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Sommaire
Introduction
Conclusion
Le licenciement des salariés protégés
Introduction
La prohibition des engagements perpétuels a pour corollaire la reconnaissance, au profit
de chacune des parties au contrat de travail, d’un droit de résiliation unilatérale 1. Cette faculté
exceptionnelle permet la remise en cause du rapport de travail mais n’affecte en rien les
conditions de son exécution. La révision du contrat demeure subordonnée à la volonté des
parties contractantes-bien que la jurisprudence ait longtemps déduit le droit de révision
unilatérale de la faculté de résiliation unilatérale- à la différence de sa rupture. Il ne faudrait
pas en déduire que l’accord de volonté n’a aucune place à ce moment précis. Sur le principe
même de la fin de la relation de travail, les parties sont libres de s’entendre par la voie de la
résiliation amiable. Il en est également ainsi au sujet des conséquences de leur séparation.
Mais si l’accord est rare et parfois même suspect, c’est que la rupture du contrat de travail
constitue, le plus souvent, l’expression d’une crise majeure ou des intérêts opposés
s’affrontent. Les enjeux du maintien dans l’emploi sont d’une telle importance que le
législateur s’est préoccupé d’encadrer le régime de la rupture du contrat de travail à
l’initiative du chef d’entreprise. Ont ainsi été développées des règles spécifiques qui sont
autant de limites apportées à son droit de rupture unilatérale. En regard, le salarié ne rencontre
qu’assez peu de restrictions dans l’exercice de ses propres prérogatives. La démission du
travailleur, présente dans le code du travail, n’est qu’assez peu réglementée. Ce déséquilibre
lié à la nature particulière de la relation de travail subordonnée a encore été renforcé par la
jurisprudence. Le souci de protection du salarié qui fonde la matière a conduit à étendre le
champ d’application des règles du licenciement au détriment de celles de la démission et des
voies de rupture du contrat de travail, derniers vestiges du droit commun des obligations. Le
licenciement constitue le mode de rupture principal du contrat de travail. Mais il y en a des
catégories qui bénéficient d’une protection supplémentaire contre le licenciement, donc la
protection contre le licenciement s’étend à l’ensemble des institutions élues ou désignées ce
qui inclut les délégués du personnel, les membres des comités d’entreprise ou de groupe, ceux
du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Il convient d’y joindre le
représentant des salariés dans l’entreprise qui fait l’objet d’une procédure collective, les
délégués syndicaux ce qui implique le délégué du personnel désigné en cette qualité durant
son mandat et enfin les représentants syndicaux au comité.2
A ce stade, il nous semble logique de posée la problématique suivante : existe-t-il un
licenciement pour les salariés protégés ?et si la réponse est affirmative, sur quelles
conditions ?
Afin de donner une réponse claire et nette à notre sujet nous allons entamer dans une
première partie : la notion du licenciement des salariés protégés et les causes de licenciement,
quant à la deuxième partie portera sur le régime juridique applicable en cas de licenciement
d’un salarié protégé.
1
Le licenciement émane de la seule part de l’employeur et si le salarié rompt unilatéralement le
lien contractuel dans ce cas on parle d’une démission et non pas un licenciement.
2
François DUQUESNE, Droit du Travail, Gualino éditeur, 2006, page 303.
Le licenciement des salariés protégés
6
Cette convention a été adoptée par la Conférence générale de l'Organisation internationale du
Travail le 11 juillet 1947. Et entré en vigueur au Maroc le 20 mai 1957.
7
Pradel, V, Le contrôle du licenciement disciplinaire du salarié protégé (Doctoral dissertation,
Paris 5), 2013.
8
L’expression « salariés protégés » n’a jamais été consacrée par le Code du travail (CT). Les
arrêts « Perrier », présentés comme « un tournant du droit du travail » (Hélène SINAY, « Un
tournant du droit du travail : les arrêts Perrier », Recueil Dalloz, 35, 1974, chron., p. 235)
consacrent (1er arrêt) la « protection exceptionnelle et exorbitante du droit commun » instituée
par le législateur « dans l’intérêt de l’ensemble des travailleurs qu’ils représentent [et] qui
interdit par suite à l’employeur de poursuivre par d’autres moyens la résiliation du contrat de
travail » (Cass. Chambre mixte 21 juin 1974, Perrier, Recueil Dalloz, 35, 1974, p. 593, concl.
