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Module : Droit des affaires

Au profit des étudiants de la 3éme année


IIR
Groupes : 3-4-5-6

Préparé par : Docteur Youssouf El Meskini

Année universitaire 2022-2023

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Introduction générale
Certains juristes ont défini le droit des affaires comme étant l’ensemble des règles régissant
l’activité commerciale en général, qu’elle soit exercée par des commerçants ou d’autres
professionnels.

Le terme « affaire » vient du latin « negotium », qui est un mot formé par « neg » et « otium
». Il s’agit d’une occupation que l’on fait pour gagner de l’argent. Autrement dit, c’est une
transaction commerciale avantageuse.
Dans le sens juridique la matière a été désignée par l’expression droit commercial. Mais cette
expression a suscité les critiques des juristes car celui-ci régissait à la fois les activités de
distribution et de production ainsi que le statut des commerçants. En réalité le droit des
affaires englobe des domaines plus vastes que le droit commercial, il englobe notamment
l’intervention de l’Etat dans l’économie, du droit fiscal, du droit du travail, le droit des
obligations le droit des sociétés, le droit des marchés publics etc…
D’une manière générale le droit des affaires est beaucoup plus pluridisciplinaire.
Le droit des affaires est une branche du droit privé qui réglemente la plupart des activités de
production de distribution et de service.
Le particularisme du droit des affaires adapté aux besoins de l’entreprise
Pour faire face aux besoins de l’entreprise le droit des affaires a développé un certain nombre
de fondements qui sont venus pour répondre aux besoins de rapidité et de crédit
a : La rapidité
Les opérations commerciales doivent se faire rapidement en raison de la mobilité des cours et
de la fréquence des transactions commerciales.
C’est pour cette raison que nous trouvons que la preuve en matière commerciale est libre, les
obligations en matière commerciale se préscrivent par 5 ans alors qu’en matière civile par 15
ans.
b : Le crédit
La plupart des opérations commerciales requièrent un délai quant à leur réalisation. Le
recours au crédit est par conséquent chose courante entre commerçants.
Les sources du droit des affaires
Les sources du droit des affaires sont à l’ordre de deux. Internes et internationales.
a. Les sources internes
Nous distinguons 4 sources internes du droit des affaires : la loi, les usages commerciaux, la
jurisprudence et la doctrine.
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1. La loi
La loi est la principale source du droit des affaires. Dans un sens large on fait allusion à la
constitution et le code de commerce et quelques dispositions non intégrées dans le code de
commerce.
Au sens strict, la loi est le texte voté par le parlement. Cependant, on distingue entre la loi
organique et la loi ordinaire. La place de la loi organique est située entre la Constitution et la
loi ordinaire, car la loi organique est une loi adoptée selon une procédure spécifique et
précisant les modalités d'organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics dans les cas
spécialement prévus par la Constitution.

Le domaine de compétence du parlement en matière législative, est déterminé par la


constitution par énumération des matières qui doivent faire l'objet d'une loi. Il s'agit
principalement des matières suivantes : nous allons voir quelques exemples

- Les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule et dans d’autres articles
de la présente Constitution,

- le statut de la famille et l’état civil,


- les principes et règles du système de santé,
- la nationalité et la condition des étrangers,
- la détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables,
- L’organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de juridictions,

- la procédure civile et la procédure pénale,


le statut général de la fonction publique,
- le régime des collectivités territoriales dont les principes de délimitation de leur
ressort territorial,

En principe, ces matières doivent faire l'objet d'une loi votée par le parlement. Toutefois, ce
principe n'est pas absolu.
Dans deux situations particulières, elles peuvent faire l'objet d'un décret-loi pris par le
gouvernement :
Décret-loi pendant les vacances du parlement : Dans l'intervalle des sessions du
parlement, le gouvernement peut prendre, avec l'accord des commissions permanentes des
deux chambres, des décrets-lois.

Décret- loi sur habilitation : Le parlement peut, par une loi d'habilitation, autoriser le
gouvernement, pendant un délai limité et en vue d'un objectif déterminé, à prendre par
décret des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.

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Ces décrets sont soumis à la ratification du Parlement lors de la session ordinaire suivante.
• Le circuit d'adoption d'une loi commerciale

L'initiative des lois appartient concurremment au gouvernement (chef du gouvernement) et


aux membres du Parlement (représentants et conseillers). Ainsi, on distingue entre un projet
de loi et une proposition de loi selon son initiateur :
Le projet de loi est le texte émanant du gouvernement.
La proposition de loi est le texte émanant d'un ou plusieurs membres du parlement.
1- Dépôt, vote et navette :
Tout projet ou proposition de loi est examiné successivement par les deux Chambres du
Parlement pour parvenir à l’adoption d’un texte identique.
La Chambre des Représentants délibère la première sur les projets de loi et sur les
propositions de loi initiées par ses membres, la Chambre des Conseillers délibère en
premier sur les propositions de loi initiées par ses membres.
Une Chambre saisie d’un texte voté par l’autre Chambre, délibère sur le texte tel qu’il lui a
été transmis.
La Chambre des Représentants adopte en dernier ressort le texte examiné.
Le vote ne peut avoir lieu qu’à la majorité absolue des membres présents.
2 promulgation et publication de la loi

La loi adoptée est transmise au gouvernement qui la soumet au Roi pour promulgation.
La promulgation de la loi est l'acte par lequel le Roi atteste que la loi a été régulièrement
votée par le parlement et en ordonne l'exécution. Toutefois, le Roi peut surseoir à cette
promulgation, s'il estime que la loi doit être modifiée, et faire retour du texte devant le
parlement en lui demandant une nouvelle lecture.

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◼ La constitution
A coté du rôle important qu’elle joue (elle fixe les règles de fonctionnement et d’attribution
des institutions qui gèrent l’Etat, ainsi que l’octroi des libertés aux individus), la constitution
dans l’article 35 a instauré un principe très important, c’est le principe de la liberté
d’entreprendre et de la concurrence. La constitution a érigé aussi comme principe important,
le principe de non rétroactivité des lois (article 6).
◼ Le code de commerce
Le code de commerce tient son importance du fait qu’il organise les relations entre
commerçants, les actes de commerce, les contrats commerciaux, les effets de commerce et
surtout les entreprises en difficultés.
◼ Dispositions non intégrées dans le code de commerce
Nombre de textes intéressant la vie des affaires restent en dehors du code de commerce
comme par exemple la loi 49-16 relative aux baux commerciaux
2. Les usages commerciaux
Les usages sont des pratiques qu’un emploi constant transforme en règle de droit
3. La jurisprudence
La jurisprudence représente l’ensemble des décisions de justice. Son rôle est d’interpréter la
loi, la compléter.
4. La doctrine
La doctrine commerciale est l’œuvre d’universitaires et de praticiens. Son rôle consiste à
critiquer, analyser, proposer. L’apport doctrinal peut être plus ou moins important et peut
influencer le législateur ou le juge.
b. Les sources internationales
On distingue les traités internationaux et les usages internationaux.
1. Les traités internationaux
Ce sont des accords conclus entre le Maroc et un ou plusieurs Etats. On distingue entre les
traités bilatéraux et multilatéraux.
2. Les usages internationaux
L’activité commerciale a donné naissance à un ordre juridique professionnel. On parle d’une
« lex mercatoria », c’est à dire l’ensemble des règles appliquées par les commerçants sur le
plan international. Ces règles viennent compléter l’ordre juridique étatique
Les axes que nous allons étudier seront les suivants :

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Axe 1 : L’organisation administrative des affaires.
Axe 2 : Les bases juridiques des engagements contractuels de l’entreprise.
Axe 3 : Les statuts juridiques de l’entreprise (entreprise individuelle et
entreprise sociétale).
Axe 4 : Les instruments de paiement et de crédit.

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AXE 1 : L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE DES AFFAIRES

Nous allons voir dans le cadre de ce chapitre les chambres de commerce, d’industrie et de service
(section 1), les autorités monétaires (section 2) et les sociétés de bourse (section 3).

Section 1 Les chambres de commerce, d’industrie et de service

Une chambre de commerce et d'industrie est un organisme chargé de représenter les intérêts des
entreprises commerciales, industrielles et de service. Au Maroc, les chambres de commerce et
d'industrie sont des établissements publics, dotées de la personnalité morale et de l'autonomie
financière, placés sous la tutelle du ministre chargé du commerce et de l'industrie, sont
réglementées par la loi n° 38-12 portant statut des chambres de commerce, d'industrie et de services
et organisées il convient de rappeler que les chambres de commerce et d'industrie ont le droit d'être
représentées au sein des assemblées préfectorales et provinciales ainsi qu' à la chambre des
représentants.

Ces Chambres sont partie intégrante d'un dispositif institutionnel d'appui et d'assistance mis en
place par les pouvoirs publics en faveur des opérateurs économiques et ce afin d'encourager
l'initiative privée.

De par leur statut particulier d’établissements publics gérés par les chefs d’entreprises privés, les
Chambres de Commerces, d’Industrie et de Services sont les seuls organismes à servir
d’intermédiaire entre l’Etat et les Entreprises.

Le secteur privé est représenté constitutionnellement au Maroc par les Chambres professionnelles
(Chambres d’Artisanat, Chambres d’Agriculture, Chambres maritimes et les Chambres de
Commerce, d’Industrie et de Services).

Les Chambres professionnelles, donc, assument la représentativité du secteur privé dans les
instances représentatives du pays puisqu’elles représentent une des trois composantes de la chambre
des conseillers.

1§) La composition de la chambre :

Les organes des chambres se composent de l'assemblée générale, du bureau, des commissions et de
la direction.

La Chambre est chargée de missions à caractère représentatif, consultatif, d’appui et de promotion.

2§) Les missions de la chambre

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A) Missions représentatives
-Représenter et veiller à la défense des intérêts généraux des professionnels dans leur ressort
territorial ;

-Participer auprès des pouvoirs publics à l’élaboration des plans et des choix stratégiques en
relation avec leurs activités au niveau national, régional, provincial ou local ;

-Servir d’intermédiaires entre les professionnels marocains et leurs homologues étrangers et


entre les organisations internationales et les organisations nationales œuvrant des les
domaines se rapportant à ses missions.

B) Missions consultatives
Le gouvernement, les collectivités locales et les pouvoirs publics doivent consulter la Chambre
sur :

-Les projets de textes législatifs et règlementaires relatifs aux secteurs professionnels qu’elle
représente ;

-Les solutions apportées aux problèmes qui ont trait aux pratiques et coutumes
professionnelles ;

-Les dispositions visant l’organisation des conditions de travail ;

-Les travaux publics et les travaux à exécuter dans son ressort territorial et sur la perception
de recettes, redevances ou dépenses liées à ces travaux ;

-Toutes les questions qui intéressent les secteurs du commerce, d’industrie et des services,
notamment, le régime douanier et la législation et la réglementation relative à l’activité
commerciale, industrielle et de services ;

-Toutes mesures visant la simplification des procédures administratives se rapportant à


l’entreprise.

-Les tarifs de rémunération des services de transports concédés aux chambres dans leur ressort
territorial ;

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-L’élaboration des plans d’aménagement urbain et la réalisation de schémas directeurs
d’urbanisme ainsi que des plans de développement urbain et rural et la contribution à la
réalisation des plans d’aménagement commercial ;

-La création de zones industrielles et commerciales et de zones franches ;

-La détermination des tarifs des produits et services ;

-L’organisation des foires commerciales dans son ressort territorial ;

-La création de marchés et de grands complexes commerciaux ;

C) Missions d’appui et de promotion

-La création de centres d’arbitrage et de médiation commerciale ;

-La création de centres agréés de gestion de comptabilité afin d’aider les professionnels, les
entreprises industrielles, commerciales et de services, les coopératives et les associations
professionnelles à améliorer la gestion de leurs activités ;

-La création de services permettant d’encourager l’investissement et la promotion de


l’économie locale et nationale ;

-L’établissement de partenariats avec les centres régionaux d’investissement et établissements


universitaires en vue de promouvoir l’investissement, l’emploi et la recherche scientifique au
niveau local et régional ;

-La généralisation des informations scientifiques, techniques et économiques dans le domaine


de leur intervention ;

-La contribution au développement économique et à la promotion professionnelle des


ressortissants dans leur ressort territorial ;

-La contribution à l’élargissement des relations commerciales du Maroc dans le cadre du


jumelage et d’échange des expériences ;

-La contribution à la préservation de l’environnement et au développement durable ;

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-L’appui de la formation professionnelle et la formation continue et la mise à niveau de
l’entreprise,

-La réalisation des études à caractère économique et social sur les secteurs qu’elle représente ;

-La conclusion de convention de partenariat avec les établissements spécialisés en matière de


couverture médicale, du logement social et d’assurance au profit de leurs adhérents.

Outre les missions susmentionnées, la Chambre est habilitée à délivrer les documents
demandés par les industriels, commerçants et prestataires de services, en vue de leur usage à
l’intérieur ou à l’extérieur du pays, notamment, les certificats d’origine pour les marchandises
à exporter et les cartes professionnelles.

Section 2 Les autorités monétaires la banque centrale et les établissements de crédit

Nous allons voir la banque centrale dans 1§ et les établissements de crédit dans 2§.

