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DROLT GONSTFTUTIONNEL -
Léon DUGUIT
PROFESSEUR DE DROIT A L'UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
DROIT ADMINISTRATIF
Organisation administrative — Travaux publics
Assistance publique — Domaine public
Félix MOREAU
G 1 UNIVERSITÉ D'AIX-MARSEILLE
3 2044 103 184 917
SEGeul Aa
—
Received NN « 55 An
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CRT CO
I
DROIT CONSTITUTIONNEL
Par Léon DUGUIT
DU MÊME AUTEUR
ee
MANUEL
Len DE
DROIT CONSTTEUTIONNEL
Théorie générale de l'Rlat — Organisation politique
PAR
Léon DUGUIT
PROFESSEUR DE DROIT À L'UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
PARIS
ANCIENNE LIBRAIRIE THORIN ET FILS
ALBERT FONTEMOING, EDITEUR
LIBRAIRE DES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE ROME
DE L'INSTITUT FRANGAIS D'ARCHÉOLOGIE ORIENTALE DU CAIRE
du Collège de France et de l'Ecole Normale Supérieure
4, RUE LE GOFF, 4
1907
Bordeaux, Y. Cavorer, impr., 17, rue Poquelin-Molière.
NOV 5 - 1920
AVERTISSEMENT
28 INTRODUCTION
ment'après la Saint-Barthélemy. Paraissent alors une série d’écrits,
dont les auteurs sont souvent appelés des Monarchomaques et où
l'origine populaire du pouvoir est énergiquement affirmée, où les
conditions du contrat intervenu entre le peuple et le prince sont
minutieusement décrites et où esl solennellement affirmé aussi le
droit du peuple de renverser le prince qui viole les clauses de ce
contrat. Parmi ces écrits, on doit citer au premier rang le Franco-
Gallia de Hotmann, et le Vindiciæ contra tyrannos altribué à
Duplessis-Mornay. V. particulièrement Vindiciæ contra lyrannos,
Edimbourg, 1579, p. 85. — Cons. Lureau, Doctrines politiques
chez les écrivains protestants de la seconde moitié du XVIe siècle,
1900; — Méaly, Les doctrires politiques des protestants, 1903.
Après l'assassinat de Henri If, les protestants abandonnent leurs
doctrines démocratiques pour soutenir l'hérilier du trône qui est
un des leurs; et les publicisles de la Ligue se font les apôtres pas-
sionnés de la plus violente démagogie. Le livre le plus caractéris-
tique de cet état d'esprit esl celui du curé de Saint-Benoît, Boucher,
intitulé : De justa abdicatione Henrici terlii, où l'auteur affirme que
tout pouvoir vient du peuple, que le peuple en insliluant ses princes
ne perd pas son pouvoir, qu’il peut et doit les détrôner lorsqu'ils
violent les clauses du contrat et expose tout une théorie du tyran-
nicide, faisant l'apologie de l'assassinat de Henri LIT par Jacques
Clément. Cf. sur tous ces points, Labitle, £a démocratie chez les
prédicateurs de la Ligue, 2° édit., 1865.
Ces doctrines élaient chez les Ligueurs des armes de combat;
elles sont dans le célèbre ouvrage de Mariana, De rege el regis
instilutione, 1603, l'exposé dogmatique d'une pensée réfléchie. Le
tyrannicide y est l'objet d'une théorie complète. Cf. Cirot, Mariana,
1905, particulièrement p. 32 et 112.
On a déjà indiqué au 8 précédent qu'à la fin du xvi* siècle
et au commencement du xvn° siecle, Bellarmin et Suarès ensei-
gnaient que le pouvoir vient du peuple, et qu'un contrat, pacte de
sujétion, intervient entre le peuple et le prince. Mais Suarès ensei-
gnait que, par ce pacle, le peuple peut aliéner complètement sa
puissance entre les mains du prince. « Bien que le pouvoir, écrit-il,
soil comme la propriété nalurelle de la communauté parfaite des
hommes, comme telle, néanmoins, il n'est pas en elle immutabi-
diler; maïs par le consentement de la communauté..…., il peut en
être séparé et transféré à un autre sujet » (De Legibus, livre III,
chap. 1, n° 6, Naples, 1872, I, p. 167). Dés lors au xvrie el au
xvie siècle, la question dominante sera celle de l'aliénabilité de
la souveraineté populaire; elle apparaîtra au premier plan dans
l'esprit de tous ceux qui, sous une forme ou sous une autre, placent
dans la collectivité la source de la puissance politique. Qu'on ne
croie pas cependant que les parlisans de l'inaliénabilité de la souve-
rainelé arrivent forcément à des conclusions libérales. Nul n'a plus
énergiquement affirmé cette inaliénabilité que Jurieu et Rousseau,
Sp
re
el'cependant nul n'a plus complètement subordonné l'individu à la
puissance sans limite de la volonté collective.
Au xvi siècle, Hobbes et Jurieu peuvent être considérés comme
les représentants lypes des doctrines démocratiques. L'un et l'autre
arrivent à l'absolutisme, l'un à l'absolutisme du prince; l'autre à
l’absolutisme du peuple. Les deux choses se valent!
Hobbes fonde la cité sur le consentement de ses membres,
Mais d'après lui cette lendance de plusieurs volontés à une même
fin ne suffit pas à la conservation de la paix et de la défense perma-
nente; pour cela il faut que les volontés de tous forment une volonté
une. C'élait déjà, on le voit, le moi commun, la volonté générale
de J.-J. Rousseau. Hobbes ajoute que cette volonté une ne peut
exisler que si chacun subordonne sa volonté à la volonté d'un
autre, à la volonté d'un homme unique ou à la volonté d'un conseil,
de telle sorte que tout ce que celui-ci voudra touchant les choses
qui sont nécessaires pour la paix commune, soit tenu comme étant
volonté de tous et de chacun. Dans toute cilé, cet homme ou ce
conseil. à la volonté duquel tous ont subordonné leur volonté,
possède le summum imperium, qui résulle ainsi de ce que chacun
des citoyens a transféré toule sa force et puissance dans cet homme
ou ce conseil, dont le pouvoir par suite doit êlre sans limite
{Hobbes, De cive, et spécialement chap. V et VI).
On a souvent opposé Jurieu à Hobbes. C'est à tort. Les doctrines
politiques de Jurieu n'ont point le caracière de doctrines libérales.
Les idées exposées longuement et lourdement par Jurieu dans les
Lettres pastorales (1688) et les Soupirs de la France esclave
(1690) peuvent se résumer ainsi : Toule société politique implique
l'existence d’un contrat, pacte de sujélion ou de souveraineté, inter-
venu entre le peuple et le prince; mais le peuple est toujours en
droit de retirer au prince, qui en fait un mauvais usage, le pouvoir
qu'il lui a donné; le peuple pourra apprécier souverainement si
le prince viole ou ne viole pas le contrat; il pourra le renverser
quand bon lui semblera, car « il faut qu'il y ait dans les sociélés
certaine autorité qui ne soit pas obligée d'avoir raison pour valider
ses acles; or celle autorité n’est que dans le peuple » (XXIIIe
dettre pastorale, p. 418). — Rapp. Bossuet, Ve Avertissement, spé-
cialement le paragraphe intitulé Principes de la politique de
M. Jurieu et leur absurdité. — Cons. R. Lureau, Les doctrines
politiques de Jurieu, thèse Bordeaux, 1904.
Locke explique la puissance politique par le consentement de
ceux qui y sont subordonnés. « Quiconque, dit-il, sort de l'état de
nature pour entrer dans une société, doit êlre regardé comme
ayant remis tout le pouvoir nécessaire aux fins pour lesquelles il
y est entré, entre les mains du plus grand nombre des membres »
Le gouvernement civil, ch. VII, $ 5, édit. franç., 1691, p. 126).
Mais il importe de noter que Locke a neltement affirmé la limi-
tation du pouvoir polilique par l'existence de droits naturels
30 INTRODUCTION
appartenant à l'homme, qu'il conserve dans la société, et qu'il
peut toujours opposer au pouvoir, non seulement d’un prince,
mais de législateurs élus par le peuple. « La raison pour laquelle
on entre dans une société politique, c'est de conserver ses biens
propres el la fin pour laquelle on choisit et revêt de l'autorité légis-
lalive certaines personnes, c'est d'avoir des lois et des règlements
qui protègent et conservent ce qui appartient en propre à loute la
société... Toules les fois donc que la puissance législative violera
celte règle fondamentale de la société et. tâchera de se mettre ou
de mettre d’autres en possession d'un pouvoir absolu sur les vies,
sur les libertés et sur les biens du peuple..., elle perdra entière-
ment le pouvoir que le peuple lui aurait remis pour des fins direc-
tement opposées à celles qu’elle s'est proposées. » (Ibid., ch. XVIII,
8 13 et 14, p. 284 et 285). On aperçoit là l'idée des droits indivi-
duels naturels, antérieurs et supérieurs à l'Etat et venant limiter
sa puissance législative, idée qui sera toute la Déclaration des
droits de l’homme.
J.-J. Rousseau n'a fait qu'exprimer, dans une belle langue, par-
fois cependant déclamatoire, des idées formulées déjà depuis des
siècles. On a beaucoup discuté la question des sources où avait puisé
l’auteur du Contrat social. Cela n'en valait guère la peine, car il
n'a fait que résumer des doctrines depuis longtemps connues de
tous. La société civile est née d’un contrat par lequel les hommes
ont renoncé à leur indépendance naturelle pour acquérir en retour
la sécurité. De ce contrat est né un corps moral et collectif, un
moi commun, une volonté générale (liv. I, ch. vi). Ce moi com-
mun est le souverain. Celte volonté générale souveraine est indi-
visible et inaliénable. De ce qu'elle est inaliénable, il résulte qu'elle
ne peut être représentée. La volonté générale fera donc elle-même
la loi, ou du moins il n'y aura de loi que celle qui, préparée par le
législateur, sera approuvée par le peuple. Le peuple doit inslituer
un gouvernement; mais il n’y a point de contral entre le peuple et
le gouvernement. Le gouvernement est le commis de la volonté
générale. Ce gouvernement peut d'ailleurs être démocratique,
arisiocratique ou monarchique suivant les pays. Aucune limite
n'existe, au profit de l'individu, au pouvoir du souverain, « car le
souverain n'élant formé que des particuliers qui le composent, n'a,
ni ne peut avoir d'intérêt contraire au leur; par conséquent, la
puissance souveraine n’a nul besoin de garants envers les sujets,
parce qu'il est impossible que le corps veuille nuire à tous ses
membres et nous verrons ci-après qu'il ne peut nuire à aucun en
particulier. Le souverain, par cela seul qu'il est, est toujours tout
ce qu'il doit être » (Contrat social, liv. I, ch. vr). J.-J. Rousseau
dil encore : « De plus l'aliénation se faisant sans réserve, l'union
est aussi parfaile qu'elle peut l'être et nul associé n'a plus rien à
réclamer; car s'il reslait quelques droits aux particuliers, comme il
n'y aurait aucun supérieur commun qui pôt prononcer entre eux et
& 12. — CRITIQUE DES DOCTRINES DÉMOCRATIQUES 31
le public, chacun étant en quelque sorte son propre juge préten-
drait bientôt l'être en tout; l'état de nature subsisterait et l'asso-
ciation deviendrait nécessairement tyrannique ou vaine » (/bid.,
ch. VI).
Ces quelques citations suffisent à montrer combien est fausse
l'asserlion de ceux (V. notamment P. Janet, Histoire de lu science
politique, II, p. 456, 3° éd.; Tchernoff, Montesquieu et J.-J.
Rousseau, 1903, p. 4) qui osent prétendre que la Déclaration des
droits de l’homme est inspirée du Contrat social. Elle en est aux
anlipodes! J.-J. Rousseau est le père des doctrines jacobines, le
père des doctrines absolulistes, qui tendent à l'absorplion complète
de l'individu par l'Etat. — Cons. l'édition du Contrat social, par
Dreyfus-Brisac, Paris, 1891 ; — Espinas, La philosophie sociale au
XVII siècle, 1900; —E. Faguet, Etudes sur le XV'1IP siècle, p.392;
— Liepman, Die Rechtsphilosophie des J.-J. Rousseau, 1898; —
Rod, L'affaire J.-J. Rousseau, 1906.
12. Critique des doctrines démocratiques. —
La substance même des doctrines que l’on vient d'ex-
poser brièvement est passée dans la législation politi-
que de la France moderne, et deux articles de la
législation de 1789-91 en ont nettement formulé le
résumé : « Le principe de loute souveraineté réside
essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu
ne peul exercer d’aulorité qui n’en émane expressément. »
{Déclaration des droits de 1789, art. 3.) « La souverai-
nelé est une, indivisible, inaliénable et impresciptible.
Elle appartient à la nation; aucune section du peuple
ni aucun individu ne peut s’en altribuer l’exercice. »
(Const. 1791, t. II, pr., art. 1.) Ces dispositions sont
devenues, pour une certaine école politique, des dog-
mes intangibles à l'égal des articles d’une religion
révélée et elles forment toujours assurément un prin-
cipe positif de notre droit politique. Malgré cela,
comme nous n'admettons aucun dogme, nous devons
en discuter la valeur. Or il n'est pas difficile de mon-
trer qu'elle est nulle et que le prétendu dogme de la
souveraineté nationale est une hypothèse gratuite qui
n'explique rien, un postulat inutile.
D'abord, la souveraineté de la collectivité implique
que la collectivité possède une personnalité, une vo-
lonté distincte de la personne, de la volonté des indi-
32 INTRODUCTION
vidus qui la composent. Or cela est indémontré et est
indémontrable. Pour établir l'existence d'un moi com-
mun, d'une personne collective, Hobbes, J.-J. Rousseau
et tous ceux qui adoptent la même idée ont eu recours
à l'hypothèse du contrat social. Mais ce n'est qu'une
hypothèse vaine. On a déjà montré que c'est un cercle
vicieux d'expliquer la société par le contrat, car l'idée
de contrat n'a pu naître dans l'esprit de l’homme que
du jour où il a vécu en société. D'autre part, y aurait-
il un contrat tacite entre tous les membres du corps
social, qu'une volonté générale el commune, qu'un
moi commun n'en naîtrait pas. Par le contrat social,
les membres d'une même collectivité veulent une même
chose; mais rien ne prouve que de ce concours de
volontés naisse une volonté commune distincte des
volontés individuelles concourantes.
Cette volonté commune existerait-elle, on n'aurait
point démontré par là qu’elle peut légitimement s'im-
poser aux individus. En admettant que la puissance
politique appartienne à la collectivité personnifiée, on
n'a point démontré que cette puissance publique soit
légitime. La volonté de la collectivité est, dit-on, supé-
rieure à la volonté individuelle. Pourquoi? Pour être
collective, la volonté du groupe n'en est pas moins une
volonté humaine, et on ne démontre pas qu'une vo-
lonté humaine puisse s'imposer à une autre volonté
humaine. On a dit que la Révolution avait substitué le
droit divin du peuple au droit divin des rois; c'est
vrai; car l'affirmation que la collectivité a le pouvoir
légitime de commander parce qu'elle est la collectivité,
est une affirmation d'ordre métaphysique ou religieux
de la même manière que l'affirmation du droit divin
des rois.
J.-J. Rousseau a cru résoudre la difficulté en écri-
vant : « Enfin chacun se donnant à tous ne se donne
à personne. » Qui ne voit que c'est un pur sophisme?
En vérité quoi qu'on fasse, cette prétendue volonté
générale ne s'exprime jamais qu'au moyen d'une
S 42. — CRITIQUE DES DOCTRINES DÉMOCRATIQUES 33
majorité et la puissance publique, le pouvoir de
commander appartient à une majorité qui impose
sa volonté à une minorité. Or on ne démontre pas, on
ne peut pas démontrer qu’une majorité ait légitime-
ment le pouvoir d'imposer sa volonté, cette majorité
serait-elle l’unanimité moins un. La puissance de
commander reconnue à une majorité peut être une
nécessité de fait; elle ne peut pas être un pouvoir lé-
gitime.
J.-J. Rousseau n’a point manqué de prévoir l'objeclion. « On de-
mande, dit-il, comment l'hofnme peut être libre et forcé de se confor-
mer à des volontés qui ne sont pas les siennes. Comment les opposants
sont-ils libres et soumis à ‘des lois auxquelles ils n'ont pas con-
senti. » Il répond : « La question est mal posée. Le citoyen consent
à toutes les lois, même à celles qu'on passe malgré lui et même à
celles qui le punissent quand il ose en violer quelque une. La volonté
constante de tous les membres de l'Etat est la volonté générale;
c'est par elle qu'ils sont citoyens et libres. Quand on propose une
loi dans l'assemblée du peuple, ce qu'on leur demande n’est pas pré-
<cisément s'ils approuvent la proposition ou s'ils la rejettent, mais
si elle est conforme ou non à la volonté générale qui est la leur ;
chacun en donnant son suffrage dit son avis là-dessus et du calcul
des voix se tire la déclaralion de la volonté générale. Quand donc
l'avis contraire au mien l'emporte, cela ne prouve autre chose sinon
que je m'étais trompé et que ce que j’estimais être la volonté géné-
rale ne l'élait pas. » {Contrat social, liv. IV, ch. n). Le sophisme
passe la mesure : et l'obligation où est Rousseau d'écrire de pareil-
les choses pour défendre sa thèse en démontre le néant.
Ces observations nous paraissent réfuter d'avance les raisonne-
ments par lesquels M. Esmein veul démontrer la vérité du principe
de la souverainelé nationale. Notre savant collègue écrit : « La fic-
tion du contrat social élant écartée, sur quelles idées peut-on et
doit-on faire reposer la souveraineté nationale ? J'en vois deux, qui
ne sont au fond que deux aspects distincts d'une même vérilé. La
première est une idée de bon sens, presque évidente, qui a long-
temps suffi à l'esprit des hommes: c'est que la puissance publique
et le gouvernement qui l'exerce n'existent que dans l'intérêt de tous
les membres qui composent la nalion. La souveraineté nationale
est aussi la seule interprétation juridique exacte et adéquate d'un
fait social incontestable et qui s'impose…., l'obéissance ne peut être
obtenue. que par l'adhésion de l'opinion publique. Reconnaître,
organiser et respecter la souveraineté nationale, c'est donner à
Topinion publique. une valeur juridique, une autorité légale. »
:Esmein, Droit constitutionnel, 4e édit., 1906, p. 205-213). Ce rai-
sannement ne nous convainc pas. Îl est hors de doule que ceux
Dueurr 2
34 INTRODUCTION
qui détiennent le pouvoir doivent l'exercer dans l'intérêt de tous.
La conséquence en est que le gouvernement doit être organisé de
telle manière que l'on soit assuré autant que possible que les hom-
mes qui l'exercent agiront dans l'intérêl de tous. La proposition,
‘essentiellement juste, ne va pas plus loin ; elle ne peut justifier une
affirmation métaphysique sur l'origine du pouvoir. On en dira au-
tant de le seconde proposition de M. Esmein. Assurément il y a
dans chaque nation à un moment donné un certain nombre d'idées
communes, qui forment ce que l'on appelle l'opinion publique, et
les hommes au pouvoir seront d'autant mieux obéis qu'ils agiront
d'accord avec l'opinion publique. Mais cela ne démontre nullement
l'existence d'une volonté nationale souveraine se traduisant par la
majorité d’un corps électoral arbitrairement déterminé; cela mon-
tre seulement l'obligation, pour les hommes qui sont au pouvoir,
d'agir en conformité avec l'opinion publique.
Le principe de la souveraineté nationale est non
seulement indémontré et indémontrable; mais il est
encore inutile. Plus que personne nous croyons qu'il
est bon et équitable que la plus grande quantité pos-
sible d'individus soient associés à la puissance poli-
tique dans un pays donné et nous estimons que le
progrès consiste avant tout à élever le degré de cul-
ture générale et à faire participer à la puissance poli-
tique un nombre toujours plus grand d'individus. En
un mot, le suffrage universel réglementé et organisé
est l'idéal vers lequel nous désirons que tendent tous
les États. Dès lors on comprendrait que l'on défendit
le principe de la souveraineté du peuple, s'il avait pour
conséquence nécessaire, logique, le suffrage universel.
Or il n'en est rien. La souveraineté en effet n’est pas
dans cette conception la somme des volontés indivi-
duelles ; elle est une volonté générale dans laquelle vien-
nent se fondre, se perdre en quelque sorte les volontés
individuelles. Quand Rousseau dit (Liv. IIE, chap. que
si l'Etat est composé de 10.000 citoyens, chacun d'eux
à la dix-millième partie de l'autorité souveraine, il se
met en contradiction avec lui-même. Car après avoir
affirmé que la souveraineté est indivisible, il la frac-
tionne en autant de parts qu'il y a de citoyens; après
avoir dit que le moi commun est titulaire de la souve-
raineté, il la donne parindivisà la somme des citoyens.
Eu Len
PP
#
52 INTRODUCTION
fe
positive faite par l'Etat. Le droit objectif est aujour-
d'hui surtout la loi écrile et cela est vrai aussi bien
pour le droit public que pour le droit privé. Cepen-
dant la loi écrite positive n'est pas tout le droit; elle
n'est pas plus tout le droit public qu'elle n'est tout le
droit privé. A côté de l'expression législative du droit,
la coutume continue à jouer un rôle important et beau-
coup de règles coutumières viennent se superposer
aux règles législatives. 11 se produit entre la loi écrite
et la règle coutumière une série d'actions et de réac-
tions qu'on ne peut qu'indiquer ici. Souvent la loi
écrite est venue donner une expression plus précise à
une règle déjà constatée par la coutume. Parfois aussi
cerlaines dispositions de la loi écrite, qui peut-être,
au moment où elles ont été portées, ne répondaient
pas exactement à la situation prévue, ont provoqué
l'établissement d'une pratique qui, par son application
répétée, a donné naissance à une règle de droit qui
avait été, en quelque sorte, formulée d'avance par le
législateur.
On a beaucoup discuté et on discute encore la question de savoir
si la coutume peut abroger des dispositions de la loi écrite. Ce que
nous avons dit sur la coutume montre que la question est ainsi mal
posée. En effet, la coutume ne créant point le droit ne peut, évidem-
ment, abroger une règle de droit. La loi d’ailleurs ne crée pas le
droit davantage. 11 faut donc poser ainsi la question : étant donné
qu'il est manifeste qu'une disposilion écrite est en contradiction
avec le droit d’un peuple à un moment donné el que, d'autre part,
la règle adéquate à ce droit n'est encore constatée que par une
pratique coutumitre, doit-on appliquer la règle écrite ou la règle
coutumière? Nous n'hésitons pas à dire qu'il faut appliquer la règle
coutumière, car la solution contraire aboutirait à dire que lorsqu'on
se trouve en présence de deux règles dont l'une est le droit et dont
l'autre ne l'est pas, il faut appliquer la règle qui n'est pas le droit.
Dans beaucoup de pays modernes le droit public est
constaté par deux catégories de lois appelées les unes
lois constitutionnelles et les autres lois ordinaires.
Pour éviter une confusion entre les lois constitution-
nelles au sens général du mot, désignant toutes les
lois d'organisation politique, et celles dont nous par-
bons maintenant, on appelle celles-ci lois constitution-
58 INTRODUCTION
72 INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
LES ÉLÉMENTS DE L'ÉTAT
A. La collectivité.
B. Le terriloire.
C. La souveraineté.
o A
S 28. — NOTION GÉNÉRALE DE LA SOUVERAINETÉ 113
qu'à la condition qu'elle possède la puissance politi-
que sur un territoire déterminé, c'est-à-dire qu'elle
puisse imposer sa volonté comme telle à toute personne
se trouvant sur ce territoire, Cetle puissance politique,
est-elle la souveraineté? Nous avons déjà, à plusieurs
reprises, employé le mot de souveraineté dans le sens
de puissance politique ainsi définie. Certainement
cesten ce sens que les auteurs de nos constitutions
ont pris ce mot; et c'est en ce sens qu'il est employé
le plus souvent dans la langue du droit public fran-
çais. Mais il a parfois d’autres sens et pour éviter des
confusions, il importe de les indiquer. C'est en partie
faute de cette précaution que se sont élevées des con-
troverses très obscures sur le caractère de la souve-
raineté. ‘
On emploie souvent le mot souveraineté et le mot
souverain pour désigner l'organe suprême de l'Etat,
compris comme étant l'organe duquel dérivent direc-
tement ou indirectement tous les autres organes de
l'Etat. Ainsi, on dit que dans une monarchie absolue,
le monarque est le souverain ou possède la souverai-
neté, parce que c’est de lui qu'émanent directement
ou indirectement tous les autres organes de l'Etat. De
même on dit qu'à l'heure actuelle en France, le corps
électoral est le souverain, parce que tous les organes
de l'Etat, tous les agents de l'Etat sont créés directe-
ment ou indirectement par lui. Nous n'avons point
pour le moment à nous occuper de la souverainelé
ainsi comprise. Cet organe dit souverain en réalité
n'exerce que la puissance de l'Etat; ce caractère de
souverain qu'on lui attribue qualifie sa situation à
l'égard des autres organes de l'Etat considéré et la
question de savoir quel est l'organe souverain ainsi
compris est résolue par la loi constitutionnelle du
pays.
Les mots souverain et souverainelé sont encore em-
ployés pour désigner le caractère d'un organe ou d'un
agent qui, d’après le droit positif d'un pays, prend des
114 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER
L.
2m. CEE
.
1897, p. 680-682). — Cf. une doctrine analogue chez Gierke, Jahr-
bûcher de Schmoller, VII, 1883, p. 1097 (doctrine discutée par
Le meme
Laband, I, p. 75); Hœnel, Sfudien, 1887, I, p. 63 et suiv. — V. cri-
tiques de ces théories, Jellinek, Al/lgemeine Staatslehre, p. 749
etsuiv.
Fe de
Si l'on maintient la théorie française de la souveraineté, puis-
sance indépendante, une et indivisible de l'Etat, cette théorie de
l'Etat fédéral est certainement celle qui prête le moins à la critique.
Cependant elle ne nous satisfait pas entièrement. En effet, en disant
avec M. Lefur que les Etats-membres sont parlicipants à la subs-
lance de la souveraineté fédérale, comme les citoyens d'une répu-
blique démocratique unilaire le sont à la suhstance de la souverai-
neté nationale, on arrive logiquement à une conséquence qui ne
cadre pas avec les faits. On a montré($23) que sila souveraineté en sa
substance appartient à la nation composée des ciloyens, il ne s’en-
suit pas que les citoyens aient un droit subjectif à l'exercice de
cette souveraineté. De même si la souveraineté appartient dans sa
substance à la corporation des Etats-membres, il ne s'ensuit pas
que les Elals-membres aient un droit à l'exercice de la souverai-
neté. Or, il semble bien qu'en fait ce qui caractérise le fédéralisme,
c'est le droit appartenant aux Etats composants de participer à la
souveraineté. Îl est vrai qu'on pourrait dire que de même que les
individus ont le droit d'être reconnus comme membres de la nation
‘cf. $ 23), de même les Etats-membres ont le droit d'être teconnus
comme membres de la corporation fédérale.
On a vu ($ 31) que devant toutes ces difficultés certains auteurs
allemands et français ont imaginé la théorie des Etats non souve-
rains, et enseignent que l'Etat central est seul souverain et que les
membres sont des Etats, mais des Elats non souverains. On a
essayé de montrer (8 31) que les partisans de cette théorie ne peu-
vent pas établir la distinction entre l’Etat-membre non souverain
d'un Etat fédéral et la circonscription décentralisée d'un Etat uni-
144 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER
taire. En outre, celte doctrine de la souveraineté et des Etats non
souverains serait-elle vraie, elle ne donne point une explication
juridiquement satisfaisante de l'Etat fédéral. En effet, on dit que
l'Etat central est seul souverain; cela explique comment il peut
déterminer sa sphère d'action propre, comme aussi celle des Etats-
membres non souverains; cette sphère d'action respective est déter-
minée par la constitution fédérale, qui est, dit-on, une émanation de
la volonté fédérale. A cela nous répondons : Tant que la constitu-
lion fédérale n'est pas faile, il n'y a pas d'Etat fédéral; c'est donc
un Etat fédéral qui n'existe pas encore, qui fait sa constitution,
laquelle détermine ls sphère d'action respective de l'Etat central et
des Elats-membres. C'est un pur cercle vicieux. — Sur la nature
juridique de l'acte fédéral, cf. Pohl, Bundesstaatsschôpfung.
Archiv für offent. Recht, XX, 1905, p. 173.
Une pensée vientà l'esprit; elle parait bien conforme aux fails
pour les Etals-Unis, la Suisse et l'Empire d'Allemagne :la consti-
tulion fédérale n'est pas l'œuvre de la volonté unilatérale de l'Etat
fédéral, mais d'une collaboration (Vereinbarung) intervenue entre
les Etats-membres. Ce sont donc eux, en fait, qui ont fixé la sphère
d'action respective de l'Etat central el des Etals-membres. Ce
seraient donc eux qui, dans la fédéralion, seraient seuls Etats sou-
verains. Mais il est bien difficile de dire que l'Etat central n'a pas
la souveraineté. On est donc ramené à la même impasse : il y a sur
le même territoire deux souverainetés. .
Finalement, bien que nous ayons exprimé nos préférences pour
la doctrine de la corporation fédérale, exposée par M. Lefur, notre
conclusion sera plutôt négalive, et nous persislons à penser que
quelle que soit la nolion qu'on se forme de la souveraité, on ne
peut, en maintenant ce concept, fondé sur la personnalité de l'Etat,
édifier une construction juridique salisfaisante de l'Etat fédéral.
Pour le développement de cette idée, cf. Duguit, L'Etat, les gou-
vernan(s et les agents, 1903, chap. VI.
CHAPITRE Il
LES FONCTIONS DE L'ÉTAT
A. La fonction législative.
84. La loi au sens matériel. — La fonction légis-
lative est évidemment la fonction par laquelle paraît
se manifester par excellence la souveraineté de l'Etat,
$ 34. — LA LOI AU SENS MATÉRIEL 149
dé
impérative.
Ve ee ue
2% Lois organiques. — Ce sont toutes les lois qui
créent les organes de l'Etat et qui fixent leur structure.
ee
Cette catégorie de lois comprend à la fois les lois
constitutionnelles rigides et toutes les lois d'organisa-
tion politique, administrative et judiciaire. Dans les
cônstitutions françaises de 1791 (tit. I), de 1793
+ Dee
(art. 122-124), de l'an IIL (art. 351-364), de l'an VIII
(art. 76-83), des Chartes de 1814 et de 1830 (art. 1-19",
de la constitution de 1848 (art. 2 à 17) et de 1852
(art. 1), un certain nombre de dispositions, placées
mm
en général sous la rubrique garantie des droits, inter-
disent au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif de
0
porter atteinte aux droits individuels formulés dans
les Déclarations des droits et énumérés à nouveau ou
A
simplement visés. «
Tout le monde reconnaît que ces Garanties des droits sont des
lois vérilables. Ainsi pour M. Esmein les Déclarations des droits
ne sont point des lois, mais les Garanties des droits ont certaine-
ment le caractère législatif. « Ce sont, dil-il, de véritables lois posi-
tives et obligatoires » (Droit const., 4e édit., p. 460). Mais si ce
sont des lois posilives et obligaloires, elles doivent contenir un
commandement. À qui esl adressé ce commandement? M. Esmein
dit très justement qu'il est adressé au pouvoir législalif lui-même.
«Ce qu'on veut par ces garanlies, c’esl protéger les droits indivi-
duels contre le législateur lui-même, lui interdire de faire aucune
loi qui les entame ou qui les viole ». Cela est dit d'ailleurs expres-
sémentau titre [, $ 3 de la constitulion de 1791 : « Le pouvoir lé-
gislatif ne pourra faire aucunes lois qui portent alleinte et mettent
obstacle à l'exercice des droits naturels el civils consignés dans le
présent titre et garantis par ta constitulion ».
Si les Garanties des droits contiennent un comman-
dement, c'est un commandement adressé au législa-
teur, c'esl un commandement adressé par l'Etat à lui-
même, et on ne comprend pas que l'Etat se donne un
ordre à lui-même. La même question que pour les Dé-
$ 36. — LA LOI EST UNE DISPOSITION IMPÉRATIVE 467
B. La fonclion administrative.
88. La fonction administrative et l’acte admi-
nistratif. — 11 faut déterminer le caractère de la
fonction administrative, comme nous l'avons fait pour
la fonction législative, au point de vue purement maté-
riel, c'est-à-dire au point de vue de la nature juridique
interne de l'acte administratif, sans considérer le
caractère de l'organe ou de l'agent qui fait l'acte. Au
point de vue formel, la fonction administrative com-
prend tous les actes qui émanent d'organes ou d'agents
auxquels la loi du pays considéré attribue le carac-
tère administratif. Assurément cette conception for-
melle est commode, parce qu'elle dispense dans la
pratique de faire une analyse juridique qui souvent
est délicate. Mais cette conception, par cela même
qu'elle est formelle, est artificielle; elle n'est pas adé-
quale à la réalité des faits. On a déjà dit que souvent
des organes ou des agents, n'ayant certainement pas
k caractère administratif, faisaient des actes certai-
RL
ti
=> .
S 40. — LES RÈGLEMENTS 191
née à l'aclivité législative, c’est bien plutôt dans la législation que
dans l'administration qu'apparaît l'agir de l'Elat. Cf. L. Huguil,
L'Etat, le droit objectif, p. 438 el suiv.
40. Les règlements ne sont pas des actes
administratifs. — Pour établir que la fonction admi-
nistrative est bien la fonction qui consiste à faire des
actes juridiques proprement dits, il nous reste à éta-
blir qu'un certain nombre d'actes, rangés parfois au
nombre des actes administratifs, n’ont point ce carac-
tère. Il faut faire cette démonstration en la tirant, non
point du caractère de l'organe ou de l'agent qui fait
ces actes, de la recevabilité ou de la non recevabilité
de tel ou tel recours (ce serait se placer au point de
vue formel), mais seulement du contenu même des
actes.
Règlements du chef de l'Etat. — L'opinion qui voit
dans les actes réglementaires des actes administratifs
est si généralement répandue qu'il n'est point inutile
d'insister pour établir que rationnellement on ne peut
y voir, au point de vue matériel, que des actes légis-
latifsi V. ce qui a été déjà dit $ 38. Pour faire cetle
démonstration, le mieux est d'examiner les princi-
paux cas où, dans le droit français acluel, sont faits
des règlements. On est d'accord pour définir le règle-
ment toute disposition par voie générale émanant
d'un organe autre que le parlement, ou si l'on veut
toute disposition par voie générale édictée en une
forme autre que la forme législative (c'est-à-dire vote
par le parlement et promulgation par le président de
la république). Comment se fait-il que des organes
autres que le parlement puissent édicler des disposi-
tions par voie générale, là n'est pas la question pour
le moment. Ce serait une question se rattachant au
point de vue formel. La seule question est celle-ci :
le contenu de ces divers règlements doit-il les faire
classer parmi les actes législatifs ou les actes admi-
nistratifs au sens matériel ?
On rencontre d’abord les règlements que fait le
192 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II
cas, elle agit par acte de gestion (acte contractuel)? Non. Etablir
un criterium général pour résoudre cette question ce serail revenir
à la doctrine du but. II faut, dans chaque espèce, procéder à une ana-
lyse des circonstances el rechercher si en fait il y a les éléments d'un
conlrat ou ceux d'un acte unilatéral. Tout ce que l'on peut dire,
c'est qu'il y a aujourd'hui, aussi bien dans le droit public que
dans le droit privé, une tendance à la décroissance du domaine
des acles contractuels et à l'accroissement du domaine des actes
unilatéraux, mouvement qui se raltache à ce que nous appelons
la socialisation du droit, laquelle a elle-même pour cause efficiente
la conscience plus nelle et plus forte de la solidarité sociale. Cf.
Duguit, L'Etat, le droit objectif, 1901, p. 53 et suiv.
Ya-til un crilerium formel qui permetle de reconnaitre, dans
la pratique, si en fait l'administration a procédé par voie d'acte
uriilaléral ou par voie de contrat? Evideminent il y en a un. Mais
il est éminemment complexe; et il est variable avec chaque espèce
qui se présente. Son application demande une analyse minutieuse
des conditions dans lesquelles l'administration est intervenue et
aussi de la notion que se forment à un moment donné, dans le
pays considéré, administration et administrés, pour l'espèce con-
sidérée, du mode d'intervention de l'administralion.
Cependant de bons auleurs ont dit : Pour savoir si l'acte admi-
nistralif est unilatéral ou contractuel, il y a un moyen très simple :
l'acte est unilaléral quand l'administration peut revenir sur ce
qu'elle a fait, modifier, révoquer cet acte, se soustraire même aux
obligations qui en résultent pour elles; si au contraire l'adminis-
{ration ne peut pas modifier ou supprimer la silualion qui résulte
de l'acte, celui-ci est contractuel. On fait l'application de ce crile-
rium pour la nomination des fonctionnaires el pour les concessions
sur le domaine public. Certains auleurs ont dit : la preuve que la
norminalion d'un fonctionnaire est un acte unilatéral, c'est qu'en
principe le fonctionnaire est révocable. V. notamment Ilauriou,
Droil admin., 5° édil., 1903, p. 557, nole 1.
Celle manière de voir est, à notre avis, tout à fait fausse. Elle
méconnail une idée féconde, qui est le fondement même du droit,
idée d'après laquelle la volonté unilatérale en général et la volonté
unilalérale des agents administratifs particulièrement peut créer une
silualion de droit aussi énergique et produisant les mêmes consé-
quences que celle résultant d'un contral. Quand l'administration
peul rapporter un acte, modifier ou supprimer la situation de droit
qui en élail née, c'est tout simplement que cet acte n'a pas fait
uailre d'obligation à la charge de la personne publique ou n'a fail
naîlre qu'une obligation révocable. Mais la situation, née d'un acle
uniluléral, peut lier la personne publique aussi énergiquement que
celle née d’un acte contracluel, par exemple, la situation née d’un
ucle d'expropriation, de réquisition, destruclion d'animaux alteints
de maladies contagieuses, tous actes qui sont cependant inconlesta-
$ #4. — COMPLEXITÉ DE LA FONCTION JURIDICTIONNELLE 237
blement des actes unilaléraux. La nomination de fonclionnaires
(cf. 8 65), la concession sur le domaine public sont, à notre avis, des
actes unilatéraux. La raison n'en est point la révocabililé de ces
actes, mais simplement le fait que la volonté du fonctionnaire
ou du concessionnaire n'intervient que comme condition de l’acle
et non comme élément de formation. D'autre part, il y a aujour-
d'hui dans la jurisprudence une tendance certaine à limiler pour
ces deux situations les droits de révocation discrétionnaire de
l'administralion.
Le criterium proposé est donc inadmissible. Il faut s'en tenir à ce
qui
a été dit précédemment : examiner avec soin chaque espèce;
déterminer le moment auquel l'acle juridique peut être considéré
comme complèlement formé, tenir compile des idées juridiques du
moment, de l'intention de l'administration et des administrés.
