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LE DROIT DE LA

RÉGULATION
ÉCONOMIQUE
Réalisé par : HIDANE ZAKARIA ET OUMAIMA AIT MAHDI
Étant un enjeu crucial l'économie d'un pays le droit de la régulation économique
est un domaine complexe et en constante évolution, qui vise à établir des règles
et des normes pour encadrer les activités économiques et assurer un
fonctionnement juste et équitable des marchés et pour la société dans son
ensemble.

Voilà l'intérêt de définir le droit de la régulation économique. Fixée sur un


système de marché, tout à la fois requise et mise en difficulté par la
globalisation, la régulation est synonyme d'équilibre entre les pouvoirs et de
reconstruction des rapports de force. Le droit peut tout entier jouer ce rôle dans
son rapport avec l'économie mais, si l'on recherche une définition à l'intérieur
même du système juridique, elle visera l'appareillage juridique qui construit des
secteurs économiques sur un équilibre entre la concurrence et d'autres impératifs
hétérogènes.

Cette régulation économique peut être mise en place par les pouvoirs publics,
par le biais de lois, règlements et politiques publiques, ou par les acteurs privés,
tels que les entreprises, les associations professionnelles et les organisations de
consommateurs.

La régulation économique au Maroc a connu des évolutions importantes au fil


du temps, en réponse aux changements économiques et sociaux du pays,
pendant période coloniale (1912-1956) Durant laquelle le Maroc était sous
protectorat français et espagnol. Les autorités coloniales avaient le pouvoir de
réglementer l'économie du pays, en imposant notamment des taxes sur les
produits d'exportation et en contrôlant les investissements étrangers. La période
de l'indépendance (1956-1970) : Après l'indépendance du Maroc en 1956, le
pays a adopté un modèle économique planifié, inspiré du modèle soviétique.
L'État avait un rôle de premier plan dans l'économie, en contrôlant notamment
les prix et les investissements. La période de libéralisation (1970-2000) : Dans
les années 1970, le Maroc a entamé un processus de libéralisation de son
économie, en mettant en place des réformes visant à favoriser la croissance et à
renforcer la compétitivité du pays. Ces réformes ont notamment consisté en la
dévaluation de la monnaie, la réduction des barrières commerciales et la
privatisation de certaines entreprises publiques. La période de l'intégration
régionale et internationale (depuis 2000) : Depuis le début du 21ème siècle, le
Maroc a poursuivi son processus de libéralisation et d'intégration régionale et
internationale. Le pays a notamment adhéré à l'Union du Maghreb arabe (UMA)
et à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et a conclu des accords de
libre-échange avec de nombreux pays. Ces développements ont conduit à une
ouverture accrue de l'économie marocaine aux investissements étrangers et au
commerce international.

Le droit de la régulation économique se met en place, en grande partie sur les


cendres de l'organisation économique construite autour de monopoles d'État en
charge des services publics et dans la perspective de la mondialisation. Or, le
sens du concept de «régulation» demeure incertain en droit, alors même qu'il
fournit le socle sur lequel se construisent de nouveaux corpus unifiés de règles.
On ne saurait certes affirmer que ce terme renvoie d'une façon définitive et
complète à telle ou telle réalité institutionnelle, exercice épuisant et sans résultat
car, expression polysémique par excellence, plusieurs définitions de la
régulation demeurent recevables. Il faut simplement s'entendre sur les mots,
dans une vision pragmatique du langage, c'est-à-dire affecter aux mots un sens
pour non seulement ne pas s'égarer mais encore pour renvoyer à un ensemble de
règles cohérentes - le régime juridique -, ce qui rend la définition efficace, sans
que cela prétende exprimer les choses en elles-mêmes, dans des disputes
ontologiques d'autant plus sans fin qu'on prétendrait à des définitions
incontestables. En la matière, les enjeux de vocabulaire doivent être pris pour ce
qu'ils sont, c'est-à-dire ce qui doit être déployé pour éviter le plus possible
l'implicite et le double sens et rendre le plus aisé et le plus ordonné possible la
mise en œuvre des règles, pas plus - donc pas une désignation exacte et
exhaustive du monde - mais pas moins.

Dans cette optique, cette étude vise à explorer les fondements, les principes et
les perspectives de la régulation économique au Maroc, en mettant l'accent sur le
rôle du droit dans cette régulation. Nous allons donc nous intéresser aux
différentes lois qui régissent la régulation économique au Maroc en se posant la
problématique suivante quels sont les différents fondements et principes du droit
de la régulation économique ?

