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DROIT DES CONTRATS ELECTRONIQUES

INTRODUCTION
Le droit ne saurait rester indifférent face au bouleversement technologique de l’Internet.
Les Etats représentés par leur législateur n’ont pas hésité à encadrer les conséquences du
développement de l’internet. A l’origine, l’internet était dédié à la recherche scientifique, mais
aujourd’hui, le cyberespace est ouvert aux activités économiques, culturelles, politiques,
sociales, … etc. Dans ce cyberespace, sont accueillies toutes formes de communication,
d’informations et de transactions avec toutes personnes dans le monde entier. Bien que ces
nouveaux échanges ont créé de nouvelles activités de nature variée, il faut se rendre à
l’évidence que les relations entre les différents acteurs du cyberespace se nouent à travers le
recours à un outil juridique indispensable : le contrat. Le contrat a été qualifié par le doyen
JEAN CARBONNIER, de pilier du droit. On se rend compte qu’avec le développement du
cyberespace, que le contrat prend une forme électronique et dans cette environnement, il est
conclu chaque jour, minute, seconde, partout dans le monde par celui qui navigue sur des sites
internet. Le contrat se définit comme un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes
destinées à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations. En d’autres termes, le
contrat est un accord générateur d’obligations. Cet accord qui se noue des relations entre deux
ou plusieurs personnes dans le monde réel se prolifère aujourd’hui dans le monde virtuel, ce
qui a donné naissance aux contrats électroniques ou contrats conclus par voie électronique.
Cette naissance amène à s’interroger sur les traits et les contours de ce contrat. Par contrat
électronique, s’agit-il d’une nouvelle espèce de contrats ou d’une nouvelle modalité de
contracter ? Avant de définir le contrat électronique, une distinction doit être faite entre les
contrats de l’internet et ceux conclus via internet.
 Les contrats de l’internet font partie de la nouvelle économie, ils désignent des
contrats spéciaux des réseaux numériques tels que le contrat de fourniture d’accès et
d’hébergement, de création de sites internet, de référencement. Ce qui caractérise ces
contrats, c’est leur objet qui est la fourniture d’une prestation de services
spécifiques, à savoir, accéder à internet ou l’utiliser.
 Les contrats conclus via internet couvrent les contrats de l’ancienne économie qui se
nouent via internet. Il peut s’agir de la vente des lunettes, voitures, voyages,
téléchargement de musique, la fourniture d’un service, la souscription d’une
assurance. Ce sont des contrats ordinaires soumis au régime des figures juridiques
qu’ils utilisent, c’est-à-dire, qu’ils constituent la catégorie des contrats nommés, dont
le régime juridique fait l’objet de dispositions légales particulières. C’est le cas de la
vente, du mandat, du louage de choses.
L’internet se présente donc comme un vecteur de rencontres entre l’offre et la demande.
Autrement dit, il ne s’agit pas d’un nouveau contrat spécial, mais d’un contrat qui se forme
par voie électronique via les réseaux. Un auteur résume bien cette pensée en ces termes : « le
contrat conclu par voie électronique n’est pas un nouveau modèle mais un « vieux
patron » qu’on utilise dans un nouveau contexte ; il s’agit d’une nouvelle façon de
contracter mais pas d’un nouveau contrat. ». Cette affirmation rejoint l’option prise par le
législateur qui a fait le choix de ne pas produire un droit nouveau, mais d’adapter autant que
possible des droits généraux d’origine civile, pénale, commerciale, constitutionnel ou
spécifique comme ceux de la propriété intellectuelle, du commerce, de la concurrence, de la
communication pour des réalités techniques nouvelles et à des situations juridiques le plus
souvent connues. La loi 2010/021 du 21 /12/2010 régissant le commerce électronique au
Cameroun, et qui abordent les contrats électroniques souscrits en chapitre 3 est un modèle
d’adaptation du droit classique des obligations aux réalités techniques nouvelles, à savoir les
contrats conclus par voie électronique. A titre de droit comparé, le législateur français a
intégré dans son code civil une sous-section 4, intitulée Dispositions propres aux contrats
conclus par voie électronique, de même que le législateur belge dans son code du droit
économique, ainsi que le législateur québéquois dans son code civil. Cette manière de faire
des différents législateurs atteste de leur volonté de ne pas créer une nouvelle catégorie
juridique et donc un contrat électronique type, mais d’adapter les règles existant au contexte
numérique.
DEFINITION DU CONTRAT ELECTRONIQUE
Elle est assez discutée en doctrine, ce qui justifie la prudence du législateur. M. THIERRY
REVET définit le contrat électronique comme « les opérations contractuelles dans lesquelles
l’expression des volontés et le cas échéant, la réalisation partielle ou totale des
engagements s’opèrent grâce aux techniques électroniques de circulation d’informations.
L’électronique ne constituerait en la matière qu’un moyen technique d’établissement de la
relation constitutive d’un accord contractuel, voire, si l’objet des obligations le permet, un
moyen technique d’exécution des engagements obligatoires. ». Pour VINCENT
GAUTRAIS, un contrat électronique est : « la situation par laquelle un engagement est
conclu entre deux ou plusieurs personnes qui utilisent un ordinateur branché sur un
réseau de communication, comme moyen de transmettre une offre et une acceptation,
élément constitutif dudit contrat. ». De ces deux définitions, on peut retenir deux éléments
comme le 1er se rattache à la technique, ainsi est électronique tout contrat issu d’un procédé
technique de communication à distance. Cet élément technique va être relayé par Mme
ARROYO, qui se référant à la loi espagnole sur les services de la société des informations
selon laquelle : « est électronique tout contrat conclu par l’intermédiaire d’ordinateurs
connectés au réseau internet ou intranet au moyen d’u, échange de messages de données par
courrier électronique, chat, ou pages WEB ou en envoyant et en recevant des données
d’images et de son (par vidéoconférence). » En se référant à cet élément, le contrat
électronique relève donc de la manière de contracter et non de l’objet du contrat.
Le second élément consiste aux critères de formation du contrat. Comme l’affirme M.
RAYNOUARD : « C’est le mode de rencontre de volonté qui permet d’identifier un contrat
conclu par voie électronique puisque la formation du contrat se cristallise à ce moment-
là. ». C’est ainsi que le dictionnaire juridique définit quant à lui le contrat électronique en se
fondant sur la phase de sa formation comme étant le contrat dont l’offre et l’acceptation sont
formés de manière dématérialisée. La voie électronique et le critère de formation du contrat
restent donc les éléments clés de la définition. Cependant, le mot électronique peut
comprendre outre l’internet, d’autres moyens de communication tels que le téléphone
portable, le fax, le télex, le minitel. Le contrat électronique est conclu par voie électronique à
priori sans la présence physique et simultanée des parties. C’est pour cette raison qu’il
constitue une catégorie de contrats à distance. La directive européenne du 25/10/2011 définit
le contrat à distance comme étant « tout contrat conclu entre le professionnel et le
consommateur dans le cadre d’un système organisé de vente ou de prestation de services à
distance sans la présence physique simultanée du professionnel et du consommateur par le
recours exclusif à une ou plusieurs techniques de communication à distance jusqu’au
moment et y compris au moment où est conclu le contrat ». A l’analyse de toutes ces
définitions, on observe qu’il y a plusieurs appellations pour désigner une seule réalité. Il faut
retenir que le contrat électronique est un contrat entre non présents, à distance et par voie
électronique. Un contrat électronique peut être conclu par voie électronique et/ou exécuté par
voie électronique. En tout état de cause, le critère de la distance est donc un élément clé dans
la qualification du contrat électronique. Cependant, théoriquement, ce contrat ne devrait pas
toujours avoir cette qualification car un contrat est électronique dès lors que sa formation
(manifestation et contenu) sont constatés électroniquement. Il faut se rendre compte que le
contrat électronique est pris entre deux feux, celui du monde numérique qui est
essentiellement libéral et privilégiant l’efficacité économique et celui du contrat qui repose
sur un fragile équilibre entre sécurité juridique et justice contractuelle. La prise en
considération de ces deux intérêts justifie la difficulté à légiférer sur les contrats
électroniques. Le législateur ne devrait légiférer sur les contrats électroniques qu’en tremblant
pour reprendre cette formule du doyen CARBONNIER, c’est-à-dire après beaucoup de
réflexions et d’hésitations. Et on peut comprendre que pour les différents législateurs,
l’utilisation d’internet ne change en rien au fait que le contrat électronique est un contrat qui
est soumis aux règles de droit commun et les exigences de fond et de forme mises en place
par la loi de 2010 au Cameroun visent à renforcer et à assurer la sécurité juridique du contrat
électronique. On va observer que ce contrat qui ne nécessite pas un cadre spécifique va
soulever des difficultés qui vont exiger des règles spécifiques. Ces difficultés tiennent
principalement à la fiabilité du consentement par voie électronique en l’absence de support
papier et en présence des parties éloignées dans l’espace.
