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Dans le langage juridique, le mot droit recouvre deux acceptions  

- Tantôt on entend par droit l’ensemble des règles juridiques. Vu sous cet
angle, le mot droit signifie tout simplement, la règle de droit ou le droit
objectif.
- Tantôt le mot droit est pris sous l’angle de son titulaire. On parle alors de
droit subjectif. Le droit subjectif est la prérogative dont peut se
prévaloir une personne. Exemple : le droit du propriétaire d’user de la
chose objet de son droit de propriété.
Le droit du créancier d’exiger du débiteur l’exécution de son obligation.

Ces deux acceptions du mot droit constitueront la trame de notre enseignement.

Dans un titre premier, nous examinerons le droit objectif et dans un 2 ème titre, le
droit subjectif.

Titre 1er : Le Droit Objectif

Le Droit objectif est l’ensemble des règles à caractère juridique c’est-à-dire la


règle de droit. Il importe ici de dégager l’existence de la règle de droit, de voir
ses subdivisions avant d’étudier ses sources.

Chapitre I : L’existence de la Règle de Droit

Pour bien montrer l’originalité de la règle de droit, il faut examiner tout d’abord
sa définition ensuite, ses caractères et enfin, il faut distinguer celle-ci des
autres règles de conduite sociale.

Section I : La définition de la règle de droit

La règle de droit est une règle de conduite sociale imposée par l’autorité
publique sous la menace d’une sanction. On peut relever dans cette définition 3
éléments :

 Il faut une règle de conduite c’est-à-dire, un commandement. C’est pour


cette raison qu’on dit que la règle de droit est une discipline normative.
Exemple : il est interdit de causer du préjudice à autrui.

 En second lieu, il faut l’intervention de l’autorité sociale détentrice de la


force publique. L’autorité compétente peut être l’assemblée Nationale ou
le Président de la République.

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 Enfin, il faut une sanction. Elle consiste à punir l’individu qui a transgressé
la règle de droit. On peut relever plusieurs sortes de sanctions :

1. Les sanctions civiles :

Elles consistent à rendre à chacun, ce qui lui est dû, à réparer le dommage qui lui
a été causé. On peut citer les saisies et les dommages intérêts.

Les saisies : elles conduisent le débiteur à payer ses dettes. C’est une voie
d’exécution (on exécute le débiteur.

Les dommages intérêts : c’est une somme d’argent allouée par le juge à la
victime en vue de réparer le préjudice qui lui a été causé.

2. Les sanctions pénales :

Elles visent à infliger une punition en cas de transgression de la loi pénale.


A titre d’exemple on peut citer l’emprisonnement, l’amende et la peine de mort.

3. Les sanctions administratives :

L’administration peut infliger aux individus, un certain nombre de sanctions.


A titre d’exemple, on peut citer le retrait du permis de conduire.

Section II : Les caractères de la règle de Droit

La règle de droit a 2 caractères. Elle est générale et elle est obligatoire

Paragraphe 1 : Le caractère général :

La règle de droit est générale et impersonnelle (abstraite) c’est-à-dire s’impose


à tous les individus vivant dans la société. Elle s’applique aux gouvernés et aux
gouvernants.

Exemples :

Art. 118 du COCC « Celui qui cause un dommage à autrui est tenu de le
réparer »

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Art. 364 du Code Pénal « le vol est la soustraction frauduleuse de la chose
d’autrui ».
Paragraphe 2 : Le caractère obligatoire

Le caractère obligatoire de la règle de droit est essentiel. C’est la raison pour


laquelle, la règle de droit est accompagnée d’une sanction. Il faut cependant
noter que la force obligatoire de la règle de droit ne présente pas toujours la
même intensité.

On distingue deux catégories de règles :

- Les règles impératives et,


- Les règles supplétives.

a) les règles impératives :

La règle impérative ou d’ordre public s’impose obligatoirement aux particuliers


parce qu’elle protège un intérêt social.

Une règle est impérative lorsqu’elle interdit les conventions ou les clauses
contraires à l’ordre public ou lorsqu’elle poursuit un but d’intérêt général ou de
justice sociale.

Exemple : la loi qui interdit la vente de la drogue est d’ordre public.


Autre exemple : les règles relatives aux effets extra-patrimoniaux du mariage :
secours, assistance, fidélité sont impératives.

b) les règles supplétives :

Une règle de droit est dite supplétive, lorsqu’il est permis aux particuliers de
déroger à son application.

Exemple : l’article 14 du COCC dispose que les actes juridiques ayant un objet
supérieur à 20 000 FCFA sont soumis à la preuve écrite.

Il est admis que cette règle n’est pas impérative car les particuliers peuvent
écarter son application et retenir d’autres moyens de preuves dont le juge devra
tenir compte.

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Section III : Distinction entre la règle de droit et les autres
règles de conduite sociale

Pour avoir un éclairage sur cette question, on examinera le contenu et la sanction


de la règle de droit et des autres règles de conduite sociale.

Paragraphe 1 : Le contenu de la règle de droit et des autres règles


de conduite sociale

A côté de la règle de droit, il y a des règles dont l’objectif est également


d’organiser la vie en société. Il en est ainsi des règles morales, des règles
religieuses et des règles d’usage.

La conduite prescrite par ces règles est parfois identique à celle qui est
commandée par la règle de droit.

Exemple : le meurtre est interdit aussi bien par la règle de droit que par la règle
morale ou religieuse. La spécificité de la règle de droit ne réside donc pas dans
son contenu mais, dans son caractère sanctionnateur.

Paragraphe 2 : La sanction de la règle de droit et des autres règles


de conduite sociale

La violation de la règle de droit entraîne des sanctions dont l’application fait


intervenir l’autorité publique.

Sur ce plan, la règle de droit présente une spécificité par rapport aux règles
d’usage, à la religion et à la morale.

Les règles d’usage (règle de courtoisie, de politesse) ne sont sanctionnées que


dans le cadre du groupement ou l’acte nuisible a été commis par la réprobation
des membres du groupe.

Les règles religieuses mettent en cause les relations de l’homme avec Dieu.

Quant aux règles morales enfin, leur violation n’expose qu’à des sanctions
internes.

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Chapitre II : Les Branches du droit

On divise les règles de droit d’une part en règle de droit national et en règle de
droit international, d’autre part en règle de droit privé et règle de droit public.

Section I : Le droit national et le droit international

Paragraphe 1 : Le Droit national

Ce sont des règles qui s’appliquent à des personnes relevant d’une même
souveraineté nationale.

Les règles du droit national peuvent être des règles de droit public ou des règles
de droit privé.

Paragraphe 2 : le Droit international

Le droit international régit les rapports des particuliers entre eux lorsqu’il
existe un élément étranger. On distingue le droit international privé et le droit
international public.

1. Le droit international privé :

C’est une matière appelée à régir les relations juridiques entre particuliers ne relevant pas de
la même souveraineté.
Exemple : le contrat conclu ente un sénégalais et un étranger.

2. Le droit international public :

Le droit international public gouverne les rapports des états entre eux.
Actuellement on peut douter de l’efficacité de ce droit car il n’y a aucune
autorité supranationale investie du pouvoir de contraindre les Etats à respecter
les règles du droit international public.

Section II : Le Droit privé et le droit public

Les règles de droit appliqués dans un pays donné relèvent soit du droit privé, soit
du droit public.

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Paragraphe 1 : le critère de distinction

La distinction du droit public et du droit privé constitue la principale division du


droit. Il est cependant aisé de trouver un critère précis de distinction. Aussi,
pour simplifier, nous étudierons l’objet de chacune de ces disciplines et dans un
second temps, nous montrerons leurs principales caractéristiques.

1. L’objet du droit privé et du droit public :

Le droit privé a pour objet, l’étude des rapports entre personnes privées. Par
contre, le droit public a pour objet, les rapports dans lesquels interviennent
l’Etat, les collectivités locales et les établissements.

2. Les caractéristiques du droit privé et du droit public  :

Les règles du droit public sont en principe des règles impératives car fondées
sur la prééminence de l’Etat. Au contraire, les règles du droit privé en général
supplétives sont fondées sur l’interdépendance et l’égalité des individus.

Paragraphe 2 : Les branches du droit public et du droit privé

1. Les branches du droit public :

Les différentes branches du droit public sont :

- Le Droit Constitutionnel : il fixe les règles organisant l’Etat et les


pouvoirs publics. C’est la constitution qui donne à l’Assemblée Nationale et
au pouvoir exécutif, le pouvoir d’élaborer des règles de droit. Elle octroie
aux autorités judiciaires, le pouvoir de veiller à l’application des règles de
droit.

- Le Droit Administratif : il réglemente la structure de l’administration et


ses rapports avec les administrés.

- Le Droit Financier : il fixe les règles relatives aux ressources et aux


dépenses de l’Etat et de l’administration.

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2. Les branches du droit privé :

Ils sont :

- Le Droit Civil : c’est la branche la plus importante du droit privé. Il


gouverne les relations juridiques entre particuliers. Comme matière
relevant du droit civil on peut citer : le droit de la famille.

- Le Droit Commercial : c’est le droit qui s’applique aux opérations


commerciales et aux commerçants.

- Le Droit du Travail : il réglemente les rapports du travail entre


employeurs et employés.

- La Procédure civile : c’est l’ensemble des règles par lesquelles les


tribunaux tranchent les litiges nés entre particuliers et dont la solution
relève du droit privé.

3. Les disciplines mixtes :

Il s’agit de branches relèvent à la fois du droit public et du droit privé. Une


seule discipline présente cette particularité. C’est le droit pénal.

Le droit pénal détermine les infractions et les sanctions qui leur sont attachés.
Cette discipline relève du droit public parce que l’infraction met en rapport le
délinquant (l’auteur de l’infraction) et la société.

Le droit pénal relève aussi du droit privé parce que l’infraction met en relation
deux particuliers : la victime et le délinquant.

Exemple : un accident de la route est provoqué par un chauffeur ivre, 2


personnes sont blessées. Le chauffeur est responsable sur le plan pénal.
En outre, il est responsable sur le plan civil vis à vis des 2 victimes. Il devra leur
verser une indemnité pour réparer le préjudice qu’elles ont subi.

Chapitre III : Les sources de la règle de droit

Elles sont nombreuses. Pour y voir clair, il convient de distinguer les textes de
droit des autres sources de la règle de droit.

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SECTION I : LES TEXTES DE DROIT 

S/Section 1  : la Loi

Elle désigne ici les textes votés par l’Assemblée Nationale.

Paragraphe 1 : l’élaboration de la loi

L’initiative de la loi appartient de façon concurrente aux députés, au Président


de la République et au Premier Ministre (article 80 de la Constitution).

Si l’initiative émane des Députés, on parle de proposition de loi.

Si elle émane de l’exécutif, on parle dans ce cas de projet de loi. A ce stade de


la procédure, le texte voté par l’Assemblée Nationale n’est pas encore
obligatoire. Son application est liée au respect de deux formalités : la
promulgation et la publication.

a) La promulgation :

C’est l’acte par lequel, le Président de la République rend une loi exécutoire. Une
loi est dite exécutoire lorsqu’elle devient une loi de l’Etat. Le Président de la
République a 15 jours pour promulguer une loi.

b) La publication :

La loi ne devient obligatoire que si elle est publiée. La publication consiste à


porter une loi à la connaissance de la population.

En pratique, la publication se fait par l’insertion de la loi dans le journal officiel.


A partir de ce moment, la loi est présumée connue de tous. Elle entre en vigueur
et «  nul n’est censé ignorer la loi ».

Illustration :

Une loi interdit sur l’ensemble du territoire sénégalais aux automobilistes de


circuler à gauche. Ce texte prévoit à titre de sanction un emprisonnement de
1 à 5 ans et une amende de 20 000 à 200 000.

Ce texte est entré en vigueur le 15 mai 2002.

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Le 20 juin 2002, Monsieur DIOP est interpellé au volant de son véhicule au
moment où il circulait à gauche. Poursuivi en justice, il invoque comme moyen de
défense les arguments suivants :

- le volant de son véhicule est à gauche,


- depuis 10 ans, il ne vit plus au Sénégal,
- Il ne connaît pas les textes applicables sur le territoire sénégalais.

Quelle sera la décision du tribunal ?

Solution :

Les arguments invoqués par DIOP ne sont pas pertinents. Le texte interdisant
aux automobilistes de circuler à gauche a été publié. En conséquence, il est
applicable. Peu importe que le volant de son véhicule soit à gauche ; peu importe
également qu’il ne réside plus au Sénégal ; peu importe enfin, qu’il n’ait aucune
connaissance des textes applicables sur le territoire sénégalais.

En l’espèce, le juge saisi est en droit de lui appliquer les sanctions prévues par la
loi interdisant aux automobilistes de circuler à gauche. Cette solution a pour
fondement, la règle « nul n’est censé ignorer la loi ».

2ème Illustration :

En juin 2002, un projet de loi est déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale.
Ce texte fait l’objet de vives discussions car il porte atteinte dit-on à la liberté
contractuelle. En effet, il frappe de sanctions pénales toute personne qui aurait
vendu un immeuble sans avoir sollicité une autorisation administrative. Ce texte
est cependant voté.

Quelques jours après sa promulgation, Mamadou NDIAYE vend un immeuble sans


soumettre cette transaction à une autorisation administrative. Il est poursuivi
par le Procureur de la République.

Quelle sera selon vous, la décision du Tribunal régional ?

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Solution :

En l’espèce, le texte est promulgué. Cela signifie qu’il est exécutoire. Mais le
respect de cette formalité n’est pas suffisant pour le rendre opposable à tous.

Pour qu’il en soit ainsi, il faut que ce texte soit publié.

En l’espèce cette condition n’est pas remplie. Il en résulte que l’action du


procureur ne peut prospérer. En clair devant le tribunal régional, aucune sanction
ne pourra être prononcée contre Monsieur NDIAYE.

Paragraphe 2 : Les caractères de la loi 

La loi est une règle abstraite et permanente. Elle est abstraite en ce sens qu’elle
s’adresse non à une personne nommément désignée, mais à l’ensemble de la
collectivité. Elle est également permanente en ce sens qu’elle a force obligatoire
tant qu’elle n’est pas abrogée.

Paragraphe 3 : le domaine de la loi

Le domaine de la loi est fixé par l’article 67 de la constitution. Il faut remarquer


que la quasi-totalitéé des matières du droit civil figure dans cette énumération
et relèvent par conséquent de la compétence du seul pouvoir législatif. On peut
citer comme exemple le droit des biens, le droit des successions.

Paragraphe 4 : Les différentes catégories de loi

Il existe plusieurs catégories de loi :

1. La loi constitutionnelle : elle est contenue dans la constitution. La


constitution actuelle donne à l’Assemblée Nationale et à l’exécutif, le
pouvoir d’élaborer des règles de droit. Elle octroie aux autorités
judiciaires le pouvoir de veiller à l’application des règles de droit.

2. La loi ordinaire : elle résulte du pouvoir législatif attribué à l’assemblée


nationale par la constitution. Les matières relevant du domaine de la loi
sont délimitées par la constitution. Comme exemple on peut citer la
nationalité, l’impôt, les crimes et délits.

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3. La loi organique : elle est votée par l’Assemblée Nationale et elle fixe les
modalités d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics.
A titre d’exemple on peut citer la loi 92-23 portant loi organique sur le conseil
constitutionnel.

Paragraphe 5 : la disparition de la loi

La loi disparaît par abrogation. L’abrogation c’est l’acte par lequel, l’autorité
compétente retire à la loi, sa force obligatoire. On retiendra que seule une loi
peut abroger une loi. Il existe plusieurs formes d’abrogation :

1. L’abrogation express : l’abrogation est express lorsque la loi nouvelle


précise formellement l’abrogation du texte antérieur.

2. L’abrogation tacite : l’abrogation tacite ou implicite résulte de


l’incompatibilité logique entre les dispositions d’une loi nouvelle avec celle
d’une loi ancienne.

3. L’abrogation par désuétude : Dans cette forme d’abrogation on pense


qu’un texte n’a plus force obligatoire parce qu’il est oublié ou parce qu’il
n’est plus appliqué.

Il faut préciser que cette forme d’abrogation est discutée. Elle n’est pas
admise par la jurisprudence. La solution est justifiée car la loi une fois
votée est permanente. Sa non-application n’est pas un mode d’abrogation.
Exemple : la loi de 1967 réprimant les dépenses excessives en matière de
cérémonie familiale.

Paragraphe 6 : Les conflits de loi

Lors de son application, une loi peut entrer en concurrence avec d’autres lois. On
distingue deux conflits de loi : les conflits de loi dans le temps et les conflits de
loi dans l’espace.

a) les conflits de loi dans le temps :

Il n’est pas toujours aisé de tracer le domaine d’application dans le temps de la


loi ancienne et de loi nouvelle.

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Sans doute, le problème n’est pas très difficile quand une situation juridique se
réalise de manière instantanée. Il convient d’appliquer à cette situation, la loi en
vigueur au moment de sa réalisation.

Ainsi, une succession est ouverte au décès de la personne. La loi déterminant les
héritiers appelés à succéder est celle en vigueur au jour de la survenance du
décès.

De même, les conditions d’une vente sont fixées par la loi en vigueur à la date du
contrat de vente. Mais le problème apparaît plus aigu pour les situations durables
qui ont des effets sur une période plus ou moins longue.

1er Exemple : Un contrat de bail a été conclu entre A et B en 1975. Ce contrat


devait expirer le 2 février 1986. La loi du moment du contrat permettait aux
parties de discuter librement du taux du loyer. Intervient une loi nouvelle le 2
janvier 1986. Cette nouvelle loi élève dans des proportions importantes le taux
du loyer. Le bailleur peut-il se prévaloir de la loi nouvelle ?

2ème exemple : En 1975, une loi permettait aux époux de divorcer. En 1985,
intervient une loi qui interdit le divorce sur l’ensemble du territoire sénégalais.
Les époux X et Y qui se sont mariés en 1975, peuvent-ils divorcer ?

3ème exemple : Un contrat de prêt a été conclu entre X et Y au taux d’intérêt de


15 %. Le 02 février 1985 deux mois avant l’expiration du contrat, intervient une
loi nouvelle qui réduit le taux d’intérêt dans les contrats de prêt d’argent à 8 %.
Le débiteur peut-il se prévaloir de la loi nouvelle.

Dans tous ces exemples faut-il appliquer la loi ancienne ou la loi nouvelle ?

Pour répondre à cette question, il faut consulter en droit français l’article 2 du


code civil et en droit sénégalais, l’article 831 de la famille.

Ces textes posent un principe qu’il faut présenter avant de voir les limites qui lui
ont été apportées.

1. Principe :

La loi nouvelle ne rétroagit pas. Elle a effet immédiat c’est-à-dire qu’elle


s’applique à toutes les situations en cours. Il faut entendre par situation en
cours, les situations qui sont nées à compter de l’entrée en vigueur de la loi
nouvelle et également les effets futurs des situations juridiques anciennes.

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Sur la base de cette définition on doit donc retenir que la loi nouvelle ne peut
modifier les conditions de formation d’une situation déjà acquise ni les effets
qu’elle a déjà produit.
2. Les limites :

1ère limite : les contrats : En matière contractuelle, la loi ancienne qui régissait
le contrat est applicable jusqu’à sa complète exécution. Cette solution est
commandée par la nature spécifique du contrat qui est un acte de prévision et
donc par la nécessité d’assurer la sécurité des transactions.

Pour illustrer cette question, il faut reprendre le 1er exemple.

Dans ce cas d’espèce, malgré l’intervention de la loi qui élève le taux du loyer
dans des proportions importantes, le contrat de bail reste soumis à la loi
ancienne. La règle ainsi dégagée est appelée « la survie de la loi ancienne ».

En clair, dans notre cas d’espèce, le locataire et le bailleur pourront discuter du


taux du loyer pendant toute la durée de leur contrat.

De même dans l’exemple n° 3, il faudra maintenir le taux d’intérêt convenu à


l’époque du contrat jusqu’à son expiration c’est-à-dire 15 %. L’application de la loi
ancienne est cependant écartée si la loi nouvelle est d’ordre public.

Exemple : en droit du travail, une loi nouvelle qui diminue la durée du travail ou
qui augmente les salaires sera appliquée immédiatement à tous les travailleurs
même à ceux dont le contrat est conclu antérieurement à la loi nouvelle.

2ème limite : Il convient de voir ici les exceptions à la règle de la non-


rétroactivité.

a) les lois expressément rétroactives

Aucun texte n’interdit aux législateurs en matière civile, de déclarer une loi
rétroactive. Une loi rétroactive est celle par laquelle, le législateur règle une
situation juridique donnée en lui conférant effet pour le passé.

A titre d’exemple, on peut citer une loi française du 05 juillet 1985 sur
l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation. Cette loi a été déclarée
applicable aux accidentés ayant donné lieu à une action judiciaire introduite

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avant la publication de la loi y compris aux affaires pendantes devant la cour de
cassation.

b) les lois interprétatives :

Ce sont des lois qui viennent préciser le sens d’une loi antérieure. Elles ont le
même domaine d’application dans le temps que la loi qu’elle explique.

c) Les lois pénales plus douces :

Une loi pénale douce est une loi favorable aux délinquants. A ce titre d’exemple,
on peut citer une loi qui réduit la peine applicable aux délinquants.

Illustration :

A. Une succession s’est ouverte en 1916 ; chaque héritier a reçu sa part de


l’actif successoral. Conformément à la loi de l’époque, les frères et sœurs
ont la qualité d’héritiers. Survient une loi de 1917 qui dispose qu’à
compter de son entrée en vigueur, les frères et sœurs ne succèdent pas.
Quel sera le sort de la succession de 1916 ? Sera-t-elle atteinte par la loi
nouvelle ?

Solution : La succession ouverte en 1916 ne sera pas atteinte par la loi nouvelle.
Ce texte ne rétroagit pas. En conséquence, les frères et sœurs qui ont reçu leurs
lots au moment de l’ouverture de la succession, ne seront nullement inquiétés. Ils
gardent leur qualité d’héritier. La loi de 1917 ne s’appliquera qu’aux successions
qui s’ouvriront ultérieurement c’est-à-dire, à celle des personnes venant à mourir
à partir de son entrée en vigueur.

B. Une vente conclue en 1972 comporte des livraisons successives


s’échelonnant sur 5 ans. En 1975, une loi nouvelle modifie les conditions de
livraison du produit vendu. Cette loi peut-elle régir la vente conclue en
1972?

Solution : La loi de 1975 ne rétroagit pas. En clair, elle ne s’applique pas aux
livraisons antérieures à 1975. Par application, du principe de la survie de la loi
ancienne, elle ne s’applique pas non plus aux livraisons postérieures à 1975. En
définitive, il faut retenir que le contrat reste sous l’empire de la loi de 1972.

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C. Monsieur DIOP Instituteur a bénéficié d’un prêt bancaire de 10 millions
de francs CFA. Le prêt est remboursable sur 10 ans à partir de 2002
avec un taux d’intérêts de 10%. Une loi du 12 octobre 2004 vient d’être
fixée sur l’ensemble du territoire national. Le taux maximum des intérêts
de prêts immobiliers à 7 %.
Monsieur DIOP peut-il invoquer cette nouvelle réglementation. Justifiez
cette réponse.

Telle qu’elle est rédigée, la loi en l’espèce est d’ordre public. En fixant le
taux maximum des intérêts de prêt immobilier à 7 %, cette loi cherche à
poursuivre, à protéger l’économie ; par conséquent, elle est d’application
immédiate c’est-à-dire, qu’à compter de son avènement, jusqu’à l’expiration
du contrat, le débiteur sera en droit de rembourser au taux d’intérêt
de 7 %.

D. Paul consent un prêt à Moussa le 03 janvier 1995. D’après le contrat, le


prêt doit être remboursé en 24 mensualités au taux d’intérêt de 14% par
an. Le 30 août 1996, le législateur souhaitant lutter contre l’usure et
l’abolir, vote une loi pour fixer le taux d’intérêt maximum à 8 % par an. A
quel taux d’intérêt le prêt sera dorénavant remboursé si l’on sait que la loi
du 30 août entre en vigueur le 20 février 97. Selon vous, Moussa peut-il
exiger la restitution par Paul d’un éventuel trop perçu ?

Solution : En l’espèce la nouvelle loi est d’ordre public. En principe, elle est
d’application immédiate. Mais cette solution ne peut être retenue ici car au
moment de son entrée en vigueur, la situation juridique en cause n’est plus en
cours. Elle a épuisé ses effets sous la loi ancienne (depuis janvier 97). En
conclusion, il faut retenir que la nouvelle loi ne s’applique pas au contrat de prêt
conclu entre Paul et Moussa.

E. Mme DIOUF tient un commerce de prêt à porter dans la ville de Dakar.


Le 22 mai 1998, elle est arrêtée au volant de sa voiture pour une
contravention dont la sanction est réduite de 4 000 à 3 500 FCFA par
une loi promulguée le 23 mai et entrée en vigueur le 29 mai 98. Au
moment de payer son amende début juin, Mme DIOUF prétend ne devoir
que 3 500 francs. Quel est le montant réellement dû par Mme DIOUF ?

Solution : la question est de savoir de ce cas d’espèce si une loi nouvelle peut
régir une situation nouvelle mais antérieure à son entrée en vigueur. Cette
question, il faut répondre par la négative : la loi nouvelle ne rétroagit pas. Elle ne
s’applique qu’aux situations juridiques à compter de son entrée en vigueur. Par

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exception à ce principe, il est admis que les contrats en cours continuent à être
régis par la loi ancienne sauf si la loi nouvelle est d’ordre public. Il faut ajouter à
cette exception, les lois interprétatives, les lois expressément rétroactives et
les lois pénales plus douces.

En l’espèce, la loi entrée en vigueur le 29 mai 1998 et qui a baissé de 4 000 à 3


500 francs l’amende encourue par Mme DIOUF est une loi pénale plus douce.
Cette loi rétroagit c’est-à-dire qu’elle peut s’appliquer aux situations en cours
nées avant son entrée en vigueur.

Tel est bien le cas de Mme Diouf à compter de la loi nouvelle, elle n’est redevable
que d’une amende de 3 500 Francs.

d) Les conflits de loi dans l’espace 

Il y a conflit de loi dans l’espace toutes les fois qu’une situation de droit privé
peut être rattachée à plusieurs pays de sorte qu’il faut choisir entre les lois de
ces différents pays, celle qui sera appelée à régir la situation juridique en cause.

Exemple : un sénégalais et un malien passent un contrat de vente. L’objet du


contrat est un immeuble situé en Côte d’Ivoire. Quelle est la loi applicable à ce
contrat de vente ?

Autre exemple : un sénégalais se marie avec une italienne en France. Qu’elle est
la loi applicable à ce mariage ? Deux systèmes ont été élaborés pour résoudre ce
genre de conflit :

1. Le principe de la territorialité de la loi :

Selon ce système, la loi s’applique sur toute l’étendue du territoire de l’Etat à


l’ensemble des personnes qui y vivent sans distinction de nationalité. La loi
s’applique également à tous les faits qui s’accomplissant sur le territoire et à
tous les bien qui s’y trouvent. C’est ce système qui a été retenu pour les lois
pénales et pour les immeubles.

2. Le principe de la personnalité de la loi :

Dans ce système, les personnes sont soumises à leur loi nationale quel que soit le
pays où elles se trouvent. Ce système est retenu lorsque la situation qu’il
convient de régir est relative au droit de la famille. Exemple : mariage, divorce.

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S/Section II : Le Règlement :

Paragraphe 1 : Définition et classification

Le règlement est l’œuvre du pouvoir exécutif. Il existe deux sortes de


règlements :

 Les règlements autonomes : Ce sont des textes pris par l’exécutif dans
les matières autres que celles réservées au domaine de la loi.

 Les règlements d’exécution : Ce sont des textes pris pour l’application


d’une loi.

Concrètement, les règlements sont constitués par les décrets du Président de la


République, les arrêtés de Ministres, Gouverneurs, Préfets ou des diverses
autorités administratives.

Paragraphe 2 : l’Autorité du Règlement

Il s’agit de mesurer l’autorité du règlement par rapport aux autres normes


juridiques.

Dans la hiérarchie des textes, la loi est au-dessus du règlement. En effet le


règlement est soumis à des conditions de légalité dont le juge contrôle
l’observation. Le règlement doit être conforme à la constitution et ne doit pas
violer la loi. Si le règlement porte atteinte aux textes qui lui sont supérieurs, on
peut l’attaquer de deux manières :

- Le recours pour excès de pouvoir : C’est une demande introduite devant


le conseil d’état afin d’obtenir l’annulation d’un règlement jugé illégal.

- L’exception d’illégalité : Ne vise pas l’annulation du règlement. On écarte


ce texte si on estime qu’il est illégal. Qu’il s’agisse du recours pour excès
de pouvoir ou de l’exception d’illégalité, les cas d’illégalité qu’on peut
soulever devant le juge, sont les mêmes.

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Exemple : un Maire prend une décision relevant de la compétence d’un Ministre.

Autre exemple : Une sanction disciplinaire est prise à l’encontre d’un agent de
l’état alors que son dossier ne lui a pas été communiqué (vice de forme).
Contrairement au recours pur excès de pouvoir, l’exception d’illégalité peut être
porté devant toutes les juridictions sénégalaises. Ce recours n’est enfermé dans
aucun délai (alors que pour le recours pour excès de pouvoir, le demandeur a 2
mois à compter de la publication du règlement pour saisir le conseil d’état).

S/Section III : Les Textes à caractère spécial

Ce sont des textes qui présentent une certaine particularité par rapport à la loi
et au règlement.

A. Les lois référendaires : Elles résultent de l’approbation par référendum


d’un projet de loi proposé par le Président de la République.
Contrairement aux lois ordinaires, ces lois ne sont pas votées par
l’Assemblée Nationale, mais directement par le peuple. Exemple : La
Constitution de janvier 2001.

B. Le Pouvoir réglementaire exceptionnel :

1.Les ordonnances : Ce sont des lois par leur domaine et des règlements par
leur origine. Il existe deux sortes d’ordonnances :
;;;;;;;;
a) les Ordonnances sur habilitation législative :

Elles sont prévues par l’article 77 de la constitution. Ce texte prévoit que


l’Assemblée Nationale peut pendant un certain temps, autoriser le gouvernement
à prendre par ordonnance, des mesures qui sont normalement du domaine de la
loi.

b) les Ordonnances prises en période transitoire :

Elles sont prévues par l’article 106 de la constitution. Ce texte autorise le


Président de la République après avis du Conseil d’état, à prendre des mesures
législatives nécessaires à la mise en place des institutions.

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2.Les circonstances exceptionnelles : Selon l’article 52 de la constitution, le
Président peut sans aucune habilitation, prendre des mesures même législatives
dans certains cas très graves.

Exemple : en cas de menace contre les institutions de la République.

C. Les Traités : Les traités ou accords internationaux sont des conventions


signées entre deux ou plusieurs Etats. Exemple : le Traité de l’OHADA, le
Traité de l’UEMOA.

Ils sont négociés par le Président de la République au terme de l’article 98 de la


constitution. Les traités régulièrement ratifiés ou approuvés ont dès leur
publication, une autorité supérieure à celle de la loi.

Les traités sont ratifiés par le Président de la République. Cependant, pour


certaines questions relevant du droit de la famille par exemple, l’état des
personnes, la ratification ne peut résulter que d’un texte de loi voté par
l’Assemblée Nationale.

SECTION II : LES AUTRES SOURCES DE LA REGLE DE DROIT

Il s’agit de la coutume, de la doctrine et de la jurisprudence.

Paragraphe 1 : La coutume

Elle peut être définie comme un usage, une pratique habituellement suivie dans
une situation donnée. L’importance de la coutume repose sur deux éléments : un
élément matériel et un élément psychologique.

