salarié bénéficie, sous certaines
conditions, d’indemnités journalières versées par le régime général
de sécurité sociale et d’un complément de salaire lui assurant tout
ou partie de sa rémunération (CSS, art. L. 321-1), sous réserve de
dispositions conventionnelles plus favorables (Cass. soc.,
o
23 mai 2013, n 12-15.371).
125
Covid-19
126
une ancienneté dans l’entreprise d’un an au moins, sachant que
celle-ci est appréciée au premier jour de l’absence du salarié et
non à partir du premier jour d’absence indemnisé (C. trav., art.
D. 1226-8).
L’employeur doit verser les indemnités complémentaires au-delà du
e
7 jour d’absence liée à la maladie (les indemnités journalières de
e
sécurité sociale sont versées à compter du 4 jour d’absence). La
durée d’indemnisation du salarié malade varie selon l’ancienneté du
salarié et la durée de son absence.
127
o
de reprise auprès de l’employeur (Cass. soc., 12 nov. 1997, n 95-
40.632) ou directement auprès du médecin du travail si l’employeur
o
en est informé (Cass. soc., 26 janv. 2011, n 09-68.544).
En cas d’arrêt de travail de plus de 30 jours, une visite de pré reprise est
organisée par le médecin du travail, à l’initiative du médecin traitant, du médecin
conseil de la sécurité sociale ou du salarié. Cette visite a pour objet de faciliter la
recherche des mesures nécessaires au maintien dans l’emploi.
128
santé. Toute disposition ou tout acte contraire à l’égard d’un salarié
est, en vertu de la loi, nul de plein droit (Cass. soc., 11 mars 2009,
o
n 07-41.636) y compris pendant la période d’essai (Cass. soc.,
o
16 févr. 2005, n 02-43.402).
129
o
d’un nouveau salarié (Cass. soc., 26 sept. 2007, n 06-43.029). De
plus, la durée du temps de travail du remplaçant doit correspondre à
o
celle du salarié remplacé (Cass. soc., 6 févr. 2008, n 06-44.389).
Également, le délai de remplacement doit nécessairement être
raisonnable compte tenu de l’entreprise, du poste et des démarches
o
entreprises par l’employeur (Cass. soc., 10 nov. 2004, n 02-45.156).
Enfin, c’est au jour de la prise de décision de l’employeur de rompre
le contrat de travail du salarié malade qu’il convient de se placer
pour apprécier la présence des critères devant présider au
o
remplacement du salarié absent (Cass. soc., 6 févr. 2008, n 07-
40.065).
130
o
Fiche n 11 L’inaptitude médicale
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
131
Dès lors qu’elle est constatée (§ 1), l’inaptitude donne lieu à une
obligation de reclassement à la charge de l’employeur (§ 2), voire à
une rupture du contrat de travail (§ 3).
132
Le médecin du travail peut solliciter également des examens
complémentaires et demander la réalisation d’un deuxième examen
médical, au plus tard 15 jours après le premier examen.
133
La décision du médecin du travail peut être contestée par le salarié
ou par l’employeur devant le Conseil de prud’hommes dans un délai
de 15 jours suivant la notification de l’avis d’inaptitude. Le Conseil de
prud’hommes peut confier toute mesure d’instruction au médecin-
inspecteur du travail territorialement compétent pour l’éclairer sur les
questions de fait relevant de sa compétence.
134
Le reclassement doit être recherché parmi les emplois disponibles
dans l’entreprise (tous établissements et tous secteurs confondus),
et, si l’entreprise appartient à un groupe, parmi les entreprises
situées en France dont les activités, l’organisation ou le lieu
d’exploitation permettent d’effectuer la permutation de tout ou partie
du personnel (C. trav., art. L. 1226-2).
135
salarié au cours du premier mois de recherche d’un emploi (sauf si
dispositions conventionnelles contraires). Cette règle est toutefois
tempérée en cas d’inaptitude d’origine professionnelle, puisque le
salarié a droit à une indemnité temporaire d’inaptitude (ITI) versée
par la CPAM (CSS, art. L. 433-1 et art. D. 433-2).
136
Inaptitude consécutive à une maladie ou accident non
professionnel :
Indemnité légale de licenciement (ou indemnité conventionnelle
si elle est plus favorable) ;
Indemnité compensatrice de congés payés ;
Pas d’indemnité compensatrice de préavis (en cas de
licenciement, le préavis n’est pas exécuté et le contrat de travail
est rompu à la date de notification du licenciement. Le préavis
est néanmoins pris en compte pour le calcul de l’indemnité de
licenciement (C. trav., art. L. 1226-4).
En présence d’une inaptitude d’origine non professionnelle, le
licenciement prononcé par l’employeur en méconnaissance de son
obligation de reclassement est sans cause réelle et sérieuse et
ouvre droit à l’indemnité prévue par l’article L. 1235-3 du Code du
travail, en cas de licenciement dépourvu de cause réelle et sérieuse.
137
En cas de refus de réintégration par l’une ou l’autre des parties, le
juge octroie une indemnité au salarié dont le montant est fixé
conformément aux dispositions de l’article L. 1235-3-1 du Code du
travail applicable aux licenciements nuls ou prononcés en violation
d’une liberté fondamentale. Elle se cumule avec l’indemnité
compensatrice et, le cas échéant, l’indemnité spéciale de
licenciement qui, sauf dispositions conventionnelles plus favorables,
est égale au double de l’indemnité légale de licenciement.
138
o
Fiche n 12 La maternité
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
I. Au moment de l’embauche
139
Il est formellement interdit à l’employeur de rechercher ou de faire
rechercher toute information concernant l’état de grossesse d’une de
ses salariées (C. trav., art. L. 1225-1). Qui plus est, le Code du
travail consacre un droit au silence de la femme enceinte (ou
salariée bénéficiant d’une assistance médicale à la procréation –
C. trav., art. L. 1225-3-1). Une femme (salariée ou candidate à un
emploi) n’est pas tenue de révéler sa grossesse, sauf lorsqu’elle
demande le bénéfice des dispositions légales relatives à la
protection de la femme enceinte (C. trav., art. L. 1225-2 ; Cass. soc.,
o
23 févr. 1972, n 71-40.091). En ce cas, elle doit lui adresser, par
courrier, un certificat médical attestant de l’état de grossesse et de la
date présumée de l’accouchement. Il ne s’agit toutefois pas d’une
formalité substantielle. La salariée est protégée dès que l’employeur
a connaissance de son état de grossesse (Cass. soc., 9 juill. 2008,
o
n 07-41.927).
A Le principe de non-discrimination
Par application de l’article L. 1225-1 du Code du travail, l’employeur
ne doit pas prendre en considération l’état de grossesse d’une
femme pour refuser de l’embaucher, pour rompre son contrat de
travail au cours d’une période d’essai ou pour prononcer une
mutation d’emploi. La salariée bénéficiant d’une assistance médicale
à la procréation est également protégée.
140
D’une manière générale, l’état de grossesse figure dans la liste des
motifs de discrimination prohibés par le Code du travail (C. trav., art.
L. 1132-1 et L. 1142-1).
Jurisprudence
Par exemple, est victime d’une discrimination, une salariée qui, en raison de
o
son état de grossesse, n’a pas été promue (Cass. soc., 16 déc. 2008, n 06-
o
45.262) ou a subi un retard dans sa promotion (Cass. soc., 28 oct. 2008, n 07-
41.856).
B La protection de la santé
La salariée bénéficie d’autorisations d’absence, sans baisse de
rémunération, pour se rendre aux examens médicaux obligatoires
dans le cadre de la surveillance médicale de la grossesse et des
suites de l’accouchement (C. trav., art. L. 1225-15). Elle bénéficie
désormais également d’une autorisation d’absence pour les actes
médicaux nécessaires à une assistance médicale à la procréation.
141
durée des congés payés ainsi que pour les droits légaux ou
conventionnels acquis par la salariée au titre de son ancienneté
dans l’entreprise (C. trav., art. L. 1225-16). Pendant une année à
compter du jour de la naissance, la salariée allaitant son enfant
dispose à cet effet d’une heure par jour durant les heures de travail.
La salariée peut allaiter son enfant dans l’établissement. Toute
entreprise employant plus de cent salariées peut être mise en
demeure d’installer dans son établissement ou à proximité des
locaux dédiés à l’allaitement (C. trav., art. L. 1225-30 et s.).
142
durée de travail. La période d’activité à temps partiel a une durée
d’un an et peut être prolongée deux fois, mais prend fin au plus tard
au troisième anniversaire de l’enfant (C. trav., art. L. 1225-47 et art.
L. 1225-48).
143
minimale d’une année à la date de naissance de l’enfant ou de son
adoption, dispose d’un congé parental d’éducation durant lequel le
contrat de travail est suspendu (C. trav., art. L. 1225-47).
144
que pendant les dix semaines suivant l’expiration de ces périodes
(C. trav., art. L. 1225-4). Pendant cette période, le licenciement n’est
justifié que si l’employeur justifie d’une faute grave de l’intéressée,
non liée à l’état de grossesse, ou de son impossibilité de maintenir
ce contrat pour un motif étranger à la grossesse ou à
l’accouchement. Cette protection est étendue au conjoint salarié de
la femme enceinte. Ainsi, aucun employeur ne peut en principe
rompre le contrat de travail d’un salarié pendant les dix semaines
suivant la naissance de son enfant (C. trav., art. L. 1225-4-1). Cette
protection relative de la salariée contre le licenciement est, par
ailleurs, prorogée par la prise de congés annuels.
145
Ces règles s’imposent aussi au conjoint de la salariée enceinte qui
bénéficie désormais d’une protection. Aucun employeur ne peut
rompre le contrat de travail d’un salarié pendant les dix semaines
suivant la naissance de son enfant. Toutefois, l’employeur peut
rompre le contrat s’il justifie d’une faute grave de l’intéressé ou de
son impossibilité de maintenir ce contrat pour un motif étranger à
l’arrivée de l’enfant (C. trav., art. L. 1225-4-1).
146
La nullité du licenciement oblige l’employeur à verser à la salariée le
montant du salaire qui aurait été perçu pendant la période couverte
par la nullité (C. trav., art. L. 1225-71) et à la réintégrer dans son
emploi. La salariée a droit à réintégration dans son emploi ou, à
défaut, dans un emploi équivalent. Il en résulte qu’en cas
d’annulation du licenciement d’une salariée en état de grossesse, sa
réintégration doit être ordonnée si elle le demande (Cass. soc.,
o
30 avr. 2003, n 00-44.811).
Jurisprudence
Dans un arrêt récent, la chambre sociale de la Cour de cassation précise pour
la première fois qu’un licenciement en raison de l’état de grossesse caractérise
une atteinte au principe constitutionnel d’égalité de droits entre l’homme et la
femme. Dès lors, la salariée qui demande sa réintégration à la suite de l’annulation
de son licenciement a droit à une indemnité égale au montant des salaires non
perçus entre son éviction et sa réintégration, sans déduction des revenus de
o
remplacement perçus pendant cette période (Cass. soc., 29 janv. 2020, n 18-
21.862).
147
femme licenciée au mépris des dispositions légales, en sus de
l’indemnité de licenciement.
148
o
Fiche n 13 Le transfert d’entreprise
L’ESSENTIEL
149
o
JOCE n L 201, 17 juill. 1998, p. 88). La jurisprudence de la CJUE
(anciennement CJCE) est donc abondante en la matière, et a
largement influencé le droit positif français. La mise en œuvre du
principe de maintien des contrats de travail a en effet suscité un
important contentieux.
LES CONNAISSANCES
Il est revenu aux juges de préciser les contours tant des conditions
d’application de l’article L. 1224-1 du Code du travail (§ 1) que de
ses effets (§ 2).
150
Pour appliquer l’article L. 1224-1 du Code du travail, l’activité
transférée doit constituer une entité économique autonome, laquelle
doit conserver son identité après le transfert. L’exigence d’un lien de
droit entre employeurs successifs n’est pas requise (CJCE, 10 févr.
o
1988, aff. 324/86 ; Cass. ass. plén., 16 mars 1990, n 89-45.730 ;
o
Cass. ass. plén., 16 mars 1990, n 86-40.686).
Jurisprudence
Selon la Cour de cassation, l’entité économique est « un ensemble organisé
de personnes et d’éléments corporels ou incorporels permettant l’exercice d’une
activité économique qui poursuit un objectif propre » (Cass. soc., 7 juill. 1998,
o
n 96-21.451). L’entité économique doit comprendre plusieurs éléments : des
moyens corporels (matériel, outillage, marchandises mais aussi bâtiments,
ateliers, terrains équipements…) ; des éléments incorporels (clientèle, droit au
bail, brevets d’invention, licences, dessins et modèles industriels, droits de
propriétés industriels, littéraires ou artistiques…) et du personnel propre. En outre,
selon la définition prétorienne, l’ensemble de ces moyens humains ou matériels
doit être organisé.
151
§2 Les effets de la modification de la situation
juridique de l’employeur sur les contrats de travail
en cours
Selon l’article L. 1224-1 du Code du travail, tous les contrats de
travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel
employeur et le personnel de l’entreprise.
152
Par principe, l’employeur initial ne peut pas licencier en vue du transfert.
Ceci donne lieu à une jurisprudence désormais constante. La loi Travail de 2016 a
toutefois créé une entorse à ce principe dans le but de faciliter la reprise
d’entreprises dans les entreprises d’au moins 1000 salariés. Dans ces entreprises,
lorsqu’un PSE comportait une reprise de site par une autre entreprise, le cédant
pouvait procéder au licenciement des salariés non repris par le repreneur. Les
ordonnances Macron vont plus loin encore puisque cette possibilité est désormais
élargie à toute entreprise de plus de 50 salariés tenue d’élaborer un PSE (C. trav.,
art. L.1233-61). Les nouvelles dispositions sont applicables aux procédures de
licenciement économique engagées à compter du 24 septembre 2017.
153
Le contrat de travail en cours lors du transfert doit être maintenu
o
dans les mêmes conditions (Cass. soc., 24 janv. 1990, n 86-
41.497). Le transfert du contrat de travail entraine le maintien de
o
l’ancienneté (Cass. soc., 10 oct. 2000, n 98-42.189), de la
qualification, de la rémunération et de la durée de travail, d’une
o
clause de non concurrence (Cass. soc., 15 oct. 1997, n 95-42.454).
Il en est ainsi également des usages qui s’appliquaient avant le
o
transfert (Cass. soc., 12 déc. 2012, n 11-24.562).
Le nouvel employeur est tenu envers les salariés des obligations qui
incombaient à l’ancien employeur à la date de la modification sauf
en cas de procédure de sauvegarde, de redressement ou de
liquidation judiciaire et de substitution d’employeurs intervenue sans
qu’il y ait eu de convention entre ceux-ci (C. trav., art. L. 1224-2). Le
premier employeur rembourse les sommes acquittées par le nouvel
employeur, dues à la date de la modification, sauf s’il a été tenu
compte de la charge résultant de ces obligations dans la convention
intervenue entre eux (C. trav., art. L. 1224-2).
154
de travail, ne peut être inférieur à la rémunération versée lors des
douze derniers mois.
A Le licenciement
Si un salarié commet une faute après le transfert, le nouvel
employeur peut légitimement engager une procédure disciplinaire. Il
est aussi possible d’invoquer des manquements commis par celui-ci
alors qu’il se trouvait sous l’autorité de l’ancien employeur à
condition de respecter la prescription de deux mois qui doit être
respectée pour engager les poursuites disciplinaires (Cass. soc.,
o
27 mai 2009, n 06-46.293).
155
er o
licenciement (Cass. soc., 1 juin 2016, n 14-21.143). Dans un arrêt
de 2019, la Cour de cassation précise la nature juridique du
licenciement consécutif au refus du salarié de la modification de son
contrat de travail autre que le changement d’employeur : il s’agit d’un
o
licenciement pour motif économique (Cass. soc., 17 avr. 2019, n
17-17.880).
156
o
Fiche n 14 La modification du contrat
de travail et des conditions de travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
157
o
40.966 et n 93-41.137), la Cour de cassation a modifié cette
terminologie pour consacrer celle de « modification du contrat de
travail » (§ 1) et de « changement des conditions de travail » (§ 2).
158
secteur géographique différent. À l’inverse, le fait de changer
l’affectation d’un salarié en un autre lieu situé dans le même secteur
géographique, n’entraîne pas de modification du contrat de travail et
constitue un simple changement des conditions de travail, relevant
du pouvoir de direction de l’employeur (Cass. soc., 16 déc. 1998,
o
n 96-40.227). De la même manière, si le contrat de travail contient
une clause claire et précise selon laquelle le salarié exécutera son
travail exclusivement dans le lieu qu’il mentionne, tout changement
de lieu de travail, y compris dans le même secteur géographique,
constitue une modification d’un élément essentiel du contrat de
o
travail (Cass. soc., 3 juin 2003, n 01-40.376). Par exemple, tel est le
cas lorsque les parties ont convenu d’une exécution de tout ou partie
de la prestation de travail au domicile du salarié (Cass. soc., 13 févr.
o
2013, n 11-22.360). Dans cette dernière hypothèse, la Cour de
cassation affirme que l’employeur ne peut pas modifier, sans
l’accord du salarié, cette organisation contractuelle du travail (Cass.
o
soc., 12 févr. 2014, n 12-23.051).
159
Clause de mobilité – Une clause de mobilité est une disposition prévue
dans le contrat de travail ou la convention collective prévoyant que le salarié
accepte par avance que son lieu de travail puisse être modifié. Sauf exceptions
(mutation qui entraine une modification d’un élément essentiel du contrat, atteinte
à la vie familiale et personnelle, délai de prévenance trop court), la mutation
s’impose alors au salarié. Celle clause doit définir précisément sa zone
géographique d’application.
Clause de non concurrence – Il s’agit d’une clause qui tend à limiter la liberté
d’un salarié d’exercer, après la rupture de son contrat, des fonctions équivalentes
à son propre compte ou chez un concurrent. Sa validité suppose le respect de
certains critères soumis à l’appréciation du juge.
Clause de garantie d’emploi – Clause par laquelle est fixée une durée pendant
laquelle l’employeur s’engage à ne pas mettre fin au contrat de travail. En cas de
non-respect, il doit verser au salarié une indemnité déterminée à l’avance.
160
o
n 98-42.177) ou entre les jours de la semaine (Cass. soc., 27 juin
o
2001, n 99-42.462).
161
Attention L’acceptation de la modification de son contrat de travail par le salarié
doit être claire et non équivoque. Elle ne saurait être déduite du seul fait que le
salarié continue à exécuter sa prestation de travail (Cass. soc., 29 janv. 1997,
o
n 94-40.025). Elle ne peut donc résulter que d’un consentement exprès de sa
o
part (Cass. soc., 9 nov. 2011, n 09-73.040).
162
o
contractuelles (Cass. soc., 12 juin 2014 n 12-29.063, Cass.
o
soc., 26 mars 2014 n 12-23.634). Ceci n’est pas le cas lorsque
la modification de la rémunération imposée par l’employeur n’a
pas d’incidence défavorable sur le montant du salaire ou
lorsque la réduction du taux de commissionnement ne
représente qu’une faible partie du salaire (Cass. soc., 12 juin
o
2014, n 12-29.063).
Jurisprudence
Pour exemple, une décision est exclusive de la bonne foi contractuelle lorsque
l’employeur a imposé au salarié, malgré sa situation familiale, une mutation rapide
o
et sans explication (Cass. soc., 12 juill. 2010, n 08-45.516). La bonne foi
o
contractuelle est toutefois présumée (Cass. soc., 23 févr. 2005, n 04-45.463).
163
salariés. Toutefois, les parties au contrat sont tenues à une
obligation générale de bonne foi qui implique que l’employeur ne
puisse pas mettre en œuvre un changement des conditions de
travail sans respecter un délai de prévenance raisonnable.
164
SOUS-TITRE 3
L’ENCADREMENT DES CONDITIONS
DE TRAVAIL
o
Fiche n 15 La durée du travail
o
Fiche n 16 Les congés
o
Fiche n 17 La rémunération
o
Fiche n 18 Les acteurs de la protection de la santé
et de la sécurité
o
Fiche n 19 Le harcèlement au travail
o
Fiche n 20 La lutte contre les discriminations
o
Fiche n 21 L’égalité professionnelle entre les femmes
et les hommes
o
Fiche n 22 La formation professionnelle continue
165
o
Fiche n 15 La durée du travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
o
Largement remaniée par la loi du 8 août 2016 (L. n 2016-1088 du
8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social
166
o
et à la sécurisation des parcours professionnels – JO n 184 du
9 août 2016), interprétée à la lumière de la directive du 4 novembre
2003 (Dir. 2003/88/CE, 4 nov. 2003 concernant certains aspects de
o
l’aménagement du temps de travail, – JOCE n L 299, 18 nov.2003,
p. 9-19), la réglementation de la durée du travail est régie par les
articles L. 3121-1 et suivants du Code du travail. Y sont
successivement définis les règles d’ordre public, le champ de la
négociation collective et les règles supplétives applicables en
l’absence d’accord. La crise sanitaire a entraîné la création de
o
dérogations à ces dispositions temporairement (Ord. n 2020-290,
25 mars 2020).
167
(C. trav., art. L. 3111-2, al. 2 pour des contentieux de qualification, V.
o o
Cass. soc., 9 févr. 2022, n 20-18.720 ; Cass. soc., 27 mai 2021, n
o
19-21.999 ; Cass. soc., 4 nov. 2021, n 20-18.813).
168
sous régime d’astreinte lorsque les contraintes imposées au
travailleur affectent très significativement sa faculté de gérer, au
cours de cette période, son temps libre (CJUE, 9 mars 2021, aff. C-
344/19 et C-580/19).
169
de repos, soit sous forme financière. Ces contreparties ne peuvent
o
pas avoir un caractère dérisoire (Cass. soc., 30 mars 2022, n 20-
15.022). En outre, la part de ce temps de déplacement professionnel
coïncidant avec l’horaire de travail n’entraîne aucune perte de
salaire (C. trav., art. L. 3121-4, al. 2). Enfin, si le temps de trajet
entre le domicile et le lieu habituel de travail est majoré du fait d’un
handicap, il peut faire l’objet d’une contrepartie sous forme de repos
(C. trav., art. L. 3121-5).
170
II. Durées maximales et durée légale de travail
171
de dommages-intérêts au profit du salarié, et ce, sans être tenu de
démontrer en quoi ces horaires chargés lui ont porté préjudice. Le
seul constat du dépassement de la durée maximale de travail ouvre
o
droit à la réparation (Cass. soc., 26 janv. 2022, n 20-21.636).
172
dispositions de l’accord collectif susvisé prévoyant que la pause est
o
réputée prise (Cass. soc., 30 juin 2021, n 19-15.264).
Calculées par semaine civile (C. trav., art. L. 3121-29), les heures
supplémentaires sont les heures effectuées au-delà de 35 heures. À
défaut d’accord, ces heures supplémentaires donnent lieu à une
majoration de salaire de 25 % pour chacune des huit premières
heures supplémentaires. Les heures suivantes – soit à partir de la
44e heure –, donnent lieu à une majoration de 50 % (C. trav., art. L.
3121-36). L’accord collectif relatif au taux de majoration des heures
supplémentaires ne peut pas fixer un taux inférieur à 10 % (C. trav.,
art. L. 3121-33). Les éléments de rémunération dont les modalités
de fixation permettent leur rattachement direct à l’activité personnelle
du salarié doivent être intégrés dans la base de calcul des
majorations pour heures supplémentaires (Cass. soc., 19 mai 2021,
o
n 19-20.995).
173
le refus du salarié étant fautif (Cass. soc., 9 mars 1999, Bull. civ. V,
o
n 103). En revanche, le refus est valable en cas de non-paiement
des heures supplémentaires précédemment accomplies (Cass. soc.,
o
7 déc. 1999, Bull. civ. V, n 473), de charge de travail excessive
o
(Cass. soc., 13 janv. 2003, Bull. civ. V, n 282) ou lorsque le recours
systématique aux heures supplémentaires conduit à une
o
modification du contrat de travail (Cass. soc., 16 mai 1991, n 89-
o
44.485 ; Cass. soc., 8 sept. 2021, n 19-16.908).
174
conventionnelles plus favorables, les heures de vol entre la
cinquante-sixième et la soixante-huitième heure ne pouvaient pas
être décomptées comme heures supplémentaires.
175
au-delà d’une durée hebdomadaire moyenne de 35 heures calculée
sur la période de référence (C. trav., art. L. 3121-41, al. 4).
176
Dans ce cadre, et par dérogation à l’article L. 3121-29 du Code du
travail, les heures de travail effectuées au cours d’une même
semaine au-delà de la durée hebdomadaire légale ou
conventionnelle ne sont pas considérées comme des heures
supplémentaires, pourvu qu’elles résultent d’un libre choix du salarié
er
(C. trav., art. L. 3121-48, al. 1 ).
À défaut d’accord collectif mentionné à l’article L. 3121-51 du Code
du travail, les limites et modalités du report d’heures en cas de mise
en place d’un dispositif d’horaires individualisés et de récupération
des heures perdues sont déterminées par décret en Conseil d’État
(C. trav., art. L. 3121-51).
177
Par le biais de la convention de forfait, la durée du travail peut être
forfaitisée en heures ou en jours (C. trav., art. L. 3121-53). Ce
faisant, les conventions de forfait permettent d’écarter la
réglementation sur les heures supplémentaires (C. trav., art. L. 3121-
53), sous réserve de respecter le droit à la santé et au repos
o
(Cass. soc., 24 avr. 2013, n 11-28.398). Le cas échéant (V. infra),
les stipulations de l’accord collectif applicable doivent être de nature
à assurer la protection de la sécurité et de la santé des salariés
o
(Cass. soc., 15 déc. 2021, n 19-18.226), ce qu’il appartient au juge
o
de contrôler même d’office (Cass. soc., 19 mai 2021, n 19-16.362).
Répond à cette exigence l’accord d’entreprise qui prévoit
l’établissement d’un décompte du nombre de jours travaillés et une
réunion annuelle pour faire le point sur l’organisation el la charge de
o
travail (Cass. soc. 9 févr. 2022, n 20-18.602). À défaut, la
convention individuelle de forfait conclue sur son fondement est
privée d’effet (Ibid.) sans entraîner l’inopposabilité de cet accord
collectif aux salriés auxquels il s’applique (Cass. soc., 15 déc. 2021,
o
n 19-18.226). Inversement la convention individuelle est nulle
lorsque l’accord collectif prévoit, d’une part, que le chef
d’établissement veille à ce que la charge de travail soit compatible
avec la réduction du temps de travail et, d’autre part, que les cadres
bénéficient d’un repos quotidien et hebdomadaire sans instituer de
suivi effectif et régulier pour remédier à une éventuelle surcharge de
o
travail (Cass. soc., 24 mars 2021, n 19-12.208 ; Cass. soc., 13 oct.
o
2021, n 19-20.561). En cas de contentieux, il incombe à
l’employeur de rapporter la preuve qu’il a respecté les stipulations de
l’accord collectif destinées à assurer la protection de la santé et de la
sécurité des salariés soumis au régime du forfait en jours (Cass.
o
soc., 19 déc. 2018, n 17-18.725). Manque à son obligation de
178
sécurité l’employeur ne justifiant pas avoir pris les dispositions
nécessaires pour garantir que l’amplitude et la charge de travail du
salarié restaient raisonnables et assuraient une bonne répartition
dans le temps du travail et donc à assurer la protection de la sécurité
o
et de la santé du salarié (Cass. soc., 2 mars 2022, n 20-16.683,
relatif à un salarié sous convention de forfait en jours).
179
En d’autres termes, la convention de forfait peut être établie en
heures réalisées sur la semaine, le mois ou l’année. Les salariés
sous convention de forfait annuel sont soumis à un forfait de 1607
heures. La convention de forfait peut aussi être stipulée en jours
déployés sur l’année. En revanche, le forfait en jours est
impérativement réparti sur l’année.
Dès lors, le principe de la convention de forfait est simple : faisant
exception à la durée légale, la convention de forfait exclut la
comptabilisation du temps de travail en heures et exclut les règles
relatives aux durées maximales quotidiennes et hebdomadaires de
travail, les règles tenant au repos étant néanmoins maintenues
o
(V. Fiche n 16).
180
(C. trav., art. L. 3121-56)
Ainsi, tandis que « tout salarié peut conclure une convention individuelle de forfait
en heures sur la semaine ou sur le mois », seuls « peuvent conclure une
convention individuelle de forfait en heures sur l’année, les cadres dont la nature
des fonctions ne les conduit pas à suivre l’horaire collectif applicable au sein de
l’atelier, du service ou de l’équipe auquel ils sont intégrés », ainsi que « les
salariés qui disposent d’une réelle autonomie dans l’organisation de leur emploi du
temps ».
(C. trav., art. L. 3121-58)
Du côté du forfait en jours, ce champ d’application personnel est plus restreint
puisque seuls deux catégories de salariés « peuvent conclure une convention
individuelle de forfait en jours sur l’année ».
Cela concerne « […] les cadres qui disposent d’une autonomie dans l’organisation
de leur emploi du temps et dont la nature des fonctions ne les conduit pas à suivre
l’horaire collectif applicable au sein de l’atelier, du service ou de l’équipe auquel ils
sont intégrés », ainsi que « les salariés dont la durée du temps de travail ne peut
être prédéterminée et qui disposent d’une réelle autonomie dans l’organisation de
leur emploi du temps pour l’exercice des responsabilités qui leur sont confiées ».
Le recours au forfait fait l’objet d’un écrit rédigé sous la forme d’une
clause insérée au sein du contrat de travail, ou d’une convention
autonome à ce dernier. En conséquence, la seule signature d’une
convention de forfait en jours nulle n’est pas suffisamment grave
pour empêcher la poursuite du contrat de travail (Cass. soc., 2 mars
o
2022, n 20-11.092, qui rejette une demande de résiliation du contrat
de travail). En cas d’annulation d’une convention annuelle de forfait
en jours d’un salarié protégé, et de refus de ce dernier de la
proposition de modification de l’organisation de son temps de travail,
l’employeur est tenu soit de maintenir la libre répartition de son
temps de travail par le salarié, soit de saisir l’inspecteur du travail
d’une demande d’autorisation administrative de licenciement (Cass.
o
soc., 9 févr. 2022, n 20-13.711).
181
La rémunération au forfait ne peut résulter que d’un accord entre les
parties.
182
la conclusion de conventions individuelles de forfait en heures ou en
jours sur l’année détermine le champ d’application personnel, ainsi
que les modalités concrètes de recours aux conventions
individuelles de forfait. Par ailleurs, lorsqu’une convention de forfait
en heures est déclarée inopposable, le décompte et le paiement des
heures supplémentaires doit s’effectuer selon le droit commun, au
regard de la durée légale de 35 heures hebdomadaires ou de la
durée considérée comme équivalente (Cass. soc., 30 mars 2022,
20-19.849).
I. Règles préventives
183
er
Aux termes de l’article L. 3171-2, alinéa 1 , du Code du travail,
lorsque tous les salariés occupés dans un service ou un atelier ne
travaillent pas selon le même horaire collectif, l’employeur établit les
documents nécessaires au décompte de la durée de travail, des
repos compensateurs acquis et de leur prise effective, pour chacun
des salariés concernés.
184
o o o
déc. 2013, n 12-17.525, n 12-11.886, n 12-22.344 et 11-28.314) a
été modifiée par un renforcement de l’implication du salarié dans la
répartition de la charge de la preuve.
Jurisprudence
En ce sens, il a été jugé « qu’en cas de litige relatif à l’existence ou au nombre
d’heures de travail accomplies, il appartient au salarié de présenter, à l’appui de sa
demande, des éléments suffisamment précis quant aux heures non rémunérées
qu’il prétend avoir accomplies afin de permettre à l’employeur, qui assure le
contrôle des heures de travail effectuées, d’y répondre utilement en produisant ses
propres éléments. Le juge forme sa conviction en tenant compte de l’ensemble de
ces éléments au regard des exigences rappelées aux dispositions légales et
réglementaires précitées. Après analyse des pièces produites par l’une et l’autre
des parties, dans l’hypothèse où il retient l’existence d’heures supplémentaires, il
évalue souverainement, sans être tenu de préciser le détail de son calcul,
l’importance de celles-ci et fixe les créances salariales s’y rapportant » (Cass.
o o
soc., 18 mars 2020, n 18-10.919 ; Cass. soc., 27 janv. 2021, n 17-31.046).
185
– Y. PAGNERRE, J. VERNERET, Forfait en jours : de l’illicéité à la
sécurisation des dispositifs conventionnels, JCP S 2019, 1351
– M. VERICEL, « Une nouvelle architecture des règles en matière
de temps de travail », RDT 2016, pp. 824-831
– M. VERICEL, « Un nouveau modèle pour la réglementation du
temps de travail », Dr. soc. 2018, pp. 276-278
186
o
Fiche n 16 Les congés
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
187
est l’une des garanties du droit au repos ainsi reconnu aux salariés
o
(Cons. const., 13 janv. 2003, n 2002-465 DC ; Cons. const., 6 août
o
2009, n 2009-588 DC). De même, le droit au repos est largement
protégé par les institutions européennes. Sur la base de la directive
o
n 2003/88 du 4 novembre 2003 concernant certains aspects de
o
l’aménagement du temps de travail (JOCE n L 299, 18 nov. 2003,
pp. 9-19), la CJUE estime ainsi que le droit au congé annuel payé de
chaque travailleur est « un principe du droit social de l’Union
revêtant une importance particulière, auquel il ne saurait être dérogé
et dont la mise en œuvre par les autorités nationales compétentes
ne peut être effectuée que dans les limites expressément énoncées
par ladite directive » (CJUE, 26 juin 2001, Bectu, aff. C-173/99 ;
CJUE, 24 janv. 2012, Dominguez, aff. C-282/10).
188
cessant de produire effet le 31 juillet 2022), notamment la possibilité
pour l’employeur d’imposer la prise de jours de repos ainsi que celle
des congés payés ou d’en modifier les dates.
Pour les développements qui suivent, seront énoncées les règles
d’ordre public ainsi que les règles supplétives de volonté car elles
forment le « noyau dur » de la réglementation du repos. Seront
successivement abordés le repos quotidien (§ 1), les jours fériés
(§ 2), le repos hebdomadaire (§ 3) et les congés payés (§ 4).
§1 Le repos quotidien
Par principe, tout salarié bénéficie d’un repos quotidien d’une durée
minimale de 11 heures consécutives, sauf dans certains cas : pour
des activités caractérisées par la nécessité d’assurer une continuité
du service ou par des périodes d’intervention fractionnées, en cas de
surcroît exceptionnel d’activité ou en cas d’urgence (C. trav.,
art. L. 3131-1). De plus, par dérogation au principe énoncé
précédemment, l’employeur peut, sous sa seule responsabilité et en
informant l’inspecteur du travail, déroger à la période minimale de
11 heures de repos quotidien par salarié en cas de travaux urgents
dont l’exécution immédiate est nécessaire pour organiser des
mesures de sauvetage, prévenir des accidents imminents ou encore
réparer des accidents survenus au matériel, aux installations ou aux
bâtiments (C. trav., art. D. 3131-1).
189
er
Le Code du travail prévoit 11 jours fériés : le 1 janvier ; le lundi de
er
Pâques ; le 1 mai ; le 8 mai ; l’Ascension ; le lundi de Pentecôte ; le
14 juillet ; l’Assomption ; la Toussaint ; le 11 novembre ; le jour de
Noël.
Une autre notion est attachée à celle de jour férié : le jour chômé.
Concrètement, cela signifie que le jour chômé est payé comme s’il
s’agissait d’une journée de travail effective.
Il existe donc des jours fériés chômés et des jours fériés non
chômés.
Par ailleurs, le travail durant un jour férié n’est pas interdit. Dans une
pareille hypothèse, la rémunération n’est pas obligatoirement
majorée, sauf dispositions conventionnelles contraires.
Les heures de travail perdues par suite de chômage des jours fériés
ne donnent pas lieu à récupération (C. trav., art. L. 3133-2).
En outre, le chômage des jours fériés ne peut entraîner aucune
perte de salaire pour les salariés totalisant au moins 3 mois
d’ancienneté dans l’entreprise ou l’établissement (C. trav., art.
L. 3133-3). À défaut d’accord, l’employeur fixe les jours fériés
chômés (C. trav., art. L. 3133-3-2).
190
Les jours fériés posent de nombreux problèmes pratiques. Au regard
du calendrier, la position d’un jour férié peut entraîner un « pont » qui
est une période de repos décidée par l’entreprise ou,
éventuellement, imposée à elle par une convention ou un accord
collectif de travail.
er
Concernant le 1 mai, il s’agit du seul jour férié et chômé (C. trav.,
er
art. L. 3133-4). Le chômage du 1 mai ne peut être une cause de
er
réduction de salaire (C. trav., art. L. 3133-5, al. 1 ). Les salariés
rémunérés à l’heure, à la journée ou au rendement ont droit à une
indemnité égale au salaire perdu du fait de ce chômage. Cette
indemnité est à la charge de l’employeur (C. trav., art. L. 3133-5, al.
2).
191
Journée de solidarité
§3 Le repos hebdomadaire
192
Des dérogations sont énoncées dans différentes matières où le
repos hebdomadaire peut être suspendu, notamment en cas de
travaux urgents (C. trav., art. L. 3132-4), dans les industries traitant
des matières périssables ou ayant à répondre à un surcroît
extraordinaire de travail (C. trav., art. L. 3132-5), pour les travaux
dans les ports, débarcadères et stations (C. trav., art. L. 3132-6),
pour les activités saisonnières (C. trav., art. L. 3132-7), pour les
travaux de nettoyage des locaux industriels et de maintenance
(C. trav., art. L. 3132-8), pour les travaux intéressant la défense
nationale (C. trav., art. L. 3132-9), dans les établissements
industriels fonctionnant en continu (C. trav., art. L. 3132-10), ainsi
que pour les gardiens et concierges des établissements industriels
et commerciaux (C. trav., art. L. 3132-11).
193
La crise sanitaire a été l’occasion de formuler une dérogation supplémentaire
au profit des « personnes morales qui assurent les activités prévues à l’article 11
de la loi du 11 mai 2020 susvisée, d’identification, d’orientation et
d’accompagnement des personnes infectées ou présentant un risque d’infection
au Covid-19 et de surveillance épidémiologique aux niveaux national et local dans
le cadre de la lutte contre la propagation de l’épidémie de Covid-19, ainsi que
ceux qui assurent des prestations nécessaires à l’accomplissement de ces
o o
activités » (D. n 2020-573, 15 mai 2020 ; Ord. n 2020-323, 25 mars 2020,
art. 7).
194
programme de fidélisation d’une compagnie aérienne (Cass. soc.,
o
9 mai 2019, n 17-21.162).
195
§4 Les congés payés
Tous les salariés sont donc concernés quelle que soit la nature de
leur contrat de travail (CDI, CDD, etc.) et quel que soit le temps de
travail (à temps plein ou temps partiel). Les congés payés annuels
n’excluent aucunement la prise des autres congés.
196
19.223). Il appartient également à l’employeur relevant d’une caisse
de congés payés (C. trav., art. L. 3141-32) de prendre les mesures
propres à assurer au salarié la possibilité de bénéficier effectivement
de son droit à congé auprès de la caisse de congés payés, et, en
cas de contestation, de justifier qu’il a accompli à cette fin les
diligences qui lui incombent légalement. Seule l’exécution de cette
obligation entraîne la substitution de l’employeur par la caisse pour
le paiement de l’indemnité de congés payés (Cass. soc., 22 sept.
o
2021, n 19-17.046).
La notion de jour ouvrable est très large et vise tous les jours de la
semaine, quel que soit l’horaire de l’entreprise ou du salarié (Cass.
o
soc., 8 nov. 1983, n 81-41.583), hormis les dimanches et les jours
fériés légaux.
De même, les périodes prises en compte sont interprétés
favorablement : par exemple, lorsqu’un licenciement est annulé, la
période comprise entre l’annulation du licenciement et la
réintégration du salarié donne droit à congés payés (CJUE, 25 juin
2020, aff. C-762/18 ; CJUE, 25 juin 2020, aff. 37/19).
197
stipulation dans la convention ou l’accord conclu en application de
l’article L. 3141-10 du Code du travail, le début de la période de
référence pour l’acquisition des congés est fixé par un décret en
Conseil d’État (C. trav., art. L. 3141-11).
Les congés payés annuels sont pris dans une période qui comprend
er
dans tous les cas la période du 1 mai au 31 octobre de chaque
année (C. trav., art. L. 3141-13).
Cela étant, les congés peuvent être pris dès l’embauche, sans
préjudice des règles de détermination de la période de prise des
congés et de l’ordre des départs et des règles de fractionnement du
congé (C. trav., art. L. 3141-12).
De plus, les conjoints et les partenaires liés par un pacte civil de
solidarité travaillant dans une même entreprise ont droit à un congé
simultané (C. trav., art. L. 3141-14).
À défaut de stipulation dans une convention ou un accord collectif
(C. trav., art. L. 3141-15), l’employeur est le maître d’œuvre de la
prise des congés payés annuels. Il appartient donc à l’employeur de
définir, après avis, le cas échéant, du CSE la période de prise des
congés ainsi que l’ordre des départs (C. trav., art. L. 3141-16).
L’ordre des départs s’applique aux congés reportés (Cass. soc.,
o
8 juill. 2020, n 18-21.681).
Pour ce faire, l’employeur tient compte, à défaut de stipulations
conventionnelles contraires, de différents critères, à savoir :
198
la situation de famille des bénéficiaires, notamment les
possibilités de congé, dans le secteur privé ou la fonction
publique, du conjoint ou du partenaire lié par un pacte civil de
solidarité, ainsi que la présence au sein du foyer d’un enfant ou
d’un adulte handicapé ou d’une personne âgée en perte
d’autonomie ;
la durée de leurs services chez l’employeur ;
ainsi que leur activité chez un ou plusieurs autres employeurs.
199
durée supérieure à douze jours ouvrables, il peut être fractionné
avec l’accord du salarié. Cet accord n’est pas nécessaire lorsque le
congé a lieu pendant la période de fermeture de l’établissement. À
ce sujet, il a été jugé que le salarié ne pouvant pas renoncer par
avance au bénéfice d’un droit qu’il tient de dispositions d’ordre public
avant que ce droit ne soit né, il ne peut renoncer dans le contrat de
travail à ses droits en matière de fractionnement du congé principal
o
(Cass. soc., 5 mai 2021, n 20-14.390).
200
o
Fiche n 17 La rémunération
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
La rémunération est une notion qui doit être précisée (§ 1). Il s’agit
d’une conception large du salaire qui s’entend de tout élément versé
au salarié dans le cadre de son contrat de travail, élément dont il
convient de préciser le régime (§ 2). À ces éléments peuvent
s’ajouter certains compléments de revenus perçus par le salarié au
titre de l’intéressement, la participation et l’épargne salariale (§ 3).
§1 La notion de rémunération
À l’origine, la notion de salaire était entendue au sens strict comme
la contrepartie du travail : « en raison du caractère synallagmatique
201
du contrat de travail, tout salaire est la contrepartie de la prestation
o
de travail » (Cass. soc., 11 janv. 1962, n 58-40.128).
§2 Le salaire
A Le salaire de base
Le salaire de base est librement déterminé par les parties lors de la
conclusion du contrat de travail. Il est fixé dans sa nature et son
montant. Il peut se composer d’une partie fixe et d’une partie
variable.
Il est régulièrement calculé en fonction du nombre d’heures
effectuées. Il peut également varier en fonction du rendement, c’est
à dire, varier en fonction des résultats du travail du salarié ou d’une
équipe sur une période donnée.
202
« avantage en nature », « pourboire », « gratifications » ou
« primes ».
• Les pourboires
Le pourboire est une gratification remise au salarié par les clients de
l’employeur. Il est très fréquent dans les professions qui impliquent
une mise en relation entre le salarié et la clientèle (hôtellerie,
restauration…).
203
Il peut constituer toute la rémunération du travail ou bien venir
s’ajouter au salaire fixe.
• La gratification
La gratification recouvre en pratique de multiples formes : treizième
mois, prime de fin d’année, prime de vacances.
• Les primes
Les primes peuvent recouvrir plusieurs formes : prime d’ancienneté,
prime d’assiduité, prime de rendement, prime de pénibilité…
204
Elles constituent du salaire dès lors qu’elles sont versées selon une
certaine périodicité.
B Le salaire minimum
Pour éviter les salaires trop faibles, le législateur a fixé une limite au-
dessous de laquelle aucun salaire ne peut descendre : le SMIC.
Mais, les partenaires sociaux établissent également des barèmes de
salaires minimums.
205
• Le SMIC
Le législateur a institué un salaire minimum interprofessionnel
garanti (SMIG), devenu le salaire minimum de croissance (SMIC) en
1970.
Le SMIC correspond au salaire horaire minimum légal que le salarié
doit percevoir. Il s’agit d’un salaire minimum d’ordre public, de sorte
qu’il n’est pas possible d’y déroger, même par convention collective.
206
Jurisprudence
L’employeur s’expose également à l’engagement de sa responsabilité civile.
En effet, la Cour de cassation considère que le paiement d’une rémunération
inférieure au SMIC cause nécessairement au salarié un préjudice qui doit être
o
réparé (Cass. soc., 29 juin 2011, n 10-12.884).
• Le minimum conventionnel
Le salaire est un thème de la négociation obligatoire au niveau de
l’entreprise ou de l’établissement et de la branche ou de la
profession. Les accords et conventions collectives peuvent ainsi
déterminer une classification des emplois et fixer une rémunération
minimale en fonction des catégories d’emplois. Le salaire minimum
conventionnel dépend ainsi de la qualification professionnelle de
chaque salarié.
A La mensualisation
La loi impose une périodicité minimale de paiement du salaire qui
est par principe mensuelle. La mensualisation a été consacrée par
l’accord national interprofessionnel du 10 décembre 1997, puis
o
généralisée par la loi du 19 janvier 1978 (L. n 78-49, 19 janv. 1978,
207
relative à la mensualisation et à la procédure conventionnelle – JO
du 20 janvier 1978, p. 426).
208
Le salaire est versé un jour ouvrable sauf en cas de paiement réalisé
par virement (C. trav., art. R. 3241-1). Aucune règle du Code du
travail n’impose un jour de versement du salaire.
Il est d’usage que la paye s’effectue sur les lieux de travail lorsque le
salarié est payé par chèque ou en espèces.
D Le bulletin de paie
Lors du paiement du salaire, l’employeur a l’obligation de délivrer au
salarié un bulletin de salaire, généralement édité sur support papier
(C. trav., art. L. 3243-1). Il peut être remis en main propre ou envoyé
par courrier. Sauf opposition du salarié, il peut également être remis
sous forme électronique.
La remise du bulletin de paie doit avoir lieu en même temps que le
o
paiement du salaire (Cass. soc., 5 oct. 2004, n 02-44.487).
209
A La protection contre les créanciers de l’employeur
Le salaire fait l’objet d’un super privilège. Autrement dit, le salarié
jouit d’un droit de se faire payer en priorité par rapport aux autres
créanciers de l’employeur. Le salarié est placé au premier rang des
créanciers. Ainsi, en cas de redressement ou de liquidation
judiciaire, le salaire des soixante derniers jours de travail est payé au
salarié (C. trav., art. L. 3253-2).
I. L’intéressement
210
L’intéressement est un dispositif facultatif qui a pour objet d’associer
collectivement les salariés aux résultats ou aux performances de
l’entreprise.
II. La participation
211
obligatoire lorsque l’entreprise a employé 50 salariés pendant
12 mois, consécutifs ou non, au cours des 3 derniers exercices.
212
Le plan d’épargne salariale peut s’organiser au niveau de
l’entreprise, du groupe ou au niveau interentreprises. Il peut être mis
en place dans toute entreprise, quel que soit son effectif.
213
o
Fiche n 18 Les acteurs de la protection
de la santé et de la sécurité
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
214
divers acteurs, internes et externes à l’entreprise, s’intéressent à ces
questions (§ 3).
§1 L’employeur
215
sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques
liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel, ainsi que ceux
liés aux agissements sexistes ; de prendre des mesures de
protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de
protection individuelle et de donner les instructions appropriées aux
travailleurs.
216
Également, par application de l’article L. 4141-2, l’employeur
organise une formation pratique et appropriée à la sécurité au
bénéfice des travailleurs qu’il embauche ; des travailleurs qui
changent de poste de travail ou de technique ; des salariés
temporaires, à l’exception de ceux auxquels il est fait appel en vue
de l’exécution de travaux urgents nécessités par des mesures de
sécurité et déjà dotés de la qualification nécessaire à cette
intervention et des travailleurs qui reprennent leur activité après un
arrêt de travail d’une durée d’au moins vingt et un jours, à la
demande du médecin du travail.
217
Jurisprudence
Dans les célèbres arrêts du 28 février 2002 dits « arrêts amiante », la Cour de
cassation affirme alors que « l’employeur est tenu envers celui-ci d’une obligation
o o
de sécurité de résultat » (Cass. soc., 28 févr. 2002, n 99-18.389 ; n 00-10.051 ;
o o o
n 99-21.255 ; n 99-17.201 ; n 00-13.172). Initialement contractuel, le
fondement de cette obligation est devenu légal par référence à l’article L. 4121-1
o
du Code du travail (Cass. soc., 16 juin 2009, n 08-41.519).
Jurisprudence
Les juges ont ainsi reconnu l’existence d’une obligation de sécurité de résultat
dans de nombreux cas : la protection contre le tabagisme dans l’entreprise (Cass.
o
soc., 29 juin 2005 n 03-44.412), le non-respect de l’obligation de procéder à une
o
visite médicale de reprise (Cass. soc., 28 févr. 2006, n 05-41.555), les violences
o
physiques ou morales dans l’entreprise (Cass. soc., 23 janv. 2013, n 11-18.855).
218
Jurisprudence
Depuis un arrêt du 25 novembre 2015, la Cour considère que ne méconnaît
pas l’obligation légale lui imposant de prendre les mesures nécessaires pour
assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs,
l’employeur qui justifie avoir pris toutes les mesures prévues par les articles
o
L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail » (Cass. soc., 25 nov. 2015, n 14-
24.444). Cette position a été confirmée depuis. En matière de harcèlement moral
par exemple, la Cour de cassation énonce que l’employeur ne commet pas de
manquement à son obligation lui imposant de prendre les mesures nécessaires
pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs,
notamment en matière de harcèlement moral, s’il justifie avoir pris toutes les
mesures de prévention prévues par Code du travail et a adopté des mesures
immédiates propres à le faire cesser suite à sa prise de connaissance de
l’existence de faits susceptibles de constituer un harcèlement moral (Cass.
er o
soc.,1 juin 2016, n 14-19.702). Certains voient une évolution de l’obligation de
sécurité en une « obligation de moyens renforcée » (V. également Cass. soc.,
o
22 oct. 2015, n 14-20.173).
§2 Le salarié
219
Clairement, l’obligation du salarié est une obligation de moyen : le
travailleur n’est pas tenu d’un résultat précis. Il doit seulement
s’engager en fonction de sa formation et selon ses possibilités. La
référence à sa formation fait écho à l’obligation pesant sur
l’employeur (C. trav., art. L. 4121-4). De plus, l’obligation de sécurité
du travailleur doit être appréciée au regard de ses possibilités
physiques, matérielles et intellectuelles, mais aussi au regard des
« instructions » données par l’employeur (C. trav., art. L. 4122-1).
Les instructions de l’employeur précisent, en particulier lorsque la
nature des risques le justifie, les conditions d’utilisation des
équipements de travail, des moyens de protection, des substances
et préparations dangereuses. Elles sont adaptées à la nature des
tâches à accomplir.
Jurisprudence
En cas de manquement à son obligation de sécurité, un salarié peut voir sa
responsabilité engagée sur le terrain disciplinaire. Le manquement du salarié peut
o
constituer une faute grave (Cass. soc., 28 mai 2008, n 06-40.629).
220
L’employeur ne peut donc s’exonérer de sa propre responsabilité en
invoquant le manquement du salarié à son obligation de sécurité.
221
À noter que le salarié doit aussi alerter immédiatement l’employeur
s’il estime, de bonne foi, que les produits ou procédés de fabrication
utilisés ou mis en œuvre par l’entreprise emportent un risque grave
sur la santé publique ou l’environnement. L’employeur doit l’informer
de la suite qu’il entend donner à son alerte (C. trav., art. L. 4133-1).
I. Le CSE
222
dessous. Le comité dispose du droit d’alerte en cas d’atteinte aux
droits des personnes et en cas de danger grave et imminent (C.
trav., art. L. 2312-59).
Pour les entreprises d’au moins 50 salariés (C. trav., art. L. 2312-8 et
s.), le CSE :
1° Procède à l’analyse des risques professionnels auxquels peuvent
être exposés les travailleurs (salarié, stagiaire…), notamment les
femmes enceintes, ainsi que des effets de l’exposition aux facteurs
de risques professionnels mentionnés à l’article L. 4161-1 du Code
du travail ;
2° Contribue notamment à faciliter l’accès des femmes à tous les
emplois, à la résolution des problèmes liés à la maternité, à
l’adaptation et à l’aménagement des postes de travail afin de faciliter
l’accès et le maintien des personnes handicapées à tous les emplois
au cours de leur vie professionnelle ;
3° Peut susciter toute initiative qu’il estime utile et proposer
notamment des actions de prévention du harcèlement moral, du
harcèlement sexuel et des agissements sexistes (tout agissement lié
au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter
atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant,
hostile, dégradant, humiliant ou offensant). Le refus de l’employeur
est motivé.
223
Le CSE mis en place dans les entreprises d’au moins 50 salariés
exerce également les attributions reconnues à la délégation du
personnel au CSE dans les entreprises de 11 à moins de 50
salariés.
224
l’effectif de salariés suivis de l’entreprise ou de l’établissement est
inférieur à 500 salariés, l’employeur doit adhérer à un service de
prévention et de santé interentreprises.
225
Il lui revient de constituer lors de l’embauche un dossier médical,
complété des résultats des examens postérieurs et d’établir,
consécutivement, les fiches médicales d’aptitude.
226
afin que soient ordonnées des mesures propres à faire cesser un
risque, celles-ci pouvant consister, par exemple, en la mise hors
service ou la saisie d’un matériel (C. trav., art. L. 4732-1).
227
o
Fiche n 19 Le harcèlement au travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
I. Le harcèlement moral
228
(C. trav., art. L. 1152-1)
Selon l’article L. 1152-1 du Code du travail, « aucun salarié ne doit subir les
agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une
dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits
et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son
avenir professionnel ».
229
Jurisprudence
Depuis un arrêt du 10 novembre 2009, la Cour de cassation affirme, au visa
de l’article L. 1152-1 du Code du travail, que le harcèlement moral est constitué,
indépendamment de l’intention de son auteur, dès lors que sont caractérisés des
agissements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de travail
susceptibles de porter atteinte aux droits et à la dignité du salarié, d’altérer sa
santé ou de compromettre son avenir professionnel (Cass. soc., 10 nov. 2009,
o
n 08-41.497). Cette position prétorienne est également à relier avec la
condamnation, par la Cour de cassation, de certaines méthodes de gestion mises
en œuvre par un supérieur hiérarchique, lorsqu’elles se manifestent, pour un
salarié déterminé, par des agissements constitutifs d’un harcèlement moral (Cass.
o
soc., 10 nov. 2009, n 07-45.32).
230
o
Né d’une loi du 22 juillet 1992 (L. n 92-684, 22 juill. 1992 – JO
23 juill. 1992), l’article 222-33 du Code pénal, dans sa rédaction
o
modifiée par la loi de modernisation sociale de 2002 (L. n 2002-73,
17 janv. 2002 – JO 18 janv. 2002), disposait que « le fait de harceler
autrui dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle est puni
d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ».
Parallèlement, des dispositions « jumelles » existaient dans le Code
du travail depuis une loi du 2 novembre 1992. L’article L. 1153-1 du
Code du travail précisait ainsi, , que « les agissements de
harcèlement de toute personne dans le but d’obtenir des faveurs de
nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers sont interdits ».
o
Puis, depuis la loi n 2012-954 du 6 août 2012, faisant suite à une
question prioritaire de constitutionnalité (Cons. const., 4 mai 2012,
o
n 2012-240 QPC), l’article L. 1153-1 du Code du travail disposait
qu’« aucun salarié ne doit subir des faits 1° Soit de harcèlement
sexuel, constitué par des propos ou comportements à connotation
sexuelle répétés qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de
leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre
une situation intimidante, hostile ou offensante ; 2° Soit assimilés au
harcèlement sexuel, consistant en toute forme de pression grave,
même non répétée, exercée dans le but réel ou apparent d’obtenir
un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de
l’auteur des faits ou au profit d’un tiers ». Cette définition a été
o
modifiée par la loi n 2021-1018 du 2 août 2021.
231
(C. trav., art. L. 1153-1)
Dans sa dernière version, le texte précise :
« Aucun salarié ne doit subir des faits :
1° Soit de harcèlement sexuel, constitué par des propos ou comportements à
connotation sexuelle ou sexiste répétés qui soit portent atteinte à sa dignité en
raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une
situation intimidante, hostile ou offensante ;
232
B La distinction entre harcèlement sexuel et agissements
sexistes
Il est nécessaire de distinguer le harcèlement sexuel des
agissements sexistes. Cette autre notion est codifiée en l’article
er
L. 1142-2-1 et s’inscrit dans le titre IV du Livre 1 de la première
partie du Code du travail, au sein des dispositions consacrées à
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Il ne s’agit
pas d’un nouveau cas de discrimination illicite.
233
éléments, mais nécessairement en présence d’une présomption
suffisante, il incombait à la partie défenderesse de prouver que ces
agissements ne sont pas constitutifs d’un tel harcèlement et que sa
décision est justifiée par des éléments étrangers à tout harcèlement.
§2 La prévention du harcèlement
L’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la
sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés
(C. trav., art. L. 4121-1). Il doit ainsi prendre toutes dispositions
nécessaires en vue de prévenir les agissements de harcèlement
moral et sexuel (C. trav., art. L. 1152-4 et L. 1153-5).
er
Également, depuis le 1 janvier 2019, les entreprises d’au moins 250
salariés doivent désigner un référent chargé d’informer et accompagner les
salariés en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements
sexistes. Outre ce référent RH, un référent élu du personnel doit aussi être
nommé dans les CSE de toutes les entreprises. Il appartient au CSE de désigner
parmi ses membres un référent en matière de lutte contre le harcèlement sexuel
et les agissements sexistes, nommé pendant toute la durée du mandat. Il peut
bénéficier de la formation nécessaire à l’exercice de ses missions.
234
Le comité social et économique dispose également d’une mission
générale en matière de santé mentale. Par application de l’article
L. 2312-9 du Code du travail, dans le champ de la santé, de la
sécurité et des conditions de travail, le comité social et économique
peut susciter toute initiative qu’il estime utile et proposer notamment
des actions de prévention du harcèlement moral, du harcèlement
sexuel et des agissements sexistes.
235
Par ailleurs, l’inspection du travail peut être sollicitée, d’autant que,
par application de l’article L. 8112-2 du Code du travail, les agents
de contrôle de l’inspection du travail peuvent constater les délits de
harcèlement sexuel ou moral prévus, dans le cadre des relations de
travail.
§4 Les sanctions
236
Le Conseil des prud’hommes peut être saisi afin de permettre à la
victime d’obtenir réparation du préjudice subi. Le salarié dispose
d’un délai de 5 ans après le dernier cas de harcèlement.
237
Jurisprudence
o
Depuis un arrêt rendu en 2006 (Cass. soc., 21 juin 2006, n 05-43.914), il est
acquis que l’employeur est tenu envers ses salariés d’une obligation de sécurité
de résultat en matière de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs,
notamment en matière de harcèlement moral. La Cour de cassation précisait, en
outre, que l’absence de faute de sa part ne peut l’exonérer de sa responsabilité.
La Cour est même allée plus loin puisqu’il était relevé que l’employeur, tenu d’une
obligation de sécurité de résultat en matière de protection de la santé et de la
sécurité des travailleurs, manque à cette obligation lorsqu’un salarié est victime
sur le lieu de travail de harcèlement moral ou sexuel exercé par l’un ou l’autre de
ses salariés, quand bien même il aurait pris des mesures en vue de faire cesser
o
ces agissements (Cass. soc., 29 juin 2011, n 09-70.902). La jurisprudence a
largement évolué. La Cour de cassation affirme désormais que « ne méconnaît
pas l’obligation légale lui imposant de prendre les mesures nécessaires pour
assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs,
notamment en matière de harcèlement moral, l’employeur qui justifie avoir pris
toutes les mesures de prévention prévues par les articles L. 4121-1 et L. 4121-2
du Code du travail et qui, informé de l’existence de faits susceptibles de constituer
un harcèlement moral, a pris les mesures immédiates propres à le faire cesser »
er o
(Cass. soc., 1 juin 2016, n 14-19.702).
238
qu’il a signée doit prouver que le harcèlement moral qu’il subissait a altéré son
o
consentement (Cass. soc., 23 janv. 2019, n 17-21.550).
239
sociale est apparente ou connue de son auteur ; par plusieurs
personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice. Les peines
encourues sont alors portées à trois ans d’emprisonnement et
45 000 euros d’amende (C. pén., art. 222-33, III, al. 2).
Les employeurs doivent afficher ou informer par tout moyen les
salariés du texte de l’article 222-33 du Code pénal qui définit le
harcèlement sexuel et expose les sanctions encourues par l’auteur.
Par ailleurs, cette obligation d’information porte aussi sur les actions
contentieuses civiles et pénales ouvertes en matière de harcèlement
sexuel et les coordonnées des autorités et services compétents.
240
imperfections, JCP S 2012, 1403
241
o
Fiche n 20 La lutte contre
les discriminations
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
242
L’interdiction des discriminations doit être distinguée de l’égalité de
traitement qui vise à assurer un traitement égal à des personnes
placées dans des situations similaires. La non-discrimination tend à
interdire l’usage de certains motifs pour opérer des distinctions et
prendre des décisions.
o er er
(L. n 2008-496, 27 mai 2008, art. 1 , al. 1 )
Constitue une discrimination directe « la situation dans laquelle, sur le
fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée,
à une ethnie ou une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son
orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de manière moins
favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation
comparable ».
243
Jurisprudence
Il en est ainsi par exemple du retard injustifié subi par un salarié homosexuel
o
dans l’évolution de sa carrière (Cass. soc., 24 avril 2013, n 11-15.204).
o er
(L. n 2008-496, 27 mai 2008, art. 1 , al. 2)
Constitue une discrimination indirecte « une disposition, un critère ou une
pratique neutre en apparence, mais susceptible d’entraîner, pour l’un des motifs
mentionnés au premier alinéa, un désavantage particulier pour des personnes par
rapport à d’autres personnes, à moins que cette disposition, ce critère ou cette
pratique ne soit objectivement justifié par un but légitime et que les moyens pour
réaliser ce but ne soient nécessaires et appropriés ».
Jurisprudence
Constitue une discrimination indirecte en raison de l’état de santé un système
de rémunération qui, apparemment neutre, pénalise les salariés malades (Cass.
o
soc., 9 janv. 2007, n 05-43.962).
244
B La liste des motifs discriminatoires
Les motifs discriminatoires sont nombreux et la liste a d’ailleurs
largement évolué au gré des réformes. Sont visées par le texte les
discriminations du salarié en raison :
de son origine, de son sexe, de ses mœurs, de son orientation
sexuelle, de son identité de genre, de son âge, de sa situation de
famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de la
particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique,
apparente ou connue de son auteur, de son appartenance ou de sa
non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou
une prétendue race, de ses opinions politiques, de ses activités
syndicales ou mutualistes, de son exercice d’un mandat électif, de
ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom
de famille, de son lieu de résidence ou de sa domiciliation bancaire,
ou en raison de son état de santé, de sa perte d’autonomie ou de
son handicap, de sa capacité à s’exprimer dans une langue autre
que le français.
245
nombreuses hypothèses. Cela concerne tous les actes de gestion
du personnel.
246
2017. Cette indemnité est due sans préjudice du paiement, le cas
échéant, de l’indemnité de licenciement légale, conventionnelle ou
contractuelle.
247
leur situation économique et visant à favoriser l’égalité de traitement
ne constituent pas une discrimination.
§2 Le contentieux
248
faveur, lorsqu’il est établi que le licenciement n’a pas de cause réelle
et sérieuse et constitue en réalité une mesure prise par l’employeur
en raison de cette action en justice (C. trav. art. L. 1134-4).
249
La nullité de la décision prise entraine une réintégration qui est de
droit et le salarié est regardé comme n’ayant jamais cessé d’occuper
son emploi. Le salarié peut refuser de poursuivre l’exécution du
contrat de travail. En ce cas, les dispositions de l’article L. 1235-3-1
sont applicables.