2e difficulté : le moment de la rencontre des volontés ; la preuve, l’écrit et la signature des
parties. Autrement dit, les principales questions qui seront abordées relatives à la
contractualisation par l’électronique seront liées à la sécurité des échanges et à l’identité des
contractants. Par sécurité ici, on renvoie à la fiabilité et l’intégrité du message ; et par identité,
il s’agira principalement de la fiabilité des infos communiquées.
On constate donc la réalité des contrats électroniques, support du commerce électronique.
Le commerce électronique est une activité économique par laquelle une personne effectue ou
assure par voie électronique la fourniture de biens ou de services. Les contrats électroniques
sont une réalité au Cameroun sous le prisme du développement du e-commerce. Le
gouvernement camerounais a élaboré en 2019 une stratégie nationale de commerce
électronique pour le Cameroun ; dès lors qu’il a compris que le développement de l’économie
numérique est une réalité incontournable. Au Cameroun, l’essor de l’internet, la forte
pénétration du mobile et le développement des solutions du mobile money transforment peu à
peu les habitudes du commerce camerounais et font fleurir le e-commerce dans le pays. On
note la présence de quelques plates formes de vente en ligne : Jumia, Afrique Market,
Kerewa, Sellan Quick sans oublier les plates formes internationales : Ali baba, Cdiscount,
Amazon. C’est pour dire que le développement du numérique est une réalité au Cameroun et
met en présence des acteurs différents, des intermédiaires, commerciaux et des plates formes.
Et on distingue deux types de contrats électroniques : B to B et B to C.
CHAPITRE 1 : LA FORMATION DU CONTRAT
L’étude des conditions de conclusion du contrat électronique suppose au préalable la mise
en relief de quelques considérations. L’apparition de l’internet aux USA à la fin des 60’s
comme un moyen d’échanger librement et gratuitement des informations a donné naissance à
ce qui est unanimement appelé une « société de l’information ». Le développement de cet
espace d’échange électronique s’est rapidement transformé en un moyen inhabituel de vente
et fourniture des services par voie électronique et par conséquent, la conclusion du contrat
électronique. On va observer en même temps la volonté des pouvoirs normatifs étatiques et
internationaux à encadrer cette « critique planétaire » qui se mettait en place. C’est ainsi que
la CNUDCI (Commission des Nations Unies pour le Développement du Commerce
International) va adopter dès 1996, une loi type sur le commerce électronique dans le but
d’harmoniser les législations des pays membres des Nations Unies en prévoyant une parfaite
équivalence entre l’écrit sous forme électronique et tout autre écrit afin de lever toute entrave
au commerce par voie électronique. Le Parlement européen et le Conseil de l’UE vont adopter
le 08 juin 2000, la directive n°2000/31/CE relative à certains aspects juridiques des
services de l’information et notamment du commerce électronique dans le marché
intérieur dite directive sur le commerce électronique, des dispositions qui iront dans le
même sens, à savoir que le régime juridique applicable au processus contractuel ne fasse pas
obstacle à l’utilisation des contrats électroniques, ni ne conduisent à priver d’effets et de
validité juridique de tels contrats pour le motif qu’ils sont passés par voie électronique. Le
législateur camerounais va adopter, le 21/12/2010, la loi 2010/021 régissant le commerce
électronique au Cameroun, avec un chapitre 3 réservé aux contrats souscrits par voie
électronique. L’esprit de ce texte est d’encourager le commerce électronique par un
encadrement des contrats électroniques. Dès lors que les contrats électroniques s’imposent et
deviennent des opportunités à saisir, la technique d’encadrement de ce contrat va se révéler
spécifique. La 1ère difficulté naît du fait que le droit et le commerce électronique sont des
concepts aux antipodes. Le commerce électronique se caractérise par sa rapidité, sa variété,
son insaisissabilité ; pourtant le contrat s’identifie au conservatisme, régit des situations
depuis l’Antiquité et ne s’habitue pas aux aspects fluctuants tels que l’univers numérique. On
va donc constater que les textes législatifs sur les contrats électroniques vont renforcer le droit
commun des contrats pour l’adapter à l’univers numérique. Il s’agit du renforcement du
consentement des parties et du formalisme électronique à travers la consécration des principes
d’équivalence professionnelle des neutralités technologiques et de la reconnaissance de la
signature électronique. Le contrat électronique est caractérisé par la dématérialisation et la
délocalisation des échanges par internet. Ce contrat efface les frontières, ce qui pose
réellement des problèmes relatifs à l’application des règles traditionnelles dans l’espace
virtuel et à l’effectivité de la protection du co-contractant. Le moins qu’on puisse dire c’est
que la complexité juridique se retrouve accrue. Le processus contractuel par voie électronique
est emprunt d’une grande spécificité par rapport au processus traditionnel. Par exemple, si les
conditions de formation du contrat sont dominées par le principe de l’autonomie de la volonté,
force est de constater qu’en matière de contrat électronique, cette autonomie peut être relative
en raison de la dématérialisation des relations et la facilité avec laquelle le contrat peut être
formé.
Le consentement au contrat électronique n’est pas simultanément exprimé et
communiqué, d’où la question de la sécurité juridique de la transaction et le problème de la
détermination du moment précis de la conclusion du contrat par voie électronique. La facilité
de contracter dénature en quelques sortes le consentement et va nécessiter l’instauration des
mesures spécifiques de protection des contractants en ligne, notamment dans les rapports
déséquilibrés. C’est ainsi que nous verrons que les règles traditionnelles relatives à la
conclusion du contrat risquent d’être complètement inadaptées et nécessiteront un
réaménagement dans l’univers immatériel. On va aussi constater que le consentement ne
constitue pas le seul vecteur de formation du contrat électronique. La forme de celui-ci et la
faculté de le prouver revêtent pour les parties contractantes, un intérêt au moins aussi
important que la possibilité de le conclure. On va noter d’importants efforts entrepris par les
différents législateurs pour permettre aux parties de conclure leurs contrats électroniques avec
un certain niveau de sécurité juridique visant à instaurer la confiance au mode de formation
par voie électronique. Toutefois, cette réponse ne serait pas toujours complète dès lors que le
contrat électronique est un contrat qui dépasse les frontières, ce qui fait que la protection des
parties va demeurer fragile dans ce système complexe. Quoi qu’il en soit, il faut retenir qu’un
contrat conclu par voie électronique demeure un contrat. Par conséquent, sa conclusion
suppose le respect des conditions de fond et de forme, tendant à sa formation et en même
temps, ce contrat doit reposer sur les règles adaptées au contrat électronique.

SECTION 1 : LE CONSENTEMENT


L’un des débats juridiques des plus importants dans le domaine du contrat porte sur
l’équilibre contractuel reposant sur un devoir de loyauté de chaque contractant envers l’autre.
La loyauté contractuelle impose à chacun des contractants, une obligation particulière de
renseigner et d’informer l’autre, une obligation de renseignements fort lourde. On doit se
souvenir de l’adage de FOUILLEE selon lequel « qui dit contractuel dit juste ». Par cet
adage, il estimait que la vie en communauté est l’expression d’un choix libre de chacun de ses
membres. Compte tenu du fait qu’internet permet d’accélérer tout ce qui se vend dans le
monde, il y a danger sur le consentement. En ce sens que, non seulement on peut acheter des
produits non désirés, le cyber vendeur peut cacher au cyber consommateur des informations,
lesquelles seraient de nature à déprécier le produit vendu ou la prestation achetée, bref dans
l’univers du web, plusieurs facteurs peuvent influencer négativement le consentement et
altérer l’autonomie de la volonté de son auteur. Les craintes de contracter par voie
électronique constitue des freins au développement du commerce électronique. Pour assurer la
confiance des acteurs et son développement, pour protéger la partie la plus faible et garantir
l’intégrité de son consentement, le droit va essayer d’anéantir le déséquilibre contractuel en
instaurant à la charge des professionnels, certaines obligations supplétives du droit commun
comme une information précontractuelle suffisante pour éclairer le consentement du futur co-
contractant. Autrement dit, l’instauration d’une obligation précontractuelle d’informations
avant même la consolidation du consentement caractérise le contrat électronique et constitue
une étape importante vers la confiance au contrat électronique.
