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La justice

Le mot justice, de justicia, dérivé de Jus (conforme à la loi ou au droit) désigne deux types de réalités entièrement
différentes :

 Il y a d’une part la Justice comme institution chargée de sanctionner les infractions à la loi et plus
largement de régler les différends ("palais de justice", "passer en justice", "décision de justice" - autant
d’expressions du langage courant qui dénotent la justice comme institution. Dans ce cas, on appelle juste
tout comportement qui se conforme à la loi ou plus exactement, il apparaît juste que soit sanctionné tout
manquement à la loi, dès lors que le délit est dûment constaté et établi.
 D’autre part, il y la justice comme norme, un idéal ou une valeur morale : c’est "la volonté constante et
persistante de rendre à chacun ce qui lui est dû" ou en d'autres termes il s'agit de rendre à chacun ce qu’il
mérite. Ainsi une personne juste se comporte de façon impartiale ou équitable par exemple. La justice
devrait donc se définir par l’égalité, symbolisée par l’équilibre de la balance. « Le juste, écrit Aristote
dans Éthique à Nicomaque, est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité »,

La justice renvoie donc tout d’abord à l’idée d’ordre qui garantit une certaine harmonie entre les membres d’une
société ou d’un Etat. Pourtant, le sentiment d’injustice est le moteur des contestations sociales à travers les époques.
L‘injustice fait toujours l’objet d’une dénonciation et la justice d’une revendication.

L'EGALITE EST-ELLE TOUJOURS SYNONYME DE JUSTICE ?

La conduite humaine, selon Aristote, est dite juste ou injuste selon qu'elle est digne de blâmes ou de louanges, de
peines ou de récompenses. Mais sur quels critères distribue-t-on blâmes et louanges ? Traditionnellement, on
distingue justice distributive et justice commutative. Dans le premier cas, on considère juste que blâmes et
récompenses soient distribués en fonction des mérites de chacun. Des individus participant à une même action ne
reçoivent pas la même rémunération ou la même peine. Peines et récompenses sont graduées en fonction du degré
de compétence ou de responsabilité de chaque individu. Ce principe de justice repose donc sur l'idée d'un ordre ou
d'une hiérarchie entre des fonctions distinctes, auxquelles correspondent des responsabilités différentes. Dans une
défaite militaire, la responsabilité du général est reconnue plus grande que celle du soldat. Inversement, il
apparaîtrait injuste qu'un même salaire soit versé à des individus dont les compétences ou les mérites ne sont pas
les mêmes.

En revanche, dans un État où règne le droit, tout individu quel qu'il soit, peut contribuer par son vote à la
désignation des plus hautes autorités de l'État, il bénéficie des mêmes droits, et doit remplir les mêmes obligations
que tout autre citoyen, sans acception des personnes. Il s'agit d'un principe de justice commutative. Il est fondé sur
le critère de l'égalité entre les personnes. Coupable ou innocent, tout inculpé a droit à un jugement équitable, quels
que soient son statut social ou l'état de sa fortune.

Dans le premier sens du mot justice, il est juste et légitime qu'il soit fait acception des personnes. La règle qui
définit ce qui est juste tient compte des particularités de la personne et des différences. Dans le second cas, c'est le
contraire.

FAUT-IL TOUJOURS OBEIR A LA LOI ?

Nous voudrions dire qu'il ne faut obéir à la loi que si elle est juste. Mais en démocratie la situation est plus
compliquée. Car si chacun n'en fait qu'à sa tête la société ne peut fonctionner. Les lois visent justement à mettre
tout le monde d'accord, quitte à être parfois un peu injustes ou un peu absurdes. Par exemple il faut s'arrêter au
feu rouge même si personne ne passe. C'est justement pour éviter de discuter de la dangerosité de chaque situation
particulière (ce qui mènerait à des débats sans fin) que les feux rouges ont été instaurés. Conclusion : il
faudrait toujours obéir à la loi, même si elle est injuste. C'est ce qu'a fait Socrate en buvant la ciguë. C'est
aussi le principe que défend Pascal : arguant que le pire des maux est la guerre civile, il considère qu'il vaut mieux
obéir à une loi injuste plutôt que risquer de générer du désordre par la désobéissance, et affirme même qu'il
vaut mieux une loi injuste, mais nette (ex : la loi salique : donner le trône au fils du roi) plutôt qu'une loi juste
(donner le trône à l'homme le plus capable de gouverner le pays) qui risquerait d'entraîner des conflits. Pourtant il
y a des cas où l'on peut, et même où l'on doit, désobéir à la loi. Par exemple face à une loi abjecte qui nous
commanderait d'assassiner quelqu'un ou de collaborer à son meurtre. Celui qui appliquerait une telle loi sans se
poser de questions serait en quelque sorte inhumaine. Ce fut le cas de certains fonctionnaires nazis, tel
Eichmann, au cours de la Seconde guerre mondiale. Ce que révèle le nazisme, c'est que le système
bureaucratique moderne, fondé sur la division du travail, nous habitue tant à obéir que nous sommes tous devenus
des nazis potentiels, comme le prouve l'expérience de Milgram.

DROIT NATUREL ET DROIT POSITIF

Le Droit naturel est, selon la définition qu'en donnent les partisans de cette notion, l'ensemble des droits que tous
les humains sont supposés posséder en raison de leur commune nature, et abstraction faite de toute institution
conventionnelle. Ce sont tous les droits qui naissent avec nous, et ceux qui résultent du développement nécessaire
et légitime de nos facultés, indépendamment de toute convention sociale. Ils sont inviolables, indépendants des
temps et des lieux, et servent de base à tout Droit écrit. Imprescriptibles et inaliénables, il n'est au pouvoir de
personne de nous en dépouiller. Les principaux droits naturels sont : la vie, la liberté, la propriété. La tentative
philosophique d’établir un droit naturel s’est traduite de manière très concrète sur le plan politique, avec
l’établissement de chartes et de déclarations de droits aux XVIIe et XVIIIe siècles : Bill of Rights (1689) en Grande
Bretagne, Déclaration d’indépendance (1776) et Bill of Rights (1791) aux Etats-Unis, et enfin Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 en France. Toutes ces déclarations, d’esprit similaire, s’inspirent
des philosophes des Lumières – Locke, Montesquieu, Rousseau – et tentent de transposer dans le droit positif
l’idéal philosophique d’un droit naturel.

Le droit positif, du latin positum « posé » pour désigner le droit tel qu'il existe réellement, est constitué de
l'ensemble des règles juridiques en vigueur dans un État ou dans un ensemble d'États de la Communauté
internationale, à un moment donné, quelles que soient leurs sources. C'est une forme de positivisme juridique.
Pour les théoriciens du droit positif, les règles de droit ne sont pas issues de la nature ou de Dieu, mais des hommes
eux-mêmes, ou de leurs activités.

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