1§) La banque centrale

Dénommée banque du Maroc elle a été créé par le dahir du 30 juin 1959, la banque du Maroc
ou appelée Bank Al-Maghrib assure un rôle réunissant des activités multiples. Précisons à cet
effet qu’à l’instar des autres banques centrales la banque du Maroc a pour mission essentielle
de régler le cours de la circulation monétaire afin de contribuer en accord avec la politique
économique et financière du gouvernement à l’expansion économique du pays, elle doit à cet
égard assurer la stabilité de la monnaie et sauvegarder son pouvoir d’achat.

I) Organisation
Son organisation définie par l’article 43 du dahir du 30 juin 1959 est composé de 5 organes

A) Le gouverneur

Le gouverneur est chargé de l’administration et de la direction de Bank Al-Maghrib, à ce titre


il la représente à l’égard de l’Etat, des établissements de crédit des autres institutions
financière et des tiers.

B) Le Conseil

Composé du gouverneur de Bank Al-Maghrib, de représentants de différents ministères,


d’administrations exerçant dans le domaine économique et d’établissements de crédit dotée du
statut public ou semi public, le conseil a principalement pour attribution de délibérer sur tout

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traités et conventions, se prononcer sur toutes les questions relative à l’organisation et à la
politique générale de l’institut d’émission, fixer les conditions des refinancements bancaires,
arrêter les caractéristiques des billets et des monnaies métalliques et décider de leur mise en
circulation ou de leur retrait.

C) Le comité de direction

Ce comité composé du gouverneur du vice-gouverneur ou du directeur général et des


directeurs désignés par le gouverneur, assurent la direction des affaires journalières de la
Banque centrale.

D) Le commissaire du gouvernement

Il contrôle pour le compte de l’Etat et au nom du ministre des Finances les activités de Bank
Al-Maghrib et notamment les relations qu’elles entretiennent avec le trésor.

2§) Les établissements de crédit

Les établissements de crédit jouent un rôle important dans le financement des opérations
commerciale, donc nous allons faire un aperçu sur son organisation et son financement.

La loi N° 34-03 du 2 mars 2006 régit l’activité de l’ensemble des établissements de crédit en
fixant leur condition d’exercice et en définissant leurs opérations que le code de commerce
reprend ou complète.

Il faut signaler que les dispositions de ladite loi ne s’appliquent pas sur bank al Maghrib ; la
trésorerie générale ; les entreprises d’assurance et de réassurance ; les organismes à but non
lucratif ; le fonds Hassan II pour le développement économique et social.

I) Présentation des établissements de crédit

La loi bancaire fait une distinction entre deux familles d’établissement de crédit d’une part les
banques et d’autre part les sociétés de financement.

A) Les banques

Nous distinguons les banques publiques, Les banques privées et les banques offshores.

a) Les banques privées

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Ces banques ont déployé d’importants efforts dans l’implantation d’agences et de succursales
au Maroc et à l’étranger. En outre elles ont pratiquement toutes une participation étrangère
dans leur capital.

c) Les banques offshores

Elles sont régies par la loi N° 58-90 relative aux places financières offshore. Leur activité est
tournée essentiellement vers les non-résidents (collecte de toute forme de ressource de
monnaie étrangère convertibles ; opérations de placement etc…)

Ces établissements doivent obtenir l’agrément ; régler un droit de licence et s’inscrire au


registre de commerce. Ils sont également soumis au contrôle de banque Al Maghrib.

B) les sociétés de financement

Ces établissements de crédit ne peuvent effectuer parmi les opérations liées à l’activité
bancaire que celles précisées dans les décisions d’agrément qui les concerne. En outre ces
établissements ne peuvent en aucun cas recevoir du public des fonds

II) Les conditions générales d’exercice relatives aux établissements de crédit

A) L’agrément ou l’autorisation d’exercer

L’obtention de l’agrément est une condition préalable pour l’exercice de l’activité des
établissements de crédit.

L’agrément est délivré par arrêté du ministre de l’économie et des finances après avis du
comité des établissements de crédit. L’octroi de l’agrément reste entouré d’un certain nombre
de conditions qu’on peut regrouper en trois catégories : les conditions juridiques, les
conditions économiques et sociales et les conditions commerciales et financières.

B) L’ouverture des succursales

Le législateur marocain a autorisé les établissements de crédit à ouvrir librement sur le


territoire marocain des succursales des agences ou des guichets à procéder à leur fermeture et
à leur transfert dans une même commune. Il leur a permis également de fixer les jours et
horaires d’ouverture qui leur conviennent.

C) Forme et dénomination sociale

Pour des raisons de sécurité, les établissements de crédit ayant leur siège social au Maroc ne
peuvent être constituées que sous la forme de société anonyme à capital fixe. 50.000.000DH.

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Par ailleurs et pour que leur activité soit bien connue des tiers avec lesquels ils traitent, les
établissements de crédit sont tenus aux termes de la loi de faire état de leur dénomination en
précisant la catégorie à laquelle ils appartiennent ainsi que les références de l’arrêté portant
leur agrément.

D) Les règles prudentielles et comptables

Les établissements de crédit sont soumis aux décisions et aux mesures édictées en la matière
par les autorités monétaires, notamment celles afférentes aux mesures prudentielles : capital
minimum, coefficient de liquidité, de solvabilité, de division des risques et de tout autre ratio
prévu par Bank al-Maghrib, à l’audit annuel de leur comptabilité ainsi qu’à la publication de
leurs comptes annuels et semestriels.

E) L’adhésion à une organisation professionnelle

Les établissements de crédit sont tenus d’adhérer à l’association professionnelle de leur


catégorie, il s’agit du groupement professionnel des banques du Maroc et de l’association
professionnelle des sociétés de financement pour ceux agrées en tant que société de
financement.

III) Les opérations de banque et activités connexes

L’article premier de la loi bancaire définit un établissement de crédit comme toute personne
morale qui effectuent à titre de profession habituelle l’une des opérations suivantes :

-La réception de fonds du public

-La distribution de crédit

-La mise à disposition de la clientèle de tout moyen de paiement ou leur gestion.

En ce qui concerne les activités connexes aux opérations de banque on peut citer à titre
d’exemple les opérations de changes, le Conseil et l’assistance en matière de gestion de
patrimoine et les opérations de location simple de bien mobilier ou immobilier. On peut
ajouter la prise de participation dans des entreprises.

Section 3 Les autorités des marches financiers : la bourse

A) présentation des marchés des valeurs mobilières

Les marchés des valeurs mobilières ou marchés financiers sont composés de 2 compartiments
bien distincts mais interdépendants.

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- Le marché primaire ou sont créées et mises les valeurs mobilières
- Et le marché secondaire où sont négociés ces valeurs mobilières
1) Le marché primaire

Marché d’émission des valeurs mobilières, le marché primaire met en présence d’une part les
agents économiques disposant d’une épargne et souhaitant la placer et d’autre part les
opérateurs qui ont des besoins en financement quand par exemple :

-Le trésor

-Les entreprises publiques et semi publiques

-et les sociétés privées.

Ils créent à ce titre différentes valeurs mobilières. Il s’agit des actions, des obligations, des
obligations convertibles en actions et des certificats d’investissement. Nous allons définir
chacune d’elles.

1.1 ) Les actions


L’action est un titre d’associé qui représente un droit de propriété négociable sur une fraction
du capital social. Elle confère à son propriétaire plusieurs droits et prérogatives dont
principalement :

-Le droit de vote aux assemblées,

-Le droit de percevoir des revenus proportionnels sur les bénéfices distribués,

-Le droit préférentiel de souscription ou d’attribution lors d’une augmentation de capital,

-Le droit de communication des documents sociaux.

1.2 ) Les obligations


Ce sont des titres de créance négociables à revenu fixe. Les émissions d’emprunts obligataires
sont réservées à l’état aux entreprises publiques ou semi publiques autorisé au niveau des
entreprises privées au seul société anonyme ayant 2 années d’existence et un capital
entièrement libéré.

1.3 ) Les obligations convertibles en actions


C’est un titre mixte entre les obligations et les actions

1.4 ) Les certificats d’investissement

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Régie par la loi sur les sociétés anonymes ce sont des titres qui dissocient aussi les droits
pécuniaires des droits de vote. ces certificats dont le montant total ne peut dépasser 25% du
capital ont été créés pour permettre notamment à l’Etat de contrôler ou d’influencer la
stratégie d’une entreprise par le droit de vote sans avoir à y participer financièrement.

2 ) Le marché secondaire : La bourse des valeurs


Si la création de la bourse date de 1929 il a fallu attendre 1993 pour assister à une véritable
réforme du marché boursier. La gestion de la bourse est confiée à une société concessionnaire
privé : la société de bourse des valeurs de Casablanca dont le capital est détenu à parts égales
par l’ensemble des sociétés de bourse. À l’instar de toute société anonyme la société de
bourse des valeurs de Casablanca géré par un conseil d’administration, un président et un
directeur général qui rentre compte de leur gestion à leurs assemblées générales. Les missions
de la société de bourse des valeurs de Casablanca se résume aux 3 fonctions suivantes :

-Prononcer l’introduction des valeurs mobilières à la côte de la bourse des valeurs et leur
radiation.

-Veiller à la conformité des opérations effectuées par les sociétés de bourse au regard des lois
et règlements applicables à ces opérations.

-Porter à la connaissance du CDVM de toute infraction qu’elle aura relevé dans l’exercice de
sa mission.

B) Les organes d’administration et de contrôle de la bourse

-Les établissements collecteurs : La banque

-Les intermédiaires de bourse

-Les organismes de placement collectif en valeurs mobilières OPCVM

-Le dépositaire central

-Le Conseil déontologique des valeurs mobilières CDVM

1) Les établissements collecteurs : La banque

Les établissements dépositaires sont représentés par toutes les institutions bancaires ou autre
exerçant pour le compte de leur clientèle la fonction de dépositaire de compte-titres espèces
ou de conservateurs de titres.

2) Les intermédiaires de bourse : les sociétés de bourse

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Etant seul habilité à exécuter les transactions sur les valeurs mobilières inscrites à la bourse
des valeurs, les sociétés de bourse ont pour attribution 5 activités principales :

-La négociation des ordres d’achat et de vente sur le marché boursier ;

-La collecte des ordres directement de la clientèle ou par l’intermédiaire d’établissements


bancaires ;

-La conservation des titres ;

-Le Conseil en opérations boursières ;

-et la gestion de patrimoine en valeurs mobilières.

À ce titre elles sont tenues de satisfaire préalablement un certain nombre de conditions à


savoir :

-L’obtention d’un agrément du ministre des Finances

-Le respect d’un capital minimum de 1.500.000 dirhams pour les sociétés de bourse dont
l’objet exclusif la négociation des valeurs pour le compte de leur clientèle

-5.000.000 de dirhams pour celles exerçant en plus une ou plusieurs des activités énumérées
plus haut.

Leur administrateur et dirigeants doivent également présenter l’honorabilité nécessaire et


n’avoir jamais été condamné pour crime ou pour infraction à la réglementation des changes.

En plus de ces règles des mesures prudentielles sont édictée par la loi de 1993 sur la bourse et
par les textes d’application et afférents, le but étant de réserver la liquidité et la solvabilité des
sociétés de bourse et protéger ainsi leur clientèle.

3 Les organismes de placement collectif en valeurs mobilières OPCVM


Les OPCVM sont des fonds d’investissement qui permettent aux épargnants d’investir
collectivement dans différentes valeurs et titres en détenant des actions ou des parts
représentatifs de l’investissement qu’ils ont réalisé tout en confiant l’acquisition et la gestion
globale de ces valeurs à une entité représentée par des professionnels des marchés de
capitaux.

4 Le Conseil déontologique des valeurs mobilières

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La protection de l’épargne investie en valeurs mobilières est attribuée au conseil
déontologique des valeurs mobilières qui est un établissement public doté de la personnalité
morale et de l’autonomie financière crée par le dahir en date du 21 septembre 1993.

Trois missions sont assurées par le CDVM

-Contrôler que l’information devant être fournie par les personnes morales faisant appel
public à l’épargne, aux porteurs des valeurs mobilières est établie et diffusée conformément
aux lois et règlements en vigueur.

-Veiller au bon fonctionnement des marchés de valeur mobilières en vue d’en assurer la
sécurité.

-Assister le gouvernement en jouant le rôle de conseiller en matière de réglementation de ces


marchés.

