Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le tiers
L’ORESTIE
Cette nécessité d’avoir un tiers qui intervient pour trouver une solution juste entre les
intérêts contradictoires et conflictuels des parties. Cette nécessité de faire intervenir une
tiers personne a été mise en scène dans une tragédie grecque, dans une trilogie nommée
l’Orestie.
L’Orestie a été écrit par Eschyle au Vème siècle avant JC et elle comporte 3 pièces :
Agamemnon, les Choéphores et les Euménides.
C’est l’histoire d’une famille maudite, famille des Atrides : il y a 2 frères et le fondateur de la
famille c’est Atrée et son frère s’appelle Thyeste. Son frère séduit la femme d’Atrée et Atrée
se retrouve être cocu ce qui ne lui plait pas du tout. Pour se venger de son frère, il le convie
à un festin. Ce qu’il y a à manger ce sont les enfants de son propre frère.
Entre l’adultère et la vengeance (meurtre des enfants) et cette famille baigne à chaque fois
dans le sang.
C’est l’histoire d’Agamemnon roi d’Argos qui va partir pour la guerre de Troie. Or, il n’y a pas
de vent, il ne peut donc pas partir avec ses navires. Il décide d’offrir en sacrifice sa fille
(Iphigénie qui a une sœur et un frère : Électre et Oreste) pour que les Dieux puissent lui
rendre grâce. La femme d’Agamemnon ne comprend pas ce geste et lui voue une haine
immense.
La guerre de Troie a durée 10 ans, et pendant ces 10 ans, la femme d’Agamemnon a fleureté
avec le cousin de son mari (Egiste) et la mise sur le trône. Cependant, le mari revient de la
guerre. Donc la femme décide avec le cousin de son mari de tuer celui-ci. Électre est témoin
du meurtre. Elle déteste sa mère et adore son père et quand elle voit cela, elle va voir son
frère Oreste et demande à son frère de venger son père. Oreste se fait aider par son ami est
égorge sa mère. Le sang appelle le sang.
La justice s’apparente à de la vengeance.
Oreste fait appel à Athéna. Elle décide de réunir les citoyens d’Argos pour exposer la
difficulté, le problème devant eux. Elle va convoquer les Érinyes qui vont expliquer qu’Oreste
a tué sa mère donc il doit payer. On va convoquer Oreste devant les citoyens, ce dernier va
expliquer son geste et à la fin, on demande aux citoyens de voter pour la condamnation à
mort ou non d’Oreste. Il y a égalité des voix donc Aphrodite va départager et elle décide
d’acquitter Oreste ce qui met fin à la spirale de vengeance. Cependant, elle ne peut pas
laisser les Érinyes sans une quelconque satisfaction, de ce fait, elle va demander aux
citoyens, de rendre un culte à ces divinités qui vont devenir des divinités protectrices de la
ville. Elles vont devenir des Euménides.
Cette histoire nous apprend la manière dont la justice moderne peut exister :
- Fondée sur l’écoute et le dialogue : c’est le principe du contradictoire
- La justice n’est pas rendue par la victime qui souhaite se venger mais par des
personnes qui sont neutres et qui ne sont pas parties prenantes dans l’affaire. Cela se
fait de manière collégiale, c’est-à-dire que l’on demande l’avis de tous les citoyens.
- Il faut s’assurer que le parti ayant perdu le procès accepte la décision prise en âme et
conscience car c’est la plus juste.
ACCÈS À LA JUSTICE.
Le droit d’accès à la justice est un droit fondamental.
Pactes internationaux de 1966. Il y en a 2 :
- Droits sociaux/économiques
- Droits civils/politiques
Ce pacte prit par l’égide de l’Organisation des nations unis en 1966 consacre dans son article
14 : « le droit de toutes personnes à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial ».
On retrouve la même règle dans l’article 8 de la Déclaration universelle des Droits de
l'Homme et dans l’article 6 paragraphe 1 de la Convention européenne des droits de
l’Homme.
Comment fait-on en France pour que ce droit d’accès soit effectif ?
- Les juges qui vont trancher l’affaire ne sont pas rémunérés par les plaideurs mais par
l’État, ce sont des fonctionnaires de l’État. Sous l’ancien régime, c’étaient les
plaideurs qui payaient les juges. Celui qui payait le plus, on lui donnait souvent
raison. On appelle cela les épices.
