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FINANCES PUBLIQUES
CDP (2021 /2022)
SECTION. 1 – L’ANNUALITE.
SECTION. 2 – L’UNITE.
SECTION. 3 – L’UNIVERSALITE.
SECTION. 4 – LA SPECIALITE.
SECTION. 5 – LE CARACTERE LIMITATIF DES CREDITS.
SECTION. 1 – L’ENGAGEMENT
. SECTION. 2 – LA LIQUIDATION
SECTION. 3 – L’ORDONNACEMENT.
SECTION. 4 – LE PAIEMENT.
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SECTION. 3 – LE CONTROLE PARLEMENTAIRE.
INTRODUCTION
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par ce dernier : le budget de l’Etat est devenu l’un des principaux éléments de
l’activité économique. Il peut être l’instrument d’une intervention conjoncturelle sur
l’activité du pays, par le rythme de croissance de ses dépenses, ses secteurs privilégiés
ou le choix du montant de son déficit. Il traduit également les politiques structurelles
voulues par le gouvernement. Enfin, il joue un rôle considérable dans la
redistribution des revenus et dans l’effort de solidarité.
Toutefois, si les principes budgétaires dégagés au XIX ème siècle ont
subi des infléchissements, ils gardent une réelle actualité et s’imposent notamment à
l’Administration comme autant de contraintes qu’on ne saurait négliger. Qui plus est,
ils contribuent à justifier et renforcer le rôle omniprésent du ministère des finances
dans l’activité budgétaire et financière de l’Etat.
Après avoir analysé les principes budgétaires en tant que limites du
domaine des finances publiques, nous étudierons les attributions et les responsabilités
des acteurs publics ayant un rôle particulier dans l’exécution budgétaire.
Ces acteurs qui sont les ordonnateurs et les comptables publics, devront
assurer leur rôle selon un scénario bien précis, dont les étapes volontairement lourdes
et complexes constituent les règles de la comptabilité publique.
Enfin, s’agissant du contrôle de l’exécution de la loi de finances dont
l’objet principal est de vérifier la conformité de l’exécution budgétaire avec le
contenu de l’autorisation parlementaire, nous envisagerons les différentes formes de
contrôle, qui relèvent soit de la nature des personnes ou des faits contrôlés, soit du
moment de ce contrôle (à priori, en cours d’exécution et a posteriori), soit enfin de la
nature des organismes qui exercent ce contrôle, que l’on classifie généralement en
contrôle administratif, contrôle juridictionnel ou contrôle parlementaire.
Quoiqu’il en soit, quel que soient les acteurs, les structures, les
procédures, force est de constater que l’argent est le pouvoir, non pas seulement dans
le fait qu’il permette d’acquérir des richesses, mais dans la constatation évidente que
tout pouvoir, dans son essence même, doit disposer de ressources financières pour
exister et se réaliser en tant que tel.
C’est pourquoi, l’analyse des structures et des techniques budgétaires
d’un Etat permet d’identifier, non seulement ses moyens d’action, mais également la
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nature politique de ses institutions ainsi que ses pôles de décisions c'est-à-dire de
déchiffrer les arcanes du pouvoir.
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La règle de l’universalité budgétaire ;
1. PRINCIPE.
La règle de l’annualité signifie que la loi de finance est établie chaque
année pour une seule année qui coïncide de nouveau au Maroc avec l’année civile.
L’annualité budgétaire deux aspects: un aspect autorisation par lequel le parlement
autorise le gouvernement à procéder aux dépenses et recettes pour l’année suivante et
un aspect exécution dans lequel le gouvernement exécute pendant une année les
autorisations accordées.
S’agissant des dépenses : cette autorisation ne signifie pas que l’exécutif
est obligé d’utiliser la totalité des crédits, mais elle a pour corollaire que les crédits
non utilisés dans l’exercice budgétaire ne sont pas reportables.
S’agissant des recettes par contre, le gouvernement est tenu de percevoir
la totalité des impôts votés : nous verrons d’ailleurs dans la suite du cours, l’incidence
que peut avoir sur la responsabilité des agents responsables du recouvrement.
