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Directeur: W. REYNDERS
TABLE
INTRODUCTJ.ON 83
4. Sanctions
4.1. Généralités 97
4.2. Cumul avec d'autres indemnités 97
4.3. Méthode de calcul de l'indemnité 97
4.4. Naissance du droit à l'indemnité 98
4.5. Nature juridique de l'indemnité 98
4.6. Prescription de l'action 101
5. Cas d'espèce
5.1. Justification du licenciement par des motifs économiques
5.1.l. Réorganisation ou fermeture de l'entreprise 101
5.1.2. Conflits internes 101
5.1.3. Nouvelles technologies 101
5.1.4. Transfert et cession d'entreprise 102
5.1.5. Intérêts économiques de l'employeur 103
5.2. Licenciement fondé sur l'aptitude ou la conduite de l'ouvrier
5.2.1. Une simple déception 103
5.2.2. L'incapacité de travail 104
5.2.3. La grève 105
5.2.4. Les absences du travailleur 106
5.2.5. Divers 106
5.3. Circonstances entourant la rupture
5.3.1. Caractère brutal du licenciement 107
5.3.2. Mise en cause de l'honorabilité du travailleur 107
5.3.3. Licenciement décidé en représailles
d'une revendication légitime 108
5.4. Violation des dispositions d'une convention collective 109
5.5. Raisons valables de licencier 110
4. L'évaluation du préjudice
4.1. L'indemnité pour licenciement abusif 116
4.2. Nature juridique de l'indemnité 117
4.3. Cumul avec d'autres indemnités 118
5. Cas d'espèce
5.1. Les circonstances entourant le licenciement
5.1.1. La mise en cause de l'honorabilité du travailleur 118
5.1.2. Le moment de la rupture 120
5.1.3. Licenciement décidé en représailles d'une revendication
légitime 120
5.2. Les motifs économiques et l'intérêt de l'entreprise 121
5.3. La modification des conditions de travail 123
5.4. Le non-respect des dispositions de conventions collectives 124
5.5. Licenciement pour motif grave et abus de droit 125
5.6. Le comportement de l'employé 126
INTRODU:CTION
A la différence des législations des pays limitrophes et sous réserve
de l'hypothèse de la rupture pour motif grave et de quelques autres
situations d'exception qui seront rappelées ci-dessous, le droit social bel-
ge n'impose pas aux parties liées par un contrat de travail de motiver
la décision de rompre celui-ci.
La seule obligation des parties est de respecter les formalités légales
en matière de préavis {article 37 de la loi du 3 juillet 1978 sur les con-
trats de travail). Si les formalités ne sont pas respectées, la partie lésée
pourra alors exiger une indemnité compensatoire de préavis pour ruptu-
re immédiate du contrat.
Le droit de rupture est donc, en principe, discrétionnaire, il ne doit
être nî autorisé, ni motivé. Il existe des exceptions à ce principe : le
législateur a· imposé de motiver le licenciement de certains travailleurs
spécialement "pr-0tégés".
~'!
Il s'agit 7
- des travailleurs rappelés ou appelés sous les armes ainsi que ceux
qui e~fectuent leur service civil ou le service imposé aux objecteurs de
conscience;
- des mandataires politiques et candidats à un mandat politique;
des responsables des déchets toxiques;
- du médecin du travail;
- de ceux qui déposent une plainte en matière d'égalité de traitement
entre hommes et femmes;
- de ceux qui déposent une plainte au sujet de la rémunération des
handicapés occupés dans un emploi normal;
- de ceux qui sont licenciés suite à l'introduction d'une nouvelle tech-
nologie;
- de ceux qui interrompent leur carrière;
- de ceux qui bénéficient d'un congé-éducation.
Pour tous les autres travailleurs, si l'employeur n'est pas tenu de com-
muniquer les motifs du licenciement, il ne peut pour autant agir arbi-
trairement. Le licenciement abusif des ouvriers est spécialement sanctionné
par la loi du 3 juillet 1978 sur les contrats de travail.
En ce qui concerne les employés, il existe des motifs illicites qui peu-
vent faire naître un droit à des dommages et intérêts pour abus de droit.
Enfin, parmi les documents qu'il faut délivrer à l'occasion de l'expira-
tion du contrat de travail, le C4 (document en matière d'allocations
de ch8mage) doit quant à lui mentionner le motif du licenciement pour
permettre à l'ONEm de savoir si le travailleur n'est pas mis en ch8mage
de son propre fait ou si le licenciement n'est pas intervenu pour des
"motifs équitables".
Il a paru intéressant de voir comment, en 10 ans, la jurisprudence
avait évolué en matière de licenciement abusif et d'abus du droit de
rupture.
Auparavant on fera un rappel de la situation telle qu'elle se présentait
avant 1978.
trat de travail, alors même que le délai légal de préavis avait été observé,
était susceptible d'abus.
En ce qui concerne les employés, les tribunaux avaient recours à la
théorie générale de l'abus de droit pour condamner l'employeur au paie-
ment d'une indemnité particulière, en général peu élevée puisque la loi
ne prévoyait pas un minimum comme pour les ouvriers.
Dans tous les cas, il appartenait au travailleur d'apporter la preuve
de l'abus du droit et de l'importance du préjudice.
Le licenciement abusif visé par la loi du 21 novembre 1969 constituait-
il une notion juridique nouvelle, distincte de l'abus de droit tel que
défini par la doctrine et la jurisprudence ou n'était-il qu'une application
de celui-ci?
Pour de Bersaques, la notion de licenciement abusif instituée par le
législateur de 1969 s'inspire du concept général d'abus de droit. Il fonde
cette opinion sur les travaux préparatoires de la loi du 21 novembre 1969.
Horion, quant à lui, objecte qu'à la lecture des exemples donnés dans
le rapport de la Commission de la Chambre des représentants, on doit
affirmer que la notion de licenciement abusif telle que le législateur
la conçoit, est bien plus large que l'abus de droit de licenciement au
sens civiliste.
Quand y avait-il abus de droit?
L'abus de droit suppose l'anormalité de l'exercice d'un droit. Celle-ci
est révélée par le caractère vexatoire ou méchant de l'intention à laquelle
aurait obéi le titulaire de ce droit, par l'absence de motif légitime ou
par le détournement de la destination économique et sociale du choix
exercé. L'abus de droit n'existe pas seulement lorsqu'il y a faute délictu-
elle, mais aussi faute quasi-délictuelle, basée sur la faiblesse ou la légèreté.
Si les circonstances entourant le licenciement sont de nature à laisser
planer un doute sur l'honnêteté ou la moralité du demandeur, le renvoi
constitue une faute due à la légèreté ou l'imprévoyance.
Abuser de son droit, c'est aussi choisir, entre deux manières d'exercer
son droit, avec la même utilité, celle qui fera le plus de tort à autrui.
Abuser de son droit, c'est enfin, lorsque l'on use de son droit de
la manière la plus profitable, causer un dommage hors de proportion
avec le profit qu'on en a retiré. Une telle définition n'exclut donc pas
la bonne foi dans le chef de celui qui abuse de son droit.
L'étude comparative de la jurisprudence antérieure et postérieure à
l'introduction légale du concept de licenciement abusif révèle que les
litiges fondés sur un tel argument se sont faits plus nombreux; alors
que, précédemment, l'abus de droit était le plus souvent invoqué à pro-
pos des circonstances fautives qui accompagnent la résiliation, il apparaît
désormais, à un titre égal, comme un procédé destiné à contr8ler le
motif même de la rupture, à limiter le droit de licenciement dans son
essence.
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1) C. trav. Bruxelles, 23 novembre 1971, R.C.J.B., 1972, p. 210; C. trav. Gand, 9 mai
1973, J.T.T., 1974, p. 59.
2) Trav. Bruxelles, 15 novembre 1973, J.T.T., 1974, p. 44.
- 87 -
3) C. trav. Liège, 7 février 1972, ]. T.T., 1973, p. 173; C. trav. Bruxelles, 5 novembre
1973, R. W., 1973-1974, col. 1328.
4) Trav. Dinant, 8 septembre 1972, Bull. FEB, 1973, p. 4127.