Par élément matériel, on vise une pratique généralisée de longue durée.


L’élément psychologique c’est la conscience que l’usage est obligatoire et que sa
violation entraîne l’application d’une sanction.

Paragraphe 2 : La Doctrine

Elle correspond aux opinions des théoriciens tels que les enseignants spécialisés
dans une matière juridique et des praticiens tels que les magistrats ou les
avocats. Les opinions sont émises dans des ouvrages, des articles et des
commentaires des décisions de justice.

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Paragraphe 3 : La Jurisprudence

C’est l’ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux. Les cours
et tribunaux jouent un triple rôle. Ils interprètent la règle de droit (interpréter
consiste à rechercher le sens de la règle de droit) ils appliquent la règle de droit
enfin, ils suppléent la carence du législateur. Les juges suppléent la carence de la
loi lorsqu’il leur est demandé de régler une situation portée à leur connaissance
et qui n’est pas réglementée par la loi.

Illustration :

Un texte de droit est une loi par son domaine et un règlement par son origine. Ce
texte pris par le Président de la République fixe le taux de l’impôt applicable aux
personnes physiques à 15 % du salaire indiciaire.

Quelle est la nature juridique de ce texte ?

Pour Doudou, ce texte a un caractère supplétif.

Pour Samba, c’est une règle impérative. Quelle est votre point de vue ?

Avant cette loi, le taux de l’impôt était fixé à 7 %, par une loi du
22 octobre 1989. Les personnes physiques peuvent-elles invoquer l’application de
la loi de 1989 ? Justifiez votre réponse.

Corrigé :

- Le texte en question est une ordonnance sur habilitation législative.

- L’impôt est une charge qui pèse sur toute la collectivité. Ce texte pris par le
Président de la République a donc un caractère impératif car, il vise l’intérêt
général.

A cette question, il faut répondre par la négative, le texte pris par le Président
de la République s’applique immédiatement à compter de son entrée en vigueur.

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Titre 2 : Le Droit Subjectif
Le droit subjectif est une prérogative, un pouvoir dont dispose une personne et
qui est garanti par l’Etat parce qu’il est conforme au droit objectif.
Le régime juridique et la preuve des droits subjectifs présentent un grand
intérêt et méritent la plus grande attention. Mais au préalable, il convient
d’examiner la classification des droits subjectifs.

Chapitre 1 : La Classification des Droits Subjectifs


Les différents droits subjectifs dont une personne est titulaire peuvent être
regroupés suivant plusieurs classifications :
La 1ère classification fondée sur le caractère pécuniaire du droit permet de
distinguer les droits patrimoniaux et les droits extra-patrimoniaux.
A coté de cette 1ère classification on peut retenir une classification tirée de
l’objet sur lequel porte le droit. Cette classification regroupe les droits réels, les
droits personnels et les droits intellectuels.
Enfin pour compléter ce tableau il est opportun de faire une place à la
classification des choses sur lesquelles portent les droits subjectifs.

Section 1 : La Classification fondée sur les Droits Patrimoniaux


et Droits extra-Patrimoniaux
lorsqu’on considère les différents droits dont une personne peut être titulaire on
est conduit à opposer 2 types de droit :
- Les 1er sont dits droits Patrimoniaux car on considère qu’ils font partie du
patrimoine.
- Les seconds restent en dehors du patrimoine. Ce sont les droits extra-
Patrimoniaux.
Il convient de présenter cette distinction avant de passer à l’étude du
patrimoine.

Sous-section 1ère : La présentation de la distinction Droits Patrimoniaux


Droits extra-Patrimoniaux
La distinction droits Patrimoniaux et extra-Patrimoniaux permet de rendre
compte de la diversité des droits subjectifs reconnus à la personne.
Le critère de la distinction est très simple. Il convient de l’analyser avant de
prendre partie sur la valeur de cette distinction.

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Paragraphe 1 : Le critère de la distinction

Il est traditionnel d’opposer une distinction entre les droits patrimoniaux et


Les droits extrapatrimoniaux.
Le critère de la distinction est pécuniaire. Les droits patrimoniaux sont
caractérisés par leur signification économique. On dit qu’ils sont évaluables en
argent.
Exemple : Droit personnel et Droit réel.
Au contraire les droits extra-patrimoniaux ont une valeur purement morale.

Exemple : le Droit au respect de la vie privée, le Droit à l’intégrité physique.

A. Les Droits Patrimoniaux


Ils sont dans le commerce juridique c’est-à-dire :
- Ils sont cessibles : ils peuvent faire l’objet de transaction.
- Ils sont transmissibles : au décès de leur titulaire, ils sont recueillis par
les héritiers.
- Ils sont saisissables : lorsqu’une personne ne paie pas ses dettes, ses
créanciers pourront saisir ses droits patrimoniaux les faire vendre et se
faire payer sur le produit de la vente.
- Ils sont prescriptibles : ils peuvent être acquis ou au contraire perdu par
l’écoulement d’un certain temps.

Exemple : le titulaire d’une créance de somme d’argent doit agir dans le temps
qui lui est imparti par la loi pour se faire payer. Passé ce délai son action est
prescripteur. Ce délai est de 10 ans pour les dommages intérêts.

B. Les Droits extra-patrimoniaux


A la différence des droits patrimoniaux, les droits extra-patrimoniaux sont hors
du commerce juridique c’est-à-dire qu’ils sont incessibles et intransmissibles,
insaisissables et imprescriptibles.

Paragraphe 2 : La Valeur de la Distinction


La distinction droits patrimoniaux et droits extra-patrimoniaux a été critiquée.
En effet on lui reproche d’être trop rigide et d’avoir oublié que tous les droits
ont une incidence pécuniaire.

Exemple : Une atteinte à l’honneur peut donner lieu à une réparation en argent
sous forme de dommage intérêts.
Cette réserve étant faite, il faut noter que la distinction droits patrimoniaux et
droits extra-patrimoniaux même si elle n’est pas absolu mérite d’être maintenue

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car c’est la classification la plus classique mais encore elle est la plus simple. Ceci
étant précisé, il convient maintenant de passer à l’étude du patrimoine.

Sous section 2 : Le Patrimoine


Le patrimoine est l’ensemble des droits et obligations à caractère pécuniaire
d’une personne. La notion de patrimoine présente un double intérêt :
Le 1er intérêt est lié à la succession. Les héritiers ont trois possibilités :
- Accepter purement et simplement la succession. Dans ce cas, ils sont
tenus au-delà des forces de la succession. Ainsi, si le passif successoral
est supérieur à l’actif, les créanciers de la succession sont en droit de
poursuivre les héritiers pour le surplus sur leur propre patrimoine.
- Accepter sous bénéfice d’inventaire. Dans ce cas, les héritiers sont tenus
jusqu’à concurrence du montant de la succession. En clair les prétentions
des créanciers ne portent que sur l’actif successoral. Les intérêts des
héritiers sont donc sauvegardés.
- Refuser la succession. Dans ce cas, l’Etat devient successeur (succession
vacante). On remarquera que l’Etat est toujours successeur sous bénéfice
d’inventaire.

Le 2ème intérêt est relatif à la situation des créanciers chirographaires qui ont
un droit de gage général sur l’ensemble des biens du débiteur.
Ce droit de gage n’a d’utilité qu’au jour de la saisie c’est-à-dire au jour où le
débiteur ne peut plus faire face à ses engagements.
La saisie pourra porter sur n’importe quel bien figurant dans le patrimoine du
débiteur.
La vente sera faite aux enchères et le créancier pourra se faire payer sur le
produit de la vente jusqu’à concurrence du montant de sa créance.

Paragraphe 1 : La Nature du Patrimoine


Techniquement le patrimoine est une universalité de droit. Par universalité de
droit il faut entendre l’ensemble des droits et obligations d’une personne. C’est-
à-dire l’actif et le passif.
L’Actif est la réunion des droits ayant pour titulaire un même sujet de droit.
Le Passif est l’ensemble des dettes de la personne.
Les éléments de l’Actif et du Passif entretiennent des rapports étroits.
Pour bien montrer la force de ces liens on admet que les éléments de l’actif
répondent du passif. Il résulte de cette règle que les créanciers d’une personne
ont le droit de se faire payer sur ses biens (contenus dans son patrimoine c’est-
à-dire sur son actif). De même les héritiers s’ils reçoivent l’actif de la succession
sont tenus également des dettes de celle-ci.

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On peut relever une autre conséquence de l’idée d’universalité. C’est la
subrogation réelle. Cela signifie que l’universalité demeure mais les différents
biens qui sont dans le patrimoine peuvent changer.
C’est dire simplement que le patrimoine garde toujours sa nature même si un bien
nouveau qui entre dans le patrimoine prend la place d’un bien qui en sorte.
La subrogation réelle garantit donc la stabilité des situations juridiques.
Par exemple : un bien hypothéqué étant détruit, l’indemnité due par le
responsable ou versée par une compagnie d’assurance lui est substituée et
servira à payer le cas échéant les créanciers qui avaient hypothéqué ce bien.

Paragraphe 2 : Les Caractères du Patrimoine


Le patrimoine est lié à la personnalité juridique dont il est la projection
économique. Cette règle entraîne plusieurs conséquences.

1°) Seules les personnes ont un patrimoine. On admet pas l’existence d’un
patrimoine sans une personne qui lui serve de support. La personne c’est l’être
juridique apte à avoir des droits et des obligations.

2°) Toute personne a nécessairement un patrimoine même si elle ne possède


rien ou si elle n’a que des dettes. Même l’enfant qui vient de naître à un
patrimoine. Le patrimoine est donc un contenant. Les droits (l’actif) et les
obligations (passif) en forment le contenu.

3°) Etant attaché à la personne le patrimoine est intransmissible du vivant de


son titulaire. Celui-ci peut modifier seulement son patrimoine.
Par exemple : vendre un immeuble. Faut-il donc conclure que le patrimoine
disparaît au décès de son titulaire ? C’est difficile à imaginer. Ainsi admet-on que
l’héritier est le continuateur de la personne du défunt. C’est-à-dire quand cas de
décès l’héritier recueille l’actif et le passif du défunt.

4°) Une personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine. C’est l’affirmation du
principe de l’unité et de l’indivisibilité du patrimoine. Ainsi une personne qui isole
dans son patrimoine une masse de bien ne crée pas un second patrimoine.
De même l’héritier qui accepte la succession du défunt ne se trouve pas à la tête
de deux patrimoines (son patrimoine et celui du défunt) mais à la tête d’un seul
patrimoine. Il y’a dit-on confusion des deux patrimoines.
Les créanciers de la succession sont donc obligés de subir la concurrence des
créanciers de l’héritier.

24
Le caractère unitaire et indivisible du patrimoine a été critiqué. On lui reproche
de rendre difficile la situation de l’héritier qui accepte la succession.
Cet héritier a t-on fait observer sera obligé de payer les créanciers de la
succession si l’Actif successoral est insuffisant. C’est-à-dire lorsqu’ils n’ont pas
été désintéressés intégralement.
On a également soutenu que la règle de l’unité et de l’indivisibilité s’accorde
difficilement avec le développement des affaires. Car la personne qui diversifie
ses activités ne sera jamais à la tête de deux patrimoines mais à la tête d’un seul
patrimoine.

Ces critiques sont si pertinentes qu’on a jugé utile d’apporter des exceptions à la
règle de l’unité et de l’indivisibilité du patrimoine. Ainsi en matière successorale,
la loi permet à l’héritier d’accepter la succession sous bénéfice d’inventaire.
Dans ce cas il n’est tenu des dettes de la succession que jusqu’à concurrence de
l’actif de celle-ci. Tout se passe donc comme s’il était à la tête de deux
patrimoines (son patrimoine et celui du défunt).

De même pour éviter que les créanciers de la succession ne soient concurrencés


par les créanciers de l’héritier qui acceptent purement et simplement la
succession, la loi leur permet de demander l’application de la règle de la
séparation des patrimoines. Cette règle permet aux créanciers de la succession
d’être payés en priorité sur l’actif de la succession.

1ère Illustration :
Sall prête 1.000.000 F CFA à Amadou, avec cet argent Amadou achète une
voiture.
1- Sall créancier peut-il s’opposer à la conclusion du contrat de vente ?
2- A l’expiration du contrat de prêt, on trouve la voiture dans le patrimoine
de Amadou. Selon Sall, son droit de créance porte sur la somme prêtée et
celle-ci ne se trouvant plus dans le patrimoine de son débiteur il risque de
ne pas être payé. La thèse de Sall est-elle pertinente ? Que pourra t’il
faire pour se faire rembourser ?

Solution :
1- Le créancier chirographaire ne peut paralyser les fluctuations du patrimoine
de son débiteur. Il ne peut invoquer utilement son droit de gage général qu’au
moment de la saisie et non avant.
En l’espèce Sall ne peut s’opposer à la conclusion du contrat de vente.

2- Sall a tort de s’inquiéter son droit ne porte sur un bien déterminé du


patrimoine de son débiteur mais sur l’ensemble des biens de celui-ci. C’est a dire

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simplement que le patrimoine garde sa nature. C’est une universalité de droit et
tout bien qui sort est remplacé par tout bien qui entre. Dans la mesure où en
l’espèce il n’y a que la voiture dans le patrimoine de Amadou au jour de la saisie,
la loi permet à Sall de saisir ce bien, de la vendre et de se faire payer sur le
produit de la vente jusqu’à concurrence du montant de sa créance.
2eme Illustration :
Mr Guèye exerce un commerce d’épicerie et sa situation financière est la
suivante : son actif commercial est de 3 millions et son passif commercial est de
6 millions. Ses biens privés sont estimés à 3 millions et ses dettes privées à 2
millions. Comment seront payés ses créanciers ?

Solution :
Une personne peut-elle avoir deux patrimoines? En fait une personne peut
affecter certains de ses biens à un but, d’autres biens à un autre but par
exemple comme en l’espèce certains de ses biens à un commerce et d’autres à sa
vie privée.
Mais en droit cette personne n’aura pas plusieurs patrimoines.

En clair les biens affectés au commerce ne formeront pas un patrimoine à part


mais demeureront confondus dans l’ensemble de son patrimoine. Les créanciers
civils et les créanciers commerciaux n’auront aucune préférence. Ils viennent
tous en concours sur l’ensemble des biens de Mr GUEYE. Cette solution trouve
son fondement dans la règle de l’unité et de l’indivisibilité du patrimoine.

3ème Illustration :
Le patrimoine de Mr SOW est ainsi constitué : actif 6 millions, passif 8 millions.
Mr SOW décède avant de payer ses créanciers. Son fils Mamadou modeste
fonctionnaire de la poste et prodigue (il est dépensier) a accumulé des dettes
personnelles pour un montant de 4 millions alors que ses biens personnels sont
insignifiants.

1°) Quels vont être les conséquences de la succession pour les créanciers du père
et du fils ?

2°) Que peuvent faire les créanciers du père défunt pour sauvegarder leurs
droits ?

Solution :
En l’espèce il y’a fusion des deux patrimoines car Mamadou en tant qu’héritier
est le continuateur de la personne de son père décédé. Par conséquent les

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créanciers du père et du fils seront sur le même pied d’égalité. En clair ils vont
s’adresser à Mamadou pour obtenir le remboursement de leurs créances.
Pour sauvegarder leurs droits les créanciers du père ont intérêt à invoquer la
règle de la séparation des patrimoines. L’application de cette règle leur permet
d’être payés en priorité sur l’actif successoral.

Section 2 : La Classification des Droits Subjectifs Fondés sur leur Objet.
Il convient d’examiner ici les droits réels, les droits personnels et les droits
intellectuels.

Paragraphe 1 : Les Droits Réels


Le droit réel est un droit qui est directement exercé par une personne sur une
chose. On distingue deux catégories de droit réels : les droits réels principaux
et les droits réels accessoires ou de garantie.

A) Les Droits Réels Principaux


Ils tendent à l’utilisation directe de la chose par le titulaire du droit mais ils
diffèrent par leur étendue. Le droit de propriété est le plus complet. Les autres
droits réels qui sont de simples démembrements sont moins étendus.

1°/ Le Droit de Propriété


Il donne à son titulaire trois prérogatives l’usus, le fructus, l’abusus
- L’usus : c’est le droit d’user de la chose.
- Le fructus : le droit d’en percevoir les fruits ou les revenus.
- L’abusus : c’est le droit d’en disposer à son gré en la donnant, en la vendant
ou en la détruisant.

2°/ Les Démembrements de la Propriété :


Ils sont limitativement énumérés par la loi. On examinera ici les démembrements
les plus importants à savoir l’usufruit et la servitude.

- L’usufruit : il confère à son titulaire l’usus et le fructus c’est-à-dire le


droit d’usage et le droit d’exploiter le bien. L’abusus est concerné par le
propriétaire. Ce dernier est appelé nu-propriétaire.

Exemple : Mme NDIAYE vend sa maison à Mr DIOP. Mais il est convenu


entre les parties que Mme NDIAYE pourra habiter la maison et même la
louer. Dans ce cas d’espèce, Mme NDIAYE est usufruitière. En effet elle à
deux prérogatives l’usus et le fructus. L’usus c’est le droit d’habiter la
maison, le fructus le droit de la louer c’est-à-dire le droit de percevoir les
fruits.

27
De son côté Mr DIOP est un nu-propriétaire. Il est appelé ainsi car il n’a
que le droit de disposer (l’abusus). L’usufruit est temporaire, généralement
c’est un droit viager. Cela signifie qu’il disparaît à la mort de l’usufruitier
sauf si une durée plus brève a été prévue par les parties dans leur contrat.
Si on revient à notre exemple, à la mort de Mme NDIAYE sauf si les
parties ont décidé de fixer une durée plus brève dans leur contrat, Mr
DIOP devient le propriétaire à part entière de la maison.
Le droit de propriétaire est alors reconstitué.

- La Servitude : la servitude est une charge imposée à un immeuble au


profit d’un autre immeuble. L’immeuble qui supporte la servitude s’appelle
le fonds servant. L’immeuble qui en bénéficie s’appelle le fonds dominant.
Ces deux immeubles ne doivent pas appartenir au même propriétaire.
L’origine des servitudes peut se trouver dans la loi.
Exemple : les servitudes de passage pour les lignes électriques ou
téléphoniques.

A coté de ses servitudes légales, existe aussi des servitudes naturelles.


Exemple : la servitude permettant au propriétaire d’un terrain enclavé de
passer sur le terrain d’autrui pour accéder à la voie publique.

Les servitudes peuvent être d’origine conventionnelles.


Exemple : une servitude de passage, une servitude de ne pas construire au-
delà d’une certaine hauteur.

B) Les Droits Réels Accessoires ou de Garantie


Ils n’ont pas d’existences propres. Ils ne se conçoivent que comme accessoires
d’un droit personnel ou droit de créances. Ce sont des garanties qui portent sur
un bien du débiteur et qui sont conférés aux créanciers. On les appelle aussi
sûreté réelle. S’il s’agit d’un immeuble c’est une hypothèque, s’il s’agit d’un
meuble c’est un gage.

1°/ L’hypothèque : il y’a hypothèque lorsque le débiteur consent en garantie à


son créancier un droit réel sur un immeuble. Il faut encore préciser que le
constituant doit être propriétaire de l’immeuble. On retiendra aussi que
l’hypothèque doit être inscrite au registre foncier faute de quoi elle ne sera pas
efficace.

Exemple : le propriétaire d’un immeuble a conféré une hypothèque à l’un de ses


créanciers qui a négligé de la publier au registre foncier, le propriétaire vend

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ensuite l’immeuble faute de publication le tiers acquéreur a été dans
l’impossibilité d’être renseigné. L’hypothèque ne lui sera pas opposable c’est-à-
dire qu’elle sera dépourvue de tout effet.

Le créancier bénéficiaire d’une hypothèque est appelé créancier hypothécaire.


Son hypothèque lui confère deux prérogatives : le droit de suite et le droit de
préférence.

- Le Droit de Suite : il permet au créancier hypothécaire de reprendre le


bien objet de son hypothèque en quelques mains qu’il se trouve.
- Le Droit de Préférence : il permet au créancier hypothécaire de se faire
payer en priorité sur le prix de la chose objet de son hypothèque. En cas
d’insolvabilité du débiteur, le créancier disposant d’une sûreté sera payé
avant le créancier chirographaire.

2°/ Le Gage :
Il y’a gage lorsqu’un débiteur offre à son créancier une garantie reposant sur un
bien meuble. Pour que la garantie soit efficace, l’objet doit être remis au
créancier ou à un tiers neutre. Faute de paiement à l’échéance le créancier
gagiste peut se faire autoriser la vente de la chose et se faire payer en priorité
sur le prix.

C) Les Caractères du Droit Réel


On peut relever 3 caractères :

1°/ Ils sont limitativement énumérés par la loi.

2°/ Ils sont opposables à tous. A travers l’opposabilité on veut montrer la


force absolue des droits réels. Il faut cependant préciser que les droits réels ne
sont efficaces que si les formalités de publicité prescrites par la loi sont
respectées.
Exemple : la propriétaire d’un immeuble, l’hypothèque portant sur un immeuble ne
sont opposables au tiers qu’à partir du moment où la publicité a été effectuée au
registre foncier.

3°/ Ils confèrent à leurs titulaires une position privilégiée car ils comportent
un droit de suite et un droit de préférence.
Le droit de suite permet au titulaire du droit réel de suivre le bien en quelques
mains qu’il se trouve. Le droit de préférence permet au titulaire du droit réel
d’exercer son droit sur le bien en priorité par rapport à toute personne.

29
Exemple : une personne a déposé une chose lui appartenant chez un commerçant.
Avant restitution le dépositaire devient insolvable. Cette situation n’affectera
pas le titulaire du droit réel (le déposant). Il écartera toute prétention sur la
chose. Les créanciers du dépositaire ne pourront pas saisir le bien qui
n’appartient pas à leur débiteur.

1ère Illustration :
Le 1er janvier 1981 Mr SECK emprunte la somme de 10 millions de F CFA à la
Société Générale pour acheter un immeuble situé à Dakar. L’immeuble acheté par
Mr SECK est mis en location. Le locataire emprunte 5 millions de F CFA à la
BICIS. Pour garantir cette dette il constitue une hypothèque sur l’immeuble loué.
A l’échéance le locataire ne paye pas sa dette.

La BICIS qui entreprend de saisir l’immeuble se limite à Mr SECK. Ce dernier


nous consulte, il veut savoir si l’action de la BICIS peut aboutir.

Solution :
La question est de savoir si un locataire peut consentir une hypothèque sur le
bien loué. A cette question il faut répondre par la négative. L’hypothèque ne peut
être consentie que par le propriétaire en l’occurrence le titulaire du droit réel.

On peut donc affirmer que consentir une hypothèque est un acte de maître. Le
locataire n’a pas la qualité de propriétaire, sans doute il a le droit de jouissance
sur les locaux loués. Mais ce droit ne lui confère pas la qualité de propriétaire.
En conséquence Mr SECK a bien raison de s’opposer à la saisie entreprise par la
BICIS. L’hypothèque en l’espèce est nulle. En conclusion devant le juge
compétent la BICIS n’aura pas gain de cause.

2ème Illustration :
Mr BA est propriétaire de plusieurs appartements meublés. Le 25 décembre
1996 il loue 2 appartements au sieur DIOP et il est stipulé dans le contrat que le
bail prendra fin le 30 décembre 1997. a l’échéance du contrat Mr BA constate
que le sieur DIOP a quitté les lieux et a emporté avec lui un canapé et 4 chaises.
Offusqué par le comportement de DIOP, Mr BA vous saisit, il veut savoir s’il
peut récupérer ses biens.

Toujours prêt à rendre service, Mr BA propriétaire d’un tableau le prête à un de


ses amis pour une exposition. Malheureusement, son ami est confronté à des
difficultés financières et ne peut faire face à ses engagements. Les créanciers

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désir saisir le tableau. L’affaire est devant le juge. Que peut faire Mr BA pour
récupérer son bien ?

Solution :
En l’espèce Mr BA est propriétaire. Si à l’échéance du contrat son locataire
emporte avec lui les meubles loués, il pourra invoquer son droit de suite. Ce droit
qui lui est conféré par la loi lui permettra de récupérer entre les mains de son
locataire indélicat le canapé et les 4 chaises.

Dans le 2ème cas d’espèce Mr BA est toujours propriétaire. Cette qualité lui
permet d’invoquer son droit de préférence. Ce droit de préférence lui permettra
d’écarter les prétentions des créanciers du débiteur (son ami) et jouir
pleinement de son droit de propriétaire sur le tableau litigieux.

Paragraphe II : Les Droits Personnels

A) Définition :
Le droit personnel est le rapport juridique entre deux ou plusieurs personnes
dont l’une le créancier a le droit d’exiger d’une autre le débiteur une prestation
dont l’objet est varié. Il peut s’agir d’une somme d’argent, d’une marchandise,
d’un travail ou d’une abstention. Ce droit est appelé droit de créance par rapport
au sujet actif (le créancier). Il se nomme obligation ou dette si on l’envisage du
coté du sujet passif (le débiteur).
Les obligations se divisent en trois grandes catégories

1°/ L’obligation de donner


C’est l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à transférer au créancier un
droit réel sur une chose lui appartenant.

Exemple : l’obligation assumée par le vendeur de transférer la propriété de la


chose vendue à l’acheteur.

2°/ L’obligation de faire


C’est l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à accomplir un fait.

Exemple : l’obligation du peintre qui s’engage à faire un tableau. L’obligation de


l’architecte qui s’engage à élaborer le plan de construction d’une maison.

31
3°/ L’obligation de ne pas faire.
C’est l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à une abstention.

Exemple : un vendeur d’un fonds de commerce s’engage à l’égard de l’acheteur à


ne pas ouvrir dans la même ville un établissement semblable à celui qu’il a cédé.

B) Les Caractères
On peut relever 3 caractères :

1°/ Les droits personnels sont innombrables.


Ils peuvent trouver leurs sources dans la volonté individuelle.
Exemple : contrat de bail, contrat de prêt.

Ils peuvent aussi trouver leurs sources dans la loi.


Exemple : la responsabilité civile obligeant l’auteur d’un dommage à le réparer en
indemnisant la victime.

2°/ Ils ne confèrent à leurs titulaires aucun privilège particulier.


Le créancier titulaire d’un droit personnel s’appelle créancier chirographaire. La
seule garantie dont il dispose est le patrimoine de son débiteur le jour de la
saisie. C’est ce qu’on appelle le droit de gage général des créanciers.

Il faut préciser que la saisie ne peut être autorisée que si le débiteur ne peut
plus faire face à ses engagements. Les créanciers chirographaires qui n’ont ni le
droit de suite, ni le droit de préférence sont payés soit au marc le franc c’est-à-
dire proportionnellement au montant de leurs créances, soit au prix de la course
c’est-à-dire le premier arrivé devant le débiteur sera payé intégralement.

3°/ Ils ont un effet relatif c’est-à-dire que le lien de droit n’existe qu’entre le
créancier et son débiteur. De façon plus claire le droit de créance ne peut
s’exercer que contre le débiteur et lui seul.

Exemple : dans le bail, le propriétaire des lieux est créancier car il exige pour la
jouissance des locaux le paiement d’un loyer. Le locataire lui est le débiteur.

Autre exemple : le contrat de prêt crée un lien d’obligation entre le prêteur et


l’emprunteur. Le prêteur est le créancier il peut exiger de l’emprunteur le
remboursement de la somme prêtée. L’emprunteur contre qui l’action est dirigée
est le débiteur.

Illustration :

32
Après sa retraite, SENE décide de s’investir dans le commerce du bétail (achat
et vente de moutons). Afin de réunir les fonds nécessaires à son activité, il
emprunte le 3 mars 1990 à SALL la somme de 2 000 000 F CFA puis le 4 mars de
la même année la somme d’1 000 000 F CFA à DIALLO. Estimant très
insuffisante les sommes ainsi reçues SENE s’adresse à la Banque K en vue
d’obtenir un autre financement.
Acceptant à titre de garantie la maison de SENE située à Dakar, la Banque K
accorde à celui-ci un prêt d’un montant de 10 000 000 F CFA. A l’échéance des
contrats en l’espèce SENE n’honore ses engagements. Ses biens sont saisis et
vendus aux enchères publiques. Sa maison située à Dakar est vendue au prix de
9 000 000 F CFA et ses autres biens à 3 000 000 F CFA. Comment seront payés
ses créanciers ?

Solution :

I°) La Banque :
C’est un créancier hypothécaire. Pour savoir comment elle sera payée il faut
envisager deux situations :
A. Elle a publié son hypothèque au registre foncier. Dans ce cas l’hypothèque
déploie tous ses effets. En claire le créancier hypothécaire pourra
invoquer son droit de préférence et son droit de suite. En l’espèce le bien
hypothéqué a été vendu à 9 000 000 F CFA. Pour être payé en priorité sur
le prix de vente de l’immeuble la banque pourra invoquer son droit de
préférence. En claire la somme de 9 000 000 F CFA lui reviendra de droit.
Mais pour le reliquat à savoir la somme d’argent que lui doit toujours SENE
(1 000 000 F CFA), la banque sera un simple créancier chirographaire.
A ce titre elle pourra se faire payer sur le produit de vente des autres
biens (3 000 000 F CFA).

B. Elle n’a pas publié son hypothèque au registre foncier. Dans ce cas
l’hypothèque n’est pas efficace. Cela signifie qu’elle est imposable aux
tiers. En claire le créancier ne pourra invoquer les prérogatives qui
s’attachent à l’hypothèque. Il devient un simple créancier chirographaire.
A ce titre il vient en concurrence avec les autres créanciers sur le produit
de vente de la maison et des autres biens.

II°) SALL et DIALLO :


Sont des créanciers chirographaires. Ils bénéficient d’un droit de gage général.
Ce droit porte dans ce cas d’espèce normalement sur les autres biens. Ils
pourront aussi concurrencer la banque si celle-ci n’a pas publié son hypothèque.

33
Dans ce cas leurs prétentions porteront sur l’ensemble du patrimoine de SENE
(la maison et les autres biens).

Paragraphe 3 : Les Droits Intellectuels


Ce sont des droits qui portent sur une œuvre de l’esprit ou sur la clientèle. A
titre d’exemple on peut citer le droit d’auteur reconnu à un écrivain sur son
œuvre. Les droits intellectuels ont trois caractères :

1°/ Ils ne portent ni sur une chose palpable ni sur une personne mais sur
une chose immatérielle.

2°/ Ils sont opposables à tous c’est-à-dire ils confèrent à leurs titulaires un
monopole d’exploitation proche du droit réel. C’est ce monopole d’exploitation qui
permet de qualifier les droits intellectuels de propriété incorporelle. C’est ainsi
qu’on parle de propriété artistique pour désigner les droits de l’artiste sur son
œuvre, de propriété industrielle pour désigner les droits de l’inventeur sur son
invention, de propriété littéraire pour désigner les droits de l’écrivain sur son
œuvre.

3°/ Ils confèrent à leurs titulaires deux prérogatives :


- Un droit d’exploitation exclusif. Ce droit permet à son titulaire de
recevoir une rémunération chaque fois que l’œuvre est reproduite ou
représentée.
- Un droit moral. Ce droit permet au titulaire d’une œuvre de la défendre,
de la modifier, de la détruire ou de refuser de la divulguer.

Section 3 : La classification des choses sur lesquelles portent les droits
subjectifs.
Le patrimoine est composé d’un certain nombre de choses qui ne seraient rien
sans les droits que nous pouvons exercer sur elle. Ces choses prennent le nom de
biens en raison des avantages qu’elles procurent à l’homme.
On peut envisager plusieurs classifications :

A. Les Biens Corporels :


Ils ont une existence matérielle c’est-à-dire qu’ils sont perceptibles par
les sens.

