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1989 - 81 - 2

REVUE DE DROIT SOCIAL


Doctrine - Jurisprudence - Législation

TIJDSCHRIFT VOOR SOCIAAL RECHT


Rechtsleer - Rechtspraak - Wetgeving

Directeur: W. REYNDERS

Motivation du licenciement et licenciement abusif)~

TABLE

INTRODUCTJ.ON 83

I. SITUATION ANTERIEURE A LA LOI


DU 3 JUILLET 1978 84
Critères de l'abus du droit de licenciement
1. Détournement de la finalité économique et sociale du
droit de licenciement 86
1.1. L' intér&t de Il' entreprise 86
1.2. La faute du ,travailleur 87
1.3. L'inaptitude du travailleur 88
1.4. Motif inexact 88
1.5. Motif illégitime 88
1.6. Absence de motifs 89
2. Circonstances entourant le licenciement
2.1. Circonstances de temps 90
2.2. Autres 90

IL LA LOI DU 3 JUILLET 1978


1. Champ d'application 91
2. Charge de la preuve 92
3. Critères du licenciement abusif 94

* Samenvatting in het Nederlands, p. 129


- 82 -

4. Sanctions
4.1. Généralités 97
4.2. Cumul avec d'autres indemnités 97
4.3. Méthode de calcul de l'indemnité 97
4.4. Naissance du droit à l'indemnité 98
4.5. Nature juridique de l'indemnité 98
4.6. Prescription de l'action 101

5. Cas d'espèce
5.1. Justification du licenciement par des motifs économiques
5.1.l. Réorganisation ou fermeture de l'entreprise 101
5.1.2. Conflits internes 101
5.1.3. Nouvelles technologies 101
5.1.4. Transfert et cession d'entreprise 102
5.1.5. Intérêts économiques de l'employeur 103
5.2. Licenciement fondé sur l'aptitude ou la conduite de l'ouvrier
5.2.1. Une simple déception 103
5.2.2. L'incapacité de travail 104
5.2.3. La grève 105
5.2.4. Les absences du travailleur 106
5.2.5. Divers 106
5.3. Circonstances entourant la rupture
5.3.1. Caractère brutal du licenciement 107
5.3.2. Mise en cause de l'honorabilité du travailleur 107
5.3.3. Licenciement décidé en représailles
d'une revendication légitime 108
5.4. Violation des dispositions d'une convention collective 109
5.5. Raisons valables de licencier 110

III. LE REGIME APPLICABLE AUX EMPLOYES DEPUIS


LA LOI DU 3 JUILLET 1978
1. Fondement théorique de l'abus du droit de rupture 111

2. Critères de l'abus du droit de rupture


2.1. Intention de nuire 113
2.2. Légèreté ou témérité coupable 113
2.3. Détournement de pouvoir 114
2.4. Faute personnelle à l'employeur 114

3. La preuve de l'abus de droit 114


83 -

4. L'évaluation du préjudice
4.1. L'indemnité pour licenciement abusif 116
4.2. Nature juridique de l'indemnité 117
4.3. Cumul avec d'autres indemnités 118
5. Cas d'espèce
5.1. Les circonstances entourant le licenciement
5.1.1. La mise en cause de l'honorabilité du travailleur 118
5.1.2. Le moment de la rupture 120
5.1.3. Licenciement décidé en représailles d'une revendication
légitime 120
5.2. Les motifs économiques et l'intérêt de l'entreprise 121
5.3. La modification des conditions de travail 123
5.4. Le non-respect des dispositions de conventions collectives 124
5.5. Licenciement pour motif grave et abus de droit 125
5.6. Le comportement de l'employé 126

IV. CONCLUSION 127

INTRODU:CTION
A la différence des législations des pays limitrophes et sous réserve
de l'hypothèse de la rupture pour motif grave et de quelques autres
situations d'exception qui seront rappelées ci-dessous, le droit social bel-
ge n'impose pas aux parties liées par un contrat de travail de motiver
la décision de rompre celui-ci.
La seule obligation des parties est de respecter les formalités légales
en matière de préavis {article 37 de la loi du 3 juillet 1978 sur les con-
trats de travail). Si les formalités ne sont pas respectées, la partie lésée
pourra alors exiger une indemnité compensatoire de préavis pour ruptu-
re immédiate du contrat.
Le droit de rupture est donc, en principe, discrétionnaire, il ne doit
être nî autorisé, ni motivé. Il existe des exceptions à ce principe : le
législateur a· imposé de motiver le licenciement de certains travailleurs
spécialement "pr-0tégés".
~'!
Il s'agit 7

- des membres et candidats du conseil d'entreprise et du comité du


sécurité, d'hygiène et d'embellissement des lieux de travail;
- des délégués syndicaux;
- des travailleuses enceintes;
- 84 -

- des travailleurs rappelés ou appelés sous les armes ainsi que ceux
qui e~fectuent leur service civil ou le service imposé aux objecteurs de
conscience;
- des mandataires politiques et candidats à un mandat politique;
des responsables des déchets toxiques;
- du médecin du travail;
- de ceux qui déposent une plainte en matière d'égalité de traitement
entre hommes et femmes;
- de ceux qui déposent une plainte au sujet de la rémunération des
handicapés occupés dans un emploi normal;
- de ceux qui sont licenciés suite à l'introduction d'une nouvelle tech-
nologie;
- de ceux qui interrompent leur carrière;
- de ceux qui bénéficient d'un congé-éducation.
Pour tous les autres travailleurs, si l'employeur n'est pas tenu de com-
muniquer les motifs du licenciement, il ne peut pour autant agir arbi-
trairement. Le licenciement abusif des ouvriers est spécialement sanctionné
par la loi du 3 juillet 1978 sur les contrats de travail.
En ce qui concerne les employés, il existe des motifs illicites qui peu-
vent faire naître un droit à des dommages et intérêts pour abus de droit.
Enfin, parmi les documents qu'il faut délivrer à l'occasion de l'expira-
tion du contrat de travail, le C4 (document en matière d'allocations
de ch8mage) doit quant à lui mentionner le motif du licenciement pour
permettre à l'ONEm de savoir si le travailleur n'est pas mis en ch8mage
de son propre fait ou si le licenciement n'est pas intervenu pour des
"motifs équitables".
Il a paru intéressant de voir comment, en 10 ans, la jurisprudence
avait évolué en matière de licenciement abusif et d'abus du droit de
rupture.
Auparavant on fera un rappel de la situation telle qu'elle se présentait
avant 1978.