250
Pour certaines mesures discriminatoires, le Code du travail prévoit
des sanctions spécifiques. Tel est le cas par exemple en cas de non-
respect des dispositions relatives à la discrimination syndicale, en
cas de discrimination liée à l’état de grossesse.
251
o
Fiche n 21 L’égalité professionnelle entre
les femmes et les hommes
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
252
I. L’interdiction des discriminations
253
l’autre sexe constitue la condition déterminante (artiste de spectacle,
mannequin, etc.).
Qui plus est, des mesures temporaires prises au seul bénéfice des
femmes peuvent être adoptées, lorsqu’elles visent à établir l’égalité
des chances entre les femmes et les hommes, en particulier en
remédiant aux inégalités de fait qui affectent les chances des
femmes. Ces mesures résultent de dispositions réglementaires
prises dans les domaines du recrutement, de la formation, de la
promotion, de l’organisation et des conditions de travail ; de
stipulations de conventions de branches étendues ou d’accords
collectifs étendus ou de l’application du plan pour l’égalité
professionnelle entre les femmes et les hommes.
254
Jurisprudence
Dans un arrêt en date du 12 juillet 2017, la chambre sociale de la Cour de
cassation précise que l’octroi, en vertu d’un accord d’entreprise, d’une demi-
journée de congé aux femmes à l’occasion de la Journée internationale des
femmes, le 8 mars, n’est pas une mesure discriminatoire à l’égard des hommes.
Elle décide ainsi « qu’en application des articles L. 1142-4, L. 1143-1 et L. 1143-2
du Code du travail, interprétés à la lumière de l’article 157, paragraphe 4, du traité
sur le fonctionnement de l’Union européenne, un accord collectif peut prévoir au
seul bénéfice des salariées de sexe féminin une demi-journée de repos à
l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, dès lors que
cette mesure vise à établir l’égalité des chances entre les hommes et les femmes
en remédiant aux inégalités de fait qui affectent les chances des femmes » (Cass.
o
soc., 12 juill. 2017, n 15-26.262).
255
Jurisprudence
o
Ceci résulte du fameux arrêt Ponsolle (Cass. soc., 29 oct. 1996, n 92-
43.680).
Dans cette logique, est nulle de plein droit toute disposition figurant
notamment dans un contrat de travail, une convention ou accord
collectif de travail, un accord de salaires, un règlement ou barème
256
de salaires résultant d’une décision d’un employeur ou d’un
groupement d’employeurs et qui comporte, pour un ou des salariés
de l’un des deux sexes, une rémunération inférieure à celle de
salariés de l’autre sexe pour un même travail ou un travail de valeur
égale. La rémunération plus élevée dont bénéficient ces derniers
salariés est substituée de plein droit à celle que comportait la
disposition entachée de nullité (C. trav., art. L. 3221-7).
257
différences de traitement soient admises, dès lors qu’elles sont
justifiées par des éléments objectifs ou par la situation particulière de
o
l’intéressé (Cass. soc., 28 nov. 2000, n 97-43.715).
258
L’organisation syndicale n’a pas à justifier d’un mandat de
l’intéressé. Il suffit que celui-ci ait été averti par écrit de cette action
et ne s’y soit pas opposé dans un délai de quinze jours à compter de
la date à laquelle l’organisation syndicale lui a notifié son intention
d’agir. L’intéressé peut toujours intervenir à l’instance engagée par le
syndicat (C. trav., art. L. 1144-2).
259
o
Fiche n 22 La formation professionnelle
continue
L’ESSENTIEL
er
(C. trav., art., L. 6111-1, al. 1 et 2)
« La formation professionnelle tout au long de la vie constitue une obligation
nationale. Elle vise à permettre à chaque personne, indépendamment de son
statut, d’acquérir et d’actualiser des connaissances et des compétences favorisant
son évolution professionnelle, ainsi que de progresser d’au moins un niveau de
qualification au cours de sa vie professionnelle. Elle constitue un élément
déterminant de sécurisation des parcours professionnels et de la promotion des
salariés.
Elle comporte une formation initiale, comprenant notamment l’apprentissage, et
des formations ultérieures, qui constituent la formation professionnelle continue,
destinées aux adultes et aux jeunes déjà engagés dans la vie active ou qui s’y
engagent ».
260
économique et culturel, à la sécurisation des parcours
professionnels et à leur promotion sociale.
LES CONNAISSANCES
261
La formation professionnelle continue concerne les adultes et jeunes
déjà engagés dans la vie active ou ceux qui s’y engagent (C. trav.,
art. L. 6111-1). Les articles L. 6313-1 et suivants du Code du travail
listent les actions de formation qui entrent dans le champ de la
formation professionnelle continue. De nombreuses actions de
formation sont visées par le texte : actions de formation ; les bilans
de compétences ; les actions permettant de faire valider les acquis
de l’expérience ; les actions de formation par apprentissage.
262
compétences en lien ou non avec leur poste de travail, leur
permettre d’obtenir une qualification plus élevée ;
Pour les travailleurs dont l’emploi est menacé, réduire les
risques résultant d’une qualification inadaptée à l’évolution des
techniques et des structures des entreprises, en les préparant à
une mutation d’activité dans le cadre de leur entreprise ou en
dehors ; et pour les salariés dont le contrat est rompu, leur
permettre d’accéder à des emplois exigeant une qualification
différente ou à des non-salariés d’accéder à de nouvelles
activités professionnelles ;
Aider à la mobilité professionnelle.
Également, le bilan de compétences a pour objet de permettre à des
travailleurs d’analyser leurs compétences professionnelles et
personnelles ainsi que leurs aptitudes et leurs motivations afin de
définir un projet professionnel et, le cas échéant, un projet de
formation (C. trav., art. L. 6313-4). Ce bilan ne peut être réalisé
qu’avec le consentement du travailleur.
263
pratique, qui complète la formation reçue en entreprise et s’articule
avec elle ; de contribuer au développement des connaissances, des
compétences et de la culture nécessaires à l’exercice de la
citoyenneté et de contribuer au développement de l’aptitude des
apprentis à poursuivre des études par la voie de l’apprentissage ou
par toute autre voie (C. trav., art. L. 6313-5).
• L’entretien professionnel
o
En outre, la loi n 2014-288 du 5 mars 2014 a créé un nouvel
entretien professionnel. Cet entretien doit être organisé par
l’employeur tous les deux ans pour tous les salariés (quelle que soit
la forme de leur contrat de travail). L’article L. 6315-1 du Code du
travail précise que l’entretien est consacré à ses perspectives
d’évolution professionnelle, notamment en termes de qualifications
et d’emploi. Cet entretien ne porte pas sur l’évaluation du travail du
salarié. Il comporte également des informations relatives à la
validation des acquis de l’expérience, à l’activation par le salarié de
son compte personnel de formation, aux abondements de ce compte
que l’employeur est susceptible de financer et au conseil en
évolution professionnelle.
264
branche peut définir une périodicité différente.
265
I. Les obligations de l’employeur
266
Il importe de distinguer :
les actions de formation obligatoires ou nécessaires qui sont
celles qui conditionnent l’exercice d’une activité ou d’une
fonction en application d’une convention internationale ou de
dispositions légales et réglementaires. Elles constituent du
temps de travail effectif et donnent lieu au maintien de la
rémunération par l’employeur.
Ces actions de formation « obligatoires » constituent un temps
de travail effectif et donnent lieu au maintien de la rémunération
(C. trav., art. L. 6321-2).
les actions de formation autres que celles-ci-dessus, dites non
obligatoires : elles constituent aussi du temps de travail effectif
et donnent lieu au maintien de la rémunération, sauf lorsqu’elles
se déroulent hors temps de travail (C. trav., art. L. 6321-6 et
L. 6321-7).
Si l’employeur a bien une obligation d’assurer l’adaptation des
salariés à leur poste de travail et de veiller au maintien de leur
capacité à occuper un emploi, il n’y a pas d’obligation légale de
mettre en place un tel plan. La mise en œuvre d’un plan de
développement des compétences relève de la seule décision de
l’employeur, après consultation des représentants du personnel.
Tout salarié peut être visé par une action de formation prévue par le
plan de développement des compétences de son entreprise.
267
Si le contrat de travail prévoit une clause de dédit-formation, le
salarié doit rembourser les frais de formation engagés par son
employeur.
268
Il s’agit de formations permettant notamment d’acquérir une
qualification (diplôme, titre professionnel, etc.), d’acquérir le socle de
connaissances et de compétences, d’être accompagné pour la
validation des acquis de l’expérience (VAE), de réaliser un bilan de
compétences, de préparer l’épreuve théorique du Code de la route
et l’épreuve pratique du permis de conduire, de créer ou reprendre
une entreprise ou, pour les bénévoles et volontaires en service
civique, d’acquérir les compétences nécessaires à l’exercice de
leurs missions.
o
La loi n 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir
son avenir professionnel institue également un compte
d’engagement citoyen ayant pour objectif de recenser et de valoriser
les activités participant d’un engagement citoyen et d’acquérir ainsi
des droits à formation. Ce compte sera également comptabilisé en
euros.
269
§3 Le financement de la formation professionnelle
er
À partir du 1 janvier 2019, le financement de la formation passe par
le versement de trois contributions (C. trav., art. L. 6131-1) :
contribution unique à la formation professionnelle et à
l’alternance ;
contribution supplémentaire à l’apprentissage (CSA) ;
contribution pour le financement du compte personnel de
formation (CPF) des salariés en CDD.
270
TITRE 3
LA RUPTURE DE LA RELATION
DE TRAVAIL
o
Fiche n 23 Le licenciement pour motif personnel : cause
réelle et sérieuse
o
Fiche n 24 Le licenciement pour motif personnel :
procédure
o
Fiche n 25 Le licenciement économique : notion
o
Fiche n 26 Le licenciement économique : procédures
o
Fiche n 27 La rupture du contrat de travail à l’initiative
du salarié
o
Fiche n 28 La rupture conventionnelle
o
Fiche n 29 La retraite
o
Fiche n 30 Les conséquences de la rupture
271
o
Fiche n 23 Le licenciement pour motif
personnel :
cause réelle et sérieuse
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
272
§1 L’existence d’une cause réelle et sérieuse
La notion de cause réelle et sérieuse du licenciement renvoie à deux
types de justification du licenciement. Il peut s’agir tout d’abord d’un
licenciement lié au comportement fautif du salarié. Mais le salarié
peut ne pas commettre de faute : le licenciement pour motif
personnel résulte alors d’une défaillance de ses aptitudes
professionnelles rendant impossible le maintien de la relation de
travail (inaptitude physique, insuffisance professionnelle, etc.).
A La cause réelle
La réalité de la cause suppose tout d’abord que la cause existe. Un
licenciement prononcé sans motif est abusif. Les faits allégués par
l’employeur doivent réellement exister et doivent être matériellement
o
vérifiables (Cass. soc., 9 avril 1987, n 83-45425). De simples
craintes ou supputations ne sauraient donc fonder un licenciement
o
(Cass. soc., 21 sept. 2006, n 05-41.155).
273
o
le véritable motif de licenciement (Cass. soc., 28 oct. 1981, n 79-
o
41.274. – Cass. soc., 13 févr. 2008, n 06-43.849).
B La cause sérieuse
La cause doit également être sérieuse. La cause sérieuse est une
cause revêtant une certaine gravité qui rend impossible, sans
dommages pour l’entreprise, la continuation du contrat. Le caractère
de gravité ne signifie pas forcément une faute grave.
A Le motif disciplinaire
Le motif personnel peut tout d’abord reposer sur une faute.
Toutefois, seules les fautes d’une certaine intensité peuvent être une
cause réelle et sérieuse de licenciement. De plus, un comportement
fautif ne peut résulter que d’un fait imputable au salarié (Cass. soc.,
o
21 mars 2000, n 98-40.130).
274
La faute simple peut constituer une cause réelle et sérieuse de
licenciement. Elle consiste par exemple en une erreur ou une
négligence commise par le salarié.
La faute du salarié est considérée comme une faute grave dès lors
qu’elle rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. Le
fait doit être directement imputable au salarié. Cette faute, qui est
appréciée souverainement par les juges (Cass. soc., 29 juin 2016,
o
n 15-12.958), peut justifier sa mise à pied conservatoire qui
constitue une mesure de mise à l’écart dans l’attente du prononcé
de la sanction (C. trav., art. L. 1332-3). Elle permet le congédiement
du salarié avec effet immédiat, sans indemnité de préavis ni de
licenciement.
La faute lourde suppose du salarié une intention de nuire à
l’entreprise, laquelle implique la volonté du salarié de lui porter
préjudice dans la commission du fait fautif (Cass. soc., 8 févr. 2017,
o
n 17-21.064). Elle ne résulte pas de la seule commission d’un acte
o
préjudiciable à l’entreprise (Cass. soc., 22 oct. 2015, n 14-11.291).
Elle prive le salarié de toute indemnité attachée au licenciement à
savoir l’indemnité de licenciement et l’indemnité compensatrice de
préavis. De plus, elle permet d’engager la responsabilité
contractuelle du salarié. Conformément à une décision du Conseil
constitutionnel, la faute lourde ne prive plus le salarié de l’indemnité
compensatrice de congés payés (Cons. const., 2 mars 2016,
o
n 2015-523 QPC – JO 4 mars).
275
ses résultats.
Jurisprudence
Par exemple, la maladie peut être une cause réelle et sérieuse de
licenciement lorsqu’elle entraîne des conséquences dommageables pour
l’entreprise, à savoir la désorganisation ou la perturbation dans le fonctionnement
o
de l’entreprise (Cass. soc., 31 mars 2016, n 14-21.682). Encore, l’insuffisance
professionnelle peut constituer une cause réelle et sérieuse si elle repose sur des
o
faits objectifs précis et vérifiables (Cass. soc., 20 sept 2006, n 04-48.381). Il en
va de même de l’insuffisance de résultats, mais à condition que les objectifs
présentent un caractère raisonnable, réaliste et qu’ils soient imputables au salarié
o
(Cass. soc., 11 juill. 2001, n 99-42.927). Pour autre exemple, les désaccords
profonds entre salarié et employeur peuvent être une cause réelle et sérieuse de
licenciement. Le désaccord doit être imputable personnellement au salarié et
rendre impossible le maintien de la relation de travail. La simple divergence de
o
points de vue ne peut pas justifier la rupture (Cass. soc., 2 juin 2010, n 08-
44.634). Par contre, la Cour de cassation considère, depuis un arrêt du 29 mai
2001, que « la perte de confiance de l’employeur ne peut jamais constituer en tant
que telle une cause de licenciement, même quand elle repose sur des éléments
objectifs. Seuls ces éléments objectifs peuvent, le cas échéant, constituer une
cause de licenciement, mais non la perte de confiance qui a pu en résulter pour
o
l’employeur » (Cass. soc., 29 mai 2001, n 98-46.341).
276
En principe, il ne peut être procédé au licenciement d’un salarié pour
une cause tirée de sa vie personnelle.
Jurisprudence
Il en toutefois autrement lorsque le comportement de l’intéressé, compte tenu
de ses fonctions et de la finalité propre de l’entreprise, a créé un trouble
o
caractérisé au sein de cette dernière (Cass. soc., 14 sept. 2010, n 09-65.675).
Ce trouble objectif ne doit pas être assimilé à une faute et ne permet pas de
o
prononcer un licenciement disciplinaire (Cass. ch. mixte, 18 mai 2007, n 05-
o o
40.803 ; Cass. soc., 9 mars 2011, n 09-42.150 ; Cass. soc., 11 avril 2012, n 10-
25.764). Exceptionnellement, des faits relevant de la vie privée du salarié peuvent
justifier un licenciement disciplinaire, si le comportement constitue un
manquement à une obligation découlant de son contrat de travail (Cass. soc.,
o
3 mai 2011, n 09-67.464).
Une question épineuse est fréquemment posée aux juges : un salarié peut-il être
sanctionné, voire licencié, pour des propos tenus sur les réseaux sociaux ? Dans
un arrêt du 10 avril 2013, la Cour de cassation considère en sa première chambre
civile, saisie de la qualification d’injures publiques ou non publiques, juge que la
qualification d’injures publiques devait être écartée dans la mesure où « les propos
litigieux avaient été diffusés sur [des réseaux] accessibles qu’aux seules
personnes agréées par l’intéressée, en nombre très restreint [qui] formaient une
o
communauté d’intérêts » (Cass. civ., 10 avr. 2013, n 11-19530). Dans une affaire
en date du 12 septembre 2018, la Cour de cassation retient qu’une conversation
en ligne dans le cadre d’un groupe fermé et composé d’un petit nombre de
personnes est de nature privée, ce qui exclut que les propos qui y sont tenus,
puissent être qualifiés de faute grave, voire, dans cette espèce, de cause réelle et
o
sérieuse (Cass. soc., 12 sept. 2018, n 16-11.690).
277
administrative, lorsque la procédure n’est pas respectée (C. trav. art
L. 2411-1 et s.). Tel est le cas également des licenciements
prononcés en violation d’une liberté fondamentale (C. trav., art.
L. 1235-3-1), de la salariée en état de grossesse (C. trav. art.
L. 1225-71), du salarié qui agit en justice pour faire respecter
l’égalité entre les femmes et les hommes (C. trav. art. L. 1144-3), des
victimes de discrimination (C. trav. art. L. 1132-1 à L. 1332-4), du
salarié gréviste (C. trav. art. L. 1132-2 et L. 2511-1), du salarié à
raison de son témoignage sur un harcèlement sexuel ou moral ou
parce qu’il a subi ou refusé de subir un harcèlement sexuel ou moral
(C. trav., art. L. 1153-1 et L. 1152-1), du salarié qui aurait relaté ou
témoigné, de bonne foi, de faits constitutifs d’un délit ou d’un crime
dont il aurait eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions
(C. trav. art. L. 1132-3-3).
Jurisprudence
Enfin, la jurisprudence considère certains licenciements comme illicites. Pour
exemple, un employeur ne saurait licencier de manière brutale. Dans le cas même
où le licenciement serait justifié parce que fondé sur un motif réel et sérieux, les
circonstances de la rupture peuvent constituer une faute de la part de l’employeur
o
(un abus de droit) dont il devra réparation (Cass. soc., 26 févr. 1992, n 88-
44.441). Le licenciement ne saurait non plus être vexatoire. Ainsi en est-il de la
mise à la porte immédiate d’un cadre de direction, suivie, 3 jours plus tard, de
o
l’annonce de son licenciement dans la presse (Cass. soc., 29 nov. 1984, n 82-
41.540).
278
revient d’apprécier le caractère réel et sérieux des motifs invoqués la
vérité en formant sa conviction au vu des éléments fournis par les
parties et en ordonnant si nécessaire toutes mesures d’instruction
qu’il estime utiles (C. trav., art. L. 1235-1).
279
maintien de ses avantages acquis (C. trav., art. L. 1235-3). Cette
réintégration peut toutefois être refusée par l’employeur comme par
le salarié.
280
II. Le cas spécifique du licenciement nul
281
– J. MOULY, Le licenciement du salarié pour des faits relevant de sa
vie personnelle : le retour discret de la perte de confiance, Dr. soc.
2006, 839
– J. GRANGE, La fixation des plafonds d’indemnité de licenciement
sans cause réelle et sérieuse, JCP S 2017, act. 233
282
o
Fiche n 24 Le licenciement pour motif
personnel : procédure
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
283
disciplinaire) ou non. Si le licenciement est motivé à la fois par une
cause personnelle et par une cause économique, il importe de suivre
la procédure correspondant au motif qui se trouve le premier dans
l’ordre chronologique et qui est déterminant (Cass. soc., 24 avr.
o
1990, n 88-43.555).
I. L’entretien préalable
284
ou par un salarié appartenant à l’entreprise. À défaut de
représentant du personnel, le salarié peut se faire assister par
un salarié appartenant à l’entreprise ou par une personne
extérieure à l’entreprise laquelle est appelée le conseiller du
salarié (C. trav., art. L. 1232-4).
Lorsque le licenciement est envisagé pour un motif personnel non
disciplinaire, aucun délai n’est imposé pour l’envoi de la convocation.
Par contre, s’agissant d’un motif disciplinaire, la convocation doit
être envoyée dans les deux mois à compter de la connaissance des
faits par l’employeur (C. trav., art. L. 1332-4).
285
La tenue de l’entretien préalable n’est pas une condition nécessaire
à la régularité de la procédure. Ainsi, l’absence du salarié à
l’entretien ne constitue ni une faute ni une cause de licenciement
o
(Cass. soc., 28 nov. 2001, n 99-46.031) et l’employeur peut notifier
le licenciement dès lors qu’il a respecté son obligation de
convocation.
§2 La notification du licenciement
286
De façon constante, la Cour de cassation a toujours considéré que si
les motifs ne figuraient pas dans la lettre de licenciement ou s’ils
étaient vagues ou imprécis, le licenciement était réputé sans cause
o
réelle et sérieuse (Cass. soc., 29 nov.1990, n 88-44.30). Cette
solution a été partiellement remise en cause par l’ordonnance
o
n 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et à la
sécurisation des relations de travail. Désormais, l’employeur peut
préciser le motif d’un licenciement après sa notification, soit de sa
propre initiative, soit à la demande du salarié. C’est la lettre de
licenciement, précisée le cas échéant par l’employeur, qui fixe les
limites du litige en ce qui concerne les motifs de licenciement
(C. trav., art. L. 1235-2). L’ensemble des dispositions de l’article
L. 1235-2 du Code du travail est applicable aux licenciements
prononcés à compter du 18 décembre 2017 (Cass. soc., 22 sept.
o
2021, n 19-21.605).
287
§3 Les sanctions du non-respect de la procédure
de licenciement
Si le licenciement d’un salarié survient sans que la procédure
requise ait été observée, mais pour une cause réelle et sérieuse, le
juge impose à l’employeur d’accomplir la procédure prévue et
accorde au salarié, à la charge de l’employeur, une indemnité qui ne
peut être supérieure à un mois de salaire (C. trav., art. L. 1235-2 ;
pour l’application temporelle de ces dispositions, V. Cass. soc., 22
o
sept. 2021, n 19-21.605).
288
vont être retenues. En ce cas, l’indemnité pour irrégularité de
procédure est absorbée par l’indemnité prévue à l’article L. 1235-3
du Code du travail.
289
o
Fiche n 25 Le licenciement économique :
notion
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
290
o
L’ordonnance n 2017-1387 du 23 septembre 2017 apporte
également des modifications sensibles.
291
la copropriété, singulièrement celle d’administrer une résidence
de personnes âgées qui disposait d’un service médical, les
licenciements des infirmières affectées à ce service médical
relèvent des dispositions concernant les licenciements pour
o
motif économique (Cass. soc., 21 nov. 2018, n 17-12.599).
En revanche, constitue une entreprise, un office notarial (Cass. soc.,
o
4 mars 2015, n 13-26.293) et une société civile immobilière (Cass.
o
soc., 21 janv. 2015, n 13-17.850).
292
Jurisprudence
o
Bien que supprimés en 2017 (Ord. n 2017-1385, 22 sept. 2017), après une
o
brève existence (L. n 2013-504, 14 juin 2013 ; C. trav., anc. art. L. 2242-21 et s.),
certains accords de mobilité interne ont été conclus par les partenaires sociaux de
l’entreprise. Or, lorsqu’un ou plusieurs salariés refusent l’application à leur contrat
de travail des stipulations de l’accord relatives à la mobilité interne, leur
licenciement repose sur un motif économique (C. trav., anc. art. 2242-23). Selon
o
un arrêt du 2 décembre 2020 (Cass. soc., 2 déc. 2020, n 19-11.986), cet article a
institué un motif économique de licenciement autonome des motifs économiques
prévus à l’article L. 1233-3 du Code du travail. Dès lors, l’employeur n’a pas à
justifier que la modification du contrat de travail proposée en application de
l’accord de mobilité est consécutive à des difficultés économiques, des mutations
technologiques, une réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de
sa compétitivité ou une cessation complète d’activité (C. cass., Note explicative).
Le même arrêt précise l’office du juge en pareille situation : « Si le refus par le
salarié d’accepter l’application à son contrat de travail des stipulations de l’accord
relatives à la mobilité interne constitue, en application de l’article L. 2242-23 du
Code du travail alors applicable, un motif économique, il appartient au juge
d’apprécier le caractère réel et sérieux du motif du licenciement consécutif à ce
refus au regard, d’une part, de la conformité de l’accord aux dispositions des
articles L. 2242-21, L. 2242-22 et L. 2242-23 du Code du travail et, d’autre part,
conformément aux dispositions des article 4, 9.1 et 9.3 de la Convention
o
internationale du travail n 158 sur le licenciement de l’Organisation internationale
du travail, de la justification de l’accord par l’existence des nécessités du
fonctionnement de l’entreprise ».
293
La qualification de licenciement pour motif économique renvoie tant
à la cause qualificative de licenciement pour motif économique (§ 1),
qu’à la cause justificative (§ 2).
294
réorganisation de l’entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa
compétitivité ainsi que la cessation d’activité de l’entreprise.
295
d’affaires au cours de la période contemporaine de la notification de
la rupture du contrat de travail par rapport à celui de l’année
er o
précédente à la même période (Cass. soc., 1 juin 2022, n 20-
19.957, FS-B).
296
o o
profits (Cass. soc., 30 nov. 2011, n 09-43.183 et n 09-
43.184) ;
et la volonté de remettre en cause un système de rémunération
jugé trop favorable aux salariés et avec le désir d’augmenter les
o o
profits (Cass. soc., 30 nov. 2011, n 09-43.183 et n 09-43.184).
Enfin, le licenciement peut trouver sa source dans la cessation
er
d’activité de l’entreprise (C. trav., art. L. 1233-3, al. 1 , 4°). La
cessation d’activité ne peut pas être temporaire (Cass. soc., 15 oct.
o o
2002, n 01-46.240 ; Cass. soc., 18 mai 2005, n 03-42.010) ou
o
simplement partielle (Cass. soc., 29 juin 2005, n 03-43.664 ; Cass.
o o
soc., 10 oct. 2006, n 04-43.353 ; Cass. soc., 29 avr. 2009, n 07-
44.306).
Tel est le cas de la fermeture d’une ligne aérienne pour le
o
licenciement d’un pilote (Cass. soc., 11 juin 2002, n 00-42.233), de
o
la fermeture d’une agence (Cass. soc., 29 janv. 2003, n 00-44.933)
ou de la fermeture d’un hôtel qui ne représente qu’une partie des
o
activités de l’employeur (Cass. soc., 25 sept. 2007, n 06-41.573).
297
cette réorganisation (Ibid.). À cet égard, le fait que la cessation
d’activité de l’entreprise résulte de sa liquidation judiciaire ne prive
pas le salarié de la possibilité d’invoquer l’existence d’une faute de
l’employeur à l’origine de la cessation d’activité, de nature à priver le
licenciement de cause réelle et sérieuse (Cass. soc., 8 juill. 2020,
o
n 18-26.140, qui exonère l’employeur de sa responsabilité dans la
mesure où le défaut de déclaration de l’état de cessation des
paiements de la société et le détournement d’actif commis par le
dirigeant postérieurement à l’ouverture de la procédure collective
n’étaient pas à l’origine de la liquidation judiciaire).
298
Périmètre d’évaluation du motif économique
Le motif économique, autrement dit la justification du caractère économique du
licenciement, s’évaluait pendant longtemps à tous les échelons de l’entreprise et
même au niveau international. La Cour de cassation appréciait le motif
économique au niveau du secteur d’activé du groupe, toute filiale française ou
o
étrangère confondue (Cass. soc., 12 juin 2001, n 99-41.571). Avec la réforme
opérée par les ordonnances « Macron » de 2017 (ratifiées par la loi du 29 mars
2018), cette jurisprudence appartient au passé. Désormais le nouvel article
L. 1233-3 du Code du travail dispose que les difficultés économiques,
les mutations technologiques ou la nécessité de sauvegarder la compétitivité de
l’entreprise s’apprécient soit au niveau de l’entreprise, si celle-ci n’appartient pas à
un groupe ; soit au niveau du secteur d’activité commun à l’entreprise et aux
sociétés du groupe auquel elle appartient, établies sur le territoire national.
299
o
cas d’externalisation de ce dernier (Cass. soc., 17 déc. 2008, n 07-
43.974).
Constitue une transformation d’emploi le fait pour une société de
prendre en charge de nouveaux secteurs d’activité en plus de ses
activités classiques conduisant à la transformation de l’emploi d’une
secrétaire dactylographe en emploi de secrétaire de direction
chargée de la rédaction de devis et du suivi financier des chantiers
o
(Cass. soc., 9 juill. 1997, n 94-43.709 ; Cass. soc., 16 déc. 1997,
o
n 95-41.816).
La modification en question est une modification du contrat de travail
o
(V. Fiche n 14) résultant d’une raison économique.
Jurisprudence
Selon la CJUE, le fait pour un employeur de procéder, unilatéralement et au
détriment du travailleur, à une modification substantielle des éléments essentiels
de son contrat de travail pour des motifs non inhérents à la personne de ce
travailleur relève de la notion de licenciement économique (CJUE, 11 nov. 2015,
aff. C-422/14).
300
I. L’obligation de reclassement
301
Le reclassement doit être recherché sur les emplois disponibles, situés
sur le territoire national dans l’entreprise ou les autres entreprises du groupe dont
l’entreprise fait partie et dont l’organisation, les activités ou le lieu d’exploitation
assurent la permutation de tout ou partie du personnel (C. trav., art. L. 1233-4, al.
er
1 ). Le cas échéant, la notion de groupe désigne le groupe formé par une
entreprise appelée entreprise dominante et les entreprises qu’elle contrôle dans
les conditions définies à l’article L. 233-1, aux I et II de l’article L. 233-3 et à
l’article L. 233-16 du Code de commerce (C. trav., art. L. 1233-4, al. 2).
L’employeur n’a donc plus l’obligation de chercher un poste de reclassement à
l’étranger (ce qui était le cas avant la réforme « Macron »).
302
– D. BAUGARD, La qualification de motif économique, RDT 2009,
p. 510
– P. LOPES, L’extension du pouvoir de direction en cas de difficultés
de l’entreprise, JCP S 2019, 1088
– J. PÉLISSIER, La cause économique du licenciement, RJS, 1992,
p. 527
303
o
Fiche n 26 Le licenciement économique :
procédures
L’ESSENTIEL
304
Le droit de licencier sera réactivé lorsque l’employeur satisfait à son
obligation individuelle de reclassement.
LES CONNAISSANCES
305
Aménagements conventionnels
Les procédures de licenciement pour motif économique sont considérées comme
coûteuses en temps et en finances pour l’employeur. C’est pourquoi sont nés
progressivement des instruments d’aménagement conventionnel visant à
échapper ou à contourner les obligations résultant du droit du licenciement pour
motif économique.
Parmi les mécanismes les plus récents, on peut citer les modes de rupture d’un
commun accord dans le cadre d’un accord collectif. Effectivement, un accord
collectif portant gestion prévisionnelle des emplois et des compétences ou rupture
conventionnelle collective peut définir les conditions et modalités de la rupture d’un
commun accord du contrat de travail qui lie l’employeur et le salarié (C. trav.,
L. 1237-17).
Il peut s’agir, tout d’abord, du congé de mobilité qui peut être proposé par
l’employeur et qui a pour objet de favoriser le retour à un emploi stable par des
mesures d’accompagnement, des actions de formation et des périodes de travail
(C. trav., art. L. 1237-18).
Il peut s’agir, ensuite, d’un accord collectif déterminant le contenu d’une rupture
conventionnelle collective (C. trav., art. L. 1237-19).
306
Ce n’est qu’après cette étape que l’accord collectif peut recevoir application.
Pendant le temps prévu, les salariés souhaitant rompre leur contrat à l’amiable –
aux conditions fixées par l’accord – peuvent déposer leurs candidatures auprès
de l’employeur.
I. Critères
307
Quatre critères sont cités par le Code du travail, notamment les
charges de famille, en particulier celles des parents isolés,
l’ancienneté de service dans l’établissement ou l’entreprise, la
situation des salariés qui présentent des caractéristiques sociales
rendant leur réinsertion professionnelle particulièrement difficile,
notamment celle des personnes handicapées et des salariés âgés,
ainsi que les qualités professionnelles appréciées par catégorie
(C. trav., art. L. 1233-5, al. 2).
Ces critères ne sont pas placés sur le même plan. Une pondération
est envisageable. Par conséquent, l’employeur peut privilégier un de
ces critères, à condition de tenir compte de l’ensemble des autres
critères légaux (C. trav., art. L. 1233-5, al. 3).
II. Appréciation
308
Le périmètre d’application des critères d’ordre des licenciements
peut être fixé par un accord collectif (C. trav., art. L. 1233-5, al. 4).
En l’absence d’un tel accord, ce périmètre ne peut être inférieur à
celui de chaque zone d’emplois dans laquelle sont situés un ou
plusieurs établissements de l’entreprise concernés par les
suppressions d’emplois (C. trav., art. L. 1233-5, al. 5).
§2 L’information et la consultation
Le Code du travail organise l’information et la consultation des
représentants du personnel et module les modalités de ces
309
dernières en fonction du nombre de licenciements envisagés.
310
d’accompagnement prévues par le plan de sauvegarde de l’emploi
et, le cas échéant, les conséquences des licenciements projetés en
matière de santé, de sécurité ou de conditions de travail (C. trav.,
art. L. 1233-30).
Jurisprudence
Enfin commet une faute l’employeur qui met en oeuvre une procédure de
licenciement économique, alors qu’il n’a pas accompli, bien qu’il y soit légalement
tenu, les diligences nécessaires à la mise en place d’institutions représentatives
du personnel et sans qu’un procès-verbal de carence ait été établi. Cette faute
cause un préjudice aux salariés, privés ainsi d’une possibilité de représentation et
o
de défense de leurs intérêts (Cass. soc., 9 juin 2021, n 0-11.798).
311
salariés dans une même période de trente jours, convoque, avant
toute décision, le ou les intéressés à un entretien préalable (C. trav.,
er
art. L. 1233-11, al. 1 ). La convocation est effectuée par lettre
recommandée ou par lettre remise en main propre contre décharge.
Cette lettre indique l’objet de la convocation (C. trav., art. L. 1233-11,
al. 2).
Pour la seconde étape durant laquelle le salarié peut être assisté
(C. trav., art. L. 1233-13), l’entretien préalable ne peut avoir lieu
moins de cinq jours ouvrables après la présentation de la lettre
recommandée ou la remise en main propre de la lettre de
convocation (C. trav., art. L. 1233-11, al. 3). Au cours de cet entretien
préalable, l’employeur indique les motifs de la décision envisagée et
recueille les explications du salarié (C. trav., art. L. 1233-12).
312
Pour la notification du licenciement, la computation est distincte
selon la taille des effectifs de l’entreprise qui licencie.
Jurisprudence
Le lettre de licenciement pour motif économique énonce la cause économique
du licenciement et l’incidence matérielle de cette cause sur l’emploi ou le contrat
de travail du salarié. Elle n’a pas à préciser le niveau d’appréciation de la cause
économique quand l’entreprise appartient à un groupe (Cass. soc., 14 avr. 2021,
o
n 18-12.660).
313
§4 Les mesures d’accompagnement au licenciement
pour motif économique
A Conditions d’élaboration
Les conditions d’élaboration du plan de sauvegarde de l’emploi
(PSE) ressortent de l’article L. 1233-61 du Code du travail et sont au
nombre de trois : la première est relative à la taille de l’entreprise ; la
seconde vise le nombre de licenciements envisagés ; la troisième a
trait à la période où la décision de licencier a été prise. Ces trois
conditions sont cumulatives.
314
Le Code du travail prévoit deux formes de PSE : l’« accord PSE »
qui résulte de la négociation entre les partenaires sociaux ; à défaut
d’« accord PSE », le « document PSE » qui est un document
unilatéral élaboré par le chef d’entreprise en l’absence de
négociation aboutie.
315
Quant à l’ « accord PSE », celui-ci est modulable. Il comporte
d’abord obligatoirement les mêmes dispositions que le « document
er
PSE » (C. trav., art. L. 1233-24-2, al. 1 ; V. supra).
316
syndicales représentatives ayant recueilli au moins 50 % des
suffrages exprimés en faveur d’organisations reconnues
représentatives au premier tour des dernières élections des titulaires
au comité social et économique, quel que soit le nombre de votants
(C. trav. art. L. 1233-24-1).
B Contrôles et sanctions
Confié à l’Administration du travail, le contrôle du PSE est un
contrôle a priori qui conditionne sa validité. Aux termes de ce
contrôle est délivrée soit une validation, soit une homologation en
fonction du type de document adressé à la DREETS. À cette fin, les
documents sont envoyés à la DIRECCTE pour effectuer son
contrôle. Si le CSE doit être saisi en temps utile des projets de
restructuration et de compression des effectifs, la réorganisation
peut être mise en œuvre avant la date d’homologation du PSE par
o
l’autorité administrative (Cass. soc., 23 mars 2022, n 20-15.370).
L’autorité administrative valide l’accord collectif PSE dès lors qu’elle
s’est assurée de :
sa conformité aux articles L. 1233-24-1 à L. 1233-24-3 ; du
Code du travail, relatifs au contenu du PSE ;
la régularité de la procédure d’information et de consultation des
représentants du personnel ;
et la présence dans le PSE des mesures prévues aux articles
L. 1233-61 et L. 1233-63.
De même, dans le cadre d’une réorganisation qui donne lieu à
l’élaboration d’un PSE, il appartient à l’autorité administrative de
vérifier le respect, par l’employeur, de ses obligations en matière de
prévention des risques pour assurer la sécurité et protéger la santé
physique et mentale des travailleurs. À cette fin, elle doit contrôler,
tant la régularité de l’information et de la consultation des institutions
317
représentatives du personnel (IRP) que les mesures auxquelles
l’employeur est tenu en application de l’article L. 4121-1 du Code du
travail au titre des modalités d’application de l’opération projetée, ce
contrôle n’étant pas séparable de ceux qui lui incombent en vertu
des articles L. 1233-57-2 et L. 1233-57-3 du Code du travail
o
(T. confl., 8 juin 2020, req. n CA149).
Pour ce faire, elle statue en fonction des critères tenant aux moyens
dont disposent l’entreprise, l’unité économique et sociale et le
groupe, aux mesures d’accompagnement prévues au regard de
l’importance du projet de licenciement et aux efforts de formation et
d’adaptation.
318
Code du travail. De façon générale, l’intervention du juge judiciaire
est écartée pour le contentieux des PSE, un bloc de compétences
étant créé au profit du juge administratif. Le juge administratif
devient le seul juge compétent pour connaître des litiges concernant
l’homologation ou la validation des PSE. Plus précisément, ne
peuvent faire l’objet d’un litige distinct de celui relatif à la décision de
validation ou d’homologation :
o
l’accord collectif matérialisant le PSE (CE, 7 févr. 2018, n
403989 qui considère que les stipulations portant sur
l’information et la consultation des représentants du personnel
sont simplement facultatives) – en ce compris la qualité des
o
signataires de l’accord (CE, 12 juin 2019, n 420084) ;
le document PSE ;
le contenu du PSE (contrôle qui se limite aux mesures prévues
aux articles L. 1233-61 et L. 1233-63 du Code du travail en cas
o
d’accord PSE : CE, 7 déc. 2015, n 383856) ;
les décisions prises par l’administration ;
la régularité de la procédure d’information et de consultation des
o
représentants du personnel (CE, 7 déc. 2015, n 383856) ; cela
étant, les avis rendus hors délai n’emportent pas irrégularité de
o
la procédure (CE, 22 mai 2019, n 420780 ; V. aussi CE,
o
13 févr. 2019, n 404556) ;
et la régularité de la procédure de licenciement collectif.
Du point de vue de la compétence matérielle, le tribunal administratif
doit être saisi du litige. Celui-ci dispose de trois mois pour statuer. À
défaut, le contentieux est transféré au juge d’appel qui dispose d’un
délai de trois mois pour statuer. A défaut, le contentieux est porté
devant le Conseil d’État.
319
Du point de vue de la compétence territoriale, le juge compétent est
celui dans le ressort duquel se situe le DREEDTS compétent.
320
cassation estime que « si le juge judiciaire demeure compétent pour
apprécier le respect par l’employeur de l’obligation individuelle de
reclassement, cette appréciation ne peut méconnaître l’autorité de la
chose décidée par l’autorité administrative ayant homologué le
document élaboré par l’employeur par lequel a été fixé le contenu du
o
plan de reclassement intégré au PSE » (Cass. soc., 21 nov. 2018, n
17-16.766). De même, sur le fondement de la séparation des
pouvoirs, il est interdit au juge judiciaire de se prononcer sur le
respect par l’employeur de son obligation de recherche d’un
repreneur issue des articles L. 1233-57-9 et suivants du Code du
o
travail (Cass. soc., 16 janv. 2019, n 17-20.969 ; Cass. soc., 29 sept.
o
2021, n 19-23.248).
321
collectif pour motif économique donnant lieu à l’établissement d’un
o
PSE (Cass. soc., 30 sept. 2020, n 19-13.714). À l’inverse, il a été
jugé que le juge judiciaire, saisi avant la notification des
licenciements pour motif économique, ne peut faire droit à des
demandes tendant à constater l’absence de cause économique et à
enjoindre en conséquence à l’employeur de mettre fin au projet de
fermeture du site et au projet de licenciement économique collectif
soumis à la consultation des instances représentatives du personnel
o
(Cass. soc., 29 sept. 2021, n 19-23.248).
322
à la validation de l’accord collectif ou à l’homologation du document
unilatéral fixant le contenu du plan de sauvegarde de l’emploi, établi
dans une entreprise en redressement ou en liquidation judiciaire, ne
prive pas les licenciements économiques intervenus à la suite de
cette décision de cause réelle et sérieuse » (Cass. soc.,
o
25 mars 2020, n 18-23.692 et al.).
323
Le contrat de sécurisation professionnelle résulte des dispositions du
Code du travail ainsi que de la négociation collective des partenaires
sociaux nationaux. Dernièrement, ceux-ci ont établi un avenant à la
o
convention CSP du 26 janvier 2015 (Avenant n 5, 8 janv. 2020) qui
o
produit ses effets jusqu’au 30 juin 2021. Un avenant n 5 du 28 juin
2021, agréé par arrêté du Premier ministre en date du 24 septembre
2021, a reconduit le dispositif. Dès lors, la convention du 26 janvier
2015 est prorogée de 18 mois, jusqu’au 31 décembre 2022 au plus
tard.
324
En revanche, dans les entreprises non soumises à l’article L. 1233-
71 du Code du travail, c’est-à-dire de moins de 1 000 salariés,
l’employeur est tenu de proposer, lors de l’entretien préalable ou à
l’issue de la dernière réunion des représentants du personnel, le
bénéfice du contrat de sécurisation professionnelle à chaque salarié
dont il envisage de prononcer le licenciement pour motif économique
(C. trav., art. L. 1233-66).
L’adhésion du salarié au contrat de sécurisation professionnelle
emporte rupture du contrat de travail. Aucun texte n’interdit au
salarié d’accepter le contrat de sécurisation professionnelle le jour
o
même de sa proposition (Cass. soc., 9 juin 2021, n 19-14.904).
L’adhésion à ce dispositif n’exonère pas l’employeur d’informer le
salarié du motif économique. La rupture du contrat de travail
résultant de l’acceptation par le salarié d’un contrat de sécurisation
professionnelle doit avoir une cause économique réelle et sérieuse.
Dès lors, l’employeur doit en énoncer le motif économique dans un
écrit remis ou adressé au salarié au cours de la procédure de
licenciement et au plus tard au moment de l’acceptation du contrat
de sécurisation professionnelle par le salarié, afin qu’il soit informé
des raisons de la rupture lors de son acceptation (Cass. soc.,
o
30 nov. 2017, n 16-23.496 ; concernant une entreprise en
o
redressement judiciaire, v. Cass. soc., 27 mai 2020, n 18-20.153 et
18-20.158). À défaut, le licenciement est sans cause réelle et
sérieuse. Lorsqu’un document écrit, précisant ce motif, a été remis
au salarié, lors de la procédure de proposition de modification du
contrat de travail pour motif économique (C. trav., art. L. 1222-6),
cette information doit être réitérée au cours de la procédure de
licenciement au cours de laquelle le contrat de sécurisation
professionnelle est proposée au salarié. À défaut, le licenciement est
325
o
sans cause réelle et sérieuse (Cass. soc., 27 mai 2020, n 18-
24.531).
Toute contestation portant sur la rupture du contrat de travail ou son
motif se prescrit par douze mois à compter de l’adhésion au contrat
de sécurisation professionnelle. Ce délai n’est opposable au salarié
que s’il en a été fait mention dans la proposition de contrat de
sécurisation professionnelle (C. trav., art. L. 1233-67). À cet égard,
contrairement à la lettre du code, ce délai de prescription peut figurer
sur un autre document que la proposition de contrat de sécurisation
professionnelle. Est ainsi valablement délivrée l’information portant
sur ce délai de prescription lorsqu’il est contenu dans le formulaire
DAJ 541 édité par l’Unédic intitulé « information pour le salarié »
o
remis à ce dernier (Cass. soc., 11 déc. 2019, n 18-17.707).
326
application, cela n’emporte pas nullité du congé de reclassement
o
(Cass. soc., 27 mai 2021, n 18-26.744).
D’une durée maximale de 12 mois (C. trav., art. L. 1233-71, al. 2), ce
mécanisme a pour objet de permettre au salarié de bénéficier
d’actions de formation et des prestations d’une cellule
d’accompagnement des démarches de recherche d’emploi (C. trav.,
er
art. L. 1233-71, al. 1 ). En cas de formation de reconversion
professionnelle, elle peut être portée à vingt-quatre mois (C. trav.,
art. R. 1233-31).
Ce congé débute, si nécessaire, par un bilan de compétences qui a
vocation à permettre au salarié de définir un projet professionnel et,
le cas échéant, de déterminer les actions de formation nécessaires à
son reclassement. Celles-ci sont mises en œuvre pendant la période
prévue où le salarié bénéficie des actions de formation (C. trav., art.
L. 1233-71, al. 3). L’employeur finance l’ensemble de ces actions
(C. trav., art. L. 1233-71, al. 4).
327
Le salarié licencié pour motif économique bénéficie d’une priorité de
réembauche durant un délai d’un an à compter de la date de rupture
de son contrat s’il en fait la demande au cours de ce même délai (C.
trav., art. L. 1233-45). Concrètement, ce délai court à compter de la
date à laquelle prend fin le préavis, qu’il soit exécuté ou non (Cass.
o
soc., 11 déc. 2019, n 18-18.653). Dans ce délai, l’employeur
informe le salarié de tout emploi devenu disponible et compatible
avec sa qualification. En outre, l’employeur informe les
représentants du personnel des postes disponibles. Le salarié ayant
acquis une nouvelle qualification bénéficie également de la priorité
de réembauche au titre de celle-ci, s’il en informe l’employeur.
328
– Fr. FAVENNEC-HERY, Le droit du licenciement et les ordonnances
portant sécurisation des relations de travail, JCP S 2017, 1309
– S.-L. GERBER, Bilan de la jurisprudence du Conseil d’État sur les
PSE, JCP S 2019, 1078
– J.-Y. KERBOUC’H, CSE et licenciement économique : de la
consultation à la cogestion, JCP S 2019, 1046
329
o
Fiche n 27 La rupture du contrat
de travail à l’initiative du salarié
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
330
§1 La démission
331
La loi n’exige aucune forme particulière pour que la démission soit
valablement présentée.
332
III. Le préavis de démission
IV. L’indemnisation
333
prétendre à une indemnité compensatrice de congés payés s’il n’a
pas pu prendre tous ses jours de congés payés acquis avant la date
de rupture du contrat de travail.
er
D’ailleurs, à compter du 1 janvier 2019, un droit à l’allocation d’assurance
chômage est ouvert aux travailleurs qui ont démissionné et qui ont un projet de
reconversion nécessitant le suivi d’une formation ou un projet de création ou de
reprise d’une entreprise. Le projet doit présenter un caractère réel et sérieux
attesté par la nouvelle commission paritaire interprofessionnelle régionale, créée
dans chaque région notamment pour prendre en charge financièrement les projets
de transition professionnelle (C. trav., art. L 5422-1).
334
Résiliation judiciaire et prise d’acte de la rupture du contrat de travail
sont proches en ce qu’ils nécessitent un manquement de
l’employeur rendant impossible le maintien du contrat de travail. Si
tel est le cas, la rupture est imputable à l’employeur alors même que
son initiative repose sur le salarié.
I. La résiliation judiciaire
Jurisprudence
La jurisprudence récente a encadré ce mode de rupture en conditionnant sa
validité au fait que le manquement soit de nature à empêcher la poursuite du
contrat de travail. Ainsi, a contrario, ne saurait justifier une résiliation judiciaire la
modification unilatérale de la rémunération par ce dernier lorsqu’elle n’est pas de
nature à empêcher la poursuite du contrat de travail (Cass. soc., 12 juin 2014,
o o
n 13-11.448 ; Cass. soc., 12 juin 2014, n 12-29.063).
Les juges apprécient les manquements invoqués au soutien d’une telle demande
o
au jour où ils statuent (Cass. soc., 29 janv. 2014, n 12-24.951). À cette date, si le
contrat de travail a pris fin par démission, la demande de résiliation devient sans
o
objet (Cass. soc., 30 avr. 2014, n 13-10.772).
335
Pendant le cours de la procédure, le salarié exécute sa prestation de
travail dans les conditions habituelles et continue de percevoir sa
rémunération.
336
o o
n 01-41.150 ; Cass. soc., 25 juin 2003, n 01-42.679 ; Cass. soc.,
o
25 juin 2003, n 01-42.335).
La prise d’acte s’analysera en une démission dès lors que les faits
invoqués ne sont pas justifiés ou s’analysera en licenciement sans
o
cause réelle et sérieuse (Cass. soc., 17 nov. 2010, n 08-45.647),
337
voire en licenciement nul dans certains cas (salarié protégé, atteinte
à une liberté fondamentale, etc.).
Jurisprudence
Bien qu’emportant cessation immédiate du contrat de travail, « de sorte que le
salarié n’est pas tenu d’exécuter un préavis, la circonstance que l’intéressé a
spontanément accompli ou offert d’accomplir celui-ci est sans incidence sur
l’appréciation de la gravité des manquements invoqués à l’appui de la prise
o
d’acte » (Cass. soc., 2 juin 2010, n 09-40.215).
338
o
Fiche n 28 La rupture conventionnelle
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
339
Le régime juridique de la rupture conventionnelle figure aux articles
L. 1237-11 et suivants du Code du travail, ainsi qu’aux articles
o
R. 1237-3 et suivants du même code (Sur le Covid-19, L. n 2020-
290 du 23 mars 2020 ainsi que Instr. DGT, 7 avr. 2020).
Fonction publique
o
Par une loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique (L. n 2019-
828, 6 août 2019), le dispositif a été étendu à la Fonction publique. Est instituée la
faculté d’avoir recours à la rupture conventionnelle pour les contractuels en CDI et,
er
du 1 janvier 2020 jusqu’au 31 décembre 2025, pour les fonctionnaires titulaires,
o
à titre expérimental (L. n 2019-828, 6 août 2019, art. 72, I, in fine).
Jurisprudence
Par exemple, la rupture conventionnelle signée par une salariée déclarée apte
avec réserves à la suite d’un accident du travail est licite, en l’absence de vice du
o
consentement ou de fraude de l’employeur (Cass. soc., 28 mai 2014, n 12-
28.082). Il en est de même pendant le congé de maternité (Cass. soc., 25 mars
o
2015, n 14-10.149) ainsi que pour un salarié déclaré inapte à son poste à la suite
o
d’un accident du travail (Cass. soc., 9 mai 2019, n 17-28.767).
340
Au contraire, la rupture conventionnelle n’est pas applicable aux
ruptures de contrats de travail réalisées dans le cadre :
des accords collectifs de gestion prévisionnelle des emplois et
des compétences (GPEC) issus de la négociation mentionnée
aux articles L. 2242-20 et L. 2242-21 du Code du travail ;
des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) dans les conditions
définies par l’article L. 1233-61 du Code du travail ;
des ruptures conventionnelles collectives instituées aux articles
L. 1237-19 et suivants du Code du travail (C. trav., art. L. 1237-
16) ;
et, enfin, d’une « convention tripartite conclue entre un salarié et
deux employeurs successifs ayant pour objet d’organiser, non
pas la rupture, mais la poursuite du contrat de travail » (Cass.
o
soc., 8 juin 2016, n 15-17.555).
Cependant, cela ne saurait signifier qu’aucune rupture
conventionnelle ne peut être conclue dans un contexte économique
difficile pour l’entreprise. Cela implique simplement que la rupture
conventionnelle éventuellement conclue sera comptabilisée pour le
calcul des seuils déclenchant les obligations pour ladite entreprise
(par ex. pour l’élaboration d’un PSE ou la détermination de la
procédure d’information consultation des représentants du personnel
o
; V. Cass. soc., 19 janv. 2022, n 20-11.962). De la même façon, un
contexte conflictuel n’interdit pas de conclure une convention de
rupture. L’existence, au moment de sa conclusion, d’un différend
entre les parties au contrat de travail n’affecte pas par elle-même la
o
validité de la convention (Cass. soc., 23 mai 2013, n 12-13.865).
Une transaction peut être adossée à la convention de rupture.
Cependant, la validité de la transaction est subordonnée à de
strictes conditions. Ainsi, un salarié et un employeur ayant signé une
convention de rupture ne peuvent valablement conclure une
341
transaction, d’une part, que si celle-ci intervient postérieurement à
l’homologation de la rupture conventionnelle par l’autorité
administrative ou, s’agissant d’un salarié bénéficiant d’une protection
mentionnée aux articles L. 2411-1 et L. 2411-2 du Code du travail,
postérieurement à la notification aux parties de l’autorisation, par
l’inspecteur du travail, de la rupture conventionnelle, d’autre part,
que si elle a pour objet de régler un différend relatif non pas à la
rupture du contrat de travail mais à son exécution sur des éléments
non compris dans la convention de rupture (Cass. soc., 26 mars
o o
2014, n 12-21.136 ; Cass. soc., 16 juin 2021, n 19-26.083).
Jurisprudence
La rupture conventionnelle est l’unique voie pour la négociation amiable de la
rupture du contrat de travail à durée indéterminée (Cass. soc., 21 déc. 2017,
o
n 16-12.780). Ainsi, « sauf dispositions légales contraires, la rupture du contrat
de travail par accord des parties ne peut intervenir que dans les conditions
prévues par [l’article L. 1237-11 du Code du travail] relatif à la rupture
o
conventionnelle » (Cass. soc., 15 oct. 2014, n 11-22.251). Par contre, la rupture
conventionnelle n’est pas exclusive de la transaction (Cass. soc. 5 déc. 2012,
o
n 11-15.471).
342
(C. trav., art. L. 1237-11)
L’employeur et le salarié peuvent convenir en commun des conditions de la
er
rupture du contrat de travail qui les lie (C. trav., art. L. 1237-11, al. 1 ). La rupture
conventionnelle résulte ainsi d’une convention signée par les parties au contrat
(C. trav., art. L. 1237-11, al. 3).
La rupture conventionnelle est la seule et unique technique à laquelle peuvent
recourir les parties au contrat de travail afin de rompre à l’amiable et de manière
o
négociée ledit contrat (Cass. soc., 15 oct. 2014, n 11-22.251). La rupture
conventionnelle est exclusive du licenciement ou de la démission (C. trav., art.
L. 1237-11, al. 2).
Le Code du travail s’attache particulièrement au respect du consentement des
parties. La rupture conventionnelle ne peut être imposée par l’une ou l’autre des
parties (C. trav., art. L. 1237-11, al. 2). En outre, elle est soumise aux dispositions
prévues par les articles L. 1237-11 et suivants qui sont « destinées à garantir la
liberté du consentement des parties » (C. trav., art. L. 1237-11, al. 3 ; sur la charge
de la preuve du vice du consentement, V., par ex., Cass. soc., 17 mars 2021,
o
n 19-25.313, F-D).
343
Jurisprudence
La jurisprudence est attentive à cette question. Le dol (Cass. soc., 6 oct. 2017,
o o
n 16-21.202), l’erreur (Cass. soc., 29 janv. 2014, n 12-25.951) et la violence,
o
physique ou morale (Cass. soc., 30 janv. 2013, n 11-22.332) sont des motifs
légitimes pour annuler la convention de rupture. Ainsi, est frappée de nullité la
rupture conventionnelle conclue avec une salariée ayant connu une période de
harcèlement moral propre à l’inciter à choisir la voie de la rupture conventionnelle
o
(Cass. soc., 28 janv. 2016, n 14-10.308). Cela étant, le dol ne se présume pas et
doit être prouvé : le salarié doit démontrer que la réticence invoquée a été
o
déterminante de son consentement (Cass. soc., 6 oct. 2017, n 16-21.202).
Constitue un dol par dissimulation le fait pour l’employeur de ne pas informer le
salarié de l’élaboration imminente d’un plan de sauvegarde de l’emploi (Cass.
o
soc., 6 janv. 2021, n 19-18.549).
En revanche, « la stipulation par les deux parties d’une indemnité dont le montant
est inférieur à celle prévue par l’article L. 1237-13 du Code du travail et si l’erreur
commune de date fixée par les parties antérieurement au lendemain de
l’homologation n’entraînent pas, en elles-mêmes, la nullité de la convention de
o
rupture » (Cass. soc., 8 juil. 2015, n 14-10.139).
344
II. Procédure
Jurisprudence
L’article L. 1237-12 du Code du travail « n’instaure pas de délai entre, d’une
part, l’entretien au cours duquel les parties au contrat de travail conviennent de la
rupture du contrat et, d’autre part, la signature de la convention de rupture »
o
(Cass. soc., 3 juill. 2013, n 12-19.268).
345
Cela étant, il peut aussi être seul. L’assistance de l’employeur lors
de l’entretien préalable à la signature de la convention de rupture ne
peut entraîner la nullité de la rupture conventionnelle que si elle a
engendré une contrainte ou une pression pour le salarié qui se
o
présente seul à l’entretien (Cass. soc., 5 juin 2019, n 18-10.901).
Jurisprudence
L’absence d’information sur la faculté d’être assisté n’affecte pas la liberté du
o
consentement du salarié (Cass. soc., 19 nov. 2014, n 13-21.207), y compris
lorsque l’entreprise ne dispose pas d’institutions représentatives du personnel
o
(Cass. soc., 29 janv. 2014 n 12-27.594).
346
er
13, al. 1 ). Le cas échéant, le montant de l’indemnité spécifique ne
peut pas être inférieur à l’indemnité conventionnelle de licenciement
o
(Cass. soc., 5 mai 2021, n 19-24.650). La convention de rupture
fixe la date de rupture du contrat de travail, qui ne peut intervenir
avant le lendemain du jour de l’homologation (C. trav., art. L. 1237-
13, al. 2).
Jurisprudence
À cet égard, la remise d’un exemplaire de la convention de rupture au salarié
est nécessaire pour l’exercice des différents droits attachés à la procédure (Cass.
o
soc., 3 juillet 2013, n 12-19.268). Plus précisément, seule la remise au salarié
d’un exemplaire de la convention signé des deux parties lui permet d’exercer son
o
droit de rétractation en toute connaissance de cause (Cass. soc., 3 juill. 2019, n
17-14.232).
347
o
Cass. soc., 23 sept. 2020, n 18-25.770). La remise au salarié d’un
exemplaire de la convention de rupture doit pouvoir être démontrée.
C’est à celui qui invoque cette remise d’en rapporter la preuve
o
(Cass. soc., 23 sept. 2020, préc. ; Cass. soc. 10 mars 2021, n 20-
12.801). Cette remise ne se déduit pas de la mention figurant sur le
document Cerfa selon laquelle la convention a été établie en deux
o
exemplaires (Cass. soc., 3 juill. 2019, n 18-14.414).
À compter de la date de sa signature par les deux parties, chacune
d’entre elles dispose d’un délai de quinze jours calendaires pour
exercer son droit de rétractation. Ce droit est exercé sous la forme
d’une lettre adressée par tout moyen attestant de sa date de
réception par l’autre partie (C. trav., art. L. 1237-13, al. 3).
Jurisprudence
En cas d’envoi d’une lettre de rétractation, la date d’envoi – et non pas la date
de réception de la lettre – doit être retenue afin de savoir si la rétractation a été
o
exprimée par le salarié dans le délai imparti (Cass. soc., 14 fév. 2018 n 17-
o
10.035 ; Cass. soc., 19 juin 2019, n 18-22.887).
348
Jurisprudence
Une partie à une convention de rupture ne peut valablement demander
l’homologation de cette convention à l’autorité administrative avant l’expiration du
o
délai de rétractation de quinze jours (Cass. soc., 6 déc. 2017, n 16-16.851). Une
fois échu le délai de rétraction, le salarié ne peut plus prendre acte de la rupture
o
du contrat de travail (Cass. soc., 6 oct. 2015, n 14-17.539).
§2 Modalités d’approbation
I. Procédure d’homologation
349
Jurisprudence
Toutefois, l’homologation étant une décision administrative, elle peut faire
l’objet d’un retrait : « une décision de refus d’homologation d’une convention de
rupture […] ne crée de droits acquis ni au profit des parties à la convention, ni au
profit des tiers ». Par ailleurs, « une telle décision peut, par suite, être légalement
o
retirée par son auteur » (Cass. soc., 12 mai 2017, n 15-24.220).
350
statut protecteur égale à la rémunération qu’il aurait perçue depuis la
date de son éviction jusqu’à la fin de la période de protection dans la
o
limite de trente mois (Cass. soc., 15 mai 2019, n 17-28.547).
Jurisprudence
En ce sens, l’employeur ne peut pas faire parvenir les documents de fin de
o
contrat avant l’obtention de l’homologation (Cass. soc., 6 juil. 2016, n 14-20.323).
351
de travail ne peut intervenir que le lendemain du jour de
er
l’autorisation (C. trav., art. L. 1237-15, al. 1 ).
352
prud’hommes, à l’exclusion de tout autre recours contentieux ou
administratif (C. trav., art. L. 1237-14, al. 4).
Le délai de prescription est restreint : le recours juridictionnel doit
être formé, à peine d’irrecevabilité, avant l’expiration d’un délai de
douze mois à compter de la date d’homologation de la convention
(C. trav., art. L. 1237-14, al. 4).
Jurisprudence
À défaut, une demande introduite postérieurement au délai de douze mois est
o
irrecevable (Cass. soc., 6 déc. 2017, n 16-10.220). Toutefois, s’agissant d’une
autorisation délivrée par l’inspection du travail, « le juge judiciaire ne peut, en l’état
de l’autorisation administrative accordée à l’employeur et au salarié bénéficiant
d’une protection mentionnée aux articles L. 2411-1 et L. 2411-2 du Code du travail
pour procéder à la rupture conventionnelle du contrat de travail qui les lie et sans
violer le principe de la séparation des pouvoirs, apprécier la validité de ladite
rupture, y compris lorsque la contestation porte sur la validité du consentement du
salarié et que ce dernier soutient que son consentement aurait été obtenu par
o
suite d’un harcèlement moral » (Cass. soc., 20 déc. 2017, n 16-14.880).
353
Rupture conventionnelle collective
La rupture conventionnelle individuelle doit être distinguée de la rupture
o
conventionnelle collective instituée par une ordonnance n 2017-1387 du
22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de
travail (art. 10 à 14), dont le contenu a été modifié par la loi de ratification du
o
29 mars 2018 (L. n 2018-217 du 29 mars 2018, art. 11).
En réalité, le législateur a créé des modes de rupture d’un commun accord dans le
cadre d’un accord collectif qui prennent la forme soit d’un de congé de mobilité,
soit d’une rupture conventionnelle collective proprement dite.
354
o
droit public employés pour une durée déterminée (L. n 2019-828, 6 août 2019,
art. 73). L’accord donné dans le cadre de la RCC emporte rupture du contrat de
l’agent contractuel et des salariés mentionnés précédemment, ainsi que le
versement d’indemnités de rupture. À ce sujet, la LFSS pour 2020 procède à une
extension du régime social applicable du secteur privé – c’est-à-dire exclusion de
la CSG et des cotisations sociales – aux indemnités de rupture conventionnelle
versées aux agents de la Fonction publique (art. 13).
355
– A. WALGENWITZ, La rupture conventionnelle : un dispositif
attendu dans un contexte de contractualisation croissante du droit
de la fonction publique, JCP S 2019, 1318
356
o
Fiche n 29 La retraite
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
§1 La mise à la retraite
Les dispositions relatives à la mise à la retraite sont prévues dans le
Code du travail aux articles L. 1237-5 et suivants du Code du travail.
357
La mise à la retraite est la rupture, à l’initiative de l’employeur, du
contrat de travail du salarié qui a atteint l’âge ouvrant droit à une
liquidation de pension de retraite à taux plein, quelle que soit la
durée d’assurance. L’employeur peut mettre à la retraite d’office tout
salarié ayant atteint l’âge de 70 ans. Avant cet âge, la mise à la
retraite n’est possible qu’avec l’accord du salarié, sous certaines
conditions.