Pour répondre à cette problématique notre travail se divisera en deux parties :

.Les fondements du droit de la régulation économique (première partie)

.Les principes du droit de la régulation économique (deuxième partie)

A- Les fondements du droit de la régulation économique :

L’aspect juridique (1) et l’autorité de régulation (2) sont les principaux


fondements de la régulation économique

1/ L’aspect juridique de la régulation économique :

Le développement de la régulation économique au Maroc a suivi un


cheminement spécifique ce qui fera l’objet d’un examen de l’essence normative
d’abord pour examiner ensuite les facteurs qui contribuent au recours intensif à
la régulation économique.

 L’essence normative de la régulation économique :

Avec la constitution marocaine de 2011 la régulation fait son entrée officielle au


sein de l’ordre juridique marocain. Toutefois, il existe une essence juridique à la
régulation économique et une essence sociologique à celle-ci. Il est clair que le
texte se réfère à cette notion à plusieurs reprises tout en maintenant les
distinctions entre l’État régulateur à travers les autorités constitutionnelles
chargées de réguler certaines activités économiques et l’État administration qui
veille au maintien de la légalité́ et de la justice. Les lois qui ont créé les autorités
administratives indépendantes sont des sources législatives de la régulation
économique au Maroc. Elles ont contribuées depuis des années à l’introduction
de cette notion dans le marché́ économique marocain. Les évolutions
structurelles et conjoncturelles de l’économie au Maroc ont engendré l’évolution
du mode de réglementation de cette dernière. La constitution marocaine de 2011
est la source fondamentale de cette régulation économique.

Le texte est caractérisé par cette empreinte de régulation qui appartient à l’État
qui l’exerce par le biais des autorités de régulation appelé́ dans le texte
constitutionnel par instance de bonne gouvernance. Ces instances de bonne
gouvernance et de régulation et à l’article 166 on Cite le conseil de la
concurrence qui est l’autorité́ de régulation de la concurrence par excellence
mais aussi à l’article 165 la Haute autorité́ de la communication et de
l’audiovisuelle s’ajoute à cela l’autorité́ pour la probité́ cité dans l’article 167 et
qui veille à instaurer une transparence et à mieux réguler les marchés publics tel
que cela était prévu dans l’article 35 et l’article 36 pour le principe de la libre
concurrence. Toutefois, il faut rappeler qu’il existe d’autres autorités de
régulation économiques qui ont été́ créées par de simples textes législatifs et qui
ne disposent pas du pouvoir de rendre des avis ou de trancher des différends
relatifs aux activités économiques. L’élément commun entre toutes ses autorités
de régulation économique demeure l’activité́ économique qui est l’objet de la
régulation à savoir, le secteur audio qui a été́ libéralisé́ au Maroc contrairement
au secteur visuel. Pour l’essence sociologique, elle réside dans la volonté́ de
pouvoir gérer les entreprises publiques ainsi que réguler le marché́ économique
en évitant les pratiques abusives qui existaient dans des pratiques
administratives antérieures. Le constituant marocain a voulu établir un nouvel
ordre économique national en instaurant la régulation concurrentielle comme clé́
de voute de la nouvelle régulation de l’économie marocaine et autour d’elle des
régulations satellitaires susceptibles de l’orienter. Les agences de régulation sont
les satellites du conseil de la concurrence, il est certain que le caractère sectoriel
de ces agences prouve la volonté́ de l’État de créer une distance entre ces
fonctions exécutives et celles de réguler le marché́ . La norme constitutionnelle,
ainsi que plusieurs normes législatives confortent la notion de régulation de
l’économie au sein de l’ordre juridique marocain. Toutefois, l’influence du droit
international ne peut être négligeable on peut citer à titre d’exemple les
recommandations de l’OCDE particulièrement le rapport sur « l’État
actionnaire, gouvernance des entreprises publiques » dont les travaux ont été́
organises à Rabat le 14-15 septembre 2005.

