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DROIT DES TRANSACTIONS ELECTRONIQUES

PARTIE 2
LA CONCLUSION DES CONTRATS PAR VOIE
ELECTRONIQUE

Dr Ibrahim COULIBALY
PLAN

Chapitre 1 : Généralités sur la conclusion des contrats par voie


électronique
Chapitre 2 : La publicité par voie électronique
Chapitre 3 : Le commerce électronique
Chapitre 1 : Généralités sur la conclusion des
contrats par voie électronique

La loi ivoirienne comporte un chapitre V relatif à « la conclusion


de contrat par voie électronique » (articles 17 à 22).

Section 1 : La possibilité de conclure des contrats par voie


électronique
Section 2 : Les modalités du contrat conclu sous forme
électronique
Section 1 : La possibilité de conclure des
contrats sous forme électronique

§ 1 : La liberté du recours à la forme électronique

Article 6.1 de la Convention, « sans préjudice des dispositions légales en


vigueur dans l’Etat Partie, nul ne peut être contraint de poser un acte juridique
par voie électronique ».
A contrario tout un chacun reste libre de recourir à la forme électronique
pour la conclusion d’un contrat.
Cette disposition est reprise, en droit ivoirien, par l’article 17 de la loi sur les
transactions électroniques.
Rappel : admission de la validité des documents électroniques

A titre de rappel de cette règle, l’article 18 de la loi ivoirienne


prévoit que « la voie électronique peut être utilisée pour mettre à
disposition des conditions contractuelles ou des informations sur
des biens ou services objets de la transaction ».

Rappel : exclusions
Selon l’article 4 de la loi ivoirienne, sont exclus de son champ
d’application :
- les jeux d’argent, même sous forme de paris et loteries ;
- les activités de représentation et d’assistance en justice ;
- les activités exercées par les notaires.
§ 2 : Implications du principe de liberté
- Acceptation du principe de la transmission des documents contractuels par
voie électronique

Article 5.1 de la Convention de Malabo, « les informations qui sont demandées en


vue de la conclusion d’un contrat ou celles qui sont adressées au cours de son
exécution peuvent être transmises par moyen électronique si leurs destinataires
ont accepté l’usage de ce moyen. L’utilisation des communications électroniques
est présumée recevable sauf si le bénéficiaire a déjà exprimé sa préférence pour
un autre moyen de communication ».

En droit ivoirien, l’article 19 de la loi sur les transactions électroniques dispose,


dans le même sens, que « les informations qui sont demandées en vue de la
conclusion d'un contrat ou celles qui sont adressées au cours de son exécution
peuvent être transmises par voie électronique si leur destinataire a accepté
l'usage de ce procédé ».

La transmission par voie électronique des informations demandées en vue de la


conclusion d’un contrat par électronique est donc subordonnée au consentement
préalable du destinataire de ces informations.
Cette règle connaît une application particulière s’agissant des
professionnels. Il semble exister ici une présomption
d’acceptation de la possibilité de transmettre les informations
par voie électronique.

En effet, aux termes de l’article 20 de la loi, « les informations


destinées à un professionnel peuvent lui être adressées par voie
électronique, dès lors qu'il a communiqué son adresse
électronique.
Si ces informations doivent être portées sur un formulaire, celui-
ci est mis, par voie électronique, à la disposition de la personne
qui doit le remplir ».
Section 2 : Les modalités du contrat conclu sous
forme électronique

Il s’agira essentiellement, ici, d’étudier les conditions de


formation des contrats électroniques, à savoir l’offre et
l’acceptation.

§ 1 : L’offre par voie électronique

§ 2 : L’acceptation par voie électronique


§ 1 : L’offre par voie électronique
L’offre est la proposition ferme de conclure, à des conditions
déterminées, un contrat de telle sorte que son acceptation suffit à la
formation de celui-ci.

L’offre formulée par voie électronique doit être claire et explicite et se


distinguer nettement de la publicité ; celle dernière devant être
identifiée comme telle (voir chapitre 2, supra).

Pour qu’il y ait offre, il faut que la proposition, bien qu’étant exprimée
électroniquement, traduise un véritable engagement, que son auteur
soit animé par la volonté de s’engager, pour que l’offre revête la
précision et la fermeté qui sont les caractéristiques exigées par les
standards législatifs de référence en matière électronique.
Les textes en vigueur posent certaines conditions quant à l’offre.
La manifestation claire et compréhensible de l’offre faite par
voie électronique

Cela passe, d’une part, par la mise à disposition des conditions


contractuelles applicables (Conditions Générales de
Vente/Conditions Générales d’Utilisation) suivant un format
déterminé.