I. SITUATION ANTERIEURE A LA LOI DU 3 JUILLET 1978


La loi du 10 mars 1900 sur le contrat de travail ne contenait aucune
disposition concernant le licenciement abusif.
Par la loi du 21 novembre 1969, un article 24ter est inséré qui dispose
que "sans préjudice de l'article 22, l'employeur qui licencie abusivement
un de ses ouvriers engagé pour une durée indéterminée, est tenu de
payer à cet ouvrier une indemnité égale au préjudice subi, sans que
cette indemnité puisse toutefois être inférieure au double de la rémuné-
ration correspondant au délai de préavis". Antérieurement à la loi du
21 novembre 1969, la doctrine et la jurisprudence admettaient déjà que
l'exercice par l'employeur de son droit de résiliation unilatérale du con-
- 85 -

trat de travail, alors même que le délai légal de préavis avait été observé,
était susceptible d'abus.
En ce qui concerne les employés, les tribunaux avaient recours à la
théorie générale de l'abus de droit pour condamner l'employeur au paie-
ment d'une indemnité particulière, en général peu élevée puisque la loi
ne prévoyait pas un minimum comme pour les ouvriers.
Dans tous les cas, il appartenait au travailleur d'apporter la preuve
de l'abus du droit et de l'importance du préjudice.
Le licenciement abusif visé par la loi du 21 novembre 1969 constituait-
il une notion juridique nouvelle, distincte de l'abus de droit tel que
défini par la doctrine et la jurisprudence ou n'était-il qu'une application
de celui-ci?
Pour de Bersaques, la notion de licenciement abusif instituée par le
législateur de 1969 s'inspire du concept général d'abus de droit. Il fonde
cette opinion sur les travaux préparatoires de la loi du 21 novembre 1969.
Horion, quant à lui, objecte qu'à la lecture des exemples donnés dans
le rapport de la Commission de la Chambre des représentants, on doit
affirmer que la notion de licenciement abusif telle que le législateur
la conçoit, est bien plus large que l'abus de droit de licenciement au
sens civiliste.
Quand y avait-il abus de droit?
L'abus de droit suppose l'anormalité de l'exercice d'un droit. Celle-ci
est révélée par le caractère vexatoire ou méchant de l'intention à laquelle
aurait obéi le titulaire de ce droit, par l'absence de motif légitime ou
par le détournement de la destination économique et sociale du choix
exercé. L'abus de droit n'existe pas seulement lorsqu'il y a faute délictu-
elle, mais aussi faute quasi-délictuelle, basée sur la faiblesse ou la légèreté.
Si les circonstances entourant le licenciement sont de nature à laisser
planer un doute sur l'honnêteté ou la moralité du demandeur, le renvoi
constitue une faute due à la légèreté ou l'imprévoyance.
Abuser de son droit, c'est aussi choisir, entre deux manières d'exercer
son droit, avec la même utilité, celle qui fera le plus de tort à autrui.
Abuser de son droit, c'est enfin, lorsque l'on use de son droit de
la manière la plus profitable, causer un dommage hors de proportion
avec le profit qu'on en a retiré. Une telle définition n'exclut donc pas
la bonne foi dans le chef de celui qui abuse de son droit.
L'étude comparative de la jurisprudence antérieure et postérieure à
l'introduction légale du concept de licenciement abusif révèle que les
litiges fondés sur un tel argument se sont faits plus nombreux; alors
que, précédemment, l'abus de droit était le plus souvent invoqué à pro-
pos des circonstances fautives qui accompagnent la résiliation, il apparaît
désormais, à un titre égal, comme un procédé destiné à contr8ler le
motif même de la rupture, à limiter le droit de licenciement dans son
essence.
- 86 -

La caractéristique fondamentale de la jurisprudence en ce domaine ré-


side en ce qu'elle a doté le droit de licenciement d'une finalité distincte
de la liberté individuelle de l'employeur; la poursuite d'un objectif autre
que cette finalité économique et sociale permet de conclure à l'abus
de droit 1). Ainsi le droit de licenciement possède désormais une desti-
nation économique et sociale.
De là à en conclure que le droit patronal de résiliation est devenu
un droit - fonction, c.-à-d. un droit dont l'utilisation n'a été permise
par le législateur qu'en vue de rencontrer les objectifs qui en justifient
la création, loin s'en faut.
D'abord la notion d'entreprise ne fait pas l'objet d'une définition uni-
que. L'entreprise sera appréhendée sous son aspect tantôt juridique, tan-
tôt social, tantôt économique. Ensuite, la personne de l'employeur
continue juridiquement à se confondre avec l'entreprise et l'intérêt de
l'entreprise ne se distingue en aucune façon de l'intérêt professionnel
de l'employeur.
Nous pouvons dégager deux grands critères de l'abus du droit de licen-
ciement:
1. Détournement de la finalité économique et sociale du droit de licen-
ciement;
2. Circonstances entourant le licenciement.

1. Détournement de la finalité économique et sociale du droit de


licenciement
Nous l'avons dit, le droit de licenciement a une finalité: l'intérêt éco-
nomique de l'entreprise. L'entreprise présente une double face: une face
économique, la réalisation de l'objet économique, une face sociale, la
stabilité de l'emploi. Cette dualité rejaillit sur le droit de licenciement.
L'exercice de ce droit porte atteinte à l'une des raisons d'être de l'entre-
prise qui est d'assurer la stabilité de l'emploi, il ne peut se justifier
qu'en raison de l'intérêt économique de celle-ci 2).