Sur le fondement de la force obligatoire pour l'Elat des contrats
faits par lui cf. $ 29, no 2.
C. La fonction juridictionnelle.
f
D
Ur
la victime, était bien juridiction au sens matériel: elle
l'est restée depuis qu'elle est le jugement de la viola-
tion de la loi, qu'elle est juridiction objective. La con-
damnation n'est pas un acte administratif proprement
dit parce qu'elle est la conséquence forcée, logique,
de la règle de droit. La condamnation pénale apparait
encore comme la conclusion d'un syllogisme dont la
majeure est la disposition de la loi, la mineure, la
constatation du fait constituant l'infraction, et la con-
clusion, les termes de la condamnation. Il n'y a pas là
véritablement un acte administratif parce qu'il n'y a
pas une manifestation de volonté de l'Etat faite dans
le but exclusif de créer une situation de droit nouvelle,
mais une manifestation de volonté rendue logiquement
nécessaire par la constatation de infraction faite à la
loi.
Cela cadre parfaitement avec les dispositions de
l'art, 8 de la Déclaration des droits de 1789 et de l'art. 4
du code pénal: « Nulle contravention, nul délit, nul
crime, ne peuvent êlre punis de peines qui n'étaient
pas prononcées par la loi avant qu'ils fussent commis».
Eu effet, si au moment où le fait a été commis il
n'était pas prévu et puni par la loi pénale, le tribunal
peut bien constater que le fait a eu lieu, mais non pas
qu'il a été une violation de la loi; la majeure du syllo-
gisme fait défaut, et il ne peut pas condamner.
Enfin la condamnation pénale a évidemment une
portée plus générale que celle rendue sur l'existence
d'un droit subjectif pécuniaire. La théorie ordinaire
de la relativité de la chose jugée ne peut pas s'appli-
quer, Il naît à la suite de la condamnation un état
un sfatus), une situation objective, bien plutôt qu'une
Situation subjective proprement dite, une situation
qui s'impose au respect de tous.
Juridiction réparative. — Bien que cette expression
ne soit pas encore passée dans l'usage, nous l'em-
ployons, parce qu'elle nous parait commode et exacte,
pour désigner la fonction juridictionnelle intervenant
252 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE Il
tar
cela n'est point un droil subjeclif de la personne-organe, mais seu-
lement le pouvoir d'exercer les droits dont la personne collective
es! tilulaire, En second lieu la personne consliluée organe a un
droit subjeclif à étre reconnue comme organe, et ce droit elle l'a
contre lout le monde, contre la collectivilé personne juridique,
contre lous les individus pris séparément et dont l'ensemble forme
la personne collective.
On a indiqué plus haul la différence (héorique existant entre le
mandalaire el l'organe : le mandataire a une personnalité distinete
de celle du mandant: la volonté qu'il exprime est sa propre volonté,
el ce n'est que par représentalion qu'elle est traitée comme la
volonté du mandant, personne individuelle ou personne collective:
l'organe en tant qu'organe n'a pas de personnalité distinete de celle
de la colleelivité; el c'est bien la volonté de Ja collectivité qu'il
exprime direclement. De cetle différence lhéorique découlent des
conséquences praliques. Aucun rapport n'existe entre la collectivité
el ses organes, entre l'Elat el ses organes; un rapport peut bien
exister entre l'Etat et les individus supports de ses organes; mais
ce rapport n'est point régi par les règles du mandat, el la respon-
sabililé de l'individu support d'organe envers la collectivité, l'Etat
ou une autre personne collective, ne doit doit point êlre assimi-
lée à la responsabilité du mangalaire envers son mandant, Lors-
qu'un organe a fail un acle au nom d'une corporation, si les effets
juridiques de cel acle sont en question, la corporalion est seule
parlie inléressée el responsable; l'organe ne peul pas être mis en
cause. C'est en vertu de la même idée qu'on explique la responsa-
bililé délictuelle et même la responsabilité pénale des personnes
collectives : si lorsque l'organe veut el agit, c'esl vérilablement la
colleclivilé qui veut et agit, quand l'organe a commis une faute,
c'est vérilablement la personne collective qui a commis la faute, et
par conséquent sa responsabilité délicluelle el mème pénale peut
êlre engagée. Cf. Mestre, Les personnes morales et le problème de
leur responsabililé pénale, 1899.
Si l'organe se distingue du mandalaire, l'an et l'aulre doivent
êlre soigneusement dislingués du préposé. Le mandataire est celui
qui fait un acle juridique pour une autre personne. Le préposé esl
celui qui accomplit pour le comple d'un autre un cerlain agisse-
ment, mais n'ayant pas le caraclire d'acle juridique. Peu importe
d'ailleurs le rapport de droil pouvant exister entre le préposant el
le préposé : ce peut être un mandal, un louage de service, une ges-
lion d'affaires. La qualité de préposé ne dérive pas de lel ou lel
rapport de droit unissant le préposant et le préposé; elle résulle de
ce fait qu'un individu accomplit un cerlain agissement, n'ayant pas
le caractère d'acte juridique, dans l'intérêt d'une autre personne.
Le mandataire fait au contraire un acle juridique pour une autre
personne; il n'y a de mandataire qu'à cetle condilion, La même
différence sépare l'organe et le préposé. L'organe est instrument de
284" PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE /III
l'Elal. Quant aux membres du collège-organe, ils sont eux aussi des
organes: ils sont organes de l'organe-collège, lequel est organe de
l'Elal; el pour celle raison on appelle les individus composant les
organes collégiaux, des oganes-purties. Des corporations peuvent
elles-mêmes êlre organes direcls d'un Elat. Dans l'Elat fédéral, les
Etats-membres, qui le composent, sont organes directs de l'Elal
central.
Les organes directs sont ou des organes de créalion ou des orga-
nes créés. Un organe direct peut exister par cela seul que l'ordre
juridique attribue directement à des individus ayant une cerlaine
<iluation la qualité d'organes, par exemple la qualité de monarque à
el membre d'une famille, la qualilé d'électeurs à lels citoyens.
Mais il peut se faire qu'un organe ne puisse exislér qu'au moyen
d'un acte juridique spécial ayant pour objet la créalion d'un organe
direct, L'organe naissant ainsi est un organe direcl créé. Les per-
soones élablissant par un acle de volonté des organes directs, for-
men un organe direct de création. Juridiquement aucun rapport
r'exisle entre l'organe créateur el l'organe créé.
L'organe créé est un organe direct: juridiquement il est complèé-
lement indépendant de l'organe créaleur. L'organe créé n'est point un
mandalaire de l'organe créaleur; il n'est même pas un organe de
l'organe créaleur, elainsi l'organe direct créé se dislingue de l'organe
direct secondaire. Toute monarchie élective offre l'exemple d'un
organe direct créé; par exemple l'ancienne monarchie polonaise, le
Saint Empire dont le chef élait élu par les princes électeurs, Dans
l'Eglise catholique, le pape élu par le collège des cardinaux, est un
vrgane direct créé el complètement indépendant en fail eten droit du
Sacré Collège, organe de créalion. Dans l'esprit de la loi conslilulion-
selle du 2 février 1875, le président de la république est un organe
créé par les chambres réunies en assemblée nalionale; il est un
organe direct créé, complètement indépendant en droit des cham-
bres, organe de créalion. L'acte de création est en réalité une con-
dilion à l'arrivée de Jaquelle est subordonnée l'applicalion de la loi
vrganique, donnant la qualilé el le pouvoir d'organe à lel individu
ou à {el groupe d'individus. On comprend ainsi comment l'organe
créé peut avoir des pouvoirs plus élendus que ceux de l'organe
créaleur, comment par exemple il n'est point illogique (contraire-
ment à ce que l'on dil souvent) que notre président de la république,
crée par le parlement, puisse dissoudre une partie du parlement, la
chambre des députés ; il ne serail pas plus illogique qu'il pût aussi
dissoudre le sénat,
Voisine de la distinction qui précède, mais cependant dislincle
d'elle. apparait une autre classificalion des organes direcls : les orga-
nes directs primaires el les organes direcls secondaires. L'organe
direct secondaire d'une corporalion esi l'organe direcl d'un organe
direcl de eetle corporation. L'organe direct secondaire de l'Elat est
un organe direct d'un organe direct de l'Etat. Quand par suite de
… ON |
2
être la seule base de la représentalion; que tout autre
répartition dénaturerait encore la souveraineté nalio-
nale qui suit la loi du nombre » (Esmein, 4° édit.,
p. 231). De cela, il résulterait qu'on ne peut, sans vio-
ler les vrais principes du gouvernement représentalif,
organiser la représentation proportionnelle des partis,
ni la représentation des groupes sociaux ou représen-
lalion professionnelle. [l n‘y a pas, à notre sens, d'idée
plus fausse que celle-là : un pays ne possède vraiment
le régime représentatif que lorsqu'il a la représenta-
tion proportionnelle et la représentation profession-
nelle; ni l'une ni l'autre ne sont contraires à la théorie
française du mandat représentatif. Cf. sur ces deux
points $ 56 et 57.
De même, on a dit parfois, et particulièrement au
moment du vole de la constitution de 1848, que le
système des deux chambres élait incompatible avec
les vrais principes de la représentation de la volonté
nationale. On montrera au $ 56 qu'il n’en est rien.
Nous avons supposé jusqu'à présent que la repré-
sentalion de la volonté nationale appartenait à une
assemblée; c'est ce qui a lieu le plus ordinairement.
Mais rien ne s'oppose, dans la théorie même du man-
dat représentatif, à ce que la nation donne mandat à
un homme de la représenter. La théorie francaise du
mandat représentatif reste la même, que le mandat
soit donné à une collectivilé ou à un seul. L'idée d'une
représentation du peuple par un homme existait déjà
dans la concession de la puissance tribunitienne,
accordée par le peuple aux premiers empereurs romains
au moyen de la lex regia. La constitution de 1791
(it, IT, préamb., art. 2) déclare que les représen-
lants de la nation sont : « le corps législatif et le roi ».
Dans la constilution de 1848, on lit : « Le peuple
français délèque le pouvoir exécutif à un citoyen qui
recoitle titre de président de la République » (art. 43).
On sait que le président de la république devait être
élu pour quatre ans au suffrage directet universel. Enfin
312 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
ral une influence trop profonde pour que dans la matière de la sépa-
ralion des pouvoirs son action ne se soit pas fait notablement sentir.
Il est vrai cependant que la conslitution de 1793 fut une réaction
contre le système même de 1791. Inspiréc du Contrat social,
volée sous l'influence prépondérante de Robespierre, elle affirme
l'unité et l'indivisibililé de la souverainelé, ne parle plus de sépa-
ration des pouvoirs, mais seulement des limiles des fonctions
publiques. « Elle (la garantie sociale) ne peut exister si les limi-
Les des fonctions publiques ne sont pas clairement déterminées »
(Déclaralion 1793, art. 24j. La souveraineté esl représentée dans
sa lolalité une et indivisible par le corps législatif, et le conseil
exéculif sera un simple agent d'exécution sous l'autorité constante
du corps législatif {art. 65). Si ce n'élait l'idée de représentation à
laquelle on fait une place, ce serait lapure théorie de J.-J. Rousseau,
qui repousse énergiquement loute idée de séparation des pouvoirs.
On a bien dit que Rousseau distinguait le pouvoir législatif el le pou-
voir exteulif; mais c'est jouer sur les mots. D'après Rousseau, il y
a le pouvoir souverain qui appartient au peuple et qu'il ne peut
déléguer el il y a le gouvernement, commis du peuple, qui exécute
sa volonté (iv. HIT, chap. 1}. On voit par ces quelques mots que ni
dans le Contrat social, ni dans la constitution de 1793, il n'y a rien
qui rappelle de près ou de loin la séparation des pouvoirs de 1791.
Happrocher les plaisanteries de Rousseau à l'adresse des partisans
de la séparation des pouvoirs (liv. IT, chap. 11); cf. le passage rap-
porté au $ 30.
La constitution de 1793 ne fut pas appliquée. Dans la constitu-
lion de l'an HI, la Convention reproduil presque dans les mème:
lermes les principes de 1791 sur la séparation des pouvoirs et la
régle des lrois pouvoirs. Elle rêve aussi de créer trois pouvoirs, et
particulièrement un pouvoir législatif el un pouvoir exécutif abso-
lument disfinets et indépendants l'un de l'autre, On sait combien
mal elle y réussit. L'hisloire du gouvernement directorial est celle
d'une serie ininterrompue de coups d'Etat; elle aboutit au 18 bru-
maire qui emporte le régime.
En 184$ Jes principes et les formules de 17% reparaissent.
La séparation des pouvoirs est la première condition d'un gou-
vernement libre » (Const. de 1848, art. 19). Au bout de trois
années d'une vie précaire, la constilulion s'effondre le 2 décembre
1So1. La separation des pouvoirs ne fut point la cause unique de<
coups d'Elal du 18 brumaire et du 2 décembre. Les faits politique
sont le produit d'une infinité de causes complexes. Mais nous res-
tons convaincu que la séparation rigoureuse qu'on avait voulu
élublir entre les organes, en l'an IlLet en 1848, fut la cause princi-
pale des graves conflits dont un coup de force fut le dénouement.
Les {héoriciens de la séparation des pouvoirs, comprise comme
en 1791, n'ont point manqué. Il n'en est pas qui aient poussé plus
loin les conséquences théoriques de la conception, que l'illustre
8 55. — LA SÉPARATION DES POUVOIRS EN DROIT ACTUEL 329
philosophe Kant. Pour lui, chacun des grands pouvoirs de l'Elat
possède une personnalité autonome et distincte; mais malgré celle
trinité, l'Etat forme une personne unique. « Chaque Elal, dit-il,
renferme en soi trois pouvoirs, c'est-à-dire la volonté universelle
réunie en une triple personne ({rias politica.….). Les trois pouvoirs
de l'Etat sont coordonnés les uns aux autres comme autant de per-
sonnes morales ». D'après Kant, la volonté de ces trois personnes
se combine dans un raisonnement pratique unique, dont la loi
forme le majeure, le précepte donné conformément à la loi la mi-
seure el la sentence judiciaire la conclusion (Kant, Principes
mélaphysiques du droil, édit. franç., 1855, p. 175 et 180). Cf.
Michoud, Théorie de la personnalité morale, 1906, p. 281.
Cette conceplion des pouvoirs apparaît aussi dans l'œuvre célè-
bre de L. Stein /Diz Verwaltungslehre, 1868:, bien qu'il paraisse
repousser la séparation des pouvoirs. 11 enseigne que le moi de
l'Etat est le souverain, le support de la personnalité organique et
autonome de l'Etat, quelle que soit sa forme, que l'acte par lequel
l'Etat détermine les motifs qui le font agir, juge au sens logique,
est la Kgislation; que la volonté de l'Etat lendant à s'extérioriser
et pouvant s'imposer même par la force est l'exéculion.
Enfin M. Hauriou, tout au moins pour le pouvoir exéculif, sem-
ble bien accepter la notion de pouvoir conçu comme un élément de
la souveraineté elle-même (Droit administ., 5° édil., 1903, p. 185
et 185, note 11. Cf. ce qui a été dit8 47 in fine.
55. La séparation des pouvoirs dans le droit
actuel. — Les lois constitutionnelles de 1875 ne con-
üiennent aucun texte analogue aux dispositions des
constitutions de 1791, de l'an III et de 1848, formu-
lant le principe de la séparation des pouvoirs. Rien
d'étonnant à cela. Chacun sait que l'Assemblée de 1875
sabstint de formuler des principes généraux et que,
pressée par les événements, elle se borna à édicter quel-
ques règles indispensables au fonctionnement d'une
république, qui, dans la pensée dela majorité, ne devait
durer que peu d'années. Mais vit-elle dans la sépara-
tion des pouvoirs, comprise à la manière de 1791, un
principe toujours existant ?
La loi. par laquelle l'Assemblée de Bordeaux ordonna la réinté-
gration des magistrals irrégulièrement révoqués par le Gouverne-
ment de la Défense nationale, était ainsi conçue : « Les décrets des
28 janvier et 3 février 1871, qui ont prononcé la déchéance de
quinze magistrats y dénommés, sont déclarés nuls et non avenus,
comme contraires à lu règle de la séparution des pouvoirs et au
priacipe de l'inamovibilité de la magistrature, en réservant le droil
TT
,
jourd'hui séparation des pouvoirs, c'est une règle en
vertu de laquelle il existe plusieurs organes de repré-
sentation de la souveraineté nationale, une collabora-
tion intime et constante de ces organes, une action
réciproque de l’un sur l’autre, et aussi une séparation
entre le personnel administratif et le personnel judi-
ciaire, une indépendance aussi grande que possible
attribuée au personnel judiciaire. Tout notre droit
publie moderne, toute notre vie politique protestent
contre l'isolement complet des différents organes et
impliquent au contraire leur pénétration intime. Et
cela est aux antipodes de la conception de 17914.
Le parlement a, dit-on, le pouvoir législatif. Si l'on
prenait cette proposition au pied de la lettre, elle si-
gnifierait qu'un fragment détaché de la souveraineté
entière est délégué par le peuple au parlement. Or ce
fractionnement, théoriquement, ne se conçoit pas,
et de fait il n'a point lieu; il n’est voulu ni du peuple
qui donne le mandat représentatif au parlement, ni a
fortiori du parlement qui recoit ce mandat. Le parle-
ment a le caractère représentatif ; il veut pour le peu-
ple souverain. Cela est vrai dans tous les domaines de
l'activité de l'Etat, et pas seulement pour l'exercice de
la fonction législative. Seulement il participe à l’exer-
cice des fonctions de l'Etat d'une certaine manière dé-
terminée par la constitution. Il collabore avec le chef
de l'Etat à toutes les fonctions de l'Etat, mais il ne
peut y collaborer que d’une certaine manière. Quand
il s'agit d'édicter une règle générale, en principe le
parlement arrête la décision; il peut même prendre
l'initiative et édicter une décision que le chef d'Etat
sera obligé d'accepter (L. 46 juillet 1875, art. 7). Pour
certaines règles générales, lo décision est prise par le
chef de l'Etat, et le parlement n'y participe que par
un contrôle ou un veto indirect qu'il peut toujours
exercer en invitant le chef de l'Etat à rapporter le rè-
glement. A la direction génépale des services publics,
le parlement ne reste point étranger, mais il agit seu-
332 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE
lois qui ont établi le scrulin de liste ont pris pour base
des divisions électorales le département, et que celles
qui ont établi le scrutin uninominal ont fixé les divi-
sions électorales sur la base des arrondissements, la
question est souvent appelée question du scrutin de
département ct du scrutin d'arrondissement.
RE
la volonté nationale.
En 1830, Louis-Philippe prend le litre de roi des Français, el
son investilure est considérée comme le résullal d'un pacte inter-
venu entre lui el les représentants de la nation. V. les déclaralions
failes par le duc d'Orléans le 9 août 1830 devant les deux chambres:
“.… J'accepte sans restriclion ni réserve les clauses el les engage-
ments que renferme celte déclaration (la Charle revisée) el le litre
de roi des Français, qu'elle me confère el suis prêt à en jurer
l'observalion » (Bull. des Lois, %e série, T, 4r° partie, n° 58, p. 46:
Monnier et Duguit, Les conslilutions de la France, p. xci).
Napoléon ler et Napoléon III ont pris le lilre d'emp-reur des
Français, el se sont ainsi affirmés comme les représenlants de la
volonté nalionale. Il suffit de rappeler le texte déjà cité de l'art. 1 du
sénatus-consulle du 28 floréal de l’an XII, et l'art. 5 de la constitution
de 1852 qui s’appliquera à l'empereur comme au président décennal
‘ pour lequel il élait écrit, et enfin l’art. 21 de la conslilulion de
1870: « L'empereur est responsable devant le peuple français auquel
il a toujours le droit de faire appel ». L'art. 5 de la même consli-
ET tt
Dueurr 13
Le
JG PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I
Pa
LE
388 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
vernement.
Les Américains ont donné une solution heureuse du problème:
ais il est vrai que les condilions poliliques el sociales des Elals-
Unis sont absolument différentes de celles de notre pays. Le prési-
dent de la république est nommé pour quatre années, par le
suffrage populaire s'exerçant à deux degrés avec mandat impéralif.
Malgré ce mode d'éleclion, qui fail véritablement du président le
représentant du peuple américain, malgré ces pouvoirs très élen-
dus, malgré le preslige considérable que cerlains événements lui
out valu, le président de la république américaine n'est poinl
deveou el ne parail point devoir jamais devenir un diclateur
M. Bryce dil très justement : « Il n'es point aisé d'imaginer un
président renversant la conslilulion existante ». De cela les raison<
sont nombreuses. La principale réside dans le caraclire fédéral
des Elals-Unis el, en même temps, dans l'élendue du pays et la
diversilé des éléments qui le composent. Assurément, la nation
américaine marche vers la centralisalion el l'unilé; la compélence
du gouvernement fédéral s'accroil chaque jour; mais les Elals par-
liculiers ont encore une nolable autonomie. D'autre part, si le peu-
ple américain parail acquérir, depuis trente ans surloul, la con-
science claire de son unilé nationale, il est loin d'avoir, il n'aura
peul-êlre jamais, par suile des éléments divers qui le composent,
pur suile des apports toujours nouveaux d'une immigration impor-
lante, l'homogénilé qui caractérise quelques-unes des vieilles
nulions européennes el particulièrement Ja nalion française, Toule
lenlalive de coup d'Elal réalisable dans un pays forlement cen-
Lralisé, avec une armée prélorienne, serail en Amérique condamnée
à un échec cerlain, el les cilovens de la libre Amérique n'ont rien
à redouler à cel égard.
Ces quelques mols sur la présidence américaine montrent com-
bien soul chimériques les opinions de ceux qui voudraient insliluer
en France uuc présidence sur le modèle américain, Aucun des élé-
ments sociaux qui ont fail le président américain ce qu'il est
n'exisle dans noire pays; el l'on se trompe élrangement en croyant
que quelques Lexles d'une loi constilulionnelle suffiraient à donner
à notre président le preslige st les pouvoirs du chef d'Elal amé-
ricain.
I faut bien reconnailre qu'aucune des tentatives failes en France
pour organiser le gouvernement républicain n'a élé très heureuse.
La constilulion de l'an HT créail un direcloire composé de cinq
membres renouvelés par cinquième lous les ans el nommés par le
conseil des anciens sur une lise décuple du nombre des membres
à nommer, lormé par le conseil des einq-cents carl. 133). Il était
ENVEME RÉPOBLICAIXS 38
S Fe le corps égistatit faisait alors fonction
leclorale an nom de La nation, el que le pouvoir
t déléqué à un directoire de cinq membres. De ces
, il résullé très nellement que le direcloire élait, dans la
e des auteurs de la constitution de l'an 111, véritablement un
a roprésentalif, el même un organe représentalif pour l'exer-
ce du pouvoirexéeulif conça à la manivre de 1791, comme un
ent de la souverainelé elle-même [ef, 8 54). Celle organisalion
ee des causes principales de l'anarchie gouvernementale qui
. Me le coup d'Etat du {8 brumaire el la constilulion de
, quelle prépara lu concentration de toute la puissance
les‘mains du premier consul d'abord et de l'empereur ensuile.
Les auleurs de la constitution de 1848, éclairés par l'expérience
de l'an IUT, ne songérent point à élablir la collégialilé du gouver-
ent. Is créèrent un chef d'Elat avec le litre de président de la
blique, duquel ils voulurent faire vraiment un organe de repré-
on investi du pouvoir exécutif, encore compris à la manière
der comme un élément de lu souverainelé : « Le peuple fran
k Ar le pouvoir exécutif à un ciloyen qui reçoit le litre de
sident de la république » (art. 43). Ce président est élu pour
b ans par le suffragé direct ol universel; il est vérilablement
isentant de la nation. Ainsi, il y à deux organes de repré
seulalion : le parlement et le gouvernement personnifié par le pré-
dent, él, comme en l'an El el en 1791, on veul régler la situation
deux organes d'après le principe de la séparation des pou-
rs el éviler, pur lu verlu de ce principe, les conflits entre eux,
ln n'y rénssil guère, puisque, à la faveur de son nom, de la légende
poléonienne el surtout de l'aulorilé el du prestige que lui donnait
élection au sulrage uuiversel, le président de la répul lique
te la conslilulion, disperse le corps législatif, el après le 2 dé-
à 1851, se trouve seul maître du pays.
æ conslitulion de 1852, f'aile par le prince Louis-Napoléon, en
t du plébiscite du 20 décembre 1852, lui donnant mandat de
ire une conslitulion sur Les cing bases de la proclamation du
cembre, allribue au président de la république d'une manière
pue le caractère représentalif. « Le gouvernement de la
ique française est confié pour dix ans au prince Louis-
Mpoléon, président aeluel de la république française, Le président
( la république gouverne au moyen des ministres, du conseil
Let du corps législatif. Lu puissance législative s'exerce
dlivement par le président de la république, le sénat et le
législatif » (Const. 1852, art. 2-4). En droit, c'est la totalité
: à souveruinelé qui est déléguée au prince président; mais ses
Noirs sont limilés en malière législative par la parlicipalion du
lalif à la confection des lois. Le caractère représentatif
ile l'Elat est complété el en quelque sorte sanclionné par
nds dé l'art. 5 édiclant la responsabilité du président de-
EU PRBMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE A
vant le peuple, disposition maintenue quand l'empire hérédi
remplace la république décennale, 3
La constitulion de 1875 a aussi créé un président.
de la république qui personnifie le gouvernement 6t
qui a véritablement caractère de chef d'Etat, Aujour-
d'hui, en fait (ef. $ 60), à beaucoup d'égards le pré-
sident de la république est traité comme un simple
agent du parlement; mais il est facile d'établir que,
d'après le droit de 1875, le président de la républi=.
que à véritablement le caractère représentatif et que
le gouvernement qu'il personnifie est à côté du par
lement un second organe de représentation, Quand,
le 24 mai 1873, sur l'interpellation du due de Bro-
glie et le vote de l'Assemblée nationale, M. Thiers.
fut obligé de se retirer, le maréchal de Mac-Mahon fut
élu président de la république. Aprés les tentatives
infructueuses d'une restauration monarchique au
profit du comte de Chambord, est votée la loi du
20 novembre 1873, dite loi du sepltennal, dont l'art, 4
porte : « Le pouvoir exécutif est confié pour sépt ans
au maréchal de Mac-Mahon.… à partir de la promulgt cs
tion de la présente loi; ce pouvoir continuera à étre
re
.
me
400 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IT
Be.
+02 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE LI
ER.
+06 PREMIÈRE PARTIE, — CHAPITRE HI
pour le roide congédier ses ministres sur un vole du corps législatif.
Ce qui le prouve, c'est que le 14 aoûL1791, au moment où l'Assem-
blée consliluante est appelée à voler délinilivement les articles
conslilulionnels relalifs aux ministres, un dépulé, Saint-Martin.
ayant demandé si le comilé de revision avail pris en considération
une proposilion faite la veille el portant que » le corps législatif
pourrail déclarer au roi que ses ministres ont perdu la confiance de
la nalion », Thourel, rapporteur du comité, répond: « Il nous a parn
que c'élait une disposilion qui ne mérilait pas d'être dans l'acle
copslitulionnel, car aux lermes du décret le roi peut garder les
ininisires malgré la déclaration du corps législatif; or nous ne
croyons pas digne de la conslilulion d'y mettre de ces sortes de
disposilions qui n'aboulissent à aucune exéculion ». Devant cetle
réponse la motion est retirée et il esl passé oulre (Archives part.,
ire série, XXIX, p. 434).
Le gouvernement établi en 1814 élail une monarchie Limitée,
mais pointune monarchie parlementaire. Ce quiesl vrai seulement
c'est que par la force des choses, celle monarchie limilée allait «+
trausformer progressivement en une monarchie parlementaire
Sans doute l'art. 54 de la Charle dispose « que les minisires peu-
vent êlre membres de la chambre des pairs ou de la chambre des
députés, qu'ils ont leur entrée dans l'une el dans l'autre chambre,
et qu'ils doivent être entendus quand ils le demandent », et d’après
l'art, 50 « le roi convoque chaque année les deux chambres, les
proroge el peul dissoudre celle des dépulès des départements ». Il
y a là quelques-uns des trails du régime parlementaire. Mais la
Charte n'élablil que la responsabililé pénale des ministres; elle ne
conilient pas la moindre allusion à une responsabililé polilique el
solidaire des minislres, Aux arlicles 55 et 56 on lit : « La chambre
des dépulés a le droit d'accuser les ministres et de les traduire de-
van la chambre des pairs qui a seule le droit de les juger. Ils ne
peuvent êlre accusés que pour fail de lrahison où de concussion... »
Cerlainemenl il n'est jamais entré dans l'espril de Louis XVIIL el
des rédacleurs de la Charte d’inslituer un gouvernement parlemen-
taire Lel que nous l'avons défini, maïs seulement de restaurer le
pouvoir monarchique en le limitant par quelques concessions.
Comme loujours les circonstances furent plus fortes que les hom-
mes el dans le cadre lracé par le Charte de 1814, sous l'action des
événements, un vérilable régime parlementaire allait s'organiser.
Les influences exlérieures qui favorisèrent celle transformalion
sout d’abord l'influence anglaise, dont on a souvent exagéré l'impor-
lance, mais qu'il ne faul cerlaiuement
pas méconnaitre, et en second
lieu le retentissement
de certains écrils poliliques et particulièrement
des publications de Benjamin Constant et de Chateaubriand. Dans
ses Héflexions sur la constilulion el la distribution des pouvoirs
(1814), Benjamin Constant affirme l'inviolabilité du roi el la respon-
sabililé des ministres, le droit de dissolntion et le droil de sanction,
Du PANLEMENTAUNE
ilité de minislres devant s'étendre même à des faits
, Mais ne devant être jugée que par la chambre des
vla dénonciation de la chambre des députés. Happ. Benja-
nslant, Cours de politique constitulionnelle contenant lés
écrits politiques publiés de 4817 à 1820. Le livre polilis
eut le plus de retentissement est l'écrit célèbre de Cha-
ud, La Monarchie selon La Charte, paru en 1816 au mo-
In dissolution de la chambre introuvable. L'auteur y trace
\ de maitre les véritables règles-du régime parlementaire,
nolamment : « Si on laisse passer celte grande phrase que
stres ne doivent compte qu'au roi de leur administralion,
adra bientôt par adminisiralion tout ce qu'on voudra ; des
» incapables pourrookt perdre la France el les chambres
: leurs esclaves lomberont dans l'avilissement... D'ailleurs
mbres ne se méleront jamais d'adminislralion, ne feronl
le demandes inquiélanles.…, si les ministres sont ce qu'ils
êlre, c'est-à-dire mailres des chambres par le /und et leurs
us par ln forme. Quel moyen conduit à cet heureux résol-
moyen le plus simple du monde: le minislère doil disposer
lé et marcher avec elle, sans cela point de gouvernement «
tie, chap. XV, Œuvres complètes, Paris, 1827, XXV,
38).
nementdu ministère Martignac le 4 janvier 182$ marque le
L'où Le régime parlementaire est devenu vraimeul une réa-
rés la dissolution de la chambre, faile le 5 novembre 1827,
lours, les {7 el 24 novembre, envoient à la chambre une
: opposée au ministère Villèle qui avait lait la dissolution,
juelques hésilalions, il est vrai, Charles X conslilue avec
ac, à l'intérieur, un ministère homogène pris Loul entier
centre droit, le parti monarchiste libéral. IL se conformail
regret sans doule, mais en réalilé, aux règles du régime
nuire. On sait que le minislère Marlignac est obligé de sa
e S aoûl 1829, après l'échec du projet de loi relalit à l'élec-
conseils administralifs locaux. « En fait, le régime parle-
&étail arrivé sous l'uclion de ce ministre à son expression
> (Bonnelon, Le régime parlementaire sous la Restaura-
272).
bles di régime parlementaire eussent voulu que Charles X
le nouveau minislère dans la majorité de la chambre. Pressè
Lentourage, le roi nomma un ministère appartenant toul
l'extrême droile avec pour chef le prince de Polignac
nent il ne violait pus la leltre de la Charte, qui lui doanail
absolu de choisir ses minisires; mais il allail directement
w pratique du régime parlementaire, Ce ful l'occasion pour
libéral d'exposer la vraie théorie du gouvernement parle
cOnremarqua surlont l'article publié par M. Thiers dans
fer numéro du National [fondé le 3 janvier 1830), « Le
SN
408 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IN
E_
tea ha année |
“ordinaire de cinq mois, le président de
convoque, ajourne les chambres et pronon
ture de leur session, Enfin le principe de la r
bilité politique et solidaire des ministresd
chambres et le principe de lirresponsn bit polil
du chef de l'Etat sont expressément consacré k!
l'art. 6 de la loi du 25 février 1875. C'est ne e
premier texte conslilulionnel français qui parlé
expressément de la responsabilité politique et solid
des ministres. 3
Et cependant, malgré ces dispositions si É x
la France ne pratique certainement pas TE
parlementaire, La prépondérance politique appartit
exclusivement au parlement et dans le ra
chambre des députés. Le président de la républic
n'est plus, en fait, considéré comme un organe rep
sentalif de la volonté nationale, l’égal du parlen
mais comme un simple agent exécutif, un sim
commis du parlement. Le droit de dissolution, le
de velo sont devenus lettre morte et depuis 1877
un président de la république n'a osé parler d'ex
ces droits. Enfin, la règle de l'irresponsabilité
que du chef de l'Etat a été souvent violée puisqu
six présidents qui se sont succédé au pouvoir di
1875, trois, le maréchal de Mac-Mahon, M. Grévy
M. Casimir-Perier ont été obligés de se relirer avan
l'expiration légale de leur mandat. Ainsi, sans êlre
expressément violée, la conslitulion de 1875 est dé
mée: elle élablissait un régime parlementaire; n pu:
vivons sous une sorte de régime oligarchiqueoù
toute puissance appartient à un groupe de polit
qui ne représentent même pas la majorité num
du corps électoral (cf. $ 57). ‘
Quelles sont les causes de cel état de choses? Elles sc
ples el diverses. Pour beancoup de bons esprils, pe
mentaire est en soi el par nalure incompatible avec Ind
lie. Né dans l'Anglelerre aristocralique, ce système si à parti
si savant suppose un corps électoral lrès restreint, avec des arlis
_
. ET LA CONSTITUTION DE 1875 444
nisés, agissant dans le pays, préparant les éleclions,
s le parlement et se succédant allernativement au
suivant que l'un ou l'autre oblient la majorilé aux élections
s. En France, pendant la Restauralion et le Gouvernement
k, avec un chef d'Elal héréditaire el un corps électoral
le régime parlementaire a pu fonclionner dans des condi-
livement normales. Mais cela, dit-on, est impossible avec
e universel; l'organisalion des parlis dans une démocra-
rêve; d'autre part, une assemblée élue au suffrage uni-
considirera loujours comme omnipolenle el Lendra fatale-
nnihiler les autres pouvoirs.
érlainement, dans celle observalion, une grande part de
“ependant elle ne nous paraît pas concluante. Le suffrage
|}, Lel qu'il se pralique en France actuellement, n'est ni
1 organisé; mais il n'est point élabli qu'il ne puisse pas
1 a montré au $ 57 que les idées de représentalion propor-
el de représentalion professionnelle ont fait beaucoup de
es derniers lemps: el rien ne prouve que, si l'on arrivail à
r à une représentalion diffuse des individus une représen-
ganique des groupes el des partis, le parlement ne pût être
d'un régime parlementaire fonctionnant normalement.
erégune parlementaire ne peut exister que si à côté du
1, issu d'un suffrage universel organisé, existe un chef
rsonnifiant le gouvernement el véritablement fort parce
résente une force sociale réelle. Or il n'en est point ainsi
lent de la constitution de 1875. Son pouvoir ne repose sur
ément social susceptible de lui assurer une autorilé polili-
par les chambres, il ne sera forcément en fait qu'un
du parlement. On aura beau dire qu'en droit il est chef
eprésenlant de la volonté nalionale, participant à loules les
s de P'Elul, agissant sur le parlement. Ce n'est là qu'une
en fait il est sans pouvoir. Elu par les chambres, le prési-
li république, quel que soit son hon vouloir, quelle que
énergie, est nécessairement dépendant des chambres et
upossibilité absolue d'exercer contre elles les pouvoirs que
lulion lui attribue: et il arrivera loujours un moment où le
it peut rendre au chef d'Elal la silualion intenable. Dans
le paru dans Le Figaro du 16 février 1895, M. Wallon,
il nommé Le « pire de lu constilulion de 1875 », répondait
narticle de M. Melchior de Vogué, paru dans le même
.« Celle prélendue impuissance du président de la répu-
lest point la vérité conslitulionnelle; le président a le pou-
convoquer et d'ajourner le parlement, de dissoudre la
des députés, d'exercer un véritable veto suspensif, Il n'y à
nt à reviser la constitution; il suflit que le président ail la
de pratiquer enfin le conslilution dans son espril comme
oure», M. Wallon se lrompait. Le président a beau vou-
D
joir exercer les ERITE que la co n
“pas mulériellement le pouvoir, Son impuiss
doute la « vérilé constilulionnelle »:; mais elle est la L
Celle impuissance du président de la république a êté
par un hant personnage, bien placé pour connaitre la
égard, M. Casimir-Perier, ancien président de la république.
juin 1894 à janvier 1895. Dans une letlre adressée a jo
Le Temps el publiée dans le n° du 12 février 1905, M. —
Perier écrivait: « IL semble, au premier abord, que la com on
de 1875 altribue au chef dé l'Etat à peu près lous les pouvoirs« e
lui donnait la conslilulion de 1848. Quelle erreur! Le président. de
1848 élail loul puissant. Le président, tel que l'a voulu l'Assembl
nalionale, est réduit à l'impuissance. Parmi lous les pouvoirsq x
Jui semblent aliribués, il n'en est qu'un que le président de la
blique puisse exercer librement el personnellement : c'est la p D
4
x 12
dence des solennilés nalionales ».