Selon l’article 5.2 de la Convention de Malabo, « le fournisseur


qui propose, à titre professionnel, par voie électronique, la
fourniture de biens ou la prestation de services, met à
disposition les conditions contractuelles applicables
directement ou indirectement, d’une manière qui permette la
conservation et leur reproduction conformément aux
législations nationales ».
C’est l’article 21 de la loi ivoirienne qui repend cette règle en prévoyant
que « le fournisseur qui propose, à titre professionnel, par voie
électronique, la fourniture de biens ou la prestation de services, met à
la disposition du public les conditions contractuelles applicables d'une
manière qui permette leur conservation et leur reproduction ».

De cet article, ressortent deux exigences majeures : la mise à


dispositions des conditions contractuelles, d’une part, la conservation
et la reproductibilité des ces conditions d’autres part.

La satisfaction de l’exigence relative à la mise à disposition des


conditions contractuelles peut résulter d’une page sur le site ou la
plateforme ou d’un lien sur le site à partir de laquelle ces conditions
sont consultables. Ces conditions doivent ensuite pouvoir être
reproduites et conservées.
La reproductibilité et la conservation supposent la possibilité
pour le destinataire d’enregistrer les conditions contractuelles
sur le disque dur de son ordinateur ou sur tout autre support
durable (clef USB) ou les imprimer sur papier, de manière à
pouvoir les consulter ultérieurement.

La conservation doit garantir la pérennité des conditions


contractuelles.
La manifestation claire et compréhensible de l’offre faite par voie
électronique passe, d’autre part, par la fourniture d’un certain
nombre d’informations au destinataire de l’offre.
A cet égard, pèse sur le prestataire de services, une véritable
obligation d’information prévue à l’alinéa 3 de l’article 21.

Aux termes de cet alinéa, « l’offre doit énoncer, en outre :


1) les différentes étapes à suivre pour conclure le contrat par voie
électronique ;
2) les moyens techniques permettant à l’utilisateur, avant la conclusion
du contrat, d’identifier les erreurs commises dans la saisie des
données et de les corriger ;
3) les langues proposées pour la conclusion du contrat ;
4) en cas d’archivage du contrat, les modalités de cet archivage par
l’auteur de l’offre et les conditions d’accès au contrat archivé ;
5) les moyens de consulter par voie électronique les règles
professionnelles et commerciales auxquelles l’auteur de l’offre entend,
le cas échéant, se soumettre ».
Durée de validité de l’offre. Eu égard à la spécificité de l’univers
électronique qui est dynamique, les informations pouvant être
continuellement actualisées ou modifiées, la loi, pour protéger
l’internaute contractant, a prévu une période ou une durée de
validité de l’offre électronique.

C’est l’objet de l’article 21 alinéa 2 de la loi ivoirienne qui dispose


que « sans préjudice des conditions de validité mentionnées
dans l'offre, son auteur reste engagé par elle tant qu'elle est
accessible par voie électronique de son fait ».

Commentaire. Cela signifie que tant que l’offre est accessible, le


cybercommerçant reste tenu à l’égard de tout destinataire. Il en
irait autrement si, par exemple, l’offre est toujours accessible en
ligne non pas du fait du cybercommerçant mais en raison d’une
panne informatique.
§ 2 : L’acceptation par voie électronique

L’acceptation est la manifestation de l’intention définitive du


destinataire de l’offre de conclure le contrat aux conditions
contenues dans l’offre . Elle doit être en tout point conforme à
l’offre sous peine d’être disqualifiée en simple contre-
proposition, qui nécessiterait à son tour une acceptation pour
que le contrat soit formé.
Cette exigence générale se retrouve également en matière de
transactions électronique. Ici, l’on veillera à ce que l’acceptation
soit réelle et non accidentelle.
Pour ce faire, les textes mettent en place un véritable protocole
d’acceptation de l’offre électronique (A). Le consommateur
bénéficie également d’un droit de rétractation (B).
A – Le processus d’acceptation de l’offre
Aux termes de l’article 22 de la loi ivoirienne :
« pour que le contrat soit valablement conclu, le destinataire de l’offre
doit avoir eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande
notamment du prix avant de confirmer celle-ci pour exprimer son
acceptation.
L'auteur de l'offre, après réception de la commande et correction
d’éventuelles erreurs, envoie un accusé de réception, sans délai et par
voie électronique, de la commande qui lui a été ainsi adressée.
La commande, la confirmation de l’acceptation de l’offre et l’accusé de
réception sont considérés comme reçus lorsque les parties auxquelles
ils sont adressés peuvent y avoir accès ».

De cet article, il résulte un véritable processus d’acceptation de l’offre ;


lequel processus est une condition de validité du contrat.
Possibilité de vérification de la commande avant acceptation et paiement
La règle est rappelée à l’article 5.3 de la Convention de Malabo, « pour que le
contrat soit valablement conclu, le destinataire de l’offre doit avoir eu la
possibilité de vérifier le détail de sa commande notamment du prix avant de
confirmer celle-ci pour exprimer son acceptation ».