1.1. L'intérêt de l'entreprise


Cet intérêt justifie évidemment le licenciement. Mais appartient-il au
juge de vérifier cet intérêt invoqué par l'employeur?
Sous l'empire de la loi du 21 novembre 1969, la doctrine et la ju-
risprudence majoritaires estimaient que l'employeur avec l'aide des orga-
nismes prévus à cet égard devait rester seul juge des orientations de
l'organisation et de la conduite de l'entreprise; il n'appartient pas au

1) C. trav. Bruxelles, 23 novembre 1971, R.C.J.B., 1972, p. 210; C. trav. Gand, 9 mai
1973, J.T.T., 1974, p. 59.
2) Trav. Bruxelles, 15 novembre 1973, J.T.T., 1974, p. 44.
- 87 -

juge de commettre pareille intrusion dans le pouvmr de direction de


l'entreprise 3).
La finalité de l'entreprise réside dans l'intérêt de l'entrepreneur, consi-
dérée en sa qualité de propriétaire de l'exploitation. Ainsi, il reste juge
unique et maître incontesté des destinées économiques de son bien. Un
contrôle jurisprudentiel n'aurait eu de sens que si la fonction attribuée
au droit de licenciement eût été distincte de l'intérêt de son titulaire;
mais à partir du moment où s'opérait cette confusion, il était logique
de s'abstenir de toute vérification.
Le contrôle du juge ne porte donc que sur l'existence du motif de
licenciement et non sur son opportunité. Ainsi, n'ont pas été considérés
comme abusifs: "les licenciements justifiés par la modernisation des tech-
niques de fabrication, même si l'employeur a ultérieurement cherché
à engager des manoeuvres dès lors qu'il n'est pas prouvé que ceux-ci
avaient les mêmes fonctions que le travailleur licencié" 4).
Par contre, les tribunaux ont déclaré abusif le licenciement "justifié
par le manque de travail alors que cette mesure est suivie à brève échéance
par l'engagement d'un personnel employé aux mêmes tâches" 5).

1.2. La faute du travailleur


Outre la faute grave, il existe des manquements moins importants
qui ne justifient pas la rupture immédiate et sans indemnité du contrat.
Ces licenciements avec préavis ou indemnité en raison de fautes légè-
res ne sont en général pas considérés comme abusifs. Pour la doctrine,
l'existence d'une faute même légère démontre à suffisance que le licen-
ciement n'était pas arbitraire.
Une partie de la doctrine française se demande toutefois si ces licencie-
ments ne pourraient pas être considérés comme abusifs en invoquant
la nécessité d'une proportion entre la faute et la sanction.
A cet égard, il convient de rappeler la pratique, admise par la doctrine
et la jurisprudence, de la limitation volontaire par les parties de leur
pouvoir de rompre le contrat. Ces limitations du droit de rupture peu-
vent être exprimées notamment dans le règlement de travail ou la con-
vention individuelle qui établissent une hiérarchie des fautes et une échelle
des sanctions. Dans ce cas, devrait être déclaré abusif le licenciement
d'un travailleur en raison d'un manquement léger alors que la sanction
prévue serait moins sévère.

3) C. trav. Liège, 7 février 1972, ]. T.T., 1973, p. 173; C. trav. Bruxelles, 5 novembre
1973, R. W., 1973-1974, col. 1328.
4) Trav. Dinant, 8 septembre 1972, Bull. FEB, 1973, p. 4127.
5) Trav. Tournai, 21 avril 1972, ]. T. T., p. 250.
88 -

1.3. Inaptitude du travailleur


L'inaptitude du travailleur n'est jamais une cause de rupture du con-
trat pour motif grave. En revanche, cette inaptitude peut porter atteinte
aux intérêts économiques de l'entreprise. Le licenciement décidé en suite
de cette constatation ne peut être déclaré abusif, le droit de rupture
n'étant pas détourné de sa finalité économique 6).
La majorité de la doctrine et de la jurisprudence reconnaît à l'employ-
eur un pouvoir discrétionnaire pour décider si le salarié présente les
qualités qu'il attend.
La Cour de cassation française est particulièrement rigoureuse sur ce
point. Ces décisions particulièrement strictes aboutissent à la constatati-
on qu'en matière d'insuffisance professionnelle, l'employeur est cru sur
parole. Il est à craindre que dans ces conditions l'employeur ne motive
systématiquement son congé par l'insuffisance professionnelle du travail-
leur, pareille raison rendant, par sa nature imprécise, le contrôle du
juge plus difficile voire impossible.

1.4. Motif inexact


Il n'est pas permis de déduire de la seule inexactitude du motif donné
au congé son caractère abusif.
Il se peut que l'employeur cèle le motif réel du licenciement dans
l'intérêt de l'ouvrier ou dans l'intérêt de l'entreprise.
Pour établir le caractère abusif du licenciement, l'ouvrier devra d'abord
faire la preuve de l'inexactitude du motif invoqué et apporter ensuite
la preuve que le licenciement est arbitraire.

1.5. Motif illégitime

- La liberté d'association et ses implications


S'agissant des relations de travail, la liberté d'association se manifeste
le plus souvent dans le droit de s'affilier ou de ne pas s'affilier à une
organisation syndicale.
En conséquence, les décisions de rupture justifiées par l'exercice de
ce droit seront déclarées abusives.
La participation à une grève peut-elle justifier un licenciement? Il sem-
ble que l'on puisse considérer qu'il y a grève licite si elle est justifiée
par l'intérêt de tous les salariés de l'entreprise ou de catégories détermi-
nées de travailleurs (sans que le nombre de participants soit déterminant
de sa licéité) et si son objet est limité au milieu dans lequel elle se
déroule, sa finalité devant être économique ou sociale.

6) C. trav. Liège, 7 février 1972, f. T. T., 1973., p. 173.


- 89 -

La grève politique ne pourra être déclarée licite que si elle vise en


même temps la révision à brève échéance des conditions de travail dans
l'entreprise. Enfin la grève peut être déclarée abusive en raison des cir-
constances qui l'entourent 6bis).

- Respect des obligations conventionnelles ou légales


Sont déclarés abusifs les licenciements effectués à titre de représailles
pour punir le salarié d'avoir formulé des réclamations ou des revendica-
tions conformes à la loi, à la convention ou aux usages.
L'abus de droit résulte par exemple d'un licenciement "signifié à un
ouvrier dans le but de lui nuire en représailles de ce qu'il avait réclamé
le paiement de sommes légalement dues" 7), "signifié en guise de repré-
sailles de ce que le travailleur avait provoqué l'intervention des· services
de l'inspection des lois sociales par l'intermédiaire de son organisation
syndicale en vue d'obtenir le paiement des sommes légalement dues" 8),
"motivé parce que le travailleur refusait de faire un nombre d'heures
supplémentaires anormalement élevé" 9).