5) Trav. Tournai, 21 avril 1972, ]. T. T., p. 250.
88 -
- Incapacité du travailleur
L'incapacité du travailleur par suite de maladie ne paralyse pas le droit
de l'employeur de mettre fin au contrat. La rupture ne peut toutefois
être décidée que moyennant indemnité.
Selon une certaine doctrine et jurisprudence, la rupture décidée en
suite de la période de maladie ne peut être considérée comme abusive
pour cette seule raison. La période d'incapacité de travail peut porter
atteinte aux intérêts de l'entreprise 10).
Certaines décisions ont cependant jugé qu'une telle rupture était
abusive 11).
13) C.P. Namur, 9 mai 1966, R.D.S., p. 321; Trav. Gand, 19 février 1971, R.D.S., p.
136; C. trav. Liège, 9 décembre 1976, ].T.T., 1977, p. 219.
14) C.P. Bruxelles, 27 octobre 1961, ]. T., 1962, p. 63.
15) C. trav. Mons, 14 septembre 1973, inédit.
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1. Champ d'application
Une première remarque s'impose: les travailleurs visés sont les ou-
vriers, engagés pour une durée indéterminée.
Un amendement visait à étendre cette disposition aux employés mais
ne fut pas retenu au motif que les partenaires sociaux siègeant au Con-
seil national du travail, n'avaient pas encore marqué leur assentiment
sur cette harmonisation. Selon les représentants des employeurs, l'adop-
tion d'un texte identique pour les employés ne peut se concevoir que
dans le cadre d'une réforme globale du droit de licenciement et, en
particulier, d'un aménagement du régime des préavis applicables aux em-
ployés supérieurs.
Lorsque la convention a été conclue pour l'exécution d'un travail net-
tement défini ou pour une durée déterminée, la théorie générale de l'abus
de droit trouve à s'appliquer: il appartiendra au travailleur d'établir la
responsabilité de l'employeur et l'importance du préjudice subi 16). A
ce sujet, un arrêt de la cour du travail de Liège nous fait découvrir
un aspect imprévu de la théorie du licenciement abusif 17); si l' employ-
eur a conclu plusieurs contrats à durée déterminée successifs sans pou-
voir se prévaloir de motifs admis par la loi, l'acte illicite se trouve dans
la conclusion de ces contrats.
Mais peut-on parler d"'abus du droit de rupture" puisque pour l'em-
ployeur, il n'y a pas de rupture, l'engagement prenant fin de lui-même?
On peut douter que l'art. 63 trouve à s'appliquer dans le cas des con-
trats à terme dont la succession se révèle illicite, à moins bien s-fir que
l'intention maligne de l'employeur soit évidente.
2. Charge de la preuve
Le renversement de la charge de la preuve s'inscrit dans la politique
que le législateur avait inaugurée en matière de protection contre le
licenciement de la travailleuse enceinte.
Selon certains auteurs, le travailleur bénéficie d'une présomption juris
tantum de licenciement abusif. Cette règle marque une étape vers la
motivation du congé, tout en laissant subsister la possibilité de justifier
la rupture a posteriori.
La cour du travail de Bruxelles considère, quant à elle, que l'article
63 de la loi du 3 juillet 1978 est "une mise en garde à l'égard de l' em-
ployeur" puisque son application "dépend de la simple affirmation du
travailleur que son licenciement est abusif; ,en conséquence, l'employeur
sera donc avisé de réunir et de conserver lors d'un licenciement, les
informations objectives qui lui permettront de prouver que ce licencie-
ment n'est pas abusif; cette précaution ne le contraint pas toutefois
à motiver le congé". Il est certainement contraire au texte légal d'impo-
ser à l'employeur de démontrer qu'il n'y a pas eu d'abus. Si l'employeur
démontre l'existence d'un motif légitime de sa décision de rompre, le
licenciement sera présumé s'expliquer par cette seule cause.
Il faut souligner que l'employeur peut encore faire valoir pendant la
procédure les réels motifs du licenciement et ne doit pas se limiter à
ceux qu'il a fait valoir au moment du licenciement 20).
Certains arr&ts accordent de l'importance au manque d'observations
antérieures au licenciement puisque c'est une indication d'un passé irré-
prochable et cela peut conduire à une lacune dans la charge de la preuve
pour l'employeur 21).
Par contre, il a également été jugé que ces observations antérieures
ne sont pas absolument nécessaires puisque l'employeur peut encore al-
léguer d'autres moyens de preuve comme motif valable de licencie-
ment 22), m&me si c'est plus difficile sans trace écrite. La jurisprudence
admet aussi que l'inexactitude des motifs fournis dans le C4 peut avoir
comme raison d'épargner au travailleur une sanction en matière de
ch8mage 23) mais la rédaction incorrecte du C4 peut également consti-
tuer en elle-m&me un abus 23bis).
27) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, Ch. D. S., 1981, p. 180; dans le m&me sens: Trav.
Bruxelles, 29 mai 1980, R.G., n° 44910/80.
28) Trav. Liège, 24 avril 1981, Ch. D. S., 1981, p. 187; dans le m&me sens: Trav. Bruxel-
les, 15 janvier 1982, R.G., n° 68466/81; C. trav. Bruxelles, 6 avril 1982, R.G., n° 12998.
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29) Trav. Liège, 3 mai 1985, Bull. F.A.R., n° 154, p. 28 et la note de J. Jacqmain;
dans le même sens: Trav. Liège, 16 mai 1986, Bull. F.A.R., n° 162-163, p. 24.
29bis) C. trav. Liège, 17 avril 1985, Bull. F.A.R., n° 151-152, p. 28.
29ter) Trav. Charleroi, 17 juin 1985, R.G., n° 53.892, BulL F.A.R., n° 174, et la note
de J. Jacqmain.
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4. Sanctions
4.1. Généralités
L'article 63 détermine de façon très prec1se et en même temps très
classique le mode et le montant de la réparation du préjudice en cas
de licenciement abusif. Le pouvoir de résiliation unilatérale qui demeure
intact, l'absence de réintégration forcée débouchent sur des dommages
et intérêts fixés de façon forfaitaire en fonction du paramètre tradition-
nel fourni par la rémunération contractuelle du salarié.
C'est une norme semi-impérative que comporte l'article 63, destinée
à s'effacer le cas échéant devant une autre indemnisation prévue par
une convention collective sanctionnée par arrêté royal. De telles conven-
tions n'ont pas encore vu le jour.
39) Trav. Gand, 30 septembre 1985, R. W., 1985-1986, col. 1943; C. trav. Gand, 8 octo-
bre 1982, R.G., n° 577/80.
40) Trav. Ypres, 5 février 1982, Ch. D. S., 1982, p. 344; C. trav. Liège, 29 octobre
1973, R.D.S., 1974, p. 351.
41) Cass., 3 mai 1982, R. W., 1983-84, col. 183.
42) Doc. Par!., Chambre, 1962-63, n° 471, 1, 4.
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plus loin, de sorte que la quotité saisissable et cessible doive &tre calculée
non pas sur le montant total mais sur la somme payée par mois civil?
Cela semble douteux. L'indemnité de congé remplace la rémunération
dans le sens étroit du terme c.-à-d. le salaire auquel le travailleur aurait
eu droit pendant une certaine période si le préavis avait été respecté.
On peut également tirer argument du fait qu'en matière de chômage,
sont considérés comme rémunération l'indemnité de préavis ou les dom-
mages et intér&ts pour rupture du contrat de travail auxquels le travail-
leur a droit, à l'exception de l'indemnité couvrant un dommage
moral 43). Or l'indemnité pour licenciement abusif des ouvriers a été
considérée par la jurisprudence comme une indemnité pour dommage
moral. Le tribunal du travail de Charleroi a décidé que cette indemnité
en tant qu'indemnité pour dommage moral est cumulable avec l'alloca-
tion de ch8mage 44). Il n'y a donc pas lieu de mensualiser cette indem-
nité pour obtenir la quotité saisissable et cessible.
Exemple:
rémunération = 40.000 F
indemnité = 6 x 40.000 F = 240.000 F
quotité saisissable et cessible: 240.000 - 26.400 = 213.600 F.