Ce principe d’annualité, qui fixe le début de l’exercice budgétaire au 1 er
janvier, implique qu’à cette date, le vote de la loi de finances soit effectué ; cela
suppose donc que le projet de loi soit déposé suffisamment tôt pour permettre une
action normale du parlement. En contrepartie, le parlement est également soumis à
des délais de ne pas entraver l’action gouvernementale.
2. JUSTIFICATION.
Cette règle permet au parlement d’exercer un contrôle régulier,
périodique et sérieux sur l’activité gouvernementale, mais elle résulte aussi de
difficulté d’établir des prévisions de dépenses à moyen ou long terme.
Cette règle a un caractère artificiel car la vie de l’Etat est continue. Mais
ce qui est important, ce n’est pas la durée choisie de l’exercice budgétaire (une année,
en l’occurrence), mais la possibilité d’avoir à un certain moment, une image fixe mais
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réelle des flux financiers publics, dans le cadre temporel précis ayant un début et une
fin, afin d’exercer un contrôle efficace à partir de données non évolutives.
Le second élément d’importance est que cette durée d’exercice
budgétaire, à partir du moment où elle a été choisie, demeure constante, afin de
comparer plus facilement grâce à des critères identiques, l’évolution des activités
financières.
3. DIFFICULTES.
Il s’agit, comme nous l’avons vu, d’un découpage artificiel de l’activité
financière de l’Etat qui se révèle inadapté à des actions économiques et sociales à
moyen terme comme des dépenses d’investissement par exemple. Cette règle soulève
d’autre part des difficultés d’application : la fixation du point de départ de l’année et
le rattachement des opérations budgétaires à l’année.
4. ASSOUPLISSEMENTS.
L’article 7 de la loi organique relative à la loi de finances mentionne que
les dispositions financières relatives à l’approbation de conventions financières, aux
garanties accordées par l’Etat, à la gestion de la dette publique ainsi que la dette
viagère, aux autorisations d’engagement par anticipation, aux crédits d’engagement
et aux autorisations de programme, peuvent engager l’équilibre financier des
années budgétaires ultérieures.
A partir de cet article qui annonce un début de pluriannualité financière
et en tenant compte de dispositions tant constitutionnelles que législatives ou
règlementaires, l’on peut, dans le cadre des assouplissements à la règle de l’annualité
budgétaire, dénombre les aménagements suivants :
1. PRINCIPE :
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L’ensemble des dépenses et des recettes budgétaires doit être présenté
dans un seul et même document et être soumis aux mêmes règles
Ce principe présente deux aspects différents :
Il impose que toutes les opérations de l’Etat soient retracées dans
un même document ;
Il exige du document en cause qu’il soit unique.
2. JUSTIFICATION :
L’unité budgétaire procède d’un principe d’ordre et de clarté, car, en
multipliant les budgets et les comptes particuliers, on rendrait impossible la vue
d’ensemble sur les recettes et les dépenses publiques.
C’est pourquoi, pour permettre un contrôle efficace du Parlement, en
prenant connaissance de l’ensemble des dépenses et des recettes, et à partir de cette
vue d’ensemble immédiate, d’émettre des jugements politiques sur les orientations
financières du Gouvernement, cette règle permet de :
Voir facilement si le budget est réellement en équilibre ;
Combattre les équilibres artificiels (notamment ceux réalisés par les
techniques de débudgétisation) ;
Montrer le volume des dépenses de l’Etat ;
Permettre d’apprécier l’utilité et l’urgence des diverses dépenses de l’Etat.
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création de budgets autonomes tels que les régimes de protections sociales ou les
budgets des collectivités territoriales.
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Décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d’un lien de
cause à effet réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être
commodément incluses dans le cadre du budget général ;
Décrire des opérations en conservant leur spécificité et en assurant leur
continuité d’une année budgétaire sur l’autre ;
Garder trace, sans distinction d’année budgétaire, d’opérations qui se
poursuivent pendant plus d’une année.
Mais des liens subsistent avec le budget général :
Art. 18 : Les comptes spéciaux du trésor sont créés par la loi de finances.