Touffait, p. 596 ; Droit social, 12, 1974, p. 454). Ils ne font jamais référence à la dénomination
« salariés protégés ». C’est pourtant cette terminologie qu’utilisent tant le Conseil d’État que la
Cour de cassation qui s’y réfèrent expressément dans leurs jugements (et non dans une reprise
des conclusions des parties) à partir de 1981 pour le Conseil d’État (CE, contentieux, 29 avril
1981, n° 22306, publié au recueil Lebon) et à compter de 1978 pour la chambre sociale de la
Cour de cassation (Cass. Soc., 1er février 1978, n° de pourvoi : 76-40273, publié au bulletin)
(résultats obtenus d’après une recherche effectuée sur Légifrance)
9
Jean-Maurice VERDIER, « Les représentants des salariés : “protégés” ou exposés ? Liberté
fondamentale et logique du statut », dans Analyse juridique et valeurs en droit social. Mélanges
en l’honneur de Jean Pélissier, Paris, Dalloz, 2004, p. 571-590.
10
Article 6 de la directive de 2001/23/CE du 12 mars 2003 codifiant les directives 77/187/CEE du
Le licenciement des salariés protégés
les salariés protégés ne peuvent être licenciés. Dans les quinze jours qui suivent la résiliation
du contrat, le salarié peut demander, par simple requête, au président de la juridiction du
travail qui statue d’urgence et comme en matière sommaire, les parties entendues ou dûment
convoquées, de constater la nullité du licenciement et d’ordonner son maintien ou le cas
échéant, sa réintégration. Toutefois, en cas de faute grave, le chef d’entreprise a la faculté de
prononcer la mise à pied immédiate de l’intéressé en attendant la décision définitive de la
juridiction du travail sur sa demande en résolution du contrat de travail. Lorsque la juridiction
du travail refuse de faire droit à cette demande, la mise à pied est annulée et ses effets sont
supprimés de plein droit19. Le licenciement du salarié au Luxembourg est soumis au régime de
l’autorisation de juge.20
listes électorales et pendant une durée de trois mois à compter de la proclamation des résultats
des élections, cette protection continue durant la période de leur fonction, et après six mois à
partir de l’expiration de leur mandat.
B. Le représentant syndical :
l’employeur dispose d’un pouvoir disciplinaire qui lui permet de sanctionner par un
licenciement tout acte du salarié qu’il considère comme suffisamment fautif pour justifier la
rupture du contrat de travail.
Le licenciement personnel pour motif disciplinaire se fonde principalement sur la faute. Ainsi
que la qualification du comportement fautif revêt une importance capitale dans la recherche
de la sanction et de la procédure à suivre, qui doivent être en adéquation avec la ou les fautes
commises. Elle conditionne en effet la légalité ou l’illégalité de la sanction au regard de son
appréciation par le juge. La loi ne donne aucune définition précise de la faute et c’est la
jurisprudence qui a permis d’en déterminer les contours juridiques.
Ainsi, un comportement fautif est tout acte positif ou toute abstention volontaire imputable au
salarié et qui constitue une violation des obligations découlant du règlement intérieur, du
contrat de travail ou de la convention collective. En somme, le comportement fautif du salarié
est celui qui ne correspond pas à l’exécution normale du contrat de travail.
Il convient ainsi, tout d’abord, de démontrer que les faits reprochés constituent des
manquements à l’une ou plusieurs des obligations qui incombent au salarié. De surcroit c’est à
l’employeur de déterminer si le salarié a commis une faute et d’apprécier la gravité de cette
faute. En effet toutes les fautes commises par un salarié n’ont pas le même degré de gravité,
que la faute soit légère, sérieuse grave ou lourde, les sanctions et les conséquences pour le
salarié sont différentes. Par conséquent la cessation justifiée par une faute sérieuse est une
cessation qui puise sa légitimité dans les motifs communs fixés par les règles générales du
droit qui mettent fin aux contrats, ou dans les motifs expressément déterminés par le Code du
travail, comme la cessation pour des motifs personnels en cas de : Faute grave du salarié
(article 39) ; Epuisement des sanctions disciplinaires stipulées dans l’article 37 (article 38) ;
Avertissement ;
Le blâme ;
Un deuxième blâme, ou la mise à pied pour une durée n’excédant pas huit jours ;
Un troisième blâme ou le transfert à un autre service ou, le cas échéant, à un autre
établissement, en prenant en considération le lieu de résidence du salarié.