Exemple : une maison, de l’argent, un animal.

34
1°/ La classification tirée de l’appropriation des choses.
En principe toute chose a un propriétaire. Il existe cependant des choses qui ne
sont pas appropriées. Cette catégorie exceptionnelle de chose concerne les
choses communes, les biens du domaine public et les biens sans maîtres.

a) Les choses communes :


Ce sont des choses qui n’appartiennent à personne. Leur usage est commun
à tous. Comme exemple on peut citer la lumière, l’air que nous respirons.

b) Les biens du domaine public :


Ils sont affectés à la collectivité et ne sont pas susceptibles de propriété
privée. Comme exemple on peut citer les rues, les écoles publiques.

c) Les biens sans maîtres :


Ce sont des biens qui n’appartiennent à personne. Il en va ainsi pour les
choses abandonnées. Ils peuvent être à nouveau l’objet de propriété privée
par le fait de l’occupation. L’occupation c’est le fait de s’emparer d’une
chose c’est-à-dire de prendre possession d’une chose avec l’intention d’en
devenir propriétaire.

2°/ Les choses consomptibles et les choses non consomptibles


a) Les choses consomptibles :
Ce sont des choses qui disparaissent nécessairement dès qu’on les utilise
Exemple : les denrées, les billets de banque, les pièces de monnaie

b) les choses non consomptibles :


Elles ne disparaissent pas dès qu’on sen serve. Elles peuvent faire l’objet
d’un usage prolongé. En clair elles ne perdent leurs valeurs que de façon
progressive.
Exemple : un téléviseur, une maison, des vêtements.

3°/ Les choses fongibles et les choses non fongibles.


Une chose fongible est une chose qui peut être remplacée par une autre. On
l’appelle également chose de genre. Lorsque la chose due est une chose fongible,
le débiteur se libère en livrant une chose semblable.
Exemple : 10 pièces de 100 à la place d’un billet de 1 000 F.

Une chose non fongible ou corps certain est une chose qui ne peut être
remplacée par une autre chose.

35
Exemple : un tableau d’un grand peintre. Lorsque le contrat porte sur un corps
certain, le débiteur est obligé de remettre au créancier cette chose
précisément et non autre chose.

On peut donc dire que la chose non fongible a une individualité propre. En clair
elle n’est pas interchangeable.
Exemple : si le débiteur loue une voiture, il doit restituer la même voiture.
B. Les Biens Incorporels :
Ce sont des biens qui n’ont pas d’existence matérielle. On ne peut pas les
toucher.

Exemple : les droits réels, les droits de créance, les droits de la propriété
intellectuelle. On retiendra cependant que le droit de propriété se confond avec
son objet (la chose sur laquelle il porte et se classe parmi les biens corporels).

Paragraphe 2 : Les Meubles et les Immeubles


Pour la loi les biens sont immeubles ou meubles.

A. Les Immeubles
Les biens sont immeubles par leur nature ou par leur destination ou par l’objet
auquel ils s’appliquent.

1°/ Les Immeubles par nature


Ce sont des choses qui ne peuvent ni se déplacer ni être déplacées. Cette
définition vise le sol et tout ce qui adhère au sol.
Exemple : une maison, un terrain, un arbre, un pont, un barrage.

Mais un bâtiment simplement posé sur le sol n’est pas un immeuble.


Exemple : une baraque foraine.

2°/ Les immeubles par destination


Ce sont des biens meubles qui sont considérés comme immeubles par destination
parce qu’ils constituent l’accessoire d’un immeuble par nature.

a) Les conditions de l’immobilisation par destination


Pour qu’un meuble devienne immeuble par destination il faut 3 conditions :
- 1ère / le meuble et l’immeuble doivent appartenir au même propriétaire.
- 2ème / le propriétaire de l’immeuble par nature doit avoir la volonté de
créer un lien entre le meuble et l’immeuble.
- 3ème / le meuble doit être destiné à l’immeuble.
Si l’une de ces conditions cesse l’immeuble par destination redevient meuble.

36
b) Les catégories d’immeubles par destination
Il existe deux catégories d’immeubles par destination

- 1/ La destination à l’exploitation d’un fonds


Ce sont des biens meubles qui ne doivent pas être destinés à l’usage
personnel du propriétaire de l’immeuble.
Exemple : les tracteurs, les animaux attachés à la culture sont considérés
comme des immeubles par destination.
Sont encore considérés comme immeubles par destination les outils
accessoires à l’exploitation artisanale (les rabots, les scies pour une
menuiserie).

- 2/ Les choses attachées à l’immeuble à perpétuelle demeure


Ce sont des choses qui ne peuvent être détachées de l’immeuble sans être
elles-mêmes détériorées ou sans briser ou détériorer la partie de
l’immeuble sur laquelle elles sont fixées.

Exemple : les glaces, les placards scellés dans un appartement.

Quels sont les effets de l’immeuble par destination ?


En principe les immeubles par destination sont solidaires de l’immeuble auquel ils
sont attachés. Ils subissent le même sort. Ainsi en cas de vente de l’immeuble
par nature la délivrance portera également sur les immeubles par destination. De
même les créanciers sont en droit de saisir l’immeuble en même temps que
l’immeuble par destination. Il existe cependant des hypothèses où l’immeuble par
destination garde toujours sa nature mobilière. Il en va ainsi en matière
d’hypothèque cette garantie ne peut porter sur un immeuble par destination.

Autre exemple : l’immeuble par destination redevient meuble et est traité


comme tel dès que l’affectation cesse. C’est le cas lorsque le propriétaire le vend
séparément. C’est encore le cas lorsqu’un voleur s’en empare.

Illustration :
Mamadou est agriculteur, il exploite contre le versement d’une redevance
plusieurs parcelles appartenant à Mr Urbain. Il vient d’acheter un tracteur pour
les biens de son activité. Mr Urbain a t-il le droit de prétendre que le tracteur
est un bien par destination.

Solution :

37
Pour répondre à cette question il faut examiner si les conditions de
l’immobilisation par destination sont réunies.
Pour qu’un meuble puisse être considéré comme immeuble par destination trois
conditions doivent être réunies :
Tout d’abord l’immeuble et le meuble doivent appartenir au même propriétaire.
Le propriétaire de l’immeuble doit avoir la volonté de créer un lien entre le
meuble et l’immeuble.

Enfin le meuble doit être destiné à l’immeuble.


Si on examine les faits il faut retenir que le tracteur n’est pas un immeuble par
destination car Mamadou n’est pas propriétaire des parcelles. En conclusion la
thèse de Mr Urbain n’est pas pertinente. Le tracteur est toujours un meuble au
regard de la loi même s’il est destiné à l’exploitation de l’immeuble.

2ème Illustration :
Un propriétaire avait vendu son château il voulait enlever les tapisseries qui s’y
trouvaient au moment de la vente. L’acquéreur refusa et porta l’affaire devant le
tribunal. On admet que les tapisseries ont été scellées au mur. Quelle est la
nature juridique de ces tapisseries ?

Solution :
Il faut retenir que ce sont des immeubles par destination car attachés à
perpétuelle demeure au château. D’ailleurs le scellement des tapisseries montre
de façon incontestable le lien entre les tapisseries (bien meubles) et le château
(bien immeuble par nature). Enlever les tapisseries de la décoration murale à
laquelle ces ornements étaient intégrés auraient comme risque la détérioration
de l’ensemble des lieux. Pour cette raison il convient de se ranger sur la thèse de
l’acquéreur et de dire que la vente porte sur le château (immeuble par nature) et
les tapisseries (immeubles par destination).

- 3/ Les Immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent


Ce sont les droits qui portent sur les immeubles.
Exemple : l’hypothèque, l’usufruit, la servitude.
On peut encore citer les actions en justice tendant à faire recouvrer la
propriété d’un immeuble (action en annulation de la vente d’un immeuble
par exemple).
On retiendra que le droit de propriété qui porte sur un immeuble n’est pas
un immeuble par l’objet auquel il s’applique mais simplement un immeuble.
Cette solution est fondée sur le fait que le droit de propriété se confond
avec son objet.

38
B. Les Meubles
Les biens sont meubles par leur nature, par détermination de la loi ou par
anticipation.

1°/ Les meubles par nature


Ce sont des choses susceptibles de déplacement.
Exemple : les animaux, les meubles meublant placés dans un local d’habitation ou
professionnel, les livres, l’argent etc.…
2°/ Les meubles par détermination de la loi
Ce sont des meubles incorporels. Entre dans cette catégorie les droits réels
portant sur des meubles. (Exemple : droit d’usage, l’usufruit, le gage) les droits
de créances, les valeurs mobilières (les titres d’une société) les droits
intellectuels.

3°/ Les meubles par anticipation


Il arrive qu’un immeuble devienne meuble avant qu’il ne soit séparé du sol par
anticipation. Sans doute la volonté n’est pas à elle seule capable de modifier la
condition juridique des choses mais lorsque des contractants ont traité sur des
immeubles en considération du moment où ces choses seront devenues meubles
on attribue à ces immeubles dès la formation du contrat le caractère mobilier.
Ainsi la vente de récolte sur pied, la vente des matériaux, d’une maison à démolir
sont traitées comme des ventes mobilières.

Cas pratique :
Abdou veut construire une maison aux HLM. Il achète des briques, des pierres et
des planches au près de DIOP commerçant à Sandaga. Il se rapproche également
de NDIAYE commerçant à Tilène pour que celui-ci lui installe une climatisation
centrale. Le 10 février 2005, les travaux sont terminés. Le 14 février 2005,
DIOP et NDIAYE vous consulte, ils n’ont pas été payés et ils souhaiteraient
saisir les biens vendus à Abdou.
1° Qualifier les biens en présence
2° La saisie est-elle possible ?

Solution :
1°/ Qualification des biens :
En l’espèce les biens vendus sont des meubles. Il en va ainsi pour les briques, les
pierres et les planches. Mais incorporés à l’immeuble ces biens deviennent
immeubles par nature.
La climatisation centrale est un immeuble par destination en l’occurrence un
meuble attaché au fonds à perpétuelle demeure.

39
2°/ La Saisie :
Le vendeur d’un immeuble non payé peut toujours saisir le bien si celui-ci est un
immeuble par destination. Par exemple le vendeur d’animaux attaché à la culture.
Qu’en est-il dans ce cas d’espèce ?
a) Pour les briques, les pierres et les planches on peut dire qu’ils ont perdu
leur individualité parce qu’ils se trouvent fondues dans l’immeuble par
nature.
En conséquence, le vendeur ne pourra pas invoquer de façon utile son
privilège.

b) La climatisation centrale même attachée à l’immeuble elle garde son


individualité (la séparation est possible). Par conséquent le vendeur peut
bien la saisir afin de la vendre et se faire payer sur le produit de la vente.

C. Les intérêts de la distinction


Ils portent sur la publicité, la possession, et la compétence judiciaire.

1°/ La publicité :
Tous les actes portant sur les immeubles sont soumis aux règles de la publicité
foncière. Faute de quoi ils ne sont pas opposables aux tiers.

Exemple : dans une vente immobilière le transfert de priorité n’a lieu qu’à
compter du jour de la publication de l’acte sur le registre foncier.
Si cette formalité est respectée, les tiers ne peuvent plus ignorer la mutation.
Pour les biens meubles la loi n’a organisé aucune publicité. Cela se comprend car
le bien meuble est un bien que l’on peut déplacer.

2°/ La Possession :
C’est un état de fait qui consiste à se comporter relativement à une chose
comme si on était titulaire d’un droit de propriété sur cette chose. La possession
comporte deux éléments. Un élément matériel qui consiste dans la détention
exclusive de la chose (le corpus), un élément intentionnel : c’est l’intention d’agir
comme un propriétaire (l’animus). Il existe une différence entre le possesseur et
le détenteur. Le détenteur a l’élément matériel de la possession mais il n’a pas
l’élément intentionnel. Il détient en principe en vertu d’un contrat qui implique la
remise de la chose au véritable propriétaire (c’est le cas de l’emprunteur, du
dépositaire).

Pour produire des effets la possession doit présenter 4 caractères.


Elle doit être continue, paisible, publique et non équivoque.

40
- La possession est continue lorsque le possesseur utilise la chose aussi
fréquemment que la nature de celle-ci l’exige. Exemple : le possesseur
d’une camionnette l’utilise régulièrement chaque fois qu’il doit faire une
livraison.
- La possession est publique lorsqu’elle se manifeste par des actes
ostensibles. Si au contraire le possesseur dissimule des actes constituants
le corpus. Sa possession est clandestine.
Exemple : le dépositaire d’un tableau de maître qui le conserve en cachette
ne peut invoquer la possession à son profit.
- La possession est non équivoque lorsque les actes matériels exercés sur
la chose ne peuvent s’expliquer que par l’exercice du droit réel.
Exemple : le domestique d’une personne décédée a entre les mains des
objets ayant appartenu à celle-ci ou bien le défunt les lui a donnés, ou bien
le défunt les lui a remis en dépôts.

Il y’a ici un doute, cette possession est donc équivoque. Lorsque les caractères
ainsi examinés sont réunis on dit que la possession est utile et qu’elle est
susceptible de produire des effets juridiques. Ces effets sont plus ou moins
importants selon qu’on est en présence d’un immeuble ou d’un meuble.
En matière immobilière l’existence de la publicité permet de limiter les effets de
la possession. Ainsi le fait de se comporter comme si on était titulaire d’un droit
sur un immeuble n’en fait pas acquérir la propriété. Seule la personne dont le
droit est inscrit au registre foncier est considérée juridiquement comme le
véritable propriétaire.

Au contraire en matière mobilière le possesseur est considéré comme


propriétaire à condition toutefois qu’il soit de bonne foi.

Exemple : un individu achète un bien meuble mais il ne savait pas que le vendeur
n’avait pas la qualité de propriétaire. Cet individu est un possesseur de bonne foi
et il est considéré comme propriétaire du bien qu’il a acheté. C’est l’application
de la règle « en fait de meuble possession vaut titre ». (Article 262 du COCC)
Le jeu de la règle mérite cependant d’être bien compris. Pour avoir un éclairage
sur cette question il convient de voir les meubles soumis à la règle et les
hypothèses dans lesquelles on peut appliquer cette règle.

- Les meubles soumis à la règle


En principe la loi ne vise que les meubles corporels c’est-à-dire les meubles dont
la transmissions s’effectue de la main à la main et sans écrit. Il faut donc
exclure les meubles incorporels.

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Exemple : créances, propriété littéraire et artistique. A ce principe il a été
apporté quelques dérogations. Il existe des meubles incorporels soumis à la
règle.

Exemple : les billets de banque, les titres d’une société car la créance est ici
incorporée au titre. Il existe aussi des meubles corporels qui échappent à la
règle…
Ce sont les meubles relevant du domaine public.
Exemple : les tableaux de musée. Rentrent encore dans ce cadre certains
meubles comme les navires et les aéronefs.

- Les hypothèses visées par la loi.


1ère hypothèse : la chose n’a été ni perdue ni volée. Lorsque le propriétaire se
dessaisit volontairement du meuble en le confiant à une autre personne un
locataire, un dépositaire, un emprunteur par exemple et si cette personne
trompant la confiance du propriétaire aliène le meuble et le remet à une
personne de bonne foi celle-ci devient automatiquement propriétaire. C’est dire
simplement qu’en pareil cas la revendication est impossible.

2ème hypothèse : la chose a été perdue ou volée. C’est l’hypothèse où le


propriétaire est dessaisit involontairement. Dans ce cas la revendication est
possible dans un délai de 3 ans contre l’acquéreur de bonne foi à compter du jour
de la perte ou du vol.
Lorsque l’action en revendication du véritable propriétaire aboutit, le possesseur
de bonne foi sera tenu de restituer la chose au propriétaire mais il n’est pas tenu
de rendre les fruits de la chose.

Les fruits sont les biens accessoires donnés par une chose de manière périodique
et sans en altérer la substance. Les fruits sont naturels, industriels ou civils.
- Sont des fruits naturels, les fruits que la chose donne directement (ils
sont produits spontanément sans le travail de l’homme). Exemple : un
cerisier donne des fruits naturels (des cerises).
- Sont des fruits industriels, ceux qui sont produits à l’aide du travail de
l’homme. Exemple : les fruits des arbres cultivés
- Sont des fruits civils, les revenus que la chose produit périodiquement.
Exemple : un immeuble loué rapporte des fruits civils (les loyers)

Aux fruits on oppose les produits. Les produits sont fournis par les choses de
manière non périodique et ils en diminuent de plus en plus la substance. Exemple :
les pierres extraites d’une carrière. Une coupe d’arbres dans une forêt.

42
Mais comment justifier cette faveur qui est accordée au possesseur de bonne
foi. Elle s’explique par cette idée que le possesseur qui croît être le propriétaire
de la chose en consomme les fruits. Si donc on l’obligeait à les rendre à celui qui
fait postérieurement reconnaître son droit on risquerait de provoquer sa ruine.
Car la restitution de plusieurs années de revenus peut atteindre un montant très
important. Il faut retenir que le possesseur évincé pourra réclamer au
revendiquant les dépenses supportées pour la conservation de la chose vendue.

3ème hypothèse : La chose volée ou perdue est acquise dans le commerce ou à


une vente publique. Exemple : marché, foire.
La revendication est possible dans un délai de trois (3) ans si le possesseur est
de bonne foi. L’acheteur peut exiger du propriétaire le remboursement du prix
qu’il a payé. En effet rien ne pouvait lui laisser supposer qu’il s’agit d’une chose
volée ou perdue. Il est donc équitable que le propriétaire soit obligé de lui
rembourser le prix.

Le possesseur de bonne foi peut refuser de restituer la chose tant que le prix ne
lui ait pas remboursé. On dit qu’il a le droit de rétention (ce droit porte sur la
chose tant qu’il ne sera pas remboursé). Comme dans la seconde hypothèse le
possesseur de bonne foi fait sien les fruits de la chose ? C’est-à-dire qu’il en
conserve la propriété.

Dans toutes ces hypothèses que nous venons d’étudier une différence apparaît
entre le possesseur de bonne foi et le possesseur de mauvaise foi. Le possesseur
de bonne foi (le cas où la chose a été perdue ou volée) accède à la propriété si le
propriétaire n’agit pas en revendication dans un délai de 3 ans. Contre le
possesseur de mauvaise foi l’action en revendication est possible dans un délai de
30 ans. On retiendra que dans le cas où le possesseur de mauvaise foi a acheté
une chose perdue ou volée dans le commerce ou dans une vente publique il ne
pourra pas prétendre au remboursement du prix qu’il a payé. Il est également
tenu de restituer la chose et les fruits.

3°/ La compétence judiciaire :


Les litiges concernant les immeubles sont portés directement devant le tribunal
de leur lieu de situation. Cette règle ne joue pas pour les meubles qui sont par
nature déplaçables. Pour les meubles il faut appliquer les règles du droit commun,
c’est-à-dire porter le litige devant le tribunal du domicile ou de la résidence du
défendeur.

Illustration :

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Amadou est propriétaire d’un immeuble. Il consent une hypothèque à Badou le 20
janvier puis vend l’immeuble à Samba le 15 mars. Badou publie son titre le 30
mars et Samba le 20 mars. Dans ce cas d’espèce, Samba est préféré à Badou qui
ne peut lui opposer son hypothèque. En clair le droit conféré à Badou est
inefficace.

2ème Illustration :
Un immeuble est vendu à Pierre le 2 mai, à Paul le 10 mai. Pierre a déposé son
acte de vente pour les formalités d’inscription au livre foncier le 30 juin. Paul le
20 juin. Paul sera préféré à Pierre puisqu’il a publié son titre le 1 er. En clair
juridiquement Paul sera le propriétaire.

Conclusion :
La publicité a pour effet de rendre les actes passés sur l’immeuble opposables
aux tiers et de régler les conflits entre les différentes personnes ayant acquis
des droits concurrents sur un même immeuble.
Est préféré celle qui a publié son droit en premier

3ème Illustration :
Mr DIOP achète un terrain à la patte-d’oie. Il compte le mettre en valeur et
prend l’attaché d’un architecte et d’un maçon en vue d’exécuter certains travaux.
Grande fut sa surprise de constater après avoir procédé aux formalités de
mutation qu’un individu est entrain d’édifier sur son terrain des constructions.
Se présentant comme le véritable propriétaire il demande à cette personne
d’arrêter les travaux.
Celle-ci refusa au motif qu’elle est possesseur et qu’à ce titre elle est
propriétaire au sens de la loi.
a) La situation de cet individu répond-elle à la définition de la possession ?
b) La possession ainsi invoquée peut-elle lui permettre d’accéder à la
propriété ?

Solution :
a) La situation de cette personne répond à la définition de la possession.
Tous les éléments de la possession sont réunis en l’espèce. Le corpus est
bien établi puisque cette personne a édifié des constructions sur le
terrain d’autrui. L’animus également ne fait aucun doute. En effet en
agissant comme elle le fait cette personne a bien l’intention de se
comporter comme le véritable propriétaire du terrain.

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b) A cette question il faut répondre par la négative. La possession ne permet
d’acquérir la propriété qu’en matière mobilière.
En matière immobilière c’est le cas en espèce, la possession ne produit
aucun effet. Le propriétaire au sens de la loi est la personne qui a procédé
aux formalités d’inscription au registre foncier.
Mr DIOP ne doit pas s’inquiéter. Par l’effet de la mutation il est
juridiquement le seul propriétaire. En clair il sera préféré au possesseur.

Illustration :
Un notable prête son ordinateur à son voisin. Quelques semaines après le notable
décède. Le voisin profitant de cette situation vend l’appareil à un expert
financier qui ignore que son vendeur n’était pas propriétaire.

a) Les héritiers peuvent-ils réclamer l’ordinateur ?

b) Les héritiers découvrent un autre bien meuble perdu par leur père chez le
boulanger du coin qui l’avait acheté dans un marché.
Peuvent-ils réclamer cet objet et dans quelle condition ?

Solution:
a) En l’espèce l’ordinateur n’a été ni perdu ni volé ( le dessaisissement est
volontaire) et l’expert qui l’a acheté ignorait que son vendeur n’était pas
propriétaire. Il est donc de bonne foi. Par conséquent les héritiers ne
pourront avoir gain de cause. Cela veut dire que leur action en
revendication ne pourra aboutir. L’expert financier leur opposera la règle
« en fait de meuble possession vaut titre ».

b) Dans cette hypothèse nous sommes en présence d’un bien qui a été perdu
mais qui a été racheté dans un marché.
On peut donc présumer que le boulanger est de bonne foi. L’action en
revendication des héritiers est bien possible mais dans un délai de 3 ans à
compter du jour de la perte de la chose.
Pour réussir dans leur action ils seront cependant obligés de rembourser le
prix d’acquisition du bien au boulanger.

45
Chapitre II : Le Régime Juridique des Droits Subjectifs
On examinera ici les sources, les conditions d’existence et l’extinction des droits
subjectifs.

Section 1 : Les sources des droits subjectifs

Exemple N°1 : Mr DIOP vend à Mr NDIAYE une maison à 4 000 000 F CFA. Par
ce contrat de vente, Mr DIOP transmet à Mr NDIAYE la propriété de la maison
qui a été vendue.

2ème exemple : Mr FALL est à l’origine d’un accident de la circulation. Il en est


seul responsable. La victime a le droit d’être indemnisé du préjudice subi.
Dans ces 2 exemples les événements qui sont à l’origine de ces droits (transfert
de propriété, droit d’être indemnisé) correspondent soit à un acte juridique
(1er exemple) soit à un fait juridique (2ème exemple).

Sous section 1 : Les actes juridiques


L’acte juridique est une manifestation de volonté destinée à produire certains
effets de droit c’est-à-dire créer, modifier, transmettre ou éteindre un droit.

Paragraphe I : La classification des actes juridiques


La diversité des actes juridiques impose plusieurs classifications

A. La classification fondée sur le nombre de volontés.


Cette classification permet de distinguer les actes juridiques unilatéraux, les
actes juridiques bilatéraux et les actes juridiques collectifs.

1°) L’acte juridique unilatéral.

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Il repose sur la volonté d’une seule personne. Exemple : le testament. Le
testament est un acte par lequel une personne dispose de ses biens pour la
période qui suivra sa mort.

Autre exemple : la reconnaissance d’un enfant permet à une personne d’établir


sa qualité de père sur le seul fondement de sa volonté.

2°) L’acte juridique bilatéral


C’est un accord de volonté intervenu entre au moins 2 personnes.

Exemple : Le mariage, la vente.


L’acte juridique bilatéral s’appelle convention lorsqu’il a pour objet de créer, de
transmettre, de modifier ou d’éteindre un droit.
A la convention ainsi définie on oppose le contrat. Le contrat est un acte
juridique bilatéral qui présente une certaine particularité car il fait naître entre
deux ou plusieurs personnes une obligation. Exemple : la vente est bien une
convention mais il faut retenir qu’elle est également un contrat en ce sens qu’elle
fait naître des obligations entre le vendeur et l’acheteur.
Le vendeur est tenu de livrer la chose vendue. L’acheteur de son coté doit payer
le prix de la chose vendue.

3°) L’acte juridique collectif


Il repose sur plusieurs volontés. Son originalité tient à ce qu’il peut s’imposer à
des personnes qui n’ont pas participé à sa formation ou même qui s’y sont opposé.

A titre d’exemple : la convention collective du travail.


Elle oblige tous les travailleurs et tous les employeurs d’un secteur
professionnel donné

B. Les autres classifications des actes juridiques


A coté de la classification fondée sur le nombre de volontés il existe d’autres
types de classifications

1°) Les actes juridiques à titre onéreux et les actes juridiques à titre
gratuit.
- Les actes juridiques à titre onéreux :
Dans ces actes les parties au contrat recherchent des avantages
réciproques.

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Exemple : dans la vente, chaque partie recherche dans cette opération un
avantage. Le vendeur le paiement du prix, l’acheteur l’acquisition d’une
chose à titre de propriété.

Autre exemple : dans le bail, le bailleur tire un avantage, le prix du loyer,


le locataire tire également un avantage à savoir la jouissance des locaux.

- Les actes juridiques à titre gratuit.


Ce sont des actes faits dans une intention libérale sans que l’une des
parties en attende un avantage.

Exemple : la donation.
Dans cette opération, le donateur s’appauvrit. Il n’attend aucune
contrepartie du donataire.

2°) Les actes conservatoires, les actes d’administration et les actes de


disposition.
- L’acte conservatoire
C’est un acte ayant pour but la conservation du patrimoine.
Exemple : l’hypothèque prise par un créancier dans le but de garantir le
paiement de sa créance.
Autre exemple : le fait de réparer le toit de la maison d’un voisin qui est
en voyage.

- L’acte d’administration :
C’est un acte de gestion ayant pour but de faire fructifier le patrimoine.
Exemple : mettre sa maison en location.

- L’acte de disposition
C’est un acte qui fait sortir avec ou sans contrepartie un droit du
patrimoine. Exemple : la donation et la vente.

3°) Les actes déclaratifs et les actes constitutifs


Les actes déclaratifs visent à constater l’existence d’une situation juridique née
antérieurement. C’est le cas pour la reconnaissance d’un enfant naturel.
L’acte juridique constitutif crée une situation juridique nouvelle en modifiant la
situation antérieure. Exemple : le mariage, cet acte juridique confère aux parties
la qualité d’époux. Le mariage donne donc naissance à une situation juridique
nouvelle.

4°) Les actes entre vifs et les actes à cause de mort.

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Les actes entre vifs produisent leurs effets du vivant des parties. Par contre les
actes à cause de mort ne réalisent leurs effets qu’à la mort de l’une des parties.
Exemple : le testament est un acte juridique à cause de mort car les biens légués
ne seront livrés au légataire qu’après le décès du testateur.

Paragraphe II : La formation des actes juridiques


Passer un acte juridique est une opération quotidienne pour tous les individus et
plus particulièrement dans le cadre de l’entreprise.

Exemple : celui qui achète un journal passe un acte juridique comme celui qui
monte dans un taxi.

Autre exemple : les ventes de produits dans l’entreprise, les opérations avec la
banque constituent quelques cas parmi la multitude des actes juridiques qui se
réalisent.
Pour pouvoir constituer la source d’un droit objectif, l’acte juridique doit être
valable. Cela justifie que pour sa formation, l’acte juridique est soumis à des
conditions de validité dont l’inobservation appelle des sanctions.

A. Les conditions de validité


Pour être légalement formé un acte juridique doit satisfaire à des conditions de
fond et exceptionnellement à des conditions de forme.

1°) Les conditions de fond


La loi a prévu 4 conditions de fond : le consentement, la capacité, l’objet et la
cause.
a) Le consentement
L’acte juridique repose sur une manifestation de volonté. A cet égard la loi
précise que le consentement doit émaner d’une personne jouissant de toutes ses
facultés mentales.
Le consentement n’existe donc pas s’il émane d’un dément ou d’une personne en
état d’ivresse totale. Mais le consentement ne doit pas seulement exister. Il doit
être exempt de vices.
On distingue 3 vices du consentement, l’erreur, la violence et le dol.

 L’erreur : consiste à croire vrai ce qui est faux ou le contraire.


Elle est donc une mauvaise représentation de la réalité.

Exemple : il y a erreur si je crois m’adresser pour la construction de ma maison à


Mr X architecte célèbre alors que la personne que j’ai contactée n’est rien
d’autre que Mr X un architecte inconnu. Cette forme d’erreur est appelée erreur

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sur la personne. Elle n’a d’effet que dans les contrats en considération de la
personne.
Cette forme d’erreur s’oppose à l’erreur sur les qualités substantielles c’est-à-
dire une qualité de la chose en l’absence de laquelle la victime n’aurait jamais
donné son consentement.

Exemple : l’acheteur croît acheter des chandeliers en argent massif alors qu’il
est en métal argenté.
La preuve de l’erreur est à la charge de la personne qui prétend que son
consentement a été vicié. Cette preuve est souvent difficile. Il ne lui suffit pas
en effet de prouver que son consentement a été déterminé par une certaine
croyance et que celle-ci était contraire à la réalité. Il lui faut encore établir que
son co-contractant connaissait le caractère essentiel de l’élément sur lequel
porte l’erreur.
Exemple : si l’acquéreur d’un objet d’antiquité accepte de payer un prix très
élevé on pourra en déduire qu’il croyait acheter un objet authentique et que le
vendeur devait le comprendre.

Illustration :
Pour équiper sa maison, Monsieur FALL a acheté un salon à 800 000 F CFA au
près d’un menuisier et un téléviseur auprès de l’un de ses cousins qui possède un
magasin de vente de matériel HIFI au marché Sandaga.
Quelques mois plus tard FALL a découvert que le salon était en bois fraqué et
non en ébène contrairement à ce qu’il croyait et le téléviseur n’appartenait pas à
son cousin mais plutôt à une personne qui le lui avait remis pour réparation.
1°) Sur quel fondement FALL peut-il demander l’annulation du contrat portant
sur le salon ?
2°) Le véritable propriétaire du téléviseur peut-il intenter une action en
revendication contre FALL ?

Solution :
En l’espèce, il y’a erreur sur une qualité essentielle de la chose et celle-ci a été la
cause déterminante de son engagement. L’acquéreur voulait acheter de l’ébène et
non du fraqué. On peut encore ajouter au regard des circonstances on peut
affirmer que son co-contractant connaissait le caractère essentiel sur lequel
porte l’erreur.
En conclusion devant le juge compétent FALL pourra évoquer l’erreur sur les
qualités substantielles de la chose.