- Incapacité du travailleur
L'incapacité du travailleur par suite de maladie ne paralyse pas le droit
de l'employeur de mettre fin au contrat. La rupture ne peut toutefois
être décidée que moyennant indemnité.
Selon une certaine doctrine et jurisprudence, la rupture décidée en
suite de la période de maladie ne peut être considérée comme abusive
pour cette seule raison. La période d'incapacité de travail peut porter
atteinte aux intérêts de l'entreprise 10).
Certaines décisions ont cependant jugé qu'une telle rupture était
abusive 11).

1.6. Absence de motif


La jurisprudence a parfois déclaré abusifs des licenciements décidés
sans aucune justification alors que les circonstances qui entouraient la
rupture n ' eta1ent
' . pas de nature a' mettre en cause l'honnetete
• ' ou l'hono-
rabilité du travailleur 12).
Cette jurisprudence a été condamnée par la doctrine qui rappelle qu'elle
a pour effet de renverser la charge de la preuve, de déclarer abusif le

6bis) voir M. TAQUET et C. WANTIEZ, "L'abus du droit de rupture", JT., 1972,


p. 4 et 5.
7) Liège, 15 juillet 1950, R.D.S., 1951, p. 184.
8) Trav. Tournai, 21 avril 1972, J.T.T., p. 250.
9) C.P. Ypres, 22 novembre 1955, R.D.S., 1958, p. 72.
10) Trav. Liège, 25 janvier 1971, R.D.S., 1971, p. 288.
11) Trav. Liège, 28 juin 1971, R.D.S., 1972, p. 44.
12) C. trav. Bruxelles, 23 novembre 1971, R. W., 1971-1972, col. 801; Bruxelles, 21 fé-
vrier 1964, R.D.S., 1964, p. 967.
- 90 -

fait même du licenciement et de perdre de vue que ce licenciement


ne doit pas être motivé, mais elle résulte d'une réaction plut&t saine
des juges placés devant des circonstances dans lesquelles le bon sens,
la bonne conduite, l'élémentaire politesse, la simple correction appelai-
ent de la part de l'employeur une explication, donc une motivation...

2. Circonstances entourant le licenciement


L'abus de droit peut se déduire de la manière dont le licenciement
a été décidé. Ainsi, alors même que le droit de licenciement a été régu-
lièrement exercé dans l'intérêt de l'entreprise, il faut encore vérifier si
aucune faute n'a été commise dans le mode d'exercice de ce droit.

2.1. Circonstances de temps


- rupture à bref délai après l'engagement: bien que l'employeur ait
le droit de mettre fin au contrat à tout moment, il arrive qu'une certai-
ne stabilité d'emploi soit promise, souvent de manière implicite. La ju-
risprudence a parfois estimé que la rupture était alors abusive 13);
- licenciement avant l'age de la retraite: l'employeur peut congédier
un salarié chevronné, ayant fait sa carrière dans l'entreprise, en dépit
des services rendus et fut-il proche de la retraite. Toutefois certains au-
teurs (de Bersaques) critiquent une telle position: l'employeur invoque-
rait vainement que l'entreprise a intérêt à alléger le montant des salaires
à verser, alors que cet avantage, eu égard au très bref délai qui reste
à courir jusqu'au moment où le salarié aura atteint l'age requis, est
hors de proportion avec le préjudice que la privation de cette pension
inflige au travailleur.

2.2. Autres circonstances


"Si les circonstances entourant le licenciement sont de nature à laisser
planer un doute sur l'honnêteté ou la moralité du demandeur, le renvoi
constitue une faute due à la légèreté ou à l'imprévoyance" 14).
Tel sera le cas lorsque le congé a été donné d'une manière maladroite,
brutale ou incorrecte, de nature, notamment, à porter atteinte à l'hon-
neur du travailleur.
Lorsque le congé se fonde sur des reproches formulés Mtivement,
sans enquête sérieuse et qui se révèlent inexacts, pareille légèreté est
constitutive d'abus. De même, la précipitation inconsidérée, la légèreté
blamable et la volonté de nuire seront sanctionnées 15).

13) C.P. Namur, 9 mai 1966, R.D.S., p. 321; Trav. Gand, 19 février 1971, R.D.S., p.
136; C. trav. Liège, 9 décembre 1976, ].T.T., 1977, p. 219.
14) C.P. Bruxelles, 27 octobre 1961, ]. T., 1962, p. 63.
15) C. trav. Mons, 14 septembre 1973, inédit.
- 91 -

A la suite de cet examen de doctrine et de jurisprudence, il semble


bien qu'à l'épreuve des faits, la théorie de de Bersaques, selon laquelle
le licenciement abusif ne constitue pas une notion juridique nouvelle
distincte de l'abus de droit, se trouve pleinement confirmée.

II. LA LOI DU 3 JUILLET 1978


La loi nouvelle innove: l'article 63 définit le licenciement abusif, ren-
verse la charge de la preuve et modifie les règles d'indemnisation du
travailleur.

1. Champ d'application
Une première remarque s'impose: les travailleurs visés sont les ou-
vriers, engagés pour une durée indéterminée.
Un amendement visait à étendre cette disposition aux employés mais
ne fut pas retenu au motif que les partenaires sociaux siègeant au Con-
seil national du travail, n'avaient pas encore marqué leur assentiment
sur cette harmonisation. Selon les représentants des employeurs, l'adop-
tion d'un texte identique pour les employés ne peut se concevoir que
dans le cadre d'une réforme globale du droit de licenciement et, en
particulier, d'un aménagement du régime des préavis applicables aux em-
ployés supérieurs.
Lorsque la convention a été conclue pour l'exécution d'un travail net-
tement défini ou pour une durée déterminée, la théorie générale de l'abus
de droit trouve à s'appliquer: il appartiendra au travailleur d'établir la
responsabilité de l'employeur et l'importance du préjudice subi 16). A
ce sujet, un arrêt de la cour du travail de Liège nous fait découvrir
un aspect imprévu de la théorie du licenciement abusif 17); si l' employ-
eur a conclu plusieurs contrats à durée déterminée successifs sans pou-
voir se prévaloir de motifs admis par la loi, l'acte illicite se trouve dans
la conclusion de ces contrats.
Mais peut-on parler d"'abus du droit de rupture" puisque pour l'em-
ployeur, il n'y a pas de rupture, l'engagement prenant fin de lui-même?
On peut douter que l'art. 63 trouve à s'appliquer dans le cas des con-
trats à terme dont la succession se révèle illicite, à moins bien s-fir que
l'intention maligne de l'employeur soit évidente.