- Lorsque l’on a besoin d’un avocat et que l’on n’a pas les moyens, l’État prend en
charge le coût de cette défense. C’est ce que l’on appelle l’aide juridictionnelle.
A. NÉCESSAIREMENT UN JUGE ?
B. QUEL JUGE ?
1. Dualisme de juridictions
L’essentiel des litiges en France sont réglés par des magistrats fonctionnaires
payés par la puissance publique. Cependant un certain nombre de litiges ne sont
pas tranchés par des magistrats, ils n’ont pas la « juris dictio » (romain), toutes
personnes peuvent trancher un litige dès lors que l’on est tiers, on peut exercer
dette fonction de « juris dictio ».
L’arbitre n’est pas un fonctionnaire pourtant il peut trancher un litige entre 2
parties
Si l’on s’en tient au juge étatique : ils sont assez nombreux en France environ
7000, lors d’un procès il faut donc se demander à quel juge s’adresser. Il faut
saisir celui qui est le plus compétent dans la situation. Juge judiciaire ou
administratif ? C’est le problème du dualisme de la juridiction. En France il y a un
corps de magistrats de l’ordre judicaire et un de l’ordre administratif.
L’administration est le relais du pouvoir exécutif pour faire appliquer les
décisions, elle a un privilège de la juridiction, une règle spéciale s’applique
uniquement à l’administration. Pour les autres conflits on prend un juge judiciaire
2. Critique de la dualité de juridictions
Philosophique : Tockveil dans un rapport à l’académie des sciences
morales et politiques qu’il a rédigé en 1846 : « règles audacieuses qu’on
avait de tout temps chercher à faire prévaloir dans les monarchies
absolues mais qu’aucuns despotes n’avaient jamais osé écrire
littéralement dans aucun code ». Or, Richelieu, dans un édit de St
Germain en février 1641 a dit que « tout ce qui touche à l’État, à
l’administration et à son gouvernement n’est pas de la compétence des
tribunaux ».
Politique : le dualisme de juridictions est souvent remis en cause en
France mais les différents assauts politiques ont échoué. La dernière
tentative de supprimer le dualisme : 1902.
Droit comparé : Opposition avec un principe fondamental de la procédure
anglo-saxonnes : The Rule of Low (règne de la loi). C’est l’idée que la loi
s’applique à tout le monde en Angleterre.
En France, ce n’est pas le cas, car la loi ne sera pas la même parce qu’on
n’aura pas la même juridiction pour l’administration et les simples
particuliers. Cette dualité de juridiction qui avait été importée dans un
certain nombre de pays qui s’étaient inspirés de la France et qui l’avait
mise en place l’ont peu à peu abandonné.
Ex : Belgique en 1831, Grèce 1844, Italie 1865, Espagne 1868.
Critique pratique : Quand faut-il saisir un juge administratif ? Quand
l’administration est concernée.
Quand faut-il saisir un juge judiciaire ? Litige entre 2 particuliers.
Tribunal spécial : tribunal des conflits qui va juger si le litige concerne le tribunal
administratif ou judicaire
Arrêt Blanco : qui dit que les administrations ne sont pas soumises aux règles du
code civil. Non seulement elles ont un privilège de juridiction (jugé par le Conseil
d'État) et on n’applique pas les règles de droit privé donc le Conseil d'État a
élaboré tout un tas de jurisprudentielle applicable à l’administration.
C. LE JUGE « JUDICIAIRE ».
1. Conflits privés entre particuliers
Le juge « judiciaire » est compétent pour les litiges entre particulier sans que
l’intérêt général soit en cause. Dans ce cas-là, lorsque l’intérêt n’est pas en cause,
c’est celui que l’on va appeler « juge civil » qui va être compétent.
3 niveaux de juridictions :
1ère instance : Tribunal de grande instance (il a été supprimé le 1er
janvier 2020) aujpurd’hui remplacé par le tribunal judiciaire
Tribunal des prud’hommes (salariés/employeurs)
Tribunal des baux ruraux (agriculteur/ propriétaire qui lui loue les
terres)
Tribunal de la sécurité sociale (conflit avec des prestations de la
sécurité sociale)
Tribunal de commerce (litige concernant les commerçants)
Comment choisir ?
