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Qui se sert d’une règle de droit ?

Le tiers
L’ORESTIE
Cette nécessité d’avoir un tiers qui intervient pour trouver une solution juste entre les
intérêts contradictoires et conflictuels des parties. Cette nécessité de faire intervenir une
tiers personne a été mise en scène dans une tragédie grecque, dans une trilogie nommée
l’Orestie.
L’Orestie a été écrit par Eschyle au Vème siècle avant JC et elle comporte 3 pièces :
Agamemnon, les Choéphores et les Euménides.
C’est l’histoire d’une famille maudite, famille des Atrides : il y a 2 frères et le fondateur de la
famille c’est Atrée et son frère s’appelle Thyeste. Son frère séduit la femme d’Atrée et Atrée
se retrouve être cocu ce qui ne lui plait pas du tout. Pour se venger de son frère, il le convie
à un festin. Ce qu’il y a à manger ce sont les enfants de son propre frère.
Entre l’adultère et la vengeance (meurtre des enfants) et cette famille baigne à chaque fois
dans le sang.
C’est l’histoire d’Agamemnon roi d’Argos qui va partir pour la guerre de Troie. Or, il n’y a pas
de vent, il ne peut donc pas partir avec ses navires. Il décide d’offrir en sacrifice sa fille
(Iphigénie qui a une sœur et un frère : Électre et Oreste) pour que les Dieux puissent lui
rendre grâce. La femme d’Agamemnon ne comprend pas ce geste et lui voue une haine
immense.
La guerre de Troie a durée 10 ans, et pendant ces 10 ans, la femme d’Agamemnon a fleureté
avec le cousin de son mari (Egiste) et la mise sur le trône. Cependant, le mari revient de la
guerre. Donc la femme décide avec le cousin de son mari de tuer celui-ci. Électre est témoin
du meurtre. Elle déteste sa mère et adore son père et quand elle voit cela, elle va voir son
frère Oreste et demande à son frère de venger son père. Oreste se fait aider par son ami est
égorge sa mère. Le sang appelle le sang.
La justice s’apparente à de la vengeance.
Oreste fait appel à Athéna. Elle décide de réunir les citoyens d’Argos pour exposer la
difficulté, le problème devant eux. Elle va convoquer les Érinyes qui vont expliquer qu’Oreste
a tué sa mère donc il doit payer. On va convoquer Oreste devant les citoyens, ce dernier va
expliquer son geste et à la fin, on demande aux citoyens de voter pour la condamnation à
mort ou non d’Oreste. Il y a égalité des voix donc Aphrodite va départager et elle décide
d’acquitter Oreste ce qui met fin à la spirale de vengeance. Cependant, elle ne peut pas
laisser les Érinyes sans une quelconque satisfaction, de ce fait, elle va demander aux
citoyens, de rendre un culte à ces divinités qui vont devenir des divinités protectrices de la
ville. Elles vont devenir des Euménides.
Cette histoire nous apprend la manière dont la justice moderne peut exister :
- Fondée sur l’écoute et le dialogue : c’est le principe du contradictoire
- La justice n’est pas rendue par la victime qui souhaite se venger mais par des
personnes qui sont neutres et qui ne sont pas parties prenantes dans l’affaire. Cela se
fait de manière collégiale, c’est-à-dire que l’on demande l’avis de tous les citoyens.
- Il faut s’assurer que le parti ayant perdu le procès accepte la décision prise en âme et
conscience car c’est la plus juste.
ACCÈS À LA JUSTICE.
Le droit d’accès à la justice est un droit fondamental.
Pactes internationaux de 1966. Il y en a 2 :
- Droits sociaux/économiques
- Droits civils/politiques
Ce pacte prit par l’égide de l’Organisation des nations unis en 1966 consacre dans son article
14 : « le droit de toutes personnes à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial ».
On retrouve la même règle dans l’article 8 de la Déclaration universelle des Droits de
l'Homme et dans l’article 6 paragraphe 1 de la Convention européenne des droits de
l’Homme.
Comment fait-on en France pour que ce droit d’accès soit effectif ?