Paragraphe 1 : L’incontournable obligation précontractuelle d’informations dans le
contrat électronique
La formation du contrat englobe la conclusion de celui-ci, mais aussi toute la phase qui
vient en amont à la conclusion du contrat. L’information précontractuelle recouvre l’ensemble
des éléments d’informations fournies aux co-contractants dans la période qui précède la
conclusion du contrat. Elle comprend aussi bien certaines informations fournies dans les
messages publicitaires, des offres disponibles en ligne ou encore celles fournies dans les
rubriques « informations légales » et « conditions contractuelles ». La période précédant la
conclusion du contrat électronique est spécifique à plusieurs égards en raison de la nature
particulière du contrat électronique. En effet, le contractant électronique est dans l’obligation
de fournir à son co-contractant futur, certaines information originales, actes à assurer une
transparence de la procédure de conclusion du contrat. Dans le cyberespace, plusieurs niveaux
de règlementations doivent être pris en compte : niveaux national, international et tous les
autres niveaux intermédiaires : régional et multilatéral. L’article 7 de la Convention des
Nations Unies sur l’utilisation des communications du contrat électronique dans l. Ces
contrats internationaux rappellent aux parties qu’elles doivent respecter les obligations
d’information que peut leur imposer la loi nationale. C’est ainsi que le législateur
camerounais, à l’article 15 de la loi de 2010, prescrit des informations précontractuelles à
fournir. Dans les contrats passés par internet, il faut savoir que l’obligation d’information se
révèle déterminante dans la décision de contracter. Il ne s’agit pas uniquement de s’identifier
ou de fournir des informations sur le lieu d’établissement, il s’agit notamment de fournir des
éléments à double tranchant qui peuvent inciter le co-contractant à conclure ou non le contrat
électronique. L’objet et la description du produit ou du service constituent l’un des éléments
auxquels le co-contractant aurait le droit de bénéficier.
I- Le contenu de l’obligation précontractuelle d’information
Les procédés techniques employés, l’environnement immatériel, l’absence de contact
physique, l’opacité des relations et l’insécurité juridique incitent à renforcer l’information
précontractuelle du cyber contractant. Il faut noter que l’utilisation d’internet sans le recours à
une information précise peut amener l’internaute à des confusions. C’est la raison pour
laquelle le formalisme informatif renforcé dans le contrat électronique est un outil
indispensable pour éclairer le cyber contractant, attirer son attention, afin de protéger son
consentement, offrant ainsi au contrat électronique, la clarté et la précision, ce qui mène à
l’instauration de la confiance et de la sécurité des transactions passées par voie électronique.
L’article 15 de la loi camerounaise de 2010 dispose : « Avant la conclusion du contrat, le
vendeur est tenu lors des transactions commerciales électroniques, de fournir au
consommateur, de manière claire et compréhensible, les informations suivantes :
- L’identité, l’adresse et le téléphone du vendeur ou du prestataire des services ;
- Une description complète des différentes étapes d’exécution de la transaction ;
- La nature des caractéristiques et le prix du produit ;
- Le coût des livraisons et le cas échéant, les tarifs d’assurance du produit et les taxes
exigées ;
- La durée de validation de l’offre du produit au prix fixé ;
- Les conditions de garanties commerciales et du service après-vente ;
- Les modalités et les procédures de paiement et les cas échéant, les conditions de crédit
proposées ;
- Les modalités et les délais de livraison ;
- L’exécution du contrat et les résultats de l’inexécution des engagements ;
- La possibilité de rétractation et son délai ;
- Le mode de confirmation de la commande ;
- Le mode de retour du produit, d’échange ou de remboursement ;
- Le coût d’utilisation des moyens de télécommunication lorsqu’ils sont calculés sur une
autre base que les tarifs en vigueur ;
- Les conditions de résiliation du contrat lorsque celui-ci est conclu à durée
indéterminée ou supérieure à 1 an ;
- La durée minimale du contrat pour les contrats portants sur la fourniture à long terme
ou périodiquement, d’un produit ou d’un service. »
A l’analyse de ces informations précontractuelles, il se dégage une impression qu’on serait
en présence des clauses contractuelles. Non seulement elles portent sur l’identification du
cyber contractant, sur l’offre, sur les modalités d’exécution du futur contrat, autant le
législateur les impose au cyber contractant pour protéger son futur co-contractant. On peut
discuter de la pertinence de cette distinction, on peut lui trouver un caractère dérogatoire au
droit commun des contrats dès lors que le législateur n’encadre pas la période précontractuelle
et encore moins ne définit pas les informations à communiquer à l’éventuelle partie au
contrat. Il faut savoir qu’en droit commun des contrats, la partie qui offre doit pouvoir donner
le maximum d’informations sur son bien ou son service, telles que, un client pourrait être
intéressé à rentrer en contrat avec lui. La rupture des pourparlers contractuels emporte la
responsabilité délictuelle, alors que dans le cadre des contrats électroniques, le non-respect
des informations préalable entraîne la nullité absolue du contrat intervenue par la suite. On
peut apprécier cette approche du législateur qui serait justifiée par le contexte du web, dans
lequel les parties prennent facilement des engagements contractuels sans discuter forcément
de tous les aspects du contrat. A la lecture des informations précontractuelles, le cyber
acheteur pourrait facilement entrer en contrat avec le cyber vendeur, car les obligations
précontractuelles lient le vendeur bien qu’elles soient discutables du point de vue de
l’acheteur.
On doit noter aussi que les informations ainsi énumérées doivent être fournies et mises à la
disposition du consommateur pour consultation à tous les stades de la transaction. Cette
exigence permet au consommateur de s’assurer de la fidélité du cyber vendeur à l’égard des
informations précontractuelles. Le législateur camerounais, à l’article 26 sanctionne par la
nullité et de nul effet, tout accord intervenu entre les parties, alors que le vendeur n’apporte
pas la preuve d’avo ir respecté cette information préalable à la conclusion du contrat. Ceci
permet de dire que l’obligation précontractuelle d’informations permet de distinguer le contrat
électronique des contrats de droit commun. La finalité protectrice de cette obligation
précontractuelle emprunte à l’esprit consumériste, à savoir le régime de protection des
consommateurs qui sont considérés comme la partie faible par rapport aux professionnels
fabricants. L’exigence d’information précontractuelle dans les contrats électroniques a été
consacrée en droit européen, d’une part par la directive 97/7/CE concernant la protection
des consommateurs en matière de contrat à distance ainsi qu’à travers la directive
2000/31/CE sur le commerce électronique. Toutefois, si cette finalité protectrice de
l’obligation précontractuelle d’informations est perçue sous l’angle consumériste, on devrait
s’attendre à ce que les professionnels consommateurs ou les entreprises qui achètent sur le net
n’en soient pas bénéficiaires. Pourtant, tel ne semble pas être l’avis des législateurs qui n’ont
pas exclu d’autres catégories de cyber acheteur.
II- L’exécution de l’obligation précontractuelle d’informations
L’existence d’une obligation légale d’informations permet de faciliter au moins les
questions de la preuve. Reste à dire que les textes destinés à assurer ce droit d’information
précontractuel doivent atteindre les objectifs pour lesquels ils ont été établis. On se pose la
question de savoir si c’est l’obligation d’informer qu’il faut rechercher ou l’obligation
d’informer utilement. En d’autres termes, qu’est-ce que le co-contractant dans un contrat
conclu dans un espace virtuel est censé savoir par sa position ? Qu’est-ce qu’il doit savoir ?