Lorsque les sanctions disciplinaires sont épuisées dans l’année, l’employeur peut procéder au
licenciement du salarié. Dans ce cas, le licenciement est considéré comme justifié.
-Faute grave :
Le code de travail, en refusant de donner une définition à la faute grave ou de déterminer les
faits pouvant être considérés comme telle, a préféré laisser à l'employeur le droit de qualifier
de faute grave tout fait le considérant comme telle et d'en supporter les conséquences de son
jugement, lorsque le litige est porté devant les tribunaux.
Le licenciement des salariés protégés
Cependant, il est possible de dire que la faute grave résulte d'un fait ou d'un ensemble de faits,
imputables au salarié, qui constituent une violation du règlement intérieur ou de son contrat,
d'une importance telle qu'elle rend impossible le maintien de l'intéressé dans l'entreprise.
Alors que le code du travail a choisi de se limité de citer quelques fautes que le législateur
marocain les considère comme fautes graves pouvant provoquer le licenciement du salarié :
Le délit portant atteinte à l’honneur, à la confiance ou aux bonnes mœurs ayant donné lieu
à un jugement définitif privatif de liberté ;
La divulgation d’un secret professionnel ayant causé un préjudice à l’entreprise ;
Le fait de commettre les actes suivants à l’intérieur de l’établissement ou pendant le
travail :
Le vol ;
L’abus de confiance ;
L’ivresse publique ;
La consommation de stupéfiants ;
L’agression corporelle ;
L’insulte grave ;
Le refus délibéré et injustifié du salarié d’exécuter un travail de sa compétence ;
L’absence non justifiée du salarié pour plus de quatre jours ou de huit demi-journées
pendant une période de douze mois ;
La détérioration grave des équipements, des machines ou des matières premières causée
délibérément par le salarié ou à la suite d’une négligence grave de sa part ;
La faute du salarié occasionnant un dommage matériel considérable à l’employeur ;
L’inobservation par le salarié des instructions à suivre pour garantir la sécurité du travail
ou de l’établissement ayant causé un dommage considérable ;
L’incitation à la débauche ;
Toute forme de violence ou d’agression dirigée contre un salarié, l’employeur ou son
représentant portant atteinte au fonctionnement de l’entreprise.
La faute grave selon les tribunaux, c'est une violation des obligations découlant du
contrat ou des relations de travail d'une importance telle qu'elle rend impossible le maintien
du salarié dans l'entreprise. La gravité de la faute relève de l'appréciation du juge. Si la faute
grave est avérée, elle entraîne le départ immédiat du salarié, celui-ci ne peut recevoir ni
indemnité compensatrice de préavis, ni indemnité légale de licenciement.
La gravité de la faute n'est pas subordonnée à l'existence d'un préjudice subi par
l'employeur, la présence d'un risque est suffisante. Le fait, par exemple, pour un gardien de
dépôt de carburant, de fumer ou d'allumer un feu de bois à proximité d'une citerne de
carburant, pour préparer son thé à la menthe, constitue un risque certain d'incendie et une
faute grave.
Le licenciement des salariés protégés
Faute lourde :
La faute lourde est celle qui entraîne les sanctions les plus dures pour le salarié, puisqu’il
perd son droit au préavis, à ses indemnités de licenciement et de congés payés. Cela
s’explique par le fait que la faute lourde suppose l’intention de nuire à l’employeur. Les cas
de faute lourde sont peu nombreux. Exemples : le fait pour un salarié d’avoir cherché à
tromper son employeur en déclarant comme accident du travail un accident survenu dans sa
vie privée.
Selon les tribunaux, c'est un comportement d'une exceptionnelle gravité révélant une
intention de nuire à l'employeur ou à l'entreprise. Lorsque l'employeur licencie le salarié pour
faute lourde, il doit faire la preuve de cette faute. La faute lourde entraîne la rupture
immédiate du contrat de travail, le salarié ne peut ni bénéficier des indemnités compensatrices
de préavis ni des indemnités de licenciement ni des indemnités compensatrices de congés
payés. La faute lourde peut par ailleurs engager la responsabilité du salarié lorsqu'elle a causé
un préjudice à son employeur ou à l'entreprise. Le salarié, lorsqu'il est reconnu responsable
par les tribunaux doit verser des dommages et intérêts à l'employeur à la hauteur du préjudice
subi par celui-ci.