2°) En l’espèce, le téléviseur n’a été ni perdu, ni volé. En clair le propriétaire s’est
dessaisi volontairement (il l’a remis pour réparation). En conséquence par l’effet

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de la possession FALL accède à la propriété. C’est dire simplement que l’action en
revendication du propriétaire ne pourra pas prospérer. FALL pourra lui opposer
la règle en matière de meuble « possession vaut titre ».

En pratique se sont les circonstances de l’âge, la profession, la situation sociale,


la compétence, le prix qui rendent plus ou moins vraisemblable l’erreur alléguée
par le demandeur en nullité.

- La Violence.
Elle peut résulter de la contrainte exercée sur une personne pour l’amener à
contracter. La violence peut être physique ou morale. Exemple : une menace de
mort, un chantage.
La menace peut atteindre le contractant ou ses proches. Exemple : enlever le fils
d’un individu en vue de le pousser à contracter.
L’annulation de l’acte juridique pour violence est subordonnée à deux conditions :

Premièrement : il faut que la violence ait bien déterminé la victime à contracter.


Cette condition s’apprécie en fonction de la gravité des menaces mais aussi des
capacités de résistance personnelle de la victime consentante c’est-à-dire de son
âge, de son sexe de sa condition sociale.

Deuxièmement : il faut que la violence ait été illégitime c’est-à-dire injuste. Il en


va ainsi lorsque l’auteur de la violence a utilisé la force pour pousser son
contractant à passer le contrat.
En revanche il est communément admis que la menace de faire un procès n’est
pas une violence et ne peut en principe motiver l’annulation de la convention qui
en est la suite car ce n’est que l’exercice d’un droit.

Exemple : le débiteur ne peut invoquer l’existence d’une violence si son créancier


le menace de poursuites et pour éviter une telle procédure il lui remet une
reconnaissance de dettes pour une somme d’argent qu’il lui doit effectivement.
La violence devient cependant illégitime lorsque celui qui menace son débiteur de
procès cherche à lui extorquer des engagements excessifs.

Exemple : obliger celui qui a volé dans un commerce à signer une reconnaissance
de dettes démesurée sous menace d’un procès revient à exercer sur lui une
violence illégitime.
La menace est également légitime et il n’y a pas de violence au sens de la loi
lorsqu’elle résulte de l’autorité des parents ou ascendants.
Cette forme de menace visée sous l’appellation de crainte révérencielle ne peut
entraîner la nullité du contrat.

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Exemple : celui qui passe un contrat par simple crainte de ses parents ne peut en
demander la nullité car l’autorité des parents est un droit et elle est présumée
utile à ceux qui la subissent.

Illustration :
Les employés de banque immobilière du Cap-vert menace d’aller en grève.
Pour éviter cette grève, le directeur de l’entreprise décide qu’à compter
du 1er janvier 2004 ; tous les employés bénéficieront d’une augmentation salariale
de 50 000 F CFA. Avant la fin du mois de décembre 2003, le directeur se rend
compte après avoir consulté le service comptable que la surface financière de
l’entreprise ne lui permet pas de respecter ses engagements.
Il porte alors l’affaire en justice au motif que c’est sous la violence qu’il a pris
l’engagement d’augmenter les salaires des employés

a) Cette thèse est-elle pertinente ?

b) On suppose que le directeur a passé un accord sur les augmentations de


salaire avec ses employés après la déclaration de la grève et que les
employés l’ont séquestré.
Devant le juge compétent qu’elle sera la solution dans ce cas d’espèce ?

Solution :
a) La violence désigne la pression exercée sur la volonté d’une personne pour
l’amener à souscrire un contrat. Quelque soit sa manifestation, la violence
porte atteinte à la liberté du consentement et pour cette raison elle
mérite d’être sanctionnée. La question est de savoir si relativement à ce
cas d’espèce, la menace d’aller en grève est une violence au sens de la loi.
Il est vrai que la grève brandie par les travailleurs peut avoir un impact
sur le directeur. En clair comme menace elle peut déterminer le patron à
passer un accord avec ses employeurs. Mais est-elle injuste ?
A cette question, il faut répondre par la négative. La grève est un mode
d’action consacré par le droit. En conséquence la thèse invoquée par le
patron n’est pas pertinente. Son engagement est tout à fait valable.

b) La violence peut être retenue si la grève déclenchée par les employeurs


est accompagnée de moyens de pression illégitime. Exemple : la
séquestration du patron. Dans ce cas l’engagement du patron sera annulé
pour violence.

Le Dol :

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C’est une tromperie, une manœuvre qui a pour effet de provoquer dans l’esprit
du contractant une erreur qui le détermine à le contracter. Le Dol est donc une
erreur provoquée. Il peut émaner du contractant ou d’un tiers.
Le Dol suppose deux éléments :

- Un élément intentionnel : C’est l’intention de tromper


- Un élément matériel : Les manœuvres ou les déclarations mensongères.

Exemple : un individu achète un véhicule dont le compteur a été truqué.


Son vendeur en agissant ainsi l’a trompé. Il a voulu par son comportement lui
faire croire que la voiture qu’il a acheté n’est pas vieille.
Si le jeu de ce vendeur est découvert, l’acheteur pourra agir en nullité.

Autre exemple : le fait de produire des documents falsifiés pour vendre un


fonds de commerce.
Retenant progressivement une conception large de la notion de manœuvre, la
jurisprudence a admis que le silence gardé par une partie dissimulant un fait que
l’autre partie avait intérêt à connaître peut être constitutif d’un dol (c’est ce que
l’on appelle le dol par réticence). Exemple : le dol par réticence a été retenu à
l’encontre d’un vendeur d’immeuble ayant dissimulé à l’acheteur l’installation
prochaine d’une porcherie à proximité du bien vendu.

b) La Capacité
C’est l’aptitude à jouir d’un droit et à l’exercer soi-même. On distingue 2 sortes
de capacités.
La capacité de jouissance et la capacité d’exercice. En principe, toute personne a
la capacité de jouissance. Toute personne est normalement apte à acquérir et à
jouir de n’importe quel droit subjectif. Mais si toute personne a la capacité de
jouissance, certaines personnes ne peuvent pas à elles seules exercer les droits
dont elles sont titulaires. On dit que ces personnes sont frappées d’incapacité
d’exercice. Cette incapacité tend à protéger certaines personnes contre leur
inexpérience ou la défaillance de leurs facultés intellectuelles (cette question
concerne les mineurs et certains majeurs protégés par la loi).

c) L’objet
C’est l’opération juridique envisagée par les parties. Les opérations juridiques
sont nombreuses. A titre d’exemple on peut citer le prêt, la vente.
L’objet ne doit pas être contraire aux bonnes mœurs et à l’ordre public.
Exemple : on ne peut pas s’engager par contrat à voler ou à tuer.
L’objet doit être certain c’est-à-dire suffisamment précisé pour que l’on sache
ce que les parties ont voulu faire.

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L’objet doit être possible c’est-à-dire réalisable. Exemple : la vente d’une chose
imaginaire est nulle. L’objet doit porter sur des choses qui sont dans le
commerce. Exemple : une vente ne peut porter sur un être humain ou sur de la
drogue.

d) La Cause 
La cause de l’acte juridique c’est le mobile, le motif qui a poussé les parties à
accomplir l’opération juridique.
La cause ne doit pas être immorale ou illicite. Ce qui est immoral c’est ce qui est
contraire aux bonnes mœurs.
Ce qui est illicite c’est ce qui est contraire à la loi et à l’ordre public.
Exemple : un immeuble est acheté pour en faire un établissement de débauche.
Autre exemple : une promesse de payer une somme d’argent à un fonctionnaire
pour obtenir de lui un traitement de faveur.

2°) Les conditions de forme :


Pour que la volonté puisse créer un acte juridique elle ne doit demeurer interne.
Elle doit s’extérioriser c’est-à-dire se manifester par des signes extérieurs. Le
problème est alors de savoir si cette manifestation extérieure de volonté doit
obéir à des formalités imposées par la loi. A cet égard l’article 41 du COCC a
consacré le principe du consensualisme en vertu duquel aucune forme spéciale
n’est exigée pour la formation des actes juridiques.

Pour qu’un acte juridique soit valable, le consentement suffit quelque soit la
manière dont il est exprimé. En principe tout acte juridique est consensuel. Mais
dans certains cas exceptionnels, l’acte juridique ne peut être valablement formé
que si son auteur respecte certaines formalités bien précises.
On dit dans de tels cas que l’acte juridique est formaliste.
La formalité imposée par la loi peut consister dans la remise de la chose. L’acte
juridique dont la validité est soumise à cette formalité est un acte juridique réel.
Il en va ainsi pour le gage, le prêt et le dépôt.

Le plus souvent, la formalité requise consiste dans la nécessité de rédiger un


acte authentique ou sous seing privé. L’acte juridique soumis à cette formalité
est alors appelé acte juridique solennel. C’est le cas pour la vente d’un immeuble.
C’est ainsi le cas pour l’hypothèque conventionnelle. Il faut se garder de
confondre ces formalités qui sont des conditions de validité avec d’autres
formalités qui sont imposées par la loi dans des buts divers. Il en va ainsi lorsque
la loi exige des formalités probantes ou des formalités publicitaires.

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Les formalités probantes permettent de rapporter la preuve de l’acte juridique
en cas de contestation. Exemple : l’article 14 du COCC exige un écrit lorsque
l’acte juridique a un objet supérieur à 20 000 F CFA.
Il faut préciser que l’écrit ainsi exigée par loi est une mode de preuve et non une
condition de validité.
Les formalités publicitaires ont pour objet d’informer les tiers de l’existence
d’un acte juridique. Exemple : la vente d’un immeuble n’est opposable aux tiers
que si les formalités de publicité sont respectées.

Illustration :
Le 05 décembre 1995 après s’être entendu avec Mr DIOP pour lui vendre sa
voiture Mr NDIAYE oppose sa signature sur l’acte constatant la vente avant de
décéder quelques temps plus tard.
Le frère de Mr NDIAYE en tant qu’héritier conteste la validité de la vente en
arguant du fait que l’acquéreur Mr DIOP n’a lui-même signé l’acte qu’après le
décès du vendeur. Cette thèse est-elle pertinente ?
Solution :
Le consentement des parties à un acte juridique est en particulier à la vente
d’un bien meuble est-il soumis à des conditions de forme ? En vertu du principe
du consensualisme les actes juridiques se forment indépendamment du document
qui les constate dès la rencontre des volontés.
Seul l’accord des parties doit être retenu. Il faut donc en tirer comme
conséquence que les parties ne sont pas tenus de signer en même temps l’acte de
vente. En conclusion, la thèse du frère de Mr NDIAYE n’est pas pertinente. En
clair même si l’acquéreur a signé l’acte de vente après le décès du vendeur l’acte
juridique en l’espèce est toujours valable.

b°) La Sanction des conditions de formation des actes juridiques


l’inobservation des conditions de formation des actes juridiques est sanctionnée
par la nullité. Lorsqu’elle est encourue, la nullité n’est pas acquise
automatiquement. Il faut l’invoquer par une action en annulation et la faire
constater judiciairement. Il faut se garder de confondre la nullité avec d’autres
types de sanction qui s’appliquent aux actes juridiques.

1°) La Nullité
c’est une sanction qui frappe l’acte juridique dont l’auteur n’a pas respecté les
conditions de fonds et éventuellement de forme imposées par la loi. Elle
sanctionne donc une irrégularité qui a été commise au moment même de la
formation de l’acte juridique.
Il existe 2 sortes de nullité : la nullité absolue et la nullité relative

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a°) La Nullité Absolue :
Elle sanctionne une irrégularité de portée générale. Il en va ainsi lorsque la cause
de l’acte juridique est immorale ou illicite. Il en va encore ainsi lorsque l’objet
est contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
Cette nullité peut être invoquée par tout intéressé.
Peuvent donc agir en nullité les parties, les héritiers et même le ministère public.
La nullité absolue ne peut être confirmée c’est-à-dire régularisée. Elle ne peut
être prescrite qu’au bout de 10 ans.

b°) La Nullité Relative :


Elle sanctionne l’inobservation d’une règle édictée en faveur d’un intérêt en
particulier. Il en va ainsi par exemple lorsque le consentement de l’une des
parties a été viciée. Elle ne peut être invoquée que par la personne protégée par
la loi ou son représentant.

D’autre part, contrairement à la nullité absolue, les actes atteints d’une nullité
relative sont susceptibles d’être confirmés c’est-à-dire régularisés lorsque le
vice qui causait la nullité a disparu et que l’intéressé renonce au droit d’invoquer
la nullité.

Exemple : l’acte juridique conclu par un mineur non émancipé peut être confirmé
par ce dernier s’il devient majeur. Il faut cependant préciser que la confirmation
ne peut porter atteinte au droit des tiers.

Exemple : un mineur non émancipé ayant vendu un immeuble parvient à sa


majorité et le vend une seconde fois. Si par la suite il confirmait la 1 ère vente il
nuirait aux droits du second acquéreur qui sont cependant préférable à ceux du
1er. Le second acquéreur à en effet acquis d’une personne capable tandis que le
premier en traitant avec un mineur non émancipé n’a pas respecté les règles
légales des incapacités.
Aussi la confirmation ne pourra t-elle pas nuire au droit du second c’est dire
simplement que malgré la confirmation le second vendeur sera préféré au
premier.

La nullité relative se prescrit généralement à l’issu d’une période de 2 ans à


compter du jour de la formation de l’acte juridique. Ce délai court cependant
dans les cas d’incapacité ou de violence du jour où elles ont cessé et dans le cas
d’erreur ou de dol du jour où le vice a été découvert.
Ces observations étant faites, on retiendra que l’action en nullité est temporaire.
Alors que l’exception de nullité est perpétuelle.

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Exemple : un mineur vend un immeuble, l’acheteur n’en prend pas possession, le
vendeur parvenu à sa majorité pense que devant l’inaction de son co-contractant
que celui-ci a réclamé l’exécution de la vente. Il estime donc inutile d’agir en
nullité. Si profitant de cette situation l’acquéreur agissait après l’expiration du
délai de 2 ans qui court du jour où le vendeur a atteint sa majorité, le vendeur se
trouverait sans protection. La loi vient à son secours en lui permettant d’écarter
l’action de l’acheteur par l’exception de nullité qui n’est pas prescrite.

c°) Les effets de la nullité :


L’effet essentiel d’une nullité qu’elle soit absolue ou relative est d’anéantir
rétroactivement l’acte juridique. L’acte juridique parce-que contraire à la loi est
considéré comme n’ayant jamais existé ses effets sont effacés même pour le
passé. On remet les parties dans l’état ou elles se trouvaient avant la conclusion
de l’acte juridique. On procédera donc à une restitution des prestations reçues.
Exemple : lorsqu’un contrat de vente est annulé, le vendeur doit restituer le prix
qui lui a été versé et l’acheteur la chose qui lui a été livrée.
La règle de la rétroactivité de la nullité souffre cependant de limite qu’il
convient de relever.

D’abord pour les contrats à exécution successive tel que le contrat de travail, le
contrat de bail, la nullité n’aura d’effet que pour l’avenir. Concrètement cela
signifie qu’en cas d’annulation d’un contrat de bail le locataire ne pourra pas
restituer la jouissance des locaux et le bailleur n’aura pas à restituer les loyers
qu’il a déjà perçu.

Ensuite pour les contrats annulés pour cause d’incapacité, il est admis que
l’incapable ne devra restituer que ce qu’il a conservé et non ce qu’il a dépensé.
Enfin, l’annulation d’un contrat contraire aux bonnes mœurs ne donne lieu à
aucune restitution.

Exemple : un immeuble acheté est destiné à la débauche, cet immeuble est fermé
parce-que l’activité est immorale. L’acheteur demande la restitution des loyers
payés d’avance il ne pourra en obtenir la restitution.

2°) Les autres sanctions applicables aux actes juridiques.


Il convient de distinguer la nullité des autres sanctions qui s’appliquent aux actes
juridiques.

a°) L’inexistence

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C’est une sanction plus grave que la nullité, comme la nullité elle sanctionne une
irrégularité commise dans la formation de l’acte juridique mais à la différence de
cette dernière, l’inexistence n’a pas besoin d’être prononcée par le juge.
En effet l’irrégularité qu’elle sanctionne est tellement grave que l’acte juridique
n’a pas pu produire aucun effet. C’est le cas par exemple d’un mariage célébré
par une personne qui n’est ni un officier de l’état civil ni une autorité religieuse
ou coutumière.

b°) La récision
C’est la sanction qui consiste à faire annuler un acte juridique lésionnaire c’est-à-
dire un acte dans lequel il y a un gros déséquilibre entre la valeur des prestations
dues par chacune des parties à l’acte.
La lésion n’est cependant retenue que dans des cas exceptionnels ainsi est nul la
vente d’un immeuble inférieur au 7/12 de sa valeur.
La récision entraîne l’anéantissement de l’acte juridique il s’agit d’une véritable
nullité qui opère rétroactivement parce-que en raison de la lésion l’acte n’a pas
été valable lors de sa formation.

Comme dans la nullité relative, l’action doit être intentée dans un délai de 2 ans à
compter de la formation de l’acte juridique.

c°) L’inopposabilité
Il y a inopposabilité lorsque l’acte est valable mais que certaines personnes
peuvent ignorer son existence. L’inopposabilité sanctionne en général
l’inobservation d’une formalité de publicité destinée à informer les tiers de
l’existence de l’acte juridique.

Ainsi une hypothèque non publiée au registre foncier est inopposable à


l’acquéreur de l’immeuble.

d°) La résolution et la résiliation :


Elle sanction l’inexécution ou la mauvaise exécution de l’acte juridique ainsi la
vente peut être résolue si l’acheteur ne paie pas le prix.
De même le bail peut être résilié si le locataire ne paie pas ses loyers.
La résolution efface rétroactivement les conséquences de l’acte juridique
parfaitement valables à l’origine.

Exemple : en cas de résolution d’un contrat de vente, les parties sont remises
dans leur état antérieur.
Tout ce passe comme s’il n’y a jamais eu de contrat. Ainsi l’acheteur doit
restituer la chose, le vendeur de son côté doit restituer le prix. Par contre la

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résiliation n’opère pas de façon rétroactive elle ne joue que pour l’avenir c’est-à-
dire qu’elle n’anéantit que les conséquences futurs de l’acte juridique.

Ainsi la résiliation d’un bail met fin au contrat mais seulement pour l’avenir. Cela
veut dire qu’à compter du jour de la résiliation l’acte juridique ne produira plus
d’effet mais les effets qui se sont réalisés avant cette date sont maintenus et il
n’y a pas de restitution des prestations.

Cela se comprend aisément car dans le bail par exemple : on peut concevoir que le
bailleur puisse restituer le montant des loyers qu’il a encaissé par le passé mais il
est matériellement impossible que le locataire restitue l’usage qu’il a fait des
locaux loués.

Illustration :
Le fils de Mr Diouf âgé de 10 ans profitant de l’absence de son père vend à un
mécanicien son vélo au 10è de son prix soit 3500 F.
Informé à son retour Mr Diouf entend contester la validité de la vente.

a) Quel motif doit invoquer Mr Diouf pour obtenir satisfaction ?

b) Mr Diouf gagne son procès et la décision de la juridiction compétente est


devenue définitive, entre temps le fils de Mr Diouf avait amené 6 de ses
camarades au stade avec le produit de la vente.
L’acheteur réclame après ses 3500 F en cas de refus de ce dernier
pensez-vous qu’il puisse avoir satisfaction en justice ?

Solution :

a) En l’espèce le fils de Mr Diouf âgé de 10 ans est un incapable aux yeux de


la loi il peut avoir des droits mais il ne peut les exercer lui-même. En claire
il est frappé d’une incapacité d’exercice.
Devant le juge compétent Mr Diouf à l’appui de son action pourra invoquer
l’incapacité de son fils (c’est un mineur non émancipé).

b) Le juge va prononcer la nullité de cet acte juridique c’est-à-dire l’acte


sera anéantit (les parties seront remises dans leur état antérieur). Mais
dans ce cas précis, il faut retenir que l’incapable ne peut restituer que
dans la limite de son enrichissement c’est-à-dire ce qu’il a conservé mais
s’il a tout dépensé il ne sera tenu d’aucune obligation de restituer.
En clair Mr Diouf n’est pas obligé de restituer au mécanicien les 3500F.

59
Illustration :
Mr Diop est confronté à un sérieux problème et il décide de nous consulter. Il a
découvert par l’entremise d’un informaticien qu’il vient d’embaucher que la
société « Toutissu » qu’il gère il y a 10 ans a été trompé par l’entreprise
« Neblesse » à qui elle avait acheté du matériel informatique prétendu neuf et
qui s’avère en réalité comporter un assemblage d’éléments de récupération.

Ceci explique les nombreux incidents liés au fonctionnement de cet équipement


informatique qui avait pourtant représenté à l’époque un investissement
important par la SARL « Toutissu ».

Il vous pose la question suivante le dirigeant de l’entreprise Neblesse a t-il


raison de lui répondre que sa demande en justice tendant à obtenir la nullité du
contrat d’achat du matériel informatique est trop tardive.

Réponse :
La question posée est relative au délai de prescription de l’action en nullité pour
dol. En l’espèce la société Toutissu a été manifestement victime d’un dol et cette
tromperie a été certainement déterminante dans le consentement de cette
société qui n’aurait probablement pas acheté ledit matériel si elle avait su la
vérité. Par conséquent la société « Toutissu » victime de dol est en droit
d’exercer à l’encontre de l’entreprise « Neblesse » une action en nullité relative
du contrat de vente du matériel informatique. Cette action en justice se prescrit
pour 2 ans à compter du jour de la découverte du dol.

Le dol ayant été découvert récemment, le gérant de la société « Toutissu » a


encore le temps d’ester en justice contrairement à ce que prétend le dirigeant
de l’entreprise Neblesse.

En effet, le délai de prescription de l’action en nullité relative commence à courir


à compter du jour de la découverte du vice et non de la formation du contrat.
Bien entendu Mr Diop devra prouver ses allégations (l’existence du dol, de la
découverte récente du dol).

Illustration :
Ibrahima avait le 1er janvier 1990 acheté un bracelet à 190 000 F cfa. Le 1 er
janvier 1995 il vous consulte pour savoir s’il peut faire annuler l’opération. Pour
les besoins de la consultation il vous livre les informations suivantes :
Il avait 17 ans au moment où il achetait le bracelet. Par ailleurs lors de la
conclusion de l’opération, le vendeur lui avait fait comprendre qu’il s’agissait d’un

60
bracelet en or. Seulement le 1 er janvier 1992 une expertise a révélé que le bijou
était en bronze. Il décide de saisir le justice.
Selon vous cette action pourra t-elle prospérer ?
NB : L’âge de la majorité est fixé à 18 ans.

Solution :
Ibrahima peut emprunter deux voies, agir en nullité pour cause d’incapacité et
agir en nullité pour dol.
Pour y voir clair il faut examiner successivement ces deux questions.

1°) L’action en nullité pour cause d’incapacité.


Au moment où il passait le contrat, Ibrahima n’avait pas l’âge requis pour
contracter. En d’autres termes, il était juridiquement incapable car il était âgé
de 17 ans. Pour agir en nullité, Ibrahima doit avoir 18 ans.
Si on s’en tient au fait de l’espèce, Ibrahima a atteint l’âge de la majorité le 1 er
janvier 1991. A partir de ce moment il a deux ans pour agir en nullité. Il aurait du
donc agir au plus tard le 1er janvier 1993.
A défaut d’avoir agi dans le délai qui lui est imparti par la loi, Ibrahima ne pourra
plus le faire car son action est prescrite.

2°) L’action en nullité pour dol.


En l’espèce il y’a bien dol. L’action en nullité doit en conséquence être intentée à
compter de la découverte du vice et non à compter de la formation du contrat. A
partir de ce moment, Ibrahima dispose d’un délai de deux ans pour agir en nullité.
Si on tient au fait de l’espèce, l’achat a eu lieu le 1 er janvier 1990 mais le vice a
été découvert le 1er janvier 1992. il fallait donc exercer l’action en justice au plus
tard le 1er janvier 1994. il y’a donc prescription.
En définitive quelque soit le côté vers lequel on se tourne, l’action de Ibrahima
ne pourra pas prospérer.

Paragraphe III : Les effets des actes juridiques


L’acte juridique oblige son auteur a exécuter ses engagements. On dit qu’il a
force obligatoire entre les parties. En revanche, il ne produit aucun effet à
l’égard des tiers.

A - La force obligatoire de l’acte juridique.


La force obligatoire de l’acte juridique est affirmée avec vigueur par l’article 96
du COCC. Ce texte dispose je cite « le contrat légalement formé crée entre les

61
parties un lien irrévocable ». L’acte juridique a donc une force obligatoire à
l’égard de ceux qui l’on formé c’est-à-dire les parties à l’acte.

On appelle parties à l’acte toutes les personnes qui par leur volonté libre et
consciente ont participé à la formation de l’acte juridique de manière personnelle
et directe ou par l’intermédiaire d’un représentant ou d’un mandataire.

On assimile aux parties ainsi définies les héritiers. On appelle héritiers les
personnes qui recueillent le patrimoine ou une partie du patrimoine laissée par le
défunt. Les personnes visées sont les ayants cause universelles et les ayants
cause à titre universel. Ces personnes sont tenues d’exécuter le contrat passé
par le défunt à l’exception des contrats conclu en considération de la personne.
Exemple : Contrat de mandat, contrat de travail.
La force obligatoire de l’acte juridique signifie que les parties sont liées par leur
engagement. Elles ne peuvent être déliées que par un nouvel accord. Un co-
contractant ne peut donc en principe se dégager unilatéralement du contrat. Si
l’une des parties n’exécute pas ses obligations, sa responsabilité contractuelle
pourrait être engagée.
Cette règle supporte des exceptions qu’il convient de régler.
La révocation unilatérale est possible lorsqu’elle est prévue par l’acte juridique.
Elle est encore possible lorsque le contrat est à durée indéterminée (dans ce
type de contrat, chaque partie peut prendre l’initiative de la rupture).
Exemple : Contrat de travail, contrat de bail.

La révocation unilatérale peut être invoquée lorsque le contrat repose sur la


confiance mutuelle. On admet que ces contrats peuvent être révoqués à tout
moment.
Exemple : Contrat de mandat, contrat de dépôt.

Si l’on se tourne maintenant du côté du juge le principe de la force obligatoire


signifie que le juge doit assurer l’exécution du contrat mais il ne peut modifier
les obligations des parties quand bien même elle développerait des conséquences
nuisibles pour un contractant (hausse d’un produit dépassant les prévisions et
rendant dérisoires la contre prestation pécuniaire).

L’interdiction faite au juge de modifier le contrat concerne aussi la loi. En règle


générale, une loi nouvelle ne peut changer les obligations contractuelles nées
antérieurement. On remarquera cependant que certaines lois ont un effet
rétroactif.
Exemple : Modification des contrats de travail en cours par allongement de la
durée des congés ou réduction du temps de travail.

62
Illustration :
Demba est en pleine campagne électorale. Mais il veut acheter une maison à
liberté 6. Pour ce faire, il demande à son cousin Samba de passer l’acte de vente
avec Doudou en son nom et pour son compte.
Le contrat est conclu le 14 avril 2005. le lendemain, Doudou se présente à Demba
et lui demande de payer le prix de vente de la villa. Celui-ci refuse au motif qu’il
n’a pas passé lui-même le contrat de vente.

a°) cet argument est-il valable ?


Supposons que Demba persiste dans son comportement alors que Doudou s’est
exécuté en lui transférant le droit de propriété sur la villa de liberté 6.
b°) Dans ce cas comment va faire Doudou pour défendre ses intérêts ?
Solution :
a°) En l’espèce Demba n’a pas donné directement son consentement. Il s’est fait
représenté. Dans la mesure où pour la loi l’acte juridique peut être conclu soit
directement, soit par voie de représentation, on peut valablement affirmer que
la thèse de Demba n’est pas pertinente. Il est partie au contrat et à ce titre il
doit exécuter ses obligations c’est-à-dire payer le prix de vente de la villa.

b°) S’il persiste dans son comportement, Doudou qui a exécuté ses engagements
peut demander au juge la résolution de la vente.

Illustration :
Un exploitant d’autocars s’engage pour 15 ans en 1970 à assurer la livraison entre
2 succursales d’une entreprise séparées par une longue distance pour un prix
déterminé. L’augmentation subite du prix de l’essence et la dépréciation
monétaire rendent son engagement ruineux au bout de 10 ans. Peut-il demander
en justice la révision du contrat afin de l’adapter aux nouvelles conditions
économiques du moment ?

Solution :
Le problème de la révision se pose généralement dans les contrats à exécution
successive dont les prestations s’échelonnent dans le temps. Il est vrai dans
cette affaire que la modification des circonstances économiques (augmentation
du prix de l’essence, dépréciation monétaire) a provoqué la rupture de l’équilibre
économique du contrat. La question est de savoir si cette situation peut
entraîner une modification des prestations promises. De façon plus précise le
juge en l’espèce peut-il réviser le contrat afin de l’adapter aux nouvelles
conditions économiques du moment ?

63
A cette question il faut répondre par la négative. Il n’appartient pas au juge de
prendre en considération les circonstances économiques pour modifier la
convention des parties. C’est dire simplement qu’en vertu du principe de la force
obligatoire du contrat, l’exploitant d’autocars en l’espèce est tenu de respecter
son engagement même si les circonstances économiques ont bouleversé les
termes du contrat. Peu importe ce que cela va lui coûter, le contrat ne peut être
modifié que si seulement les parties l’avaient envisagé au moment de sa
formation. Rien en l’espèce ne permet de le penser. En conséquence, les
prestations promises doivent être respectées jusqu’à l’échéance du contrat.

B – La situation des Tiers


L’acte juridique est en principe sans effet à l’égard des tiers, mais il leur est
opposable.

1°) L’absence d’effet de l’acte juridique à l’égard des tiers


On appelle tiers toutes les personnes qui n’ont pas participé à la formation de
l’acte juridique à l’exception des héritiers à savoir: les ayants cause universelles
et les ayants cause à titre universel.

A l’égard des tiers l’article 110 COCC dispose que l’acte juridique ne produit
aucun effet. Cela signifie que l’acte juridique ne peut les rendre débiteurs ou
créanciers. C’est ce qu’on appelle l’effet relatif de l’acte juridique. Il arrive
cependant dans des cas exceptionnels qu’un acte juridique puisse produire des
effets à l’égard des tiers. Ainsi l’article 114 du COCC admet la stipulation pour
autrui. La stipulation pour autrui est un contrat conclu dans l’intérêt d’un tiers et
qui a pour effet de le rendre créancier.

Exemple : un contrat d’assurance souscrit au profit d’un tiers rend ce dernier


créancier d’une indemnité. L’exemple type est l’assurance vie. Dans ce contrat le
stipulant c’est le souscripteur. Le promettant c’est l’assureur. Le tiers est le
bénéficiaire.

D’autre part les conventions collectives s’appliquent à toutes les personnes qui
sont membres du secteur professionnel visé par les conventions même si ces
personnes n’ont pas assisté à leur confection.
Enfin l’ayant cause à titre particulier peut être exceptionnellement et
directement lié au contrat conclu par son auteur. L’ayant cause à titre particulier
est celui qui requiert un droit ou un bien déterminé.

64
Le problème qui se pose à l’égard de l’ayant cause à titre particulier peut être
simplifié ainsi. Dans quelle mesure les contrats relatifs au bien ou au droit
transmis passé avant l’acquisition oblige t-il l’acquéreur ?
La réponse doit être négative. L’ayant cause à titre particulier n’est pas obligé
par les contrats relatifs au bien transmis. Cela veut dire qu’il est tiers à ces
contrats et qu’en conséquence il n’est pas tenu de les exécuter.