Art. 20 : Les opérations des comptes spéciaux du trésor sont prévues, autorisées
et exécutées dans les mêmes conditions que les opérations du budget général,
sauf dérogations prévues par la loi de finances et sous réserve des dispositions
suivantes :
Le solde de chaque compte spécial est reporté d’année en année.
Les profits et pertes constatés, au titre d’une année budgétaire considérée, sur
les comptes d’opérations monétaires, sont pris en recettes ou en chargent au
budget général au plus tard de la 2ème année suivant celle au court de laquelle
ils sont dégagés ;
Les revenus éventuellement produits par les sommes inscrites aux comptes
d’adhésion aux organismes internationaux sont pris en recette au budget
général au titre du produit des participations financières ;
Les soldes des comptes d’affectation spéciale et les comptes de dépenses sur
dotation qui n’ont pas donné lieu à des dépenses pendant 3 années
consécutives peuvent être soldés au terme de la 3 ème année et leur solde pris en
recette au budget général ;
Le découvert des comptes d’opérations monétaires est limité par la loi de
finances de l’année. La tenue de ces comptes est assurée de manière à faire
ressortir les résultats définitifs ;
Enfin, sauf dérogations prévues par une loi de finances, il est interdit d’imputer
directement à un compte spécial du trésor les dépenses résultant du paiement
des traitements ou indemnités à des agents de l’Etat, des collectivités locales,
des établissements publics et des entreprises publiques.
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La technique des comptes spéciaux du trésor permet donc de déroger
aux règles strictes de la comptabilité publique et de pratiquer une gestion
commerciale grâce à des ressources propres qu’ils utilisent librement, afin de
déterminer les résultats de leurs activités.
Il existe six catégories de comptes spéciaux du trésor :
1. Les comptes d’affectation spéciale (exemple : fonds de soutien des
prix de certains produits alimentaires) : ces comptes retracent les recettes affectées au
financement d’une catégorie déterminée de dépenses et l’emploi donné à ces recettes.
Ces comptes peuvent être alimentés par des taxes, de versements budgétaires ou de
recettes particulières.
2. Les comptes d’adhésion aux organismes internationaux (exemple :
opérations avec le Fonds Monétaire International) qui décrivent les versements et les
remboursements au titre de la participation du Maroc aux organismes
internationaux ; seules peuvent être portées à ces comptes les sommes dont le
remboursement est prévu en cas de retrait ;
3. Les comptes d’opérations monétaires (exemple : compte de
différence de change sur ventes et achats de devises) qui décrivent les mouvements
de fonds d’origine monétaire ;
4. Les comptes d’avance (exemple : avances aux municipalités) qui
décrivent les versements sous forme d’avances remboursables faites par l’Etat sur les
ressources du trésor et accordées pour des raisons d’intérêt public ; ces avances dont
la durée est égale ou inférieure à 2ans sont productives d’intérêts ;
5. Les comptes de prêt (exemples : prêts à l’office national de l’eau
potable) qui décrivent les versements sous formes de prêts faits par l’Etat sur les
ressources du trésor et accordés pour des raisons d’intérêt public ; ces prêts dont la
durée est supérieures à 2 ans, sont productifs d’intérêts ;
6. Les comptes de dépenses sur dotation (exemple : acquisition des
matériels des Forces Armées Royale) qui retracent des opérations relatives à une
catégorie spéciale de dépenses dont le financement est assuré par des dotations
budgétaires.
SECTION. 3 – L’UNIVERSALITE BUDGETAIRE.
1. PRINCIPE :
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La règle de l’universalité budgétaire répond en fait à une double
exigence :
Les recettes et les dépenses doivent être inscrites au budget de façon
séparée, chacune d’entre elles y figurant pour son montant intégral :
c’est la règle de la non-contradiction, de la non-compensation ou
encore règle du produit brut ;
Les recettes doivent être rassemblées en une masse unique et
indifférenciée, couvrant indistinctement l’ensemble des dépenses : c’est
la règle de la non affectation, de la non-spécialisation ou de la non-
assignation.
Cette règle est énoncée dans l’article 9 de la loi organique de la manière
suivante :
«Il est fait recette du montant intégral des produits, sans contradiction
entre les recettes et les dépenses, l’ensemble des recettes assurant l’ensemble des
dépenses. Toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées au budget
général».
