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CHAP 5 : LA JUSTICE

 Peut-il y avoir une justice sans loi ?

LA JUSTICE
- D’abord un idéal, elle est vue comme un idéal d’= (traiter tt le monde de manière =).
- N’est pas toujours l’= (quantitative) mais est surtout un principe d’équité (mérite)
- Aussi un ensemble d’institutions qui applique les lois et font régner un certain ordre
dans la société.
- Peut-être la qualité d’un individu (on peut dire de quelqu’un qu’il est juste ou
injuste)

I. Il n’y a pas de justice sans loi

A) Le mythe de Gygès, Platon, La République, II

La morale du mythe est que les lois sont là pour une raison, sans lois, on ne pourrait pas
être puni pour les actes que nous accomplissons, nous serions toujours tentés de
commettre des mauvaises actions. Nous n’avons pas toujours intérêt à faire ce qui est juste,
c’est pour ça qu’il y a des lois.

Tant que la plupart des êtres humains seront guidés par leur intérêt personnel, nous aurons
besoin des lois pour faire régner la justice.
Nous ne sommes pas justes par nature mais parce que nous sommes contraints. Les lois
corrigent notre naturel injuste et idéalement, les inégalités dans la société.
B) Peut-on se faire justice soi-même ? Le problème de la vengeance

Arrive en cas de grave préjudice, motivée par l’orgueil.


Les lois évitent de se faire justice soi-même. Pourquoi peut-il sembler normal, juste voire
nécessaire de se venger ? Pourquoi est-on tenté de se venger ? Quelles sont les raisons ?
- Si la justice est dysfonctionnelle ou absente => rétablir une certaine égalité
- Justice réparatrice (passer une justice qui n’apporterait d’une peine/châtiment ;
Canada-US)

La vengeance est une manière de se faire justice avant que la société ne mette en place
l’application des lois et particulièrement la loi pénale. Avant, beaucoup de sociétés
fonctionnaient par vengeance => vendetta (loi du talion). Avant l’établissement du droit, il
était donc normal de pratiquer cette vendetta (sociétés claniques).

On peut se demander si la peine de mort n’est pas une substitution de la vengeance


 Into the Abyss de Werner Herzog
Peut-on faire la justice sans lois ? Soit en se vengeant ?

Justice insatisfaisante :
- Quand nous nous vengeons, nous le faisons sous le coup des émotions (colère,
tristesse). Nous n’agissons pas de manière rationnelle : nous pouvons être un
danger pour les autres et pour nous-même (Prisonners, Denis Villeuneuve)
- La vengeance crée un cycle qui ne s’arrête jamais (Roméo et Juliette : Tybalt tue
Mercutio et Roméo tue Tybalt)

La vendetta est un système qui ne s’arrête jamais. Autrement dit, c’est un système qui finit
toujours par dégénérer et entrainer plus de souffrance. C’est pour cela que nous avons
besoin de la justice. La justice ne peut être rendue par un système de vengeance.

Plus encore, pour que l’ordre/l’équilibre soit rétabli la justice est nécessaire et pour ça, la
justice doit être rendue par quelqu’un d’impartial qui juge et qui décide de sanctions qui
sont justes. C’est la raison pour laquelle nous avons un système judiciaire.

HOBBES, Léviathan (17e s)

État de nature : abs d’Etat et de lois, état de guerre de chacun contre tous où il n’y a pas de
justice (que des rapports de pouvoir)
- Conséquence de cet état de guerre : il n’y a pas de place pour les notions de justice et
d’injustice. Pouvoir commun => Loi => Justice. Les lois font donc la justice.
- Justice/Injustice = qualités sociales, conventionnelles et non individuelles (car pas
facultés du corps ou de l’esprit)

Nous avons besoin de lois pour définir ce qui est juste et pour que les hommes se
comprennent en société sans quoi cela finirait comme le berger du mythe de Gygès. Sans un
système judiciaire solide, les hommes sont injustes. Ils ont tendance à se faire justice eux-
mêmes, et nous aurions plutôt tendance à faire ce qui avantageux pour nous même et pas
ce qui est juste.
Les problèmes cependant sont les suivant : Les lois suffisent-elle à faire régner la justice
et à la définir ? Sont-elles l’expression d’une justice parfaite ? Est-ce que les lois ne sont
pas toujours limitées. Ces 3 questions nous amènent à envisager un second aspect :

II. La justice se situe au-delà des lois

1. Le problème de la définition de la justice

La justice est avant tout un idéal. Est-ce que les lois correspondent à cet idéal ? Permettent-
elles de réaliser cet idéal ?