Ce changement est dû en partie aux différentes reformes législatives qui ont
suivis l’avènement de la constitution de 2011 mais également à la reforme que
connait le système judiciaire marocain. Cette réforme a été́ confortée par la loi
n°33-17 qui consacre l’indépendance du parquet au Maroc en transférant les
pouvoirs de l’autorité́ gouvernementale au procureur du Roi auprès de la Cour
de cassation qui a été́ promulguée le 25 septembre 2017. La mutation du
système juridique marocain contribue amplement à son ouverture à la régulation
mais reste très vulnérable face à une possible anomalie générée essentiellement
par l’inflation normative qui constitue une pathologie du système juridique.
C’est pour cela qu’il serait important de s’intéresser aux facteurs qui contribue à
l’émergence de la régulation économique après avoir rappelé́ les origines de
celle-ci

 Les facteurs d’émergence de la régulation économique :

Des secteurs de l’économie peuvent être laissés au libre jeu du marché́ . C’est en
principe le cas des marchés de biens et services. Bien sûr, le droit à sa part en la
matière parce que le marché́ ne fonctionne qu’articulé sur des règles de droit
celle du contrat pour commencer et parce que le droit constitue le garde-fou du
système économique libéral, par le droit de la concurrence. Le droit de la
régulation se distingue du droit de la concurrence car, s’il est vrai qu’on y trouve
l’importance de la concurrence, il s’agit d’un droit qui la construit et la
maintient, et non pas d’un droit qui la garde simplement en l’état.

Symétriquement, des secteurs économiques ont pu être soustraits au mécanisme


de marché parce que la loi avait posé́ que l’intérêt général le requiert. L’État
prend alors en charge le fonctionnement du secteur, à travers des monopoles
publics sous tutelle des ministres.

L’existence du principe de la libre concurrence dans la constitution marocaine.


Dès lors, l’État actionnaire est juge et partie, l’intérêt est de distinguer l’État
actionnaire de l’État régulateur. L’État actionnaire est généralement un
opérateur économique qui participe au jeu du marché́ mais sa seconde casquette
est celle de l’État régulateur qui garantit la libre juste et égale concurrence entre
tous les opérateurs économiques. À cet effet, il n’existe pour le moment aucune
référence dans les textes à cet aspect même dans le code des bonnes pratiques de
gouvernance des entreprises publiques qui a été́ adopté suite aux
recommandations de l’Organisation de coopération et de développement
économique sur le gouvernement d’entreprise . Toutefois, la transparence est un
élément très important pour l’État actionnaire afin d’accroitre la performance ce
qui conduit à un lien direct avec le rôle de l’État régulateur.
L’État reste en tant que tel le principal régulateur de l’économie cela peut se
faire par des moyens juridiques directs ou par des moyens juridiques indirects.

D’un côté́ , il s’agit du gouvernement économique de l’État représenté


principalement par le ministère de l’Économie mais aussi par le Haut-
commissariat au plan qui est une instance constitutionnelle qui émet
régulièrement des rapports à l’intention du gouvernement et du parlement. D’un
autre côté, il peut s’agir des agences de régulation qui sont des émanations de
l’État. Ce corpus normatif instauré pour la régulation de l’économie trouve son
fondement juridique dans la constitution et dans les lois. L’une des principales
lois qui participent activement à la régulation de l’économie directement ou
indirectement demeure la loi de finances qui joue un rôle important dans
l’investissement public par le biais du sou- tien financier à certaines entreprises
publiques agissant dans des secteurs économiques stratégiques. La configuration
normative au Maroc est très intéressante en raison de la rencontre entre des
normes très différentes pour la régulation des activités économiques. Ce-
pendant, on distinguera uniquement ici les normes antérieures à la constitution
marocaine de 2011 de tendance très libérale avec les normes postérieures à
celle-ci. Pour les normes antérieures, on remarque l’absence de la notion de
régulation au sein des normes régissant le marché́ économique ainsi que du rôle
de l’État stratège dans le développement économique à travers les entreprises
publiques. Concernant les normes postérieures, elles sont très libérales axées sur
la libre concurrence, le contrôle et la transparence des activités économiques. Ce
triptyque est composé par des facteurs de la régulation économique avec pour
objectif d’établir un marché́ concurrentiel. L’une des difficultés de la réalisation
de ce marché concurrentiel, c’est le statut obsolète de l’autorité́ de la
concurrence qui est inactive de- puis la reforme d’aout 2014 date de la
publication de la nouvelle loi 20-13 relative à la liberté́ des prix et de la
concurrence. Les décisions de cette autorité́ de régulation de la concurrence
même si pour certains juristes relèvent de la Soft Law il n’en demeure pas moins
qu’elles soient indispensables pour orienter les opérateurs économiques publics
et privés vers de meilleurs pratiques. La volonté́ affichée d’entendre la libre
concurrence à marches publiques démontre le choix de l’ouverture. Cela
constitue même une première dans l’ordre juridique marocain à savoir la
rencontre entre les règles de la concurrence avec le droit administratif et les
règles relatives à la commande publique. Cette rencontre est prévue par le décret
n° 2-12-349 du 20-03-2013 instaurant le nouveau code des marches publics.
L’article 1er du décret dispose que parmi les règles auxquelles doit obéir la
passation des marchés publics, existe la liberté́ d’accès à la commande
publique ; l’égalité́ de traite- ment des candidats ; la transparence des
procédures ; la garantie des droits des concurrents ; la moralisation de la
passation et de l’exécution des marches publics. Le constituant est allé́ plus loin
en prévoyant une sanction dans l’article 36 de la constitution marocaine contre
toute transgression de la part de l’administration des principes de passation des
marchés publics dont le principe de la libre concurrence. Dès lors, ce principe de
la libre concurrence contribue d’un côté́ , à la régulation à travers l’établissement
d’un conduit respectueux de la libre concurrence par l’administration et les
opérateurs économiques. D’un autre côté, la conduite anticoncurrentielle conduit
à une certaine sanction. Dans ce cadre, l’instance centrale de prévention de la
corruption est chargée de mettre en œuvre un contrôle pour mettre en œuvre les
dispositions de l’article 36 afin de lutter contre la corruption dans les marchés
publics et de fait assurer une libre concurrence transparente.