De façon pratique, deux étapes sont à suivre :


- Affichage en fin de commande, d’une page récapitulative qui permet à
l’internaute de savoir exactement ce qu’il achète, à quel prix et selon
quelles modalités

- Après vérification du contenu de la commande, l’internaute doit la


confirmer pour exprimer son acceptation et valider la transaction.
Accusé de réception de la commande

Cette règle est rappelée à l’article 5.3 de la Convention de Malabo selon


lequel « la personne qui offre ses produits et services doit accuser réception
sans délai injustifié et par voie électronique de la commande qui lui a été
ainsi adressée ».

Compte tenu, encore une fois, de la rapidité des échanges en ligne, le


prestataire de service doit promptement accuser réception de l’acceptation
de l’offre.

Le contenu de l’accusé de réception n’est pas précisé par les textes régionaux
africains. Certains textes nationaux apportent une telle précision comme la loi
burkinabé de 2009.
Aux termes de l’article 62 de cette loi, l’accusé de réception
doit comporter : «
- l’identité et l’adresse géographique du prestataire ;
- les caractéristiques essentielles du bien ou du service
commandé ;
- le prix du bien ou du service, toutes taxes comprises;
- les frais de livraison, le cas échéant;
- les modalités de paiement, de livraison ou d'exécution; - le
cas échéant, les conditions et modalités d’exercice du droit de
rétractation ; - les informations permettant au destinataire du
service de présenter ses réclamations, notamment un numéro
de téléphone, une adresse de courrier électronique et une
adresse géographique, - les informations relatives aux
services après-vente et aux garanties commerciales existantes,
- les conditions de résiliation du contrat lorsque celui-ci est à
durée indéterminée ou d'une durée supérieure à un an ».
Possibilité de paiement par voie électronique
Article 7.1.a de la Convention de Malabo, « le fournisseur doit
permettre à ses clients d’effectuer leurs paiements en utilisant
un moyen de paiement électronique approuvé par l’Etat selon la
règlementation en vigueur dans chaque Etat Partie ».

Sur le paiement par voie électronique, l’on pourra se référer aux


textes suivants notamment :
- Règlement 15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de
paiement dans les Etats membres de l’Union économique et
monétaire ouest africaine ;
- Instruction N° 008-05-2015 régissant les conditions et
modalités d’exercice des activités des émetteurs de monnaie
électronique dans les Etats Membres de l’Union Monétaire
Ouest Africaine
Le moment de la formation du contrat
Souvent qualifié de contrat entre absents, les contrats conclus
par voie électroniques posent la question du lieu et du moment
de la formation du contrat.
Sur le second point, il est traditionnellement fait application de
la théorie de l’émission ou celle de la réception.
Selon l’alinéa 3 de l’article 22 de la loi ivoirienne, « la commande,
la confirmation de l’acceptation de l’offre et l’accusé de
réception sont considérés comme reçus lorsque les parties
auxquelles ils sont adressés peuvent y avoir accès ».
Il apparaît que c’est la théorie de la réception qui est retenue.
B – La question du droit de rétractation

Aux termes de l’article 11 de loi ivoirienne sur la consommation,


« pour toutes les opérations de vente à distance, l’acheteur d’un
produit dispose d’un délai de 10 jours ouvrables à compter de la
livraison de sa commande pour faire retour de ce produit au
vendeur pour échange ou remboursement, sans pénalités, à
l’exception des frais de retour ».
Selon le Professeur Dominique KABRE, « la consécration de ce
droit de rétractation se justifie non seulement par la distance
séparant les parties au contrat électronique, mais également par
le risque d’achats d'impulsion ou d’engagements pris à la légère
créé par la rapidité et la dématérialisation du processus de
conclusion des contrats dans l'environnement électronique ».
Information sur l’existence du droit de rétraction et conséquences.
Le professionnel doit informer le consommateur de l’existence de ce
droit. Cette information devrait même figurer dans les conditions
générales de prestations de services.
Si le professionnel omet de fournir cette information, le droit de
rétractation passe 10 jours à trois mois aux termes de l’article 12 en
son alinéa 2 de la loi sur la consommation.