Problème 1 : les lois varient d’un pays à l’autre, et au cours de l’histoire.

Autrement dit, la justice idéalement et en tant qu’idéal devrait être la même partout.
Pourtant l’on constate que les lois sont différentes en fonction des pays.

EXEMPLES
Peine de mort - lois liberticides vis-à-vis de la condition féminine - boire de l’alcool (Iran) -
vente et consommation de cannabis - l’homosexualité - l’avortement - l’euthanasie - PMA -
question marchandisation corps (prostitution, GPA, vente d’organes) - port d’arme

La question des droits LGBTQI+


 Mariage homosexuel reconnu : Amérique Nord, une partie de l’Amérique sud,
Europe de l’Ouest, Europe du Nord
 Pays de l’Europe du Sud et de l’Est ne reconnaissent pas le mariage mais il existe
d’autres types d’union (ex : Italie, Grèce)
 Pays où l’homosexualité est illégale : Russie, pays du golfe, Afrique
(emprisonnement voire à vie, peine de mort (Iran))

Si l’on part du principe que la loi est l’expression de la justice elle devrait alors être inégale et
absolue (=> carte même couleur partout).
Comment quelque chose peut être juste dans un pays et injuste ailleurs ?

Pascal, Pensées, Fragment 94

« Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà »
 La justice est relative à un territoire et elle n’est en rien un absolu.
 Pascal met en avant la relativité de la justice (lois varient selon lieux et temps
+ aucune ne se retrouve dans tous les systèmes juridiques).

Ainsi nous pouvons voir que les lois ne peuvent pas correspondre à l’idéal de la justice
parce qu’elles ne sont pas universelles. Elles sont relatives (propre territoire, époque
donnée), ce qui s’oppose à l’absolu.
Problème 2 : Parfois il semble évident que certaines lois sont injustes.
Criminalisation de l’avortement
Loi interdisant le port du pantalon (abrogée qu’en 2013 en France)
Lois relatives aux agressions sexuelles
L’interdiction de l’adoption pour les couples homosexuels

o Jim Crow law (1876-1965)


Lois qui instaurent une séparation entre africains américains et blancs américains dans les
transports, lieux publics et établissements scolaires.
 Film Loving, Jeff Nichols
L’application est différente selon les États :
- Georgia : aussi chez les barbiers et les matchs amateurs
- Louisiane : spectacle cirque
- Caroline du nord : entrée hôpital

On a affaire à un ensemble de lois injustes puisque tous les citoyens d’un même pays ne
sont pas traités de la même manière et plus spécifiquement pers noires traitées inferieures.
 Lois injustes (lois Nuremberg aussi) qui ne respectent pas l’idéal de justice qui est
l’égalité de tous·tes

o Antigone de Sophocle

Thèbes : Étéocle et Polynice alternent le trône or le 1 er Étéocle au bout d’un an ne souhaite


plus donner la place. Polynice attaque Thèbes : les deux meurent. L’oncle Créon reprend le
trône. Il va enterrer avec tous les honneur Étéocle mais pas Polynice considéré comme
traitre => décret royal. Antigone ne trouve pas cela juste et enterre son frère (est tuée) =>
obéit à la loi divine.
 Il existe une justice qui dépasse les lois humaines et c’est selon cette justice que
Antigone agit. Trouve qu’il y a une justice au-delà des lois et que chaque personne
a le droit à un enterrement décent
 S’oppose aux lois de la 6T qu’on appelle les lois positives.

Lois positives : lois posées et décidées dans un pays et qui donc peuvent être différentes
d’un pays à l’autre. Ces lois positives on les oppose au droit naturel.

Droit naturel : idée d’un droit universel qui serait au-dessus des lois positives.
 Cas de Cédric Herrou

Peut-être besoin d’un droit universel (qui dépasse chaque pays) = c’est l’ambition première
de la DUDH 10/12/1948. Ensemble de droits pour tous les êtres humains qui devraient y
avoir sur terre peu importe où iels habitent (ex : liberté d’expression, liberté presse…).

La justice en tant qu’idéal ne peut être réalisé en tant que lois positives.