358
25 mars 1992 ; Dr. soc., 1992, 436). Si les conditions sont remplies,
il ne s’agit pas d’un licenciement (Cass. soc., 18 mars 2008 ; RJS,
o
5/08, n 532).
359
o
Fiche n 30 Les conséquences
de la rupture
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
360
conséquences sont communes aux cas de rupture du contrat (§ 2).
361
Cette indemnité complète, lorsque le licenciement repose sur une
cause réelle et sérieuse :
L’indemnité compensatrice de préavis (lorsque le préavis n’est
pas effectué à la demande du salarié par exemple). Cette
indemnité n’est toutefois pas due non plus en cas de faute
grave ou de faute lourde.
L’indemnité compensatrice de congés payés dont bénéficie tout
salarié qui n’a pas pu bénéficier de la totalité du congé auquel il
avait droit à la date de rupture de son contrat. Sur ce point, il est
à noter que, dans une décision du 2 mars 2016 (Cons. const.,
o
2 mars 2016, n 2015-523 QPC), le Conseil constitutionnel a
considéré comme inconstitutionnelle l’ancienne disposition
légale qui excluait cette indemnité en cas de faute lourde.
Depuis, l’indemnité est due même en cas de faute lourde (et a
fortiori en cas de faute grave ou sérieuse).
Sur les indemnités en cas de licenciement sans cause réelle et
o
sérieuse, nul ou irrégulier (V. Fiche n 23).
I. Le préavis
362
En cas de rupture d’un commun accord, les parties peuvent
décider de l’exécuter ou non.
En cas de force majeure, de faute grave ou de faute lourde,
l’employeur n’a pas à respecter une période de préavis.
Le législateur prévoit des cas où le salarié est expressément
dispensé de préavis. Il en est ainsi de la démission d’une
salariée enceinte, ou du salarié licencié en raison d’une
inaptitude non professionnelle (C. trav., art. L. 1226-4).
Le préavis est un délai préfix. Cela signifie qu’il ne peut être ni
suspendu, ni interrompu.
363
(C. trav., art. L. 1234-1)
En cas de licenciement, l’article L. 1234-1 précise que Lorsque le licenciement
n’est pas motivé par une faute grave, le salarié a droit :
« 1° S’il justifie chez le même employeur d’une ancienneté de services continus
inférieure à six mois, à un préavis dont la durée est déterminée par la loi, la
convention ou l’accord collectif de travail ou, à défaut, par les usages pratiqués
dans la localité et la profession ;
2° S’il justifie chez le même employeur d’une ancienneté de services continus
comprise entre six mois et moins de deux ans, à un préavis d’un mois ;
3° S’il justifie chez le même employeur d’une ancienneté de services continus d’au
moins deux ans, à un préavis de deux mois ».
Ces dispositions légales s’appliquent à la condition que la convention ou l’accord
collectif de travail, le contrat de travail ou les usages ne prévoient pas un préavis
ou une condition d’ancienneté de services plus favorable pour le salarié. Cette
ancienneté s’apprécie à la date d’envoi de la lettre de démission ou de
licenciement en recommandé avec avis de réception ou mains propres.
364
n’est pas obligé d’accepter cette dispense (sauf dispositions
conventionnelles contraires).
soit à la demande de l’employeur : la dispense d’exécution du
préavis n’a pas pour effet d’avancer la date de la rupture du
contrat de travail. Le salarié ne peut pas s’y opposer. Il verra
maintenu le bénéfice de ses avantages en nature et verser une
indemnité compensatrice de congés payés ainsi qu’une
indemnité compensatrice de préavis égale aux salaires et
avantages que le salarié aurait perçus s’il avait travaillé.
365
Jurisprudence
Il est peu important qu’il soit rédigé en des termes généraux (Cass. soc.,
o
18 déc. 2013, n 12-24.985). Une telle procédure de dénonciation ne méconnaît
pas le principe de sécurité juridique ni celui d’égalité devant la loi (Cass. soc.,
o
18 sept. 2013, n 13-40.042).
366
P@RTIE 2
DROIT DU TRAVAIL :
LES RELATIONS COLLECTIVES
DE TRAVAIL
LA REPRÉSENTATION DU PERSONNEL
LA NÉGOCIATION COLLECTIVE
367
TITRE 1
LA REPRÉSENTATION DU PERSONNEL
368
SOUS-TITRE 1
LA DÉSIGNATION ET L’ÉLECTION
DES REPRÉSENTANTS DU PERSONNEL
o
Fiche n 31 Le cadre d’implantation
o
Fiche n 32 Les seuils d’effectif
o
Fiche n 33 Les élections
369
o
Fiche n 31 Le cadre d’implantation
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
370
§1 L’établissement distinct
371
d’entreprise, mais avait retenu trois critères déterminants :
l’autonomie de gestion en matière de gestion du personnel et
o
d’exécution de service (CE, 29 juin 1973, n 77.982) ;
o
la stabilité (CE, 27 juin 2001, n 215.970) ;
l’implantation géographique distincte (CE, 3 juill. 1996,
o
n 147.771).
L’établissement distinct permettant la mise en place du comité
d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)
empruntait les contours du périmètre défini pour le comité
d’établissement. Le périmètre d’implantation du CHSCT était donc le
même que celui du comité d’établissement (Cass. soc., 17 juin 2009,
o
n 08-60.438). Cependant, plusieurs CHSCT pouvaient être mis en
place au sein d’un établissement s’il existait des secteurs d’activités
o
différents (Cass. soc., 29 janv. 2003, n 01-60.802), par accord entre
le comité d’entreprise et l’employeur ou, à défaut, sur décision de
l’inspecteur du travail dans les entreprises de plus de 500 salariés
(C. trav., art. L. 4613-4 ancien).
Jurisprudence
Par une décision du 18 mai 2011, la Cour de cassation a aligné le périmètre
de la désignation des délégués syndicaux sur celui du comité d’établissement. Elle
a jugé que sauf accord collectif en disposant autrement, le périmètre de
désignation des délégués syndicaux est le même que celui retenu, lors des
dernières élections, pour la mise en place du comité d’établissement (Cass. soc.,
o
18 mai 2011, n 10-60.383).
372
réhabilitant l’ancienne définition retenue par le Cour de cassation
o
avant l’arrêt précité du 18 mai 2011 (Cass. soc., 24 avr. 2003, n 01-
60.876).
373
o
L’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017 a regroupé les délégués
du personnel, le comité d’entreprise et le CHSCT dans une instance unique, le
Comité social et économique (CSE). Dans les entreprises comportant au moins
deux établissements distincts, des comités sociaux et économiques
d’établissement et un comité social et économique central d’entreprise sont
constitués (C. trav., art. L. 2313-1, al. 2).
374
organisations syndicales intéressées conclu selon la double
condition de majorité prévue pour le protocole préélectoral (C. trav.,
art. L. 2314-31 et L. 2322-5 anciens [DP]).
375
Concernant les délégués syndicaux ou les représentants de section
syndicale, la loi n’a consacré aucune procédure de reconnaissance
de la qualité d’établissement distinct. Les dispositions codifiées à
l’article L. 2143-3 sont d’ordre public. Il en résulte que la
reconnaissance de l’établissement distinct répondant à la définition
légale ne nécessite pas la conclusion d’un accord collectif (Cass.
o
soc., 12 avr. 2016, n 15-60.200).
376
La question de la détermination de l’établissement distinct étant lié à
la contestation de la désignation du délégué syndical, le tribunal
d’instance est compétent en cas de litige (C. trav., L. 2143-8).
A L’unité économique
377
L’unité économique se caractérise par la réunion, entre deux ou
plusieurs personnes juridiquement distinctes, de deux
critères cumulatifs :
une concentration des pouvoirs de direction à l’intérieur du
o
périmètre de l’UES (Cass. soc., 18 juill. 2000, n 99-60.353).
une identité ou une complémentarité des activités (Cass. soc.,
3 févr. 1999). Exercent, par exemple, des activités similaires ou
complémentaires trois sociétés intervenant chacune à son stade
dans le domaine de l’impression et de l’édition, notamment
o
d’une revue (Cass. soc., 10 mai 2000, n 99-60.081).
B L’unité sociale
Selon la Cour de cassation, l’unité sociale se caractérise par une
o
communauté de travailleurs (Cass. soc., 26 mai 1998, n 97-
60.092).
378
II. Les modes de reconnaissance de l’unité économique
et sociale
§3 Le site
379
La loi avait introduit des délégués du personnel de sites élus par les
salariés d’entreprises juridiquement distinctes mais regroupées dans
un même périmètre et ayant des intérêts communs.
Aux termes de l’article L. 2312-5 ancien du Code du travail, dans les
établissements employant habituellement moins de onze salariés et
dont l’activité s’exerce sur un même site où sont employés
durablement au moins cinquante salariés, l’autorité administrative
pouvait, de sa propre initiative ou à la demande des organisations
syndicales de salariés, imposer l’élection de délégués du personnel
lorsque la nature et l’importance des problèmes communs aux
entreprises du site le justifiaient.
380
communs aux entreprises d’un même site ou d’une même zone le
er
justifient (C. trav., art. L. 2313-9, al. 1 ).
L’accord définit :
Le nombre de membres de la délégation du personnel du CSE
interentreprises ;
Les modalités de leur élection ou désignation ;
Les attributions du CSE interentreprises ;
Les modalités de fonctionnement du CSE interentreprises.
Contrairement à ce qui était prévu pour les délégués de site, la
création du CSE interentreprises ne peut pas être imposée par
l’autorité administrative de sa propre initiative ou sur demande des
syndicats.
§4 Le groupe
o
La loi n 82-915 du 28 octobre 1982 a consacré le comité de groupe.
Le groupe est constitué entre une entreprise dite « dominante » et
les entreprises sur lesquelles elle exerce un contrôle ou une
influence dominante. Lorsqu’un tel groupe existe, un comité de
groupe doit être mis en place (C. trav., art. L. 2331-1).
Contrairement à l’unité économique et sociale, la reconnaissance du
groupe n’est pas conditionnée par l’existence d’une unité sociale.
Par ailleurs, l’unité économique se limite à des liens capitalistiques.
381
La configuration du groupe est définie à la suite d’un accord des
parties intéressées (les sociétés concernées, le comité d’entreprises
de celles-ci ou les organisations syndicales représentatives dans
celles-ci), ou, à défaut, par une décision de justice (C. trav., art.
L. 2333-5). Le juge judiciaire est compétent (C. trav., art. L. 2331-3).
Dès que la configuration du groupe est définie, le comité de groupe
est constitué et réuni pour la première fois, à l’initiative de la société
dominante (C. trav., art. L. 2331-1).
382
o
Fiche n 32 Les seuils d’effectif
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
383
Le seuil d’effectif déclenchant la mise en place des institutions
représentatives du personnel varie d’une institution à l’autre :
384
Par exemple :
Le nombre de membres de la délégation du personnel du
comité social et économique varie en fonction de l’effectif de
l’entreprise ou de l’établissement : de 11 à 24 salariés : 1
titulaire et 1 suppléant, de 25 à 49, 2 titulaires et 2
suppléants, etc.
Le crédit d’heures attribué aux délégués syndicaux varie en
fonction de l’effectif : de 50 à 150 salariés : 12h, de 151 à 499 :
18h etc.
I. La période de référence
Pour que la mise en place du CSE soit obligatoire, il faut que l’effectif
d’au moins 11 salariés soit atteint pendant douze mois consécutifs (C. trav., art. L.
2311-2).
La désignation d’un délégué syndical peut intervenir lorsque l’effectif d’au moins
50 salariés ou plus a été atteint pendant 12 mois consécutifs (C. trav. art. L. 2143-
3, al. 3).
385
Les salariés titulaires d’un contrat de travail à durée indéterminée à
temps plein et les travailleurs à domicile sont pris intégralement en
compte dans l’effectif de l’entreprise, c’est-à-dire qu’ils comptent
pour une unité. Il en va de même pour les travailleurs à domicile.
Les salariés titulaires d’un contrat de travail à durée déterminée,
d’un contrat de travail intermittent et les salariés temporaires sont
pris en compte dans l’effectif de l’entreprise à due proportion de leur
temps de présence au cours des douze mois précédents.
Les salariés à temps partiel, quelle que soit la nature de leur contrat
de travail, sont pris en compte en divisant la durée de travail prévue
dans leurs contrats de travail par la durée légale ou la durée
conventionnelle du travail. Par exemple, un salarié travaillant à mi-
temps compte pour 0,5 unité.
386
les salariés mis à disposition sont présents dans les locaux de
l’entreprise utilisatrice et y travaillent depuis au moins un an
(C. trav., art. L. 1111-2). Sont ainsi exclus du calcul des effectifs
les salariés qui ne sont pas à sa disposition exclusive, mais se
rendent uniquement ponctuellement dans ses locaux (Cass.
o
soc., 23 sept. 2015, n 14-26.262) ;
les salariés sont intégrés de façon étroite et permanente à la
o
communauté de travail (Cass. soc., 28 févr. 2007, n 06-
60.171). Il en va ainsi des salariés présents dans les locaux de
l’entreprise utilisatrice et partageant des conditions de travail au
moins en partie communes susceptibles de générer des intérêts
o
communs (Cass. soc., 13 nov. 2008, n 07-60.434).
387
o
Fiche n 33 Les élections
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
o
Jusqu’à l’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017, les
institutions représentatives concernées par les élections étaient les
suivantes :
les délégués du personnel,
le comité d’entreprise,
388
la délégation unique du personnel (DUP) et l’instance
regroupée.
L’ordonnance précitée a regroupé ces différentes instances dans
une instance unique : le comité social et économique (CSE).
Par ailleurs, il a été jugé que l’employeur qui ne met pas en place les
institutions représentatives du personnel alors qu’il y est tenu
commet une faute qui cause un préjudice aux salariés privés ainsi
d’une possibilité de représentation et de défense de leurs intérêts
o
(Cass. soc., 15 mai 2019, n 18-22.224).
389
La durée des mandats des représentants élus étant portée à 4 ans,
les élections doivent donc, par principe, avoir lieu tous les 4 ans.
390
Des mesures d’urgence liées à la Covid-19 ont temporairement aménagé les
élections professionnelles. Ainsi, pour la première période d’urgence sanitaire
er
ayant débuté le 24 mars 2020, une ordonnance du 1 avril 2020, modifiée en mai
et en juin 2020, a organisé la suspension des processus électoraux et ses
o er o
modalités (Ord. n 2020-389, 1 avr. 2020 mod. par Ord. n 2020-560, 13 mai
o
2020 mod. par Ord. n 2020-737, 17 juin 2020).
I. La négociation du protocole
391
La loi du 20 août 2008 a élargi le cercle des négociateurs.
Désormais, les syndicats représentatifs n’ont plus le monopole de la
négociation du protocole préélectoral. Doivent ainsi être
invités (C. trav., art. L. 2314-5) :
les organisations syndicales qui satisfont aux critères du respect
des valeurs républicaines et d’indépendance, légalement
constituées depuis au moins deux ans et dont le champ
d’application professionnel et géographique couvre l’entreprise
ou l’établissement concerné. On vise les syndicats disposant
d’une « petite représentativité »,
les organisations syndicales reconnues représentatives dans
l’entreprise ou l’établissement,
les organisations syndicales qui ont constitué une section
syndicale dans l’entreprise ou l’établissement,
les syndicats affiliés à une organisation syndicale représentative
au niveau national et interprofessionnel.
Le Code du travail prévoit que :
sont informées par tout moyen, les organisations syndicales qui
satisfont aux critères de respect des valeurs républicaines et
d’indépendance, légalement constituées depuis au moins deux
ans et dont le champ professionnel et géographique couvre
l’entreprise ou l’établissement concerné
sont informées par courrier les organisations syndicales
reconnues représentatives dans l’entreprise ou l’établissement,
celles ayant constitué une section syndicale dans l’entreprise ou
l’établissement, ainsi que les syndicats affiliés à une
organisation syndicale représentative au niveau national et
interprofessionnel (C. trav., art. L. 2314-5).
Dans le cas d’un renouvellement de l’institution, cette invitation est
effectuée 2 mois avant l’expiration du mandat des membres en
392
exercice. Le premier tour des élections a lieu dans la quinzaine
précédant l’expiration de ce mandat (C. trav., art. L. 2314-5).
L’invitation des organisations syndicales intéressées à négocier le
protocole préélectoral doit parvenir au plus tard 15 jours avant la
date de la première réunion de négociation (C. trav., art. L. 2314-5).
Par dérogation, dans les entreprises dont l’effectif est compris entre
11 et 20 salariés, l’employeur ne doit inviter ces organisations
syndicales que si au moins un salarié s’est porté candidat aux
élections dans un délai de 30 jours à compter de l’information du
personnel sur l’organisation des élections (C. trav., art. L. 2314-5, al.
5). Si aucun salarié ne s’est porté candidat aux élections, le
processus électoral prend fin.
393
394
B L’objet du protocole
395
L’objet du protocole est d’organiser les élections professionnelles. Le
Code du travail impose une négociation sur un certain nombre de
points :
dans les entreprises à établissements multiples, le caractère et
le nombre d’établissements distincts,
la détermination du nombre et de la composition des collèges
électoraux,
la répartition des sièges et du personnel entre les collèges
électoraux,
les modalités d’organisation et de déroulement des opérations
électorales (les dates, lieux, heures des élections, l’organisation
d’un second tour. Eventuellement : les modalités d’affichage de
la liste électorale, les modalités de dépôt et d’affichage des
candidatures, la fixation d’un délai ultime pour le dépôt des
candidatures, le nombre et la composition du bureau de vote,
les conditions d’organisation du vote par correspondance, les
conditions de mise en œuvre de la propagande électorale, les
modalités du recours au vote électronique, les voies et les
moyens d’atteindre une représentation équilibrée des femmes et
des hommes sur les listes de candidature…).
la mention de la proportion de femmes et d’hommes composant
chaque collège électoral (C. trav., art. L. 2314-30 et L. 2314-31).
Les parties peuvent également négocier sur certains points
facultatifs :
l’augmentation du nombre des membres du comité d’entreprise
ou CSE ou du volume des heures de délégation,
la modification du nombre légal et de la composition des
collèges électoraux,
l’organisation des élections en dehors du temps de travail,
396
la dérogation aux dispositions légales fixant à 3 le nombre de
mandats successifs, etc.
397
Le principe d’un accord unanime a néanmoins été maintenu pour la
modification du nombre et la composition des collèges électoraux
(C. trav., art. L. 2314-12) ;
398
personnel et des sièges dans les collèges électoraux (C. trav., art.
L. 2314-14).
399
§3 Les collèges électoraux
400
Il existe cependant des exceptions pour l’élection du CSE depuis
o
l’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017 :
Dans les entreprises de 11 à 25 salariés :
Dans les établissements ou les entreprises n’élisant qu’un
titulaire et un suppléant, il est mis en place pour chacune de ces
élections un collège électoral unique regroupant l’ensemble des
catégories professionnelles (C. trav., art. L. 2314-11, al. 6).
Dans les entreprises de plus de 25 salariés :
Dans les entreprises, quel que soit leur effectif, dont le nombre
des ingénieurs, chefs de service et cadres administratifs,
commerciaux ou techniques assimilés sur le plan de la
classification est au moins égal à 25 au moment de la
constitution ou du renouvellement du comité, ces catégories
constituent un troisième collège (C. trav., art. L. 2314-11, al. 5).
401
l’entreprise (C. trav., art. L. 2314-12).
• Répartition du personnel
Une fois déterminés le nombre et la composition des collèges
électoraux, l’accord préélectoral doit répartir le personnel au sein de
ces derniers.
Une fois les salariés répartis entre les différents collèges, le chef
d’entreprise établit une liste nominative des électeurs de chaque
collège après vérification de l’électorat des salariés.
402
Cette répartition fait l’objet d’un accord entre l’employeur et les
organisations syndicales intéressées, conclu selon la double
condition de majorité (C. trav., art. L. 2314-13).
§4 L’électorat et l’éligibilité
403
Pour être électeur, il faut être âgé de seize ans révolus, avoir
travaillé trois mois au moins dans l’entreprise et n’avoir fait l’objet
d’aucune interdiction, déchéance ou incapacité relatives à ses droits
civiques (C. trav., art. L. 2314-18).
Quatre conditions doivent ainsi être réunies :
être âgé de 16 ans révolus ;
être salarié de l’entreprise (c’est-à-dire, être lié à l’entreprise par
un contrat, peu importe qu’il s’agisse d’un contrat à durée
déterminée ou indéterminée, à temps partiel ou à temps plein) ;
travailler dans l’entreprise depuis au moins 3 mois ;
jouir de la capacité électorale.
Jurisprudence
Ces conditions s’apprécient à la date du premier tour des élections (Cass.
o
soc., 30 oct. 2001, n 00-60.341). Un protocole préélectoral ne peut pas y déroger
car cela priverait les salariés des droits électoraux qu’ils tiennent de la loi (Cass.
o
soc., 25 oct. 2017, n 16-17.740).
o
Par une décision n 2021-947 QPC du 19 novembre 2021, le Conseil
constitutionnel a déclaré contraire à la Constitution l’article L. 2314-18 du Code du
o
travail, dans sa rédaction résultant de l’ordonnance n 2017-1386 du
22 septembre 2017 relative à la nouvelle organisation du dialogue social et
économique dans l’entreprise et favorisant l’exercice et la valorisation des
responsabilités syndicales. L’abrogation de ces dispositions est toutefois reportée
au 31 octobre 2022. Les mesures prises avant cette date en application des
dispositions déclarées contraires à la Constitution ne peuvent être contestées sur
le fondement de cette inconstitutionnalité.
404
Il n’existe aucune condition de nationalité.
405
Dans les entreprises de travail temporaire ou de portage salarial, les
conditions d’ancienneté sont, pour les salariés temporaires ou en
portage salarial, de trois mois pour être électeur et de six mois pour
être éligible (C. trav., art. L. 2314-20 et L. 2314-21).
Pour le premier tour des élections, les syndicats intéressés (cf. les
parties à la négociation du protocole électoral) ont le monopole pour
présenter des candidats (C. trav., art. L. 2314-29).
Un second tour est organisé si le premier tour des élections n’a pas
permis de pourvoir tous les sièges.
Pour ce second tour, les candidatures sont libres (C. trav., art. L.
2314-29).
406
s’applique donc pas aux candidatures libres présentées au second
o
tour (Cass. soc., 25 nov. 2020, n 19-60.222).
407
SOUS-TITRE 2
LE DROIT SYNDICAL
o
Fiche n 34 La liberté syndicale
o
Fiche n 35 La représentativité syndicale
o
Fiche n 36 L’activité des syndicats dans l’entreprise
408
o
Fiche n 34 La liberté syndicale
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
409
personne de former avec d’autres des syndicats et de s’affilier
au syndicat de son choix ».
au niveau européen : aux termes de l’article 11 de la Convention
de sauvegarde des droit de l’homme et des libertés
fondamentales : « toute personne a droit à la liberté de réunion
pacifique et à la liberté d’association, y compris le droit de
fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des
syndicats pour la défense de ses intérêts ». En ce sens,
l’article 12 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union
européenne pose la règle selon laquelle « toute personne a
droit à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association
à tous les niveaux, notamment dans les domaines politique,
syndical et civique, ce qui implique le droit de toute personne de
fonder avec d’autres des syndicats et de s’y affilier pour la
défense de ses intérêts ».
La liberté syndicale est également une liberté constitutionnellement
protégée. Le préambule de la Constitution de 1946 prévoit que « tout
homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale
et adhérer au syndicat de son choix ».
410
profession, des métiers similaires ou des métiers connexes
concourant à l’établissement de produits déterminés ou la même
profession libérale peuvent se constituer librement.
411
à une action en contestation de la qualité de syndicat
professionnel ou en annulation à la demande de toute personne
o
justifiant d’un intérêt à agir (Cass. ch. mixte, 10 avr. 1998, n 97-
13.137) ;
er
à une amende de 3 750 euros (C. trav., art. L. 2136-1, al. 1 ) ;
ou à une action en dissolution diligentée par le Procureur de la
République (C. trav., art. L. 2136-1, al. 2).
412
Tout salarié peut librement adhérer au syndicat de son choix. Cette
règle est proclamée par l’article 6 du préambule de la Constitution de
1946 et par l’article L. 2141-1 du Code du travail.
413
Ces dispositions sont d’ordre public, de sorte qu’aucun accord ou
convention ne peut y déroger. Toute mesure prise par l’employeur en
violation de ces dispositions est considérée comme abusive, donne
lieu à dommages et intérêts (C. trav., art. L. 2141-8) et constitue une
entrave à l’exercice du droit syndical (C. trav., art. L. 2146-1).
414
personne mise à l’index. Il tomberait, en effet, sous le coup des
dispositions précitées relatives à la non-discrimination syndicale
(C. trav., art. L. 2141-5).
415
Il en résulte que ni l’employeur, ni le syndicat ne peut empêcher ou
contraindre un salarié à quitter un syndicat. En ce sens, il a été jugé
que la liberté de retrait d’un adhérent d’un syndicat ne peut être
limitée par une clause conventionnelle (Cass. soc., 23 juin 1988,
o
n 87-11.695).
416
o
Fiche n 35 La représentativité syndicale
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
§1 L’accès à la représentativité
417
Les règles de représentativité des syndicats de salariés ont été
profondément réformées par la loi 2008-789 du 20 août 2008.
Jusque-là, et depuis 1968, deux modes d’acquisition de la
représentativité coexistaient :
la représentativité présumée : les 5 grandes centrales
syndicales (CGT : Confédération générale du travail ; CFDT :
Confédération française démocratique du travail ; FO : Force
ouvrière ; CFTC : Confédération française des travailleurs
chrétiens et CFE-CGC : Confédération française de
l’encadrement – Confédération générale des cadres) et les
syndicats qui leur étaient affiliés bénéficiaient d’une présomption
de représentativité de plein droit à tous les niveaux (entreprise,
branche et national). Cette présomption était irréfragable, de
sorte qu’il était impossible de la remettre en cause ;
la représentativité prouvée : les syndicats qui n’étaient pas
affiliés à l’un des 5 grandes centrales représentatives devaient
prouver leur représentativité sur la base d’anciens critères
o
définis par la loi n 50-205 du 11 février 1950 : les effectifs,
l’indépendance, les cotisations, l’expérience et l’ancienneté du
syndicat, l’attitude patriotique pendant l’occupation.
La loi du 20 août 2008 a mis fin à la représentativité présumée au
profit d’une représentativité prouvée, fondée sur des critères
rénovés.
418
Le critère du respect des valeurs républicaines remplace celui de
l’attitude patriotique au cours de la seconde guerre mondiale,
consacré en 1948 et devenu obsolète.
419
syndicat ne méconnaît aucune valeur républicaine (Cass. soc., 25
o
janv. 2016, n 14-29.308).
2 L’indépendance
Ce critère de l’indépendance existait déjà sous l’ancienne législation.
La représentation effective des intérêts des salariés suppose que le
syndicat soit indépendant à l’égard des employeurs.
3 La transparence financière
Le critère de la transparence financière a été introduit par la loi du
20 août 2008. Il implique le respect de certaines règles comptables.
Les petits syndicats aux faibles ressources peuvent se contenter de
tenir un livre comptable mentionnant les recettes et les dépenses
420
(C. trav., art. D. 2135-4). Les syndicats plus importants sont, pour
leur part, soumis à la tenue d’une comptabilité plus rigoureuse
(C. trav., art. L. 2135-1 à L. 2135-6).
421
5 L’audience
La loi du 20 août 2008 a fait de l’audience électorale le critère phare
de la représentativité des organisations syndicales de salariés.
Les dispositions relatives à l’audience sont d’ailleurs d’ordre public
o
absolu (Cass. soc., 15 oct. 2015, n 14.25-375). Ni un accord
collectif, ni l’employeur, ne peuvent ainsi reconnaître la qualité
d’organisation syndicale représentative à un syndicat ne satisfaisant
o
pas au critère d’audience (Cass. soc., 18 mai 2011, n 10-60.406).
422
plus, les suffrages exprimés s’entendent hors bulletin blancs ou nuls
(Circ. DGT 20 du 13 novembre 2008).
– les suffrages exprimés au premier tour des dernières élections des titulaires du
CSE ;
– les suffrages exprimés lors du scrutin spécifique organisé dans les entreprises
de moins de 11 salariés (C. trav., art. L. 2122-5 et L. 2122-8).
423
doivent être représentatives dans les branches à la fois de
l’industrie, de la construction, du commerce et des services (C. trav.,
art. L. 2122-9).
Tel est le cas de la CFE-CGC dont l’objet est de défendre les intérêts
des travailleurs cadres. Ce type de syndicat n’a donc vocation à
présenter des candidats que dans certains collèges électoraux
déterminés. Obtenir 8 % ou 10 % des suffrages apparaît
particulièrement difficile.
424
qu’ils entendent représenter.
6 L’influence
L’influence est prioritairement caractérisée par l’activité et
l’expérience. L’activité est appréciée au regard de la réalité des
actions menées par le syndicat (distribution de tracts, organisation
de réunions, participation aux négociations, présentation de
candidats aux élections etc.
425
critère est cependant relative. L’importance des effectifs peut en effet
être appréciée par le juge en comparaison avec ceux des autres
o
syndicats (Cass. soc., 18 mars 1975, n 74-60.136).
B L’appréciation de la représentativité
La représentativité est régie par le principe de concordance. La
représentativité du syndicat s’apprécie au niveau où doit s’exercer la
prérogative invoquée.
426
26.855). Ainsi, les élections intermédiaires pouvant intervenir en
cours de cycle ne peuvent pas avoir d’effet sur la représentativité
o
d’un syndicat (Cass. soc., 13 févr. 2013, n 12-18.098).
Autrement dit, si une organisation syndicale représentative n’obtient
pas 10 % lors des élections intermédiaires, elle demeure
représentative alors même qu’elle n’est plus légitime à représenter
les salariés. Cette règle a pour objectif de favoriser la stabilité et la
sécurité des négociations collectives dès lors qu’elle évite les
contestations de la représentativité à chaque exercice d’une
prérogative nécessitant d’être représentatif.
Jurisprudence
La Cour de cassation a cependant jugé que si les critères tenant au respect
des valeurs républicaines, à l’indépendance et à la transparence financière doivent
être satisfaits de manière autonome, ceux relatifs à l’influence prioritairement
caractérisée par l’activité et l’expérience, aux effectifs d’adhérents et aux
cotisations, à l’ancienneté dès lors qu’elle est au moins égale à deux ans et à
l’audience dès lors qu’elle est au moins égale à 10 % des suffrages exprimés,
o
doivent faire l’objet d’une appréciation globale (Cass. soc., 29 févr. 2012, n 11-
13.748).
Ainsi, la faiblesse des effectifs pourrait être compensée par une forte
activité ou une audience importante.
427
o
La loi n 2014-288 du 5 mars 2014 a pour la première fois définies
les règles relatives à la représentativité des organisations patronales
au niveau de la branche, au niveau national et interprofessionnel.
428
comptes. La mesure de l’audience s’effectue tous les 4 ans
(C. trav., art. L. 2152-1).
Au niveau des branches, les organisations syndicales
représentatives doivent également disposer d’une implantation
territoriale équilibrée (C. trav., art. L. 2152-1).
o
Enfin, la loi n 2014-288 du 5 mars 2014 a créé une représentativité
au niveau national et multi-professionnel en faveur des organisations
patronales de secteurs non représentés par les organisations
patronales représentatives au niveau national et interprofessionnel. Il
s’agit principalement des professions libérales, de l’économie sociale
et solidaire, de l’agriculture et du spectacle.
429
auxquelles adhèrent au moins quinze organisations relevant soit
des professions agricoles, soit des professions libérales, soit de
l’économie sociale et solidaire, soit du spectacle vivant et
enregistré ;
qui justifient d’une implantation territoriale couvrant au moins un
tiers du territoire national, soit au niveau départemental, soit au
niveau régional (C. trav., art. L. 2152-2).
430
Au niveau national, elles participent à la Commission nationale de la
négociation collective, au Conseil économique, social et
environnemental, au Conseil supérieur de la prévention des risques
professionnels, etc.
431
o
Fiche n 36 L’activité des syndicats dans
l’entreprise
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
Ils ont exclusivement pour objet l’étude et la défense des droits ainsi
que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels,
des personnes qu’ils représentent (C. trav., art. L. 2131-1).
Pour mener à bien leur mission, les syndicats peuvent exercer leur
action syndicale à l’extérieur de l’entreprise à l’occasion, notamment,
432
de la négociation collective au niveau de la branche ou
interprofessionnel et national ou d’action revendicative. Mais depuis
o
la loi du 27 décembre 1968 (L. n 68-1179, 27 déc. 1968, relative à
l’exercice du droit syndical dans les entreprises : JO 31 déc. 1968,
p. 12403), cette action syndicale a surtout vocation à se développer
au sein même de l’entreprise.
§1 La section syndicale
Une section syndicale peut ainsi être créée par (C. trav., art. L 2142-
1) :
chaque syndicat représentatif dans l’entreprise ou
l’établissement ;
chaque syndicat affilié à une organisation syndicale
représentative au niveau national et interprofessionnel ;
433
ou chaque organisation syndicale qui satisfait aux critères de
respect des valeurs républicaines et d’indépendance, est
légalement constituée depuis au moins deux ans et dont le
champ professionnel et géographique couvre l’entreprise.
Les syndicats constitutifs de la section syndicale doivent
obligatoirement compter plusieurs adhérents dans l’entreprise ou
l’établissement (C. trav., art. L. 2412-1), c’est-à-dire, au moins 2, peu
important le faible effectif de l’entreprise (Cass. soc., 8 juill. 2009,
o
n 09-60.011).
434
II. Le rôle de la section syndicale
I. Le délégué syndical
435
Cette désignation est subordonnée à la constitution d’une section
syndicale (C. trav., art. L. 2143-3). Si un syndicat entend désigner un
délégué syndical dans un établissement, une section syndicale doit
avoir été constituée dans cet établissement (Cass. soc., 23 juin
o
2010, n 09-60.438).
436
10 % des suffrages exprimés au premier tour des dernières élections
au comité social et économique, quel que soit le nombre de votants.
437
réclamations qui relèvent des fonctions des délégués du personnel.
Là où les premières ont pour but l’amélioration du droit existant, les
secondes portent sur l’application du droit existant. Il est cependant
parfois malaisé d’établir la frontière entre les deux.
438
La désignation du représentant de section syndicale n’est autorisée
que dans les entreprises ou établissements d’au moins 50 salariés
(C. trav., art. L. 2142-1-1).
439
Le représentant de section syndicale exécute les tâches dévolues à
la section syndicale (affichage de communications, diffusion de
publication et de tracts, animation des réunions, collecte des
cotisations, etc.). Il dispose ainsi des moyens mis à disposition de la
section syndicale (panneaux d’affichage, local, possibilité de
réunion, etc.).
440
SOUS-TITRE 3
LES INSTITUTIONS REPRÉSENTATIVES
ÉLUES
o
Fiche n 37 Les institutions représentatives élues avant
les ordonnances du 22 septembre 2017.
o
Fiche n 38 Le Comité social et économique –
Composition et fonctionnement
o
Fiche n 39 Le Comité social et économique – Attributions
o
Fiche n 40 Le Conseil d’entreprise
o
Fiche n 41 Les représentants de proximité
441
o
Fiche n 37 Les institutions
représentatives élues avant les ordonnances
du 22 septembre 2017
L’ESSENTIEL
o
Avant l’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017, la
représentation élue dans l’entreprise était composée des délégués
du personnel, du comité d’entreprise et du CHSCT.
LES CONNAISSANCES
o
Les institutions représentatives élues avant l’ordonnance n 2017-
1386 du 22 septembre 2017 étaient au nombre de trois : les
délégués du personnel, le comité d’entreprise et le CHSCT.
442
Le comité d’entreprise (CE) était mis en place dans les entreprises
d’au moins 50 salariés. Le comité d’entreprise assurait l’expression
collective des salariés. Il permettait la prise en compte de leurs
intérêts dans les décisions relatives à la gestion et l’évolution
économique et financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à
la formation professionnelle et aux techniques de production (§ 2).
o
L’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017 a consacré la fusion des
délégués du personnel, du CE et du CHSCT en une instance unique, le comité
social et économique (CSE). Ainsi, les délégués du personnel, les membres du
comité d’entreprise et les membres du CHSCT ont progressivement laissé place
au CSE. Ainsi, au plus tard le 31 décembre 2019, les mandats des anciennes
institutions représentatives du personnel ont pris fin et le CSE a été mis en place
dans toutes les entreprises concernées.
443
La mission principale des délégués du personnel consistait à
présenter à l’employeur les réclamations individuelles ou collectives
des salariés (C. trav., art. L. 2313-1 ancien).
444
entrant dans la compétence de ce comité (C. trav., art. L 2313-9
ancien). De plus, les délégués du personnel pouvaient saisir le
CHSCT de toute question relevant de sa compétence (C. trav., art.
L. 4612-13) ou assister à une réunion des représentants de ce
comité.
445
l’employeur, le salarié, ou le délégué si le salarié intéressé averti
par écrit ne s’y opposait pas, saisissait directement le bureau de
jugement du conseil de prud’hommes qui statuait alors en
urgence, c’est-à-dire selon les formes du référé.
Le juge pouvait ordonner toutes mesures propres à faire cesser
cette atteinte.
I. La composition et le fonctionnement du CE
o
Leur nombre variait selon l’effectif de l’entreprise (V. Fiche n 32).
o
L’ordonnance n 45-280 du 22 février 1945 avait reconnu la
personnalité morale au CE. Il pouvait donc gérer son patrimoine,
recevoir des dons et legs, conclure des contrats, ester en justice ou
446
encore engager sa responsabilité civile (C. trav., art. L. 2325-1
ancien).
447
certain nombre d’informations (C. trav., art. L. 2323-9 ancien). Cette
base de données est désormais mise à la disposition du CSE.
448
lorsque ces questions ne faisaient pas l’objet des consultations
annuelles (C. trav., art. L. 2323-1 ancien).
449
§3 Le CHSCT
Le CHSCT se réunissait :
au moins tous les trimestres à l’initiative de l’employeur, plus
fréquemment en cas de besoin, notamment dans les branches
d’activité présentant des risques particuliers (C. trav., art.
L. 4614-7 ancien) ;
à la suite de tout accident ayant entraîné ou ayant pu entraîner
des conséquences graves ;
à la demande motivée de deux de ses membres représentants
du personnel,
450
en cas d’événement grave lié à l’activité de l’établissement
ayant porté atteinte ou ayant pu porter atteinte à la santé
publique ou à l’environnement (C. trav., art. L. 4614-10 ancien).
Les décisions du comité portant sur ses modalités de
fonctionnement et l’organisation de ses travaux ainsi que ses
résolutions étaient prises à la majorité des membres présents.
451
I. La délégation unique du personnel
452
prévue par la loi.
453
o
Fiche n 38 Le Comité social
et économique – Composition
et fonctionnement
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
454
Il remplace les représentants élus du personnel dans l’entreprise. Il
fusionne en effet l’ensemble des instances représentatives du
personnel : délégués du personnel (DP), comité d’entreprise (CE) et
CHSCT.
§1 La composition du CSE
I. Le chef d’entreprise
455
II. La délégation du personnel
456
Ce représentant assiste aux séances du comité. S’il peut s’exprimer
librement, en revanche, il ne dispose que d’une voix consultative
(C. trav., art. L. 2114-2).
La Cour de cassation a précisé qu’il n’est pas possible de cumuler
un mandat d’élu au CSE et de représentant syndical au CSE (Cass.
o
soc., 22 janv. 2020, n 19-13.269).
§2 Le fonctionnement du CSE
I. Personnalité morale
II. Organisation
457
Le secrétaire établit les procès-verbaux des délibérations du CSE et
se charge de leur diffusion. Il est l’interlocuteur privilégié des tiers et
veille à l’exécution des décisions du comité.
Le CSE détermine, dans un règlement intérieur, les modalités de son
fonctionnement et celles de ses rapports avec les salariés de
l’entreprise (C. trav., art. L. 2315-24).
Le nombre de réunions du CSE est fixé par accord collectif, sans
pouvoir être inférieur à 6 par an (C. trav., art. L. 2312-19).
En l’absence d’accord, le CSE se réunit au moins 1 fois par mois
dans les entreprises de plus de 300 salariés et au moins 1 fois tous
les 2 mois dans les entreprises de moins de 300 salariés (C. trav.,
art. L. 2315-28).
Les résolutions du CSE sont prises à la majorité des membres
présents. Seuls les représentants élus titulaires peuvent voter. Les
suppléants et les représentants syndicaux au CSE assistent aux
séances du comité mais n’ont qu’une voix consultative. De la même
façon, les collaborateurs qui assistent l’employeur ne votent pas
Le président du CSE ne participe pas au vote lorsqu’il consulte les
membres élus du comité en tant que délégation du personnel
(C. trav., art. L.2315-32).
458
Jurisprudence
Sur ce point, la Cour de cassation avait jugé au sujet du comité d’entreprise
que l’employeur ne peut pas voter lorsqu’il consulte le CE dans le cadre de ses
attributions économiques. De même, la Cour de cassation lui a refusé le droit de
voter en matière de gestion des activités sociales et culturelles (Cass. soc.,
o
25 janv. 1995, RJS 1995, n 251). En revanche, son vote est admis pour les
questions relatives à son organisation interne. Il peut ainsi participer à la
o
désignation du secrétaire (Cass. soc., 10 juill. 1991, n 88-20.411) ou du trésorier
o
(Cass. soc., 5 janv. 2005, n 02-19.080). Nul doute que ces décisions demeurent
aujourd’hui applicables au CSE.
459
o
Fiche n 39 Le Comité social
et économique – Attributions
L’ESSENTIEL
o
Les attributions dévolues par l’ordonnance n 2017-1386 du
22 septembre 2017 au Comité social et économique (CSE)
correspondent schématiquement à celles autrefois dévolues aux
délégués du personnel, au comité d’entreprise et au CHSCT.
LES CONNAISSANCES
460
gestion et l’évolution économique et financière de l’entreprise, à
l’organisation du travail, à la formation professionnelle et aux
techniques de production. Le comité jouit également d’attribution en
matière sociales et culturelles (§ 2).
Le CSE dispose d’un droit d’alerte en cas d’atteinte aux droits des
personnes, à leur santé physique et mentale ou aux libertés
individuelles dans l’entreprise et en matière d’hygiène et sécurité
(C. trav., art. L. 2312-5).
461
A Les attributions générales
Le CSE mis en place dans les entreprises d’au moins 50 salariés a
pour mission d’assurer une expression collective des salariés
permettant la prise en compte permanente de leurs intérêts dans les
décisions relatives à la gestion et à l’évolution économique et
financière de l’entreprise, à l’organisation du travail, à la formation
professionnelle et aux techniques de production (C. trav., art.
L. 2312-8).
462
À ce titre, il procède à l’analyse des risques professionnels auxquels
peuvent être exposés les travailleurs, notamment les femmes
enceintes.
463
B La consultation et l’information
• Le champ de la négociation
Un accord d’entreprise peut notamment définir le contenu, la
périodicité et les modalités des consultations récurrentes du
CSE ainsi que la liste et le contenu des informations nécessaires à
ces consultations.
464
La périodicité des consultations prévue par l’accord ne peut être
supérieure à trois ans.
L’accord peut également définir les délais dans lesquels les avis du
comité sont rendus (C. trav., art. L. 2312-19).
• Disposition supplétive
À défaut d’accord, le CSE est consulté chaque année sur (C. trav.,
art. L. 2312-22) :
465
À défaut d’accord, une base de données économiques, sociales et
environnementales, mise régulièrement à jour, rassemble un
ensemble d’informations que l’employeur met à disposition du CSE
(C. trac. art. L. 2312-36).
466
L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au
sein de l’entreprise ;
Les fonds propres et endettement ;
L’ensemble des éléments de la rémunération des salariés et
dirigeants ;
Les activités sociales et culturelles ;
La rémunération des financeurs ;
Les flux financiers à destination de l’entreprise, notamment
aides publiques et crédits d’impôts ;
La sous-traitance ;
Les transferts commerciaux et financiers entre les entités du
groupe.
Les conséquences environnementales de l’activité de
l’entreprise.
467
ponctuelles et les délais dans lesquels les avis du comité sont
rendus.
B Le droit d’alerte
Le CSE bénéficie d’un droit d’alerte :
En cas d’atteinte aux droits des personnes (ouvert aux seules
entreprises d’au moins 50 salariés) (C. trav., art. L. 2312-59) ;
En cas de danger grave et imminent en matière de santé
publique et d’environnement (C. trav., art. L. 2312-60) ;
S’il a connaissance de faits de nature à affecter de manière
préoccupante la situation économique de l’entreprise (C. trav.,
art. L. 2312-63) ;
S’il a connaissance de faits susceptibles de caractériser un
recours abusif aux contrats de travail à durée déterminée
(CDD), au portage salarial ou au travail temporaire (C. trav., art.
L. 2312-71).
468
– I. ODOUL-ASOREY, Comité social et économique : nouvelles
dispositions, RDT 2018, pp. 142-144
– A. TEISSIER, La phase transitoire de mise en place d’un CSE,
JCP S 2018, pp. 21-25
469
o
Fiche n 40 Le Conseil d’entreprise
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
o
L’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017 a regroupé les
délégués du personnel, le comité d’entreprise et le CHSCT dans une
instance unique : le Comité social et économique (CSE).
470
§1 La mise en place du Conseil d’entreprise
Le Conseil d’entreprise peut être institué :
par un accord d’entreprise à durée indéterminée. Cet accord
doit être signé par une ou plusieurs organisations syndicales de
salariés représentatives ayant recueilli au moins 50 % des
suffrages exprimés en faveur d’organisations représentatives au
premier tour des élections de titulaires au CSE (C. trav., art.
L. 2232-12),
par un accord de branche étendu, mais uniquement dans les
entreprises dépourvues de délégué syndical.
La loi ne précise pas l’effectif de l’entreprise à partir duquel peut être
implanté le Conseil d’entreprise. Dès lors que les attributions et les
modalités de fonctionnement du conseil d’entreprise sont
essentiellement calquées sur celles du CSE et des délégués
syndicaux, il semblerait qu’il ne puisse être mis en place que dans
les entreprises d’au moins 50 salariés (B. TEYSSIE, « Le conseil
d’entreprise », JCP S 2018, p. 17).
471
7) ;
la périodicité de tout ou partie des thèmes de négociation du
Conseil d’entreprise (C. trav., art. L. 2321-8) ;
les modalités selon lesquelles les négociations se déroulent au
niveau des établissements (C. trav., art. L. 2321-2).
Le Conseil d’entreprise peut être mis en place dans les entreprises
appartenant à une unité économique et sociale (UES).
472
Le Conseil d’entreprise exerce l’ensemble des attributions dévolue
au CSE (C. trav., art. L. 2321-1).
473
L’accord instaurant le Conseil d’entreprise fixe le nombre d’heures
de délégation dont bénéficient les élus du Conseil d’entreprise
participant aux négociations. Ces heures de délégations devraient
s’ajouter aux heures allouées aux membres du CSE. À défaut
d’accord, chaque élu du Conseil d’entreprise participant à une
négociation dispose d’un nombre d’heures de délégation qui s’ajoute
aux heures de délégation dont il bénéficie en qualité de membre élu
titulaire du CSE (C. trav., art. R 2321-1).
474
o
Fiche n 41 Les représentants
de proximité
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
o
L’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017 a consacré la
possibilité de mettre en place des représentants de proximité dans
les entreprises comportant au moins deux établissements.
475
§1 La mise en place des représentants de proximité
Les représentants de proximité sont mis en place par l’accord
d’entreprise majoritaire qui détermine le nombre et le périmètre des
établissements distincts pour les CSE (C. trav., art. L. 2313-7).
476
§3 Les attributions des représentants de proximité
Les attributions des représentants de proximité sont déterminées par
accord d’entreprise ou d’établissement.
477
SOUS-TITRE 4
LE STATUT DES REPRÉSENTANTS
DU PERSONNEL
o
Fiche n 42 Les moyens des représentants du personnel
o
Fiche n 43 La protection des représentants du personnel
478
o
Fiche n 42 Les moyens
des représentants du personnel
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
479
Enfin, les représentants, élus ou désignés, du personnel disposent,
pour l’exercice de leurs missions, d’un crédit d’heures mensuel de
délégation qui varie d’une institution à une autre (§ 3).
480
§2 Les expertises du CSE
481
Le CSE, peut recourir à un expert-comptable ou un expert habilité en
vue de la consultation sur les trois consultations récurrentes :
sur les orientations stratégiques de l’entreprise (C. trav., art.
L.2315-87) ;
sur la situation économique et financière de l’entreprise (C. trav.,
art. L. 2315-88) ;
sur sa politique sociale ainsi que sur les conditions de travail et
d’emploi (C. trav., art. L. 2315-91).
Il peut également recourir à l’expertise dans le cadre des
consultations ponctuelles à :
un expert-comptable pour les opérations de concentration, le
droit d’alerte économique, les licenciements collectifs, les offres
publiques d’acquisition, l’analyse utiles aux organisations
syndicales pour les négociations (C. trav., art. L. 2315-92) ;
à un expert habilité :
lorsqu’un risque grave, identifié et actuel, révélé ou non par
un accident du travail, une maladie professionnelle ou à
caractère professionnel est constaté dans l’établissement,
en vue de préparer la négociation sur l’égalité
professionnelle
en cas d’introduction de nouvelles technologies
en cas de projet important modifiant les conditions de santé
et de sécurité ou les conditions de travail (C. trav., art.
L. 2315-96).
Les frais d’expertise sont pris en charge selon les modalités
suivantes :
482
§3 Les heures de délégation
À titre d’illustration :
483
Par exception, le Code du travail prévoit que peuvent répartir entre
eux leurs heures de délégation les délégués syndicaux désignés par
une même organisation syndicale (C. trav., art. L. 2143-14).
484
Dans cette perspective, il peut demander au représentant de lui
indiquer l’usage qui a été fait des heures de délégation (Cass. soc.,
o
21 nov.1990, n 88-40.133).
485
o
Fiche n 43 La protection
des représentants du personnel
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
486
l’application d’une procédure particulière de licenciement impliquant
l’autorisation de l’administration (§ 2). La protection s’applique
également à certaines situations qu’il convient de préciser (§ 3).
487
Sont concernés les candidats aux fonctions de :
membre élu de la délégation du personnel au CSE (C. trav., art.
L. 2411-7) ;
représentant de proximité (C. trav., art. L. 2411-9) ;
membre de la délégation du personnel au CSE interentreprises
(C. trav., art. L. 2411-10-1).
Les candidats bénéficient de la protection dès que l’employeur a
connaissance de la candidature du salarié (Cass. soc., 4 juillet 1990,
o
n 87-44.840).
488
membre élu de la délégation du personnel au comité social et
économique (C. trav., art. L. 2411-5) ;
représentant de proximité (C. trav., art. L. 2411-8) ;
membre élu de la délégation du personnel au comité social et
économique interentreprises (C. trav., art. L. 2411-10).
La protection est effective si l’employeur n’a pas contesté les
o
élections dans le délai requis (Cass. soc., 28 sept. 2016, n 15-
13.728).
Les élus bénéficient de la protection à compter du jour de la
proclamation des résultats de l’élection. Ils restent protégés durant la
durée de leur mandat. La protection se poursuit pendant 6 mois
suivant la fin de leur mandat.
En cas d’annulation des élections, le bénéfice de la protection cesse
à la date à laquelle le jugement d’annulation est prononcé (Cass.
o
soc., 11 oct. 2017, n 16-11.048).
489
ait été convoqué à l’entretien préalable au licenciement (C. trav., art.
L. 2411-3).
490
o
Code du travail (Cass. soc., 20 févr. 1991, n 89-42.288).
La procédure spéciale s’applique également au salarié investi
notamment d’un mandat de :
membre du conseil ou administrateur d’une caisse de sécurité
sociale ;
membre du conseil d’administration d’une mutuelle ;
représentant des salariés dans une chambre d’agriculture ;
conseiller prud’homme ;
assesseur maritime ;
défenseur syndical ;
membre du groupe spécial de négociation et membre du comité
d’entreprise européen ;
membre du groupe spécial de négociation et représentant au
comité de la société européenne ;
membre du groupe spécial de négociation et représentant au
comité de la société coopérative européenne ;
membre du groupe spécial de négociation et représentant au
comité de la société issue de la fusion transfrontalière.
491
Dans la mesure où elle protège les salariés, cette procédure est
d’ordre public. Sa violation entraîne la nullité du licenciement (Ex :
o
Cass. soc., 30 avr. 1997, n 95-40.513).
492
Saisine de l’inspecteur du travail : L’employeur saisit
l’inspecteur du travail d’une demande d’autorisation de licencier
le salarié protégé. La demande d’autorisation énonce les motifs
de rupture envisagés (C. trav., art. R 2421-1, al. 4) ainsi que le
ou les mandats détenus par le salarié (Cass. soc., 3 févr. 2016,
o
n 14-17.886). Elle est accompagnée du procès-verbal de la
réunion au cours de laquelle le comité d’entreprise ou le CSE
s’est prononcé.
Enquête contradictoire de l’inspecteur du travail :
L’inspecteur du travail procède à une enquête contradictoire au
cours de laquelle le salarié peut, sur sa demande, se faire
assister d’un représentant de son syndicat (C. trav., art.
er
R. 2421-4, al. 1 ). Il exerce son contrôle sur :
la qualité de salarié protégé de l’intéressé ;
le respect de la procédure préalable à sa saisine (Cass.
o
soc., 13 juill. 2004 n 02-43.538) ;
la légitimité du motif invoqué à l’appui de la demande de
o
l’employeur (CE, 19 oct. 2012, n 334588) ;
l’absence de tout lien entre la rupture du contrat de travail
o
et le mandat du salarié (CE, 18 nov. 1996, n 161910).
Prise de décision : L’inspecteur du travail peut refuser ou
autoriser le licenciement du salarié protégé. Il prend sa décision
dans un délai de 2 mois. Ce délai court à compter de la
réception de la demande d’autorisation de licenciement. Le
silence gardé pendant plus de 2 mois vaut décision de rejet
(C. trav., art. R. 2421-4, al. 3).
À l’expiration du délai de protection, l’employeur retrouve la liberté
de licencier le salarié selon les règles de droit commun.
493
Le salarié ne peut toutefois pas être licencié pour des faits commis
pendant la période de protection, sans qu’une demande
d’autorisation de licenciement ait été présentée à l’inspecteur du
o
travail (Cass. soc., 13 juin 2019, n 17-24.160). Toutefois, la
persistance du comportement fautif du salarié après l’expiration de
cette période peut justifier le prononcé d’un licenciement (Cass. soc.,
o
16 févr. 2022, n 20-16.171).
494
susceptible de faire l’objet d’un pourvoi en cassation devant le
Conseil d’État.
Si l’employeur obtient l’autorisation de l’inspecteur du travail, il peut
régulièrement licencier le salarié protégé.
495
Le salarié est alors en droit de demander sa réintégration.
L’employeur ne peut pas, par principe, s’y opposer. Le salarié
réintégré a le droit à une indemnité égale au montant de la
rémunération qu’il aurait perçue entre son licenciement et sa
o
réintégration (Cass. soc., 11 janv. 2007, n 04-45.682).
496
o
une rupture conventionnelle (Cass. soc., 20 déc. 2017, n 16-
14.880) ;
le transfert d’un salarié compris dans un transfert partiel
d’entreprise ou d’établissement (C. trav., art. L. 2414-1) ;
la rupture d’un contrat à durée déterminée (C. trav. art. L. 2412-
2).
497
TITRE 2
LA NÉGOCIATION COLLECTIVE
o
Fiche n 44 Les modalités de négociation et de conclusion
o
Fiche n 45 Les thèmes de la négociation
o
Fiche n 46 L’articulation entre les accords d’entreprise
et les normes supérieures
o
Fiche n 47 La révision, la dénonciation et la remise
en cause des accords collectifs
498
o
Fiche n 44 Les modalités de négociation
et de conclusion
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
499
A La délégation patronale
B La délégation salariale
Les organisations syndicales ont le monopole de la négociation
er
collective (C. trav., art. L. 2132-2, al. 1 ). Plus particulièrement, le
Code du travail précise que sont seules admises à négocier les
conventions et accords collectifs de travail les organisations
er
syndicales représentatives (C. trav., art. L. 2232-16, al. 1 ).
500
À défaut d’accord, le nombre de salariés qui complète la délégation
est au plus égal, par délégation, à celui des délégués syndicaux de
la délégation. Toutefois, dans les entreprises pourvues d’un seul
délégué syndical, ce nombre peut être porté à deux (C. trav., art.
er
L. 2232-17, al. 1 ).
501
er
1 mai 2018.
502
les modalités de transmission aux salariés de l’accord ;
les lieu, date et heure du scrutin ;
l’organisation et le déroulement du vote ;
le texte de la question soumise aux salariés ;
la liste des salariés pouvant voter.
Le protocole spécifique doit être conclu entre l’employeur et un ou
plusieurs syndicats représentatifs ayant recueilli plus de 30 % des
suffrages exprimés au premier tour des dernières élections
professionnelles, quel que soit le nombre de votants (C. trav., art. L
2232-12, al. 4).
L’accord est valide s’il est approuvé par les salariés à la majorité des
suffrages exprimés.
503
La consultation du personnel est organisée à l’issue d’un délai
minimum de 15 jours courant à compter de la communication à
chaque salarié du projet d’accord.
504
Dans les entreprises dont l’effectif habituel est compris entre 11 et
moins de 50 salariés, en l’absence de délégué syndical dans
l’entreprise ou l’établissement, les accords d’entreprise ou
d’établissement peuvent être négociés et conclus :
soit par un ou plusieurs salariés expressément mandatés par
une ou plusieurs organisations syndicales représentatives dans
la branche ou, à défaut, par une ou plusieurs organisations
syndicales représentatives au niveau national et
interprofessionnel, étant membre ou non de la délégation du
personnel du CSE. A cet effet, une même organisation ne peut
mandater qu’un seul salarié ;
soit par un ou des membres titulaires de la délégation du
personnel du CSE.
Les accords ainsi négociés et conclus peuvent porter sur l’ensemble
des thèmes ouverts à la négociation collective.
505
Dans les entreprises dépourvues de délégué syndical dont l’effectif
habituel est au moins égal à cinquante salariés, les membres de la
délégation du personnel du CSE peuvent négocier et conclure des
accords collectifs de travail s’ils sont expressément mandatés à cet
effet par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives
dans la branche dont relève l’entreprise ou, à défaut, par une ou
plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives au
niveau national et interprofessionnel. Une même organisation ne
er
peut mandater qu’un seul salarié (C. trav., art. L. 2232-24, al. 1 ).
Pour être valide, l’accord doit être approuvé par les salariés à la
majorité des suffrages exprimés (C. trav., art. L. 2232-24, al. 3).
L’accord ne peut porter que sur des mesures dont la mise en œuvre
est subordonnée par la loi à un accord collectif, à l’exception des
accords de méthode (C. trav., art. L. 2232-25, al. 2).
506
majorité des suffrages exprimés lors des dernières élections
professionnelles (C. trav., art. L. 2232-25, al. 3).
Les élus qui souhaitent négocier le font savoir dans un délai d’un
mois et indiquent, le cas échéant, s’ils sont mandatés (C. trav., art.
L. 2232-25-1, al. 2).
507
L’accord peut porter sur toutes les mesures qui peuvent être
négociées par accord d’entreprise ou d’établissement, sous réserve
des dispositions d’ordre public (C. trav., art. L. 2232-26, al. 4).
508
o
Fiche n 45 Les thèmes de la négociation
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
509
hommes et la gestion des emplois et des parcours professionnels
(§ 2).
La négociation peut porter sur tout sujet en lien avec les conditions
d’emploi, de formation professionnelle et de travail des salariés ainsi
que leurs garanties sociales (C. trav., art. L. 2221-1).
Les partenaires sociaux sont donc libres de négocier sur des thèmes
très variés, sous réserve :
des dispositions d’ordre public auxquelles il n’est pas possible
de déroger par convention ou accord collectif ;
des dispositions légales circonscrivant l’engagement de
certaines négociations à certains niveaux ;
des règles d’articulation entre les différents niveaux de
négociation.
Lorsqu’elle aboutit, les parties concluent une convention collective
de travail, qui a vocation à traiter de l’ensemble des thèmes, ou un
accord collectif de travail, qui n’en traite qu’une partie (C. trav., art. L.
2221-2).
510
obligation de négocier, en consacrant notamment une obligation
triennale de négocier.
o
L’ordonnance n 2017-1385 du 22 septembre 2017 a réécrit les
dispositions du Code du travail consacrées à la négociation
obligatoire d’entreprise. Désormais, le chapitre est composé de trois
parties : les dispositions d’ordre public (A), les dispositions relatives
à l’accord d’adaptation (B) et enfin les dispositions supplétives,
applicables en l’absence d’un tel accord (C).
511
une négociation sur l’égalité professionnelle entre les femmes et
les hommes, portant notamment sur les mesures visant à
supprimer les écarts de rémunération, et la qualité de vie et des
conditions de travail (C. trav., art. L. 2242-1).
Une négociation sur la gestion des emplois et des parcours
professionnels doit également être engagée par l’employeur, au
moins une fois tous les quatre ans :
dans les entreprises et les groupes d’entreprises d’au moins
300 salariés,
dans les entreprises et groupes d’entreprises de dimension
communautaire comportant au moins un établissement ou une
entreprise d’au moins 150 salariés en France (C. trav., art. L
2242-2).
Tant que la négociation est en cours, l’employeur ne peut pas
prendre de décisions unilatérales concernant la collectivité des
salariés dans les matières sur lesquelles elle porte, sauf si l’urgence
le justifie (C. trav., art. L 2242-4).
L’accord précise :
les thèmes des négociations de telle sorte qu’au moins tous les
quatre ans soient négociés les thèmes relevant de l’ordre
public ;
la périodicité et le contenu de chacun des thèmes ;
512
le calendrier et les lieux des réunions ;
les informations que l’employeur remet aux négociateurs sur les
thèmes prévus par la négociation qui s’engage et la date de
cette remise ;
les modalités selon lesquelles sont suivis les engagements
souscrits par les parties (C. trav., art. L. 2242-11).
La durée de l’accord ne peut excéder quatre ans.
513
En l’absence d’accord d’adaptation, le Code du travail contient des
dispositions supplétives.
514
Ainsi, l’employeur doit engager une négociation :
chaque année sur la rémunération, le temps de travail et le
partage de la valeur ajoutée,
chaque année sur l’égalité professionnelle entre les femmes et
les hommes et la qualité de la vie,
tous les trois ans sur la gestion des emplois et des parcours
professionnels et la mixité des métiers.
515
o
Fiche n 46 L’articulation entre
les accords d’entreprise et les normes
supérieures
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
516
Les rapports entre les normes conventionnelles et les normes
légales ou réglementaires sont régis par le principe de faveur.
517
10 %). À défaut d’accord, les heures supplémentaires sont majorées
de 25 % pour les 8 premières heures et de 50 % pour les heures
suivantes (C. trav., art. L. 3121-36).
518
Certaines mesures relatives à la durée du travail, à la répartition
et à l’aménagement des horaires ;
Certaines mesures relatives aux contrats de travail à durée
déterminée et aux contrats de travail temporaire ;
Certaines mesures relatives au contrat à durée indéterminée de
chantier ou d’opération ;
L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
Les conditions et les durées de renouvellement de la période
d’essai ;
Les modalités selon lesquelles la poursuite des contrats de
travail est organisée entre deux entreprises dans certaines
hypothèses ;
Les cas de mise à disposition d’un salarié temporaire auprès
d’une entreprise utilisatrice ;
La rémunération minimale du salarié porté, ainsi que le montant
de l’indemnité d’apport d’affaire.
519
Dans tous les domaines qui n’appartiennent pas au premier ou au
deuxième bloc, l’accord d’entreprise prévaut sur les clauses de
l’accord de la branche ayant le même objet.
520
o
Fiche n 47 La révision, la dénonciation
et la remise en cause des accords collectifs
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
521
dénonciation entraîne la disparition du texte dénoncé qui peut être
remplacé par un accord de substitution (§ 2).
§1 La révision
522
Aux termes de l’article L. 2222-5 du Code du travail, la convention
ou l’accord prévoit les formes de son renouvellement ou de sa
révision ainsi que le délai au terme duquel il pourra être renouvelé
ou révisé.
Pour être valable, l’avenant de révision doit être conclu selon les
règles de validité applicables à toute convention ou accord collectif.
§2 La dénonciation
I. La procédure de dénonciation
523
La convention ou l’accord doit prévoir les conditions dans lesquelles
il peut être dénoncé, et notamment la durée du préavis qui doit
précéder la dénonciation (C. trav., art. L. 2222-6). À défaut de
précision dans l’accord collectif, le préavis est de trois mois (C. trav.,
art. L. 2261-9).