Puisqu'elles doivent &tre payées en m&me temps, l'indemnité de congé
et l'indemnité pour licenciement abusif doivent &tre totalisées pour cal-
culer cette quotité.
Vu les petites limites salariales de l'article 1409 du Code judiciaire,
cela signifie dans la plupart des cas que l'indemnité pour licenciement
abusif est intégralement saisissable et cessible.
A noter que les indemnités de licenciement irrégulier des travailleurs
protégés doivent &tre considérées comme de la rémunération. Ce point
de vue est confirmé par la jurisprudence et l'article 1409 C.J. est applica-
ble à ces indemnités. Par analogie avec l'arr&t de la Cour de cassation
du 3 mai 1982 à propos de l'indemnité de congé, on peut supposer
que la quotité saisissable et cessible doit &tre calculée sur le montant
dû par mois et non sur le montant total. Toutes ces indemnités de
protection sont en effet prévues pour assurer pendant une certaine période
un revenu aux travailleurs lorsqu'ils perdent leur emploi en raison de
la situation particulière dans laquelle ils se trouvent.
Enfin on peut rappeler que l'indemnité de l'article 63 ne donne pas
lieu à la perception de cotisations sociales 44bis).
43) Art. 126 de l'arr&té royal du 20 décembre 1963 relatif à l'emploi et au chômage.
44) Trav. Charleroi, 22 juin 1973, cité par P. DENIS, Droit de la sécurité sociale, Se
ed., ~ruxelles, Larcier, p. 392, n° 479, note 7.
44bis) Article 19 § 2, 2° de l'arr&té royal du 28 novembre 1969 sur la sécurité sociale
des travailleurs.
101 -
5. Cas d'espèce
5.1. Justification du licenciement par des motifs économiques
5.1.1. Réorganisation de l'entreprise ou sa fermeture
La cour du travail de Gand rappelle qu'un licenciement nécessité par
la réorganisation de l'entreprise n'est pas en soi abusif 46). Le choix des
personnes à licencier ressortirait au pouvoir de gestion de l'employeur
et échapperait, comme tel, à toute critique 47).
La cour du travail d'Anvers a décidé qu'il n'y avait pas licenciement
abusif en cas de fermeture de l'entreprise 48). Par .contre un licencie-
ment suivi d'engagement de travailleurs de même qualification a pu être
considéré comme abusif 49).
5.1. 2. Conflits internes
Lorsqu'un désaccord, une divergence de vues ou une mésentente est
constatée entre deux membres du personnel, le licenciement de l'un d'eux
apparaît pour la jurisprudence justifié par les nécessités économiques
de l'entreprise, sans que les juridictions aient le pouvoir de déterminer
si l'employeur ei1t été mieux inspiré de licencier tel ou tel comparse 50).
Le même raisonnement est suivi par le tribunal du travail de Bruxelles
qui refuse de considérer comme abusif le licenciement d'un des deux
concierges de l'entreprise alors que la mésentente avec son collègue ren-
dait aléatoire les possibilités de cohabitation 51).
5.1.3. Nouvelles technologies
Les juridictions liégeoises ont rendu deux décisions contradictoires alors
qu'elles étaient saisies d'une demande d'indemnité pour rupture abusive
du contrat, qui était justifiée par l'employeur dans l'utilisation d'une
nouvelle technique de l'entreprise. Pour la cour du travail, "n'est pas
abusif le licenciement d'un ouvrier linotypiste justifié par les nécessités
45) C. trav. Liège, 18 octobre 1982, fur. Liège, 1963, p. 108; C. trav. Bruxelles, 14
mai 1984, JT.T., 1985, p. 135; voir aussi: C. trav. Mons, 15 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 226.
46) C. trav. Gand, 9 décembre 1981, Ch. D. S., 1982, p. 20; voir aussi Trav. Anvers,
7 mai 1987, R.G., n° 155.561 et Trav. Anvers, 7 mai 1987, R.G., n° 134.720.
47) C. trav. Liège, 11 mars 1983, fur. Liège, p. 231; C. trav. Anvers, 3 mars 1983,
R.D.S., 1983, p. 508.
48) C. trav. Anvers, 15 octobre 1980, J T.T., 1981, p. 172.
49) C. trav. Liège, 18 février 1987, Bull. F.A.R., n° 165, p. 60; remplacement par un
stagiaire ONEm: C. trav. Liège, 27 novembre 1985, JT.T., 1985, p. 382.
50) Trav. Liège, 4 décembre 1979, J T. T., 1980, p. 353.
51) Trav. Bruxelles, 28 janvier 1982, R.G., n° 64295/80; dans le même sens: C. trav.
Bruxelles, 17 octobre 1983, R.G., n° 13675.
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52) C. trav. Liège, 30 juin 1981, R.G., n° 7635/80; voir aussi C. trav. Liège, 12 décem-
bre 1986, Bull. F.A.R., n° 165, p. 58.
53) Trav. Liège, 24 mars 1981, R.G., n° 24484.
54) C. trav. Liège, 28 mars 1984, ]. T. T., 1984, p. 364.
- 103 -
55) TAQUET et WANTIEZ, note sous C. trav. Liège, 28 mars 1984, ].T.T., 1984, p. 366.
56) C. trav. Liège, 27 février 1985, ]. T. T., 1985, p. 382.
57) Trav. Arlon, 13 mars 1984, R.G., n°' 494 et 7495; dans le m~me sens: C. trav.
Liège, 23 septembre 1987, Bull. F.A.R., n° 171, p. 54.
58) C. trav. Anvers, 28 novembre 1984, ].T.T., 1985, p. 171.
- 104 -
5.2.3. La grève
Le tribunal du travail de Bruxelles rappelle que la participation à la
grève ne constitue pas, en soi, un acte illicite, m&me s'il existe des con-
ventions collectives qui limitent le recours à ce type de mouvement.
Il en conclut que le licenciement justifié par la seule participation à
un mouvement de grève sauvage est abusif 68).
Dès lors que, dans le cas d'espèce, le licenciement avait été opéré
moyennant paiement d'une indemnité et non pour faute grave, on peut
se demander si ce type de motivation est satisfaisant. En effet, la ques-
tion ne serait pas de déterminer si le travailleur a eu un comportement
licite ou non, mais si son comportement était de nature à perturber
le bon fonctionnement de l'entreprise.
Le juge se trouve plus souvent que l'on ne le pense, forcé de se pro-
noncer indirectement sur la grève à 1' occasion de sa décision en matière
de licenciement 69). En général, la jurisprudence estime que le licencie-
ment faisant suite à l'organisation d'une grève est abusif7ü).
5.2.5. Divers
- Absence de preuve de l'inconduite de l'ouvrier
Est abusif le licenciement d'un ouvrier, accompagné de celui de deux
autres ouvriers, qui a été décidé par l'employeur en raison de l'impossi-
bilité d'identifier l'auteur d'un acte de vandalisme. Le droit de licencier
abusif. Ainsi si l' enqu&te judiciaire révèle que le travailleur n'est pas
en cause, il n'y a pas nécessairement licenciement abusif. Il suffit qu'il
y ait eu des soupçons motivés 82). Il a également été jugé que le congé
est donné avec une légèreté coupable lorsque les faits reprochés sont
de nature à laisser planer un doute sur l'honn&teté et la moralité du
travailleur, et que l'employeur ne prend pas la moindre information
quant à la réalité des faits 83). En sens contraire, il a été également jugé
que le seul fait que l'employeur, faisant foi d'une manière un peu légère
aux témoignages qui lui étaient présentés, ait mal apprécié le caractère
de gravité du comportement d'un travailleur ne constitue pas en lui-
m&me un abus de droit 84).
82) Trav. Bruxelles, 9 septembre 1986, Rechtspr. Arb. Br., 1986, p. 382.
83) C. trav. Liège, 6 janvier et 19 mai 1981, fur. C. trav. Liège, 1981, p. 59; voir aussi:
C. trav. Liège, 17 février 1988, Bull. F.kR., n° 171, p. 51.
84) C. trav. Liège, 5 avril 1984, R.D.S., 1985, p. 63.
