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Le système fiscal au Maroc, et les règles juridiques qui régissent le domaine des finances
publiques sont le couronnement d’une longue évolution C’est l’aboutissement, d’une
L’objectif principal est de réagir aux pressions budgétaires en scrutant les moyens de
financement des politiques économiques et sociales. Les mesures assignées, à cet égard,
concourent au financement des biens, services et équipements publics, via des comportements
de production, de consommation, d’épargne et d’investissement. Il appert que le système fiscal
permet à l’État de réduire les inégalités en pourvoyant le bien-être des citoyens, à travers des
prélèvements justifiés par l’utilité et l’intérêt général.
À cet effet, les impôts demeurent la composante capitale de ce système et la principale
l’État, des collectivités territoriales et plus largement de tout établissement public. Il est
l’expression (attribut de la souveraineté de l’État) de l’application d’un pouvoir de contrainte
équitable par les citoyens. Aussi, la politique fiscale est objet d’évolution foncièrement
dépendante des lois de finances (de l’année ou rectificative) qui édictent les mesures à
locale (la loi n° 47-06) et de nombreux textes spéciaux pour les taxes parafiscales1.
1
Un état non exhaustif de 69 impôts et taxes répartis comme suit : Code Général des Impôts : 6 impôts et
taxes ; législation douanière : 2 impôts et taxes ; loi de la fiscalité locale : 30 impôts et taxes ; Parafiscalité : 31
taxes et impôts (non exhaustif), OXFAM, Analyse du système fiscal marocain, 2020.
1
Ce fascicule, s’attachera, en premier lieu, à étayer une esquisse du régime fiscal
marocain et en deuxième lieu, à décrire les mécanismes relatifs aux procédures d’imposition
fiscale inhérentes à l’impôt sur les sociétés (IS) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) .
L’origine du terme fiscalité provient du mot fiscus (pour les Romains c’était un panier
pour presser le raisin ou pour recevoir l’argent). Il s’est dérivé également le terme fisc, qui
désigne couramment l’ensemble des administrations publiques en charge de l’impôt.
Dès son origine et pendant des siècles, la fiscalité était surtout l’expression de contrainte
sans connexion avec la notion d’intérêt général ou de justice. Imposition et taxation
(fiscalisation) traduisit un acte régalien imposé par le Pouvoir des Souverains et une
contribution ou un versement perçu par voie d’autorité.
Depuis des siècles et dans tous les pays, la fiscalité a toujours été un fait politique et
social important. Elle s’est développée en relation avec l'évolution des sociétés et de ses
institutions politiques, juridiques et économiques. L'impôt en tant que fait social est donc aussi,
inévitablement, une affaire politique (le pouvoir fiscal/lois de finances)2. Traduisant aussi bien
l’intérêt public (celui de l’État) que l’intérêt général (celui de la société) et outre l'univers
politique et administratif discrétionnaires. L'impôt en général s’est révélée inhérent aux
stratégies interventionnistes de l'État dans l'économie3 pour financer le développement et le
progrès social. Il a pour but d’assurer le fonctionnement et la pérennité des services publics, et
l’existence même de l’État.
Par ailleurs, si les finances publiques étudient l’activité de l’État en tant qu’il emploie des
techniques financières4 en termes de budget dépenses-recettes, le droit fiscal s’intéresse à la
question des ressources publiques, et plus spécifiquement aux règles techniques de
détermination et de perception des recettes fiscales.
2
Dispensée originellement au sein des facultés de droit, la fiscalité est trop souvent présentée comme une
matière purement technique, notamment la question de l’impôt et plus généralement les finances publiques,
reléguant ainsi les enjeux politiques et sociaux que soulèvent les choix fiscaux (justice, équité, redistribution...).
3
BOUVIER Michel, introduction au droit fiscal général et à la théorie de l'impôt, L.G.D.J, 10e édition.
4
DUVERGER Maurice : finances publiques, PUF, 1963, p.5.
2
La fiscalité est une discipline juridico- économique dont l’objet est l’étude des principes,
règles et techniques de la mise en œuvre des impôts. Le droit fiscal est la source principale
régentant l’organisation juridique et réglementaire de la fiscalité ou régime fiscal.
En effet, le droit fiscal gouverne les relations financières entre l’État et les assujettis à
travers un certain nombre de prélèvements sous forme d’impôts et taxes qui sont édictées par
les politiques fiscales (Code des impôts). Une politique fiscale5 renvoie à l'ensemble des
objectifs, mesures et opérations par lesquels l'impôt est établi, perçu et utiliser par la puissance
publique. Par conséquent, il s’ensuit que la fiscalité est donc l'ensemble des impôts. Et l’Impôt6
englobe tous les prélèvements (impôt, taxe, prélèvement, contribution…) effectués par l'État
(et les institutions qui en dépendent) sur des personnes physiques ou morales, qui servent à
assurer le fonctionnement des services publics, mais ne trouvent nécessairement pas
directement leur contrepartie dans un service rendu au contribuable7.
Le droit fiscal, d’un caractère dynamique, relève du droit public et exprime la politique
économique et sociale d'un pays notamment l’imposition des particuliers au même titre que les
entreprises. C'est le domaine de l'exorbitant, des dérogations au droit commun. C’est un des
champs d’exercice de la fonction régalienne de l’État. Celui où l'État applique ses prérogatives
et ses privilèges de puissance publique. Ainsi, le droit fiscal étudie, outre le régime juridique
des différents impôts, les conditions d'élaboration et d'application de la loi fiscale, les organes
compétents en matière fiscale, les prérogatives de l'administration, les garanties accordées aux
contribuables, les rapports entre le fisc et les contribuables, et enfin le contentieux fiscal. C’est
l'ensemble des règles juridiques relatives à l'impôt. À ce titre, il est sensiblement lié au droit des
affaires, au droit de la finance et du commerce. En effet, le droit fiscal se rapporte à toutes les
règles régissant les impôts appliqués aux activités économiques, commerciales et de services.
La fiscalité gouverne l'ensemble des dispositions et mesures relatives aux obligations d’impôts
et l’attribution des instances compétentes.
Les institutions fiscales marocaines, et les règles juridiques qui régissent le domaine des
finances publiques sont le résultat d’une longue évolution historique, marquée par des
5
Selon la loi-cadre n° 69-19 portant réforme fiscale (26/07/2021) pour la mise en œuvre de sa politique fiscale,
l’État doit tenir compte des priorités suivantes : l’incitation à l’investissement productif, créateur de valeur
ajoutée et d’emploi de qualité ; la redistribution efficace et la réduction des inégalités en vue de renforcer la
justice et la cohésion sociales ; le développement territorial et la consolidation de la justice spatiale ; le
renforcement de l’efficacité et de l’efficience de l’administration fiscale et la consolidation de la confiance
partagée avec les usagers ; l’ouverture sur les bonnes pratiques internationales dans le domaine fiscal.
6
L'impôt diffère également de l'amende, qui est une sanction pécuniaire infligée pour le manquement à une
règle administrative ou pénale ou infraction et transgression au règlement en vigueur.
7
DUVERGER Maurice, éléments de fiscalité, PUF, 1976.
3
transitions qui ont donné naissance, au final, à un système fiscal moderne (ou théorie générale
de l'impôt), comparable à ceux en vigueur dans les pays développés, à économie libérale. Le
système fiscal national a en effet, tout au long du 20e siècle, connu une évolution sous la
pression de contraintes budgétaires, ayant permis l’instauration des premiers impôts modernes.
Évolution fondée également, depuis l’indépendance, sur le consentement, la solidarité et
l’incitation économique, pour aboutir actuellement à un système moderne, qui est l’émanation
de la volonté d’intégrer l’économie marocaine dans l’échiquier international 8.
La configuration actuelle du système fiscal marocain est le fruit de plusieurs réformes menées
qui ont conduits les pouvoirs publics à procéder à partir de 1984 à adopter un nouveau système
fiscal, proche dans son architecture générale des grands systèmes d’imposition connus dans le
monde occidental.