La dénonciation doit être notifiée, par son auteur, à tous les autres
signataires de la convention ou de l’accord (C. trav., art. L. 2261-9).
Jurisprudence
La dénonciation doit en principe être totale. La Cour de cassation considère
en effet que la convention ou l’accord collectif forme un « ensemble contractuel »
o
(Cass. soc., 16 oct. 1974, n 73-11.562). Une dénonciation partielle est donc en
o
principe nulle et ne peut produire effet (Cass. soc., 16 mars 1995, n 93-13.371).
er
Depuis le 1 janvier 2016, la dénonciation d’un accord collectif n’est
plus soumise à la consultation préalable du comité d’entreprise
(C. trav., art. L. 2323-2 ancien [CE]).
524
Cette règle rend caduque la jurisprudence de la Cour de cassation qui
imposait la consultation du CE sur la dénonciation d’accords collectifs intervenant
dans des matières légalement soumises à son avis (Cass. soc., 5 mars 2008
o
n 07-40.273).
o
L’ordonnance n 2017-1386 du 22 septembre 2017, avait prévu qu’il en
serait de même pour le comité économique et social (CSE). Ainsi, les entreprises
ayant conclu un accord dans les domaines résultant des attributions générales du
CSE n’étaient pas soumises à l’obligation de consultation du CSE. L’ordonnance
o
n 2017-1718 du 20 décembre 2017 est revenue sur ce principe et limite cette
règle aux seuls accords relatifs à la gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences (C. trav., art. L. 2312-14).
525
La dénonciation de l’accord par tous les signataires formant la partie
patronale, ou tous les signataires formant la partie salariale, emporte
plusieurs effets :
Une nouvelle négociation s’engage, à la demande d’une des
parties intéressées, dans les trois mois qui suivent le début du
préavis (C. trav., art. L. 2261-10).
Tant qu’aucun accord de substitution n’est conclu, l’accord
dénoncé continue de produire ses effets. Il survit pendant une
durée maximale de 12 mois à compter de l’expiration du prévis
(soit 15 mois avec le préavis), sauf si l’accord prévoit une clause
de survie plus longue.
526
Si un accord de substitution est conclu il se substitue à l’accord
dénoncé, même s’il est moins favorable. Désormais, un accord
de substitution peut être conclu avant l’expiration du délai de
préavis (C. trav., art. L. 2261-10).
Si aucun accord de substitution n’a été conclu dans un délai
d’un an à compter de l’expiration du préavis de dénonciation, les
salariés concernés ne conservent plus, comme c’était le cas
jusqu’à présent, les avantages individuels acquis en application
du texte dénoncé, mais seulement leur rémunération antérieure
(C. trav., art. L. 2261-13).
527
compter de l’expiration du délai de préavis. À l’expiration de ce délai,
les salariés bénéficient du maintien de leur rémunération (C. trav.,
art. L. 2261-11).
§3 La mise en cause
528
représentative de toutes les organisations syndicales signataires
d’une convention ou d’un accord collectif n’entraîne pas la mise en
cause de cette convention ou de cet accord (C. trav., art. L. 2261-14-
1).
529
Le Code du travail envisage également la conclusion d’un accord
d’adaptation d’anticipation. Cet accord est signé entre tous les
employeurs et tous les syndicats concernés par la restructuration.
L’application de l’accord emporte sa substitution aux conventions et
accords mis en cause et la révision des conventions et accords
applicables dans l’entreprise ou l’établissement dans lequel les
contrats de travail sont transférés (C. trav., art. L. 2261-14-3).
Contrairement à l’accord d’anticipation évoqué précédemment, cet
accord n’est pas un accord à durée déterminée. Il relève des règles
du droit commun.
530
TITRE 3
LES CONFLITS COLLECTIFS
DU TRAVAIL
o
Fiche n 48 La notion de grève
o
Fiche n 49 Les effets de la grève
o
Fiche n 50 Le règlement des conflits collectifs
531
o
Fiche n 48 La notion de grève
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
532
communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs du
9 décembre 1989.
§1 La définition de la grève
I. La qualification de grève
Jurisprudence
En l’absence de réglementation, la Cour de cassation a défini la grève comme
« une cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer des
o
revendications professionnelles » (Cass. soc., 4 nov. 1992, n 90-41.899).
533
Pour qu’une action de salariés soit qualifiée de grève, le travail doit
cesser. L’arrêt du travail doit être franc et total (Cass. soc., 22 févr.
o
1978, n 76-40.327).
1 Cessation collective
534
Jurisprudence
Pour autant, la jurisprudence n’exige pas que le mouvement soit le fruit de la
o
totalité (Cass. soc., 21 juin 1967, n 66-40.442) ou la majorité des salariés dans
l’entreprise : « l’arrêt de travail concerté de 58 ouvriers d’une entreprise dans le
but d’obtenir une amélioration des conditions de travail ne saurait perdre le
caractère de grève par le seul fait qu’il n’a pas été observé par la majorité du
o
personnel » (Cass. soc. 3 oct.1963 n 62-40.059). La cessation de travail par
quelques salariés peut donc revêtir le caractère d’une grève (Cass. soc., 9 juin
o
1982, n 80-40.899).
En revanche, la grève peut être le fait d’un salarié pris isolément lorsque
l’entreprise ne comporte qu’un seul salarié. En effet, celui-ci, qui est le seul à
même de présenter et de défendre ses revendications professionnelles, doit
pouvoir exercer ce droit constitutionnellement reconnu (Cass. soc., 13 nov. 1996,
o
n 93-42.247).
Cessation concertée
Le mouvement doit être concerté pour être considéré comme une
grève. Pour autant, aucune condition de forme n’est requise. Dans le
secteur privé, l’appel d’un syndicat à la grève n’est pas exigé (Cass.
o
soc., 19 févr. 1981, n 79-41.281).
535
salariés suite à l’annonce de l’interruption des négociations (Cass.
o
soc., 19 févr. 1981, n 79-41.281).
536
Jurisprudence
Ont été considérés comme des revendications professionnelles :
537
Le mouvement collectif qui n’appuie pas une revendication
professionnelle ne peut être qualifié de grève. Ainsi, la grève politique est illicite
(Cass. soc., 14 oct. 1954). Le droit de recourir à la grève n’est accordé aux
salariés que pour défendre leurs intérêts professionnels et ne peut pas être
détourné de sa destination normale à des fins politiques. En pratique, il est parfois
malaisé de distinguer la grève politique de la grève professionnelle. La Cour de
cassation a ainsi jugé que la grève est illicite si la revendication professionnelle
o
avancée n’est qu’un simple prétexte (Cass. soc., 23 mars 1953, n 1.398). En
revanche, sont licites les mouvements de revendications politiques se mêlant à
des revendications professionnelles et économiques (Cass. soc., 15 févr. 2006,
o
n 04-45.738).
Dans le cadre d’une grève de solidarité externe, les salariés d’une entreprise se
mettent en grève pour soutenir les salariés d’une autre entreprise. Une telle grève
n’est licite que dans la mesure où le mouvement auquel les salariés s’associent
pose des revendications qui « pour être générales et communes à un très grand
nombre de travailleurs » sont de nature à les intéresser (Cass. crim., 12 janv.
o
1971, n 70-90.753).
538
Les dispositions du Code du travail relatives à la grève dans les
services publics s’appliquent aux personnels des entreprises, des
organismes et des établissements publics ou privés lorsque ces
entreprises, organismes et établissements sont chargés de la
gestion d’un service public (C. trav., art. L. 2512-1, 2°).
Jurisprudence
La grève déclenchée moins de cinq jours francs avant la réception du préavis
est illégale et les salariés qui s’y associent, même après l’expiration de ce délai,
en dépit d’une notification de l’employeur attirant leur attention sur l’obligation de
préavis, commettent une faute lourde que ce dernier est en droit de sanctionner
o o
(Cass. soc., 11 janv. 2007, n 05-40.663 ; Cass. soc., 6 févr. 1985, n 82-16.447).
539
Le préavis doit être adressé à l’autorité hiérarchique ou à la direction
de l’établissement, de l’entreprise ou de l’organisme intéressé
(C. trav., art. L. 2512-2, al. 4).
Le Code du travail précise par ailleurs que les arrêts de travail par
échelonnement successif ou par roulement concerté, lorsqu’ils
concernent un même établissement ou service ou les différents
établissements ou services d’une même entreprise ou d’un même
organisme sont ainsi interdits (C. trav., art. L. 2512-3, al. 2).
540
L’exercice du droit de grève dans le secteur public doit être concilié
avec l’exigence de continuité du service public, reconnue par le
Conseil Constitutionnel comme ayant également valeur
o
constitutionnelle (Cons. const., 25 juill. 1979, n 79.705 DC).
Jurisprudence
Le Conseil d’État a cependant jugé dans son célèbre arrêt Dehaene, qu’en
l’absence de loi applicable, il appartient à l’autorité administrative compétente de
réglementer le droit de grève en vue d’assurer la continuité du service public (CE,
o
7 juill. 1950, n 01645).
C’est ainsi que la direction d’EDF est autorisée, sans excéder sa compétence, à
édicter les règles applicables en cas de grève, aux agents placés sous son
o
autorité (CE, 17 mars 1997, n 123912).
541
En l’absence de réglementation, la jurisprudence a défini les limites
de l’exercice normal du droit de grève.
Jurisprudence
L’abus du droit de grève se caractérise principalement par la désorganisation
de l’entreprise : « ce n’est qu’au cas où la grève entraîne la désorganisation de
o
l’entreprise qu’elle dégénère en abus » (Cass. soc., 4 nov. 1992, n 90-41.899).
De même, il a été jugé que lorsque des arrêts successifs de travail entraînent
seulement une désorganisation de la production, mais que l’entreprise conserve
sa clientèle, l’entreprise n’est pas elle-même désorganisée et il n’y a pas abus du
o
droit de grève (Cass. soc., 7 avr. 1993, n 91-16.834).
542
conséquence la désorganisation de l’entreprise (Cass. soc. 11 juin
o
1981, n 79-42.013).
Jurisprudence
Ainsi, il a été jugé que la mise à pied de trois jours infligée aux salariés ayant
participé à une grève illicite et utilisé des moyens illicites n’est pas abusive (CA.
Paris, 22e ch., 21 avril 1989).
543
A L’occupation arbitraire des locaux de l’entreprise
Les grévistes ne peuvent pas disposer arbitrairement des locaux de
l’entreprise. Une telle occupation constitue un trouble manifestement
illicite lorsqu’elle entrave gravement la liberté du travail (Cass soc.,
21 juin 1984, 82-16.596).
Jurisprudence
Cependant, la jurisprudence admet que lorsque l’occupation d’une entreprise
n’a qu’un caractère symbolique et qu’aucune entrave n’est apportée par les
grévistes à la liberté du travail, elle ne constitue pas un acte abusif (Cass. soc.,
o
26 févr. 1992, n 90-40.760).
Tel est le cas lorsqu’une occupation est momentanée et limitée à la partie centrale
de l’atelier et aux couloirs menant au bureau du directeur pour accompagner à
travers l’usine les délégués se rendant à la direction (Cass. soc., 11 févr. 1960,
o
n 57-40.560).
B Le piquet de grève
La Cour de cassation adopte une solution similaire pour
l’organisation de piquets de grève. Le piquet de grève consiste en un
regroupement des salariés grévistes devant l’entrée de l’entreprise.
544
Jurisprudence
Tel est notamment le cas d’une action visant à ralentir l’entrée des salariés
dans l’entreprise, sans pour autant bloquer l’accès au travail (Cass. soc.,
5 décembre 2010, 08-42.714).
545
POUR ALLER PLUS LOIN…
– J.-M. LAVALLART, Licéité du droit de grève : l’employeur doit être
o
informé au préalable des revendications, Op. fin., n 1332,
14 sept. 2015, p. 32
– E. JEANSEN, « Grève : impact du préavis sur l’exercice individuel
du droit de grève dans le secteur public », JCP S 2015, p. 35
546
o
Fiche n 49 Les effets de la grève
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
547
Enfin, en cas de grève illicite, l’employeur peut saisir la justice afin
d’engager la responsabilité délictuelle des salariés grévistes ou des
syndicats.
Jurisprudence
En effet, selon la Cour de cassation, tout salaire est la contrepartie d’une
prestation de travail, de sorte que l’obligation de verser des salaires est dépourvue
de cause lorsque la prestation de travail n’a pas été accomplie (Cass. soc., 24 juin
o
1998, n 96-44.234).
548
se mettre en grève du fait d’un manquement grave et délibéré de
l’employeur à l’une de ses obligations contractuelles.
Jurisprudence
La participation à une grève licite n’est donc pas une faute susceptible
d’entraîner le licenciement du salarié. En ce sens, la Cour de cassation considère
qu’« un salarié ne peut être licencié ou sanctionné en raison d’un fait commis à
l’occasion de la grève à laquelle il participe que si ce fait est constitutif d’une faute
o
lourde » (Cass. soc., 16 déc. 1992, n 91-41.215).
549
Jurisprudence
La faute lourde suppose la participation personnelle du salarié aux faits
o
sanctionnés par le licenciement (Cass. soc., 3 mars 1988, n 85-43.192).
I. La poursuite de l’activité
550
A Le recours aux salariés non-grévistes
L’employeur peut demander aux salariés non-grévistes de remplacer
les salariés grévistes et d’exécuter des tâches qui n’entrent pas dans
leurs missions habituelles. Si cette réaffectation constitue une
modification du contrat de travail, les salariés sont en droit de
refuser.
551
contrat à durée déterminée (C. trav., art. L. 1242-6) ou par des
travailleurs temporaires (C. trav., art. L. 1251-10).
552
grève est de nature à porter une atteinte suffisamment grave à la
continuité d’un service public ou à la satisfaction des besoins de la
o
population (CE, 24 févr. 196, n 40013).
553
Jurisprudence
La jurisprudence admet toutefois que le lock-out puisse être
exceptionnellement justifié dans trois hypothèses.
554
responsabilité civile. Cependant, des actes n’entrant pas dans
l’exercice licite de la grève peuvent être commis. Dans cette
hypothèse, les règles relatives à la responsabilité civile s’appliquent.
La mise en jeu de la responsabilité suppose la réunion de trois
conditions posées par l’article 1240 du Code civil : la preuve d’une
faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité entre les deux.
555
À l’instar des salariés grévistes, les syndicats ne sauraient engager
leur responsabilité délictuelle du seul fait de leur participation à la
grève. En effet, la responsabilité d’un syndicat doit être écartée
lorsqu’il s’est borné à appeler au déclenchement de la grève (Cass.
o
soc., 17 juill. 1990, n 88-11.937) ou à donner des directives pour la
o
journée de grève (Cass. soc., 14 nov. e 2007, n 06-14.074).
Jurisprudence
Pour engager la responsabilité d’un syndicat, la Cour de cassation exige la
participation active du syndicat aux faits fautifs.
556
POUR ALLER PLUS LOIN…
– F. CANUT, La grève ne peut être limitée à une obligation
o er
particulière du contrat de travail, CSBP, n 288, 1 août 2016,
p. 440
– F. CANUT, Grève : occupation des locaux et licenciement pour
o er
faute lourde, CSBP, n 286, 1 juin 2016, p. 311
557
o
Fiche n 50 Le règlement des conflits
collectifs
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
558
Ainsi, la fin d’un conflit collectif peut se traduire par la conclusion
d’un protocole de fin de grève entre l’employeur et les grévistes
(§ 1). Lorsque la négociation s’avère impossible, le Code du travail
prévoit la possibilité de recourir à un tiers (§ 2).
En pratique, il n’est pas rare qu’à l’occasion d’un conflit collectif, une
négociation s’engage entre l’employeur et les salariés grévistes. Elle
peut déboucher sur un protocole, accord ou procès-verbal de fin de
conflit.
559
en un engagement unilatéral de l’employeur (Cass. soc., 2 déc.
o
1992, n 90-45.186) ;
en un accord collectif s’il a été conclu dans le respect des règles
applicables aux conventions et accords collectifs de travail
o
(Cass. soc., 15 janv. 1997, n 94-44.914) ;
en une recommandation patronale lorsqu’il s’agit d’une décision
unilatérale d’un groupement ou d’un syndicat d’employeurs qui
o
s’impose à tous ses adhérents (Cass. soc., 10 oct. 2001, n 99-
43.550).
I. La conciliation
560
Ces différentes commissions sont compétentes selon l’importance
du conflit. Elles comprennent des représentants des organisations
représentatives des employeurs et des salariés en nombre égal ainsi
que des représentants des pouvoirs publics dont le nombre ne peut
excéder le tiers des membres de la commission (C. trav., art.
L. 2522-7).
II. La médiation
561
directement par le ministre chargé du travail ou, s’il s’agit d’un
conflit à incidence régionale, départementale ou locale, par le
préfet (C. trav., art. R. 2523-4, al. 3 et 4) ;
par les parties qui peuvent présenter conjointement des
requêtes à fin de médiation précisant qu’elles entendent recourir
directement à la médiation et indiquant le nom du médiateur
choisi d’un commun accord (C. trav., art. R. 2523-4, al. 4).
Le médiateur est choisi sur une liste soit par accord entre les parties,
soit, à défaut, par le ministre du travail ou par le préfet.
562
effets qu’une convention collective ou un accord collectif (C. trav.,
art. L. 2523-6).
III. L’arbitrage
L’arbitre, choisi par les parties, ne peut pas statuer sur d’autres
objets que ceux qui sont déterminés par le procès-verbal de non-
conciliation ou par la proposition du médiateur. Il doit statuer en droit
sur les conflits relatifs à l’interprétation et à l’exécution des lois,
règlements, conventions collectives ou accords en vigueur. Il statue
en équité sur les autres conflits, économiques par exemple (C. trav.,
art. L. 2524-4).
563
La sentence arbitrale doit être motivée (C. trav., art. L. 2524-6). Ses
effets sont ceux d’une convention ou d’un accord collectif (C. trav.,
art. L. 2524-5).
564
P@RTIE 3
DROIT DE LA PROTECTION
SOCIALE
LE CONTENTIEUX
565
PROLÉGOMÈNES
o
Fiche n 51 Présentation générale du droit de la protection
sociale
566
o
Fiche n 51 Présentation générale du droit
de la protection sociale
L’ESSENTIEL
567
LES CONNAISSANCES
§1 Notions
Notion très vaste, et englobante, la protection sociale est l’ensemble
des mesures adoptées pour assurer la protection des individus
contre les risques sociaux. Elle comporte plusieurs déclinaisons en
fonction des personnes concernées, des risques garantis, les modes
de financement ou encore des techniques employées pour protéger.
568
Au niveau international, il résulte de la Convention de l’organisation
o
internationale du travail (OIT) n 102 que tout système de protection
sociale comporte huit branches : – Soins médicaux ; Maladie ;
Chômage ; Vieillesse ; Accidents du travail et maladies
professionnelles ; Famille ; Maternité ; Invalidité ; Survivants.
569
La notion de « branches » est aussi au fondement du dispositif
français. Ainsi, les risques sont regroupés et forment différentes
« branches » qui sont des unités de gestion. Sur ce point, l’article
L. 200-2 du Code de la sécurité sociale est explicite. Jusqu’en 2020,
le régime général comprenait quatre branches : la branche
« Maladie, maternité, invalidité et décès » ; la branche « Accidents
du travail et maladies professionnelles » ; la branche « Vieillesse et
veuvage » ; et la branche « Famille ». Depuis, a été créée une
cinquième branche dédiée à l’autonomie.
Elle se fonde d’abord sur une loi organique du 7 août 2020 (L. org.
o
n 2020-991, 7 août 2020, relative à la dette sociale et à
l’autonomie), jugée conforme à la Constitution par le Conseil
o
constitutionnel (Cons. const., 7 août 2020, n 2020-804 DC) avec
une réserve d’interprétation (§ 4). Selon cette réserve, « les lois de
financement de la sécurité sociale ne sauraient conduire à un
transfert, au profit de la Caisse d’amortissement de la dette sociale,
de recettes affectées aux régimes de sécurité sociale et aux
organismes concourant à leur financement, sans compensation de
nature à éviter une dégradation des conditions générales de
l’équilibre financier de la sécurité sociale de l’année à venir ».
o
Elle s’appuie également sur une loi ordinaire du 7 août 2020 (L. n
2020-992, 7 août 2020, relative à la dette sociale et à l’autonomie).
Désormais, « la Nation affirme son attachement au caractère
universel et solidaire de la prise en charge du soutien à l’autonomie,
assurée par la sécurité sociale. La prise en charge contre le risque
de perte d’autonomie et la nécessité d’un soutien à l’autonomie sont
assurées à chacun, indépendamment de son âge et de son état de
santé » (CSS, nouv. art. L. 111-2-1, III).
570
Enfin, les premières mesures de fonctionnement en ont été posées
o
par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 (LFSS n
2020-1576, 14 déc. 2020). Est ainsi confiée à la Caisse nationale de
solidarité pour l’autonomie (CSS, art. L. 200-2, 5° ; CSS, art. L. 131-
8) la gestion de ladite branche. Contrairement aux autres caisses, la
Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) est régie non
pas par le Code de la sécurité sociale mais par le Code de l’action
sociale et des familles en ses articles L. 14-10-1 à L. 14-10-7-3. La
LFSS pour 2021 énonce également les missions de la CNSA, ses
recettes et dépenses ainsi que les modalités de sa gouvernance.
L’autre singularité de la CNSA est d’être un organisme hybride
chargé d’une branche qui délivre des prestations d’aide sociale tout
en relevant de la Sécurité sociale. La mise en œuvre de la
cinquième branche a nécessité quelques aménagements pour
lesquels le Gouvernement est habilité à adopter des ordonnances
o
(LFSS, n 2020-1576, art. 32, III). En ce sens, a été adoptée une
er
ordonnance du 1 décembre 2021 relative à la mise en œuvre de la
création de la cinquième branche du régime général de la sécurité
o er
sociale relative à l’autonomie (Ord. n 2021-1554, 1 déc. 2021).
L’ordonnance de 2021 opère une mise en cohérence des textes,
notamment en procédant à l’extension à la CNSA des dispositions
er
des livres I et II du Code de la sécurité sociale relatives aux
conseils et conseils d’administration des caisses de sécurité sociale.
En outre, les dispositions relatives à la CNSA prévues par le Code
de l’action sociale et des familles sont transférées au sein du Code
o
de la sécurité sociale. Un décret du 12 mai 2022 (D. n 2022-801,12
mai 2022) fixe la date d’entrée en vigueur de ces dispositions au
lendemain de sa publication (soit le 14 mai 2022), dont certaines –
571
relatives à la composition de la CNSA – sont reportées au 31
décembre 2025.
572
Quant à l’action sociale, elle constitue un dispositif supplétif, venant
tantôt en complément, tantôt en renfort de l’aide sociale. De même,
l’action sociale implique la « bonne volonté » d’une multitude
d’acteurs que sont l’État, les collectivités locales (ex. : communes),
les établissements publics, les organismes de sécurité sociale ainsi
que les personnes privées.
573
Actuellement, on parle d’« accompagnement » afin de ne pas
stigmatiser et déresponsabiliser les personnes concernées.
574
intégrale. Depuis 1898, ce principe est écarté au profit d’une
réparation automatique et forfaitaire des accidents du travail et
maladies professionnelles.
575
mesures d’application relatives au régime d’assurance chômage font
l’objet d’accords conclus entre les organisations représentatives
d’employeurs et de salariés (C. trav., art. L. 5422-20). C’est le cas
aussi pour la retraite complémentaire.
Enfin, troisièmement, les régimes obligatoires sont ceux auxquels
les personnes qui remplissent certaines conditions, sont
impérativement rattachées sans liberté de choix.
Ils regroupent généralement les deux premiers régimes. Ils
réunissent donc les régimes de base et complémentaires tout en
s’opposant aux régimes supplémentaires (ex. retraite
supplémentaire, etc.).
Il existe actuellement :
le régime général de la Sécurité sociale qui s’adresse aux
er
travailleurs salariés et assimilés ; le 1 janvier 2018, le Régime
Social des Indépendants (RSI) est démantelé et est confié au
régime général de la Sécurité sociale, avec une période
transitoire de 2 ans ;
576
(CSS, art. L. 311-2)
Indépendamment des termes employés – affiliation en lieu et place
d’assujettissement –, l’article L. 311-2 du Code de la sécurité sociale fournit les
conditions d’assujettissement au régime général.
Selon cette disposition, « sont affiliées obligatoirement aux assurances sociales du
régime général quel que soit leur âge et même si elles sont titulaires d’une
pension, toutes les personnes quelle que soit leur nationalité, de l’un ou l’autre
sexe, salariées ou travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour
un ou plusieurs employeurs, et quels que soient le montant de leur rémunération,
la forme, la nature ou la validité de leur contrat ».
577
Régime social des indépendants
o
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 (LFSS, n 2017-1836,
o
30 déc. 2017 : JO n 305, 31 déc. 2017) prévoit la suppression du régime social
des indépendants (RSI) et son adossement au Régime général.
er
Concrètement, à compter du 1 janvier 2018, la Caisse nationale du régime
social des indépendants et les caisses de base du régime social des indépendants
prennent la dénomination, respectivement, de Caisse nationale déléguée pour la
sécurité sociale des travailleurs indépendants et de caisses locales déléguées
o
pour la sécurité sociale des travailleurs indépendants (L. n 2017-1836,
30 déc. 2017, art. 15, préc.).
o
Une ordonnance du 12 juin 2018 (Ord. n 2018-470 du 12 juin 2018, JO
13 juin 2018) a procédé au regroupement et à la mise en cohérence des
dispositions du Code de la sécurité sociale applicables aux travailleurs
indépendants.
578
o
complété par le décret n 2018-1258 du 27 déc. 2018 : JO 28 déc.
2018), cette délégation a été supprimée. Par conséquent, les
étudiants sont rattachés progressivement au régime général de la
sécurité sociale afin de leur prodiguer une qualité d’accès aux soins
similaire à l’ensemble de la population (dès la rentrée 2018 pour les
nouveaux inscrits ; à compter de la rentrée 2019 pour tous les
étudiants).
le régime agricole qui intéresse, quant à lui, l’ensemble des
personnes indépendantes ou salariées évoluant dans le secteur
agricole tel que défini par le Code rural ; y sont rattachés, par
exemple, les présidents et dirigeants des sociétés par actions
e
simplifiées qui exercent une activité agricole (Cass. 2 civ.,
o
15 mars 2018, n 17-15.192).
579
les régimes spéciaux qui se rapportent à des cas particuliers.
580
maladie et sont constitués de règles spéciales qui rendent
e
inapplicables les règles de droit commun (V. Cass. 2 civ., 24 sept.
o
2020, n 19-14.174).
Les régimes autonomes, dont la création remonte à l’après-guerre,
concernent les travailleurs non salariés non agricoles qui constituent
une catégorie socioprofessionnelle ayant une identité forte. Le
critère de l’autonomie apparaît sur l’aspect financier puisque le
financement est assuré par les intéressés eux-mêmes sans
intervention de la solidarité nationale. Le plus souvent, le régime
autonome se préoccupe de la gestion d’un seul risque, notamment
l’assurance-vieillesse et l’assurance maladie-maternité. L’autonomie
est aussi apparente dans la gestion qui est confiée à une caisse elle-
même indépendante.
581
Bien qu’il existe de nombreux régimes de retraite, la différence des
conditions d’ouverture des droits à pension de retraite dans des
régimes d’assurance vieillesse distincts ne constitue pas une
discrimination prohibée par les articles 14 de la Convention
er
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et 1 du
o e
Protocole additionnel n 1 à cette Convention (Cass. 2 civ.,
o
9 mai 2019, n 18-16.575).
582
D’autre part, assez régulièrement, le Code de la sécurité sociale
emploie la notion d’affiliation à la place de celle d’assujettissement.
En ce cas, l’affiliation signifie le rattachement automatique d’une
personne à un régime de sécurité sociale.
Enfin, l’immatriculation constitue une opération administrative
d’identification des personnes. En d’autres termes, l’organisme de
sécurité sociale attribue un numéro d’identification à un assuré social
ou à un allocataire (pour les prestations familiales). À chaque assuré
social est attribué un numéro unique, le numéro d’inscription au
répertoire national d’identification des personnes physiques (NIR),
communément appelé « numéro de sécurité sociale », formé de
13 caractères.
L’immatriculation, et l’attribution subséquente d’un numéro de
sécurité sociale, présentent différents intérêts. Premièrement, il
permet de faire valoir ses droits auprès des caisses compétentes
(remboursement des frais médicaux, versement d’indemnités, de
pensions ou allocations diverses, etc.). Deuxièmement, le numéro
de sécurité sociale est utile pour les employeurs aux fins de
déclarations de leurs salariés et du versement des cotisations
sociales. Enfin, troisièmement, il permet d’obtenir la remise de la
carte vitale (CSS, art. L. 161-31 ; CSS, art. R. 161-33-1).
583
(CSS, art. L. 311-2)
Indépendamment des termes employés – affiliation en lieu et place
d’assujettissement –, l’article L. 311-2 du Code de la sécurité sociale fournit les
conditions d’assujettissement au régime général.
Selon cette disposition, « sont affiliées obligatoirement aux assurances sociales du
régime général quel que soit leur âge et même si elles sont titulaires d’une
pension, toutes les personnes quelle que soit leur nationalité, de l’un ou l’autre
sexe, salariées ou travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour
un ou plusieurs employeurs, et quels que soient le montant de leur rémunération,
la forme, la nature ou la validité de leur contrat ».
Cet assujettissement confère à la personne concernée un statut social. Le statut
social d’une personne est d’ordre public et s’impose de plein droit dès lors que
o
sont réunies les conditions de son application (Cass. soc., 9 avr. 1998, n 96-
18.706).
Cependant, l’assujettissement est sans incidence sur les droits et obligations nés
de l’affiliation antérieure. La décision n’a pas d’effet rétroactif. Par conséquent, .la
décision administrative individuelle d’affiliation qui résulte de l’adhésion au régime
général s’oppose à ce qu’une immatriculation au régime spécial de la fonction
publique puisse mettre rétroactivement à néant les droits et obligations nés de
e o
l’affiliation antérieure (Cass. 2 civ., 25 nov. 2011, n 16-15.908 ; V. égal. Cass.
o
soc., 13 avr. 2022, n 20-22.646).
§2 Organisation institutionnelle
584
La Sécurité sociale française repose sur un maillage d’organismes
se développant à des niveaux hiérarchiques différents, soit à
l’échelon local et à l’échelon national.
I. Organismes nationaux
585
L’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) est
chargée d’assurer la gestion commune de la trésorerie des
différentes branches gérées par la CNAF, par la CNAM et par la
CNAV, dans les conditions fixées par décret pris sur le rapport des
ministres intéressés (CSS art. L. 225-1 ; pour les autres missions,
V. CSS, art. L. 225-1-1). L’ACOSS est un établissement public
national à caractère administratif (CSS, art. L. 225-2).
586
II. Organismes régionaux
Les CARSAT :
enregistrent et contrôlent les données nécessaires à la
détermination des droits à retraite des assurés du régime
général ;
liquident et servent les pensions résultant de ces droits ;
informent et conseillent les assurés et leurs employeurs sur la
législation de l’assurance vieillesse ;
interviennent dans le domaine des risques professionnels, en
développant et coordonnant la prévention des accidents du
travail et des maladies professionnelles et en concourant à
l’application des règles de tarification des accidents du travail et
des maladies professionnelles et à la fixation des tarifs ;
mettent en œuvre les programmes d’action sanitaire et sociale
définis par les caisses nationales ;
assurent un service social à destination des assurés sociaux de
leur circonscription ;
peuvent assurer les tâches d’intérêt commun aux caisses de
er
leur circonscription (CSS, art. L. 215-1, al. 1 ).
Les circonscriptions des CARSAT sont fixées par décret (CSS, art.
L. 215-1, al. 2).
Pour des raisons diverses, ont été instituées des statuts spécifiques,
notamment avec la création de la CARSAT d’Alsace Moselle en
2012. La CNAV assure la gestion de l’Île-de-France qui est donc
dépourvue de CARSAT.
587
Les Agences régionales de santé (ARS), instituées par une loi de
o
juillet 2009 (L. n 2009-879, 21 juill. 2009 portant réforme de l’hôpital
et relative aux patients, à la santé et aux territoires), ont été
er o
effectives au 1 avril 2010 (D. n 2010-339, 31 mars 2010 : JO
er
1 avr. 2010).
o
Pour l’AGIRC et l’ARRCO : V. Fiche n 60).
588
Chaque régime, et pour chaque branche, est doté de caisses locales
qui assurent le service des prestations sociales pour lesquelles elles
sont compétentes (CPAM, CAF et MSA).
Jurisprudence
Ces structures ont un statut hybride découvert par le Conseil d’État (CE,
o
13 mai 1938, Caisse primaire aide et protection, n 57302, Rec. CE 1938, p. 417).
Ces caisses locales sont des organismes de droit privé chargés d’une mission de
service public, ce qui a été successivement confirmé par le Conseil d’État (CE,
o
2 févr. 1951, Dlle Bodin, n 4544, Rec. Lebon 1951, p. 70), la Cour de cassation
(Cass. soc., 11 mai 1950, JCP G 1950, II, 5708 ; Cass. com., 23 mars 1954, Bull.
o
civ. 1954, III, n 118), et le Tribunal des conflits (T. confl., 10 déc. 1956, Audouin,
o
Req. n 1562, Rec. Lebon 1956, p. 595 ; T. confl., 6 juill. 1957, Lasry, JCP CI
o
1958, II, 61830 ; T. confl., 22 avr. 1974, Blanchet, n 1989, Rec. Lebon 1974,
p. 791).
589
assurés salariés et non-salariés, ainsi que les autres personnes
mentionnées aux 1° et 4° de l’article L. 200-1 (CSS, art. L. 211-1).
§3 Financement
I. Cotisations sociales
590
assuré, partie par lui-même, partie par l’employeur » (Vocabulaire
juridique, Paris : PUF, p. 278).
o
Créée par la loi de finances pour 1991 (L. fin. n 90-1168, 29 déc.
1990 de finances pour 1991, art. 127), la Contribution sociale
généralisée (CSG) constitue une participation au financement de la
protection sociale.
Étant « une contribution sociale sur les revenus d’activité et sur les
revenus de remplacement à laquelle sont assujettis » (CSS, art.
L. 136-1), son assiette est relativement étendue puisqu’elle est
prélevée sur les salaires, les pensions de retraite, les revenus du
patrimoine, les allocations de chômage, les revenus de
placement, etc. ; y sont assujettis les personnes résidant en France.
591
Jurisprudence
Cela étant, un problème de qualification juridique se pose vis-à-vis de la CSG.
Est-ce une « imposition de toute nature » ? C’est l’interprétation retenue par le
o
Conseil constitutionnel (Cons. const., 28 déc. 1990, n 90-285 DC). Est-ce une
« cotisation sociale » ? C’est l’interprétation retenue par la Cour de justice de
l’Union européenne (CJUE, 26 févr. 2015, de Ruyter, aff. C 623/13).
592
– J. COLONNA, V. RENAUX-PERSONNIC, Le référendum et la
protection sociale, RD sanit. soc. 2018, pp. 432-436
– Ph. COURSIER, B. SERIZAY, Vers un renouvellement des
systèmes de protection sociale ?, JCP S 2017, pp. 11-18
– Ph. COURSIER, Ph. VIVIEN, La protection sociale des cadres :
quel devenir ?, JCP S 2018, 1160
– L. ISIDRO, L’universalité en droit de la protection sociale : des
usages aux visages, Dr. soc. 2018, pp. 378-388
– M. KEIM-BAGOT, Fr. KESSLER, L’OIT et le droit français de la
sécurité sociale, JCP S 2019, 1231
– Fr. KESSLER, Réflexions sur les mutations récentes du droit de la
protection sociale, RD sanit. soc. 2005, pp. 619-632
– L. PIERRON, Retraites : une convergence « ni de droite, ni de
gauche » ? JCP S 2017, pp. 11-17
– C. RIOT, Le risque social face aux lois du marché, RD sanit. soc.
2005, pp. 3-12
– Th. TAURAN, Les erreurs commises par les caisses de sécurité
sociale, JCP S 2019, 1218
– Th. TAURAN, Sécurité sociale et force majeure, JCP S 2020, 3115
– J.-Ph. TRICOIT, La création de la cinquième branche de Sécurité
o
sociale : la branche autonomie, Lexbase Hebdo édition sociale, n
872, juill. 2021
593
TITRE 1
LA COUVERTURE DES RISQUES
SOCIAUX
594
SOUS-TITRE 1
LES RISQUES PRIS EN CHARGE
PAR LES RÉGIMES DE BASE
o
Fiche n 52 La maladie
o
Fiche n 53 La maternité
o
Fiche n 54 L’invalidité
o
Fiche n 55 Le décès
o
Fiche n 56 La vieillesse
o
Fiche n 57 La paternité
o
Fiche n 58 La famille
595
o
Fiche n 52 La maladie
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
596
Deux catégories de prestations sont prévues traditionnellement dans
le cadre de l’assurance maladie : les prestations en nature et les
prestations en espèce (CSS, L. 321-1 et s.). Les premières ont
vocation à prendre en charge les frais de santé, tandis que les
secondes constituent un revenu de remplacement.
597
A Universalisation de la prise en charge
Le risque maladie est garanti à tout assuré social.
598
Deuxièmement, elle l’est au titre de la résidence régulière et stable
sur le territoire français. Ce critère est un critère subsidiaire qui
supplée à l’absence d’activité professionnelle. Concrètement, la
résidence doit être ininterrompue sur le territoire français depuis plus
de trois mois (CSS, art. D. 160-2). La régularité de la résidence est
appréciée au regard des règles d’entrée et de séjour sur le territoire
français.
La réforme de la PUMa fait disparaître la notion d’« ayant droit ».
Toutefois, subsiste une exception concernant les mineurs de moins
de 16 ans qui auront encore vocation à être ayants-droit d’un assuré
social.
599
invalidité, accident du travail/maladie professionnelle) ; l’acte ou le
traitement ; le respect ou non du parcours de soins coordonnés.
Dans le cas d’un tiers payant total obligatoire, aucun frais n’est à la
charge de l’assuré. La part « obligatoire » et la part
« complémentaire » sont supportées par l’assurance maladie. Tel est
le cas pour les victimes d’une affection de longue durée (ALD), les
femmes enceintes ou encore les personnes détenues.
600
JO 31 déc. 2017) est revenue sur celle-ci et l’a reportée.
601
À tout cela s’ajoutent, en matière d’assurance maladie, différentes
ponctions diminuant ou augmentant la prise en charge par
l’assurance maladie. La forfaitisation est un procédé traditionnel
(ex. : forfait hospitalier journalier, forfait pour les actes lourds). Ainsi
en est-il de la contribution forfaitaire et de la franchise médicale.
602
dépenses grâce au conventionnement des médecins et à la
tarification à l’acte.
603
Les modalités de cette couverture complémentaire sont définies à
l’article L. 861-3 du Code de la sécurité sociale.
604
e
18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXI siècle,
o o
deux ordonnances (Ord. n 2018-358 et n 2018-359, 16 mai 2018 :
JO 17 mai 2018) et un décret du 16 mai 2018 (JO 17 mai 2018)
réorganisent le contentieux en ce domaine. Cette réforme fait
disparaître les juridictions compétentes pour l’aide sociale.
Désormais, le contentieux se répartira, selon la nature des litiges,
entre le juge judiciaire et le juge administratif.
605
complémentaire de santé, et ce, pour l’ensemble des actes et
prestations qui leur sont dispensés par les professionnels de santé
(CSS, art. L. 863-7-1).
§2 Prestations en espèce
606
o
pour les personnes exposées au Coronavirus (D. n 2020-859, 10
juill. 2020).
I. Bénéficiaires
607
En outre, l’assuré doit remplir diverse conditions tenant à l’ouvertude
des droits à prestations. Ces conditions varient en fonction de la
durée de l’arrêt de travail.
Pour les arrêts de moins de 6 mois, l’assuré social doit justifier :
soit que le montant des cotisations dues au titre des assurances
maladie, maternité, invalidité et décès assises sur les
rémunérations qu’il a perçues pendant les six mois civils
précédents est au moins égale au montant des mêmes
cotisations dues pour un salaire égal à 1 015 fois la valeur du
salaire minimum de croissance au premier jour de la période de
référence ;
soit avoir effectué au moins 150 heures de travail salarié ou
assimilé au cours des trois mois civils ou des quatre-vingt-dix
jours précédents.
En revanche, lorsque l’arrêt de travail se prolonge sans interruption
au-delà du sixième mois, l’assuré social, pour avoir droit aux
indemnités journalières après le sixième mois d’incapacité de travail,
doit avoir été affilié depuis douze mois au moins à la date de
référence prévue au 2° de l’article R. 313-1.
Il doit justifier en outre :
soit que le montant des cotisations sociales correspondant aux
rémunérations perçues pendant les douze mois civils précédant
l’interruption de travail est au moins égal au montant des
mêmes cotisations dues pour un salaire égal à 2 030 fois la
er
valeur du salaire minimum de croissance au 1 janvier qui
précède immédiatement le début de cette période ;
soit qu’il a effectué au moins 600 heures de travail salarié ou
assimilé au cours des douze mois civils ou des 365 jours
précédant l’interruption de travail.
608
Enfin, en cas d’interruption de travail, l’assuré est tenu d’une
obligation d’information vis-à-vis de la caisse primaire d’assurance
maladie. Doit être adressée à cette dernière, dans les deux jours
suivant la date d’interruption de travail (CSS, art. R. 321-2), une
lettre d’avis d’interruption de travail et qui doit comporter la signature
du médecin (CSS, art. L. 321-2).
En cas d’envoi à la caisse primaire d’assurance maladie de l’avis
d’interruption de travail ou de prolongation d’arrêt de travail au-delà
du délai prévu, la caisse informe l’assuré du retard constaté et de la
sanction à laquelle il s’expose en cas de nouvel envoi tardif dans les
vingt-quatre mois suivant la date de prescription de l’arrêt considéré
(CSS, art. D. 323-2). En cas de nouvel envoi tardif, sauf si l’assuré
est hospitalisé ou s’il établit l’impossibilité d’envoyer son avis d’arrêt
de travail en temps utile, le montant des indemnités journalières
afférentes à la période écoulée entre la date de prescription de
l’arrêt et la date d’envoi est réduit de 50 % (CSS, art. D. 323-2 ;
o
D. n 2004-1454, 23 déc. 2004, JO 30 déc.).
C’est à l’assuré d’apporter la preuve de l’envoi de l’arrêt de travail
dans le délai requis afin que la caisse organise son contrôle (Cass.
o e o
soc., 27 oct. 1994, n 92-18.060 ; Cass. 2 civ., 9 juill. 2015, n 14-
er o
15.561), et ce, par tous moyens (Cass. soc., 1 févr. 1996, n 94-
15.674).
Il en résulte que le service des indemnités journalières a un
caractère exclusif : seul l’assuré peut les percevoir.
609
Par ailleurs, selon l’article L. 323-6 du Code de la sécurité sociale,
d’autres obligations pèsent sur l’assuré. Ainsi, le service de
l’indemnité journalière est subordonné à l’obligation pour le
bénéficiaire :
d’observer les prescriptions du praticien,
de se soumettre aux contrôles organisés par le service du
contrôle médical prévus à l’article L. 315-2 du Code de la
sécurité sociale ;
de respecter les heures de sorties autorisées par le praticien ;
de s’abstenir de toute activité non autorisée ;
et d’informer sans délai la caisse de toute reprise d’activité
intervenant avant l’écoulement du délai de l’arrêt de travail.
En cas d’inobservation volontaire de ces obligations, le bénéficiaire
restitue à la caisse les indemnités versées correspondante.
610
D’autre part, lorsque l’assuré souffre d’un affection longue durée, les
indemnités journalières sont servies durant trois ans à compter du
premier jour d’arrêt de travail.
611
o
JO 27 déc. 2019, texte n 1) a modifié la rédaction de l’article L. 323-
4 et énonce désormais que « l’indemnité journalière est égale à une
fraction des revenus d’activité antérieurs soumis à cotisations à la
date de l’interruption du travail, retenus dans la limite d’un plafond et
o
ramenés à une valeur journalière » (L. n 2019-1446, art. 85).
Concrètement, cela ne modifie pas les modalités de calcul. En outre,
jusqu’à la LFSS pour 2020, ce pourcentage pouvait être augmenté
en raison de la composition familiale et être portée à 66 %. La LFSS
supprime cette majoration. Un décret du 12 avril 2021 relatif au
calcul des indemnités journalières maladie et maternité en tire les
o
conséquences (D. n 2021-428, 12 avr. 2021).
612
o
Fiche n 53 La maternité
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
613
l’Assurance maternité (CSS, art. L. 333-1 à L. 333-3) ;
ainsi que l’octroi des indemnités journalières au titre de
l’indemnisation du congé de paternité et d’accueil de l’enfant
(CSS, art. L. 331-8) pour le compte de la Caisse nationale des
allocations familiales (CSS, art. L. 330-1).
Afin de savoir comment ces objectifs se réalisent, il convient de
déterminer le champ d’application personnel de l’assurance
maternité (§ 1), l’étendue de la prise en charge des frais liés à la
maternité (§ 2), ainsi que l’indemnisation versée à la mère si celle-ci
occupait un poste de travail (§ 3).
614
(CSS, art. L. 331-1).
615
À réception de la déclaration de grossesse, la caisse primaire
d’assurance maladie (CPAM) délivre à la future mère le « guide de
surveillance de la femme enceinte et du nourrisson » (CSP, art.
L. 2122-2 ; CSS, art. R. 331-4).
I. Exonérations
616
du forfait hospitalier (CSS, art. L. 174-4).
617
l’assurance maternité couvre les frais liés à des soins ou des
examens spécifiques (caryotype fœtal ; amniocentèse ; dépistage du
VIH ; diabète ; séances de préparation à l’accouchement) ; en ce
sens : V. CSS, art. L. 160-9 et R. 160-8.
§3 Indemnisation de la période
618
L’affiliation au régime général, dont l’assurée doit justifier, s’entend
d’une affiliation à titre personnel, et non d’une affiliation en qualité
e o
d’ayant droit (Cass. 2 civ., 24 juin 2021, n 20-14.704).
619
o
(V. Fiche n 12). L’assurée reçoit une indemnité journalière de repos
à condition de cesser tout travail salarié durant la période
d’indemnisation et au moins pendant 8 semaines (CSS, art. L. 331-
er
3, al. 1 ).
620
POUR ALLER PLUS LOIN…
– S. CARTY, Régime général : Assurances Maternité et paternité,
JCl. Protection sociale Traité, Fasc. 432
– C. DUPOUEY-DEHAN, Maternité – paternité : la fragilité des droits
sociaux des travailleurs indépendants, Dr. ouvrier 2018, pp. 361-
367
621
o
Fiche n 54 L’invalidité
L’ESSENTIEL
622
LES CONNAISSANCES
623
Premièrement, est en cause la capacité de travailler (V., par ex.,
e o
Cass. 2 civ., 3 oct. 2019, n 18-18.672). En cela, l’invalidité doit être
distinguée de l’inaptitude. L’invalidité d’un salarié n’implique pas qu’il
soit inapte à son poste et, inversement, l’inaptitude ne démontre pas
l’invalidité. Tandis que l’invalidité touche la capacité générale de
travailler, l’inaptitude renvoie à l’exercice d’un emploi en particulier.
624
poste de préjudice personnel extra-patrimonial du déficit fonctionnel,
s’il existe » (Ibid.).
625
(CSS, art. R. 313-5)
Les détails sont donnés par l’article R. 313-5 du Code de la sécurité sociale. Selon
cette disposition, « pour invoquer le bénéfice de l’assurance invalidité, l’assuré
social doit être affilié depuis 12 mois au premier jour du mois au cours duquel est
survenue l’interruption de travail suivie d’invalidité ou la constatation de l’état
d’invalidité résultant de l’usure prématurée de l’organisme.
Il doit justifier en outre :
– Soit que le montant des cotisations dues au titre des assurances maladie,
maternité, invalidité et décès assises sur les rémunérations qu’il a perçues
pendant les douze mois civils précédant l’interruption de travail est au moins égal
au montant des mêmes cotisations dues pour un salaire égal à 2 030 fois la valeur
er
du salaire minimum de croissance au 1 janvier qui précède la période de
référence ;
– Soit qu’il a effectué au moins 600 heures de travail salarié ou assimilé au cours
des douze mois civils ou des 365 jours précédant l’interruption de travail ou la
constatation de l’état d’invalidité résultant de l’usure prématurée de l’organisme ».
626
excluent la possibilité, pour l’assuré et les organismes de sécurité
sociale, d’aménager à leur guise leurs rapports juridiquesEn
conséquence, l’assuré bénéficiaire d’une pension d’invalidité ne peut
renoncer à celle-ci tant qu’il remplit les conditions pour y prétendre
o
(Cass. soc., 5 avr. 2001, n 99-19.291).
I. Détermination du montant
627
Le médecin-conseil de la caisse primaire d’assurance maladie
(CPAM) est chargé de déterminer la catégorie à laquelle appartient
la personne revendiquant l’invalidité (Sur les conditions
d’appréciation, V. supra).
628
o
n 56). Elle est remplacée à partir de cet âge par la pension de
vieillesse allouée en cas d’inaptitude au travail (CSS, art. L. 341-15,
er o
al. 1 ; CA Versailles, 20 juin 2019, RG n 18/03338). Par
dérogation à ce principe, lorsque l’assuré exerce une activité
professionnelle, la pension de retraite allouée au titre de l’inaptitude
au travail n’est concédée que si l’assuré en fait expressément la
e o
demande (Cass. 2 civ., 8 oct. 2020, n 19-17.734). Il y a lieu de
retenir la date à laquelle l’assuré atteint effectivement l’âge
d’ouverture des droits à pension de retraite, indépendamment de la
date d’effet de la pension de retraite appelée à se substituer à la
pension d’invalidité (Ibid.). Pour l’application de ces dispositions,
l’exercice d’une activité professionnelle doit s’entendre d’une activité
effective. N’exerce pas une activité professionnelle le pensionné don
e o
le contrat de travail est suspendu (Cass. 2 civ., 28 mai 2015, n 14-
14.960).
629
La pension d’invalidité est cumulable avec d’autres pensions
servies par d’autres régimes (Pour les dernières modifications, V. D.
o
n 2022-257, 23 févr. 2022), sous réverve notamment que l’origine
de l’invalidité soit différente (CSS, art. R. 172-21). Ceci nécessite
une demande de pension d’invalidité coordonnée (CSS, art. R. 172-
21-1). La pension d’invalidité est attribuée et liquidée par la CPAM
(CSS, art. L. 341-7). En cas d’indu (CSS, art. L. 256-4), la caisse
peut procéder à une remise gracieuse, notamment au vu de la
précarité dans laquelle se trouve l’assuré débiteur. Le refus de
remise de dette pour ce motif est attaquable. Il entre alors dans
l’office du juge judiciaire de se prononcer sur le bien-fondé de la
décision administrative d’un organisme de sécurité sociale
déterminant l’étendue de la créance qu’il détient sur l’un de ses
assurés, résultant de l’application de la législation de sécurité sociale
e o
(Cass. 2 civ., 28 mai 2020, n 18-26.512).
630
Toute demande de remboursement de trop-perçu en matière de
prestations d’invalidité est prescrite par un délai de deux ans à
compter du paiement desdites prestations dans les mains du
bénéficiaire, sauf en cas de fraude ou de fausse déclaration (CSS,
art. L. 355-3).
631
Sous certaines conditions, la pension de veuve ou de veuf se
cumule avec des avantages personnels de vieillesse, d’invalidité ou
d’accident du travail (CSS, art. L. 342-1, al. 2), hormis la pension de
réversion (CSS, art. L. 342-1, al. 3). Susceptible de majorations en
fonction du nombre d’enfants (CSS, art. L. 342-4), la pension
d’invalidité de veuve ou de veuf est supprimée en cas de remariage.
632
o
Fiche n 55 Le décès
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
633
(CSS, art. L. 361-1)
Selon l’article L. 361-1 du Code de la sécurité sociale, « l’assurance décès garantit
aux ayants droit de l’assuré le paiement d’un capital ».
634
Quant aux conditions de fond, elles concernent l’assuré et ses
ayants droit.
635
(CSS, art. R. 361-2)
La plupart du temps, la cause du décès est indifférente : « le capital décès est
accordé même en cas de décès survenu soit à la suite d’un accident du travail,
soit pendant la journée défense citoyenneté obligatoire, soit pendant une période
d’appel ou de mobilisation, soit au cours d’une période de présence sous les
drapeaux comme volontaire en temps de guerre ».
Jurisprudence
Il en est de même lorsque l’assuré se suicide (Cass. civ., 31 mai 1933,
e
2 esp., DP 1933, 2, p. 446 ; Cass. civ., 8 déc. 1937, JCP G 1938, 525 ; Cass.
e o
2 civ., 6 janv. 1960, Bull. civ., II, n 8).
636
Le capital décès fait l’objet d’une demande de la part des ayants-
droits adressée à la caisse primaire d’assurance maladie (CSS, art.
er
R. 361-4, al. 1 ). Constitue une demande effective d’attribution du
capital décès la lettre « de renseignements et de droits » (Cass.
o
soc., 27 févr. 1992, n 89-13.694).
637
Les bénéficiaires du capital décès sont les ayants droit de l’assuré.
er
(CSS, art. L. 361-4, al. 1 )
Le versement du capital décès « est effectué par priorité aux personnes qui
étaient, au jour du décès, à la charge effective, totale et permanente de l’assuré ».
638
En revanche, ce délai d’un mois n’est applicable que pour l’exercice
du droit de priorité et ne se confond pas avec le délai de prescription
du paiement.
639
(CSS, art. L. 361-4, al. 2)
En revanche, « si aucune priorité n’est invoquée […], le capital est attribué au
conjoint survivant non séparé de droit ou de fait, au partenaire auquel le défunt
était lié par un pacte civil de solidarité ou à défaut aux descendants et, dans le cas
où le de cujus ne laisse ni conjoint survivant, ni partenaire d’un pacte civil de
solidarité, ni descendants, aux ascendants ».
I. La détermination du montant
640
Le montant du capital décès est revalorisé régulièrement.
er
Au 1 avril 2022, le montant forfaitaire du capital décès est de 3 539 €.
En ce qui concerne le capital décès, elle ne peut porter que sur une
somme ne dépassant pas le vingt-quatrième du montant maximum
de la rémunération annuelle retenue pour le calcul des cotisations de
sécurité sociale.
641
au titre des prestations familiales, l’allocation de soutien
familial ;
au titre de l’assurance vieillesse, l’allocation veuvage ou la
pension de réversion ;
au titre du régime général, les prestations de l’assurance
maladie-maternité (CSS, art. L. 161-15) ;
au titre des fonds d’action sanitaire et sociale, l’indemnité
spéciale décès.
L’action des ayants droit de l’assuré pour le paiement du capital
décès se prescrit par deux ans à partir du jour du décès (CSS, art.
L. 332-1, al. 2), ce délai ne faisant l’objet d’aucune suspension
o
(Cass. soc., 5 mai 1977, n 76-10.577).
II. Prélèvements
642
Comme il se doit, le capital décès n’est pas soumis aux différents
prélèvements de nature sociale et de nature fiscale.
643
o
Fiche n 56 La vieillesse
L’ESSENTIEL
644
Réforme des retraites
LES CONNAISSANCES
645
Salariés impatriés et retour en France
Afin de rendre attractif le retour des salariés sur le territoire français, un dispostif
d’impatriation a été intégré au sein du Code de la sécurité sociale aux articles L.
o o
767-2 et D. 767-1 (L. n 2019-486, 22 mai 2019 : JO 23 mai 2019, texte n 2 ; D.
o o o
n 2019-606, 18 juin 2019 : JO 19 juin 2019, texte n 25 ; Circ. n SSAS1918973J
du 28 juin 2019). Cumulable avec le dispositif fiscal du même type, l’impatriation
sociale consiste à dispenser le salarié de toute affiliation au régime de retraite
obligatoire de base et complémentaire. Cette dispense est accordée, sur demande
conjointe de l’employeur et du salarié (Pour le forumulaire, A. 27 juin 2019 : JO
o
23 juill. 2019, texte n 3), par le directeur de l’URSSAF compétente pour une
durée de 3 ans, renouvelable une fois.
Ce dispositif est ouvert aux salariés qui n’ont pas été affiliés, au cours des
cinq années civiles précédant celle de leur prise de fonctions, à un régime français
obligatoire d’assurance vieillesse, sauf pour des activités accessoires, de
caractère saisonnier ou liées à leur présence en France pour y suivre des études.
Une déclaration sur l’honneur du salarié est suffisante pour le démontrer (CSS,
art. D. 767-1, al. 2, 2°).
La période couverte par cette exemption n’ouvre droit à aucune prestation d’un
régime français d’assurance vieillesse.
646
(CSS, art. L. 111-1)
Comme l’énonce l’article L. 111-1 du Code de la sécurité sociale :
« […]
II. – La Nation réaffirme solennellement le choix de la retraite par répartition au
cœur du pacte social qui unit les générations. Le système de retraite par
répartition assure aux retraités le versement de pensions en rapport avec les
revenus qu’ils ont tirés de leur activité.
Les assurés bénéficient d’un traitement équitable au regard de la durée de la
retraite comme du montant de leur pension, quels que soient leur sexe, leurs
activités et parcours professionnels passés, leur espérance de vie en bonne santé,
les régimes dont ils relèvent et la génération à laquelle ils appartiennent.
La Nation assigne également au système de retraite par répartition un objectif de
solidarité entre les générations et au sein de chaque génération, notamment par
l’égalité entre les femmes et les hommes, par la prise en compte des périodes
éventuelles de privation involontaire d’emploi, totale ou partielle, et par la garantie
d’un niveau de vie satisfaisant pour tous les retraités.
La pérennité financière du système de retraite par répartition est assurée par des
contributions réparties équitablement entre les générations et, au sein de chaque
génération, entre les différents niveaux de revenus et entre les revenus tirés du
travail et du capital. Elle suppose de rechercher le plein emploi ».
647
dépend des entreprises qui y adhèrent au nom de leurs salariés ou
des travailleurs eux-mêmes pris individuellement. Afin d’éviter que
les contrats de retraite supplémentaire à adhésion obligatoire ou
facultative ne soient laissés en déshérence, c’est-à-dire non liquidés
o
par leur titulaire, une loi du 26 février 2021 (L. n 2021-219, 26 févr.
2021) a amélioré l’information des salariés sur les dispositifs
d’épargne retraite supplémentaire auxquels ils ont adhéré au cours
de leur carrière. L’employeur est tenu d’informer le salarié qui quitte
l’entreprise des contrats d’épargne retraite supplémentaire souscrits
à son profit.
648
d’information prévue par l’article R. 112-2 du Code de la sécurité
sociale. Sur cette dernière, l’obligation générale d’information dont
les organismes de sécurité sociale sont débiteurs envers leurs
assurés leur impose seulement de répondre aux demandes qui leur
e o
sont soumises (Cass. 2 civ., 8 juill. 2021, n 20-14.604).
649
Premièrement, dans l’année qui suit la première année au cours de
laquelle il a validé une durée d’assurance d’au moins deux
trimestres dans un des régimes de retraite légalement obligatoires,
l’assuré bénéficie d’une information générale sur le système de
retraite par répartition, notamment sur les règles d’acquisition de
droits à pension et l’incidence sur ces derniers des modalités
d’exercice de son activité et des événements susceptibles d’affecter
sa carrière (CSS, art. L. 161-17, II).
650
Une seconde catégorie de renseignements, au contraire, impose
à l’assuré de se montrer diligent.
Jurisprudence
Quant à l’employeur, ce dernier, « tenu d’une obligation de bonne foi dans
l’exécution du contrat de travail, doit informer le salarié expatrié de sa situation au
regard de la protection sociale pendant la durée de son expatriation » (Cass. soc.,
o
25 janv. 2012, n 11-11.374). Partant, « le manquement de l’employeur à son
obligation d’information cause un préjudice au salarié consistant en une perte de
chance de s’assurer volontairement contre le risque vieillesse » (Ibid.).
651
Ces derniers sont déterminés en tenant compte des cotisations
versées au titre de la législation sur les assurances sociales et
arrêtées au dernier jour du trimestre civil précédant la date prévue
pour l’entrée en jouissance de la pension, rente ou allocation aux
vieux travailleurs salariés, de l’âge atteint par l’intéressé à cette
dernière date, et du nombre de trimestres d’assurance valables pour
le calcul de la pension (CSS, art. R. 351-1).
Toute personne, une fois échue la condition d’âge, peut faire valoir
ses droits à retraite.
652
Cependant, cela ne signifie pas que la personne bénéficiera d’une
retraite à taux plein (50 %).
Ce taux de retraite dépend de la durée d’assurance et des périodes
d’assurance (CSS, art. L. 351-2) qui renvoient notamment aux
périodes de cotisations à l’assurance vieillesse obligatoire ou
volontaire (nombre de trimestres accomplis), et aux majorations de
durée d’assurance (CSS, art. L. 351-10 ; par ex. en fonction du
nombre d’enfants ou de la prise d’un congé parental ; CSS, art.
R. 351-3).
Là encore, le nombre de trimestres à valider est variable selon
l’année de naissance, la durée d’assurance étant globalement
comprise entre 150 et 172 trimestres.
À défaut de disposer du nombre de trimestres suffisant, l’assuré
subit une décote, c’est-à-dire une minoration du taux applicable pour
le calcul de la retraite.
Par conséquent, le taux de calcul de la retraite dépend de l’âge et de
la durée d’assurance, c’est-à-dire du nombre de trimestres acquis
par l’assuré au cours de sa carrière. Ce taux varie entre 37,5 et
50 %.
En revanche, dans certaines circonstances, le taux plein est acquis
automatiquement, notamment lorsque l’assuré a atteint l’âge de
67 ans (CSS, art. L. 351-8), indépendamment des périodes de
cotisations.
653
I. Liquidation des droits à pension
654
Reste qu’une fois la liquidation effectuée, la pension de retraite sera
figée par application du principe de l’intangibilité des retraites.
Jurisprudence
La jurisprudence estime que, selon l’article R. 351-10 du Code de la sécurité
sociale, la pension de retraite ne revêt un caractère définitif que lorsque son
attribution a fait l’objet d’une décision de l’organisme dûment notifiée à l’assuré et
e o
non contestée en temps utile par ce dernier (Cass. 2 civ., 11 oct. 2018, n 17-
20.932). Elle précise que ce même article est rendu applicable au régime de
protection sociale des personnes salariées des professions agricoles par l’article
R. 742-2 du Code rural et de la pêche maritime (Ibid.).
655
La formule mathématique est la suivante :
656
cotisations qui en découlent ne court qu’à compter de la liquidation
o
par le salarié de ses droits à la retraite (Cass. soc., 22 sept. 2021, n
20-12.543), jour où le salarié titulaire de la créance à ce titre a connu
ou aurait dû connaître les faits lui permettant d’exercer son action
(C. civ. art. 2224). Les disposiions de l’article 2232 du Code civil,
relatives aux effets du report du point de départ, de la suspension et
de l’interruption de la prescription, ne peuvent pas y faire obstacle
o
(Cass. soc., 2 févr. 2022, n 20-16.064).
657
Cependant, le conjoint survivant dispose d’un certain nombre de
droits consécutivement au décès de l’assuré.
o
Un décret du 25 mars 2022 (D. n 2022-432, 25 mars 2022) règle la
question du partage de la pension de réversion en cas de pluralité
de conjoints ou d’anciens conjoints. L’article R. 161-19-3 du Code de
la sécurité sociale précise les conditions de calcul et de versement
de la pension de réversion lorsque coexistent, à la date du décès de
l’assuré, plusieurs conjoints survivants et divorcés. En particulier, il
organise l’attribution de la pension : le partage s’effectue en fonction
du rapport entre la période de leur mariage en situation de
monogamie, conformément à l’article 147 du Code civil, et la somme
des durées de mariage de l’assuré décédé.
658
Quant à l’âge requis, « la pension de réversion est attribuée sous
réserve que le conjoint de l’assuré décédé ou disparu ait atteint l’âge
de cinquante-cinq ans à la date d’effet de la pension » (CSS, art.
D. 353-3).
659
vie (C. pén., art. 221-1 à 221-5-5), notamment le meurtre et
l’assassinat. Il en est de même pour les actes de torture et de
barbarie (C. pén., art. 222-1 à 222-6-3), les violences diverses
(C. pén., art. 222-7 à 222-16-3), ainsi que les agressions sexuelles
(C. pén., art. 222-22 et s.), notamment le viol.
660
(CSS, art. L. 356-1)
Prévue par les articles L. 356-1 et suivants du Code de la sécurité sociale,
« l’assurance veuvage garantit au conjoint survivant de l’assuré qui a été affilié, à
titre obligatoire ou volontaire, à l’assurance vieillesse du régime général […] ou qui
bénéficiait, en application de l’article L. 311-5, des prestations en nature de
l’assurance maladie du régime général, une allocation de veuvage ».