16) Trav. Liège, 25 juin 1984, R.G., n° 113912.


17) C. trav. Liège, 4 novembre 1987, Bull. F.A.R. n° 171, p. 52 et la note de J. Jacqmain.
- 92 -

Par contre, l'article 63 est applicable aux licenciements intervenus pen-


dant la période d'essai, bien que les applications en soient très rares 18).
Il n'est pas applicable au contrat de travail domestique 19).

2. Charge de la preuve
Le renversement de la charge de la preuve s'inscrit dans la politique
que le législateur avait inaugurée en matière de protection contre le
licenciement de la travailleuse enceinte.
Selon certains auteurs, le travailleur bénéficie d'une présomption juris
tantum de licenciement abusif. Cette règle marque une étape vers la
motivation du congé, tout en laissant subsister la possibilité de justifier
la rupture a posteriori.
La cour du travail de Bruxelles considère, quant à elle, que l'article
63 de la loi du 3 juillet 1978 est "une mise en garde à l'égard de l' em-
ployeur" puisque son application "dépend de la simple affirmation du
travailleur que son licenciement est abusif; ,en conséquence, l'employeur
sera donc avisé de réunir et de conserver lors d'un licenciement, les
informations objectives qui lui permettront de prouver que ce licencie-
ment n'est pas abusif; cette précaution ne le contraint pas toutefois
à motiver le congé". Il est certainement contraire au texte légal d'impo-
ser à l'employeur de démontrer qu'il n'y a pas eu d'abus. Si l'employeur
démontre l'existence d'un motif légitime de sa décision de rompre, le
licenciement sera présumé s'expliquer par cette seule cause.
Il faut souligner que l'employeur peut encore faire valoir pendant la
procédure les réels motifs du licenciement et ne doit pas se limiter à
ceux qu'il a fait valoir au moment du licenciement 20).
Certains arr&ts accordent de l'importance au manque d'observations
antérieures au licenciement puisque c'est une indication d'un passé irré-
prochable et cela peut conduire à une lacune dans la charge de la preuve
pour l'employeur 21).
Par contre, il a également été jugé que ces observations antérieures
ne sont pas absolument nécessaires puisque l'employeur peut encore al-
léguer d'autres moyens de preuve comme motif valable de licencie-
ment 22), m&me si c'est plus difficile sans trace écrite. La jurisprudence
admet aussi que l'inexactitude des motifs fournis dans le C4 peut avoir
comme raison d'épargner au travailleur une sanction en matière de
ch8mage 23) mais la rédaction incorrecte du C4 peut également consti-
tuer en elle-m&me un abus 23bis).

18) C. trav. Liège, 20 octobre 1982, R.D.S., 1983, p. 111.


19) Trav. Gand, 12 mars 1984, T. Gem, 1986, p. 41.
20) C. trav. Mons, 9 octobre 1981, J.T.T., 1983, p. 24.
21) Trav. Nivelles, 28 avril 1982, Ch. D. S., 1982, p. 412; Trav. Bruxelles, 24 avril
1981, Ch. D. S., 1981, p. 183.
22) C. trav. Mons, 9 octobre 1981, J T. T., 1983, p. 24.
23~. Trav. Gand, 17 mars 1980, R.D.S., 1980, p. 205.
23 15) C. trav. Liège, 4 décembre 1987, Bull. F.A.R., n° 172, p. 65.
- 93 -

L'obli~ation de motiver le licenciement de l'ouvrier ne naît qu'au mo-


ment ou le travailleur prétend que son licenciement est abusif.
Il ne peut donc être opposé à l'employeur d'avoir énoncé dans sa
lettre de licenciement des motifs de convenance, pour lui interdire de
prouver ultérieurement les faits qui ont réellement justifié sa décision 24).
Il ne faut pas perdre de vue que l'art. 63 se borne à régir la charge
de la preuve laissant l'administration de cette preuve au pouvoir du
juge 25). Dans cette recherche de la volonté qui a présidé à la décision
de rupture, il est inévitable que le juge se contente de vraisemblances
ou plus exactement qu'il privilégie la version des faits la plus crédible.
Le travailleur doit encore fournir la preuve des faits qu'il allègue et
qui semblent invraisemblables 26). En définitive, le principal effet du ren-
versement de la charge de la preuve paraît être de faire profiter l'ouvrier
du doute qui pourrait subsister sur le motif exact du licenciement.
Le juge pourrait-il tenir compte de motifs non allégués par l'employ-
eur pour conclure au caractère non abusif du licenciement? Un arrêt
récent de la Cour de cassation vient de répondre à cette question: rien
n'obligerait le juge à ne tenir compte que des motifs indiqués et établis
par l'employeur, il serait également autorisé à fonder sa décision en
faveur de l'absence du caractère abusif sur d'autres éléments produits
régulièrement qui, bien ~ue l'employeur ne les ait pas proposés comme
motifs, ont également determiné le licenciement d'après l'avis du juge
et qui ne rapportent à l'aptitude ou à la conduite de l'ouvrier ou qui
sont fondés sur les nécessités du fonctionnement de l'entreprise, de l'éta-
blissement ou du service 26bis).
L'analyse des rapports entre rupture pour motif grave et abus de droit
doit également être revue à la lumière de la nouvelle loi.
Si la faute invoquée pour justifier le congé est établie mais ne présente
pas le caractère de gravité suffisant, le tribunal conservera toute liberté
pour considérer la rupture comme abusive ou non.
Par contre, comme l'affirment les travaux préparatoires, si la rupture
pour motif grave s'avère irrégulière au motif que la faute du travailleur .
ne peut être prouvée, il y aura licenciement abusif, le motif du licencie-
ment demeurant indéterminé, le renversement de la charge de la preuve
impliquant l'existence juridique de l'abus de droit.
La loi de 1978 introduit ainsi une exception importante au principe
que la jurisprudence antérieure avait dégagé, selon lequel l'inexactitude
du motif allégué ne rend pas la rupture automatiquement abusive.