Saisir le tribunal du lieu où habite notre défendeur.
Si une des parties n’est pas d’accord avec la décision qu’a rendu le tribunal
judiciaire, elle a la possibilité de faire appel devant une Cour d’appel.
Un tribunal rend un jugement.
Une Cour un arrêt.
Si on n’est toujours pas d’accord sur la décision de la Cour d’appel, on va faire
un pourvoi en cassation.
La Cour de cassation n’est pas juge de fait mais juge du droit.
Lors d’un procès, le juge en première instance et le juge d’appel vont
examiner les faits et faire le procès d’une situation juridique pour trouver la
bonne solution.
En cassation, on ne reprend pas le procès. La Cour de cassation va examiner
qu’une seule chose : que la Cour d’appel a bien appliqué la règle de droit.
La Cour de cassation peut dans ces cas-là dire deux choses :
Oui la Cour d’appel a bien effectué son travail en appliquant la bonne
règle de droit. Elle valide ainsi l’arrêt de la Cour d'appel (rejet du
pourvoi formé contre l’arrêt de la Cour d'appel)
Si la Cour de cassation estime que la Cour d'appel a mal appliqué la
règle de droit, elle va casser et annuler l’arrêt rendu par la Cour
d'appel et elle va renvoyer la même affaire devant une autre Cour
d’appel (ou la même avec d’autres magistrats).
Il est possible de faire un pourvoi directement contre un jugement de 1 ère
instance rendu par un tribunal judiciaire sans aller devant une Cour d'appel si on
estime que le tribunal de 1ère instance a mal appliqué la règle de droit on peut
aller directement en Cour de cassation
3 Conflits impliquant l’intérêt général
D. LE JUGE ADMINISTRATIF.
1. Organisation
En première instance : on trouve des juges qui sont des tribunaux qui rendent des
jugements : les tribunaux administratifs.
La Cour administrative d’appel (au nombre de 5 en France et date de 1987)
Le Conseil d'État qui joue le même rôle que la Cour de cassation c'est-à-dire que
lorsqu’une Cour administrative d'appel voire un tribunal administratif a rendu
une décision qui appliquait mal les règles de droit, on peut directement former
un pourvoi devant le Conseil d'État et celui-ci peut casser le jugement ou casser
l’arrêt de la Cour administrative d’appel et renvoyer devant une formation
identique pour que l’affaire soit rejugée.
Le Conseil d'État est juge du droit mais parfois, il intervient comme juge de
première instance (Ex : recours pour un excès de pouvoir contre un arrêté ou un
décret ministériel).
Le Conseil d'État a été créé par Bonaparte en 1799 sous le consulat, c’est la
reprise de ce qui existait sous l’ancien régime et que l’on appelait le conseil du
roi.
Le Conseil d'État joue plusieurs rôles :
Juridictionnel
Juridiction de cassation
Conseiller de l’État : le Conseil d'État joue un rôle très important pour
conseiller dans la rédaction des textes avant leur transmission à
l’Assemblée nationale et au Sénat pour adoption.
Rôle dans les règlements d’applications
E. L’ARBITRE.
Tout le monde peut être amené à trancher le litige sauf 2 personnes : ce sont les 2
personnes en conflit.
Quand on ne fait pas appel à un juge payer par l’État, on le qualifie alors d’arbitre.
On fait souvent appel aux arbitres et pas que dans des petites affaires. On fait
souvent appel quand les enjeux financiers sont très importants, car l’avantage de
l’arbitre (très bien payé) c’est que ça va vite et c’est plus discret (secret).
Comment soumettre un litige à un arbitre ?
Soit on attend d’être en conflit et on propose à la personne d’aller soumettre
notre différend à un arbitre
En générale, on passe un contrat et si le contrat se passe mal, on s’engage à
ne pas saisir les juridictions étatiques mais à soumettre notre litige à un
arbitre. On appelle cette clause : une clause compromissoire.