661
o
Fiche n 57 La paternité et l’accueil
de l’enfant
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
662
Celui-ci nécessite, pour sa mise en œuvre, une articulation entre les
articles L. 1225-35 et suivants du Code du travail et les articles
L. 331-8 et suivants du Code de la sécurité sociale (CSS, art. L. 331-
8, al. 4).
§1 Droit à congé
663
Jurisprudence
,
Dans un arrêt du 11 mars 2010 la Cour de cassation estime toutefois que « le
bénéfice du congé de paternité est ouvert, à raison de l’existence d’un lien de
filiation juridique, au père de l’enfant [et que] ces textes excluent toute
discrimination selon le sexe ou l’orientation sexuelle, et ne portent pas atteinte au
e o
droit à une vie familiale » (Cass. 2 civ., 11 mars 2010, n 09-65.853).
Jurisprudence
Cependant, des recours ont été portés devant la Cour européenne des droits
de l’homme. Prenant acte que la situation a évolué en France, la Cour EDH a
rejeté des requêtes tendant à obtenir la condamnation de la France pour
discrimination fondée sur l’orientation sexuelle (CEDH, 18 janv. 2018,
o
n 46.386/10, Hallier et al. c/ France).
664
o
d’au moins 10 jours ouvrables (Dir. UE n 2019/1158, art. 4). La
directive conçoit ce droit à congé de manière élargie puisqu’il
s’adresse aux pères ou, le cas échéant, aux personnes reconnues
comme seconds parents équivalents, sans subordonner l’ouverture
de ce droit à une période de travail ou à une exigence d’ancienneté,
et indépendamment de la situation maritale ou familiale. En
prévoyant 25 jours de congé, le droit français est conforme à cette
directive.
665
Ainsi, afin d’être indemnisé(e), le (ou, le cas échéant, la) bénéficiaire
doit :
être affilié(e) depuis au moins 10 mois ;
avoir travaillé au moins 150 heures au cours des 3 mois
précédant le début du congé (ou avoir cotisé sur un salaire au
moins équivalent à 1015 fois le SMIC horaire au cours des 6
derniers mois précédant le début du congé ;
avoir cessé toute activité salariée pendant la période ;
Ces conditions sont appréciées, en ce qui concerne les prestations
en espèces de l’assurance maternité servies en cas de congé de
paternité, à la date du début de ce congé (CSS, art. R. 313-1, 5°).
Lorsqu’il exerce son droit à congé, l’assuré reçoit, dans les mêmes
conditions d’ouverture de droit, de liquidation et de service,
l’indemnité journalière visée à l’article L. 331-3 du Code de la
sécurité sociale, sous réserve de cesser toute activité salariée ou
er
assimilée (CSS, art. L. 331-8, al. 1 ).
666
À l’origine, ce droit avait une durée maximale de 11 jours
consécutifs. À l’occasion de l’adoption de la loi de financement de la
sécurité sociale, cette durée est portée en totalité à 25 jours
o
calendaires (LFSS n 2020-1576, 14 déc. 2020). Ce congé de 25
jours se décompose en deux périodes. La première période
comprend de 4 jours, qui font immédiatement suite au congé de
naissance, c’est-à-dire les 3 jours ouvrables de congés pour
événements familiaux liés à la naissance de l’enfant. En totalité,
cette première période a une durée de 7 jours. La seconde période
comporte 21 jours calendaires. En cas de naissance multiples, la
durée de cette seconde période est portée à 28 jours calendaires.
Elle peut être accolée ou non à la première période. Elle est
fractionnable.
er o
Cette réforme est applicable à compter du 1 juillet 2021 (L. n 2020-1576,
14 déc. 2020, art. 73). Elle s’applique aux enfants nés ou adoptés à compter de
cette date ainsi qu’aux enfants, nés avant cette date, dont la naissance était
supposée intervenir à compter de cette date. Un décret d’application du 10 mai
o
2021 complète la réforme (D. n 2021-574, 10 mai 2021). Les dispositions
réglementaires ci-dessus en sont issues.
667
ou Le décès de la mère.
Le report du congé de paternité ne peut être obtenu que dans un
des cas le permettant. Ainsi, la force majeure ne peut, sauf
disposition expresse, suppléer l’absence des conditions d’ouverture
e o
du droit (Cass. 2 civ., 10 nov. 2009, n 08-19.510).
Le congé est pris dans les six mois qui suivent la fin du congé dont
bénéficie le père en application de l’article L. 1225-28 (C. trav., art.
D. 1225-8, al. 5).
668
vigueur (CSS, art. D. 331-5). En outre, le salarié informe son
employeur de la date prévisionnelle de l’accouchement au moins un
mois avant celle-ci (C. trav., art. D. 1225-8, al. 2). Le salarié informe
également son employeur des dates de prise et des durées de la ou
des périodes de congés au moins un mois avant le début de
chacune des périodes (C. trav., art. D. 1225-8, al. 3). Cela étant, en
cas de naissance de l’enfant avant la date prévisionnelle
d’accouchement et lorsque le salarié souhaite débuter la ou les
périodes de congé au cours du mois suivant la naissance, il en
informe sans délai son employeur (C. trav., art. D. 1225-8, al. 4).
669
indemnisés par la CPAM, les autres jours octroyés au titre du congé
de naissance – à hauteur de 3 jours – restent à la charge de
l’employeur.
Les 25 (ou 32) jours peuvent suivre le congé octroyé au salarié pour
chaque naissance survenue à son foyer (C. trav., art. L. 3142-1), ce
qui n’entraîne pas de réduction de la rémunération de ce salarié
(C. trav., art. L. 3142-2). Ces 25 jours peuvent également être
détachés du congé de naissance. À l’inverse, l’indemnité journalière
n’est pas cumulable avec l’indemnisation des congés maladie et
d’accident du travail, ni avec l’indemnisation par l’assurance
chômage ou le régime de solidarité (CSS, art. L. 331-8, al. 3).
670
La loi de financement pour la sécurité sociale pour 2019 s’est montrée
o
généreuse en instituant un congé de paternité spécial (L. n 2018-1203,
22 déc. 2018, art. 72). En cas de naissance prématurée, est créé un droit à un
congé de paternité et d’accueil de l’enfant en cas d’hospitalisation immédiate de
l’enfant après la naissance. Ainsi, lorsque l’état de santé de l’enfant nécessite son
hospitalisation immédiate après la naissance dans une unité de soins spécialisée,
le congé de paternité et d’accueil de l’enfant est de droit pendant la période
d’hospitalisation (C. trav., art. L. 1225 35). La durée de ce congé est précisée par
o
décret (L. n 2018-1203, 22 déc. 2018, art. 72, IV). En l’occurrence, les règles en
ont été précisées par un décret du 24 juin 2019 relatif au congé de paternité en
o
cas d’hospitalisation immédiate de l’enfant après sa naissance (D. n 2019-630,
o
24 juin 2019 : JO 25 juin 2019, texte n 8). Ce dispositif s’applique aux
er o
naissances intervenant à compter du 1 juillet 2019 (D. n 2019-630, 24 juin
2019, art. 5). En sont bénéficiaires le père, le conjoint de la mère ou la personne
liée à elle par un pacte civil de solidarité ou vivant maritalement avec elle (C. trav.,
o
art. D. 1225-8-1 ; Circ. CNAM n 25/2019, 31 juill. 2019 : JCP S 2019, act. 319).
Ce droit à congé a lieu pendant toute la période d’hospitalisation dans une ou
plusieurs unités de soins spécialisés, pendant une durée maximale de trente jours
consécutifs. Enfin, le salarié bénéficiant de ce congé est tenu d’en informer son
employeur sans délai en transmettant un document justifiant de cette
hospitalisation.
671
– D. THARAUD, « Quelle protection pour le père et/ou le conjoint de
la mère ? », Dr. ouvrier 2018, pp. 344-351
672
o
Fiche n 58 La famille
L’ESSENTIEL
673
LES CONNAISSANCES
674
§1 Conditions générales d’attribution
des prestations familiales
Les conditions générales d’attribution des prestations familiales ont
toutes en commun d’être relatives à l’assuré et à l’enfant à charge.
er
(CSS, art. L. 512-1, al. 1 )
Tout d’abord, la condition de nationalité ayant été abandonnée en 1998, la
condition essentielle de l’attribution d’une prestation familiale est la condition de
résidence : « Toute personne française ou étrangère résidant en France, ayant à
sa charge un ou plusieurs enfants résidant en France, bénéficie pour ces enfants
des prestations familiales […] sous réserve que ce ou ces derniers ne soient pas
bénéficiaires, à titre personnel, d’une ou plusieurs prestations familiales, de
l’allocation de logement sociale ou de l’aide personnalisée au logement ».
675
(CSS, art. L. 512-2)
Les ressortissants européens sont les étrangers les plus avantagés : « Bénéficient
de plein droit des prestations familiales les ressortissants des États membres de
[l’Union] européenne, des autres États parties à l’accord sur l’Espace économique
européen et la Confédération suisse qui remplissent les conditions exigées pour
résider régulièrement en France ».
676
(CSS, art. L. 512-3 et R. 512-2)
De façon générale, le Code de la sécurité sociale pose également une condition
d’âge : « Sous réserve des règles particulières à chaque prestation, ouvre droit
aux prestations familiales […] tout enfant jusqu’à la fin de l’obligation scolaire », à
savoir l’âge de 16 ans, ainsi que, « après la fin de l’obligation scolaire, et jusqu’à
un âge limite » qui est fixé à 20 ans, « tout enfant dont la rémunération éventuelle
n’excède pas un plafond » qui est fixé à 55 % du SMIC.
677
I. Service des prestations familiales
678
est celui d’entre eux qu’ils désignent d’un commun accord. Ce droit
d’option peut être exercé à tout moment. L’option ne peut être
remise en cause qu’au bout d’un an, sauf changement de situation.
Si ce droit d’option n’est pas exercé, l’allocataire est l’épouse ou la
concubine (CSS, art. R. 513-1, al. 2). En cas de divorce, de
séparation de droit ou de fait des époux ou de cessation de la vie
commune des concubins, et si l’un et l’autre ont la charge effective
et permanente de l’enfant, l’allocataire est celui des membres du
couple au foyer duquel vit l’enfant (CSS, art. R. 513-1, al. 3).
679
aux travailleurs indépendants des professions non agricoles ainsi
qu’à la population non active incombe aux CAF (CSS, art. L. 212-1).
Territorialement, la réponse est apportée par l’article R. 514-1 du
Code de la sécurité sociale qui énonce un principe et plusieurs
dérogations.
680
(CSS, art. L. 512-5)
D’une part, « les prestations familiales du régime français ne peuvent se cumuler
avec les prestations pour enfants versées en application des traités, conventions
et accords internationaux auxquels la France est partie ou en application d’une
législation ou d’une réglementation étrangère, ainsi qu’avec les prestations pour
enfants versées par une organisation internationale ».
681
interjeter appel dans un délai d’un mois à compter de la notification
de la décision.
L’arrêt d’appel peut être l’objet d’un pourvoi en cassation (CSS, art.
R. 142-15). Le pourvoi est déposé au greffe de la Cour de cassation
dans un délai de deux mois à compter de la notification de la
décision (Ibid.).
682
l’allocataire (CSS, art. L. 553-4). Par exception, la saisie, qui ne peut
excéder un certain montant (CSS, art. L. 553-2, D. 553-1 et D. 553-
2) est envisageable sur certaines prestations (CSS, art. L. 553-4, I,
al. 2).
683
SOUS-TITRE 2
LES RISQUES PRIS EN CHARGE
PAR LES RÉGIMES COMPLÉMENTAIRES
o
Fiche n 59 La protection sociale complémentaire dans
l’entreprise
o
Fiche n 60 Les retraites complémentaires (secteur privé)
684
o
Fiche n 59 La protection sociale
complémentaire dans l’entreprise
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
685
o er
(L. n 2013-504,14 juin 2013, art. 1 )
La loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi a institué la couverture
santé complémentaire obligatoire « afin de permettre aux salariés qui ne
bénéficient pas d’une couverture collective à adhésion obligatoire en matière de
remboursements complémentaires de frais occasionnés par une maladie,
une maternité ou un accident […] d’accéder à une telle couverture ».
686
L’entreprise choisit librement l’assureur, auprès de qui elle négocie le
contrat d’assurance. Les partenaires sociaux de la branche peuvent
recommander un organisme.
687
§2 La protection sociale complémentaire facultative
La protection sociale complémentaire facultative peut prendre deux
formes
688
II. Leur mise en place
689
o
Fiche n 60 Les retraites complémentaires
(secteur privé)
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
o
La loi du 29 décembre 1972 (L. n 72-1223, 29 déc. 1972 : JO
30 déc. 1972, p. 13781) de généralisation des retraites
690
complémentaires a rendu obligatoire l’adhésion des salariés affiliés
au régime général de la sécurité sociale à un régime de retraite
complémentaire géré par une institution de retraite complémentaire
(CSS, art. L. 921-1).
er
Depuis le 1 janvier 2019, l’Agirc et l’Arrco ont fusionné.
691
valeur d’achat du point de retraite (également appelé salaire de
référence).
692
Des rachats de points de retraite complémentaire sont également
envisagés au titre de certaines périodes et sous strictes conditions
(années d’études supérieures, périodes de chômage indemnisées
par la garantie sociale du chef d’entreprise, etc.).
En revanche, il n’y a pas de changement pour les points acquis auprès du régime
de l’Arrco : un point Arrco = un point Agirc-Arrco.
693
TITRE 2
LA COUVERTURE DES RISQUES
PROFESSIONNELS
o
Fiche n 61 Les accidents du travail, accidents de trajet
et maladies professionnelles : qualification
o
Fiche n 62 Les accidents du travail, accidents de trajet
et maladies professionnelles : réparation
694
o
Fiche n 61 Les accidents du travail,
accidents de trajet et maladies
professionnelles : qualification
L’ESSENTIEL
695
S’agissant de la maladie professionnelle, elle se distingue aussi de
l’accident du travail sur le caractère soudain. La qualification de
maladie professionnelle a pour conséquence de placer la victime
face à trois mécanismes de reconnaissance plus ou moins
favorable. Ces derniers s’échelonnent de la réparation automatique
(la pathologie figurant dans un des tableaux annexés au Code de la
sécurité sociale) jusqu’à la nécessaire démonstration du préjudice et
du lien de causalité entre la maladie et l’exercice de l’activité
professionnelle (reconnaissance par une commission), avec un
dispositif intermédiaire.
LES CONNAISSANCES
696
o
Un décret adopté le 23 avril 2019 (D. n 2019-356, 23 avr. 2019 : JO
o
25 avr. 2019, texte n 8 ; Circ. Cnam CIR-28/2019, 9 août 2019) réorganise la
procédure d’instruction des demandes de prise en charge des accidents du travail
et des maladies professionnelles. Il est applicable aux accidents et
er
maladies déclarés à compter du 1 décembre 2019. À l’occasion de cette
instruction,
§1 L’accident du travail
697
(CSS, art. L. 411-1)
« Est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause, l’accident
survenu par le fait ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou
travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs
employeurs ou chefs d’entreprise ».
(CSS, art. L. 411-2)
L’article L. 411-2 du même code prévoit qu’« est également considéré comme
accident du travail […], l’accident survenu à un travailleur […] pendant le trajet
d’aller et de retour entre […] la résidence principale […] ou tout autre lieu où le
travailleur se rend de façon habituelle pour des motifs d’ordre familial et le lieu du
travail ».
698
Jurisprudence
En outre, en ce qui concerne les actions dont dispose la victime d’un accident
de trajet, il a été jugé que la faute inexcusable ne pouvait être recherchée sur le
e o
fondement de cette qualification (Cass. 2 civ., 10 déc. 2008, n 07-19.626 ; Cass.
e o
2 civ., 8 juil. 2010, n 09-16.180).
699
o
traumatisme » (Cass. ass. plén., 21 mars 1969, n 66-11.181, Bull.
o
civ. ass. plén., n 3, D. 1969, II, p. 531).
Jurisprudence
En revanche, des aménagements ont été nécessaires pour faire face à des
situations très particulières. Par exemple, qu’en est-il lorsque le salarié développe
une maladie suite à une vaccination obligatoire, en l’occurrence une sclérose en
plaques faisant suite à une vaccination contre l’hépatite B ? Dans ce cas de figure,
la chambre sociale de la Cour de cassation a estimé que le salarié était victime
o
d’un accident du travail (Cass. soc., 2 avr. 2003, n 00-21.768). De façon plus
classique, il a été jugé, par la suite, que constitue un accident du travail, la
cervicalgie aiguë résultant d’un brusque mouvement de la tête afin de visualiser
e o
l’endroit du stockage (Cass. 2 civ., 22 mars 2005, n 03-16.415). En revanche,
n’est pas un accident du travail, un spasme vasculaire réfractaire survenu à la
e o
suite d’une exposition prolongée au froid (Cass. 2 civ., 18 oct. 2005, n 04-
30.352).
700
Par contre, reste à la charge de la victime la preuve de la matérialité
des faits constitutifs de l’accident. À cet égard, les seules
déclarations de la supposée victime sont insuffisantes à établir la
o
matérialité des faits (Cass. soc., 26 mai 1994, n 92-10.106). La
matérialité des faits doit résulter d’éléments objectifs (Cass. soc.,
o o
17 mars 1982, n 81-11.212 ; Cass. soc., 17 avr. 1985, n 83-
e o
15.330 ; Cass. 2 civ., 28 mai 2009, n 08-14.132).
701
La preuve ressortira généralement d’une expertise médicale
o
(V. Fiche n 63). Ne constitue pas une cause étrangère au travail
une altercation entre un salarié et son responsable quelle qu’en soit
e o
l’origine (Cass. 2 civ., 28 janv. 2021, n 19-25.722).
702
s’est produit de faire procéder à l’autopsie dans les conditions
prévues aux articles 232 et suivants du Code de procédure civile. Si
les ayants droit de la victime s’opposent à ce qu’il soit procédé à
l’autopsie demandée par la caisse, ils perdent le bénéfice de la
présomption d’imputabilité. Il leur incombe alors d’apporter la preuve
du lien de causalité entre l’accident et le décès.
§2 La maladie professionnelle
703
Les tableaux sont annexés au Livre IV annexe IV du Code de la
sécurité sociale (CSS, art. R. 461-3, al. 2).
Covid-19
Un décret du 14 septembre 2020 a aménagé un dispositif relatif à la
reconnaissance en maladies professionnelles des pathologies liées à une infection
o
au SARS-CoV2 (D. n 2020-1131, 14 sept. 2020). Deux nouveaux tableaux de
maladie professionnelle (« Affections respiratoires aiguës liées à une infection au
SARS-CoV2 ») ont été créés et énoncent les pathologies causées par une
infection au SARS-CoV2. À l’inverse, s’agissant des affections non désignées
dans ces tableaux et non contractées dans les conditions de ces tableaux,
l’instruction des demandes est attribuée à un comité de reconnaissance des
maladies professionnelles unique. Sa composition en est allégée afin d’accélérer
l’instruction des dossiers, en même temps qu’elle en garantit l’impartialité.
704
contractée dans les conditions mentionnées à ce tableau (CSS, art.
L. 461-1, al. 2). Toutefois, cette présomption n’a pas un caractère
irréfragable et est, par conséquent, susceptible de preuve contraire
o
(Cass. soc., 10 févr. 1966, Bull. civ. 1966, n 176). En ce sens, elle
sera écartée en cas de démonstration de l’évolution normale d’une
prédisposition morbide (Cass. soc., 10 févr. 1966, préc. ; Cass. soc.,
o
21 juill. 1986, n 85-10.596) ou lorsque la maladie a une cause
e o
totalement étrangère au travail (Cass. 2 civ., 13 mars 2014, n 13-
13.663).
705
maladies professionnelles (CSS, art. L. 461-1, al. 5). Ce comité peut
être saisi soit directement par la victime, soit par la caisse primaire
d’assurance maladie (CPAM) ou par la caisse de Mutualité sociale
agricole (MSA) et composé du médecin-conseil régional de la
sécurité sociale (ou d’un médecin-conseil qu’il désigne pour le
représenter), du médecin-inspecteur régional du travail (ou d’un
médecin inspecteur qu’il désigne pour le représenter) et d’un
praticien qualifié (CSS, art. L. 461-1, al. 5 et art. D. 461-27). Pour les
salariés du régime agricole, un médecin-conseil du régime agricole
se substitue au médecin conseil régional de la sécurité sociale dans
la composition du CRRMP.
Jurisprudence
Une cour d’appel qui constate que l’avis rendu par un comité régional de
reconnaissance des maladies professionnelles, irrégulièrement constitué, est nul,
puis relève que le tribunal des affaires de sécurité sociale a saisi un second
comité, qui a statué en présence de l’intégralité de ses membres et a ainsi émis un
avis régulier, n’est pas tenue de faire recueillir par la caisse l’avis d’un autre
e o
comité. (Cass. 2 civ., 21 juin 2018, n 17-20.623).
706
III. La reconnaissance d’une maladie professionnelle
hors tableau
e
En tout état de cause, le CRRMP doit être saisi (Cass. 2 civ., 5 avr.
o
2007, n 05-15.969). Les modalités spécifiques de traitement de ces
dossiers sont fixées par voie réglementaire (CSS, art. L. 461-1, in
707
e
fine ; pour la transmission des informations, V. Cass. 2 civ., 25 nov.
o
2021, n 20-15.574) et ont été rénovées par un décret du 23 avril
o
2019 (D. n 2019-356, 23 avr. 2019, préc.).
708
POUR ALLER PLUS LOIN…
– Ph. COURSIER, Covid-19 : quelles conséquences en cas de
reconnaissance d’une maladie professionnelle ?, JCP S 2020,
3067
– E. JEANSEN, La rechute d’un risque professionnel, À propos du
o
décret n 2019-356 du 23 avril 2019, JCP S 2019, 1175
– M. KEIM-BAGOT, Faut-il élargir le champ des maladies
professionnelles ?, Dr. soc. 2017, pp. 929-934
– S. Le FISCHER, X. PRETOT, La procédure de reconnaissance
des accidents du travail et des maladies professionnelles. Les
effets du décret du 29 juillet 2009, RJS 2017, pp. 800-807
709
o
Fiche n 62 Les accidents du travail,
accidents de trajet et maladies
professionnelles : réparation
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
710
Selon l’article L. 431-1 du Code de la sécurité sociale, les victimes
d’accident du travail, de maladies professionnelles ainsi que les
accidentés de trajet profitent des mêmes prestations sociales,
lesquelles sont servies par les caisses d’assurance maladie.
o
En réaction à la crise sanitaire, un décret du 5 mai 2021 (D. n 2021-
554, 5 mai 2021) a adapté les règles de procédure et de réparation
applicables aux demandes de maladies professionnelles relatives à
une infection au SARS-CoV2.
711
(CSS, art. L. 431-1)
Selon l’article L. 431-1 du Code de la sécurité sociale, elles comprennent « la
couverture des frais médicaux, chirurgicaux, pharmaceutiques et accessoires, des
frais liés à l’accident afférents aux produits et prestations inscrits sur la liste prévue
à l’article L. 165-1 [du Code de la sécurité sociale] et aux prothèses dentaires
inscrites sur la liste prévue à l’article L. 162-1-7 [du Code de la sécurité sociale],
des frais de transport de la victime à sa résidence habituelle ou à l’établissement
hospitalier et, d’une façon générale, la prise en charge des frais nécessités par le
traitement, la réadaptation fonctionnelle, la rééducation professionnelle et le
reclassement de la victime. Ces prestations sont accordées qu’il y ait ou non
interruption de travail ».
La prise en charge des frais des soins est très étendue grâce à des
dispositifs divers.
712
Par conséquent, l’assuré ne fait pas l’avance des frais, ceux-ci étant
réglés directement aux praticiens, auxiliaires médicaux,
pharmaciens, fournisseurs ou établissements hospitaliers par la
caisse d’assurance maladie à laquelle la victime est affiliée (CSS,
art. L. 432-1).
Cette gratuité des soins est assurée quelle que soit la condition de
durée d’affiliation de l’assuré au régime général.
713
remboursement a lieu sur la base des tarifs applicables en
matière d’assurance maladie, tels qu’ils sont fixés par la
réglementation et les conventions liant les caisses aux
professionnels de santé.
Deuxièmement, la participation financière prévue à l’article
L. 160-13 du Code de la sécurité sociale en matière
d’assurance maladie – dont le montant est fixé à un euro (CSS,
er
art. R. 160-19) – s’applique également depuis le 1 janvier 2005
aux bénéficiaires de l’assurance accident du travail et maladie
professionnelle (CSS, art. L. 432-1).
714
rente d’incapacité permanente si cette rééducation s’effectue après
consolidation et attribution d’une rente (CSS, art. L. 432-9).
715
e
victime par le praticien auteur du certificat (Cass. 2 civ.,
o
14 févr. 2019, n 18-10.158).
716
montant de l’indemnité en capital est fonction du taux d’incapacité de
la victime et déterminé par un barème forfaitaire fixé par décret. Il est
révisé lorsque le taux d’incapacité augmente tout en restant inférieur
à 10 %.
717
e o
indemnisation du chef de cet accident (Cass. 2 civ., 23 mai 2019, n
18-17.033). Par conséquent, ces victimes par ricochet peuvent saisir
la Commission d’indemnisation des victimes d’infractions (CIVI) afin
d’obtenir réparation de leurs préjudices auprès du Fonds de garantie
des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions.
A La faute de l’employeur
Sur la faute, celle-ci peut être soit intentionnelle, soit inexcusable.
718
ses collègues en renvoyant, dans sa direction, une boulette en
plastique que celui-ci, par jeu, lui avait précédemment lancée (Cass.
o
soc., 24 juill. 1974, n 73-12.185).
719
été étendue en matière d’accident du travail (Cass. soc., 11 avr.
o o
2002, n 00-16.535 ; Cass. soc., 23 mai 2002, n 00-14.125 ; Cass.
o o
soc., 26 nov. 2002, n 00-19.347 et n 00-19.480). Dès lors, le
manquement à cette obligation a le caractère d’une faute
inexcusable au sens de l’article L. 452-1 du Code de la sécurité
sociale, lorsque l’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du
danger auquel était exposé le salarié, et qu’il n’a pas pris les
mesures nécessaires pour l’en préserver (Cass. soc., 28 févr. 2002,
o o
n 00-11.793 et n 99-18.390).
720
sécurité ils n’auraient pas bénéficié de la formation à la sécurité
renforcée prévue par l’article L. 4154-2 » du Code du travail
(C. trav., art. L. 4154-3) ; cette présomption est une présomption
e o
simple (Cass. 2 civ., 18 oct. 2005, n 03-30.162) ; cependant,
elle ne peut être renversée que par la preuve que l’entreprise
utilisatrice a dispensé au salarié d’une entreprise de travail
e
temporaire la formation renforcée à la sécurité (Cass. 2 civ.,
o
11 oct. 2018, n 17-23.694) ;
lorsque le risque est signalé à l’employeur (C. trav., art. L. 4131-
4) ;
ou encore par application de l’autorité de la chose jugée au
e o
pénal sur le civil (Cass. 2 civ., 11 oct. 2018, n 17-18.712).
La faute inexcusable emporte majoration de la rente et la faculté
d’obtenir la réparation des préjudices non couverts par le Livre IV du
Code de la sécurité sociale. Ne sont pas couverts, en cas de faute
inexcusable ou intentionnelle, les salariés expatriés ayant souscrit
une assurance volontaire auprès de la Caisse des Français de
e o
l’étranger (Cass. 2 civ., 16 juill. 2020, n 18-24.942).
721
législation sur les risques professionnels, d’une nouvelle lésion, ni
e
celle des soins et arrêts de travail prescrits à la victime (Cass. 2
o e o
civ., 9 juill. 2020, n 18-26.782 ; Cass. 2 civ., 26 nov. 2020, n 19-
18.244).
Jurisprudence
Toutefois, « la majoration de la rente prévue lorsque l’accident du travail est dû
à la faute inexcusable de l’employeur, au sens de l’article L.452-1 du Code de la
sécurité sociale, ne peut être réduite en fonction de la gravité de cette faute, mais
seulement lorsque le salarié victime a lui-même commis une faute inexcusable »
e o
(Cass. 2 civ., 27 janv. 2004, n 02-30.693).
722
taux notifié à celui-ci conformément à l’article R. 434-32 du Code de
e o
la sécurité sociale (Cass. 2 civ., 17 mars 2022, n 20-19.131).
723
montant du salaire minimum légal en vigueur à la date de
consolidation.
Jurisprudence
Dans sa décision du 18 juin 2010, le Conseil constitutionnel a déclaré, sous la
réserve énoncée au considérant 18, les dispositions de l’article L. 452-3 du Code
de la sécurité sociale conformes à la Constitution (Cons. const., 18 juin 2010,
o
n 2010-8 QPC) : « en présence d’une faute inexcusable de l’employeur, les
dispositions de ce texte ne sauraient toutefois, sans porter une atteinte
disproportionnée au droit des victimes d’actes fautifs, faire obstacle à ce que ces
mêmes personnes, devant les mêmes juridictions, puissent demander à
l’employeur réparation de l’ensemble des dommages non couverts par le livre IV
du Code de la sécurité sociale ».
724
pouvant réclamer réparation de tout préjudice démontrable.
725
l’employeur ou ses préposés, la victime d’un accident du travail ou
ses ayants droit conserve contre l’auteur de l’accident le droit de
demander la réparation du préjudice causé, conformément aux
règles de droit commun, dans la mesure où ce préjudice n’est pas
réparé par application du livre IV du Code de la sécurité sociale
e o
(Cass. 2 civ., 14 oct. 2021, n 20-10.572).
726
En outre, une évolution de la jurisprudence ne constitue pas une
impossibilité d’agir suspendant l’écoulement du délai de prescription
e o
(Cass. 2 civ., 4 avr. 2018, n 17-11.489).
Enfin, il arrive qu’un tiers ait commis une faute qui a concouru à la
réalisation du dommage subi par un salarié, victime d’un accident du
travail dû à une faute inexcusable de son employeur. En ce cas, un
recours en garantie peut être exercé à son encontre devant la
juridiction de droit commun par l’employeur ou l’assureur de ce
dernier. Ce tiers est à invoquer la prescription de l’action en
reconnaissance de la faute inexcusable établie à l’issue d’une
e o
instance à laquelle il était partie (Cass. 2 civ., 24 juin 2021, n 20-
12.387).
B La faute de la victime
La victime peut, elle aussi, commettre une faute intentionnelle ou
inexcusable.
727
indemnité. La victime peut éventuellement prétendre à la prise en
er
charge de ses frais de santé (CSS, art. L. 453-1, al. 1 ). Les
conséquences sont similaires lorsque l’accident a été causé
intentionnellement par un des ayants droit de la victime mentionnés
aux articles L. 434-7 et suivants du Code de la sécurité sociale.
L’ayant droit auteur est alors déchu de tous ses droits. Ces droits
sont transférés sur la tête des enfants et descendants mentionnés à
l’article L. 434-10, ou, à défaut, sur la tête des autres ayants droit
(CSS, art. L. 453-1, al. 3).
728
Cette prescription biennale concerne toutes les actions susceptibles
d’être exercées à l’encontre d’une caisse, à l’effet d’obtenir un
avantage prévu par la législation d’assurance accident du travail et
e o
maladie professionnelle (Cass. 2 civ., 26 nov. 2015, n 14-23.220).
729
TITRE 3
LE CONTENTIEUX
o
Fiche n 63 Le contentieux de la sécurité sociale
o
Fiche n 64 Le contentieux URSSAF
o
Fiche n 65 Le contrôle des arrêts de travail
730
o
Fiche n 63 Le contentieux de la sécurité
sociale
L’ESSENTIEL
731
contentieux de l’incapacité, leur compétence a été transférée à une
unique juridiction qui est le fruit de la fusion du tribunal de grande
instance et du tribunal d’instance. Cette juridiction est le tribunal
judiciaire. Concernant spécialement les litiges de sécurité sociale,
le contentieux est confié à un « pôle social », au sein du tribunal
er
judiciaire depuis le 1 janvier 2019.
LES CONNAISSANCES
732
o
La Loi n 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du
e
XXI siècle (JO 19 nov. 2016) réforme le contentieux social et fusionne
consécutivement les tribunaux des affaires de la sécurité sociale (TASS) et les
tribunaux du contentieux de l’incapacité (TCI) au sein d’un pôle social des
er
tribunaux de grande instance (TGI). Par ailleurs, à compter du 1 janvier 2020,
les tribunaux de grande instance et les tribunaux d’instance sont fusionnés au
o
sein d’un unique tribunal judiciaire (L. n 2019-222, 23 mars 2019 de
programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice).
I. Conciliation
733
Les réclamations concernant les relations d’un organisme local
d’assurance maladie avec ses usagers sont reçues par une
personne désignée par le directeur après avis du conseil au sein de
cet organisme afin d’exercer la fonction de conciliateur pour le
compte de celui-ci.
II. Médiation
o
Par une loi du 10 août 2018 (L. n 2018-727 du 10 août 2018, JO
o
n 184, 11 août 2018), le législateur a donné une place importante à
la médiation afin d’éviter l’engorgement du contentieux de la sécurité
sociale.
734
o
n 2022-433, 25 mars 2022), certains recours formés contre les
décisions individuelles qui concernent la situation de personnes
physiques sont, à peine d’irrecevabilité, précédés d’une tentative de
médiation. Y sont soumis les recours contentieux formés contre les
décisions individuelles suivantes prises par Pôle emploi et relevant
du champ de compétence du juge administratif (C. trav., art. R.
5312-47).
735
la protection sociale des travailleurs indépendants (CSS, art. R. 612-
9).
o
Pour cette hypothèse, aux termes de l’article 34 II de la loi n 2018-727 du
10 août 2018, cette faculté est repoussée dans le temps et n’entrera en vigueur
er
que le 1 janvier 2020.
736
et qui possède, par l’exercice présent ou passé d’une activité, une
qualification en droit suffisante eu égard à la nature des affaires à
connaître, et en particulier en droit de la sécurité sociale (CSS, art.
D. 217-7-1, II).
737
(CSS, art. D. 217-7-1, III)
« Les constatations du médiateur et les déclarations recueillies au cours de la
médiation ne peuvent être divulguées aux tiers ni invoquées ou produites dans le
cadre d’une instance judiciaire ou arbitrale sans l’accord des parties. »
738
recommandations aux deux parties, les délais de recours prévus
pour ces réclamations (CSS, art. L. 217-7-1, II).
III. Transaction
739
avantages en argent et aux frais professionnels, lorsque cette
évaluation présente une difficulté particulière ;
et, enfin, les montants des redressements calculés en
application soit de méthodes d’évaluation par extrapolation, soit
d’une fixation forfaitaire du fait de l’insuffisance ou du caractère
inexploitable des documents administratifs et comptables (CSS,
art. L. 243-6-5, II).
Par contre, la transaction est exclue dans deux hypothèses,
notamment en cas de travail dissimulé (C. trav., art. L. 8221-3 et
L. 8221-5), ou lorsque le cotisant a mis en œuvre des manœuvres
dilatoires visant à nuire au bon déroulement du contrôle (CSS, art.
L. 243-6-5, I).
740
Surtout, d’un point de vue temporel, la demande de transaction n’est
recevable qu’après réception de la mise en demeure de payer les
sommes réclamées à l’employeur.
741
d’eux ». La réforme ne supprime pas le recours préalable obligatoire
devant la CRA mais le remanie en profondeur.
o
Procédure auparavant gratuite (Cass. soc., 30 oct. 1962, n 61-
12.673, Bull. civ. IV, p. 642) et gracieuse prévue aux anciens articles
R. 142-1 à R. 142-6 du Code de la sécurité sociale, la saisine
préalable de la commission de recours amiable (CRA) était un
passage obligé pour accéder à la juridiction appelée à trancher le
litige.
742
de la sécurité sociale sont précédés d’un recours administratif
préalable (CSS, art. L. 142-4).
743
La décision de la CRA doit être portée à la connaissance du
requérant dans le délai d’un mois à compter de la réception de la
réclamation de l’assuré (CSS, art. R. 142-6).
744
la commission médicale de recours amiable (CSS, art. R. 142-8).
Ainsi, les contestations formées dans les matières mentionnées aux
4°, 5° et 6° de l’article L. 142-1 du Code de la sécurité sociale sont
soumises à la commission médicale de recours amiable.
745
er
par les dispositions de la section 2 du chapitre I bis du titre IV du
livre II du Code de l’action sociale et des familles. Le recours est
adressé par toute personne ou tout organisme intéressé, à la maison
départementale des personnes handicapées (CASF, art. R. 241-36).
746
II. Transfert de compétences et changement
de dénomination
er
Pour les voies de recours, pour l’avenir, à compter du 1 janvier
2019, les litiges qui relèveront en première instance des tribunaux
judiciaires spécialement désignés seront traités en cause d’appel par
des cours d’appel elles-mêmes spécialement désignées (COJ, art.
747
L. 311-15). Chaque tribunal judiciaire désigné à cet effet est doté
d’un pôle social.
748
Puis, une autre réforme de l’organisation judiciaire a été entreprise en 2019
o
(L. n 2019-222, 23 mars 2019, de programmation 2018-2022 et de réforme pour
o
la justice : JO 24 mars 2019, texte n 2) dont il convient de retenir, pour ce qui
intéresse les présents développements, qu’elle a emporté, un changement de
dénomination des TGI. Désormais, ces derniers sont appelés les tribunaux
judiciaires qui fusionnent les anciens TGI et les anciens tribunaux d’instance, et,
partant, attirent à eux leurs compétences respectives. Par ailleurs, le tribunal
judiciaire peut comprendre, en dehors de son siège, des chambres de proximité.
Cette réforme conserve le principe de la désignation des tribunaux spécialement
chargés du contentieux de la sécurité sociale. En outre, toutes les références à la
distinction entre contentieux général et technique de la sécurité sociale sont
définitivement supprimées (art. 96, II).
749
à l’application des législations et réglementations de sécurité
sociale et de mutualité sociale agricole ;
au recouvrement des contributions, versements et cotisations
mentionnés au 5° de l’article L. 213-1 ;
au recouvrement des contributions, versements et cotisations
finançant l’assurance chômage (C. trav., art. L. 5422-9, L. 5422-
11, L. 5422-12, L. 5424-20), l’AGS (C. trav., art. L. 3253-18), dus
par l’employeur n’ayant pas proposé le bénéfice du contrat de
sécurisation professionnelle au salarié dont il envisage de
prononcer le licenciement pour motif économique (C. trav., art. L
1233-66), ou dus par l’employeur au titre du financement du
contrat de sécurisation professionnelle et correspondant à un
versement représentatif de l’indemnité compensatrice de
préavis (C. trav., art. L. 1233-69).
à l’état ou au degré d’invalidité, en cas d’accident ou de maladie
non régie par le livre IV du présent code, et à l’état d’inaptitude
au travail ;
à l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux
de cette incapacité, en cas d’accident du travail ou de maladie
professionnelle ;
à l’état ou au degré d’invalidité, en cas d’accidents ou de
maladies régies par les titres III, IV et VI du livre VII du code
rural et de la pêche maritime, à l’état d’inaptitude au travail ainsi
que, en cas d’accidents du travail ou de maladies
professionnelles régies par les titres V et VI du même livre VII, à
l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux de
cette incapacité ;
aux décisions des caisses d’assurance retraite et de la santé au
travail et des caisses de mutualité sociale agricole concernant,
en matière d’accidents du travail agricoles et non agricoles, la
750
fixation du taux de cotisation, l’octroi de ristournes, l’imposition
de cotisations supplémentaires et, pour les accidents régis par
le livre IV du présent code, la détermination de la contribution
prévue à l’article L. 437-1 ;
aux décisions de la commission des droits et de l’autonomie des
er
personnes handicapées (CASF, art. L. 241-9, al. 1 ) ;
et aux décisions du président du conseil départemental
mentionnées à l’article L. 241-3 du même code, relatives aux
mentions « invalidité » et « priorité ».
Si la compétence matérielle est unifiée, les règles procédurales se
distinguent en trois catérogies :
le contentieux de nature médicale ;
le ontentieux de nature non médicale ;
et le contentieux spécifique de la tarification des AT/MP.
Le contentieux de l’admission à l’aide sociale relevant de la
compétence du pôle social comprend les litiges relatifs aux décisions
er
prises en application du chapitre I du titre VI du livre VIII, c’est-à-
dire au titre de l’article L. 861-5 du Code de la sécurité sociale. En
outre, le champ de compétence est complété par l’article L. 134-3 du
Code de l’action sociale et des familles.
751
ou relatifs à la prestation de compensation accordée aux
personnes handicapées (CASF, art. L. 245-2) et l’allocation
compensatrice (CASF, art. L. 245-1 dans sa rédaction
o
antérieure à la loi n 2005-102 du 11 février 2005).
Quant à la compétence territoriale du tribunal judiciaire, les
dispositions utiles figurent à l’article R. 142-10 du Code de la
sécurité sociale.
752
verser les cotisations dues à une caisse de mutualité sociale
agricole (C. rur, art. R. 741-12).
S’agissant de l’aménagement, lorsque le demandeur demeure à
l’étranger, le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel se
trouve le siège de l’organisme de sécurité sociale, de l’autorité
administrative ou de la maison départementale des personnes
handicapées qui a pris la décision (CSS, art. R. 142-10, al. 3).
753
sont régies par les articles L. 142-11 et R. 142-18 et suivants du
Code de la sécurité sociale.
754
e
– M. BABIN, Ph. COURSIER, Justice du 21 siècle : quelles
simplifications pour les aspects médicaux du contentieux de la
sécurité sociale ?, JCP S 2020, 1050
– A. BOUILLOUX, Les ordonnances du 16 mai 2018 relatives à la
réforme des contentieux sociaux par la loi de modernisation de la
e
justice du XXI siècle, JCP S 2018, 1231
– A. BOUILLOUX, Mise en œuvre de la réforme du contentieux de la
sécurité sociale, JCP S 2019, 1017
– A. BUGADA, Réforme du contentieux de la sécurité sociale, JCP E
o
n 13-14, 30 mars 2017, pp. 43-44
– A. BUGADA, Des procédures nouvelles pour le contentieux de la
o o
sécurité sociale, D. n 2018-928, 29 oct. 2018, JCP S n 45,
13 nov. 2018, act. 339
– W. IVERNEL, La CMRA en question, JCP S 2019, 1018
– E. JEANSEN, La médiation, nouveau mode alternatif de règlement
des conflits en droit de la sécurité sociale, JCP S 2018, 1283
– E. JEANSEN, Y. PAGNERRE, La transaction en droit de la
protection sociale, JCP S 2016, 1167
– L. GARNERIE, Pôles sociaux : la machine est lancée, Gaz. pal.
31 juill. 2018, p. 5
– Th. TAURAN, Les formalités substantielles imposées aux caisses
de sécurité sociale, JCP S 2019, 1199
– Ch. WILLMANN, L’expression des droits procéduraux
fondamentaux en amont du contentieux de sécurité sociale, Dr.
ouvrier 2016, pp. 417-425
– Ch. WILLMANN, « Pôle social » des TGI : une réforme attendue,
mais controversée, Dr. soc. 2017, pp. 650-656
755
o
Fiche n 64 Le contentieux URSSAF
L’ESSENTIEL
756
LES CONNAISSANCES
Les URSSAF ne sont pas des entreprises. Pour cette raison, elles
ne sont pas soumises au droit de la concurrence. Par conséquent,
leur activité de recouvrement n’entrant dans aucune des catégories
er
définies à l’article 1 du Code des marchés publics, les URSSAF ne
sauraient être assujetties aux directives européennes concernant
e o
ces marchés (Cass. 2 civ., 20 mars 2008, n 07-13.321).
er
(CSS, art. L. 243-6-1, al. 1 )
Les articles L. 243-6-1 et R. 243-43-1 du Code de la sécurité sociale précisent les
modalités de ce pouvoir de l’ACOSS. En ce sens, « tout cotisant, confronté à des
interprétations contradictoires concernant plusieurs de ses établissements dans la
même situation au regard de la législation relative aux cotisations et aux
contributions de sécurité sociale, a la possibilité, sans préjudice des autres
recours, de solliciter l’intervention de l’Agence centrale des organismes de sécurité
sociale en ce qui concerne l’appréciation portée sur sa situation ».
757
À l’expiration de ce délai, s’ils ne se sont pas conformés à cette
instruction, l’ACOSS peut se substituer aux organismes pour
prendre les mesures nécessaires (CSS, art. L. 243-6-1, al. 2).
L’action est également ouverte aux groupes, tels que définis par
l’article L. 233-16 du Code de commerce (CSS, art. L. 243-6-1).
§1 Procédure de contrôle
758
En raison de la crise sanitaire due à la Covid-19, les délais régissant les
procédures de recouvrement ont été suspendus jusqu’à la date du 30 juin 2020
o
(Ord. n 2020-580, 13 mai 2020, art. 2, 2°).
759
Les salariés ne peuvent s’adresser à l’URSSAF pour présenter une
demande de révision des modalités de calcul des cotisations, car
e
seul l’employeur a la qualité de cotisant (Cass. 2 civ., 17 déc. 2015,
o
n 14-29.125). Inversement, ne dispose pas de cette qualité le
e o
salarié de cet employeur (Cass. 2 civ., 24 sept. 2020, n 19-
17.776).
760
Le contrôle sur place est un contrôle classique. Ce contrôle sur
place vise à vérifier dans les locaux de l’entreprise l’exactitude des
déclarations du cotisant. En pratique, cela consiste en un contrôle
comptable d’assiette. Concernant la périodicité du contrôle sur
place, il n’existe aucun texte spécifique imposant à l’URSSAF une
quelconque périodicité.
Cela étant, en pratique, les URSSAF organisent la périodicité de leur
contrôle sur place en fonction des délais de prescription applicable.
En l’occurrence, l’entreprise fait l’objet d’un contrôle au moins une
fois tous les trois ans, dans la mesure où les délais de prescription
en matière de recouvrement sont fixés à trois ans.
761
de 15 jours pour informer par écrit l’agent chargé du contrôle de son
opposition à l’utilisation de ces méthodes. La mise en œuvre de ces
procédés de vérification ne peut pas avoir lieu avant l’expiration de
e o
ce délai (Cass. 2 civ., 14 mars 2019, n 18-10.409).
762
incombe à l’Urssaf d’en informer en temps utile et par tout moyen
approprié l’employeur ou le travailleur indépendant, et de rapporter
la preuve de la réception de l’information en cas de recours
e o
contentieux (Cass. 2 civ., 15 mars 2018, n 17-13.409).
763
Quelles sont les étapes du contrôle sur place ?
Chronologiquement, le contrôle sur place comporte trois phases
distinctes et successives : avant le contrôle ; la vérification elle-
même ; et, enfin, les suites du contrôle.
764
passage doit préciser la date à laquelle le contrôle va être effectué
e o
(Cass. 2 civ., 25 avr. 2013, n 12-30.049). À défaut, la sanction est
la nullité du redressement subséquent.
765
et l’URSSAF. Tout contrôle donne lieu à la rédaction d’une lettre
d’observation par les autorités de contrôle. Cette lettre d’observation
est évidemment adressée au cotisant (CSS, art. L. 243-7-1 A). La
lettre d’observations doit mentionner l’ensemble des documents
consultés par l’inspecteur du recouvrement ayant servi à établir le
e o
bien-fondé du redressement (Cass. 2 civ., 24 juin 2021, n 20-
10.136 et 20-10.139).
766
§2 Procédure de recouvrements à l’encontre
du débiteur
767
Depuis la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019
o
(L. n 2018-1203 du 22 décembre 2018, art. 18), la mise en
demeure peut être adressée par tout moyen donnant date certaine à
sa réception par l’employeur, notamment par des moyens
électroniques (CSS, art. L. 244-2).
II. Contestations
768
Cela étant, s’il existe un moyen de défense dans le cadre de la
contestation du recouvrement, sans doute s’agit-il de celui tenant au
délai de prescription. Seules les cotisations non prescrites peuvent
être l’objet d’un recouvrement de la part des organismes de contrôle.
Le délai de prescription est un délai triennal. Ainsi, les cotisations et
contributions sociales se prescrivent par trois ans à compter de la fin
de l’année civile au titre de laquelle elles sont dues (CSS, art. L.
244-3). Cette prescription s’applique quelle que soit la qualité du
o
débiteur des cotisations (Cass. soc., 19 janv. 1995, n 93-12.132 et
o
n 93-12.133).
La date d’exigibilité des cotisations dues après régularisation
annuelle est celle correspondant à l’échéance normale suivant le
versement des rémunérations.
La prescription de la dette de cotisations court à compter de cette
o
date d’exigibilité (Cass. soc., 5 mai 1994, n 91-22.340 ; Cass. soc.,
o
9 févr. 1995, n 93-10.003).
L’écoulement de la prescription prévue à l’article L. 244-3 du Code
de la sécurité sociale est interrompu par l’envoi d’une lettre
recommandée avec demande d’avis de réception valant mise en
demeure.
B Contestation du recouvrement
Que faut-il contester ? La mise en demeure notifiée par
l’organisme de recouvrement à l’issue des opérations de contrôle et
769
de redressement constitue la décision de recouvrement. À ce titre, la
mise en demeure est seule susceptible de faire l’objet, dans les
conditions fixées par les articles R. 142-1, alinéa 3, et R. 142-18 du
Code de la sécurité sociale, d’un recours contentieux et non le rejet
des observations formulées dans le cadre de la procédure
e
contradictoire de contrôle et de redressement (Cass. 2 civ., 14 févr.
o
2019, n 17-27.759).
Dès lors que l’intéressé a été dûment informé des voies et délais de
recours qui lui sont ouverts devant les juridictions du contentieux
général de la sécurité sociale, le cotisant qui n’a pas contesté en
temps utile la mise en demeure qui lui a été adressée au terme des
opérations de contrôle, ni la décision de la commission de recours
amiable saisie à la suite de la notification de la mise en demeure,
n’est pas recevable à contester, à l’appui de l’opposition à la
contrainte décernée sur le fondement de celle-ci, la régularité et le
bien-fondé des chefs de redressement qui font l’objet de la
e o
contrainte (Cass. 2 civ., 4 avr. 2019, n 18-12.014).
770
signataire était dépourvu de la qualité requise pour décerner cet
e o e
acte » (Cass. 2 civ., 28 mai 2020, n 19-11.744 ; V. contra Cass. 2
o
civ., 18 mars 2021, n 19-24.117).
771
tribunal informe l’organisme créancier dans les huit jours de la
réception de l’opposition. L’irrecevabilité de l’opposition à la
contrainte fait obstacle à tout examen au fond de la requête du
e o
débiteur (Cass. 2 civ., 10 oct. 2019, n 18-19.984).
772
– S. LEPLAIDEUR, Suspension du délai de prescription en cours de
contrôle Urssaf : une disposition réglementaire dangereuse... et
fragile, JCPS S 2019, 1245
– D. RIGAUD et al., Le contrôle Urssaf : bilan 2017, JCP S 2018,
1151
– D. RIGAUD et al., Le contrôle Urssaf : bilan 2018, JCP S 2019,
1128
– Ch. WILLMANN, Contrôle URSSAF et droits du cotisant : la Charte
du cotisant contrôlé enfin opposable (mais pourquoi faire ?),
o
Lexbase Hebdo éd. sociale n 684, 19 janv. 2017
773
o
Fiche n 65 Le contrôle des arrêts
de travail
L’ESSENTIEL
Les arrêts de travail, prescrits par les médecins traitants, ont pour
bénéficiaires les assurés sociaux.
LES CONNAISSANCES
774
L’absentéisme au travail est un phénomène dont les causes
demeurent méconnues et mal définies. Souvent le doute plane sur
l’arrêt de travail. Le salarié est suspecté d’abus lorsqu’il s’adresse à
son médecin traitant pour obtenir un certificat attestant de son
incapacité temporaire d’exécuter sa prestation de travail. Est tout
aussi suspect le médecin qui accède à cette demande en établissant
un arrêt de travail.
I. Entente préalable
775
(CSS, art. L. 162-1-15, I)
La première manière de « responsabiliser » les prescripteurs est visée à l’article
L. 162-1-15 du Code de la sécurité sociale. Une prérogative de grande importance
est confiée au directeur de l’organisme local d’assurance maladie.
Ce dernier « peut décider, […], de subordonner à l’accord préalable du service du
contrôle médical, […] la couverture d’actes, produits ou prestations ».
Ce dispositif est déclenché notamment lorsque le service du contrôle médical
constate « un nombre ou d’une durée d’arrêts de travail prescrits par le
professionnel de santé et donnant lieu au versement d’indemnités journalières ou
d’un nombre de tels arrêts de travail rapporté au nombre de patients pour lesquels
au moins un acte ou une consultation a été facturé au cours de la période
considérée significativement supérieurs aux données moyennes constatées, pour
une activité comparable, pour les professionnels de santé exerçant la même
profession dans le ressort de la même agence régionale de santé ou dans le
ressort du même organisme local d’assurance maladie ».
776
En cas de refus du médecin, le directeur poursuit la procédure (CSS,
L. 162-1-15, II). La décision « de subordonner à l’accord préalable
du service du contrôle médical, […] la couverture d’actes, produits
ou prestations » (CSS, art. L. 162-1-15, I) est notifiée après avis
conforme du directeur de l’Union nationale des caisses d’assurance
maladie ou de son représentant désigné à cet effet. Son avis est
réputé conforme dans un délai précisé par voie réglementaire (CSS,
L. 162-1-15, II bis). Le cas échéant, la durée de l’entente préalable
ne peut pas excéder six mois.
777
gestion (COG) mentionnée à l’article L. 227-1 du Code de la sécurité
sociale (CSS, L. 315-1, II, al. 2).
(CSS, R. 323-11-1)
Tout d’abord, s’agissant des heures de sortie, il est prévu que « le praticien
indique sur l’arrêt de travail soit que les sorties ne sont pas autorisées ; soit
qu’elles le sont. Dans ce cas, l’assuré doit rester présent à son domicile de 9 h à
11 h et de 14 h à 16 h, sauf en cas de soins ou d’examens médicaux. Toutefois, le
praticien peut, par dérogation […], autoriser les sorties libres. Dans ce cas, il porte
sur l’arrêt de travail les éléments d’ordre médical le justifiant ».
778
d’équilibrer la situation.
779
(CSS, art. L. 315-2-1)
Deuxièmement, le service de contrôle médical peut adopter des mesures plus
douces consistant en des recommandations : « Si, au vu des dépenses
présentées au remboursement ou de la fréquence des prescriptions d’arrêt de
travail, le service du contrôle médical estime nécessaire de procéder à une
évaluation de l’intérêt thérapeutique, compte tenu de leur importance, des soins
dispensés à un assuré ou à un bénéficiaire de l’aide médicale de l’État ou de la
prise en charge des soins urgents [V. CASF, art. L. 254-1 ; CSP, art. L. 324-1], il
peut convoquer l’intéressé. Le service du contrôle médical peut établir, le cas
échéant conjointement avec un médecin choisi par l’intéressé, des
recommandations sur les soins et les traitements appropriés. Ces
recommandations sont transmises à l’assuré ou au bénéficiaire de l’aide médicale
de l’État ou de la prise en charge des soins urgents [V. CASF, art. L. 254-1], par le
médecin choisi par celui-ci, lorsque ces recommandations sont établies
conjointement ou, à défaut, par le service du contrôle médical ».
780
o
(Cass. soc., 27 avr. 1983, n 81-40.387 ; Cass. soc., 22 juill. 1986,
o
n 84-41.588).
781
dans sa durée. Elle permet également de vérifier que le salarié
respecte les horaires de sortie prévus dans son arrêt de travail » (A.
d’Heilly, M. Biesse, En questions : le contrôle patronal des arrêts de
travail : JCP S 2020, act. 63).
Quant au choix du médecin contrôleur, il est libre sous réserve, le
cas échéant, des obligations contractuelles ou conventionnelles
o o
(Cass. soc., 7 janv. 1981, n 79-71.097 ; Cass. soc., 13 mai 1992, n
89-44.443).
Sous réserve des dispositions conventionnelles ou contractuelles
contraires, le contrôle s’effectue au domicile du salarié, ce qui
implique l’information de l’employeur des absences du domicile
o
(Cass. soc., 4 févr. 2009, n 07-43.430) et des changements
o
d’adresse par le salarié (Cass. soc., 10 mai 2001, n 98-45.851).
782
Au vu de ce rapport, le service du contrôle médical dispose de plusieurs
options.
§3 Les sanctions
783
Ainsi peut-il, dans un délai de 10 jours francs à compter de la
notification de la suspension, demander à la caisse de saisir le
service du contrôle médical pour examen de sa situation. Le service
dispose alors d’un délai de 4 jours francs pour se prononcer (CSS,
art. L. 315-1, II et D. 315-4).
e
Reprenant la jurisprudence antérieure (Cass. 2 civ., 17 sept. 2015,
o
n 14-20.343), l’article L. 323-6 du Code de la sécurité sociale
prévoit que l’exercice d’une activité – alors que l’assuré en arrêt de
travail a l’obligation de s’abstenir de toute activité non autorisée – en
contrepartie d’une rémunération, de revenus professionnels ou de
gains, il peut être prononcé une sanction financière (CSS, art.
L. 323-6, al. 3 ; les sanctions étant énoncées à l’article L. 114-17-1
du Code de la sécurité sociale). Toutefois, le prononcé de cette
sanction financière n’est pas subordonné à la démonstration de
784
e o
l’intention frauduleuse de l’assuré (Cass. 2 civ., 28 mai 2020, n 19-
14.010). Enfin, lorsque l’exercice par l’assuré d’une activité non
autorisée fait disparaître l’une des conditions d’attribution ou de
maintien des indemnités journalières, la caisse est en droit d’en
e
réclamer la restitution depuis la date du manquement (Cass. 2 civ.,
o
28 mai 2020, n 19-12.962).
785
e o e o
2 civ., 8 avr. 2010, n 08-20.906 ; Cass. 2 civ., 12 mai 2011, n 10-
e o
14.704 ; Cass. 2 civ., 28 nov. 2013, n 12-26.926).
786
P@RTIE 4
CIRCULATION ET DÉTACHEMENT
DES TRAVAILLEURS DANS
L’ESPACE DE L’UNION
EUROPÉENNE
NATIONALES
LA COORDINATION DES SYSTÈMES DE SÉCURITÉ
SOCIALE
787
788
La présente partie a pour objet de présenter le cadre juridique
applicable à la circulation et au détachement des travailleurs salariés
dans l’espace de l’Union européenne. Deux précisions s’imposent a
priori : premièrement, seront exclus de la présente étude les
travailleurs indépendants dont la mobilité intra-européenne trouve
son fondement juridique sur la liberté d’établissement (TFUE, art.
49) et la liberté de prestation des services (TFUE, art. 56).
Deuxièmement, la mobilité des travailleurs salariés peut s’effectuer
au-delà même des frontières de l’UE, dans l’espace économique
européen qui rassemble, outre les 27 États membres, les trois pays
de l’Association européenne de libre-échange (AELE), à savoir
l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein. La Suisse est également
er
concernée depuis le 1 janvier 2002, suite à la conclusion entre l’UE
et la Suisse d’un accord bilatéral sur la libre circulation des
personnes (ALCP).
789
spécificités. D’un côté, l’œuvre harmonisatrice a très largement
embrassé le domaine de l’égalité de traitement, pour s’étendre
également aux garanties entourant les relations du travail (Titre 2).
De l’autre côté, la méthode de la coordination des droits nationaux
s’est avérée plus pertinente en matière de protection sociale
(Titre 3).
790
PROLÉGOMÈNES
o
Fiche n 66 La mobilité internationale des travailleurs
salariés
o
Fiche n 67 Le Droit social de l’Union Européenne
791
o
Fiche n 66 La mobilité internationale
des travailleurs salariés
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
792
professionnelles a rendu indispensable la construction d’un droit
social européen et international (§ 2).
793
internationale : détachements, expatriations, mises à disposition,
immigrations. En même temps, les entreprises sont placées en
situation de concurrence accrue, car les délocalisations vont de pair
avec le fameux dumping social qui consiste en la recherche de la
législation la moins contraignante et la moins coûteuse.
794
juridique de ses États membres, ayant pour sujet non seulement les
États, mais également des personnes privées ou des particuliers,
créant des droits et des obligations, ainsi que des procédures
administratives propres permettant de sanctionner toute violation
éventuelle (CJCE 5 févr. 1963, Van Gend en Loos, aff. 26/62 ; CJCE
15 juillet 1964, Costa, aff. 6-64 ; CJCE 13 novembre 1963,
Commission c. Luxembourg et Belgique, aff. 90-91/63).
795
travailleurs et b) égaliser, dans le progrès, les conditions de vie
et de travail de la main d’œuvre salariée. À cette fin, l’ex-
article 118 confiait à la Commission européenne une mission
« douce » de coordination, à savoir la promotion de la
collaboration étroite entre les États membres dans le domaine
social. Cependant, si les objectifs n’ont pas changé depuis le
Traité de Rome, trois étapes ultérieures ont permis de faire de
l’« Europe sociale » une réalité. À commencer par l’Acte
unique européen de 1986 qui fait coup double : d’abord, il
introduit dans le traité CE de nouvelles dispositions et de
nouveaux objectifs, à l’instar de l’amélioration du milieu de
travail, du dialogue social et de cohésion économique et
sociale ; ensuite, il modifie le processus d’adoption des règles
sociales, en étendant le champ de la majorité qualifiée. Par la
suite, même si le Traité de Maastricht de 1992 contient peu de
dispositions en matière sociale, il comporte, en annexe, un
protocole relatif à la politique sociale décrivant les objectifs
d’une politique sociale européenne et habilitant le Conseil à
adopter à la majorité qualifiée des prescriptions minimales. Une
autre innovation réside dans le renforcement de l’importance
accordée aux partenaires sociaux dans le processus
d’élaboration de la norme sociale. Par l’intégration de ce
protocole dans son corps, le Traité d’Amsterdam de 1997
modifie sensiblement la question sociale. Il a créé, en particulier,
un titre relatif à l’emploi, en prévoyant la mise en œuvre de la
méthode ouverte de coordination (MOC) et établi des
dispositions sur la lutte contre les discriminations ainsi que sur
l’égalité de traitement entre hommes et femmes en matière
d’emploi et de travail. De plus, la compétence sociale de l’Union
est élargie et les partenaires sociaux voient de nouveau leur
796
rôle renforcé dans l’élaboration et la mise en œuvre du droit de
l’Union européenne. Bien que les Traités ultérieurs de Nice
(2001) et de Lisbonne (2007) n’aient pas apporté de
modifications substantielles en matière sociale, ce dernier a
néanmoins clairement affirmé la dimension sociale de la
construction européenne (TFUE, art. 3, al. 3), notamment par la
consécration d’un sommet social tripartite pour la croissance et
l’emploi (TFUE, art. 152) et la reconnaissance de la force
obligatoire de la Charte des droits fondamentaux (TFUE, art. 6).
797
La majorité qualifiée au sein du Conseil – Les
décisions dans le domaine social
L’article 16, § 3 TUE dispose que « le Conseil statue à la majorité qualifiée, sauf
dans les cas où les traités en disposent autrement ».
Sur le fond, il s’agit de l’une des modalités de vote au sein du Conseil (TFUE, art.
238) qui envisage d’équilibrer les multiples disparités démographiques et
économiques importantes entre les États membres dans la prise de décisions
(TFUE, art. 4).
Dans une communication du 16 avril 2019 « Une prise de décision plus efficace en
matière de politique sociale : renforcer le passage au vote à la majorité qualifiée
dans certains domaines », la Commission défend un recours accru au vote à la
majorité qualifiée dans le domaine de la politique sociale, par l’utilisation des
« clauses passerelles » prévues par le Traité, mais avec prudence et dans le
plein respect du rôle des partenaires sociaux européens et de leurs accords. De
798
son côté, le Parlement européen a adopté, le 17 décembre 2020, une résolution
sur « une Europe sociale forte pour des transitions justes ». Parmi ces
propositions, figure aussi l’extension du processus de décision à la majorité
qualifiée à davantage de domaines de la politique sociale, à l’instar de la non-
discrimination, de la protection sociale des travailleurs (excepté pour les
travailleurs transfrontaliers), de la représentation et de la défense collective des
intérêts des travailleurs et des employeurs (points 4 à 6).
799
institutions a pris la forme d’une simple coordination des
législations nationales. Il s’agit, en particulier, d’un mécanisme
d’articulation des systèmes juridiques les uns avec les autres. Il
n’est donc absolument pas question que le droit de l’Union
établisse des règles communes de sécurité sociale
indifféremment applicables dans tous les États membres.
Par ailleurs, le Traité d’Amsterdam a introduit une nouvelle
méthode d’harmonisation sociale dite de « méthode
ouverte de coordination » (MOC). Il s’agit d’une méthode
de convergence progressive qui prévaut en matière de
politique de l’emploi (TFUE, art. 145). Elle apparaît comme
une méthode alternative à l’harmonisation, fondée sur la
diffusion des meilleures pratiques à adopter en la matière
via des mécanismes de coordination non contraignants.