N'y aurait-il pas an moyen de remédier à celte impuissanee
président de la république, sans loutefois le faire élire, comme en
1848, par le suffrage universel el direct, car alors le remède sera L
pire que le mal, l'élection du chef de l'Elat par le suffrage univer-
sel élant la porte ouverte au césarisme? Quelques bons es
csliment que le régime parlementaire pourrait fonclionner norm
lement si l'on élargissail le collège électoral qui nomme le président
par exemple si l'on donnait l'électorat présidentiel soît à tous
conseillers généraux, soit à un cerlain nombre de délégués des
conseils généraux. V. en ce sens Paul Lafille, Le suffrage univ
sel et le régime parlementaire, 1858, p. 131. Nous croyons
effet que le président de la république étant élu par an corps &k
toral plus élendu pourrait plus aisément exercer les prérogative
lui conférées par la conslilulion et, par conséquent, jouer aupr
du parlement le rôle de modérateur qui lui appartient dans lawén
du régime parlementaire. L'expérience mérilerait d'être
Cependant M. Moreau, dans son livre Pour le régime parlemei
laire, 1903, p. 117 el suiv., eslime que l'élection du présiden
république par les chambres, suivant le système de 1875,
l'idéal; il en donne surlout des raisons (héoriques. Répondan
lobjeclion d'après laquelle le président de la république étant 1'é
des chambres sera sans aulorilé à leur égard, il déclare que
objeclion est d'une psychologie amère el puérile, qu'elleà
la subordinalion fatale de l'élu envers l'électeur, que la consé
lrop souvent vérifiée par les fails n'est pas imposée pur
rie. », C'est possille; mais il suffit que celle conséquen
vériliée par les fails pour qu'on essaie de l'écarter ene
mode d'élection du chef de l'Elat, M. Moreau, à plusfeuts £
dit que les institutions sont bonnes, mais que si le régime
mentaire esl faussé, cela lient à In timidité, à LS
sidents qui se sont succédé au pouvoir. C'est encore pos il
DELA DISTINCTION DES AGENTS 413
uve précisément que les inslilulions sont mauvaises, puis-
is trente-un ans, elles ne nous donnent que des présidents
ce el sans courage. Les institutions poliliques né sonl-elles
s pour prolëger les hommes contre leur propre faiblesse,
uvernés coulre la faiblesse des gouvernants ?
nsion du corps électoral élisant le président de la répu-
onnernil-elle sûrement à cel organe le pouvoir qui doit lui
ie pour qu'on ail vraiment un régime parlemenluire® Il
mévaire de l'affirmer. Nous nous demandons même si le
IL de Ja république, dans notre élal social ucluel, pourra
ais autre chose qu'uu symbole, une inslilulion décoralive,
au péuple de France, resté amoureux des pompes monar-
Le nombre et les groupements professionnels sont les denx
forces de la démocralie moderne. Ce sont ces deux forces
L'organiser de manière qu'elles se pondérent réciproque-
est ainsi seulement que l'on donnera au pays une consli-
psilive harmonique à son élal social.
outre l'ouvrage déjà cilé de M. Moreau, Pour le régime
ntaire, 1908, Micelli, Revue du droil public, 1895, IT, p. 415
e régime parlementaire en France sous la troisième Répu-
thèse Paris, 1905. — Cf, Duguit, L'Etat, les gouvernants,
324 el suiv.
B.
Quant au criterium de la distinction di
naires el des employés, nous croyons qi
pas le déterminer d'une manière fixe, immu:
est en voie d'évolution constante, et c'est à la
prudence, au gouvernement et au jurisconsulle à
faire une application d'après l’élat de choses exis
dans le pays, les conceptions économiques domine
tes au moment présent. Il se rattache à la notiondai
certain nombre de missions considérées comme jur!
diquement obligatoires pour l'Etat à un moment.
donné et à la notion de service public qui en découle
Il y a service public quand les trois éléments suis
vants sont réunis : une mission considérée commeobll
galoire à un moment donné pour l'Etat; un cert
nombre d'agents hiérarchisés ou disciplinés inst
pour accomplir celle mission; et enfin une certs
quantité de richesse affectée à la réalisation de ©
mission. On voit par là que la notion de fonctionn
est intimement liée à celle de service public. Sont fe
tionnaires les agents hiérarchisés ou disciplinés (m
voulonsdire soumisaux règles d'une hiérarchieou d'une
discipline spéciale) quisontassociés d'unemanièrepel
manente et normale au fonctionnement d'un se
publie, et c'est de là que vient précisément leur
de fonctionnaires, Autre définition qui est identiq
la précédente. Les fonctionnaires proprement dits&
lous les agents qui sont associés d'une manière f
manente et normale à l'accomplissement d'une
sion considérée comme obligatoire pour l'Elat à i
moment donné ; or, ce qui fait qu'une certaine m
à remplir peut servir de supportà un service publi
c'est précisément qu'elle est considérée à un mom
donné comme obligatoire pour l'Etat. [
Ce criterium, nous le reconnaissons volonti
nous permet d'établir qu'une distinetion tout
évolutive; mais c'est ce caractère évolutif qui
donne à croire qu'elle est exacte. Il nous parai
que que ce qui fait que l'agent considéré n'esbp
"#4
A DISTINCTION DES AGENTS 417
ire, quelle que soit la besogne qu'il
sse, ce soit justement qu'il coopère à l'accom-
nb d'une mission qui, à un moment donné,
dérée comme d'une importance telle pour la
té qu'il y a obligation juridique pour l'Etat
r la réalisation de cette mission. Qu'on ne dise
ce crilerium est inadmissible parce qu'on ne
point et qu'on ne s'entendra jamais sur les
ns qui s'imposent à l'Etat et que d'autre part
as certain qu'il y ait une mission quelconque
ose obligatoirement à l'Etat. L'objection ne
s sérieuse. Que les jurisconsultes et les éco-
discutent à perdre haleine le point de savoir
sont les fonctions obligatoires de l'Etat, cela
he pas qu'il y ait des choses que l'Etat est cer-
at obligé de faire. Nous avons déjà insisté sur
($ 14), et nous y reviendrons au $ 93. Personne
nple ne conteste que l'Etal soit obligé juridi-
d'assurer la sécurité intérieure et extérieure
de rendre la justice. Il est hors de doute que
agents qui sont associés d'une manière per-
: et normale à l'accomplissement de ces fonc-
ligatoires et primordiales de l'Elat sont des
naires, el que pour eux il ne saurait êlre
| du droit de syndicat et du droit de grève.
jours, le domaine de l'action étalique s'est largement
esl arrivé à considérer comme entrant d'une manière cer-
la mission obligaloire de l'Elat des attributions qu'autre-
Jui imposait point. Nul n'oserail par exemple prétendre
ui que l'enseignement, l'assistance publique el l'hygiène
ne consliluent pas des charges obligaloires pour l'Elat.
n conclure que tous les agents associés d'une manière
et permanente au fonclionnement de ces services sont
nent des fonctionnaires. L'enseignement publie est au pre-
(une mission obligaloire de l'Elat. L'Elut impose à chu-
gution d'un minimum d'inslruclion (L. 28 mars 1882) ; ila
par là même l'engagement d'assurer à chacun la possibi-
uérir graluilement ce minimum d'insiruclion, el lous
s'qui parlicipent au service de l'enseignement primaire
1 à un service public si jamais il en fut et sont au premier
fonctionnaires. Malgré leurs bruyantes réclamalions, nous
GUIr 14
Re.
| a,
.
tr énoncé fotue la roses de ce
40 11 y a service public toutes les fois que
hiérarchisés et disciplinés sont chargés d'une m
permanente et normale d'assurer l'accomplissement |
d'une fonction considérée à un moment donné comme
obligatoire pour l'Etat; — 2° Tous les agents associés
d'une manière permanente et normale à un service
public sont des fonctionnaires proprement dits; —
3° Les fonctionnaires ne peuvent ni se syndiquer ni
faire grève. Tous les agents de l'Etat qui n'ont pas le
caractère de fonctionnaires ainsi compris sont de sim-
ples employés et peuvent se syndiquer et faire grève,
Dans l'état actuel de la législation, les droits de
syndicat et de grève n'existent pas pour les fonc
tionnaires. Et nous pensons que la loi qui reconnai-
trait ces droits aux fonctionnaires serait une doi”
néfaste. Les gouvernants en effet ont une mission
obligatoire à laquelle ils ne peuvent se souslraires
pour la remplir, ils instiluent des fonctionnairesg
comme cette mission est obligatoire, il faut que le
fonctionnaires institués par eux ne puissent ni fa
grève ni se syndiquer.
64. D'une prétendue distinction entre
fonctionnaires d’autorité et les fonctionnaires
de gestion. — La doctrine qui vient d'être exposée Es
repoussée par des jurisconsulles éminents comme, n'ayant ra
valeur juridique, On dit qu'il n % # point à déterminer cellen
de fonctionnaires, qui est comprise de soi, que loules les&
nitions qu'on a voulu en donner sont inacceplables, qu'il suf
prendre celle expression de fonclionnaire « dans le sens cour
sans limites bien netles que loul le monde lui donne et non
une acceplion scienlifique dont la justification ne peut se
ni dans les Lextes, ni dans les principes de droit » (Berthél
Droit administratif, 4e édit., 1906, p. 46).
Cela posé, on déclare qu “il faut seulement distinguer les f
lionnaires d'aulorilé el les fonctionnaires de gestion.
lionnaires d'aulorilé sont Lous ceux qui participent à l'e
la puissance publique, et les fonclionnaires de gestion sont
ceux qui ne prennent aucune part à l'exercice de la pu
publique, soil qu'ils ne fassent que des opéralions malé
qu'ils fassent des actes juridiques, mais qui n'ont point
le @
NES D'AUTORITÉ ET DE GESTION 491
ut . Voilà, dit-on, la seule dislinetion juridique qu'on
ire. Les fonélionnaires de gestion sont unis à l'Elat par
it de louage de services, et se lrouvent vis-à-vis de l'Etat
iualion d'un travailleur privé vis-à-vis de son patron. Par
il logiquement les fonclionnaires de gestion peuvent se
r, dans les Lermes de la loi du 21 avril 188%; ils peuvent
ve, les art. 193 et 126 du code pénal ne leur sont point
es; el d'autre part on ne peut point invoquer à leur profit
même code.
aleur de celle doctrine, qui a aujourd'hui un grand crédit,
tant professenr de droil adminislralif à la facullé de droit
, notre ami el collègue M. Berthélemy. Il l'exposail déjà
remière édition publiée en 1901 ; il l'expose, sensiblement
mêmes termes, dans sa quatrième édilion parue en 1906,
uiv. D'après lui, est sans valeur juridique la distinelion
voulu établir entre les fonctionnaires et les employés...
ns d'autorité et fouclions de gestion, voilà, dit-il, la dis-
grâce à laquelle il devient simple de définir la nature des
s publiques. Quelle différence y a-L-il entre un employé
rins de fer de l'Elal et un employé d'un chemin de fer con-
ueune.. Quelle différence y a-t-il entre les ingénieurs
ciété privé de téléphones) et ceux qui pour l'Elal font
hui le même service? Aucune, Quelle différence y a-l-il
professeur de Iycée et le professeur d'enseignement libre?
.» Dès lors, dit M. Berthélemy, loules les lois ouvrières,
uvent pas s'appliquer aux fonctionnaires d'autorité, s'ap-
it aux fonclionnaires de geslion, lesquels pourront faire
se syndiquer, à la condilion loutefois que les fonctions
ercent ressemblent à des métiers jouissant de la liberté
, conformément à la loi du 21 mars 1884, par exemple les
les ouvriérs des arsenaux, mais point les insliluleurs, qui
it pas un mélier dans le sens de la loi de 1884. A cel égard,
élemy fait observer que le code pénal cadre parfaitement
héorie, parce que l'art. 123 ne punit que les coalitions
ividus du corps dépositaire de quelque parlie de l'autorité
» Notre savant collègue oublie l'art. 126 qui punit /ous
ionnaîres publics sans dislinclion, qui auront par délibé-
rôlé de donner des démissions dont l'objet ou l'effet serait
er ou de suspendre. l'accomplissement d'un service quel-
Cf. Berthélemy, Les syndivals de fonctionnaires, Revue
45 février 1906, el dans le même sens, Bourguin, De
lion des lois ouvrières aux ouvriers el employés de l'Etat,
zard, Théorie juridique de la fonction publique, 1901,
p.460 et suiv.: id., La silualion juridique des employés
| des départements el des communes, Revue générale
stralion, 4904, II, p. 144 et 260. M. Barthou, dans le
ait au nom de la commission du travail de la précédente
ref, doe, part, chambre, 1503
n 77), aboutit sensiblement aux mômes.cone
article, Revue de Paris, Arr murs 1906, le distingué 1
travaux publics semble faire quelques réserves aux cor
son rapport. Rap. le discours de M. Barthou à Bordeaux, 4
1906 (Pelile Gironde, 5 février 1906).
Nous reponssons énergiquement celte distinction des fo
naires d'aulorité el des fonclionnaires de geslion el les€
ces qu'on y rallache. Logiquement el juridiquement celle à
lion est inadmissible. Nous croyons en elfet avoir élabli (s 43 «
ne pouvait exisler entre les acles d'aulorilé el les acles de gi
que celte différence: les uns sont des actes unilatéranx at ke
autres des acles contractuels. Pour qu'ilexistäl une différence
dique entre l'agent de geslion et l'agent d'autorité, il
démontrer que lu volonté de l'agent qui fail un conlral est unë
volonté qui n'a pas la même nature que celle de l'agent qui fail à
acte unilaléral. Or il est d'évidence que dans les deux eus wo
est de mème essence, que l'effet de droita toujours la mème ca
à savoir une manifeslalion de la volonté d'un individu humain, a
saal au nom de l'Elal dans les limiles fixées par la loi. Lu distinæ
tion des agents de geslion et des agents d'autorité est donc sat
raison.
En vérilé, nous admirons la tranquillité avec laquelle M.E
lemy, M. Bourguin écrivent: » Il n'y à point de différence
les ouvriers, les employés de l'industrie privée el ceux de
n'y a point de différence entre un professeur libre et un prof
de l'Elat ». [ y a celle différence capilale que l'un est prof
libre, l’autre professeur de l'Elal, que les uns sont les en
ou les ouvriers d'un simple parlieulier, el les autres les©
el les employés de l'Elat, c'est-à-dire que les professeurs de l'E
que ses ouvriers el employés collaborent à un service Le
plissement est considéré comme indispensable à la wie
l'Elal, à sa vie morale, intellectuelle, économique,à pat
imalérielle. Voilà pourquoi nous ne pouvons permettre à Lou
qui collaborent à ces services publies, à lous ceux dont l'ac
nécessaire pour le fonctionnement de ces services
de
el pas davantage de consliluer un syndical professionnel
l'instrument par excellence de préparalion des grères.
Les conséquences résullant logiquement de la distin
üigents de geslion el des agents d'aulorilé seraient mortel
l'Etat. Ce n'est pas seulement aux instituteurs, aux emp
postes, lélégraphes el léléphones, aux ouvriers des man:
iles ateliers militaires el arsenaux, qu'il faudrait reconn
de syndicat, de coalition et de grève, mais c'est à l'immen
rilé des fonctionnaires de l'Elal, car l'immense majoriténef
d'actes d'autorité, ne fait que des actes de gestion proprem
ou de simp'es opérations matérielles. Ce sont d'abordtous
wAtronmÉ KT DE GESTION 423
L , sauf peut-être quelques directeurs, ot encore
Die sûrque même les directeurs des régies financières,
Ldes nominalions, fassent des actes d'autorité puisqu'il n'est
quela nominalion d'un fonclionnaire soil un acte d'autorité.
bre des employés des ministères s'élève à 10.000 environ,
onç un syndical possible de 10,000 fonctionnaires de l'Elat,
Légulement déclarer la grève, et pouvant arrêler par là le
wement de tons les services centraux. Tous les fonclion-
des administralions financières, à l'excéplion de certains
les contributions indirectes et des directeurs des contribu-
recles ël d'enregistrement, qui peuvent délivrer cerlains
vécutoires, ne sont point des fonclionnaires d'aulorilé: ils
que des opérations matérielles: ils font rentrer les sommes
MElut; ils ne font pas d'actes juridiques, ils n'exercent eux-
aucun acle de contrainte. Qu'on imagine la silualion du
lous les fonctionnaires financiers se mellaient en grève, el
chef les caisses de FEtal se trouvaient vides !
est pus loul : la formule proposée conduit logiquement à
tre légalement le droit de syndical et de grève aux mem-
l'armée et aux soldats. On dil que les soldats ne sont pas des
maires, Sans doute; mais on ne peut nier qu'ils soient des
ïs dé VElat: beancoup signent un contrat avec l'Elal, un
d'engagement qui est un véritable contrat de travail; le plus
ombre fournissent le service mililaire en verlu d'une obli-
ue leur impose la loï; cela ne change pas leur caractère. [ls
ent à l'Elat cerlaine prestation: ils reçoivent un salaire;
nt point d'acte de puissance publique, maïs simplement des
ns malérielles, qui consistent à faire l'exercice, à faire des
res, el, le cas échéant, à se ballre contre l'ennemi de l'in-
de l'extérieur. Ils font un mélier. À la rigueur, on peut
les officiers ont une portion de puissance publique ayant
oir disciplinaire; mais les simples soldats ne sont que des
\s de l'Etat, sans aucune parcelle de puissance publique ; ils
done se syndiquer el faire grève |
ouvément, donbon ne peut certainement méconnailre la pro-
el l'étendue, s'est produit dans le monde des fonctionnaires
. Depuis 1901 déjà exislent des syndicats des ouvriers des
x. Lessociëtés amicales d'insliluteurs Lendent à se lransfor-
syndiculs professionnels, Le 29 janvier 1906, une réunion
Paris salle Saint-Paul, elcomprenant 3.000 fonctionnaires,
b le parlement de lui accorder le droit syndical. Au mois
clalait à Paris une grève des facleurs, au resle énergique-
priméepar le ministre des travaux publics, des postes el lé-
ès.
uvérnement ne pouvait rester indifférent. 11 paraîl vouloir
ans une voie transaclionnelle. Par décret du 21 mai 1906
22 mai 1906), a été instituée une commission « chargée
EE
run ade _ darts
Euies entre fonelionnaires ou agenis de l'Elal
tions publiques cerlains des droils conférés parL
1884 aux syndicats professionnels », Dans le
M. Sarrien, présiden! du conseil, garde des sceaux, et qui
le décret, il est dit: « qu'il parail impossible de reconnaître
agents de l'Elai le droil de recourir, pour la défense de leurs inlé-
rêls particuliers, à la grève, qui ne peut se concilier avec le fonc-
tionnement normal el régulier des services publics dont RS
lontairement assumé la responsabilité en échange d'avantages in
contestables ». — En ün mot, l'intention du po) Een de
faire voler par le parlement une loi qui permette aux fonction
de se syndiquer, mais qui leur inlerdise de se mellre en grè
Nous ne voyons pas quelle ulilité il peul y avoir dès Lors à 2
mellre aux fonctionnaires de se syndiquer, si ce n'est dep
aux syndicals de fonctionnaires de faire partie de la confédéral
générale du travail, dont le bul avoué est d'organiser la g
nérale. Le projel que le gouvernement veut élaborer contient
une conlradiclion interne,
IL faut ajouter que dans la séance de la chambre du 40 juil
1906, M. Burthou, minislre des travaux publics et des po:
M. Sarrien, président du conseil, se sont prononcés très ne e
contre le droil de grève des fonclionnaires quels qu'ils soient el
demandé le rejet de l'amendement Paul Conslanstendant à 1
légralion dés facteurs renvoyés pour fait de grève. La c nb br
repoussé l'amendement par 336 voix contre 141, |
Contre les syndicals de fonctionnaires, cons. le viacurenss vrticle
de M. Fernand Faure, en réponse à un article de M.
Revue polilique et parlem., mars 1906, p. 433, — Rap. le très ft
ressant urlicle de M. G. Cahen, Revue politique et part, 10;
1906, p. 80,
Aussi bien d'après quelques hons esprils le syndic
fonelionnaires est un mouvement profond el irrésistible pré
pare la sociélé de demain, où la hiérarchie centralisée de PE Bat f
place à une fédéralion de syndicats, qui assureront l'accon
inent de ln mission sociale dont l'Elat se charge acluelle
notamment en ce sens, Paul- Boncour (Revue salt vies à
pe 7 el suiv.), qui eslime que, sans qu'on puisse RS
marchons vers une décentralisation CORPS un féd
gral, à la fois corporalif el administratif.
Des idées analogues ont élé exponélt. Fa M. Berthod,
Revue polil. et parlem., 10 mars 1906, p. 413,— M. Berih
a fait l'honneur d'invoquer à l'appui de ses conclusions
exposées par nous dans notre livre L'Etat, Le droit ab :
Loi positive, 1901, Nous avons essayé de montrer dans ce livr
ce qu'avait d'arlificiel le postulat de la souverainelé et de
l'Etal, Mais nous croyons pouvoir affirmer sans nous con
he. |
— DE L'INSTITUTION DÉS AGENTS 425
fonctionnaires ne peuvent pas se syndiquer parce que le
syndicat implique le droit de grève, el que, quelque forme
de l'Elut, il y aura loujours dans une sociélé donnée un
des plus forts obligés d'accomplir certaines fonelions socia-
pour celx ils devront nécessairement insliluer des agents
puissent ni se syndiquer ni faire grève, car autrement ils
raient aux devoirs qui s'imposent rigoureusement à eux,
» réponse à l'article de M. Berthod, Revue polit. el parlem.,
06, p. 28. — V. aussi en faveur du droit syndical des fonc-
es, la brochure publiée sous Je patronage de la Ligue des
le l'homme, par M. Maxime Leroy, sous le titre : Le droit
clionnaires, 1906. — Enfin le mouvement syndicaliste des
inaires esl vigoureusement défendu par la revue Le mou-
sociuliste, qui esl l'organe officiel du syndicalisme révolu-
e el qui contient de nombreux arlicles où le but poursuivi
nellement indiqué. Ainsi, M. Lagardelle écrit : « La sociélé
te, c'est la sociélé purasilaire, avec ses organes, instruments
anels de l'oppression des classes, La sociélé économique,
sociélé de producteurs, celle qu'organisent peu à peu les
ons ouvrières el qui détruisent Le pouvoir des maîlres par
association. Le parlementarisme est le moyen d'action de
ière…, le syndicalisme celui de la seconde. Les syndicats
ourses du travail sont précisément ces organismes proléta-
ui s'opposent aux oryanismes lradilionnels, Elal, com-
(Mouvement socraliste, 1-15 décembre 1905, p. 512).— V.
sent dans le même sens, Guieysse, Patriotisme démocrali-
capiluliste, Mouvement socialiste, 1-15 oclobre 1905
r développe celle idée que le syndicalisme doit avoir pour
la suppression de l'Elal); Pougel, Les bases du syndica-
Le syndical, deux brochures éditées par ln bourse du ira-
mple-rendu délaillé dans le Mouvement socialiste, 1°*-45 sep-
1905 (Les syndicals doivent lendre à se subslituer à l'Elal).
i Lagurdelle, Antimililarisme et syndicalisme, Mouvement
le, 14 janvier 1906, p. 121, el le Droit syndical, allocution
6e au congrès des agents des postes le 6 juin 1906, Mouve-
ciuliste, juillet 1906, p. 200.
De l'institution des agents. — L'acte par
sont désignés les agents non fonctionnaires ne
e guère de difficullé. On est à peu près unani-
nt d'accord pour reconnaître qu'il est un contrat
DEtat et l'agent, ou entre l'agent et la personne
ive publique autre que l'Etat qui l'emploie. Si
non fonctionnaire s'engage, moyennant une
1e rétribution, à faire des actes simplement maté-
écontrat est un louage de services ; si l'agent
BE.
426 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
B..
#30 PREMIÈRE LARTIE. — GUAPITRE IH
l'activité de l'Etat correspondant à une mission juridi-
quement obligatoire pour lui à un moment donné.
La démonsiralion peut être faile directemen£ par une analyse de
l'acte. En fait, la nomination est acceplée ou même demandée par
l'intéressé. Ne doit-on pas en conclure que l'inslilution résulle
d'un concours de volontés el que, par conséquent, il y a un contral”
11 y aurait là une conclusion hâlive, résultat d'une analyse impar-
faile de l'acle. L'Elat ne nomme en général que les individus qui
acceplent ou même qui demandent les fonctions, parce qu'il y a
lieu de croire qu'elles seront mieux exercées par ceux qui y sont
le
B.
432 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I]
RE
B.
434 PREMIÈRE PARTIE. — GHAPITRE HI
ciaires qu'il doil s'adresser » (p. 37}. Nous sommes convaincu que
c’est uniquement pour juslifier ces solutions, assurément soutenu-
bles, mais formulées à priori, que notre cher el savant collègue a
édifié sa dislinelion des lonclionnaires d'autorilé el de geslion et sa
distinclion correspondante de l'inslilulion par acte d'aulorité et par
contrat, Cela montre loul ce qu'elle a d'artificiel.
Les auleurs allemands enseignent sur la nature juridique de
l'inslitution des fonclionnaires une doctrine intéressante qui cadre
assez bien avec la loi allemande du 31 mars 1873. Elle a élé surtoul
développée el précisée par M. Laband (Droit publie, édil. franc,
1901, LE, p. 100 et suiv.). Cf. Kammerer, La fonction publique
d'après la législalion allemande, Paris, 1898.
On dit: dans l'instilulion d'un agent l'analyse juridique distingue
deux choses, qui au premier abord paraissent confondues: 1 le
contrat de service publie, qui donne le titre; 2 l'attribution d'une
cerlaine rompélence, dans un emploi délerminé, donrée à celui qui
a conclu avec l'Elal un contrat de service publie. La concession
d'une certaine compélence dans un emploi délerminé ne crée pas le
service public; elle le suppose: elle résulle loujours d'un acte
unilaléral de puissance ; elle ne donne aucun droil au fonctionnaire:
elle détermine seulement le cercle de son aclivilé fonclionnelle on
compélence. La fonclion proprement dile résulle au contraire du
contrat de service public (S/autsdiensteertrag); elle conslilne un
rapport de service public (Stuatsdienslverhallniss), Ce contrai
fail acquérir au lonclionnaire non pas la compétence pour tels on
lels acles, mais la qualité de fonclionnaire, l'élat aclif de fonelion-
naire, et pour lui un vérilable droit subjeclif, C'est de ce contrat
que naissent en même temps diverses obligations pour l'Elat, par
exemple l'obligalion de payer un traitement au fonclionnaire, l'obli-
galion de lui servir une pension de retraile, de lui assurer d'autre
avantages.
Celle Théorie forme une constrnclion juridique qui ne manque
pas d'élégance. Elle s'harmonise assez bien, on l'a déjà dil, avec In
loi allemande du 31 mars 1873 sur les fonclionnaires. Mais peut-on
prendre celle conceplion comme le fondement d'une théorie géné-
rale de la fonclion publique moderne? Nous ne le croyons point.
Elle n'est point conforme aux faits desquels est sorti l'Elat moderne.
Elle est une survivance de la conceplion contractuelle de l'Etal.
M. Laband est lui-même obligé de le reconnaitre quand il rapproche
le prélendu contrat de service public de l'ancien contrat de com-
mandation. Sans doute on fail bien une part à la puissance com-
mandante de l'Elal en reconnaissant l'existence d'un acte unilaléral
altribuant la compétence; mais on fait un amalgame élrange des
deux nolions, qui se sont succédé hisleriquement, la nolion de
l'Elal contractuel et la nolion de l'Élal commandant, la notion
féodale et Ja nolion moderne.
Après ce court examen des diverses doctrines pro-
, 1 tentes eo formule précédente:
d'iustitution d'un fonctionnaire (au sens que
lonnons à ce mot) est toujours, est seulement un
hilatéral, et d'après la terminologie courante, un
autorité. Nous avons supposé qu'il s'agissail
onclionnaire de l'Etat et d’une institution faite
m de l'Etat. La solution serail la même s'il
ait des fonctionnaires d'une personne publique
que l'Etat et si l'institution était faite au nom de
ersonne publique.
admis que l'instilulion des fonelionnaires est un acte uniln-
> pose une question qui est la plus délicate, Cet acle unila-
institution est-il la cause efficiente de la situalion qui est
ciloyen invesli désormais de la qualité de fonctionnaire?
ontraire n'est-il que la condilion d'applicalion, à une personne
née, de la loi qui règle la fonction publique considérée? La
n ne se pose pas seulement pour l'acte d'inslitution d'un fonc-
e. Elle se pose, à vrai dire, pour loule manifestation de
intervenant dans le domaine du droit, pour laquelle on
jours sé demander si la silualion qui apparail après celle
lation a pour cause efficiente vraie cet acle de volonté ou
le-même dont l'acte de volonté n’a élé que la condilion
ation. La question se pose non seulement pour un acle
ul, mais aussi pour un acle contractuel, Elle se pose en droil
omme en droit public. Elle se pose notamment pour le
:, qui est un contrat, duquel on doit se demander s'il est la
fficiente de la situation des époux ou simplement la condition
licalion à Llelles personnes délerminées de la loi sur le
>. OÜbservalion importante qui montre à nouveau que la solu-
la question de savoir quelle est la silualion des fonction-
1e dépend pas du point de savoir s'ils ont élé inslilués par
ou par acle unilatéral.
urisconsulles allemands ont beaucoup étudié celle question
&, qui se rallache intimement à la théorie de la volonté
nsthieorie ». Nous n'avons point à entrer dans l'élude de
sussions, él nous demandons la permission de renvoyer le
à notre livre, L'Elal, Le droit objectif el la loi posilive,
. 156 et 577 el suiv.
hose importante à comprendre c'est que la solulion de lu
ne dépend point du caraclère de l'acte de volonté inter-
ele unilatéral où contractuel, mais bien de la situation qui
te. Si la siluation qui est créée est une situalion de droit
(elle né peut résuller d'un acte de volonté individuel, elle
tsullat de l'application de la loi, et l'acte de volonté n'est
condition d'applicalion de la loi; si au contraire la siluation
B
436 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I
créée est une situation de droit subjectif, s’il exisle cerluins droits
subjeclifs au profit d'une personne déterminée, cetle situation à
pour cause efficiente l'acte unilaléral ou contracluel d'une volonté
se manifeslant dans les limites du droit objectif el dans un but con-
forme au droit objectif.
La situation des fonclionnaires est, on le verra au$ suivant, à
beaucoup d'égards une situation de droit objectif : elle l'est certai-
nement au point de vue de la compétence, au point de vue de
l'amovibilité ou de l’inamovibilité. L’'est-elle au point de vue du
iraitement, de la pension de retraite ? La chose peul être discutée.
Mais il est certain que la situation du fonctionnaire est avant tout.
suivant l'expression de M. Hauriou, légale ou réglementaire {5°
édit., p.556). — M. Hauriou a d'ailleurs le tort d'opposer à la siluation
légale ou réglementaire la situation contractuelle. On vient de dire
que les deux choses ne s'opposaient point, et que la situalion du
fonctionnaire pourrait être en même temps contractuelle et légale
ou réglementaire.
La situation du fonctionnaire étant avant lout une siluation de
droit objectif, nous avons grande tendance à considérer l'acle de
nomination comme élant, non point la cause efficiente de celle
situation, mais la condition d'application de la loi qui crée el régle-
mente celle situation. D'après la formule de M. Jèze : « La nomi-
nation, l'élection ne sont pas la cause créatrice du pouvoir de l'agent.
C'est uniquement le fait auquel est subordonné l'exercice par un
individu du pouvoir réglé par la loi. En d'autres Lermes, la loi cons-
lilue un ensemble de pouvoirs el de devoirs à exercer par un indi-
vidu, c'est la fonction publique; l'application à un individu déter-
miné de cet ensemble (de dispositions) est subordonnée à un fail: ce
fait est la désignation
de cet individu...» (Jèze, Principes généraux
du droit administratif, 1904, p. 41). — C'est la thèse que nous-
même avons exposée el développée dans notre livre, L'Etat. Les qou-
vernan(s el les ayents, 1903, p. 427 et suiv.
Celte conception explique beaucoup de choses, et nolamment
comment le fonctionnaire peul être instituée par un fail qui n’est
pas un acte de volonté, par exemple par l'hérédité ou le lirage au
sort. D'autre part cela explique comment, quel que soil son mode
de nomination, le fonctionnaire se trouve en réalilé invesii de sa
fonclion par les gouvernants eux-mêmes, par ceux qui déliennent
la souveraineté; le fonctionnaire est invesli en réalilé par la loi, el
la loi émane de ceux qui détiennent la souveraineté.
Quoi qu'il en soil de tout cela, lorsque la désignalion d'un fone-
lionnaire résulle d'un acte de volonté, elle esl un fait de volonté.
el une manifestalion de volonté qui se produit dans le domaine du
droit. De cela il résulte d'abord que, comme pour tout acle de
volonté, le but qui détermine la volition est l'élément essentiel à
considérer pour en apprécier la valeur. D'autre part, devant s'ap-
précier comme un acte juridique, la nomination suppose, outre un
droil, une capacilé de la volonté qui la fait, et toute
e de conditions de forme et de fond qui peuvent être exi-
‘ln loi pour que la nomination soil valable,
cles de nomination proprement dils, faits en violation de
me par le président de la république, sont entachés d'excès
ir el ils peuvent certainement être atlaqués par le recours
ès de pouvoir. Le principe n'est pas douteux; mais pendant
ps on s'est demandé qui serail recevable à former le recours
s de pouvoir. Ce n'est pas évidemment l'individu nommé.
ont pas non plus, disait-on, les individas réunissant les
et les condilions exigées par la loi pour être nommés à la
à laquelle a élé faile une nomination irrégulière, car nul
| à être nommé à une fonction, bien qu'on remplisse loules
itions nécessaires pour y être nommé, et on ne peul dire
ioiminalion irrégulière à une fonction publique fasse grief
de qui que ce soit. Aujourd'hui l'on comprend mieux la
lu recours pour excès de pouvoir, el la question ne fait plus
+. Le recours pour excès de pouvoir est un recours objec-
émandeurà ce recours n'invoque poinl l'existence à son
un droit subjectif auquel il aurail été fait grief, mais soutient
nt que la loi a élé violée et il sera recevable à former un
toutes les fois qu'il aura un inlérêl pécuniaire ou simple-
oral, apprécié d’une manière très large, à faire lomber l'acte
tend èlre enlaché de nullilé. Dans ces condilions il esl évi-
lous ceux quiréunissaient les condilions nécessaires pour
nmés à une place à laquelle a élé faite une norminalion irré-
sont recevubles à allaqner celte nomination, que lous les
5 du conseil d'Elat, par exemple, sontrecevables à allaquer
ninalion au conseil d'Elat faite en violalion de la loi du
“L 1887 ou de la loi du 18 avril 1900. Cf. Tournyol du Clos,
ui Le recours pour excès de pouvoir, (hèse, Paris, 1905,
supra, $ 40.
sitbien résulter d'une série d'arrêls récents que la jurispru-
u conseil d'Elat est fixée en ce sens. Nous cilerons les arrêls
folinier, 11 décembre 1903 (Recueil, p. 780) déclarant rece-
recours formé par des archivisles paléographes lendant à
auler la nomination du directeur des archives nationales et
pocleur général des bibliolhèques parce que les individus
saces fonclions ne réunissaient pas les conditions exigées
ni; Varrèt Savary (18 mars 1904, Recueil, p.232), qui déclare
le eb fait triompher au fond le recours formé par un sous-
uvdes enfants assislés contre des arrêlés ministériels fai-
$ nominations irrégulières de sous-inspecleurs d'enfants
Happ. les urrêls Berrest, 20 murs 1904 (Recueil, p. 404) el
re, 10 mars 1905 (Recuer£, p.240). CT. Reoue du droit public,
SIT et 1905, p. 360; Année administrative, 1904, p. 160 et
eaudouin, De la notion d'intérét dans le recours pour excès
LL._
438 PREXMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
de pouvoir, thèse, Paris, 1904; Tournyol du Clos, Essai sur le
recours pour excès de pouvoir, Lhèse, Paris, 1905.
66. De la situation des agents. La compétence.
— Les agents non fonctionnaires sont dans une situa-
tion juridique subjective déterminée par l'acte juridi-
que, en général un contrat (contrat de mandat ou con-
trat de louage de services) qui a donné naissance à
cette situation, et au contraire les agents fonction-
naires se trouvent principalement dans une situation
de droit objectif, situation légale ou réglementaire,
créée par la loi, dont l'acte qui les a nommés (acte
unilatéral ou contrat) est la condition d'application,
situation qui peut à tout moment être modifiée par la
loi, sans que le’ fonctionnaire puisse jamais préten-
dre à un droit acquis que la loi ne pourrait pas lui
enlever.
Cette conception de la situation du fonctionnaire esl
parfaitement concordante avec la notion que nous
nous formons de la fonction publique, et qu'il faut
toujours avoir présente à l'esprit. Le fonctionnaire est
l'individu qui, d'une manière permanente et normale,
=
.
+30 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II
un certain but délerminé par le droit objectif et dans les limites
qu'il trace. C'est ce but, ce sont ces limites qu'il faut marquer; en
cela seulement consiste la théorie juridique de la fonction publique.
Aflirmer l'existence d'un droit subjectif el essayer de délerminer
le sujet de ce droit, c'est tenter l'impossible et édifier une construc-
tion sans fondement » (L’Elat, les gouvernants et les ugents, 198,
p. 492-493). — Cf. Jèze, Les principes généraux du droit adminis-
tratif, p. 42 et suiv.
La compétence. — L'élément principal de la situa-
tion active du fonctionnaire est incontestablement
la compétence. Dans son sens tout à fait général, le
mot compétence désigne le pouvoir qui appartient à
un fonctionnaire de faire tel ou tel acte se raltachant
à la mission qui incombe à l'Etat. On appelle aussi
compétence l'ensemble des actes que peut faire léga-
lement un fonctionnaire, le cercle d'activité légale d'un
fonctionnaire. Mais ce n'est, à vrai dire, qu'un abus
de langage; nous verrons dans la compétence seule-
ment le pouvoir de faire légalement certains actes.
Assurément, dans son sens tout à fait général, le
mot compétence désigne non seulement le pouvoir
pour un fonctionnaire de faire des actes juridiques
(actes d'autorité ou actes de gestion), mais encore de
faire régulièrement, pour le compte de l'Etat, des
opératiohs matérielles n'ayant point le caractère juri-
dique, ne produisant pas des effets de droit. On peut
dire qu'un ministre, un préfet, un maire, ont une
compétence, c'est-à-dire le pouvoir de faire, pour le
compte de la personne publique dont ils sont fonc-
tionnaires, un acte juridique unilatéral ou contrac-
tuel ; de même, le fonctionnaire juridictionnel a vrai-
ment une compétence. Mais à la rigueur, on peut dire
aussi que les fonctionnaires qui ne font que des opé-
rations matérielles, ont une compétence puisqu'ils
ont le pouvoir de faire régulièrement certaines opé-
rations matérielles et pas certaines autres; un ingé-
nieur, par exemple, peut régulièrement surveiller cer-
lains travaux placés dans le cercle de sa circonserip-
tion d'inspection, il ne pourrait point surveiller
aux examens dans la faculté à laquelle il
ent; il ne pourrait point régulièrement le faire
ne autre faculté. L'observation a surtout son
ance pour les agents délenteurs de la force
ué, qui, en mettant en mouvement cette force
ne, ne font point d'actes juridiques. Le commis-
e police, le garde-champêtre ou le gendarme
cèdent à une perquisilion domiciliaire, à une
tion, ne font qu'une opéralion matérielle; ils
vent la faire, ils n'ont compétence pour la faire
ns certaines conditions. On verra plus loin les
uences qui peuvent résulter de ce qu'un agent
péut faire que des opérations matérielles agit
ors des règles prescrites par la loi.
eut done parler de compétence pour tout fone-
re, qu'il fasse des actes d'ordre juridique (actes
entaires, actes administratifs proprement dits,
le gestion, actes juridictionnels), ou qu'il fasse
ent des opérations matérielles, qu'il ne peut
ue conformément à la loi; et la compétence est
voir de vouloir, conformément à la loi, appar-
à un fonctionnaire. Mais il est incontestable
la langue du droit public élait plus riche, il
it réserver le mot de compétence pour le pou-
: vouloir des actes d'ordre juridique et employer
re mot pour désigner le pouvoir de vouloir des
ions matérielles. En fait, quand on parle de
tence, on à certainement presque loujours en
pouvoir du fonctionnaire de faire des actes
» juridique.
uvoir de vouloir qu'est la compétence n'est point un droil
dont on aurait à délerminer le titulaire. 11 est un pouvoir
erésullat, qui est le réflexe, comme dirait M. Jellinek, de
alive à la fonction considérée, et le seul sujet possible de
ir esl le fonctionnaire qui exprime celte volonié, On a dit
Ldece paragraphe pourquoi rationnellement on ne devait
irduns la compétence un droit subjectif. 1 n'est point inu-
iontrer que notre conceplion de la compétence cadre seule
ER
+42 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 1f1
BR.