Mise en œuvre du droit de rétractation. Pour exprimer son intention


de se rétracter, le consommateur informe le professionnel de sa
décision de se rétracter du contrat. Le droit de rétractation s’exerce
sans pénalité, c’est-à-dire sans contrepartie. Le destinataire du service
ne doit donc pas indemniser le prestataire de service, même si celui-ci
a subi un préjudice du fait de la rétractation. Les seuls frais qu’il a à
payer sont les frais de retour des biens.
Conséquences de la mise en œuvre du droit de rétractation

En cas de rétractation, le consommateur devra restituer le bien


au professionnel. Quant au professionnel, il sera tenu de
rembourser le consommateur la totalité des sommes versées y
compris les frais de livraison et sans retard injustifié et au plus
tard dans les délais prévus par le droit de rétractation à compter
de la date à laquelle le consommateur l’a informé de sa décision
de se rétracter.
Rétractation et validité du contrat conclu par voie électronique

La question se pose inéluctablement de savoir si la mise en


œuvre ou la non-mise en œuvre de ce droit est une condition de
formation du contrat ou de son exécution.
Considérer la rétractation comme une condition de formation du
revient à dire que le contrat n’est pas formé et ne l’a jamais été
lorsqu’un droit de rétractation est exercé.
Selon le Professeur Dominique KABRE, « eu égard à la finalité du
droit de rétractation qui est d’assurer un consentement éclairé à
son bénéficiaire, il conviendrait de retenir que l’exercice d’un tel
droit s’inscrit dans le processus de formation du contrat. Plus
exactement, il s’agit d’une manifestation particulière du
processus de formation successive ou progressive du contrat ».
Chapitre 2 : La publicité par voie électronique

Les dispositions encadrant la publicité par voie électronique sont


prévues au chapitre V de la loi relative aux transactions
électroniques (articles 10 à 16).

Plan
Section 1 : Notion et conditions relatives à la mise en œuvre de
la publicité en ligne
Section 2 : Règles spécifiques à la prospection directe
Section 1 : Notion et conditions relatives à la mise en
œuvre de la publicité en ligne

§ 1 : Notion de publicité par voie électronique


§ 2 : Conditions relatives à la mise en œuvre de la publicité
en ligne
§ 1 : Notion de publicité par voie électronique

Définitions. La publicité peut être définie comme l’activité


ayant pour but de faire connaître une marque, d'inciter le
public à acheter un produit, à utiliser tel service ; ensemble
des moyens et techniques employés à cet effet.
Quant au message publicitaire, il désigne une information
principale véhiculée par une communication publicitaire et
dont le contenu est relatif au langage utilisé, aux
présentations visuelles, au scénario, aux acteurs, à la
musique et aux effets sonores.
La communication publicitaire se rapporte, quant à elle, à toute
forme de communication faite dans le cadre d’une activité
commerciale, industrielle, artisanale ou libérale dans le but de
promouvoir les vertus d’un produit, d’une marque de produits,
d’un service ou d’une entreprise en vue d’inciter le public à son
acquisition ou à son utilisation.
Publicité par voie électronique, typologie.

Les bannières publicitaires. Elles se présentent comme une


icône, une marque ou un logo qui occupe un espace réduit
d’une page web. En cliquant sur l’icône, la marque ou le
logo, l’internaute est conduit généralement sur le site de
l’annonceur.

Les pop-up. Ce sont des fenêtres qui apparaissent de


manière impromptue, sur une page web ; En effet, un pop-
up, parfois appelé aussi fenêtre intruse ou fenêtre
surgissante, est une fenêtre secondaire qui s'affiche, sans
avoir été sollicitée par l'utilisateur, devant la fenêtre de
navigation principale
Les messages interstitiels. Couramment appelés publicités
plein écran, il s’agit d’annonces publicitaires, qui s’affichent
entre deux pages web, ne durent que quelques secondes et
occupent l’écran entier, ils apparaissent entre le moment où
l’utilisateur effectue une requête et celui où il obtient sa
réponse.

La publicité par courrier électronique est connue sous le


nom de spamming. Cela s’entend de l’envoi de messages
publicitaires non sollicités par son destinataire.
Cette forme de publicité peut être réalisée tout aussi bien à
travers l’e-mail que les sms, l’utilisation du chat, de la
vidéoconférence, la téléphonie vocale sur internet et les
messages vocaux laissés sur les répondeurs téléphoniques.
§ 2 : Conditions relatives à la mise en œuvre de
la publicité en ligne

La mise en œuvre d’une publicité par voie électronique répond à


un certain nombre d’obligations que certains auteurs ont qualifié
de principes : principe d’identification, principe de transparence
et principe de loyauté.

En effet, l’auteur d’une publicité en ligne est tenu de fournir un


certain nombre d’informations aux destinataires de cette
publicité.

Obligation d’identification de tout contenu publicitaire


Selon l’article 10 de la loi sur les transactions électroniques, «
Toute publicité, sous quelque forme que ce soit, accessible par
voie de communication électronique, doit pouvoir être
clairement identifiée comme telle. Elle doit rendre clairement
identifiable la personne physique ou morale pour le compte de
laquelle elle est réalisée.