- Les juges qui vont trancher l’affaire ne sont pas rémunérés par les plaideurs mais par
l’État, ce sont des fonctionnaires de l’État. Sous l’ancien régime, c’étaient les
plaideurs qui payaient les juges. Celui qui payait le plus, on lui donnait souvent
raison. On appelle cela les épices.
- Lorsque l’on a besoin d’un avocat et que l’on n’a pas les moyens, l’État prend en
charge le coût de cette défense. C’est ce que l’on appelle l’aide juridictionnelle.

I/ QUEL TIERS DÉPARTITEUR ?

A. NÉCESSAIREMENT UN JUGE ?
B. QUEL JUGE ?
1. Dualisme de juridictions
L’essentiel des litiges en France sont réglés par des magistrats fonctionnaires
payés par la puissance publique. Cependant un certain nombre de litiges ne sont
pas tranchés par des magistrats, ils n’ont pas la « juris dictio » (romain), toutes
personnes peuvent trancher un litige dès lors que l’on est tiers, on peut exercer
dette fonction de « juris dictio ».
L’arbitre n’est pas un fonctionnaire pourtant il peut trancher un litige entre 2
parties
Si l’on s’en tient au juge étatique : ils sont assez nombreux en France environ
7000, lors d’un procès il faut donc se demander à quel juge s’adresser. Il faut
saisir celui qui est le plus compétent dans la situation. Juge judiciaire ou
administratif ? C’est le problème du dualisme de la juridiction. En France il y a un
corps de magistrats de l’ordre judicaire et un de l’ordre administratif.
L’administration est le relais du pouvoir exécutif pour faire appliquer les
décisions, elle a un privilège de la juridiction, une règle spéciale s’applique
uniquement à l’administration. Pour les autres conflits on prend un juge judiciaire
2. Critique de la dualité de juridictions
 Philosophique : Tockveil dans un rapport à l’académie des sciences
morales et politiques qu’il a rédigé en 1846 : « règles audacieuses qu’on
avait de tout temps chercher à faire prévaloir dans les monarchies
absolues mais qu’aucuns despotes n’avaient jamais osé écrire
littéralement dans aucun code ». Or, Richelieu, dans un édit de St
Germain en février 1641 a dit que « tout ce qui touche à l’État, à
l’administration et à son gouvernement n’est pas de la compétence des
tribunaux ».
 Politique : le dualisme de juridictions est souvent remis en cause en
France mais les différents assauts politiques ont échoué. La dernière
tentative de supprimer le dualisme : 1902.
 Droit comparé : Opposition avec un principe fondamental de la procédure
anglo-saxonnes : The Rule of Low (règne de la loi). C’est l’idée que la loi
s’applique à tout le monde en Angleterre.
En France, ce n’est pas le cas, car la loi ne sera pas la même parce qu’on
n’aura pas la même juridiction pour l’administration et les simples
particuliers. Cette dualité de juridiction qui avait été importée dans un
certain nombre de pays qui s’étaient inspirés de la France et qui l’avait
mise en place l’ont peu à peu abandonné.
Ex : Belgique en 1831, Grèce 1844, Italie 1865, Espagne 1868.
 Critique pratique : Quand faut-il saisir un juge administratif ? Quand
l’administration est concernée.
Quand faut-il saisir un juge judiciaire ? Litige entre 2 particuliers.
Tribunal spécial : tribunal des conflits qui va juger si le litige concerne le tribunal
administratif ou judicaire
Arrêt Blanco : qui dit que les administrations ne sont pas soumises aux règles du
code civil. Non seulement elles ont un privilège de juridiction (jugé par le Conseil
d'État) et on n’applique pas les règles de droit privé donc le Conseil d'État a
élaboré tout un tas de jurisprudentielle applicable à l’administration.
C. LE JUGE « JUDICIAIRE ».
1. Conflits privés entre particuliers
Le juge « judiciaire » est compétent pour les litiges entre particulier sans que
l’intérêt général soit en cause. Dans ce cas-là, lorsque l’intérêt n’est pas en cause,
c’est celui que l’on va appeler « juge civil » qui va être compétent.