Mais ce principe comporte des exceptions assez importantes. Ainsi selon l’article
565 du COCC l’acquéreur d’un immeuble doit continuer le contrat de bail conclu
par le vendeur. Dans le même ordre d’idées l’assurance d’une chose vendue se
transmet en général avec la cession de la chose rendant ainsi l’acquéreur partie
au contrat passé par le vendeur.
En dehors de ces hypothèses exceptionnelles, le principe demeure que l’acte
juridique ne peut engendrer aucun effet à l’égard des tiers ; qu’il leur est
seulement opposable.

Illustration :
Mr Diouf est propriétaire de deux véhicules automobiles. L’un est affecté à son
usage personnel, l’autre au transport en commun des personnes. En vue d’acquérir
une villa dans l’opération immobilière Sicap Liberté 5 le 10 décembre 1974, Mr
Diouf vend au comptant son véhicule de transport à Mr Mbacké. La clause
suivante était insérée dans l’acte de vente « ce véhicule objet de la présente
vente sera livrée à l’acheteur le 10 février 1975 à 18h ». Mr Diouf décède des
suites d’un accident de voiture le 10 février à 15h. ces deux filles Fatou et Penda
retrouvent dans les affaires de leur père un testament contenant la disposition
suivante : « par la présente je lègue à ma tante Adjaratou ma parcelle sise à
Grand-Yoff ».

1°) Qualifier les différentes opérations juridiques effectuées par Mr Diouf ?


2°) Fatou et Penda ayant accepté la succession du défunt s’oppose le 20 février
1975 à la livraison du véhicule vendu à Mbacké qui soumet le litige au tribunal
régional de Dakar.
Quelle sera la décision du tribunal ?
3°) Le 28 février 1975 Adjaratou prend possession de la parcelle sise à Grand-
Yoff et manifeste son intention d’expulser le locataire Mamadou qui avait signé
avec Diouf un bail ne devant prendre fin que le 10 décembre 1975.
Mamadou qui a l’intention de saisir le tribunal régional de Dakar vous consulte sur
ses chances de gagner le procès.

Solution :

65
1°) Les deux opérations en l’espèce
a) La vente : c’est un acte juridique bilatéral, un acte juridique à titre
onéreux, un acte juridique entre vifs, un acte de disposition.
b) Le testament : c’est un acte juridique unilatéral, un acte juridique à titre
gratuit, un acte juridique à cause de mort, un acte de disposition.

2°) Il s’agit de voir ici la force obligatoire de l’acte juridique à l’égard des
héritiers. L’héritier est considéré par la loi comme une partie au contrat. Cela
signifie qu’il est tenu de respecter les termes du contrat conclu par son auteur :
Fatou et Penda ne pourront pas s’opposer à la livraison du véhicule vendu à
Mbacké. Ayant accepté la succession elles continuent la personne de leur auteur
(leur père décédé). En conséquence devant le tribunal compétent, Mbacké aura
gain de cause.
3°) En principe l’ayant cause à titre particulier (c’est le cas de la dame
Adjaratou) n’est pas tenu de respecter les contrats conclus par son auteur et qui
porté sur la chose vendue ou léguée. Cette règle trouve sa justification dans le
fait que l’ayant cause à titre particulier est un tiers. Conformément à l’article
110 du COCC, le contrat conclu par son auteur ne peut avoir des effets à son
égard. A ce principe la loi a porté des exceptions. C’est le cas en l’espèce. Dans
cette affaire un contrat de bail a été passé par Diouf et Mamadou sur la parcelle
sise à Grand-Yoff. Par application de l’article 565 du COCC, la tante Adjaratou
(ayant cause à titre particulier) est tenue de respecter le contrat de bail jusqu’à
son expiration (le 10 décembre 1975). En clair elle est partie à ce contrat et elle
ne pourra expulser le locataire Mamadou.

2°) L’opposabilité de l’acte juridique à l’égard des tiers.


L’opposabilité signifie que les tiers doivent nécessairement tenir compte de
l’existence de l’acte juridique. Ils ne peuvent aider un contractant à violer ses
engagements.

Exemple : lorsqu’un entrepreneur engage une personne liée par un contrat de


travail passé avec un autre employeur sa responsabilité peut être mise en cause.
Le premier contrat de travail lui est opposable et il ne peut agir au détriment
des intérêts de l’autre employeur. Il faut préciser que les créanciers
chirographaires sont des tiers car tous les contrats passés par leur débiteur
leur sont opposables. En ce qui les concerne la loi a prévu des exceptions à la
règle de l’opposabilité.

- L’action Oblique

66
Lorsque leurs intérêts sont compromis par la négligence et l’inaction de leur
débiteur insolvable, les créanciers peuvent exercer à la place de ce dernier ses
actions et droits sauf ceux exclusivement attachés à sa personne.

Exemple : Mr Diop a plusieurs créanciers et il est insolvable. Il a prêté 50 000 F


CFA à Mr Ndiaye mais il est établi qu’il est négligent c’est-à-dire il n’a pas
cherché à récupérer les 50 000 prêté à Mr Ndiaye. Un tel comportement porte
atteinte au droit de gage général des créanciers et l’un de ses créanciers peut
bien utiliser la voie de l’action oblique c’est-à-dire d’agir contre Ndiaye
(le débiteur de son débiteur). La somme ainsi récupéré va bénéficier à l’ensemble
des créanciers.

- L’action paulienne
Elle tend à faire révoquer les actes frauduleux que le débiteur aurait accompli au
préjudice de ses créanciers. L’action paulienne tend donc à rendre inefficace les
actes frauduleux par lesquels un débiteur cherche à se soustraire au règlement
de ses engagements.

Exemple : sachant qu’il est insolvable un débiteur réalise une vente à vil prix avec
un tiers. Son créancier par l’action paulienne peut faire déclarer l’acte
inopposable à son égard et peut saisir le bien comme s’il était resté dans le
patrimoine du débiteur.

- L’action en déclaration de simulation


La simulation est un mensonge concerté entre les parties. Les contractants
réalisent en même temps deux actes distincts : l’acte ostensible et l’acte secret.
L’acte ostensible est l’acte apparent. Il sert à dissimuler l’acte secret ;
L’acte secret est appelé contre lettre. C’est lui qui exprime la volonté réelle des
parties.

Exemple : un débiteur pour échapper à la saisie de ses biens par ses créanciers
vend ostensiblement un immeuble à un ami complaisant qui reconnaît dans une
contre lettre le caractère fictif de la vente. En fonction de leurs intérêts, les
tiers peuvent se prévaloir soit de l’acte apparent, soit de l’acte secret.

Exemple : en cas de vente fictive les créanciers du vendeur ne sont pas tenus de
se fier à l’acte ostensible, ils peuvent invoquer l’acte secret. Dans ce cas le bien
est toujours dans le patrimoine du vendeur.

67
Ils pourront en conséquence le saisir et se faire payer sur le produit de la vente.

Illustration :
Mr Pernet se trouve dans une situation pécuniaire très précaire. Il a de
nombreux créanciers et redoute de les voir saisir les derniers biens qui lui
restent. Ainsi a-t-il décidé de vendre à vil prix un immeuble à son ami Bernard
avec lequel il convient secrètement qu’il s’agit d’une vente fictive. D’autre part, il
décide de donner à sa fille et à son gendre au moment de leur mariage les
derniers titres qui lui restait en portefeuille. Après avoir effectué ces
opérations, Mr Pernet est victime d’un accident de la circulation et obtient la
condamnation de l’automobiliste qui l’a renversé à d’importants dommages
intérêts. Mais découragé par les attaques de ses créanciers il ne fait rien pour
se faire payer.
Indiquer les actions que les créanciers vont pouvoir exercer pour se faire payer.

Solution :
1°) La vente de l’immeuble.
L’action en l’espèce est une action en déclaration de simulation. En effet il y’a ici
une simulation. Mr Pernet et son ami Bernard ont caché les engagements qu’ils
ont réellement pris derrière une fausse apparence. Deux actes sont pris par les
parties. L’un est ostensible et il est destiné à tromper les tiers (la vente) et
l’acte secret (la contre lettre) qui donne en réalité un éclairage sur la volonté
des parties (vente fictive).

Selon leurs intérêts les créanciers pourront invoquer l’acte ostensible ou l’acte
secret. Dans ce cas d’espèce il va de soi, ils ont intérêt à invoquer l’acte secret.
Dans ce cas tout va se passer comme si le bien est toujours entre les mains de
Mr Pernet. Ils pourront le saisir et se faire payer sur le produit de la vente.

2°) La donation des titres.


En donnant à sa fille et à son gendre les titres Mr Pernet s’appauvrit. Il entend
par son comportement faire échapper ses biens à la saisie. La fraude est donc
avérée. Les créanciers pourront exercer l’action paulienne. Celle-ci aura pour
effet de révoquer la donation c’est-à-dire de la vente inopposable à leur égard.
En clair les biens donnés frauduleusement sont censés n’avoir jamais quitté le
patrimoine de leur débiteur. Ils pourront les saisir et se faire payer sur le
produit de la vente.

3°) Le recouvrement des dommages intérêts.

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Mr Pernet est victime d’un accident de la circulation, il obtient la condamnation
de l’automobiliste mais il ne fait rien pour se faire payer. Les créanciers sont
alors en droit d’exercer l’action oblique. Les conditions gouvernant cette action
sont bien remplies. Mr Pernet est insolvable (il se trouve dans une situation
pécuniaire très précaire). Il est également négligent car il n’exerce pas un droit
qui pourrait accroître son patrimoine c’est-à-dire demander à l’automobiliste
auteur de son dommage de lui payer des dommages intérêts.

S/section II : Les Faits Juridiques


Les actes juridiques ne sont pas la seule source des obligations. Celles-ci peuvent
naître également des faits juridiques.
Les faits juridiques sont des faits indépendants de la volonté auxquels la loi
attache des effets de droit. La loi invite à examiner la responsabilité civile et les
autres sources d’obligation.

Paragraphe I : La Responsabilité Civile


Lorsqu’une personne cause un préjudice à une autre personne il est juste qu’elle
le répare. Lorsque le préjudice résulte de l’inexécution d’un contrat on parle de
responsabilité contractuelle. Le préjudice peut résulter d’un événement en
dehors de tout rapport contractuel. Dans ce cas on parle de responsabilité
délictuelle ou extra contractuelle. Dans le COCC il existe plusieurs régimes de
responsabilité :
- la responsabilité du fait personnel,
- la responsabilité du fait d’autrui et,
- la responsabilité du fait des choses.

A- La Responsabilité du Fait Personnel


Une personne est responsable parce que par sa faute elle a causé un préjudice à
autrui. La faute est un manquement à une obligation préexistante. Il peut s’agir
d’un manquement à la loi ou à une norme établie.

Exemple : infraction au code de la route. Violation du code de déontologie


professionnelle.
Il peut aussi y avoir faute dans l’exercice d’un droit. Le titulaire d’un droit peut
l’exercer mais il y’a faute lorsque son droit a été exercé de manière abusive.

Exemple : la concurrence est libre mais elle doit être loyale. En conséquence,
tout acte de nature à dénigrer les produits d’un concurrent en vue de détourner
sa clientèle est un acte de concurrence déloyale.

69
La faute peut être de commission. Dans ce cas elle résulte d’un acte positif.

Exemple : frapper quelqu’un.


La faute peut être d’omission. Dans ce cas elle correspond à une abstention.

Exemple : un expert en bâtiment néglige volontairement de dire que le terrain


sur lequel on doit construire un immeuble à trois étages ne peut supporter ce
type de construction. La faute revêt aussi un caractère intentionnel. Dans ce cas
le responsable a recherché sciemment le dommage qu’il a fait subir à autrui.
Cette faute est appelée délit en matière délictuelle et dol en matière
contractuelle.

A la faute intentionnelle on oppose la faute non intentionnelle. C’est celle qui


résulte de la maladresse ou de la négligence. Elle est appelée quasi-délit en
matière délictuelle.

Il faut signaler que dans l’opinion général, l’acte générateur du dommage n’est
fautif que lorsqu’il s’accompagne chez l’auteur du dommage de la conscience
d’avoir mal agi.

Avec cette façon de voir, il est sûr et certain que la faute ne peut en aucun cas
être imputée aux personnes atteintes de démence et aux mineurs. Cette manière
de voir n’est pas celle de la loi.

Pour elle, il n’est pas besoin que l’auteur de l’acte ait conscience d’avoir mal agi. Il
suffit que son acte soit objectivement illicite.
La faute est donc détachée de son aspect subjectif. Un mineur, un aliéné avec
cette définition de la faute peuvent bien être obligés à réparation alors que tout
le monde sait qu’ils sont privés de discernement.

Exemple : un enfant de 3 ans est responsable du dommage causé au moyen d’un


bâton à l’un de ses camarades qu’il a blessé grièvement.

B – La Responsabilité du Fait d’Autrui


On est responsable non seulement du dommage que l’on cause de son propre fait
mais encore de celui qui est causé par les personnes dont on doit répondre.
Plusieurs cas sont envisagés par la loi.

1°) La responsabilité du fait des parents


Les personnes sont responsables des dommages causés par leur enfant mineur.
Les conditions de cette responsabilité sont les suivantes :

70
- le mineur doit avoir commis une faute ayant entraîné un dommage à autrui.
- le mineur doit habiter chez ses parents.

2°) La responsabilité des artisans


Les artisans sont responsables du fait de leur apprenti. Les conditions sont les
suivantes :
- l’apprenti doit avoir commis une faute ayant entraîné un préjudice.
- la faute doit avoir été commise pendant le temps où il se trouvait sous la
surveillance du maître.

3°) La responsabilité du commettant du fait de leur préposé


La faute doit être commise pendant l’exercice de la fonction par le préposé. Le
préposé est la personne qui exécute un travail sous les ordres et les instructions
d’une autre personne appelée le commettant.
Il faut donc un lien de subordination entre le commettant et le préposé. La
victime peut agir contre le préposé mais en pratique, elle agit contre le
commettant car celui-ci est toujours solvable.

Le commettant condamné pourra se retourner contre le préposé pour se faire


rembourser.

C – La Responsabilité du Fait des Choses


On est responsable du dommage qu’on a causé de son propre fait mais encore de
celui qui a été causé par le fait des choses que l’on a sous sa garde. Trois
conditions sont exigées par la loi :

- Il faut une chose. La loi vise toute chose quelconque, un meuble, un


immeuble. A préciser également que pour le droit l’animal est une chose.
Exemple : une chaise n’est pas en soi une chose dangereuse mais si elle est
abandonnée dans un passage et provoque la chute mortelle d’une personne,
le gardien de cette chaise doit réparer le dommage qui a été causé à la
victime.

- Le gardien. Il faut un gardien ou un maître de la chose.


Est gardien ou maître de la chose celui qui a l’usage, la direction et le
contrôle de la chose. En principe le propriétaire de la chose est le gardien.
Mais le droit de garde peut être exercé par une personne autre que le
propriétaire. Exemple : le locataire, l’emprunteur, le dépositaire. Il peut
s’agir également d’un voleur. Dans ces hypothèses, si la chose cause un
dommage à autrui, c’est le détenteur ou le voleur qui est considéré comme
gardien et responsable du dommage causé à la victime.

71
- L’intervention de la chose dans la réalisation du dommage.
Le gardien ou maître de la chose n’est responsable du dommage causé à la
victime que si la chose est intervenue dans la réalisation du dommage.
C’est à la victime de rapporter la preuve de l’intervention de la chose, de
démontrer que sans elle, elle n’aurait jamais subie un dommage.

Pour les dommages causés par les véhicules terrestres il l y’a une réglementation
spéciale prévue dans le droit des assurances. Cette réglementation améliore la
situation des victimes d’accident de la circulation. Désormais ces victimes sont
prises en charge pour leur indemnisation par les assurances dés l’instant que leur
dommage a été causé par un véhicule.

Le principe c’est l’assurance obligatoire mais si le véhicule qui a causé l’accident


n’est pas assuré, la victime est dédommagée par le fonds de garantie automobile.
L’action en réparation est encore intentée contre le F.G.A s’il est établi que
l’auteur du dommage est inconnu.

Pour toutes les formes de responsabilité on retiendra que la loi exige trois
conditions :
Un fait générateur du dommage.
Un dommage.
Un lien de causalité entre le fait générateur et le dommage.

- Le fait générateur du dommage


C’est la faute entendue comme un manquement à une obligation préexistante.
Exemple : un hebdomadaire est poursuivi en justice par un écrivain pour la
publication d’un article diffamatoire. Dans cet exemple on peut relever une faute
et c’est elle qui constitue la responsabilité du journal.

- Le dommage 
On l’appelle aussi le préjudice. Il doit présenter certains caractères. Il doit être
direct c’est-à-dire découler du fait générateur du dommage. Il doit aussi être
actuel. Enfin il doit porter atteinte à un droit.
Exemple : il ne fait aucun doute que la personne blessée au cours d’un accident a
le droit d’agir en justice. Le préjudice subi porte bien atteinte à un droit de la
victime.
En ce qui concerne les formes de dommage on peut retenir plusieurs variétés.

- Le dommage matériel

72
C’est le dommage causé au patrimoine de la victime. Exemple : destruction ou
détérioration d’un bien appartenant à la victime.

- Le dommage moral 
C’est le dommage qui ne porte pas atteinte au patrimoine. Exemple : atteinte à
l’honneur, atteinte à la vie privée.

- Le dommage corporel
C’est une atteinte à l’intégrité physique de la victime.

- Le lien de causalité 
Il signifie que le fait fautif doit être la cause directe du dommage subie par la
victime.

Exemple : une femme laisse son véhicule portières ouvertes, les clés sur le
tableau de bord devant son domicile. Le véhicule est volé et les auteurs du vol
provoquent un accident. La victime de l’accident peut elle agir contre cette
femme en raison de sa négligence ?

A cette question il faut répondre par la négative. La victime a subi un dommage


direct du fait du comportement des voleurs. Elle a donc intérêt à agir contre ces
derniers.

Si ces conditions sont réunies, il faut condamner l’auteur du dommage a une


réparation. Il existe 2 formes de réparation :

 La réparation en nature : elle consiste à remettre les choses dans leur


état antérieur. Exemple : publication du jugement de condamnation pour
diffamation, réintégration du salarié irrégulièrement licencié.
 La réparation par équivalent : c’est une somme d’argent allouée à la
victime. C’est ce qu’on appelle les dommages intérêts.

Illustration :
Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1929, F. fils mineur du docteur F laissait la
voiture que son père lui avait confiée en stationnement devant l’établissement où
il passait les réveillons de Noël.
Au matin la voiture ne fut point retrouvée ayant été volée par des inconnus.
Après plusieurs heures de recherches, elle fut retrouvée dans les faubourgs de
Nancy auprès du cadavre du facteur C. qui avait été renversé et tué sur le coup
par le voleur. La veuve de la victime forme une action contre le docteur F pour la

73
réparation du dommage que lui causait la mort du facteur C. Quelle est la nature
du dommage qu’elle pourra invoquer devant le juge ?

Toujours devant le juge en soutien de son action elle invoque les arguments
suivants :
1°/ Le docteur F est responsable parce qu’il est gardien du véhicule
2°/ Le jeune F a commis une faute en laissant la voiture en stationnement devant
l’établissement où il passait les réveillons de Noël. En conséquence la mort du
facteur C n’est que la suite directe et immédiate de cette faute. Qu’en pensez-
vous ?
3°/ Si la dame C n’a pas eu gain de cause devant le juge serait-elle sans
indemnité dans l’état actuel du droit ? quel est l’organisme qui aurait réparé le
préjudice qu’elle a subi ?

Corrigé :
La dame C pourra invoquer qu’elle est victime de l’accident subi par son mari. A
l’appui de sa demande elle peut invoquer le dommage moral (la perte d’un être
cher) et un dommage matériel (l’atteinte à son patrimoine si on prend en
considération le fait que son mari contribuait aux charges du ménage).

S’agissant maintenant des arguments développés par la dame C, il faut les


examiner successivement.

1°/ Le docteur F a-t-il la qualité de gardien. Est gardien celui qui a un pouvoir de
direction, de contrôle et de surveillance.
En principe le propriétaire est le gardien mais si on sait que le véhicule a été
volé, on est en droit d’affirmer que le docteur F est privé de la direction, du
contrôle et de la surveillance du véhicule.
En clair, il n’a pas la qualité de gardien. En conséquence sa responsabilité ne peut
être engagée.
Pour avoir gain de cause la veuve C à intérêt à agir contre le voleur seul gardien
du véhicule au moment de l’accident.

2°/ La faute du jeune F est-elle la cause directe et immédiate du dommage subi


par C ? On peut en douter. Même à supposer que l’on puisse imputer une faute
d’imprudence au jeune F on ne peut sur ce seul constat affirmer que son
comportement a été la cause directe et immédiate du dommage subi par le
facteur C.

74
La seule faute qui est directement la cause du dommage subi par le facteur C
c’est celle du voleur. En conséquence c’est cette faute que son conjoint doit
invoquer pour obtenir une allocation de dommage intérêts.

3°/ En l’état actuel du droit l’organisme à réparer le préjudice subi par la dame C
est le fonds de garantie automobile.

Paragraphe II : Les Autres Sources d’Obligations


Deux cas sont envisagés par la loi : la gestion d’affaire et l’enrichissement.
A – La Gestion d’Affaire
Exemple : la toiture d’une maison tombe en l’absence de son propriétaire. Son
voisin prend l’initiative de faire venir un maçon en vue de faire réparer la toiture.
Ce voisin a été gérant du propriétaire de la maison mais il l’a été par nécessité et
le propriétaire aura certaines obligations envers lui.
On dit dans ce cas qu’il y’a gestion d’affaire.

La gestion d’affaire n’est pas un contrat car le propriétaire (le maître de


l’affaire) dans l’exemple donné se trouve engagé sans son accord. C’est pour
cette raison qu’on dit que la gestion d’affaire est un quasi-contrat.
Trois conditions sont exigées par la loi.

- L’acte du gérant : l’acte du gérant est un acte d’administration, un acte de


conservation du patrimoine d’autrui. Les actes d’administration peuvent être des
actes juridiques ou des actes matériels.

Exemple : supposons qu’une maison ait besoin de réparation en l’absence du


propriétaire. Un ami du propriétaire peut s’adresser à un maçon pour faire les
réparations. Dans ce cas nous sommes en présence d’un acte juridique, mais si
cet ami est un maçon il peut faire les réparations lui-même. Dans ce cas nous
sommes en présence d’un acte matériel. Dans les deux cas cités il y’a toujours
gestion d’affaire.
L’acte du gérant peut être exceptionnellement un acte de disposition.
Exemple : il vend des valeurs mobilières en baisse vu l’urgence.

- L’acte du gérant doit être volontaire


Pour qu’il y’ait gestion d’affaire il faut que le gérant agisse de sa propre initiative
en sachant qu’il gère l’affaire d’autrui.

- L’affaire doit être gérée sans le consentement du propriétaire

75
Il faut que le maître de l’affaire soit dans l’ignorance de la gestion. Si le
propriétaire donne son consentement il n’y a plus gestion d’affaire mais un
contrat de mandat. On retiendra qu’il ne peut y avoir gestion d’affaire si le
maître de l’affaire s’est opposé fermement à l’acte de gestion. Si ces conditions
sont respectées le maître de l’affaire doit remplir les engagements que le gérant
a contracté en son nom et lui rembourser toute dépense utile ou nécessaire qu’il
a faite.

B – L’enrichissement injuste
Il convient d’examiner ici le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause.

1°) Le paiement de l’indu :


Celui qui a reçu une somme d’argent qui n’est pas du est obligé de rembourser
(l’action en remboursement est appelée action à réparation de l’indu). Le
remboursement ou la restitution s’impose lorsque l’obligation n’existe pas. Elle
s’impose également lorsque le paiement est fait par erreur à une personne autre
que le créancier ou par un autre que le débiteur.

2°) L’enrichissement sans cause


Il y’a enrichissement sans cause lorsqu’une personne s’enrichit aux dépens
d’autrui. Tout enrichissement sans cause donne lieu à la restitution de la chose a
celui qui à été injustement appauvri. Il faut donc deux conditions :

- La loi exige l’appauvrissement d’une personne peu importe la nature de


l’appauvrissement. Il peut s’agir d’un service rendu ou d’un travail effectué.
Exemple : un instituteur qui donne des cours à domicile n’a pas été payé par les
parents de son élève. Cet instituteur a accru la valeur intellectuelle ou morale de
son élève. Pour cette raison on pense qu’il y’a enrichissement et on admet qu’il
peut agir en justice afin d’obtenir ce qui lui est dû.

- Il faut que cet appauvrissement ait enrichi sans cause une autre personne. On
pense que l’enrichissement est sans cause s’il n’est pas la conséquence d’une
disposition légale ou d’un acte juridique.
Exemple : dans le paiement de l’indu l’action en restitution est possible car il n’y a
pas d’acte juridique antérieur qui légitime l’enrichissement de celui qui reçoit le
paiement.
Autre exemple : l’incapable doit restituer à l’adversaire ce dont il s’est enrichi
parce qu’il a fait annuler l’acte juridique d’où résultait son enrichissement.

Illustration :

76
Pendant l’absence d’un voisin, vous constatez une fuite d’eau très importante
dans son appartement. Pour éviter de plus amples dommages vous faites appel à
un serrurier afin de pouvoir pénétrer dans la maison et vous demandez à un
plombier d’effectuer les réparations qui s’imposent. Pouvez-vous récupérer les
fais exposés ?
Si votre voisin refuse de vous rembourser sur quel base pouvez-vous agir en
justice ?

Corrigé :
Les frais exposés en l’espèce l’ont été dans l’intérêt du voisin. En conséquence la
restitution s’impose. Si le voisin refuse de s’exécuter celui qui a agit pour son
compte peut saisir les tribunaux. Au soutien de son action il pourra invoquer
l’existence de la gestion d’affaire. Il ne fait aucun doute que les conditions de
celle-ci sont réunies.
- Les actes ont été pris dans le but de sauvegarder le patrimoine du voisin.
- Ils sont volontaires.
- Ils ont été accomplis sans le consentement du propriétaire
Enfin ils sont utiles ou nécessaires.

Illustration :
Une personne paie sa dette à son créancier avant son décès. Quelques jours plus
tard le créancier se présente aux héritiers en vue d’obtenir le paiement de la
dette contractée par leur auteur. Les héritiers s’exécutent. Une semaine après il
trouve dans les affaires de leur père une quittance justifiant que leur auteur a
payé la dette qu’eux-mêmes avaient payé une seconde fois. Comment pourront-ils
faire pour défendre leurs intérêts ?

Corrigé :
Les héritiers en l’espèce ont cru avoir affaire au créancier de leur père. C’est
pour cette raison qu’ils se sont exécutés. Dès lors qu’ils ont trouvé une quittance
justifiant que le paiement a été effectué par leur auteur, ils ont le droit d’agir
en paiement de l’indu. Sur cette base, ils pourront récupérer les sommes remises
au créancier à titre de paiement.

Illustration :
Le 26 avril 2003 en plein jour, un vol est commis à Sahm au préjudice dudit
établissement. Devant l’indifférence des clients les malfaiteurs sortent du
magasin avec leur butin. Un passant se lance à leur poursuite. Il réussit à
appréhender l’un des malfaiteurs, ce qui permet au magasin Sahm de récupérer
une partie du butin. Mais ce passant est blessé. Peut-il récupérer au magasin une
indemnité en invoquant la gestion d’affaire ?

77
Corrigé :
A cette question il faut répondre positivement. Les conditions de la gestion sont
bien réunies.
1°) Il n’existe aucun accord de volonté entre le gérant (le passant) et le géré ou
maître de l’affaire (magasin Sahm).
2°) L’acte réalisé par le passant est volontaire. Il faut ajouter qu’il a agi dans
l’intérêt du géré (conserver, sauvegarder son patrimoine).
3°) L’acte est utile ou nécessaire. En conséquence l’indemnisation est bien
possible.

Illustration :
Réunis en assemblée générale, les ouvriers des industries alimentaires créent un
syndicat et adhèrent le même jour au parti de la mouvance présidentielle.
Certains membres dudit syndicat sont devenus des députés lors des élections
législatives de 1998. le 19 mars 2000 le candidat du parti de la mouvance
présidentielle est battu aux élections présidentielles.

Quelques mois après l’investiture du nouveau président, les ouvriers dudit


syndicat vont en grève dans le but de soutenir l’ancien régime. Les entreprises
dont le fonctionnement est bloqué décident d’engager la responsabilité du
syndicat.

A la barre, les ouvriers invoquent comme moyen de défense qu’ils n’ont fait
qu’exercer leur droit de grève, un droit qui leur est reconnu par la loi et la
constitution. Quelle sera la décision du juge ?

Corrigé :
La question est de savoir si la faute peut résulter de l’exercice d’un droit ?
En clair, les ouvriers sont-ils responsables civilement lorsqu’ils exercent le droit
de grève un droit reconnu par la loi et par la constitution. A cette question si on
s’en tient aux faits de l’espèce, il faut répondre de façon positive. La grève est
un droit mais ce n’est pas un droit absolu.

C’est dire simplement que ce droit ne peut être mis qu’au service d’intérêt
professionnel qui en constituent le motif légitime. En l’espèce, les ouvriers sont
en grève pour des raisons politiques. En exerçant ainsi le droit de grève dans un
but autre que celui pour lequel cette prérogative leur avait été confiée ils
commettent une faute. En conséquence les entreprises dont le fonctionnement

78
est bloqué sont en droit de mettre en cause leur responsabilité (leur
comportement n’est rien d’autre qu’un abus de droit).

Section 2 : Acquisition et Transmission des Droits Subjectifs


Paragraphe I : Acquisition des Droits Subjectifs
On peut classer les différents modes d’acquisition des droits subjectifs d’une
part en mode originaire et d’autre part en mode dérivé.

A – Les modes originaires d’acquisition


Les droits subjectifs peuvent naître directement sur la tête d’une personne par
un mode originaire d’acquisition. Dans le domaine des droits extrapatrimoniaux,
l’acquisition par un mode originaire est la règle.
En effet, les droits extrapatrimoniaux sont en principe intransmissibles. Ils ne
peuvent s’acquérir donc que par un mode originaire. La plupart d’entre eux
naissent en même temps que la personne qui en est le titulaire.

A titre d’exemple, on peut citer le droit à l’honneur, le droit à l’intégrité


physique. S’agissant des droits patrimoniaux il faut reprendre la différence
entre droit réel, droit personnel et droit intellectuel.

Le droit personnel ou droit de créance s’acquiert le plus souvent par un mode


originaire. Le contrat par exemple fait naître entre les contractants des
obligations qui n’existaient avant la conclusion de cette opération. De même
certains droits intellectuels comme le droit d’auteur ou celui de l’inventeur
naissent purement et simplement de la création de l’œuvre intellectuelle.

Au contraire dans les droits réels les modes originaires d’acquisition sont très
rares parce que la plupart des choses susceptibles de faire l’objet d’un droit de
propriété sont déjà appropriées. Seules les choses sans maître peuvent faire
l’objet d’acquisition originelle. Il en va ainsi pour le gibier et les choses
abandonnées.

B - Les modes dérivés d’acquisition :


Il y’a acquisition par un mode dérivé lorsqu’une personne appelée ayant cause
acquiert un droit dont était titulaire une autre personne appelée l’auteur. Il
s’agit donc d’une transmission de droit. Celle-ci peut résulté de la volonté des
individus. Exemple : le contrat de vente. Elle peut résulter également de la
volonté de la loi Exemple : la dévolution successorale.

Paragraphe2 : la transmission des droits subjectifs :

79
C’est le fait de faire passer un bien du patrimoine du précédent titulaire
(l’auteur) dans celui du nouvel acquéreur (ayant cause).
Il existe divers modes de transmission des droits subjectifs.