Les publicités, et notamment les offres promotionnelles, telles


que les rabais, les primes ou les cadeaux, ainsi que les concours
ou les jeux promotionnels, adressés par courrier électronique,
doivent pouvoir être identifiés de manière claire et non
équivoque sur l’objet du courrier dès leur réception par leur
destinataire, ou en cas d'impossibilité technique, dans le corps
du message ».
Cette règle s’explique du fait de l’opacité qui caractérise
certaines techniques publicitaires électroniques. Le destinataire
du message ne sait pas toujours que l’annonceur publicitaire qui
est à l’origine du message publicitaire est différent du titulaire du
site visité.
Condamnation pour défaut d’identification du contenu publicitaire

COM, 4 décembre 2012


Action intentée par la société Pewterpassion.com (spécialisée dans la
promotion et la vente sur internet des produits de la société Saumon’s)
à l’encontre de la société LeGuide.com dans le but de voir cette
dernière condamnée à identifier ses sites comme étant des sites
publicitaires et ainsi réparer le préjudice découlant de ces pratiques
commerciales déloyales et trompeuses.
La société Leguide.com est condamnée pour défaut d’identification au
motif que « l’absence d’identification claire du référencement
prioritaire est susceptible d’altérer de manière substantielle le
comportement économique du consommateur qui est orienté d’abord
vers les produits et offres des e-marchands payants et ne dispose pas
ainsi de critères objectifs de choix ».
Par un arrêt du 21 octobre 2010, la cour d’appel de Grenoble a
jugé que le comparateur de prix Kelkoo était un site publicitaire.
Elle considère qu’en omettant de s’identifier en tant que tel et
en ne mettant pas à jour les prix en temps réel, en n’indiquant
pas les périodes de validité des offres, les frais de port, les
conditions de la garantie des produits, leurs caractéristiques
principales et en affirmant indûment que « kelkoo sniffer »
recherche les meilleurs prix, Kelkoo suit des pratiques qualifiées
de trompeuses, selon l’article L 121-1 du code de la
consommation, et qui constituent des pratiques commerciale
déloyale, en vertu de l’article L 120-1 du même code. En
conséquence, le site doit mettre fin à ces agissements, sous
astreinte de 1 000 € par infraction constatée.
Obligation d’identification de la personne au nom de laquelle la
publicité est faite
Cette obligation est également prévue à l’article 10 prévoyant
que toute publicité « doit rendre clairement identifiable la
personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle
est réalisée ».

Selon l’article 14 de l’Acte additionnel de la CEDEAO, il est plutôt


prévu que « dans l’espace CEDEAO, il est interdit de dissimuler
l’identité de la personne pour le compte de laquelle la publicité
est envoyée ou de mentionner un objet sans rapport avec la
prestation ou le service proposé ». Ici, il est donc instituée une
véritable obligation de loyauté (non-dissimulation).
Condamnation pour défaut d’identification de l’annonceur d’une
publicité.

CA de Paris, Pôle 5, Ch.11, 17 mars 2017


La société Saumon’s, dont les produits sont promus et vendus sur le
site Pewterpassion.com, reprochait au site internet LeGuide.com de ne
pas identifier de manière claire le caractère publicitaire des contenus
proposés sur son espace « shopping » apparaissant sur différents sites
de presse partenaires tels que Parismatch.com. De même, il est
reproché au groupe d’avoir intégré sa base de données de sites
partenaires tels que Voilà.fr sans là encore identifier clairement le
caractère publicitaire des différentes annonces réalisées.

La Cour d’appel assimile ce procédé à une pratique commerciale


trompeuse et retient que « les termes utilisés par Leguide.com
demeurent ambigus et ne permettent pas de déterminer qu’il s’agit
d’une publicité ; qu’en outre, les contenus « shopping » diffusés sur les
sites de presse des partenaires se présentent sous une forme
rédactionnelle, l’information y étant présentée sous forme d’image ou
de texte, de façon objective et sans mention de l’annonceur ».
Condition de bénéfice des offres promotionnelles
Aux termes de l’article 11 de la loi, « les conditions auxquelles sont
soumises la possibilité de bénéficier d'offres promotionnelles ainsi que
celle de participer à des concours ou à des jeux promotionnels, lorsque
ces offres, concours ou jeux sont proposés par voie électronique,
doivent être clairement précisées et aisément accessibles ».
Section 2 : Prospection commerciale
§ 1 : Notion et conditions

La prospection directe désigne, au sens de loi, « tout envoi de message, quel


qu’en soit le support ou la nature notamment commerciale, politique ou
caritative, destiné à promouvoir, directement ou indirectement, des biens, des
services ou l'image d'une personne vendant des biens ou fournissant des
services ».