De quoi a-t-il besoin ? Il faut dire que l’objectif final et indiscutable de fournir des
informations avant de conclure un e-contrat se résume à savoir si le créancier de l’obligation
d’information avait connu l’information, il aurait émis le même consentement qui est par
hypothèse parfait Il en aurait cependant obtenu ce qui était prévu au contrat, c’est-à-dire
l’exécution de celui-ci aurait été satisfaisante pour lui. Passer du contenu de l’obligation
d’information précontractuelle à son exécution permet de mettre le point sur les difficultés
qu’on peut tirer notamment de l’application de cette obligation. On peut se poser quelques
questions, celles de savoir si les informations requises sur l’identification sont toutes
indispensables. Autrement dit, sont-elles essentielles au co-contractant lors de la formation du
e-contrat et plus particulièrement au contrat de cyber consommation. Aussi, relativement aux
informations sur les conditions contractuelles, il y a lieu de se demander quels sont les
éléments essentiels déterminants dans la prise de décision de contracter. De même, quel est le
moment de la fourniture de ces informations ? On doit observer que le texte ne répond pas de
manière précise à ces préoccupations. On en déduit un manque de précision regrettable.
Toujours est-il que la sanction du défaut d’informations précontractuelles est que le contrat
qui serait conclu dans sa suite serait nul et de nul effet. La gravité de cette sanction devrait
amener le législateur à compléter/améliorer le régime juridique de l’information
précontractuelle dans les e-contrats.

Paragraphe 2 : La phase contractuelle


Depuis l’apparition du pallier virtuel, l’achat par internet est désormais possible en tous
lieux et à toute heure, pratiquement tout le monde peut tout acheter sans avoir à se déplacer
au-delà du lieu où se situe son ordinateur connecté à internet. Grâce à la technologie de
communication, les rapports humains connaissent de nouvelles formes d’échange. Quoi qu’il
en soit, le contrat formé par voie électronique suppose comme tout contrat de droit commun
que les parties expriment leur volonté. Le consensualisme électronique autorise plusieurs
modalités d’expression de la volonté par un « clic » comme par un « double-clic » mais qui se
trouve encadré par un imposant formalisme destiné à préserver toutes les étapes du
consentement par voie électronique. L’offre et l’acceptation en ligne dont la rencontre forme
le contrat doivent être strictement encadré et bien adapté dans l’espace virtuel afin de garantir
au co-contractant une sécurité juridique digne de son nom. On verra que les mesures
classiques du droit commun des contrats ont dues être complétées et adaptées par des textes
spécifiques. La règlementation s’applique ainsi. Non seulement à l’offre de contracter, mais
aussi aux conditions déterminant son acceptation.
I- L’offre électronique
L’offre en ligne doit répondre à certaines exigences permettant ainsi de garantir au
contractant la sécurité et la fiabilité des transactions une fois conclues et même avant leur
conclusion. La qualification juridique de l’offre électronique constitue l’un des piliers
indissociables de l’existence du e-contrat et de sa formation. Son contenu détermine les
conditions de sa validité.
A- Les spécificités de l’offre en ligne
De par sa présence dans un espace virtuel, l’offre électronique révèle un caractère
international par excellence, ce qui va remettre en cause la question de l’offre à une personne
déterminée. Puisque le réseau internet ne connaît pas de frontières, l’offre en tant que tel peut
prendre une dimension internationale et comporter un élément d’extranéité. En effet, toute
personne, où qu’elle se trouve dans le monde, connectée à un réseau internet peut accéder aux
offres en ligne. Cette dimension planétaire présente des difficultés et pratiques qui résident
dans la maîtrise du territoire par le pollicitant d’où l’intérêt de cloisonner l’offre dans l’espace
virtuel. Toutefois, la délimitation géographique de l’offre participerait d’une politique
commerciale __ par le caractère international de l’offre. En ce qui concerne les modalités de
l’offre électronique, il faut d’abord définir l’offre qui est une manifestation de volonté ayant
pour objet la proposition de conclure un contrat à des conditions qui sont précisées par
l’offrant. On la définit également comme la proposition faire par une personne déterminée à
une ou plusieurs autres personnes déterminées ou non, de conclure un contrat déterminé à
des conditions déterminées. Il ressort de cette définition que l’offre est faite dans un but donné
et doit avoir un contenu précis. Une jurisprudence française constante a posé fermement le
principe selon lequel l’offre faite au public lie le pollicitant, à l’égard du premier acceptant
dans les mêmes conditions que l’offre faite à personne déterminée. Il résulte de cette
jurisprudence que l’offre faite à une personne déterminée ou adressée au public via les
réseaux internet emporte en cas d’acceptation, formation du contrat.
La doctrine distingue l’offre à une ou plusieurs personnes déterminées de l’offre à des
personnes indéterminées appelée aussi « offre au public », « pollicitation collective »,
« offre publique de contracter » et qui serait destinée à toute personne intéressée sans aucun
critère. De ce constat, il convient de s’interroger sur l’intérêt de cette distinction et de son
impact sur les relations tissées sur le réseau internet. Si en droit français, une proposition faite
par des personnes déterminées constitue en principe une offre, en droit anglais (Invitation to
treat), en droit allemand, elle constitue à faire d’une simple invitation, une offre. La
Convention des Nations Unies sur les contrats sur la vente internationale des marchandises
appelée Convention de Vienne qui a été ratifiée par le Cameroun considère une proposition
adressée à des personnes indéterminées ne constitue une invitation à l’offre à moins que la
personne qui a fait la proposition n’ait clairement indiqué qu’il s’agit bien d’une offre. Dans
cette hypothèse, le contrat serait parfait par l’acceptation émanant de l’autre partie.
Toutefois, si l’offre est adressée à des personnes déterminées, la proposition doit être précise
et indiquer la volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation. Selon la Convention de
Vienne, une proposition est suffisamment précise « lorsqu’elle désigne les marchandises et
expressément ou implicitement, fixe la quantité et le prix ou donne des indications
permettant de les déterminer. ». Pour se résumer, l’offre devient un véritable acte juridique
(plus précisément un engagement unilatéral de volonté), lorsqu’elle est adressée à une
personne déterminée d’une part, et comporte d’autre part, la stipulation d’un délai précis,
désigne la marchandise et fixe la quantité. Par contre, lorsqu’elle est faite au public, on n’est
pas en présence d’une offre, mais d’une simple invitation à entrer en pourparlers contractuels.
B- La qualification de l’offre électronique
En droit camerounais, le code civil n’a pas défini l’offre, c’est la doctrine et la
jurisprudence qui ont dégagé la notion et en ont précisé les caractères. Dans son acception la
plus large, l’offre est une proposition de contracter. En droit international, l’offre est toute
proposition de conclure un contrat qui est suffisamment précise et qui indique la volonté de
son auteur d’être lié en cas d’acceptation. Ce sont ces deux définitions qui repose sur les
critères permettant de répondre pleinement à la qualification juridique de l’offre. A défaut, il
n’y aurait qu’une simple proposition d’entrer en pourparlers ou encore un appel d’offre. Dans
quelle mesure les critères attachés à la qualification de l’offre dans un espace virtuel sur la
toile mondiale permettent d’identifier d’une part, l’offre d’une invitation à l’offre ou à entrer
en pourparlers contractuels et d’autre part, à distinguer l’offre d’une publicité sur le net.
Autrement dit, les informations diffusées sur un réseau de communication seraient-elles
constitutives d’une offre ? Il faut savoir que l’offre se caractérise par la précision sur les
éléments essentiels de l’opération envisagée par les parties sans aucune indication de réserve
implicite ou explicite accompagnant l’offre. En l’absence de cette précision, nous serions en
présence d’une invitation à entrer en pourparlers. L’appréciation de ce critère de fermeté de
l’offre suscite un débat dans l’univers du net, par exemple, qu’en est-il des sites internet qui
prévoient des conditions d’agrément préalables des contractants avant la conclusion du contrat
ou la passation de la commande ou lorsque le professionnel ajoute dans la proposition faite
sur une boutique virtuelle ou une galerie marchande qu’il n’entend pas être lié par les
informations diffusées, convenues dans sa proposition ? Autrement dit, la question qui se pose
est celle de déterminer si la proposition électronique de contracter en raison de ces réserves
expresses ou implicites n’est pas seulement une simple invitation à entrer en pourparlers
puisqu’elle entache directement la qualification de l’offre. Malgré que la question reste en
débat, il faut retenir que d’une manière générale, en matière de contrat électronique, la
qualification d’offre doit être retenue uniquement dans l’hypothèse où le pollicitant ne dispose
pas de la possibilité de se libérer de manière arbitraire. Toutefois, il faut souligner l’hypothèse
dans laquelle le pollicitant a formulé une réserve, par exemple « une offre de vente de
marchandises dans la limite du stock disponible » ; il ne s’agirait pas dans ce cas d’une
disqualification de l’offre mais d’une circonscription de l’objet de l’offre.