3 niveaux de juridictions :
 1ère instance : Tribunal de grande instance (il a été supprimé le 1er
janvier 2020) aujpurd’hui remplacé par le tribunal judiciaire
 Tribunal des prud’hommes (salariés/employeurs)
 Tribunal des baux ruraux (agriculteur/ propriétaire qui lui loue les
terres)
 Tribunal de la sécurité sociale (conflit avec des prestations de la
sécurité sociale)
 Tribunal de commerce (litige concernant les commerçants)
Comment choisir ?
Saisir le tribunal du lieu où habite notre défendeur.
Si une des parties n’est pas d’accord avec la décision qu’a rendu le tribunal
judiciaire, elle a la possibilité de faire appel devant une Cour d’appel.
Un tribunal rend un jugement.
Une Cour un arrêt.
Si on n’est toujours pas d’accord sur la décision de la Cour d’appel, on va faire
un pourvoi en cassation.
La Cour de cassation n’est pas juge de fait mais juge du droit.
Lors d’un procès, le juge en première instance et le juge d’appel vont
examiner les faits et faire le procès d’une situation juridique pour trouver la
bonne solution.
En cassation, on ne reprend pas le procès. La Cour de cassation va examiner
qu’une seule chose : que la Cour d’appel a bien appliqué la règle de droit.
La Cour de cassation peut dans ces cas-là dire deux choses :
 Oui la Cour d’appel a bien effectué son travail en appliquant la bonne
règle de droit. Elle valide ainsi l’arrêt de la Cour d'appel (rejet du
pourvoi formé contre l’arrêt de la Cour d'appel)
 Si la Cour de cassation estime que la Cour d'appel a mal appliqué la
règle de droit, elle va casser et annuler l’arrêt rendu par la Cour
d'appel et elle va renvoyer la même affaire devant une autre Cour
d’appel (ou la même avec d’autres magistrats).
Il est possible de faire un pourvoi directement contre un jugement de 1 ère
instance rendu par un tribunal judiciaire sans aller devant une Cour d'appel si on
estime que le tribunal de 1ère instance a mal appliqué la règle de droit on peut
aller directement en Cour de cassation
3 Conflits impliquant l’intérêt général
D. LE JUGE ADMINISTRATIF.
1. Organisation
En première instance : on trouve des juges qui sont des tribunaux qui rendent des
jugements : les tribunaux administratifs.
La Cour administrative d’appel (au nombre de 5 en France et date de 1987)
Le Conseil d'État qui joue le même rôle que la Cour de cassation c'est-à-dire que
lorsqu’une Cour administrative d'appel voire un tribunal administratif a rendu
une décision qui appliquait mal les règles de droit, on peut directement former
un pourvoi devant le Conseil d'État et celui-ci peut casser le jugement ou casser
l’arrêt de la Cour administrative d’appel et renvoyer devant une formation
identique pour que l’affaire soit rejugée.
Le Conseil d'État est juge du droit mais parfois, il intervient comme juge de
première instance (Ex : recours pour un excès de pouvoir contre un arrêté ou un
décret ministériel).
Le Conseil d'État a été créé par Bonaparte en 1799 sous le consulat, c’est la
reprise de ce qui existait sous l’ancien régime et que l’on appelait le conseil du
roi.
Le Conseil d'État joue plusieurs rôles :
 Juridictionnel
 Juridiction de cassation
 Conseiller de l’État : le Conseil d'État joue un rôle très important pour
conseiller dans la rédaction des textes avant leur transmission à
l’Assemblée nationale et au Sénat pour adoption.
 Rôle dans les règlements d’applications
E. L’ARBITRE.
Tout le monde peut être amené à trancher le litige sauf 2 personnes : ce sont les 2
personnes en conflit.
Quand on ne fait pas appel à un juge payer par l’État, on le qualifie alors d’arbitre.
On fait souvent appel aux arbitres et pas que dans des petites affaires. On fait
souvent appel quand les enjeux financiers sont très importants, car l’avantage de
l’arbitre (très bien payé) c’est que ça va vite et c’est plus discret (secret).
Comment soumettre un litige à un arbitre ?
 Soit on attend d’être en conflit et on propose à la personne d’aller soumettre
notre différend à un arbitre
 En générale, on passe un contrat et si le contrat se passe mal, on s’engage à
ne pas saisir les juridictions étatiques mais à soumettre notre litige à un
arbitre. On appelle cette clause : une clause compromissoire.