L’employeur n’est pas totalement libre dans l’exercice se son pouvoir disciplinaire. En effet si
le code du travail lui confère un important pouvoir disciplinaire sur les salariés, il fixe, en
revanche plusieurs limites à ce pouvoir. Ainsi, aux termes de l’article 36 dudit Code, ne
constituent pas des motifs valables de prises de sanctions disciplinaires ou de licenciement :
-L’affiliation syndicale ou l’exercice d’un mandat de représentant syndical
-La participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou, avec le
consentement de l’employeur ou conformément à la convention collective de travail ou au •
Le fait de se porter candidat à un mandat de délégué des salariés, de l'exercer ou de l'avoir
exercé.
-Le fait d'avoir déposé une plainte ou participé à des actions judiciaires contre l'employeur
dans le cadre des dispositions de la présente loi.
-La race, la couleur, le sexe, la situation conjugale, les responsabilités familiales, la religion,
l'opinion politique, l'ascendance nationale ou l'origine sociale.
-Le handicap dans la mesure où il ne fait pas obstacle à l'exercice par le salarié handicapé
d'une fonction adéquate au sein de l'entreprise21
B- Le licenciement pour motif non disciplinaire
Certains faits, bien qu’ils ne soient pas fautifs peuvent constituer un motif valable de
licenciement, c’est le cas de la maladie par exemple. En principe, il est interdit à l’employeur
de licencier un salarié en raison de son état de santé. Toutefois, les conséquences de la
maladie peuvent par exception, constituer un motif valable de licenciement.
On doit distinguer ici entre la maladie normale et l’accident normal et entre la maladie
professionnelle et l’accident de travail. En ce qui concerne la maladie et l’accident normal,
l’article 272 dispose que lorsque l’absence pour maladie ou accident, autre qu’une maladie
21
Article 36 de la loi 65-99 relative au code de travail
Le licenciement des salariés protégés
professionnelle ou accident de travail, est supérieure à 180 jours consécutifs au cours d’une
période de 365 jours, ou lorsque le salarié est devenu inapte à continuer l’exercice de son
travail, l’employeur peut le considérer comme démissionnaire de son emploi.
Cependant force est de constater qu’en cas de maladie professionnelle ou accident de travail,
le législateur n’a pas donné le même droit à l’employeur de considérer l’absence de salarié
plus de 180 jours au cours de 365 jours comme démission 22. Par ailleurs l’article 120 énonce
que le médecin du travail est habilité à proposer des mesures individuelles telle que la
mutation ou la transformation du poste justifié par des considérations relatives notamment à
l’âge, à la condition physique, ou à l’état de santé du salarié. Ici l’inaptitude du salarié
résultant de la maladie professionnelle ou d’un accident de travail ne lui permet pas
définitivement la reprise de son travail, le CT est considéré comme annulé.23
22
Sauf pour le contrat de travail à CDD ou il prend fin par l’arrivé de son terme
23
Khalid BOUHKAICH, le droit du travil au Maroc, édition Sed lex, p 273
24
Khalid Boukaich, op.cit, p 274,275
Le licenciement des salariés protégés
Les raisons économiques que l’employeur peut invoquer sont les suivants :
-Les difficultés économiques : Il n’est pas exigé que la situation financière de l’entreprise soit
catastrophique mais les difficultés économiques dont se prévaut l’entreprise doivent être
réellement et suffisamment sérieuses à la date du licenciement, l’existence de difficulté
économiques est appréciées cas par cas par les juge, à la date de la notification du
licenciement. En conséquence, lorsque les difficultés existent déjà dans l’entreprise au
moment de l’embauche, l’employeur ne peut pas s’en prévaloir pour se séparer du salarié peu
de temps après son entrée dans l’entreprise
-Les mutations technologiques introduction de nouvelles technologies : on entend par
mutation technologiques toute introduction de techniques ou de nouveaux matériels ou d’un
procédé de fabrication. Parmi les mutations technologiques les plus courantes, on peut citer
l’informatisation d’un service, l’innovation en matière de gestion entraînant une baisse
importante des tâches d’un service, l’acquisition de nouveaux outils entraînant de nouvelles
méthodes de travail, etc. Pour constituer une cause économique de licenciement, les mutations
technologiques doivent en outre avoir un effet sur l'emploi ou le contrat de travail du salarié, soit
qu'elles entraînent la suppression ou la transformation de son emploi, soit qu'elles emportent
modification d'un élément de son contrat…
-La cessation d’activité : La cessation d’activité d’une entreprise peut constituer en elle-même une
cause réelle et sérieuse de licenciement économique, lorsqu’elle est définitive, totale et non
reprochable à l’employeur. Elle peut dans ce cas provoquer une suppression / transformation d’emploi
ou une modification de contrat de travail.