Distinguons l’offre électronique de la publicité : il faut se rendre compte que l’internet
est aujourd’hui le lieu où la publicité est le secteur bénéficiaire par excellence, au point où fut
envisagée la création d’une taxe dite Google sur les revenus des différents opérateurs __.
L’offre de contracter par internet est souvent entourée d’incitation sous forme de publicité
(bandeaux publicitaires, spamming, skycraper, pop-up, pop-under). La publicité peut aussi
prendre la forme de courrier électronique personnalisé, de forum de discussion, de sites web
ou de référencement de sites à partir du moteur de recherche, … etc. L’UE définit la publicité
comme toute forme de communication faite dans le cadre d’une activité commerciale
industrielle, artisanale ou libérale dans le but de promouvoir la fourniture de biens ou service,
y compris les biens immeubles, les droits et obligations. A la question de savoir si la publicité
en ligne est une offre contractée, dans la note explicative de la CNUDCI relative à la
Convention sur l’utilisation de communication des contrats internationaux elle apporte une
réponse en ces termes : « … En règle générale, une société qui fait de la publicité pour ses
biens ou ses services sur internet ou par l’intermédiaire d’autres réseaux ouverts devraient être
considérés comme __ invitant simplement des personnes qui ont accès à son site à faire des
offres. Par conséquent, une offre de biens ou de services par l’intermédiaire d’internet n’est
pas présumée constituer une offre irrévocable ». En conclusion, l’offre électronique doit être
précise et ferme pour requérir le qualificatif d’offre et lier en conséquence le pollicitant.
L’offre à des personnes indéterminées ou au public n’est qu’une invitation à entrer en
pourparlers.
C- Les conditions de validité de l’offre
Dans le réseau internet, toute personne professionnelle ou non peut proposer des produits
ou services sans qu’il n’y ait moyen de contrôler le sérieux et la solvabilité de l’offrant. Ce
risque ne peut que s’aggraver dans un contexte international du contrat électronique où le
destinataire de l’offre peut se trouver dans un autre coin de la planète que l’offrant. Dans le
contexte de l’offre par voie électronique, celle-ci doit répondre à divers critères à raison des
particularités de ce moyen de conclusion du contrat. On considère qu’il y a bien offre si elle
comporte les éléments essentiels du contrat. Il est aussi important de savoir sur quoi doit
porter le consentement des parties pour que le contrat soit formé. En d’autres termes, que doit
contenir l’offre en ligne ? Ce qui fait naître une obligation de maintien de l’offre.
1- Le contenu de l’offre en ligne
Etant donné que l’offre n’est pas n’importe quelle manifestation de volonté, que son
acceptation aboutit à la conclusion du contrat, il en résulte qu’elle doit être précise et ferme.
La fermeté de l’offre suppose que l’offrant ait la volonté de s’engager dans les termes du
contrat qu’il propose sans aucune réserve, car la levée de ces réserves emporte un nouvel
accord de l’offrant. La précision quant à elle signifie que l’offre doit contenir tous les
éléments essentiels du contrat, sur lesquels les parties doivent s’accorder afin qu’une simple
acceptation permette la conclusion du contrat. C’est ainsi que l’article 11 de la loi
camerounaise précise le contenu des offres effectuées par voie électronique concernant la
fourniture de biens ou la prestation de services, à savoir les différentes étapes à suivre pour
conclure le contrat par voie électronique ; les moyens techniques permettant à l’utilisateur
avant la conclusion du contrat, d’identifier les erreurs commises dans la saisie des données et
de les corriger ; la ou les langues proposées ; en cas d’archivage du contrat, les modalités de
cet archivage par l’auteur de l’offre et les conditions d’accès au contrat archivé ; les moyens
de consulter par voie électronique les règles professionnelles et commerciales auxquelles
l’auteur de l’offre entend, le cas échéant, se soumettre. L’étendue des obligations qui doivent
figurer dans l’offre, dans l’univers électronique est de nature à assurer le niveau de précision
nécessaire au caractère juridique de l’offre. En présence d’une obligation d’information
préalable sur le contenu de l’offre, il se pose la question de savoir quels sont les éléments
essentiels du contrat, sur lesquels les parties doivent s’accorder pour qu’un contrat
électronique soit valablement formé. On conclurait sans hésiter que tous les éléments
nécessaires à la conclusion du contrat, suffisamment apprécié par les parties devraient être
fournis pour que le e-contrat soit formé valablement.
2- La période de validité de l’offre en ligne
Elle soulève certaines difficultés en raison du caractère permanent du support
informatique. L’offrant peut choisir d’assortir ou non son offre d’un délai de l’offre.
Cependant, en raison de l’insécurité contractuelle générée par la dématérialisation et
l’internationalisation des échanges électroniques, l’offre qui n’est pas assortie d’un délai
constitue un élément d’insécurité juridique où un internaute souhaitant passer un contrat par
voie électronique. Le législateur camerounais est silencieux sur la question. Le droit français
considère que l’offre est en elle-même, dépourvue de valeurs obligatoires et reste révocable
en ces termes : « elle appartient toujours à celui de qui elle émane ». En conséquence,
l’offre peut alors être rétractée jusqu’à son acceptation. En l’absence d’un délai, la Cour de
cassation française incite les tribunaux à déterminer si l’offre n’était pas assortie
implicitement d’un délai raisonnable d’acceptation. L’offre faite par voie électronique peut
être acceptée aussi longtemps qu’elle est accessible en ligne. Il appartient donc à l’offrant de
retirer son offre de son site. Dans un souci de protection de l’offrant en ligne, le législateur
français prévoit que l’auteur d’une offre reste engagé par elle tant qu’elle est accessible par
voie électronique de son fait. Cette solution est critiquable, car aboutit indéfiniment à lier
l’offrant en matière de e-contrat tant que son offre resterait librement accessible sur internet.
Pourtant, les particularités techniques du réseau peuvent créer un effet de rémanence de
l’offre qui fait que l’offre reste consultable sur internet alors que l’offrant a accompli toutes
les diligences nécessaires pour la retirer sur site web. C’est aussi le cas des sites qui
conservent une copie temporaire en mémoire cachée sur un site miroir. Une hypothèse dans
laquelle l’internaute ne peut manifestement savoir qu’il visite une copie de l’offre. Au-delà de
ces divergences de vue, il faut retenir que l’offre électronique doit être assortie d’un délai en
l’absence duquel le juge saurait apprécier le délai raisonnable au-delà duquel l’offre
deviendrait caduque. Pendant le délai légal ou raisonnable de l’offre, si le pollicitant ne
respecte pas son offre, il encourrerait une sanction en dommages et intérêts. En droit
allemand, le principe du caractère non obligatoire de l’offre en droit français est inversé.
II- L’acceptation de l’offre
En droit des contrats, le principe du consensualisme est celui selon lequel le fondement
d’un accord quelconque repose sur le consentement désintéressé, quelle que soit la forme de
ce consentement. L’acceptation constitue la dernière étape de la formation du consentement.
On entend par acceptation, l’agrément pur et simple de l’offre par son destinataire. En matière
de contrat conclu par voie électronique, il apparait nécessaire de veiller à l’existence véritable
du consentement du co-contractant, car un simple clic involontaire ou une erreur informatique
peuvent donner naissance à un e-contrat non désiré. Cela peut résulter soit de l’absence de
maîtrise de la configuration du site sur lequel un internaute souhaite contracter, et en
conséquence, une mauvaise maîtrise de la technologie employée pour conclure le contrat.
2e cas de figure : l’internaute peut avoir cliqué sans avoir conscience, sur les obligations
découlant de son clic, c’est-à-dire en raison d’un défaut de compréhension.
D’autres difficultés peuvent être soulevées, consistant au temps que consacre l’acceptant,
à l’analyse de l’offre et qui est relativement court en pratique, car la diversité d’internet
empêche parfois une comparaison efficace des offres contractuelles.