85) Trav. Bruxelles, 1" avril 1981, ]. T.T., 1983, p. 25.
86) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, ]. T. T., 1983, p. 24.
87) C. trav. Anvers, 18 décembre 1980, R. W, 1980-81, col. 2405.
88) C. trav. Liège, 26 février 1986, fur. Liège, 1986,. p. 398.
89) C. trav. Bruxelles, .25 octobre 1982, J.T.T., 1984, p. 412.
- 109 -
90) C. trav. Bruxelles, 7 mars 1988, Bull. F.A.R., n° 171, p. 49 et la note de J. Jacqmain.
91) Trav. Anvers, 11 juin 1987, R.G., n° 156.349.
- 110 -
Par contre, à lire certaines motivations, il semble que l'on puisse déce-
ler une certaine tendance à faire application du renversement de la charge
de la preuve établi par l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978, au contrat
de travail d'employé: "En conclusion, le véritable motif de licenciement
n'apparaît pas, mais il n'est certainement pas en relation directe avec
les intérêts de l'entreprise dont la défense normale peut justifier une
rupture; en outre, les motifs invoqués ne paraissent pas exacts" 130).
Le tribunal du travail de Courtrai paraît renverser la charge de la
preuve lorsqu'il accueille une demande pour abus de droit de rupture
en énonçant: "Considérant qu'en l'espèce il est clair que la défenderesse
ne peut opposer de raisons suffisantes, ni une faute individuelle du deman-
deur, ni des nécessités d'ordre technique ou économique qui pourraient
justifier le licenciement" 131).
Le tribunal du travail de Bruxelles a également opéré ce renversement
de la charge de la preuve en présumant abusif le licenciement qui inter-
vient immédiatement après que l'employé ait émis une revendication
tendant à faire respecter une obligation contractuelle par son
employeur 132).
4. L'évaluation du préjudice
5. Cas d'espèce
5.1. Les circonstances entourant le licenciement
5.1.1. La mise en cause de l'honorabilité du travailleur
- "La rupture consécutive à l'imputation erronée d'un motif grave
peut devenir abusive lorsque les circonstances qui l'entourent dénotent
139ter) C. trav. Bruxelles, 4 février 1980, ].C.B., 1980, p. 531; C. trav. Charleroi, 22
octobre 1986, fur. Liège, 1987, p. 819 et la note de C. Parmentier; Rev. Reg. dr. 1987,
p. 44 et la note de J. Caeymaex; Trav. Gand, 30 septembre 1985, ].T.T., 1986, p. 263.
- 119 -
140) Trav. Liège, 5 février 1986, Bull. F.A.R., n° 160, p. 13 et la note de J. Jacqmain.
141) C. trav. Bruxelles, 2 juin 1982, Ch. D. S., 1984, p. 11; dans le même sens: C.
trav. Liège, 27 juin 1983, fur. Liège, 1984, p. 253.
142) C. trav. Liège, 13 septembre 1984, fur. Liège, 1985, p. 313; voir aussi C. trav.
Mons, 11 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 94.
143) Trav. Bruxelles, 22 mai 1987, Bull F.A.R., n° 166/167, p. 100; dans le même sens:
Trav. Namur, 18 février 1985, R.G., n° 38262.
144) C. trav. Bruxelles, 22 novembre 1979, R.G., n°6999.
145) Trav. Namur, 18 février 1980, Rev. Reg. Dr., 1980, p. 166.
146) C. trav. Bruxelles, 4 mars 1980, ]. T. T., 1980, p. 244.
147) Trav. Nivelles, 17 janvier 1986, ].T.T., 1986, p. 245.
148) C. trav. Liège, 27 juin 1983, fur. Liège, 1984, p. 253.
149) C. trav. Liège, 20 juin 1985, ].T.T., 1986, p. 281; contra: Trav. Bruxelles, 9 septem-
bre 1986, Rechtspr. Arb. Br., 1986, p. 382.
- 120 -
160) C. trav. Bruxelles, 1" avril 1981, f T.T., 1983, p. 25; dans le même sens: C. trav.
Bruxelles, 20 mai 1986, R.G., n° 18.238.
161) Trav. Ypres, 5 février 1982, Ch. D. S., 1982, p. 344.
162) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, f T.T., 1983, p. 24; Trav. Liège, 9 février 1985,
! T. T., 1985, p. 29.
163) Trav. Bruxelles, 4 mai 1981, R.G., n° 55511/80.
164) C. trav. Anvers, 18 décembre 1980, R. W., 1980-81, col. 2405.
165) Trav. Liège, 4 décembre 1979, f. T. T., 1980, p. 353.
- 122
166) Trav. Bruxelles, 13 décembre 1983, R.G., n° 13836/83; dans le m&me sens: Trav.
Bruxelles, 22 février 1983, R.G., n° 71556/81.
167) C. trav. Gand, 24 janvier 1985, T. V.B.R., 1985, p. 65.
168) C. trav. Mons, 11 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 94 et Trav. Bruxelles, 7 janvier
1987, JT.T., 1987, p. 207.
169) Trav. Dendermonde, 16 décembre 1983, Ch. D. S., 1984, p. 48 et C. trav. Liège,
11 février 1986, Ch. D. S., 1986, p. 176.
- 123 -
Ont également été jugés comme non abusifs les licenciements motivés
par:
- une baisse des activités 170);
- un trop haut coût salarial malgré la compétence 171);
- un refus d'effectuer des déplacements nécessaires 172);
- une divergence d'opinion avec les supérieurs 173).
En général, les juridictions sociales considèrent que n'abuse pas de
son droit de rupture, l'employeur qui licencie un travailleur afin de
mettre fin à des dissensions internes. Dans ce cas, l'employeur ne peut
que faire le choix qu'il estimait le plus profitable à l'intérêt de
l'entreprise 174). Il faut citer cet arrêt exemplaire de la cour du travail
de Gand, concernant le licenciement d'un travailleur à nom juif 175).
L'entreprise était devenue la victime d'un chantage accompagné de menace
d'alerte à la bombe et l'employeur a licencié l'employé en question
moyennant indemnité. La Cour a estimé que la menace était réelle et
que l'employeur était autorisé à licencier dans ces circonstances parce
qu'il y allait de l'intérêt de l'entreprise. L'abus de droit pour cause de
licenciement raciste n'a pas été retenu.
Cet arrêt va à l'encontre d'une autre jurisprudence selon laquelle
l'employeur ne peut céder devant des menaces de grève, mais doit tout
mettre en oeuvre afin d'empêcher les discriminations 176).
170) Trav. Bruxelles, 22 avril 1983, R.G., n° 24578/81; C. trav. Gand, 9 décembre 1981,
Ch. D. S., 1982, p. 20.
171) C. trav. Bruxelles, 29 juin 1982, R.D.S., 1982, p. 627.
172) Trav. Bruxelles, 27 décembre 1983, R.G., n° 5672/82; C. trav. Mons, 19 avril 1982,
R.D.S., 1983, p. 69.
173) Trav. Liège, 26 mai 1986, Bull. F.A.R., n° 162-163, p. 26 et la note de J. Jacqmain;
voir aussi C. trav. Anvers, 20 mars 1986, R.D.S., 1986, p. 535.
174) Trav. Bruxelles, 29 novembre 1983, Rechtspr. Arb. Br., 1985, p. 174.
175) C. trav. Bruxelles, 29 juin 1982, R.D.S., 1982, p. 627.
176) C. trav. Mons, 9 octobre 1981, J. T. T., 1983, p. 24.
177) C. trav. Bruxelles, 7 février 1973, J.T.T., 1974, p. 85; C. trav. Charleroi, 23 février
1976, J. T. T., 1977, p. 166.
- 124 -
183) Dans ce sens: C. trav. Mons, 4 mai 1987, Bull F.A.R., n° 171, p. 57.
184) C. trav. Anvers, 28 juin 1982, R. W., 1983-84, col. 298; Trav. Bruxelles, 25 octobre
1984, R.G., n° 21884/83.
185) Trav. Anvers, 17 mai 1983, R.G., n° 104821.