Cette règle conduit également au principe dit de l’unité de caisse selon
lequel les dépenses de toute nature sont payées par toutes les recettes encaissées par
les comptables publics.
2. JUSTIFICATION :
- La règle du produit brut :
En inscrivant les sommes de recettes et de dépenses brutes, sans faire
compensation entre les recettes et les dépenses corrélatives, on empêche
l’administration de masquer des dépenses derrière des recettes. Le Parlement connaît
donc le montant exact des dépenses publiques et peut donc l’autoriser et par là même
le contrôler.
Il s’agit également d’éviter que certains services publics s’acquièrent trop
d’indépendance par rapport au pouvoir central grâce aux fonds propres dont ils
pourraient disposer. Dans cette optique, si les administrateurs avaient la possibilité de
couvrir leurs dépenses par un impôt spécialement affecté, ils pourraient ainsi
constituer de « caisses noires » sans aucun contrôle.
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D’ailleurs, l’article 21 du Décret Royal portant règlement général de
comptabilité publique, après avoir rappelé la règle de non-contraction, précise que
« les services ne peuvent accroître par aucune ressource particulières le montant des
crédits qui leur sont ouverts. »
- La règle de non-affectation :
La non–affectation d’une recette déterminée à une dépense déterminée
vient renforcer l’unité budgétaire et constitue une garantie de solidarité nationale ; en
effet, une affectation des recettes aux dépenses conduirait chaque catégorie de
contribuables à réclamer que le produit des impôts qu’elle verse soit affecté à ses
usages exclusifs.
Il s’agit aussi d’éviter des inégalités de traitement et des différences de
train de vie entre les différents services de l’Etat.
D’un point de vue comptable, si des recettes sont affectées à des
dépenses, le montant de la recette devra être égal à celui de la dépense. Or il est
difficile de connaître le montant précis d’une recette surtout lorsqu’on analyse les
méandres du rendement de l’impôt. Cette constatation contribue donc elle aussi à
justifier la règle de non-affectation des recettes aux dépenses.
3. DIFFICULTES.
La règle de l’universalité peut présenter certains inconvénients :
Elle suscite le conservatisme
et la routine, puisqu’elle décourage les chefs de services de procéder à l’amélioration
de leur gestion financière car leurs services ne profiteront pas directement des gains
de productivité ou de bonne gestion qui peuvent résulter de leurs activités,
En séparant les dépenses et
les recettes, elle est contraire aux exigences de la gestion commerciale et ne permet
pas de connaître le coût net de certains services,
Respectée à la lettre, elle peut
conduire à des absurdités dans le quotidien de la vie administrative, en suscitant une
complexité d’opérations comptables pour régler en fait une opération qui, d’un point
de vue global, a une conséquence financière nulle pour les finances de l’Etat.
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D’un point de vue psychologique, il est à remarquer qu’il est aisé pour
l’Etat lorsqu’il veut créer un nouvel impôt de l’affecter à une dépense déterminée
dont le contribuable apprécie directement l’utilité.
1. PRINCIPE :
La règle de spécialité budgétaire exige que les crédits budgétaires ne soient
pas accordés en bloc pour n’importe quel usage, mais qu’ils soient spécialisés selon
une classification déterminée basée sur leur destination (objectif à atteindre ou action
amener) leur objectif ou leur nature (moyens à mettre en oeuvre).
Art. 28 de la loi organique : «les ressources du budget général sont
présentées en chapitres subdivisés, s’il y a lieu, en articles et paragraphes. »
Art. 29 : « les dépenses du budget général sont présentées, à l’intérieur des
titres, par chapitres subdivisés en articles, paragraphes et lignes, selon leur
destination, leur objet ou leur nature. »
2. JUSTIFICATION :
Si le Parlement accorde en bloc au gouvernement la masse des crédits
budgétaires, ce dernier peut conduire, comme il l’entend, sa politique dans la limite
des crédits accordés.