C’est ainsi que certaines législations vont pallier ces difficultés en adoptant un formalisme
électronique dont l’efficacité reste redoutable et demeure posée la question du moment, la
formation du contrat par voie électronique.
A- Le formalisme électronique de conclusion du contrat
Il faut rappeler que le contrat électronique est un contrat « non présent », puisqu’il n’est
pas conclu en la présence physique, simultanée des deux parties, alors que le principe de
consensualisme impose la rencontre de l’offre et l’acceptation pour que le contrat soit formé.
Autrement dit, l’acceptation de l’offre n’est effective qu’à partir du moment où elle coïncide
avec l’offre dont elle est la réplique. L’UE qualifie le e-contrat de contrat à distance. Plus
précisément, c’est une modalité de contrats à distance. Ici, la distance, l’absence de présence
physique simultanée des parties, ainsi que la dématérialisation de l’acceptation peuvent
influencer sur les modalités de son expression. Selon le principe du consensualisme,
l’acceptation ne doit revêtir aucune forme particulière. Toutefois, sur les réseaux sociaux, il
demeure essentiel d’observer la manière dont l’acceptation pourra se manifester, et les
procédés offerts pour exprimer celle-ci sur une page web. De manière générale sur les
réseaux, l’acceptation peut être expresse ou tacite, peu importe. Dans tous les cas,
l’acceptation doit être suffisamment claire et équivoque pour aboutir à la formation du
contrat.
1- L’acceptation expresse
Le législateur camerounais est silencieux sur l’expression de l’acceptation d’un contrat
électronique. L’acceptation est expresse lorsqu’elle s’exprime par un langage écrit, parlé, ou
même gestuel. Elle peut résulter selon les pays, d’un double-clic sur un bouton d’acceptation
ou d’un seul clic. Le législateur européen, dans sa directive sur le commerce électronique a
instauré la procédure dite de « double-clic ». Ainsi, pour que la formation du contrat soit
parfaite, la configuration de la commande doit être suivie de l’accusé de réception.
Autrement dit, après le double-clic, le pollicitant doit accuser réception ; c’est dire que
l’acceptation doit être formulée par un acte positif. L’article 12-2 de la loi camerounaise
dispose : « L’auteur de l’offre doit accuser réception en ligne de la commande qui lui a été
adressée dans un délai ne devant pas excéder cinq jours.  ». Ce processus de double-clic est
transposé par en droit français par la loi pour la confiance dans l’économie numérique de
2004. A l’analyse de cette loi, l’acceptation se manifeste en deux temps : un premier clic pour
accepter les conditions générales, et un second clic pour accepter le contrat après le résumé
des conditions particulières. La première acceptation dans ce cas n’aurait aucun effet juridique
si elle n’est pas confirmée par une seconde acceptation. Il est clair que ce formalisme est
consacré pour assurer une protection au e-consommateur.
L’accusé de réception exigé par l’article 12-2 n’emporte pas validation du contrat, il
permet seulement d’obtenir confirmation que la commande a été bien prise en compte par le
professionnel vendeur afin de mieux assurer la rencontre des consentements. Ce principe de
double-clic présente certains intérêts pratiques, en ce sens que le processus de formation du e-
contrat se déroule un peu comme dans le monde réel, plus précisément celui de la
consommation et comme dit un auteur « au supermarché, dans un premier temps, le client met
des produits dans un cadi et dans un second temps, confirme la totalité de sa liste d’achat, lors
du passage à la caisse.
L’acceptation par un seul clic : aux USA, la jurisprudence admet plusieurs mécanismes
pour manifester le consentement. Elle repose sur le simple clic sur le bouton de la souris pour
exprimer l’acceptation. En effet, différentes approches techniques d’acceptation en ligne ont
été progressivement développées en droit américain, où un constat est fait, de l’acceptation de
l’utilisation habituelle du vocable « wrap ». Dans l’appréciation judiciaire de ces techniques,
les juridictions de Common Law ne sont pas toujours unanimes. Parfois, cette technique de
clic wrap est susceptible d’exprimer le consentement du co-contractant. Parfois, il faut cliquer
sur le bouton « je suis d’accord », pour que le consentement soit exprimé. Toujours est-il que
la technique du simple clic est admise dans la jurisprudence américaine. Si la technique
d’acceptation par un simple clic est facile et ne présente aucune difficulté pour l’internaute, il
n’en demeure pas moins que les risques d’une mauvaise manipulation de la souris ou le
manque de maîtrise de la technologie soient susceptibles d’affaiblir la protection du cyber
consommateur et de l’amener à s’engager sur un contrat dont il ignore la portée juridique.
2- L’acceptation tacite et la portée du silence
La règle selon laquelle « le silence de celui que l’on prétend obliger ne peut suffire en
l’absence de toutes autres circonstances pour faire preuve contre lui de l’obligation
alléguée » remonte à l’arrêt de la chambre civile de la Cour de Cassation française du
25/05/1870. Conformément à cette jurisprudence, le silence ne saurait obliger le
développement des e-contrats à ramener à l’ordre du jour cette règle pour s’interroger sur le
degré de protection juridique de l’acceptation du co-contractant. Cela naît de l’ambiguïté
volontaire autour de l’acceptation des conditions générales d’utilisation, ainsi que de
l’acceptation résultant du silence, consacrées par certains législateurs. Lors de la formation du
e-contrat, on note certaines ambiguïtés dues aux pratiques quasi universelles d’acceptation des
conditions générales d’utilisation. L’internaute peut se trouver accepter des conditions
d’utilisation par la seule visite d’un site alors que rares sont les internautes qui prennent
connaissance de ces conditions, soit par négligence, soit par ignorance des conséquences
juridiques qui y sont afférentes. Les conditions générales d’utilisation des sites web sont des
contrats d’adhésion qui encadrent l’utilisation du service, en ce sens que, il appartient aux
professionnels propriétaires du site d’en fixer les clauses et les sanctions en cas de non-respect
et à l’internaute d’y adhérer. La doctrine applique cette pratique d’acceptation implicite du
contrat au monde réel, en particulier, dans le contrat de transport des personnes qu’un
voyageur accepte en montant à l’arrière d’un véhicule stationné à une borne de taxi. Par cet
acte, ce dernier a conscience qu’il sera tenu de payer le prix du service. Or, par une simple
navigation sur internet, dans un site de recherches ou même de vente de produits ou de
services, l’internaute n’a pas conscience de souscrire à un contrat, ni l’étendue de ses
obligations. Pourtant, à l’occasion de la navigation, l’internaute octroie à son co-contractant,
des droits sur ses données à caractère personnel, sur les traces qu’il laisse à l’occasion de la
navigation, en conséquence de quoi il n’est pas rare que l’on constate après la recherche
effectuée, être exposé à des publicités ciblées en relation directe avec cette précédente
recherche.
Pour entourer et encadrer la portée de telles pratiques, la jurisprudence rappelle que les
conditions générales d’utilisation d’un site web doivent être clairement identifiées d’une part
et formellement acceptées, d’autre part. L’acceptation peut-elle résulter du silence dans les
contrats électroniques. Il faut rappeler que la Convention de Vienne sur les contrats
internationaux de vente de marchandise __ dispose : « le silence ou l’inaction à eux seuls ne
peuvent valoir acceptation ». Les principes UNIDROIT relatifs aux contrats du commerce
international vont dans le même sens, et considèrent à l’article 2.1.1 que : « le contrat se
conclue soit par l’acceptation d’une offre, soit par un comportement des parties qui indique
suffisamment leur accord. ». L’article 12-1 de la loi camerounaise confirme cette approche
en ce sens qu’un contrat ne peut être considéré comme valablement conclu que si le
destinataire de l’offre a eu au préalable la possibilité de vérifier le détail de sa commande et
son prix total, et de corriger d’éventuelles erreurs avant de confirmer celle-ci et de __ son
acceptation. Cependant, la jurisprudence émet des réserves quand elle admet que : « Si le
silence ne vaut pas à lui seul acceptation, il n’en est pas de même lorsque les circonstances
permettent de donner à ces silences la signification d’une acceptation. ». La Common Law
va dans le même sens. En revenant sur ce débat, on peut se poser la question de savoir si en
matière de contrats conclus par voie électronique, le silence vaut acceptation lorsque les
circonstances permettent de donner à ce silence la signification d’une acceptation.