A – Les modes de transmission universelle, à titre universel ou à titre


particulier :
1°) La transmission universelle :
Il y’a transmission universelle lorsque l’ensemble du patrimoine d’une personne
est transmis à une autre personne. Cette dernière recueille l’actif et le passif du
patrimoine de son auteur. C’est le cas du fils unique qui recueille tout le
patrimoine de son père décédé.

2°) La transmission à titre universel :


Il y’a transmission à titre universel lorsque la transmission ne porte que sur une
fraction du patrimoine. Exemple : le tiers, le quart et la moitié.

3°) La transmission à titre particulier :


Dans cette hypothèse, la transmission ne porte que sur un ou plusieurs biens
déterminés. Par Exemple : une maison.

B – Les modes de transmission à cause de mort ou entre vifs :


1°) La transmission entre vifs :
Elle se réalise entre des personnes vivantes. A titre d’exemple on peut citer le
contrat de vente.

2°) La transmission à cause de mort :


Elle ne réalise ses effets qu’au décès du titulaire du patrimoine. Les
transmissions universelles ou à titre universel ne peuvent s’opérer qu’à cause de
mort car une personne de son vivant ne peut transmettre la totalité ou une
fraction de son patrimoine.
Au contraire une transmission à titre particulier peut avoir lieu soit entre vifs
exemple : contrat de vente, soit à cause de mort, exemple : le legs d’une maison.

Section 3 : L’extinction des Droits Subjectifs.


L’extinction d’un droit signifie sa disparition à l’égard de tous. Elle peut résulter
d’un acte de volonté. Il en va ainsi lorsque le titulaire d’un droit abandonne la
chose objet de son droit. Il en va ainsi même pour les droits personnels du
paiement effectué par le débiteur.
L’extinction des droits peut également se produire en dehors de la volonté.

80
Exemple : les droits réels s’éteignent par la destruction de la chose sur laquelle
ils portent.

Chapitre 3 : La Preuve des Droits Subjectifs


La preuve revêt une importance capitale dans la mesure où pour obtenir la
protection et la sanction d’un droit il est nécessaire de rapporter la preuve de
son existence.
La question de la preuve peut se poser en dehors de toute contestation.
Exemple : celui qui se présente aux examens terminaux du DEC doit prouver sa
qualité d’étudiant. Mais le plus souvent la question de la preuve se pose à
l’occasion d’un procès. C’est pourquoi l’essentiel de la réglementation du droit de
la preuve est consacré à son administration en justice. Cette réglementation fixe
les principes généraux du droit de la preuve et détermine les moyens de preuve
utilisables ainsi que leurs conditions d’admissibilité.

Section 1 : Les Principes Généraux.


Les Principes concernent d’une part la charge de la preuve et d’autre part l’objet
de la preuve.

Sous-section 1ère : La charge de la preuve.


Le problème de la charge de la preuve est celui de savoir lequel des acteurs (le
juge, le demandeur, le défendeur) doit établir la preuve des droits invoqués ou
des prétentions allégués. Ce problème est réglé par l’art 9 du COCC. Ce texte
tient compte de la neutralité du juge et repartit entre les parties elles-mêmes la
charge de la preuve.

Paragraphe 1 : La neutralité du juge dans le procès civil


Le procès civil est de type accusatoire. Cela veut dire que la direction du procès
est l’affaire des parties elles-mêmes puisque seuls les intérêts privés sont en
jeu. Le juge a alors pour mission d’arbitrer entre ces intérêts de manière neutre.
Il ne doit statuer qu’en fonction des seules preuves qui lui sont fournies par les
parties elles-mêmes. D’autre part, il ne doit pas fonder sa décision sur la
connaissance personnelle qu’il a eu de l’affaire en dehors du procès.

Cependant, le principe de la neutralité ne fait pas du juge civil un être passif. En


effet, pour une bonne administration de la justice la loi reconnaît au juge des
pouvoirs de plus en plus étendus. Ainsi le juge a la possibilité d’ordonner une
enquête. Il peut aussi ordonner la comparution personnelle des parties recueillir
leurs déclarations et en tirer toute conséquence de droit. De manière générale il

81
appartient au juge de vérifier les conditions d’admissibilité des moyens de
preuves fournies par les parties et d’apprécier la force probante qu’il convient
d’attacher à certains de ses moyens.

Enfin le juge doit veiller au respect des règles gouvernant la répartition de la


charge de la preuve entre les parties.

Paragraphe 2 : La répartition de la charge de la preuve entre les parties


La détermination du plaideur sur laquelle porte la charge de la preuve est réglée
par l’article 9 du COCC. Ce texte consacre deux règles :
La 1ère règle résulte de l’alinéa 1er du COCC qui dispose je cite « celui qui
réclame l’exécution d’une obligation doit en rapporter l’existence ». Cette règle
signifie qu’il appartient au demandeur c’est-à-dire à la personne qui a pris
l’initiative du procès de rapporter la preuve de ses prétentions. On dit que la
charge de la preuve incombe au demandeur.

Ainsi celui qui prétend être créancier doit prouver l’acte juridique ou le fait
juridique qui a donné naissance à sa créance. A défaut de pouvoir apporter cette
preuve il perdra son procès.

La 2nde règle est posée par l’alinéa 2 du même article qui dispose je cite « celui
qui se prétend libéré doit prouver que l’obligation est inexistante ou éteinte ».
Cette règle ne s’applique que lorsque le demandeur fait preuve de ses
prétentions et que le défendeur allègue un fait nouveau pour se soustraire aux
conséquences de la preuve. Il appartient alors au défendeur de prouver le fait
nouveau ou l’exception qu’il oppose au demandeur. Ainsi lorsque le défendeur
soutient qu’il s’est exécuté, il doit apporter la preuve du paiement. A défaut de
pouvoir apporter cette preuve il sera condamné à payer la créance du demandeur.

Exemple : voilà une personne qui est poursuivi en restitution d’un prêt. Si cette
personne déclare qu’elle s’est exécuté, elle doit apporter la preuve du paiement.
Supposons maintenant que cette personne conteste la somme que le demandeur
prétend lui avoir prêté, dans ce cas elle n’a rien à prouver. La charge de la preuve
incombe toujours au demandeur. On retiendra que sont nulles les conventions
ayant pour objet de modifier la charge de la preuve. Article 38 du COCC. Mais
les conventions sur les modes de preuve sont admises (article 37 du COCC). Cela
signifie que les parties peuvent décider par convention qu’en cas de litige leur
opération juridique sera établie par un mode de preuve déterminé.

Illustration :

82
Pour sortir des difficultés financières dans lesquelles il se démêle depuis
quelques temps, Diop décide de solliciter un soutien financier auprès de ses
connaissances. Dans cette perspective il réussit à obtenir auprès de Fall son
collègue de service la somme de 300 000 F CFA. A l’époque du contrat de prêt
les deux collègues avaient convenu de recourir au témoignage pour prouver leur
opération en cas de contestation.
Un tel mode de preuve sera t-il recevable ?
Au cas où Diop nierait l’existence du prêt qui doit supporter la charge de la
preuve ?

Corrigé :
1°) Les conventions sur les modes de preuve sont admises par la loi (article 37
du COCC). En conséquence en l’espèce le contrat de prêt pourra bien être prouvé
par témoignage.

2°) En l’espèce le défendeur (le débiteur ne soulève aucune exception) il nie tout
simplement l’existence du prêt. Il ne se reconnaît donc pas débiteur. Par
conséquent la charge de la preuve incombe toujours au demandeur (le créancier).

Sous-section 2 : L’objet de la preuve


La question est la suivante : que doit prouver la personne qui veut établir son
droit ? Pour répondre à cette question, il y’a un principe général posé par la loi et
un tempérament à ce principe général.

Paragraphe 1 : Le principe général


La personne qui entend obtenir en justice la reconnaissance de son droit doit
établir l’acte ou le fait juridique générateur de son droit. Exemple : lorsque la
victime d’un accident de la route réclame des dommages intérêts elle ne doit
prouver que l’accident et le dommage qui en est résulté.
Mais elle n’a pas à faire la preuve de la règle de droit en vertu de laquelle
quiconque cause un dommage à autrui est tenu de le réparer. C’est au juge
d’établir l’existence et le contenu de cette règle.

Paragraphe 11 : Le tempérament au principe général


Dans certains cas il peut être difficile voir impossible de prouver un fait ou un
acte juridique. Aussi la loi intervient-elle pour apporter son aide au demandeur.
Souvent c’est elle-même qui facilite cette preuve au demandeur. Parfois elle
autorise le juge à assurer cette mission. Dans la 1 ère hypothèse on parle de

83
présomption légale. Dans la seconde hypothèse on parle de présomption du fait
de l’homme ou de présomption de fait.

Les présomptions consistent à déduire l’existence du fait à prouver de


l’existence d’un autre fait plus facile à prouver.
Des deux sortes de présomption que définit la loi nous ne retiendrons que les
présomptions légales.
Les présomptions du fait de l’homme seront étudiées dans le cadre des
différents modes de preuve prévus par la loi.

A – La notion de présomption légale.


La présomption légale consiste à déduire d’un fait l’existence d’un fait inconnu.
Exemple : un individu est en possession d’une chose mobilière dont on ne sait pas
s’il est propriétaire ou s’il l’a emprunté. Par le seul fait de sa possession la loi
présume qu’il en est le propriétaire.

Le rôle des présomptions est de dispenser la personne qui en bénéficie de faire


la preuve du fait qu’elle invoque. Ainsi l’enfant qui veut établir sa filiation
paternelle légitime est dispensé de cette preuve directe. Il lui suffit d’établir sa
conception ou sa naissance pendant le mariage de sa mère et de son père. De
cette preuve la loi présumera que cet enfant est issu des œuvres du mari de sa
mère.
Autre exemple : la remise volontaire par le créancier au débiteur du titre
constatant la créance dispense le débiteur de prouver sa libération.

B – La force des présomptions légales


Il existe deux sortes de présomptions légales
1°) Les présomptions simples : on les appelle également présomptions
réfragables. Cela signifie qu’elles admettent la preuve contraire.
Exemple : lorsque le COCC dispose que les pères et mères sont responsables du
dommage causé par leur enfant mineur, il ne fait que retenir une présomption de
responsabilité à la charge des parents. Cette présomption est simple. Cela
signifie que les parents sont admis à prouver qu’ils ont bien éduqué leur enfant et
qu’ils ont pris toutes les précautions pour l’empêcher de causer des dommages.
Autre exemple : la bonne foi est présumée. Cette présomption est simple.

2°) Les présomptions irréfragables : ce sont des présomptions légales contre


lesquelles la preuve contraire n’est pas admise. Exemple : une décision de justice
ayant acquis autorité de la chose jugée (elle est définitive, car les voies de
recours sont épuisées) ne peut plus être remise en cause. La loi présume de
façon irréfragable qu’elle est l’expression de la vérité. Autre exemple : en

84
l’absence d’une quittance ou d’un bulletin de salaire, la loi présume de façon
irréfragable que le salarié n’a pas perçu les fonds qui lui sont dus.

Section 2 : Les modes de preuve


Ils sont énumérés par la loi. Il s’agit de l’écrit, du témoignage, de la présomption
du fait de l’homme, de l’aveu et du serment.

Sous section 1 : La preuve par écrit


Traditionnellement, l’écrit s’envisageait uniquement sur support papier et la
signature ne se concevait que de manière manuscrite. Présentement, les choses
ont évolué. La preuve par écrit ou littérale peut résulter d’une suite de lettres
de caractères de chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés d’une
signification intelligible quel que soit leur support et leur modalité de
transaction.

Il ressort de cette définition qu’il existe deux sortes d’écrits : l’écrit sur
support papier et l’écrit sur support électronique. Sous réserve que puisse être
identifiée la personne dont il émane et qu’il soit établi et conservé dans les
conditions de nature à en garantir l’intégrité, l’écrit sur support électronique
vaut preuve au même titre que l’écrit sur support papier voir les articles 18 et
19 du règlement n° 15-2002 CM UEMOA relatif au système de paiement dans
les états membre de l’UEMOA.
Le règlement de l’UEMOA précise encore en son article 21 que la signature
électronique consiste en l’usage d’un procédé fiable d’identification garantissant
son bien avec l’acte auquel elle s’attache. Ce texte enseigne simplement que la
signature manuscrite a la même valeur que la signature électronique. Sous le
bénéfice de ces observations, nous examinerons les divers écrits qu’on peut
trouver dans le COCC. Il s’agit de l’acte authentique, de l’acte sous seing privé,
des lettres missives et des copies.

Paragraphe I : L’acte authentique


C’est un acte dressé par un officier public. On examinera les conditions
d’existence et sa force probante.

A - Les conditions d’existence


L’acte authentique doit être dressé par un officier public compétent en raison du
lieu et en raison de la nature. Ont la compétence d’officier public les notaires,
les huissiers de justice, les officiers de l’Etat – Civil, les commissaires de police.

1°) Les formalités de rédaction : l’acte authentique le plus connu en droit civil
est l’acte notarié. Il doit être rédigé en français, sur papier timbré, sans blanc,

85
ni rature ni surcharge. Il doit être lu aux parties et éventuellement aux témoins.
Il doit également être daté et signé par les parties, les témoins et l’officier
public. Si l’une de ces conditions de forme ne sont pas respecté l’acte est nul en
tant qu’acte authentique.

2°) Les formes de l’acte authentique : l’acte authentique est habituellement


rédigé en minute. La minute c’est l’original. Elle est conservée par le notaire.
Celui-ci ne délivre aux parties que des copies appelées expéditions. L’une de ces
copies s’appelle la grosse, elle est délivrée au créancier. C’est une copie revêtue
de la formule exécutoire c’est-à-dire que son titulaire peut obtenir son
exécution avec l’aide de la force publique sans être obligé d’obtenir un jugement.
Exceptionnellement l’acte authentique est rédigé en brevet. Dans ce cas l’original
lui-même est remis aux parties. Il en est aussi notamment pour les procurations.

B – La force probante de l’acte authentique


Elle est très grande. Cependant, il faut distinguer l’origine et le contenu de l’acte
authentique.
1°) L’origine de l’acte authentique : l’acte fait foi de son origine jusqu’à
inscription de faux. L’inscription de faux est une procédure tendant à faire
constater l’existence d’un faux en écriture. C’est une procédure longue et
dangereuse car elle peut mettre celui qui en prend l’initiative au devant d’une
condamnation pénale s’il ne réussit pas à prouver l’existence du faux.
2°) Le contenu de l’acte authentique : une distinction s’impose :
- les mentions émanant de l’officier public ou constatées par lui font foi jusqu’à
inscription de faux : par exemple : le paiement du prix en cas de vente, la date, la
présence des parties. Il faut se garder de confondre la constatation d’un fait
matériel par l’officier public et la simple opinion de l’officier public : par
exemple : l’officier public se prononce sur l’état mental des parties. Il ne faut
pas non plus confondre la constatation d’un fait matériel avec ses conséquences
juridiques.

Aussi le fait qu’une somme d’argent a été remise devant le notaire par l’une des
parties ne prouve nullement jusqu’à inscription de faux, qu’il s’agisse d’une somme
prêtée.

Illustration :
Ndoye a acquis devant notaire un immeuble appartenant au sieur Diagne. Avant
les formalités d’inscription au livre foncier, les héritiers de Diagne décédée
entre temps ont demandé l’annulation du contrat de leur auteur arguant du fait
que celui-ci de son vivant était un incapable majeur. Ndoye conclu au rejet de la
demande d’annulation de la vente en exhibant l’acte notaire dans lequel est

86
inscrite la formule suivante : « Les co-contractants en pleine possession de
toutes leurs facultés mentales ont convenu de ce qui suit… ». Les héritiers de
Diagne vous saisissent de ce dossier et vous posent les questions suivantes.

1) Quelle est la force probante de la formule qui se trouve dans l’acte notaire et
qui se prononce sur les facultés meubles des co-contractants ?

2) Quelle serait la solution si cette formule a été portée dans l’acte authentique
sur la base des déclarations d’un médecin ?

Réponse :
a) La formule qui porte sur l’état mental des co-contractants ne fait pas
partie des faits constatés personnellement par le notaire. Il s’agit d’une
simple opinion. On peut même ajouter qu’il ne relève pas de la compétence
d’un notaire de se présenter sur les facultés mentales d’un contractant.
Même si cette formule figure dans l’acte authentique, elle ne fait pas foi
jusqu’à inscription de faux.

b) Les énonciations aussi invoquées par Ndoye n’ont pas été constatées
personnellement par le notaire il ne s’agit que de simples déclarations
portées à son attention. En conséquence, elle n’ont pas la même valeur que
les faits constatés personnellement par le notaire.
En conclusion, quel que soit le côté vers lequel on se tourne, la formule qui porte
sur l’état mental de leur auteur peut être contesté par les héritiers et ils n’ont
pas besoin de respecter la procédure d’inscription en faux.

- les déclarations ou mentions non constatées par l’officier publique font foi
jusqu’à preuve contraire (voir le b) du cas pratique).

Paragraphe II : L’acte sous seing privé.


L’acte sous seing privé est un acte signé par les parties en dehors de la présence
d’un officier public.

A – Les conditions de validité de l’acte sous seing privé.


La seule condition absolument indispensable est la signature des parties. La
signature permet d’identifier les parties et constitue le signe de leur
consentement à l’acte. Lorsque l’une des personnes est illettrée elle doit se faire
assister de deux témoins lettres qui certifiant dans l’écrit son identité et sa
présence et atteste en outre que la nature et les effets de l’acte lui ont été
précisés.

87
Outre la signature la loi exige dans certains cas des formalités supplémentaires.
Il en va ainsi lorsque l’écrit sous seing privé constate un contrat synallagmatique
ou un contrat unilatéral.

1°) L’écrit constate un contrat synallagmatique.


Lorsqu’il s’agit d’un contrat synallagmatique qui constate les obligations
réciproques de deux ou plusieurs parties le législateur exige que l’acte soit
rédigé en autant d’originaux qu’il y’a de parties ayant un intérêt distinct. C’est ce
qu’on appelle la formalité du double. Cette formalité peut être écartée lorsque le
seul original qui a été rédigé et signé est remis à un tiers neutre.

2°) L’écrit constate un contrat unilatéral


Lorsqu’il s’agit d’un contrat unilatéral comportant un engagement à la charge
d’une seule partie, l’acte doit être rédigé en entier de la main de celui qui le
souscrit, à défaut l’acte doit porter la mention ‘’bon pour’’ ou ‘’lu ou approuvé’’ et
l’indication du montant de l’obligation en chiffres et en lettres. Si ces formalités
ne sont pas respectées l’acte est irrégulier (article 22 du COCC).

B – La force probante de l’acte sous seing privé


Il faut distinguer entre le contenu et la date de l’acte.

1°) Le contenu de l’acte :


L’acte sous seing privé reconnu par celui a qui on l’oppose ou déclaré sincère par
le juge fait foi de son contenu à l’égard de tous jusqu'à preuve contraire. Le
contenu de l’acte sous seing privé est donc opposable aux parties à leur ayant
cause comme aux tiers. Il en va autrement s’il y’a des aveux ou contestation de
l’écriture ou de la signature des parties ou lorsque les héritiers déclarent
ignorer l’écriture ou la signature de leur auteur. Dans ce cas le juge ordonne une
vérification d’écriture ou de signature pour établir la sincérité de l’acte.

2°) La date de l’acte


Entre les parties elle fait foi comme le contenu jusqu’à preuve contraire. A
l’égard des tiers l’acte ne fait foi que lorsqu’il a acquis date certaine c’est-à-dire
une date opposable aux tiers. La loi entend protéger ces derniers contre les
fraudes dont ils pourraient être victimes.

88
Exemple : A vend un immeuble à B le 31 décembre 1998. il veut louer le même
immeuble à C. Pour maintenir C locataire sur les lieux il lui suffira de lui donner
un titre antérieur à celui de l’acquéreur.

C’est pour éviter ce comportement que la loi a été amenée à préciser que l’acte
sous seing privé a date certaine à l’égard des tiers à compter du jour où il a été
enregistré ou du jour où il a été authentifié. L’enregistrement est une formalité
administrative qui relève de la compétence du service de l’enregistrement
attaché à la direction des impôts. L’acte sous seing privé est authentifié lorsque
sa substance est constatée dans un acte authentique. La date de
l’authentification sera la date de l’acte sous seing privé et elle seule sera
opposable aux tiers.

A titre d’exemple on peut citer l’article 565 du COCC. Le texte dispose je cite ‘’
si le bailleur vend la chose louée, l’acquéreur doit respecter le bail s’il est
authentique ou s’il a date certaine’’.

Paragraphe III : Les lettres missives et les copies.


Les lettres missives sont des correspondances privées. Elles font foi des
engagements qu’elles contiennent contre celui qui les a signé. S’agissant des
copies et autres reproductions de titres la loi indique qu’elles ont la même force
probante que l’acte lui-même lorsqu’elles sont certifiées conformes à l’original
par un officier public.
Sous section 2 : Les autres modes de preuve
Paragraphe I : Le témoignage
Témoigner c’est déclarer en justice ce que l’on a personnellement vu ou entendu
sur l’affaire faisant l’objet du litige. Le témoignage est laissé à la prudence et à
la lumière du magistrat. Ce dernier peut l’accueillir comme il peut le rejeter
(c’est un mode de preuve imparfait).

Paragraphe II : Les présomptions du fait de l’homme


La présomption du fait de l’homme encore appelée présomption de fait ou
présomption judiciaire est le raisonnement par lequel le juge part de certains
faits connus appelés indices pour établir l’existence du fait à prouver.
Exemple : pour établir la faute du conducteur d’un véhicule ayant causé un
accident le juge peut fonder sa conviction à partir de certains indices : l’état de
la route, l’état des pneus, la largeur des traces de freinage.
La présomption judiciaire ou présomption de fait est laissée à la libre
appréciation du magistrat (c’est un mode de preuve imparfait).

89
Paragraphe III : l’aveu et le serment
A – l’Aveu
La loi a prévu deux sortes d’aveux :
- l’aveu judiciaire
- l’aveu extra judiciaire

1°) L’aveu judiciaire : c’est celui qui est fait par l’un des plaideurs au cours d’un
procès. Un tel aveu fait pleine foi contre celui dont il émane. Sa force probante
est donc absolue (c’est un mode de preuve parfait). Le juge est lié par l’aveu
judiciaire c’est-à-dire qu’il est obligé de le tenir pour vrai et de trancher le litige
en faveur de l’adversaire de la partie dont il émane.
L’aveu judiciaire est irrévocable et indivisible.

- L’irrévocabilité de l’aveu signifie que le plaideur qui l’a fait ne peut se


rétracter c’est-à-dire retirer sa déclaration. Mais à ce principe il existe
cependant une exception. La loi admet la rétraction en cas d’erreur de
fait. Exemple : venant d’hériter d’un parent une personne avoue l’existence
d’une dette que le défunt avait contracté. Plus tard elle découvre une
quittance constatant que la dette est éteinte. Elle peut rétracter l’aveu.

- L’indivisibilité de l’aveu signifie que l’aveu doit être pris dans son entier.
En claire celui qui l’invoque ne peut pas en retenir seulement la partie qui
lui est favorable pour rejeter une partie qui ne lui est pas favorable.
Exemple : une personne reconnaît qu’elle doit à son créancier la somme de
1 000 000 F CFA. Dans le même temps elle dit devant le juge que
conformément à la convention elle ne doit pas s’exécuter dans l’immédiat
mais dans deux ans. Le créancier peut invoquer cet aveu mais il ne sera pas
payé dans l’immédiat. Il faut qu’il attende deux ans pour obtenir
remboursement.

Illustration
Mr Keita est poursuivi devant le tribunal régional par un voisin en paiement d’un
prêt de 3 000 000 de F CFA ; Mr Keita déclare devant le juge que ‘’je reconnais
qu’on m’a prêté cette somme d’argent mais je l’ai remboursée’’. Si le créancier
invoque cet aveu, peut-il demander à son débiteur de prouver sa libération ?

Corrigé :
L’aveu doit être pris dans son entier. En clair le créancier qui l’invoque ne peut
retenir la partie qui lui est favorable pour rejeter la partie qui ne lui est pas
favorable. Dans ce cas pratique, il va de soi que si on applique la règle de
l’indivisibilité que le créancier ne pourra en aucun cas contraindre le débiteur à

90
prouver sa libération. En conclusion le créancier qui invoquer l’aveu ne peut
demander à son débiteur de prouver sa libération. Ce serait une violation de la
règle de l’indivisibilité.

2°) L’aveu extra judiciaire


C’est un aveu qui est fait en dehors du procès dans lequel il est invoque. Il ne lie
pas le juge car il ne présente pas de garanties suffisantes. La loi le considère
comme une simple présomption de fait c’est-à-dire que le juge garde son pouvoir
d’appréciation. Il peut le retenir comme indice tout en restant libre de le rejeter
(c’est un mode de preuve imparfait).

B – Le serment
Il existe deux sortes de serment :
- Le serment décisoire
- Le serment supplétoire

1°) Le serment décisoire :


Le serment est décisoire parce qu’il a une force probante absolue qui lie le juge
c’est-à-dire que celui-ci peut donner libre cours à son appréciation personnelle
(c’est un mode de preuve parfait).

Lorsque l’un des plaideurs défère le serment à son adversaire celui-ci peut
adopter 3 attitudes :

- prêter serment dans ce cas il gagne le procès


- refuser de prêter serment dans ce cas ce refus vaut aveu judiciaire et il
perd son procès
- référer le serment au plaideur qui le lui a déféré. Ce dernier peut alors
prêter serment et gagner le procès ou refuser et le perdre.

Exemple : dans une action en paiement le demandeur se trouvant dans


l’impossibilité de prouver son droit de créance invite le défendeur à jurer qu’il ne
lui doit rien. Si le défendeur jure qu’il ne doit rien il gagne le procès. S’il refuse
de jurer, il sera condamné à payer mais il peut à son tour inviter le demandeur à
jurer qu’il est bien créancier. Dans ce cas si le demandeur jure qu’il est bien
créancier il gagne le procès et obtiendra paiement. S’il refuse de jurer, il perd le
procès.

2°) Le serment supplétoire.

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Il à pour but de combler c’est-à-dire de suppléer l’insuffisance de preuve fournie
par les parties. A la différence du serment décisoire, c’est le juge qui défère
d’office le serment supplétoire à l’une des parties. Cette dernière ne peut pas
référer le serment à l’adversaire. C’est un mode de preuve imparfait c’est-à-dire
que le juge garde toujours son pouvoir d’appréciation.

Section 3 : Les conditions d’admissibilité des divers moyens de preuve.


Pour déterminer les moyens de preuve utilisables dans le procès civil, il faut
distinguer suivant qu’il s’agit de prouver un acte juridique ou selon qu’il s’agit de
prouver un fait juridique.

Paragraphe I : La preuve des actes juridiques :


Elle n’est pas libre c’est-à-dire qu’elle ne peut être faite par n’importe quel
moyen de preuve. Elle est en effet soumise à un principe celui de l’exigence d’un
écrit.

Cependant, dans certains cas exceptionnels ce principe est écarté de sorte que
l’acte juridique pourra être prouvé par tout moyen et notamment par témoignage
ou par présomption.

A – L’exigence d’un écrit


La loi exige un écrit. On peut donc affirmer qu’un acte juridique ne peut en
principe être prouvé que par un acte authentique ou sous seing privé. Il importe
de souligner que l’exigence d’un écrit n’est qu’une formalité de preuve et non une
formalité de validité. En effet un acte juridique conclu verbalement est
parfaitement valable. Seule sa preuve soulèvera des difficultés en cas de
contestation. C’est précisément pour éviter les contestations sur l’existence ou
le contenu d’un acte juridique que la loi impose la rédaction d’un écrit ou sa
preuve.

L’écrit qu’il soit authentique ou sous seing privé est en effet une preuve très
sérieuse qui est de nature à réduire les contestations et en même temps les
procès fantaisistes. L’exigence d’un écrit se justifie également par le fait que les
parties à l’acte ont la possibilité au moment où elles manifestent leur volonté de
consigner celle-ci dans un écrit.

La seule remarque qu’ont peut faire à propos de l’opportunité d’une telle exigence
est que la grande majorité de la population est analphabète et ne sait ni lire, ni

92
écrire en français tout au moins. Sous cette réserve, l’exigence d’un écrit
préconstitué pour la preuve des actes juridiques se justifie parfaitement. Il
reste à préciser que l’exigence d’un écrit ne s’impose pas aux tiers à l’acte. Les
tiers peuvent prouver l’acte juridique par tout moyen.
L’obligation de préconstituer la preuve écrite ne s’impose donc qu’aux parties.

B – Les exceptions :
Il s’agit d’examiner les cas dans lesquels un acte juridique peut être prouvé par
témoignage ou par présomption. Mais avant il faut signaler que l’aveu judiciaire et
le serment décisoire sont des modes de preuve parfaits. A ce titre ils peuvent
être utilisés pour la preuve des actes juridiques.

Au contraire le témoignage et la présomption du fait de l’homme ne sont


admissibles pour servir de preuve des actes juridiques que dans les cas
exceptionnels où la préconstitution de la preuve écrite n’est pas obligatoire.

Les cas envisagés par la loi sont les suivantes :

1°) Les petites affaires


L’article 14 du COCC n’exige la preuve écrite que pour les actes juridiques dont
l’objet est supérieur à 20 000 F CFA.
On peut tirer de la lecture de ce texte que la preuve est libre lorsque l’objet est
égal ou inférieur à 20 000 F CFA.
2°) Les opérations commerciales
sur cette question la loi invite à faire la distinction suivante :
- A l’égard des commerçants les actes de commerce peuvent se prouver par
tout moyen. Par exemple un témoignage, une facture, des documents
comptables, des correspondances.
- Il faut cependant signaler que le commerçant qui entend prouver une
opération qu’il a passé avec un non commerçant ne peut le faire que par
application des règles du droit civil c’est-à-dire au moyen d’un écrit.
- Mais si c’est le non commerçant qui entend prouver l’opération juridique
contre un commerçant il peut le faire par tout moyen.

3°) L’impossibilité de se procurer ou de produire un écrit


L’exigence d’un écrit est écarté lorsque les parties ont été dans l’impossibilité de
se procurer un écrit. L’impossibilité de se procurer un écrit ou d’en rédiger un
peut être matériel.

Exemple : une personne dont la maison brûle n’a pas le temps matériel de
réclamer un écrit à son voisin chez qui il a déposé les objets sauvés.

93
L’impossibilité peut aussi être morale. Il en va ainsi lorsqu’il existe un lien
affectif entre les parties. Exemple : un fils est dans l’impossibilité moral
d’exiger un écrit de son père lorsqu’il lui prête de l’argent. Il y’a impossibilité de
produire un écrit lorsque l’écrit qui a été rédigé est perdu. La loi exige que la
perte provienne d’un cas fortuit ou d’un cas de force majeure c’est-à-dire d’un
événement extérieur à la volonté de l’individu. Exemple : incendie

4°) L’existence d’un commencement de preuve par écrit


Le commencement de preuve par écrit est un écrit qui émane de la personne à qui
on l’oppose et qui rend vraisemblable le fait allégué.
En principe il faut 3 conditions :
- Il faut un écrit (un écrit qui ne fait pleine preuve) par exemple : une lettre
missive, de simples notes, un acte sous seing privé nul parce que les
conditions de validité n’ont pas été respectées.
- L’acte doit émaner de la personne à qui on l’oppose.
- L’écrit doit rendre vraisemblable le fait allégué c’est-à-dire qu’il doit
rendre à peu prés certain le fait contesté. Exemple : la lettre par laquelle
une personne demande un prêt d’argent ou remercie d’un service qui lui à
été rendu rend vraisemblable l’existence d’un prêt.