186) Trav. Charleroi, 15 juin 1982, J.T.T., 1983, p. 26; dans le même sens: Trav. Cour-
trai, 9 janvier 1985, R.G., n° 15634. Voir aussi C. trav. Bruxelles, 10 janvier 1984, Rechtspr.
Arb. Br., 1985, p. 34 et C. trav. Anvers, 19 juin 1984, JT.T., 1986, p. 180.
187) C. trav. Anvers, 30 décembre 1986, R. W., 1986-87, 6/2042; C. trav. Liège, 30 juin
1983, Ch. D. S., 1984, p. 167.
188) Trav. Bruxelles, 22 mai 1987, Bull. F.A.R., n° 166-167, p. 101 et la note de J.
Jacqmain.
189) Trav. Bruxelles, 5 juillet 1982, R.D.S., 1983, p. 429.
------------------
----· -- ·-
126 -
IV. CONCLUSION
Il est bien malaisé de tirer de ces décisions des conclusions générales
et définitives sur l'application de l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978.
Alors que certaines décisions paraissent établir une réelle limitation du
droit de licenciement, d'autres par contre justifient le licenciement de
manière générale en se référant à l'intérêt de l'entreprise. D'autre part,
le renversement de la charge de la preuve instauré par cet article consi-
déré par plusieurs auteurs comme une étape vers la motivation du congé,
n'a pas encore débouché sur une jurisprudence ferme, notamment quant
aux preuves, aux présomptions, aux vraisemblances.
L'inexactitude ou l'absence de preuve des faits allégués par l'employeur,
lors de la notification du congé ou a posteriori, débouchent nécessaire-
ment sur un licenciement abusif pour les ouvriers; encore faut-il déter-
miner dans chaque cas où se situe la frontière de l'exactitude et où
se fixe la limite minimale ou maximale de la preuve.
Plusieurs arrêts ont autorisé l'employeur à faire par toutes voies de
droit, témoins compris, la preuve des faits avancés 195). Il est incontes-
table que l'ouvrier, défavorisé par des délais de préavis extrêmement
courts, voit sa stabilité d'emploi s'améliorer depuis 1978. Encore faut-il
que la définition du licenciement abusif prévu à l'article 63 ne soit pas
interprétée de manière restrictive. Il faut espérer que la jurisprudence
aille dans le sens des jugements et arrêts qui situent cette définition
dans le prolongement de la théorie générale de l'abus de droit.
Il ne parah pas y avoir sur le fond de distinction fondamentale entre
les cas relatifs aux ouvriers et ceux qui concernent des employés. Il
y a pour les uns et les autres recours à une certaine notion de faute,
distincte de l'inobservation des délais de préavis, envisageant globale-
ment les mêmes comportements.
Subsiste évidemment la différence liée à la charge probatoire. Même
si une certaine jurisprudence a tendance à admettre plus volontiers
qu'auparavant l'abus de droit, il n'en reste pas moins que l'employé
est défavorisé au point de vue de la preuve par rapport à l'ouvrier.
Les motifs de cette discrimination sont plus le reflet d'un rapport de
force que d'une vision cohérente du droit de licenciement. Les juges
restent sur leur réserve.
L'abus de droit reste un. exceptionnel correctif d'équité au principe
des délais forfaitaires de préavis. On peut supposer néanmoins que l'appli-
cation de l'article 63 exercera par analogie une influence sur la jurispru-
dence en matière de contrat de travail d'employé; le renversement de
la charge de la preuve est en effet propice au développement d'une
nouvelle jurisprudence amenée à contrôler non seulement l'exactitude
des motifs économiques ou techniques, mais encore, dans une certaine
BIBLIOGRAPHIE
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contrat de travail d'employé'', Permanence du droit civil en droit du travail,
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P. BLONDIAU, Th. CLAEYS, B. MAINGAIN et H. SCHEYVAERTS, "La
rupture du contrat de travail, chronique de jurisprudence 82-84", J T. T., 1986,
p. 121 et SS.
- 129 -
SAMENVATTING
Motivering van de afdanking en misbruik van ontslagrecht
Het is moeilijk tot een algemeen en definitief besluit te komen voor
de toepassing van artikel 63 van de wet van 3 juli 1978. Sommige beslis-
singen beperken werkelijk het recht om af te danken, andere roepen
het belang van de onderneming in om een ontslag te aanvaarden.
De omkering van de bewijslast, voorzien bij dit artikel, is voor vele
auteurs een stap naar de motivatie van het ontslag, maar leidde tot op
heden niet tot een strenge rechtspraak inzake bewijs, vermoedens of
waarschijnlijkheden.
W anneer de werkgever bij of na de betekening van het ontslag ten
onrechte feiten inroept of de feiten niet bewijst, leidt dit voor de hand-
arbeider tot het vaststellen van een rechtsmisbruik, doch men blijft pei-
len naar wat nu juist of onjuist is, naar de minimale of maximale
afbakening van het bewijs.
In vele arresten kreeg de werkgever de kans om met alle rechtsmidde-
len, getuigenis inbegrepen, de ingeroepen feiten te bewijzen. De handar-
beider moet het stellen met uiterst korte opzeggingstermijnen, maar sinds
1978 geniet hij toch meer vastheid van betrekking. Het begrip 'misbruik
van het ontslagrecht' zoals omschreven in artikel 63 mag echter niet
beperkend worden opgevat. Hopelijk zal een rechtspraak groeien in de
zin van de vonnissen en arresten, die het begrip hanteren in het ver-
lengde van de algemene theorie van het rechtsmisbruik.
Uit de praktijk blijkt dat er tussen hand- en hoofdarbeiders geen grote
verschillen zijn bij de aanpak van het probleem. Voor beiden hanteert
men voor eenzelfde gedraging een soort foutenconcept, verschillend van
de niet-naleving van een opzeggingstermijn.
Er is wel een verschillende aanpak van de bewijsvoering. Een zekere
rechtspraak is geneigd sneller een rechtsmisbruik vast te stellen, maar
de bediende draagt toch een zwaardere bewijslast dan de werkman. De
reden van dit onderscheid heeft meer te maken met de krachtenverhou-
ding dan met een samenhangend inzicht in het ontslagrecht. De rechters
tonen zich heel voorzichtig. Rechtsmisbruik blijft een uitzonderlijk bil-
lijkheidscorrectief van het beginsel van de forfaitaire opzeggingstermijn.
T och kan men stellen dat de toepassing van artikel 63 naar analogie
de rechtspraak inzake de arbeidsovereenkomst voor bedienden beïnvloedt.
De verschuiving van de bewijslast verwekt een nieuwe rechtspraak, waarbij
men niet alleen nagaat of de economische of technische beweegredenen
gegrond zijn, maar ook of ze gepast voorkomen. Nu onbestendigheid
de algemene regel wordt bij een contractuele verhouding, wordt de rol
van de arbeidsgerechten ongemeen belangrijk.
- -----:------:--:--.- · 1
- 130 -
-- - - - -- • - • - • - ~ - -- ~ -.- ---------.- -.- 1 -:-:-.-.-.---------.--- -;>--.-- ---_-_- -.-- -- 1 '-::--.-:.-:------:::-:-:-:-:-:~::-:-::-::- -~--::-: :-::- --::-- '
- 132 -
tuts, les sociétés mutualistes et non leurs membres; que le moyen man-
que en droit;
Considérant que le requérant prend un troisième moyen de la viola-
tion de l'article 35, § 3, de l'arrêté royal du 13-4-1965 réglant l'attribu-
tion des subsides de l'Etat en faveur des services d'assurance mutualiste
libre, en ce que l'assemblée générale du 22-3-1986 aurait dti décider "soit
de l'affectation des réserves, soit de l'apurement du déficit du service
supprimé"; qu'il ajoute que l'arrêté royal attaqué ne pouvait être "pro-
mulgué en dépit <lesdites irrégularités";
Considérant que l'article 35, § 3, de l'arrêté royal du 13-4-1965 réglant
l'attribution des subsides de l'Etat en faveur des services d'assurance
mutualiste libre disposait:
"En cas de suppression d'un service, l'assemblée générale de l'associa-
tion mutualiste décide soit de l'affectation des réserves, soit de l'apure-
ment du déficit.