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AXE 2 : LES BASES JURIDIQUES DES ENGAGEMENTS CONTRACTUELS DE
L’ENTREPRISE

Il faut savoir que les affaires sont basées sur des liens contractuels (entre entreprise et
salariés ; entreprise et fournisseur ; entreprise et clients ; entreprise et Etat) d'où l’intérêt pour
l’étudiant de maitriser les fondements juridiques de ces liens contractuels.
En droit marocain la source essentielle doit être cherchée dans le dahir des obligations et
contrats (D.O.C) qui date du 12 août 1913.
L'objet de notre cour sera l'étude des règles générales, notamment celles qui résultent d'un
acte juridique (contrat) ou l’obligation.
Définition et classification des obligations :
-- définition : le terme obligation a plusieurs sens, en droit commercial il désigne un titre
émis par une société commerciale, elle peut être employée pour désigner un devoir de
respecter une décision ou prescription de l'autorité publique, en droit civil l'obligation a un
double sens : le premier sens désigne une prestation due par le débiteur à son créancier,
exemple dans un contrat de vente, l'acheteur a l'obligation de verser le prix. Dans un sens plus
large il exprime un lien de droit entre deux ou plusieurs personnes.
L'obligation comporte donc l'idée de devoir.
L'obligation suppose donc l'idée de la contrainte donc la possibilité des créanciers
d'obtenir un remboursement.
La classification des obligations :
Généralement on peut classer l’obligation en obligation de moyen et obligation de résultat
Dans l'obligation de moyens, le débiteur est tenu d'employer tous les moyens possibles
en vue d'obtenir un résultat, exemple : le médecin ne s'engage pas à guérir son patient mais à
faire son possible pour le soigner.
L'obligation de résultat : le débiteur est tenu d'atteindre un résultat précis, exemple : le
transporteur est tenu de transporter les passagers à bon port.
Que ce soit au niveau de l’obligation de moyens de obligation de résultat, et que la faute
dans le premier cas est approuvée (il faut qu'elle soit prouvée par la victime). Elle est
présumée. Dans le deuxième cas, le débiteur ne peut pas s'exonérer que s'il prouve de la qu’il
y a eu un cas de force majeure.
La classification moderne :
La classification moderne retient le fait juridique et l'acte juridique. L’acte juridique c'est
une manifestation de volonté destinée à produire un effet juridique. L'acte juridique peut être

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unilatéral (une seule volonté se manifeste) exemple : une donation. L'acte peut être bilatérale
(il existe une diversité de contrats) exemple : les contrats solennels (contrats de mariage) ou
l'écrit est important, les contrats aléatoires (contrat d'assurance, contrats d'adhésion, crédit,...
Etc.)
Les faits juridiques sont tous les faits qui ne dépendent pas de la volonté de leur auteur et
qui fait naître une obligation juridique.

Chapitre 1. L'acte juridique ou le contrat

Contrats : Etudier la formation des contrats revient à analyser les éléments de ce contrat,
une constatation s'impose, en retrouvant le contrat un certain nombre d'éléments sans lesquels
le contrat ne pourrait pas valablement se former, le droit impose des conditions de fond et de
forme à fin de prévoir les risques et d'assurer la protection des contractants.
Nous allons nous concentrer dans ce sens sur les conditions de fond de la validité du
contrat.
les conditions de fond de la validité du contrat.
L'article 2 et 33 du dahir des obligations et contrats stipule qu'un contrat ne peut se former
valablement que si certaines conditions de fond sont réunies, en effet il faut que les parties
aient voulu s'engager (problème du consentement section 1), il faut qu'ils aient la qualité de
contracter (problème de capacité section 2), les parties doivent avoir un objet déterminé licite
et légal (section 3) il faut que les parties aient une cause (section 4).
Section 1 : le consentement
Trois problèmes se posent à ce niveau :
1 -- pourquoi le consentement doit-il exister ?
2 -- quelle forme prend-il et comment est-il exprimé ?
3-- quels sont les défauts qui sont susceptibles de porter atteinte à ce consentement et lui
enlever toute valeur contractuelle (les vices, les défauts de ce consentement).
1 . La nécessité du consentement
La théorie classique du contrat repose sur le principe de l'autonomie de la volonté qui est
un principe philosophique et juridique, ce qui signifie que l'Homme est libre par essence et
par conséquent il ne peut s'obliger que par sa propre volonté, et c'est cette volonté qui
engendre le principe du consensualisme qui doit être exprimé et extériorisé.
2 . La manifestation du consentement

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Il ne suffirait pas que mon consentement existe, de manière abstraite il faut encore qu'il
soit extériorisé, le processus du consentement comporte trois étapes :
1e étape : l'offre
L’offre est généralement expresse, elle peut être écrite comme elle peut être orale, le fait
d'exposer des objets dans une vitrine constitue une offre. Une offre peut être faite au public,
elle peut être privée elle peut être assortie d'un délai. L’offrant n'a pas le droit de se rétracter
dans ce délai, l'offre peut être sans délai.
La révocation est possible après un délai raisonnable.
2e étape : l'acceptation
C’est une manifestation de volonté par laquelle une personne donne son accord, elle doit être
l'adhésion au contenu précis de l'offre.
3e étape : la réunion de l’offre et de l’acceptation
Le contrat est conclu lorsque l'offre est ferme et complète. Émanant d'un contractant et
accepté d'une manière explicite et sans réserve par l’autre partie
En conclusion : pour qu'un contrat soit valablement conclu il faut que le consentement soit
intègre, c'est-à-dire non vicié.
Un consentement est considéré comme vicier lorsqu'il y a altération de la volonté dans
son élément de conscience (article 39 du DOC indique que le contrat doit être annulé lorsque
le consentement est donné par erreur, surpris par Dol ou extorquer par violence.
les vices du consentement
A. L’erreur
L'erreur est une représentation inexacte de la réalité par l'un des contractants.
L'appréciation de l'erreur relève du juge qui tient compte de l'expérience, de l'âge, du
sexe,... Etc., certains auteurs opposent l'erreur sur la substance et l’erreur sur la personne.
-- l'erreur sur la substance est considérée comme un vice du consentement, c'est-à-dire
c'est l'erreur qui empêche la rencontre de deux volontés, de ce fait le contrat est entaché d'une
nullité absolue.
B. le dol
Le dol est représenté par des manœuvres frauduleuses, pour induire une personne en
erreur à fin qu'elle accepte la signature d’un contrat (articles 52 à 56). Le dol est une
escroquerie ou bien tromperie destinée à pousser une personne à conclure un contrat, il existe
deux éléments dans le dol : l'élément moral et l'élément matériel.
C. la violence

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C’est une pression exercée sur la volonté de l'une des partis pour la contraindre à
contracter. Elle est prévue dans les articles 46 à 51 du D.O.C, et se distingue de l'erreur et du
dol, en effet dans l'erreur, la partie se trompe, dans le dol elle est trompée et dans la violence
sa volonté n’est plus libre, il s'engage sous la contrainte.
Pour donner ouverture à la rescision, la violence doit être déterminante et illégitime.
Section 2 : La qualité de contracter
La qualité est appréciée différemment, on fait la différence entre celui qui contracte pour
son propre compte, il doit avoir la capacité de le faire. et celui qui contracte pour autrui, il doit
avoir le pouvoir de le représenter.
Définition de capacité : le DOC dans son article 3 ne donne pas une définition exacte et
claire de la capacité, mais il renvoi au code de la famille, la loi qui régit le statut personne,
toute personne est capable d'obliger et de s'obliger. Si elle n'en est déclarée incapable par
la loi.
Paragraphe 1 : la capacité de contracter pour soi-même
L’accord de volonté qui constitue le contrat ne peut produire effet que s’il émane d’une
personne ayant la capacité de contracter, cette capacité est définie comme l'aptitude d'une
personne à participer à des actes juridiques, cette personne est non seulement titulaire de
droits mais il faut qu'elle exerce ses droits.
-- La capacité d'exercice : normalement, toute personne a le droit de contracter
personnellement des actes, cependant cette capacité d'exercice peut être retirée à des
personnes jugées incapables pour assurer la défense de leurs intérêts en raison de l'âge ou
d'une altération mentale, ces personne ne peuvent contracter que par l'intermédiaire d'un
représentant légal, le mineur ne peut agir seul dans la vie juridique, en situation normale c'est
le père qui est responsable de ses actes, en cas de décès du père, le tuteur sera désigné par un
juge.
-- La capacité de jouissance : C’est l'aptitude à être sujet de droit, par conséquent
l'incapacité de jouissance prive l'individu de tous ses droits ; c'est une privation du droit de
contracter.

Section 3 : La licéité de l’objet


Le contrat ne peut porter que sur des choses qui sont dans le commerce, en effet la liberté
contractuelle a aussi ses limites en principe d'autonomie de la volonté, en effet des individus
ne peuvent contracter sur des objets qui sont hors du commerce.

21
Section 4 : La notion de la cause
la cause peut être entendue, soit dans le sens de la raison immédiate et directe de
l'engagement, la deuxième signification de la cause peut être entendue comme le mobile ayant
déterminé à contracter.

22
AXE 3 : LES STATUTS JURIDIQUES DES ACTEURS DU COMMERCE

INTRODUCTION

Il s’agit de voir dans cet axe les différentes formes juridiques de la gestion des entreprises que
peuvent adopter les entrepreneurs. D’une manière générale, elles peuvent soit adopter le régime
de gestion individuelle ou le régime de gestion sociétale ou bien le régime de l’auto-entrepreneur.
Le statut d’auto-entrepreneur est une nouvelle formule d’entreprenariat mise en place par le Dahir
n°1-15-06 du 19 février 2015 portant promulgation de la loi n° 114-13 relative au statut de l’auto-
entrepreneur afin de réduire le chômage et favoriser l’auto-emploi tout en facilitant les démarches
administratives au maximum. Ainsi, le régime de l’auto-entrepreneur peut être adopté, à titre
principal, par une personne qui veut exercer une activité professionnelle « pour son propre
compte » ou, à titre complémentaire, par un retraité ou un étudiant qui projette de développer une
activité artisanale, commerciale ou de services.
Toute personne physique peut, sous certaines conditions prévues par voie réglementaire, exercer
son activité professionnelle à titre individuel en tant qu’auto-entrepreneur conformément à la
législation en vigueur : à ce titre, l’auto-entrepreneur doit :

• Réaliser un chiffre d’affaires qui ne dépasse pas pour une année civile complète :

- 500.000 Dirhams pour les activités de vente de marchandises, de biens, de fournitures, de


produits artisanaux ou manufacturés

- 200.000 Dirhams pour les prestations de services

• Adhérer au régime de sécurité sociale prévu par la législation et la réglementation en


vigueur
• Tenir de manière régulière, un registre des achats et de ventes, visé par un responsable
relevant du service d’assiette du lieu de son domicile fiscal ou de son principal
établissement et dont les pages sont numérotées conformément aux dispositions de
l’article 145 bis du CGI. Ce registre doit contenir toutes les sommes versées au titre
des achats, appuyées des pièces justificatives probantes ou tout autre document en
tenant lieu, ainsi que celles perçues au titre des ventes, des travaux et des services
effectués.

23
Géneralement, les entrepreneurs gèrent un commerce qui est regroupé sous la dénomination fonds
de commerce, ce dernier est géré par un commerçant personne physique ou commerçant personne
morale (société commerciale). Ainsi nous allons étudier dans le cadre du chapitre 1 la notion du
fonds de commerce et dans le deuxième chapitre le mode sociétal de gestion des fonds de
commerce.

Chapitre 1 : La notion du fonds de commerce


Nous allons voir deux sections : la première est consacrée à voir les éléments du fonds de
commerce et la deuxième section est consacrée à étudier les opérations portant sur le fonds de
commerce.

Section 1 les éléments du fonds de commerce


Le fonds de commerce est né de la pratique. L’art 79 du Code de Commerce le définit comme
étant « un meuble incorporel constitué par l’ensemble de biens mobiliers affectés à l’exercice
d’une ou de plusieurs activités commerciales » Tout commerçant possède un fonds, et ce fonds
constitue une propriété cessible et transmissible. La reconnaissance de cette propriété est un fait
d’une importance capitale dans l’économie commerciale. Le fonds de commerce est une réalité
juridique complexe dont il convient de cerner les principaux éléments, avant de décrire la
situation privilégiée faite au commerçant locataire pour lui permettre de préserver son droit au
bail et par la même, la valeur économique de son fonds.

Le fonds de commerce est une réalité juridique complexe dont il convient de cerner les principaux
éléments, avant de décrire la situation privilégiée faite au commerçant locataire pour lui permettre
de préserver son droit au bail et par la même, la valeur économique de son fonds.

A- Les éléments corporels :


Ces éléments comprennent des droits sur des choses corporelles et mobilières à l’exclusion des
immeubles. Ils portent sur le matériel et l’outillage ainsi que sur les marchandises.

Le matériel et l’outillage :

Ce sont des biens qui servent à l’exploitation du fonds et qui ne sont pas destinés à être vendus :
outillage industriel, matériel d’équipement, meubles de bureaux… Au point de vie économique

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et comptable, le matériel entre comme les immeubles dans le capital fixe de l’entreprise. Mais sur
le plan juridique, le matériel entre par sa nature dans la catégorie des meubles.

Les marchandises :

Ce sont les matières premières destinées à être transformées ou les produits et biens, destinés à la
vente. Elles se caractérisent par deux particularités : En cas de cession du fonds, elles font l’objet
d’une évaluation distincte. En cas de nantissement du fonds, elles sont toujours exclues.

B- Les éléments incorporels :


Ces éléments comprennent un ensemble de droits indispensables à l’exploitation commerciale.
Ils confèrent au fonds de commerce l’essentiel de sa valeur.

La clientèle et l’achalandage

Ce sont l’ensemble des consommateurs qui sont en relation d’affaires avec le commerçant. La
doctrine a parfois tenté de donner un sens à cette distinction : La clientèle est constituée par les
clients permanents et fidèles de l’entreprise en raison de sa compétence ou de son savoir-faire ;
L’achalandage concerne les clients de passage, attirés par l’implantation du fonds de commerce.

En fait aucune conséquence pratique ne s’attache à cette distinction (sur le plan juridique). Pour
qu’il y ait fonds, il faut que la clientèle réunisse deux conditions :

a- La clientèle doit exister


Une clientèle seulement virtuelle ou potentielle ne saurait être prise en considération. Il n’est
donc pas suffisant d’ouvrir les portes de l’établissement au public pour que la clientèle fasse son
apparition, il est indispensable aussi que la mise en exploitation ait effectivement débutée.

b- Clientèle propre au fonds


Il faut qu’elle soit au titulaire du fonds de commerce, qu’elle lui soit rattachée en propre. Cette
condition n’est pas toujours remplie lorsque la clientèle est dépendante d’une clientèle plus vaste
dont elle ne constitue qu’une fraction. Tel est le cas lorsqu’on se trouve dans un centre
commercial, ou le restaurant installé dans une entreprise plus vaste.