+44 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE Ill
res du mandat. Le mandant peut choisir son mandataire; le fonc-
tionnaire qui délègue sa compétence ne peut choisir son délégué,
il lui est imposé par la loi; le mandat est toujours révoqué par la
mort du mandant; la délégation de compétence subsiste malgré la
mort du délégant; le maudalaire est juridiquement lié par les
instructions que lui donne son mandant; le fonctionnaire délégué
a une indépendance complète dans l'exercice des pouvoirs qui lui
appartiennent; il n’est point juridiquement lié par les instructions
que lui donnerait le fonctionnaire délégant. D'action contre le délé-
gué pour le forcer à rendre compte, le délégant n’en a point; peut-
être seulementle délégué est-il soumis au pouvoir disciplinaire et
hiérarchique du délégant (arg. du décret du 29 mars 1854 et de
l'art. 82 de la loi du 5 avril 1884).
En réalilé, ce que la loi et l'usage appellent inexactement délé-
gation, est une nomination ayant tous les caractères précédemment
définis. Le fonctionnaire qui reçoit une délégation acquiert une
compétence en vertu de la loi et non point par la volonté du fonc-
tionnaire délégant. Le délégué n'est pas plus le mandataire du
délégant, qu'un fonctionnaire n’est le mandataire du fonctionnaire
supérieur qui le nomme. Si le délégué est compétent, c'est en vertu
de la loi; il possède un pouvoir impliqué par la loi dont l'applica-
tion lui est faile, et l’application de cette loi est subordonnée à
cette condition que la désignation soit faile par un fonctionnaire
qui serait lui-même compétent pour exercer les attributions déter-
minées par la loi. On ne peut donc tirer de la délégation de com-
pétence aucune objection contre notre doctrine. Cf. Fornel de la
Laurentie, La délégation administrative, thèse, Bordeaux, 1901.
On ne saurait non plus tirer argument de l'institution d'un #ri-
bunal des conflits chargé de staluer dans cerlains cas sur les reven-
dications de compétence formulées par l'autorité administrative à
l'encontre des tribunaux judiciaires. On sait que jusqu’à la loi du
2% mai 1872, sauf une courle interruplion en 1848-1851, c'est le
gouvernement qui statuait en conseil d'Etat sur les conflits d'attri-
bulions entre l’aulorité administralive et les tribunaux judiciaires.
Depuis la loi du 24 mai 1872, c'est un vérilable tribunal, le tribunal
des conflits, qui statue juridictionnellement sur ces conflits. En
Allemagne et en Autriche existe un tribunal analogue, sous le nom
de tribunal de compétence. Mais le fait qu'un véritable tribunal
slalue sur des conflits de compétence ne prouve nullement que la
compétence soit un droit subjectif. 11 y a là tout simplement un
exemple de juridiction objective (cf. 8 46). La seule question qui
se pose est la question de savoir si un tribunal judiciaire, en se
déclarant compétent, a violé ou non la règle de la séparalion de l'au-
torité judiciaire et de l'autorité administrative; et cela est purement
une queslion de droit objectif.
Si l'agent excède les limites de ses pouvoirs légaux,
quelles en seront les conséquences? D'une manière
ut dire qu'il y a alors ercès de pouvoir.
» sens élymologique même de l° expression. Mais
ant, bien que la portée de cette expression
isse chaque jour davantage, elle n’est pas em-
pour désigner tout dépassement de pouvoir. Le
à celte expression n'est pas le même non plus
L'qu'on l’applique aux fonctionnaires de l'ordre
ire où aux fonctionnaires de l’ordre adminis-
Enfin, il n'est pas d'usage d'employer cette
sion pour les violations de Ja loi fonctionnelle
ses par un fonctionnaire faisant un acte non
ue. Cette incertitude de la terminologie rend
lièrement délicate Ja solution précise de la
In posée.
us semble cependant que d'une manière géné-
ne l'agent fasse un acte juridique ou un acte
idique, il peut dépasser ses pouvoirs de trois
es différentes :
agent fait une chose qu'il n’a pas légalement le
r de faire pour une raison ou pour une autre,
rce que cetle chose est de la compétence d'un
gent, soit parce que pour une raison quelconque
st de la compétence d'aucun agent adminis-
u judiciaire, soit parce qu'élant de la compé-
lun agent judiciaire elle est faite par un agent
stralif ou réciproquement. Les différentes vio-
de la loi de compétence pourront entrainer des
iences différentes; mais en réalité il y a tou-
seulement violation de la loi de compétence.
agent fait une chose qu'il a le pouvoir de faire;
la fait sans que les formalités prescrites par la
1 été accomplies, ou sans que ces formalités
é régulièrement et complètement accomplies.
ncore là dépassement de compétence. L'agent
impétent pour faire la chose considérée qu'à la
on que certaines formes soient observées; si
:Vont pas été, le fonctionnaire a agi incompé-
at.
Le
e=—
la prise du droit dépend du hui en vue duquel ils ont ëlé voulus.
La volon é qui les veul ne peut s'apprécier, relalivement à sa
réaclion dans le monde du droil, qu'au point de vue du but qui l'a
déterminée. Parliculièrement beaucoup de queslions de responsa-
bilité des fonclionnaires et de l'Etat seront résolues facilement si
l'on se place sans hésiler à ce point de vue.
Supposez d'abord qu'un agent administratif fasse
un acte administratif proprement dit, entaché d'une
ES np
BE.
418 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II
=.
450 PREMIÈRE PARTIE. — GHAPITRE II
lon
"S
452 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III
infliger une peine que pour un fait prévu, défini et qualifié d'infrac-
lion par Ja loi, l'agent disciplinaire peul spprécier lui-même en
"2
ne peul prononcer une peine qui serail une alleinle portée à la li-
berté personnelle ou à la propriélé de l'agent: d'après le droil
moderne et particulièrement d’après le droit français, la liberté el
la propriélé de lout individu sont placéessous la sauvegarde de l’au-
torilé judiciaire. Cela ne reçoit d'exception que pour la discipline
mililaire : le supérieur peut infliger des peines privalives de li-
berté, délerminées d’ailleurs par les règlements. Les peines disci-
plinaires consistent essenliellement en des décisions relalives à
l'exercice de la fonction elle-même. En France, d'après de nom-
breux règlements administralifs el surlout d’après d'anciennes tra-
dilions très nettement élablies, les peines disciplinaires sont l’aver-
tissement, la réprimande, la privalion de lout ou parlie du traile-
ment, la suspension pendant un lemps délerminé. Enfin la mise à
la retraite d'office el la révocalion sont souvent les peines discipli-
naires les plus graves. Mais elles ne sont pas loujours des peines
OP
cela explique très bien les tendances nolables dans les lois et les
règlements modernes sur la discipline, à donner le pouvoir discipli-
naire à des sortes de conseils corporalifs composés des hauls fonc-
lionnaires du service public auquel appartient le fonctionnaire incri-
miné, V. nolamment L. 30 août 1883 pour le conseil supérieur de
la magistrature, la loi du 27 février 1880, sur le conseil supérieur
de l'instruction publique, les décrets des 15 juillet 1897, 29 juillel,
29 octobre, {er décembre 1899 pour la discipline des employés de
divers ministères. D'après l'auleur cela expliquerait d'une part
pourquoi la peine ne peut jamais consister qu'en une atleinte à la
siluation corporalive ou fonclionnelle de l'inculpé et d'autre part
pourquoi les répressions pénale el disciplinaire sont el seront tou-
jours dislincles, pourquoi le mème individu pourra toujours pour
le même fail èlre acquitté par la juridiclion pénale, condamné par
la juridiction disciplinaire.
M. Jellinek estime que la répression disciplinaire est complète-
ment dislincle de la répression pénale, qu'elle ne dérive point de la
puissance commandante de l'Etat (Herrschafl) de laquelle dérive
au conlraire certainement la répression pénale, « La puissance de
discipline, dit-il, n'est point la puissance de la Herrschaft ». Les rai-
sons qu'en donne le savant auleur sont de deux sortes. D'abord,
dit-il, il n'y a pas que l'Elal qui ait un pouvoir disciplinaire : les
communes, les églises, les sociélés, les élablissements publics el
même les simples parliculiers possèdent un pouvoir de discipline :
par exemple le père sur ses enfants, l'employeur sur ses employés.
D'aulre part si le pouvoir disciplinaire élait un dérivé de la puis-
sance de l'Elat, celui-ci aurait certainement le droit de contraindre
directement le fonctionnaire à l'accomplissement du service fonc-
tionnel; or, dil M. Jellinek, l'Elat ne peut pas contraindre direcle-
ment les fonctionnaires à obéir aux ordres de service; il peul seu-
lement les révoquer s'ils ne les exécutent pas. La discipline des
fonclionnaires, dil le savant professeur, a pour fondement le con-
lrat de service public intervenu entre l'Elal et le fonctionnaire (ef.
supra. $ 65!, contral duquel naîl pour l'Elat le droit d'assurer de la
pr rues le révoquer s'il ne remplit pus les
s qu'il a prises, comme l'employeur peut renvoyer l'ou-
lidèle à ses devoirs, une communauté, une église ou une
xclure le membre qui s 'insurge contre le but social. Si l'on
\d'ainsile fondement de la discipline, dit M. Jellinek, on
id comment d'une part la faute disciplinaire n'est pas déf-
e manière générale par la loi et peut être librement appré-
l'agent chargé d'exercer celle diseipline. En effet, l'Etat
enant pas ici comme souverain appliquant une peine pour
qualifié, mais comme conlractant, possède, en verlu du con-
lroit d'apprécier en pleine liberté si son employé remplit
mal la charge qu'il a acceptée, D'autre ipart, on comprend
i les peines disciplinaires ne sont pas prononcées par une
» juridiction. Enfin on comprend comment la discipline
ne jamais de peines corporelles et que la peine disciplinaire
orte soit l'exclusion ou la révocation. En elfe, la faute con-
r le fonclionnaire dans l'atleinte portée au lien qui l'unit
dans le mauvais aecomplissement de sa mission fonclion-
n le punira en lui retirant celle mission (Jellinek, System,
19, p. 214 el suiv..).
né comprenons guère ce pouvoir de l'Elat qui ne serait pas
ance commandante de l'Etat, et d'autre part il faudrait
er, ce que ne fait point M. Jellinek, que le pouvoir disci-
auquel sont soumis les fonclionnaires de l’Elal est quelque
dentique au droit du père de famille sur ses enfants, à la
ui appartientà une associalion d'exclure ceux de ses mem-
, par exemple, ne paient pas leur colisation, au droit
, non d’ailleurs sans conlestalion, à l'employeur de faire
sous le nom d'amende, des retenues sur le salaire de ses
s. Il nous semble qu'il y a là des choses absolument diffé-
Je plus, le système de M. Jellinek a le défaut très grand de
expliquer l'évolution mise plus haut en relief el suivant
lirépression disciplinaire Lend constamment à s'identifierà
sion pénale.
discipline outre les auteurs déjà cilés, cons. Drouille, Le
disciplinaire, (hèse Toulouse, 1900; Nézard, Les prin-
néraux du droit disciplinaire, Lhèse Paris, 1903; Du-
Lal, les gouvernants el Les agents, 1903, p.462 et suiv.;
lié rechiliche Natur der Disziplinarstrafe, thèse Erlan-
EE.
456 PREMIÉRIE PARTIE, — CHAPITRE HI
un autre agent. De ce pouvoir nait pour l'agent qui
peut suspendre, annuler ou réformer, la qualité
d'agent supérieur par rapport à l'agent dont l'acte
peut être suspendu, annulé ou réformé. Cette détini-
tion de la hiérarchie répond tout à fait au but pour
lequel elle a été établie : garantir les particuliers et
les services publics contre les conséquences d’un acte
©
En.
458 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
gique : « Elle (la garantie sociale) ne peut exisler si les limites des
fonctions publiques ne sont pas clairement délerminées par la lo:
et si la responsabilité de lous les fonctionnaires n'est pas assurée ».
Rap. Déclaration des droits de 1793, art. 31; Const. 1793, art. 59,
71-73, 83; Déclaration des droils de l'an IL, art, 22; Const. an II,
art. 200, 201, 323; Const, an VIIL, art. 69-75; Const. 1848, art. 68 el
99, Mais, malgré le nombre de ces Lextes, malgré leur rigueur, le
principe de la responsabilité des fonctionnaires n'a jamais élé mis
en œuvre par uue loi d'ensemble.
Certains agents se trouvent, au point de vue de la
responsabilité, dans une situation toute particulière,
comme conséquence du régime politique actuel de la
France, ce sont les ministres. En tant que membres
du gouvernement, ils sont atteints par la responsabi-
lité politique et solidaire devant les chambres, respon-
sabilité qui (on l'a montré au $ 61) forme l'élément
essentiel du régime parlementaire. Toujours comme
membres du gouvernement, ils peuvent être atteints
par une responsabilité individuelle, mais qui est
encore mise en jeu par les chambres, responsabilité
pénale pour crimes commis dans l'exercice de leurs
fonctions (L. 16 juillet 1875, art. 12), et responsabilité
civile pour préjudice pécuniaire occasionné à l'Etal.
Le principe de la responsabilité civile des ministres
ne peut, ce nous semble, faire doute; il est consacré
implicitement par l'art. 6 de la loi constitutionnelle du
25 février 14875, mais son application donne lieu à des
difficultés particulières qui seront étudiées plus tard
(ef.$146). Les ministres, dans le régime parlementaire.
ne sont pas seulement membres du gouvernement,
ils sont encore des agents administratifs, chefs hié-
rarchiques des fonctionnaires ressortissant à leur
département, mais véritablement des agents adminis-
tratifs. À ce titre, ils sont soumis au droit commun de
la responsabilité des fonctionnaires. Il n'est point
sans difficulté de déterminer ce droit commun.
La responsabilité pénale, il est vrai, ne peut guère
soulever de difficultés. Chaque législation a déterminé
un certain nombre de cas où Ja violation de la loi
fonctionnelle par l'agent constitue une infraction
PLINE ET RESPONSABILITÉ DES AGENTS 459
. On peut citer les art. 114 à 131 et 166 à 198 de
de pénal. Les décisions, à cet égard, de cha-
rislalion positive, sont déterminées par les idées
législateur se forme, à une époque et dans un
onné, du domaine de la répression pénale. Tout
n peut dire ici, c'est que la tendance du droit
né est certainement de restreindre l'étendue de
ession pénale en ce qui concerne les fautes des
nuaires. En France, les différents articles du
énal qu'on vient de citer, re sont appliqués que
e très rares occasions el les législations pénales
s récentes ne contiennent qu'un petit nombre de
tions relatives aux infractions fonctionnelles.
ontraire, le domaine de la responsabilité civile
nctionnaires va certainement en s'accroissant,
’est une matière qui soulève de très graves dif-
s. Notre intention n'est point de les étudier en
mais seulement de montrer la solution géné-
: laquelle conduit notre notion de la fonction
ue, qui cadre assez exactement d’ailleurs avec
isions de la jurisprudence francaise.
é fonctionnaire a agi dans l'esprit de sa fone-
’est-à-dire en poursuivant effectivement le but
it l'Etat en établissant celte fonction, il ne peut
sponsable ni vis-à-vis de l'Etat, ni vis-à-vis des
uliers, alors même qu'il ait commis une faute,
eut être responsable vis-à-vis des particuliers.
et l'acte étant accompli dans un but étatique,
e but même pour lequel à été établie la fonction
ué considérée et auquel se trouvent par consé-
affectés les biens formant le patrimoine de l'Etal,
e patrimoine qui doit supporter tous les risques
sultent de l'accomplissement de cet acte, et il
s supporter définitivement sans recours contre le
nnaire, qui ainsi n'est alors responsable ni
is de l'Etat, ni vis-à-vis des particuliers lésés.
iu contraire si le fonctionnaire, en faisant un
& sa fonction, a commis une faute qui implique
E.
460 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II
de sa part l'intention de poursuivre un but autre que
celui qu'avait en vue l'Etat en établissant la fonction
considérée, alors il est responsable vis-à-vis des parti-
culiers lésés.
C'est,sous une forme un peu différente, la distinction
établie par la jurisprudence et admise par la plupart
des auteurs entre la faute de fonction et la faute per-
sonnelle, la faute personnelle pouvant seule fonder la
responsabilité des fonclionnaires. Mais il nous semble
qu’en présentant la distinction comme nous le faisons,
on a l'avantage d'en donner en même temps la justifi-
cation. En effet on voit d'une part que la faute de
fonction étant celle qui est commise bien que le fonc-
tionnaire n'ait d'autre but que celui qu'a eu l'Etat en
établissant la fonction, l'Etat seul doit être respon-
sable, parce que c'est lui qui doit supporter le risque
provenant de la négligence, de la maladresse, de la
faute même du fonctionnaire. Si au contraire il y a
faute personnelle, l'Elat ne peut pas être responsable,
parce que le fonctionnaire est alors sorti du but éta-
tique et c'est lui-même qui doit réparer le préjudice
causé,
Cette distinction de la faute personnelle et de la
faute de fonction est admise aujourd'hui d'une façon
constante par la jurisprudence francaise et aussi par
la plupart des auteurs. Mais on ne s'entend point sur
la manière d'apprécier la faute personnelle. Suivant
une formule fréquemment employée par M. Hauriou,
pour que le fonctionnaire soit responsable, pour qu'il
y ait faute personnelle, il faut que le faitqui cons-
titue la faute soit détachable de l'acte administratif.
Mais cela ne dit point comment on reconnaitra que le
fait qui constitue Ja faute est détachable de l'acte
administratif. On a voulu aussi parfois distinguer la
faute de fonction et la faute personnelle par le degré
de gravité de Ja faute (Hauriou, Vote sous jugement
du tribunal des conflits, 26 juin 1897, S., 98. IIL. 49.
A notre avis, le degré de faute peut influer sur l'éten-
PR
B_
462 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IH]
dance, bien administrative, de couvrir quand mème ses subordon-
nés » (S., 1905. 3, p. 20, 2e col.}. Il n'y a pas faute personnelle dans
le fait d'un facteur télégraphisle qui apporte un tlélégramme par
erreur à une adresse autre que celle exactement indiquée sur
l'adresse (Trib. des conflits, février 1906, Le Temps, 20 février 1906).
Mais il y aurait faute personnelle dans le fait du facteur télégra-
phiste qui, au lieu d'apporter le télégramme à l'adresse indiquée,
l'apporte à une autre adresse où il croit trouver plus facilement ou
plus sûrement le destinataire.
La distinction du fait personnel el de la faule de fonction était
déjà consacrée par nos lois en matière de prise à partie, pour les
magistrals de l'ordre judiciaire, par l'art. 505 du code de procédure.
On n'a fail en somme qu'appliquer aux fonctionnaires administralifs
l'idée générale qui paraît avoir inspiré l’art. 505. On s'est demandé
parfois pourquoi, quelque grossière que fût leur erreur ou leur
négligence, les magistrats de l'ordre judiciaire n'étaient pas person-
nellement responsables el pourquoi, en cas d'erreur judiciaire, la loi
du 8 juin 1895 a mis les dommages el intérêts à la charge de l'Etat
et non des magistrats qui le plus souvent par leur légèreté, leur
imprévoyance, ont occasionné l'erreur judiciaire. Tout cela est
très logique. Ll n'y a point de différence à faire, relativement à la
responsabilité, entre le fonctionnaire administralif et le fonction-
naire judiciaire. Quelque grave qu'ait été la négligence du magis-
trat, quelque grossière qu'ait élé son erreur, si en agissant comme
il l'a fait il n'a eu d'autre but que de remplir ses fonctions judi-
ciaires, qu'il a mal remplies, mais qu'il avait l'intention de remplir,
sa responsabililé vis-à-vis des particuliers ne peut exister. Sa res-
ponsabililé ne nailra que lorsqu'il y aura de sa part un fait qui
marque son intention de se placer en dehors de l'esprit qui a inspiré
le législateur en lui donnant une certaine fonction. Seulement, dans
notre législation, pour les membres de l'ordre judiciaire, sont indi-
qués d'une manière limitative les fails qui doivent être considérés
comme révélant l'intention du magistrat de sortir de ses fonctions;
encore ces indications sont-elles données par le législateur dans des
lermes lrès généraux, qui laissent à la juridiction saisie une très
large liberté d’apprécialion.
Le code civil allemand formule dans son article 839 un principe
tout à fait analogue à notre distinction de la faute de fonction el de
la faute personnelle. « Le fonctionnaire qui intentionnellement ou
par négligence viole un devoir professionnel lui incombant vis-à-vis
d'un tiers, doit réparer vis-à-vis celui-ci le dommage causé. Si le
fonclionnaire n'est coupable que de négligence, il ne peut être pris
à partie que lorsque le lésé ne peut oblenir réparalion d'une aulre
manière ». Ce texte implique assurément une apprécialion en fail
de la responsabilité du fonctionnaire plus rigoureuse que celle que
nous proposons; mais le principe est le même.
La question de savoir quel est le tribunal compétent pour sta-
en. sé .
$ 67, — DISCIPLINE ET RESPONSABILITÉ DES AGENTS 463
luer sur les responsabilités des fonelionnaires a soulevé en France
beaucoup de diflicullés aujourd'hui résolues par la jurisprudence.
L'art. 75 de la constilution de l'an VII portait: « Les agents du
gouvernement autres que les ministres ne peuvent être poursuivis
pour les faits relalifs à leurs fonclions qu'en verlu d'une décision
da conseil d'Elat; en ce cas la poursuite a lieu devant les tribunaux
ordinaires ». Getle disposition fut appliquée comme loi ordinaire
jusqu'en 1870. Conslamment altuquée par le parti libéral comme
contraire aux vrais principes du gouvernement libre, elle fut abro-
gte par le décret du Gouvernementde la Défense nationale du 19 sep-
tembre 1870 : « L'art. 75 de la conslilulion de l'an VII est abrogé.
Sont également abrogées loules autres disposilions des lois géné-
rales ou spéciales ayant pour objet d'enlraver les poursuiles diri-
gées contre les fonclioanaires publies de tout ordre ». L'application
de ce texle souleva de nombreuses difficultés. On se demanda si
desormais les tribunaux judiciaires se lrouvaient compélents pour
apprécier tous les éléments d'un acle administralif susceptibles
d'entrainer la responsabililé des fonclionnaires; on se demanda si
en donnant une pareille solution on ne portail pas alleinle à la
règle, que le décret de 1870 n'avait certainement pas voulu abroger,
de la séparation de l'autorité judiciaire et de l'autorité administra-
live el de l'incompétence des tribunaux judiciaires pour apprécier
les actes administratifs. Sur ces points la jurisprudence a été fixée
par un jugement du tribunal des conflits du 26 juillet 1873 reudu
sur le rapport de M. Mercier, plus lard premier président à la cour
de cassalion, dans l'affaire Pellelier (poursuite par le propriélaire
d'un journal suspendu contre le général Ladmirault, commandant
l'état de siège dans le département de l'Oise). Il y est dil : «.… Le
décret. qui abroge l’art. 75 de la conslitulion de l'an VIII n’a eu
d'autre effet que de supprimer la fin de non-recevoir résullant du
défaut d'autorisation et de rendre ainsi aux tribunaux judi-
ciaires loue leur liberté d'aclion, dans Les limites de leur compé-
lence; maïs il n'a pu avoir également pour conséquence d'étendre
les limites de leur juridiction, de supprimer la probibition qui leur
es faile.… de connailre des actes administratifs el d'interdire dans
ce cas à l'autorité administralive le droit d'élever le déclinaloire et
d'élever l'arrêté de conflit. Une lelle interprétation serait inconci-
liable avec la loi du 24 mai 1872 qui, en instituant le tribunal des
conilits, consacre à nouveau le principe de la séparalion des pou-
voirs el les règles de compélence qui en découlent... » Le juge-
menl relève ensuile le caractère administralif des décisions invo-
quéesà l'appui de la poursuile: etil constate « qu'en dehors de cel
acle le demandeur n'impule aux défendeurs aucuns faits person-
nels de nature à engager leur responsabililé particulière... » Ainsi
élait posé le principe de la dislinction du fait personnel et de la
faute de fonction. V. le texte du jugement du tribunal des conflits
lu 26 juillet 1873, Recueil du conseil d'Etat, 1873, 1°r supplément,
464 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
p. 117 et S., 74. 11. 28. Celle jurisprudence est restée inlacte de-
puis 1873; el finalement en voici les conséquences principales. Toul
individu qui se prélend lésé par le fait d'un fonctionnaire le cile
devant le tribunal judiciaire. Si l'autorité administrative n'élève
pas le conllit, elle reconnait qu'il y a fait personnel du fonclion-
naire et le tribunal judiciaire apprécie en pleine liberté si et dans
quelle mesure ce fait personnel peul entrainer la responsabililé. Si
au contraire l'aulorilé administrative élève le conilit, le tribunal
des conilits est appelé à juger si le fail reproché au fonelionnaire
est un fail personnel détachable de l'acte administralil; s'il juge
que non, il confirme l'arrêlé de conflit, et le lribunal judiciaire esl
dessaisi ; s’il juge au contraire que oui, il annule l'arrêté de conflit,
et le tribunal judiciaire apprécie en loute liberté le fait personnel
el ses conséquences au point de vue de la responsabililé du fonc-
lionnaire. Finalement la seule différence entre le syslème actuel el
celui de la conslilulion de l'an VIII, c'est qu'avant 1870 la pour-
suile contre les fonctionnaires élait sukordonnée à l'aulorisalion du
conseil d'Elat, el qu'aujourd'hui elle est subordonnée à l’aulorisa-
lion du tribunal des conilits. Sur celle question de compétence, ef,
Laferrière, Juridiction et rontentieux, 2° édil., 1, p. 646; Hauriou,
Droil administatif, 5° édil., p. 255; Jacquelin, Principes domi-
nanls du conteneur administratif, 1901, p. 115, qui critique
vivement la jurisprudence du tribunal des conflits.
Sur la lhéorie générale de la responsabilité des fonctionnaires,
outre les auleurs déjà cilés, cons. Perreau, La responsabililé des
fonctionnaires, Uhèse Bordeaux, 1894; Depaule, Responsabilité
des fonclionnaires, \hèse Toulouse, 1902; Nézard, Théorie juri-
dique de la fonction publique, \hèse Paris, 1901, p. 722 el suiv.:
Répertoire Becquet el Laferrière, vo Fonclionnaires, n°5 269 el
suiv.; Berthélemy, Poursuiles contre les fonctionnaires, Revue
générale d'udministration, 1898, 1, p. 5: Arlur, Séparation des
pouvoirs el séparalion des fonctions, 195, p. 272 el suiv., p. 280
el suiv.; Saleilles, Revue du droit public, 1901, 11, p. 258, nole 2;
Geser, Die civilrechtliche Verantwortllichkeit der Beamten, Fri-
bourg, 1899; Freund, Die Verantwortlichkeil der Beamten, Archiv
[ür offentl. Rech, T, p. 108 el 365.
68. De la révocation des agents. — Les fonc-
tionnaires peuvent loujours êlre révoqués. C'est un
principe du droit public moderne. La révocation est
l'acte contraire de la nomination. Mais elle a au fond
le même caractère. Nous voulons dire que pas plus
que la nomination elle ne crée par elle-même une
situalion juridique subjective. Elle est la condition de
la cessation du pouvoir qui appartient au fonction-
naire et de Ja situation qui lui est faite. Mais la cause
h
S 68. — DE LA RÉVOCATION DES AGENTS 465
véritable de la cessation de ce pouvoir et de la dispa-
silion de cette situation est toujours la loi de fonction,
dont l'application à ce point de vue est conditionnée
par l'acte de révocation accompli par une autorité
compétente.
Pour expliquer juridiquement le droit de révocation, on a quel-
qefois prélendu que le fonctionnaire était lié à l'Elat par un
luage de services à durée indélerminée, loujours résiliable à la
vdlonté de l'une des parties (cf. Ferrand, Résiliution du louage
de serviceà durée indéterminée, spécialement p. 79, thèse Paris,
1897). On a repoussé d'avance celle manière de voir en montrant
{$6) que la nomination des fonctionnaires ne pouvait être ni de
près ni de loin assimilée à un contrat, On a dil aussi que, la nomi-
ation du fonctionnaire élant un acle unilatéral, l’aulorité qui
l'a porté peut toujours le rapporter, à moins que la loi n’en décide
autrement d'une manière expresse (cf. Hauriou, 5° édit., 1903,
p. 567, note 1). Nous avons déjà dil ($ 65) que celle conceplion élait
inexacle parce qu'un acle unilatéral peut obliger celui qui le fait
aussi rigoureusement qu'un acte contractuel. Enfin on a parfois
vu dans la révocalion l'exercice pur el simple du pouvoir discipli-
saire. C'est là une conception beaucoup trop élroile, car la révo-
calion est possible et intervient souvent sans qu'il y ait aucune
faule, d'un ordre quelconque, à reprocher au fonctionnaire révo-
qué.
Le droit qui appartient en principe à l'Etat de
révoquer ad nulum ses fonctionnaires est la consé-
quence logique et nécessaire du caractère que nous
avons reconnu aux fonctionnaires. Il ne faut jamais
perdre de vue que ce qui fait le fonctionnaire, c’est
qu'il participe avec une certaine permanence au fonc-
tionnement d'un service public, et qu'un service
public est une sorte d'organisme destiné à assurer
l'accomplissement d'une besogne qui s'impose juridi-
quementà l'Etat, à laquelle celui-ci ne peut pas se
soustraire. Dès lors, de même qu'il est libre et qu'il
doit être libre de choisir les agents fonctionnaires, de
même il doit être libre de les renvoyer puisqu'il doit
avoir la plus entière indépendance pour assurer le
bon fonctionnement de ses services publics. Cette
indépendance de l'Etat pour le choix et la révocation
de ses fonctionnaires doit être d'autant plus complète
466 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE HI
que, d'après une jurisprudence qui tend de plus en
plus à s'affirmer (cf. $ 96), l'Etat est responsable vis-
à-vis des particuliers du préjudice à eux causé par le
mauvais fonctionnement des services publics.
De ce qui vient d'être dit, il résulte, à l'inverse, que
si l'on se trouve en présence d'agents de l'Etal qui ne
sont pas des fonctionnaires proprements dits parce
qu'ils ne sont pas associés d'une manière permanente
au fonctionnement d'un service public, le droit de
révocation proprement dit n'appartiendra point à
l'Etat. Si, en fait, ces agents sont des mandataires,
l'Etat pourra les révoquer comme tout mandant peut
révoquer son mandataire. Si ces agents sont liés à
l'Etat par un contrat de louage de services à durée
indéterminée, on appliquera la règle de l'art. 1780 du
code civil, modifié par la loi du 27 décembre 1890,
décidant qu'un pareil contrat peut cesser par la
volonté de l'une des parties, mais que la résiliation du
contrat par la volonté d'un seul contractant peul
donner lieu à des dommages et intérêts.
Le droit de révocation de l'Etat étant reconnu, il
est soumis, au point de vue de la manière dont il
s'exerce, à quelques règles générales. D'abord, en prin-
cipe, la révocation peut toujours être faite et ne peut
—
LE DROIT ET L'ÉTAT
1776. 1l est vrai que, d'après cet édit, elles étaient moins fermées
qu'auparavant et comme émondées. Sont rétablis seulement six
corps de marchands et quaranie-quatre communautés d'arts el
métiers.
Dans la nuit du 4 août, au mome»t où elle vole la suppression de
tous les privilèges, l'Assemblée nationale adopte le principe de l1
+
é:
« réformation des jurandes » (Arch. parl., 1re série, VILL, p. 350.
Praliquement, elles ne furent supprimées que par la loi de-
2-17 mars 1791 dont l’art. 7 est ainsi conçu : « A compter du
4er avril prochain, fl sera libre à Loute personne de faire tel négoce
ou d'exercer telle profession, art ou mélier, qu'elle trouvera bon;
mais elle sera tenue de se pourvoir auparavant d'une patente… et
de se conformer aux règlements de police qui sont ou pourront être
faits ». C'était bien le principe de liberté; on imposait un impôt, la
patenle; rien de plus juste; on réservait les restrictions générales
qui pourraient être apportées par les lois de police; rien de plus
| logique.
Mais l’Assemblée nalionale ne devail pas s'en tenir là. Poussant
jusqu'à l'extrême la logique de son principe, elle ne se contenla
pas de supprimer les corporalions forcées, de déclarer le travail et
l'industrie libres el accessibles à lous, elle prononça l'interdiction
absolue des associations corporalives de méliers et de professions.
Elle violail ainsi, inconsciemment du reste, le principe de la liberté
individuelle. Elle voyait dans toute forme d'associalion une atteinte
au principe individualiste. C'élait une erreur fondamentale. Le
principe de la liberté individuelle implique en effet le droit pour
l'individu d'associer son activité à celle des autres à l'effet de pour-
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$ 81. — DU CONTRAT DE TRAVAIL 547
appliquée, à cause des exceptions qu'y apportèrent les décrets
des 17 mai 1851 et 31 janvier 1866, à cause de l'absence d'un per-
sonnel de contrôle et par suile aussi de l'inertie des parquets.
La troisième république a édicté toute une législation du travail.
La loi du 19 mai 1874 sur le travail des enfants et filles mineures
employés dans l'industrie détermine d'une façon très étroile les
conditions dans lesquelles les mineurs de l'un et de l'autre sexe
pourront êlre employés dans l'industrie et crée l'inspeclion du tra-
(\ \ vail pour assurer son exécution. La loi du 16 février 1883 décide
que les inspectéurs du travail créés par la loi de 1874 seront char-
sw gés d'assurer l'application de la loi du 9 septembre 1848. La régle-
NL mentalion de 1874, considérée comme insuffisante, fut remplacée
que À par la grande loi du 2 novembre 1892 sur le travail des enfants, des
st . filles mineures et des femmes, complétée par une série de décrets,
\b®Le et 13 mai, 15 juillet 1893, 26 juillet 1895, 29 juillet 1897. Pour
Te remédier aux difficultés d'application de cette loi dans les usines em-
bloyant en même lemps des femmes, des enfants el des adulles, et
RS
Ÿ .{\® jans celles où le travail est organisé par équipes, la loi du 30 mars
«=
D (Loi Millerand-Colliard) décide que dans les établissements
*.
“ tüxtes, la durée du travail quotidien sera pour toul le monde, femmes,
© 7. Afants, adultes, de 10 heures au maximum, el que dans chaque
+ “blissement, sauf certaines exceplions, les repos auront lieu aux
‘. mes heures pour lout le personnel (art. 1). Rap. D. 28 mars
_ 7 -:® et L. 29 décembre 1900, fixant les conditions du travail des
” mes employées dans les magasins, boutiques... La loi du
ün 1905 limite pour les ouvriers des mines la durée du tra-
M. wolidien, qui ne pourra excéder une durée de 9 heures; au
manyde deux années, la durée de la journée devra être réduite
Hinures el demie, et au bout d'une nouvelle période de deux
à une durée de 8 heures. La loi du 13 juillet 1906 sur le
Ce Mbdomadaire interdit d'occuper plus de 6 jours par semaine
n° ouvrier ou employé dans un établissement industriel ou
Motinrcial de quelque nature qu'il soit. Cf. la circulaire du minis-
vice ‘ommerce, du 5 septembre 1906, relative à l'applicalion de
Alemewur le repos hebdomadaire (Le Temps, 10 septembre 1906).
our oi, éminemment juste, a rencontré cependant quelque résis-
“mue à son application. — V. le projet de loi sur la réglementation
are heures de travail déposé à la chambre le 10 juillet 106 par
Cm: Doumergue, ministre du commerce, et d’apris lequel la durée
olidienne du travail des adultes ne pourra en principe excéder
A0 heures (Le Temps, 3 août 1906).
Pour l'étude de la législation complète du contrat de travail, ef.
Pic, Législation industrielle, 2e édit., 1903, p. 542 et suiv. Une
lentative de codification des lois relatives au travail el à l'assistance
à élé commencée. Dans ce futur code, le titre 11 du livre l'est inli-
lulé Du contrat de travail. V. Code du travail et de la prévoyance
sociale, Liv, I, Rapport de M. R. Jay, Publications du ministère
em
ch.
re do travail = Une con re
Ra n con du principe de la liberté j*
val, c'est le droit qui doit être reconnu à chacun de
régler librement les conditions suivant lesquelles il
es son travail à une autre personne; c'est én un
mot Ja liberté entière du contrat de travail, Chacun
raft devoir être libre de travailler comme il l'entend.
Par conséquent les clauses du contrat de travail sem=
blent devoir élre réglées librement, d'un commum
accord, par l'employé et l'employeur, sans que le
législateur puisse intervenir pour limiter celte liberté,
par exemple pour fixer un maximum d'heures de trs
vail quotidien et un minimum de salaire quotidien.
Le législateur de la Révolulion ne pensa pas un instant qu'il pie
appartenir à l'Elut d'intervenir pour régler d'une manière reshie=
tive les clauses du contrat de travail. I se borna à prohiber l'enga=
gement de services à perpéluilé dans des texles déjà cités : Décl
girondine, art. 20: Déel. 1793, art. 18; Décl. an I, art. 45, Le
code civil contenail seulement deux courtes dispositions relatives
au contrat de travail, l'art. 1780 : « On ne peul engager ses servie
ces qu'à lemps ou pour une entreprise délerminée », el l'url. 17822
« Le mailre est cru sur son affirmalion pour lu quolilé des gages,
pour le payement du salaire de l'année courante el pour les à-comp=«
les donnés pour l'année courante », disposilion abrogée para loi
du 2 août 1868.