24) Trav. Bruxelles, 3 mai 1984, ]. T. T. 1984, p. 370.


25) Cass. 4 mars 1985, Ch. D. S., p. 140.
26~. Trav. Tongres, 14 novembre 1980, Limburgse Rechtsleven, 1981, p. 37.
26 is) Cass., 15 juin 1988, ]. T. T., 1989, p. 6.
- 94 -

3. Critères du licenciement abusif


Le licenciement abusif est celui qui n'est justifié ni par la conduite
ou l'aptitude du travailleur, ni par les nécessités du service.
Le licenciement des ouvriers se conçoit donc comme un droit con-
trôlé, par l'effet d'une mutation au cours de laquelle il a en principe
perdu son caractère discrétionnaire.
Il est aujourd'hui incontesté que le droit de licenciement d'un ouvrier
est un droit-fonction. Ce droit ne peut &tre exercé qu'à des fins bien
précises: sanctionner l'inaptitude ou la conduite du travailleur ou encore
assurer les nécessités du fonctionnement de l'entreprise.
Ainsi, il en résulte que l'employeur est autorisé à licencier le travail-
leur pour des manquements contractuels qui ne sont pas constitutifs
de motif grave. L'existence d'une faute démontre à suffisance que le
licenciement n'est pas arbitraire. Mais l'exclusion du licenciement abusif
n'est pas subordonné à une exigence de faute dans le chef du salarié.
Le texte légal ne peut pas non plus &tre appliqué à la lettre en ce sens
que serait recevable tout motif lié à la conduite du travailleur.
Ainsi deux jugements particulièrement éclairants illustrent les applica-
tions qui peuvent &tre faites de cet article.
La cour du travail de Bruxelles 27) a estimé qu'en remplaçant définiti-
vement un ouvrier malade et en le licenciant au moment où il reprend
le travail, l'employeur commet un licenciement abusif car il lui apparte-
nait de faire en sorte qu'à son retour cet ouvrier conserve intégralement
tous les droits que la loi lui reconna~t. Pour la cour du travail, le texte
de l'article 63 tend à assurer au maximum la stabilité de l'emploi et
doit s'analyser dans le souci de la sauvegarde des droits du travailleur.
Il ne suffit plus, comme par le passé, que l'intention de nuire ne soit
pas rapportée, l'employeur doit prouver qu'il n'y avait pas d'autres solu-
tions que le licenciement, sinon il donne l'impression de sanctionner
la maladie. Le juge n'applique donc pas ici l'article 63 à la lettre, car
il y avait bien un motif fondé sur les nécessités économiques de l'entre-
prise mais on se situe dans le prolongement de la théorie générale de
l'abus de droit. Le juge a contrôlé l'opportunité du licenciement et non
seulement la réalité de son motif (voir infra).
Par contre, le tribunal du travail de Liège 28) a estimé qu'il n'y avait
pas licenciement abusif du travailleur qui s'était absenté toute la journée
pour une visite médicale dans la matinée et alors que son employeur
lui avait donné ordre de revenir au travail l'après-midi. Pour le juge,
ce licenciement, m&me s'il s'agit d'un "réflexe fâcheux" de l'employeur,
est justifié par des motifs qui ont un lien avec la conduite de l'ouvrier
et ne procède pas d'une intention de nuire.

27) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, Ch. D. S., 1981, p. 180; dans le m&me sens: Trav.
Bruxelles, 29 mai 1980, R.G., n° 44910/80.
28) Trav. Liège, 24 avril 1981, Ch. D. S., 1981, p. 187; dans le m&me sens: Trav. Bruxel-
les, 15 janvier 1982, R.G., n° 68466/81; C. trav. Bruxelles, 6 avril 1982, R.G., n° 12998.
- 95 -

Il n'est pas interdit de se demander à propos de cette décision, si


cet employeur ne pourrait se voir reprocher d'avoir commis une faute
dans l'usage de son droit de résiliation en infligeant un préjudice excep-
tionnellement important au salarié par rapport au bénéfice retiré par
l'entreprise. Il faudrait recourir dans ces conditions à la théorie générale
de l'abus de droit qui permettrait à l'ouvrier d'obtenir réparation de
son préjudice à charge pour lui d'établir la faute de l'employeur; ceci
constituerait un recul par rapport à la loi de 1969 puisque, sous l'empire
de cette législation, une fois l'abus de droit établi, il n'était pas neces-
saire de prouver le préjudice.
La doctrine parait partagée sur la possibilité de ce recours à la théorie
générale de l'abus de droit. On trouve par contre de la jurisprudence
dans ce sens :
Ainsi il a été jugé que si l'employeur démontre que la dégradation
de la situation financière de l'entreprise l'a contraint à supprimer des
emplois, il est seul juge pour désigner telle victime de son plan de réor-
ganisation, sauf à celle-ci d'établir que d'autres raisons plus personnelles
l'auraient fait désigner plut8t que d'autres 29). Dans ce cas, une fois la
charge de la preuve attribuée à une partie, l'autre doit fournir la contre-
preuve. On peut d'ailleurs se demander si dans ce cas l'ouvrier n'est
pas dans la même situation que l'employé car il doit prouver que
l'employeur poursuivait une intention abusive en le licenciant; même
si la rupture est justifiée au regard de l'art. 63, elle ne l'est pas au
sens des art. 1134 et 1135 du Code civil. On peut même se demander
si le tribunal eftt admis une action fondée simultanément sur les deux
argumentations.
On voit donc que cette notion de "licenciement abusif" telle qu'elle
est définie par l'article 63 peut être considérée comme une catégorie
juridique nouvelle - variété restreinte et distincte de l'abus de droit -
interdisant tout recours à cette théorie générale ou, au contraire, comme
une application de ce principe général, facilitant dans le cas précis qu'il
vise l'action de l'ouvrier sans exclure, le cas échéant, le recours à la
théorie générale 29bis).
On doit citer le remarquable jugement du tribunal du travail de
Charleroi 29ter) selon lequel si depuis la loi de 1978 la recherche de
l'intention de nuire n'est plus nécessaire, on ne peut conclure que l'ar-
ticle 63 est limitatif et que le licenciement ne saurait être déclaré abusif
si l'employeur démontre que les nécessités de l'entreprise l'exigeaient.
Lorsque l'employeur est amené à faire usage de son droit de congédier,
la théorie de l'abus de droit, élevée au rang de principe fondamental,