2. L’application des lois : théorie et pratique

Si le contenu d’une loi est intéressant, il peut y avoir un problème application.


Aristote, Éthique à Nicomaque, V

Caractérisation de la justice selon Aristote : = et respect de la loi. Or n’implique pas que la loi
soit un principe absolu. Pointe le problème au moment de l’application des lois car les règles
sont générales par nature et elles ne valent donc que pour les cas les plus fréquents.
Souci pratique : on ne peut pas légiférer (=produire, écrire nouvelles lois) pour chaque
nouveau cas ou chaque cas particulier donc loi par nature = règles générales.
Problème : pratique déborde toujours sur la théorie –> réel est plus compliqué que la
théorie. Pose le souci très concret de l’application de la loi : on aurait sinon des algorithmes
et plus ce système de justice. La loi a la nécessité à chaque fois de corrections et d’être
complété.
Il faut lui associer un correctif : l’équité : « correctif de la justice légale »

Problème que pose Cicéron : « Summum jus, summa injuria » => « L’extrême droit est une
extrême injustice ».

2 cas de problème de l’application des lois.

 L’affaire d’« Annick », la « voleuse de viande » jugée en 1997 (cours de Poitiers)

Annick a volé de la viande et fut jugée pour ce vol de viande (1500 francs de viande (200€)).
Au moment du jugement => question de sa situation de grande pauvreté, précarité => dit
avoir volé de la viande pour nourrir ses enfants (femme seule + gosses). Avocat a plaidé
« état de nécessité » (reconnaissance d’un droit) pour excuser un vol en cas de situation de
grande précarité de la personne qui a volé.
 Question se pose : quand bien même cette personne est dans une situation de
précarité cela justifie-t-il le vol d’autant de nourriture ?
(Claude Gueux, Victor Hugo)

Problème de perfection : pas de réponse parfaite juste des ajustements.


1. Pas de réponse parfaite
2. Quand on ne condamne pas un vol est-ce qu’on n’ouvre pas un précédent.

 Exemple 2 : la célèbre affaire Jacqueline Sauvage

Paradoxe/tension => la justice c’est censé être l’égalité, la même loi pour tout le monde
(idéal). Mais en réalité c’est toujours au cas par cas => jamais égalité parfaite. Équité =
autrement dit non pas de suivre les lois à la lettre mais d’appliquer la loi en réfléchissant à
ce qu’on appelle l’esprit des lois. Autrement dit il faut chercher à être juste non pas en
appliquant les lois à la lettre mais selon l’intention, finalité de la loi de manière à être juste.

En 2012, Jacqueline Sauvage : tuée son mari -> 10 ans prison -> graciée Président Hollande.
Faits : vécu 47 ans avec son mari Norbert Maraux => acte commis de manière à mettre fin à
des décennies de maltraitance (elle-même + gosses). Mari alcoolique qui a l’habitude de
battre sa femme bien méchamment : plusieurs hospitalisations entre 2007-2012 (4 séjours
aux urgences). Enfants pas épargnés (2 de leurs filles incestées) + fils suicidé veille meurtre.
Soucis : JS pas tué son mari au moment d’une dispute mais après (tiré dans le dos) => peut
pas plaider légitime défense. Pour autant peut-on considéré le meurtre élaboré de manière
machiavélique ? => Appel les secours et confesse son acte.

Ne serait-il pas légitime de désobéir à des lois ? Légal / Légitime.

III. La question de la désobéissance civile

On a des injonctions à obéir : parents, famille élargie, lois, forces de l’ordre… Et plus encore
le fait de désobéir nous expose à des sanctions autrement dit la désobéissance nous expose
à des punitions (système degré punition).

En France, il y a 3 types d’infractions.


- Contravention : infraction la moins grave punie simple amende (ex : PV)
- Délit : amende + possibilité peine de prison -10 ans (ex : vol, vente de stupéfiants,
tout ce qui relève harcèlement et comportements discriminatoires)
- Crime : au-delà de 10 ans -> perpétuité (30 ans)

o Henry David Thoreau

En juillet 1846 Henry David Thoreau est emprisonné car il a volontairement refusé de payer
un impôt à l’État américain. Par ce geste, il entendait protester contre l’esclavage qui régnait
alors dans le sud et la guerre contre le Mexique. Il ne passe qu’une nuit en prison, car sa
tante paie la caution, ce qui le rend furieux. A la suite de ces évènements il écrit un traité
intitulé La désobéissance civile.