L’arbitre doit avoir deux qualités essentielles :
Être impartial
Indépendant
II / L’IMPARTIALITÉ DU TIERS
A. NOTION
Être partial c’est avoir un parti prit. Le juge peut être dit partial, lorsqu’avant même que
le procès commence, il a déjà un apriori favorable ou défavorable sur tel ou tel plaideur.
Impartialité, c’est l’inverse, c’est de commencer le procès sans avoir de parti prit, de
n’avoir aucun préjugé.
B. MANIFESTATIONS.
1. Connaissance du litige
Comment fait-on pour vérifier l’impartialité des juges ?
Un juge sera considéré comme partial toutes les fois où il est impliqué dans
l’affaire qu’il est appelé à juger de quelques manières que ça soit.
Ex :
Lien particulier avec l’une des parties en cause, le juge doit dans ce cas-là
se récuser et s’il ne le fait pas, une des parties peut demander que le juge
ne participe pas à cette affaire.
Le juge a déjà eu connaissance de l’affaire qu’on lui demande de trancher
et qu’il s’était déjà prononcé à ce propos. Il doit donc se récuser, c’est ce
que dit l’article 341-5 du code de procédure civil.
Référé : procédure de justice d’urgence. Elle se fait devant un juge unique. Il ne
va pas examiner tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Il va regarder
rapidement et dire s’il y a lieu de prendre une mesure provisoire pour éviter que
la situation se dégrade. Lorsqu’un juge a statué sur une affaire dans le cadre d’un
référé, il ne peut plus faire partie de la formation de jugement dans le fond.
C. POSITION DE LA COUR EDH.
La Cour européenne des droits de l'Homme en utilisant l’article 6 (droit à un procès
équitable) a obligé le Conseil d'État français et la Cour de cassation française à faire
évoluer leur procédure.
Traditionnellement, lorsque la Cour de cassation ou le Conseil d'État ont besoin de
trancher une affaire, ils désignent parmi tous les magistrats un rapporteur public (Conseil
d'État) ou un avocat général (Cour de cassation).
L’avocat général est un juge qui est désigné sur un dossier pour en toute objectivité
donner son avis sur l’affaire, il n’est pas partial de même que le rapporteur public.
La Cour européenne des droits de l'Homme a dit que « même si objectivement il n’est
pas partial, il va tout de même donner un avis et dans ce cas-là prendre le parti d’un des
plaideurs ».
En apparence, il est partial et donc comme il a déjà un avis sur l’affaire, il faut lui
interdire de participer au jugement final.
La Cour européenne, dans un arrêt KRES du 7 juin 2001, a imposé au Conseil d'État que
dorénavant, les rapporteurs publics ne fassent plus partis de la formation de jugement
au nom d’une impartialité.
Le Conseil d'État était furieux car cela a tout désorganisé dans sa façon de s’organiser
pour des motifs idéologiques.
Dorénavant, au Conseil d’État, le rapporteur public une fois qu’il a fait son rapport,
s’assoit et se tait. Il ne participe plus au vote, on ne peut plus lui demander son avis mais
il reste là pour écouter ce qu’il se dit sauf si une des 2 parties exigent expressément qu’il
ne soit pas présent lors du délibéré.
En revanche, la Cour de cassation a été plus ferme et a complétement modifié sa
procédure et dorénavant, une fois que l’avocat général a fait son rapport devant ses
collègues, il sort de la pièce et ne participe plus à la formation de jugement.
C’est un effet néfaste de la Cour européenne des droits de l'Homme car cela a
complétement désorganiser une organisation qui marchait très bien pour des purs
principes idéologiques.
La meilleure façon de garantir l’impartialité c’est son caractère public. En France, la
justice est publique. Tous les tribunaux sont ouverts aux publics. Ça nous permet d’avoir
une garantie que les juges ne fassent pas leurs petites affaires en douce dans leur coin.
Dans certains cas, la justice peut être rendue en huis clos pour protéger les parties
(affaires qui concernent les mineurs ou pour la protection de la vie privée). Cette
décision est rendue publiquement et une fois que le jugement est rendu, ils sont à la
disposition de tous (Ex : sur Légifrance ou au secréterait de la juridiction (le greffe))
N’importe quel citoyen peut avoir copie de n’importe quel jugement. Pour des questions
de respect de la vie privée, les décisions de justice sont anonymes (avec des initiales).