L’histoire nous révèle que la notion d’impôt a évolué avec le temps. Diverses
conceptions de l'impôt jalonnent l'histoire financière reflétant la conception politique de chaque
époque. La conception fiscale et son perfectionnement a eu pour effet la diversification et
l’enracinement de l'impôt moderne.
8
CSCE, Un Système Fiscal, pilier pour le Nouveau Modèle de Développement, Auto-Saisine n°39/2019.
9
Ricardo David, Des principes de l’économie politique et de l’impôt, œuvres complètes, 1966.
10
SMITH Adam, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, édition petite bibliothèque
française et étrangère, 1776.
4
public. ». Il a développé ses célèbres maximes inhérentes à l’impôt structuré autour de la justice,
la certitude, la commodité et l’utilité pour le contribuable :
1° maxime (égalité et justice) : les sujets de chaque État doivent contribuer aux dépenses du
gouvernement, autant que possible en raison de leurs facultés, c'est-à-dire en proportion du
revenu dont ils jouissent respectivement sous la protection de l'État.
2° maxime (certitude) : La taxe ou portion d'impôt que chaque individu est tenu de payer doit
être certaine, et non arbitraire. L'époque de paiement, le mode de paiement, la somme à payer,
tout cela doit être clair et précis, tant pour le contribuable qu'aux yeux de toute autre personne.
3° maxime (commodité) : l’impôt doit être perçu à l'époque et selon le mode que les moins
gênants pour le contribuable. L’époque à laquelle il est à présumer que le contribuable peut plus
commodément l'acquitter, ou quand il est le plus vraisemblable qu'il a de quoi le payer.
4° maxime (utilité ou économie) : Tout impôt doit être conçu de manière à ce qu'il fasse sortir
des mains du peuple le moins d'argent possible au-delà de ce qui entre dans le Trésor de l'État,
et en même temps à ce qu'il tienne le moins longtemps possible cet argent hors des mains du
peuple avant d'entrer dans ce Trésor (correspondre les besoins et l’exigence d’y répondre).
Aussi, l’idée de l’impôt, en tant que prix de services rendus, a été partagée par les
physiocrates (impôt foncier unique), notamment par Turgot qui le définit comme une
contribution que la société entière se doit à elle-même pour subvenir aux dépenses publiques.
La notion d'échange (prix de la sécurité ou des services rendus) où l'impôt n'est qu'une avance
pour obtenir la protection de l'ordre social implique en outre le consentement populaire de
l'impôt ou, tout au moins, l'agrément des représentants de la Nation. C'est le principe soutenu
par Locke, Montesquieu, Rousseau (fondateurs du contrat social).
L'impôt n'est pas seulement un échange de services (c'est par une perversion des termes
que l'on peut appeler l'impôt le prix de service). Selon Leroy-Beaulieu : « l'impôt est la
contribution exigée de chaque citoyen pour sa part dans les dépenses du gouvernement »11.
Sans remonter aux définitions données par d’autres auteurs (J.S MILL, Ricardo…), nous
soulignerons la définition de Gaston Jèze12 inspirant toute la doctrine moderne : l’impôt est un
11
Il ajoute qu’on peut recourir à la définition suivante « L'impôt est le prix des services que rend ou qu'a rendus
l’État : il représente en outre la part que chaque citoyen, par l'application du principe de la solidarité nationale,
doit supporter dans les charges de toute sorte et de toute origine qui pèsent sur l'État », LEROY-BEAULIEU Paul,
traité de la science des finances, Havard College Library, 1866, p109.
12
JEZE Gaston, traité élémentaire de science des Finances et de législation financière française, librairie Arthur
Rousseau, 1931.
5
prélèvement opéré par l’Etat sur les facultés des contribuables, en vue de pourvoir aux besoins
publics. Elle est une prestation pécuniaire, requise des particuliers par voie d'autorité, à titre
définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges publiques. 13 Pour Gaston
Jèze (1936), l’impôt étant une mesure générale, impersonnelle, obligatoire, et donc équivalent
à une loi. Elle a une influence très grande sur les conditions de la production et des échanges
des besoins et les intérêts du pays14. Donc, un prélèvement obligatoire 15 qui est affecté au
financement général des services et équipements publics. Deux volets articulent la notion
d’impôts : il est une nécessité ; il a pour mission essentielle de pourvoir aux besoins publics.
Génériquement, l’impôt est : un prélèvement pécuniaire obligatoire opéré par l’État ou les
collectivités locales à titre définitif, sans contrepartie directe dans l’objectif d’assurer la
couverture des dépenses publiques et la réalisation des politiques économiques et sociales.
le caractère d'acte de puissance publique de l'impôt qui en fait une obligation dont
l'exécution peut être obtenue par la contrainte ;
l'aspect économique consistant à opérer un prélèvement pécuniaire et un transfert de
richesse d'un patrimoine à un autre au service de l’équité ;
la finalité publique ou utilité publique et intérêt général.
Les liens entre activité économique et politique fiscale sont avérés : la politique fiscale a
une influence sur l’activité économique, c’est ce que l’on cherche à mesurer, mais les décisions
de mesures fiscales peuvent aussi avoir été prises en fonction de l’activité, en augmentant les
impôts pour contrecarrer la baisse des recettes fiscales (période de récession).
13
Le principe de capacité et faculté contributive est consacré par l’article 39 de la constitution marocaine de
2011 qui dispose que « Tous supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les charges publiques…»
14
JEZE Gaston, Cours de science de finance et de législation financière française : Théorie générale du budget,
éditeur GIARD, 1922, p.74.
15
L’État est l’instance détenant le monopole de la violence légitime, ce qui inclut la capacité à prélever des
ressources sur les particuliers et les entreprises, Max WEBER, Le Savant et le Politique, Plon, 1959.
16
MEHL Lucien et BELTRAME Pierre, science et technique fiscale, PUF, 1984, p.63.
6
Selon John Maynard Keynes : une baisse d’impôt peut ainsi entraîner une augmentation du
PIB plus importante que la demande supplémentaire induite directement, par l’intermédiaire de
mécanismes reposant sur le revenu disponible des agents et leur propension marginale à
consommer. Une baisse d’impôts, parce qu’elle engendre une hausse du revenu disponible,
conduit à une hausse de la consommation qui va elle-même engendrer des revenus
supplémentaires, de l’investissement et des rentrées fiscales supplémentaires. La baisse
d’impôts aura un impact d’autant plus important que les ménages consomment une part
importante de leurs revenus (propension marginale à consommer et relance économique).
D’une manière générale, les théories sur l’impôts ont entériné son rôle et sa nécessité dans
les sociétés modernes et surtout ses grands soubassements :
1. Le contribuable qui paie ses impôts n’obtient rien en échange Les services qui pourraient lui
être rendu le sont à l’usager des services publics et non au contribuable. Or les deux qualités
peuvent évidemment se superposer, mais pas nécessairement.
2. L’impôt ne peut être affecté à une dépense particulière. C’est l’application de la règle de la
non-affectation des recettes aux dépenses ou l’unité de caisse.
1. Qui paie l’impôt ? le contribuable ou redevable, obligation énoncée par la loi fiscale.
2. Comment est établi ? La loi fiscale détermine l’assiette de l’impôt : la matière imposable et
la mesurer, sur quoi est assis (repose) le prélèvement (revenu, capital ou dépense). Donc, définir
les opérations d'encaissements, de production ou d'échange. Ensuite mesurer dans chaque cas
la quantité de matière imposable à laquelle doit s'appliquer l'impôt.
3. Quel est le montant de l’impôt ? La loi fiscale précise la liquidation : en appliquant un taux
à la base de l’impôt, ou encore l’assiette quantifiée (montant à acquitter).
7
La fiscalité qui est l’ensemble des impôts que la puissance publique exige des habitants
ou des biens pour subvenir aux dépenses du gouvernement 17. La fiscalité, est l’objet même du
droit fiscal et comprend forcément la théorie générale de l'impôt. Celle-ci saisit le fait fiscal en
lui-même, définit le concept d'impôt, analyse ses éléments constitutifs, procède aux
classifications des différents types d'impôts, examine les caractéristiques de chacun d'eux.