« tout envoi de message destiné à promouvoir, directement ou indirectement, des


biens, des services ou l’image d’une personne vendant des biens ou fournissant
des services ; elle vise également toute sollicitation effectuée au moyen de l’envoi
de message, quel qu’en soit le support ou la nature notamment commerciale,
politique ou caritative, destinée à promouvoir directement ou indirectement, des
biens, des services ou l’image d’une personne vendant des biens ou fournissant
des services » (Convention Malabo).

La prospection directe est, par principe, interdite par la loi ivoirienne. Cette
interdiction est assortie d’exceptions.
« Est interdite, la prospection directe par envoi de message au
moyen d'un automate d'appel ou d’émission de SMS, d'un
télécopieur ou d'un courrier électronique ou tout autre moyen
de communication électronique utilisant, sous quelle que forme
que ce soit, les coordonnées d'une personne physique qui n'a
pas exprimé son consentement préalable à recevoir des
prospections directes par ce moyen » (article 14).

Il résulte de ce article que la prospection directe est soumise à


l’obtention du consentement préalable de la personne qui en
destinataire. On parle aussi de l’« opt in ». Ici, c’est le prospect
qui vous fournit ses informations de contact. Il décide
volontairement de vous donner la permission de le contacter.

A défaut, la prospection directe est illicite et pénalement


sanctionnée.
Le principe d’interdiction de la prospection directe connaît une
atténuation prévue à l’alinéa 2 de l’article 14. Aux termes de cet
article, « toutefois, la prospection directe par courrier
électronique est autorisée si :
1) les coordonnées du destinataire ont été recueillies, en toute
connaissance de cause, directement auprès de lui-même ;
2) la prospection directe concerne des produits ou services
analogues fournis par la même personne physique ou morale ».

Dans le deuxième cas de figure, on peut considérer que la


personne a implicitement donné son consentement à faire
l’objet de prospection directe.
Ce faisant, la loi lui donne la possibilité, à tout moment, de
s’opposer à recevoir des messages de prospection.
Ce faisant, l’article 15 de la loi dispose que « les messages
envoyés par des moyens électroniques à des fins de prospection
directe doivent indiquer des coordonnées valables auxquelles le
destinataire puisse utilement transmettre une demande tendant
à obtenir que ces communications cessent, sans frais autres que
ceux liés à la transmission de celle-ci ».

Application
Une société de vente en ligne a été condamnée par délibération
de la CNIL, en date du 7 juillet 2016, à une peine de 30 000 euros
d’amende pour absence de moyens suffisants assurant la
sécurité et la confidentialité des données personnelles des
internautes ainsi que pour défaut d’information des internautes
des moyens de paramétrage des cookies permettant d’accepter
ou de refuser leur dépôt l’ordinateur.
Article 4.4 de la Convention de Malabo, « la prospection directe par courrier
électronique est autorisée si :
- les coordonnées du destinataire ont été recueillies directement auprès de
lui ;
- le destinataire ayant donné son consentement au prospecteur d’être
contacté par ses partenaires ;
- la prospection directe concerne des produits et services analogues fournis
par la même personne physique ou morale ».
§ 2 : La sanction du non-respect des règles

Le non-respect des règles applicables en matière de prospection


commerciale est pénalement sanctionnée.

Ainsi, aux termes de l’article 14, alinéa 2 de la loi, « est puni d’un
emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de
1.000.000 à 10.000.000 de francs CFA ou de l’une de ces deux
peines seulement, quiconque fait de la prospection directe par
voie électronique en violation de l’interdiction prévue ».
Chapitre 3 : Le commerce électronique

En général, lorsque la notion de transaction électronique est évoquée, c’est


au commerce électronique que l’on fait référence ou que l’on pense.
Cela est vrai en partie dans la mesure où le commerce électronique se
présente comme la transaction électronique par essence, en tout cas la plus
connue.
Pourtant, les transactions électroniques ne se résument pas au commerce
électronique.
Si les transactions électroniques sont si souvent renvoyées ou réduites au
commerce électronique, cela implique que l’ensemble que des règles
évoquées au titre de ce cours doivent nécessairement être mises en lien avec
le commerce électronique.
Cela signifie qu’une appréhension globale et complète du commerce
électronique doit inclure les règles générales relatives à l’écrit électronique, à
la publicité en ligne, à la conclusion des contrats par voie électronique, etc.
PLAN

Section 1 : De la loi applicable en matière de commerce électronique


§ 1 : Principe
§ 2 : Exception
Section 2 : Les obligations de l'e-commerçant
§ 1 : Obligation d’information générale
§ 2 : Obligation d’information sur le prix des services ou prestations
§ 3 : Obligations de garantie
Section 3 : La responsabilité de l’e-commerçant
§ 1 : La responsabilité de principe et de plein droit
§ 2 : Les exceptions à la responsabilité de principe
Définition du commerce électronique
« L’acte d’offrir, d’acheter, ou de fournir des biens et des services via les
systèmes informatiques et les réseaux de télécommunications comme le
réseau Internet ou tout autre réseau utilisant des moyens électroniques,
optiques ou d’autres supports analogiques permettant des échanges
d’informations à distance »

Droit ivoirien. « Toute activité économique par laquelle une personne propose
ou assure, à distance et par voie électronique, la fourniture de bien ou la
prestation de services ».