5°) L’existence d’une convention contraire


L’existence d’un écrit n’est pas une règle impérative. Les parties peuvent écarter
l’écrit par un autre mode de preuve voir article 37 du COCC.
Paragraphe II : La preuve des faits juridiques
Le fait juridique est un événement voulu ou non auquel la loi attache des effets
juridiques. Exemple : un accident, le décès, la naissance.
La preuve des faits juridiques est libre c’est-à-dire qu’on peut rapporter
l’existence d’un fait juridique par n’importe quel moyen de preuve.
En pratique la preuve des faits juridiques ne résulte que de simples témoignages
ou présomptions. Cependant, certains faits juridiques présentent une importance
si grande que la loi exige pour leur preuve un acte écrit. Il en va ainsi de tous les
événements qui concernent l’état des personnes. Exemple : la naissance, le décès.

Illustration :
Paul grand menuisier de son état a vendu à crédit des meubles meublants d’une
valeur de 15 000 000 F CFA. A la suite d’un incendie il perd un certain nombre de
documents notamment les reconnaissances de dettes de ses clients.

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Sérieusement préoccupé par la preuve de ses créances il vient vous consulter.
Comment pourra t-il faire pour prouver les opérations passées entre les clients ?

Au moment de votre entretien il se rappelle qu’il a gardé par-devers lui une


lettre missive dans laquelle un de ses clients reconnaissait ses engagements.

Quelle est la valeur juridique de ces documents ?


Par ailleurs il détient des informations selon lesquelles un de ses apprentis
frappé de sanction serait l’auteur de cet incendie qui lui a coûté des millions de
francs. Par quel moyen pourra t-il prouver que l’incendie est d’origine criminelle ?

Corrigé :
a) Dans ce cas d’espèce, on est en présence d’une impossibilité de produire un
écrit. A ne pas confondre avec l’impossibilité de rédiger un écrit. Ici l’écrit a
été rédigé mais il est perdu par suite d’un cas fortuit ou de force majeure en
l’occurrence un incendie. Par conséquent Paul n’a pas à s’inquiéter, il peut
rapporter par tout moyen la preuve des opérations qu’il a passé avec ses
clients. Mais au préalable il faut qu’il rapporte la preuve de l’incendie.

b) Ce document est un commencement de preuve par écrit.

c) L’incendie est un fait juridique. Par conséquent Paul pourra en rapporter la


preuve par tout moyen.

Illustration :
Mady Diallo réside à Thiès avec sa femme et ses deux enfants. Il exerce à Dakar
une activité commerciale. Il emprunte à Papa Diouf un commerçant de Sandaga
une somme de 2 000 000 F CFA en présence de Fatou Guèye sa secrétaire.

A l’échéance Mady Diallo refuse de payer. Il fut assigné en justice par son
créancier Papa Diouf qui malheureusement devant le juge ne peut justifier d’un
écrit attestant l’existence du prêt. Mr Papa Diouf invoque en contrepartie le
témoignage de la secrétaire.

1°) Mr Diouf a t-il des chances de gagner son procès ? Motiver votre réponse.
Mr Diallo toujours devant le juge fit valoir à son tour qu’il a déjà remboursé sa
dette et prétend en plus qu’en vertu d’une convention entre Papa Diouf et lui, la
charge de la preuve de sa libération incombe à son créancier.

2°) Quelle sera la décision du juge ?

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Corrigé :
La question est de savoir si en l’espèce la preuve par témoignage est recevable.
De façon plus précise peut-on prouver un acte juridique par témoignage. A cette
question il faut répondre par la négative. L’acte juridique selon la loi ne peut être
prouvé que par un écrit. A ce principe il existe cependant des exceptions. Le
témoignage est recevable lorsqu’il existe un commencement de preuve par écrit,
lorsqu’on est en présence d’une impossibilité de se procurer ou de produire un
écrit ou lorsque l’opération est commerciale. Il en va encore ainsi lorsque les
parties par convention ont décidé que leur opération sera prouvée par ce mode
de preuve.

Qu’en est-il dans ce cas d’espèce ?


1°)En l’espèce les parties ont la qualité de commerçant. De ce constat on peut
tirer comme conséquence que l’opération litigieuse (le prêt) est commerciale et
qu’elle pourra être prouvée par n’importe quel moyen même par témoignage.

2°) L’argument de Diallo n’est pas pertinent : la loi interdit les conventions qui
ont pour objet la modification de la charge de la preuve.
Dans la mesure où il soutient qu’il a remboursé sa dette il lui incombe de
rapporter conformément à l’alinéa 2 de l’article 9 du COCC la preuve de sa
libération. Son créancier n’a pas à le faire à sa place.
Devant le juge la thèse de Diallo ne peut en aucun cas prospérer.

2ème Partie

L’ORGANISATION JUDICIAIRE DU SENEGAL

Le texte de base est la loi 84-19 du 2 février 1984. Au terme de l’article


1ère de ce texte : l’organisation judiciaire du Sénégal comprend les cours et
tribunaux et les juridictions suprêmes. Avant d’envisager l’étude de ces
différentes juridictions, examinons rapidement les principes généraux de
l’organisation judiciaire.

CHAPITRE 1 : LES PRINCIPES GENERAUX

Paragraphe 1 :LE CARACTERE NATIONAL DE L’ORGANISATION


JUDICIAIRE

96
L’organisation judiciaire mise en place est nationale, c’est à dire, que les
juridictions sénégalaises n’ont compétence que le territoire national.

Paragraphe 2 : L’UNIFICATION DES JURIDICTIONS

Elle signifie que les différentes juridictions sénégalaises sont compétentes pour
connaître de toutes les affaires civiles, commerciales ou pénales et de l’ensemble
du contentieux administratif.

Paragraphe 3 : LE LIBERALISME DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE

Le souci de rapprocher la Justice du justiciable

En organisant les juridictions, le législateur sénégalais a entendu faciliter l’accès


à la justice aux justiciables mais pour que ce souci soit réalité, il lui a fallu
adopter une structure décentralisée.

C’est ainsi que les nouveaux textes prévoient la création d’un Tribunal
départemental au chef lieu de chaque département.

Toujours en voulant tenir compte de l’intérêt des justiciables, le Sénégal s’est


doté de tribunaux régionaux dont la compétence s’étend à l’ensemble de chaque
région.
Il faut cependant remarquer que la structure judiciaire est parfois centralisée.

Exemple : la Cour de Cassation siège à Dakar mais son ressort englobe l’ensemble
du territoire national.

La composition des Juridictions

1. L’unité ou la collégialité
Le système du juge unique est applicable aux tribunaux départementaux. Il s’agit
de juridictions qui siégent avec un seul magistrat. Les autres juridictions sont
soumises au principe de la collégialité, c’est à dire qu’elles siégent avec plusieurs
magistrats généralement au nombre de trois.

2. L’homogénéité et l’échevinage
On parle d’homogénéité lorsque les juridictions sont exclusivement composées de
juges professionnels ou de juges non professionnels.

97
Exemple : le système applicable au tribunal régional est la règle de
l’homogénéité.
Les juges sont tous des professionnels.

L’échevinage existe lorsque la juridiction est formée à la fois de magistrats


professionnels et de personnes n’ayant pas cette qualité.
Exemple : la cour d’assise.

La neutralité du juge
Le juge n’est pas subordonné dans le déroulement du procès au magistrat du
Ministère Public et aux parties. Sans doute, il ne peut se prononcer que sur
l’objet du litige mais il n’a pas d’ordre à recevoir ni des magistrats du parquet
(Ministère Public), ni des plaideurs. On retiendra également que le juge doit faire
preuve d’impartialité ; s’il estime que son indépendance de jugement pourrait
être suspectée, il peut s’abstenir de siéger et se faire remplacer.

La règle du double degré de juridiction


La règle du double degré de juridiction permet au justiciable qui n’a pas obtenu
satisfaction, de provoquer un nouvel examen de son procès par une juridiction
supérieure à celle qui avait déjà statué. C’est une règle qui joue vis à vis du juge
du 1er degré comme un stimulant bénéfique car il va apporter beaucoup de soin à
sa décision s’il sait que celle-ci pourra être déférée à la juridiction de degré
supérieur. On peut donc dire que cette règle constitue une sérieuse garantie
pour le justiciable.
Paragraphe 4 : LE POUVOIR JUDICIAIRE

En vertu du principe de la séparation des pouvoirs, le pouvoir judiciaire est


exercé par le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel, la Cour de Cassation, la
Cour des Comptes et les Cours et Tribunaux.
Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.
L’indépendance du pouvoir judiciaire est garantie par la règle de l’inamovibilité et
l’institution d’un Conseil Supérieur de la Magistrature.
La règle de l’inamovibilité signifie que le magistrat ne peut être ni déplacé, ni
sanctionné, ni renvoyé sans l’observation d’une procédure spéciale.

Le Conseil Supérieur de la Magistrature veille sur la carrière des Magistrats. Il


joue aussi le rôle d’organe disciplinaire à l’égard de tous les Magistrats.

Paragraphe 5 : LA COMPETENCE

98
La compétence est l’aptitude d’une juridiction à connaître d’une affaire donnée.
On distingue deux sortes de compétence : la compétence d’attribution et la
compétence territoriale.

A) La compétence d’attribution

La compétence d’attribution ou compétence matérielle permet de déterminer en


tenant compte de l’objet ou de la valeur du litige devant quel type de juridiction
il devra être porté.
Exemple : en matière civile et commerciale, le tribunal départemental est
compétent lorsque la valeur en argent du litige n’excède pas un million de francs.

B) La compétence territoriale

Dans la compétence territoriale, on s’attache à des considérations géographiques


pour déterminer le juge compétent.
Pour le contentieux privé, le texte de base est l’article 34 du code de
procédure civile. Selon ce texte, le juge territorialement compétent est en
principe le tribunal du domicile ou de la résidence du défendeur.
Exemple : si le demandeur habite Dakar et si son adversaire (le défenseur) est
domicilié à Thiès, la demande devra être portée devant le tribunal de Thiès.
Cette règle comporte des exceptions : en matière immobilière, le tribunal
compétent est celui du lieu de la situation de l’immeuble.
Autre exemple : en matière successorale, le tribunal compétent est celui du lieu
où la succession est ouverte (le domicile ou la résidence de la personne décédée).
CHAPITRE 2 : LES ORGANES JUDICIAIRES

Les juridictions sénégalaises sont organisées selon le schéma suivant :

A la base de la pyramide nous avons les cours et tribunaux que nous pouvons
classer en juridictions de droit commun et juridictions spécialisées au sommet de
l’édifice, les juridictions suprêmes.

SECTION 1 : LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN

On appelle juridiction de droit commun, les juridictions qui connaissent de toutes


les affaires à l’exception de celles que la loi attribue de façon expresse aux
juridictions spécialisées.

Paragraphe 1 : LE TRIBUNAL DEPARTEMENTAL

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C’est l’ancienne justice de paix qui prend actuellement la dénomination de
tribunal départemental.

A) l’Organisation

Depuis la réforme judiciaire de 1984, il existe dans chaque département un


tribunal. Cette juridiction a à sa tête un Président. C’est une juridiction à juge
unique. L’instruction est assurée par un ou plusieurs magistrats.
Le parquet ou Ministère public est représenté par un délégué du Procureur de la
République.

Le Juge d’instruction est chargé de rechercher, de réunir et d’apprécier les


preuves et de décider du renvoi ou non de la personne poursuivie devant la
juridiction de jugement.

Le parquet ou Ministère public représente la société auprès des tribunaux. Le


parquet est soumis à la règle de la hiérarchie (les membres sont subordonnés les
uns aux autres). Il dépend de l’Exécutif.
Il résulte de cette règle (la hiérarchie) que les membres du parquet
contrairement aux magistrats du siège sont amovibles et révocables.

B) La compétence

1) En matière civile et commerciale

Le tribunal départemental connaît en matière civile et commerciale de toute


action personnelle ou mobilière en dernier ressort jusqu’à la valeur de deux cent
mille Francs CFA et en premier ressort seulement jusqu’à la valeur de un million
de Francs CFA.
Il ressort de cette définition que la loi exige deux conditions :

 l’action doit être personnelle ou mobilière

Une action personnelle est une action formée par celui qui se prétend créancier
contre son débiteur.
Une action est dite mobilière lorsque le demandeur prétend être titulaire d’un
droit portant sur un meuble. Exemple : action en revendication d’un bien meuble.

100
 Le montant du litige ne doit pas excéder un million de Francs CFA

Pour comprendre, il faut procéder aux distinctions suivantes :

- Si la valeur en argent du litige est inférieure ou égale à deux cent


mille francs, le tribunal départemental se prononce en dernier
ressort.

- Si la valeur en argent du litige est supérieure à deux cent mille


francs et n’excède pas un million de francs, le tribunal
départemental se prononce en premier ressort.

- Le tribunal est également compétent pour connaître de toutes les


actions concernant le droit des personnes et de la famille. Exemple :
action de divorce.

- Le tribunal est enfin compétent en matière de bail à usage


d’habitation.

Dans ce dernier cas, il se prononce en dernier ressort lorsque le taux du loyer


est inférieur ou égal à vingt cinq mille francs par mois et à charge d’appel lorsque
le taux du loyer excède cette somme sans dépasser cinquante mille Francs CFA.

2) En matière pénale

Le tribunal connaît des contraventions. On entend par contravention, une


infraction punie d’un emprisonnement allant d’un jour à un mois et d’une amende
de deux cent francs à vingt mille francs.

En plus des contraventions, le tribunal est également compétent pour juger


certains délits. Exemple : le vol simple, l’usurpation de fonction, la violation de
domicile par un particulier. Un délit est une infraction punie d’un emprisonnement
supérieur à un mois et n’excédant pas dix ans et d’une amende supérieure à vingt
mille Francs CFA.
- Les décisions du tribunal sont des jugements. Elles sont frappées
d’appel lorsqu’elles ont été rendues en premier ressort. L’appel n’est
pas possible lorsqu’elles ont été rendues en dernier ressort. Dans ce
cas, le plaideur insatisfait ne dispose que d’une seule voie de
recours : le pourvoi en cassation devant la Cour de Cassation.

101
Paragraphe 2 : LE TRIBUNAL REGIONAL

C’est la nouvelle dénomination du tribunal de 1ère instance depuis 1984.

A) L’organisation

A la tête du tribunal, il y a un Président. Outre son président, le tribunal


comprend plusieurs juges. L’instruction des affaires est assurée par le juge
d’instruction.

Le parquet ou Ministère Public est dirigé par le Procureur de la République


assisté de plusieurs substituts. Le tribunal statue en collégialité c’est à dire qu’à
l’audience, le siège est occupé par trois magistrats.

B) La compétence

1) En matière civile et commerciale

Le tribunal régional est compétent pour connaître de toutes les affaires dont
l’objet excède un million de francs. La compétence du tribunal concerne toutes
les actions personnelles ou mobilières qui ne sont pas portées devant le tribunal
départemental.
Les actions immobilières sont portées devant le tribunal régional.

2) En matière pénale

Le tribunal régional connaît des délits autres que ceux qui sont portés devant le
tribunal départemental. Il faut retenir que le tribunal régional connaît en appel
des décisions rendues en 1er ressort par le tribunal départemental. Il s’agit ici
des décisions rendues en matière civile et commerciale par le tribunal
départemental. Il s’agit également des décisions rendues par le tribunal
départemental en matière contraventionnelle mais les jugements correctionnels
rendus par le tribunal départemental échappent à la compétence du tribunal
régional. Ces décisions sont portées en appel devant la Cour d’Appel.

Paragraphe 3 : LA COUR D’ASSISES

A) Organisation

102
La Cour d’assises comprend des magistrats professionnels et des citoyens
formant le jury. Le parquet de la Cour d’assises est assuré par un membre du
parquet de la Cour d’Appel ou du tribunal régional.

B) La compétence

La cour d’assises est compétente pour connaître des crimes. Ce sont les
infractions les plu graves. Les décisions de la cour d’assises sont des arrêts.
Elles ne sont pas susceptibles d’être frappées d’appels. Le plaideur insatisfait n’a
qu’une seule voie pour défendre ses intérêts : le pourvoi en cassation.

Paragraphe 4 : LA COUR D’APPEL

C’est une juridiction du second degré.

A) Organisation :

Les magistrats appartiennent au siège ou au parquet. Pour les formations


maintenant, il faut retenir que la Cour d’appel est divisée en plusieurs chambres :

- deux chambres civiles et commerciales,


- deux chambres correctionnelles,
- deux chambres sociales,
- une chambre d’accusation.
B) La Compétence :

L’instruction est assurée par la chambre d’accusation.


En matière criminelle, la chambre d’accusation a un pouvoir considérable. Elle
procède à un second examen du dossier d’instruction. Au terme de cette 2 ème
instruction, elle peut renvoyer l’affaire devant la cour d’assises si elle estime que
les charges sont suffisantes.

En matière de jugement, les chambres de la cour d’appel selon leur compétence


connaissent des appels interjetés contre les décisions rendues par les tribunaux
régionaux en matière civile commerciale, pénale ainsi que celles des tribunaux du
travail.

En clair, cela veut dire qu’en matière civile et commerciale, les décisions du
tribunal régional rendues en 1er ressort sont portées devant les chambres civiles

103
et commerciales de la cour d’appel (toutes les questions immobilières jugées par
le tribunal régional, les actions personnelles ou mobilières dont la valeur en
argent excède un million de Francs CFA).

Les décisions de la cour d’appel sont des arrêts. Ils peuvent faire l’objet d’un
pourvoi en cassation devant la cour de cassation.

Section 2 : LES JURIDICTIONS SPECIALISEES

Ces juridictions ne connaissent que des matières que la loi leur attribut de façon
spéciale.

Paragraphe 1 : LE TRIBUNAL POUR ENFANTS

A) Organisation

C’est une juridiction régionale. Il est composé d’un magistrat désigné par le
Président du tribunal régional.
L’instruction des affaires est assurée par un juge d’instruction du tribunal
régional.
Auprès du tribunal, on peut trouver des enquêteurs, des assistants sociaux et
des éducateurs.

B) Compétence

Le tribunal pour enfant se prononce sur les infractions commises par les mineurs
délinquants (les individus qui n’ont pas encore 18 ans). Il peut également être
saisi pour se prononcer sur la situation des mineurs en danger.
Un mineur est en danger physique ou moral lorsque sa santé, sa sécurité, sa
moralité ou son éducation sont compromises.
Le tribunal prononce exceptionnellement des peines.

Paragraphe 2 : LE TRIBUNAL DU TRAVAIL

A) Organisation

Il se compose d’un Président et de plusieurs magistrats.

104
A l’audience à côté du Président, siège deux assesseurs employeurs et deux
assesseurs employés.

B) La compétence

Les conflits individuels entre employeur et employé.

Exemple : les conditions du travail, les licenciements sont portés devant cette
juridiction.

Le tribunal se prononce également sur le contentieux des accidents du travail et


celui des institutions de sécurité sociale.
Les décisions du tribunal sont rendues en 1èr et dernier ressort lorsque le taux
du litige est inférieur ou égal à cinq cent mille francs et en 1 èr ressort lorsque la
demande excède cette somme.
Le jugement rendu en 1èr ressort peut être porté en appel devant la cour d’appel.
Par contre, le jugement rendu en dernier ressort va en cassation devant la cour
de cassation.

Paragraphe 3 : LA COUR DE REPRESSION DE L’ENRICHISSEMENT


ILLICITE

Elle a été créée en 1981.

A) Organisation

La cour est présidée par un magistrat assisté de quatre assesseurs qui eux aussi
sont des magistrats.
Les fonctions de Ministère Public sont assurées par un procureur spécial assisté
d’un substitut. Le procureur et son substitut sont aussi des magistrats.
La cour comprend en outre une commission d’instruction composée d’un Président
et de trois juges. Les membres de la commission sont aussi des magistrats.

105
B) La compétence

La cour connaît du délit d’enrichissement illicite. Le délit est réalisé lorsqu’une


personne après avoir reçu une mise en demeure du procureur spécial est dans
l’impossibilité de justifier l’origine licite des ressources qui lui permettent d’être
en possession d’un patrimoine ou de mener un train de vie sans rapport avec ses
revenus légaux.

Paragraphe 4 : LA HAUTE COUR DE JUSTICE

A) Organisation

La Haute cour de justice se compose du 1er Président de la Cour de Cassation qui


assure la présidence et de huit juges titulaires.
Le parquet est assuré par le Procureur Général près la Cour de Cassation.

B) La compétence

La Cour connaît de la haute trahison. Cette infraction ne peut être imputée qu’au
Président de la République.
Elle est également compétente pour juger les membres du gouvernement
coupables de crimes ou de délits dans l’exercice de leur fonction.
Elle est aussi compétente pour juger les complices des Ministres dans le cas de
complots contre la sûreté de l’Etat.
Les arrêts de cette juridiction ne sont susceptibles d’aucun recours.

Paragraphe 5 : LA JUSTICE MILITAIRE

Elle est confiée aux juridictions ordinaires à formation spéciale.

A) Organisation

Ce sont les juridictions de Dakar qui sont compétentes : la Cour d’appel, le


Tribunal Régional et la Cour d’assises.
Ces juridictions siégeant en matière militaire sont complétées par des
assesseurs ayant au moins le même grade que la personne poursuivie.

B) La compétence

Ces juridictions connaissent des infractions d’ordre militaire


Exemple : insoumission, complot militaire.

106
Elles connaissent également des infractions de droit commun. Il s’agit dans ce
cas de crimes, délits et contraventions de toutes natures. Il suffit seulement
que ces infractions soient réalisées par un militaire.

SECTION 3 : LES JURIDICTIONS SUPREMES

Il existe au Sénégal quatre juridictions suprêmes : la Cour de Cassation, le


Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel et la Cour des Comptes.

Paragraphe 1 : LA COUR DE CASSATION

Elle est réglée par une loi de 1992.

A) Organisation

La Cour de Cassation dispose de personnel magistrat réparti en un certain


nombre de formations spécialisées.
1. Le personnel magistrat

Les magistrats appartiennent au siège ou au parquet. Ils sont nommés par


décret.

2. Les formations spécialisées

Il s’agit de formations juridictionnelles au sein de la Cour de cassation. On


distingue les chambres et les chambres réunies.
a) Les chambres :

La cour de Cassation est divisée en trois chambres :


 la 1ère chambre est compétente en matière pénale,
 la 2ème chambre se prononce en matière civile et commerciale
 la 3ème chambre connaît des pourvois en matière sociale.

b) les chambres réunies :

Elles comprennent le 1er Président de la Cour de cassation, les Présidents des


chambres et les conseillers.

B) La Compétence

107
La Cour de cassation est compétente pour examiner les pourvois introduits
devant elle contre les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions
du 1er degré ou les juridictions d’appel.

Elle ne représente pas un 3ème degré de juridiction. Son rôle n’est pas de
procéder à un nouvel examen des faits soumis à l’appréciation des juges du fond
(également appelés juges du fait). Sa fonction consiste à vérifier si la règle de
droit a été correctement appliquée par la juridiction dont émane la décision
attaquée. C’est pour cette raison qu’on dit que la Cour de cassation n’est pas juge
du fait mais juge du droit. Saisie d’un pourvoi en cassation, la Cour de cassation
peut rendre soit un arrêt de cassation, soit un arrêt de rejet.

 L’arrêt de cassation :

La Cour de cassation retient cette solution lorsqu’elle pense que la décision


portée à sa connaissance n’est pas conforme à la règle de droit. Dans ce cas, elle
renvoi l’affaire devant une juridiction différente du même degré que celle qui a
rendu la décision cassée ou devant la même juridiction autrement composée. Le
litige reprend devant cette juridiction de renvoi. Il y a deux possibilités :

1. soit, se conformer à la décision de la Cour de cassation,


2. soit, maintenir la solution de la juridiction dont la décision a été cassée.
Dans cette dernière hypothèse, si la décision du juge de renvoi est attaquée par
les mêmes moyens (arguments juridiques), et entre les mêmes parties, le 2 ème
pourvoi est porté devant les chambres réunies.

Les chambres réunies peuvent rejeter le 2 ème pourvoi. Elles peuvent également
casser la décision du juge de renvoi. Dans ce cas, elles désignent une autre
juridiction pour décision au fond (pour juger).
Cette 2ème juridiction de renvoi devra se conformer à la question de droit jugé
par les chambres réunies. La cour de cassation impose ainsi le respect de
l’interprétation qu’elle a donnée dans une formation qui exprime l’opinion de
toutes les chambres.

 L’arrêt de rejet

La cour de cassation retient cette solution lorsqu’elle estime que la thèse de la


décision est fondée. En clair, elle confirme la décision attaquée.

Paragraphe 2 : LE CONSEIL D’ETAT

108
Il a été créé en 1992.

A) Organisation

1. Le personnel magistrat

Les magistrats sont nommés par décret et ils ont le même statut que les
personnels magistrats de la cour de cassation.

2. Les formations spécialisées

a) les sections :

Le Conseil d’état comprend deux sections. Chaque section est présidée par un
Président. Les sections connaissent de toutes les questions administratives
portées à l’attention de cette haute juridiction.
Exemple : recours de pouvoir pour excès de pouvoir.

b) Les sections réunies

Elles comprennent outre le Président du Conseil d’état, les Présidents de


sections et les conseillers.

B) Compétence

Comme le juge, le Conseil d’état connaît du recours pour excès de pouvoir. Il


connaît également du pourvoi dirigé contre les décisions rendues par la chambre
de discipline financière de la Cour des comptes.
Comme organe consultatif, il donne son avis sur les projets ( propositions) de loi
émanant du Président de l’assemblée Nationale.

Paragraphe 3 : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Il est créé en 1992.

A) Organisation

109
Le conseil comprend cinq juges nommés par décret. Ces juges sont assistés dans
leur fonction par des magistrats des cours et tribunaux choisis par le Président
du Conseil constitutionnel.

B) Compétence

Le Conseil constitutionnel est chargé de recevoir les candidatures à la


Présidence de la République. Il arrête la liste des candidats, statue sur les
contestations relatives aux élections du Président de la République et des
Députés à l’assemblée Nationale et proclame les résultats.
Le Conseil donne aussi son avis sur tous les projets de loi que le Président de la
République souhaitait soumettre au référendum.
Il est également compétent pour contrôler la constitutionalité des lois
ordinaires.
Enfin, il vérifie si les accords internationaux signés par le Sénégal sont
conformes à la constitution.

Paragraphe 4 : LA COUR DES COMPTES

Elle a été créée en 1999.

A) Organisation

Le nombre de magistrats constituant la Cour des comptes est fixée par décret.
La Cour des comptes est divisée en plusieurs chambres. Chacune d’elles a une
compétence particulière.

B) La Compétence

La Cour juge les comptes des comptables publics. Elle vérifie également les
comptes des entreprises du secteur public.
Elle exerce enfin une fonction juridictionnelle de discipline financière. Elle
exerce ici les attributions de l’ancienne cour de discipline budgétaire. A ce titre,
elle connaît en matière de dépenses des engagements irréguliers.

L’enregistrement d’une dépense est irrégulier lorsque celui qui l’a fait n’a pas
reçu de délégation de signature à cet effet.

Elle connaît également de la violation de la réglementation des marchés publics.

110
En matière de recettes maintenant, elle connaît de la violation des règles
gouvernant l’exécution des recettes.

Comme chambre de discipline financière, la cour peut prononcer une amende dont
le minimum ne peut être inférieur à 50 000 Francs CFA et dont le maximum
pourra atteindre le double du montant du traitement ou du salaire brut annuel à
l’auteur des faits à la date de leur commission.

3ème partie

LES PERSONNES

Il s’agit dans ce cadre d’étudier les personnes en deux titres : le 1er titre sera
consacré à l’individualisation des personnes physiques et des personnes morales :
le 2ème titre portera de façon exclusive sur la capacité des personnes physiques.

TITRE 1 : L’INDIVIDUALISATION DES PERSONNES

L’étude concerne les personnes physiques et les personnes morales.

111
SOUS-TITRE  1 : LES PERSONNES PHYSIQUES

Elles sont faciles à définir. Elles sont constituées exclusivement par les êtres
humains. Il convient d’étudier la personnalité des être humains avant de voir les
techniques d’individualisation utilisées par le droit.

Chapitre 1 : LA PERSONNALITE DES ETRES HUMAINS

Au regard du droit, tous les êtres humains ont une personnalité juridique. On
appelle personnalité juridique l’aptitude à avoir des droits et des obligations.
Examinons dans ce cas la parution et disparition de la personnalité juridique.

SECTION 1 : APPARITION DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE

La personnalité juridique commence en principe avec la naissance.

Paragraphe 1 : LE PRINCIPE : LA NAISSANCE

En droit sénégalais, la personnalité juridique est fixée au jour de la naissance. Il


suffit seulement que l’être humain remplisse une condition : être vivant. Etre
vivant signifie que l’être humain doit avoir respiré au moment de la naissance. Il
résulte de cette règle que le mort-né c’est à dire celui qui était déjà mort dans
le sein de sa mère ou qui est mort pendant l’accouchement n’a pas la personnalité
juridique. Cela veut dire que le droit ne lui reconnaît aucune existence juridique.

Paragraphe 2 : LE TEMPERAMENT AU PRINCIPE

La personnalité commence en principe à la naissance. Toutefois si l’intérêt de


l’enfant l’exige, celui-ci peut acquérir des droits dès le moment de sa conception
pourvu qu’il naisse vivant. Ainsi un enfant simplement conçu peut recueillir une
succession à condition qu’il naisse vivant.

En l’état actuel de la science, la date de la conception est impossible à fixer de


façon précise. C’est pourquoi le législateur s’est fondé sur les durées maximales
et minimales d’une grossesse pour établir de façon irréfragable le moment de la
conception d’un enfant dans le temps qui a couru entre le 180 ème jour et le 300 ème
jour avant la naissance.

112
SECTION 2 : LA DISPARITION DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE
La personnalité juridique disparaît avec le décès. Mais il existe des hypothèses
où on ne sait pas de façon précise si l’individu est vivant ou décédé. Ces
hypothèses intéressent l’absence et la disparition.

Paragraphe 2 : LE PRINCIPE

La personnalité juridique cesse avec la mort. L’heure et la date du décès doivent


être indiquées sur l’acte de l’état civil. A compter de cet instant, l’individu ne
doit plus bénéficier de la jouissance de certains droits. Mais cette règle n’est
pas appliquée de façon absolue par le droit. Plusieurs tempéraments ont été
apportés au principe selon lequel, la personnalité juridique disparaît avec le
décès.

En premier lieu, les atteintes à la mémoire d’un défunt peuvent donner lieu à des
réparations civiles au profit de ses héritiers.
En deuxième lieu, les droits patrimoniaux de la personne décédée sont transmis à
ses héritiers qui sont censés continuer sa personne.

Paragraphe 2 : LES HESITATIONS : L’ABSENCE ET LA DISPARITION

A) l’absence :
L’absent est différent du non présent.
Le non présent est vivant mais on ne sait pas où il est.
L’absent par contre est un individu qui a cessé de donner de ses nouvelles et on
ne sait pas s’il est mort ou s’il est vivant. L’absent n’est considéré comme
juridiquement mort que si on respecte la procédure minutieusement décrite par
la loi.
a)

Il faut saisir le tribunal régional du domicile ou de la résidence de l’absent. La


requête doit être introduite auprès du tribunal un an après les dernières
nouvelles.
Dès le dépôt de la demande, le tribunal désigne un administrateur provisoire des
biens. Celui-ci peut être un tiers ou le conjoint. L’administrateur provisoire a le
pouvoir de faire des actes conservatoires et des actes d’administration.
S’il y a urgence et nécessité dûment constatées, il peut être autorisé à faire des
actes de disposition.

b) 1 an après le dépôt de la requête

113
Le tribunal rend un jugement de présomption d’absence.

c) 4 ans après les dernières nouvelles

Le tribunal rend un jugement déclaratif d’absence. A partir de ce moment, le


conjoint peut demander le divorce pour cause d’absence. Les pouvoirs de
l’administrateur provisoire sont étendus aux actes d’aliénation à titre onéreux
des biens de l’absent.

d) 10 ans après les dernières nouvelles

C’est seulement en ce moment que le tribunal pourra rendre un jugement


déclaratif de décès. Ce jugement comme son nom l’indique, déclare le décès au
jour du prononcé et le dispositif (la solution) en est transmis sur les registres de
l’état civil du dernier domicile de l’absent.