L’arbitre doit avoir deux qualités essentielles :
 Être impartial
 Indépendant

II / L’IMPARTIALITÉ DU TIERS
A. NOTION
Être partial c’est avoir un parti prit. Le juge peut être dit partial, lorsqu’avant même que
le procès commence, il a déjà un apriori favorable ou défavorable sur tel ou tel plaideur.
Impartialité, c’est l’inverse, c’est de commencer le procès sans avoir de parti prit, de
n’avoir aucun préjugé.
B. MANIFESTATIONS.
1. Connaissance du litige
Comment fait-on pour vérifier l’impartialité des juges ?
Un juge sera considéré comme partial toutes les fois où il est impliqué dans
l’affaire qu’il est appelé à juger de quelques manières que ça soit.
Ex :
 Lien particulier avec l’une des parties en cause, le juge doit dans ce cas-là
se récuser et s’il ne le fait pas, une des parties peut demander que le juge
ne participe pas à cette affaire.
 Le juge a déjà eu connaissance de l’affaire qu’on lui demande de trancher
et qu’il s’était déjà prononcé à ce propos. Il doit donc se récuser, c’est ce
que dit l’article 341-5 du code de procédure civil.
Référé : procédure de justice d’urgence. Elle se fait devant un juge unique. Il ne
va pas examiner tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Il va regarder
rapidement et dire s’il y a lieu de prendre une mesure provisoire pour éviter que
la situation se dégrade. Lorsqu’un juge a statué sur une affaire dans le cadre d’un
référé, il ne peut plus faire partie de la formation de jugement dans le fond.
C. POSITION DE LA COUR EDH.
La Cour européenne des droits de l'Homme en utilisant l’article 6 (droit à un procès
équitable) a obligé le Conseil d'État français et la Cour de cassation française à faire
évoluer leur procédure.
Traditionnellement, lorsque la Cour de cassation ou le Conseil d'État ont besoin de
trancher une affaire, ils désignent parmi tous les magistrats un rapporteur public (Conseil
d'État) ou un avocat général (Cour de cassation).
L’avocat général est un juge qui est désigné sur un dossier pour en toute objectivité
donner son avis sur l’affaire, il n’est pas partial de même que le rapporteur public.
La Cour européenne des droits de l'Homme a dit que « même si objectivement il n’est
pas partial, il va tout de même donner un avis et dans ce cas-là prendre le parti d’un des
plaideurs ».
En apparence, il est partial et donc comme il a déjà un avis sur l’affaire, il faut lui
interdire de participer au jugement final.
La Cour européenne, dans un arrêt KRES du 7 juin 2001, a imposé au Conseil d'État que
dorénavant, les rapporteurs publics ne fassent plus partis de la formation de jugement
au nom d’une impartialité.
Le Conseil d'État était furieux car cela a tout désorganisé dans sa façon de s’organiser
pour des motifs idéologiques.
Dorénavant, au Conseil d’État, le rapporteur public une fois qu’il a fait son rapport,
s’assoit et se tait. Il ne participe plus au vote, on ne peut plus lui demander son avis mais
il reste là pour écouter ce qu’il se dit sauf si une des 2 parties exigent expressément qu’il
ne soit pas présent lors du délibéré.
En revanche, la Cour de cassation a été plus ferme et a complétement modifié sa
procédure et dorénavant, une fois que l’avocat général a fait son rapport devant ses
collègues, il sort de la pièce et ne participe plus à la formation de jugement.
C’est un effet néfaste de la Cour européenne des droits de l'Homme car cela a
complétement désorganiser une organisation qui marchait très bien pour des purs
principes idéologiques.
La meilleure façon de garantir l’impartialité c’est son caractère public. En France, la
justice est publique. Tous les tribunaux sont ouverts aux publics. Ça nous permet d’avoir
une garantie que les juges ne fassent pas leurs petites affaires en douce dans leur coin.