Le nom commercial :

C’est l’appellation sous laquelle une personne exerce son activité. Ça peut être son nom
patronymique précédé du prénom… Pour les sociétés, le nom commercial est désigné sous le
vocable de « raison sociale » dans les sociétés de personnes, et de « dénomination sociale » pour
les sociétés de capitaux. A la différence du nom civil, le nom commercial peut être transmis avec

25
le fonds de commerce ou à titre isolé. Le nom commercial a un caractère patrimonial. Ce qui
explique sa protection contre les usurpations ou les confusions voulues, par le biais de l’action en
concurrence déloyale.

L’enseigne :

C’est un signe extérieur qui permet d’individualiser l’établissement, le magasin. Elle peut
considérer en un sigle, un logo, ou une image apposée sur un local et se rapportant à l’activité qui
s’y exerce. L’enseigne bénéfice de la même protection que le Nom Commercial, à condition
qu’elle soit spéciale, et que celui qui l’utilise justifié d’une priorité d’usage.

Le droit au bail commercial :

C’est le droit de créance du locataire commerçant à l’égard de l’immeuble dans lequel est
exploité le fonds, et dont l’objet est la jouissance des lieux loués en raison de son importance
surtout pour le détaillant, le droit au bail fait l’objet d’une protection spéciale, qui confère au
commerçant un véritable droit de renouvellement de son bail, à défaut duquel le bailleur doit lui
verser une indemnité d’éviction.

Les droits de la propriété industrielle :

Ces droits désignent les brevets d’invention, les marques de fabrique, de commerce au de service,
et les dessins et les modèles. Ce sont des biens de nature incorporelle qui procurent à leurs
titulaires un monopole d’exploitation. Les principales opérations dont le fonds de commerce peut
être l’objet sont : la vente du fonds de commerce, l’apport en société, le nantissement et la mise
en gérance libre.

Section 2 : Les opérations relatives au fonds de commerce


Les principales opérations dont le fonds de commerce peut faire l’objet sont : la vente du Fonds
de Commerce , l’apport en société le nantissement et la mise en gérance libre. Nous allons
seulement étudier la vente et la gérance libre du fonds de commerce dans le cadre de la deuxième
section.

1§ La vente du fonds de commerce


C’est une opération importante sur le plan économique. Elle est importante pour le vendeur et ses
créanciers car le Fonds de Commerce représente dans bien des cas l’essentiel de leur gage. C’est
un investissement qui peut être considérable pour l’acheteur car il y a des Fonds de Commerce de
grande valeur. L’art 81 de la loi 15-95 dispose : « Toute vente ou cession de fonds ainsi que tout

26
apport en société ou toute attribution de fonds de commerce par partage ou licitation est constaté
par acte en la forme authentique ou sous seing privé…. » Cet acte mentionne :
1-Le nom du vendeur, la date et la nature de son acte d’acquisition, le prix de cette
acquisition en spécifiant distinctement les prix des éléments incorporels, des marchandises et du
matériel.
2- L’états d’inscriptions des privilèges et nantissements pris sur le fonds.
3- s’il y a lieu, le bail, sa date, sa durée, le montant du loyer actuel, le nom et l’adresse du
bailleur.
4- L’origine de la propriété du fonds de commerce.
Le législateur a adopté un certain nombre de mesures tendant à protéger les deux parties
contractantes et les créanciers du vendeur.
La protection du vendeur :
Afin de prémunir le vendeur contre le risque de non paiement, le législateur à crée à son profit un
privilège et une action résolutoire.
a- Le privilège du vendeur
Le vendeur tant qu’il n’a pas été payé dispose d’un droit qui lui permet de se faire payer
prioritairement sur le prix du fonds en cas de revente. Pour bénéficier de ce privilège, celui-ci doit
avoir été inscrit au Registre de Commerce. Le privilège ne porte que sur les éléments du fonds de
commerce énumérés dans la vente et dans l’inscription. A défaut de désignation précise, le
privilège ne portera que sur les éléments incorporels notamment le nom commercial et l’enseigne,
le droit au bail, la clientèle et l’achalandage.
b- L’action résolutoire :
C’est le droit conféré au vendeur de faire résoudre la vente et de reprendre la possession du fonds.
Pour produire effet, elle doit être mentionnée et réservée expressément dans l’inscription du
privilège. Le défaut d’inscription du privilège entraine donc, vis-à-vis des tiers la perte de l’action
résolutoire (Art 99 Code de Commerce). Comme le privilège cette action est limitée aux seuls
éléments qui font partie de la vente. Le vendeur qui entend utiliser cette garantie doit la notifier
aux créanciers inscrits sur le fonds (Art 101 du Code de Commerce)
La protection de l’acheteur :
Ces mesures concernent surtout les obligations que le vendeur doit remplir vis-à-vis de
l’acquéreur du Fonds de Commerce. Il y a d’abord le transfert de la propriété du Fonds de
Commerce. En suite le vendeur s’oblige à garantir l’acquéreur contre son fait personnel ce qui se
concrétise par les clauses de non rétablissement ou de non concurrence au profit de l’acquéreur.
- La protection des créanciers du vendeur :

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La publicité de la vente a pour but d’informer les créanciers du vendeur et à leur permettre de
faire opposition et, éventuellement, surenchère du sixième
a- L’opposition :
Tous les créanciers (sauf le propriétaire bailleur) peuvent former opposition au paiement du prix
par lettre recommandée avec accusé de réception adressée au secrétariat-greffe du tribunal qui a
reçu l’acte ou par dépôt de l’opposition auprès dudit secrétariat contre récépissé.

L’opposition doit être faite dans les quinze jours, au plus tard, après la seconde insertion et doit
mentionner, à peine de nullité, le montant et les causes de la créance et contenu une élection de
domicile dans le ressort du tribunal.

Si l’opposition a été faite sans titre ou sans cause ou si elle est nulle en la forme, et s’il n’y a pas
instance engagée au principal, le vendeur pourra se pouvoir devant le juge de référés à l’effet
d’obtenir l’autorisation de toucher son prix malgré l’opposition.

b- La surenchère du sixième :
Les créanciers disposent également d’un droit de surenchère s’ils estiment que le prix de vente de
fonds ne correspond pas à sa valeur réelle. Ils peuvent donc demander que le fonds soit mis en
vente aux enchères publiques, mais ils s’engagent à se porter acquéreur pour le prix initial majoré
du sixième de la valeur des éléments incorporels, si aucune autre offre n’est faite

La surenchère n’est pas admise lorsque la première vente du fond a été une vente aux enchères
publiques par voie judiciaire, le juste prix est présumé avoir été alors atteint.

2§ La gérance libre
Gérance libre (ou location gérance) permet au propriétaire de donner la gérance du fonds à une
personne en vertu d’un contrat de location moyennant un loyer qui peut prendre parfois la forme
d’une participation aux bénéfices. Dans ce cas, le gérant locataire bénéficie de la qualité de
commerçant et assume seul les risques de l’exploitation.
A)- Les règles relatives à la publicité :
Ayant la qualité de commerçant, le gérant libre doit bien entendu satisfaire à toutes les obligations
du commerçant et notamment se faire Immatriculer au registre du commerce. Mais la publicité
dont il est question au chapitre relatif à la gérance libre est de toute autre nature, elle a pour
objectif de faire connaitre aux tiers que la propriété du fonds n’appartient pas au gérant. Pour se
faire, le législateur prévoit trois procédés de publicité :
-Tout d’abord un extrait du contrat de gérance libre doit être publié dans les 15 jours de sa date au
bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales. Il reste qu’il est dans l’intérêt du bailleur

28
du fonds d’effectuer cette publicité dans la mesure où il demeure, jusqu’à la publication et
pendant 6 mois qui suivent, responsable solidairement avec le gérant des dettes contractées par ce
dernier à l’occasion de l’exploitation de fonds.
-Il appartient, en outre, au bailleur du fonds de procéder aux formalités relatives au registre de
commerce ; il a le choix entre deux inscriptions :
• Soit demander sa radiation du registre de commerce ;
• Soit requérir la modification de son inscription personnelle avec la mention expresse de la mise
en gérance libre. Autrement, le bailleur reste solidairement responsable des dettes de son locataire
tant qu’il n’a pas requis ces inscriptions (art.60 et 155 du Code de Commerce).
-Enfin, quant au gérant, il doit indiquer sur tous ses documents commerciaux ainsi que sur toutes
les pièces signées par lui avec son nom, son numéro d’immatriculation au registre de commerce
avec mention du tribunal où il est inscrit et sa qualité de gérant libre du fonds sous peine d’une
amende de 2000 à 10000dhs.
B)-Les effets de la location gérance :
Il s’agit en l’espèce, des effets du contrat de location qui mettent certaines mesures à la charge du
locataire et du bailleur :
1- Le locataire :
Il doit payer le loyer qui peut consister en une participation aux bénéfices, exploiter le fonds dans
les meilleures conditions, ne pas en changer la destination, c’est-à-dire continuer le même
commerce que le bailleur. En outre, n’étant pas propriétaire du fonds, le gérant ne peut le vendre
ni le donner en nantissement, il ne peut non plus en sous louer la gestion sans consentement du
bailleur.
2-le bailleur :
Il a pour obligation de mettre tous les éléments du fonds à la disposition du gérant et ne doit pas
en troubler la jouissance, notamment par la concurrence.

29
Chapitre 2 : la gestion sociétale des fonds de commerce (Droit des sociétés)

Introduction
Le droit des sociétés civiles et commerciales a pour objet d'étudier l'ensemble des règles
juridiques qui régissent la vie des sociétés depuis leur création jusqu'à leur liquidation. Sont
concernées aussi bien les sociétés commerciales (SARL, SA, SCA) que les sociétés civiles
(immobilières, de construction vente, de moyens ...)
Aux termes de l’article 982 du dahir formant code des obligations et des contrats : « la société est
un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leurs travail
ou tous les deux à la fois en vue de partager les bénéfices qui pourront en résulter ». Le contrat de
société donne naissance donc à une personne juridique (personne morale), c'est-à-dire qui a
l’aptitude à être sujet de droits et d’obligations. Au Maroc, l’immatriculation au registre de
commerce confère à la société la jouissance de la personne morale. Cette immatriculation marque
donc la naissance de la vie juridique de la société. L’attribution de la personne morale, par le
législateur, aux sociétés leur a permet de disposer : d’un nom, d’un domicile, d’une nationalité,
d’un patrimoine, d’une vie juridique propre…etc.
Trois textes, en particulier régissent le droit des sociétés au Maroc : le code de commerce, la loi
n° 17-95 sur les sociétés anonymes et la loi n° 5-96 relative aux autres formes sociales. Le droit
des sociétés se définit comme une branche du droit privé extrêmement riche et vivante5 . Cette
matière amène à étudier, les sociétés, dans les différentes étapes de leur vie, et dans les différents
aspects des relations des acteurs du fonctionnement des sociétés6 ,autrement dit, le droit de
société regroupe l’ensemble des règles qui gouvernent la vie des sociétés (civiles ou
commerciales) de leur création, leur fonctionnement et leur évolution jusqu’à leur dissolution. Du
point de vue économique : Une société est un regroupement de moyens humains, matériels et
financiers sous une direction autonome ou décentralisée, ayant pour principale fonction de
produire des biens et services afin de satisfaire les besoins des consommateurs et par conséquent
réaliser un bénéfice. Du point de vue juridique : Une société est un contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes physiques ou morales mettent en commun leurs apports afin de partager le
bénéfice. Ainsi Le recours au mécanisme de la société présente de nombreux intérêts, financiers,
juridiques, fiscaux ou sociaux. Cela pour répondre aux objectifs variés, le législateur offre une
très grande diversité de formes sociétaires.
Section 1 La classification des sociétés
Le droit des sociétés opère un certain nombre de classifications :
-Sociétés civiles ;

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-Société commerciales ;
Sous-section 1 Les sociétés civiles et commerciales
C’est une distinction qui effectue entre le commerçant et le non commerçant ; la société civile
s’apparente aux particuliers, la société commerciales aux commerçants ;
Le caractère commercial d’une société découle, soit de sa forme soit de son objet ;
La société en nom collectif, en commandité simple, en commandite par action et la SARL sont
commerciales à raison de leur forme, et quel que soit leurs objets.