2/ L’Institution du droit de la régulation : L’autorité de régulation

Le système juridique comprend désormais un droit de la régulation parce que le


législateur a successivement mis en place des autorités de régulation, le plus
souvent intitulées expressément de cette façon. En effet, dans les secteurs
ouverts partiellement à la concurrence mais soumis en même temps à un autre
impératif, il faut une autorité́ pour faire tenir l’ensemble, pour construire et
maintenir l’équilibre global. Chacun a repèré cette nouvelle forme
institutionnelle. La chose est acquise. Mais parce que l’autorité́ est attachée à un
secteur technique particulier, et que le droit de la régulation requiert, comme
toute branche du droit, une cohérence interne et un rapport harmonieux aux
autres branches du droit, il faut organiser une interrégulation entre les secteurs
spécifiquement régules et entre le droit de la régulation et les autres branches du
droit.

 La nécessité de l’autorité́ de régulation

La création des autorités de régulation économique est révélatrice de la


libéralisation des principaux secteurs de l’économie marocaine, et de l’exigence
politique d’un État de droit et d’une bonne gouvernance. Ainsi, les
années 2000 ont connu des réformes institutionnelles tant attendues de
l’environnement des affaires, qui ont déferlé sur l’économie marocaine sous la
pression notamment de grands organismes internationaux. Elles impliquaient la
remise en cause d’une organisation monopolistique de l’économie et son
ouverture à la. Aspirer à un tissu économique productif, c’est dessiner un
paysage compétitif en créant un contexte de saine et libre concurrence entre
opérateurs, permettant ainsi d’éviter des déviances autoritaires. Les libertés
économiques et le règne de l’État de droit sont inhérents à la démocratie libérale.
Cette aspiration n’est pas restée sans effets tangibles. Des avancées avérées ont
été réalisées ; celles-ci se révèlent notamment dans l’indice de facilité de faire
des affaires de la Banque mondiale, qui a classé le pays à la 60 e position, et
dans la réactualisation de l’arsenal juridique de la gouvernance et des affaires.
La notion de« régulation » est apparue pour la première fois dans un texte
législatif marocain avec la loi n°15-02 portant création de l’Agence nationale
des ports. Dans ce texte il est spécifié́ que parmi les missions de cette agence
existe « la régulation des activités et des opérateurs portuaires ».Toutefois, ce
n’est pas la première autorité́ de régulation qui a vu le jour dans le système
juridique marocain, puisqu’en 1993 et suite à la révision du Statut de Bank-al-
Maghreb fut créé le Conseil déontologique des valeurs mobilières qui s’est
transformé́ en Autorité́ marocaine du marché́ de capitaux afin de se moderniser
et de se mettre en conformité́ avec la constitution de 2011 par le Dahir n° 1-13-
21 portant loi n° 43-12. On peut évoquer également l’agence nationale pour le
développement des énergies renouvelables et de l’efficacité́ énergétique.