Elle implique ainsi un certain processus de fixation des
objectifs de convergence, d’élaboration des plans
nationaux, de remise de rapports périodiques, d’adoption
des recommandations destinées aux États dans le cadre du
Semestre européen et d’un suivi par les pairs. À l’heure
actuelle, une MOC « sociale » regroupe trois domaines
principaux de coopération politique, à l’instar de l’inclusion,
de retraite et de soins de santé. Assez souvent, les
orientations politiques de l’Union sont concrétisées dans
une recommandation de la Commission et du Conseil
(TFUE, art. 288, al. 5). Bien que dépourvues de valeur
juridique contraignante, les recommandations permettent
aux institutions d’inciter les États à suivre une ligne de
conduite déterminée et jouent, ainsi, en pratique, un rôle
non négligeable dans le rapprochement des législations.
800
Mainstreaming / Clause sociale horizontale
Appartenant au jargon de l’Europe sociale, le mainstreaming constitue un concept
clé dans l’action de l’Union européenne. Il s’agit, en particulier, de prendre
systématiquement en compte, dans la mise en œuvre des politiques européennes,
certains objectifs sociaux, à l’instar de l’égalité des genres, de la compensation
des handicaps, de la lutte contre la pauvreté ou de la promotion d’un niveau
d’emploi élevé. Cette logique de mainstreaming est inscrite dans les traités. Ainsi,
l’article 8 TFUE, issu du traité d’Amsterdam, prévoit que « pour toutes ses actions,
l’Union cherche à éliminer les inégalités, et à promouvoir l’égalité, entre les
hommes et les femmes ». De plus, une clause sociale horizontale est consacrée
par l’article 9 TFUE en vertu duquel toutes les actions et les politiques de l’Union
doivent être définies en tenant compte des exigences liées à la promotion d’un
niveau d’emploi élevé, à la garantie d’une protection sociale adéquate, à la lutte
contre l’exclusion sociale, ainsi qu’à un niveau élevé d’éducation, de formation et
de protection de la santé humaine. Cependant, à l’heure actuelle les implications
de cette clause sociale horizontale demeurent incertaines, dans la mesure où la
plupart d’études d’impact ne contiennent pas une évaluation de l’impact social.
801
Semestre européen : coordination des politiques
économiques, budgétaires, sociales et du travail au sein
de l’UE
Lancé en 2010, le Semestre européen permet aux États membres de coordonner
leurs politiques économiques tout au long de l’année et relever les défis
économiques auxquels l’Union est confrontée. Outre son objectif principal de
garantir la solidité des finances publiques, il vise également à soutenir les
réformes structurelles visant à créer plus d’emplois, à accélérer la croissance et
à stimuler les investissements. Les questions sociales occupent une place de
plus en plus centrale depuis quelques années dans le processus du
Semestre européen. Le cycle annuel du Semestre commence en novembre
lorsque la Commission européenne fixe les priorités pour l’année à venir. Elle
donne ainsi, la possibilité aux États membres de discuter de leurs programmes
économiques, budgétaires et sociaux avec les partenaires au sein de l’Union et de
préparer leurs programmes nationaux. En matière d’emploi, notamment, un
projet de rapport conjoint sur l’emploi (RCE) est présenté au mois de novembre.
En avril, les États membres soumettent leurs programmes nationaux de réforme
(PNR) et la Commission élabore, sur la base de leurs évaluations (y compris une
évaluation des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Socle européen des
droits sociaux, V. infra), des recommandations sur mesure à l’intention de chaque
État membre (dites de « paquet de printemps »). Ces recommandations
stratégiques font l’objet de discussions entre les États membres au sein du
Conseil. Elles sont approuvées par les dirigeants de l’Union en juin, avant d’être
adoptées par le Conseil en juillet. Les gouvernements intègrent, par la suite, ses
recommandations à leurs programmes de réforme et au budget de l’année
suivante.
802
recommandations par pays concernaient uniquement leur situation
budgétaire et il n’y avaient pas de recommandations structurelles
(ex : en matière d’emploi) pour les États membres qui avaient déjà
présenté leurs plans de la relance et de la résilience. Ouvert en
novembre 2021, le cycle du Semestre européen 2022 reprend sa
vaste coordination des politiques économiques et de l’emploi, en
s’adaptant aux exigences de la mise en œuvre de la FRR.
803
804
PLAN D’ACTION SUR L’APPLICATION DU SOCLE
EUROPEEN DES DROITS SOCIAUX
Bien que dépourvu de valeur juridique normative, le socle européen des droits
sociaux constitue actuellement l’instrument principal qui circonscrit la politique
sociale de l’UE. Il constitue le guide vers une Europe sociale plus forte et définit la
vision de la nouvelle règlementation sociale européenne. Adopté le 4 mars 2021
dans un contexte particulier marqué par les impacts de la crise sanitaire liée à la
maladie de Covid-19, le plan d’action vise à poursuivre la mise en œuvre des
principes du socle. À cette occasion, la Commission européenne a communiqué
les trois grands objectifs à atteindre d’ici à 2030 :
805
POUR ALLER PLUS LOIN…
806
– Ph. DELIVET, Les politiques de l’Union Européenne, La
documentation Française 2013.
– I. DESMIDT, La mobilité internationale des salariés, GERESO
2017.
– E. GRASS, L’Europe sociale, La documentation Française 2013.
– N. MILOTAY, « La gouvernance sociale dans l’Union
européenne », Service de recherche du Parlement européen,
Novembre 2017.
– M.-A. MOREAU, Normes sociales, droit du travail et
mondialisation, Confrontations et mutations, Dalloz, 2006, p.13.
– E. PATAUT, « Tours et détours de l’Europe sociale », RTDE, 2018,
p. 9.
– M. SCHMITT, « La dimension sociale du traité de Lisbonne », Dr.
soc., 2010, p. 682.
807
o
Fiche n 67 Le Droit social de l’Union
Européenne
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
808
§1 Les institutions de l’Union Européenne
(TFUE, art. 5 § 3)
En vertu du principe de subsidiarité, en particulier, « l’Union intervient seulement
si, et dans la mesure où, les objectifs de l’action envisagée ne peuvent pas être
atteints de manière suffisante par les États membres, tant au niveau central et au
niveau régional et local, mais peuvent l’être mieux, en raison des dimensions ou
des effets de l’action envisagée, au niveau de l’Union ».
809
contenu et la forme de l’action de l’Union n’excèdent pas ce qui est
nécessaire pour atteindre les objectifs des traités ». Le respect de
ces deux principes fait l’objet d’un contrôle « minimum » par la Cour
de Justice de l’Union Européenne (CJUE).
(TFUE, art. 4 § 3)
Il s’agit du principe de coopération loyale, en vertu duquel « l’Union et les États
membres se respectent et s’assistent mutuellement dans l’accomplissement des
missions découlant des traités ».
810
compléter leur action, sans pour autant remplacer leur compétence
et en excluant toute mesure d’harmonisation des dispositions
législatives ou réglementaires en la matière.
Domaine des compétences de l’Union Européenne : En vue
de réaliser ses objectifs en matière sociale (TFUE, art. 151),
l’Union soutient et complète les actions de États membres dans
un domaine social très vaste (TFUE, art. 153 § 1). Sont en
particulier concernées : l’amélioration du milieu de travail pour
protéger la santé et la sécurité des travailleurs ; les conditions
de travail ; la sécurité sociale et la protection sociale des
travailleurs ; la protection des travailleurs en cas de résiliation
du contrat de travail ; l’information et la consultation de
travailleurs ; la représentation et la défense collective des
intérêts des travailleurs et des employeurs ; les conditions
d’emploi des ressortissants des pays tiers se trouvant en séjour
régulier sur le territoire de l’Union ; l’intégration des personnes
exclues du marché du travail ; l’égalité entre les hommes et les
femmes en ce qui concerne leurs chances sur le marché du
travail et le traitement dans le travail ; la lutte contre l’exclusion
sociale et la modernisation des systèmes de protection sociale.
Cependant, le traité a écarté les compétences de l’Union en matière
de politique sociales relatives aux rémunérations, au droit
d’association, au droit de grève et au lock-out (TFUE, art. 153 § 5).
Cette exclusion s’explique notamment par la nécessité de concilier le
droit d’action collective et le respect des libertés économiques qui
sont au fondement de l’Union (CJCE, 11 déc. 2007, International
Transport Workers’ Federation c. Viking Line, aff. C-438/05 CJCE ;
CJCE, 18 déc. 2007, Laval un Partneri Ltd, aff. C-341/05).
811
Le Conseil européen (TFUE, art. 15) constitue indiscutablement
l’un des organes cardinaux de l’Union européenne, dans la mesure
où il représente le plus haut niveau de la coopération politique entre
les États membres. Réunissant les chefs d’États ou de
gouvernements, son rôle consiste dans la désignation des grandes
impulsions, orientations et priorités des politiques européennes.
Cependant, il n’adopte pas d’actes législatifs. Cette mission
appartient au Conseil (ou Conseil des ministres, TFUE, art. 16)
qui est un organe collégial composé des représentants des États
membres au niveau ministériel susceptibles d’engager leurs
gouvernements. Chaque conseil change en fonction des questions
abordées. Ainsi, en matière sociale, il réunira naturellement les
ministres nationaux ayant compétence en ce domaine. Le Conseil
est en principe compétent pour arrêter les actes qui vont constituer
la réglementation européenne, sur proposition de la Commission et
après avis du Parlement européen. Avec ces deux dernières
institutions, ils constituent ce qu’il est convenu d’appeler le « triangle
institutionnel ».
812
économique. Elle gère aussi le Fonds social européen plus (FSE+),
instrument financier de l’Union destiné à soutenir l’emploi dans les
États membres et à promouvoir la cohésion sociale et économique.
813
décisions ils ont déclenché les initiatives les plus importantes de la
Commission dans ce domaine. Le développement jurisprudentiel du
principe de non-discrimination en constitue l’un des exemples les
o
plus symboliques (V. Fiche n 72). Exécutant principalement le
contrôle juridictionnel dans l’Union européenne (contentieux de la
légalité des actes des Institutions de l’Union ; contentieux des
manquements des États membres ; renvois préjudiciels), la CJUE
assure également la sauvegarde des droits fondamentaux à l’égard
des actions des institutions et, de façon plus générale, constitue un
facteur incontestable d’intégration.
814
Autorité européenne du travail
Proclamée le 13 septembre 2017, l’Autorité européenne du travail a été instituée
o
par la Régulation n 2019/1149 du 20 juin 2019. Installée à Bratislave, cette
nouvelle Agence européenne contribue à renforcer l’équité et la confiance dans le
marché intérieur, voire à assurer un meilleur fonctionnement du marché du travail
européen dans lequel 17.9 millions de citoyens étaient mobiles en 2019 (Source :
Rapport annuel 2020 sur la mobilité intra-européenne les données concernent la
mobilité dans l’UE des 28). Inscrite dans la mise en œuvre du socle européen des
droits sociaux (V. infra), l’Autorité assiste les États membres et la Commission en
ce qui concerne les questions liées à l’application et au respect effectifs du droit de
l’Union relatif à la mobilité de la main-d’œuvre (relevant de la liberté de circulation,
de l’immigration légale aux fins d’emploi et du détachement dans le cadre de
prestation de services) dans l’ensemble de l’Union et à la coordination des
systèmes de sécurité sociale au sein de l’Union (Art. 1§2 du Règlement). En effet,
assurer l’application effective du droit de l’Union implique nécessairement une
coopération et échange structurés entre les autorités nationales compétentes, à
travers notamment l’organisation d’inspections concertées ou encore la formation
du personnel en vue de traiter les situations de travail transfrontalières.
815
Enfin, l’AET développe une action très importante dans le secteur du transport
international. Des inspections conjointes ont été déjà menées en Bulgarie, aux
Pays-Bas et en Italie en vue de combattre les violations des droits sociaux des
travailleurs dans ce secteur. À cet égard, l’Autorité a publié son cadre d’action
dans le secteur du transport pour 2022
(V. https://www.ela.europa.eu/sites/default/files/2022-03/ela-framework-action-
road-transport-2022.pdf).
816
2021/1057, art. 3). Ensuite, l’inclusion sociale et la lutte contre la
pauvreté en se concentrant sur les enfants, les jeunes, les
demandeurs d’emploi, les chômeurs de longue durée et les groupes
défavorisés du travail (Règl. 2021/1057, art. 4). Enfin, l’éducation, la
formation et l’apprentissage tout au long de la vie, en promouvant
notamment le développement des compétences des travailleurs
pour s’adapter à la transition vers une économie verte et digitale
(Règl. 2021/1057, art. 4). Son action se traduit par une combinaison
d’aides européennes et nationales (principe du cofinancement) dans
le cadre des projets nationaux et régionaux liés à l’emploi, à la
promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, à la lutte
contre la pauvreté, aux actions favorisant l’inclusion sociale ou
l’accessibilité pour les personnes défavorisées (personnes
handicapées, migrants, réfugiés). Son budget pour la période 2021-
2027 est établi à 99,3 milliards d’euros (Règl. 2021/1057, art. 5 et
https://ec.europa.eu/european-social-fund-plus/fr).
Par ailleurs, une série d’autres organes a été mise en place au fur et
à mesure afin de répondre aux besoins des différentes politiques et
réglementations spéciales, à l’instar de : sommet social tripartite
ayant remplacé le comité permanent de l’emploi ; le comité du
FSE+ ; le Centre européen pour le développement de la
Formation professionnelle ; la Fondation européenne pour
l’amélioration des conditions de vie et de travail et différents
comités consultatifs (pour la libre circulation des travailleurs ; pour
la sécurité sociale des travailleurs migrants ; pour la sécurité et la
santé sur le lieu de travail et pour l’égalité des chances entre les
hommes et les femmes).
817
Né du syndicalisme mondial, le syndicalisme européen s’est
beaucoup développé depuis l’Accord sur la politique sociale en
1992. Le Traité d’Amsterdam a explicitement reconnu le rôle du
dialogue social au niveau européen en intégrant dans le corps du
Traité les procédures de consultation et de négociation entre
partenaires sociaux (à l’heure actuelle, TFUE art. 152).
Les organisations syndicales européennes : le syndicalisme
s’est doté de structures européennes, tant du côté des
travailleurs que celui des employeurs, ayant aussi bien une
dimension sectorielle qu’interprofessionnelle. La Commission
européenne reconnaît leur représentativité selon trois critères
dévoilés dans sa communication du 14 décembre 1993
(représentativité légale). Il faut, en particulier, que les
syndicats soient organisés au niveau européen, qu’ils soient
composés d’organisations elles-mêmes reconnues
représentatives dans tous les États membres et, enfin, qu’ils
soient suffisamment structurés pour pouvoir prendre
efficacement part au dialogue social à l’échelle européenne.
Selon la dernière actualisation des listes, sont représentatives 6
organisations syndicales interprofessionnelles, trois
représentant les travailleurs (Confédération européenne des
syndicats ; Confédération européenne des cadres ; Eurocadres)
et trois représentant les employeurs (Business Europe ; Union
européenne de l’artisanat et des petites et moyennes
entreprises, Centre européen des entreprises à participation
publique et des entreprises d’intérêt économique général). À
côté des organisations interprofessionnelles, existent
également, des organisations spécifiques (Eurochambres) et de
nombreuses organisations sectorielles représentant les
818
employeurs. Ces deux dernières sont également consultées au
titre de l’article 154 TFUE (V. Infra).
819
l’orientation possible d’une action de l’Union et la seconde porte
concrètement sur le contenu de la proposition envisagée. Si les
partenaires sociaux émettent un avis qui n’engage en principe pas la
Commission, ils exercent pourtant un fort lobbying auprès des
Institutions de l’Union et y mettent de pression. Par ailleurs, la
seconde consultation peut aboutir à des relations conventionnelles, y
compris des accords. En effet, l’article 154 § 3 TFUE leur fournit
l’opportunité de s’engager dans une procédure de négociation
collective de dimension européenne, en vue de parvenir à un
accord-cadre sur la question qui leur est soumise (TFUE, art. 154
§ 4). Dans cette hypothèse, la Commission suspend son action de
proposition pendant 9 mois.
Si la négociation aboutit, un accord-cadre est conclu. L’article 155
TFUE prévoit deux procédures alternatives de mise en œuvre (selon
les procédures et pratiques propres aux partenaires sociaux et aux
États membres ou par voie de directive sur décision du Conseil). En
effet, les accords conclus au niveau européen ne sont pas, au sens
du Code du travail, des accords collectifs. Par conséquent, ils ne
s’imposent pas par eux-mêmes à tous les salariés de l’Union, mais
uniquement aux parties signataires ; d’où la nécessité de leur mise
en œuvre. D’un autre côté, si les négociations échouent, la
Commission peut décider de proposer un projet de texte ou alors
d’arrêter le processus normatif. À titre d’exemple, sont issues du
dialogue social européen la directive 96/34 du 3 juin 1996 sur le
congé parental (accord-cadre du 14 décembre 1995), la directive
1999/70 du 28 juin 1999 concernant les dispositions particulières
aux CDD (accord-cadre du 18 mars 1999) et la directive 97/81 du
15 décembre 1997 sur les dispositions particulières applicables au
contrat de travail à temps partiel (accord-cadre du 6 juin 1997).
820
Dans tous les cas, les partenaires sociaux européens peuvent
engager des négociations collectives indépendamment de
l’ouverture de l’article 154 TFUE, c’est-à-dire de façon autonome et
hors de toute consultation par la Commission. Ces accords-cadres
dits « autonomes » n’ont pas, corrélativement, la force juridique
attachée aux directives. Il revient donc aux partenaires sociaux
nationaux de les transposer en procédant aux négociations
nécessaires. L’action des syndicats européens nous offre plusieurs
exemples en la matière, à l’instar de : l’accord-cadre sur le télétravail
du 16 juillet 2002 ; l’accord-cadre sur le stress au travail du 8 octobre
2004 ; l’accord-cadre sur le harcèlement du 26 avril 2007 ; l’accord-
cadre sur les marchés du travail inclusifs du 25 mars 2010 ; l’accord-
cadre sur le vieillissement actif au travail du 8 mars 2017 et,
récemment, l’accord-cadre sur la numérisation du 22 juin 2020. Avec
ce dernier accord, les partenaires sociaux européens visent à
soutenir la réussite de la transformation numérique de l’économie
européenne et à gérer ses importantes implications pour les
marchés du travail, le monde du travail et la société en général.
821
Par un arrêt rendu le 2 septembre 2021 (European Federation of Public
Service Unions c./Commission européenne, aff. C-928/19), la Cour de justice s’est
exprimée pour la première fois sur les relations des partenaires sociaux européens
avec la Commission européenne, notamment dans le cadre du processus de
consultation prévue par l’article 155 TFUE. Si les partenaires sociaux disposent
d’une autonomie qui leur permet d’engager ou de ne pas engager les négociations
susceptibles d’aboutir à la conclusion d’un accord, il est reconnu à la Commission
européenne une marge d’appréciation pour décider l’opportunité de présenter au
Conseil une proposition en vertu de l’article 155(2) TFUE. En d’autres termes,
l’existence de cette autonomie ne signifie pas que la Commission soit tenue de
donner suite à une demande conjointe présentée par les parties signataires d’un
accord et tendant à la mise en œuvre de cet accord au niveau de l’Union, au titre
de l’art. 155(2) TFUE. Or, cela reviendrait à reconnaître à ces partenaires sociaux
un pouvoir d’initiative propre qui ne leur appartient pas. Par conséquent, le
contrôle juridictionnel de la Cour est limité se rapportant à ce type de décisions où
les institutions sont amenées à prendre en considération des intérêts partiellement
divergents et à prendre de décisions impliquant des choix politiques tenant compte
de considérations d’ordre politique, économique et social.
822
I. Le droit originaire
823
place le Fonds social européen (devenu FSE+, V. Infra).
Troisièmement, l’article 166 TFUE sur la compétence d’appui de
l’Union en matière des politiques nationales de la formation
professionnelle.
824
sécurité du travail ; temps de travail ; égalité homme-femme ; congé
maternité ; équilibre entre vie professionnelle et vie privée des
parents et des aidants ; comité d’entreprise européen ; licenciements
collectifs ; conditions de travail transparentes et prévisibles ; travail à
temps partiel ; maintien des droits en cas de transfert d’entreprises ;
consultation des travailleurs en cas de licenciement ; détachement
des travailleurs etc.
825
illustratif le règlement (CEE) 1612/68 du Conseil relatif à la libre
circulation des travailleurs à l’intérieur de la Communauté et le
règlement 883/2004/CE du Parlement européen et du Conseil,
portant sur la coordination des systèmes de sécurité sociale.
826
la catégorie de soft law – sont peu utilisées. Il en va de même des
résolutions portant sur une question précise. Citons, à titre
d’exemple, la résolution du Conseil du 15 novembre 2007 sur les
compétences nouvelles pour des emplois nouveaux et la
recommandation 2019/C 387/01 du Conseil du 8 novembre 2019
relative à l’accès des travailleurs salariés et non-salariés à la
protection sociale.
827
Cependant, malgré son contenu riche, la Charte n’est qu’une
déclaration, sans portée juridique précise, voire sans force
juridique contraignante de sorte que les droits qu’elle énonce ne
sont pas d’applicabilité directe. Il appartient aux États membres la
responsabilité principale de les garantir. En revanche, elle a une
signification politique importante. À cet égard, il ne faut pas négliger
son rôle considérable, notamment au début des années 90, dans le
développement des initiatives et des actions de l’Union en matière
sociale ; la Commission ayant adopté de nombreuses directives de
nature à en assurer l’application. Par ailleurs, elle est prise en
considération tant dans les interprétations de la CJUE que dans
celles des juridictions nationales.
828
Cependant, elle n’appelle pas au développement d’une action
normative ayant pour objet d’assurer la protection des droits qu’elle
protège. Autrement dit, elle encadre seulement l’action de l’Union en
la soumettant au respect des droits fondamentaux.
829
Jurisprudence – rôle de la CJUE
La Cour de Justice de l’Union européenne s’efforce ces dernières années
d’assurer la protection des droits fondamentaux et, de préciser leur ampleur.
Concernant, en particulier, le droit à une période annuelle de congés payés
(art. 31§2 de la Charte), la Cour lui a reconnu un effet horizontal direct, en raison
de son caractère impératif qui trouve sa source dans divers instruments
internationaux et non seulement dans la législation de l’Union (CJUE, 6 nov. 2018,
Marx Planck et Bauer &Willmeroth, aff. C-684/16 et C-569/16 et C-570/16).
830
Le socle européen des droits sociaux
Le 26 avril 2017, la Commission européenne a adopté sa proposition sur le socle
européen des droits sociaux. Il repose sur 20 principes-clés qui se déclinent
autour de trois thématiques : a) égalité des chances et accès au marché du
travail ; b) conditions de travail équitables ; c) protection et insertion sociales. Son
objectif est essentiellement de sauvegarder la libre circulation des travailleurs et
de lutter contre les abus et les risques du dumping social. Mais, en réalité de
préoccupations économiques sont également prises en considération, à savoir
assurer la stabilité de l’ensemble de la zone euro. Bien qu’il soit dépourvu de
valeur juridique contraignante, une série d’actions législatives s’inscrivent dans
le cadre de la mise en application du Socle. Il s’agit, tout d’abord, de deux
Directives : d’une part, la Directive 2019/1152 adoptée le 19 juin 2019 relative à
des conditions de travail transparentes et prévisibles dans l’UE et, d’autre part, la
Directive 2019/1158 adoptée le 20 juin concernant l’équilibre entre vie
professionnelle et vie privée des parents et des aidants.
831
c) recommandation relative aux comptes de formation individuels.
Bien que dépourvus de valeur juridique contraignante, ces trois textes s’inscrivent
dans la dynamique actuelle dominante au sein de l’UE qui est celle de la politique
de l’emploi.
832
833
834
835
POUR ALLER PLUS LOIN…
– J.-F. AKANDJI-KOMBE, « De l’invocabilité des sources
européennes et internationales du droit social devant le juge
interne », Dr. soc., 2012, p. 1014
836
– B. BERCUSSON, « Qu’attendre de la promotion de la Charte des
droits fondamentaux par le Traité de Lisbonne ? », RDT 2008,
p. 74
– K. CHATZILAOU, « Vers un socle européen des droits sociaux :
quelles inspirations ? », RDT 2017, p. 175
– J.-G. HUGLO, Le rôle de la Cour de cassation dans l’articulation
des normes en droit du travail, Dr. soc., 2017, p. 404
– S. LAULOM, « Passé, présent et futur de la négociation collective
transnationale », Dr. soc., 2007, p. 623
– E. MAZUYER, « Les instruments juridiques du dialogue social
européen : état des lieux et… », Dr. soc., 2007, p. 476
– P. RODIERE, « Le dévissement de l’Europe sociale sur les
“explications” du socle européen des droits sociaux par la
Commission », RTDE, 2018, p. 45
– G. SANTORO, « L’évaluation des accords-cadres européens : un
état des lieux, de la négociation à la phase d’exécution », Dr. soc.,
2015, p. 15
– Ch. VIGNEAU, « Partenaires sociaux européens et nouveaux
modes communautaires de régulation : la fin des privilèges ? », Dr.
soc., 2004, p. 883
– S. ROBIN-OLIVIER, « Chronique Politique sociale de l’UE – La
politique sociale de l’Union Européenne à l’heure du centenaire de
l’OIT », RTD Eur. 2019, p. 693
– P-Y. VERKINDT, « L’appel aux droits fondamentaux en matière
sociale », Dr. soc. 2019, p. 503
– J.-J. GATINEAU, « L’accueil du droit européen en droit français :
des progrès notables », Dr. soc. 2019, p. 498
837
TITRE 1
LA CIRCULATION DES TRAVAILLEURS
SALARIÉS DANS L’ESPACE DE L’UNION
EUROPÉENNE
838
SOUS-TITRE 1
LES TRAVAILLEURS SALARIÉS CITOYENS
DE L’UNION EUROPÉENNE
o
Fiche n 68 La libre circulation des travailleurs (le principe)
o
Fiche n 69 La libre circulation des travailleurs
(les limitations)
839
o
Fiche n 68 La libre circulation
des travailleurs (le principe)
L’ESSENTIEL
840
Krauss, aff. C-19/92) qui dispose d’un domaine personnel assez
vaste.
LES CONNAISSANCES
§1 Les bénéficiaires
Jurisprudence
La CJUE a développé un important et abondant contentieux sur la définition
de la notion de travailleur qui « revêt une portée autonome propre au droit de
l’Union et ne doit pas être interprétée de manière restrictive » (CJCE 21 févr.
2013, L.N., aff. C-46/12 ; CJUE, 20 nov. 2018, Sindicatul Familia Constanţa e.a.,
C 147/17).
841
Jurisprudence
Concernant, tout d’abord, les travailleurs salariés, la Cour a repris le critère
classique de subordination, en vertu duquel la relation de travail se caractérise par
le fait qu’une personne exécute ses prestations, pendant un certain temps, en
faveur d’une autre personne, et sous sa direction, en échange d’une rémunération
(CJCE, 3 juil. 1986, Lawrie-Blum, aff. 66/80 ; CJCE, 31 mai 1989, Bettray, aff.
344/87 ; CJCE, 8 juin 1999, Meeusen, aff. C-337/97 ; CJUE, 26 mars 2015, Fenoll,
aff. C-316/13 ; CJUE, 21 févr. 2018, Matzak, aff. C-518/15). Peu importe que
l’activité soit occasionnelle ou à temps partiel (CJCE, 6 nov. 2003, Ninni Orasche,
aff. C-413/01) ; ce qui compte est qu’elle soit « réelle et effective » (CJCE, 21 févr.
2013, L.N., aff. 46/12 ; CJCE, 4 juin 2009, Vatsouras et Koupatanze, aff. C-22/08
et C-23/08) sans se limiter à une tâche marginale et accessoire (CJCE, 23 mars
1982, D.M. Levin, aff. 53/81). Peu importe également que le travail soit exercé
dans le secteur privé ou public ou même le niveau de rémunération. Ainsi, un
stagiaire rémunéré détient la qualité de travailleur (CJCE, 26 févr. 1992, Bernini,
aff. C-3/90). Il en est de même d’un chercheur qui prépare un doctorat et qui
bénéficie d’un contrat de bourse (CJCE, 17 juil. 2008, Raccanelli, aff. C-94/07).
Dans toute hypothèse, pour que les dispositions de la liberté de circulation des
travailleurs s’appliquent, il faut que l’activité ne se cantonne pas à l’intérieur d’un
seul État membre (CJCE, 16 déc. 2004, My, aff. C-293/03).
Jurisprudence
La Cour de Luxembourg a progressivement adopté une conception extensive
du travailleur qui s’exprime par le maintien de cette qualité au-delà de la période
de prestation de travail (CJCE, 26 févr. 1992, Bernini, op. cit.).
842
du régime de la libre circulation des travailleurs aux non-actifs, qui
sont principalement les retraités, les étudiants et les demandeurs
d’emploi privés involontairement d’emploi. Concernant, ces derniers,
en particulier, la directive prévoit un régime différent selon que le
contrat initial s’est déroulé sur plus d’un an ou moins d’un an. Dans
le premier cas de figure, la personne conserve le statut de travailleur
sans limitation, mais le chômeur doit être enregistré. Dans le second
cas, le statut perdure au moins 6 mois et, au-delà de ce délai, le
chômeur perdra sa qualité de travailleur, sauf s’il peut relever d’une
autre qualité. Cependant, en cas de chômage volontaire, le citoyen
européen n’est pas considéré comme travailleur, avec toutes les
conséquences corrélatives que ce statut implique.
843
Jurisprudence
La Cour de justice a jugé que la flexibilité accrue quant au choix du type de
travail et des missions à accomplir, des modalités d’exécution de ces tâches ou
travaux, des horaires et du lieu de travail, ainsi que davantage de liberté dans le
recrutement des propres collaborateurs sont les éléments qui sont en général
associés aux fonctions d’un prestataire de services indépendant (CJUE, 10 sept.
2014, Haralambidis, aff. C 270/13). Cependant, la qualification de « prestataire
indépendant », au regard du droit national, n’exclut pas qu’une personne doit être
qualifiée de « travailleur », au sens du droit de l’Union, si son indépendance n’est
que fictive, déguisant ainsi une véritable relation de travail (CJUE, 4 déc. 2014,
FNV Kunsten Informatie en Media, aff. C 413/13). Il en est ainsi d’une personne
qui, bien qu’embauchée en tant que prestataire de services indépendant au regard
du droit national, pour des raisons fiscales, administratives ou bureaucratiques,
agit sous la direction de son employeur, en ce qui concerne notamment sa liberté
de choisir l’horaire, le lieu et le contenu de son travail, ne participe pas aux risques
commerciaux de cet employeur et est intégrée à l’entreprise dudit employeur
pendant la durée de la relation de travail, formant avec celle-ci une unité
économique (Idem).
844
Travailleurs des plateformes numériques
d’intermédiation d’emploi
Faisant suite à une demande préjudicielle sur le statut juridique d’un livreur qui
travaillait pour une plateforme (Yodel), la Cour de Justice a rendu, le 22 avril 2020
une ordonnance (Yodel Delivery Network, aff. C-692/19) qui apporte des
précisions sur la distinction entre un « travailleur » placé sous un lien de
subordination et un « prestataire de services indépendant ». La Cour a, ainsi,
exclu la qualification de « travailleur » au sens de la Directive 2003/88/CE à un
livreur qui disposait des facultés : 1° de recourir à des sous-traitants ou à des
remplaçants pour effectuer le service qu’elle s’est engagée à fournir ;
845
Si le traité de Rome n’avait pas envisagé le regroupement familial,
les dispositions suivantes du droit dérivé vont l’introduire par le biais
o
du règlement n 1612/68 (aujourd’hui, art. 10 du règlement
o
n 492/2011) et de la directive 2004/38 (art. 2 et 3). Dans tous les
cas, le droit au regroupement familial s’ouvre uniquement au
bénéfice des ressortissants de l’Union exerçant leur droit de libre
circulation. La règle veut donc qu’il existe un élément de
rattachement au droit de l’Union.
846
celui qu’ils puisent dans leur qualité de membre de la famille d’un
ressortissant de l’UE. En revanche, si les membres de la famille
n’ont pas la nationalité d’un État membre, ils ne disposent pas d’un
droit de circulation et de séjour propre et autonome, mais au
contraire d’un droit dérivé du droit du travailleur ressortissant de
l’Union (CJCE, 19 oct. 2004, Chen et Zhu, aff. C-200/02). S’ils
perdent leur qualité de membre de la famille – décès du citoyen de
l’Union, divorce, disparition de la qualité de personne à charge – ils
redeviennent simplement des ressortissants extérieurs à l’Union et
seront traités comme tels, sauf certaines exceptions prévues dans
les art. 13 et 14 de la directive 2004/38.
847
BREXIT
La sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union Européenne marque aussi la fin
d’application du droit de l’Union. Cependant, la libre circulation des travailleurs
entre le RU et l’UE continuait à s’appliquer, sur la base de l’accord de retrait du
17 octobre 2019, pendant une période transitoire qui a pris fin le 31 décembre
2020. Au cours de la période de transition les citoyens européens et les
ressortissants britanniques bénéficiaient toujours de la liberté de circulation entre
les deux espaces et ils pouvaient réaliser librement des projets de mobilité
professionnelle (hormis l’impossibilité de devenir fonctionnaires européens :
art. 127 de l’accord de retrait). L’accord de retrait prévoyait également les règles
applicables après la période de transition aux Britanniques séjournant ou
travaillant déjà dans l’UE et aux Européens installés au Royaume-Uni avant 2021.
Il inclut les membres de leurs familles, y compris certains qui débuteraient leur
mobilité à partir de 2021, et organise le droit d’exercer une activité professionnelle
(art. 22 du même accord).
er
À partir du 1 janvier 2021, les relations entre le Royaume-Uni et l’UE sont
réglementés par un accord de commerce et de coopération signé le 30 décembre
er
2020 et définitivement entré en vigueur le 1 mai 2021 (entrée en vigueur
er
provisoire le 1 janvier 2021). Avec l’abandon du principe de la libre
circulation des personnes, tous les mouvements seront soumis aux législations
migratoires de l’UE et du RU respectives applicables aux ressortissants des pays
tiers au regard du droit de séjour et des droits à la protection sociale (V. Fiche 70).
848
prestation de travail et aux travailleurs un régime spécifique. Ainsi, la
qualité de citoyenneté joue simplement, en matière sociale, une
fonction subsidiaire n’intervenant qu’à défaut des dispositions
propres liées à l’activité économique.
o
(Règl. UE, n 492/2011, 5 avr. 2011, relatif à la libre circulation des travailleurs à
l’intérieur de l’Union)
er o
Selon l’article 1 du règlement n 492/2011, « tout ressortissant d’un État
membre, quel que soit son lieu de résidence, a le droit d’accéder à une activité
salariée et de l’exercer sur un territoire d’un autre État membre conformément aux
dispositions législatives, réglementaires et administratives régissant l’emploi des
travailleurs nationaux de cet État ».
849
quitter son territoire d’origine pour exercer son droit à la libre
circulation constituent des entraves à cette liberté. Tel est le cas de
l’établissement d’un système de paiement d’indemnités entre clubs
de football européens à l’occasion du transfert des joueurs
professionnels (CJCE, 15 déc. 1995, Bosman, aff. C-415/93 ; CJUE,
16 mars 2010, Olympic lyonnais, aff. C-352/08 ; CJCE, 13 avr. 2000,
Lehtonen, aff. C-176/96). Une entrave pourrait, néanmoins, se
justifier par des motifs non économiques, intéressant uniquement le
sport, afin d’éviter de fausser la régularité des compétitions. Le juge
national doit encore vérifier si elle ne va pas au-delà du nécessaire
pour atteindre cet objectif.
850
contraindre le ressortissant européen à quitter le territoire, « à
moins qu’il n’apporte la preuve qu’il continue à chercher un
emploi et qu’il a des chances véritables d’être engagé ». Tirant
les enseignements de cette jurisprudence, la directive 2004/38
qui prévoit un séjour court de trois mois, interdit l’éloignement
du territoire de l’État d’accueil d’un ressortissant – avec les
membres de sa famille – qui est en mesure de faire la preuve
qu’il continue à chercher un emploi et qu’il a des chances
réelles d’être engagé (art. 14 § 4). Il a été, par ailleurs, précisé
qu’au-delà des trois mois de séjour, l’État membre d’accueil
pouvait imposer au citoyen demandeur d’emploi de se faire
enregistrer auprès des autorités compétentes. L’article 8 § 3 de
la directive 2004 détermine les documents requis pour obtenir
une attestation d’enregistrement.
Séjour pour l’exercice d’une activité professionnelle : une
personne qui exerce une activité professionnelle dispose d’un
droit de séjour pendant toute la durée liée à cet exercice (Dir.
o
n 2004/38, 29 avr. 2004, art. 7 § 1).
Séjour après la cessation de travail : ce troisième volet du
o
séjour concerne essentiellement les non-actifs (Dir. n 2004/38,
29 avr. 2004, art. 7 § 3). Il s’agit, en particulier : du travailleur
frappé d’une incapacité de travail temporaire résultant d’une
maladie ou d’un accident ; du travailleur en chômage
involontaire, dûment constaté, après avoir été employé plus
d’un an et qui s’est enregistré en qualité de demandeur d’emploi
auprès du service de l’emploi compétent ; du travailleur en
chômage involontaire, dûment constaté à la fin de son contrat à
durée déterminée inférieure à un an ou du travailleur en
chômage involontaire depuis douze mois et qui s’est enregistré
comme demandeur d’emploi depuis douze mois (dans ce cas
851
de figure il conserve son statut de travailleur pendant au moins
6 mois) ; du travailleur en formation professionnelle à condition
qu’il existe une relation entre la formation professionnelle et
l’activité professionnelle antérieure (cette obligation de causalité
n’est pas retenue lorsque le travailleur est en situation de
chômage involontaire).
o
De plus, la directive n 2004/38 prévoit, dans son article 17 la
possibilité d’un séjour permanent dans l’État membre d’accueil après
la cessation du travail, avant même l’écoulement de 5 ans qui est la
règle (art. 16). Trois cas spécifiques sont envisagés : la retraite,
l’incapacité permanente et le travail frontalier. Cependant, les
personnes concernées doivent remplir certaines conditions liées à la
durée d’exercice de l’activité professionnelle et à celle de résidence
dans l’État d’accueil. Ce régime favorable s’étend indirectement aux
membres de la famille du travailleur, y compris ceux qui sont
ressortissants d’un États tiers (art. 17 §§3 et 4 ; CJCE, 11 déc. 2007,
Eind, aff. C-291/05).
852
appelée à l’interpréter. Sa jurisprudence est abondante en la
matière.
853
conditions que les nationaux (art. 10 du règlement, droit aux études
des enfants).
Les services publics de l’emploi (SPE) des pays de l’Union ont pour
mission principale de mettre en contact les demandeurs d’emploi
avec les employeurs. Cependant, la libre circulation des travailleurs
qui constitue l’un des fondements du droit de l’UE, ne peut pas être
réalisée sans garantir aux travailleurs européens migrants la faculté
de répondre à des offres concrètes d’emploi émises dans d’autres
régions de l’Union. À cet égard, l’Union intervient pour poser un
cadre juridique en matière de mise en contact et de compensation
des offres et des demandes d’emploi et des CV sur le marché plus
vaste européen du travail, qui ne se substitue pourtant pas aux
marchés nationaux. La crise sanitaire liée au COVID-19, ainsi que la
Guerre en Ukraine depuis le 24 février 2022 ont fortement impacté le
marché européen de l’emploi.
I. Le réseau EURES
854
En 1993, un réseau européen des services publics de l’emploi géré
par la Commission européenne (EURES, acronyme de European
employment services) a été créé afin de faciliter la coopération entre
la Commission et les services publics de l’emploi en Europe. Face
aux nouvelles exigences du marché européen de travail et afin
d’améliorer les services de recherche d’emploi et de recrutement,
ses règles d’organisation et de fonctionnement – initialement
o
déterminées par le règlement n 492/2011 et par la décision
d’exécution 2012/733 – ont fait l’objet d’une reforme par le règlement
2016/589 relatif au réseau européen des services d’emploi, à l’accès
des travailleurs aux services de mobilité et à la poursuite de
l’intégration des marchés de travail, et modifiant les règlement
o o
n 492/2011 et n 1296/2013. Le Règlement 2016/589 a été modifié
par le Règlement 2019/1149 Instituant l’Autorité européenne du
travail qui assurera désormais la gestion du bureau européen de
coordination de l’EURES, à l’exception du fonctionnement et du
développement techniques du portail EURES et des services
informatiques connexes, qui continuent d’être gérés par la
Commission (Règl. 2019/1149, art. 6).
855
même assistance que celle que les bureaux d’emploi accordent à
leurs propres ressortissants. En outre, le réseau EURES propose de
services de soutien renforcé aux personnes concernées (art. 23, 24,
26 et 27), ainsi qu’un service d’accompagnement après l’embauche
(art. 25).
856
Stratégie européenne pour l’emploi (SSE)
Avec la création d’une Stratégie Européenne pour l’emploi (SEE) en 1997, les
États membres se sont engagés à fixer un ensemble d’objectifs communs
concernant la politique d’emploi (TFUE, art. 146), notamment à créer d’emplois
plus nombreux et de meilleure qualité dans l’UE. À l’heure actuelle, cette stratégie
fait partie de la stratégie Europe 2020 en faveur de la croissance et est mise en
œuvre dans le cadre du semestre européen (V. Supra). L’Union dispose en
matière d’emploi d’une compétence spécifique, car ce sont les règles de la
Méthode ouverte de coordination (MOC) fixés par le Conseil européen de
Lisbonne qui prévalent. Précisément, ces règles, se regroupent en quatre étapes
(TFUE, art. 148) :
857
Au moment d’imprimer cet ouvrage, il y avait 3 000 000 postes
disponibles sur le portail EURES, 900 000 CV étaient affichés sur le portail et
4 000 employeurs enregistrés
858
o
Fiche n 69 La libre circulation
des travailleurs (les limitations)
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
859
Jurisprudence
Régulièrement saisie pour interprétation, la CJUE, sans donner de définition
générale, a précisé au cas par cas les comportements qui sont de nature à justifier
une mesure d’ordre public, notamment lorsqu’ils représentent une menace réelle,
actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la société (Dir.
o
n 2004/38, 29 avr. 2004, art. 27 § 2). Dans tous les cas, les exigences d’ordre
public et de sécurité publique doivent être conçues strictement (CJCE, 10 juill.
2008, Jipa, aff. C-33/07) et toute mesure d’éloignement d’un citoyen européen doit
reposer sur « un examen individuel du cas d’espèce » (CJCE, 28 juill. 2008,
o
Metock, aff. C-127/08 et Dir. n 2004/38, 29 avr. 2004, art. 28), sans pouvoir être
o
invoquée à des fins économiques (Dir. n 2004/38, 29 avr. 2004, art. 27 § 1). En
outre, elle doit rester conforme « aux droits fondamentaux dont la Cour assure le
respect » (CJCE, 11 juill. 2002, Carpenter, aff. C-60/00) et ne doit pas dépasser ce
qui est nécessaire à la sauvegarde des besoins d’ordre et de sécurité publics
« dans une société démocratique » (CJCE, 28 oct. 1975, Rutili, aff. 36-75). Le
trafic de stupéfiants en bande organisée, par exemple, présente un degré de
gravité particulièrement élevé.
860
l’Union – de suspendre pendant une période transitoire le principe
de la liberté de circulation des travailleurs, sans que cela constitue
une discrimination. La période transitoire se décompose en trois
phases dont les durées respectives sont de deux, trois et deux ans.
En pratique, les États membres intéressés notifient à la Commission
européenne les mesures nationales de restrictions, mais uniquement
s’ils constatent de sérieuses perturbations sur le marché du travail.
861
I. Les emplois dans L’Administration publique
Jurisprudence
Dans son fameux arrêt Commission c./Royaume de Belgique du 18 décembre
1980 (aff. 149/79), la Cour a expressément affirmé que sont exclus du champ
d’application de la liberté de circulation des travailleurs « les emplois qui
comportent une participation à la puissance publique et aux fonctions ayant pour
objet la sauvegarde des intérêts généraux de l’État ou des autres collectivités
publiques. De tels emplois supposent, en effet, de la part de leurs titulaires,
l’existence d’un rapport particulier de solidarité à l’égard de l’État ainsi que la
réciprocité des droits et des devoirs qui sont le fondement d’un lien de
nationalité ». Cet arrêt limite la portée de l’interdiction de l’article 45 § 4 TFUE aux
fonctions « régaliennes » de l’État, à savoir la justice, la diplomatie, la défense,
l’administration fiscale et la police.
862
télédiffusion, dans les postes de télécommunications, ainsi que dans
les services de distribution d’eau, de gaz et d’électricité.
Jurisprudence
C’est la Cour de justice qui a jeté en premier les bases de la reconnaissance
mutuelle des diplômes dans son arrêt Heylens du 15 octobre 1987 (aff. 222/86) à
propos d’un entraîneur de football belge qui détenait un diplôme d’entraîneur belge
et non français et qui avait été recruté par un club français.
863
(TFUE, art. 53)
Tirant les enseignements de cette jurisprudence, les auteurs du traité ont autorisé
le Parlement européen et le Conseil à arrêter « […] des directives visant à la
reconnaissance des diplômes, certificats et autres titres, ainsi qu’à coordonner les
dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres
concernant l’accès aux activités non salariées et à l’exercice des celles-ci ».
864
Jurisprudence
Obtention de la qualification professionnelle dans
plusieurs État membres (conjointement dans l’État
d’origine et l’État d’accueil)
Par un arrêt rendu le 8 juillet 2021 (BB c./ Lietuvos Respublikos sveikatos
apsaugos ministerija, aff. C-166/20), la Cour de justice a répondu à une question
préjudicielle relevant d’une affaire où une personne avait obtenu sa qualification
conjointement dans l’État d’origine et l’État d’accueil et elle a invoqué la Directive
2005/36 pour avoir accès à une profession règlementée dans l’État d’accueil.
865
le marché intérieur et d’encourager la liberté de circulation des
professionnels : modernisation des classifications et de leur mise en
place, grâce à la généralisation dans l’Union de l’utilisation du
système des crédits dans la formation (ECTS, acronyme pour
European Credit Transfert Scale) ; mise en place de la carte
professionnelle européenne (CPE) sous forme de certificat
électronique ; simplification des procédures administratives liées à la
reconnaissance des qualifications professionnelles ; reconnaissance
des stages rémunérés etc. Dans tous les cas, l’État d’accueil peut
imposer d’éventuelles conditions d’exercice dans la mesure où elles
ne sont pas discriminatoires et elles sont objectivement justifiées et
proportionnées (V. CJCE, 10 déc. 2009, Pesla, aff. C-345/08).
III. La langue
o
(Règl. UE, n 492/2011, 5 avr. 2011, art. 3 § 1)
o
Aux termes de l’article 3 § 1 du règlement n 492/2011, un ressortissant citoyen
européen peut être écarté d’un poste de travail faute de posséder « les
connaissances linguistiques requises en raison de la nature de l’emploi à
pourvoir ».
866
En effet, l’ignorance de la langue du pays d’accueil est susceptible
de constituer un obstacle pratique important à l’exercice d’un emploi.
D’un autre côté, l’absence ou l’insuffisance de connaissance de la
867
langue ne peut pas être invoquée, de manière générale, pour
justifier un refus d’emploi.
Jurisprudence
Ainsi, au nom de la valeur fondamentale des libertés de circulation, la CJUE
interprète les limitations linguistiques de façon restrictive afin que la connaissance
de la langue ne devienne pas une entrave déguisée au recrutement des
ressortissants européens. Elle a, ainsi, refusé le contrôle préalable de la maîtrise
de la langue de l’État d’accueil aux avocats, dès lors que l’avocat exerce sous son
titre professionnel d’origine et que l’État d’accueil peut lui imposer d’agir de
concert avec un avocat ou un avoué local. Mais, elle a pu considérer que les
connaissances linguistiques constituent une condition nécessaire à l’exercice de la
profession de médecin ou de l’enseignant. Cependant, l’exigence d’une
connaissance linguistique ne peut, en aucun cas, être disproportionnée et
discriminatoire (CJUE, 16 avr. 2013, Las, aff. C-202/11).
868
– S. ROBIN-Olivier, « Chronique Libre circulation des travailleurs-
Illustrations de l’importance renouvelée de la qualification de
travailleur », RTDE, 2013, p. 855
– P. RODIERE, « Libre circulation et citoyenneté européenne dans la
jurisprudence de la Cour de justice », RTDE, 2006, p. 16
– P. RODIERE, « Libre circulation et citoyenneté européenne dans la
jurisprudence de la Cour de justice », RTDE, 2006, p. 163
– F. DUFFAUD, « Premières incidences du Brexit sur les
o
travailleurs », Bulletin Joly travail, 2020, n 3, p.
869
SOUS-TITRE 2
LES TRAVAILLEURS SALARIÉS
RESSORTISSANTS D’ÉTATS TIERS
o
Fiche n 70 L’immigration légale exercée aux fins d’emploi
870
o
Fiche n 70 L’immigration légale exercée
aux fins d’emploi
L’ESSENTIEL
871
LES CONNAISSANCES
872
Selon le choix des législations des États membres, le ressortissant
du pays tiers ou son futur employeur doivent, dans un premier
temps, introduire auprès de l’autorité compétente une demande de
délivrance, de modification ou de renouvellement du permis unique
(art. 4 § 1). Cette dernière statue, sauf circonstances
exceptionnelles, sur la demande complète dans un délai de 4 mois
(art. 5). La décision de délivrance du permis unique prend la forme
d’un acte administratif unique, combinant permis de séjour et permis
de travail en utilisant le modèle uniforme prévu par le règlement
o
n 1030/2002.
873
a) aux ressortissants de pays tiers qui demandent à résider
dans un État membre afin d’y travailler ;
b) aux ressortissants de pays tiers qui ont été admis dans un
État membre à d’autres fins que le travail conformément au droit
de l’Union ou au droit national, qui sont autorisés à travailler et
qui sont titulaires d’un titre de séjour conformément au
o
règlement n 1030/2002 (V. aussi CJUE, 2 sept. 2021, O.D. e.a.
c./Instituto nazionale della previdenza sociale, aff. C-350/20) ;
c) aux ressortissants de pays tiers qui ont été admis dans un
État membre aux fins d’y travailler conformément au droit de
l’Union ou au droit national.
Est cependant exclu du champ d’application de la directive un
nombre considérable de catégories de ressortissants d’États tiers
soumis à des régimes juridiques spécifiques (art. 3 § 2). Il s’agit, en
particulier, des membres de la famille de citoyens de l’Union
exerçant ou ayant exercé leur droit à la libre circulation sur le
o
territoire européen (V. Fiche n 73) ; des résidents de longue durée
o
(considérant n 8 de la directive) ; des ressortissants qui jouissent de
droits à la libre circulation équivalents à ceux des citoyens de l’Union
en vertu d’accords conclus entre l’Union et des pays tiers ; des
travailleurs indépendants ; des travailleurs détachés et des détachés
intragroupe ; des travailleurs saisonniers ; des travailleurs marins ou
en quelque qualité que ce soit à bord d’un navire immatriculé dans
un État membre ou battant pavillon d’un État membre ; des
personnes autorisées à résider dans un État membre en vertu d’une
protection temporaire ; des demandeurs d’asile ou de ceux
bénéficiant déjà d’une protection internationale ; des ressortissants
de pays tiers qui sont autorisés à travailler sous couvert d’un visa.
874
Conformément aux protocoles 21 et 22 annexés aux traités, le Royaume-
Uni, l’Irlande et le Danemark n’ont pas participé à l’adoption de la directive et ne
sont pas liés par elle.
875
Jurisprudence
Ainsi, les ressortissants des pays tiers, en séjour légal en Italie et bénéficiaires
d’un permis unique de travail, bénéficient d’une allocation de naissance et d’une
allocation de maternité octroyée, d’une part, en dehors de toute appréciation
individuelle et discrétionnaire des besoins personnels des bénéficiaires, mais sur
la base d’une situation légalement définie et, d’autre part, se rapportant à l’un des
o
risques énumérés expressément à l’article 3§1 du Règlement n 883/2004 (CJUE,
2 sept. 2021, op. cit., aff. C-350/20).
876
Les travailleurs hautement qualifiés provenant de pays tiers jouent
parfois un rôle clé dans le renforcement de la compétitivité de
l’Union et, par conséquent, sa croissance économique. Ainsi, en
2009, l’Union européenne a créé un cadre spécifique privilégié afin
de favoriser l’admission et la mobilité des ressortissants de pays
tiers pour des emplois hautement qualifiés. La notion d’emplois
qualifiés implique « non seulement que la personne employée a un
niveau de compétence élevée, attestée par des qualifications
professionnelles élevées, mais aussi que le travail à effectuer est
considéré intrinsèquement comme exigeant ce niveau de
o
compétence ». La directive n 2009/50 du 25 mai 2009 a mis en
place une carte bleue européenne (art. 7). Délivrée selon le
o
modèle uniforme prévu par le règlement n 1030/2002, il s’agit d’un
titre de séjour et de travail de plus de 3 mois sur le territoire des
États membres, qui confère à ces travailleurs (et aux membres de
leur famille) des droits équivalents à ceux des ressortissants des
États membres (art. 12 à 14). La directive détermine les critères
d’admission pour la demande de cette carte (art. 2) dont la période
de validité standard est comprise entre un et quatre ans, avec
possibilité de renouvellement (art. 7).
877
mobilité intra-européenne (art. 20-22). Un État membre dispose,
néanmoins le pouvoir discrétionnaire de rejeter (art. 7), retirer ou ne
pas renouveler (art. 8) la carte bleue européenne.
Par dérogation aux dispositions de la directive 2003/86 portant sur le
droit au regroupement familial, le regroupement familial n’est pas
subordonné à la perspective raisonnable pour le titulaire de la carte
bleue européenne d’obtenir un droit de séjour permanent, ni au fait
pour ce titulaire de détenir un titre de séjour d’une validité d’un an ou
plus ou de justifier d’une durée de résidence minimale. Les membres
de la famille du travailleur hautement qualifié peuvent obtenir leur
titre de séjour en même temps que la décision sur la demande de
carte bleue européenne en cas de demandes simultanées. La durée
de validité des titres de séjour des membres de la famille est
identique à celle de la carte bleue européenne, pour autant que la
période de validité de leurs documents de voyage le permette.
878
comprennent des activités soumises au rythme des saisons. Les
secteurs du tourisme, de l’agriculture et de l’horticulture se
caractérisent par une forte présence de travailleurs saisonniers qui
se trouvent parfois sous-exploités sans bénéficier toujours de
conditions de travail décentes.
o
Dans un souci de renforcer leur protection, la directive n 2014/36 du
26 février 2014 établit les conditions harmonisées d’entrée et de
séjour aux fins d’emploi, relevant, pourtant, d’un régime juridique
différent selon que la durée du séjour est de moins de 90 jours
(art. 5) ou de plus de 90 jours (art. 6). De plus, des facilités sont
réservées aux nouvelles entrées de travailleurs saisonniers ayant
déjà exercé cet emploi au cours des cinq années précédant la
demande d’autorisation de travail (art. 16). Un permis de travail est
ainsi délivré au moyen du modèle fixé par le règlement
o
n 1030/2002.
Dans tous les cas, la présente directive n’affecte pas le droit d’un
État membre de fixer les volumes d’admission de ressortissants de
pays tiers entrant sur son territoire aux fins d’exercer un travail
saisonnier (art. 7) ou même d’adopter des dispositions plus
favorables envers eux (art. 4 § 2).
879
organismes d’aide à l’emploi et l’accès aux biens et aux services, y
compris l’accès au logement. Cependant, des facultés d’exception à
l’égalité de traitement, décidées par les États membres, sont
prévues en matière de prestations familiales et de prestations
chômage ; de formation professionnelle ; de bourses et de prêts
d’études ; d’avantages fiscaux (art. 23 § 2).
Jurisprudence
o o
La directive n 2014/36 a été transposée en France par la loi n 2016-1088 du
8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la
sécurisation des parcours professionnels
880
sont réservés aux ressortissants nationaux, aux citoyens de l’UE ou
de l’Espace économique européen (art. 11 § 3 a).
881
Issue de la mondialisation de l’économie, la création d’entreprises
multinationales ou de groupes d’entreprises multinationaux a rendu
nécessaire la mobilité de main-d’œuvre (cadres, experts, employés
stagiaires…), pendant une certaine période, d’une entité à l’autre,
dès lors qu’il y a une implantation d’une entité, du groupe ou d’une
filiale dans un État de l’UE. Ces transferts temporaires intragroupes
de salariés ressortissants de pays tiers renforcent incontestablement
les relations entre l’Union et ses partenaires internationaux, en
améliorant la compétitivité des entreprises européennes sur les
marchés étrangers.
882
lequel son activité est exercée (art. 18 § 2) ; sous réserve de
dérogations décidées en ce qui concerne les prestations familiales
(art. 18 § 3).
883
Guerre en Ukraine – accueil des réfugiés – protection temporaire
En France, afin de faciliter les démarches des réfugiés Ukrainiens pour l’accès au
er
marché du travail, un décret du 1 avril 2022 (applicable à partir du 2 avril)
intègre leur droit d’exercer une activité professionnelle à l’autorisation provisoire
de séjour qui leur est délivrée pour une durée de 6 mois (CESEDA, art. R. 581-4,
al. 2).
884
européen. Citons, à titre d’exemple, les accords d’association euro-
méditerranéens signés par l’UE (avec la République libanaise, la
République algérienne démocratique et populaire, la République
arabe d’Égypte, le Royaume hachémite de Jordanie, l’État d’Israël,
le Royaume du Maroc et la République tunisienne), ainsi que les
accords de partenariat ACP (États d’Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique).
885
Par ailleurs, les articles 6 et 7 de la décision 1/80 du Conseil
d’association du 19 septembre 1980 consacrent un droit au travail et
au marché de l’emploi des travailleurs turcs (et des membres de
leurs familles) appartenant au marché régulier de l’emploi d’un État
membre (la Cour de Luxembourg reconnaît à ces articles un effet
direct : CJCE, 20 sept. 1990, Sévince, aff. C-192/89 ; CJCE, 26 oct.
2006, Güzeli, aff. C-04/05 ; CJUE, 4 févr. 2010, Genc, aff. C-14/09).
Jurisprudence
La CJUE consacre aussi le principe de l’égalité de traitement de ces
travailleurs (et des membres de leurs familles) par rapport aux travailleurs de l’UE
en ce qui concerne les questions relevant tant du droit du travail et que de la
protection sociale (CJUE, 29 mars 2012, T. Kahveci et O. Inan, aff. Jtes C-7/10 et
C-9/10 ; CJUE, 19 juil. 2012, Dügler, aff. C-451/11 ; CJCE, 28 févr. 2004, Öztürk,
aff. C-373/02).
886
(CJUE, 2 sept. 2021, B. c./Udlaendingenaevnet, aff. C-379/20).
Mais, aussi favorable qu’il soit, le statut du citoyen turc ne doit pas
être confondu avec celui du citoyen européen (CJUE, 8 déc. 2011,
N. Ziebel, aff. C-371/08). À titre d’illustration, par opposition aux
enfants des citoyens européens (CJUE, 6 oct. 2020, aff. C-181/19),
la Cour exclut l’existence d’un droit de séjour autonome au profit des
enfants turcs. Le seul droit dont ils bénéficient, en fonction du
principe d’égalité de traitement, concerne l’accès aux cours
d’enseignement, d’apprentissage et de formation professionnelle
dans l’État membre d’accueil. Or, ce droit à l’enseignement n’attribue
pas, par ricochet, aux parents qui assurent leur garde et dont les
titres de séjour ont expiré, un titre accessoire du droit de séjour des
enfants, dérivés lui-même du droit à l’enseignement (CJUE, 3 juin
2021, BY, aff. C-194/20).
887
perdure après cette date (à condition que la situation de mobilité
existait avant cette date), elles continuent à être soumises à l’accord
de retrait du 17 octobre 2019, qui leur permet de continuer à
séjourner et travailler, dans le respect du principe de non-
discrimination et de la protection de leurs droits de sécurité sociale.
L’idée était de préserver les droits « acquis » au titre des périodes
antérieures et accorder aux personnes concernées une protection
suffisante. Les règles européennes de coordination de la sécurité
o
sociale (Règl. n 883/2004) restent en l’espèce applicables.
888
Immigration irrégulière
Dans un souci de lutter contre l’immigration illégale aux fins d’emploi, l’UE a fixé
de normes minimales communes concernant les sanctions et les mesures
applicables dans les États membres à l’encontre des employeurs de ressortissants
o
de pays tiers en séjour irrégulier (Dir. n 2009/52, 18 juin 2009). La directive
prévoit diverses sanctions financières (paiement des frais de retour en cas
d’engagement de la procédure de retour ; paiement des arriérés de salaire au
travailleur en situation irrégulière ; paiement de tous les impôts et cotisations de
sécurité sociale que l’employeur aurait payés si le ressortissant d’un pays tiers
avait été employé légalement) et d’autres mesures (exclusion du bénéfice de toute
aide ou subvention publique ; exclusion des procédures de passation de marché
public ; fermeture temporaire ou définitive d’établissements ayant servi à
commettre l’infraction…) à l’encontre de l’employeur ayant commis l’infraction. Ces
normes peuvent parfois être combinées avec celles, s’inscrivant dans le cadre
plus général, du retour des ressortissants de pays tiers en situation irrégulière (Dir.
o
n 2008/115, 16 déc. 2008).
o
La Régulation n 2019/1149 qui a institué l’Autorité européenne du travail a
modifié la Décision 2016/344 du Parlement et du Conseil du 9 mars 2016 mettant
en place une plateforme électronique européenne de lutte contre le travail déclaré.
Désormais, cette plateforme est intégrée dans les missions de la nouvelle Autorité
(V. supra).
889
POUR ALLER PLUS LOIN…
890
– A. ANTOINE, La première année de l’ère post-Brexit sous le signe
o
des paradoxes, Europe, 2022, n 4, Étude 4
– C. BAILLEX, La politique migratoire de l’Union Européenne, La
Documentation Française, 2013
– C. BERTRAND, « Les conditions d’une politique commune de
l’immigration : apports et limites du traité de Lisbonne », Europe,
o
2010, n 2, Étude 2
– J.-Y. CARLIER, « La libre circulation des personnes dans et vers
l’Union européenne », Chroniques, Journal de Droit européen,
2011, p. 75 ; 2012, p. 85
– P. DURAND et B. LÉON-ROBIN, « Brexit et protection sociale, les
éclairages de P. Durand et B. Léone-Robin », Liaisons sociales
o
Europe, n 3, 25 janvier 2021
– M. HANAFI-BAYRAM, « La Turquie et l’Union européenne : une
intégration par des étapes temporisées », RUE, 2011, p. 2016
– « Les aspects sociaux de l’accord de commerce et de
o
coopération », Liaisons sociales Europe, n 2, 16 janvier 2021
891
SOUS-TITRE 3
LE DÉTACHEMENT DES TRAVAILLEURS
SALARIÉS
o
Fiche n 71 Le détachement des travailleurs salariés
dans le cadre d’une libre prestation des services
892
o
Fiche n 71 Le détachement
des travailleurs salariés dans le cadre d’une
libre prestation des services
L’ESSENTIEL
893
déloyale des prestataires des services, voire un dumping social en
raison des disparités existantes relatives au coût de travail
(rémunération et protection sociale) entre les législations applicables
dans les États membres. La lutte contre les risques de dumping
social et contre l’utilisation des disparités sociales à des fins
concurrentieles, a conduit – suite au fameux arrêt Rush Portugesa
(CJCE, 27 mars 1990, aff. C-133/89) – à un débat animé qui s’est
terminé en 1996 avec l’adoption de la directive 96/71 du
16 décembre 1996 concernant le détachement des travailleurs
effectué dans le cadre d’une prestation de services. Cette dernière a
o
été partiellement modifiée par la directive n 2018/957 du 28 juin
2018.
LES CONNAISSANCES
894
travailleurs détachés durant leur détachement en ce qui concerne la
libre prestation des services, en fixant des dispositions obligatoires
concernant les conditions de travail et la protection de la santé et de
la sécurité des travailleurs, qui doivent être respectées » (Dir.
o
n 96/71, art. 1§ -1).
o
I. Le champ d’application de la directive n 96/71
o
(Dir. n 96/71/CE, 16 déc. 1996, art. 1 § 1)
Aux termes de l’article 1 § 1 de la directive 96/71, cette dernière « s’applique aux
entreprises établies dans un État membre qui, dans le cadre d’une prestation de
services transnationale, détachent des travailleurs sur le territoire d’un État
membre ».
