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Chapitre 2. La recherche de la justice, un idéal inaccessible ?

Introduction :
La justice peut se définir de deux manières différentes : c’est une institution
chargée d’appliquer le droit et de réparer les torts subis par les victimes
d’une injustice.
Mais c’est aussi une vertu, une valeur qui nous demande de prendre ce qui
nous est dû et de rendre à chacun ce qui lui revient.
Ce double sens pose donc un double problème :
Si être juste, c’est donner à chacun ce qui lui revient, la justice peut-elle se
fonder sur l’inégalité et, si oui, de quelle forme d’inégalité s’agit-il ?
Les lois sont le critère objectif du juste et de l’injuste . Mais le droit ne se
confond pas avec la loi car le droit moral (fondé sur un principe rationnel)
n’est pas toujours identique au droit légal (inscrit dans la loi d’un Etat) : ce
qui est légal est-il toujours juste ou peut-il être injuste car illégitime ?

I. La justice peut-elle reposer sur l’inégalité ? Existe-t-il de justes inégalités ?

A. Attribuer à chacun ce qui lui revient selon ses mérites :


La justice consiste à distribuer à chacun des parts égales mais les hommes
sont par nature inégaux ( en terme de condition physique, de talents, de
capacités,…).
Il faut donc proportionner les biens et les contributions aux mérites et aux
moyens de chacun ;
Cf. Aristote , les hommes s’accordent à penser que la justice consiste dans
une égalité proportionnelle : l’égalité qui fonde la justice s’appelle alors
l’équité.

B.L’égalité pour être facteur de justice doit rester l’égalité des citoyens
devant une règle commune, c’est-à -dire la loi :
Le principe démocratique d’égalité devant la loi de tous les citoyens peut
être corrompu si tous les citoyens, au nom de l’égalité, ne supportent plus la
différence entre ceux qui commandent et ceux qui sont commandés.
Cf ; critique de Montesquieu : « le principe de la démocratie se corrompt
lorsque chacun veut être égal à ceux qu’il choisit pour lui commander. »

C. Le but de la société démocratique : réparer les inégalités sociales :


Des inégalités sociales ( par exemple, dans l’accès à l’éducation ou aux
soins) peuvent être justes si , les citoyens ayant tous les mêmes droits, les
inégalités instaurées ( par exemple, donner davantage à ceux qui ont
moins) profitent aux plus désavantagés.
La justice ne reconnaît donc pas le mérite de chacun mais corrige les
inégalités par une égalité des chances.

II. Ce qui est légal est-il juste ?

A. La loi soumet le jugement à la règle de la raison, en confrontant ce que dit


le droit et ce qu’exige la raison ou la conscience :
L’impartialité du juge qui tranche un conflit est la condition de possibilité
pour éviter que se produise l’injustice en cas de vengeance.(Celui qui se
venge ne répare pas le tort, il commet à son tour une injustice)
La justice consiste à se conformer à ce que dit le droit et à ce que
prescrivent les lois sans prendre parti pour l’un ou l’autre des individus en
conflit.

B. La distinction entre le légal et le légitime : il peut être juste de désobéir


aux lois si elles sont illégitimes :
Appliquer la loi sans discernement, parce que c’est la loi et la condition
d’application du droit peut créer des injustices.
Exemple : appliquer une loi fondée sur la discrimination ( apartheid en
Afrique du Sud) , c’est commettre une injustice.
Lorsque les lois sont injustes, l’individu doit se mettre dans l’illégalité pour
agir en toute légitimité, c’est-à -dire en application de ce que lui dicte sa
conscience.
Exemple : résister pendant la Deuxième guerre mondiale à une loi injuste
( interdire l’accès à une profession aux citoyens français de confession juive,
par exemple)

Conclusion :

La recherche de la justice est un idéal à viser car toute situation humaine


peut créer des conflits qu’une règle unique ne saurait résoudre.
La justice comme idéal doit donc être rapprochée du moyen légal que
chaque société se donne pour s’en rapprocher : le droit ; la loi, les
institutions judiciaires.

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