Dans certains cas, la justice peut être rendue en huis clos pour protéger les parties
(affaires qui concernent les mineurs ou pour la protection de la vie privée). Cette
décision est rendue publiquement et une fois que le jugement est rendu, ils sont à la
disposition de tous (Ex : sur Légifrance ou au secréterait de la juridiction (le greffe))
N’importe quel citoyen peut avoir copie de n’importe quel jugement. Pour des questions
de respect de la vie privée, les décisions de justice sont anonymes (avec des initiales).

III/ L’INDÉPENDANCE DU TIERS


A. NOTION
On a souvent tendance à confondre l’impartialité et l’indépendance.
On a vu que l’impartialité c’est une notion d’état d’esprit du juge. La question de
l’indépendance du magistrat n’est pas subjective, c’est une question purement objective,
une question de statut. Est-ce que le juge peut faire l’objet d’une pression extérieure ? Si
c’est le cas, le juge ne pourra pas rendre une bonne décision, celle-ci sera biaisée.
1. Importance
La question de l’indépendance du juge est souvent posée comme étant une
question d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Il ne faut pas que le
pouvoir politique exerce des pressions sur le juge pour l’amener à trancher pour
telle ou telle partie.
Cette idée d’indépendance par rapport au pouvoir politique, on la trouve
exprimée dans tous les textes internationaux qui proclament les droits de
l'Homme :
 Article 10 de la Déclaration universelles des droits de l'Homme et du
citoyen (1948)
 Article 14 paragraphe 1 du pacte sur les droits civils et politiques (1966)
 Article 6 paragraphe 1 de la Convention européenne des droits de
l'Homme.
B. VIS-A-VIS DES PARTIES.
1. Avant la décision
Principe de collégialité : au lieu de mettre un seul magistrat qui va trancher
l’affaire, on va en mettre plusieurs. Il est plus compliqué pour une partie
d’influencer plusieurs juges (soit en les menaçants, soit en faisant de la
corruption). Cependant, la collégialité coûte chère.
2. Après la décision
Le secret du délibéré : personne ne sait qui a voté pour ou contre donc l’accusé
ne peut pas s’en prendre à un des juges car il ne saura pas qui a voté contre lui.
C. VIS-A-VIS DU POUVOIR EXÉCUTIF.
1. L’indépendance revendiquée.
Le plus souvent c’est le magistrat qui entend être indépendant par rapport au
pouvoir exécutif.
2. L’indépendance imposée
Dans certains cas, il ne veut pas être indépendant, il se met sous la coupe du
pouvoir exécutif et on est obligé de lui forcer la main pour être indépendant.
Comment un magistrat fait pour être assuré de ne pas subir une pression de la
part du pouvoir exécutif ?
Cette indépendance des magistrats aujourd’hui, elle est garantie par la
Constitution et c’est une des missions conférées au Président de la République
que l’on retrouve à l’article 64 de la Constitution : « le Président de la République
est garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire ». Et le Conseil
Constitutionnel a fait de ce principe, un principe fondamental reconnu par les lois
de la république pour le bon fonctionnement de la justice française.
Par quoi se traduit ce principe d’indépendance des magistrats ?
 Principe d’inamovibilité : on ne peut pas être muté contre notre volonté
même pour avoir une promotion. C’est ce que dit l’article 64 alinéa 4 de la
Constitution.
 Avancement de carrière : il est décidé par le Conseil supérieur de la
magistrature.
Les magistrats du parquet c’est le procureur de la République ou le substitut du
procureur. Leur rôle est d’intervenir principalement dans les affaires pénales
(particulier/ société).
Pourquoi les appellent-on les magistrats du parquet ?
Quand ils font une réquisition, ils le font debout sur le parquet du tribunal par
opposition à ceux qui sont assis et qui vont prendre la décision et qu’on nomme
les magistrats du siège.
Ils sont sous l’autorité de la garde des sceaux, c'est à dire le ministre de la justice.
Ils peuvent donc recevoir les instructions de la part du ministre de la justice.
Il y a donc un lien très fort entre les magistrats du parquet et le pouvoir exécutif
c'est à dire le ministre de la justice.
Pourquoi ce lien ? Pour pouvoir mener ce que l’on appelle une politique pénale.