29) Trav. Liège, 3 mai 1985, Bull. F.A.R., n° 154, p. 28 et la note de J. Jacqmain;
dans le même sens: Trav. Liège, 16 mai 1986, Bull. F.A.R., n° 162-163, p. 24.
29bis) C. trav. Liège, 17 avril 1985, Bull. F.A.R., n° 151-152, p. 28.
29ter) Trav. Charleroi, 17 juin 1985, R.G., n° 53.892, BulL F.A.R., n° 174, et la note
de J. Jacqmain.
- 96 -

lui impose de choisir la voie la moins préjudiciable et de s'abstenir de


toute intention malicieuse.
Ce jugement fut confirmé par la cour du travail de Mons 29quater) et
consacre donc la théorie selon laquelle l'article 63 trouve son fondement
dans la théorie générale de l'abus de droit, et qu'il s'applique aussi lors-
que le licenciement a une motivation multiple. En effet, l'entreprise
connaissait une situation difficile que démontrait l'employeur. Celui-ci
estimait que, contraint de licencier un chauffeur, il était entièrement
libre de le choisir (vue que partagent notamment les juridictions liégeoi-
ses). Se contentant des déclarations de l'ouvrier - au lieu de lui imposer
une production d'éléments de preuve dont il ne dispose pas - le tribunal
du travail de Charleroi constate qu'il y a de fortes présomptions que
la décision de licenciement soit tombée sur lui parce qu'il avait très
récemment porté plainte auprès de l'Inspection des lois sociales afin de
régulariser les salaires. Cette circonstance indique fortement l'intention
de nuire de l'employeur et, ce dernier ne démontrant pas le contraire,
le licenciement apparaît abusif.
Selon la jurisprudence majoritaire et la doctrine, l'employeur demeure
toujours seul juge des mesures de gestion de son entreprise qui ne don-
nent pas lieu à un contrôle d'opportunité30).
N'a pas été jugé abusif, le licenciement d'un employé, motivé par
le fait qu'il a critiqué son chef.
Le tribunal n'a pas le pouvoir de vérifier le bien fondé des critiques
émises 31). Un tel raisonnement constituerait, pour J. Gennen, un véri-
table recul par rapport à la théorie générale de l'abus de droit et viderait
l'article 63 de toute sa substance. On trouve d'ailleurs, outre l'arr&t
de la cour du travail de Bruxelles précité, des décisions particulièrement
audacieuses par rapport à la jurisprudence antérieure timorée où il sem-
ble bien que le juge du fond s'arroge le pouvoir de contr8ler l'opportu-
nité du motif invoqué par l'employeur32). Si l'on en croît J. Jacqmain,
on semble pénétré au tribunal de Liège d'un principe d'immunité de
juridiction dont jouiraient les employeurs quant à la gestion de leur
entreprise 33).

29quater) C. trav. Mons, 3 juin 1988, R.G., n° 7588.


30) Trav. Nivelles, 13 janvier 1984, ]. T. T., 1984, p. 413; C. trav. Liège, 19 décembre
1984, fur. Liège, 1985, p. 316; et encore récemment: Trav. Bruxelles, 27 septembre 1988,
R. W., 1988-1989, col. 892.
31) Trav. Liège, 4 décembre 1979, J.T.T., 1983, p. 353.
32) Trav. Bruxelles, 7 janvier 1980, R.G., n° 36.771/79; Trav. Liège 24 mars 1981, R.G.,
n° 84.484.
33) Trav. Liège, 26 mai 1986, Bull. F.A.R., n° 162-163, p. 26; Trav. Liège, 16 décembre
1985, BulL F.A.R., n° 162-163, p. 59. Comp. C. trav. Liège, 18 février 1987, Bull. F.A.R.,
op. cit., p. 60.
- 97 -

4. Sanctions
4.1. Généralités
L'article 63 détermine de façon très prec1se et en même temps très
classique le mode et le montant de la réparation du préjudice en cas
de licenciement abusif. Le pouvoir de résiliation unilatérale qui demeure
intact, l'absence de réintégration forcée débouchent sur des dommages
et intérêts fixés de façon forfaitaire en fonction du paramètre tradition-
nel fourni par la rémunération contractuelle du salarié.
C'est une norme semi-impérative que comporte l'article 63, destinée
à s'effacer le cas échéant devant une autre indemnisation prévue par
une convention collective sanctionnée par arrêté royal. De telles conven-
tions n'ont pas encore vu le jour.

4.2. Rapport entre dommages et intérêts forfaitaires et autres indemnités.


La loi précise les rapports entre ces dommages et intérêts forfaitaires
et les autres indemnités qui sanctionnent telle irrégularité dans la rup-
ture du contrat de travail; ainsi certains problèmes délicats de cumul
sont-ils réglés expressément, tandis que se trouve confirmée l'autonomie
de ce mécanisme indemnitaire de l'article 63 en regard des normes relati-
ves au préavis.
Ainsi le. cumul entre l'indemnité pour licenciement abusif et l'indem-
nité de protection de la femme enceinte est expressément interdit par
l'art. 63 et confirmé par le tribunal du travail de Bruxelles 34).
Par contre, on ne trouve aucune trace d'une volonté du législateur
d'interdire à une ouvrière le choix entre des demandes portant sur l'une
ou l'autre indemnité. Il est en effet concevable que les circonstances
du licenciement rendent celui-ci illégal au sens de chacune des deux
dispositions. Dans ce cas, l'ouvrière a incontestablement intérêt à postu-
ler l'application de l'article 63 (6 mois d'indemnité) plutôt que de l'arti-
cle 40 de la loi du 16 mars 1971 sur le travail (3 mois d'indemnité
+ 28 jours d'indemnité compensatoire puisque le préavis est nul). Cela
n'est pas l'avis du tribunal du travail de Liège 35). On verra plus loin
qu'il n'en va pas nécessairement de même pour les employées en matière
de cumul entre l'indemnité pour licenciement abusif et l'indemnité spé-
ciale de protection.