Sous-section 2 Les sociétés de personnes, de capitaux et mixtes


1§) Les sociétés de personnes
Sont ainsi appelées car les associés prennent en considération leur qualité respective, les associés
se connaissent et se font confiance mutuellement ; Les parts sociales ne sont cessibles que par le
consentement de tous les associés.
Le décès ou l’incapacité d’un associé met en principe fin à la société, les associés sont
indéfiniment et solidairement tenus des dettes de la société. Si la société n’arrive plus à honorer
ses dettes, les associés sont poursuivis sur tout leur patrimoine, les sociétés de personnes
comprennent, la société en nom collectif, en commandité simple et en société de participation.
a) La société en nom collectif
C’est une société dont les associés ont tous la qualification de commerçant ;
Ils répondent tous indéfiniment et solidairement des dettes sociales ; Tous les associés sont
gérants, sauf dispositions contraires du statut.
a) La société en commandite simple
Elle est constituée de deux catégories d’associés : les commandités et les commanditaires ;
Les associés commandités sont tous indéfiniment et solidairement responsables de toutes les
dettes sociales ; Les associés commanditaires ne répondent des dettes qu’à concurrence du
montant de leurs apports.
§2) Les sociétés de capitaux
La société anonyme
C’est une société commerciale dans laquelle les associés dénommés actionnaires ne supportent
les dettes qu’à concurrence de leurs apports.
La société en commandite par action
C’est une société dont le capital est divisé en actions, elle est constituée entre un ou plusieurs
commandités qui ont la qualité de commerçant, et qui répondent indéfiniment et solidairement

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des dettes sociales, elle est constituée aussi par des commanditaires qui ne supportent les pertes
qu’à concurrence de leurs apports, le nombre des associés ne peut être inférieur à trois personnes.
3§) Les sociétés mixtes : la S.A.R.L
C’est une société commerciale qui constitue un intermédiaire entre les sociétés de personnes et les
sociétés de capitaux ;
L’acquisition de la personnalité morale est subordonnée à l’immatriculation au registre du
commerce.
La distinction entre sociétés à risques illimités et sociétés à risques limités. Cette distinction
permet aux associés de mesurer le risque qu’ils assument dans l’entreprise en société. En effet, les
associés ne sont rémunérés ou remboursés de leur apport qu’après les créanciers sociaux.
Section 2 Les règles communes de constitution à toutes les formes de sociétés
Sous-section 1 : La création de la société
La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leur bien ou
leur travail en vue de partager le bénéfice et supporter les pertes, qui pourra en résulter
1§) les caractéristiques juridiques de la société
En tant que contrat, on peut citer les caractères fondamentaux des sociétés :
A) la pluralité des associés
La société exige le concours d’au moins deux personnes. Mais depuis la réforme de 19966 une
seule personne peut constituer une société à responsabilité limité, et cinq associés suffisent pour
créer une société anonyme.
B) les apports
L’apport est le bien (Immeuble, fond de commerce, capital etc.) dont l’associé transfère la
propriété à la société et en contre partie duquel il reçoit des parts ou des actions. On peut
distinguer trois catégories d’apports :
- l’apport en numéraire = apport en argent
- l’apport en industrie = le travail et le savoir-faire
- l’apport en nature= les moyens du travail (machines etc.)
C) la participation aux résultats
Les associés s’engagent à contribuer aux pertes et à partager aux bénéfices. La part des associés
dans les bénéfices et les pertes est proportionnelle à leurs apports
2§) Les conditions de la société
En tant que contrat Il existe deux catégories des conditions pour la construction d’une société :
conditions de fond et conditions de forme
A) Les conditions de fond

32
La société est un contrat civil, en principe, quatre conditions sont essentielles pour la validité du
contrat de société : le consentement, la capacité, l’objet et la cause
- consentement, qui doit être donné par les associés sans vices.
- la capacité, c’est l’aptitude d’une personne à participer à la vie juridique, c'est-à-dire d’avoir des
droits et assuré des obligations
- l’objet, c’est la mise en commun des biens ou du travail en vue de partager le bénéfice qui
pourra en résulter. L’objet de la société doit être licite/ légal.
- la cause, c’est la raison pour laquelle les personnes s’associent.
B) Les conditions de forme
Les contrats formels sont ceux dans la validité est subordonnés à l’accomplissement de certaines
formalités. Pratiquement, la société n’excède à la vie juridique que si les formalités précisées par
le droit commercial ont été accomplies.
Ces formalités sont :
La rédaction des statuts, le contrat de société doit-être établi par écrit à la base des mentions
suivantes :
-La forme de la société,
-Sa durée,
-son appellation,
-son siège social,
-son objet,
-Le montant du capital
L’immatriculation, la société n’acquérir la personnalité juridique qu’à compter de son
immatriculation au registre du commerce.
Sous-section 2 : La démarche juridique de création
La démarche juridique pour la création d’une société commerciale est composée de deux sortes de
formalités celle de création et celle de modification : nous allons nous concentrer sur la création.
§1- Les formalités de constitution
La constitution des sociétés commerciales est régie par les dispositions de la loi 17- 95 telle qu’elle
a été modifiée et complétée par la loi n°20-05 du 23 mai 2008, ainsi que de la loi 5-96. Avant
d’immatriculer une société commerciale au registre du commerce, il est nécessaire d’accomplir
certaines démarches administratives. Des documents justificatifs sont exigés pour compléter le
dossier d’immatriculation ; qu’on doit déposer au Centre régional d’investissement ou bien
directement au Greffe du Tribunal de Commerce.
A- l’exercice d’une activité réglementée

33
Pour les sociétés qui ont pour objet une activité réglementée (location de voiture, agence de voyage,
Commerce de boissons alcooliques, transport etc), il sera nécessaire de remplir les conditions
requises (diplôme, qualification professionnelle) pour obtenir l’agrément ou l’autorisation nécessaire
à l’inscription au Registre du Commerce ; il faut s’adresser aux services de la Préfecture ou aux
autorités de tutelle.
B- la domiciliation de la société
Pour la domiciliation, il est nécessaire de justifier au Greffe de l’occupation régulière des locaux du
siège de la société (copie du bail commercial, l’attestation ou le contrat de domiciliation)
A la création, la société peut opter pour la domiciliation et ceci avec une limitation de durée fixée à
six mois (d’après un arrêté ministériel). En revanche, les sociétés qui ne respectent pas la durée de 6
mois ne se retrouvent pas dans une situation irrégulière, même si les greffes du royaume sont
tolérants sur cette question. Il reste à préciser que les banques marocaines n’acceptent pas les
demandes de prêts pour les entreprises optant pour la domiciliation.
C- L’adoption de statut
La rédaction de statut est une étape importante qu’il ne faut pas négliger. Elle peut avoir des
conséquences juridiques, fiscales sur la société. La démarche est la suivante :
-Procéder à la nomination du gérant. Il peut être nommé soit dans le statut soit dans un acte séparé
qui sera déposé au Registre du Commerce.
- Faire enregistrer le statut dans le mois qui suit leur signature. Le statut doit être normalement
enregistré, auprès des services d’enregistrement au ressort du siège de la société à créer. Cette
formalité est exigée antérieurement à l’immatriculation au registre du commerce.
- Déposer les fonds constituant les apports sur un compte bloqué. Les fonds doivent être déposés
dans un établissement bancaire.
- Les fonds seront débloqués sur présentation de l’extrait du registre du commerce délivré par le
greffier.
- Publier un avis de création de la société dans un journal habilité à publier des annonces légales :
Cet avis doit contenir les indications suivantes :
La dénomination sociale suivie, le cas échéant, de son sigle; la forme juridique, le capital de la
société, l'adresse du siège social, l’objet social, la durée de la société, les noms, prénoms et
adresse du gérant, ainsi que le Registre du Commerce auprès duquel la société a été
immatriculée.

34
Chapitre 1 : La société en nom collectif (S.N.C)

C’est une société régie, comme la SARL, par la loi 5-96 et par les dispositions du DOC du
12/8/1913 qui ne lui sont pas contraires. La loi 5-96 édicte que sont commerciales à raison de leur
forme, quelque soit leur objet, la SARL, la SNC et la SCS. Ces sociétés n’acquièrent la
personnalité morale qu’à compter de leur immatriculation au registre de commerce.

Section 1 : La constitution de la SNC

C’est une société dont les associés ont tous la qualité de commerçant et répondent indéfiniment et
solidairement des dettes sociales.
La dénomination sociale qui peut comprendre le nom d’un ou plusieurs associés doit être précédée
ou suivie de la mention « société en nom collectif ».
Les actes, lettres, annonces et autres documents doivent comporter outre le nom de la SNC, son
capital, son siège et son registre de commerce (outre l’identifiant fiscal imposé par la loi fiscale et
le numéro de la CNSS). Si une personne accepte que son nom soit incorporé dans la dénomination
sociale, il devient responsable des engagements de la SNC.
Les Statuts doivent indiquer, à peine de nullité, les renseignements suivants : nom, prénom,
domicile et siège des personnes morales (si elles sont associés), précision de la forme de SNC,
objet social, dénomination sociale, siège social, capital social, apport des associés, évaluation des
apports en nature (s’ils existent), répartition des parts, durée de la SNC, nom, prénom des associés
ou des tiers devant gérer la SNC.

Section 2 : La gérance de la SNC

Tous les associés sont gérants. Toutefois, les statuts peuvent désigner 1 ou plusieurs gérants,
associés ou non associés, ou en prévoir la désignation dans un acte ultérieur.
Si une personne morale est nommée gérante, ses dirigeants encourent les mêmes responsabilités
civiles et pénales outre la responsabilité solidaire de cette personne morale.
Si les pouvoirs du gérant ne sont pas déterminés, il peut faire tout acte de gestion.

35
Dans les rapports avec les Tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus entrant dans
l’objet de la SNC. En cas de pluralité des gérants, chacun détient séparément les pouvoirs les plus
étendus.
Les gérants sont responsables individuellement ou solidairement vis-à-vis des associés des actes
accomplis contrairement à la loi ou aux statuts de la SNC.
Section 3 : Le contrôle de la SNC

Les associés peuvent nommer à la majorité des associés un ou plusieurs Commissaires aux
comptes (la loi ne précise pas quelle type de majorité. Mais tout laisse croire que la majorité est
simple 50%+1).
- Si le chiffe d’affaires Hors taxes dépasse cinquante (50.000.000) millions dirhams, la
SNC est obligé de nommer un CAC
- Si ce seuil n’est pas atteint, la nomination d’un CAC peut être demandé par un associé
au président du tribunal de commerce statuant en référé.
-
Section 4 : La révocation des gérants

On distingue 3 cas :
1. Si tous les associés sont gérants et sont désignés dans les statuts, la révocation de
l’un d’eux ne peut être décidée qu’à l’unanimité des autres associés. Cette révocation entraîne la
dissolution de la SNC sauf :
- si sa continuation n’ait été prévue dans les statuts
- ou que les autres associés ne décident sa continuation à l’unanimité
2. Si un ou plusieurs associés sont gérants et ne sont pas désignés dans les statuts,
chacun d’eux peut être révoqué :
- soit dans les conditions fixées par les statuts,
- ou, à défaut, par une décision des autres associés, gérants ou non, prise à
l’unanimité.
3. Par contre, le gérant non associé peut être révoqué :
- Soit dans les conditions fixées par les statuts
- ou, à défaut, par une décision des associés prise à la majorité.
- Dans tous les cas, la révocation décidée sans juste motif peut donner lieu à
des dommages et intérêts.
Section 5 : La dissolution de la SNC

36
La SNC est dissoute en principe par le décès de l’un des associés. Cependant, les Statuts peuvent
toujours stipuler la continuation de la SNC avec les héritiers de l’associé décédé. Mais, les
associés ont intérêt à prévoir un agrément pour permettre à l’héritier, d’être accepté par les autres
associés survivants. Car quand la SNC continue avec les survivants, ces derniers ne sont que
créanciers.

Chapitre 2 : La société à responsabilité limitée (SARL)

C’est la loi 5-96 du 13 février 1997 qui a promulgué les dispositions réglementaires sur la société à
responsabilité limitée (SARL).
Mais, la nouveauté, c’est que la nouvelle loi a permis la constitution d’une SARL d’associé
unique, (cette nouvelle mesure a pour objet d’encourager les commerçants à se transformer en
commerçant personne physique en personne morale). Aussi, cette société peut être constituée par
une ou plusieurs personnes sans que le nombre ne puisse être supérieur à cinquante (50).
Si elle comprend plus de cinquante associés, elle doit se transformer en SA dans un délai de 2 ans.
La dénomination sociale peut comprendre le nom d’un ou plusieurs associés précédée ou suivie de
la mention SARL. Tous les actes, factures, annonces, publications ou autres documents doivent
comprendre le mot SARL plus capital, siège et n° registre de commerce (+ numéro de la taxe
professionnelle ou identifiant fiscal et CNSS exigés par la CNSS et le fisc)
Le capital minimum exigé est de 10.000 DH divisé en parts dont le montant ne put être inférieur
100 DH. En cas de réduction du capital à un montant inférieur, la SARL doit, dans le délai d’un
an, soit augmenter son capital à ce minimum, soit se transformer en une SNC. A défaut, tout
intéressé peut demander en justice sa dissolution.

Section 1 : la constitution de la SARL

Tous les associés doivent signer les statuts soit en personne soit par mandataire muni d’un
justificatif. Ces statuts doivent indiquer, des renseignements obligatoires : nom, prénom, domicile,
siège des personnes morales (si elles sont associés), précision de la forme de SARL, objet social,
dénomination sociale, siège social, capital social, apport des associés, évaluation des apports en

37
nature (s’ils existent), répartition des parts, durée de la SARL, nom, prénom des associés ou des
tiers devant gérer la SARL, signature de tous les associés.
➢ Apport en industrie : Les apports en industrie ne peuvent être représentées dans le capital
sauf dans le cas de l’apport d’un fonds de commerce ou d’une entreprise artisanale. Dans ce
dernier cas, l’apporteur du fonds de commerce peut apporter son industrie lorsque cette dernière
est liée à l’objet de la société. La part de l’apporteur en industrie ne doit pas dépasser celle de
l’associé qui a la plus petite part.
Les apports en nature doivent être évalués par un commissaire aux apports choisi parmi les
commissaires aux comptes inscrits et désignés à l’unanimité, ou à défaut par ordonnance du
tribunal à la demande de tout associé.