Ex : Le ministre peut réclamer des peines plus ou moins lourdes pour des causes
plus ou moins importantes comme « le code de la route ». Il peut demander des
peines importantes pour des personnes qui sont en récidivent d’infractions.
Aujourd’hui, le ministre peut demander à un procureur de déclencher des
poursuites dans telles ou telles affaires. En revanche, si un procureur a décidé lui-
même de déclencher des poursuites, le ministre ne peut pas lui demander les
poursuites.
Histoire sur l’indépendance des magistrats :
Sous la Révolution française en 1790, les juges étaient élus.
Ce système d’élection des juges a été totalement abandonné. Sous le consulat,
les juges ont été nommés par le premier consul Bonaparte, et sous l’empire par
l’empereur mais avec en contrepartie l’inamovibilité.
Il a fallu attendre 1906, pour que le recrutement des magistrats se fassent sur
concours (avant c’étaient les connaissances…).
L’inamovibilité des magistrats est un principe souvent critiqué notamment dans
les périodes de crises car sa confine à une certaine irresponsabilité des
magistrats. Il y a eu de grosses erreurs judiciaires (Ex : affaire D’Outreau). Avec
l’inamovibilité, le magistrat qui commet des erreurs ne risquent rien d’où le fait
que ça soit critiqué.
L’inamovibilité est de vigueur seulement quand tout va bien. A chaque fois qu’il y
a un changement de régime un peu violent en France, l’inamovibilité est mise de
côté et on se « débarrasse » de tous les magistrats qui sont gêneurs et on la
rétabli une fois que l’on a mis des gens en poste que l’on considère comme étant
valable.
Livre : le Journal 39-45 de Maurice Garçon.
 Quid du droit de grâce :
Le Président de la République a un droit de grâce.
Le droit de grâce est-il une atteinte à la séparation des pouvoirs ? Oui,
mais une atteinte limitée car le droit de grâce fonctionne comme une
simple dispense de peine, cela n’efface pas la condamnation et ni les
peines accessoires. On dispense juste la personne d’effectuer la peine à
laquelle elle a été condamnée.
 Relation juge/ pouvoir exécutif :
Il faut imposer au juge d’être indépendant par rapport au pouvoir
exécutif.
C’est l’hypothèse de l’interprétation des traités internationaux qui sont
signés par le Président de la République et par la suite, il fait l’objet d’une
loi de ratification qui est voté par le Parlement. Lorsqu’il y avait une
difficulté d’interprétation, au lieu que le juge interprète lui-même le traité
(comme c’est le pouvoir exécutif qui l’a signé, le Président de la
République également), il va demander au ministre des affaires
étrangères d’interpréter le traité.
Sauf que, cette pratique a été sanctionner par la Cour européenne des
droits de l'Homme dans une affaire beau Martin en 1994 et par
conséquent, le Conseil d'État et la Cour de cassation ont changé leur
jurisprudence et dans un arrêt de19 95, « il est de l’office du juge
judiciaire d’interpréter les traités internationaux invoqués dans la cause
sans qu’il soit nécessaire de solliciter l’avis d’une autorité non
juridictionnelle ».
D. QUID DE L’INDÉPENDANCE DU POUVOIR EXÉCUTIF / JUGE ?
1. Privilège de juridiction
L’administration bénéficie d’un privilège de juridiction cela signifie qu’elle a son
propre juge.
ça date de 1790, d’une très célèbre loi, datant des 16 (adopté) et 24 août 1790
(promulgué par le roi par Louis XVI). L’article 13 nous dit : « les juges ne pourront
à peine de forfaiture troubler de quelques manières que ce soit les opérations
des corps administratifs ».
Cette solution consacrée par la loi de 1790 a été intégré dans la Constitution dès
le consulat.
Quel était le juge de l’administration ?
Pendant longtemps, il n’y a pas eu de juge.
On avait une situation dans laquelle l’administration était juge et partie =>
atteinte à la séparation des pouvoirs.
Montesquieu (l’esprit des lois) considérait que le pouvoir judiciaire qui devait être
indépendant du pouvoir exécutif et législatif c’est un pouvoir judiciaire qui ne
concerne que les affaires pénales et que les relations entre les particuliers.