Tout d’abord, il faut noter que la formation du e-contrat est envisagée en 02 étapes : la
1 comprend les conditions de vente ou d’utilisation, c’est-à-dire, le cadre commun de la
ère

transaction réalisée à partir du site de l’offrant ; la 2nde se rapporte aux conditions spécifiques,
aux biens ou aux services objet de la transaction et qui portent généralement sur la nature du
bien ou du service, ses qualités, quantités, prix, …, etc. Au-delà de tout débat jurisprudentiel,
l’acceptation du contrat doit porter tant sur les conditions générales que sur les conditions
spécifiques. D’une manière générale, bien qu’il soit possible de constater des décisions
contradictoires quant à la recevabilité des circonstances traduisant une acceptation tacite
d’être lié, il faut croire néanmoins que dans le cyberespace, il importe que les parties prennent
soin de bien éclairer leur intention et exprimer leur consentement. Il incombe dans ce cadre au
cyber commerçant, de prévoir des dispositifs d’accusé de réception reprenant le contenu des
conditions essentielles du contrat, de mettre à disposition des conditions générales et
d’utilisation accessibles et lisibles permettant la prise de connaissance de leur contenu avant
tout engagement contractuel.
B- Le moment de la formation du contrat par voie électronique
Lorsqu’un contrat est conclu entre les personnes présentes, le moment de la formation du
contrat est déterminé sans difficultés. Toutefois, une incertitude s’attache à la détermination
du moment de la formation du contrat lorsque les parties se trouvent à des endroits différents.
La question du moment de la formation du contrat entre non présents ou conclu à distance
pose donc une redoutable difficulté. En quel lieu et à quel moment peut-on considérer que le
contrat est formé. Il est sans doute important de déterminer le moment où le contrat est
conclu. Généralement, cette détermination permet de définir jusqu’à quel moment l’offrant
peut en principe retirer son offre sans encourir une action en responsabilité de la part de
l’acceptant. Après cette formation, dans les contrats translatifs de propriété, les risques de la
chose vendue sont transférés à l’acheteur sans considération de la livraison effective de la
chose. C’est au moment de la formation qu’on peut apprécier la capacité des contractants et
les conditions de validité du contrat au regard de la loi en vigueur. Ce moment constitue aussi
le point de départ de certains délais tel que celui de la prescription de certaines actions de
nullité du contrat ou pour l’exercice d’un droit de rétractation pour certains types de contrats.
Cependant, ce débat sur le moment de l’acceptation de l’offre et en conséquence de la
formation du contrat peut perdre de son importance dans un mode virtuel où le temps
consacre un message électronique pour parvenir au site ou à la boîte mail de l’offrant est dans
le cas normal, instantané. Même en cas d’incident technique, la réception ne peut être retardée
que de quelques minutes après qu’elle ait été émise. En outre, entre le moment de l’émission
de l’acceptation à travers un clic et le moment de la réception de celle-ci, il n’y a aucune
nuance à faire.
Un décalage dans le temps peut exister entre l’émission de l’acceptation et sa réception
lorsque le contrat est conclu par deux personnes qui communiquent par courrier écrit sur
papier. Lequel décalage n’a pas de raison d’être quand l’émission de l’acceptation se
manifeste par le clic sur le bouton indiqué sur le site d’un professionnel. Ceci amène à se
pencher sur la place de l’accusé de réception dans la détermination du moment de la
formation du contrat. Dans l’article 12 de la loi camerounaise, il se peut que l’accusé de
réception tienne lieu de l’acceptation. Dans ce cas, le contrat est réputé formé à la réception
de l’accusé de réception par le destinataire de l’offre.
Cette vue peut être discutée car il est possible que l’accusé de réception se borne
uniquement à respecter la réception du message émis par le client. Dans tous les cas, la liberté
de ne pas contracter est fondamentale. L’accusé de réception a son utilité lorsqu’il joue une
fonction probatoire du fait qu’il constate l’acceptation et en conséquence la formation du
contrat. Lorsqu’un cyber consommateur est connecté à un site web, il n’a pas les moyens de
prouver qu’il a émis son acceptation avec le clic. L’ADR va donc lui accorder cette preuve.
En l’absence de preuve de l’émission de l’acceptation et partant de la formation du contrat, la
question du moment reste floue à déterminer. Nous savons qu’en la matière, il existe deux
théories : celle de l’émission et celle de la réception.
La théorie de l’émission considère le contrat formé quand l’acceptant émet sa volonté de
contracter. Autrement dit, lorsque le destinataire de l’offre déclare accepter celle-ci, peu
importe si l’offrant a connu cette acceptation. En d’autres termes, conformément à la théorie
de l’émission, le contrat n’est conclu qu’au moment où la théorie de l’acceptant se dessaisit
du document supportant sa volonté. Cette théorie possède des appellations diverses en droit
anglo-saxon : expedition rule, postal rule, … Ceci tient compte du moyen d’envoyer
l’acceptation en remettant à un messager. Cette théorie de l’émission favorise la rapidité de la
transaction puisque le contrat sera formé à l’émission de l’acceptation et l’acceptant peut
immédiatement commencer à exécuter le contrat.
Selon la théorie de la réception, le contrat ne sera formé qu’au moment où l’offrant a
eu connaissance de la volonté de l’acceptant ou tout au moins a pu prendre connaissance de la
volonté de l’acceptant. Ce système de la réception assimile l’échange des consentements à
une communication de l’acceptation. Autrement dit, il ne suffit pas que le consentement soit
donné, il faut qu’il soit connu de l’autre. En conséquence, le contrat est formé lorsque
l’offrant reçoit l’acceptation ou lorsqu’il en prend connaissance ou est susceptible de le faire.
Sur la question, il faut savoir que la Convention de Vienne consacre le principe de la
réception de l’acceptation par l’offrant dans article 18 sauf qu’en cas des usages des relations
ou des relations d’affaires entre les parties, une réserve d’acceptation licite est accordée. Le
droit européen quant à lui considère que la détermination du moment de la formation du
contrat est une question de fait, c’est-à-dire qu’elle est laissée à l’appréciation du juge. Le
droit américain pour sa part consacre la théorie de l’émission. Devant la difficulté à cerner la
position du législateur camerounais, on doit considérer une déclaration d’acceptation
transmise par voie électronique prendra effet lorsqu’elle serait rentrée dans une boîte de
réception, afin qu’elle puisse être consultée, à condition que le destinataire ait lui-même
désigné cette boîte.
CHAPITRE 2 : LE FORMALISME CONTRACTUEL A L’EPREUVE DU
CONTRAT ELECTRONIQUE
L’apparition des nouvelles technologies de communication et de l’économie
numérique, le développement accru de ces technologies incitent à trouver des solutions
juridiques adaptées au particularisme que présentent les contrats conclus par voie électronique
par rapport aux contrats traditionnels. Deux séries de difficultés caractérisent ces contrats, à
savoir : qu’elles sont dues d’un côté à l’absence de support papier, et d’un autre côté, à la
circonstance que le e-contrat est conclu entre 02 personnes qui ne sont pas physiquement
présentes en un même lieu. L’évolution des techniques de reproduction sans support papier,
des documents électroniques, ainsi que la dématérialisation des échanges et des accords à
distance a suscité la question de la force probante des documents qui peuvent être transmis ou
constitués par le mécanisme de ces nouvelles technologies. Le Droit est ainsi appelé à
s’adapter en permanence et à répondre à ces nouvelles difficultés. Il doit être entendu que le
contrat ainsi conclu par voie électronique doit pouvoir être efficace juridiquement et répondre
aux exigences de sécurité juridique. Sous l’angle de la preuve, l’immatérialité des échanges
électroniques impose d’assurer un niveau de sécurité comparable à celui des contrats papiers.
La preuve en matière juridique peut se présenter sous différents angles. Elle peut
désigner des éléments destinés à faire naître la conviction du juge que tel fait est vrai ou que
tel acte existe avec tel contenu. Dans un autre sens plus étroit, la preuve est un procédé utilisé
aux fins de démontrer l’existence d’un fait ou d’un acte, et son contenu dans l’objectif de
soutenir une prétention juridique. Enfin, la preuve peut être employée dans le sens de résultats
de tels éléments probatoires sur la conviction du juge et l’issue du litige. Aujourd’hui, l’écrit
électronique est admis comme preuve au même titre que l’écrit papier sous réserves de
répondre à certaines exigences qui sont souvent liées à l’identification de l’auteur de l’acte, à
l’établissement et à la conservation du document électronique dans des conditions de nature à
en garantir l’intégrité.