Toutefois, il faut souligner qu’il existe deux catégories d’autorités de régulation


économiques au Maroc. Celles que l’on vient de citer sont créées par des lois
alors qu’il existe deux autorités de régulation économiques qui ont une origine
constitutionnelle par le biais de l’article 166. Il s’agit du Conseil de la
concurrence et de l’agence nationale de probité́ et de lutte contre la corruption.

Dès lors, la fonction de régulation est d’une part, prévue par la constitution et
d’autre part, consacrée par la loi. L’État régulateur ou l’émanation de l’État
chargée de cette mission peuvent être définis comme « l’organe qui surveille et
contrôle le secteur pour y maintenir l’équilibre entre le principe de concurrence
et un autre principe». Cette rétrospective étymologique n’est pas le fruit du
hasard mais explique avec une certaine mesure l’essence même de la régulation
de l’économie marocaine. La prolifération des autorités administratives
indépendantes dans les différents secteurs de l’économie nationale apporte une
réponse à un besoin de s’adapter aux nouvelles exigences de l’économie de
marché marocaine. Si l’on cite d’une part, par exemple la loi 20-13 créant le
Conseil de la concurrence afin de veiller au respect du libre jeu de la
concurrence dans le cadre de l’économie de marché, afin de garantir la
compétitivité́ du tissu économique national et assurer un bon rapport qualité́ prix
pour le bien être du consommateur. D’autre part, la nouvelle loi 60-16 portant
création de l’agence marocaine.

 La nomination des autorités de régulation :

En termes de nomination des présidents des autorités de la régulation, le Conseil


constitutionnel estimait, en 2013, que les institutions de la bonne gouvernance
sont présentées par la constitution comme : « des institutions et instances
indépendantes et non pas comme des administrations ou des établissements ou
des entreprises publiques». Par conséquent, les nominations concernant ces
instances n’entrent pas dans le champ d’application de la loi organique
n° 02.12 et relative à la nomination aux hautes fonctions telle qu’elle a été
modifiée et complétée. Cette spécificité affirme une fois de plus, le
renforcement des pouvoirs du Roi dans la constitution de 2011 ; en effet, « elle
lui ajoute les nominations qui ne sont pas prévues par la Constitution, mais
simplement par des lois et qui concernent (…) les instances de bonne
gouvernance et de régulation » La place accordée au Roi dans la constitution
de 2011 et dans sa mise en œuvre depuis onze ans nous montre la persistance
d’un « Roi acteur », véritable « clé de voûte » du système politique . Ainsi, le
président du Conseil de la Concurrence est nommé par Dahir, tout comme les
présidents des autres autorités de régulation non constitutionnalisées. Le fait que
ces réformes et ces nominations viennent du Palais confère une légitimité plus
puissante à ces instances que celles émanant du gouvernement. Toutefois, des
déviances de non-responsabilité et de faiblesses restent possibles. La maitrise du
Palais des processus de nomination des hauts fonctionnaires des autorités de
régulation souligne clairement qu’il contrôle la libéralisation et la régulation de
ces entités de régulation supposées indépendantes. Ainsi, si les autorités de
régulation incarnent la transparence du jeu économique et d’une manière
générale, l’État de droit, alors la mainmise du Makhzen est toujours présente.
B- Les principes du droit de la régulation économique

1/ Le principe de l’économie du marché

Les régulations imposées par le droit prennent aujourd'hui appui sur le principe
de l'économie de marché. Commençons par clarifier ce dernier terme, davantage
ici dans le rôle que le droit y joue que dans sa définition, périlleuse en elle-
même l'économie de marché n'a jamais signifié l'absence de droit, même dans la
conception la plus minimaliste de l'encadrement juridique de l'économie. Tout
d'abord, un marché est un système d'échanges qui renvoie aux principes libéraux
de libre accès pour les offreurs, de compétition possible entre eux, de liberté des
demandeurs d'acquérir, l'ensemble supposant la liberté contractuelle et la
propriété privée. L'existence nécessaire de celle-ci n'exclut pas pour autant la
propriété publique, notamment sous la forme de l'entreprise publique, tolérance
que traduit la règle européenne de neutralité du capital prévoyant les mêmes
droits et les mêmes obligations pour les entreprises privées et pour les
entreprises publiques.