Avec l’Empire, en 1804, le Conseil d'État va créer une section spéciale qui va être
charger de trancher les litiges entre l’administration et les particuliers. On appelle
cette section spéciale : section contentieuse du Conseil d'État.
Avec la 3ème république, ce n’est plus l’empereur qui prend la décision mais c’est
directement le Conseil d’État et peu à peu le Conseil d'État va devenir une
véritable juridiction jusqu’à ce que les magistrats du Conseil d'État qui siègent à la
section contentieuse obtiennent les mêmes garanties d’indépendance et le
même statut d’impartialité que les juges du corps judiciaire.
2. Le juge judiciaire n’est pas juge des règlements
Lorsque l’administration prend des règlements, si on souhaite les remettre en
cause, ça n’est pas le juge judiciaire qui peut remettre en cause la légalité d’un
règlement mais le juge administratif.
Il y a des matières dans lesquelles le juge judicaire peut apprécier la légalité d’un
règlement prit par le pouvoir exécutif.
Dans quels cas ? En matière pénale, d’atteinte à la liberté individuelle,
l’inviolabilité du domicile, à la propriété privée, les impôts et les taxes indirects.
Le juge judiciaire est considéré comme le gardien des libertés individuelles.
E. VIS-A-VIS DU POUVOIR LÉGISLATIF.
1. Principe
Cette indépendance a été clairement affirmée par le Conseil Constitutionnel dans
une décision du 22 juillet 1980 : « il n’appartient ni aux législateurs ni au
gouvernement de censurer les décisions des juridictions, d’adresser à celle-ci des
injonctions et de se substituer à elle dans des jugements des litiges relevant de
leurs compétences ».
 Le Parlement ne peut pas donner une injonction à un juge de trancher
dans une affaire dans tel ou tel sens
 Le législateur ne peut pas décider par une loi individuelle de trancher un
litige
 Une loi ne peut pas remettre en cause une décision de justice qui est
définitive (passer en force de chose jugée)
En revanche, le législateur peut alors même qu’il y a des procès en cours voter
une loi qui modifie la règle juridique. On considère que la solution nouvelle est
meilleure que l’ancienne.
2. Problème des lois d’amnistie
Le principe d’indépendance du juge par rapport au pouvoir législatif. Le juge a
prononcé une condamnation et puis le Parlement vote une loi d’amnistie. Là, ce
n’est plus le droit de grâce (pouvoir exécutif qui fait une dispense de peine) mais
là, c’est le pouvoir législatif qui vote une loi d’amnistie.
Loi d’amnistie : elle va plus loin que le droit de grâce car ce n’est pas simplement
une dispense de peine c’est carrément un effacement de la peine (plus de casier
judiciaire, plus de récidive possible…).
Il y a atteinte à la séparation des pouvoirs. Mais cette loi ne se fait plus.
Cependant, en 1989 le Conseil Constitutionnel a dit que la loi était bien conforme
à la Constitution même si elle porte atteinte à la séparation des pouvoirs.
F. QUID DE L’INDÉPENDANCE DU POUVOIR LÉGISLATIF / JUGE ?
1. Principe
Loi des 16 et 24 août 1790, article 10 : « les tribunaux ne pourront prendre
directement ou indirectement aucune part à l’exercice du pouvoir législatif ni
empêcher ou suspendre l’exécution des décrets du corps législatif ».
2. Usurpation du pouvoir législatif ?
3. Obstruction à la volonté du législateur ?
Le pouvoir judiciaire a la possibilité de créer des règles de droit car elle est
obligée de motiver ces décisions.
Peut-il empêcher ou suspendre l’exécution d’une loi ? l’article 10 dit non. En
réalité aujourd’hui, ils le font extrêmement facilement. Le juge, normalement,
doit appliquer les règles de droit française. Mais, il suffit que les juges
administratifs ou de cassation aient accepté de se livrer à un contrôle de
conventionalité, c'est-à-dire contrôler que les lois françaises sont conformes aux
traités internationaux (Convention européenne des droits de l'homme).
Aujourd’hui, il est possible pour un juge d’empêcher ou de suspendre l’exécution
des décrets du corps législatifs.

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