À l’instar des sociétés modernes, le Maroc a été amené à rénover et adopter un système
fiscal répondant aux nouvelles exigences de développement. C’est ainsi que depuis les années
80, un cadre fiscal adapté aux standards internationaux a été instauré. L’objectif est
l’élaboration d’un système fiscal cohérent, efficient et plus universaliste, pour une
modernisation, une simplification et une harmonisation des dispositions fiscales. L’architecture
s’est donc rapprochée des grands systèmes connus dans le monde occidental.
L’impôt est un prélèvement pécuniaire obligatoire effectué par la puissance publique à titre
définitif et sans contrepartie. C’est une contribution des citoyens au trésor de l’État représentant
une ressource capitale pour les pouvoirs publics à côté des autres ressources provenant des
emprunts, des participations des entreprises publiques et mixtes commerciales (OCP, ONHYM,
RAM, ONEE...) et des domaines publics (immeubles, les forêts...).
17
LEROY-BEAULIEU Paul, op.cit.
8
point de vue collectif, dans les États démocratiques, être consenti. Le consentement implique
que l'impôt n’est créé et recouvré qu’en vertu d’une loi votée par le parlement18.
Selon l’adage caractéristique des finances publiques « il y a des dépenses, il faut les couvrir »19.
Ces dépenses sont largement liées aux services publics, à l’utilité et l’intérêt général. Celui qui
en profite directement ne les paye pas directement. L’État ne reçoit donc pas, dans les sociétés
modernes, de la personne à qui il rend service, l'équivalent immédiat de sa peine ou de la
dépense spéciale qu'elle a dû faire pour ce service. Il s’agit de satisfaire les besoins des citoyens
ainsi que de promouvoir une politique pour le développement économique et social du pays.
La structure fiscale se mesure par la part des principales catégories d'impôts rapportée
aux recettes fiscales. L’essentielle source des recettes fiscales au Maroc en 2019 provenait des
taxes sur la valeur ajoutée (TVA avec 26%). La deuxième plus importante source pour la même
année provenait des cotisations de sécurité sociale (22 %). En principe, les impôts servent à
assurer le fonctionnement des services publics, mais ne trouvent néanmoins pas directement
leur contrepartie dans un service rendu par l'administration au contribuable.
Certes, les taxes (droits et redevances) revêtent à leur tour le caractère obligatoire, forcé
et élément de contrainte qui les rapproche de l'impôt et les soumet au même régime juridique,
mais se distinguent des impôts par l'idée principale de service rendu. En effet, une taxe n'est pas
la rémunération d'un service rendu ; c'est plutôt une perception à l'occasion du fonctionnement
d'un service public qu'une prestation pour le payer. Aussi, toutes les fois qu'il s'agit d'exiger une
somme d'argent sans contre prestation déterminée, il y a impôt20.
18
L’obligation de l’impôt n’a pas la même portée pour les contribuables. En droit, le prélèvement fiscal s’impose
aux contribuables, mais certains d’entre eux sont à même de négocier leur contribution. Il peut s'agir d'une
négociation individuelle avec l'inspecteur d'assiette ou collective organisée sous l’égide des commissions. MEHL
Lucien et BELTRAME Pierre, op.cit, p.66.
19
Selon Gaston JEZE (1922) : Le budget des dépenses n'est pas autre chose que la liste des crédits demandés par
le gouvernement et accordés par le Parlement pour la réalisation d'un certain programme d'action politique. Il
faut trouver les moyens de payer les dépenses (financement par l'impôt), de la répartition des charges entre les
individus. Autrement-dit, les politiques sociales d’équité et de justice de participation entre citoyens.
20
JEZE Gaston (1922), ibid., pp.75 et 78.
9
Dans un autre registre, les taxes parafiscales21 sont perçues dans un intérêt économique ou
social au profit d'une personne morale de droit public ou privé autre que l’État, les collectivités
locales et leurs établissements publics administratifs. Elles ne comportent aucune contrepartie
directe et immédiate pour le redevable, ni même parfois de contrepartie indirecte ou à terme.
Ce qui permet de situer les taxes parafiscales plus près de l'impôt que ne le sont la redevance et
même la taxe. Une de ses caractéristiques principales réside dans son affectation et dans la
nature juridique de l'organisme bénéficiaire. La taxe parafiscale est nécessairement affectée ;
par-là, elle se distingue de l'impôt.
On retrouve aussi, d’autres prélèvements qu’il faut les distinguer des différents impôts,
il s’agit particulièrement des cotisations sociales. Les cotisations sociales sont des
prélèvements obligatoires (cotisations CNSS des travailleurs et employeurs, cotisations des
travailleurs indépendants). Dans le sens le plus large du terme, les cotisations sociales
s'entendent de toutes les sommes versées aux institutions de protection sociale, publiques ou
privées, par des personnes protégées ou par leurs employeurs, en exécution d'obligations légales
ou d'obligations conventionnelles instituant un régime supplémentaire de prévoyance (maladie,
retraite etc.). Elles ne sont pas techniquement des impôts. Elles ne sont pas affectées au
financement général des dépenses publiques. Elles sont affectées au financement de la solidarité
interpersonnelle (intergénérationnelle). Les impôts (point de vue macroéconomique) partent
des ménages et des entreprises vers l’État. Les cotisations sociales sont prélevées sur les
ménages et les entreprises et réaffectées aux ménages.
Compte tenu du rôle de l’impôt dans les politiques publiques et l’atténuation des
inégalités sociales et spatiales, des réformes22 drastiques ont été enregistrées depuis les années
quatre-vingt. En conséquence, des restructurations d’envergure dota le Maroc de trois
principales catégories d’impôts, énoncées par la loi-cadre n° 3-83 relative à la réforme fiscale
(réforme fiscale promulguée par le dahir n° 1-83-38 du 23 Avril 1984) , aboutissant à la mise
en œuvre de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) en 1986, et à l’institution de l’Impôt sur les
Sociétés (IS) en 1988 et de l’Impôt Général sur le Revenu (IGR) en 1990 (devenu l’Impôt sur
le Revenu ou IR), qui se sont substitués aux impôts cédulaires qui étaient en vigueur. L’année
2007 a connu le regroupement des textes fiscaux dans un même volume : le Code Général des
21
Les taxes parafiscales sont perçues soit dans un intérêt économique (amélioration du fonctionnement des
marchés et de la qualité des produits, encouragement des actions collectives de recherche et de développement
agricoles, encouragement des actions collectives de recherche et de restructuration industrielle), soit dans un
intérêt social (promotion culturelle et loisirs, formation professionnelle).
22
Une nouvelle loi vient consolider l’arsenal fiscal en vigueur par la promulgation de la loi-cadre n° 69-19 portant
réforme fiscale, Dahir n° 1-21-86 du 15 hija 1442 (26 juillet 2021).
10
Impôts (CGI). L’arsenal fiscal a été consolidé en 2021 par la promulgation de la loi-cadre n°
69-19 portant réforme fiscale, en concordance avec les grands chantiers programmés par le
Nouveau Modèle de Développement. Les impôts et taxes, au Maroc, sont principalement
regroupés dans le CGI et la loi n° 47-06 (de 2007) relative à la fiscalité des collectivités locales,
et d’autres taxes parafiscales prévues par des textes spéciaux23.
Un système fiscal de référence est important dans la mesure où le choix d’un régime
structure l’ampleur de la pression et les dérogations fiscales. Particulièrement au Maroc, le
système fiscal englobe l’ensemble des règles et procédures régissant les impôts gérés et
recouvrés par la Direction Générale des Impôts (DGI) à savoir : l’IS, l’IR, la TVA, les DET
(Droits d'Enregistrement et de Timbre), la TSAV (Taxe Spéciale Annuelle sur les Véhicules)
et la TCA (Taxe sur les Contrats d’Assurances). Ce périmètre est étoffé par les impôts et taxes
recouvrés par l’Administration des Douanes et Impôts Indirectes (ADII), à savoir : les droits
d’importation, la TVA à l’importation et les taxes intérieures de consommation.