895
Agences d’intérim internationales
À l’heure actuelle, les agences d’intérim sont de plus en plus actives sur le
terrain de l’emploi international et certaines sont même plus particulièrement
spécialisées dans la sélection, le recrutement et le placement de travailleurs « bon
marché » (c’est-à-dire, des travailleurs low cost). Le placement de main-d’œuvre
intérimaire sur les marchés des États membres à standard social élevé est très
répandu dans certaines branches d’activité comme le bâtiment et travaux publics
(BTP), l’agriculture, l’agro-alimentaire, la restauration et l’hôtellerie ou le transport
routier et aérien.
Or, leur objectif est en réalité d’augmenter leur chiffre d’affaires, tout en bénéficiant
de la législation sur la Sécurité sociale qui leur est la plus favorable, permettant
ainsi le « forum shopping ». Une chose est sûre : les pratiques utilisées sont très
sophistiquées et dans ce contexte le rôle du juge de l’Union s’avère cardinal pour
apporter un éclairage sur le sens et la finalité des règles européennes et assurer,
corrélativement, leur bonne application.
896
par une entreprise ou par une entreprise de travail intérimaire,
auprès d’une entreprise utilisatrice établie ou exerçant son activité
dans un autre État membre, est envisagé.
897
Détachement des conducteurs dans le secteur
de transport international routier
Sous la pression de la coalition des 13 pays de Visegrád (mais aussi de l’Espagne
et du Portugal), la Directive 2018/957 prévoit, dans son article 3 qu’elle
s’appliquera au secteur du transport routier à partir de la date d’application d’un
acte législatif modifiant la directive 2006/22/CE établissant des règles spécifiques
en ce qui concerne la directive 96/71/CE et la directive 2014/67/UE pour le
détachement de conducteurs dans le secteur du transport routier. La directive
2006/22 a été en effet modifiée par la directive 2022/1057. Deux autres textes
s’inscrivent dans le cadre du « Paquet mobilité » concernant les chauffeurs
routiers internationaux : le Règlement 2020/1055, relatif à l’accès à la profession
du transporteur en route et le Règlement 2020/1054 (modifiant le Règl. 561/2006)
relatif au temps de conduite, de repos et à l’utilisation des tachygraphes.
o
Ces textes ont été transposés en France par la loi n 2021-1308 du 8 octobre
2021 portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne
dans le domaine de transport, de l’environnement, de l’économie et des finances.
898
Jurisprudence
er
Par un arrêt rendu le 1 décembre 2020 (aff. C-815/18), la Cour de Justice a
apporté des éclaircissements sur le détachement dans le secteur « sensible » du
transport international routier des marchandises. Concernant, d’abord, le champ
d’application de la Directive 96/71 dans ce domaine : en faisant une interprétation
er
combinée des articles 1 §2 et 2§1 de ladite Directive, de l’article 9§1 de la
Directive 2014/667 et du considérant 7 de la Directive 2020/1057, la Cour a retenu
que la Directive 96/71 doit être interprétée en ce sens qu’elle est applicable aux
prestations de services transnationales dans le secteur du transport routier. La
Cour a également rejeté au titre de l’article 3 de la Directive de 2018 deux recours
en annulation de la Directive 2018/957 formés par la Pologne et la Hongrie (CJUE,
8 déc. 2020, aff. C-620/18 et aff. C-626/18).
899
Le régime juridique de détachement dans le cadre de la prestation de
services se distingue du régime d’un travailleur qui se mobilise en application de la
liberté de circulation des travailleurs (TFUE, art. 45). Dans le premier cas de
figure, le travailleur détaché reste soumis au droit de son pays d’origine. Dans le
deuxième, c’est le droit du pays d’accueil qui s’applique entièrement (V. Fiche
o
n 68).
Le détachement doit être envisagé sous trois angles distincts, indépendants les
uns des autres :
900
statut et la protection des travailleurs détachés, sur le fondement de
l’égalité de traitement entre salariés détachés et salariés locaux
(art. 3§1).
o
1 La protection minimale sous la directive n 96/71
o
Dans sa version initiale, la directive n 97/71 prévoit que les
travailleurs détachés seront couverts par une liste de normes
minimales applicables dans le pays d’accueil, même s’ils restent
les employés de l’entreprise qui les détache et relèvent donc de la
législation de l’État membre d’origine. Cette liste inclut les conditions
de travail et d’emploi et, en particulier : les périodes maximales de
travail et les périodes minimales de repos ; la durée minimale des
congés annuels payés ; le taux de salaire minimal, y compris les
taux majorés pour les heures supplémentaires ; les conditions de
mise à disposition des travailleurs, notamment par les entreprises de
travail intérimaire ; la sécurité, la santé et l’hygiène au travail ; les
mesures protectrices applicables aux conditions de travail et
d’emploi des femmes enceintes et des femmes venant d’accoucher,
des enfants et des jeunes ; l’égalité de traitement entre hommes et
femmes, ainsi que d’autres dispositions en matière de non-
o
discrimination (ex. art. 3 § 1, Dir. n 96/71).
901
Jurisprudence
En effet, dans plusieurs affaires, la Cour a refusé l’application aux travailleurs
détachés des dispositions prévues par des conventions collectives locales ou
d’entreprise ou de secteur dépourvues de portée générale, car une telle mesure
est susceptible de constituer une restriction à la libre prestation des
services(CJCE, 18 déc. 2017, Laval un Partneri Ltd, aff. C-341/05 ; CJCE, 3 avr.
2008, Rüffert, aff. C-346/06).
er
Dans un arrêt du 1 décembre 2020 (aff. C-815/18), la Cour de justice a précisé
que la déclaration d’une convention collective « d’application générale » ne
peut se faire que conformément au droit du travail de l’État membre concerné. En
d’autres termes, la notion de convention d’application ne constitue pas une notion
autonome du droit de l’Union. Répond ainsi à la notion visée par l’article 3, §§1 et
8 de la Directive, une convention collective de travail qui n’a pas été déclarée
d’application générale, mais dont le respect conditionne, par les entreprises qui en
relèvent, la dispense d’application d’une autre convention collective déclarée,
quant à elle, d’application générale, et dont les dispositions sont en substance
identiques à celles de cette autre convention collective de travail.
902
Jurisprudence
Il s’agit, en particulier, de « dispositions dont l’observation a été jugée cruciale
pour la sauvegarde de l’organisation politique, sociale et économique de l’État
membre concerné, au point d’en imposer le respect à toute personne se trouvant
sur son territoire national ou à tout rapport juridique localisé dans celui-ci » (CJCE,
19 juin 2008, Commission c./Luxembourg, aff. C-391/06). Or, l’application des
dispositions d’ordre public ne peut en aucun cas constituer une restriction
injustifiée aux libertés économiques, voire à la libre prestation des services et à la
liberté d’établissement (CJCE, 25 oct. 2001, Finalarte, aff. C-49/98 ; CJCE, 14 avr.
2004, Wolff et Muller, aff. C-60/03).
903
par des dispositions législatives, réglementaires ou administratives
nationales, ou par des conventions collectives ou des sentences
arbitrales qui, dans cet État membre, ont été déclarées d’application
générale ou qui s’appliquent à un autre titre conformément au
paragraphe 8. Désormais, les règles conventionnelles d’application
générale s’appliqueront à tous les secteurs professionnels relevant
o
de leur champ d’application territoriale (Dir. n 96/71, art. 3§8). En
France, il s’agit de la rémunération au sens de l’article L. 3221-3 du
Code du travail.
ii) Amélioration des conditions de déplacement et d’hébergement
des travailleurs détachés. Désormais, les frais de déplacement de
l’État d’envoi vers l’État d’exécution de la prestation de travail, ainsi
que les frais de déplacement liés aux déplacements professionnels
sur le territoire de l’État d’accueil font partie du « noyau dur ». Sont,
en particulier, concernés les allocations ou le remboursement de
dépenses de voyage, de logement et de nourriture des travailleurs
éloignés de leur domicile pour des raisons professionnelles (art. 1
o o
§ 2 a) h et i, Dir. n 2018/957 – art. 3§1, h et i, Dir. n 96/71).
L’employeur rembourse ces dépenses conformément à la
législation et/ou aux pratiques nationales applicables à la relation de
travail. En revanche, les allocations propres au détachement lui-
même font partie de la rémunération, à moins qu’elles ne soient
payées à titre de remboursement des dépenses effectivement
o
encourues du fait du détachement (Dir. n 2018/957, art. 1 § 2 c ;
o
Dir. n 96/71, art. 3§7).
904
Jurisprudence
La Cour de justice retient une conception large du caractère minimal du
salaire. Ainsi, elle a retenu la qualification d’« allocation propre au détachement »
d’une indemnité journalière versée à un chauffeur routier pendant la période de
son détachement. En répondant à une questions préjudicielle, elle a répondu que,
dans la mesure où ladite indemnité différait selon que le détachement durait trois,
quatre ou cinq semaines, voire plus, ce caractère forfaitaire et progressif semble
indiquer que cette dernière a pour objet non pas tant la couverture des frais
déboursés par les travailleurs à l’étranger, mais plutôt la compensation des
inconvénients dus au détachement, consistant dans l’éloignement de ces
travailleurs de leur environnement habituel (CJUE, 8 juill. 2021, OL, PM, RO
c./Rapidsped, aff. C-428/19).
B Les dérogations
En dehors de l’hypothèse de l’exception – dans un sens favorable –
d’ordre public (V. supra), la directive prévoit trois situations pour
lesquelles les États membres peuvent décider de ne pas appliquer
certaines des règles protectrices évoquées ci-dessus. La première
situation concerne les travaux de montage et/ou de première
installation d’un bien qui forment partie intégrante d’un contrat de
fourniture des biens et sont indispensables pour la mise en
fonctionnement du bien fourni (art. 3 § 2). Dans ce cas de figure, les
règles relatives à la rémunération et à la durée minimale des congés
payés annuels ne s’appliquent pas à condition que les travaux soient
exécutés par les travailleurs qualifiés et/ou spécialisés de
l’entreprise de fourniture et que la durée du détachement n’excède
pas 8 jours. La deuxième situation concerne les détachements
n’excédant pas un mois, à l’exception du détachement intervenant
au titre d’une mission de travail temporaire (art. 3 §§3 et 4). La
directive permet aux États membres, par voie législative ou
conventionnelle, d’écarter les seules garanties relatives à la
905
rémunération. La troisième situation vise, enfin, les travaux de faible
ampleur, cette notion devant être déterminée par les États membres
qui en font usage (art. 3 § 5). Dans ce dernier cas de figure, sont
autorisées les dérogations en matière de durée minimale des
congés payés annuels et de rémunération.
906
Le travail temporaire transfrontalier
La mise en œuvre du principe de libre prestation des services pose des problèmes
spécifiques dans le cadre du travail intérimaire transfrontalier. En effet, dans
certains secteurs d’activité (ex. : construction ou industrie agroalimentaire), il n’est
pas rare qu’une entreprise de travail temporaire basée dans un État membre
mette une main-d’œuvre bon marché à la disposition d’une entreprise utilisatrice
qui se situe dans un État frontalier. Contrairement au travailleur migrant qui quitte
son pays d’origine pour aller vivre et travailler dans un autre pays, le travailleur
frontalier conserve des liens avec deux pays, celui de résidence et celui d’emploi :
il vit dans un pays et il travaille dans un autre. À titre d’exemple, cette pratique est
très répandue entre la France, la Belgique et le Luxembourg.
907
o
I. La directive n 2014/67 relative à l’exécution de la directive
o
n 96/71
o
Adoptée le 15 mai 2014, la directive n 2014/67 contient une gamme
de dispositions qui visent à renforcer l’efficacité de la directive 96/71.
Ces dispositions s’articulent autour de deux axes principaux.
908
membres (art. 6-8), la reconnaissance mutuelle des sanctions et
amendes administratives (art. 13-16), la mise à disposition des
travailleurs de procédures judiciaires ou administratives leur
permettant de faire valoir leurs droits avec l’obligation d’ouvrir l’accès
à ces procédures aux syndicats et associations (art. 11).
909
Jurisprudence
La Cour de justice intervient alors pour préciser que ces mesures doivent être
« nécessaires, justifiées et proportionnées afin de ne pas porter une atteinte
excessive à la libre prestation des services ». Il a été ainsi interdit l’exigence d’une
durée minimale d’exécution du contrat de travail ou d’une autorisation préalable
avant qu’un détachement ne puisse être envisagé (CJCE, 19 janv. 2006,
Commission c./Allemagne, aff. C-244/04 ; CJCE, 21 sept. 2006, Commission
c./République d’Autriche, aff. C-168/04) ou la désignation sur le territoire du pays
d’accueil d’un mandataire ad hoc pour la réalisation du détachement (CJCE,
19 juin 2008, Commission c./Luxembourg, préc.).
o
II. La directive n 2018/957 : renforcement du suivi
et du contrôle
910
o
n 96/71, art. 5) en renforçant la responsabilité qui pèse sur les États
membres concernés par le détachement des travailleurs, en termes
de suivi, de contrôle et d’exécution des obligation prévues par la
o o
Directive n 96/71 et par la Directive n 2014/67. En cas de non-
respect desdits textes, les États membres prennent toutes les
mesures nécessaires et appropriées pour garantir leur mise en
œuvre. Les sanctions prévues doivent être effectives,
proportionnées et dissuasives.
911
Plusieurs affaires médiatisées ont montré que les règles établies par la
directive de 1996 ne prémunissaient pas contre les abus, qui demeuraient très
fréquents notamment dans les secteurs de la construction, du transport routier et
de l’agriculture. Notons d’abord l’affaire des travailleurs détachés sur le chantier
de l’EPR de Flamanville. Dans cette affaire, la société Bouygues travaux Publics
avait été condamnée en appel (CA Caen, 20 mars 2017) pour avoir fait travailler
sur le chantier des travailleurs polonais illégalement détachés par une entreprise
de travail temporaire (ETT) irlando-chypriote, Atlanco, basée à Chypre et qui
n’avait pas déclaré les 163 ouvriers polonais aux organismes sociaux. Un autre
exemple concerne l’agriculture. Les éleveurs porcins bretons ont porté plainte, en
avril 2011, auprès de la Commission européenne contre les abattoirs allemands
qui recourent massivement (jusqu’à 90 % des effectifs dans certaines entreprises
allemandes d’abattage) à des salariés détachés embauchés par les ETT situées
dans les pays de l’Est de l’Europe (notamment Roumanie, Pologne et même
Ukraine). Cependant, étant donné que la filière d’abattage et de découpe n’est
pas couverte en Allemagne par un accord de branche de portée générale
établissant un salaire minimum, les salariés concernés sont rémunérés moins de
6 ou 7 euros l’heure (contre 20 à 21 euros dans les abattoirs bretons), ce qui crée
une importante distorsion de concurrence au détriment des éleveurs français.
o
Loi n 2018-771 du 5 septembre 2018, pour la liberté
de choisir son avenir professionnel
Cette loi comporte un volet important sur les mesures relatives au détachement
des travailleurs et la lutte contre le travail illégal (art. 89 à 103), en introduisant
dans le Code du travail une nouvelle section dite de « conditions particulières de
détachement » (C. trav., art. L. 1261-3 et s.). Les nouvelles dispositions visent à
renforcer le système de lutte contre la fraude au détachement et le travail illégal,
tout en allégeant partiellement certaines formalités et obligations.
o
L’ordonnance n 2019-116 du 21 février 2019 a transposé en droit français la
o
directive n 2018/957.
912
913
POUR ALLER PLUS LOIN…
914
– M. DEL SOL et M. LE BARBIER-LE BRIS, « Directive
détachement : une révision doublement nécessaire », RDT 2012,
p. 262
– I. DESBARATS, « Détachement dans le cadre d’une prestation de
travail internationale. Vers une révision du droit communautaire »,
Cahiers de droit de l’entreprise, 2013, p. 19
– A. EMERIAU, « La régulation du détachement intra-européen des
travailleurs : état des lieux, freins et marges de manoeuvre »,
o
Regards, 2020/2, n 58, pp. 157 à 166
– A. EMERIAU, « Le travail détaché en europe : concurrence sociale
déloyale ou garantie d’un socle minimal de protection ? »,
o
Informations sociales, 2021/2, n 203-204, pp. 144 à 152
– J-Ph. LHERNOULD et B. PALLI, « La révision de la directive
détachement, deuxième épisode d’une saga décevante », SSL
o
2017, n 1794, p. 6
– M.-A. MOREAU, « Le détachement des travailleurs dans l’Union
Européenne : 20 ans après… », Dr. Social 2016, p. 584
– F. MULLER, « La révision des règles en matière de détachement :
l’heure des choix en droit du travail et droit de la sécurité sociale »,
RTD Eur. 2018, p. 75
– G. SAVARY, « Détachement des travailleurs : la construction
européenne à l’épreuve des disparités sociales nationales », Dr.
Soc. 2016, p. 592
– C. MINET-LETALLE, « L’encadrement encore limité du
détachement en France après la loi pour la liberté de choisir son
o
avenir professionnel », Bulletin Joly Travail, n 9, p. 73
915
TITRE 2
LE RAPPROCHEMENT
DES LÉGISLATIONS SOCIALES
NATIONALES
o
Fiche n 72 Le principe de non-discrimination (le cadre
général)
o
Fiche n 73 L’égalité de traitement entre les femmes
et les hommes
o
Fiche n 74 L’harmonisation minimale des règles régissant
les relations individuelles du travail
o
Fiche n 75 L’harmonisation minimale des règles relatives
à la protection des travailleurs face aux restructurations
des entreprises
916
o
Fiche n 72 Le principe de non-
discrimination
(le cadre général)
L’ESSENTIEL
917
le place parmi les principes généraux du droit de l’Union (CJCE,
13 sept. 2007, Del Cerro Alonso, aff. C-307/05).
LES CONNAISSANCES
I. Le concept de discrimination
918
Quant à la discrimination indirecte, elle correspond à la situation
dans laquelle une disposition (c’est-à-dire une norme), critère ou
pratique apparemment neutre est susceptible d’entraîner un
désavantage pour les personnes d’une religion, d’un sexe, d’un
âge etc. donné. Cependant, contrairement à la discrimination
indirecte, cette forme ne s’applique pas nécessairement aux
personnes placées dans des situations comparables. Ces dernières
peuvent même faire l’objet d’un traitement identique ; or, ce sont les
effets du traitement qui diffèrent, lesquels seront ressentis
différemment par des personnes présentant des caractéristiques
différentes.
919
Jurisprudence
À titre d’illustration, dans l’affaire Schönheit (CJCE 23 oct. 2003, aff. C-4/02 et
V-5/02), l’objet du litige concernait le fait que les pensions de vieillesse des
employés à temps partiel étaient calculées sur la base d’un taux différent de celui
appliqué aux employés à temps plein, sans qu’il y ait une justification concernant
une durée du travail différente. Par conséquent, le montant de la pension de
salariés à temps partiel était inférieur à celui perçu par les salariés à temps plein.
Toutefois, étant donné que 88 % des travailleurs à temps partiel étaient des
femmes, cette disposition avait un effet préjudiciable disproportionné sur les
femmes, par rapport aux hommes.
920
les relations de travail, comme le fait le droit français avec le
harcèlement moral (C. trav. art. L. 1152-1). En revanche, seul le
comportement lié à l’un des motifs de discrimination (race, âge,
sexe etc.) est pris en considération. Quant au harcèlement sexuel, il
est désormais visé et condamné par la directive relative à l’égalité
o
professionnelle entre les hommes et les femmes (V. Fiche n 79).
En outre, dans l’article 2 § 4 des directives anti-discrimination, le
législateur européen prévoit une forme particulière de
discrimination par injonction. Elle consiste à enjoindre à
quelqu’un de pratiquer une discrimination à l’encontre des
personnes pour l’une des causes discriminatoires (race, religion…).
C’est le cas, par exemple, des salariés indiquant à leur employeur
qu’ils ne souhaitent pas travailler avec un salarié handicapé ou
porteur du sida. Toutes ces demandes, en soi discriminatoires,
n’autorisent pas l’employeur à pratiquer une discrimination.
921
Jurisprudence
L’arrêt Coleman (CJCE, 17 juill. 2008, aff. C-303/06) en est une illustration. En
l’espèce, une mère soutenait avoir été victime, dans le cadre de son travail, d’un
traitement défavorable lié au handicap dont souffrait son fils. Ce handicap l’avait
parfois contrainte à arriver en retard à son travail et à demander que ses horaires
soient aménagés en fonction des besoins de son fils. Cependant, non seulement
ses demandes étaient rejetées, mais elle avait également reçu des menaces de
licenciement, ainsi que des commentaires déplacés concernant le handicap de
son fils. En comparaison avec la situation de ses collègues occupant des postes
similaires et ayant des enfants, la Cour a pu déduire que ce comportement de
l’employeur était constitutif d’une discrimination et d’un harcèlement fondés sur le
handicap de son enfant.
922
Jurisprudence
Ainsi, les déclarations publiques par lesquelles un employeur fait savoir que,
dans le cadre de sa politique de recrutement, il n’embauchera pas de salariés
ayant une certaine origine ethnique ou raciale suffisent à présumer, au sens de
o
l’article 8 § 1 de la directive n 2000/43, l’existence d’une politique d’embauche
directement discriminatoire et il incombe à cet employeur de prouver qu’il n’y a pas
eu de violation du principe de l’égalité de traitement (CJCE, 10 juill. 2008, Centrum
voor gelijkheid van kansen en voor racismebestrijding c./ Firma Feryn NV, aff. C-
54/07).
923
A Domaines communs à toutes les discriminations
La prohibition des discriminations par le droit de l’Union concerne
« toutes les personnes, tant pour le secteur public que pour le
secteur privé, y compris les organismes publics » et son champ
matériel couvre principalement les conditions du travail et d’emploi
o
(art. 3 des directives n 2000/43 et 200/78).
Jurisprudence
Par un arrêt du 23 avril 2020 (Associazione Avvocatura per i diritti LGBTI, aff.
C-507/18), la Cour de justice souligne que les déclarations suggérant l’existence
d’une politique de recrutement homophobe relèvent de la notion de « conditions
d’accès à l’emploi (…) ou au travail », même si elles émanent d’une personne qui
n’est pas juridiquement capable d’embaucher, pourvu qu’il existe un lien non
hypothétique entre ces déclarations et la politique de recrutement de l’employeur.
La Cour a eu l’occasion de rappeler que la notion de « conditions d’accès à
l’emploi (…) ou au travail » au sens de la directive 2000/78 requiert une
interprétation autonome et uniforme et ne saurait faire l’objet d’une interprétation
stricte.
924
point également, l’approche de la Cour de Luxembourg témoigne
d’une interprétation assez extensive, afin d’y inclure toute condition
découlant d’une relation de travail, à l’instar de la mise à disposition
de garderies pour enfants sur le lieu du travail ou de la réduction du
temps de travail. De même, les notions de licenciement et de
rémunération font l’objet d’une approche tout aussi extensive et la
jurisprudence est très riche en la matière.
L’accès à l’orientation et la formation professionnelles est visé en
troisième lieu. De nouveau, la Cour de Justice a adopté une
définition assez vaste de ce qu’il y a lieu d’entendre par « orientation
et formation professionnelles », de sorte qu’elle englobe aussi les
enseignements universitaires.
Jurisprudence
Quelques précisions s’imposent concernant tout d’abord les avantages
sociaux, pour lesquels la CJUE a retenu une définition large : sont envisagés tous
les avantages ou non liés au contrat d’emploi, y compris les réductions sur les prix
des transports (CJCE, 30 sept. 1975, Anita Cristini, aff. 32/75). De plus, la Cour a
retenu que toutes les mesures générales visant à faciliter la fréquentation de
l’enseignement – comme par exemple les bourses mensuelles d’entretien aux
enfants en âge scolaire – relèvent du domaine de l’éducation.
925
o
Attention La directive n 2000/78 étend la prohibition des discriminations à
l’adhésion et l’accès à une organisation de travailleurs ou d’employeurs, mais
aussi à l’engagement des personnes au sein de cette organisation.
926
Selon la lettre des directives, « les États membres prennent les
mesures nécessaires, conformément à leur système judiciaire, afin
que, dès lors qu’une personne s’estime lésée par le non-respect du
principe de l’égalité de traitement et établit, devant une juridiction ou
une autre instance compétente, des faits qui permettent de
présumer l’existence d’une discrimination directe ou indirecte, il
incombe à la partie défenderesse de prouver qu’il n’y a pas eu de
violation du principe de l’égalité de traitement ». Autrement dit, le
droit européen de la non-discrimination autorise le partage de la
charge de la preuve : le requérant doit présenter les éléments de
preuve établissant l’exercice d’un traitement discriminatoire. Ces
éléments feront naître une présomption de discrimination, que
l’auteur présumé devra ensuite réfuter. La jurisprudence de la Cour
de justice est abondante en la matière, en jetant des
éclaircissements utiles.
927
C Les organes institutionnels de promotion de l’égalité
de traitement
L’un des apports importants des directives anti-discrimination est
d’avoir fait appel aux organes dont l’action peut donner plus
d’efficacité à la lutte contre les discriminations. Au premier abord, le
rôle des partenaires sociaux s’avère essentiel, dans la mesure où ils
peuvent participer à la promotion de l’égalité de traitement « […] par
la surveillance des pratiques sur le lieu de travail, par des
conventions collectives, des codes de conduite et par la recherche
ou l’échange d’expériences et de bonnes pratiques » (Dir.
o o
n 2000/43, art. 11 § 1 et Dir. n 2000/78, art. 13 § 1). De plus, le
droit de l’UE encourage la promotion par les États membres du
dialogue avec les organisations non gouvernementales concernées
o
par la lutte contre les discriminations (Dir. n 2000/43, art. 12 et Dir.
o
n 2000/78, art. 14).
La directive relative aux discriminations fondées sur la race ou
l’origine ethnique prévoit en outre l’intervention d’un ou plusieurs
organismes désignés par les États membres chargés de promouvoir
o
l’égalité de traitement (Dir. n 2000/43, art. 13). Ces organismes,
publics ou privés, – qui peuvent faire partie des organes chargés de
défendre à l’échelon national les droits de l’homme – doivent avoir
compétence pour apporter une aide aux victimes des discriminations
qui engagent une procédure pour discrimination, pour conduire des
études et pour émettre des recommandations. Ils agissent en toute
indépendance.
928
o
En France, la loi n 2004-1486 du 30 décembre 2004 avait institué la
Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde).
Cette autorité administrative indépendante était compétente pour connaître toutes
les discriminations, directes ou indirectes, prohibées par la loi ou par un
engagement international auquel la France fait partie, en vue d’y apporter une
o
solution amiable non contentieuse. Mais, elle a été dissoute par la loi n 2011-333
du 29 mars 2011 et ses compétences ont été transférées au Défenseur de droits,
dont le champ d’intervention ne se limite pas aux seules discriminations. Toutefois,
un collège spécifique a été créé pour prendre en charge la lutte contre les
discriminations et la promotion de l’égalité.
929
§3 Les différences de traitement autorisées
Jurisprudence
La CJUE a livré une explication approfondie de l’idée de justification objective
dans le cadre de l’affaire Bilka-Kaufaus (CJCE, 13 mai 1986, aff. 170/84) à propos
d’une salariée à temps partiel exclue du régime de pension de retraite institué par
la société Bilka (un grand magasin). Ladite salariée avait formé un recours dans
lequel elle soutenait que cette exclusion constituait une discrimination indirecte à
l’égard des femmes, dans la mesure où ces dernières représentaient la vaste
majorité des travailleurs à temps partiel. Il convient de souligner que la Cour de
Luxembourg se montre réticente à l’égard des différences de traitement justifiées
par des raisons de gestion liées aux préoccupations économiques des
employeurs.
930
politique de l’emploi, du marché du travail et de la formation
professionnelle si les moyens de réaliser cet objectif sont appropriés
et nécessaires ». La directive fournit un nombre limité d’exemples
des cas de figure dans lesquels une différence de traitement peut
être justifié (accès à l’emploi et à la formation professionnelle,
conditions de licenciement et de rémunération, fixation des
conditions minimales d’âge, d’expérience professionnelle et
d’ancienneté, fixation d’un âge minimum pour le recrutement…).
Jurisprudence
La jurisprudence de la Cour de justice est abondante en la matière (CJCE,
16 oct. 2007, Palacios de la Villa, préc. ; CJCE, 22 nov. 2005, Mangold, préc. ;
CJUE, 12 janv. 2010, Wolf, aff. C-229/08 ; CJUE, 12 janv. 2010, Petersen, aff. C-
341/08).
931
embauchent uniquement des femmes…). Dans le même registre, il a
été retenu comme légale la décision des autorités françaises de
réserver des emplois principalement aux candidats masculins dans
les prisons pour hommes et principalement aux candidats féminins
dans les prisons pour femmes (CJCE, 30 juin 1988, Commission
c./France, aff. 318/86). D’un autre côté, il a été jugé (CJUE, 17 avr.
2018, Vera Egenberger, aff. C-414/16) que la religion ou
l’appartenance religieuse n’est pas automatiquement une exigence
professionnelle essentielle pour tous les emplois offerts au sein
d’une organisation religieuse. Par conséquent, elle pourrait faire
l’objet d’un contrôle juridictionnel effectif, la juridiction nationale
devant vérifier si l’exigence en question est appropriée et ne va pas
au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif poursuivi.
932
Jurisprudence
En 2012, l’Evangelisches Werk a publié une offre d’emploi pour
l’établissement d’un rapport sur la convention internationale des Nations Unies à
propos de l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. La
candidature de Mme Vera Egenberger a été rejetée faute de préciser sa
confession, exigence posée par l’organisation religieuse. Considérant qu’elle était
victime d’une discrimination fondée sur la religion, cette dernière a saisi la Cour
fédérale du travail de Berlin qui a posé auprès de la CJUE la question préjudicielle
de savoir si une Église peut diffuser une offre d’emploi précisant, parmi les
conditions, l’appartenance à sa confession. Cette question vaut aussi bien pour les
« entreprises religieuses » que pour les entreprises qui défendent des convictions
– politiques, syndicales, philosophiques – regroupées sous l’appellation
d’« entreprises de tendance ». L’arrêt du 17 avril 2018, qui limite la portée de
l’exception de l’article 4 § 2 de la directive 2000/78 (encadre le principe de non-
discrimination pour les entreprises de tendances), intéresse en premier chef le
droit français. En effet, il pourra servir de guide d’interprétation de l’article L. 1133-
1 du Code du travail concernant non seulement le recrutement, mais également
l’exécution et la rupture du contrat de travail. À cet égard, il serait possible de
croiser, sous l’influence de la CEDH, la question de savoir si une Église peut
licencier un salarié au motif qu’il est divorcé ou qu’il a conclu un mariage
homosexuel (CJUE, 17 avr. 2018, Vera Egenberger, aff. C-414/16).
933
ce titre, il a été retenu par la Cour de justice, que réaffecter le
salarié déclaré inapte à un autre poste de travail, constitue une
mesure appropriée selon les dispositions de l’article 5 de la directive
o
n 2000/78, puisqu’il permet de continuer à participer à la vie
professionnelle de l’entreprise (CJUE, 10 févr. 2022, Aff., C-485/20).
934
935
936
POUR ALLER PLUS LOIN…
– Agence des droits fondamentaux de l’UE, Cour EDH, Conseil de
l’Europe, Manuel de droit européen en matière de non-
discrimination, éd. 2011
– M.-Th., LANQUENTIN, « La preuve de la discrimination, l’apport
du droit communautaire », Dr. soc. 1995, p. 435
– M. MERCAT-BRUNS, « La discrimination fondée sur l’âge : un
exemple d’une nouvelle génération de critères
discriminatoires ? », RDT 2007
937
o
Fiche n 73 L’égalité de traitement entre
les femmes et les hommes
L’ESSENTIEL
938
actuelle, la politique européenne de l’égalité des genres s’appuie sur
un important corpus juridique, né de l’interaction entre les
innovations prétoriennes et une production législative abondante, qui
s’est progressivement stabilisée. Enfin, faisant partie du
mainstreaming de toutes les actions de l’Union (TFUE, art. 8), la
promotion de l’égalité des genres s’inscrit dans des stratégies non
contraignantes de la Commission.
LES CONNAISSANCES
§1 Le principe
939
en raison de son sexe qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne le serait
dans une situation comparable ».
Jurisprudence
À titre d’illustration, est constitutive d’une discrimination directe fondée sur le
sexe, la prise en considération par l’employeur de l’état de grossesse d’une
travailleuse pour refuser sa réintégration dans son emploi avant la fin de son
congé parental d’éducation (CJCE, 27 févr. 2003, Busch, aff. C-320/01).
940
vieillesse (V. Supra, CJCE 23 oct. 2003, Schönheit, aff. C-4/02 et V-
5/02).
o
La directive n 2006/54 inclut spécifiquement dans les actes de
discrimination le « harcèlement et le harcèlement sexuel ainsi que
tout traitement moins favorable reposant sur le rejet de tels
comportements par la personne concernée ou sa soumission à
ceux-ci » (art. 2 § 2a). Elle définit, en particulier le harcèlement
comme « toute situation dans laquelle un comportement non désiré
lié au sexe d’une personne survient avec pour objet ou pour effet de
porter atteinte à la dignité d’une personne et de créer un
environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou
offensant » (art. 2 § 1c). Si cette conduite a une connotation sexuelle
s’exprimant physiquement, verbalement ou non, le harcèlement est
qualifié de sexuel.
Constitue, enfin, un acte discriminatoire l’injonction de pratiquer à
l’encontre de personnes une discrimination fondée sur le sexe (art. 2
§ 2b).
941
services. La Cour de justice a eu l’occasion d’y apporter des
précisions et des éclaircissements.
Jurisprudence
Dans un premier temps, il a été retenu, dans plusieurs affaires, que la prise en
considération par l’employeur de l’état de grossesse d’une salariée pour refuser de
l’embaucher est constitutive d’une discrimination directe fondée sur le sexe
(CJCE, 3 févr. 2000, Mahlburg, aff. C-207/98 : CJCE, 8 nov. 1990, Dekker, aff. C-
177/88). De même, le principe de l’égalité professionnelle s’oppose à une
réglementation nationale qui prive une femme du droit d’être notée et, par voie de
conséquence, de pouvoir profiter d’une promotion professionnelle parce qu’elle
s’absente de l’entreprise en raison d’un congé de maternité (CJCE, 30 avr. 1998,
CNAVTS c./Thibault, aff. C-136/95).
942
l’employeur après la cessation de la relation de travail comme les
retraites conventionnelles, même obligatoires, les primes, les
allocations de congés et les indemnités de rupture du contrat.
943
Jurisprudence
Répondant à une question préjudicielle qui lui a été posée par une juridiction
espagnole, la Cour de justice a relevé récemment un nouveau cas de
discrimination indirecte fondée sur le sexe en matière de sécurité sociale. A été,
en particulier, jugée contraire au droit de l’Union une réglementation nationale
excluant du régime d’assurance chômage les employés de maison qui sont à
95,53 % des femmes contre 4,47 % des hommes (CJUE, 24 févr. 2022, CJ
c./Tesoría General de la Seguridad Social, aff. C-389/20).
944
Jurisprudence
Une abondante jurisprudence de la Cour de Luxembourg a défini les contours
de ces deux hypothèses de dérogation au principe de l’égalité de traitement entre
les hommes et les femmes. Il a ainsi été jugé que l’exclusion des femmes du
service dans des unités combattantes spéciales telles que les Royal Marines peut
être justifiée, en raison de la nature et des conditions d’exercice des activités en
cause (CJCE, 26 oct. 1999, Sirdar c./the Army Board RU, aff. C-273/97). En
revanche, les femmes ne sont pas exclues de manière générale des emplois
militaires comportant l’utilisation d’armes et qui leur autorisent seulement l’accès
aux services de santé et aux formations de musique militaire (CJCE, 11 janv.
2000, Kreil, aff. C-285/98). De même, concernant l’exercice de l’activité de policier,
la Cour a retenu qu’il appartient à l’État membre de prendre en considération les
exigences de la protection de la sécurité publique pour réserver, dans une
situation interne caractérisée par des attentats fréquents, les tâches générales de
police à des hommes équipés d’armes à feu (CJCE, 15 mai 1986, Johnston, aff.
222/84).
945
pour y parvenir sont appropriés et nécessaires. La Cour de justice
laisse en principe l’appréciation des faits aux juges nationaux.
Cependant, elle contrôle directement la légitimité de l’objectif
poursuivi lorsque la question concerne la conformité d’une législation
nationale ou d’une disposition conventionnelle avec le droit de
l’Union.
§2 La mise en œuvre
946
faire respecter les obligations qui découlent de la présente directive,
grâce notamment à des procédures judiciaires efficaces.
947
démontrer l’existence d’un déséquilibre. Il appartient au juge national
d’apprécier dans quelle mesure les données statistiques produites
devant lui, caractérisant la situation de la main-d’œuvre, sont
valables et si celles-ci peuvent être prises en compte, c’est-à-dire si,
notamment, elles ne sont pas l’expression de phénomènes
purement fortuits ou conjoncturels et si, d’une manière générale,
elles apparaissent significatives (CJUE, 8 mai 2019, Violeta Villar
Láiz, aff. C-161/18).
Jurisprudence
Or, la CJUE précise que ce déséquilibre doit être substantiel : « pour être jugé
discriminatoire, la mesure doit affecter un nombre beaucoup plus élevé de femmes
que d’hommes » (CJCE, 13 juill. 1989, Rinner-Kühn, aff. C-171/88), un
« pourcentage considérablement plus faible d’hommes que de femmes » (CJCE,
7 févr. 1991, Nimz, aff. C-184/89) ou « un nombre beaucoup plus élevé de
femmes que d’hommes » (CJCE, 24 févr. 1994, De Weerd, aff. C-343/92 ; CJCE,
2 oct. 1997, Gerster, aff. C-1/95 ; CJCE, 23 oct. 2003, Schönheit, aff. C-4/02 et C-
5/02).
948
l’application de ces sanctions (art. 25). Ces sanctions, qui peuvent
également comprendre le versement d’une indemnisation financière
à la victime – couvrant intégralement le préjudice subi –, doivent être
effectives, proportionnées et dissuasives.
Jurisprudence
En l’absence de mise en œuvre appropriée de la directive, il est de
jurisprudence constante de la Cour de Justice que le régime défavorisant un sexe
est écarté au profit de l’autre (substitution) ; cette solution s’applique que la
disposition discriminatoire soit de nature législative ou conventionnelle (CJCE,
4 déc. 1986, Pays-Bas c./FNV, aff. 71/85 ; CJCE, 13 déc. 1989, Ruzius-Wilbrink,
aff. C-102/88).
Jurisprudence
La CJUE ne limite pas cette protection au seul licenciement, mais elle l’étend
également à des mesures destinées à entraver les démarches du travailleur
licencié dans sa recherche d’un nouvel emploi (CJCE, 22 sept. 1998, Coote
c./Granada Hospitality Ltd, aff. C-185/97).
949
toutes les mesures nécessaires pour se conformer au droit de l’UE
o
et engager des actions vers ce sens (Dir. n 2006/54, art. 23, 28 et
29). En même temps, ils encouragent la promotion de l’égalité par le
dialogue social, ainsi que par l’action d’autres organismes, y compris
o
les organisations non-gouvernementales (Dir. n 2006/54, art. 20,
21et 26). Par ailleurs, le quatrième paragraphe de l’article 157 TFUE
permet aux États membres de déroger au principe de l’égalité de
traitement et de prévoir des avantages spécifiques « pour assurer
concrètement une pleine égalité entre hommes et femmes dans la
vie professionnelle ». Cette autorisation des discriminations positives
qui a intégré le droit primaire depuis le traité d’Amsterdam est
essentiellement une construction prétorienne. Ces discriminations
visent surtout à faciliter l’exercice d’une activité professionnelle par
le sexe sous-représenté ou à prévenir ou compenser des
désavantages dans la carrière professionnelle.
A La protection de la maternité
Au premier abord, une protection particulière réservée aux femmes
est directement liée à sa condition biologique, pendant la grossesse
o
et la maternité. L’article 15 de la directive n 2006/54 consacre le
droit d’une femme en congé de maternité de retrouver son emploi ou
un emploi équivalent au terme de ce congé. Il en va ainsi d’une
formation professionnelle qui fait partie intégrante de son emploi et
qui est obligatoire pour pouvoir prétendre à une nomination définitive
à un poste de fonctionnaire (CJCE, 6 mars 2014, Napoli, aff. C-
595/12). En outre, il a été admis que le principe d’égalité des
rémunérations ne s’oppose pas au versement d’une allocation
forfaitaire aux seuls travailleurs féminins qui partent en congé de
maternité, dès lors que cette allocation est destinée à compenser les
950
désavantages professionnels qui résultent pour ces travailleurs de
leur éloignement du travail (CJCE, 16 sept. 1999, Abdoulaye, aff. C-
218/98). Enfin, protection fondamentale de la salariée enceinte, le
licenciement est interdit du début de la grossesse jusqu’à la fin du
congé de maternité, sauf motif étranger à son état communiqué par
écrit.
951
Jurisprudence
À titre d’exemple, l’arrêt Stoeckel (CJCE, 25 juill. 1991, aff. C-345/89 ; CJCE,
25 oct. 1988, Commission c./France, aff. 312/86) a jugé non conforme au principe
d’égalité une disposition qui interdit le travail de nuit aux femmes seulement. La
solution est identique en ce qui concerne l’attribution d’autres avantages (ex :
versement d’une prime de crèche ou réduction du temps de travail) réservés à une
femme car liés à sa qualité de parent ou de travailleur âgé. Ces mêmes avantages
peuvent également être prévus au bénéfice des hommes qui peuvent avoir, eux
aussi, les mêmes qualités. Il en va ainsi de l’interdiction générale d’emploi des
femmes en atmosphère hyperbare ou aux travaux de plongée, dans la mesure où
les hommes ayant les mêmes caractéristiques physiques que les femmes sont
er
éligibles à cet emploi (CJCE, 1 févr. 2005, Commission c./République
d’Autriche, aff. C-203/03).
952
o
La directive n 2019/1158 sur l’équilibre entre
vie professionnelle et vie privée des parents
et des aidants
Dans le processus de mise en application du Socle européen des droits sociaux
(principe 2 : égalité entre les femmes et les hommes) et, soucieuses de
promouvoir, d’une part, la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle,
et, d’autre part, un meilleur partage des responsabilités familiales entre les
hommes et les femmes, les institutions européennes ont adopté, le 20 juin 2019,
o
un nouveau texte législatif : la directive n 2019/1158 sur l’équilibre entre vie
professionnelle et vie privée des parents et des aidants. Cette dernière abroge la
o
Directive n 2010/18 du 8 mars 2010 qui portait spécifiquement sur le congé
parental.
Il convient, sur ce point, de souligner que le droit du jeune père, comme celui de la
jeune mère, à un congé parental pour s’occuper de son bébé est un droit
individuel ouvert à chaque parent, même si le conjoint n’exerce aucune activité
professionnelle (CJCE, 16 juill. 2015, Maïstrellis, aff. C-222/14).
953
o
France : Loi n 2020-1576 du 14 décembre 2020 de financement de la
sécurité sociale pour 2021
954
955
POUR ALLER PLUS LOIN…
956
familiales », Revue de l’UE 2019, p. 355
957
o
Fiche n 74 L’harmonisation minimale
des règles régissant les relations
individuelles du travail
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
958
§1 Les garanties applicables au contrat de travail
o
I. La directive n 2019/1152 relative à des conditions
de travail transparentes et prévisibles dans l’Union
européenne
959
est renforcée, dans la mesure où la liste des « éléments essentiels
de la relation de travail » qui doivent être communiqués au travailleur
est très étendue (art. 4§2). De plus, le délai de transmission du
document écrit (contrat de travail écrit et/ou lettre d’engagement
et/ou d’un ou de plusieurs autres documents écrits), est réduit à une
période qui débute le premier jour de travail et qui se termine le
septième jour calendaire au plus tard (art. 5). Par ailleurs, des
informations supplémentaires sont communiquées pour les
travailleurs envoyés dans un autre État membre ou un État tiers (art.
7).
960
qui implique corrélativement son droit de refuser ladite tâche en cas
de non-respect par l’employeur de cette exigence.
Jurisprudence
Cette liste est, selon la jurisprudence de la Cour de Justice, loin d’être
exhaustive. Selon elle, tout élément considéré comme essentiel du contrat de
travail ou de la relation de travail doit être porté à la connaissance du travailleur
salarié, y compris lorsqu’il n’est pas mentionné dans la liste fixée par la directive
(CJCE, 8 févr. 2001, Wolfgang Lange, aff. C-350/99, à propos de la réalisation des
heures supplémentaires sur simple demande de l’employeur).
La nouvelle directive n’exige pas non plus que les contrats de travail – en
réalité le CDI – prennent une forme écrite ; elle impose simplement la rédaction
d’un écrit qui informe le salarié sur les conditions de la relation de travail et qui
peut être remis à celui-ci postérieurement à la formation du contrat de travail.
961
o
UNICE, CEEP), la directive n 1999/70 porte sur le travail à durée
déterminée y compris dans le secteur public. Elle énonce les
principes généraux et les prescriptions minimales relatifs aux
contrats et aux relations de travail à durée déterminée. Leur objectif
est, en particulier, double : d’une part, améliorer la qualité du travail
à durée déterminée en garantissant l’application du principe de
l’égalité de traitement et, d’autre part, prévenir les abus découlant de
l’utilisation de relations de travail ou de CDD successifs.
962
Jurisprudence
Selon la Cour de justice, la notion de « conditions d’emploi », au sens de la
clause 4, est assez vaste. Elle englobe, en particulier : les conditions relatives aux
rémunérations ; celles concernant les pensions qui font fonction de relation
d’emploi, à l’exclusion des conditions concernant les pensions découlant d’un
régime de sécurité sociale ; enfin, le droit pour un travailleur en CDD de demander
un congé spécial lui permettant de suspendre la relation de travail, afin d’être
placé dans une position administrative et de se consacrer à l’exercice d’un mandat
politique pour lequel il a été élu (CJUE, 20 déc. 2017, Margarita Isabel Vega
González, aff. C-158/16). Bien entendu, le principe de l’égalité de traitement
implique la prise en considération des travailleurs à durée déterminée dans le
calcul des seuils rendant obligatoires la mise en place des institutions
représentatives du personnel, leur information sur les postes permanents dans
l’entreprise ou leur accès aux mêmes opportunités de formation et en matière de
santé et de sécurité au travail.
963
Jurisprudence
La Cour de Luxembourg a eu l’occasion de préciser la notion de « raisons
objectives » qui, au sens de la clause 5, requiert que « le recours à ce type
particulier de relations de travail, tel que prévu par la réglementation nationale, soit
justifié par l’existence d’éléments concrets tenant notamment à l’activité en cause
et aux conditions de son exercice » (CJCE, 4 juill. 2006, Adeneler, op. cit. ; CJCE,
22 nov. 2005, Mangold, aff. C-144/04 ; CJCE, 12 juin 2008, Spyridon et
a. c./Dimos Kerkyras, aff. C-364/07). Il a même été considéré que le recours à des
CDD successifs est justifié lorsque le renouvellement satisfait à certains besoins
provisoires, alors qu’en réalité, ces besoins sont permanents et durables (CJCE,
23 nov. 2009, Lagoudakis, aff. C-162/08 à C-164/08 ; CJUE, 26 nov. 2012, Kücük,
aff. C-586/10).
964
4 juill. 2006, Adeneler et a c./Ellinikos Organismos Galaktos (ELOG),
aff. C-212/04).
965
développement du travail à temps partiel, il énonce que les États
membres, les partenaires sociaux ou encore les employeurs
« devraient » réaliser certains actes ou prendre certaines mesures
dans le but d’« éliminer les obstacles » – juridiques ou
administratifs – au recours au travail à temps partiel (clause 5 de
l’accord). À titre d’illustration, le refus d’un travailleur d’être transféré
d’un travail à temps plein à temps partiel, ou vice versa, ne devrait
pas en tant que tel constituer un motif valable de licenciement
(clause 5 § 2). De la même façon, l’employeur est incité à diffuser en
temps opportun des informations sur les postes à temps partiel et à
temps plein disponibles dans l’entreprise et à fournir aux
représentants des travailleurs les informations appropriées sur le
travail à temps partiel (clause 5 § 3). Par ailleurs, une réglementation
nationale qui exige la notification à l’administration d’une copie des
contrats de travail à temps partiel dans un délai de 30 jours suivant
leur conclusion (CJCE, 24 avr. 2008, Michaeler, aff. C-55/07 et C-
56/07), a été jugée non compatible au droit de l’Union. En effet, une
telle réglementation instaure un obstacle administratif susceptible de
limiter les possibilités de travail à temps partiel (V. clause 5 § 1).
C Le travail intérimaire
Contrairement aux deux formes d’emploi précédemment
développées ayant fait l’objet de négociations collectives réussies
par les partenaires sociaux européens, les prescriptions minimales
o
sur le travail intérimaire ont été prévues par la directive n 2008/104
du 19 novembre 2008, adoptée dans le cadre de la procédure
législative ordinaire.
966
tout en ouvrant aux États membres la possibilité de renforcer la
o er
protection des travailleurs concernés (Dir. n 2008/104, art. 1 ) par
des dispositions plus favorables et sans que sa mise en œuvre
puisse constituer un motif de régression de la protection nationale
(art. 9). Il s’agit de : la reconnaissance de l’entreprise de travail
temporaire comme l’employeur du travailleur intérimaire (art. 2) ; la
justification par des raisons d’intérêt général (protection des
travailleurs intérimaires, exigences de santé et de sécurité au travail,
nécessité d’assurer le bon fonctionnement du marché du travail) des
interdictions ou des restrictions apportées au recours à l’intérim (art.
4).
967
Jurisprudence
o
La Cour de justice précise que la directive n 2008/104 doit être interprétée en
ce sens qu’elle ne s’oppose pas à une réglementation nationale qui habilite les
partenaires sociaux à déroger, au niveau de la branche des entreprises
utilisatrices, à la durée maximale de mise à disposition d’un travailleur intérimaire
fixée par une telle réglementation (CJUE, 17 mars 2022, aff. C-232/20).
Dans ce même arrêt, la Cour a également apporté une précision sur la notion de
o er
« temporaire » de la mission d’intérim (Dir. n 2008/104, art. 1 , §1). Ledit
article doit, en particulier, être interprété en ce sens que les termes « de manière
temporaire » ne s’opposent pas à la mise à disposition ayant un contrat de travail
avec une agence d’intérim auprès d’une entreprise utilisatrice « aux fins de
pourvoir un poste qui existe durablement et qui n’est pas occupé à titre de
remplacement ».
968
traitement ainsi qu’aux cas de recours auprès de la Commission
nationale de l’Informatique et des libertés (CNIL).
969
un délégué à la protection des données personnelles qui devient le
véritable « clé de voûte » de la conformité en matière de la
protection des données au sein de l’entreprise. À cet égard, il exerce
des missions d’information, de contrôle, de conseil vis-à-vis du
responsable du traitement, ainsi que de coopération avec l’autorité
de contrôle (art. 37 à 39).
970
les dispositions L. 1221-6 et L. 1221-9 du Code du travail traitent
cette question.
o
A La directive-cadre n 89/391
Applicable à tous les secteurs d’activité, privés ou publics,
industriels, commerciaux, agricoles, administratifs, éducatifs,
culturels, de services, de loisirs et autres (art. 2), la directive
o
n 89/391 du 12 juin 1989 marque un tournant décisif pour
971
l’amélioration de la sécurité et de la santé au travail, en mettant en
œuvre un « cadre » juridique qui garantit les conditions minimales de
sécurité et de santé à travers l’Europe (art. 1 § 1).
À cet égard, elle établit des principes généraux qui sont de deux
ordres : d’une part, ils visent l’action contre les risques, à savoir la
prévention, l’élimination, l’information, la consultation et la formation
(art. 1 § 2). D’autre part, ils organisent l’implication de tous les
partenaires au sein de l’entreprise (Section II et III de la directive).
C’est ainsi qu’elle impose une obligation générale pesant sur
l’employeur, mais recense également un certain nombre
d’obligations qui incombent aux travailleurs eux-mêmes. Elle ne
porte pas atteinte aux dispositions plus favorables à la santé et à la
sécurité des travailleurs, dispositions existantes ou futures,
nationales et communautaires (art. 1 § 3).
972
imprévisibles, ou encore en cas d’événements exceptionnels, dont
les conséquences n’auraient pu être évitées malgré toute la
diligence déployée (art. 5 § 4).
973
2 Les obligations des travailleurs
Selon l’article 13 § 1 de la directive, « il incombe à chaque travailleur
de prendre le soin, selon ses possibilités, de sa sécurité et de sa
santé ainsi que celle des autres personnes concernées du fait de
ses actes ou de ses omissions au travail, conformément à sa
formation et aux instructions de son employeur ». Si l’obligation
générale de sécurité pèse en principe sur l’employeur, la directive
fait pourtant apparaître un concept nouveau : celui de la participation
équilibrée des travailleurs et de leurs représentants aux tâches de
sécurité. Cette obligation de sécurité des travailleurs implique, en
particulier : l’utilisation correcte des machines, outils, substances
dangereuses et équipements ; la mise hors service ou la
modification des dispositifs de sécurité ; le signalement immédiat de
toute situation de travail dont les travailleurs ont un motif raisonnable
de penser qu’elle présente un danger grave et immédiat pour la
santé et la sécurité, ainsi que toute défectuosité du système de
protection ; la collaboration avec l’employeur et l’autorité compétente
aux tâches de sécurité dans l’entreprise (art. 13 § 2).
974
les directives concernant des secteurs spécifiques ou des questions
connexes (pour une présentation des différentes directives,
V. Tableau 5).
975
travail, à la disposition de l’employeur et dans l’exercice de son
activité ou de ses fonctions, conformément aux législations et/ou
pratiques nationales ». Trois éléments sont réunis : présence
physique sur le lieu de travail, disponibilité, exercice de l’activité. En
revanche, le temps de repos est « toute période qui n’est pas du
temps de travail » (art. 2 § 1 et 2).
976
Jurisprudence
Concernant le congé annuel, la Cour de justice évoque un droit qui résulte
directement du droit communautaire, « imposant aux États membres une
obligation claire et précise pour que le travailleur bénéficie d’un congé annuel payé
d’au moins quatre semaines » (CJCE, 26 juin 2001, The Queen c./Secretary of
State for Trade and Industry, aff. C-173/99). Une jurisprudence européenne
abondante a été produite sur la question du droit aux congés annuels, voire les
modalités de son ouverture, de son utilisation et du maintien de la rémunération.
977
pas prédéterminée (cadres dirigeants, main-d’œuvre familiale,
travailleurs dans le domaine liturgique des églises et des
communautés religieuses) ou qui présentent de caractéristiques
spécifiques. Dans ces deux cas de figure, les États membres se
voient tout d’abord reconnaître la possibilité de déroger à
l’application des dispositions relatives au repos journalier, au repos
hebdomadaire, au temps de pause, à la durée maximale
hebdomadaire du travail, à la durée du travail de nuit et au
mécanisme des périodes de référence (art. 17 § 1, renvoyant aux
art. 3 à 6, 8 et 16). En ce qui concerne, notamment, les dérogations
en raison des spécificités des activités, celles-ci peuvent également
être adoptées par voie des conventions collectives (art. 17 § 2).
Cette flexibilité de la durée du travail concerne une série de métiers
ou de types d’activités cités dans les paragraphes 3, 4 et 5 du même
article.
L’article 18 permet enfin, exclusivement par la voie de la négociation
collective, de déroger dans n’importe quel secteur à l’une et/ou
l’autre des règles posées aux articles 3 à 5, 8 et 16 de la directive.
Ces dérogations s’accompagnent, néanmoins d’une obligation de
prévoir des « périodes équivalentes de repos compensateur » pour
les travailleurs concernés.
978
Vers une révision de la directive temps de travail ?
979
o
sociale pour les conducteurs et règlement n 561/2006 fixant les
règles communes concernant les temps de conduite et de repos).
980
981
982
983
POUR ALLER PLUS LOIN…
– S. ROBIN-OLIVIER, « L’impact de la directive 2008/104/CE
relative au travail intérimaire – “vu d’ici” », RTD 2009, p. 737
– C. SCHULTIS, « Le traitement de données dans le cadre des
relations de travail dans le règlement sur la protection des
données personnelles », Dalloz IP/IT 2017, p. 265
– C. VIGNEAU, « L’accord-cadre européen sur le travail à durée
déterminée »,
Dr. soc. 1999, p. 928
– F. BARON, « La notion de temps de temps de travail en droit
communautaire », Dr. soc., 2001, p. 1097
– J. BARTHELEMY, « Temps de travail et temps de repos, l’apport
du droit communautaire », Dr. soc., 2000, p. 76
– P. LOKIEC et S. ROBIN-OLIVIER, « L’obligation de sécurité de
l’employeur en Europe », RDT 2008, p. 124
984
o
Fiche n 75 L’harmonisation minimale
des règles relatives à la protection
des travailleurs face aux restructurations
des entreprises
L’ESSENTIEL
985
LES CONNAISSANCES
I. Le champ d’application
o
Le cadre général institué par la directive n 2002/14 a vocation à
s’appliquer dans les entreprises ou les établissements situés sur
l’ensemble du territoire de l’Union européenne, qu’ils aient une
dimension transnationale ou non (art. 1 § 1). Elle ajoute, toutefois,
un critère d’effectif : en effet, l’article 3 § 1 précise que, selon le choix
fait par les États membres, la directive s’applique soit aux
entreprises employant au moins 50 travailleurs, soit aux
établissements employant dans un État membre au moins 20
salariés. Il est donc manifeste que le champ d’application est
potentiellement beaucoup plus large que les directives visant les
entreprises ou les groupes à dimension communautaire ou ayant
986
o
adopté un statut de société européenne (Règl. n 2157/2001 et Dir.
o
n 2001/86, 8 oct. 2001).
987
Le comité d’entreprise européen dans les structures
« de dimension communautaire »
Les prémices de la législation actuelle datent de la proposition Vredeling de 1980
(JO CE C 297 du 15 nov. 1980) sur l’information et la consultation des travailleurs
des entreprises à structure complexe, notamment les entreprises multinationales.
L’ambition de la directive proposée était d’assurer l’information et la consultation
des représentants des travailleurs, en particulier à l’occasion de décisions
importantes pouvant avoir des conséquences directes ou indirectes sur l’emploi
des travailleurs concernés. La concrétisation de l’idée vient avec l’adoption de la
directive 94/45 du 22 septembre 1994 ayant elle-même fait l’objet d’une révision
par la directive 2009/38 du 6 mai 2009 concernant « l’institution d’un comité
d’entreprise européen (CEE) ou d’une procédure dans les entreprises et les
groupes d’entreprises de dimension communautaire en vue d’informer et de
consulter les travailleurs ».
988
3§1). Une présomption simple d’influence dominante est établie lorsqu’une
entreprise : détient la majorité du capital souscrit de l’entreprise contrôlée ;
dispose de la majorité des voix attachées aux parts émises par l’entreprise ; peut
nommer plus de la moitié des membres du conseil d’administration, de direction
ou de surveillance de l’entreprise (art. 3§2). En outre, il convient de souligner que
pour déterminer si une entreprise « exerce le contrôle », la loi applicable est celle
de l’État membre sur le territoire duquel est situé le représentant de l’entreprise
dominante ou, à défaut de représentant, celle de l’État membre sur le territoire
duquel est située la direction centrale de l’entreprise qui emploie le plus grand
nombre des travailleurs (art. 3§6).
L’un des apports les plus évidents de la refonte opérée par la directive de 2009 est
la détermination des notions d’« information » et de « consultation », bien que des
incertitudes demeurent sur leur moment précis. D’un côté, l’information se définit
comme la « transmission par l’employeur de données aux représentants des
travailleurs afin de permettre à ceux-ci de prendre connaissance du sujet traité et
de l’examiner » (art. 2§1 f). De l’autre côté, la consultation est conçue comme un
« dialogue et un échange de vues entre les représentants des travailleurs et la
direction centrale ou tout autre niveau de direction plus approprié, à un moment,
d’une façon et avec un contenu qui permettent aux représentants des travailleurs
d’exprimer, sur la base des informations fournies dans un délai raisonnable, un
avis concernant les mesures proposées qui font l’objet de la consultation » (art.
2§1 g).
Deux modalités existent pour la mise en place d’un CEE : soit la mise en place
d’un CEE « volontaire » (art. 5§1 de la directive 2009/38), soit la mise en place
d’un CEE « légal » (art. 7) en l’absence d’accord des partenaires sociaux dans
l’entreprise ou de groupe de dimension communautaire. Il incombe ainsi au
législateur national à adapter les modalités d’application au système national de
représentation des travailleurs.
989
augmenté de manière significative depuis la réforme de la directive en 2009. Seul
un tiers de toutes les entreprises couvertes par la directive disposent d’un CEE.
Suite à la publication, le 14 mai 2018, de son rapport d’évaluation de la directive
révisée sur le CEE, la Commission européenne n’envisage pas d’apporter une
réponse législative à l’échec de la directive d’atteindre certains de ces objectifs. En
revanche, face aux faiblesses constatées dans le rapport (tendance à la baisse en
termes de création des CEE, inefficacité de la consultation, différences dans la
nature et le niveau des sanctions…), la Commission opte pour l’élaboration d’un
guide de bonnes pratiques et pour la mobilisation des instruments de financement
de l’UE en vue d’appuyer les CEE.
o
(Dir. n 2001/86, 8 oct. 2001)
Aux termes de l’article 1 § 2 de la directive, « les modalités d’information et de
consultation sont définies et mises en œuvre conformément à la législation
nationale et aux pratiques en matière de relations entre les partenaires sociaux en
vigueur dans les différents États membres, de manière à assurer l’effet utile de la
démarche ».
990
l’organisation du travail et dans les relations contractuelles (art. 4
§ 2).
Jurisprudence
Ainsi, selon la Cour de justice, il est clair que le licenciement d’un représentant
des travailleurs, motivé par sa qualité ou par les fonctions exercées par celui-ci en
cette qualité de représentant, serait incompatible avec la protection exigée par
l’article 7 (CJUE, 11 févr. 2010, Ingeniøforeningen i Danmark, aff. C-405/08).
991
o
La législation dans ce domaine existe depuis 1977 (Dir. n 77/187,
14 févr. 1977), mais elle a été complétée au début des années 2000
o
par le biais de la directive n 2001/23 du 12 mars 2001.
I. Le champ d’application
o er
(Dir. n 2001/23, 12 mars 2001, art. 1 )
er
Aux termes de l’article 1 de la directive 2001/23, « la présente directive est
applicable à tout transfert d’entreprise, d’établissement ou partie d’entreprise ou
d’établissement à un autre employeur résultant d’une cession conventionnelle ou
d’une fusion ».
A L’objet du transfert
Jurisprudence
Fortement inspiré par la jurisprudence de la Cour de Luxembourg (à propos
du critère d’identité : CJCE, 18 mars 1986, Spijkers, aff. 24/85 ; CJCE, 7 mars
1997, Merckx et Neuhuys, aff. C-171 et 172/94 ; à propos de la notion d’entreprise
en tant qu’une organisation de moyens, même si les moyens se limitent parfois à
la seule collectivité des travailleurs : CJCE, 11 mars 1997, Süzen, aff. C-13/95), le
er
point b du 1 article stipule qu’« est considéré comme transfert, au sens de la
présente directive, celui d’une entité économique maintenant son identité,
entendue comme un ensemble organisé des moyens, en vue de la poursuite d’une
activité économique, que celle-ci soit essentielle ou accessoire ».
992
Ainsi, la Cour de justice, dont la jurisprudence est abondante en la
matière, demande régulièrement au juge national d’examiner, en
premier lieu, si l’exploitation est effectivement poursuivie ou reprise,
avec les mêmes activités ou des activités analogues et, en second
lieu, si les circonstances de fait (ex. : transfert d’éléments corporels
– bâtiments et biens immobiliers –, éléments incorporels, effectifs,
clientèle, degré de similarités des activités exercées avant et après
transfert) permettent de vérifier que la même entreprise se poursuit.
Par conséquent, la notion de l’entreprise-activité prévaut.
Mais, la Cour est allée encore plus loin dans son interprétation, en
retenant une conception plus large du transfert d’entreprise, de sorte
qu’un glissement de l’entreprise-activité à l’entreprise-organisation
s’opère. En effet, elle requiert la nécessité du maintien de l’identité
de l’entreprise par le maintien des liens fonctionnels de production.
Jurisprudence
À titre d’illustration, dans un arrêt en date du 12 février 2009 (Klarenberg, aff.
C-466/07) elle a retenu que « la directive 2001/23 s’applique dans une situation où
la partie d’entreprise ou d’établissement cédée ne conserve pas son autonomie du
point de vue organisationnel, à condition que le lien fonctionnel entre les différents
facteurs de production transférés soit maintenu et qu’il permette au cessionnaire
d’utiliser ses derniers aux fins de poursuivre une activité économique identique ou
analogue ».