Section 2 : les parts sociales

Il est interdit à une SARL d’émettre des valeurs mobilières ou des titres négociables, sous peine de
nullité. Les cessions de parts doivent être constatées par écrit à peine de nullité.
Les parts sont librement transmissibles par succession et cessibles entre conjoints et alliés jusqu’au
2éme degré. Néanmoins, les statuts peuvent toujours prévoir un agrément pour que ces personnes
puissent devenir associés.
➢ Cession à des tiers : les parts ne peuvent être cédées à des tiers qu’avec le consentement
de la majorité des associés représentant les ¾ des parts (75%). Le projet de cession est notifié à la
SARL et à chacun des associés. Si la SARL ne répond pas dans le délai de 30 jours, le
consentement est réputé acquis.
➢ Cession entre associés : les parts sont librement cessibles entre associés. Toutefois, les
statuts peuvent limiter cette cessibilité en exigeant l’agrément dans les mêmes conditions que les
cessions à des tiers.

Section 3 : La gérance et la révocation du gérant de la SARL

La SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques. Les gérants peuvent être choisis en
dehors des associés. Leur nomination et la durée de leur mandat sont fixées soit dans les statuts
soit dans un acte ultérieur.
Si la durée n’est pas précisée dans les statuts, le gérant est réputé être nommé pur 3 ans.
Les pouvoirs des gérants sont fixés dans les statuts. Dans le silence de ces derniers, les gérants
peuvent effectuer tout acte de gestion.

38
Dans les rapports avec les Tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus.
En cas de pluralité des gérants, chacun détient séparément les pouvoirs les plus étendus. Aussi,
l’opposition d’un gérant aux actes effectué par un autre gérant est sans effet à l’égard des tiers.
Il est interdit aux gérants :
- D’exercer toute activité similaire à celle de la SARL à moins qu’ils ne soient autorisés
par les associés.
- De contracter des emprunts,
- De se faire cautionner ou avaliser par la SARL ses engagements envers les tiers.
➢ Conventions avec les gérants : Les gérants, ou le commissaire aux comptes, doivent
présenter à l’assemblée générale ordinaire un rapport sur les conventions intervenues entre la
SARL et l’un des gérants ou associés. L’assemblée générale ordinaire doit statuer sur ledit rapport
au moment où le gérant (ou associé) ne peut participer au vote et ses parts ne sont pas prise en
compte pour le calcul du quorum et de la majorité. S’il n’y a pas de commissaire aux comptes, les
conventions conclues par un gérant non associé sont soumises également à l’assemblée générale
ordinaire. Dans le cas de la SARL d’associé unique, il n’y a pas d’approbation de la convention
par l’assemblée générale.
➢ Responsabilité des gérants : Les gérants sont responsables, individuellement ou
solidairement envers la société ou les tiers :
- Soit des infractions aux dispositions légales applicables aux SARL,
- Soit des violations des clauses des statuts,
- Soit enfin, des fautes commises par eux dans la gestion.
De ce fait, tout associé, ou groupe d’associés représentant au moins le ¼ du capital, peut intenter
une action en réparation du préjudice subi, dite « Action sociale » contre les gérants fautifs à leurs
yeux. Cette action est prescrite pour 5 ans à compter de la date de révélation du fait dommageable.
➢ Révocation des gérants : Le gérant est révocable par décision des associés représentant au
moins ¾ du capital. Toute clause contraire est réputée non écrite. Dans le cas où la révocation est
faite « sans juste motif », elle peut entraîner « des dommages et intérêts ». Dans tous les cas, le
gérant peut toujours être révoqué par le tribunal pour cause légitime et ce, à la demande de tout
associé.

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Chapitre 3 : La société Anonyme (SA)

La SA est une société Commerciale de par sa forme quel que soit son objet dans laquelle les
associés, appelés actionnaires ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs
apports.
Depuis la loi 17/95 du 30/8/96 publié au B.O n° 4422 du 17/10/96, il faut un minimum de Cinq (5)
fondateurs et un capital minimum de 300.000 DH pour la constituer. En revanche, il faut un
capital minimum de 3 millions DH si la société fait appel public à l’Épargne.
Il faut noter aussi que la SA est réputée faire appel public à l’épargne :
- si elle est Cotée en bourse,
- et, si elle compte + 100 actionnaires.
Les statuts doivent être établis par écrit
La publicité est faite au BO et dans un Journal d’annonces légales. Les personnes déchues du droit
d’administrer ou de gérer une société et les personnes condamnés depuis moins de Cinq (5ans)
pour détournement de fonds ou escroquerie ne peuvent Constituer la SA.

Section 1 : la constitution

La SA est constituée par l’accomplissement de 4 actes :


1. Signature des statuts par tous les fondateurs.
2. Libération de chaque action de numéraire d’au moins le ¼ et le reste dans les 3ans
3. Transferts à la SA des apports en nature
4. Accomplissement des formalités de Publicité
En cas d’apports en nature ou avantages particuliers, ces derniers sont évalués par un commissaire
aux apports, choisi parmi les commissaires aux comptes.

Section 2 : la gestion de la SA

Depuis la promulgation de la loi 17-95 du 30/8/1996, les associés des SA ont désormais la
possibilité de choisir entre 2 types de sociétés anonymes : SA classique avec Conseil
d’administration et SA nouvelle avec Directoire et Conseil de surveillance. En cours de la vie de la
société classique à Conseil d’administration, la SA peut introduire cette nouvelle forme de SA.

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Auquel cas, il faut que la dénomination sociale soit précédée ou suivie des mots » société anonyme
à directoire et à conseil de surveillance ».

§1 : La SA à Conseil d’administration

La SA est administrée par un Conseil de trois (3) membres au moins et douze (12) au plus ou
encore quinze (15) si la société est inscrite à la Bourse. En cas de fusion, ce nombre peut être
dépassé pour atteindre le nombre des administrateurs en fonction dans les sociétés fusionnées sans
pouvoir dépasser 24 membres. Cette limite peut atteindre 27 membres dans le cas d’une fusion soit
d’une SA cotée en bourse avec une autre qui ne l’est pas et même 30 membres si les 2 SA sont
cotées en bourse.
Les administrateurs sont nommés par L’AGO. Un salarié ne peut être nommé administrateur que
s’il a un emploi effectif et qu’il a le minimum d’actions fixé par les statuts.
Les actions de garantie exigées des administrateurs sont inaliénables.
A défaut de possession de ce minimum, l’administration est réputé démissionnaire.
Les administrateurs sont nommés pour trois ans dans les statuts et 6 ans au maximum par
l’assemblée générale. Ils sont rééligibles sauf clause contraire.
Toute Convention entre la société et l’un des administrateurs ou directeurs généraux doit être
soumise à l’approbation préalable du Conseil (la voix de l’administrateur n’entre pas en jeu)
Il est interdit à un administrateur de faire des emprunts auprès de la société.
Le Conseil a les pouvoirs les plus étendues.
Il donne au président l’autorisation de donner des cautions ou avals dans la limite d’une montant
fixé.
§2 : LA SA à directoire et Conseil surveillance
La SA peut être administrée par un Directoire et Conseil de Surveillance si elle est prévue dans les
statuts ou si elle a été introduite en cours d’existence de la Société.
--Le Directoire est Composé de membres dont le nombre ne peut dépasser Cinq (5) et Sept (7) si la
société est cotée en Bourse.
Les membres doivent être tous des personnes physiques. Si le capital est inférieur à 1.500.000 DH,
le directoire peut être exercée par une seule personne avec le titre de directeur général unique
Ils peuvent être salariés et pris en dehors des actionnaires. Ils peuvent être révoqués par l’AG sur
proposition du conseil surveillance.
Ce sont les statuts qui fixent la durée de leur mandat (2-6ans)

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A défaut, cette durée sera de 4 ans. L’AG fixe leur rémunération sur proposition du conseil de
surveillance
--Le conseil de surveillance est composé de 3 à 12 membres et 15 si la société est cotée en bourse
(comme pour les administrateurs dans la SA classique)
En cas de fusion, ce nombre peut être dépassé pour atteindre le nombre des administrateurs en
fonction dans les sociétés fusionnées sans pouvoir dépasser 24 membres. Cette limite peut
atteindre 27 membres dans le cas d’une fusion d’une SA cotée en bourse avec une autre qui ne
l’est pas et même 30 membres si les 2 SA sont cotées en bourse.
Les membres du conseil doivent être propriétaires d’un minimum d’actions à préciser dans les
statuts. A défaut, le membre est réputé démissionnaire : ce sont des actions de garantie qui sont
nominatives.
Ils sont nommés soit par les statuts soit par l’AGO.
Leur mandat ne peut dépasser 6 ans dans les 2 cas.
Une personne morale peut être nommée au conseil de surveillance en désignant la personne
physique la représentant.
Le conseil élit en son sein un président et un vice-président et détermine leur rémunération en cas
de besoin.
Toute convention intervenue entre la Sté et l’un des membres est soumise à l’autorisation préalable
du conseil
Il est interdit aux membres du directoire et du conseil de contracter des Emprunts auprès de la
société.
Si le président du directoire représente la société dans ses rapports avec les tiers, le conseil de
surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion.

Section 3 : les assemblées générales d’actionnaires

On distingue les assemblées générales et les assemblées spéciales. Les assemblées générales sont
soit ordinaires (AGO) soit extraordinaires (AGE)
Leurs décisions s’imposent à tous, même aux absents, incapables, opposants ou privés de vote.

--L’AGE est seule habilitée à modifier les statuts


Il faut la présence de la moitié au moins des associés pour que l’AG délibère valablement sur 1ére
convocation et le Quart sur 2eme convocation. Ce minimum est appelé « Quorum ». A défaut, elle
peut être convoquée une autre fois 2 mois au plus.

42
La majorité est des deux tiers des voix présentes ou représentées
--L’AGO prend toutes les autres décisions (Approbation des comptes et nomination des organes de
gestion).
Elle ne délibère valablement que si le quart au moins des associés so présents ou représentés et ce,
sur première convocation .
Aucun quorum n’est exigé cependant sur deuxième convocation
Elle délibère à la majorité des voix présentes ou représentées (50%+1)
--L’AG spéciale est compétente pour statuer sur toute décision intéressante
la catégorie d’actions dont les membres sont titulaires dans les conditions prévues par la loi. Les
conditions de quorum et de majorité dans ces assemblées spéciales sont les mêmes que celles de
l’AGO.
Il faut noter :
-Que les règles de majorité et de quorum ne sont qu’un minium que les statuts peuvent augmenter.
-Qu’un actionnaire peut se faire représenter par un autre actionnaire, son conjoint, ascendant on
descendant.
-Que l’AGO est convoquée par :
➢ Le conseil d’administration ou le conseil de surveillance
➢ À défaut, par le (ou les) commissaire aux comptes
➢ Ou un mandataire désigné par le président du tribunal statuant en référé à la demande, soit
de tout intéressé en cas d’urgence, soit d’un ou plusieurs actionnaires réunissant au moins le
dixième (1/10) du capital social
➢ Ou par les liquidateurs.
-Que l’ordre du jour est arrêté par l’auteur de la convocation

43
Axe 4 : Les moyens de paiement et de crédit de l’entreprise
Les moyens de paiement ou l’effet de commerce est défini comme un titre négociable à ordre
et au porteur représentant une créance de somme d’argent non encore échue, exigible à vue ou
à court terme et constatant l’engagement d’une personne de payer ou de faire payer cette
somme d’argent à une échéance déterminée. L’effet de commerce est un moyen de paiement.
Les moyens de paiement se définissent comme étant tout instrument qui, quel que soit le
support ou le procédé technique utilisé, permet à toute personne de transférer des fonds.
Rentrent dans la catégorie des moyens de paiement : les espèces, les chèques, les lettres de
change, les billets à ordre, etc. A ces moyens de paiement sont effectuées, très souvent, des
garanties qui constituent pour le créancier un moyen de recouvrer sa créance en cas de non-
paiement du débiteur.
Les moyens de paiement cambiaires sont :
-la lettre de change,
- le chèque.
-et le billet à ordre.
Section 1 La lettre de change
1. Définition

La lettre de change (ou traite) est un écrit par lequel une personne (tireur) donne l’ordre à l’un
de ses débiteurs (tiré) de payer une certaine somme à une date donnée à une troisième
personne (bénéficiaire) ou à son ordre (c’est-à-dire à une personne qu’elle désignera
ultérieurement).
2. Fonctions

A l’origine, la lettre de change était un moyen de change, c ’est-à-dire un instrument de


transport d’argent dans le commerce international. Elle devient ensuite un instrument de
paiement par lequel les débiteurs payaient leurs créanciers. Mais elle n’est pas une monnaie
car elle n’est libératoire que si elle est effectivement payée. Libératoire est l'adjectif qui
qualifie la prestation qui éteint une dette. On dit que le paiement est libératoire. Actuellement,
la lettre de change est devenue un instrument de crédit car le tireur peut l’escompter, c’est-à-
dire la céder à un banquier sous déduction d’une commission et des intérêts.
Contrairement au chèque et au billet à ordre, la lettre de change est un acte de commerce par
la forme, c’est-à-dire qu’elle est commerciale quelles que soient les personnes qui l’utilisent

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(commerçants ou non) et quel que soit l’objet de la créance pour laquelle elle a été émise
(civile ou commerciale).
1§) L’émission de la lettre de change
1. La capacité

Tout signataire de la lettre de change doit avoir la capacité de faire le commerce car, en vertu
de l’article 9 du code de commerce, la lettre de change est toujours un acte de commerce.
L’article 164 du code de commerce prévoit que «la lettre de change souscrite par un mineur
non commerçant est nulle à son égard, sauf les droits des parties conformément au droit
commun », c ’est-à-dire le droit de le poursuivre civilement.
Mais la signature du mineur sur une lettre de change ne porte pas atteinte à la validité des
autres signatures en raison du principe de l’indépendance des signatures.
2. Les mentions obligatoires

La lettre de change n’est valable que si elle contient un certain nombre de mentions
obligatoires :
-La dénomination « lettre de change » insérée dans le texte ;
-Le mandat pur et simple de payer une somme d’argent : « Payez » ;
-L’indication de la date et du lieu où la lettre est créée ;
-La signature du tireur ;
-Le montant à payer ;
-L'échéance ;
-Le nom du tiré ;
-Le lieu de paiement ;
-et le nom du bénéficiaire.
A défaut de contenir les mentions obligatoires, le titre est nul. Le porteur de bonne foi perd
donc toutes ses garanties cambiaires de paiement. Il est à noter que la domiciliation n’est
qu’une mention facultative qui rend la traite payable au domicile d’un tiers et qui permet de
faire effectuer le paiement par la banque. Mais elle est devenue obligatoire dans la pratique.
2§) L’acceptation
A. Formes et modalités

L’acceptation est l’engagement du tiré donné sur la lettre par signature de payer son montant
à l’échéance à la personne qui en sera le porteur légitime. L’acceptation est exprimée par le
mot « acceptée » et la signature du tiré au recto.