La premitre loi qui soit intervenue pour réglementer les condi=
lions du contrat de lravail est la loi du 22 mars 1841. relative æx
travail des enfants employés dans les manufaclures, les usinese
ateliers, Celle loi, inspirée par une idée très heureuse, était"
festement insuffisante et dépourvue de loule sanelion sé s
Aussi resla-L-elle lellre morte. C'est en 1848, sous l'influence
mouvement social, qui avail à la fois provoqué et accompagné a
révolulion polilique, que furent portées les premières dispositions
légales réglementant vraiment le contrat dé lravail. Par le décret
du 2 mars 1818, le Gouvernement provisoire posa le principe del
réglementalion du travail pour les hommes adulles eux-mêmes
C'était une déclaralion de principe, bien plulôt qu'une disp 0
applicable el pratique. L'Assemklée nationale de 1848 vola la loi der
9 septembre 1838, encore en vigueur, qui, lout en laissant subsis!
le principe de la réglementation du travail des adultes, en rest
&nit l'application « aux élablissements à moleur mécanique où fe
continu el aux fabriques occupant plus de vingt onvriérs réum ;
atelier »; elle fixa à douze heures la durée maxima de la journée! dés
travail dans ces établissements. Celle loi ne fut pour ainsi dire pas.
$S 81, — pt CONTRAT DE TRAVAIL 547
appliquée, à cause des exceptions qu'y apportèrent les décrets
des 17 mai 1851 et 31 janvier 1866, à cause de l'absence d'un per-
sonnel de contrôle et par suite aussi de l'inertie des parquets.
La troisième république a édicté toute une législation du travail.
La loi du 19 mai 1874 sur le travail des enfants et filles mineures
employés dans l'industrie détermine d'une façon très étroile les
conditions dans lesquelles les mineurs de l’un et de l'autre sexe
pourront être employés dans l'industrie et crée l'inspeclion du ira-
vail pour assurer son exécution. La loi du 16 février 1883 décide
que les inspecteurs du travail créés par la loi de 1874 seront char-
gés d'assurer l'applicalion de la loi du 9 septembre 1848. La régle-
mentalion de 1874, considérée comme insuffisante, fut remplacée
par la grande loi du 2 novembre 1892 sur le travail des enfants, des
filles mineures et des femmes, complétée par une série de décrels,
3 et 13 mai, 15 juillet 1893, 26 juillet 1895, 29 juillet 1897. Pour
remédier aux difficullés d'application de cette loi dans les usines em-
ployanten même lemps des femmes, des enfants et des adultes, el
dans celles où le travail est organisé par équipes, la Joi du 30 mars
1900 (Loi Millerand-Colliard) décide que dans les établissements
mixles, la durée du travail quotidien sera pour toul le monde, femmes,
enfants, adulles, de 10 heures au maximum, et que dans chaque
élablissement, sauf certaines exceptions, les repos auront lieu aux
mêmes heures pour lout le personnel (art. 1). Rap. D. 28 murs
1902 et L. 29 décembre 1900, fixant les conditions du travail des
femmes employées dans les magasins, boutiques... La loi du
29 juin 1905 limile pour les ouvriers des mines la durée du tra-
vail quotidien, qui ne pourra excéder une durée de 9 heures ; au
boul de deux années, la durée de la journée devra être réduite
à 8 heures el demie, el au bout d'une nouvelle période de deux
années à une durée de 8 heures. La loi du 13 juillet 1906 sur le
repos hebdomadaire interdit d'occuper plus de 6 jours par semaine
un même ouvrier ou employé dans un établissement industriel ou
commercial de quelque nature qu'il soit. Cf. la circulaire du minis-
tre du commerce, du 5 septembre 1906, relalive à l'application de
la loi sur le repos hebdomadaire (Le Temps, 10 septembre 1%).
Cette loi, éminemment juste, a rencontré cependant quelque résis-
tance à son applicalion. — V. le projet de loi sur la réglementalion
des heures de travail déposé à la chambre le 10 juillet 1906 par
M. Doumergue, ministre du commerce. et d'apris lequel la durée
quotidienne du (ravail des adultes ne pourra en principe excéder
10 heures (Le Temps, 3 août 1906).
Pour l'étude de la législation complète du contrat de travail, cf.
Pic, Législation induslrielle, 2e édit., 1903, p. 542 et suiv. Une
tentative de codificalion des lois relatives au travail et à l'assistance
a élé commencée. Dans ce futur code, le titre 11 du livre l'est inli-
tulé Du contrat de travail. V. Code du travail et de la prévoyance
sociale, Liv. 1, Rapport de M. R. Jay, Publications du ministère
Tv:
qui, proclamé en 1391, n’avail pas encore élé assuré aux ciloyens
d'une manière stable el normale. Les circonslances ne le per-
mirenl pas. Dans sa proclamation du 19 avril 1848, le Gouverne-
ment provisoire disait : « La république vit de liberté el de discus-
sion. Les clubs sont pour la république un besoin, pour les citovens
un droil ». Mais l'insurrection de juin provoqua de la part de l’As-
semblée nationale un ensemble de mesures prohibilives, et notam-
ment la loi du 28 juillet 1848 qui permet les réunions, mais inter-
dit les sociétés secrètes. Cependant la conslilution de 1848 recon-
nail aux citoyens « le droit... de s'assembler paisiblement el sans
armes... » (art, 8). Malgré celte solennelle déclaralion, la loi du
19 juin 1849 autorise le gouvernement, pendant l'année qui suit sa
promulgation. à interdire les clubs et autres réunions publiques
qui seraient de nature à compromettre la sécurité publique. Les
dispositions de cetle loi sont prorogées jusqu'au 22 juin 1551 par la
loi du 6 juin 1850, qui autorise aussi le gouvernement à interdire
les réunions électorales qui seraient de nature à compromettre la
sécurité publique. L'application de ces deux lois est prorogée jus-
qu'au 22 juin 1852 par la loi du 21 juin 1851.
Après le coup d’Elat, le décret du 25 mars 1852 déclare abrogée
la loi du 28 juillet 1848, à l'exceplion de l'art. 13 qui prohibait les
sociétés secrèles. Le même décret décide que les art. 291, 292 et
294 du code pénal et les art. 1-3 de la loi du 10 avril 1834 seront
applicables aux réunions publiques de quelque nature qu'elles
soient. C'étail assimiler les réunions aux associalions et supprimer
la liberté de réunion comme élait inlerdile la liberté d'associa-
lion.
Quand dans la seconde moilié du règne de Napoléon III, le gou-
vernement, sous la pression de l'opinion publique, entra dans la
voie des réformes libérales, la loi du 6 juin 1868 fit une certaine
part à la liberté de réunion. L'art. 1 supprime en principe, pour les
réunions publiques, le régime de police : « Les réunions publiques
peuvent avoir lieu sans «ulorisalion préalable sous les conditions
prescriles aux articles suivants... » Ces condilions étaient une
déclaration préalable faite au préfel ou au sous-préfet et signée par
sept personnes, la réunion ne pouvant avoir lieu que trois jours
francs après. Un fonctionnaire de l'ordre administratif ou judi-
ciaire pouvait toujours assisterà la réunion et la dissoudre si le
bureau laissait discuter une question étrangère à l'objet de la
réunion ou si la réunion devenait tumultueuse. Mais le 8 2 de l'art. 1
contenait une grave restriction à la liberté de réunion : « Les réu-
nions publiques, y était-il dit, ayant pour objet de traiter des
malitres poliliques ou religieuses, continuent à être soumises à
celle autorisation (de l'autorité administrative) ». 11 faut ajouter
que, pendant la période électorale, des réunions électorales, et par
conséquent politiques, pouvaient avoir lieu sans autorisation, et
cela à partir du décret de convocation des électeurs jusqu'au cin-
VOOR
lil, I, art. 14). Les évôques sont élus suivant les formes établies
par la loi du 22 décembre 1789 pour la nomination des membres
de l'assemblée du département (ébid., Lit. Il, art. 3). L'évèque n'a
point à demander la confirmation par le Saint-Siège et le pape ne
peut point donner celle confirmation : « Le nouvel évêque ne
pourra s'adresser au pape pour en obtenir aucune confirmation »
{ibid., lil. 1, art. 18,. 11 peut seulement lui écrire « comme au
chef visible de l'église universelle, en témoignage de l'unité de foi
el de la communion qu'il doit entretenir avec lui » (ibid., tit. 11,
art. 18). Avant sa consécration, l'évèque élu « doit prêter serment
d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi et de maintenir de tout son
pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale et accep-
tée par le roi » (tbid., lil. IL, art. 21). L'élection des curés doit se
faire suivant les formes prescrites par la loi du 22 décembre 1789
pour l'élection des membres du conseil de district (ibid., lit. IF,
art. 25). Toutelois les curés doivent recevoir l'institution canonique
de l'évêque. Mais s'il La refuse, ce refus doit être motivé el l'inté-
ressé peul recourir à la puissance civile (tbiA., tit. 11, art. 36). Cha-
que curé choisit ses vicaires, mais ne peut les révoquer ibid.
lit. Il, art. 43 el 44). Les curés élus et institués doivent prêter le
même serment que les évêques (ibid., lit. Il, art. 33). Enfin le
litre IT réglait le traitement des ministres du culle.
Celle organisation du culte catholique était absolument con-
lraire aux principes mêmes d'organisation de l'église romaine ; el
le Saint-Siège ne pouvait évidemment l'accepter. En effet, après
toutefois d'assez longues hésitations, par un bref du 13 avril 1391.
Pie VI déclara la loi portant constitution civile du clergé de
France hérétique et schismatique, frappa de nullité toutes les élec-
lions qui auraient été faites ou qui seraient failes en verlu de ses
disposilions et donnait quarante jours aux prêtres qui auraient
prêlé le serment pour le rétracter, faule de quoi ils seraient sus-
pendus. En outre el par là même cette loi était une atteinte directe
à la liberté religieuse, à la liberté du culte catholique. Que l'Etat
déclare ne reconnaitre aucun culle, il le peut; il le doit mème; il
ne porle point ainsi alleinte à la liberté religieuse s'il laisse tous les
cultes s'exercer librement. Mais ce n'élail point ce que faisait l'As-
semblée : elle voulait faire au contraire du culle catholique uu culte
nalional et officiel, et lui donnait de sa seule autorité une organi-
salion qui était en contradiction évidente avec les lois de l'église,
nolamment en décidant que les évêques seraient instilués sans la
confirmation du pape. Comme il ne pouvait pas y avoir d'autres
ministres de la religion catholique, ni évêques, ni curés, que ceux
qui avaient été inslitués suivant la constitution nouvelle et qui
avaient prêlé le serment exigé par elle, les catholiques ne pou-
vaient plus exercer leur culte, puisque pour l'exercer légalement
ils auraient été obligés de s'adresser à des ministres schismatiques.
M. Briand, dans son rapport à la chambre des députés sur le projet
OR
»
ayant eu recours, pour se soustraire à l’applicalion de ces disposi-
lions, au fractionnement en sections de moins de vingt membres,
interviol la loi du 10 avril 1834, dont l'art. 1er décide que les disposi-
lions de l'arl. 291 du code pénal s'appliquent aux associations de
plus de vingt personnes, «alors même que ces associations seraient
partagées en seclions d'un nombre moindre », l’aulorisalion du
gouvernement étant toujours révocable. L'art. 2 de cette loi de 1834
aggravail les peines édiclées au code pénal : il décidait que qui-
conque fail parlie d'une associalion non autorisée est passible de
deux mois à un an d'emprisonnement et de 50 à 1.000 francs
d'amende, la peine pouvant être porlée au double au cas de réci-
dive. Elaient frappés des mêmes peines ceux qui prêtaient ou
louaient sciemment leur maison ou appartement pour une ou plu-
sieurs réunions d'une associalion non autorisée.
La consl. de 1848 (ar. 8) vint proclamer le droit d'associalion;
el cependant la législation draconienne de 1834 est restée en
vigueur jusqu'à la loi du 1er juillet 1901, dont l'art. 21 l’a expressé-
ment abrogée, ainsi que les art. 291-293 du code pénal. L'art. 294
a élé abrogé par la loi du 9 décembre 1905 sur la séparalion des
églises el de l'Elat.
U faul.dire cependant qu'avant la loi de 1901 le gouvernement,
représenté par les préfets, se montrait très large dans la concession
des aulorisalions, qu'ainsi s’élaient formées quantité d'associations
arlistiques, scientifiques, liltéraires, philanthropiques et même reli-
gieuses, qui vivaient parfaitement en paix, et qu'il fallait certains
événements poliliques graves et heureusement rares, pour que le
gouvernement fit application de la loi de 1834, comme parexemple,
cn 1898-99, la crise provoquée par l'affaire Dreyfus.
La loi du 1° juillet 1901 a réalisé un notable pro-
grès sur la législation antérieure. D'une manière
générale, elle a établi la liberté d'association. Cepen-
pe
$ 90. — LA LIBERTÉ D'ASSOCIATION 625
dant, en un sens, on doit dire qu'elle est restée en
chemin. En effet, pour que la liberté d'association
existe réellement, il faut que toute association, cons-
tituée librement en vue d'un but licite, puisse acquérir
librement, à titre gratuit ou à titre onéreux, tous
biens mobiliers et immobiliers, sous cette seule con-
dition que ces biens soient affectés au but de l'asso-
ciation. Comme la protection de toute affectation de
richesse au but d'une collectivité est assurée, d'après
les procédés de construction juridique qui prévalent
encore, par la concession à la collectivité de la per-
sonnalité juridique, la loi aurait dû accorder la per-
sonnalité juridique à toute association, régulièrement
constituée, déclarée et publiée, sous cette seule con-
dition que les biens acquis par elle soient exclusive-
ment affectés au but qu'elle poursuit. Le législateur
de 1901 n'a point fait cela. « Les associations, dit
l'art. 2, peuvent se former librement, sans autorisa-
tion ni déclaration préalable; mais elles ne jouissent
de la capacité juridique que si.elles sont déclarées et
publiées conformément à l'art. 5 ». Cela est logique.
C'est le principe de la liberté personnelle d'associa-
tion. Mais il est juste que l'association ne puisse avoir
une vie juridique à l'égard des tiers que si elle est
déclarée et publiée, sans que d'ailleurs aucune autori-
sation soit nécessaire. Seulement du moment où l'asso-
ciation était ainsi déclarée et publiée, elle devait avoir
la pleine capacité juridique dans les limites, bien
entendu, de son but, puisque ce but est la raison
même de sa création et doit marquer la limite de son
action. Le législateur de 1901 ne l'a pas voulu, et c'est
en cela surtout que son œuvre est incomplète. Il a
pris soin d'énumérer limitativement les seuls actes
juridiques que peut faire l'association déclarée et
publiée. Elle peut ester en justice, acquérir à titre
onéreux, posséder et administrer, en dehors des sub-
ventions de l'Etat, des départements et des commu-
nes : 4° les cotisations de ses membres ou les som-
626 PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV
CHAPITRE PREMIER
LE CORPS ÉLECTORAL
(Charte 1814, art. 35 el 40). L'art. 75 porte que les députés qui siè-
gent au corps législalif siègeront à la chambre des députés jusqu'au
prochain renouvellement.
L'Acte additionnel déclare maintenus les assemblées de canton et
les collèges électoraux de département et d'arrondissement, créés
par le sénatusconsulle du 16 thermidor an X (art. 27). Mais il est
décidé que les collèges de département et d'arrondissement nom-
meront directement à la chambre des représentants le nombre des
représentants élabli pour chacun par un tableau annexé à l'Acte
additionnel (art. 31).
Un des premiers acles de la seconde Restauration est l'ordon-
nance du 13 juillet 4815, qui prononce la dissolution de la chambre
ancienne, convoque une nouvelle chambre, fixe le nombre de ses
membres à 402, abaisse l'âge de l'électorat à 21 ans, maintient pro-
visoiremenl les collèges électoraux de l'empire, mais moins libérale
que l’Acte addilionnel ne confère pas aux collèges électoraux la
nominalion direcle des députés : chaque collège d'arrondissement
doil se borner à élire un nombre de candidats égal au nombre des
députés du département, et le collège électoral du département
doit choisir au moins la moilié des députés parmi ces candidats. Une
ordonnance du ?1 juillet 1815 autorise les préfels à compléter les
collèges élecloraux devenus incomplets, en ajoutant 20 membres
aux collèges de*déparlement et 10 aux collèges d'arrondissement.
L'ordonnance du 13 juillet annonçait la revision de plusieurs arti-
cles de Ja Charte, notamment des articles relalifs aux conditions
d'âge et de cens pour l'électorat.
C'est de ce régime pseudo-électoral que sortit la chambre in£rou-
vable, L'ordonnance du 5 septembre 1816, rendue sous l'influence de
M. Decazes, en prononga la dissolution et annonça en même temps
qu'aucun arlicle de la Charte ne serait modifié. Les nouvelles élec-
lions eurent lieu suivant le système réglé par l'ordonnance du
13 juillet 1815.
L'ordonnance du 5 septembre 1816, en annonçant (art. 1) qu'aucun
des articles de la Charte ne serait revisé, rendait nécessaire le vote
d'une loi organique des élections, qui avait été annoncée par l'art.
35 de la Charte. Ce fut la loi du 5 février 1817, dont le projet fut
préparé par une commission nommée par Lainé, devenu ministre
de l'intérieur el où siégeaient Royer-Collard et Guizot. La loi fut
volée après une très brillante discussion à laquelle prirent surlout
part Royer-Collard, Villèle, Serres. Ce ne fut qu'à une majorité de
12 voix que ful voté le principe même de la loi formulé dans l'art. 1
el d’après lequel Lout Français réunissantles condilions exigées par
la loi est appelé à concourir directement à l'élection des députés du
département où il a son domicile politique (rapp. l'art. 7). La loi, en
effel, abandonnait ce système des collèges électoraux, qui n'était
que le simulacre d'un véritable système électoral; elle réalisail un
progrès considérable dans le sens libéral en établissant une élection
$ 99. — LE SUFFRAGE UNIVERSEL EN FRANCE 695
véritable des députés par les ciloyens. Conformément à l'art. 40 de la
Charte, elle fixait l'âge de l'électorat à 30 ans et le cens électoral à
300 fr. de contribution directe (arl. 1). A la différence des conslitu-
tions de 1791 et de l'an 1IL, elle établissait le suffrage direct. L'élec-
tion avail lieu au scrulin de liste par département.
Dès la promulgation de cette loi, la droite commença contre elle
une violente campagne. Après l'assassinat du duc de Berry, le
13 février 1820, et la chute du ministère Decazes, à la faveur du
mouvement de réaction très prononcé qui se produisit alors, fut
votée la loi électorale du 29 juin 1820, loi dite du double vote. Le
but de la loi nouvelle est de donner la prépondérance dans les
élections politiques à l'arislocratie de fortune. Le texte, qui
devint la loi de 1821), ne fut point cependant celui que présentait le
gouvernement. Celui-ci proposait de créer deux classes de collèges
électoraux : les uns, dils d'arrondissement, auraient choisi chacun
autant de candidats que le département nommail de députés, et les
collèges de département composés du cinquième des électeurs pris
parmi les plus imposés auraient nommé les députés en les choisis-
sant parmi les candidats présentés par les collèges d'arrondisse-
nent. Le principe du double collige fut voté à huit voix de majo-
rité. Mais devant les menaces d'émeule, le ministère accepla un
amendement présenté par M. Courvoisier et repris par M. Boiu, et
qui devint l'art. 2 où sont délerminés tous les éléments du nouveau
système, qui se résume ainsi. Il y a autant de collèges élecloraux
d'arrondissement qu'il y a de circonscriplions électorales détermi-
nées par ordonnance royale, au nombre de 258; ils se composent de
lous les Français ägés de 30 ans et payant 300 fr. de contribution
directe ; ils nomment chacun directement un dépulé. Les collèges
de département se composent des électeurs les plus imposés en
nombre égal au quart de la lotalité des électeurs du département.
Ils nomment 172 députés suivant une réparlilion faite par un tableau
annexé à la loi. Avec ce système dans chaque département, les plus ‘
imposés volent deux fois, une fois au collège d'arrondissement, et
une autre fois au collège de département; d'où le nom de loi du
double vole.
Cette loi resta en vigueur jusqu'à la fin de la Restauration. Une
des quatre ordonnances du 25 juillet 1830, qui amenkrent la révo-
lution de 1830, prononçait la dissolution de la chambre dés députés
qui venail d'être élue, el une autre modifiait le régime électoral;
elle décidait que la chambre ne se composerail que des députés des
départements, que les collèges d'arrondissement éliraient chacun un
nombre de candidats égal au nombre des dépulés du département,
que les collèges des départements éliraient les députés en en pre-
nant la moitié parini les candidats présentés par les collèges d'arron-
dissement et que pour déterminer le cens de l'éligibililé et de
l'électorat, on ne tiendrait pas comple de la contribution des
palentes. On sait que la révolution empêcha l'application de ces
ordonnances.
v_ CC
sa radialion sous prétexte qu'il a été inscrit sur la liste d'une autre
commune.
La commission de revision, pour faire son travail, doit lenir
comple de lous les éléments qui s'offrent à elle : demandes, récla-
mations, renseignements et connaissances personnelles, elc…
La décision de la commission administrative de re-
vision à une grande importance, bien qu'elle ne soil
pas définitive. En effet s'il n'y a pas de réclamation
elle fixe l'électorat pour toute l’année. Et s'il y a une
réclamation elle est présumée exacte jusqu'à preuve
du contraire. C'est donc au réclamant à faire la preuve
que l'inscription ou la radiation qu'il demande doit
être opérée.
La commission administrative doit tenir un registre
de toutes les décisions qu'elle prend, et y mentionner
les motifs et les pièces à l'appui (D. régl. 2 février
4852, art. 1,$ 2). Elle doit en outre dresser un tableau
contenant les additions et retranchements faits par
elle; et ce tableau doit être déposé le 45 janvier au
plus tard au secrétariat de la commune (ibid., art. 2).
Doit être déposée en même temps la liste électorale
(L. 7 juillet 1874, art. 2j. C'est donc un double dépôt
qui doit être opéré en même temps, celui de la lise et
celui du tableau rectificatif.
La liste électorale est publique, et le tableau doil
être communiqué à tout requérant qui peut le recopier
et même le reproduire par voie de l'impression. Avis
que le tableau est déposé à la mairie doit être publié
par la voie ordinaire, affiché à la mairie, dans les villes
inséré dans les journaux. En outre lorsqu'il y a radia-
tion d'office par la commission, l'électeur qui en est
l'objet doit être averti par le maire sans frais pour
qu'il puisse présenter ses réclamations (L. 7 juillet
4874, art. 4). L'inobservation de cette prescription
pourrait entrainer la nullité de la radiation et de l'opé-
ration de revision, et même de l'élection faite sur la
liste ainsi irrégulièrement revisée.
Il doit être dressé un procès-verbal constatant
l'accomplissement des formalités prescrites. Copie de
CU
teurs inscrils sur la liste; mais la loi de 1874 ne visait que les élec-
lions municipales, et il est incontesté et incontestable que depuis
l'unification des listes (L. 5 avril 1884, art. 14) la disposition de
l'art. 19, $ 2 du D. organique du 2 février 1852 s'applique sans res-
triction.
La circonscription électorale est aujourd'hui l'ar-
rondissement administratif, et pour les arrondisse-
ments qui nomment plusieurs députés, celle des cir-
conscriptions de l'arrondissement dans laquelle est
siluée la commune dont la liste électorale donne lieu
à réclamation.
La raison, pour laquelle le législateur a aulorisé
out électeur inscrit sur une des listes de la circons-
cription à former une réclamation, apparaît claire-
ment : la régularité des listes électorales touche au
premier chef à l'intérêt collectif; ce n'est pas dans
l'intérêt de tel ou tel électeur que la loi accorde l'élec-
torat, c’est dans l'intérêt du pays tout entier; il ne
peut donc appartenir au seul individu omis ou indü-
ment inscrit de faire une réclamation ; il faut que tout
citoyen puisse saisir la juridiction pour assurer l'ap-
plication exacte de la loi. Il y a là une sorte d'action
populaire qu'on ne pouvait donner à tous les électeurs
francais; le législateur a sagement agi en donnant le
recours à lout électeur de la circonscription.
Ce droil de lout électeur de la circonscription de former une
réclamalion fait apparaitre nettement le caractère de l'électorat.
On voil par là que l'électorat n'est pas un droit subjeclif, ou du
moins qu'il n'est pas seulement un droit subjeclif, qu'il est aussi
un pouvoir objectif, une fonction publique. Cf. supra,8 25. Cela
fail aussi apercevoir le vrai caractère du contentieux qui va naitre
des réclamations lendant à l'inscription ou à la radiation d’un indi-
vidu. Ce n'est point un contentieux subjectif, mais véritablement
un contenlieux objectif. Cf. supra, $ 46.
Ilesl bien entendu que les réclamations faites par un tiers et
lendant à l'inscription d'un électeur ne peuvent viser que ceux qui
doivent être inserils d'office sur la liste électorale et non pas ceux
qui ne peuvent être inscrits que s'ils le demandent.
Les réclamations peuvent être aussi formées par le
préfet et le sous-préfet (D. org. 2 février 1852, art. 19,
$ 3). Les maires ne peuvent point formuler une récla-
$ 102. — DE LA REVISION DES LISTES ÉLECTORALES 729
mation. Ce droit du préfet et du sous-préfet s'explique
par les mêmes raisons que celui des électeurs de la
circonscription et conduit aux mêmes conséquences.
L'électorat est une fonction; il faut que les représen-
tants du pouvoir désignés par la loi puissent inter-
venir pour que cette fonction ne soit remplie que par
ceux qui réunissent les conditions exigées par la loi
et puisse l'être par tous ceux qui les réunissent. Le
préfet et le sous-préfet doivent former leur réclama-
tion dans Je même délai de vingt jours.
Les réclamations doivent être inscrites par ordre de
date sur un registre ouvert à cet effet à la mairie (D.
org. 2 février 1852, art. 19, & 4). Il doit y avoir des
registres différents s'il y a plusieurs sections ou can-
tons (Circ. ministre intérieur 30 décembre 1875). Le
maire doit donner récépissé de la réclamation. Celui
dont l'inscription est contestée doit en être averti
sans frais par le maire et peut présenter ses observa-
tions (D. org. 2 février 1852, art. 19, 8 5, el L. 7 juillet
1874, art. 4, S 1).
Les réclamations sont jugées par /a commission
municipale de revision. C'est la commission adminis-
trative à laquelle sont adjoints deux autres délégués
du conseil municipal, d'où son nom de commission
municipale (L. 7 juillet 4874, art. 2, $ 2 el L. 30 no-
vembre 1874, art. 1,8 2). Dans le cas où il y a plu-
sieurs sections électorales dans la commune, il faut
constituer autant de commissions que de sections. À
Paris, on adjoint deux électeurs domiciliés dans le
quartier et nommés avant toute revision par la pre-
mière commission (L. 7 juillet 1874, art. 2, $ 3.
La commission municipale est une véritable juridiction el a lous
les pouvoirs d’une juridiction. Mais elle exerce une juridiclion
purement objective. Elle ne stalue pas sur une question de droil
subjectif; elle statue sur la question de savoir si les condilions exi-
gées par la loi pour qu'on puisse ou non être réguliérement inscrit
sur la liste électorale d'une commune sont remplies. Elle ne pro-
nonce pas de condamnation; elle ordonne la radialion ou l'ins-
cription. Elle peut être saisie, on l'a dit, non seulement pur l'indi-
730 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE PREMIER
A. Nomination du Parlement.
dl
$ 115. — INVIOLABLLITÉ PARLEMENTAIRE 815
L'inviolabililé est acquise aux sénateurs et aux
députés proclamés avant même que leur pouvoir ait
été vérifié.
.L'inviolabilité n'existe que pendant la session. — Elle
commence avec la session et finit avec elle (cf. $ 417).
Les ajournements que les chambres s'octroient à elles-
mêmes n’interrompent pas le session et par conséquent
ne suspendent point l'inviolabilité. On peut se deman-
der s'il en est de même au cas d'un ajournement
prononcé par le président de la république, en vertu
des pouvoirs à lui conférés par l'art. 2, $2, de la loi const.
du 16 juillet 1875. On décide en général que l'inviola-
bilité n’est point suspendue pendant cet ajournement,
précisément parce qu'il n'y a là qu'un ajournement et
que la session n'est point close. La session n'est close
qu'au moment où le décret dé clôture à été lu aux
chambres.
C'est en vertu de la même idée que lorsque comme en 1906 la fin
de la législature arrive pendant le cours de la session ordinaire de
cinq mois au minimum (L. const. 16 juillet 1875, art. 1, 8 2), les
députés non réélus demeurent inviolables jusqu'à l'expiration des
pouvoirs de la chambre dont ils font partie. En fait, en 1906, malgré
le renouvellement de la chambre les 6 et 20 mai, les députés appar-
tenant à la précédente législalure sont restés inviolables jusqu’au
31 mai 1906 date de l'expiration de leurs pouvoirs. Mais on peut se
demander si les députés qui sontélus ainsi, au moment d’un renouvel-
lement général, au cours d'une session ordinaire, deviennentimmé-
diatement inviolables ou ne le deviennent qu’au lendemain du jour
où s'achève la législature précédente, si notamment les députés
nouvellement élus les 6 et 20 mai 1996 ont élé inviolables à partir
du jour où ils ont été proclamés ou ne l'ontélé qu'à partir du 1er juin.
Logiquement, il faut admettre qu'ils sont inviolables du jour de
leur élection; c'est conforme à ce qui a élé dit précédemment,
Cependant on peut soulenir qu'ils ne sont inviolables qu'à partir du
{er juin, parce que, jusqu'à cette dale, c'est la chambre ancienne qui
est en session et non la chambre nouvelle. Cf. en ce sens, cour
Paris 10 novembre 1902 el cassation 30 janvier 1903, Revue du droil
public, 1903, I, p. 254, avec un intéressant article de M. Delpech.
À quels fails s'applique l’inviolabilité? — Seulement
à des faits constituant une infraction, que la poursuite
soit exercée par le ministère public ou par un particu-
lier agissant en vertu du droit de citation directe en
816 DEUXIÈME PARTIE, — CHAPITRE II
matière correctionnelle, établi par l’art. 482 C. instr.
crim. L'inviolabilité s'applique à toutes les infractions
qualifiées crimes ou délits. L'art. 14 porte : « en
matière criminelle ou correctionnelle ». Elle ne s'ap-
plique point aux contraventions de police. Il y a là une
règle tout à fait exceptionnelle qu'il faut interpréter
restrictivement ; or le texte ne parle que des crimes et
délits. D'ailleurs cela se conçoit; les poursuites en
matière de contravention ne sont jamais assez graves
pour qu'elles puissent porter atteinte à l'indépendance
des députés.
En 1892, en cours de session, deux dépulés ont élé cités en
simple police. M. Floquet, alors président de la chambre, a déclaré
à M. le garde des sceaux Ricard que ces citations lui paraïssaient
contraires aux immunités parlementaires. Le garde des sceaux fit
des réserves sur le point de droit; mais cependant il fit suspendre les
poursuiles. De même en 1904, sur la demande du président de la
chambre, le garde des sceaux a ordonné la suspension jusqu'à la fin
de la session d'une poursuite en simple police dirigée contre un
dépulé. Cf. Pierre, loc. cr£., p. 1229 et Supplément, 1966, p. 411.
Flagrant délit. — L'inviolabilité judiciaire n'existe
pas lorsqu'il y a flagrant délit. Il faut considérer
qu'il y a flagrant délit et que, par conséquent l'immu-
nité est supprimée dans tous les cas qui sont indiqués
par l'art. 41 du code d'inst. crim. : le délit se commet
ou vient de se commettre; le prévenu est poursuivi
par la clameur publique; le prévenu est trouvé saisi
d'effets, armes, instruments ou papiers faisant présu-
mer qu'il est auteur ou complice, pourvu que ce soit
dans un temps voisin du délit. Lorsqu'il y a flagrant
délit, l'inviolabilité parlementaire, à notre avis, cesse
complètement; le droit commun reprend son empire;
le député, présumé auteur du flagrant délit, peut être
poursuivi et arrêté comme s'il n'était pas député; il
n'y à point lieu de demander à la chambre une au-
torisation quelconque, et celle-ci ne peut requérir
la suspension ni de la détention ni de la poursuite.
Ces solulions nous paraissent incontestables devant le
texte de l'art. 14 qui excepte sans aucune réserve le
$ 415. — INVIOLABILITÉ PARLEMENTAIRE 817
flagrant délit. Comme l'inviolabilité parlementaire est
une dérogation profonde au droit commun, une excep-
tion grave au principe primordial de l'égalité devant
la loi, on ne peut l’étendre en dehors des termes stricts
du texte.
Cependant les présidents et les membres des assemblées politi-
ques, qui, surtout dans nos démocraties modernes, ont une tendance
fâcheuse à s'arroger des privilèges, ont, à plusieurs reprises, pré-
tendu que, même au cas de flagrant délit, les députés n'étaient
point soumis au droit commun. On a soutenu notamment, bien que
cela ne repose sur rien, que, dans le cas de flagrant délit, un
député pouvait être arrêté sans autorisation de la chambre, mais
que les poursuites ne pouvaient avoir lieu contre lui qu'avec l'auto-
risation. M. Floquel, président de la chambre des députés, disait le
18 février 1892 : « Je ne peux pas laisser émeltre à la tribune cette
théorie que le flagrant délit permet de commencer des poursuites
contre un membre du parlement sans l'autorisalion de l'assemblée
dont il fait partie. Le flagrant délil permet l'arrestation, mais une
fois l'arrestation opérée, une autorisalion est nécessaire pour que
des poursuites puissent être exercées ».
On a soutenu en outre et la chambre a même décidé que lors-
qu'un député avait élé arrêté au cas de flagrant délit, la chambre
pouvait requérir sa mise en liberté; on a invoqué, par analogie,
la disposition du $ 2 de l’art. 14, qui prévoil seulement le cas où
poursuite et détention ont commencé dans l'intervalle des sessions.
Le 30 novembre 1896, la chambre a ordonné la mise en liberté de
M. le dépulé Chauvin, arrêté en flagrant délit. Le 19 juin 1903, la
question s'est posée encore devant la chambre à l'occasion de M. de
Dion, arrêté pour flagrant délit de rébellion et condamné en police
correclionnelle. M. le garde des sceaux Vallé couvrit le procureur
de la république qui avail provoqué la condamnation, mais ajouta :
« Je prends l'engagement d'aviser MM. les procureurs généraux
qu'ils ne devront pas aller plus loin que l'arrestation et que j'aurai
à m'entendre ensuile avec M. le président de la chambre ». La
chambre vota à l'unanimité un ordre du jour « approuvant les
déclarations du gouvernement ». Le 14 novembre 1905, la question
fut encore soulevée à la chambre; M. Doumer, président, rappela
que, d'après l'interprétation de M. Vallé, le précédent garde des
sceaux, « s’il élait permis à l'aulorité judiciaire de procéder, en cas
de flagrant délit, à l'arrestation d'un député, elle ne pouvait conti-
nuer les poursuiles sans en référer à la chambre ». Cette solution
parait définilivement acquise. Si elle était conforme aux art. 36 ct
417 de la const. de 1848, elle nous parait inadmissible avec l’art. 14
de la loi de 1875.
Sur la question du flagrant délit, cons. Laborde, L'inviolabililé
parlementaire, Revue crilique, 1906, p. 403.
818 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE Hi
Effets de l'inviolabilité. — Elle n'a point pour con-
séquence de soustraire le représentant à toute pour-
suite judiciaire ; seulement les poursuites sont nulles
et le représentant ne peut être arrêté, tant que l'auto-
risation n'a pas été donnée par la chambre à laquelle
il appartient.
L'inviolabilité judiciaire couvre-t-elle non seulement
la personne du député, mais encore son domicile?
C'est-à-dire l'autorité judiciaire (ou l'autorité admi-
nistrative dans le cas où elle a ce pouvoir) peut-elle
ordonner et faire des perquisitions au domicile d'un
membre du parlement, pendant la session, sans l'au-
torisation de la chambre dont il fait partie? En vertu
de la règle d'interprétation restrictive déjà invoquée.
la solution affirmative nous paraît certaine. La cons-
titution ne parle que de poursuite et d'arrestation et
non point de perquisitions domiciliaires; par consé-
quent, pour celles-ci, les membres du parlement doi-
vent être soumis au droit commun.
C'est ce que disait M. Dufaure à la séance du 27 juin 1849 : « On
prélend que la prérogative parlementaire s'étend non seulement à
la personne des représentants, mais encore à leur domicile...
Qu'on me permette de le dire, une telle dérogation aux règles de
l'égalité civile aurait besoin d'être écrite dars la constitution
ou
dans quelque loi. Je ne la trouve écrite nulle part ». La chambre
parut approuver. La dérogation n'est pas plus dans Ja constitution
de 1875 et dans les lois en vigueur aujourd'hui qu'elle n'était dan-
la constitution de 1848, dans les lois de 1849. Dans la séance du
6 mai 1893. la question d'inviolabilité du domicile n'a pas élé soule-
vée à l'occasion d'une perquisition opérée pendant la session par
des agents des contributions indirectes dans une propriété possédée
par un député par indivis avec son frère. Le ministre des finances a
cependant exprimé en séance ses regrets de l'incident. Cf. Pierre.
loc. cit., p. 1213.
Comment est demandée et obtenue l’aulorisation de
poursuile? — Lorsque la demande en autorisation de
poursuite contre un député ou un sénateur est for-
mée à la requêle du ministère publie, la chambre est
régulièrement saisie sur le réquisitoire du procureur
général, transmis au président de la chambre par le
ministre de la justice. Si la demande en autorisation
$ 115. — INVIOLABILITÉ PARLEMENTAIRE 819
de poursuite émane d'un particulier agissant en ma-
tière correctionnelle en vertu du droit de citation
directe (art. 182, C. inst. crim.), il est de jurisprudence
constante que la chambre n'est valablement saisie que
si le particulier justifie d'un commencement de pour-
suite, soit d’une assignation lancée, soit même d'un
projet d’assignation présenté au parquet et portant un
visa indiquant qu'il a été refusé de donner jour à rai-
son de l’immunité parlementaire.
Cette jurisprudence a été constamment suivie dans les chambres
depuis 1865, où une note fut donnée sur sa demande au président
du corps législatif par le secrétaire général concluant ainsi : « Le
président du corps législatif ne peut soumettre à la chambre aucune
demande ou aulorisation de poursuite présentée par un particulier,
qui ne soit précédée d'une plainte et il y a lieu d'écarter toute
demande de celte nature qui, tant qu'elle n’a pas pour base le dépôt
préalable devant les autorilés compélentes d'une plainte, ne cons-
titue qu'une tentalive de diffamation contre un membre du corps
législatif » (Pierre, Loc. cil., p. 1241). On veut ainsi que la chambre
n'ait à délibérer que sur une demande de poursuite sérieuse.
Les demandes en autorisation de poursuite sont lues
à la chambre par le président qui en ordonne l'im-
pression et le renvoi dans les bureaux; une commis-
sion est nommée. La chambre peut prononcer l'ur-
gence et voter immédiatement. Habituellement, elle
statue sur un rapport fait par une commission, suivant
les règles de la procédure parlementaire ordinaire
‘cf. infra, $ 123, 125, 127). Elle n'est pas obligée de
donner une solution unique; elle peut distinguer les
personnes s'il y a plusieurs de ses membres inculpés,
accorder l'autorisation pour les uns, la refuser pour
les autres.