Si les réserves d'un service subsidié sont transférées à un ou plusieurs
autres services subsidiés, les subsides qui ont été octroyés au service
supprimé sont attribués à ce ou ces services";
que l'article 13, § 3, de l'arrêté royal du 9-7-1986 réglant l'attribution
des subsides de l'Etat en faveur des services d'assurance mutualiste libre,
arrêté abrogeant le précédant avec effet au 1-1-1986, dispose de même;
que ces dispositions ne sont toutefois pas applicables en l'espèce, les
dispositions de l'arrêté royal du 13-4-1965 relatives aux subsides au ser-
vice d'incapacité primaire ayant été abrogées par l'article 8 de l'arrêté
royal du 20-1-1984, et le service des indemnités journalières n'étant plus
subsidié; que le moyen ne peut être retenu;
Considérant que le requérant prend un quatrième moyen de ce que
"le contr8le des comptes annuels ainsi que du calcul et de l'octroi des
subsides de l'Etat en faveur des services subsidiables n'a pas été effectué
correctement par la partie adverse" et de ce qu'il est "dans l'ignorance
totale des comptes annuels de la fédération ... en particulier... des comptes
de l'exercice de 1985"; qu'il ajoute que les comptes annuels et les bilans
n'ont pas été introduits dans le délai légal; qu'il conclut que la première
partie adverse a homologué la décision de l'assemblée générale sans rem-
plir le devoir de contr8le que lui fait la loi du 23-6-1894 en son article 21;
Considérant que, pour la raison exposée à l'occasion de l'examen du
troisième moyen, les griefs relatifs aux subsides sont sans objet; que
la première partie adverse répond à juste titre que "s'il est vrai que
les comptes de l'exercice 1985 n'avaient pas été introduits avant le
31-5-1986 comme le prescrit l'article 35, § 2, de l'arrêté royal du
13-4-1965 ... cela ne signifie pas qu'il n'aient pas été contr8lés dès leur
introduction" et ajoute, sans être contredite, qu'il y avait eu un con-
tr8le sur place en janvier 1986; que la fédération n'avait pas à communi-
quer de comptes au requérant qui n'est pas membre de son assemblée
générale; que le moyen ne peut être retenu,
Décide : la requête est rejetée.
- 139 -
La Cour,
Ouï Monsieur le conseiller Verheyden en son rapport et sur les con-
clusions de Monsieur Duchatelet, premier avocat général;
Vu l'arr&t attaqué, rendu le 28 janvier 1988 par la cour du travail
de Bruxelles;
Sur le premier moyen, pris de la violation de l'article 30bis, spéciale-
ment §§ 1•r, 3 et 6, 1°, de la loi du 27 juin 1969 revisant l'arr&té-loi
du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs, inséré
dans ladite loi par l'article 61 de la loi de réorientation économique
du 4 aodt 1978, et de l'arr&té royal d'exécution du 5 octobre 1978,
article 1er,
en ce que l'arr&t déboute le demandeur de son action tendant à obte-
nir le paiement des montants de 53.744 F. et 32.246 F., le premier
demandé au défendeur en sa qualité de codébiteur solidaire d'un entre-
preneur non enregistré, en vertu de l'article 30bis, § 1•r, de la loi du
27 juin 1969, le second représentant les majorations dues en vertu du
§ 3 de cet article à raison du défaut de versement, lors du règlement
de la facture dudit entrepreneur, de 15 % du montant de celle-ci, au
motif que le défendeur invoquait à bon droit le bénéfice de l'exception
à l'application desdites dispositions qui est prévue par le § 6, 1°, de
cet article 30bis en cas de travaux de transformation, aménagement, répa-
ration, entretien ou nettoyage d'une habitation individuelle existante,
car, nonobstant l'affectation du sous-sol de l'immeuble concerné par les
travaux à l'exercice de la profession du défendeur, cet immeuble répon-
··.·.-1
- 140 -
La Cour,
Ouï Monsieur le conseiller Marchal en son rapport et sur les conclu-
sions de Monsieur Duchatelet, premier avocat général;
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 13 décembre 1985 par la cour du travail
de Bruxelles ;
Sur les deux moyens, le premier, pris de la violation des articles 12,
§ 2, alinéa 1er, de l'arrêté royal n ° 38 du 27 juillet 1967 organisant
le statut social des travailleurs indépendants, tel que modifié par l'article
9, 2°, de la loi du 6 février 1976, 35 de l'arrêté royal du 19 décembre
1967 portant règlement général en exécution de l'arrêté royal n° 38
précité, tel que modifié par l'article 10 de l'arrêté royal du 18 août
1972 et complété par l'article 9 de l'arrêté royal du 15 juillet 1970,
et 7, § 2, du règlement n° 1612/68 du 25 octobre 1968 du Conseil
de la C.E.E., relatif à la libre circulation des travailleurs à l'intérieur
de la Communauté,
en ce que, après avoir considéré "qu'il importe de vérifier si les deux
premiers défendeurs ont exercé une activité principale en qualité de tra-
vailleur salarié en Angleterre'', l'arrêt décide que "cette approche du
dossier oblige à l'application de l'article 12, § 2, de l'arrêté royal n°
38 du 27 juillet 1967, l'I.N.A.S.T.I. soutenant, à tort que cette disposi-
- 143 -
belge; que l'article 35 fait référence aux divers régimes de pension belge,
non seulement afin de déterminer la base de calcul du nombre de jours
de travail requis pour que soit établie l'activité habituelle et en ordre
principal, mais aussi afin d'en faire une condition spécifique pour que
ces jours de travail puissent être pris en considération; que la disposition
légale précitée fait donc référence à un régime de pension au sens de
la législation belge, à l'exclusion de tout régime de pension ·établi par
une législation étrangère, la seule exception prévue concernant l'occupa-
tion comme employé ou ouvrier au service d'un organisme international
ou supranational dont la Belgique fait partie; que l'article 7, § 2, du
règlement 1612/68 du Conseil de la C.E.E. relatif à la libre circulation
des travailleurs à l'intérieur de la Communauté, dispose que le travail-
leur ressortissant d'un Etat membre bénéficie sur le territoire des autres
Etats membres, des mêmes avantages sociaux et fiscaux que les travail-
leurs nationaux; que cette règle communautaire, bien qu'elle instaure
le principe de la non-discrimination, ne pourrait avoir comme consé-
quence que l'activité exercée par un ressortissant britannique, en Grande-
Bretagne, devrait nécessairement être assimilée à l'activité exercée en Bel-
gique, par un ressortissant belge; que le principe de la non-discrimination
implique uniquement que le ressortissant britannique pourrait bénéficier
des mêmes avantages que les ressortissants belges, c'est-à-dire que lorsque
pour ces derniers l'exercice de l'activité principale en Belgique, ou au
service d'un organisme international ou supranational est requise pour
faire appel à l'application des articles 35 et 12, § 2, précités, les ressortis-
sants britanniques peuvent également se prévaloir de l'exercice d'une
telle activité en Belgique ou au service d'un organisme international ou
supranational; qu'il y aurait seulement discrimination lorsque la même
législation serait appliquée différemment à des personnes se trouvant
dans la même situation juridique; de sorte que la cour du travail, en
considérant que l'article 35 de l'arrêté royal du 19 décembre 1967 n'exige
point que l'activité principale soit soumise au régime de pension belge,
a violé ce texte légal (violation de l'art. 35 de l'a.r. du 19-12-67, ainsi
que de l'art. 12, § 2, de l'a.r. n° 38, précités), et que, en estimant que
les règles communautaires non-discriminatoires s'opposent à ce que l'acti-
vité exercée en Grande-Bretagne par un ressortissant britannique ne soit
pas prise en considération pour l'application des articles 35 de l'arrêté
royal du 19 décembre 1967, et 12, § 2, de l'arrêté royal n° 38, elle
a méconnu ces règles communautaires (violation de l'art. 7, § 2, du
règlement 1612/68 du Conseil de la C.E.E.);
le second, pris de la violation des articles 1.a et 2 du règlement (C.E.E.)