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En principe, la présentation de la lettre de change à l’acceptation n’est pas obligatoire ;
cependant, une lettre sans acceptation est difficilement négociable car le tiré pourrait refuser
de payer. Le plus souvent, elle est présentée à l’acceptation par le tireur lui-même pour
pouvoir la négocier facilement puisque, à l’égard du porteur, elle constitue une garantie d’être
payé à l’échéance.
B. Conséquences de l’acceptation
a) Provision
1) La provision
La créance du tireur sur le tiré s’appelle la provision. La provision est une créance en somme
d’argent ou en marchandises que le tireur détient sur le tiré. Celui-ci est débiteur de la
provision dès son acceptation (sa signature). L’absence de provision ne frappe pas le titre de
nullité, mais le rend inopérant. Dans la pratique, c’est l’existence de la provision qui
détermine l’acceptation du tiré.
b) Inopposabilité des exceptions du tiré au porteur
Le tiré accepteur ne peut pas opposer au porteur les exceptions que lui-même aurait pu
opposer au tireur ou aux porteurs précédents. Opposer des exceptions : Lorsque, par exemple,
au motif qu'il n'a pas reçu l'acompte promis, le vendeur refuse de livrer à l'acheteur la
marchandise qu'il lui a vendue. L'exception est donc un moyen de défense par lequel une des
parties paralyse la prétention de son adversaire.
3§) Les garanties de paiement de la lettre de change
Pour une efficacité nécessaire au paiement du titre, le législateur prévoit, en plus de
l'inopposabilité des exceptions, des mesures de garantie qui font tout l’intérêt de la lettre de
change ; il s ’agit du principe du transfert de la propriété de la provision, de la solidarité et de
l’aval.
A. Le transfert de la propriété de la provision

« La propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de


change ». Il s ’agit du principe de «la propriété de la provision » qui constitue une garantie
solide de paiement. Il résulte de ce principe qu’une fois la lettre émise, le tiré (qui en a
connaissance par l’acceptation) ne peut plus valablement payer le tireur (son créancier) ;
sinon, il sera tenu à l’échéance de payer, une seconde fois, le porteur. En outre, en vertu de ce
principe par exemple, le décès ou l’incapacité du tireur après l’émission sont sans influence
sur le droit du porteur sur la propriété de la provision.
B. La solidarité

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C’est un principe général du droit commercial qui s ’applique à la garantie de paiement de la
lettre de change. Tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé ou avalisé une lettre de change, c
’est-à-dire tous les signataires, sont solidairement tenus de son paiement envers le dernier
porteur qui, suivant ce principe légal, peut réclamer à l’un ou plusieurs d’entre eux son
montant total. Le signataire poursuivi ne peut opposer au porteur les exceptions fondées sur
ses rapports avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs. Ce même droit (la solidarité)
appartiendra à celui qui a remboursé la lettre de change.
c. L’aval
Le donneur d’aval (avaliseur ou avaliste) est celui qui se porte caution de la créance. Il
garantit personnellement le paiement de tout ou partie de la lettre de change. L’aval est donné
sur la lettre avec la mention « bon pour aval» et la signature. L’avaliseur est la caution
solidaire du signataire en faveur duquel il s ’est engagé (l’avalisé). Il doit préciser pour quel
signataire il s ’ engage, à défaut il est réputé donné au tireur. S’il a payé pour l’avalisé
défaillant, il a un droit de recours non seulement contre lui, mais contre tout autre signataire
de la lettre en vertu du principe cambiaire de la solidarité.
4§) La circulation de la lettre de change
En tant que titre à ordre, la lettre de change est un effet destiné à circuler en permettant la
circulation de capitaux sans risque. Cette circulation s ’opère par la technique de
l’endossement, c’est-à-dire par une mention écrite portée au dos du titre et la signature. Il
existe trois types d'endossements : l’endossement translatif de propriété, l’endossement par
procuration et l’endossement pignoratif.
5§) Le paiement de la lettre de change
La présentation au paiement doit être effectuée au jour de l’échéance ou l’un des 5 jours
ouvrables qui suivent, au lieu désigné (domicile du tiré ou domiciliation). La mention de
domiciliation, devenue obligatoire en pratique, permet de fixer le lieu de paiement à un
endroit convenu, autre que celui du tiré. Dans la pratique, il s'agit du domicile de la banque,
celle-ci n ’acceptant la remise pour encaissement ou pour escompte que lorsque le titre est
domicilié.
6§) Les obstacles au paiement de la lettre de change
A. L’opposition au paiement

La loi interdit l’opposition au paiement de la lettre de change, sauf dans trois cas : perte ou vol
de la traite et la situation de règlement judiciaire du porteur. Il appartient au porteur ayant

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perdu le titre de faire opposition auprès du tiré afin d’empêcher le paiement du titre à tout
porteur illégitime : celui qui aura trouvé le titre.
En cas de perte ou de vol, le paiement à qui de droit ne pourra alors se faire que sur
autorisation du président du tribunal, après avoir fait opposition aux mains du tiré, donné
caution, et justifié de sa propriété de la lettre de change.
En cas de refus de paiement du tiré, le porteur doit faire dresser un protêt «faute de paiement».
C’est un acte authentique dressé par un agent du greffe du tribunal qui constate officiellement
le refus de paiement et les motifs du refus. Cependant, si la lettre porte la mention «retour
sans frais» ou «sans protêt», le porteur est dispensé de la procédure du protêt.
7§) Les recours
Il convient de distinguer le porteur diligent du porteur négligent. Le premier est celui qui
présente la lettre de change dans les délais légaux et fait dresser à temps un protêt en cas de
non-paiement ; alors que le second est celui qui n’a pas observé ces prescriptions.
A. Les recours du porteur diligent

À l’échéance, le porteur diligent, qui a présenté la traite et fait dresser protêt, peut obtenir
remboursement du montant de la lettre, des intérêts, des frais de protêt etc. en actionnant les
signataires ou l’un d’eux devant le tribunal. Le même droit de recours appartient à tout
signataire qui a remboursé le porteur.
B. Les déchéances du porteur négligent

La déchéance d'un droit est le fait de ne plus pouvoir en obtenir la reconnaissance en justice.
Le porteur négligent perd tous les recours cambiaires contre tous les signataires de la traite,
sauf :
-Contre le tireur qui n’a pas fourni provision : la déchéance à son égard n’aura lieu que s’il
justifie avoir constitué provision ;
-contre le tiré accepteur car, ayant reçu provision, il ne peut se dérober de son engagement
sous prétexte de la négligence du porteur ;
-et contre l’avaliste qui a donné aval pour le compte du tiré car, sans cette précision, il est
censé l’avoir donné pour le compte du tireur.
C. Les prescriptions des recours

Ce sont des délais très brefs fixés par le législateur en dehors desquels aucune action
cambiaire ne peut plus être exercée ; on dit qu’elle est prescrite. En matière de lettre de
change :
-l’action cambiaire contre le tiré accepteur se prescrit par 3 ans à compter de l’échéance ;
48
-celle du porteur contre les endosseurs et contre le tireur par 1 an à dater du protêt ;
-enfin les actions des endosseurs entre eux et contre le tireur se prescrivent par 6 mois à dater
du jour du paiement de la lettre.
Section 2 : le chèque
I. Les aspects techniques
A. Nature et fonctionnement du chèque

Le chèque est un effet par lequel le tireur dispose de ses fonds déposés chez le tiré (qui est
obligatoirement une banque), en effectuant des retraits à vue, soit à l’ordre de lui-même, soit à
l’ordre du bénéficiaire. Le chèque est obligatoirement tiré sur un banquier, il est payable à vue
(dès sa présentation) et à ce titre il ne peut comporter une mention d’échéance de paiement.
Par ailleurs, contrairement à la lettre de change, il n’est pas commercial par la forme ; il est
commercial ou civil suivant la nature de l’opération en exécution de laquelle il a été émis.
B. Les conditions formelles
a. Les mentions obligatoires
Les mentions obligatoires que doit comporter le chèque sont :
-La dénomination de « chèque » ;
-L’ordre de paiement pur et simple (payez) ;
-La somme à payer en chiffres et en lettres ;
-Le nom du tiré (la banque) ;
-Le lieu du paiement (adresse de l’agence bancaire) ;
-Le lieu et la date de création ;
-Le nom et la signature du tireur.
b. Les mentions facultatives
Ce sont les mentions que les parties demeurent libres de porter sur le chèque :
-Le nom du bénéficiaire : Il n’est pas obligatoire de mentionner le nom du bénéficiaire sur le
chèque, car le chèque peut être émis au porteur ou en blanc, sans aucune indication, il est
alors considéré émis au porteur ; il peut aussi être stipulé payable à personne dénommée ou à
son ordre (chèque nominatif), dans ce cas le bénéficiaire ne peut le transmettre que par
endossement ;
-La clause non endossable ou non à ordre : Cette clause interdit l'endossement translatif de
propriété du chèque, par conséquent, elle n'empêche pas l'endossement par procuration. Elle
ne peut toutefois être utile que lorsque le chèque est nominatif ; puisque le chèque au porteur
ou à blanc est transmissible par simple tradition. Cette clause peut être utilisée dans deux

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objectifs : comme sécurité (en cas de perte ou de vol), et comme preuve du paiement des
dettes (au moyen du relevé bancaire) ;
-Le barrement : Il consiste à tracer sur le recto du chèque deux barres parallèles, il ne sera
alors payé qu’à un banquier ou à un client du banquier. Ainsi, le porteur d’un tel chèque ne
pourra se faire payer qu’ en l’endossant par procuration à son banquier qui approvisionnera
son compte du montant du chèque encaissé par ledit banquier. Comme il ne peut être payé
qu’à une banque, le chèque barré a été conçu pour éviter les risques de perte ou de vol des
chèques ; mais l’effet de cette technique reste limité puisqu’il est possible d’endosser le
chèque barré au profit d’ un bénéficiaire de bonne foi.
-La certification : (le chèque certifié) Elle remplace l’acceptation en matière de lettre de
change. Comme le chèque est payable à vue, il n’a pas besoin d’être accepté ; l’article 242
interdit expressément l’acceptation du chèque. La certification est faite par la banque tirée qui
porte au recto du chèque la mention « certifié » et sa signature. Elle doit alors bloquer la
provision correspondant au montant du chèque au profit du porteur, mais seulement jusqu’ au
terme du délai de présentation qui est de 20 jours.
C) La provision du chèque
a) Le contenu de la provision
La provision est une somme d’argent mise à la disposition du tireur chez le tiré au moment de
la création du chèque. La provision du chèque peut être constituée par :
-le dépôt de fonds chez la banque (c’est-à-dire par le versement de sommes d’argent) ;
-la remise d’effets de commerce pour escompte ou pour encaissement (mais la provision dans
ce cas ne sera constituée qu'après inscription de leur montant sur le compte du client) ;
-elle peut aussi résulter d’une ouverture de crédit (à distinguer avec les facilités de caisse).
b) Le moment de la provision
Contrairement à la lettre de change dont la provision n’est exigible qu’à l’échéance, le chèque
doit avoir provision dès le moment de la présentation du chèque au paiement.
D. La circulation du chèque

Le chèque au porteur ou à blanc se transmet par tradition. S’il est nominatif, il est
transmissible par endossement, soit par endossement translatif de propriété, soit par
endossement à titre de procuration (au profit des banques en pratique). Mais l’endossement du
chèque ne peut jamais être fait en garantie (à titre pignoratif).
II. Les systèmes de protection du chèque