Portée étendue de la définition. En effet, celle-ci recouvre également « les


activités de fourniture de services telles que celles consistant à fournir des
informations en ligne, des communications commerciales, des outils de
recherches, d’accès et de récupération de données, d'accès à un réseau de
communication ou d'hébergement d'informations, même s’ils ne sont pas
rémunérés par ceux qui les reçoivent ».
Section 1 : De la loi applicable en matière de commerce
électronique

§ 1 : Principe : application de la loi de l’Etat du e-commerçant


Selon l’article 3 de la Convention de Malabo, « l’activité de commerce électronique
est soumise à la loi de l’Etat Partie sur le territoire duquel la personne qui l’exerce
est établie, sous réserve de la commune intention de cette personne et de celle à
qui sont destinés les biens ou services ».

§ 2 : Exception : liberté contractuelle


« sous réserve de la commune intention de cette personne et de celle à qui sont
destinés les biens ou services ».

Les parties peuvent donc, d’un commun, prévoir que la loi d’un autre Etat
s’appliquera notamment celle de l’Etat celui à qui sont destinés les biens ou
services.

En pratique, clause d’adhésion imposée au consommateur.


Spécificité de la loi ivoirienne

Selon l'article 8, alinéa 1 de la loi relative aux transactions électroniques, « les


activités entrant dans le champ du commerce électronique sont soumises aux
lois ivoiriennes, dès lors que l’une des parties est établie en Côte d’Ivoire, y a
une résidence ou est de nationalité ivoirienne ».

Les critères d'application de la loi ivoirienne. Aux termes de l'article 8 de la


loi, « en l’absence de choix de la loi applicable par les parties, les lois
ivoiriennes s’appliquent à leurs transactions, lorsque les activités de l’une au
moins des parties sont exercées à partir du territoire national, ou sont
accessibles aux utilisateurs des réseaux de communication en ligne, à partir du
territoire national et qu’il existe un lien suffisant, substantiel ou significatif
entre la prestation offerte aux utilisateurs des réseaux de communication en
ligne et le territoire national, notamment, par la langue utilisée, la monnaie
employée, les produits proposés, le nom de domaine utilisé par le site
proposant ladite prestation ».
Limites à la liberté du choix de la loi applicable. La liberté du choix de
la loi applicable n'est pas absolue. La loi ivoirienne met en place
certaines garanties destinées notamment à protéger les
consommateurs. Comme en dispose la loi, "le choix par les parties de
la loi applicable à leurs transactions ne peut avoir ni pour but, ni pour
effet, de :
1) priver le consommateur ayant sa résidence habituelle sur le
territoire national de la protection que lui assurent les dispositions des
lois ivoiriennes en matière de protection des droits du consommateur ;
2) déroger aux règles de forme prévues par les lois ivoiriennes en
matière d’obligations conventionnelles, notamment celles relatives à la
vente de bien immobilier situé sur le territoire national ;
3) déroger aux règles déterminant la loi applicable aux contrats
d'assurance, pour les risques situés sur le territoire national ;
4) déroger aux obligations de la réglementation régissant les relations
financières extérieures de la Côte d’Ivoire, notamment en matière de
domiciliation des exportations ou de rapatriement des recettes
d’exportation".
Section 2 : Les obligations de l'e-commerçant

§ 1 : Obligation d’information générale

Article 2.2 de la Convention de Malabo, l’e-commerçant doit garantir à ceux à qui


est destinée la fourniture de biens ou la prestation de services un accès facile,
direct et permanent utilisant un standard ouvert aux informations suivantes :
- s’agissant des personnes physiques : nom et prénom
- s’agissant des personnes morales : raison sociale, capital, et éventuellement
numéro d’inscription au registre des sociétés et associations
- Adresse complète du lieu d’établissement, siège social, adresse électronique,
numéro de téléphone
- Éventuellement numéro d’identification fiscal
- S’agissant d’une activité soumise à autorisation : nom et adresse de
l’organisme qui a délivré l’autorisation
- Profession règlementée : règles professionnelles, titre professionnel, Etat
d’attribution du titre, nom de l’ordre de rattachement
A cet égard, l’article 5 de la loi ivoirienne dispose que :
« sans préjudice des autres obligations d'information prévues par les
textes législatifs et réglementaires en vigueur, toute personne
physique ou morale qui exerce une activité entrant dans le champ du
commerce électronique est tenue d'assurer à ceux à qui est destinée la
fourniture de biens ou la prestation de services un accès facile, direct
et permanent utilisant un standard ouvert aux informations suivantes :
1) s'il s'agit d'une personne physique, ses nom et prénom et, s'il s'agit
d'une personne morale, sa raison sociale ou dénomination sociale ;