993
Exemple d’« entreprise-organisation »
o
La directive n 2001/23 s’applique à une situation dans laquelle un donneur
d’ordre, qui avait confié la gestion complète de la restauration collective au sein
d’un hôpital à un premier entrepreneur, met fin à ce contrat et conclut, en vue de
l’exécution de la même prestation, un nouveau contrat avec un second
entrepreneur en vertu duquel ce dernier utilise d’importants éléments d’actifs
corporels (locaux, eaux, énergie, petits et gros équipements nécessaires à la
confection des repas et machines à laver) précédemment utilisés par le premier
entrepreneur et mis successivement à leur disposition par le donneur d’ordre,
quand bien même le second entrepreneur aurait émis l’intention de ne pas
reprendre les salariés du premier entrepreneur (CJCE, 20 nov. 2003, Abler, aff. C-
340/01).
o
En outre, la directive n 2001/23 est applicable aux entreprises
publiques et privées exerçant une activité économique, qu’elles
poursuivent ou non un but lucratif (art. 1 § 1, c).
B Le mode de transfert
Selon la lettre de l’article 1 § 1 a de la directive, elle a vocation à
s’appliquer « à tout transfert… résultant d’une cession
conventionnelle ou d’une fusion ». Cependant, en présence de
divergences de traduction entre les États membres, la Cour de
justice a considéré que le contenu de la notion de cession
conventionnelle doit être interprété à la lumière de la finalité de la
directive. Ainsi, la directive est applicable dans toutes les
hypothèses de changement, dans le cadre des relations
contractuelles, de la personne physique ou morale responsable de
l’exploitation de l’entreprise qui contracte les obligations de
l’employeur vis-à-vis des employeurs de l’entreprise (CJCE 15 juin
1998, Bork International, aff. 101/87). Il est alors manifeste que la
994
notion de transfert revêt une ampleur importante. Reste, pourtant, à
préciser ses différents modes, dans la mesure où la Cour de
Luxembourg a posé la règle d’une interprétation large de la notion
de cession conventionnelle.
En premier lieu est concerné tout cas de figure qui fait présumer
l’existence d’un lien de droit entre le cédant et le cessionnaire, à
l’instar de : vente – totale ou partielle –, fusion, scission d’un
établissement, d’une partie d’établissement ou d’une entreprise ;
mutation juridique de la personne de l’employeur à l’intérieur d’un
groupe de sociétés ; transfert par succession ; sous-traitance ou
concession d’une activité de services ; mise en location.
995
l’externalisation des activités qui ne relèvent pas de l’exercice de la
puissance publique hors de l’Administration (à propos de l’attribution
successive de l’activité d’aide à domicile à différents opérateurs par
un organisme public : CJCE, 10 déc. 1998, Hidalgo, aff. C-173/96)
ou, inversement, l’intégration des telles activités dans la compétence
de l’Administration (à propos de la reprise par une commune des
activités de publicité et d’information sur les services qu’elle offre au
public : CJCE, 26 sept. 2000, Mayeur, préc.). Sont, en revanche,
exclues les réorganisations des structures de l’autorité administrative
publique ou le transfert des fonctions administratives (art. 1 § 1 c).
Jurisprudence
Le principe, affirmé dans l’article 3 § 1, a été posé par la Cour de justice dans
un arrêt du 25 juillet 1991 (Urso, aff. C-362/89) : « les droits et les obligations qui
résultent pour le cédant d’un contrat de travail ou d’une relation de travail existant
à la date du transfert sont, du fait de ce transfert, transférés au cessionnaire ».
Cette règle s’applique malgré la volonté contraire du cédant ou du cessionnaire
d’exécuter leurs obligations ou malgré la constatation de l’« état de crise » d’une
entreprise.
996
A Les conditions du maintien des conventions collectives
o
(Dir. n 2001/23, 12 mars 2001, art. 3 § 3)
L’article 3 § 3 prévoit qu’« après le transfert, le cessionnaire maintient les
conditions de travail convenues par une convention collective dans la même
mesure que celle-ci les a prévues pour le cédant, jusqu’à la date de résiliation ou
d’expiration de la convention collective ou de l’entrée en vigueur ou de l’application
d’une autre convention collective ».
997
L’opération de transfert intéresse les représentations du personnel
tant du cédant que du cessionnaire ; elles devront l’une et l’autre
être informées et consultées sur la date et le motif du transfert, les
conséquences – juridiques, économiques et sociales – du transfert
pour les travailleurs, ainsi que les mesures envisagées à leur égard
(art. 7 § 1).
998
à condition que « l’entreprise, l’établissement ou la partie de
l’entreprise ou d’établissement conserve son autonomie » (art. 6 § 1,
al. 4). Autrement dit, l’entité transférée devrait demeurer un cadre
juridique autonome de représentation au regard de la législation
nationale applicable. Ainsi, si le cadre demeure le même, la
représentation se poursuit sans qu’il y ait lieu à aménagement. En
revanche, si elle ne l’est plus, la représentation est appelée à
disparaître et des aménagements sont nécessaires, qui reviennent
aux droits nationaux.
999
nouvellement élu ou désigné (art. 6 § 1, al. 2). Cela implique, bien
entendu, que les États membres prennent toutes les mesures
nécessaires pour assurer que les travailleurs transférés soient
convenablement représentés jusqu’à la nouvelle élection ou
désignation des représentants des travailleurs.
1000
Jurisprudence
Par un arrêt rendu le 11 novembre 2020 (Marclean Technologies, Aff. C-
er
300/19) la Cour de justice s’est prononcée sur l’interprétation de l’article 1 de la
Directive 98/59 à propos de la période de référence à prendre en considération
pour l’établissement de l’existence d’un licenciement collectif. En confirmant
l’analyse de l’avocat général, la Cour de Luxembourg retient qu’en fonction des
faits de chaque cas spécifique, la période de référence pourrait se situer
entièrement avant, entièrement après ou en partie avant et en partie après le
licenciement en question. Cette solution, qui s’inscrit dans une logique très
protectrice pour les salariés, peut avoir des conséquences pratiques importantes
dans le contexte actuel de multiplication des restructurations et de suppressions
d’emploi.
1001
le paiement des créances salariales malgré la défaillance de
l’employeur. Celui-ci est en effet réalisé grâce à l’intervention d’une
institution de garantie financée par les entreprises mais
indépendante d’elles. D’ailleurs, il s’agit désormais d’une obligation
o
de droit international, prévue également par la Convention n 173 de
o
l’OIT, adoptée en 1992 et complétée par la Convention n 180.
o
Après une première modification en 1987, la directive n 80/987 a
o
fait l’objet d’une révision importante par la directive n 2002/74 du 23
o
septembre 2002, elle-même modifiée par la directive n 2008/94 du
22 octobre 2008. Un contentieux assez important s’est développé
devant la Cour de justice s’agissant du domaine et du montant de la
garantie. De plus, l’application de la directive a été à l’origine de
nombreux recours en manquement des États membres.
1002
POUR ALLER PLUS LOIN…
1003
– M. CORTI et A. KOUKIADAKI, « La transposition de la directive
2002/14 sur l’information et la consultation des travailleurs dans la
Communauté européenne », RDT 2009, p. 466
– G. COUTURIER, « Le maintien des droits de travailleurs en cas de
transfert d’entreprise », Dr. soc., 1989, p. 557
– F. VASQUEZ, « La dimension européenne des restructurations »,
Dr. soc.,2006, p. 260
1004
TITRE 3
LA COORDINATION DES SYSTÈMES
DE SÉCURITÉ SOCIALE
o
Fiche n 76 Les principes de la coordination des systèmes
de sécurité sociale
o
Fiche n 77 Les techniques de la coordination
des systèmes de sécurité sociale
o
Fiche n 78 Le domaine de la coordination des systèmes
de sécurité sociale
1005
o
Fiche n 76 Les principes
de la coordination des systèmes de sécurité
sociale
L’ESSENTIEL
1006
de la Cour de justice, qui a prononcé depuis 1959 plus de 600 arrêts
sur l’interprétation des règles de coordination.
LES CONNAISSANCES
1007
sociale d’un ou de plusieurs États membres. Peu importe,
corrélativement, que ces personnes soient des actifs (salariés,
fonctionnaires ou travailleurs indépendants) ou des non-actifs
(demandeurs d’emploi, retraités, étudiants). Ce qui importe c’est
qu’ils bénéficient ou qu’ils ont déjà bénéficié d’une couverture
sociale ; d’où le glissement de la notion de travailleur à celle
d’« assuré social ». Sur ce point, il convient de souligner que le
régime de coordination s’étend également aux citoyens assurés
sociaux de l’Islande, du Liechtenstein, de la Norvège et de la Suisse.
1008
Jurisprudence
Pendant longtemps, la Cour de Luxembourg opérait une distinction entre
droits propres et dérivés en retenant que les membres de la famille ne sauraient
prétendre qu’aux droits dérivés (à titre d’exemple : CJCE, 23 nov. 1976,
Kermaschek, aff. 40/76). Sa jurisprudence a progressivement évolué et, tout en
préservant la distinction entre droits propres/droits dérivés, elle a cantonné les
droits propres à certains types de prestations fortement liées à l’activité
professionnelle de l’affilié (ex. : prestations de chômage, prestations d’accidents
de travail et de maladies professionnelles). Par conséquent, les membres de la
famille bénéficient directement d’autres types de prestations, à l’instar des
allocations familiales (CJCE, 15 mars 2001, Offer-manns, aff. C-85/99 ; CJCE,
5 févr. 2002, Humer, aff. C-255/99). Mais, depuis la substitution de la notion
o
d’« assuré social » à celle de « travailleur » (sous le Règl. n 1408/71), le débat ne
présente pas de réel intérêt, dans la mesure où le bénéfice des droits de la
sécurité sociale est déconnecté de l’activité professionnelle.
o
En troisième lieu, depuis 2003, le règlement n 1231/2010 du
24 novembre 2010 étend, dans le cadre du développement d’une
politique migratoire de l’Union européenne, le bénéfice de la
coordination aux ressortissants des pays tiers qui résident et
travaillent légalement dans un État membre et sont amenés à
effectuer une mobilité à l’intérieur du territoire européen.
Le mécanisme de coordination couvre, en dernier lieu, les membres
de la famille et les survivants des bénéficiaires principaux de la
coordination (citoyens européens, réfugiés ou apatrides,
ressortissants des pays tiers), quelle que soit leur nationalité. Mais,
au-delà de la définition des « membres de la famille » (art. 1 i), se
pose la question de savoir si les droits dont ils bénéficient leurs sont
reconnus directement ou indirectement. En d’autres termes, sont-ils
bénéficiaires de droits propres à prestations ou ne bénéficient-ils que
1009
de droits dérivés, c’est-à-dire ceux acquis en tant que membres de
la famille ou survivants du bénéficiaire principal de la coordination ?
1010
Jurisprudence
Sur ce point, il convient de souligner que, sous réserve des exceptions qui
peuvent lui être apportées par voie d’accord entre autorités compétentes des
États, le système de règlement des conflits en matière de sécurité sociale est
impératif et il a pour effet de « soustraire du législateur de chaque État membre le
pouvoir de procéder à la détermination du droit applicable » (CJCE, 12 juin 1986,
Ten Holder, aff. 302/84 ; CJCE 3 mai 1990, Kits van Heijningen, aff. C-2/89).
Jurisprudence
La Cour de justice entend ce lieu d’exercice d’activité comme « le lieu où,
concrètement, la personne concernée accomplit les actes à cette activité » (CJCE
27 sept. 2012, Partena ASBL, aff. C-137/11).
1011
Jurisprudence
Aucune condition de résidence ne peut y être ajoutée (CJCE 3 mai 1990, Kits
Von Hejningen, préc. ; en l’espèce, la Cour de justice a déclaré inopposable au
travailleur une clause de résidence sur le territoire imposée par la loi du lieu
d’activité). D’ailleurs, le refus de verser des prestations sociales en raison de la
résidence du travailleur dans un État membre autre que l’État membre prestataire
pourrait dissuader ledit travailleur d’exercer son droit à la liberté de circulation et
constituerait, dès lors, une entrave à cette liberté (à propos des prestations
familiales : CJCE 22 févr. 1990, Bronzino, aff. C-228/88).
Par ailleurs, la règle du lex loci laboris est essentielle car elle dicte
non seulement les droits des personnes, mais aussi les obligations
en termes de cotisations des employeurs.
Jurisprudence
Il a été ainsi retenu par la Cour de Luxembourg que l’État de résidence d’un
travailleur ne peut, au titre de sa législation sociale, imposer des cotisations sur la
rémunération perçue par le salarié à l’occasion d’une activité exercée dans un
autre État membre et, de ce fait, assujettie à la législation de cet État (CJCE,
5 mai 1977, Perenboom, aff. 102/76). Cette solution vaut également pour la CSG
et la CRDS qui sont assimilées par la Cour à des cotisations sociales. C’est sur ce
fondement que la législation française a été condamnée pour y avoir assujetti des
travailleurs frontaliers résidant en France, mais qui payaient de cotisations
sociales à leur pays d’emploi (CJCE, 15 févr. 2000, Commission c./France, aff. C-
169/98).
1012
Tout d’abord, des aménagements concernent les fonctionnaires (art.
11 § 3 b) et les personnes effectuant un service national ou un
service civil (art. 11 § 3 d) qui sont soumis, pour les premiers, à la
législation de l’État membre dont relève l’administration qui les
emploie et, pour les seconds, à la législation de l’État membre
concerné. En outre, le règlement apporte des précisions pour
déterminer l’État d’emploi des marins à bord des navires en mer (art.
11 § 4).
Jurisprudence
Ces derniers relèvent de la législation sociale de l’État membre du pavillon,
même si ces salariés n’ont ni la nationalité d’un État membre ni leur domicile dans
l’Union européenne (CJCE, 17 mars 1993, Sloman Neptun, aff. C-72/91).
1013
Jurisprudence
La chambre sociale de la Cour de cassation a condamné (Cass. soc. 10 janv.
o
2018, n 16-16.713) une compagnie aérienne espagnole, Vueling Airlines, pour
dissimulation d’activité. En l’espèce, cette compagnie disposait d’une base
d’exploitation à l’aéroport de Roissy-Charles De Gaulle et, par conséquent, le
personnel navigant employé par cette succursale devrait être soumis au droit de la
sécurité sociale française et non espagnole.
1014
Jurisprudence
Si le règlement de 2004 détermine le lieu de résidence comme le lieu où une
er
personne réside habituellement (art. 1 , j), la Cour de justice (CJCE, 8 juill. 1992,
Knoch, aff. C-102/90) et le règlement de 2009 (art. 11) apportent quelques
précisions en retenant qu’il s’agit du « lieu où se trouve le centre principal ou
permanent des intérêts de la personne concernée », voire le lieu avec lequel le
sujet a un lien social stable et dominant, prenant ainsi en compte des « facteurs
autres que professionnels » (CJCE, 12 juill. 1973, Éts Angénieux c./Hakenberg,
aff. 13/73).
Jurisprudence
Selon la Cour de justice, l’« activité normale » correspond à l’exercice habituel
d’activités significatives, ce qui permet d’ignorer les activités exercées de façon
simplement ponctuelle (CJUE, 13 sept. 2017, X c./ Staatssecretaris van Financiën,
aff. C-569/15).
1015
d’exploitation dans des États membres autres que celui de
résidence, s’appliquera la législation de l’État membre de résidence
s’appliquera.
Jurisprudence
Afin de déterminer la législation nationale applicable au sens de l’art. 13§2, b,
la Cour de justice a procédé, dans un arrêt du 16 juillet 2020 (aff. C-610/18) à la
détermination de l’employeur de certains chauffeurs routiers internationaux. Elle l’a
fait au moyen de critères qui visent à déterminer la situation objective dans
laquelle se trouvaient les salariés, quel que soit le libellé des documents
contractuels. En l’espèce, une société chypriote avait conclu des contrats de
travail avec des chauffeurs routiers. Cependant, ces derniers n’avaient jamais
habité ni travaillé à Chypre, mais, ils continuaient à habiter aux Pays-Bas et
exerçaient, pour le compte des entreprises de transport situées aux Pays-Bas, leur
activité dans deux ou plusieurs États membres. La législation de sécurité sociale
applicable devrait alors être la législation néerlandaise et non la législation
chypriote.
1016
membres, à la législation déterminée au § 1, c’est-à-dire celle du lieu
de résidence ou du siège de l’entreprise (art. 13 § 3).
1017
prestations en nature de l’assurance maladie maternité. Force est de
souligner que, contrairement au certificat E 101 (devenu A1) qui vaut
présomption d’affiliation du salarié au régime de Sécurité sociale de
l’État d’établissement de son employeur, le formulaire S1 constitue
une simple attestation de droits de prestation en matière
o
d’assurance maladie (Cass. crim. ,12 janv. 2021, n 20-80.647).
1018
durée prévisible de ce travail n’excède pas 24 mois et que la
personne ne soit pas envoyée en remplacement d’une autre
personne (art. 12). Deux conséquences juridiques en résultent :
premièrement, l’employeur continuera à cotiser selon les règles de
l’État d’origine et non dans l’État d’emploi ; deuxièmement, les
prestations dont peut éventuellement bénéficier le salarié sont
servies ou, selon le cas, sont finalement à la charge de l’institution
de sécurité sociale du pays d’origine.
1019
travailleurs concernés à l’une ou l’autre des branches de la Sécurité
sociale, aussi longtemps que ces certificats n’ont pas été retirés ou
déclarés invalides par l’institution compétente, l’URSSAF ne peut
pas se constituer partie civile pour solliciter l’octroi de dommages-
o
intérêts (Cass. crim., 12 janv. 2021, n 18-86.757). Selon la Cour de
cassation, l’action civile n’appartient qu’à ceux qui ont
personnellement souffert du dommage directement causé par
l’infraction, à l’instar d’une union départementale des syndicats
o
(Cass. crim., 12 janv. 2021, n 17-82.553). En revanche, lorsque ce
certificat est retiré par l’institution compétente de l’État de
l’établissement de l’employeur des travailleurs détachés, seule
trouve à s’appliquer la législation de l’État membre où est exercée
o
l’activité salariée (Cass. soc., 4 nov. 2020, n 18-25.596).
Jurisprudence
Par ailleurs, en application du principe de la coopération loyale posée par le
Traité, la Cour de justice exige de l’institution émettrice du certificat une vigilance
particulière afin de garantir l’exactitude des mentions y figurant et de détecter a
priori certaines incohérences (CJUE, 4 oct. 2012, Format Urzdzenia c./Herbosch
Kiere NV, aff. C-2/05).
1020
régime de sécurité sociale. En outre, une juridiction de l’État membre
d’accueil n’est pas, non plus, habilitée à vérifier la validité d’un
certificat A1 au regard des éléments sur la base desquels il a été
délivré (CJUE, 27 avr. 2017, A-Rosa Flusschiff GmbH, aff. C-
620/15).
Jurisprudence
Cependant, dans un souci de lutter contre les émissions frauduleuses de tels
certificats et les abus des normes de l’Union, la Cour de justice s’est prononcée
(CJUE, 6 févr. 2018, Ömer Altun, aff. C-359/16 ; CJUE, 14 mai 2020, aff. C-17/19)
sur la possibilité pour un juge national du pays d’accueil, lorsque l’institution
compétente du pays d’envoi s’abstient de procéder à un réexamen de la
délivrance du certificat A1 dans un délai raisonnable, d’écarter le certificat en
cause et de considérer que le salarié relève de son propre régime de sécurité
sociale.
1021
Jurisprudence
La Cour de Justice retient que les amendes disproportionnées sanctionnant
le non-respect d’obligations d’obtention d’autorisations administratives et de
conservation de documents salariaux concernant des travailleurs étrangers
détachés constituent une restriction à la liberté de prestation des services. Tel
était le cas d’une amende infligée par la police financière autrichienne à un
prestataire de services croate qui fournissait ses services en Autriche (217
travailleurs croates, serbes et bosniens y ont été détachés) et qui n’avait pas
fourni à l’entreprise utilisatrice autrichienne l’ensemble des documents relatifs aux
salaires versés à chacun de ses salariés. Cette infraction à la réglementation
autrichienne a été sanctionnée par une amende de plus de 3 millions d’euros au
gérant du prestataire croate, ainsi que par une amende de 2 millions d’euros à
chacun des quatre membres du directoire de l’entreprise utilisatrice autrichienne.
En cas de non-paiement, les amendes seraient converties en peines privatives de
liberté de plus de trois ans (CJUE, 12 sept. 2019, Maksimovic, aff. Jtes C-64/18,
C-140/18, C-146/18 et C-148/18). De telles sanctions peuvent être justifiées au
titre des objectifs de protection des travailleurs ou de lutte antifraude. Néanmoins,
elles doivent être adéquates et proportionnées à la gravité de situation.
1022
Une protection sociale pour tous les travailleurs
(principe 12, socle européen des droits sociaux)
Dans le cadre de la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux
(principe 12) le Conseil a adopté le 8 novembre 2019, une recommandation
relative à l’accès des salariés et non-salariés à la protection sociale. La
recommandation comporte un certain nombre des principes (droit d’accès à une
couverture sociale adéquate, formelle, effective, transparente) à mettre en œuvre
par les États membres sur une base volontaire.
o o
Révision des règlements n 883/2004 et n 987/2009
o
Une proposition de révision du Règlement n 883/2004 et de son Règlement
o
d’application n 987/2009 a été présentée par la Commission européenne le
13 décembre 2016. Le Conseil a arrêté, le 21 juin 2018, sa position d’orientation et
il entamera des négociations avec le Parlement dès que ce dernier aura adopté sa
position. La révision vise à moderniser les règles relatives à la coordination en
prenant en considération l’évolution des systèmes nationaux de la sécurité sociale.
Le projet du règlement modificatif est axé sur 5 domaines : les prestations de
chômage ; les prestations pour les soins de longue durée ; les prestations
familiales ; la législation applicable aux travailleurs détachés et aux personnes
travaillant dans deux États membres ou plus. La nouvelle proposition est
actuellement en cours de discussion auprès du Parlement européen et du Conseil
de l’UE.
1023
– J.-Cl. FILLON, « Union européenne et sécurité sociale : les
nouveaux règlements de coordination », RDT, 2009, p. 339
– J.-Cl. FILLON, « Le détachement de travailleurs salariés version
sécurité sociale (coordination des systèmes) : la loi de l’État
d’envoi
– J.-Ph. LHERNOULD, « Les règlements coordonnant les systèmes
nationaux de sécurité sociale : nouvelles lignes de force et points
de rupture », RTDE, 2018, p. 99
– A. MATH, « L’envoi de migrants détachés dans le cadre de libre
prestation de services transfrontaliers. Quels risques pour les
systèmes de protection sociale ? », RDSS 2005, p. 565
1024
o
Fiche n 77 Les techniques
de la coordination des systèmes de sécurité
sociale
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
1025
de l’emploi. Cela signifie qu’à l’exclusion des assurances volontaires
ou facultatives, il ne peut y avoir cumul des droits, mais pas non plus
des cotisations : un salarié ne paiera pas deux contributions pour un
même risque (CJCE, 10 mai 2001, Rundgren, aff. C-389/99).
Cependant, le principe de l’unicité de la législation applicable
n’exclut pas l’application simultanée du lex loci laboris et de la loi de
l’État de résidence, lorsque cette dernière accorde un complément
de protection sociale.
Jurisprudence
Précisément, il a été retenu par la Cour de justice, dans un arrêt rendu le
20 mai 2008 (Bosmann, aff. C-352/06) que « le règlement 1408/71 ne s’oppose
pas à ce qu’un travailleur migrant, qui est soumis au régime de la sécurité sociale
de l’État membre d’emploi, perçoive, en application d’une législation nationale de
l’État membre de résidence, les prestations familiales dans ce dernier État » (ex. :
une prime de naissance).
§2 L’égalité de traitement
1026
Jurisprudence
Toute discrimination fondée sur la nationalité dans le service des prestations
est donc interdite, qu’il s’agisse des discriminations directes ou indirectes (CJCE,
21 sept. 2000, Borawitz, aff. C-124/99).
1027
CJCE, 2 mai 1990, Winter-Lutzins, aff. C-293/88 ; CJCE, 30 mars
1993, de Wit, aff. C-282/91).
1028
compétente de l’État d’accueil qui leur fournit un formulaire U3
« changements de situation susceptible d’affecter vos droits
d’assurance chômage ». Par ailleurs, l’indéniable facteur de
simplification est le fait que le chômeur continue à recevoir ses
prestations par l’État de son dernier emploi (art. 64 § 1 d).
1029
maintien des droits et des avantages acquis et en cours
o o
d’acquisition » (considérant n 13 du règlement n 883/2004).
L’article 48 TFUE prévoit, en particulier, que cette totalisation de
toutes les périodes d’affiliation concerne l’ouverture et le maintien du
droit aux prestations, ainsi que le calcul de celles-ci.
Jurisprudence
La jurisprudence de la Cour de justice a maintes fois affirmé les fonctions de
la totalisation (CJCE, 5 juill. 1967, de Moor, aff. 2/67 ; CJCE 10 mars 1983,
er
Baccini, aff. 232/82 ; CJCE 1 oct. 2009, Leyman, aff. C-3/08). Par ailleurs, cette
dernière est essentiellement sollicitée à propos de prestations à long terme
(maladie-maternité ; invalidité ; vieillesse et décès), mais elle peut également jouer
pour les prestations de chômage, ainsi que les prestations et allocations familiales.
En revanche, le mécanisme ne s’applique pas en matière d’accident de travail
et de maladie professionnelle.
1030
En effet, le mécanisme mis en place par le Traité et le règlement ne
cherche ni à désavantager ni même à avantager l’assuré qui se
déplace à l’intérieur de l’Union européenne. À cet égard, il s’est
avéré nécessaire d’instaurer un système de liquidation des
prestations qui permet notamment de répartir prorata temporis la
charge financière des prestations entre les différents régimes
auxquels l’intéressé aura été successivement soumis.
Concrètement, on ne proratise une pension qu’à condition d’avoir au
préalable totalisé (ce qui implique une demande de liquidation
auprès des institutions de tous les États membres concernés) les
périodes d’assurance accomplies sous diverses législations. Aucune
proratisation n’intervient si le droit naît du jeu d’une législation
unique. Ainsi, le bénéficiaire ne perçoit en pratique de la part de
chaque institution compétente qu’une part de la prestation à laquelle
il peut prétendre, part proportionnelle à la période effectivement
accomplie sous son empire. Il convient, pourtant, de souligner que la
proratisation ne concerne que les prestations à long terme, c’est-à-
dire les pensions (vieillesse, invalidité, décès). Pour les autres
(maladie, maternité, chômage), la totalisation des périodes permet
simplement de faire bénéficier le migrant et sa famille de prestations
servies par le régime de sécurité sociale auquel il est soumis au
moment où il les perçoit, sans qu’il soit nécessaire d’en tenir compte
au stade de la liquidation desdites prestations.
1031
Jurisprudence
La Cour de justice avait très tôt retenu qu’une même période ne peut pas
servir deux fois au calcul du montant des prestations (CJCE, 15 juill. 1967,
Ciechelski, aff. 1/67). Le non-cumul s’applique aux prestations de même nature se
rapportant à une même période d’assurance obligatoire. Il s’agit, en particulier, de
prestations dont l’objet, la finalité, la base de calcul ainsi que les conditions d’octroi
sont identiques. La jurisprudence de la Cour est très riche en la matière.
1032
pour la définition des comptes financiers entre les institutions et
arrêter les comptes annuels entre celles-ci.
Jurisprudence
Cependant, malgré sa mission d’interprétation, la Commission administrative
ne peut pas se substituer à la Cour de justice, de sorte que les juridictions
nationales ne peuvent pas la saisir d’un recours préjudiciel d’interprétation (Cass.
e er
civ. 2 , 1 déc. 1965, Torrekens). Ces décisions ont seulement valeur d’avis
(CJCE, 5 déc. 1967, Van Der Vecht, aff. 19/67). Elles ne lient, par conséquent, ni
les juridictions nationales ni la Cour de justice ni les institutions chargées
d’appliquer le droit de l’Union dans ce domaine (CJCE, 14 mai 1981, Romano, aff.
98/80).
1033
la sécurité sociale nécessite, d’une part, la coopération des autorités
et institutions compétentes des États membres et, d’autre part,
l’intervention des organismes nationaux de liaison de chaque État
(art. 76 à 86).
1034
– S. NERI, « Le cumul de prestations de sécurité sociale en droit
communautaire », RTD eur. 1988, p. 573
1035
o
Fiche n 78 Le domaine de la coordination
des systèmes de sécurité sociale
L’ESSENTIEL
LES CONNAISSANCES
o
L’article 3 du Règlement n 883/2004 procède à la délimitation du
champ d’application matériel de la coordination qui comporte un
versant positif et un versant négatif : un certain nombre de
prestations entrent expressément dans le cadre de la coordination
(§ 1). D’autres sont expressément exclues (§ 2).
1036
§1 Prestations couvertes : les prestations de sécurité
sociale
1037
journalière de présence parentale…). Le raisonnement est identique
er
pour les prestations en nature (art. 1 , v bis), les prestations de
er er
préretraite (art. 1 , x), et les allocations décès (art. 1 , y).
1038
spéciaux – IRCANTEC, CRPNPAC, SNCF, CNMSS, CROP etc.),
mais aussi de régimes volontaires de sécurité sociale ouverts aux
personnes qui exercent leur activité professionnelle dans les États
tiers (à propos de la Caisse des Français de l’Étranger, CJCE, 9 juill.
1987, Laborero et Sabato, aff. Jointes 82/86 et 103/86/86) ; à
condition, dans ce dernier cas de figure, bien entendu que l’assuré
social soit rattaché à un régime de sécurité sociale d’un État
membre, peu importe que les périodes d’assurance, dans le cadre
de ce régime, aient été accomplies dans les États tiers (CJCE,
23 oct. 1986, Van Roosmalen, aff. 300/84).
Par exception, les États disposent de la faculté d’écarter du champ
d’application du règlement européen les régimes de sécurité sociale
de manière ponctuelle. Pour ce faire, le régime en question doit
o
figurer dans l’annexe XI, arrêtée par le règlement n 988/2009,
o
adopté le même jour que le règlement d’application n 987/2009.
1039
III. Approche extensive de la « prestation de sécurité
sociale » – Les prestations sociales en espèces à caractère
non-contributif
1040
Jurisprudence
La jurisprudence de la Cour est abondante en la matière. Relèvent,
notamment, de ce règlement : les prestations préventives de maladie susceptibles
d’être rattachées à la branche maladie (CJCE, 16 nov. 1972, Heinze, op. cit) ; les
aides à la formation professionnelle – rattachées à la branche chômage – au profit
des travailleurs dont l’emploi se trouve menacé (CJCE, 4 juin 1987, Campana, aff.
375/85) ; les allocations accordant un revenu aux chômeurs ou aux travailleurs
atteints d’une incapacité de travail partielle (CJCE, 2 août 1993, Acciardi, aff. C-
66/92) ; les allocations de congé parental rattachées aux prestations familiales
(CJUE, 19 sept. 2013, Hliddal, aff. C-216/12 et C-217/12) ; les allocations
destinées à aider socialement les travailleurs ayant charge de famille en faisant
participer la collectivité à ces charges (CJCE, 15 mars 2001, Offersmans, aff. C-
85/99) ; les allocations d’éducation qui visent à permettre à l’un des parents de se
consacrer à l’éducation d’un jeune enfant (CJCE, 10 oct. 1996, Hoever et Zachow,
aff. C-245/94) ; les « allocations subsidiaires de chômage » et les « allocations
sociales » destinées à la subsistance du parent temporairement en chômage et de
ses enfants (CJUE, 6 oct. 2020, aff. C-181/19) ; les allocations pour les travailleurs
ayant été exposés à l’amiante (CJCE, 9 nov. 2006, Nemec, aff. C-205/05) : les
rentes d’orphelin – rattachées aux prestations de survivant – dont l’orphelin est le
bénéficiaire direct et exclusif (CJCE, 16 mars 1979, Laumann, aff. 115/77) ; même
les allocations versées à des personnes atteintes d’une infirmité physique
affectant leur capacité de déplacement, qui sont assimilées à une prestation
d’invalidité au sens du règlement (CJCE, 20 juin 1991, Stanton-Newton, aff. C-
356/89) ou même l’allocation personnalisée d’autonomie et de prestation
compensatoire du handicap françaises (CJUE, 14 mars 2019, Dreyer, aff. C-
372/18).
1041
Cour avait opté pour une troisième catégorie intermédiaire de
prestations, à savoir les « prestations non contributives de type
mixte », en identifiant deux critères à prendre en considération pour
déterminer leur existence (CJCE, 21 janv. 1987, Giletti, aff. jtes
379/85, 380/85, 381/85 et 93/86) : leur finalité (qui suppose un
rattachement aux risques de la sécurité sociale) et leurs conditions
d’octroi (indifférentes aux ressources du demandeur). Par
conséquent, lorsqu’un risque ne figure pas dans l’article 3 § 1, la
prestation est écartée même s’il confère aux bénéficiaires une
position légalement définie donnant droit à une prestation (CJCE,
18 mai 1995, Rheinhold & Malha, aff. C-327/92 ; CJCE 5 mai 1977,
Jansen, aff. 104/76). Dans ce prolongement, une prestation ne se
rapportant à aucune de ces branches est aussi exclue du champ
d’application (CJCE, 27 mars 1985, Hoeckx, aff. 249/83 ; CJCE
27 mars 1985, Scrivner, aff. 122/84). Tel était pendant longtemps le
o
cas pour le risque « dépendance », consacré désormais par la loi n
2020-992 du 7 août 2020 relative à la dette sociale et à l’autonomie
(désormais, le régime général de la Sécurité sociale comprend cinq
e
branches, la 5 étant dédiée à l’autonomie et gérée par la Caisse
nationale de solidarité pour l’autonomie). Tel fut aussi le cas pour le
Revenu minimum d’insertion. Tel est le cas, corrélativement, pour le
Revenu de solidarité active (RSA).
1042
à l’environnement économique et social dans l’État membre
concerné ; b) soit uniquement à assurer la protection spécifique des
personnes handicapées étroitement liées à l’environnement social
de ces personnes dans l’État membre concerné.
– Annexe X
Elles sont énumérées dans l’annexe X arrêté par le règlement
o
n 987/2009. Pour la France il s’agit des allocations supplémentaires
octroyées par le Fonds spécial d’invalidité et du Fonds de solidarité
vieillesse ; de l’allocation pour adultes handicapées ; de l’allocation
spéciale par rapport aux droits acquis et de l’allocation de solidarité
pour personnes âgées.
§2 Prestations exclues
1043
Le § 5 de l’article 3 du règlement exclut du champ matériel de la
coordination « l’assistance sociale et médicale » (auparavant, CJCE,
11 juill. 1996, Otte, aff. C-25/95). Aucune définition n’est donnée par
le règlement pour faire le partage entre ce qui relève de la sécurité
sociale, d’une part, et de l’assistance sociale et médicale, d’autre
part. Cela étant, plusieurs critères ont été progressivement dégagés
en jurisprudence par la Cour de justice.
Dans un arrêt Biason (CJCE, 9 oct. 1974, aff. 24/74), elle les a
précisés négativement en énonçant que « si une législation, qui
s’apparente simultanément au régime de sécurité sociale et à
l’assistance sociale, a abandonné l’appréciation individuelle des
besoins, caractéristique de l’assistance et confère aux bénéficiaires
une position légalement définie, elle relève du régime de la sécurité
sociale au sens des règlements communautaires ».
Deux enseignements peuvent être tirés de cette jurisprudence :
premièrement, relèvent de l’assistance sociale et médicale les
prestations pour lesquelles est mise en œuvre une « appréciation
individuelle des besoins ». Autrement dit, l’attribution se fait au cas
par cas. Deuxièmement, les bénéficiaires des prestations ne
répondent pas à « une position légalement définie », c’est-à-dire
qu’il n’y a pas de référence à des conditions établies par des
dispositions légales et/ou réglementaires. À cet égard, relèvent de
l’aide sociale les prestations destinées à assurer un minimum vital et
qui ne se rattachent à aucun risque social énuméré dans l’article 3
§ 1 ou même une prestation accordée aux personnes gravement
handicapées (CJUE, 16 sept. 2015, Commission c./Slovaquie, aff.
C-433/13) ainsi qu’une prime de Noël (CJUE, 16 sept. 2015,
Commission c./Slovaquie, aff. C-361/13).
1044
Le paragraphe 5 de l’article 3 du règlement de 2004 exclut également les
« prestations octroyées dans le cas où un État membre assume la responsabilité
de dommages causés à des personnes et prévoit une indemnisation, telles que les
prestations en faveur des victimes de la guerre et d’actions militaires ou de leurs
conséquences, des victimes d’un délit, d’un meurtre ou d’attentats terroristes, des
personnes ayant subi un préjudice occasionné par les agents de l’État membre
dans l’exercice de leurs fonctions ou des personnes ayant subi une discrimination
pour des motifs politiques ou religieux ou en raison de leurs origines ».
1045
l’épargne retraite individuelle (plan d’épargne retraite populaire :
PERP).
Mais, la mobilité des travailleurs n’est pas neutre sur leurs droits à
pension de retraite professionnelle et cela soulève plusieurs
questions quant aux conditions d’acquisition des droits, au sort des
droits acquis ou des droits futurs, ainsi qu’à leur fiscalité. Une
première réponse a été apportée par la directive 98/49 du 29 juin
1998 relative à la « sauvegarde des droits à pension
complémentaire des travailleurs salariés et non-salariés qui se
déplacent à l’intérieur de la Communauté ». Elle a mis en place
certaines mesures concernant le maintien des droits, les paiements
transfrontaliers, la situation des travailleurs détachés et l’information
des affiliés. Par la suite, un deuxième texte législatif a été adopté en
o
2014 (directive n 2014/50, couramment appelée « directive
portabilité ») pour les « prescriptions minimales visant à accroître la
mobilité des travailleurs entre les États membres en améliorant
l’acquisition et la préservation des droits à pension
complémentaire ». Cette directive devrait être transposée aux États
membres d’ici 21 mai 2018.
o
Ordonnance n 2019-697 du 3 juillet 2019
o
L’ordonnance transpose en droit français la Directive n 2014/50 relative aux
prescriptions minimales visant à accroître la mobilité des travailleurs dans l’Union
européenne en améliorant l’acquisition et la préservation des droits à retraite.
1046
1047
POUR ALLER PLUS LOIN…
– S. LAULOM, « Mobilité du travailleur et retraite complémentaire »,
o
SSL suppl. 26 mars 2012, n 1531, p. 55
– J.-Ph. LHERNOULD, « Les avantages sociaux en droit
communautaire », Dr. soc., 1997, p. 388
– J.-Ph. LHERNOULD, « L’accès aux prestations sociales des
citoyens de l’Union européenne », Dr. soc., 2001, p. 1103
– H. VERSCHUEREN, Les prestations sociales à caractère non
contributif et le règlement communautaire 1408/71, Dr. soc., 1995,
p. 921
1048
TITRE 4
Les conflits des lois et des juridictions
dans le cadre du contrat de travail
international
o
Fiche n 79 La loi applicable au contrat de travail
o
international Fiche n 80 La compétence juridictionnelle
en matière de contrat de travail international
1049
o
Fiche n 79 La loi applicable au contrat
de travail international
L’ESSENTIEL
1050
er
La Convention de Rome est entrée en vigueur en France le 1 avril
1991 (Conv. Rome, 19 juin 1980, art. 17). Dès lors, seuls les contrats conclus
après cette date sont concernés par la Convention de Rome (Cass. soc., 31 janv.
o
2007, n 05-44.203). De la même façon, le règlement Rome I s’applique à tous les
contrats de travail conclus après le 17 décembre 2009 dans tous les États
o
membres à l’exception du Danemark et du Royaume-Uni (Régl. n 593/2008,
17 juin 2008, considérants 45 et 46). Ces deux derniers relèvent toujours de la
Convention de Rome dans leur relation avec les autres États membres de l’Union.
Cependant, un contrat de travail né avant le 17 décembre 2009 relève du champ
d’application du Règlement Rome I, dans la mesure où cette relation a subi, par
l’effet d’un consentement mutuel des parties contractantes qui s’est manifesté à
compter de cette date, une modification d’une ampleur telle qu’il doit être
considéré qu’un nouveau contrat de travail a été conclu à partir de ladite date, ce
qu’il appartient à la juridiction de renvoi de déterminer (CJUE, 18 oct. 2016,
Nikiforidis, aff. C-135/15).
LES CONNAISSANCES
1051
déterminent l’application de certains critères de rattachement (§ 1),
susceptibles, pourtant, de trouver de limites (§ 2).
1052
28.212). Lorsque les parties choisissent une loi, c’est le système
juridique propre à un État dans sa globalité qui est ainsi désigné, à
savoir les normes étatiques (constitutionnelles, législatives et
réglementaires), les normes internationales auxquelles a adhéré
l’État en question, ainsi que les normes conventionnelles (Cass.
re o
1 civ., 5 nov. 1991, Bull. civ. 1991, I, n 293). Dans l’absolu, le choix
peut porter sur n’importe quelle loi, que la loi ait un lien ou non avec
le contrat.
o
Aux termes de l’article 3 du règlement n 593/2008, les parties
peuvent désigner la loi applicable à la totalité ou à une partie
seulement de leur contrat, selon la pratique dite du « dépeçage du
contrat ». À titre d’exemple, une clause d’indexation du salaire peut
être soumise à une loi différente de celle régissant le reste du
contrat. Même chose pour les règles de décompte des heures
supplémentaires.
1053
Jurisprudence
À titre d’illustration, dans un arrêt du 28 juin 1997 (Cass. soc., 28 oct. 1997,
o
n 94-42.340), il a été jugé que la loi tacitement choisie par les parties était la loi
française dans la mesure où le contrat a été conclu en France entre une société
française et un ressortissant français, que ce contrat a pris effet en France avant
le départ du salarié pour le Pakistan et que la rémunération étant stipulée en
francs français. Dans une autre décision du 29 novembre 2000 (Cass. soc.,
o
29 nov. 2000, n 98-41.724), il a été jugé que les parties avaient choisi de façon
certaine et implicite la loi française car le salarié de nationalité française a été
embauché par une entreprise située en France – qui est la société-mère d’un
groupe de sociétés – afin d’exécuter sa prestation de travail au sein d’une filiale du
groupe en Espagne.
1054
Cas de mobilité temporaire : Le critère du pays dans lequel le
salarié accomplit habituellement son travail n’est pas réputé changer
lorsque le travailleur accomplit son travail de façon temporaire dans
o
un autre pays (Règl. n 593/2008, art. 8 § 2 ; V. également : Cass.
o
soc., 5 nov. 2014, n 13-18.510). Il s’agit de l’hypothèse où « le
travailleur est censé reprendre son travail dans le pays d’origine
après l’accomplissement de ses tâches à l’étranger. La conclusion
d’un nouveau contrat de travail avec l’employeur d’origine ou avec
un employeur appartenant au même groupe de sociétés que
l’employeur d’origine ne devrait pas empêcher de considérer que le
travailleur accomplit son travail dans un autre pays de façon
o
temporaire » (Règl. n 593/2008, considérant 36). Ce qui compte
c’est le caractère temporaire et non la durée du temporaire (Cass.
o
soc. 18 janv. 2011, n 09-43.190).
o
B Loi du lieu d’embauche (Règl. n 593/2008, art. 8 § 3 ;
Conv. Rome, art. 6 § 2 b). Si la loi applicable ne peut
pas être déterminé avec le critère du pays de travail
habituel, le contrat est régi par la loi du pays dans lequel
est situé l’établissement qui a embauché le travailleur.
Ce dernier est considéré comme celui qui a procédé
à l’embauche (CJUE, 15 déc. 2011, Jan Voogsgeerd,
aff. 384/10), peu importe l’établissement qui occupe
effectivement le salarié. C’est le cas, par exemple,
de salariés recrutés spécialement en France pour travailler
sur une plateforme pétrolière.
1055
o
C « Liens étroits » avec une autre loi (Règl. n 593/2008,
art. 8 § 4 ; Conv. Rome, art. 6 § 2 b).
S’il résulte de l’ensemble des circonstances que le contrat présente
des liens plus étroits avec un autre pays que celui où s’accomplit
habituellement le travail ou encore celui où été embauché le salarié,
c’est la loi de cet autre pays qui est applicable (CJUE, 12 sept. 2013,
Anton Schlecker, aff. C-64/12). Cependant, il n’est pas toujours facile
de définir la notion de « liens étroits », ce qui implique l’interprétation
de la commune intention des parties et l’appréciation par les juges
d’un faisceau d’indices, à l’instar de la nationalité des parties, de
l’affiliation du salarié à la sécurité sociale, du lieu de la conclusion du
contrat, du lieu du siège social de l’entreprise, du lieu de paiement
des impôts, des règles de détermination et de paiement du salaire,
de son affiliation à un régime complémentaire. Même moins
favorable, le critère de liens étroits s’impose aux juges et aux parties
malgré la possibilité d’identifier la loi du lieu d’exécution ou du lieu
o
d’embauche (V. notamment : Cass. soc. 23 mars 2005, n 03-
o
42.609 ; Cass. soc. 19 janv. 2011, n 06-66.797 ; Cass. soc. 28 janv.
o o
2015, n 13-14.315 ; Cass. soc. 3 mars 2015, n 13-24.194 ; Cass.
o
soc. 13 oct. 2016, n 15-16.872).
1056
que lui assurent certaines dispositions de la loi qui doit
s’appliquer à défaut de choix des parties. Les dispositions
protectrices en question sont celles auxquelles il n’est pas possible
o
de déroger par accord (Règl. n 593/2008, art. 8 § 1). Autrement dit,
il s’agit de dispositions impératives de la « loi objectivement
applicable » (V. supra : lieu d’exécution habituel du travail ; lieu
d’embauche ; lieu des liens étroits) qui accordent un minimum de
protection dont le travailleur doit bénéficier, quelle que soit la loi
choisie par les parties. Elles peuvent être non seulement d’origine
légale, mais aussi d’origine conventionnelle (Cass. soc., 29 sept.
o
2010, n 09-68.851 à 09-68.854) ou même internationale (Cass.
o
soc., 26 mars 2013, n 11-25.580). À titre d’illustration, les
dispositions du droit français relatives à la durée de la période
d’essai, à la rupture du contrat de travail sont de dispositions
o
impératives de la loi française (Cass. soc. 12 nov. 2002, n 99-
o
45.821 ; Cass. soc. 26 mars 2013, n 11-25.580 ; Cass. soc. 28 oct.
o
2015, n 14-16.269). Dans le même esprit, sont de dispositions
impératives relatives celles en matière de salaire minimal (CJUE, 15
juillet 2021, DG c./SC Gruber Logistics SRL, aff. Jointes C-152/20 et
C-218/20). Il incombe au juge de déterminer le caractère plus
favorable d’une loi ou d’une convention collective, à partir d’une
appréciation globale des dispositions légales ou conventionnelles
ayant le même objet ou se rapportant à la même cause (Cass. soc.,
o
8 déc. 2021, n 20-11.738). On assiste pratiquement à une
application combinée des lois applicables : d’une part, les
dispositions impératives relatives pour une certaine question (salaire
minimal, période d’essai, entretien de licenciement etc.) et, d’autre
part, la loi choisie par les parties applicable au reste de la relation
contractuelle.
1057
Jurisprudence
Selon la jurisprudence constante de la Cour de cassation, ces dispositions
impératives ne sont applicables que si elles sont plus favorables pour le salarié
o
que les règles de la loi choisie (Cass. soc. 9 juil. 2015, n 14-13.497 ; Cass. soc.
o
28 janv. 2015, n 13-14.315). La détermination du caractère plus favorable d’une
loi doit résulter d’une appréciation globale des dispositions de la loi d’autonomie et
de celle « objectivement applicable » ayant le même objet ou se rapportant à la
o
même cause (Cass. soc., 12 nov. 2002, n 99-45.821). Il appartient au salarié
d’invoquer le caractère plus favorable d’une disposition (Cass. soc. 19 janv. 2017,
o
n 15-20.095).
1058
Relèvent de la catégorie des lois de police les règles relatives à la
représentation des salariés et à la défense de leurs droits et intérêts
o
(Cass. soc., 3 mars 1988, n 86-60.507), les règles sur le
o
détachement des travailleurs (Cass. soc. 30 mars 2011, n 09-
70.306), les infractions pénales prévues par le Code du travail, les
règles d’hygiène et de sécurité, les règles fixant les missions de
l’inspection du travail, ou encore les règles fixant le régime d’emploi
des travailleurs étrangers.
1059
POUR ALLER PLUS LOIN…
– S. CORNELOUP, N. JOUBERT (dir.), « Le règlement
communautaire “Rome I” et le choix dans les contrats
internationaux », Paris, LexisNexis, Coll. CREDIMI, 2011, p. 341
– O. LANGLET, « Le contrat de travail international », Kluwer, Coll.,
Études pratiques de droit social, 2005, p. 205
– N. NORD, « La mobilité du travail : approches de droit international
privé », RDT 2012, p. 383
– N. NORD, « La nécessaire refonte du système de conflit de lois en
matière de contrat de travail international », RCDIP 2016, p. 309
– S. ROBIN-OLIVIER, « La mobilité internationale du salarié », Dr.
soc. 2011, p. 897
– P. RODIÈRE, « Coordination des droits nationaux, loi applicable,
compétence juridictionnelle », RTDE 2003, p. 529
1060
o
Fiche n 80 La compétence
juridictionnelle en matière de contrat
de travail international
L’ESSENTIEL
1061
Convention de Lugano du 16 septembre 1988 (révisée le 30 octobre
2007) destinée à étendre les principes du Règlement de Bruxelles I
en matière de compétence juridictionnelle à l’Islande, la Norvège et
la Suisse.
LES CONNAISSANCES
1062
(AELE), elle est entrée progressivement en vigueur pour la Norvège
er er
(le 1 janvier 2010), la Suisse (le 1 janvier 2011) et l’Islande (le
er
1 mai 2011). En pratique, elle s’aligne sur le règlement Bruxelles I
bis, en reprenant même une numérotation identique à celle retenue
par le règlement s’agissant de la compétence juridictionnelle en
matière de contrats individuels du travail.
1063
salarié défendeur est domicilié dans l’Union, y compris si son
employeur est domicilié hors de l’Union ; l’employeur défendeur est
domicilié sur le territoire européen, même si le salarié est domicilié
en dehors.
1064
Parfois, à l’occasion de la mobilité salariale dans le cadre d’un
groupe international de sociétés, le salarié peut se retrouver face à
une pluralité d’employeurs. Se pose, dans ce cas de figure, la
question de savoir si l’article 8 § 1 du Règlement Bruxelles I bis
(Règl. Bruxelles I, art. 6 § 1) qui envisage l’hypothèse générale
d’une pluralité de défendeurs pourrait s’appliquer. Aux termes,
précisément, de cette disposition, « s’il y a plusieurs défendeurs, »
pourra être saisi « le tribunal du domicile de l’un d’eux, à condition
que les demandes soient liées entre elles par un rapport si étroit qu’il
y a intérêt à les instruire et à les juger en même temps afin d’éviter
des solutions qui pourraient être inconciliables si les causes étaient
jugées séparément ».
Jurisprudence
Dans une décision « Laboratoires Glaxosmithkline » (CJCE, 22 mai 2008, Aff.
C-462/06), rendue sous l’empire du règlement Bruxelles I, la Cour de justice a
retenu que « la règle de compétence spéciale prévue à l’article 6, point 1, du
règlement nº 44/2001, […], ne peut pas s’appliquer à un litige relevant de la
section 5 du chapitre II dudit règlement, relative aux règles de compétence
applicables en matière de contrats individuels de travail ».
1065
compétences spéciales en matière de contrats individuels du travail
sont différentes selon que le salarié ou l’employeur est demandeur à
l’action.
A Salarié demandeur
Conformément à la règle générale de compétence lorsque
l’employeur est domicilié dans un État contractant ou membre de
l’UE, il peut être attrait devant les tribunaux de cet État (Règl.
Bruxelles I bis, art. 21 § 1 a ; Règl. Bruxelles I, art. 19, 1). Il en va de
même pour un employeur domicilié dans un État tiers (ex : le
Maroc), mais qui possède une succursale, une agence ou tout autre
établissement dans un État membre. Selon les règlements
européens, cet employeur est considéré comme domicilié dans cet
État pour les contestations relatives à leur exploitation (Règl.
Bruxelles I bis, art. 20 § 2 ; Règl. Bruxelles I, art. 18).
1066
décidé que le travailler y exerçait de façon stable et durable ses
o
activités (Cass. soc., 31 mars 2009, n 08-40.367). Mais, si le travail
est entièrement exécuté en dehors du territoire des États
contractants ou membres, c’est le juge du domicile de l’employeur
qui reste compétent pour régler le litige (CJCE, 15 févr. 1989, Six
Constructions, aff. 32/88).
Jurisprudence
La Cour de cassation a retenu dans un litige opposant, d’une part, un salarié
italien domicilié à Strasbourg et travaillant sur différents chantiers tous situés en
France et, d’autre part, son employeur, société de droit allemand ayant son siège
en Allemagne, que la juridiction compétente était le Conseil des prud’hommes de
o
Limoges, lieu du dernier chantier (Cass. soc., 20 sept. 2006, n 04-45.717).
1067
travail, établi leur résidence et sont à la disposition du transporteur
aérien » (CJUE, 14 sept. 2017, C-168/16 et C-169/16). Si la
chambre sociale de la Cour de cassation suit cette solution, elle a
o
pourtant précisé, dans un arrêt du 9 septembre 2020 (n 18-22.971),
que la base d’affectation joue un rôle significatif pour la
détermination du « lieu où ou à partir duquel le salarié naviguant
accomplit habituellement son travail ». Or, les deux notions ne sont
pas assimilées ; la première reste un indice pour la détermination de
la deuxième, sans la remplacer.
Jurisprudence
Exemple 1 : un salarié ressortissant néerlandais, domicilié aux Pays-Bas,
exerçait ses activités pour son employeur (société de droit anglais établi à
Londres) au Royaume-Uni, en Belgique, en Allemagne et aux États-Unis
d’Amérique. Il accomplissait son travail depuis un bureau installé à son domicile
où il retournait après chaque voyage professionnel à l’étranger. La Cour de
Luxembourg a déduit de cette circonstance que c’est aux Pays-Bas où le salarié
avait établi le centre effectif de ses activités (CJCE, 9 janv. 1997, Rutten c./Cross
Medical, aff. C-383/95, Rutten c./Cross Medical).
1068
Lorsque le salarié n’accomplit pas ou n’accomplit habituellement
pas son travail dans un même pays, il peut assigner l’employeur
devant la juridiction du « lieu où se trouve ou se trouvait
l’établissement qui a embauché le travailleur » (Règl.
Bruxelles I bis, art. 21 § 1 b, ii ; Règl. Bruxelles I, art. 19 § 2 b).
Dans cette hypothèse le salarié ne bénéficie pas du droit d’agir
devant les tribunaux de son propre domicile.
Jurisprudence
L’option de compétence n’est réservée qu’au salarié seul. Par
conséquent, s’il assigne l’employeur devant la juridiction de son domicile, ce
dernier n’est pas fondé à invoquer les règles spéciales de compétence, telles que
o
celle du lieu d’exécution du travail (Cass. ch. mixte, 11 mars 2005, n 02-41.371 et
02-41.372).
B Employeur demandeur
Dans ce cas de figure, c’est la règle générale de compétence qui est
applicable. Autrement dit, l’employeur doit assigner le salarié devant
le tribunal de son domicile (Règl. Bruxelles 1 bis, art. 22 § 1 ; Règl.
Bruxelles I, art. 20 § 1). Il n’y a pas d’option de compétence pour
l’employeur.
1069
(C. trav. art. L. 1221-5 et R. 1412-4), la validité de ce type des
clauses est admise à la fois par les textes européens (Règl.
Bruxelles I bis, art. 23 § 2 ; Règl. Bruxelles I, art. 21.2) et par la
o
jurisprudence (Cass. soc. 30 janv. 1991, n 87-42.086 ; Cass. soc.
o o
21 janv. 2004, n 01-44.215 ; Cass. soc. 29 sept. 2010, n 09-
40.688) en matière du contrat de travail de caractère international
intra-européen.
1070
compétence à des juridictions qui s’ajoutent à celles des articles 20
et 21 du règlement Bruxelles I bis. Elle offre, ainsi, une alternative
supplémentaire au salarié.
B La clause compromissoire
Une clause compromissoire permet aux parties de soumettre leurs
éventuels différends à l’arbitrage. Les règles de compétences du
droit français interdisent l’insertion d’une telle clause dans un contrat
de travail français (C. trav., art. L. 1411-4). La question se pose en
matière de contrats de travail internationaux.
Les règlements de Bruxelles I et I bis excluent l’arbitrage de leur
champ d’application. C’est la jurisprudence qui en a apporté une
o
réponse. Après un revirement par un arrêt du 16 février 1999 (n 96-
40.643), il est considéré que la clause compromissoire insérée dans
un contrat de travail international n’est pas nulle, mais elle est
frappée d’inopposabilité pour le salarié lorsqu’il saisit régulièrement
la juridiction compétente en vertu des règles de procédure
applicables. A contrario, si aucune compétence française n’est
envisageable, la clause compromissoire s’appliquera, peu importe la
loi régissant le contrat de travail.
1071
Jurisprudence
En l’espèce, un salarié de nationalité suédoise, a été engagé par la société
française Château Tour Saint-Christophe, en vertu d’un contrat de travail signé en
Suède le 21 octobre 1991. Ce contrat comportait une clause compromissoire
prévoyant « l’arbitrage de la chambre de commerce de Stockholm » pour tout
er
différend concernant ce dernier. Suite à son licenciement le 1 octobre 1992, il a
saisi le conseil de prud’hommes pour obtenir notamment le paiement des
indemnités liées à son licenciement. La société Château Tour Saint-Christophe a
décliné la compétence de la juridiction française en se fondant sur la clause
compromissoire. La Cour de cassation a confirmé l’arrêt de la Cour d’appel qui a
constaté la compétence du Conseil de prud’hommes français. Il a été retenu que
« la clause compromissoire insérée dans un contrat de travail international n’est
pas opposable au salarié qui a saisi régulièrement la juridiction française
compétente en vertu des règles applicables, peu importe la loi régissant le contrat
o
de travail » (Cass. soc., 16 févr. 1999, n 96-40.643).
1072
POUR ALLER PLUS LOIN…
– J.-M. BÉRAUD, « Les recours juridictionnel dans les rapports de
travail internationaux », Dr. soc., 1987, p. 524
1073
– J. ICARD, « Clauses de contentieux international de travail », Les
o
Cahiers sociaux, 2016, n 290, p. 576
– F. MOREAU, « La compétence juridictionnelle en matière de
contrat de travail international après le règlement (UE)
o
n 1215/2012 », Dr. soc., 2016, p. 359
– N. NORD, « Refonte du règlement “Bruxelles I” et protection du
travailleur », JCP S, 2014, 1488
1074
Index
Absence 1, 2
Absentéisme 1
Accident de trajet 1, 2
Accident du travail 1, 2
Accord de branche 1
Accord d’entreprise 1
Agirc-Arrco 1, 2
Allaitement 1
Aménagement conventionnel 1
Amendes 1
Arbitrage 1
Arrêt(s) de travail 1, 2
Assurance maladie 1
Assurance vieillesse 1
Attestation Pôle Emploi 1
Avantages en nature 1
Avertissement 1
Barème légal 1
Bilan de compétences 1, 2
Blâme 1
Bonnes mœurs 1
1075
Bulletin de paie 1
Cadre 1
Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) 1, 2
Certificat médical 1
Cessation d’activité 1
Changement dans la situation juridique de l’employeur 1
Clause Molière 1
Comité de groupe 1
Comité d’entreprise (CE) 1, 2
Complément de salaire 1
Compte personnel d’activité (CPA) 1
Congé de maternité 1
Congé de paternité et d’accueil 1
Congé de reclassement 1
Conseil d’entreprise 1, 2
Conseil des prud’hommes 1, 2
Contentieux de la sécurité sociale 1
1076
Contrat de mission 1
Contrat de sécurisation professionnelle 1
Contrat de travail 1, 2
Dédit-formation 1
Défenseur des droits 1
Dégradation 1
Délai congé 1
Délai de carence 1
Délai de prévenance 1, 2
Destruction 1
Détérioration 1
Difficultés économiques 1
Discipline 1
Discrimination 1, 2, 3, 4, 5, 6
1077
Dossier médical 1
Droit d’alerte 1, 2, 3
Droit de grève 1
Durée du travail 1
Durée maximale hebdomadaire 1
Écrit 1, 2
Égalité de rémunération 1
Égalité entre les hommes et les femmes 1
Égalité professionnelle 1
Élections professionnelles 1
Éléments essentiels 1
Entrave à la liberté du travail 1
Entretien préalable 1, 2, 3
Entretien professionnel 1
Épargne salariale 1
Établissement distinct 1
Faute disciplinaire 1
Faute grave 1
Faute lourde 1
Faute simple 1
Fêtes légales 1
Fin de conflit 1
Fonds social européen plus (FSE+) 1
Formation professionnelle 1
Franchissement des seuils 1
Garantie d’emploi 1
Grand licenciement collectif 1
Gratification 1
Grève 1, 2
1078
Grossesse 1, 2
Groupe 1
Harcèlement 1
Harcèlement au travail 1
Harcèlement moral 1, 2, 3, 4, 5
Harcèlement sexuel 1, 2, 3, 4
Heures de délégation 1
Heure supplémentaire 1
Inaptitude 1
Indemnité 1
Indemnité de licenciement 1
Indemnité « de précarité » 1
Indemnités journalières 1
Jour chômé 1
Journée de solidarité 1
Jour ouvrable 1
Jours fériés 1, 2
Lettre de recadrage 1
Libre circulation 1, 2
1079
Licenciement 1
Licenciement économique 1
Licenciement individuel 1
Maladie 1, 2
Maladie professionnelle 1, 2
Maternité 1
Médecin du travail 1, 2
Médiation 1
Menaces 1
Mensualisation 1
Mineur 1
Minimum conventionnel 1
Mise à l’index 1
Mise à pied 1
Mobilité 1, 2
Modification du contrat de travail 1, 2
Motif économique 1
Motif personnel 1, 2
Mutation disciplinaire 1
Mutations technologiques 1
Négociation collective 1
Négociations 1
Notes de service 1
1080
Nullité du licenciement 1
Obligation d’emploi 1
Obligation de sécurité 1, 2
Pause 1, 2, 3
Paye 1
Pension 1
Pension de retraite 1
Pension de réversion 1
Période de référence 1
Période d’essai 1
Petit licenciement collectif 1
Pont 1
Poursuites disciplinaires 1
Poursuites pénales 1
Pouvoir de direction 1
Pouvoir disciplinaire 1
Pouvoir réglementaire 1
Préavis 1, 2, 3, 4
Prestations familiales 1
Prime 1, 2
Principe de neutralité 1
Principe de non-discrimination 1
1081
Principe de subsidiarité 1
Priorité de réembauche 1
Prise d’acte 1
Procédure disciplinaire 1
Procès prud’homal 1
Protection sociale 1
Qualification professionnelle 1
Rappel à l’ordre 1
Reclassement 1, 2, 3, 4, 5, 6
Régimes spéciaux 1
Registre du personnel 1
Règlement intérieur 1
Réintégration 1, 2
Remplacement 1
Rémunération 1, 2, 3, 4
Renouvellement 1
Renvoi préjudiciel 1
Réorganisation de l’entreprise 1
Repos 1, 2, 3, 4
Repos dominical 1
Représentant de la section syndicale 1
Représentants de proximité 1
Représentants du personnel 1, 2, 3
Représentativité 1
Rescrit 1
1082
Résiliation judiciaire 1
Retraite 1, 2
Retraite supplémentaire 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Rétrogradation 1
Risque professionnel 1
Rupture conventionnelle 1
Salariat 1, 2
Salarié malade 1
Salarié protégé 1
Sanction disciplinaire 1
Sanctions pécuniaires 1
Santé au travail 1, 2
Sécurité 1
Sécurité sociale 1, 2
Séquestration 1
Service de santé au travail 1
Seuils 1
Subordination 1, 2
Succession de CDD 1
Suicide 1
Suppression d’emploi 1
1083
Syndicat 1, 2
Tabagisme 1
Temps de trajet 1
Temps de travail 1, 2
Temps partiel 1
Terme 1, 2
Transfert d’entreprise 1
Transformation d’emploi 1
Travail dissimulé 1
Travailleurs étrangers 1
Travailleurs frontaliers 1
Travailleurs handicapés 1
Travail temporaire 1
Treizième mois 1
Union de Recouvrement des cotisations de sécurité Sociale et d’Allocations Familiales
(URSSAF) 1
Union européenne 1
Violences 1
Visite médicale de reprise 1
Vol 1
1084