Ainsi, l'économie de marché n'a pas le spontanéisme qu'on lui prête parfois, le
vitalisme étant plutôt du côté de l'économie mafieuse. L'économie de marché est
née du droit et demeure encadrée par ses instruments et ses exigences. Il peut en
outre arriver qu'elle doive être spécifiquement organisée, en raison de
particularités d'un secteur, intervention qui passe le plus souvent par
l'institutionnalisation d'organismes publics ad hoc, les autorités de régulation,
sans que pour autant l'économie cesse de fonctionner sur le principe libéral,
comme le montre l'exemple des Etats-Unis, économie depuis toujours libérale et
la plus précocement objet d'interventions réglementaires et d'emprises d'autorités
de régulation. Il n'y a donc pas de contradiction pour une économie libérale
d'être l'objet de régulations dès l'instant qu'on ne peut se contenter de l'offre et de
la demande dont le principe demeure acquis.
En cela, au sens précis du terme, le droit de la concurrence, à tout le moins en ce
qu'il sanctionne les comportements anticoncurrentiels ou prohibe les aides
d'État, n'adopte pas une perspective de régulation puisqu'il ne s'agit que, au coup
par coup, de ramener à l'ordre ordinaire de l'offre et de la demande des
comportements déviants. En revanche, on trouve des mécanismes juridiques au
sein même du droit de la concurrence qui relèvent de procédés de régulation
parce qu'il s'agit de construire et de maintenir des organisations économiques
non spontanées et non pérennes par leur seule force. Ainsi, la théorie des
facilités essentielles, qui organise, certes ex post, l'accès des tiers à des réseaux
d'infrastructure monopolistiques, est une façon jurisprudentielle d'arriver à un
système de régulation. Il peut en être de même du contrôle des concentrations,
suivant la fonction donnée à celui-ci. S'il n'est conçu qu'en prévention de futurs
comportements anticoncurrentiels, ce contrôle est une forme de garde-fou
anticipé du libre fonctionnement du marché concurrentiel mais on peut le
considérer aussi comme une construction du marché opérée à l'occasion d'un
changement structurel de celui-ci, ce qui le ramène du côté de la régulation.

2/ Les principes dans l'usage des pouvoirs

L'autorité de régulation a donc pour office de construire et de maintenir des


équilibres dans des secteurs qui le requièrent.

Principe de l’impartialité :

Le premier principe qui contraint l'autorité dans l'usage qu'elle fait de ses
pouvoirs est l’impartialité. En effet, le principe d'impartialité, martelé aussi bien
par la théorie économique que la pratique juridique, permet de s'assurer que
l'autorité de régulation ne sera pas capturée par ces groupes visant des intérêts
particuliers, quel que soit le groupe en question, opérateurs, intermédiaires,
organisations non gouvernementales ou administrations. Ce principe
d'impartialité se traduit par un impératif de motivation que l'autorité- doit fournir
de ses actes. Cela est la contrepartie de l'indépendance de l'autorité de régulation
mais, comme l'a montré le rapport Bergougnoux sur la Régulation des services
publics de juillet 2000, l'impartialité est le principe majeur, dont l'indépendance
n’est que le préalable.

Principe de la transparence :

Le deuxième principe de l'usage des pouvoirs de régulation est la transparence à


laquelle l'autorité est soumise. On peut y voir la règle sociologique du « reflet »
qui donne légitimité et efficacité si la régulation est à l’image du secteur régulé :
ainsi, l'autorité qui impose la transparence doit elle-même être transparente. Cela
implique non seulement des justifications, des motivations, mais encore des
consultations des opérateurs intéressés, dont les « consultations de place » en
matière financière sont les plus nettes manifestations.

Principe de la proportionnalité :

Le troisième principe est celui de la proportionnalité. Il fonde le droit de la


régulation, en conférant les pouvoirs nécessaires à la réalisation des objectifs, ce
qui suffit à fonder les pouvoirs même si les autorités ainsi dotées ne se rattachent
pas à une source démocratique, mais interdit que ces pouvoirs soient utilisés
plus qu'il n'est requis. Cette règle, fondatrice dans le droit communautaire de la
concurrence, est essentielle dans ces nouvelles branches du droit dont le rapport
à la démocratie est médiatisé.

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