2) l'adresse complète de l’endroit où elle est établie, son adresse de


courrier électronique, ainsi que son numéro de téléphone ;

3) si elle est assujettie aux formalités d'inscription au registre du


commerce et du crédit mobilier pour les entreprises ou à l’obligation
de déclaration pour les associations, le numéro de son inscription ou
de sa déclaration, son capital social et l'adresse de son siège social ;
4) si elle est assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée, le numéro
d’identification fiscale correspondant ;

5) si son activité est soumise à un régime d'autorisation ou


d’agrément, le nom et l'adresse de l'autorité l’ayant délivré ainsi
que les références complètes de l’agrément;

6) si elle est membre d'une profession réglementée, la référence


aux règles professionnelles applicables, son titre professionnel,
le nom de l'ordre ou de l'organisme professionnel auprès duquel
elle est inscrite ».
Accessibilité aux informations. L’exigence d’un accès permanent
aux conditions contractuelles implique que le client puisse, à
tout moment au cours de la transaction, revenir facilement sur
ces conditions et les consulter. Cette mise en œuvre dans
l’univers électronique est facile. Cela peut être mis en place par
des liens hypertextes permettant un accès immédiat au produit
ou aux informations, ou encore par un système d’onglets
toujours visibles tout au long du processus de conclusion du
contrat.

Standard ouvert. Au regard du droit français, cette notion


s’entend de « (…) tout protocole de communication,
d'interconnexion ou d'échange et tout format de données
interopérable et dont les spécifications techniques sont
publiques et sans restriction d'accès ni de mise en œuvre ».
§ 2 : Obligation d’information sur le prix des services ou
prestations

Article 2.3 de la Convention de Malabo, « toute personne physique ou morale


qui exerce l’activité de commerce électronique doit, même en l’absence d’offre
de contrat, dès lors qu’elle mentionne un prix, indiquer celui-ci de manière
claire et non ambiguë, et notamment si le prix inclut les taxes, les frais de
livraison et autres charges ».
Selon l’article 6 de la loi ivoirienne, « toute personne physique
ou morale qui exerce le commerce électronique, tel que défini à
l'article 1 de la présente loi, doit, même en l'absence d'offre de
contrat, dès lors qu'elle mentionne un prix, indiquer celui-ci de
manière claire et non ambiguë, et notamment préciser si les
taxes et les frais de livraison sont inclus ».
§ 3 : Obligations de garantie

A – Garantie légale de conformité


La garantie légale de conformité l’une des obligations du vendeur. Le
vendeur doit livrer la quantité, la qualité, la spécification, le
conditionnement et l’emballage correspondant à ceux prévus lors de la
conclusion du contrat.

B – Garantie légale contre les vices cachés


La garantie légale de vices cachés a pour objet de protéger l’acheteur
lorsque la chose qui lui a été vendue se révèle à l’usage atteinte d’un
défaut qui n’était pas décelable lors de la prise de livraison et qui la
rend impropre à l’usage prévu.
Aux termes de l’article 1641 du code civil des obligations « Le vendeur
est tenu de la garantie à raison des défauts cachés de la chose vendue
qui la rendent impropre à l’usage auquel on la destine, ou qui diminue
tellement cet usage, que l’acheteur ne l’aurait pas acquise, ou n’en
aurait donné qu’un moindre prix, s’il les avait connus. »
Section 3 : La responsabilité de l’e-commerçant
§ 1 : La responsabilité de principe et de plein droit

Article 6.a de la Convention, « toute personne physique ou morale exerçant


l’activité [de commerce électronique] est responsable de plein droit à l’égard
de son cocontractant de la bonne exécution des obligations résultant du
contrat, que ces obligations soient à exécuter par elle-même ou par d’autres
prestataires de services, sans préjudice de recours contre ceux-ci ».

Obligation de résultat.
Responsabilité de l’e-commerçant du fait d’autrui (transporteur, prestataires
d’encaissement, fabricants, etc.).
§ 2 : Les exceptions à la responsabilité de principe

Article 6.a de la Convention, « toutefois, elle peut s’exonérer de tout ou partie de


sa responsabilité ».
Selon les dispositions de la loi ivoirienne, l'e-commerçant « peut s'exonérer de
tout ou partie de sa responsabilité, en apportant la preuve que l'inexécution ou la
mauvaise exécution du contrat est imputable, soit au cocontractant, soit à un cas
de force majeure ».

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