Au contraire, lorsque l’autorisation est détaillée, le gouvernement est
obligé de respecter la ventilation des crédits et sa liberté d’action est d’autant plus
limitée que les crédits ont été accordés avec une précision plus grande.*
La spécialisation plus ou moins poussée des crédits et par conséquent des
votes parlementaires, peut donc être considérée comme un moyen d’apprécier
l’étendue des pouvoirs budgétaires du parlement et donc du caractère démocratique
d’un régime.
Au Maroc, le nombre peu élevé de chapitres budgétaires par ministère
rend difficile une appréciation précise du législateur, mais permet au ministère des
finances d’affirmer sa prééminence vis-à-vis des autres ministères par le choix et la
nature de la nomenclature à mettre en place, ainsi que par le contrôle qui en découle.
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CHAPITRE 2 – LES ACTEURS DE L’EXECUTION BUDGETAIRE :
1. LE ROLE DE L’ORDONNATEUR.
Art. 3 du Décret royal de 1967 (RGCP) : «est ordonnateur public de
recettes et de dépenses, toute personne ayant qualité au nom d’un organisme
public pour engager, constater, liquider ou ordonner soit le recouvrement d’une
créance, soit le paiement d’une dette. »
On constate que cette définition de l’ordonnateur est purement
fonctionnelle.
Dans le cadre de l’exécution de la loi de finances qui nécessite la prise de
décisions financières en fonction de la situation, c’est l’ordonnateur qui décide dans
les limites quantitatives, qualitatives et temporelles d’effectuer une opération
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financière. L’ordonnateur est donc responsable de l’initiative de la dépense ; il en a le
pouvoir d’appréciation et d’opportunité.
Pour cela l’ordonnateur définit l’orientation du service public dont il doit
assurer le fonctionnement, dans le cadre des crédits qui lui sont alloués. Sa gestion
doit être rationnelle et favoriser le développement du service public. La fonction
d’ordonnateur se confond dans avec celle d’administrateur et il est normal que cette
fonction d’ordonnateur soit confiée à l’autorité placée à la tête du service public
concerné.
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L’article 5 du RGCP l’énonce en ces termes : «les ordonnateurs peuvent
déléguer leur signature et, sous leur responsabilité et leur contrôle, instituer des
sous-ordonnateurs.»
L’article 64 du RGCP stipule : «sous leur responsabilité et leur contrôle,
les ordonnateurs peuvent, dans la même forme (par voie d’arrêté), instituer des
sous-ordonnateurs auxquels ils délèguent leur pouvoir dans les limites budgétaires
et territoriales qu’ils précisent.»
Il convient de relever que les termes de ces deux articles peuvent susciter
une confusion quant à la nature de la délégation, délégation de signature ou
délégation de pouvoir, avec leurs conséquences au point de vue responsabilité des
agents en cause.
Sur le plan des dernières innovations, il convient de signaler que tout
SEGMA doit être pourvu d’un sous-ordonnateur, conformément à l’article 65 du
RGCP.
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A. LES COMPTABLES DIRECTS DU TRESOR :
Les comptables directs du trésor ont une compétence générale. Ils forment
un corps hiérarchisé, placé sous l’autorité du ministre des finances et relèvent de la
direction de la comptabilité publique. Ce sont des comptables de droit commun.
On distingue selon les limites territoriales de leurs attributions, d’une part
les trésoriers préfectoraux et d’autre part les trésoriers provinciaux.
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CHAPITRE 3 – LA PROCEDURE D’EXECUTION DE LA
DEPENSE PUBLIQUE :
1. LA PHASE ADMINISTRATIVE :
La phase administrative comporte 3 opérations : l’engagement, la
liquidation et l’ordonnancement, qui sont à la diligence de l’ordonnateur.
A. L’ENGAGEMENT :
L’engagement est l’acte par lequel l’organisme public crée ou constate une
obligation de nature à entraîner une charge (Art.33 RGCP 67).
On constate donc, à la lumière de cette définition, que l’engagement peut
être, soit constitutif, soit déclaratif. En règle générale, il est constitutif, c'est-à-dire qu’il
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crée une obligation qui résulte d’une décision prise. Mais l’engagement peut
exceptionnellement être déclaratif, c'est-à-dire qu’il constate une obligation, c’est
l’exemple des décisions juridictionnelles condamnant une personne publique à
réparer les conséquences dommageables des ses agissements.