Elle doit d’abord être « définitive », c’est-à-dire qu’une suspension temporaire de l’activité
pour cause travaux par exemple n’est pas admise. La reprise de l’activité après la cessation ne
devrait pas non plus être envisageable. La cessation doit ensuite concerner la totalité de
l’entreprise et non pas seulement de l’une de ses agences, filiales ou établissements. Par
ailleurs, elle ne doit pas provenir d’une faute ou d’une légèreté blâmable de l’employeur
25
BOUKAICH Khalid, Le droit du travail au Maroc, Edition Sed lex, 2019, page 247.
Le licenciement des salariés protégés
Par ailleurs, le licenciement envisagé à l’encontre des salariés protégés ne peut avoir lieu
qu’après une procédure spécifique qui est une procédure dérogatoire du droit commun
réalisée par étapes (chapitre 1), mais si le licenciement est qualifié d’abusif ; le salarié a la
possibilité de contester la décision qui émane de l’inspecteur du travail en exerçant ses droits
en tant qu’un salarié soumis au statut protecteur (chapitre 2).
26
Article L1233-11 du code de travail français
Le licenciement des salariés protégés
Notons que, cette séance d'écoute doit avoir lieu dans un délai n'excédant pas huit jours à
compter de la date de Constatation de l'acte du salarié.27
Dans ce cadre, tout ce qui a été déroulé lors de l’entretien y compris les explications du
salarié doivent être contenu dans un procès-verbal dressé par l'administration de
l'entreprise, signé par les deux parties, dont une copie est délivrée au salarié. 28
Ainsi, pendant l’entretien préalable le salarié a le droit d’être assisté par un délégué des
salariés ou un représentant syndical.
On peut dire que La procédure spéciale de licenciement du salarié protégé est une
procédure dite spéciale qui se cumule selon les cas avec les procédures prévues en cas de
licenciement pour motif personnel ou pour motif économique. Dans tous les cas,
l’intéressé est convoqué à un entretien préalable et obligatoire quel que soit le motif de
licenciement.29
La convention n°81 de l’OIT sur l’inspection du travail stipule dans son deuxième article
que Le système d'inspection du travail dans les établissements industriels s'appliquera à tous
les établissements pour lesquels les inspecteurs du travail sont chargés d'assurer l'application
des dispositions légales relatives aux conditions de travail et à la protection des travailleurs
dans l'exercice de leur profession.
Selon l’article 157 du code du travail marocain : Toute mesure disciplinaire consistant en un
changement de service ou tâche, toute mise à pied ainsi que tout licenciement d'un délégué
27
Article 62 du code du travail marocain.
28
Idem
29
La protection des représentants du personnel et le contrôle des inspections du travail, un
article de " LIAISONS SOCIALES - LES THÉMATIQUES », Novembre 2020, page 38.
30
Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors du centenaire de
l'inspection du travail, sur un siècle de conquêtes sociales et de lutte pour préserver les acquis
sociaux, Paris le 19 janvier 1993.
Le licenciement des salariés protégés
des salariés titulaire ou suppléant envisagé par l'employeur, doit faire l'objet d'une décision
approuvée par l'agent chargé de l'inspection du travail.
Aussi, pour le médecin du travail en tant qu’un salarié protégé, l’article 313 énonce que toute
mesure envisagée par l’employeur à l’encontre du lui, doit être prononcée par décision
approuvée par l’inspecteur du travail, après avis du médecin inspecteur du travail.