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En tant qu’effet de commerce, le chèque bénéficie naturellement de la protection du système
cambiaire, mais il se distingue en outre par une protection traditionnelle et spéciale d’un
système pénal auquel s ’est greffé récemment un autre système, mais bancaire cette fois.
A. Le système cambiaire
a. La présentation au paiement
Elle peut se faire dès le jour de l’émission puisque le chèque est payable à vue. Le porteur
dispose néanmoins d’un certain délai pendant lequel il doit présenter le chèque au paiement
sous peine de perdre son droit au recours cambiaire. Les délais sont actuellement de 20 jours
de l’émission pour les chèques émis au Maroc, et de 60 jours pour les chèques émis à
l’étranger. Après l’expiration du délai de présentation, s’il y a la provision, le tiré est tenu
quand même de payer sous peine d’une amende de 5000 à 50 000 dirhams. Or en pratique, le
délai de validité du chèque est désormais fixé à 1 an et 20 jours.
Si la provision est insuffisante, le tiré a l’obligation de proposer au porteur le paiement
jusqu’à concurrence de la provision disponible ; dans ce cas, ce dernier ne peut pas refuser ce
paiement et doit délivrer une quittance au tiré et mention de ce paiement partiel doit être faite
sur le chèque (art. 273). Signalons qu’actuellement dans la pratique, les banques refusent tout
paiement, même s ’il ne s ’agit que d’une insuffisance dérisoire. Et comme cette obligation, à
la différence de la précédente, est dépourvue de sanction, elle n’a pas beaucoup de chance
d’être appliquée.
b. Le protêt
A défaut de paiement, le porteur doit faire dresser protêt, comme en matière de lettre de
change, pour pouvoir exercer son recours cambiaire. Le protêt doit être fait avant l’expiration
du délai de présentation ; et si celle-ci a lieu le dernier jour du délai, il peut être établi le
premier jour ouvrable suivant.
c. Les délais de prescription
L’article 295 a prévu trois délais de prescription en fonction des parties en présence :
-Pour les actions du porteur contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés la prescription
est de 6 mois à partir de l’expiration du délai de présentation ;
-Pour les actions des divers obligés les uns contre les autres la prescription est de 6 mois à
partir du jour où l’obligé a remboursé ou du jour où il a lui-même été actionné en justice ;
-Enfin, pour l’action du porteur contre le tiré le délai de prescription est d’1 un à partir de
l’expiration du délai de présentation.
d. Les recours cambiaires

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Lorsque le porteur aura accompli ses obligations de vigilance, il peut alors exercer ses recours
cambiaires contre toutes les personnes obligées en vertu du chèque. Celles-ci sont en effet
tenues solidairement envers le porteur. Ce dernier peut agir contre ces signataires
individuellement ou collectivement et sans avoir à respecter l’ordre dans lequel ils se sont
obligés. Cependant, en cas de déchéance, le porteur négligent ne perd pas tous ses droits, il
conserve :
-Une action de droit commun contre les différents obligés ;
-Une action cambiaire contre le tiré qui a provision ;
-Une action cambiaire contre le tireur qui n’a pas fait provision.
Or, celui-ci reste passible du pénal. Il convient cependant de signaler que ces règles ne s
’appliquent que pour l’exercice de l’action cambiaire car, pour l’exercice de l’action pénale, le
porteur n’a pas besoin de faire dresser protêt, et l’action publique ne s’éteint pas par les délais
de prescription de l’action cambiaire. Étant donné que nous sommes dans le domaine
délictuel, l’infraction ne s’éteindra que par la prescription correctionnelle de 5 ans.
B. Le système bancaire
a. Les obligations des banques
1. Lors de l’ouverture des comptes
Les textes actuels obligent désormais les banques, préalablement à l’ouverture des comptes,
de vérifier l’identité des postulants (personnes physiques ou morales) par le moyen de
documents officiels. L’établissement bancaire doit ensuite, et préalablement à la délivrance du
premier chéquier, consulter Bank Al-Maghrib sur les antécédents bancaires du postulant (les
incidents de paiement et leurs suites).
2. Lors des incidents de paiement
En cas d’incident de paiement, c’est-à-dire de refus de paiement d’un chèque pour défaut ou
insuffisance de provision, la banque tirée doit adresser une lettre d’injonction au tireur par
laquelle, elle l’invite :
-à lui restituer, ainsi qu’à toutes les banques dont il est le client, les formules de chèques en sa
possession et en celle de ses mandataires ;
-et de ne plus émettre pendant 10 ans des chèques autres que les chèques de retrait et les
chèques certifiés. Le tiré qui a refusé le paiement doit alors déclarer l’incident à B.M. (SCIP)
L’article 309 al. 1 oblige les banques, lorsqu’elles refusent de payer un chèque, de délivrer au
porteur un certificat de refus de paiement.
b. La réparation de l’incident

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La loi permet au titulaire du compte qui reçoit l’injonction, de retrouver la faculté d’émission
des chèques à condition de régulariser l’incident et de payer une amende forfaitaire.
1. La régularisation

Pour recouvrer sa faculté d’émission, le tireur a le choix entre deux procédés de régularisation
-soit la régularisation directe : c ’est-à-dire le règlement du montant du chèque impayé entre
les mains du porteur, il doit alors présenter le chèque acquitté au tiré ;
-soit la régularisation indirecte : en constituant une provision suffisante et disponible pour le
règlement du chèque par les soins du tiré.
2. L’amende forfaitaire

Après la régularisation, le tireur doit s’acquitter d’une amende forfaitaire dont le taux dépend
du nombre de répétition des incidents de paiement : à la première injonction, le taux de
l’amende est de 5 % du montant du chèque impayé ; à la seconde injonction, ce taux est de 10
% ; et, à partir de la troisième injonction, il est de 20%. Mais, la régularisation n’empêchera
pas le tireur d’être poursuivi pénalement. Néanmoins, pour assurer le respect de ce système
bancaire, le législateur a assujetti les banques à un véritable système de responsabilité.
c. La responsabilité pénale des banques
Les violations des obligations bancaires sont érigées en infractions passibles d’une amende de
5000 à 50 000 dirhams, notamment :
-Le défaut de déclaration à Bank Al Maghrib des incidents de paiement et des émissions au
mépris de l’interdiction ; le refus de délivrer le certificat de refus de paiement ;
-La délivrance de formules de chèques à un interdit bancaire ou judiciaire ou à son mandataire
;
-Le défaut d’adresser une injonction en cas d’incident de paiement invitant son auteur à
restituer les formules de chèques et de ne plus émettre de chèques pendant 10 ans. Il
appartient alors à Bank Al Maghrib de centraliser les renseignements concernant ces
infractions commises par les banques et de les communiquer au procureur du Roi.
d. Le rôle de Bank Al-Maghrib
Elle exerce son rôle par une sorte de « casier bancaire » (à l’instar du casier judiciaire) détenu
par le Service Central des Incidents de Paiement (le S.C.I.P.). Car, en vertu de l’article 322,
les banques sont tenues de déclarer à B.M. tous les incidents de paiement survenus dans leurs
agences. Ainsi, le S.C.I.P. centralise tous les antécédents des clients ayant fait l’objet d’une
déclaration et se charge de les communiquer aux banques.
C. Le système pénal

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a. Les infractions en matière de chèque
1. L’omission de constituer ou de maintenir la provision
Il s’agit de la fameuse émission de chèque sans provision du dahir de 1939 qui est l’infraction
la plus courante en matière de chèque. Par sa nouvelle formule, le législateur de 1996 a
complètement modifié la physionomie de cette infraction. Alors que les articles 70 dahir de
1939 et 543 du code pénal sanctionnaient celui qui, de mauvaise foi, a émis un chèque sans
provision préalable et disponible ou avec une provision inférieure au montant du chèque,
l’article 316-1° du nouveau code incrimine le tireur qui a omis de constituer ou de maintenir
la provision du chèque en vue de son paiement à présentation.
3. L’opposition irrégulière

L’opposition est l’acte par lequel le tireur fait défense au tiré de payer un chèque qu’il a émis.
L’article 271 ne permet de faire opposition que dans des cas limités, à savoir : la perte et le
vol du chèque, l’utilisation frauduleuse et la falsification du chèque, et le redressement ou la
liquidation judiciaire du porteur. Par conséquent, celui qui fait opposition en dehors des cas
prévus par le législateur encourt les mêmes peines de l’émission sans provision. C'est
notamment le cas où le tireur a été victime d'une escroquerie ou de l'inexécution d'un contrat
suite à un paiement par chèque.
4. L’acceptation des chèques de garantie

L’article 316- 6° ne sanctionne « toute personne qui, en connaissance de cause accepte de


recevoir un chèque à la condition qu’il ne soit pas encaissé immédiatement et qu’il soit
conservé à titre de garantie ». Il est à noter que pour faire respecter les interdictions bancaire
et judiciaire par les titulaires de comptes interdits, le code de 1996 a incriminé l’émission de
chèque au mépris d’une interdiction d’un emprisonnement d’un mois à 2 ans et d’une amende
de 1.000 à 10.000 dirhams malgré l’existence de la provision. Et si la provision fait défaut,
ces peines sont portées au double.
b. Les sanctions pénales
L’article 316 prévoit des sanctions communes à toutes les infractions en matière de chèque à
savoir, l’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende de 2.000 à 10.000 dhs sans qu’elle
puisse être inférieure à 25% du montant du chèque ou de l’insuffisance de la provision.
Section 3 Le billet à ordre
I. Spécificités
A. Définition

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Le billet à ordre est un titre par lequel une personne, le souscripteur, s’engage à payer à une
certaine date une somme déterminée à une autre personne, le bénéficiaire, ou à son ordre. À la
différence de la lettre de change, le billet à ordre met en rapport seulement deux personnes : le
souscripteur et le bénéficiaire.
Le souscripteur est en même temps tireur et tiré dans la mesure où il se donne l’ordre à lui-
même de payer le bénéficiaire à l’échéance. La spécificité du billet à ordre découle des
conséquences qui résultent de cette différence fondamentale. Le billet à ordre est également
un moyen de paiement et de crédit dont le régime s’apparente à celui de la lettre de change,
mais il est beaucoup moins utilisé dans le commerce.
B. Nature du billet à ordre

L’article 9 du code de commerce dispose que : « Indépendamment des dispositions des


articles 6 et 7, sont réputés actes de commerce la lettre de change et le billet à ordre signé
même par un non-commerçant, lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale ». Ainsi, le
législateur laisse entendre que le billet à ordre est un acte de commerce par la forme. Ceci
aurait été vrai si la phrase avait pris fin au niveau de « même s’il est signé par un non
commerçant », mais le même article ajoute : « lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale
». Par conséquent, le billet à ordre ne sera commercial que si la dette à l’occasion de laquelle
il est souscrit est commerciale ; par contre, il sera civil si l’opération est civile.
Par l’insertion de cette condition, toute la théorie de la commercialité du billet à ordre par la
forme a été détruite. Sa nature commerciale ou civile continuera de dépendre de la nature de
l’opération en vertu de laquelle il est souscrit ; donc, le droit applicable au billet à ordre sera
déterminé en fonction de sa nature civile ou commerciale.
C. Régime cambiaire

La plupart des règles de la lettre de change sont applicables au billet à ordre, notamment en ce
qui concerne l’endossement, le paiement, le recours faute de paiement, le protêt, les
prescriptions, etc. C’est pourquoi le billet à ordre, régi par les articles 232 à 238 du code de
commerce (7 articles), ne comporte que peu de dispositions qui lui sont propres. Ce sont
finalement 4 articles qui lui sont consacrés, car le code, par ses articles 234 à 236 (donc 3
articles), ne fait que renvoyer aux règles communes relatives à la lettre de change.
II. Conditions de validité
A. Les conditions de forme

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Elles sont pratiquement les mêmes que celles de la lettre de change, sauf pour quelques
originalités qu’il convient de signaler. Comme pour la lettre de change, pour être valable le
billet à ordre doit comporter un certain nombre de mentions obligatoires :
-la date et lieu de souscription ;
-la clause à ordre ;
-le lieu de paiement ;
-le nom du bénéficiaire ;
-la signature du souscripteur, etc.
Le billet à ordre se distingue cependant par :
a. La dénomination « Billet à ordre » : Alors que la lettre de change doit comporter la
dénomination « lettre de change », qui implique automatiquement la clause à ordre, le billet à
ordre doit contenir, au choix, soit la dénomination « billet à ordre», soit tout simplement «la
clause à ordre» insérée dans le texte du titre (je paierai à l’ordre de M. X.)
b. La promesse pure et simple de payer : Comme dans le billet à ordre il n’y a pas un mandat
de payer donné à un tiers (le tiré), cette promesse de payer (je paierai...) remplace le mandat
de la lettre de change.
B. Les conditions de fond
C’est à ce niveau que nous rencontrons le plus de différences par rapport à la lettre de change
dues à la nature du billet à ordre et à l’absence du tiré.
a. La capacité

La capacité de faire des actes de commerce n’est requise que lorsque l’acte est commercial.
Dans le cas contraire, si le mineur contracte une affaire civile (et c ’est là que le billet à ordre
n ’est pas commercial par sa forme), le billet sera civil et le mineur devra seulement être
émancipé, sans avoir à être autorisé à faire le commerce. (Sa signature sur le billet à ordre ne
sera pas nulle puisqu’il s’agit d’un acte civil qui nécessite seulement l’émancipation du
mineur).
b. Absence de la notion de provision

En matière de billet à ordre, il ne peut être question de provision qui est normalement une
créance du tireur sur le tiré ; alors que dans le billet à ordre le souscripteur cumule ces deux
qualités.
c. Absence de la notion d’acceptation

L’acceptation n’a pas de raison d’être en matière de billet à ordre puisque le souscripteur, par
sa signature à l’émission, s’engage juridiquement à payer à l’échéance entre les mains du
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bénéficiaire ou à son ordre ; c’est pourquoi l’article 237 précise que « le souscripteur d’un
billet à ordre s’engage de la même manière que l’accepteur d’une lettre de change».

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