A partir de cet instant, la succession de l’absent est ouverte et même s’il est de
retour, le nouveau mariage obtenu par son conjoint lui est opposable (le décès est
cause naturelle de dissolution du mariage).
En ce qui concerne les effets patrimoniaux, la loi procède de la manière
suivante :

 Si l’absent réapparaît avant le jugement déclaratif de décès, il reprend la


totalité de ses biens dès qu’il en fait la demande. L’administrateur
provisoire lui rend compte de sa gestion. Les actes d’aliénation
régulièrement conclus lui sont opposables.
 Si l’absent réapparaît après le jugement déclaratif de décès, il reprend
ses biens dans l’état où ils se trouvent sans pouvoir prétendre à la
restitution des biens aliénés.

B) La disparition

Le disparaît est une absence aggravée. Il y’a disparition lorsqu’un individu a cessé
de paraître dans des conditions mettant sa vie en danger.
Exemple : accident d’avion, tremblement de terre, noyade.

Comme dans l’absence, il n’y a pas de cadavre, il faut donc un jugement déclaratif
de décès mais contrairement à l’absence, la procédure est constituée ici par une
seule étape. Pour la déclaration de décès, la loi pose des conditions de fond et
des conditions de forme.

114
1) Les conditions de fond

Les tribunaux sénégalais peuvent déclarer le décès :


 de tout sénégalais disparu au Sénégal ou hors du Sénégal,
 de tout étranger ou apatride (une personne qui n’a pas de nationalité)
disparue soit sur le territoire sénégalais, soit à bord d’un bâtiment
(bateau ou navire) ou aéronef (avion) sénégalais soit même à l’étranger s’il
avait son domicile ou sa résidence au Sénégal.

2) les conditions de forme

La procédure est très souple. La demande de jugement déclaratif de décès est


faite sur simple requête et elle n’est soumise à aucune condition de délai car il y
a une forte probabilité que le disparu soit mort. En clair, la requête peut être
introduite à tout moment.
Le juge compétent est le tribunal régional du lieu de la disparition si celle-ci s’est
produite sur le territoire sénégalais. Dans le cas contraire, le tribunal compétent
est le tribunal régional de Dakar.

3) la demande de déclaration de décès

Si le tribunal estime après enquête que le décès est suffisamment établi, il rend
un jugement déclaratif de décès.
La déclaration de décès du disparu produit les mêmes effets que la déclaration
de décès de l’absent.
La succession du disparu est ouverte et son mariage est dissout de plein droit.
Le juge compétant est le tribunal régional du lieu de la disparition si celle-ci s’est
produite sur le territoire sénégalais. Dans le cas différent le tribunal compétant
est le tribunal régional de Dakar.

CHAPITRE 2 : LES ATTRIBUTIONS DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE

Il s’agit d’étudier ici les moyens d’individualisation de la personne.

SECTION 1 : LE NOM

C’est l’appellation qui sert à distinguer la personne physique. Les personnes


physiques sont essentiellement désignées par deux éléments : le nom
patronymique et le prénom. Le nom patronymique est le nom de famille. Le

115
prénom permet d’individualiser une personne au sein de la famille dont elle porte
le nom.
A ces deux éléments viennent s’ajouter le pseudonyme et le surnom.

SOUS-SECTION 1 : Les éléments constitutifs du nom


Il convient d’établir une distinction entre le nom patronymique et les accessoires
du nom.

Paragraphe 1 : LE NOM PATRONYMIQUE

Le nom patronymique s’acquiert par différents moyens et on peut le changer


mais de façon exceptionnelle.

A) L’ACQUISITION DU NOM

Il y a trois modes d’acquisition du nom : la filiation, le mariage et


exceptionnellement, l’intervention de l’autorité publique.

1) La filiation

Dans la famille légitime, l’enfant porte le nom de son père. Dans la famille
naturelle, l’enfant porte le nom de sa mère mais en cas de reconnaissance par son
père, il porte le nom de celui-ci.
Pour la filiation adoptive, il faut distinguer l’adoption simple de l’adoption
plénière.

a) l’adoption simple :
L’adopté ajoute à son nom patronymique celui de son adoptant mais le tribunal
peut décider que l’enfant ne portera que le nom de l’adoptant.

b) l’adoption plénière :
L’adopté prend toujours le nom de l’adoptant et en cas d’adoption par deux époux
celui du mari.

2) Le mariage

La femme mariée acquiert l’usage du nom de son mari. En cas de divorce, la


femme peut continuer à user du nom de son mari sauf si ce dernier s’y oppose
expressément.

116
3) l’intervention de l’autorité publique

Le nom patronymique s’acquiert par une décision administrative s’il s’agit d’un
enfant trouvé et dont l’origine est inconnue.
Dans cette hypothèse, il revient à l’officier de l’état civil d’attribuer un nom à
cet enfant.

B) LE CHANGEMENT DE NOM
Le changement de nom est possible dans deux hypothèses :

a) Le changement de nom résultant d’un changement d’état

L’établissement de la filiation peut provoquer un changement de nom.


Exemple : la reconnaissance d’un enfant naturel.

L’enfant naturel porte le nom de sa mère. En cas de reconnaissance, il porte le


nom de son père.

b) le changement de nom peut résulter d’un décret

Le nom peut être changé si le demandeur invoque un motif légitime.


Exemple : est légitime le changement de nom pour cause de naturalisation.

Autre exemple : est légitime le changement fondé sur le fait que le nom d’origine
est ridicule.

La demande de changement est adressée au Ministère de la justice. Après


réception de la demande, le Ministre procèdera à sa publication au journal
officiel. Si aucune protestation n’est élevée dans le délai d’un an à compter de
cette publication, le Président de la République autorise le changement de nom
par décret. Ce décret sera publié au journal officiel.

Paragraphe 2 : LES ACCESSOIRES DU NOM

Les accessoires sont le prénom, le surnom et le pseudonyme.

A) LE PRÉNOM

117
C’est un accessoire obligatoire. Il précède le nom patronymique et sert à
individualiser une personne dans la famille dont elle porte le nom. Il faut donc
avoir un prénom mais on peut avoir plusieurs prénoms.

1) la détermination du prénom

Le prénom résulte d’une indication portée sur l’acte de naissance. Son choix
appartient à la personne qui déclare la naissance de l’enfant.

2) le changement du prénom

Le changement est possible dans deux hypothèses :

a) Pour cause d’intérêt légitime


Il y a intérêt légitime lorsque le changement du prénom est fondé sur des
considérations religieuses. Le changement est également légitime dans le cas où
le prénom est ridicule. Le changement n’est possible que par jugement.

b) L’adoption

Comme dans l’hypothèse précédente, il faut un jugement. Le tribunal peut sur la


demande de l’adoptant, modifier le prénom de l’enfant adopté.

B) LE SURNOM ET LE PSEUDONYME

Ce sont des accessoires facultatifs.

1) Le surnom

C’est une appellation employée par le public pour distinguer une personne. Il est
souvent précédé du mot « dit ».

2) Le pseudonyme

C’est une appellation volontairement choisie par celui qui le porte. Généralement
pour conserver l’anonymat dans sa vie professionnelle surtout dans les
professions littéraires et artistiques.

SOUS-SECTION 2 : Les caractères et la protection du nom

118
Paragraphe 1 : LES CARACTERES

Le nom a trois caractères. Il est immuable, indisponible et imprescriptible.

A) LE NOM EST IMMUABLE

Le nom est attribué de façon définitive. Il ne peut être modifié selon le bon
vouloir de son titulaire. Celui-ci doit le conserver mais la règle de l’immuabilité
n’est pas absolue. La loi admet les changements de nom dans des cas
exceptionnels.

B) LE NOM EST INDISPONIBLE

Le nom ne peut faire l’objet de convention. C’est un droit attaché à la personne.


Ce principe de l’indisponibilité souffre de limite qu’il faut bien relever. Rien
n’interdit une personne de faire le commerce sous son propre nom. Il faut noter
cependant que le nom sous lequel on exerce une activité commerciale est appelé
nom commercial. Il se distingue donc du nom civil qui permet d’individualiser la
personne. Le nom commercial lui est un élément du fonds de commerce et à ce
titre, il peut être vendu.

C) LE NOM EST IMPRESCRIPTIBLE

Le nom est attaché à la personne. En conséquence, il est imprescriptible c’est à


dire le nom ne se perd ni ne s’acquiert par un long usage.

Paragraphe 2 : LA PROTECTION DU NOM

Le titulaire du nom est protégé contre toute usurpation de son nom par un tiers.
Il y a usurpation lorsqu’un individu porte de façon illégitime le nom d’autrui. Dans
ce cas, le titulaire du nom a le droit d’agir en contestation contre le tiers
usurpateur.
Pour la réussite de cette action, il suffit seulement qu’il existe un risque de
confusion contre le titulaire du nom et le tiers usurpateur.

Le titulaire du nom a aussi le droit de s’opposer à toute utilisation abusive de son


nom. L’utilisation du nom est abusive lorsqu’il existe un risque de confusion
préjudiciable pour le véritable titulaire du nom. Pour les romans, le cinéma et le

119
théâtre, les juges pensent que le préjudice est établi lorsque le héros qui porte
le nom du demandeur en justice est un personnage ridicule ou odieux.

SECTION 2 : LE DOMICILE

Dans le langage usuel, on confond toujours la résidence avec le domicile ou on les


définit comme étant le lieu où vit une personne.

Dans le langage juridique, ces deux notions ont un sens beaucoup plus précis.

Le domicile est le lieu du principal établissement de l’individu. En d’autre


terme, c‘est le lieu où est censé se trouver une personne.

La résidence quant à elle, est le lieu où se trouve une personne de façon


effective pourvu toutefois que ce ne soit pas de manière passagère sinon il y
aurait tout simplement une habitation.
Le droit attache au domicile plusieurs intérêts. On donnera quelques indications.

C’est le domicile qui permet de déterminer la compétence des juridictions (le


tribunal compétent pour connaître des litiges entre particuliers est celui du
domicile du défendeur). Il faut signaler également que les actes de procédure
(exemple : les assignations en justice) sont signifiés à la personne à son domicile.
Enfin c’est au domicile que sont réalisés certains actes très importants : le
mariage, le paiement des dettes, le vote, l’impôt, etc…

Les fonctions du domicile ainsi énumérées n’ont cependant d’utilité que si on


réussit à localiser l’individu dans l’espace. Ce qui n’est pas toujours facile. Il est
donc opportun d’envisager les règles forgées par la loi pour la détermination du
domicile avant d’examiner les caractères qui sont attachés à la notion de
domicile.

Paragraphe 1 : LA DETERMINATION DU DOMICILE

Le domicile peut être déterminé de façon volontaire. La loi peut aussi fixer un
domicile pour certaines personnes.

A) LA DÉTERMINATION VOLONTAIRE DU DOMICILE

120
La loi définit le domicile comme le lieu où la personne a son principal
établissement. Mais elle laisse à chacun la liberté de fixer son domicile où il le
désire : le principal établissement n’est pas défini par la loi. Il peut donc s’agir de
la résidence. Il peut également s’agir du lieu où l’individu exerce son activité
professionnelle.

B) LA DÉTERMINATION LÉGALE DU DOMICILE

La loi peut déterminer le domicile de certaines personnes. Les personnes visées


sont frappées d’incapacité. Il s’agit du mineur non émancipé et du majeur en
tutelle. Ces personnes ont pour domicile celui de leur représentant légal.

Paragraphe 2 : LES CARACTERES

Le domicile en tant qu’élément d’individualisation doit présenter certains


caractères :

A) LE DOMICILE EST OBLIGATOIRE

Toute personne a un domicile. Il en est ainsi puisque tout individu a une


personnalité. Quand on ne peut déterminer quel est le domicile d’une personne,
on a souvent recours à sa résidence. Mais lorsqu’on ne peut déterminer ni son
domicile, ni sa résidence, on a recours à la notion de domicile d’origine c’est à
dire, le domicile que la personne avait à sa naissance et qu’elle est censée avoir
conservé tant qu’elle n’a pas manifesté l’intention d’en changer.

Ainsi le jeune homme qui continu à vivre chez ses parents après sa majorité,
continue à y être domicilié tant qu’il n’a pas choisi un autre domicile.
B) L’UNITÉ DU DOMICILE

Toute personne n’a qu’un domicile. Ce principe souffre de tempérament. A côté


du domicile, il existe des domiciles spéciaux qu’il faut bien connaître.

1) Le domicile élu

C’est le domicile choisi par les parties au moment de la conclusion d’un acte
juridique. En cas de procès, le tribunal du domicile choisi est compétent à
condition que le litige porte sur l’acte juridique conclu par les parties.

2) Le domicile apparent

121
C’est le domicile que les tiers attribuent par erreur à l’individu. Ce domicile a la
même valeur que le domicile réel et les assignations faites par les tiers en ce lieu
sont valables.
Par exemple, on ne connaît ni le domicile ni la résidence de la personne, dans ce
cas, les tiers pourront assigner la personne devant le tribunal du lieu où se
trouve son habitation (l’habitation servira ici de résidence et même de domicile).

C) LE DOMICILE EST FIXÉ

Le domicile contrairement à la résidence ne suit pas les mouvements de la


personne. Il est fixé mais la règle de la fixité ne signifie pas qu’on ne peut pas
changer de domicile. Le changement est possible si deux conditions sont
remplies :

1° Il faut que l’individu transfert son principal établissement,


2° Il faut que l’individu ait la volonté de s’installer dans son nouveau principal
établissement.

SECTION 3 : LA NATIONALITE

C’est le lien juridique qui attache une personne à un Etat.

Paragraphe 1 : L’ATTRIBUTION DE LA NATIONALITE SENEGALAISE

Elle repose sur la naissance ou la filiation


A) L’ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ SÉNÉGALAISE PAR LA
NAISSANCE SUR LE TERRITOIRE DU SÉNÉGAL

En principe est sénégalais, l’enfant né au Sénégal si l’un de ses parents est né au


Sénégal. De même l’enfant nouveau-né au Sénégal acquiert la nationalité
sénégalaise.

B) L’ATTRIBUTION DE LA NATIONALITÉ SÉNÉGALAISE FONDÉE


SUR LA FILIATION A L’ÉGARD D’UN NATIONAL SÉNÉGALAIS

122
Est sénégalais, l’enfant naturel ou légitime dont l’un des parents au moins a la
nationalité sénégalaise.

Paragraphe 2 : L’ACQUISITION DE LA NATIONALITE SENEGALAISE

On peut intégrer la communauté sénégalaise soit par un mariage, soit par


naturalisation.

A) LE MARIAGE

La femme étrangère qui épouse un sénégalais acquiert la nationalité au moment


de la célébration du mariage mais le gouvernement peut s’y opposer par décret.
De même l’étrangère concernée peut décliner la nationalité sénégalaise et
conserver sa nationalité d’origine.

B) LA NATURALISATION

La naturalisation est l’octroi discrétionnaire par un état déterminé de sa


nationalité à un étranger qui l’a sollicité. Les conditions sont les suivantes :

- Il faut avoir au moins 18 ans,

- Il faut avoir sa résidence habituelle au Sénégal pendant 10 ans. Ce


délai peut être réduit à 5 ans pour ceux qui ont épousé une
sénégalaise ou ceux qui ont servi pendant 5 ans dans une
administration sénégalaise, un service public ou étranger qui ont
rendu au Sénégal un service important.

- Il faut entendre par résidence habituelle, l’établissement à


demeure sur le territoire de la république sans esprit de fixation
ultérieure dans un autre état.

- Il faut être sain de corps et d’esprit. La loi a cependant prévu une


exception : les maladies ou infirmité contractées au service du
Sénégal.

- Enfin, il faut être de bonne moralité.

La procédure de naturalisation est très simple. Il revient à l’intéressé qui veut


intégrer la communauté sénégalaise d’adresser une demande au Président de la

123
République par le biais de la Direction de la Naturalisation du ministère de la
justice. Après enquête par les soins de ce service, le Président de la République
prend sa décision par décret. L’étranger naturalisé est assimilé à un citoyen
sénégalais.

SOUS-TITRE 2 : LES PERSONNES MORALES

La notion de sujet de droit ne se confond pas nécessairement et exclusivement


avec la notion de personne physique.
Le droit reconnaît aussi la qualité de sujet de droit à certains groupements
représentant une collectivité d’intérêts.

CHAPITRE 1 : LES DIFFERENTES CATEGORIES DE PERSONNES


MORALES

Les personnes morales relèvent du droit public ou du droit privé.

SECTION 1 : LES PERSONNES MORALES DE DROIT PUBLIC

Elles sont constituées par l’état, les communes, les communautés rurales, les
départements, les régions et les établissements publics (université par exemple).

SECTION 2 : LES PERSONNES MORALES DE DROIT PRIVE

Elles se subdivisent en deux catégories.

Paragraphe 1 : LES GROUPEMENTS DE PERSONNES

Ce sont des groupements ayant un but commun qui peut être lucratif ou non
lucratif.

A) LES GROUPEMENTS À BUT LUCRATIF

Leur objectif est la recherche et le partage des bénéfices. Il en va ainsi pour les
sociétés commerciales ou civiles.
Pour les sociétés commerciales on peut citer comme exemple la société anonyme
et également la société en nom collectif.

124
Dans la société anonyme, les associés sont tenus du paiement du passif social
jusqu’à concurrence de leur apport.
Pour les sociétés en nom collectif, les associés sont tenus personnellement et de
manière indéfinie du montant du passif social.

B) LES GROUPEMENTS À BUT NON LUCRATIF

Ce sont les associations dont les membres poursuivent un but charitable,


culturel, sportif ou politique…
Certaines associations ont un régime particulier. C’est le cas des syndicats qui
ont pour but la défense des intérêts de la profession.

GIE : un cadre juridique intermédiaire entre les sociétés et les associations, est
constitué par les groupements d’intérêts économiques (GIE). Le GIE a pour but
exclusif de mettre en œuvre pour une durée déterminée, tous les moyens
propres à faciliter ou développer l’activité économique de ses membres à
améliorer ou à accroître les résultats de cette activité. Cette activité doit se
rattacher à celle de ses membres. Le GIE ne donne pas lieu par lui-même à la
réalisation et au partage des bénéfices.

Paragraphe 2 : LA FONDATION

C’est l’affectation d’une masse de biens à une œuvre d’intérêt général. Elle a le
plus souvent un but charitable ou culturel.
Exemple : fondation Léopold S. SENGHOR
La fondation n’a la personnalité morale que si elle est reconnue comme étant
d’utilité publique par décret.

CHAPITRE 2 : LES ATTRIBUTS DE LA PERSONNALITE MORALE

SECTION 1 : LE PATRIMOINE

La personne morale a une autonomie patrimoniale c’est à dire un patrimoine


distinct de celui de ses membres. Elle a donc une existence qui ne se confond pas
avec celle des personnes qui l’ont créée.

SECTION 1 : L’ETAT DES PERSONNES MORALES


La personne morale a un nom. Pour les associations on parle de titre, pour les
sociétés de dénomination sociale. La personne morale a aussi un domicile : c’est
son siège social mais la personne morale (une société par exemple) peut être

125
assignée devant les tribunaux dans le ressort duquel sont situées ses
succursales. C’est la théorie dite des gares principales. Cette théorie enseigne
que chaque succursale peut être considérée par les tiers comme étant le domicile
de la personne morale.
La personne morale a enfin une nationalité qui la soumet aux lois d’un état
déterminé. En principe pour les sociétés commerciales cette nationalité dépend
du lieu où se trouve le siège social.

TITRE 2 : LA CAPACITE JURIDIQUE

La capacité revêt deux aspects : il peut s’agir d’une capacité de jouissance et


d’une capacité d’exercice.
La capacité de jouissance est l’aptitude d’une personne à acquérir des droits à en
être titulaire.
Exemple : être propriétaire d’une maison.
La capacité d’exercice est l’aptitude à exercer des droits dont on est titulaire.
Exemple : recevoir les loyers d’une maison, vendre une maison.
Certaines personnes pour des raisons diverses voient l’étendue de leur capacité
limitée par la loi. Il existe des incapacités de jouissance et des incapacités
d’exercice.

Les incapacités de jouissance sont très rares. A titre d’exemple, on peut citer
les condamnés à une peine perpétuelle qui sont privés de certains droits.
Les incapacités d’exercices elles sont prévues par la loi pour protéger les
personnes qui n’ont pas une maturité d’esprit, une aptitude intellectuelle pour
comprendre la portée de leurs actes.
En limitant la réflexion aux seules incapacités d’exercice, on pourra observer
qu’elles s’appliquent d’une manière absolue aux mineurs et de façon occasionnelle
aux majeurs.
CHAPITRE 1 : L’INCAPACITE DES MINEURS

SOUS-CHAPITRE 1 : LA CONDITION JURIDIQUE DES MINEURS

Il faut distinguer selon que le mineur est non émancipé ou émancipé.

SECTION 1 : LE MINEUR NON EMANCIPE


L’incapacité du mineur non émancipé est générale. Faute d’une maturité
suffisante, le mineur est présumé incapable de se gouverner lui-même ou
d’exercer lui-même ses droits de nature patrimoniale.
Paragraphe 1 : L’ETENDUE DE L’INCAPACITE DU MINEUR NON
EMANCIPE

126
Tous les actes juridiques doivent en principe être passés pour le mineur par son
représentant légal. Cette incapacité souffre de tempéraments qu’il y a lieu de
relever :
Ainsi dans le droit de la famille, le mineur peut se marier lui-même. Pour cet
acte d’ordre personnel, la loi n’admet pas la représentation. Il est seulement
demandé au mineur de se marier avec l’autorisation de ses parents.
Egalement en droit du travail, un mineur peut bien souscrire un contrat de
travail et disposer de ses revenus. Il peut accomplir des actes conservatoires
(ex : souscrire un contrat d’assurance, inscrire une hypothèque).

Paragraphe 2 : LA SANCTION DE L’INCAPACITE DU MINEUR

Les actes passés par le mineur au mépris des règles de protection (ex : actes de
disposition, actes d’administration), sont frappés de nullité relative.
Exemple : passer un contrat de bail, acheter une voiture.

Mais la loi précise que le mineur ne peut faire prononcer la nullité que s’il a été
lésé.
Le mineur est lésé lorsque l’acte lui est préjudiciable. Il en va ainsi lorsque son
contractant a abusé de son inexpérience et lui a imposé des conditions
onéreuses.

SECTION 2 : LE MINEUR EMANCIPE

La majorité est fixée à 18 ans. Les individus des deux sexes qui n’ont pas encore
l’âge de 18 ans sont des mineurs. Ils font l’objet en raison de leur âge d’un régime
de protection. Cependant, le mineur peut être affranchi de ce régime de
protection par l’émancipation. Le mineur peut être émancipé par le mariage.
Le mineur émancipé est assimilé à un majeur. Il peut accomplir tous les actes de
la vie civile.
Exemple : choisir un domicile, gérer ses revenus ou ses biens, faire du
commerce.

SOUS-CHAPITRE 2 : LE REGIME DE PROTECTION DES MINEURS

Le régime de protection est constitué selon le cas soit par la puissance


paternelle soit par la tutelle.

SECTION 1 : LA PUISSANCE PATERNELLE

127
Paragraphe 1 : ATTRIBUTION DE LA PUISSANCE PATERNELLE

La loi conformément à la nature a placé le mineur sous l’autorité de ses parents.


Comme cette autorité est concrètement dévolue au père elle est dénommée
puissance paternelle. Mais cette appellation ne signifie pas qu’elle ne puisse le
cas échéant, être exercée par la mère. Au contraire, il en va même ainsi dans
plusieurs hypothèses : perte de la qualité de chef de famille par le père en raison
par exemple de son éloignement, de son absence ou de l’impossibilité de
manifester sa volonté. Il en va encore ainsi en cas d’abandon de famille, de décès
du père ou lorsque le comportement de celui-ci ne permet pas de lui attribuer la
qualité de chef de famille (père alcoolique).
En cas de divorce, la puissance paternelle appartient au parent qui a la garde de
l’enfant. Au décès des deux parents, elle est exercée par le tuteur.
En matière de filiation naturelle, la puissance paternelle est conditionnée par la
reconnaissance de l’enfant.

Paragraphe 2 : LES DROITS CONSTITUANTS LA PUISSANCE


PATERNELLE

Le titulaire de la puissance paternelle a le droit de diriger, de gouverner la


personne de l’enfant. Les droits portent également sur les biens de l’enfant
mineur. Ces droits consistent d’une part en une administration légale et d’autre
part en un droit de jouissance légale.

1° L’administration légale :

Le mineur n’administre pas lui-même ses biens. Il a un représentant légal.


L’administrateur légal peut être le père ou la mère. Il accomplit seul les actes
d’administration.
Exemple : passer un contrat de bail, perception de revenus ou de capitaux.
Mais il faut l’autorisation du juge des tutelles (tribunal départemental) pour
accomplir des actes de disposition.
Exemple : un emprunt, une vente de gré à gré (amiable) d’un immeuble ou d’un
fond de commerce. La vente de meubles de valeur représentant une part
importante du patrimoine du mineur.
La loi lui interdit de procéder à des actes de disposition à titre gratuit
(donation). Il lui est également interdit de faire du commerce pour le compte du
mineur. Signalons qu’à l’administration légale est attachée la jouissance légale.

2° La jouissance légale :

128
La loi accorde au parent qui a la charge de l’administration légale, le droit de
jouir des biens de l’enfant. Ce droit lui permet de percevoir et de s’approprier
les revenus de l’enfant mais une obligation doit être respectée : l’administrateur
légal doit utiliser une partie des revenus en vue de l’entretien ou de l’éducation
de l’enfant. Le droit de jouissance porte en principe sur l’ensemble du patrimoine
de l’enfant.
Cependant certains biens échappent à ce droit de jouissance.
Tout d’abord la loi vise les biens acquis par l’enfant au moyen de son travail. Elle
décide également que les biens donnés ou légués à l’enfant ne sont pas concernés
par le droit de la jouissance s’il existe une disposition expresse qui interdit ce
droit au père ou à la mère.

SECTION 2 : LA TUTELLE

Paragraphe 1 : OUVERTURE DE LA TUTELLE

La tutelle ne s’ouvre en principe qu’au décès du père et de la mère. Elle s’ouvre


également du vivant de l’un ou des deux autres parents. Il en va ainsi pour
l’enfant naturel non reconnu. En outre, le juge peut décider pour des raisons
d’opportunité de mettre un enfant en tutelle quelle que soit sa qualité. C’est le
cas par exemple où l’un des parents est décédé et que l’autre n’est pas en mesure
d’assurer sa protection (la mère est prostituée notoire et ce comportement peut
porter atteinte à l’intérêt du mineur). Dans cette hypothèse un tiers pourra être
désigné par le juge.

Paragraphe 2 : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA TUTELLE

Le tuteur représente le mineur dans tous les actes de la vie civile. Il accomplit
seul les actes d’administration (location d’un immeuble) mais doit obtenir pour les
actes de disposition (vente d’un immeuble par exemple) l’autorisation du conseil
de famille. Le conseil de famille est présidé par le juge des tutelles. Les
membres du conseil de famille sont en principe les membres de la famille du
mineur mais il peut s’agir de toute personne susceptible de s’intéresser à
l’enfant.
Ce juge des tutelles est le juge du tribunal départemental. Il a un droit de
surveillance en matière de tutelle et d’administration légale. Le dernier organe

129
de la tutelle est le subrogé tuteur. Il est désigné par le conseil de famille et il
est chargé de surveiller la gestion du tuteur.

CHAPITRE 2 : L’INCAPACITE DES MAJEURS

En principe, le majeur bénéficie de la capacité d’exercice. Cependant de façon


exceptionnelle, certains majeurs peuvent êtres privés de tout ou partie de leur
capacité d’exercice. Il en va ainsi lorsque leurs facultés mentales sont altérées
par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge.

Les actes accomplis par une personne sous l’empire d’un trouble mental sont
frappés d’une nullité relative (c’est une nullité protection). Du vivant de
l’incapable ces actes ne peuvent être attaqués que par lui-même où s’il est placé
sous un régime de protection par son représentant légal. A son décès l’action en
nullité est intentée par les héritiers. Mais, pour avoir gain de cause ils doivent
rapporter la preuve du trouble mental.

Dans tous ces régimes l’incapacité résulte d’une décision du juge des tutelles
(juge du Tribunal départemental du domicile ou de la résidence de l’incapable)
après expertise médicale.

La loi a prévu trois régimes de protection.

SECTION 1 : LA SAUVEGARDE DE JUSTICE DES MAJEURS

La sauvegarde de justice est applicable aux malades suivis dans un centre ou à


domicile. Ce régime aboutit à faire présumer l’absence de consentement du
majeur agissant seul et à confier la gestion de ses biens à un mandataire. Ce
régime permet de faire face aux effets d’une brève altération de l’esprit ou du
corps lié à une maladie dont le terme est prévisible.
SECTION 2 : LA TUTELLE

Elle est ouverte quand, en raison de son état, un majeur a besoin d’être
représenté d’une manière continue dans les actes de la vie civile. Ce régime ne
s’impose qu’en cas de graves altérations des facultés mentales ou corporelles de
la personne. A compter de l’ouverture de la tutelle, tous les actes passés par le
majeur incapable sont frappés de nullité. Ces actes antérieurs au jugement
pourront être annulés si la cause qui a déterminé l’adoption de la mesure existait
notoirement à l’époque où ils ont été faits.

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Le majeur incapable doit pour tous les actes de la vie civile se faire représenter
par un tuteur. Cependant, pour certains actes intimement liés à la personnalité,
le représentant n’est pas nécessaire. Il en va ainsi pour le mariage.
En toute logique, l’incapacité du majeur ne concerne que la gestion de ses biens.

SECTION 3 : LA CURATELLE

Sont placés sous ce régime, les personnes qui en raison de l’altération de leurs
facultés mentales ont besoin d’être conseillées ou contrôlées. Ces personnes
n’étant pas hors d’état d’agir elles-mêmes, il n’est donc pas nécessaire d’avoir
recours à une représentation continue.
Concrètement, il s’agit des individus victimes d’une altération de leurs facultés
mentales causée par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge.
Exemple : vieillesse, ivrognerie.

Sont également intéressés par ce régime les prodigues. Il faut entendre par-là
les personnes qui s’adonnent à de folles dépenses motivées par le caprice ou les
passions et qui mettent ainsi en péril leurs capitaux ou leurs revenus.
C’est le curateur qui assiste normalement la personne protégée. En principe, il
s’agit du conjoint. Dans le cas contraire, le curateur est nommé par le juge des
tutelles.

L’assistance est obligatoire pour les actes de disposition. Si le majeur en


curatelle passe outre et conclut seul un acte, lui-même et le curateur peuvent en
demander l’annulation.

L’assistance n’est pas obligatoire pour les autres actes. On peut les annuler s’il
existe un déséquilibre entre les prestations. Il en va ainsi lorsque le co-
contractant a imposé des conditions onéreuses au majeur en curatelle.

FIN

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