Mais quelle que soit la forme qu’il prend, l’engagement est le fait
générateur de la dépense : c’est l’acte qui va rendre l’Etat débiteur.
L’engagement comprend 2 opérations :
L’engagement comptable par lequel les crédits budgétaires
sont affectés dans les écritures à une opération envisagée et donc indisponibles pour
d’autres dépenses.
L’engagement juridique par lequel la dette de l’Etat prend
naissance ; il a généralement la forme d’acte administratif comme la conclusion d’un
marché, un décret de nomination ayant une incidence financière, la passation d’une
commande, une décision attribuant une subvention.
Mais si les engagements comptables sont du ressort exclusif des
ordonnateurs, les engagements juridiques peuvent émaner d’un administrateur
n’ayant pas la qualité d’ordonnateur.
Tout engagement juridique doit être précédé d’un engagement
comptable.
En principe l’engagement comptable, comme dans tous les cas
l’engagement juridique, est individualisé. On parle dans ce cas d’engagement
spécifique.
Toutefois, pour les dépenses de personnel et les dépenses de
fonctionnement courant répétitives, un engagement comptable global, en début
d’année peut être effectué. Dans ce cas, une liste de ces dépenses permanentes est
fixée par décision conjointe du ministre des finances et du ministre intéressé.
Mais en tout état de cause, l’engagement doit nécessairement être précédé
de la mise à disposition des crédits. Cette dernière s’effectue par une délégation de
crédits qui consiste pour l’ordonnateur principal à adresser à chacun des
sous ordonnateurs, une délégation d’autorisation d’engagement indiquant la limite
des mandatements auxquels le sous-ordonnateur pourra ultérieurement procéder.
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Cette délégation de crédits ne peut intervenir que lorsque le crédit a été engagé au
niveau central.
B. LA LIQUIDATION.
La liquidation a pour objet de vérifier la réalité de la dette et d’arrêter le
montant de la dépense (Art. 34 RGCP 67).
Elle présente donc un aspect contrôle et un aspect évaluation.
Au niveau contrôle, la liquidation a d’abord pour objet de vérifier
que le service a été accompli (vérification du service fait) : en effet, une des règle
essentielles du droit administratif financier est que les personnes publiques, d’une
part ne peuvent payer d’avance, d’autre part ne peuvent que si le créancier a exécuté
préalablement ses obligations et en a apporté la preuve. Cette règle du service fait est
donc la règle du service bien fait. La liquidation a ensuite pour objet de contrôler
l’existence des doits du créancier.
Au niveau évaluation, la liquidation détermine le montant précis
de la dette de l’Etat.
Dans la pratique, l’ordonnateur, à la réception des titres de créances, les
dépose généralement sur un registre spécial, que l’on appelle «livre d’enregistrement
des droits des créanciers» ; ce dépôt, au-delà de son rôle de preuve quant à la
réception effective de la créance dans les services de l’ordonnateur, sert de point de
départ au décompte des délais ouvrant d’éventuels paiements d’intérêts moratoires,
lorsque la réglementation le prévoit et l’applique.
L’ordonnateur procède ensuite à l’examen de ces titres de créances, au
triple point de vue de l’existence, de l’exigibilité et de l’exactitude (règle des 3 E) :
L’existence : c'est-à-dire qu’il s’assure de la réalité du service fait. Il examine la
certification donnée à cet effet par l’administrateur responsable de la prise en
charge.
L’exigibilité : c'est-à-dire qu’il s’assure que la dette n’est pas éteinte par :
La prescription quadriennale ;
Un paiement antérieur concernant le même objet ;
Une compensation prévue par la loi.
L’exactitude : c'est-à-dire qu’il constate la régularité de la forme et la justesse
des décomptes.
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La liquidation donne lieu à l’inscription sur le titre de créance d’une
mention signée de l’ordonnateur indiquant le montant admis en liquidation.
C. L’ORDONNANCEMENT.
L’ordonnancement est l’acte administratif donnant, conformément aux
résultats de la liquidation, l’ordre de payer la dette de l’organisme public. Cet acte
incombe à l’ordonnateur (Art. 35 du RGCP 67).