n° 1408/71 du Conseil du 14 juin 1971 relatif à l'application des régimes
de sécurité sociale aux travailleurs salariés et à leur famille qui se déplacent
à l'intérieur de la Communauté, 1.2.a.a, 1.3.a et 4 du règlement C.E.E.
n° 1390/81 du Conseil du 12 mai 1981 étendant aux travailleurs non
salariés et aux membres .de leur famille le règlement C.E.E. n° 1408/71
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van 12 november 1984, gelding hebbend van 1 april 1983 tot en met
31 december 1984 (lees: 1 juli 1985), bepaalde dat "het aantal arbeidsda-
gen bepaald in artikel 118, eerste lid, voor de dienstboden 300 bedraagt,
in de loop van de achttien maanden v66r hun aanvraag om uitkerin-
gen"; deze bepaling slechts vereist dat de op werkloosheidsuitkeringen
aanspraak makende werkloze in de achttien maanden die aan zijn aan-
vraag voorafgaan, minstens 300 arbeidsdagen ais dienstbode zou kunnen
in aanmerking doen nemen, <loch niet vereist dat de werkloze "op het
ogenblik van zijn uitkeringsaanvraag" de hoedanigheid van dienstbode
zou bezitten of dat zijn laatste tewerkstelling v66r zijn uitkeringsaan-
vraag geschiedde in uitvoering van een arbeidsovereenkomst voor dienst-
boden; eiseres had aangevoerd en noch door verweerder, noch door
het arbeidshof betwist werd, dat zij van 1 maart 1983 tot en met 30
juni 1984 ais dienstbode was tewerkgesteld geweest; uit de stukken bleek
dat zij op 3 september 1984 werkloosheidsuitkeringen aanvroeg, en eise-
res aanvoerde zonder te worden tegengesproken op dat vlak, dat zij
in de door artikel 118bis van het W erkloosheidsbesluit beoogde referte-
periode 419 arbeidsdagen in rekening kon brengen; het arbeidshof
derhalve niet zonder miskenning van artikel 118bis van het Werkloos-
heidsbesluit eiseres het voorrecht van deze bepaling kon ontzeggen, op
de enkele grond dat zij op het ogenblik van "de uitkeringsaanvraag"
de hoedanigheid van dienstbode niet meer zou hebben bezeten, omdat
zij v66r haar uitkeringsaanvraag ais bedienster van een pompstation had
gewerkt (schending van alle in de aanhef van het middel vermelde wets-
bepalingen, art. 97 van de Grondwet uitgezonderd),, althans niet ant-
woordt op de aanvoeringen in dat verband in het verzoekschrift tot
hoger beroep van eiseres (schending van art. 97 van de Grondwet):
Overwegende dat, krachtens artikel 118, eerste lid, van het koninklijk
besluit van 20 december 1963, op werkloosheidsuitkering gerechtigd zijn
de werknemers, die ten minste het voor hun leeftijdsgroep bepaalde
aantal arbeidsdagen in de loop van de voor die groep geldende refertepe-
riode in aanmerking kunnen doen nemen;
Overwegende dat, krachtens artikel 118bis van dat besluit, het aantal
arbeidsdagen bepaald in artikel 118, eerste lid, voor de dienstboden 300
dagen bedraagt, in de loop van de achttien maanden v66r hun aanvraag
om uitkeringen;
Dat deze bepaling tijdelijk in voormeld besluit werd ingevoegd bij
koninklijk besluit van 21 maart 1983 dat in werking trad op 1 april
1983 en ophield van kracht te zijn op 1 juli 1985;
Overwegende dat aldus, wat de dienstboden betreft, voor een bepaalde
tijd werd afgeweken van de in artikel 118 gestelde voorwaarden, nu
gedurende die tijd voor alle dienstboden, ongeacht hun leeftijd, dezelfde
toelaatbaarheidsvoorwaarden tot het recht op werkloosheidsuitkering
golden;
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TEN GRONDE
Feiten
Overwegende dat geïntimeerde als arbeider in dienst is getreden van
appellante op 3 augustus 1960; dat hij technisch bediende werd op 1
juni 1965 en op 1 juni 1975 de functie kreeg van adjunct-
opperwachtmeester;
Overwegende dat appellante de arbeidsovereenkomst tussen partijen
onmiddellijk beëindigd heeft op 15 februari 1984, bij exploot van gerechts-
deurwaarder S., betekend; dat dit luidde als volgt: "Mijnheer, Wij ver-
wijzen naar ons schrijven van 30 januari 1984, waarin U werd
medegedeeld dat wij verplicht zullen zijn een einde te stellen aan uw
dienstbetrekking in onze maatschappij, indien U het drinken van alco-
holische dranken niet laat. Op maandag, 13 februari 1984, hebt U zich
niet op het werk aangeboden. Uw echtgenote heeft naar de fabriek gebeld
om één dag verlof voor U aan te vragen. Op dinsdag, 14 februari 1984,
hebt U zich evenmin op het werk aangeboden. Weer heeft uw echtge-
note gebeld om één dag verlof te vragen. Onze hoofdwachter en adjunct-
hoofdwachter, die zich bij U thuis hebben aangeboden, hebben U daar
niet kunnen aantreffen. Op woensdag 15 februari 1984 hebt U zich
voor de derde achtereenvolgende dag niet aangeboden. Uit een onder-
zoek dat onmiddellijk werd ingesteld, is gebleken dat U zich weer aan
de drank hebt begeven, met als gevolg uw wederopname in een gespe-
cialiseerde instelling. Tijdens drie vermelde dagen, hebt U persoonlijk
geen enkel contact genomen met de fabriek. In deze omstandigheden
is het ons niet mogelijk U nog langer in dienst te houden en bijgevolg
stellen wij vanaf heden, 15 februari 1984, een einde aan uw arbeidscon-
tract, zonder voorpzeg noch vergoeding. Hoogachtend, E., adjunct-
directeur - J., Directeur van de zetel.";
Overwegende dat uit de overgelegde stukken is gebleken dat geïn-
timeerde op 13 februari 1984 niet op zijn werk is verschenen en zijn
echtgenote die dag getelefoneerd heeft naar appellante om voor die dag
verlof te vragen voor haar man; dat geïntimeerde de dag nadien weder-
om niet op het werk is verschenen en zijn echtgenote wederom voor
die dag verlof heeft gevraagd; dat is gebleken dat geïntimeerde op 14
februari 1984 in het ziekenhuis te Herentals is opgenomen; dat een
medisch getuigschrift aan appellante werd overgemaakt op 16 februari
1984, waaruit blijkt dat geïntimeerde inderdaad in voormeld ziekenhuis
opgenomen werd op 14 februari 1984 en dat zijn werkongeschiktheid
zou duren tot. en met 14 maart 1984;
Overwegende dat uit het verslag van de beëdigde hoofdwachter M.,
en uit andere overgelegde stukken is gebleken dat geïntimeerde alcohol-
verslaafd was en zich vanaf 13 februari 1984 terug aan de drank had
begeven met een opname in een ter zake gespecialiseerde instelling te
Bierbeek op 15 februari 1984 tot gevolg;
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Sommaires
Korte inhouden
LOON. - GELEGENHEIDSGESCHENK.
De waarde van het geschenk dat de persoonlijke bijdrage uitmaakt van
de werkgever bij het vieren van de 25 dienstjaren van één van zijn bedien-
den is niet onderworpen aan sociale zekerheidsbijdragen.
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I. PREAVIS. - DISPENSE.
II. VACANCES ANNUELLES. - FIXATION.
III. PRIME ANNUELLE. - INDIVISIBLE.
I Si l'employeur ne peut unilatéralement dispenser le travailleur d'exécu-
ter son préavis, auquel cas la rupture irrégulière de contrat intervient le
jour où l'intéressé est ainsi empêché de poursuivre ses prestations de travail,
en revanche, rien n'empêche légalement les parties de convenir que le tra-
vailleur est dispensé d'exécuter tout ou partie de son préavis cependant que
l'employeur continue à lui assurer sa rémunération jusqu'à l'expiration du
préavis: en pareil cas, le contrat de travail qui n'est suspendu que dans
le chef du travailleur, ne sera rompu qu'à l'expiration du préavis.