Loi profonde injustice -> ne fait que répondre à une justice plus haute qu’il considère comme
injuste et non acceptable. Il est parfois nécessaire de désobéir aux lois de son pays dès lors
que celles-ci sont injustes.

Exemples :
- Ghandi : lutte pour l’indépendance de l’Inde en organisant grèves pour la faim.
Marche du sel en 1930 => ramasse de manière illégale du sel => violer monopole
d’État sur la distribution du sel => montre refus autorité du gouvernement
britannique.
(Monopole : oblige tous consommateurs indiens y compris plus pauvres à payer un
impôt sur le sel, et leur interdit d’en récolter eux-mêmes)
- Rosa Parks en 1965
- Mohammed Ali
- Noël Mammère (// LR)
- XR <3
- Occupy Wall-Street : sit-in de militant.es du Occupy Wall Street => occupation d’une
place devant Wall Street (finance) => dénoncer capitalisme lors crise sub-primes.
- Nuit Debout
Désobéir aux lois, critiquer l’ordre des choses telles qu’elles sont imposées. Règles peuvent
être injustes de sorte qu’on peut être poussé à les enfreindre => correspond à un idéal
beaucoup plus légitime et se placer en infraction à ces lois.

3. La justification de la désobéissance civile

John Rawls, Theory of justice (1971), propose une définition et une typologie des différents
actes de désobéissance civile :
« C’est un acte public, non-violent, décidé en conscience, mais politique contraire à la loi et
accomplie le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique
du gouvernement. »

« 1336 » : marque de thé, SCOP (forme coopérative) née après l’occupation pendant 1336
jours de l’usine qui appartenait à la marque « Éléphant » amenée à fermer (optimisation
sous).

Typologie :

a) La délinquance
= fait de désobéir aux lois mais pour des motifs égoïstes et personnels et en essayant de se
cacher. Par distinction la désobéissance civile, elle n’a pas de motifs personnels. Elle vise la
modification des lois et le bien-être de la société. Par ailleurs, elle n’est pas cachée mais
publique.

b) La rébellion
= remise en question de l’ordre général de la société par la violence. Par distinction de la
désobéissance civile, elle est violente.
Ex : capitole, intifadas, IRA (armées irlandaises), ETA (pays basques)

Rébellion / révolution / révolte (la révolte se distingue de la rébellion en ce que ce serait un


mouvement de libération, émancipation de la part d’un groupe d’opprimé·es)

c) L’objection de conscience
= fait pour un individu de refuser d’obéir pour des motifs personnels (par conviction,
morale, religieuse…). Par contraste, la désobéissance civile pas acte d’une personne isolée
qui agit pour des intérêt personnels (Thoreau : pas intérêts personnels). Forme de
désobéissance civile ? se fait à l’échelle individuelle (désobéissance -> individuel et collectif).

On a vu qu’il peut être légitime de désobéir aux lois dans certaines circonstances. La
désobéissance civile est un type de désobéissance bien particulier puisque son but est de
faire évoluer la société vers plus de justice. En ce sens, la désobéissance civile s’inscrit
comme une force positive à la différence de la simple délinquance ou contrairement à la
vengeance qui est le fait de se faire justice soit même. Idée : tendre vers plus de justice.
 Manuel Cervaza-Cerval.

CONCLUSION
On a vu dans un premier temps que la société a besoin de lois sans quoi les hommes
ne pouvaient se comporter (sans lois = chaos, désordre) -> expérience anneau de Gygès.
Le droit permet de mettre un certain ordre et de mettre fin à la vengeance, violence. Mais on
a vu également que les lois posent un problème : elles sont par essence relatives (production
humaine). Elles ont leurs limites : relative à chaque territoire, époque et que même, on peut
parfois dire qu’elles sont objectivement injustes (Jim Crow, Nuremberg). Pour cette raison
on a vu qu’il est tout à fait envisageable de désobéir aux lois mais bien sûr que cette
désobéissance doit répondre à des conditions bien précises. Ainsi, la désobéissance civile
c’est le fait de désobéir aux lois d’une manière publique, collective, illégale et non-violente
dans le but non pas de créer le désordre mais au contraire pour promouvoir une société plus
juste.

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