Cet acte de nature administrative est donc de la compétence exclusive de
l’ordonnateur qui donne l’ordre au comptable de payer la dépense.
L’ordonnateur principal peut, au lieu d’ordonnancer la dépense lui-même
par une ordonnance de paiement, déléguer le crédit par une ordonnance de
délégation à un sous-ordonnateur qui procédera à un mandatement.
L’ordonnancement ou le mandatement se traduit donc par l’établissement
d’un titre de paiement adressé à un comptable assignataire, dans la limite des crédits
régulièrement engagés et conformément aux réglementations en vigueur. En effet,
l’ordonnancement obéit à des règles très strictes : il doit comporter toutes pièces
indispensables pour permettre au comptable de vérifier, au moment du paiement, la
régularité de la dépense ; il doit indiquer de façon précise l’imputation de la dépense,
conformément aux dispositions de l’article 36 du RGCP 67.
2. LA PHASE COMPTABLE :
Du ressort du comptable public, elle s’effectue en une seule opération :
LE PAIEMENT. Ceci nous revoit à examiner cette opération ainsi que certaines
notions y relatives.
A. LE PAIEMENT.
Le paiement constitue la phase comptable de l’exécution de la dépense
publique : c’est l’acte par lequel l’organisme public se libère de sa dette
(Art. 41 RGCP 67).
Le paiement est opéré par le comptable, qui doit s’assurer en tant que
payeur que :
L’ordonnateur est bien compétent ;
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Les crédits existent et qu’ils sont
disponibles ;
La créance présentée est valable ;
L’acte de l’engagement comporte le visa du contrôleur des engagements
de dépenses.
Ces différents contrôles se concrétisent par son visa.
En tant que caissier, le comptable procède au règlement libératoire, c'est-à-
dire, il verse les sommes nécessaires au désintéressement du créancier, après avoir
procédé à certaines vérifications (absence d’opposition ou de créancier préférentiel,
identité réelle du créancier). Le règlement doit donc intervenir au profit du véritable
créancier ou de son représentant qualifié, conformément aux dispositions de l’article
46 du RGCP 67.
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Les contrôles sont classés d’après la nature des personnes contrôlées,
d’après la nature des faits contrôlés, d’après le moment auquel ils interviennent, ou
d’après la nature de l’organisme chargé de les effectuer.
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Le contrôle doit permettre d’apprécier l’activité des services publics sur le
plan de la régularité et de l’efficacité.
Le contrôle budgétaire se ramène essentiellement à confronter l’emploi des
deniers publics avec les normes qui ont été fixées par la loi de finances. L’exécution
du budget comporte :
- des opérations administratives, c'est-à-dire des actes juridiques
générateurs de recettes et de dépenses ;
- des opérations comptables qui impliquent le maniement des deniers et
qui assurent le règlement des opérations administratives par la perception de recettes
et le paiement de dépenses.
La conformité de ces deux catégories d’opérations avec les autorisations
budgétaires impose des contrôles administratifs internes et des contrôles externes,
dont un est juridictionnel, l’autre est politique.
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L’accent sera mis essentiellement d’une part, sur le contrôle des
engagements de dépenses et sur celui effectué par les comptables sur les
ordonnateurs ainsi que sur le contrôle hiérarchique exercé sur les comptables et
d’autre part, sur le contrôle exercé par l’inspection générale des finances sur les
comptables et sur les ordonnateurs secondaires.
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autres catégories de dépenses à compter de la date de réception des bordereaux
d'émissions et des ordonnances de paiement.
Hormis les cas où ce contrôle leur est expressément confié, les comptables
publics ne peuvent exercer le contrôle de régularité des engagements de la dépense.
Lorsque à l'occasion de son contrôle, le comptable assignataire constate
une omission ou une erreur matérielle dans les pièces produites ou lorsque ces pièces
sont irrégulières, il suspend le paiement et en informe 1'ordonnateur.
Il est possible que l'ordonnateur qui ordonne la dépense, passe outre le
refus du comptable. Mais pour le faire l'ordonnateur doit produire une réquisition
libérant le comptable de toute responsabilité.