La quasi majorité des recettes de l’État proviennent de ces impôts et taxes prévus par le
CGI. Ces impôts et taxes sont déclaratifs pour la majorité (déclaration spontanée du
contribuable), hormis certains cas où l’imposition se fait par voie de rôle ou par prélèvement à
la source. Toutefois, ce système de base déclarative avec paiement spontané est assorti d’un
droit de contrôle de l’administration à postériori.
En outre, le régime fiscal diffère selon la forme juridique et le statut de la société. Ce qui
impacte les résultats de l’entreprise qui est soit soumise à l’impôt sur le revenu (IR : entreprise
individuelle et sociétés de personnes comme SNC, SCS…), ou soit à l’impôt sur les sociétés
(IS sur SARL, SA, SAS…).
23
Le cadre fiscal actuellement en vigueur au Maroc ne prévoit pas certaines catégories d’impôts et taxes
appliqués dans d’autres pays tels que : l’impôt sur la succession (France et Espagne) ; l’impôt sur le patrimoine
ou la fortune (France et Espagne) ; la contribution sociale généralisée (France) ; la taxe sur les logements
vacants (France) ; les taxes relatives à l’environnement (ex la taxe générale sur les activités polluantes en
France) ; l’impôt sur l’accroissement de la valeur des terrains de nature urbaine (Espagne); la taxe sur les
transactions bancaires et d’assurances (Turquie)…
11
fiscales. Ainsi, elle est habilitée à asseoir les impôts de l'État, les recouvrer et veiller à la bonne
application de la loi en termes fiscales (luttant contre la fraude fiscale).
- L’administration des Douanes est chargée de la perception des droits et taxes douanières, du
recouvrement des impositions fiscales et parafiscales, de la lutte contre les trafics illicites et
du contrôle des marchandises et des personnes aux frontières.
- La TGR assure, par le biais de son vaste réseau de comptables publics, la perception des
recettes fiscales et non fiscales, à travers notamment : la prise en charge des ordres de recettes
au titre du budget général de l'État ; la prise en charges et des recouvrements au titre des
amendes et condamnations pécuniaires…
- Direction Générale des Impôts : les principales missions de la DGI consistent à assoir les
impôts de l'État, les recouvrer, veiller à la bonne application de la loi et gérer pour le compte
des collectivités locales l'assiette de certains impôts locaux. L'assiette de l'impôt est une
mission qui consiste à déterminer les bases sur lesquelles sont prélevés : les impôts d'État
(taxe sur la valeur ajoutée, impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu, droits d'enregistrement
et de timbre) ; la taxe professionnelle, la taxe d'habitation et la taxe de services communaux
(impôts locaux). Les gestionnaires chargés de l'assiette instruisent également les réclamations
des contribuables. Le recouvrement est lié aux recettes de l'administration fiscale (RAF) qui
sont chargées du recouvrement de la taxe sur la valeur ajoutée, de l'impôt sur les sociétés, de
l'impôt sur le revenu au titre des profits fonciers et des droits d'enregistrement et de timbre.
24
« La technique de l’impôt, c’est l’ensemble des opérations par lesquelles l’impôt est établi et perçu »,
DUVERGER Maurice : finances publiques, op.cit., p.373.
12
L’assiette de l'impôt25 est ce sur quoi repose l'impôt, sur quoi il est assis. Asseoir l'impôt, c'est
d'abord déterminer quelles sont les matières imposables. Donc, définir les opérations
d'encaissements, de production ou d'échange et mesurer dans chaque cas la quantité de matière
imposable à laquelle doit s'appliquer l'impôt. Malgré la diversité des matières imposables,
l’impôt frappe toujours, en définitive, les revenus ou la fortune du contribuable. C’est-à-dire
définir les opérations de production ou d'échange, d'encaissements de revenus ou de
transmission du capital, etc., qui seront touchées par le prélèvement fiscal. Il s’agit de mesurer
dans chaque cas la quantité de matière imposable à laquelle doit précisément s'appliquer l'impôt.
Ces techniques se classant en deux grandes catégories : l’amputation directe des revenus ou de
la fortune ; l’imposition indirecte du revenu ou de la fortune.
Elle consiste à déterminer les bases sur lesquelles sont prélevés les impôts d'État (TVA, IS, IR,
DE et DT, la taxe de services communaux…)
La liquidation de l’impôt : liquider un impôt, c'est calculer la somme due par le contribuable,
une fois connue la quantité de matière imposable que celui-ci détient (l’assiette). La plupart du
temps, ce résultat s'obtient par l'application du tarif fixé par la loi.
Recouvrement : le couvrement est l'ensemble des opérations qui ont pour fin d'obtenir du
contribuable les dus en termes d’obligations fiscales au Trésor. Il peut être obtenu, soit
amiablement, soit après mise en demeure ( interpellation du contribuable à s'exécuter dans le
délai fixé et à défaut d'exécution volontaire une poursuite judiciaire sera déclenchée), soit
éventuellement, la mise en œuvre d'une procédure d'exécution judiciaire. L'administration
fiscale (DGI) est chargée du recouvrement des divers impôts en vigueur.
- Contrôle fiscal
Le contrôle fiscal constitue la contrepartie du système déclaratif qui caractérise notre fiscalité.
Ce contrôle s'opère dans le cadre d'une procédure stricte garantissant les droits des
contribuables. Il a un rôle dissuasif et pédagogique. Il est exercé :
sur pièces, dans les locaux des services fiscaux, par les gestionnaires des dossiers des
contribuables. L’examen porte sur les déclarations déposées (documents détenus) ;
sur place, par les vérificateurs qui se rendent auprès des contribuables pour s’assurer de
la sincérité des déclarations, en rapprochant les écritures et documents comptables.
25
Ibid.
13
3) Dépenses et pression fiscales
Dans sa politique fiscale, l’État a introduit plusieurs mesures spéciales dans le but d’accorder
des allègements fiscaux à certaines catégories de contribuables ou de secteurs d’activités. Des
mesures sous forme de dérogations à caractère incitatif, dites « dépenses fiscales », permettent
d’atteindre des objectifs stratégiques notamment d’ordre économique, social, culturel, et ce, par
l’entremise de la réduction des taux d’impôts ou l’exonération de taxes.
Les dépenses fiscales sont toute disposition fiscale s’écartant du régime fiscal de
référence préalablement défini. Les dépenses fiscales ne sont autres que des dispositions
législatives ou réglementaires qui dérogent à une « norme fiscale », ces dérogations constituent
un enjeu fiscal important dans la mesure où elles réduisent les recettes de l’État et constituent
donc un coût pour le Trésor. La mise en place du système fiscal de référence est importante
dans la mesure où les choix de la fiscalité de référence décident de l’ampleur de l’écart
(grandeur) d’une dérogation par rapport au système considéré comme norme.
Ces dérogations revêtent d’autres dénominations telles que « subventions fiscales », « aides
fiscales » ou encore « niches fiscales ». Les niches fiscales sont des dispositions qui permettent
une économie d’impôts en contrepartie de la réalisation d’un acte économique particulier
(promotion de certains secteurs, entreprises...). En échange d’un comportement économique
précis, l’État concède une diminution de l’impôt.
b- Pression fiscale
14
Selon certaines analyses économiques, une pression fiscale trop forte désinciterait les
particuliers (à investir, à épargner, à produire ou à travailler). L'effort étant découragé, il
s'ensuivrait une baisse de l'activité (effet dit de substitution). Dans ce cadre, l’économiste,
Arthur Laffer, formalisa 1'idée que tout accroissement de la pression fiscale entraîne une baisse
des activités ou une augmentation de la fraude et de 1'évasion, et qu'il s'ensuit nécessairement
une diminution du montant des rentrées d'impôts : « les hauts taux tuent les totaux » ou trop
d’impôt tue l’impôt signifie qu’il y a une grande allergie et sensibilité à toute pression fiscale.