En France, pour le délégué du personnel, le législateur dispose que tout licenciement envisagé
par l’employeur d’un délégué ne peut intervenir que sur autorisation de l’inspecteur du travail
dont dépend l’établissement.31
Dans ce contexte, l’inspecteur du travail est chargé de la vérification de la qualité du salarié
protégé concerné par la procédure de licenciement au moment où il statue, et chercher les
fondements d’existence de cette protection et si cette condition est ignorée ; l’inspecteur ne
doit pas se prononcer sur l’autorisation de licenciement. 32.
De surcroît, la décision prise par l’inspecteur du travail doit être suffisamment motivée afin de
maintenir une certaine sécurité juridique. De ce fait, l’inspecteur doit, par exemple, rappeler
les faits, et contrôler le motif de licenciement sur lequel l’employeur fonde sa demande
d’autorisation.
A côté du respect de la procédure et la réalité des faits invoqués, l’inspecteur du travail
contrôlera les points cumulatifs suivant l’absence de discrimination ou l’absence de lien avec
le mandat.
Ce dernier dispose d’un délai de huit jours à compter de sa réception de demande de
licenciement afin de rendre sa décision motivée. Par contre le législateur français prévoit un
délai de quinze jours pour que l’inspecteur de travail puisse rendre sa décision. En cas de mise
à pied du salarié, le délai est réduit à huit jours.
Donc, l’agent chargé de l’inspection du travail doit prendre une décision, en donnant son
approbation qui entraîne le licenciement du salarié ou exprimant son refus qui aboutit au
maintien du salarié dans l’entreprise.33
La décision de licenciement pourra être notifiée par le biais de l’employeur au salarié protégé
sous forme d’une lettre recommandée avec accusé de réception, en précisant le motif et le
délai de recours judiciaire.
B- La compétence territoriale de l’inspecteur du travail
31
Article L.425-1 du Code du travail français.
32
Emilie de la Motte, Le motif de licenciement d’un représentant du personnel, mémoire du master,
Université Panthéon-Assas (Paris II). Année universitaire 2011-2012, page 229.
33
BOUKAICH Khalid, op. cit. page 211.
Le licenciement des salariés protégés
En effet, le licenciement des salariés est encadré par des normes nationales et
internationales, nous avons une myriade des conventions dans ce stade qui donnent une
coloration juridique fondamentale à notre sujet, à titre d’illustration :
L’article 1 de la convention (n° 135) de l’OIT se borne à dire que : « Les représentants des
travailleurs dans l'entreprise doivent bénéficier d'une protection efficace contre toutes mesures
qui pourraient leur porter préjudice, y compris le licenciement, et qui seraient motivées par
leur qualité ou leurs activités de représentants des travailleurs, leur affiliation syndicale, ou
leur participation à des activités syndicales, pour autant qu'ils agissent conformément aux lois,
conventions collectives ou autres arrangements conventionnels en vigueur »
L’article 3 de la convention (n° 135) affirme que le terme représentants des travailleurs
désigne les représentants syndicaux, qui sont des salariés protégés.
34
PRADEL, Virgile. Le contrôle du licenciement disciplinaire du salarié protégé. 2013. Thèse de
doctorat. Paris 5. Page 51.
35
Code du travail français, article. L. 2421-1, art. L. 2421-3., art L. 2421-5; C. trav., art. R. 2421-1 et
art. R. 2421-10)
36
Les guides de DGT, Guide relatif aux décisions administratifs en matière de rupture ou de transfert
du contrat de travail des salariés protégés, sept. 2019, fiche 1 b, p. 10).
37
PRADEL, Virgile. Op.cit. Page 43.
Le licenciement des salariés protégés
Les articles 4 et 5 de la convention (n°158) précisent également que les représentants des
travailleurs sont protégés contre le licenciement, s’il n’y a pas de motif valable qui justifie ce
licenciement.
La ligne 15 de La Recommandation (n° 112) sur les services de médecine du travail : Les
médecins du travail devraient jouir d'une indépendance technique et morale complète à l'égard
de l'employeur et des travailleurs. En vue d'assurer cette indépendance, les médecins du
travail devraient être dotés, par la législation nationale ou par accord passé entre les parties ou
organisations intéressées, d'un statut concernant notamment leurs conditions d'engagement et
de licenciement.
Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent que : Une protection spéciale doit être
accordée aux mères pendant une période de temps raisonnable avant et après la naissance des
enfants. Les mères salariées doivent bénéficier, pendant cette même période, d'un congé payé
ou d'un congé accompagné de prestations de sécurité sociale adéquates.