La chambre saisie d'une demande en autorisation de poursuite
n'a point à examiner le bien fondé de l'inculpation; elle n'a point le
rôle d’une juridiction; elle est chargée de sauvegarder son indé-
pendance et doit examiner seulement si la demande est loyale et
sincère ou si au contraire elle est motivée au fond par la pensée,
au cas où elle émane du gouvernement, de porter atteinle à l’hon-
neur, à la liberté de certains députés, et au cas où elle émane d'un
particulier, si elle n’est pas inspirée par des rancunes personnelles
ou des passions politiques. Cf. Moreau, Revue du droil public,
1899, I, p. 451. Ainsi une commission parlementaire, saisie d’une
820 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE II
alé mil |
$ 120. — RÈGLEMENT DES CHAMBRES 851
dans la const. de l'an II elle introduisit pour le conseil des anciens
.art. 44 et suiv.) et pour le conseil des cinq cents (art. 73 el suiv.)
un véritable règlement intérieur qu'elle compléta par une loi du
25 fructidor an III. Pendant le consulat et le premier empire, les
assemblées n’eurent point le droit de faire leur règlement et le
sénatusconsulte du 28 frimaire an XII forma le fond du règlement
du corps législalif.
La Charte de 1814 laissa aux chambres le droit de faire leur règle-
ment; elle contenait des dispositions relatives seulement à la nomi-
nation du président (art. 29 el 43). [l en est de même de la Charle
de 1830, qui donna, on l'a vu, à la chambre des députés l'élection
de son président. L'Assemblée nationale de 1848 vola son règle-
ment le 20 mars 1848, et l’Assemblée législative le 6 juillet 1849.
Depuis 1852 jusqu’à 1869, les règles du fonctionnement intérieur .
des chambres furent déterminées par décret. L'art. 11, $ 2 du séna-
tusconsulte du 8 septembre 1869 donna au sénat et au corps législa-
tif le droit de faire leur règlement intérieur. L'Assemblée de 1871
adopla le règlement de l'Assemblée législative de 1849, sauf quel-
ques modifications de détail.
Aujourd'hui les chambres, bien que les lois const.
ne le disent pas expressément, ont incontestablement
le droit de faire leur règlement. D'ailleurs ce droit leur
est implicitement reconnu par l’art. 5,$ 2 de la loi
du 16 juillet 1875, qui porte : « Chaque chambre peut
se former en comité secret sur la demande d'un cer-
tain nombre de ses membres fixé par le règlement ».
La loi const. du 16 juillet 1875 contient (art. 3 et 11)
quelques rares dispositions relatives à la publicité des
séances, à la nomination du bureau et à la durée de
ses pouvoirs. Tous les autres points doivent étre et
sont déterminés par les règlements intérieurs de cha-
que chambre. ,
Le sénat a voté son règlement le 10 juin 1876 et la
chambre le 46 juin 1876. Depuis lors les règlements
des chambres ont recu d'assez nombreuses additions
et modifications. Le règlement n'est pas fait seulement
pour la législature qui l’a voté. Il lui survit tant que
les bases constitutionnelles sur lesquelles existait la
chambre qui l’a votée subsistent. Si l'on imaginait, par
exemple, que la république fût remplacée par un gou-
vernement monarchique, les règlements actuels du
sénat et de la chambre ne s'appliqueraient point ipso
852 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE NH
facto au sénat et à la chambre du nouveau régime.
Chaque chambre a toujours le droit de moditier son
règlement.
Outre le règlement sur le fonctionnement intérieur, chaque
chambre a un règlement spécial de comptabilité, dressé par les
soins des questeurs,de concert avec la commission de comptabilité,
eu vertu des résolutions prises par la chambre.
Il importe de bien comprendre que les règlements
des chambres ne sont pas des lois, mais simplementdes
résolutions, c'est-à-dire des dispositions votées par une
seule chambre. Chaque règlementest voté uniquement
par la chambre à laquelle il s'applique. Il devient
obligatoire du moment où il est voté et sans qu'il y ait
besoin ni d'une promulgation, ni d'une publication.
De ce que le règlement n'est pas une loi il résulte
qu'il ne peut contenir aucune disposition qui soit con-
traire, non seulement à la loi constitutionnelle, mais
encore à une loi ordinaire. Cette règle ne peut soule-
ver aucune difficulté. Mais ilest certain quesi l'une des
chambres voulait voter un article de son règlement qui
fût contraire à une disposition légale ou constitution
nelle, il n'y aurait pas de moyen de l'en empêcher; le
gouvernement lui-même n'aurait aucune voie de re-
cours pour faire annuler une pareille disposition; il
pourrait en demander l'abrogation, poser sur ce point
la question de confiance, mais ce serait tout.
Le règlement n'étant pas une loi, mais simplemement une réso-
lulion d'une des chambres, ne peut s'appliquer qu'aux membres de
la chambre considérée pris comme tels. Mais il s'applique à lous,
même à ceux qui auraient volé contre. Il ne peut pas s'appliquer
aux individus qui ne font pas parlie de la chambre ou aux membres
de la chambre n'agissant pas comine tels. Suivant une expression
de M. Laband, les dispositions du règlement de chaque chambre ne
sorlent pas de « l'intérieur de l'eppurat parlementaire ». C'est ainsi
par exemple que le règlement he peut point s'appliquer aux minis
tres ne faisant pas partie de la chambre dans laquelle ils se trouvent,
ni aux commissaires du gouvernement, et que par exemple les pei-
nes disciplinaires prévues au règlement de la chambre ne peuven!
point leur être appliquées. Cf. le rapport de M. Corne à l'Assemblée
législative de 1849 et séance du sénat du 21 mars 1887. Mais un
ministre dans la chambre dont il fait partie esl soumis, comme élant
membre de celle chambre, au règlement et à la discipline que
$ 120. — RÈGLEMENT DES CHAMBRES 853
celui-ci établit. Cependant on ne pourrait certainement pas pronon-
cer l'exclusion temporaire, puisqu'aux termes de l’art. 6, $ 2 de la
loi const. du 16 juillet 1875, les ministres ont leur entrée dans les
deux chambres et doivent être entendus loutes les fois qu'ils le
demandent et qu’il y aurail violation de la constitution à leur inter-
dire l'entrée de l’une des chambres.
Le règlement s'impose non seulement aux membres de la cham-
bre pris individuellement, mais aussi à la chambre elle-même. Elle
peut modifier, abroger par voie générale les dispositions du règle-
ment ; mais tant qu’elles existent elles s'imposent à la chambre qui les
a volées, et qui ne peut pas plus faire un acte contraire àsonrèglement
qu'elle ne peut faire un acte contraire à la loi. Comme l'a très bien
dit le président Dupin dans son discours à la Législalive le 2 juin
1849 : « Indépendamment de la loi générale qui commande au
dehors et nous oblige comme les autres citoyens, chaque assem-
blée a sa loi particulière, le règlement qu'elle s'impose et par lequel
elle contracte l'obligation d'obéir à elle-même ».
C'est pour assurer le respect du règlement que tout membre doit
obtenir la parole pour un rappel au réglement, et que les deman-
des de rappel au réglement ont loujours la priorité sur la question
principale (Règl. sénat, art. 59; chambre, art. 91).
C'est au président qu'il appartient
de faire appliquer le règlement
et de l'interpréler (Règl. sénat, art. 29, n° 2 et chambre, art. 97,
8 2). Cf. notamment la séance de la chambre du 16 juin 1879 où sur
une observalion de M. Rouher, ce droit d'interprétation souve-
raine du président a été reconnu par le président Gambetta. Mais le
président a cerlainement le droit de consulter la chambre. Cf.
nolamment séance de la chambre du 27 juin 1904.
Le règlement de chaque chambre s'impose donc à la chambre et
à ses membres avec la rigueur d'une loi. Cependant un recours au
contentieux pour excès de pouvoir ne pourrait point êlre formé
devant le conseil d'Etat contre une décision de la chambre et
même de sun président. Cette décision peut avoir, au point de vue
matériel, le caractère d’un acte adminisiralil; mais les chambres ne
sont pas des organes administratits; leurs présidents ne sont pas
des aulorilés administralives et leurs actes ne sont certainement pas
susceplibles d'être critiqués par la voie du contentieux administra-
tif. Cf. procès-verbal de la conférence tenue par le bureau et la
commission de la chambre le 25 juin 1819, Pierre, loc. cil.,
- p. 507. Il n'y a pas a furtivri de recours possible devant les tribu-
naux judiciaires. CI. cass., 30 janv. 1882, affaire Baudry-d'Asson,
Pierre, loc. cit, p. 511.
Cette subordination des membres de chaque chambre au règle-
ment peut avoir pour eux des conséquences graves, puisque ce
règlement permet au président ou à la chambre de leur infliger des
peines qui, quoique quahfiées de disciplinaires, peuvent ètre très
graves, entrainer une perte d'argent en suspendant
le traitement et
854 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE II
même la privalion de la liberté (Règl. chambre, art. 126). On peu
donc se demander comment une décision, par voie générale sans
doule, mais qui n’émane pas d'un pouvoir conslitutionnellement
élabli pour formuler la loi, laquelle seule peut édicter des peines
contre les citoyens, a cependant force obligaloire pour des ciloyens
français el comment la force publique peul être mise en moute-
ment pour assurer l'exécution d’une décision individuelle prise
conformément à celte décision réglementaire. On sait, en effet,
qu'au cas de censure avec exclusion temporaire, si le député n'ob-
tempère pas à l'invitation du président, il peut êlre expulsé manu
mililari, el s'il reparaîl au palais Bourbon avant l'expiration de la
période d'exclusion, il peut être enfermé pendant trois jours dans
un local préparé à cel effet (Règl. chambre, art. 126.
Cela s'explique si l'on voit dans chacune des assemblées politi-
ques une vérilable corporation aulonome, ayant recu de l'Etat des
pouvoirs propres très étendus. Celte corporation a un pouvoir légis-
lalif; elle fait une loi qui s'applique à ses membres: c'est <on
règlement; une partie de ce riglement constitue un vérilable droit
pénal, c'est toute la partie relative à la discipline. Cette corporation
a un pouvoir juridictionnel: elle fait elle-même l'application juri-
diclionnelle de ce droil pénal. Elle vérifie aussi les pouvoirs de se-
membres el on a montré au $ 118 que la vérification des pouvoirs
élait vraiment un acle de juridiction. Chaque chambre reçoit de
l'Elat une dolalion financière dont elle fait tel usage qu'elle veut.
sauf cependant certaines limitations légales. comme celle relative à
l'indemnité des sénateurs et des dépulés fixée par la loi.
Chacune des chambres doit-elle être considérée en effel comme unr
vérilable corporalion autonome investie par concession de l'Etat
des prérogalives étendues que l'on vient d'indiquer? Nous n'osons
l'affirmer. Mais nous reconuaissons volontiers que celle conception
cadre bien avec beaucoup de dispositions du droit parlementaire
moderne el donne une solulion élégante des problèmes que fait
nailre la force obligaloire des reglements des chambres. Ainsi dans
l'ancien régime les états généraux de France el les assemblées ana-
logues exislaul dans beaucoup de pays étrangers élaient une rét-
nion de mandataires des groupes corporalifs. Aujourd'hui les assem-
blées poliliques sonl un organe représentatif du pays tout entier.
Mais cet organe représentalif lui-même serait devenu une corpora-
tion. Si, comme on l'a soutenu, les fonclionnaires des différents ser-
vices publics tendent aussi à se constituer en groupes corporslifs.
il y aurail une lendance générale de l'Etat moderne à s'organiser
corporalivement; el cela serail peut-êlre une réaction contre le
principe de l'unité el de l'indivisibilité de l'Etat affirmée par la Ré-
volulion. Le mouvement syndicalisle existant parmi les fonclion-
naires se rallacherail à la même tendance. Cf. Paul-Boncour. Revue
socialiste, janvier 1906, p. 17 et suiv.; Berthod, {tevue politique el
parlementaire, 10 mars 1906, p. 413; Leroy, Le droit des fonclion-
naires, 1906; rapp. Berthélemy, Revue de Pic, Lyon, 1906, p. 161.
D
$ 121. — DISCIPLINE PARLEMENTAIRE 855
121. Discipline parlementaire. — Si l'on recon-
naît aux chambres le droit de voter leur règlement, on
ne peut pas leur contester le droit d'établir certaines
peines disciplinaires comme sanction de ce règlement.
M. Séuard, vice-président de la chambre et jurisconsulle re-
nommé, disait en 1879 : « Par cela qu’une assemblée existe, elle a
le droit de se protéger, d'assurer son fonclionnement. C'est une
société constituée par la loi pour délibérer. Elle a le droil de pren-
dre les mesures nécessaires pour sauvegarder la liberté de ses déli-
bérations; elle a le droit d'exclure le membre qui s’écarte de l'or-
dre. 1l est impossible de meltre sérieusement en question le droit
d'inscrire dans le règlement des peines contre ceux qui lroublent
les délibérations » (Uonférence du bureau de la chambre el de la
commission du réglement en 1819, Pierre, loc. cit., p. 50).
La const. de 1791 (Lil. LEE, chap. nn, sect. 1, art. 4, $ 3) reconnais-
sait expressément au corps législatif le droit de discipline sur ses
membres etle droil de leur infliger certaines peines privalives de
liberté : « Il (le corps législatif) ne peut prononcer de punilion plus
forte que la censure, les arrêls pour huit jours et la prison pour
trois jours ».
En 1579, on a surtoul discuté la question de savoir si la chambre
pouvail imposerà ses membres une privation de liberlé qu'on a
appelée mise aux arrèêls, mais qui est véritablement un emprison-
nement. Le président Gambelta la juslifiail en disant qu'il ne fallait
y voir qu'un moyen d'assurer l'ordre, une sanction à l'exclusion
prononcée contre un membre de la chambre qui trouble l'ordre. Si
en effet l’on admet le principe du droit disciplinaire conçu comme
le droit pénal d'une corporalion autonome que serail la chambre, où
doit logiquement reconnailre la possibililé pour la chambre d'éla-
blir, dans son règlement, des peines privalives de liberté, comme
elle établit des peines pécuniaires.
Il reste bien entendu que le droit disciplinaire de
chaque chambre ne s'applique qu'aux membres de Ja
chambre. On a déjà dit qu'il ne peut pas s'appliquer
aux ministres qui ne sont pas membres de la chambre
considérée, ni aux commissaires du gouvernement. Il
ne peut pas s'appliquer non plus aux personnes ne
faisant pas partie de la chambre et qui assistent à une
séance. Le président incontestablement peut faire
expulser toute personne non député ou sénateur qui
donne des marques d'improbation ou d'approbation
(Règl. sénat, art. 112; chambre, art. 138). Il n'y à point
là application du droit disciplinaire, mais seulement
856 DEUXIÈME PARTIE, — CHAPITRE II
exercice du pouvoir de police appartenant au prési-
dent (cf. $ 122).
Aujourd'hui, sénateurs et députés sont soumis aux
mêmes peines disciplinaires, qui sont: 4° le rappel à
l'ordre; 2 le rappel à l’ordre avec inscription au pro-
cès-verbal ; 3° la censure: 4° la censure avec exclusion
temporaire du lieu des séances (Règl. sénat, art. 144;
chambre, art. 117).
Le rappel à l'ordre esl toujours prononcé par le président seal.
Est rappelé à l'ordre lout orateur qui s'en écarte, qui trouble les
délibéralions par des interruptions, des personnalités, des manifes-
lalions de lous genres. Est rappelé à l'ordre avec inscription au
procès-verbal tout membre qui dans la même séance aura encouru
un premier rappel à l'ordre. À la chambre, le rappel à l'ordre avec
iuscriplion au procès-verbal emporte de plein droil la privation
pendant quinze jours de la moilié de l'indemnité. Lorsqu'un des
uraleurs a été deux fois rappelé à l'ordre dans la même séance, la
chambre peut, sur la proposilion du président, lui interdire la parole
pour le reste de la séance. Sur le rappel à l'ordre, cf. Rigl. sénat,
url. 113-117; chambre, art. 119-122.
La ceusure el la censure avec exclusion temporaire sont pro-
uoncées dans des cas qu'énumérent les arl. 118 el 119 du règle-
ment du sénat, 123 el 124 du réglement de la chainbre, et dont
voici quelques-uns. La censure simple esl prononcée contre lout
dépulé qui après un rappel à l'ordre avec inscriplion au procis-
verbal ne sera pas rentré dans le devoir, contre tout dépulé qui
aura donné le signal d'une sc:ne tumullueuse, adressé des injures
ou des menaces à un ou plusieurs collègues. La censure avec
exclusion temporaire est prononcée contre le député qui aura,
dans le cours de la mème session, subi deux fois la censure simple.
contre celui qui en séance publique fail appel à la violence, quiæ
rend coupable d'outrages envers la chambre ou une parlie de la
chambre, d'outrages envers le sénal, le gouvernement ou le prés
dent de la république.
La censure simple et avec exclusion temporaire ne peut jamais
êlre prononcée que par la chambre. Mais le président a seul l'ini-
lialive; c'est lui qui apprécie souverainement s’il doit consullerls
chambre sur la censure. La censure est prononcée sans débal, par
assis el levé, el point au scrutin public, qui ne peut jamais être
demandé (Régl. chambre, art. 82). Le député contre lequel la cen-
sure esl demandée a toujours le droit d'être entendu ou de faire
enlendre en son nom un de ses collègues.
Au sénal, la censure avec exclusion temporaire impose au membre
con(re laquelle elle a été prononcée l'obligation de sortir immédia-
tement du palais et de s'abstenir
d'y paraître pendant les trois séances
$ 121. — DISCIPLINE PARLEMENTAIRE 857
suivantes. En cas de refus du sénateur d’oblempérer à l'invitation
qui lui est faite de sortir, la séance est levée. Les deux censures
entraïinent de plus l'affichage à mille exemplaires, aux frais du séna-
eur, dans son département de l'extrait du procès-verbal mention-
nant la censure.
A la chambre, les deux censures entrainent l'obligalion pour le
député de payer les frais d'affichage à deux cents exemplaires
dans sa circonscription de l'extrait du procès-verbal. La censure
simple emporte la privation de moilié de l'indemnité pendant un
mois, et la censure avec exclusion temporaire pendant deux mois.
La vensure avec exclusion temporaire entraîne interdiction de
prendre part aux travaux de la chambre et de reparaîlre au palais
Bourbon jusqu'à l'expiration du jour de la quinzième séance qui
suit celle où la mesure a été prise. Dans le cas où le député enfreint
cette défense, ou si le même député est frappé deux fois de la
censure avec exclusion temporaire dans la même session, l'exclu-
sion s'élend à quarante séances. Si le député reparaîit dans le palais
législatif avant l'expiration de sa période d'exclusion, il est arrêté
par l'ordre des questeurs et enfermé pendant une durée qui ne peut
excéder trois jours dans un local préparé à cet effet. S'il reparaît
dans la salle des séances, le président lève la séance; sur son ordre,
le député est arrèlé par les soins des questeurs et enfermé dans le
dit local. Sur la censure, cf. Règl. sénat, art. 118-122; chambre,
123-128.
Le député ou le sénateur frappé d'exclusion temporaire ne béné-
ficie plus pendant sa période d'exclusion de l'irresponsabilité. En
effet celle irresponsabilité ne s'applique qu'aux acles qui se ratta-
chent au mandat législatif ($ 114); or le représentant ne peut pen-
dant la période d'exclusion exercer son mandat législatif: donc il
ne peut pas être question d’irresponsabililé. Mais nous n'hésilons
pas à penser que l’inviolabililé reste intacte. L'art. 14 de la loi
const. du 16 juillet 1875 n'indique aucune restriction. D'autre part,
les raisons qui justifient cette inviolabilité subsistent tout entières.
En effet des poursuiles où une détention commencée pendant la
période d'exclusion pourraient ne point êlre achevées au moment
où elle finirait et seraient ainsi une entrave au libre exercice du
mandat législatif. Sans doule la chambre pourrait en requérirka
suspension: mais cela dépend de sa volonté. En suspendant l'in-
violabilité du député exclu, on aggraverait donc sa peine sans
qu'aucun lexte le permette.
N importe enfin d'affirmer que les chambres ne peu-
vent pas, ne doivent pas établir comme peine l'exclü-
sion définitive du député. Le député est une partie
composante de l'organe qui représente la volonté natio-
nale; il ne peut appartenir à l’une des chambres, ni
même au parlement de modifier la composition de ces
858 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE II
ou.
$ 122. — POLICE DES CHAMBRES 86t
aussi de faire prendre par les questeurs toutes les
mesures qu'il estime nécessaires pour assurer la sécu-
rité de l'assemblée qu'il préside. Il peut notamment
faire expulser toute personne qui, n'étant pas mem-
bre de l'assemblée, trouble l'ordre d'une manière
quelconque, et d'après les règlements des chambres
« toute personne qui donne des signes d'approbation
et d'improbation » (sénat, art. 112 et 113; chambre,
art. 138 et 139). Il peut refuser ou faire retirer à une
personne une carte lui permettant d'aller dans une
tribune déterminée.
Toutes les décisions de police que prend ainsi le président de
chaque chambre sont insusceptibles de recours. Cela ne veut pas
dire que le président puisse violer la loi, mais simplement que ses
décisions ne peuvent pas être criliquées devant les tribunaux. C'est
ainsi que le conseil d'Etat a très justement déclaré non recevable
un recours formé par un journaliste contre une décision du prési-
dent de la chambre lui retirant sa carte d'entrée dans la tribune de
la presse (Cons. d'Etat, 14 novembre 1882). — Le président exerce
ces pouvoirs de police au nom de la chambre qu'il préside et par
conséquent sous le contrôle de celle-ci. 11 doit donc donner toutes
les explications qu'il plairait à la chambre de lui demander, et la
chambre pourrait certainement approuver ou désapprouver formel-
lement les mesures prises par le président.
La loi du 22 juillet 1879, art. 5, est venue renforcer
ces pouvoirs du président, en lui donnant, comme le
décret du 11 mai 1848, le droit de requérir directe-
ment « la force armée et toutes les autorités dont il
juge le concours nécessaire ». Il importe de remar-
quer que le législateur de 1879 a eu surtout en vue
l'hypothèse où les présidents des chambres auraient à
protéger l'indépendance du parlement contre le gou-
vernement lui-même. 1l se rappelait surtout l'impré-
voyance de l'Assemblée législative qui, en 1851, à la
veille du coup d'Etat (16 novembre 1851), avait refusé
de donner à son président ce droit de réquisition
directe. On a déjà fait observer au $ 117 que cette
loi de 1879 pourrait avoir, dans des circonstances
graves, pour conséquence de légaliser en quelque
sorte la guerre civile.
UT he.
D. Procédure parlementaire.
aim à |
& 124. — L'INITIATIVE 875
6 juillet 1895, le rapporteur de la commission du budget à propos
d’un amendement tendant à introduire dans la loi des finances un
acte obligeant le gouvernement à déposer dans un certain délai un
projet de loi relatif à l'impôt sur le revenu. La loi constitutionnelle
donne au gouvernement le droit d'initiative sans réserve; le légis-
lateur ordinaire ne peut apporter une restriction à ce droit consli-
tutionnel, en imposant au gouvernement l'obligation de déposer un
projet; a fortiori il ne peut pas lui imposer l'obligation de déposer
un projet dans un certain délai.
Nous n’en dirons pas aulant des résolutions par lesquelles l’une
des chambres invite le gouvernement à déposer un projet de loi et
fixe même un certain délai. Alors, en effet, il n’y a point une dis-
position législative créant une limitation que la loi conslitutionnelle
n'a pas établie. La chambre qui vole une pareille résolulion ne fait
pas autre chose qu'exercer son droit de contrôle sur les actes, sur
la politique du gouvernement. On verra, au $ 129, que ce contrôle
ne donne pas seulement aux chambres le droit de demander au
gouvernement des explicalions sur les acles fails, mais aussi le
droit d'indiquer au gouvernement, en des formes variables, la
politique à suivre. La résolulion invitant
le gouvernement à dépo-
ser un projet de loi n’a point pour but, comme l'aurait une loi, de
faire naitre, pour le gouvernement, une obligation légale de dépo-
ser le projet; elle avertit seulement le gouvernement que sa res-
ponsabililé polilique pourrait se trouver engagée s'il ne déposait
pas tel projet de loi. Cela est d'une correclion constilutionnelle
parfaite.
Il est incontestable que le gouvernement peut retirer
un projet qu'il a présenté à l'une des chambres. Le
retrait du projet se fait par un décret motivé ou non
et contresigné par le ministre intéressé. La simple dé-
claration d'un ministre faite verbalement à la tribune
ne suffirait pas. Présenté aux chambres par décret, un
projet ne peut être retiré que par décret. Le projet
peut être retiré à tout moment de la procédure parle-
mentaire.
Cependant
on verra ($ 128) que le gouvernement doit transmet-
tre à l'autre chambre le projet voté par une chambre. Mais quand
il a l'ail celte transmission, il peut le retirer. Qu'on ne dis pas que
la transmission est alors inutile : c’est un acle de déférence pour la
chambre qui a déjà voté le projet, et la chambre à laquelle est faite
la transmission peut alors, si le projet est reliré, le reprendre par
l'initiative parlementaire et en rester saisie.
Aniliative parlementaire. — Elle appartient en prin-
cipe en toute matière à tout député, à tout sénateur
876 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE II
(L. 95 février 1875, art. 3,$ { et 24 février 18%.
art. 8). On a vu cependant que, d'après le règlement
de la chambre (art. 6), une proposition de loi ne peut
pas être déposée par un député avant son admission.
Pareille restriction n'existe pas au sénat.
Le droit d'initiative appartenant aux députés et aux
sénateurs comprend naturellement le droit d’amende-
ment, c'est-à-dire le droit de proposer des modifica-
tions partielles aux projets du gouvernement ou aux
propositions parlementaires.
Le droit d'initiative est en principe le même pour
les députés et pour les sénateurs. Il est restreint pour
les sénateurs en matière financière par l’art. 8, $ 2 de
la loi const. du 24 février 1875. Pour les députés.
il peut s'exercer en toute matière à la condition.
bien entendu, que la proposition déposée ne soil
pas contraire à la constitution. Les députés peuvent
donc proposer des ouvertures de crédit, soit l'intro-
duction de crédits nouveaux dans le budget, suit
l'augmentation de crédits déjà inscrits au budget, soit
l'ouverture de crédits isolés.
Ce droil a été nellement affirmé par le président Grévy le
11 janvier 1877 et bien souvent la chambre a volé des crédits ou
des augmentations de crédils proposés par des députés. Cette
pratique est même devenue abusive; il est arrivé souvent qu'u:
budgel, présenté en équilibre à la chambre par le gouvernement
el la commission du budget, sortait de la chambre en déficit, par
suite du vote de nombreux crédils proposés par les dépules, et
souvent admis en vue de considéralions purement électorales. C'e:t
pour remédier à ce grand inconvénient que le 46 mars 1900, sur ls
proposilion de M. Berthelot, la chambre a volé la résolution sui-
vante qui est devenue l'art. 51 bis de son réglement: « Aucune
proposilion lendant soit à des augmentations de traitement, dir
demnilés ou de pensions, soil à des créalions de services, d'er-
plois ou de pensions ou à leur extension en dehors des limits
prévues par les lois cn vigueur, ne peut être faile sous forme
d'amendement ou d'article additionnel au budget ». Cette disposi-
tion est applicable el elle a été appliquée sans contestation park
président aux projets de crédits supplémentaires qui ne sont qu'un
complément du budgel. Les amendements ayant pour but d'ang-
menter les dépenses par la reprise du chiffre primitif du gouverne-
ment ne sont pas soumis à l'interdiction. Ne l'est pas non plus une
EL RS
RS
sitge du pouvoir exécutif et des deux chambres est à Versailles »
{L. const. 25 février 1875, art. 9).
Lorsqu'en 1879 la présidence de la république eut été confiée à
un républicain et qu'une majorilé républicaine se fut constituée
dans les deux chambres, on refit de Paris la capitale de la France.
Par la loi const. du 21 juin 1879, l’art. 9 de la loi du 25 février 1875
fut abrogé; et fut votée la loi ordinaire du 22 juillet 1879 relative
au siège du pouvoir eréculif et des deux chambres à Paris.
Il faut noter qu'aux termes de l'art. 3 de la loi du 22 juillet 1879
les divers locaux du palais de Versailles, qui en 1879, au moment
du vote de cette loi, élaient occupés par le sénat et par la chambre
conservent leur affectalion, et que d'autre part Jorsque les deux
chambres se réunissent en assemblée nalionale, soit pour élire le
président de la république conformément aux art. 2 et 7 de la loi
du %5 février 1875, soil pour procéder à Ja revision des lois consti-
tutionnelles conformément à l'art. 8 de la même loi, elles doivent
se réunirà Versailles dans la salle qui en 1819 était affeclée à la
chambre des dépulés : celle disposition a élé édictée d’abord pour
celle raison de fait qu'il n°y avail pas à Paris de salle suffisamment
grande el disposée pour les délibérations d'une assemblée comptant
près de 00 membres, comme l'assemblée nationale. D'autre part,
le législateur de 1879 a pensé ris justement qu'une réunion de
l'assemblée nalionale était loujours une chose grave, qu'elle ait lieu
pour l'élection du président de la république ou pour la revision de
la constitution. qu’elle pourrait provoquer dans le pays et surtout à
Paris une effervescence, et qu'alors dans la solennelle el pacifique
cité de Versailles Ja sécurité et la tranquillité de l'assemblée natio-
nale seraient facilement assurées.
Date des séances. — Pendant la durée de la session,
chaque chambre est absolument libre de déterminer
ET
N
$ 132. — LE SÉNAT HAUTE COUR DE JUSTICE 951
(art. 23) lui fait une obligation d'appliquer rigoureusement les pei-
nes prévues par la loi combinée avec la disposition de l'art. 463 da
code pénal « sans qu'il puisse y substituer de moindres peines » et
de rappeler dans l'arrêt les dispositions légales dont il fait l'applica-
cation (L. 10 avril 1889, art. 23).
En 1830, la cour des pairs, qui par son arrêt du 21 décembre
avait commis une première illégalité en déclarant les ministres de
Charles X coupables du crime de trahison, qu'aucune loi ne déi-
nissait et ne punissait, en commit une autre, conséquence d'ailleurs
de la première, en disant dans son arrêl : « … Considérant qu'a-
cune loi n'a déterminé la peine de la trahison et qu'ainsi la coc”
est dans la nécessité d'y suppléer.. » et en condamnant les accusés
à la prison perpétuelle, peine inconnue dans notre système pénal.
434. De la procédure suivie devant le sénat
haute cour de justice. — L'art. 12,8 5 de la loi const. dn
16 juillet 1875 portait : « Une loi déterminera le mode de procéder
pour l'accusation, l'instruction et le jugement ». Lorsqu'en 1889. ke
gouvernement provoqua la poursuite du général Boulanger devant
la haute cour, on s'aperçut que depuis 14 ans on n'avait point song
à faire la loi annoncée. De bons esprits soulenaient que tant que k
loi de procédure ne serait pas faite, le sénat ne pourrail pas èlre con:-
titué en haute cour de justice. Le 8 avril 1889, le sénat ayant recu
communication d’un décret le conslituant en haute cour de justice
pour connaître d'un crime d'attentat à la sûreté de l'Etat, M. Baf-
fet proposa le vole d'une résolution par laquelle le sénat déclarerait
qu'il ne pourrait fonctionner comme cour de justice tant que la loi
de procédure annoncée par la constitution ne serait pas volée. La
proposition de M. Buffet fut repoussée par la question préalable.
Mais pour éviter des difficultés, on acheva à la hâte en 1889, à
veille du procès Boulanger, la loi sur la procédure. C'est la loi du
10 avril 1889. Cette loi ne s'applique qu'au cas où le sénat est cons-
titué en haute cour de justice par un décret pour connaître d'un
attentat à la sûreté de l'Etat; elle ne s'appliquerait point au cas 01
le sénat serait constitué en haute cour pour juger le président de ls
république ou un ministre mis en accusation par la chambre. Celi
a été dit expressément par M. Morellet, rapporteur de la ki
(11 février 1889) (Pierre, loc. cit., p. 742, note 1), el cela ressort
nettement du titre de la loi : Loi du 10 avril 1889 sur la procédure
S 134. — PROCÉDURE SUIVIE DEVANT LA HAUTE COUR 963
à suivre devant le sénat pour juger loue personne inculpée d'at-
lental commis contre la sûreté de l'Elat.
Dès lors aujourd'hui, si la chambre des députés mettait en accusa-
tion soit le président de la république, soil un ministre, la question
se poserait de savoir si en l'absence d’une loi de procédure, le sénat
pourrait fonctionner comme haute cour de justice. Nous n'hésitons
pas à le penser. L'existence d'une loi de procédure n'est pas néces-
saire pour qu'une juridiction légalement élablie puisse exercer ses
attributions. On peut ciler l'exemple des conseils de préfecture, qui,
créés par la loi du 28 pluviôse de l'an VIII, n'ont été dotés d’une
loi de procédure que le 22 juillet 1889. La disposition de l’art. 12,
$5 de la loi const. du 16 juillet 1875 est purement énoncialive et
l'on ne saurait certainement en conclure que l'exercice du droit de
la chambre de melire en accusation le président de la république
et les ministres et du sénat de les juger soit subordonné à la con-
fection d'une loi de procédure. Toutefois le législateur ferait bien
de combler cette lacune de notre législation. M. Morellet, dans son
rapport sur la loi de 1889, semblait annoncer que cette loi serait
faite incessamment; mais le parlement l'a oubliée.
Le cas échéant, la chambre et le sénat, pour la mise en accusalion
et le jugement du président de la république et des ministres, pour-
raient {sauf les réserves faites au $ 133) s'inspirer des précédents
de 1830. Dans l'acte de mise en accusation la chambre devrait viser
les articles de loi sur lesquels elle appuie son accusalion et dont
elle demande au sénat de faire l'application. File désignerait deux
ou plusieurs de ses membres pour « faire toutes les réquisitions
nécessaires, suivre, soutenir et mettre à fin l'accusation devant le
sénat ». L’acle de mise en accusation voté par la chambre serait
transmis au sénat, qui, par une résolution, se constituerait en haute
cour de justice. V. l'exposé détaillé de la procédure suivie en 1830
pour le procès des ministres de Charles X, Pierre, loc. cil., 2e édit.,
4902, p. 725 et suiv.
Procédure au cas où le sénat est conslilué en haute cour de jus-
lice par un décret pour connaître d’un crime d'attentat à la sûreté
de l'Etat. — C'est la seule hypothèse dans laquelle s'applique la loi
du 10 avril 1889. Les auteurs de cette loi (cf. le rapport précité de
M. Morellet) ont eu pour but de calquer la procédure qu'ils établis-
saient sur la procédure criminelle de droit commun et d'assurer
aux accusés devant le sénat toules les garanties que le code d'ins-
truction criminelle assure aux accusés devant la cour d'assises. Cette
loi contient même un art. 32 ainsi conçu : « Les disposilions du code
d'inst. crim. et de toutes autres lois générales d'instruction crimi-
nelle qui ne sont pas contraires à la présente loi sont appliquées à
la procédure, s’il n’en est aulrement ordonné par le sénat ». La
partie finale de cet article n'est pas sans nous surprendre, et nous
n'en apercevons pas une juslification possible. Les règles de procé-
dure sont la garantie des justiciables; le législateur les impose aux
=:=2
22
LE GOUVERNEMENT
_
8 436. — NOMINATION DU PRÉSIDENT 971
système ne pouvait plus fonetionner normalement
(cf. $ 62). II est toujours cependant celui du droit écrit,
‘ Cons. sur les gouvernements républicains le beau livre de
M. Barthélemy, Le rôle du pouvoir exécutif dans les républiques
modernes, 1901.
A. Le président de la république.
part à l'électior
972
vice militaire
is L ibér31,
500, art. 88$$ oir
és $ 2).pourCf.Cf. pouv et 118dre.
116 elpren
L. 20 juil Éonale procédant à l'élection du président de h
Lie _e est un collège électoral uniquement; elle ne peut ps
de l'aail:
nr ere Il y a lieu d'appliquer ici l'art. 132 de la const.
ee pouvoir exécutif est délégué à un directoire de cinq membre:
nommé par le corps législatif, faisant alors fonction d’assemblé
slectorate au nom de la nation ». De cet article il faut rapprocher
l'art, {0 du décret règl. du 2 février 1852 : « Les collèges électo-
raux ne peuvent s'occuper que de l'éleclion pour laquelle ils sont
réunis. Toutes discussions, toutes délibérations leur sont interii-
tes ». L'assemblée nalionale procédant à l'élection du président de
la république est uniquement un collège électoral; elle ne peut
donc sous aucun prétexte délibérer.
Il appartient au président de l'assemblée nationale d'assurer
l'application de cetle règle. Il ne devra accorder la parole à qui que
ce soit, ne laisser aucun des membres aborder la tribune et passer
outre à toutes les propositions ou demandes qui seront faites. Par-
fois les présidents de l'assemblée nationale ont fait garder par des
huissiers les abords de la tribune. Si en fait une proposition élait
formulée, nous croyons que le président ne devrait mème ps
poser la question préalable; car la poser c'est admettre la possibi-
lilé d'une discussion. Il devrait faire comme si aucune proposilion
n'avail été formulée.
La loi constitutionnelle (L. 25 février 1875, art. 2,
exige que le président soit élu à la majorité absolw.
Par conséquent il faudra voter indéfiniment jusqu'à
ce que l'un des candidats ait obtenu la majorité abso-
lue. Rien ne s'opposerait d'ailleurs, à notre avis, à ce
que, dans une première journée, aucun candidal
n'ayant obtenu la majorité absolue, la suite de l'élec-
tion füt remise par le président au lendemain. Il
n'appartiendrait pas à l'assemblée de décider qu'après
un certain nombre de tours la majorité relative suff-
rait.
Le vote a lieu à la tribune par appel nominal ; avant le vote, il est
procédé au tirage au sort de 36 scrulaleurs chargés de procéder au
dépouillement des bulletins. Les noms des membres qui ont pris
part au vole et de ceux qui n'ont pas répondu à l'appel nominal sont
insérés au J. 0/f., avec leurs excuses. Immédiatement après la pro-
clamalion du scrutin, lecture est donnée du procès-verbal de
séance, mais après que le président a déclaré close la session de
l'assemblée nationale (séance de l'assemblée nationale du 47 janvier
1906, qui a procédé à l'élection de M. Fallières). Tout membre peut
$ 136. — NOMINATION DU PRÉSIDENT 973
faire une rectification ; mais si le membre s'écarte de larectification,
le président doit lui retirer la parole.
Le président du conseil des miuistres fait part à l'élu de son élec-
tion à la présidence de la république, en présence des présidents
des chambres. Cette communication ne peut avoir lieu qu'après la
séparalion de l'assemblée. En même temps que cette communica-
tion, il y a parfois transmission des pouvoirs (Cf. infra).
Ni les lois constitutionnelles, ni les lois ordinaires
n'ont exigé de conditions spéciales pour étre prési-
dent de la république. La constitution de 1848 (art.