Une diminution de la pression fiscale devrait susciter un regain d'activité sans que la masse
totale de l'impôt s'en trouve fortement affectée. Autrement dit, Laffer estime qu'il existe un seuil
de pression maximum au-delà duquel toute augmentation engendre une diminution du
rendement fiscal. L’illustration ci-dessous montre le rendement de l'impôt qui diminue
proportionnellement à l’augmente du taux d’imposition :
La pression fiscale reflète le coût de fonctionnement de l'État à la charge de ses citoyens. Elle
se mesure en pourcentage du PIB. Cela inclut les impôts directs perçus par le Trésor public
(TGR), les impôts locaux (taxe foncière, taxe d'habitation...), les perceptions directes
(redevance télévision, taxes sur l'eau ou l'électricité...), les impôts indirects (TVA), et les
cotisations sociales. La pression fiscale est un élément de comparaison entre catégories sociales
et entre pays. Par exemple, on dira que le montant des prélèvements obligatoires au Maroc
s'élève à 60 % du PIB, ou qu'un particulier paie 50 % d'impôts sur ses revenus.
15
En général, on qualifie l’impôt direct, lorsqu’il existe une relation directe entre le contribuable
et le trésor public, (l’IS). L’impôt indirect lorsqu’il existe un tiers collecteur (redevable) qui
intervient pour encaisser l’impôt et la reverse au trésor public (la TVA).
- Les impôts directs (et taxes assimilées) : des impôts supportés et payés directement par le
contribuable. Ils frappent une matière imposable qui est normalement destinée à se renouveler,
essentiellement le revenu ou le bénéfice. L'État perçoit deux grandes catégories d'impôts directs
: l'impôt sur le revenu (IR) et l'impôt sur les sociétés (IS) :
- L’impôt général sur les revenus (IR) qui frappe l’ensemble des revenus acquis par toute
catégorie de personne physique (IR sur le revenu des personnes physiques).
- L’impôt sur les sociétés (IS) qui frappent les bénéfices réalisés par les sociétés qui se livrent
à des opérations à caractère lucratif (IS sur le bénéfice des sociétés).
- Impôts locaux ou contributions locales : qui servent à alimenter les budgets des communes
comme la taxe urbaine, impôt des patentes, la taxe d’édilité...
- Les impôts indirects : sont supportés par le contribuable indirectement. Ils sont payés par
l’intermédiaire d’une (ou plusieurs) personne(s) redevable(s). Les impôts indirects frappent la
dépense. Ils sont calculés, en principe, sur les prix des produits ou des services. L'impôt est
qualifié d’indirect car il est acquitté par l'entreprise (le vendeur ou le prestataire de services),
mais son « poids » est supporté par le consommateur final, car le montant de l'impôt vient
s'ajouter au prix du produit ou du service. Le principal impôt indirect perçu par l'État est la taxe
sur la valeur ajoutée (TVA), les droits de douanes, droits d’enregistrement et de timbres...
Quoique les impôts sont perçus soit par l’État, mais les collectivités territoriales perçoivent
aussi des impôts directs (impôts locaux). Certains concernent les ménages comme les taxes
foncières (applicables aux propriétaires d'immeubles), la taxe d'habitation.
2 - Classification économique :
- le CGI définit l'impôt sur les sociétés (IS) comme étant un impôt qui s’applique sur l'ensemble
des produits, bénéfices et revenus.
- l'impôt sur le revenu : cet impôt touche l'ensemble des sommes perçus par une personne
pendant une période préalablement définie. Le revenu quelle que soit son origine (produit de
location, produit d'action, salaire...)
- l'impôt sur la dépense : cet impôt frappe l'utilisation du revenu. Il s'agit au Maroc par exemple
de la TVA qualifiée d'impôt et de la taxe intérieure sur la consommation (TIC).
16
Il faut reconnaitre que tous les Etats sont confrontés au dilemme d’élargissement de l’assiette
imposable et les taux inhérents, autrement le rendement de l’impôt ou rendement fiscal.
En effet, le rendement fiscal (RF) est fonction de l'étendue de l’assiette (champ de couverture
de l'imposition) et des taux d’imposition :
Moins le champ de couverture de l’assiette est large, plus les taux d'imposition doivent être
élevés pour qu’un impôt ait un bon rendement. Or lorsque les taux sont élevés, la fraude et
l’évasion fiscale se développent et réduisent l’assiette. Ce phénomène est traduit par la formule
: les taux abattent les totaux. La courbe de LAFFER donne une représentation graphique de
l’évolution des recettes fiscales en fonction du taux de l'impôt. L'augmentation du taux
d'imposition entraîne une augmentation des recettes jusqu’à un point de rupture à partir duquel
toute augmentation de la pression fiscale entraîne une diminution des recettes.
Conclusion
Le système fiscal marocain a connu de grandes évolutions sous la pression des contraintes
budgétaires. Les années 80 ont permis l’instauration des premiers impôts modernes fondés sur
le consentement, la solidarité et l'incitation économique, pour aboutir à un système comparable
à ceux en vigueur dans les pays à économie libérale (démocratique). Aussi, la civilité des
sociétés modernes a opéré une transmutation d’une fiscalité fondée sur l’imposition d’individus
à l’individu contribuable et citoyen.
Nonobstant, l'impôt demeure une contribution directe ou dissimulée exigée des citoyens. Les
fonds issus des impôts sont renfloués dans la société par l’État redistributeur. Qu’elles soient
bonnes ou mauvaises, qu'elles soient faites dans l'intérêt de tous ou dans l'intérêt de quelques -
uns, ces dépenses peuvent avoir des conséquences économiques et sociales, mais elles ne
changent rien au caractère matériel de l’impôt et la fonction de l’État26.
Les dépenses fiscales et l’obligation de l’impôt n’ont pas la même portée pour les contribuables.
En bénéficiant à certaines, elles ont un impact significatif sur le budget de l’État (manque à
gagner occasionné par les différentes exonérations et dérogations). De plus, le droit fiscal
marocain se caractérise par certaines mesures préférentielles dont l’objectif, certes peut être
louable, mais ne remet-il pas en cause le principe de neutralité de l’impôt.
26
LEROY-BEAULIEU Paul, traité de la science des finances, op.cit, p.104.
17
Chapitre II : L’impôt sur les sociétés (l’IS)
L’impôt sur les sociétés27 est instauré au Maroc en 1987, c’est un impôt qui frappe les
sociétés dites de capitaux ainsi que les sociétés en participation. L’IS s’applique sur les sociétés
anonymes (SA), les sociétés à responsabilité limitée (SARL), les établissements publics (EEP),
sociétés en commandite par actions (SCA) …également sur option irrévocables certaines dites
de personne telles les sociétés en nom collectif (SNC)…
Sur le plan fiscal, les sociétés quelles que soient leur forme et leur objet, sont assujetties
à l'impôt sur les sociétés (sous réserve des exclusions citées et prévues par l'article 3 du CGI).
Au titre d’imposition le CGI distingue dans son article 2 entre les personnes imposables
obligatoirement à l’I.S de celle qui sont soumises sur option. L’IS est un impôt direct et
déclaratif s’appliquant à l’ensemble des bénéfices et revenus des sociétés qui entrent dans son
champ d’application. Il est établi sur la base du résultat réalisé au cours d’un exercice
comptable. Ainsi, les sociétés passibles de l’IS déclarent et s’acquittent spontanément des
montants établis en leur nom (responsabilité fiscale indépendantes des associés).
L'adoption d'une telle structure permet d'assurer la séparation des patrimoines, la société
dotée de la personnalité morale, dispose donc d'un patrimoine propre, et est soumise à l’IS28
possèdent une personnalité fiscale propre distincte des associés.
A – Champ d’application
27
Le dahir du 12 août 1913 formant code des obligations et contrats (D.O.C.) définit la société comme étant
"un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les
deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter", article 982.
28
Selon le CGI, l'impôt sur les sociétés s’applique sur l'ensemble des produits, bénéfices et revenus prévus aux
articles 4 et 8, des sociétés et autres personnes morales visées à l’article 2.
18
Les sociétés en tant que personnes morales, passibles à l’IS mais le champ peut s’étendre
à certaines personnes soumises normalement à l’IR.