On peut en déduire alors que, Le licenciement des salariés protégés, engendre toutefois
des effets juridiques à l’égard de ces salariés (Le délégué du personnel, le médecin du travail
ou encore la femme enceinte qui bénéficie d’une protection contre le licenciement pendant sa
grossesse) et ce, conformément à l’article 41 du Code du Travail Marocain.
Dans ce chapitre, on va traiter successivement les droits dont disposent ces salariés protégés
sujet du licenciement, à savoir : Le droit à l’indemnisation ( Section 1), et le droit à la
réintégration dans la société (Section 2).
Par ailleurs en droit du travail, Le salarié protégé qui a été abusivement licencié, et qui a subi
un préjudice suite à ce licenciement, a toutefois droit à l’indemnisation, afin de le
dédommager (L’art 754 du DOC). On distinguera ci-dessous entre l’indemnité de
licenciement (A) et l’indemnité de dommages (B).
A. L’Indemnité de licenciement
Cette indemnité est accordée au salarié ayant travaillé dans une entreprise pendant une
période d'au moins six mois, selon l'article 53 du Code du travail pour chaque année ou une
partie de l’année de travail effectif et qui est égal à :
Cependant, cette indemnité est portée au double dans le cas où le salarié est un représentant
syndical ou bien un délégué des salariés. Ces ceux-là font partie des salariés protégés. (L’art
58 du Code du travail)
Pour que le salarié protégé qui a été licencié abusivement, puisse bénéficier de l’indemnité de
licenciement, il faut la réunion de certaines conditions :
Le licenciement des salariés protégés
Conclusion général :
La législation internationale a institué une protection spéciale au profit des salariés protégés
en matière de licenciement. La jurisprudence a étendu la protection à toute rupture du contrat
de travail : licenciement individuel ou économique, départ à la retraite, départ négocié,
rupture conventionnelle. Donc La relation contractuelle peut prendre fin à l’initiative de
l’employeur, salarié ou d’un commun accord. L’employeur désirant licencier un salarié doit
avoir un motif personnel au salarié ou économique et respecter la procédure en rapport avec
ce motif. De son côté le salarié souhaitant quitter l’entreprise peut donner sa d émission qui
s’impose à l’employeur la rupture du contrat de travail peut être source de contentieux. C’est
pourquoi, le droit doit assurer la protection nécessaire pour le salariés dite protégés contre une
procédure de licenciement38.
38
BELABID Salma, la rupture du contrat international du travail, thèse de master droit économique du
commerce international, faculté du droit de tanger,2017, page 62.
Le licenciement des salariés protégés
Bibliographie :
Les ouvrages de références :
François DUQUESNE, Droit du Travail, Gualino éditeur, 2006.
Jean-Maurice VERDIER, « Les représentants des salariés : “protégés” ou exposés ?
Liberté fondamentale et logique du statut », dans Analyse juridique et valeurs en droit
social. Mélanges en l’honneur de Jean Pélissier, Paris, Dalloz, 2004
BOUKAICH Khalid, Le droit du travail au Maroc, Edition Sed lex, 2019.
Dr. Khalid Boukaich, Le Droit du Travail au Maroc : Relations individuelles -
Relations collectives, Edition 2020, Sed Lex.
Les revues :
STRUILLOU, Yves. La nature du contrôle de l'inspecteur du travail sur les demandes
d'autorisation de licenciement des salariés protégés. Droit Social, 2010, no 687.
La protection des représentants du personnel et le contrôle des inspections du travail,
un article de " LIAISONS SOCIALES - LES THÉMATIQUES », Novembre 2020.
Le licenciement des salariés protégés
Les guides de DGT, Guide relatif aux décisions administratifs en matière de rupture
ou de transfert du contrat de travail des salariés protégés, sept. 2019.
Les rapports :
Maggi-Germain, N. (2006). Le licenciement des salariés protégés : processus et
enjeux. Droit et société, 62(1), 179-201, rapport pour le ministère du Travail, Dares,
juin 2004. L’intégralité du rapport a été publié dans Documents d’études Dares, 108,
février 2006.
Pradel, V. (2013). Le contrôle du licenciement disciplinaire du salarié
protégé (Doctoral dissertation, Paris 5).