44) exigeait que le président fût né Français, n'eût
jamais cessé de l'être et fût âgé de trente ans. Aucune
règle de ce genre n'existe aujourd'hui : il suffit donc
d'avoir la jouissance de ses droits civiques et poli-
tiques.
La seule cause spéciale d'inéligibilité établie par
nos lois est inscrite dans la loi const. du 14 août 1884,
art. 2, $2 : « Les membres des familles ayant régné sur
la France sont inéligibles à la présidence de la répu-
blique ». On voit aisément la raison qui a inspiré cette
disposition. Rap. L. 22 juin 1886.
Les fonctions de président de la république, comme
toute fonction publique en principe, sont incompati-
bles avec le mandat de sénateur et de député. Cf. 8 110.
Le président de la république est nommé pour sept
ans. Il est indéfiniment rééligible. La durée de sept
années commence à courir du jour où il entre en fonc-
tion, jour qui peut (cf. infra) ne pas coïncider avec le
jour où il est nommé.
On a quelquefois critiqué la possibilité de la réélection, en disant
qu'il serait contraire aux vrais principes démocratiques qu'un pré-
sident restät au pouvoir pendant un temps indéfini. Nous ne croyons
pas que la crilique soit juste. 11 peut y avoir grand intérêt, pour la
continuité et la stabilité de la politique, surtoul de la politique exté-
rieure, à ce que le mème président conserve le pouvoir pendant de
longues années; el la périodicité septennale de l'élection empêche
assurément que le président n'acquière un pouvoir personnel.
M. le président Grévy avait été réélu le 28 décembre 1885 après
l'expiration d'une première période seplennale; mais il fut obligé de
donner sa démission deux ans après, au mois de novembre 1887.
MM. les présidents maréchal de Mac Mahon, Carnot, Casimir-Pe-
972 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE MI!
re «a dl
8 138. — ATTRIBUTIONS EXÉCUTIVES 991
d'administration publique et les décrets rendus en la
forme des règlements d'administration publique. Les
uns et les autres ont cela de commun qu'ils sont
rendus par le gouvernement, après avis du conseil
d'Etat délibérant en assemblée générale (L. 24 mai
4872, art. 8; D. 21 août 1872, art. 5,8 1). Le décret
portant règlement d'administration publique contient
des dispositions par voie générale ; le décret rendu en
la forme des règlements d'administration publique con-
tient une disposition individuelle; c'est par exemple le
décret par lequel le chef de l'Etat prononce l'annula-
tion d'une délibération d'un conseil général dans les
hypothèses prévues par les art. 33 et 47 de la loi du
40 août 1871. On reviendra sur cette terminologie au
$& 149. On appelle décret en conseil d'Etat le décret
rendu après avis du conseil d'Etat délibérant en sec-
tion. — Enfin la loi exige parfois un décret en conseil
des ministres. Le projet de décret doit alors être déli-
béré en conseil des ministres et porter la mention
délibéré en conseil des ministres. Cf. $ 144.
« Le président de la république surveille et assure
l'exécutiun des lois » (L. 25 février 4875, art. 3, 8 À).
— C'est là une formule vague et de laquelle on n'a pas
pu trouver d'autre sens que celui-ci : le président de
la république fait les décrets réglementaires destinés
à compléter la loi et à en fixer les détails d'applica-
tion. Il est possible que dans la pensée des rédacteurs
de l’art. 3 cette formule avait ce sens. Mais ils auraient
pu dire cela en un langage plus clair. Cf. & 40, 140 et
441.
Ce qui est vrai, c'est que peuvent êlre et sont sou-
vent délibérées en conseil des ministres, sous la prési-
dence du président de la république, les instructions
que chaque ministre adresse verbalement ou par écrit
aux fonctionnaires relevant de son département sur les
mesures individuelles à prendre en application de telle
ou telle loi. En ce sens, en effet, on peut dire que le
gouvernement personnifié par le président de la répu-
992 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE I
blique surveille et assure l'exécution des lois. En
réalité c'est chaque ministre qui, sous sa responsabi-
lité devant les chambres, donne les intructions aux
fonctionnaires placés sous ses ordres. On peut dire
toutefois qu'il agit au nom du gouvernement. D'autre
part ces instructions n'ont pas le caractère d'actes
juridiques (cf. $ 47).
Le président de la république a le droit de faire grüre
(L. 25 février 1875, art. 3, $ 2). — Bien que le droit
de grâce ait conservé en réalité le caractère de préro-
gative personnelle du chef de l'Etat, le décret accor-
dant une grâce doit être contresigné par un ministre,
l'art. 3,$ 6 exigeant le contreseing ministériel pour
tous les actes du président de la république sans
exception. Nous ne croyons pas cependant quun
décret accordant une grâce puisse engager la respon-
sabilité politique du ministère devant les chambres,
parce que le droit de grâce est resté une prérogalive
personnelle du chef de l'Etat (cf. $ 33). Les amnisties
ne peuvent être accordées que par une loi (L. 95 fé-
vrier 1875, art. 3, 8 2). Sur le caractère de l'amnistie.
cf. $ 35.
Le président de la république dispose de la force
armée (L. 25 février 1875, art. 3, $ 3). — Le législateur
aurait pu dire plus exactement : la force publique.
L'expression eût été plus large et partant plus exacte.
. La force publique comprend tous les agents qui son
armés et qui sont à la disposition du gouvernement
pour assurer par la force l'exécution des actes faits
conformément au droit. Elle comprend d'une part la
force publique permanente civile, et la force publique
permanente militaire, qui est plus particulièrement la
force armée ou simplement l'armée.
La force publique permanente civile comprend tous les agents
de police, que l'on peut distinguer en trois catégories : 4° les
agents de la police générale; 20 les agents de la police locale, €:
3 les agents de la police spéciale, comme les gardes forestiers, les
gardes-pèche. La force publique permanenlie civile ou simplement
la police est complètement à la disposition du gouvernement. Cels
$ 138. — ATTRIBUTIONS EXÉCUTIVES 993
est vrai évidemment pour les agents de la police générale, qui
dépendent directement du ministre de l'intérieur; cela est vrai
aussi pour les agents de la police parisienne, dont le chef immédiat
est le préfet de police subordonné du ministre de l'intérieur. Cela
est vrai même pour les agents de la police municipale. En effet,
bien qu'aux termes de l'arl. 91 de la loi du 5 avril 1884 le maire ait
la police municipale, el par conséquent aulorité sur le personnel
de la dite police, cependant d'après l'art. 99 de la mème loi, le pré-
fet peut, après une mise en demeure adressée au maire, se subsli-
tuer à lui, et ainsi en fin de compte la police municipale est subor-
donnée au préfet, subordonné lui-même au gouvernement.
La force publique permanente militaire ou force armée propre-
ment dile où armée comprend d'abord la gendarmerie, qui est
plus particulièrement chargée de maintenir l'ordre et la tranquillité
sur le lerritoire {D., 20 mai 1903, art. 1). Elle comprend en outre
l'armée proprement dite, qui se distingue en armée de terre, armée
navale ou marine el armée coloniale. Enfin certains corps d'agents
sont organisés militairement : les douaniers et les agents fores-
tiers. L'armée proprement dile a surtout pour inission de défendre
le territoire contre l'ennemi de l'extérieur. Mais bien souvent, la
gendarmerie ne suffisant pas, l'armée proprement dite est employée
pour assurer à l'intérieur l'ordre et Ja tranquillité, el pour prêter
main-forle à l'autorité civile dans l'exécution des acles administra-
tifs ou judiciaires.
Le président de la république dispose de la force
armée. Cette formule très énergique de la loi de 4875
montre que le gouvernement n'a pas seulement un
droit de réquisition. Ce n'est pas seulement là une
différence de mot, mais une différence de fond, très
grande et très logique. Le gouvernement, personnifié
par le président de la république, non seulement peut
mettre l'armée en mouvement, mais encore peut
diriger son action. Il peut donner aux généraux des
ordres directs, par exemple pour l'emplacement des
troupes, pour les manœuvres à opérer, soit pour
assurer l'ordre à l'intérieur en temps de paix, soit
pour défendre le territoire en temps de guerre. Ce ne
sont pas des réquisitions qu'il adresse; ce sont des
ordres qu'il donne. Ces ordres ne sont soumis à aucune
forme spéciale. Le chef militaire qui refuserait d'y
obtempérer tomberait sous le coup des art. 218 du
code de justice militaire et 294 du code de justice
Dueuir >
994% DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE II
soumis à une règle ? Nous croyons qu'il peul faire ce qu'il veut. à
la condition toutefois que la publication au Journal officiel ait lieu
dans les délais d'un mois ou de trois jours fixés par l'art. 7, $ 1 de
la loi const. du 16 juillet 1875. Assurément ce texte ne parle que de
la promulgalion; mais il nous paraît impliquer en même temps que
la loi promulguée soit publiée dans ces délais. Evidemment le gou-
vernement violerail, sinon le texte, du moins la pensée évidente
du
législateur constituant, si, la loi ayant été promulguée dans le mois
ou les trois jours, il en empéchait l'applicalion dans ces délais en
ne la publiant que postérieurement à leur expiration.
Le décret du 5 navembre 1870 (art. 1, 8 2) porte en oulre: « Le
Bulletin des lois conlinuera à être publié et l'insertion qui y sera
faile des actes non insérés au Journal officiel en opèrera promul-
gation ». Ce texte appelle loujours la même observation : l'insertion
au Bullelin des lois n'eniraîne pas promulgation, maïs bien publi
cation de la loi. La pensée du rédacteur du décret du 5 novembre
1870 était donc que la publicalion des lois par l'insertion au Journal
officiel était simplement facullative, que toutes les lois seraient
insérées comme auparavant au Bulletin des lois, et que pour celles
qui ne seraient pas insérées au Journal officiel, leur publication
résulterail de leur insertion au Bullelin des lois. En fait aujour-
d'hui loules les lois sont publiées à l'Officiel. Cependant le Bulletin
des lois esl loujours publié et forme un recueil général des lois
françaises.
Pour les lois qui sont insérées à la fois au Journal officiel el au
Bulletin des lois, au cas, plus fréquent qu'on pourrail le croire, ae
divergence de texte, le texte qui s'impose est celui donné par |:
Journal officiel. En effet, il résulle de l'art. 1 du décret du 5 novem-
bre 1870 que pour les lois insérées el publiées à l'Officiel et au
Bullelin des lois, celui-ci ne vaut que comme publication privée.
Si le texte d'une loi n'était pas aujourd'hui inséré dans le Juurnal
officiel, sa publication résulterait de son insertion au Bulletin des
lois el il faudrait appliquer l'art. 1 du code civil complété par l'or-
donnance du 27 novembre 1816. La loi serait réputée connue à Paris
un jour après que le numéro du Bullelin des lois contenant le texle
de la loi sera parvenu au ministère de la justice, et dans les dépar-
tements après l'expiration du même délai augmenté d'autant de
jours qu'il y a de fois dix myriamètres entre la ville où la promal-
galion aura été faite et le chef-lieu de chaque département. Il est
évident qu'un pareil système n'est plus du tout en harmonie avec
la rapidité actuelle des communications (Ord. 27 novembre 1816:
cf. Ord. 18 janvier 1817).
Du velo suspensif du président de la république. —
Le président de la république doit promulguer les lois
dans les délais fixés par l'art. 7 de la loi const. du
16 juillet 1875. C'est pour lui incontestablement une
$ 139. — INITIATIVE RT PROMULGATION DES LOIS 4005
obligation et s'il ne le faisait pas il violerait la consti-
tution. Le refus ou le retard de la promulgation peu-
vent évidemment engager la responsabililé ministé-
rielle. Mais le législateur n'a organisé et ne pouvait
organiser aucun moyen pour contraindre directement
le président de la république à faire la promulgation
de la loi et à la faire dans les délais prescrits. Il n’a
organisé non plus aucun moyen de suppléer à la pro-
mulgation présidentielle de la loi. Ainsi par son
abstention le président de la république pourrait
empêcher indéfiniment l'application d'une loi. Encore
un cas où la loi constitutionnelle n’a d'autre sanction
que la loyauté des hommes qui l'appliquent, particu-
lièrement du président de la république.
Aux lermes de l'art. 59 de la constitution de 1848, à défaut de
promulgation par le président de la république dans les délais pres-
crils par la constitution, il devait y être pourvu par le président de
l'assemblée nalionale. Il n'y a point de disposition analogue dans
les lois conslitutionnelles de 1875.
Outre ce pouvoir de fait, et d'ailleurs inconstitution-
nel, de retarder par son abstention indéfiniment
l'application de la loi, le président de la république
possède un pouvoir légal de veto suspensif, qui est
établi par l'art. 7,$ 2 de la loi du 16 juillet 4875 :
« Dans le délai fixé pour la promulgation, le président
de la république peut, par un message motivé, deman-
der aux deux chambres une seconde délibération qui
ne peut être refusée ». De ce texte, il faut rapprocher
les art. 77 du règlement du sénat et 33 de la chambre
rédigés en termes identiques : « Lorsque, en vertu de
l'art. 7 de la loi const. du 16 juillet 1875, le président
de la république demande une nouvelle délibération
de la chambre, le message motivé est distribué. La
chambre se réunit dans ses bureaux et nomme une
commission, sur le rapport de laquelle il est procédé
à la nouvelle délibération ». L'art. 7, $ 2 de la loi du
16 juillet 1875 établit au profit du président de la
république un véritable droit de ve{o suspensif.
Le velo suspensif du président de la république se rattache his-
CO
B. Les ministres.
être modifiée par une loi ordinaire. En effet la Charte est une pro-
messe faite par le roi à ses sujels représentés par les chambres: il
ne peul pas seul relirer celle promesse ; mais si la chose est accep-
tée et par les chambres qui ont reçu la promesse et par le roi qi
l'a faite, rien ne s'oppose à ce que la Charte soit modifiée. Or c'es:
précisément ce qui a lieu quand la Charte est modifiée par une loi
qui résulte de l'accord des deux chambres el du roi.
En fait, la Charte fut à plusieurs reprises modifiée par des lois: ce
ne fut point cependant sans quelques protestations. De bons esprits
pensaient nolamment qu'on devait faire dans les articies de la
Charte une distinction entre les arlicles fondamentaux et les arti-
cles réglementaires. Les premiers, dissient-ils, sont immuables: le
roi ne peut y toucher parce que, en octroyant
la Charte, il a renoncé
définitivement et irrévocablement à les modifier; le législateur ne
peut non plus les modifier, parce qu'ils sont constitutionnels et par
conséquent au-dessus de lui. Celte théorie élait bien fragile. D'abord
il était difficile dans le fait de déterminer quels articles de la
Charte élaient fondamentaux, quels simplement réglementaires.
D'autre part, en déclarant les articles fondamentaux immuables et
au regard du roi seul et au regard du législateur, on proclamait
une constitution perpétuelle, ce qui paraît inadmissible. Toutefois
cette distinction 8 occupé une très grande place dans les discus-
sions politiques de la Restauration. Cf. notamment les discussions
parlementaires qui ont précédé le vote de la loi électorale du
29 juin 1820 (Archives parlem., 2° série, XX VII, p. 5121 et celui de
la loi du 9 juin 1824, modifiant l’art. 37 de la Charte et établissant
le renouvellement intégral et seplennal de la chambre des députés
(Archives parlem., 2° série, XLI, p. 86 et suiv.).
Pendant le Gouvernement de juillet, on n’a certainement pas fait
la distinction des lois constitutionnelles et des lois ordinaires. La
Charte de 1814 élait une charte octroyée; la Charte de 1830 fat une
charte votée par les chambres et acceptée par le roi. Cf. la Décla-
ration des chambres du 7 août 1830 et l'acceptation solennelle de la
Charie par le duc d'Orléans en présence des chambres le 9 août 1830.
Le mot de charte aurait dà êlre remplacé par celui de constitntion.
Mais il était très populaire; la révolulion de Juillet avait été faile
aux cris de : Vive la Charte, et il fut conservé quoiqu'il ne fût plus
exact. La Charte élait donc le résullat d'un accord des chambres et du
roi. Toute loi dans le système polilique qu'elle institue (art. 14 est
le résultat du même accord. La loi peut donc évidemment modifier
toutes les dispositions de la Charte. Ce droit du législateur de modi-
fier la charle fut notamment affirmé très nettement au moment de
la discussion de la loi sur la régence du 30 août 1842. Cf. notam-
ment le rapport de Dupin (Moniteur, 17 août 1842).
Avec la révolution de 1848 réapparaît le système des lois consli-
tutionnelles rigides. Par le décret du 5 mars 1848, le Gouvernement
provisoire convoque les assemblées électorales de canton pour
$ 149. — LOIS CONSTITUTIONNELLES DE 1875 1091
élire les représentants du peuple à l'assemblée nationale « qui doit
décréter Ja conslitulion ». L'Assemblée vote la constitution du
4 novembre 1848, el, revenant au principe représentatif absolu
affirmé en 1791, elle décide que la constitution ne sera point soumise
à l'acceptation du peuple (séances des 15 seplembre et 23 octobre
1848). CT. 8 51.
La constitution règle le mode de revision constitulionnelle et la
soumet à des conditions restrictives. Il faut que l'assemblée légis-
lative émetle le vœu de la revision lotale ou parlielle dans la der-
nière année de la législature et que ce vœu soit exprimé par trois
délibéralions consécutives, prises chacune à un mois d'intervalle et
aux trois quarts des suffrages exprimés, le nombre des votants
devant être de 500 au moins. Si ces conditions sont réunies, une
assemblée de revision est élue, suivant la loi électorale ordinaire,
pour trois mois; elle ne doit s'occuper que de la revision pour
laquelle elle a été convoquée: elle pouvail néanmoins, au cas
d'urgence, pourvoir aux nécessités législatives (Const. de 1848,
art. 111).
Le président de la république, le prince Louis-Napoléon, le 2 dé-
cembre 1851, prononce la dissolution illégale de l'assemblée, fait
disperser par la force les députés tentant de se réunir, et demande
au peuple français de lui donner par un plébiscile mandat de faire
une constitution sur les cing bases indiquées dans sa proclamation
du 2 décembre. Dernière déformation du principe d'après lequel il
n'y a de constitution que celle qui est approuvée par le peuple.
C'est en vertu de ce mandat donné au prince par le plébiscite des
20 et 21 décembre 1851 qu'est faite la constitution du 14 janvier 1852,
qui restera l’acle fondamental jusqu'au sénatusconsulte constiluant
du 21 mai 1870.
Comme le sénalusconsulle du 46 thermidor an X, la constitution
de 1852 (art. 28-31) donnait au sénat pouvoir de régler « tout
ce qui n'a pas élé prévu par la constitulion et qui est nécessaire à
sa marche, le sens des acticles de la constitution qui donnent lieu
à différentes interprétations » (art. 27). L'initiative appartenait en
principe au chef de l'Etat seul. Mais il était dit à l'art. 32 : « Sera
soumise au suffrage universel toute modification aux bases fonda-
mentales de la constilulion telles qu'elles ont été posées dans la
proclamalion du 2 décembre et adoptées par le peuple français ».
C'était logique. Conformément à ce texte furent soumis à la ratifi-
calion du peuple (21 et 22 novembre 1852) le sénalusconsulte du
7 novembre 1852 rélablissant la dignité impériale et proclamant
Louis-Napoléon Bonaparte empereur des Français, et le sénatus-
consulte du 20 avril 1870 (8 mai 1870) qui organisait l'empire parle-
mentaire et qui après le vole populaire fut promulgué sous la date
du 21 mai 1870.
149. De l’établissement et de la revision des
lois constitutionnelles de 1875. — Le gouverne-
4092 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IV
ment impérial s'effondrait le 4 septembre 1870 à la
nouvelle du désastre de Sedan. Un gouvernement pro-
visoire se constiluait sous la présidence du général
Trochu et prenait le titre de Gouvernement de la
Défense nationale. Dès le 8 septembre, le Gouverne-
ment de la Défense nationale convoquait les collèges
électoraux pour le 12 octobre à l'effet d'élire une
assemblée nationale constituante. Le décret du 10 sep-
tembre visant le décret du 8, « portant convocation
des électeurs à l'effet d'élire une assemblée nationale
constituante », fixe la date des élections pour les colo-
nies. Le 15 septembre, un décret vient compléter celui
du 8 en déclarant applicable aux élections pour
l'assemblée constituante la loi du 15 mars 1849, sauf
quelques modifications de détail. Le décret du 16
(art. 5) décide que les élections pour l'assemblée cons-
tiltuante sont avancées au 2 octobre et le décret du 17
porte que le second tour de scrutin pour l'élection des
membres de l'assemblée constituante est fixé, s’il y a
lieu, au dimanche 9 octobre. Mdis les événements
militaires se précipitent, et le décret du 23 septembre,
« en considération des obstacles matériels », ajourne
les élections pour l'assemblée constiluante et annonce
qu'une nouvelle date sera indiquée pour l'élection des
membres de l'assemblée constituante. Cette nouvelle
date, c'est le décret du 29 janvier 4871 qui vient la
fixer : « Les collèges électoraux sont convoqués à
l'effet d'élire l'assemblée nationale pour le dimanche
5 février dans le département de la Seine et pour le
mercredi 8 février dans les autres départements »
(art. 4). On ne dit pas une assemblée nationale mais
l'assemblée nationale, c'est-à-dire l'assemblée dont
l'élection avait été ordonnée, puis ajournée, c'est-à-dire
l'assemblée nationale constituante nommément dési-
gnée dans les nombreux décrets qui ont précédé le
décret du 29 janvier et dont celui-ci n'est que le com-
plément. 11 est donc certain que le décret du 29 jan-
vier 1874 convoquait les électeurs à l'effet de nommer
$ 149. — Lois CONSTITUTIONNELLES DE 1875 1093
une assemblée nationale constituante et que l'assem-
blée ainsi élue et qui a voté les lois de 1875 avait bien
le pouvoir constituant.
Jusqu'au 30 janvier 1875, jour du vote de l'amendement Wallon:.
qui consacrait la république, le parti républicain a soutenu que
l'assemblée élue en février 4874 n'avait point le pouvoir constituant,
qu'elle avait seulement pouvoir de statuer sur la question de paix
ou de guerre, que le décret du 29 janvier 1871 convoquait les élec-
teurs à l'effet de nommer l'assemblée nationale et non une ussem-
biée constituante. Le rapprochement des textes qui vient d'être
fait montre que c'élait une opinion insoutenable. Cela est confirmé
par la circulaire adressée par le ministre de l’intérieur le 5 février
1871 : « Les électeurs ne s'abstiendront pas, y était-il dit, quand il
s'agit de nommer une assemblée... qui sera peut-être appelée à
poser les bases de nos inslitulions politiques, car il est impossible
de prévoir où s’arrêlera sa lâche » (J. off., 6 février 1871). D'ail-
leurs, dans les affirmations du parti républicain, il y avait bien
plutôt une tactique politique qu’une opinion juridique.
Dès le 17 février 1871, dans l'acte par lequel elle nomme
M. Thiers chef du pouvoir exécutif de la république française,
l'Assemblée de Bordeaux affirme son pouvoir constituant. Au préam-
bule de la loi du 31 août 1871, on lit : « L'Assemblée nationale,
considérant qu'elle a le droit d'user du pouvoir consliluant, altribut
essentiel de la souverainelé dont elle est investie... », el dans la loi
du 13 mars 1873: « L'Assemblée nationale, réservant dans son inté-
grité le pouvoir constituant qui lui appartient... ». Cf. Duguit et
Monnier, Les conslilulions de la France, Nolices hisloriques,
p. cxv et suiv.
Cependant, les deux lois du 25 el du 24 février 1875 ne furent ni
volées ni promulguées sous le tilre de Lois constilulionnelles. C'est
que l’Assemblée, en majorité monarchisle, n'ose pas s'avouer à
elle-même qu'elle fait une constilution républicaine. Elle avait
d'abord seulement voulu, comme le lui proposait la commission des
Trente, organiser les pouvoirs seplennaur du maréchal de Mac-
Mahon. Entrainée par la force irrésistible des fails, elle cons-
lituait la république, mais elle n’osait pas le dire. Le caractère
conslilutionnel des lois de février n'est cependant pas douteux; le
rapporteur, M. de Ventavon, comme malgré lui, avait été obligé
de le reconnaîlre dans son rapport pour la loi du 25 février;
l'art. 8 de cette loi organisait la revision des lois constitutionnelles,
et, depuis, les deux lois ont été qualifiées de lois constilutionnelles
par les lois conslitutionnelles du 21 juin 1879 et du 14 août 1884.
Préparée par une commission en majorilé républicaine, la troisième
loi de 1875, la loi du 16 juillet 1875, a élé, elle, votée et promulguée
avec le titre officiel de loi constitutionnelle.
Le vote des lois de février a été le résultat d'une
1094 DEUXIÈME PARTIE. -— CHAPITRE 1Y
transaction entre différents parlis de l'Assemblée.
transaction dont il faut bien connaître et comprendre
les clauses, si l'on veut donner son véritable sens et
sa véritable portée à l'art. 8 de la loi du 25 février 1875.
qui règle le mode de revision de la constitution ac-
tuelle. Cette transaction intervint entre les partis
modérés de l'Assemblée, le centre gauche et le centre
droit; elle fut le résultat de ce que dans la phraséo-
logie de l'époque on appela la conjonction des centres.
Après le refus du comte de Chambord d'accepter la
couronne avec le drapeau tricolore (31 octobre 1833.
l’Assemblée vota la loi du 20 novembre 1873 (loi du
septennat) qui confiait le pouvoir exécutif pour sept
ans au maréchal de Mac-Mahon. Invoquant cette loi.
tous les monarchistes soutenaient que désormais
l'Assemblée ne pouvait qu'organiser les pouvoirs sep-
tennaux du maréchal de Mac-Mahon et qu'à l'expira-
tion de ces pouvoirs il faudrait nécessairement pro-
céder à une revision. Ils espéraient qu'à cette époque
les choses auraient peut-être changé et que la monar-
chie serait possible. Les républicains, et notamment le
centre gauche, soutenaient que l'Assemblée nationale
pouvait et devait, par une constitution définitive, cons-
tituer la république comme gouvernement définitif du
pays, et qu'en vertu de la loi du 20 novembre le mart-
chal de Mac-Mahon serait le premier président septen-
nal de cette république. Quelques hommes politiques.
et notamment les membres du groupe Wallon-La-
vergne, essaient, aux mois de mai et de juin 4874, de
négocier une transaction entre les modérés de la
droite, le centre droit et les modérés de la gauche. le
centre gauche sur les bases suivantes : le centre droit
votera le principe de la république comme gouverne-
ment définitif, mais le centre gauche en retour accep-
tera une clause de revision générale et toujours pos
sible, afin que suivant les circonstances à tout moment
la monarchie puisse être faite. Ce sont ces pourpar-
lers, ces transactions plutôt tacitement consenties
$ 149. — LOIS CONSTITUTIONNELLES DE 1875 1095
qu'expressément formulées, qui aboutirent au vote du
30 janvier 4875, où le groupe Wallon-Lavergne et le
grouge Target assurèrent l'adoption de l'amendement
Wallon, et par là l'échec du septennat et l'établisse-
men de la république. Mais en retour le centre gauche
vota le principe de la revision générale, illimitée et
toujours possible. C'est là le point essentiel et qui
permet de comprendre le vrai sens de l'art. 8 de la loi
const. du 95 février 1873. Ainsi, à la différence de nos
constitutions antérieures qui avaient entouré la revi-
sion de toute sorte de conditions restrictives, la cons-
titution de 1875 a voulu que la revision fût aussi facile
que possible, qu'à tout moment les chambres pussent
la faire et même changer la forme du gouvernement.
Et faiblesse de prévisions humaines, celte constitu-
tion, que l'on voulait toujours revisable, que beaucoup
de ses auteurs croyaient provisoire, devait avoir une
durée notablement plus longue qu'aucune des consti-
tutions de la France au xix® siècle !
L'art. 8 de la loi const. du %5 février 1875 est ainsi
concu : « Les chambres auront le droit, par délibéra-
tions séparées prises dans chacune à la majorité
absolue des voix, soit spontanément, soit à la demande
du président de la république, de déclarer qu'il yalieu
de reviser les lois constitutionnelles. Après que chacune
des deux chambres aura pris cette résolution, elles se
réuniront en assemblée nationale pour procéder à la
revision. Les délibérations portant revision des lois
constitutionnelles en tout ou en partie, devront être
prises à la majorité absolue des membres composant
l'assemblée nationale ». Ce dernier alinéa a recu de
la loi const. du 14 août 1884 une addition dont il sera
parlé au $ 151.
Initiative de la proposition de revision. — Elle appar-
tient-aux membres de chaque chambre et au gouver-
nement.
L'initiative parlementaire s'exerce ici conformément aux règles
précédemment exposées (cf. $ 124). L'urgence peut loujours être
1096 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE 1V
demandée. Lorsqu'une proposition de revision due à f'initiatic
parlementaire est votée par l'une des chambres, le président de
chambre qui l’a votée prévient le président de l'autre chambre ::
l'inilialive et du vote de la chambre qu'il préside; mais il ne}
saisit pas de la résolution votée. En effet il ne s’agit pas ici d'ur-
proposition de loi, dont le texte voté par une chambre doit èt-
transmis à l’autre, mais bien d'une simple résolution; et l'art*
spécifie que pour qu'il puisse y avoir revision, il faut, au cas €:
l'initiative ne vient pas du gouvernement, qu'il y ait délibératis=s
siparées prises spontanément dans chacune des deux chambres,à
la majorilé absolue des voix. 11 n'y aurait pas délibération séps-
rées si l’une des chambres se trouvait saisie d'une proposition de
revision par le renvoi du lexte de la résolution votée par l'auire
chambre. Cela fut dit très neltement par M. de Freycinet, près-
dent du conseil, le 7 février 1882 : « Ces décisions sont des acts
distincts et séparés, des résolulions qui sont prises d'une mani-r
complète et définitive par chacune des chambres isolément :. Li
chambre approuva celte manière de voir. Cf. Pierre, Droit politi-
que el parlem., % édit., 1902, p. 26.
Le gouvernement aussi peut saisir les chambres
d'une proposition de revision.
D'après l'art. 8, $ 4 de la loi du 25 février 1875, pendant la duree
des pouvoirs conférés au maréchal de Mac-Mahon par la loi d:
20 novembre 1873, la proposilion de revision ne pouvait être fair
que par le président de la république. Celle disposition fut cre
concession aux parlisans du septennal.
Ou s'est demandé si, lorsque l'iniliative de la revision vient à,
gouvernement, le projet de résolution doit être présenté en mème
temps aux deux chambres. Il semble que ce serait la procédure la
plus conforme à l'art. 8 de la loi du 25 février 1875. En effet.:
exige des résolulions votées séparément par les deux chambres. «>
qui semble impliquer deux propositions failcs simultanément aut
deux chambres par le gouvernement et non point une proposilic:
faite à l’une des chambres et suivie de la transmission à l'aotrr
chambre du texle voté par celle saisie en premier lieu. En fait. o*
n'a pas procédé ainsi. En 1834, la proposilion a élé faile d'abord à
la chambre; le texte voté par celle-ci a été transmis au sénat: -
un mot. on a suivi la procédure des projets de loi.
Quelle que soit la manière dont les chambres son’
saisies d'une proposition de revision, soit par le gou-
vernement, soit par leurs membres, il faut, pour qu-
l'assemblée nationale se réunisse, que les résolutivn-
votées par les deux chambres soient conçues dans les
mêmes termes. Sans doule, ce n'est pas une loi; mais
certainement, dans la pensée du législateur de 1853.
$ 149. — LoIS CONSTITUTIONNELLES DE 1875 1097
il faut que ces résolutions soient identiques, il faut
l'accord des chambres.
En 1884, les chambres ne se sont réunies en congrès qu'après
s'être mises d'accord sur le Lexte des résolution sportant qu'il y avait
lieu à revision.
En quels termes doivent être rédigées ces résolulions ? Le légis-
lateur consliluant n'a rien dit à cet égard.A notre avis, le dispositif
de la résolution peut être précédé de considérants indiquant pour-
quoi les chambres veulent faire la revision el même le sens dans
lequel elles estiment que la revision doit se faire. Mais le dispositif
de la résolution ne peut point porter les modifications que les
chambres estiment devoir être failes à la conslitution; elles emp.é-
teraient ainsi sur les pouvoirs du congrès. Il doit être dit dans le
disposilif seulement ceci : « Il y a lieu de reviser les arlicles (indi-
qués par leur numéro) des lois conslilutionnelles », ou : « 11 y a lieu
de reviser les lois constitulionnelles ». Cf. $ 151 pour les pouvoirs
du congrès.
Le projet de résolulion de revision présenté à la chambre par le
ministère Gambelta, le 14 janvier 1882, était précédé d'un long
exposé des motifs, où le gouvernement expliquait en quel sens il
entendait que se fil la revision; il contenait un seul arlicle ainsi
conçu : « Conformément à l'art. 8 de..., la chambre des députés
déclare qu’il y a lieu de reviser les articles » (suivait l'énumération
des arlicles). Sur le rapport de M. Andrieux, la chambre vote la
résolulion suivante : « Conformément à l'art. 8.., la chambre
reconnail la nécessilé de reviser les art. 4, 7 et 8 de la Joi const. du
24 février 1875, etc.., et déclare qu'il y a lieu à revision des Jois
constitulionnelles ». On voit la différence des deux rédactions.
Gambelta soulenail que les pouvoirs du congrès seraient limilés
par le dispositif de la résolulion; la commission prétendait au con-
traire donner une simple indication, les pouvoirs du congrès res-
tant illimités. Le vole du texle de la commission amena Ja chute du
ministère Gambetta. En 1884, la chambre, sur la proposilion du
ministère Jules Ferry, votait une résolulion de revision portant:
« Conformément à l'art. 8..., la chambre des députés déclare qu'ily
a lieu à reviser les articles... des lois conslitutionnelles » (suivait
l'énumération des articles) (3 juillet 1884). Mais le sénat, voulant
limiter d'une manière plus précise le rôle du congrès, vola une
résolution dont le dispositif indiquait non seulement les articles sur
lesquels porterail la revision, mais encore le sens dans lequel elle
devrait être faile. Il disait : « Conformément à l’art. 8... le sénat
déclare qu'il y a lieu de reviser : 1° le 8 2 de l'art. 5 de la loi du
25 février 1875; 2° le $ 3 de l’art..8 de la même loi en ce qui touche
la question de savoir si le droit de revision peut s'appliquer à la
forme républicaine du gouvernement; 3 les art. 1 à 7 de la loi du
24 février 1875 en ce qui touche la question de savoir s'ils seront ou
non distraits des lois constilulionnelles.. » (séance du 29 juillet
1098 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IV
1884). A noire sens, une pareille résolution élait incorrecte ac
point de vue constitutionnel, parce qu'il y avait cerlainement
empièlement sur les pouvoirs du congrès. Désireuse d'aboutir à l
revision, la chambre vota le texte du sénat {séance du 30 juillet.
Le 4 août 1881 le congrès se réunissait à Versailles.
150. L’assemblée nationale de revision. —
Elle se compose de tous les sénateurs et de tous les
députés réunis en une seule assemblée. Elle n'est pas
une réunion de la chambre et du sénat, chaque cham-
bre conservant son individualité; elle est une assem-
blée nouvelle, absolument distincte de la chambre et
du sénat, composée seulement des mêmes individus
qu'eux. Diverses conséquences vont résulter de cette
proposition.
L'assemblée nationale se réunit de plein droit lors-
que les chambres ont voté les résolutions de revision.
Elle détermine elle-même la durée de la session, et le
président de la république ne pourra point prononcer
la clôture. Il possède, aux termes de l'art. 2, $ 4 de la
loi const. du 16 juillet 4875, le droit de prononcer la
clôture de la session des chambres; mais il n'y a plus
de chambres, elles sont absorbées en quelque sorte par
l'assemblée nationale. Pour la même raison le prési-
dent de la république ne pourrait point, en exerçant
le droit d'ajournement qui lui est donné par l'art. ?.
$ 2 de la loi du 16 juillet 4875, empêcher l'assemblée
nationale de se réunir. À fortiori ne le pourrait-il pas
en prononcçant la dissolution de la chambre des députés
conformément à l'art. 5 de la loi du 95 février 1875.
On s'est demandé si l'assemblée de revision pourrait voler une
loi ordinaire. Nous ne voyons pas pourquoi elle ne le pourrait pas.
Sans doute plusieurs constitutions antérieures spécifiaient que
l'assemblée de revision ne pourrait que reviser. Aucune disposiliou
de ce genre n'existe dans les lois de 1875. De plus, l'assemblée
nationale qu'elles ont créée présente un caractère tout à fail diffé-
rent de celui des assemblées de revision antérieures. On a voulu
instituer une assemblée souveraine ayant tous les pouvoirs d'une
véritable assemblée constituante (cf. $ 149). Or les assemblées
constituantes ont toujours eu le pouvoir de faire des lois ordinaires.
L'assemblée nationale le pourra donc elle aussi, en spécifiant te
la loi qu'elle vote n'a pas le caractère constitutionnel. On doit dire
$ 150. — L'ASSEMBEÉE NATIONALE DE REVISION 1099
cependant que le 12 août 1884, sur la proposition de son bureau,
l'assemblée nationale a écarté de son ordre du jour une proposilion,
pour cette raison qu'elle n'avait pas pour objet une disposition
constitutionnelle.
L'assemblée nationale a évidemment le droil de voter son règle-
ment. Le 19 juin 1879, l'assemblée nationale adopta, sur la propo-
sition de son président, le règlement de l'assemblée nationale de
1871. Le 4 août 1884, l'assemblée nalionale a aussi adopté ce
réglement en modifiant cependant l'art. 14 et en supprimant les
art. 55-51.
Bureau. — L'assemblée nationale ne nomme pas son
président, ses vice-présidents et secrétaires. En effet,
aux termes de l'art. 14, 2 de la loi const. du 16 juillet
4875, « lorsque les deux chambres se réunissent en
assemblée nationale, leur bureau se compose des pré-
sident, vice-présidents et secrétaires du sénat ». Il
n'est rien dit des questeurs. L'assemblée nationale
aurait donc le droit de nommer ses questeurs. En fait
les fonctions de questeurs de l'assemblée nationale
sont remplies par les questeurs du sénat.
Le bureau de l'assemblée nalionale n'existe que lorsque l'assem
blée nationale s'est conslituée par sa réunion. Auparavant le bureau
du sénat ne pourrait pas délibérer comme bureau de l'assemblée
nalionale. Cela a élé reconnu après de longues conférences entre
les bureaux des deux chambres en 1879 lors de la première réu-
pion. Mais on admet qu'avant les réunions de l'assemblée nationale,
le président du sénat, agissant comme président de l'assemblée
nationale, peul faire des communications au président de la cham-
bre et indiquer notamment le jour et l'heure de la réunion. Cf.
Pierre, Droit polil. el parlem., 2e édit., 1902, p. 35.