1. Personnes imposables
On distingue les personnes obligatoirement imposables à l’IS, qui sont par option et celles
exclues de son champ. Obligatoirement passibles de l’impôt sur les sociétés (article 2 CGI) :
a- les sociétés quels que soient leur forme et objet (exclusion de celles visées à l’article 3) ;
b- les établissements publics et les autres personnes morales qui se livrent à une exploitation
ou à des opérations à caractère lucratif ;
d- les Fonds créés par voie législative ou convention ne jouissant pas de la personnalité
morale et gérés par des organismes de droit public ou privé l’(imposition l’organisme de
gestion).
e- les établissements des sociétés non résidentes ou des groupements desdites sociétés (les
centres de coordinations ou filiales 29).
- les sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés en commandite simple (SCS) constituées
au Maroc et ne comprenant que des personnes physiques et les sociétés en participation ;
29
Par centre de coordination, on entend toute filiale ou établissement d'une société non résidente ou d'un
groupe international dont le siège est situé à l'étranger et exerçant, au seul profit de cette société ou de ce
groupe, des fonctions de direction, gestion, coordination ou de contrôle. ils peuvent revêtir deux formes :
- soit la forme d'une filiale d'une société ou d'un groupe international dont le siège est situé à l'étranger ;
- soit la forme d'une succursale d'une société non résidente.
19
produits (classe 7) et la totalité des charges (classe 6). Cependant, le résultat imposable est
obtenu après application des différentes règles fiscales. Celles-ci, conduisant souvent à des
rectifications extra-comptables pour produire le résultat net. Ainsi, c’est à partir du Résultat
Fiscal qu’est assis l’impôt sur les sociétés (I.S) d’un exercice. De ce fait, des corrections
fiscales nécessaires doivent être portées au résultat comptable pour aboutir au Résultat
Fiscal (RF). Ainsi, l’appréciation fiscales des produits et charges de la société étale la liste des
rectifications fiscales du résultat comptable :
* Certains produits comptabilisés mais qui ne sont pas imposables ni totalement ni partiellement
(exemple : dividendes comme produits sont déductibles 100%).
* Certaines charges supportées par l’entreprise ne sont pas acceptées en totalité ou en partie par
le fisc en déduction fiscales qui doivent être réintégrées (exemple amendes).
En vertu des dispositions de l’article 8-I du C.G.I., le résultat fiscal de chaque exercice
comptable est déterminé d'après l'excédent des produits sur les charges de l’exercice, engagées
ou supportées pour les besoins de l’activité imposable. Cet excédent est rectifié, le cas échéant,
conformément à la législation et à la réglementation fiscale en vigueur. Les rectifications
portent à la fois sur les charges et sur les produits.
Certaines charges sont réintégrées au résultat net comptable parce qu'elles sont fiscalement non
déductibles ou constituent des libéralités.
Déductions fiscales des avantages accordés sur le plan fiscal mais non admis sur le plan
comptable (compris dans le résultat comptable à exclure pour le calcul du résultat fiscal).
20
La base imposable est obtenue par différence entre les produits imposables et les charges
déductibles. Il est calculé après imputation, s’il y a lieu, du déficit 30 des 4 derniers exercices
non prescrits ; les produits imposables sont majorés de la variation des stocks des produits finis,
semi-finis et en cours. Les charges déductibles sont majorées de la variation des stocks et des
matières et fournitures. Cette base imposable est appelée Résultat Fiscal.
2) Principe et calcul
Le résultat qui est l’assiette de l’IS est un résultat comptable corrigé :
30
Article 12 (Déficit reportable), est considéré comme une charge de l’exercice suivant et sera déduit du
bénéfice réalisé. Si ce bénéfice n’est pas suffisant pour absorber la totalité du déficit, l’excédent est reporté
successivement sur les exercices ultérieurs jusqu’au 4ième exercice qui suit l’exercice déficitaire.
21
3. Chiffre d’Affaires (HT) avec l’étranger Exonéré (voir, art.6)
4. Chiffre d’Affaires en TTC TVA exonérée
5. Produits accessoires Imposables
6. Subventions et Dons reçus Imposables
7. Produits Financiers dont Dividendes Imposables + Non Imposables
8. Gains de change Imposables
9. Pénalités Reçues Imposables
10. Jetons de présence Reçus Imposables
11. Escomptes obtenus Imposables
12. Intérêts reçus/prêts au Personnel Imposables
13. Bonis de liquidation Non Imposables
14. Produit de cession d’immobilisations Imposables
Il est important d’identifier les charges déductibles (et non déductibles) au moment de la
déclaration. En effet, les charges déductibles doivent respecter les conditions ci-dessous :
En vertu des dispositions (art. 8-I) : Le passage du RC Net au RF, en trois étapes :
Détermination du résultat comptable en faisant la différence entre les produits et les charges
comptabilisés : Résultat comptable = produits – charges
22
L’établissement du tableau extracomptable conformément aux dispositions régissant l’IS.
Déductions = produits non imposables sont à déduire car exonérés totalement ou partiellement :
- soit que leur imposition a été effectuée antérieurement (retenue à la source).
La société ‘‘S’’ a réalisé en 2022 un bénéfice comptable avant impôt 240 000
Les produits comptabilisés et non imposables s’élèvent à : 40 000
Achats comptabilisés, à apprécier pour calculer le résultat fiscal
1- Marchandises reçues non encore payées à la fin de l’exercice : 120 000
2-Avances sur Marchandises non encore reçues à la fin d’exercice : 10 000
3- Emballages non récupérables (perdus) : 15 000
4- Emballages récupérables : 25 000
5- Marchandises reçues, factures non parvenues : 30 000
6- Fournitures de bureau dont 30% non encore consommée : 10 000
7- Importation des matières premières : 50 000
8-Droits de douane sur importation des matières premières : 20 000
9-Droits de douane sur matériel de production : 40 000
10- Achat d’un micro-ordinateur pour les besoins du bureau : 6 000
11- Achat de petits outillages 150
23
6- Fournitures de bureau : ce qui importe c’est la consommation non l’achat, donc à réintégrer
3 000 qui constitue une charge de l’exercice suivant, donc + 30 000.
7- Importation des matières 1ères : déductible, pas de rectification.
8- Droits de douane déductibles.
9- Droits de douane ne constituent pas des charges déductibles, parce qu’ils sont aberrants
(relatifs) à Immobilisation, il faut les réintégrer : + 40 000.
10- Achat du micro-ordinateur est une Immobilisation qu’il faut le réintégrer + 60 000.
11- Outillages et matériels de faibles valeurs peuvent être passés en charges déductibles.
24
Les sociétés sont imposées sur les bénéfices ou revenus se rapportant :
- à des biens possédés au Maroc et à des activités exercées au Maroc ;
- à des opérations lucratives réalisées au Maroc, et ce, pour toutes les sociétés qu’elles
aient ou non leur siège au Maroc.
L'impôt sur les sociétés est calculé d'après le bénéfice réalisé au cours de chaque exercice
comptable qui ne peut être supérieur à douze (12) mois. Si le résultat définitif de la liquidation
fait apparaître un bénéfice supérieur au total des bénéfices imposés au cours de la période de
liquidation, le supplément d'impôt exigible est égal à la différence entre le montant de l'impôt
définitif et celui des droits déjà acquittés. Dans le cas contraire, il est accordé à la société une
restitution partielle ou totale desdits droits.
L’impôt sur les sociétés est un impôt proportionnel et fonction du résultat imposable et ce, selon
trois taux (hormis, les exonérations et les taux spécifiques en vigueur).
Toutefois, l’impôt à payer au titre d’un exercice ne peut être inférieur à une Cotisation
Minimale (CM)32 déterminée sur la base du chiffre d’affaires relatif à l’exercice en question
(qui est fixé à 0,50% et ne peut être inférieure à 3 000 DH pour les contribuables soumis à l’IS).
31
Avant 2022, le barème de l’IS Maroc était progressif, c’est-à-dire que l’impôt sur les sociétés se calculait en
appliquant à chaque tranche de bénéfice net fiscal, le taux d’impôt correspondant. Depuis le 1er janvier 2022,
le barème proportionnel de l’IS a alors été définitivement adopté.