II La date des vacances annuelles ne peut être décidée unilatéralement
par une des parties mais bien d'un commun accord négocié et notamment
d'un accord individuel entre l'employeur et le travailleur.
III Une prime annuelle c.-à-d. payable à l'issue d'une année, est indivisi-
ble de nature et il ne saurait en être autrement que si la convention ou
l'usage en prévoit la divisibilité; il en est d'autant plus ainsi pour le trei-
zième mois, qui suppose l'écoulement de 12 mois.
I. VOOROPZEG. - VRIJSTELLING.
II. JAARLIJKSE VAKANTIE. - VASTLEGGING.
III. JAARLIJKSE PREMIE. - ONSPLITSBAARHEID.
I De werkgever kan de werknemer niet eenzijdig vrijstellen van de uit-
voering van de opzeg, want dat zou de onrechtmatige beëindiging beteke-
nen van de overeenkomst de dag waarop de werknemer belet wordt zijn
werk uit te voeren. Partijen kunnen echter wel overeenkomen dat de werk-
nemer de vooropzeg geheel of gedeeltelijk niet moet uitvoeren en dat de
werkgever ondertussen het loon blijft uitbetalen. De overeenkomst is dan
alleen voor de werknemer geschorst en neemt slechts een einde na verloop
van de vooropzegtermijn.
II De datum van de jaarlijkse vakantie kan niet eenzijdig door een der
partijen vastgelegd worden maar in gemeenschappelijk overleg, bijvoorbeeld
door een individuele afspraak tussen werkgever en werknemer.
III Een jaarpremie, d.i. een premie, betaald bij afsluiting van een jaar,
is uit nature onsplitsbaar tenzij de overeenkomst of de gewoonte er anders
over beschikt. Dit is zeker het geval voor een dertiende maand, die het
verloop van 12 maanden veronderstelt.
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Gillardin, J. et Van der Vorst, P., Les conflits collectifs en droit du tra·
vail, Solutions négociées ou interventions judiciaires?, Bruxelles, Facultés
universitaires Saint-Louis, 1988, 179 p.
A vis - Bericht
COLLOQUE INTERNATIONAL:
"TRAVAIL, PROTECTION SOCIALE ET LUTTE
CONTRE LA PAUPERISATION FAMILIALE EN EUROPE"
Bruxelles, 5-8 juillet 1989
Le Centre de Droit de la Famille de l'Université catholique de
Louvain organisera du 5 au 8 juillet 1989, avec le soutien de la
Commission des Communautés Européennes, un important Con-
grès international consacré au travail et à la protection sociale
comme moyens de lutte privilégiés contre la pauperisation crois-
sante des familles en Europe, liée aux mutations familiales, sociales
et économiques des deux dernières décennies.
Prenant le travail comme axe central, cinq thèmes principaux
seront développés:
- L'orientation et la formation comme préalables indispensables
à l'insertion ou à la réinsertion dans le monde du travail, principa-
lement pour les catégories à risques.
- Les politiques d'insertion ou de réinsertion dans le marché
de l'emploi.
- La protection contre l'exclusion du marché de l'emploi. Mesu-
res préventives et mesures palliatives.
- Les modalités de conciliation entre vie familiale et vie profes-
sionr:elle, comme sources de prévention contre l'insécurité éco-
nomique.
- Les lacunes de la protection sociale et de l'aide sociale dans
leurs rapports avec le travail et la famille.
L'accent sera principalement porté sur les innovations réalisées
dans les pays de la C.E.E., mais également dans d'autres pays indus-
trialisés.
Toute personne intéressée peut se renseigner à l'adresse suivante :
Centre de droit de la famille
Faculté de Droit de l'U.C.L., Place Montesquieu 2, B-1348
LOUVAIN-LA-NEUVE, Tél. 00-32-10-47.47.30
Le Colloque se tiendra à Bruxelles sur le site universitaire de
l'Université Catholique de Louvain.
Les langues du Congrès sont l'anglais et le français avec tra-
duction simultanée.
Ces pages remplacent les pages de la R.D.S. 1988, p. 481 - 488
Bijlage bij T.S.R. nr. 2, mei 1989 Annexe à R.D.S. n° 2, mai 1989
- 481 -
Jurisprudence
Rechtspraak
KORTGEDING ONDERGESCHIKTHEID
Arbh. Brussel 15-10-1987. . . . . . . . . . 440 BEHEERDER EN BEDIENDE
KORTGEDING. SOCIALE Arbrb. Brussel 6-11-1987.......... 234
VERKIEZINGEN BESTUURDER - DAGELIJKS
Arbh. Luik 1-4-1987. . . . . . . . . . . . . . 149 BESTUUR
ROEKELOOS BEROEP Cass. 30-5-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293
Arbh. Brussel 1-10-1987. . . . . . . . . . . 325
ROEKELOOS OF TERGEND ONGEOORLOOFDE
GEDING CONCURRENTIE
Cass. 11-4-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 OPRICHTING VAN EIGEN ONDER-
VA TTING VAN DE RECHTER NEMING
Cass. 21-3-1988................... 281 Brussel 25-4-1986................. 164
VERZOEKSCHRIFT NEERGELEGD ONGEVAL OP WEG VAN
BUITEN DE OPENINGSUREN
VAN DE GRIFFIE OF NAAR HET WERK
Arbh. Luik 19-5-1988. . . . . . . . . . . . . 403 GEWOON TRAJECT
Arbh. Bergen 10-6-1988........... 405
HANDELSVERTEGEN- OPZEGGINGSVER-
GOEDING
WOORDIGER VERJARING
AANBRENG VAN CLIENTEEL. Cass. 25-1-1988................... 207
VERMOEDEN Cass. 29-2-1988................... 218
Arbrb. Brussel 27-6-1988.......... 235
Arbh. Brussel 20-5-1988. . . . . . . . . . . 478 OVERMACHT
CLIENTEEL - CRITERIA BRAND
Cass. 15-6-1988................... 297 Arbh. Gent 13-4-1987. . . . . . . . . . . . 125
EXCLUSIVITEIT VAN VERTEGEN- PENSIOEN
WOORDIGING. RECHT OP INDI- CUMULATIE
RECTE COMMISSIELONEN HJEG 17-12-1987................. 324
Arbrb. Mechelen 23-2-1988........ 457
SCHADEVERGOEDING PROEF
Arbh. Brussel 4-12-1987........... 122 JAARLOON. FACTOREN
HOEDANIGHEID Arbrb. Antwerpen 9-6-1987. . . . . . . 327
Cass. 18-4-1988................... 284 PROFESSIONEEL RISICO
OPENBARE SECTOR
IMPLICIETE VERBREKING Cass. 21-9-1987. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
WERKVERLATING
Arbh. Brussel 8-4-1987............ 161 RECHTSMISBRUIK
BESCHERMDE WERKNEMER
KWALIFICA TIE DER Cass. 7-3-1988.................... 221
PARTIJEN SOCIAAL STATUUT' DER
VOORDELIG STATUUT
Arbh. Brussel 15-10-1987.......... 163 ZELFSTANDIGEN
BIJDRAGE. HOOFDELIJKHEID
KWIJTING VOOR SALDO Cass. 6-6-1988.................... 295
AFSTAND VAN RECHTEN ECHTGENOOT-ADVOCAAT
Cass. 7-3-1988.................... 475 HELPSTER
Arbh. Antwerpen 4-9-1987........ 113
LOON ONDERWERPING.KAARTLEGSTER
BEGONNEN MAAND
Arbh. Gent 23-6-1987............ 131
Arbh. Brussel 8-4-1987............ 161
ONDERWERPING. KOSTELOOS-
ONVERSCHULDIGDE BETALING.
HEID VAN HET MANDAAT.
RECHT VOOR DE TOEKOMST
Arbrb. Bergen 3-2-1986........... 316
Arbh. Brussel 1-3-1987............ 160
ONVERSCHULDIGDE BETALING. SOCIAAL STRAFRECHT
TERUGVORDERING VERJARING. OPENBARE ORDE
Arbh. Brussel 1-3-1987............ 160 Cass. 19-10-1987.................. 101
488 -