Siège de l'assemblée nationale. — Elle ne se réunit
pas à Paris, mais à Versailles, aux termes de l'art. 3,
8 2 de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du
pouvoir exécutif et des chambres à Paris. Le législa-
teur a pensé que, la réunion pouvant provoquer une
certaine effervescence dans le pays et surtout à Paris,
il serait plus prudent que l'assemblée nationale siégeat
à Versailles. D'autre part, il n'y a pas à Paris de salle
disposée à cet effet assez grande pour une assemblée
de près de 900 membres. L'assemblée nalionale aurait
certainement le droit de désigner elle-même une autre
ville et même de décider qu'elle siègera à Paris.
j
1098 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IV
1884). A notre sens, une pareille résolution était incorrecte as
point de vue conslitulionnel, parce qu'il y avait certainement
empièlement sur les pouvoirs du congrès. Désireuse d'aboutir à l
revision, la chambre vota le texle du sénat ‘séance du 3 juillet.
Le 4 août 1884 le congrès se réunissait à Versailles.
1450. L’assemblée nationale de revision. —
Elle se compose de tous les sénateurs et de tous les
députés réunis en une seule assemblée. Elle n'est pas
une réunion de la chambre et du sénat, chaque cham-
bre conservant son individualité; elle est une assem-
blée nouvelle, absolument distincte de la chambre et
du sénat, composée seulement des mêmes individus
qu'eux. Diverses conséquences vont résulter de cette
proposition.
L'assemblée nationale se réunit de plein droit lors-
que les chambres ont voté les résolutions de revision.
Elle détermine elle-même la durée de la session, et le
président de la république ne pourra point prononcer
la clôture. Il possède, aux termes de l'art. 2, S 4 de la
loi const. du 16 juillet 1875, le droit de prononcer la
clôture de la session des chambres; mais il n'y a plus
de chambres, elles sont absorbées en quelque sorte par
l'assemblée nationale. Pour la même raison le prési-
dent de la république ne pourrait point, en exerçant
le droit d'ajournement qui lui est donné par l'art. 2,
$ 2 de la loi du 16 juillet 4875, empêcher l'assemblée
nationale de se réunir. À fortiori ne le pourrait-il pas
en prononçant la dissolution de la chambre des députés
conformément à l'art. 5 de la loi du 95 février 1875.
On s'est demandé si l'assemblée de revision pourrait voier une
loi ordinaire. Nous ne voyons pas pourquoi elle ne le pourrait pas.
Sans doute plusieurs conslitulions antérieures spécifiaient que
l'assemblée de revision ne pourrait que reviser. Aucune disposition
de ce genre n'existe dans les lois de 1875. De plus, l'assemblée
nationale qu'elles ont créée présenle un caractère lout à fait diffé-
rent de celui des assemblées de revision antérieures. On a voula
instlituer une assemblée souveraine ayant tous les pouvoirs d'une
véritable assemblée conslituante (cf. 8 149). Or les assemblées
constituantes ont toujours eu le pouvoir de faire des Jois ordinaires.
L'assemblée nationale le pourra donc elle aussi, en spécifiant
la loi qu'elle vote n’a pas le caractère constitutionnel. On doit dire
8 150. — L'ASSEMBLÉE NATIONALE DE REVISION 1099
cependant que le 12 août 1884, sur la proposition de son bureau,
l’assemblée nalionale a écarté de son ordre du jour une proposition,
pour cette raison qu'elle n'avait pas pour objet une disposilion
constitutionnelle.
L'assemblée nationale a évidemment le droit de voter son règle-
ment. Le 19 juin 1879, l'assemblée nalionale adopts, sur la propo-
sition de son président, le règlement de l'assemblée nalionale de
1871. Le 4 août 1884, l'assemblée nalionale à aussi adopté ce
réglement en modifiant cependant l’art. 14 et en supprimant les
art. 55-57.
Bureau. — L'assemblée nationale ne nomme pas son
président, ses vice-présidents et secrétaires. En effet,
aux termes de l'art. 41, 8 2 de la loi const. du 46 juillet
1875, « lorsque les deux chambres se réunissent en
assemblée nationale, leur bureau se compose des pré-
sident, vice-présidents et secrétaires du sénat ». Il
n'est rien dit des questeurs. L'assemblée nationale
aurait donc le droit de nommer ses questeurs. En fait
les fonctions de questeurs de l'assemblée nationale
sont remplies par les questeurs du sénat.
Le bureau de l'assemblée nalionale n'existe que lorsque l'assem
blée nationale s'est constituée par sa réunion. Auparavant le bureau
du sénat ne pourrait pas délibérer comme bureau de l'assemblée
ralionale. Cela a élé reconnu après de longues conférences entre
les bureaux des deux chambres en 1879 lors de la première réu-
nion. Mais on admet qu'avant les réunions de l'assemblée nationale,
le président du sénat, agissant comme président de l'assemblée
nationale, peul faire des communications au président de la cham-
bre et indiquer notamment le jour et l'heure de la réunion. Cf.
Pierre, Droit polit. et parlem., 2 édit., 1902, p. 35.
Siège de l'assemblée nationale. — Elle ne se réunit
pas à Paris, mais à Versailles, aux termes de l'art. 3,
$ 2 de la loi du 22 juillet 1879 relative au siège du
pouvoir exécutif et des chambres à Paris. Le législa-
teur a pensé que, la réunion pouvant provoquer une
certaine effervescence dans le pays et surtout à Paris,
il serait plus prudent que l'assemblée nationale siégeñt
à Versailles. D'autre part, il n'y a pas à Paris de salle
disposée à cet effet assez grande pour une assemblée
de près de 900 membres. L'assemblée nationale aurait
certainement le droit de désigner elle-même une autre
ville et même de décider qu'elle siègera à Paris.
1100 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IV
Quorum. — L'art. 8, 83 de la loi const. du 25 février
4875 exige pour la validité des décisions de l'assemblée
nationale un quorum spécial : elles doivent être prises
à la majorité absolue des membres composant l'assem-
blée nationale. Beaucoup de constitutions ont exigé
une majorité exceptionnelle pour la revision. Le
législateur de 1875 a exigé la simple majorité absolue;
mais cette majorité absolue doit se calculer sur le
nombre légal des membres de l'assemblée nationale.
c'est-à-dire sur la totalité des sièges de sénateurs et
de députés, sans déduction des sièges vacants par
mort ou par démission ou autre cause.
Ainsi l'assemblée nationale se composant de 300 sénateurs et de
591 députés, en tout de 8/1 membres, une décision ne sera votez
que si elle réunit au moins 445 voix, majorilé absolue de S91. quel
que soit, en fait, au moment où le vole a lieu, le nombre des sièges
vacants. A la séance du 4 août 1834 celle interprétation a été très
vivement discutée à l'assemblée nalionale, mais finalement c'est
celle qui a été adoptée.
Observation. — Il importe de noter que malgré la
similitude de nom et de composition, l'assemblée
nationale réunie aux termes de l'art. 2 de la loi du
25 février 1875 et l'assemblé nationale réunie pour
faire la revision sont des choses absolument différen-
tes. La première n'est pas une assemblée délibérante,
mais simplement un collège électoral et devrait être
appelée congrès; la seconde est une assemblée cons-
tituante. Cf. $ 136.
151. Pouvoirs de l’assemblée nationale de
revision. — À notre avis, elle a tous les pouvoirs
d'une assemblée constituante; elle peut faire une revi-
sion partielle ou totale; elle peut même changer la
forme du gouvernement, Cela résulte clairement des
conditions dans lesquelles a été voté l’art. 8 de la loi
du 25 février et qui ont été expliquées au $ 149. Cepen-
dant ce point a soulevé beaucoup de discussions. De
bons esprits, notamment M. Esmein (Droit const.
4° édit., 1906, p. 907 et suiv.) soutiennent qu'au moins
depuis la loi du 14 août 4884 l'assemblée nationale de
8 151. — POUVOIRS DE L'ASSEMBLÉE DE REVISION 4401
revision n'a que des pouvoirs limités. Pour résoudre
la question, il faut distinguer deux hypothèses différen-
tes, qu'on a eu souvent le tort de ne pas nettement
séparer.
1% hypothèse. — Les résolutions des chambres por-
tent seulement ce dispositif: « Il y a lieu de reviser les
lois constitutionnelles ». Nous estimons qu'en pareil
cas les pouvoirs de l'assemblée sont certainement illi-
mités, qu'elle peut faire une revision totale et qu'elle
peut même changer la forme du gouvernement. Nous
donnons cette solution parce que nous avons montré
au $ 149 que l'art. 8 fut inséré dans la loi du 25 février
1875 précisément pour permettre aux chambres à tout
moment d’'abolir la république et de constituer la
monarchie. L'art. 8 était la concession faite par la
gauche au centre droit qui consentait à voter la répu-
blique.
Cela a d’ailleurs élé dit en termes formels le 3 février 1875 par
M. Paris, membre de la commission des Trente, répondant à une
queslion de M. Paul Cotlin : « Le texte que nous venons de vous
proposer, disait M. Paris, répond suffisamment à la question posée
à celte tribune. Mais puisque l'on désire une déclaration plus com-
plète, plus catégorique, nous ajoulons, au nom de la commission, à
la rédaction qui nous paraissait très claire qu'en disant : Il pourra
être procédé en totalité ou en parlie à la revision de la constitution,
nous entendons formellement que toutes les lois constlitutionnelles,
dans leur ensemble, pourront être modifiées, que la forme même du
gouvernement pourra être l’objel d’une revision. Il ne peut, il ne
doit y avoir à cel égard aucune équivoque » (Ann. Assemblée nat.,
1871, XX XVI, p. 421).
Mais on soutient que depuis 14884 l'assemblée de
revision ne pourrait point changer la forme du gou-
vernement, parce que la loi const. du 14 août 1884 con-
tient un art. 2 ainsi concu : « Le $ 3 de l'art. 8 de la
loi du 25 février 1875 est complété ainsi qu'il suit :
« La forme républicaine du gouvernement ne peut faire
l'objet d'une proposition de revision... ». « Désormais
donc, dit M. Esmein, la portée possible de la revision
est limitée sur ce point » (loc. cit., p. 908).
Nous estimons que cela n'est point certain et que la
4102 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IV
question ne peut être résolue par une simple affirma-
tion. D'abord on fait observer que cette disposition a
été votée par une assemblée nationale de revision, et
que par conséquent elle peut être modifiée ou abrogée
par une autre assemblée de revision, que par consé-
quent, si tant que ce texte existe l'assemblée natio-
vale ne peut pas changer la forme du gouvernement,
elle n’a qu'à l'abroger, et la chose faite, elle pourra
très constitutionnellement changer la forme du gou-
vernement.
D'autre part, il nous paraît certain que la disposition
de l’art. 2 de la loi du 44 août 1884 n'a pas pour but
et pour effet de limiter les pouvoirs du congrès, mais
bien les pouvoirs de chaque chambre. En effet il est
dit que la forme républicaine du gouvernement ne
peut être l'objet d'une proposition de revision. Or les
propositions de revision sont faites devant les cham-
bres conformément à l'art. 8. C'est ainsi l'interdiction
adressée aux chambres*de discuter une proposition de
revision tendant à changer la forme du gouvernement.
Ainsi comprise, la disposition est très logique ; elle est
l'affirmation que la république est la forme constitu-
tionnelle du gouvernement français; il importait
qu'une loi constitutionnelle le dit, puisque les lois
const. de 1875 ne le disaient pas. La république étant
la forme constitutionnelle du pays, il en résulte que
les assemblées législatives ordinaires ne peuvent pas
mettre en question cette forme constitutionnelle. Mais
l'assemblée nationale qui a votécetterègle peutévidem-
ment toujours l'abroger.
L'interprétation que nous donnons de l'art. 2 de la loi const. du
14 août 1884 nous parait confirmée par le passage suivant de
l'Exposé des molifs du projet de revision déposé par M. Jules Ferry,
président du conseil, le 24 mai 1884 : « Si nous nous proposons de
soumettre à la revision l'art. 8, c'est dans l'intention de demander
au congrès de faire cesser, par une disposition claire et formelle,
un équivoque qui a trop duré. S'il fallait conclure de l'art. 8 qu'à
tout moment, dans chacune des deux chambres la délibération
régulière peut s'ouvrir sur la forme même du gouvernement, notre
constitution ne ressemblerait à aucune autre » (Année politique,
$ 151. — POUVOIRS DE L'ASSEMBLÉE DE REVISION 41103
4884, p. 102). Qu'’a donc pour but d'interdire cette disposition ? Seu-
lement ceci: qu'il puisse s'ouvrir, dans les chambres, des délibéra-
tions sur la forme même du gouvernement.
2° hypothèse. — Les chambres ont spécifié, dans le
dispositif des résolutions votées, les articles sur les-
quels doit porter la revision. L'assemblée de revision
est-elle alors liée par ces résolutions? Ne peut-elle
reviser que les articles visés dans les résolutions des
chambres ou au contraire même dans celte hypothèse,
peut-elle faire une revision totale?
Nous n'hésitons pas à répondre que l'assemblée
n'est point liée par les résolutions antérieures des
chambres. En effet, si nous avons établi que le con-
grès, toutes les fois qu'il est réuni pour faire la revi-
sion, est une assemblée constituante, il est certain
qu'il l'est et le reste alors même que les résolutions
des chambres aient spécifié les points sur lesquels doit
porter la revision. D'autre part si l'on admet la dis-
tinction des lois constitutionnelles et des lois ordinai-
res, il paraît très difficile de comprendre comment le
législateur ordinaire peut limiter les pouvoirs du légis-
lateur constituant. Tout au plus peut-on admettre
que le législateur ordinaire prenne l'initiative de la
revision. Sans doute la const. de 1791 (tit. VII, art. 7
et 8) et la const. de l'an III (art. 342) décidaient que
l'assemblée de revision devait se borner à reviser les
seuls articles constitutionnels visés par le corps
législatif. Mais dans les lois de 14875 on ne trouve
aucune trace d'une disposition semblable. Les auteurs
des constitutions de 1791 et de l'an III avaient voulu
soumettre la revision à toute sorte de conditions res-
trictives. Les constituants de 1875 ont voulu que la
revision illimitée fût toujours possible. On ne peut
donc invoquer les précédents de 1791 et de l'an III.
Le caractère de notre congrès est totalement différent
de celui qu'on attribuait en 1791 et en l'an III à
l'assemblée de revision.
M. Goblet disait très justement, à la séance de la chambre du
12 mars 1894, « que limiter l'œuvre du congrès, c'était interpréter
1104 DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE 1Y
l'art. 8 de la constitution el que le droit d'interpréter la constitu-
tion ne pouvait appartenir qu'au congris lui-même ». C'est donc au
congrès qu'il appartient, nonobstant toule résolution antérieure des
chambres, de déterminer les points sur lesquels il fera porter la
revision.
M. Esmein (p. 908) enseigne la solution contraire. Il invoqie
d’abord une raison de principe. Le consentement préalable des
deux chambres, dit-il, est nécessaire pour ouvrir la revision et per-
mettre à l'assemblée nationale de se réunir; si ce consentement
n'est donné que sur certains points, sur cerlains articles, quantà
lous les aulres celte condition nécessaire manquant, la revision
n’est pas ouverte. Ce raisonnement est un cercle vicieux ; sans
doute le consentement-des deux chambres est nécessäire pour que
le congrès se réunisse; mais M. Esmein ajoute qu'il est aussi néces-
saire pour que le congrès puisse délibérer sur un point déterminé;
or c'est précisément cela qu'il faut démontrer.
M. Esmein invoque les précédents de 1791 et de l'an II, et
l'exemple de beaucoup de pays étrangers qui pratiquent le système
de la revision limitée. Les précédents de 1791 et de l'an II n'ont
pas de valeur, on vient de dire pourquoi. Quant à l'exemple des
pays étrangers, ce n'est certainement pas une raison sérieuse. Notre
droit public se suffit à lui-même. M. Esmein invoque enfin les pré-
cédernits de 1873 et de 1884. Ils ne sont guère démonstratifs.
En 1879 la question ne se posa même pas. On voulait seulement
abroger l’art. Y de la Joi const. du 25 février 1875, pour permelire
le retour des chambres à Paris. Au mois de janvier 1882, en défen-
dant son projet de revision, Gambetla soutint énergiquement la
thèse des pouvoirs limités du congrès. La chambre des députés ne
le suivit pas (cf. $ 149); mais il est vrai qu'elle avait plutôt en vue
de renverser Gambetta, dont Ja haute valeur lui portait ombrage,
que de résoudre une question de droit conslitutionnel. Le 24 mai
1884, M. Jules Ferry demandait bien aux chambres d'indiquer, et
les chambres indiquèrent en effet dans le disposilif de leurs résolu-
lions, les articles à reviser; mais le président du conseil se gardait
bien de résoudre la question de droit. Il semblait bien reconnaitre
au congrès des pouvoirs illimités; mais il demandait aux chambres
de déterminer d'avance par un acle de sagesse politique l'étendue
et le sens de la revision. V. l'exposé des motifs du projet, Anrée
polilique, 1884, p. 9 et suiv. Le congrès prit d'ailleurs plusieurs
décisions qui semblent certainement indiquer qu'il ne se considérait
point comme lié par le vote antérieur des chambres. C'est ainsi qu'il
vola l'inéligibilité à la présidence de la république des membres des
familles ayant régné sur la France (L. const. 14 août 1884, art. 2.
8 3), disposition qui n'avait élé annoncée ni dans les résolutions ni
dans l'exposé des motifs. D'aulre part l'assemblée discuta et rejeta
au fond une proposition de M. Andrieux tendant à l’abrogalion des
art. 1 à 7 de la loi const. du 24 février 1875, disposition qui avait
$ 151. — POUVOIRS DE L'ASSEMRLÉE DE REVISION 14105
été écartée d'avance par les chambres, dont les résolutions por-
taient qu'on ne discuterait sur ces articles que la question de leur
déconstitutionnalisation. Si donc on peut tirer un argument du
précédent de 1884, c’est en faveur des pouvoirs illimités du con-
grès.
Les chiffres renvoient aux pages. Les chiffres marqués d’un astéris-
que indiquent l'endroit où la matière est particulièrement traitée (!).
(1) Cette table a été faite par M. Delpech, professeur à la Faculté de droit d'Aix;
nous lui en adressons nos plus chaleureux remerciements.
1118 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
et s.; volonté des — 213, 214, AssisTance, 163, 199, 413, &%
413. — centralisés el decentra- , 646 *. 648° ets
lisés, 451. — disciplinaires, 451° AssocraTioxs, 79, 573, 581, 6!
et s., 454. V. Fonctionnaires. 614, 619, 621" et s., 623° el s.
AJOURNEMENT, Cldlure et convo- 630. — el congrégations, 18.
cation du parlement, 205, 401, 604, 633° et s. (crileriom de
406, 410, 825, 828° et s., 830, distinction}. — ef réunior.
926, 979°. — de projets ou pro- 555, 5517, 558. — cudluelle.
position des lois, 899. 606, 610", 1109. V. Liberté d'a:
ALIÉNÉS, 517 et s.. sociation, Séparation des églises
AMENDEMENTS el addilions, 840, et de l'Etat. — professionnel-
876, 881, 899, 900, 917. V. Or- Les, 19, 534, 536” el s., 621, 631.
dres du jour molivés. ATTENTATS et complots contrela
AMNISTIE, 207°, 326. sûreté de l'Etat, 683, 945, 5!
AXARCHIE, 271. V. Force. et s., 957, 958, 963° et s. — à
ANGLETERRE, 56, 58, 480", 508, la liberté individuelle, 2° el
4087. s., 515, 516, 524, 534.
ANNALITÉ de l'impôt et des dé- AUTONOMIE de la volonté, 173. \.
penses, 159, 929, 930, 933" et s., Déclaration de volonté, Lois
938, 942. V. Budget, Comptes, supplétives.
Douzièmes provisoires. AUTO-LIMITATION de l’Elat {Thés-
ANxNex1ON, 103. V. Territoire. rie de l'), 53° el s., 121, 123. V.
ANNULATION des actes faits en Contrats de l'Etat, Personns-
violation de la loi, 178, 252° lilé, Souveraineté.
et s., 442, 456, 470, 497, 654" AUTO-ORGANISATION de l’Etai
et s., 662, 726. V. Cassation, {Théorie de l'), 138.
Constitutionnalité des lois, Con- AUTORISATION préalable (Régime
tentieux objectif, Fonclion juri- d'}, 578, 519, 624. — de pour-
dictionnelle, Juridiction objec- suiles, 818, 819° et s. V. Invio-
tive, Hiérarchie, Recours pour labilité parlementaire.
excès de pouvoir, Socialisation AUTORITÉ politique, 19, 36. “6.
du droit. %6. — administrative, 185. —
APPEL NOMINAL, 903. judiciaire el administratire,
ARISTOCRATIE, 40. 7, 504, 506, 518, 527, 559, 62,
ARMÉE, 198, 993, 996. V. Réqui- 918. — militaire el civile, 512
sition de la force publique. V. Disposition, Elat de siège.
ARRESTATIONS el détentions arbi- Force armée, Réquisition.
traires (garanties contre les), Basouvisme, 639, 1113.
Baxc pu rot, 841.
ArRèTés (de l'époque révolution- Brexs collectifs, 626° et s. V.
naire), 1029. | Mainmorte. — ecclésiastiques.
ARRONDISSEMENTS (administratifs 608, 630, 642. V. Associatior:
et municipaux), 352, 728, 160°. cultuelles, Séparation des és!
V. Scrutin. ses et de l'Etat.
ARTICLES ORGANIQUES du Con- Bizz D'INbEMNITÉ, 1076. V. Res-
cordat, 598, 618. ponsabililé des ministres.
ASSEMBLÉES nationales, 911 et s. Buocer, Angleterre, 943 et -.:
— constituantes, 486, 1092" et France : Caractère de ses diver-
3., 1098* et s. V. Revision cons- ses dispositions, 400, 937°: vole,
lilutionnelle. — électorales, 400. 873, 887, 896, 911, 916, 923.
90 et s. — législatives, 371 930° et s.; refus du — 394, Lei
ets. — politiques héréditaires et s. V. Annalilé de l'impôt e:
ou nommées par un monarque, des dépenses, Comples (Li
310, 339" et s. des).
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 4119
Buzcerins ne votre, 743, 148, 749, CnanTes oOcTROYÉES, 319, 393,
151, 766. V. Candidatures mulli- 1089" et s.
ples, Opérations éleclorales. Cuer DE L'Erar, 131, 304, 332,
BUNDESRATH, 342, 376. 411. V. Irresponsabililé du chef
Bureau des assemblées, 839, 841" de l'Etat, Président de la répu-
et s., 844, 845, 847" et s., 865. blique, Représentation.
904, 976, 1099. — électoral CHEMINS DE FER (Exploitation
(Composition et nalure des des), 418, 510. V. Services pu-
décisions), 745 et s. blics, Syndicats d'employés.
Bungaux des assemblées, 882° CiRCONSCRIPTIONS ÉLECTORALES,
et s., 901. V. Commissions. , 308, 309°, 313, 310, 352,
BUREAUX de placement, 543. 354, 426. 728, 901. V. Mandat
Bur éfatique et légal, 186°, 202, impéralif, Parlement, Repré-
215°. 224,228, 232, 446, 459, 661, sentalion et mandal, Scrutin de
670. V. Actes juridiques, Détour- liste et uninominal.
nement de pouvoir, Fonction- Ciré, 11, 76, 78, 157.
naires, Responsabilité. — reli- Citoyen (Qualilé de), 82, 88.
gieux, 635. V. Associations et Ciroyexs acli/s et EU (Dis-
congrégalions. linclion des), 88, do, , 585,
Caginer, 395, 408* et s., 1050" et , 692.
s. V. Ministres, Gouvernement CLAN, 39.
parlementaire, Président du CLÔTURE de la discussion, 898.
conseil des ministres. Cruss et Sociétés populaires, 555,
CADUGITÉ des projets et proposi- 556, 557, 558, 559, 621, 624.
tions de lois, 90 . CoaiTioxs et grèves, 535, 531. V.
CANDIDATURES MULTIPLES, 01, Fonctionnaires. Syndicats.
764" ets. Coerciox acrs (Angleterre), 510.
Caxnroxs suisses, 129, 142, 144. CozronrAGE (Liberté du), 576,
CapaciTés (Régime électoral des),
696, 697, 701, 708. COILABORATION des organes de
CaPITATION et Cens, 701, 109. V. représentation, 317, 324*, 331*
Suffrage. et s., 393, 397, 810, 1027, 1066.
CARTES ÉLRCTORALES, 742, 743. V. Gouvernement, Gouverne-
CassaTiox en matière adminis- mentparlementaire, Parlement,
trative, 251. — en nalière ju- Président de la République, Sé-
diciaire, 254" et s., 447. Cour paration des pouvoirs.
de —, 132, 133, 735, 136, 731. CorcecrivismE, 639.
CaToziQuE (Doctrine politique), CoLLeCriviTÉ, elément de l’Elat,
22,21" ets., 615" ets. 44, 75° et s., 95, 117, 155. V.
CAUTIONNEMENT des journaux, Notion, Souverainelé, Terri-
578, 579. toire.
CExEURE (Régime de la), 553, 578, CoLLECTIVITÉS souveraines, 123.
— lerritoriales décentralisées,
CENSURE, peine disciplinaire, 137° et s., 209, 220, 269, 456,
856. — avec exclusion lempo- 646. V. Communes, Fonction
raire, 856, 857, 869. administrative, Puissance de
Cessiox. V. Territoire. "Etat.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS. V. Assem- Cozrèees ÉLEcTORAUx, 205, 231,
blées, Députés, Parlement. 315", 412, 426, 695, 739°, 762,
CHancELiER de l'Empire alle- 7174, 831, 985", 1092.
mand, 394, 941. CoLLÉGIALITÉ du gouvernement,
CHAIRMAN, 889.
CuaAPITRES DU BUDGET, 935 el s. Cor.oxtEs (Pouvoir législalif aux),
CHARGES MILITAIRES, 49. 193, 1013" et s. V. Règlements.
4120 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
Cowirés des assemblées révolu- CoxcorbaT (1802) ef Régime cot-
tionnaires, 384, 884. — élec- cordetaire, 597" et s., 603, Gi".
toraux, 314.
COMMANDANT MILITAIRE du palais CoxcurRExCE des listes et dou-
des assemblées, 862. ble vote simultané (Systèm
Commis déléqués et préposé de", 365. V. Représentation pro-
276, 283, 294, 323, 381, 384. V. portionnelle.
Organes de l'Etat, Représenta- CONDAMNATIONS enfrafnant perir
tion. (définitive ou temporaire! dr
CoMMissaIRES du gouvernement, l'électorat et de l'éligibilité.
891, 896, 898, 1063" et s. 687 et s. V. Déchéance et De-
Coumissions des assemblées, mission.
882" et s., 888 et s., 901, 921. CoxnomixIuM et Coimperiun.
— du budget, 887. — d'en-
quéte, 205, 837, 869, 918* et s. CoxFÉDÉRATION D'EraTs, 141.
— des finances, 885. — d'ini- CONFÉRENCES INTERPARLEME\-
tiative, 880. — permanentes TAIRES, 909.
(grandes), 847, 879, 886" et s. — Coxrrirs (Juridiction des), 256’.
spéciales el temporaires, 841, 444, 463, 464", 506, 730.
883" et s., 885. — extra-parle- CoNcés des assemblées et de
mentaires, 812. — mirtes, 505. leurs membres, 831, 887.
— sénatoriales (liberté indivi- CoXGRÉGATIONS RELIGIEUSES, 18.
duelle et de la presse), 503, 504, 571, 512, 628° et s. V. Assoria-
571. tions, Enseignement congréga-
ComsoYWEALTH AUSTRALIEN, 131, nisle.
ConquiTEs {Politique de), 76, 7.
CommuxauTÉ des besoins, des 101.
tradilions, des luttes, fonde- Coxesc:ence (Liberlé de) 399.
ment de la nation, 71. 605. V. Opinion, Liberté d'opi-
Coumuxes, 78, 124, 442, 544. — nion, Séparation des Eglises e:
chambre des), 704, 873, 889, de l'Etal. — collective iDéfac:
de), 12, 32, 33, 155.
ComMUXxICATIONS du gouverne- Coxseir de cabinet, 1053, 10.
ment aux chambres, 401, 911°, — des ministres, 976. 1060 e!
— de documents ou pièces aux s.. 1053, 1061. — d'Etat, 11i.
commissions d'enquêle parle- 726, 121, 748, 152, 180. 781. S5.
mentaire, 921. 838, 853, 861, 872, 882, 10%.
CoMPARUTION el témoignage de- 1027,1083. — erécutif fédera:
vant les chambres et les com- suisse, 385.
missions d'enquête, 922. Coxseir.s de querre, 511. — génr-
CouPérEexce des agents et fonc- rauzx el d'arrondissement, 53:.
tionnaires, 200°, 214" et s., 427. 986. — municipaur, .— 4
431, 434, 436. 438° el s., 440° préfecture, 126, 148, 780, :*:.
els., 465,671. V. Fonctionnaires — du travail, 538, 1084.
{Institution des\, Règlements. Coxsriruriox civile du clergé ‘!?
Courérexce (Loi de), 255, 256, juillet 1790, 59° ets., 608.
258, 280, 310, 440" et s., 445, CoxsniTurioxs. Lois constitutins-
4316, 661, 1021°. V. Délourne- nelles. 51, 177. %K. 485, 481.
ment, Excis de pouvoir. 686. 1083" et s.. 1091, 1105. —
COMPTABILITÉ PUBLIQUE, 944. rigides, 49, 51, 509, 653”, tr.
Courres Loi des), 896, 911, 929, 1090.
944" et s., 1077. COXSTITUTIONXALITÉ des dis.
Cowprrors, 953 et s. V. Allenlats ‘171. 485, 654° et <. Jugemez:
contre la sûreté de l'Etat, de la‘— G5frets.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 1124
CoxTENTIEUx administratif, 223, électoraux sénatoriaux, Tia
4, 225, 234”, 325° et s., 431, ets. — du parlement, 829.
613, 1077, 1078. V. Actes d'au- CORPORATIONS professionnelles.
{orilé, Fonctionnaires (Nomi- V. Associations, Syndicats. —
nation), Ordre judiciaire. — distinctes de l'Elat, 454.
électoral, 92, 231, 752, 780, Corps ÉLECTOPAL, 113, 275° et s.,
836. V. Listes électorales, Opé- 290“ et s., 685" ets.
rations électorales. — objec- CORRUPTION ÉLECTORALE. 154 et s.
tif ou d'annulation, 92, 227, Coup D'ÉTAT, 860, 861, 987.
, 240° et s., 252* et s., 446° Cour de session, 841.
et 3. 469, 470, 543, 728, 730, Couruue, 55, 156, 173.
836. V. Recours pour excès de Crénirs (Ouverture, augmenta-
pouvoir. — subjectif (ou de tion et rétablissement de), 876",
pleine juridiction), , 242" 897, 911, 930, 938, 941, 944,
ets ,728. . 1033, 1076° et s. V.. Comptes
ConTRAINTE el acles de eon- (Loi des), Réformes par vole
trainle matérielle, 11, 106, 148, budgétaire, Sénat. — supplé-
176, 118, 219, 268°, 273, 442, menlaires ou extraordinaires,
619. V. Légalité. 887, 997" et s., 1061
CoxTRarT social, 8, 30, 32, 478, Crimes POLITIQUES. V. Haute-Cour
481. — de commandation (anc. de justice.
dr.}, 434. — de droit inlerne Cuzres, 590, 591° et s.. 601" el s.
de L'Etat, 61, 120”, 187, 237, V. Liberté religieuse, Sépara-
335, 429, 608, 662, 938. — en- tion des églises et de l'Etat.
tre l'Etat et ses agents (Nature DÉCENTRALISATION, 129, 424, 427,
du), 425 et s. — de droit pu- 456. V. Contrôle.
blic (Discussion des prétendus), Décuéance ef démission, 198 et
8., 869. — électorale, 681" el
COXTRESEING MINISTÉRIEL, 408, s., 719, 723.
o 992, 1011, 1040, 1046" ets., DÉCLARATION el publication (RE-
ime de la), 536. 556, 573, 610,
ConTriBuTIONs, 99, 224,370, 694, 16, 619, 625. V. Associalion.
699, 929, 931. V. Electorat, — de guerre, 1043ets. — d’in-
suffrage censitaire. — exl{raor- dépendance américaine, 419.
dinaires, 927. — directes et — des droits, 49, 73, 83, 116,
taxes assimilées, 931 et s. 164" et s., 177, 475°, 477° et s.,
— indirectes, 485, 486" 'et s., 502, 925, 929. —
CoxTRÔLE de l'Etat sur les per- de 1789, 6, 49,73, T4, 475", 418"
sonnes publiques subordonnées “et s., 486" et s., 496, 526, 550,
et les agents décentralisés, 12, 583, 591, 637, 638. 643, 673, 930.
450", 456, 614, 663, 1000. — po- — d'utilité publique, 921. —
dilique des assemblées sur les de volonté, 210* et s., 430. V.
actes du gouvernement, 869, Acle juridique, Détournement
815. 910° et s., 920, 1031, 1034, de pouvoir, Formalilés. — des
1062. V. Communications du devoirs, 165
gouvernement, Enquêtes parle- ‘ DÉCLARATIONS MINISTÉRIELLES ,
menlaires, Inlerpellations,Ques- 914, 979.
tions, Règlements. DÉCRETS à l'époque révolution-
CoxvexTiox. V. Assemblées nalio- : naire, 150, 295. — du prési-
nales constituanles. dent de la république, 990" el
CoxvenTioxs. V. Actes diploma- . s., 1016 et s. V. Colonies, Rè-
tiques, Trailés. glements. — Lois, 1087 et s.
Coxvocariox des collèges éleclo- : DÉGRÈVEMENTS D'IMPÔTS, 494.
raux, 135,162. — des collèges : DéLÉGATiox législative, 443" els.,
Ducuir 36
1122 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT . cesse CE
INTRODUCTION
. Le droit objectif et la loi positive. . . . CC
—
PREMIÈRE PARTIE
Théorie générale de l’Etat.
CHAPITRE PREMIER
LES ÉLÉMENTS DE L'ÉTAT
B. Le terriloire.
24. Le territoire élément subjectif de l'Etat . . . .. .. ..
25. Conséquences du caractère subjeclif du terriloire. . . .
26. Le territoire limite de la puissance publique. . . . . . .
21. Droits de l'Etat sur quelques parlies de son territoire. .
C. La souveraineté.
28. Nolion générale de la souverainelé. . . .........
28. Analyse de la souverainelé conçue comme la puissance
commandante de l'Elat. .................
30. Conséquences de celte conception de la souverainelé . .
31. Notion de la souveraineté conçue comme un caractère
particulier de la puissance publique. . . . ..
32. La question de la souveraineté dans l'Etat fédéral.
CHAPITRE II
LES FONCTIONS DE L'ÉTAT
À. La fonction législative.
34. La loi au sens matériel . ................. 136
35. La loi est une disposition par voie générale . . . . . .. 152
36. La loi est une disposition impérative . . .. ....... 162
31. La sanclion de la loi. . .................. 75
B. La fonction administrative.
38. La fonction administrative et l’acle administratif . . .
39. De quelques doctrines relatives à la nature de la fonc-
tion administralive . .................. .
40. Les règlements ne sont pas des acles administratifs . . 191
41. Les actes politiques ne sont pas des actes administratifs. 21
42. Théorie juridique‘de l’acle administralif .. . . . . . .. as
43. Des diverses espèces d'actes administralifs . . . . . . . =
C. La fonction juridictionnelle.
44. Complexilé de la fonction juridiclionnelle. . . . . . ..
45. De la juridiction subjective .. . . . . ... ... . . . ss. 2x
TABLE DES MATIÈRES 1137
Pages
De la juridiction objective. . ............... 239
. La fonction exécutive n'est pas une fonclion juridique
spécifique de l'Elat.........,........... 261
CHAPITRE II
LES ORGANES DE L'ÉTAT
48. Le gouvernement el la force matérielle. . . . .. . ... 266
48. Théorie française des organes de l'Etat.. . . ...... 275
50. Théorie allemande de l'organe juridique. . . . . . . .. 281
CHAPITRE IV
LE DROIT ET L'ÉTAT
DEUXIÈME PARTIE
Organisation politique de la rance.
CHAPITRE PREMIER
LE CORPS ÉLECTORAL
A. Nomination du parlement.
106. Election des députés. .................. . 759
107. Prohibition des candidatures mulliples. . . . . . . . .. 164
108. Election des sénaleurs. .................. 169
109. Opérations électorales sénatoriales. . . ......... T7
110. Inéligibilités el incompatibilités parlementaires . . . .. 187
B. Situation des membres du parlement.
111. Caraclères généraux de cette situation. . . ....... 797
112. Indemnité parlementaire ................. 802
113. Incapacilé d'être nommé à une fonction publique. . .. 805
114. Irresponsabilité parlementaire. . . ............ 809
115. Inviolabilité parlementaire. . . .............. 813
116. Service mililaire des membres du parlement... . .... 823
C. Réunion et conslilution des chambres.
117. Sessions des chambres .........,......... 824
118. Vérification des pouvoirs ................. 834
119. Nominalion du bureau. . ................. 841
120. Règlement des chambres. ................ 850
121 Discipline parlementaire. . . ............... 855
122. Police des chambres. . .................. 858
D. Procédure parlementuire.
123. Les lois el les résolutions. ................ 867
124. L'initiative. ........................ 810
125. Les bureaux el les commissions . ............ 882
126. Les séances des chambres. ................ 889
127. Les votes. ......................... 899
128. Les relations des deux chambres entre elles. . . .... 90
CHAPITRE II
LE GOUVERNEMENT
135. Structure complexe du gouvernement. . . ....... au
À. Le président de la république.
136. Nominalion du président de la république. .. .. . .. 971
137. De l'action du président de la république sur le parle-
ment. Le droit de dissolution . ............. ÊR
138. Attributions exéculives . . .. .............. DK
139. De l'initiative et de la promulgation des lois. . . . . . . jou
140. Le pouvoir réglementaire du président de la république. 1ul':
141. Le pouvoir réglementaire du président de la république
{guilej. . .................44
0.0... 1025
142. Attributions diplomatiques du président de la répu-
blique. . ......................... Aux
443. Irrexponxabililé et responsabililé du président de la
république... ..............4444.... 1015
B. Les ministres.
144. Caractères et nominalion des ministres . . . . .. ... toit |
445. Altribulions ct responsabilité polilique des ministres . . {til |
146. De la responsabilité pénale et de la responsabilité civile |
des ministres ....................... 403
CHAPITRE IV
DE LA REVISION DES LOIS CONSTITUTION NELLES
447. De la distinction des lois ordinaires el des lois conslilu-
tionnelles rigides ................... ... Mn:
148. De l'établissement et de la revision des lois constitu-
lionnelles en France de 1389 à 1815. . . . . . . . . . . BR
149. De l'élablissement el de la revision des lois constitu-
lionnelles de 1835..................... does
450. L'assemblée nalionale de revision . ........... des
151. Pouvoirs de l'assemblée nationale de revision. . . . .. dir
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