32
CM : est un minimum d’imposition que les contribuables soumis à l’IS ou à l’IR sont tenus de verser, même
en l’absence de bénéfice (art.144). Le C.A (HT) ; Produits financiers (Titre de participation, Gains de change ;
Intérêts courus) ; Subventions et dons reçus et/ou les produits non courants ;
25
- Produits Financiers et les autres produits d’exploitations (jetons de présence…) ;
- Subventions et Dons reçus
CM = [CA (HT) + Produits (financiers et accessoires) + Subventions et Dons reçus] x Taux
Nonobstant, le taux de 0,50% est ramené à 0,40% pour le résultat courant hors amortissement
est déclaré positif et porté à 0,60%, le résultat courant hors amortissement négatif, au titre de
deux exercices consécutifs.
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) frappe la valeur ajoutée générée à chaque stade de
la production ou de la commercialisation de telle sorte qu’à la fin de chaque cycle, la charge
fiscale totale grevant finalement ce produit correspond à la taxe calculée sur le prix de vente.
Le mécanisme organisant le système de la TVA production/distribution, appelle le
redevable à calculer et facturer à son client une taxe aval correspondant au prix de vente qu’il
pratique. L’intéressé impute ainsi sur cet impôt le montant de la taxe amont qui a grevé les
éléments de son prix de revient et ne verse que la différence (taxe facturée et déductible).
Dans cette conception, les entreprises jouent le rôle d’intermédiaire entre le consommateur et
le percepteur (service de trésorerie). D’où l’aspect de neutralité imprégnant la TVA.
26
Ventes et livraisons par les entrepreneurs de manufacture de produits extraits, fabriqués ou
conditionnés par eux, directement ou à travers un travail à façon ;
Ventes et livraisons en l’état réalisées par :
- les commerçants grossistes ;
- les commerçants dont le chiffre d’affaires réalisé au cours de l’année précédente est égal ou
supérieur à deux millions (2.000.000) de dirhams ;
Ventes et livraisons en l’état de produits importés ;
Travaux immobiliers, opérations de lotissement et de promotion immobilière ;
Opérations d’installation ou de pose, de réparation ou de façon ;
Livraisons faites à eux-mêmes (les assujettis) ;
les opérations effectuées, dans le cadre de leur profession, par toute personne physique ou
morale au titre des professions de :
- avocat, interprète, notaire, adel, huissier de justice ;
- architecte, métreur-vérificateur, géomètre, topographe, arpenteur, ingénieur, conseil et
expert en toute matière, vétérinaire.
33
L’option est ouverte aux personnes qui exercent des activités expressément exonérées ou situées en dehors
du champ d’application de la taxe sur la valeur ajoutée. L’intérêts de l’option (pour les petits producteurs,
petits prestataires et revendeurs en l’état de produits non expressément exonérés) représente deux intérêts :
• La possibilité de récupérer la TVA qui a touché les achats ;
• La possibilité de transférer le droit de déduction à leur client.
En outre, la portée de l’option peut être globale ou partielle et sur la totalité sur une partie du chiffre d’affaires.
27
la facturation ou l'inscription en comptabilité de la créance. Cependant les encaissements partiels et
les livraisons effectuées avant l'établissement du débit sont taxables.
a) Base imposable
1) Chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires imposable comprend le prix des marchandises, des travaux ou des
services et les recettes accessoires qui s’y rapportent, ainsi que les frais, droits et taxes y
afférents à l’exception de la TVA.
Le chiffre d’affaires est constitué :
- pour les ventes, par le montant des ventes ;
- pour les opérations de vente par les commerçants importateurs, par le montant des ventes de
marchandises, produits ou articles importés ;
- pour les travaux immobiliers, par le montant des marchés, mémoires ou factures des travaux
exécutés ;
- pour les opérations de promotion immobilière, par le prix de cession de l’ouvrage diminué
du prix du terrain réévalué ;
- pour les opérations d’échange ou de livraison à soi-même par le prix normal des
marchandises, des travaux ou des services au moment de la réalisation des opérations ;
- pour les opérations réalisées dans le cadre de l’exercice des professions d’avocat, interprète,
notaire, adel, huissier de justice, architecte…et expert en toute matière, et autres
intermédiaires, loueurs de choses ou de services, par le montant brut des honoraires, des
commissions, courtages ou autres rémunérations ou prix des locations diminué,
éventuellement, des dépenses se rattachant directement à la prestation, engagées par le
prestataire pour le compte du commettant et remboursées par celui-ci à l’identique ;
- pour les opérations réalisées par les banquiers, changeurs, escompteurs, par le montant des
intérêts, escomptes, agios et autres produits ;
- pour les opérations réalisées par les personnes louant en meublé ou en garni, ou louant des
établissements industriels ou commerciaux, par le montant brut de la location, y compris la
valeur locative des locaux nus et les charges mises par le bailleur sur le compte du locataire ;
- pour les opérations réalisées par les entrepreneurs de pose, les installateurs, les façonniers et
les réparateurs en tous genres, par le montant des sommes reçues ou facturées ;
- pour les opérations de vente et de livraison de biens d’occasion, par le montant des ventes et/
ou par la différence entre le prix de vente et le prix d’achat.
b) Fait générateur
C’est l’évènement qui donne naissance à la dette fiscale du redevable envers le trésor, c’est le
moment d’exigibilité de la taxe. L’exigibilité est l’évènement donnant droit à l’administration
28
fiscale de réclamer le paiement de la taxe Le fait générateur de la TVA est constitué par
l’encaissement total ou partiel du prix des marchandises, des travaux ou des services.
1) Régime Débit (régime optionnel) : les contribuables qui en font la déclaration avant le 1er
janvier ou dans les trente (30) jours qui suivent la date du début de leur activité, sont autorisés
à acquitter la taxe d’après le débit, lequel coïncide avec la facturation ou l’inscription en
comptabilité de la créance. Le fait générateur est constitué par l’inscription ou la facturation
de la créance en comptabilité. La déclaration de la TVA exigible doit être faite dès la
constatation de la créance sur le client quel que soit le mode de règlement.
2) Régime de l’encaissement (régime de droit commun) : La déclaration de la TVA exigible
doit être faite après le règlement du client quelle que soit la date de facturation. Le fait
générateur est constitué par l’encaissement effectif de la créance. Les contribuables placés
sous le régime de l’encaissement et qui optent pour le régime des débits, sont tenus de joindre
à leur déclaration la liste des clients débiteurs éventuels et d’acquitter la taxe y afférente dans
les trente (30) jours qui suivent la date d’envoi de ladite déclaration au service local des
impôts dont ils relèvent.
C) Périodicité de la déclaration
S’agissant des régimes d’impositions, la fiscalité marocaine prévoit deux régimes de
déclaration, une déclaration mensuelle et une déclaration trimestrielle. Ainsi, le paiement de la
TVA exigible doit être avant la fin du même mois ou du trimestre selon le régime de la
déclaration (sachant que depuis 2017 la télédéclaration est de vigueur).
1. Régime de déclaration mensuelle
Sont obligatoirement imposés sous le régime de la déclaration mensuelle :
- Contribuables dont le chiffre d'affaires taxable réalisé au cours de l'année écoulée atteint ou
dépasse un million (1.000.0000) DH ;
- Personne n'ayant pas d'établissement au Maroc et y effectuant des opérations imposables.
2. Régime de déclaration trimestrielle
Sont imposés sous le régime de la déclaration trimestrielle :
- Les contribuables dont le chiffre d'affaires taxable réalisé au cours de l'année écoulée est
inférieur à un million (1.000.000) de dirhams ;
- Les contribuables exploitant des établissements saisonniers, ainsi que ceux exerçant une
activité périodique ou effectuant des opérations occasionnelles ;
- Les nouveaux contribuables pour la période de l'année civile en cours.
Exemple
29
Soit une E/se commerciale imposable à la TVA au Taux normal selon le régime de la déclaration
mensuelle. Elle a effectué au cours du mois de mars 2022, les opérations ci-dessous :
- 01/03 Vente contre chèque encaissé le 04/03 d’un montant de 60 000 TTC ;
- 05/03 Avis d’encaissement d’un chèque de 90 000 en règlement d’une vente effectuée le 09/02 ;
- 10/03 Vente 30 000 TTC encaissement de 50% en espèce le reste au cours du mois d’avril ;
- 15/03 Encaissement d’avance de 2 400 sur commande à livrer au cours du mois d’avril.