La signature électronique est un moyen efficace pour répondre à ces impératifs dont
l’objectifs est d’assurer la sécurité juridique des transactions réalisées sur internet en donnant
la possibilité aux différents acteurs de prouver l’existence et la teneur de leurs échanges en
ligne. Dans cette perspective, la valeur juridique de l’écrit électronique en tant que preuve au
même titre que l’écrit sur support papier est subordonnée à la reconnaissance de la signature
électronique.
Section 1 : LA PREUVE DE L’ENGAGEMENT ELECTRONIQUE
Les NTIC jouent sur le droit de la preuve en ce sens qu’elle impose son actualisation
et le constat de l’importance des répercussions de l’avancée technologique sur cette matière
apparaît tel un poncif, à l’heure où l’adaptation du droit de la preuve __ longtemps perçu
comme une nécessité__. La recevabilité et la fiabilité de la preuve des documents établis sous
forme électronique sont des sujets portés devant les tribunaux. Toutefois, il ne faut pas en
conclure que le droit ne peut exister qu’en présence de sa preuve. L’absence de la preuve ne
conduit pas toujours à l’inefficacité du droit. En matière de e-contrat, il faut affirmer le
principe de la liberté probatoire de même que celui de la liberté formelle de la preuve. La
reconnaissance juridique de la force probatoire de l’écrit électronique se pose. Sur la question,
il faut savoir que l’assimilation de l’écrit électronique à l’écrit traditionnel a été le choix fait
par les NU, ainsi que par les législateurs nationaux.
Le principe d’assimilation de la preuve électronique à la preuve écrite sur support
papier suppose que l’écrit électronique donne au moins les mêmes garanties que le papier et
que l’ensemble des règles relatives à la preuve puisse s’appliquer à la preuve électronique.
Certains auteurs estiment que pour donner plus que sa place à l’écrit électronique dans le
système probatoire, il est indispensable que les justiciables aient confiance dans ce système
preuve. A défaut, la reconnaissance de l’écrit électronique sera vaine, puisqu’au lieu de
remplacer le papier, le support électronique viendra en juxtaposition avec celui-ci. La
CNUDCI a élaboré une loi-type de 1996 sur le e-commerce avec un guide pour son
incorporation. Cette loi a pour objet de faciliter le e-commerce en proposant aux Etats, un
ensemble de règles internationalement acceptables, dont le but est de lever les obstacles
juridiques résultant des dispositions légales auxquelles les parties ne peuvent déroger
conventionnellement en offrant une égalité de traitement des conventions sur support papier et
support électronique ; c’est le principe de l’égalité fonctionnelle. Cette égalité permet de
faciliter la communication sans support papier, et donc de promouvoir l’efficacité du
commerce international. Comme argument de fond, la CNUDCI indique que la forme sous
laquelle une certaine information est présentée ou conservée ne peut être invoquée comme
unique raison pour laquelle cette information n’aurait aucune valeur légale, validité ou force
probante. Par équivalence fonctionnelle, on entend généralement la technique qui consiste à
rechercher les fonctions qu’un écrit papier possède et de les transposer sur tout autre support
qui remplirait les mêmes fonctions.
Par ailleurs, à l’article 5 de cette loi-type : « la valeur légale, la validité ou la force
exécutoire d’une information ne sont pas refusées au seul motif qu’elle est présentée dans
la forme d’un message de données ». On y voit ainsi consacré le principe de la neutralité
technologique. La loi camerounaise n°2010/012 du 21/12/2010 relative à la cyber sécurité et
à la cyber criminalité au Cameroun sous le prisme de la signature électronique dispose à
l’article 17 : « la signature électronique avancée a la même valeur juridique que la
signature manuscrite et produit les mêmes effets que cette dernière. ». Par cette disposition,
le législateur camerounais fait sien, le principe de l’équivalence fonctionnelle. 
Il faut donc observer qu’en matière de e-contrat, l’écrit est exigé comme preuve et cela ne
saurait être sans difficultés, à savoir les critères utilisés pour déterminer les fonctions de l’écrit
numérique. Autrement dit, si le principe de l’équivalence fonctionnelle est unanimement
reconnu dans le monde, il existe en revanche un certain nombre de difficultés quant à la façon
de déterminer quelles sont les fonctions de l’écrit et comment celle-ci se concrétise sur le plan
pratique. Les principes UNIDROIT à l’article 1-10 proposent 02 critères :
- L’exigence d’un écrit est satisfaite quel que soit le support, dès qu’il permet de
conserver l’information qui y est contenue ;
- Il est également difficile d’apprécier la nature de la distinction entre ce critère de
matérialité et celui relatif à la conservation car cet élément de matérialité laisse sous-
entendre une certaine relation avec tout support physique.
Au-delà de ce débat, il faut retenir que le consensualisme numérique préserve la liberté dans
la production de la preuve, mais encadre la preuve la preuve elle-même, qui doit être un écrit
numérique. Cette preuve numérique produit les mêmes effets que la preuve sur support papier.
Section 2 : LA SIGNATURE ELECTRONIQUE
Il est évident que dans le monde du numérique, les transactions par voie électronique sont de
plus en plus fréquentes. Une variété de contrats se conclue sur internet et par voie
électronique dans le cyberespace ou selon des procédés électroniques préétablis. Le Droit
s’adapte à ces nouvelles technologies tout en reconnaissant l’équilibre fonctionnelle entre
l’écrit électronique et l’écrit papier. Jusque-là, la confiance numérique n’est pas encore
retrouvée car rien n’est plus facile que de modifier un contenu électronique sans même laisser
de traces et sans qu’on ne connaisse même l’auteur des modifications. Cela vaut bien pour la
signature électronique dont le rôle principal est de marquer un engagement ne pouvant être
contesté par la suite. Il vaut aussi pour le contenu du document dont il faut garantir l’intégrité.
La reconnaissance légale de la signature électronique va permettre de recevoir celle-ci au
même titre que la signature manuscrite. C’est ce que prévoit le législateur camerounais de
2010, à l’article 17. La signature électronique est définie au Cameroun par des moyens
techniques, tantôt par des références __ ou de fonction qu’expriment des expressions
employées pour consentir à un acte, ou exprimer un consentement. Quoi qu’il en soit, la
signature électronique est la transposition dans le monde numérique de la signature
manuscrite. Elle a pour principale fonction, d’identifier le signataire, de garantir l’intégrité
du contenu, son lien avec l’acte signé et sa pérennité dans le temps. C’est dire que la
signature électronique ne constitue pas un acte machinal, raison pour laquelle, elle est bien
encadrée en droit camerounais. A titre préventif, l’article 21 de la loi camerounaise dispose :
« toute personne désirant apposer sa signature électronique sur un document peut créer
cette signature par un dispositif fiable dont les caractéristiques techniques sont fixées par
un texte du Ministère chargé des télécommunications. ». Toute personne qui utilise un
dispositif de signature électronique au Cameroun doit prendre les précautions minimales
fixées par la loi pour éviter toute utilisation illégale des éléments de cryptage ou des
équipements personnels relatifs à sa signature, en cas d’utilisation illégitime de sa signature,
elle doit informer l’autorité de certification (l’ANTIC), car le titulaire de la signature
électronique est responsable du préjudice causé à autrui.
Pour justifier cette rigueur, il faut convoquer l’article 18 de cette loi : « une signature
électronique avancée doit remplir les conditions ci-après :
- Les données affairantes à la création de la signature sont liées au signataire et sont
sous son contrôle exclusif.
- Toute modification à elle apportée est facilement décelable ;
- Elle est créée au moyen d’un dispositif sécurisé dont les caractéristiques techniques
sont fixées par un texte du Ministère chargé des télécommunications  ;
- Le certificat utilisé pour la génération de la signature est un certificat qualifié. Un
texte du ministre chargé des télécommunications fixe les critères du certificat. »
On peut conclure que le régime juridique de la signature électronique au Cameroun est très
bien encadré et le signataire de la signature électronique est responsable de son utilisation car,
les éléments de sa signature sont sous son contrôle exclusif.

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