Or le comptable assignataire doit refuser de déférer aux ordres de
réquisition lorsque la suspension de paiement est motivée par :
● L’absence ou l'indisponibilité ou 1'insuffisance des crédits ;
● Le défaut de caractère libératoire du règlement ;
● L’absence du visa d'une ordonnance ou d'un mandat par le comptable public
chargé du contrôle préalable.
En cas de refus de la réquisition; le comptable rend immédiatement
compte au ministre des Finances.
Dans ces différents cas, seul le premier ministre peut décider d’effectuer le
paiement en statuant par décret après avis du ministre des Finances.
Il est extrêmement précis car c'est sur cela que repose la bonne exécution
du budget de 1'Etat. Il présente trois aspects :
Les arrêtés de caisse : il s'agit pour 1'autorite hiérarchique de compter les
espèces et les valeurs détenues par le comptable public. Cette opération intervient à
deux moments :
- soit en cours d'année en cas d'un changement du titulaire du compte ;
- soit en fin d'année lorsqu'il faut arrêter la gestion de 1'exercice.
Le contrôle sur pièce : les comptables publics doivent à tout moment
rendre compte de leur gestion à leurs supérieurs hiérarchiques au moyen de leur
comptabilité et des pièces justificatives.
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Le contrôle sur place : il s'exerce à 1'occasion de visite d'inspection par
1'autorite hiérarchique qui se rend compte elle-même de la gestion des comptables
publics.
D- LE CONTROLE DE 1'INSPECTION GENERALE DES FINANCES
L’inspection générale des finances est investie d’un pouvoir général de
contrôle des opérations des comptables publics. Ce pouvoir s’étend également au
contrôle de la gestion des ordonnateurs secondaires du budget de l’Etat. IL s’agit d’un
contrôle administratif car il est réalisé par l’administration elle-même sur certaines de
ses opérations, et d’un contrôle qui peut intervenir à tout moment et qui se déroule
sur place.
L’inspection générale des finances est instituée par le dahir du 14 avril
1960. Il s’agit d’un corps supérieur d’inspection composé d’inspecteurs des finances
placés sous l’autorité d’un inspecteur général relevant directement du ministre des
finances.
Les inspecteurs ont pour fonction de procéder aux vérifications des
services de caisse et de comptabilité, deniers et matières des comptables publics, des
agents de l’Etat et des collectivités locales.
Ils vérifient également la gestion des comptables publics et s’assurent de la
régularité des opérations enregistrées dans les comptes des ordonnateurs de recettes
et de dépenses publiques ainsi que tous les administrateurs.
Dans le cadre de leurs fonctions, les inspecteurs des finances peuvent
demander tous les documents de nature à faciliter leur mission. Ils peuvent procéder
à toutes les enquêtes et investigations nécessaires et provoquer les explications des
services ou agents intéressés sans que ceux-ci puissent leur opposer le secret
professionnel.
Les attributions de l’inspection générale des finances n’ont cessé de se
diversifier au fur et à mesure de l’extension du rôle de l’Etat. De nombreux
organismes assument la gestion de services publics tout en échappant aux règles de la
comptabilité publique.
Ces organismes sont néanmoins soumis à des contrôles dont celui de
l’inspection générale des finances .
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Par ailleurs, l’inspection générale des finances joue un rôle de conseiller
pour le ministre des finances et les autres ministres.
En effet, de par leurs fonctions et grâce à la masse d’information dont ils
disposent sur l’ensemble de l’administration, les inspecteurs de finances sont
parfaitement préparés à ce rôle de conseil, d’analyse et de proposition
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La déclaration générale permet à la Cour des comptes de certifier la
conformité entre les comptes individuels et le compte général du Royaume.
La loi de règlement permet au parlement d'être informé sur la réalité
d'exécution du budget et de la comparer aux crédits initiaux pour vérifier si
1'exécution n’est pas trop différente des autorisations données, le parlement pourrait
alors engager la responsabilité du gouvernement. Or la pratique nous montre que ce
contrôle n'est que théorique compte tenu de la lenteur flagrante qui marque le
processus de la présentation de la loi de règlement au Maroc.
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