- Le 01/03 la vente (TTC) a fait l’objet d’un encaissement donc la TVA est exigible :
- Le 05/03 avis d’encaissement, l’encaissement constitue le Fait Générateur, la date de livraison n’est
pas l’élément déterminant de constatation : (90 000 / 1,2) x 20% = 1 500 DH
- Le 10/03, 25% du montant de 30 000 ont été encaissé : seul le montant encaissé donne lieu à la TVA
exigible, donc : (30 000 / 1,2) x 50% x 20% = 2 500 DH
- Le 15/03, même encaissement partiel, la TVA est exigible sur le montant encaissé sur la transaction :
(2 400 / 1,2) x 20% = 400 DH
Alors le Montant Total TVA exigible, dans ce cadre est de : 14 400 DH.
- Le 01/03 la vente a fait l’objet d’un encaissement. Il s’agit du fait d’encaisser et donc la TVA est
exigible quel que soit (Débits) le régime d’imposition : TVA exigible est de 10 000 DH.
- Le 05/03 avis d’encaissement en règlement d’une vente effectuée le 09/02 : dans le régime Débits la
TVA ou montant de la dette envers l’administration fiscale prend naissance au moment de la
facturation ou la livraison (il s’agit d’un encaissement). En principe, en régime Débits la déclaration
précède l’encaissement (l’opération a été enregistrée au paravent) et déclarée au mois de février.
- Le 10/03, encaissement partiel. La traduction comptable : 25% au Débit du compte Caisse et le reste
Débit Compte Clients. La TVA exigible sur le montant total : (30 000 / 1,2) x 20% = 5 000 DH.
- Le 15/03, Il s’agit du fait d’encaisser (fait générateur), la TVA est exigible quel que soit le régime
d’imposition La TVA exigible sur le montant total : (2 400 / 1,2) x 20% = 400 DH.
Alors Montant Total TVA exigible (régime Débits), dans ce cas est de : 15.400 DH.
30
Les régularisations n’interviennent pas dans le cas de destruction accidentelle ou volontaire
justifiée.
1) Principales exonérations
La TVA prévoit des exonérations avec et sans droit à déduction.
a) exonérations sans droit à déduction
Elles portent notamment sur :
Certains produits de large consommation (pain, couscous, farine, lait, produits de la pêche à
l’état frais ou congelé, viande fraîche ou congelée, etc.) ;
Les ventes de médicaments anticancéreux et antiviraux relatifs aux hépatites B et C ;
Les livres et les journaux ;
Les ventes et prestations réalisées par les fabricants ou prestataires qui réalisent un chiffre
d’affaires annuel inférieur ou égal à 500.000 DH ;
Les prestations fournies par les médecins, médecins dentistes, masseurs kinésithérapeutes,
orthoptistes, orthophonistes, sages-femmes, les exploitants de cliniques, maisons de santé ou
de traitement et exploitants de laboratoires d’analyses médicales ;
les intérêts des prêts accordés par les sociétés de financement et les établissements de crédit
aux étudiants de l’enseignement privé et à la formation professionnelle…
31
- le lait en poudre et le savon de ménage (en morceaux ou en pain) …
10 % avec droit à déduction dont :
- les opérations de vente de denrées ou de boissons à consommer sur place et les opérations de
fourniture de logements réalisées par les hôtels à voyageurs, les restaurants exploités dans les
hôtels à voyageurs et les ensembles immobiliers à destination touristique ;
- les opérations de vente de denrées ou de boissons à consommer sur place, réalisées dans les
restaurants ;
- les opérations de restauration fournies par les prestataires de services au personnel salarié des
entreprises ;
- les prestations de restauration fournies directement par l’entreprise à son personnel salarié ;
- les opérations de location d’immeubles à usage d’hôtels, de motels, de villages de vacances
ou d’ensembles immobiliers à destination touristique, équipés totalement ou partiellement, y
compris le restaurant, le bar, le dancing, la piscine, dans la mesure où ils font partie intégrante
de l’ensemble touristique ;
- les opérations de vente et de livraison portant sur les œuvres et les objets d’art …
- les huiles fluides alimentaires, le sel de cuisine (gemme ou marin), le riz usiné…
14 % avec droit à déduction :
- le beurre à l’exclusion du beurre de fabrication artisanale ;
- les opérations de transport de voyageurs et de marchandises à l’exception du transport
ferroviaire (20%) ;
- l’énergie électrique.
14% sans droit à déduction :les prestations de services rendues par tout agent démarcheur ou
courtier d’assurances à raison de contrats apportés par lui à une entreprise d’assurances.
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Dans ce dernier cas, la situation oblige à appliquer un pourcentage de déduction appelé :
prorata de déduction. Le prorata de déduction (selon article 104-c) est le pourcentage déterminé
en se référant aux données du chiffre d’affaires réalisé au titre de l’exercice antérieur.
Dans le domaine fiscal, le prorata correspond à un coefficient de taxation permettant de
calculer les droits à déduction sur la TVA. Il ne concerne que les personnes physiques ou morales
exerçant conjointement une activité avec droit à déduction et une activité sans droit à déduction
(aussi dits assujettis partiels). Concrètement, un assujetti partiel faisant l'acquisition d'un bien dans
le cadre de son activité ne réglera qu'une partie de la TVA appliquée initialement sur celui-ci.
Cette part sera proportionnelle à la quotité du bien affectée aux opérations n'ouvrant pas
droit à déduction :
Le prorata de déduction est déterminé par les contribuables concernes à la fin de chaque année
civile, à partir des opérations réalisées au cours de la même année et ce, en se basant sur les données
recueillies selon le régime d’imposition. Ce prorata est retenu pour le calcul de la TVA récupérable
au cours de l’année suivante.
Exemple : Au titre de l’exercice 2021, le CA (HT en DH) d’une entreprise, assujettie à la TVA au
taux de 20 %, se présente comme suit :
En 2022, l’entreprise n’a le droit de récupérer que 60 % de la TVA qui a grève ses achats.
33
2) Remboursement de la T.V.A
La récupération est soit totale ou partielle (au prorata). L’Assujetti réalisant
exclusivement des opérations taxables ou exonérées avec droit à déduction à 100%
ou au prorata.
Dans le premier cas, la TVA à reverser est calculée par différence entre la TVA collectée sur les
ventes et celle déductible sur les charges et à déclarer leur dû selon la procédure en vigueur 34.
Si la différence entre les deux TVA (Facturée et Récupérable) est positive, le compte 4456 Etat
TVA Due est crédité. L’assujetti doit régler la TVA due au même mois ou au même trimestre de
réalisation de l’opération.
Si le solde est négatif, le compte 3456 Etat crédit TVA est débité. Le crédit de la TVA est déduit
en même temps que la TVA récupérable de cette période. Quand la TVA à déduire est supérieure à
celle perçue sur ses ventes ou prestations de service, l'entreprise est en droit d’un crédit de TVA.
S'il n'est pas utilisé pour couvrir un versement de TVA ultérieur, l'entreprise peut en demander le
remboursement sous certaines conditions. Cependant, le remboursement n’est pas obligatoire.
L’utilisation du crédit de TVA est laissée à l’appréciation de l’entreprise pour décider de son
imputation ou de son reporter sur les périodes ultérieures.
Pour la déclaration mensuelle la TVA dûe est :
TVA due ou Crédit de TVA = TVA facturée (mois M) - TVA récupérable sur immobilisations (mois
TVA due = TVA facturée (M, M+1 et M+2) - TVA récupérable sur immobilisations (M, M+1 et M+2)
- TVA récupérable sur charges (M, M+1 et M+2) - Crédit de TVA du trimestre précédent
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Les contribuables sont tenus de souscrire auprès de l’Administration fiscale par procédés électroniques les
déclarations et ce, selon l’article 155 relatif à la télédéclaration à compter du 1er janvier 2017 par toutes les
entreprises, selon les modalités fixées par voie règlementaire.
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