4.3. Méthode de calcul de l'indemnité


On trouve une décision intéressante au sujet de la méthode de calcul
de l'indemnité spéciale de l'article 63 36). En effet cet article dispose seu-

34) Trav. Bruxelles, 2 décembre 1982, J T. T., 1983, p. 123.


35) Trav. Liège, 13 décembre 1985, Bull. F.A.R.; n° 162-163, p. 27 et la note de
]. J acqmain.
36) C. trav. Liège, 18 septembre 1986, Bull. F.A.R., n° 165, p. 56 et la note de J. Jacqmain.
- 98 -

lement que cette indemnité correspond à la rémunération de 6 m01s.


Dans le cas d'un ouvrier payé à l'heure, il faut donc établir la durée
de ses prestations pour faire ce calcul.
L'employeur estimait qu'il fallait s'en tenir à la durée du travail pré-
vue dans la convention collective du secteur, soit 39 heures par semaine.
La cour du travail de Liège, confirmant la décision du tribunal du
travail, a estimé qu'il fallait tenir compte des prestations réelles de l'ouvrier
- en l'occurrence 46 heures 112 par semaine pendant les trois mois pré-
cédant son licenciement - et non de la durée théorique du travail fixée
par la commission paritaire.
De plus, les juridictions ne semblent pas avoir tenu compte pour cal-
culer la rémunération servant de base à l'indemnité spéciale, des avanta-
ges éventuels acquis en vertu du contrat. Or, un arrêt de la Cour de
cassation du 28 avril 1986 37) pourrait fonder le raisonnement selon
lequel les avantages acquis devaient entrer dans le calcul de toutes les
indemnités de protection particulière.

4.4. Naissance du droit à cette indemnisation


Quant à la naissance du droit à cette indemnisation, la Cour de cassa-
tion a, dans un arrêt du 1er mars 1982 38) énoncé que ce droit nait
et se détermine dès la notification de la volonté de rupture et ne saurait
être affecté par un événement ultérieur.
Ainsi la Cour de cassation décide qu'une rupture pour faute grave
ne prive pas le travailleur du droit de se prévaloir du caractère abusif
d'un congé antérieur. Sans doute, par identité de motifs, pourrait invo-
quer l'enseignement de cet arrêt pour maintenir le droit à l'indemnité
pour licenciement abusif en cas de décès du travailleur, de dissolution
de commun accord du contrat ou encore lorsqu'un contre-préavis est
donné par le salarié.

4.5. Nature juridique de l'indemnité


L'indemnité pour licenciement abusif est-elle de la rémunération au
sens de la loi du 12 avril 1965 sur la protection de la rémunération
et donc de la loi hypothécaire? L'intérêt pratique de la question est
évident: il peut s'agir du point de départ des intérêts moratoires ou
encore du caractère privilégié de la créance. La question suscite une
controverse.
D'une part, la notion de licenciement abusif est apparue comme une
variante ou un développement de celle de l'abus de droit. Dans cette
optique, l'indemnité devrait être considérée comme une indemnisation
du préjudice matériel et moral, due en vertu d'une faute quasi-délictuelle
de l'employeur. Ce ne serait donc pas une rémunération.

37) Cass., 28 avril 1986, ]. T. T., 1986, p. 346.


38) Cass., 1" mars 1982, Ch. D. S., 1982, p. 170.
- 99 -

D'autre part, le régime du licenciement abusif a été introduit seule-


ment pour les ouvriers. Il s'agissait d'une compensation de la distinction
discriminatoire entre les préavis des ouvriers et ceux des employés. Dans
ce sens, l'indemnité peut &tre considérée comme une indemnité de congé
supplémentaire et dès lors comme une rémunération au sens de l'article
2 de la loi du 12 avril 1965 sur la protection de la rémunération.
Cette interprétation divergente se retrouve dans la doctrine. Selon R.
BOES et R. BLANPAIN, l'indemnité de licenciement abusif est une
rémunération au sens de l'article 1409 du Code judiciaire (saisie et ces-
sion de la rémunération).
F. HUISMAN et M. TROCLET excluent par contre cette indemnité
de la rémunération et estiment que l'article 1409 du Code judiciaire
ne lui est pas applicable.
La jurisprudence récente semble évoluer dans le sens de la première
solution 39), bien que l'on trouve des décisions en sens contraire 40).
Certes, l'indemnité sanctionnant une rupture abusive ne se confond pas
avec l'indemnité de congé; toutefois si la Cour de cassation, au terme
d'une analyse extensive, a intégré cette dernière dans la rémunération
protégée 41), on n'aperçoit pas la raison de ne pas prolonger l'extension
à la première.
Dans l'attente de plus de clarté avec un éventuel arr&t de la Cour
de cassation, il semble que la version selon laquelle l'indemnité pour
licenciement abusif doit &tre considérée comme une rémunération soit
la plus défendable. L'analogie avec l'indemnité de congé est en effet
très grande.
De plus, lors de la rédaction de la loi du 12 avril 1965, le législateur
a voulu donné une interprétation très large à la notion de rémunération.
Dans les travaux préparatoires, on peut lire à ce sujet: les termes "en
raison de son engagement" indiquent clairement que par rémunération
que la présente loi veut protéger, il y a lieu d'entendre non seulement
la rémunération proprement dite accordée comme prestation directe du
travail réalisé, mais aussi tous les avantages alloués lors de l'exécution,
la rupture ou la suspension d'un contrat de travail tels que les indemni-
tés de préavis et de licenciement 42).
L'indemnité pour licenciement abusif n'est certes pas mentionnée nom-
mément mais c'eût été difficile puisqu'elle n'a été introduite que par
la loi du 21 novembre 1969.
Il faut en conclure que les limites de l'article 1409 du Code judiciaire
sont également applicables à l'indemnité pour licenciement abusif. La
comparaison avec l'indemnité de congé peut-elle &tre poussée encore

39) Trav. Gand, 30 septembre 1985, R. W., 1985-1986, col. 1943; C. trav. Gand, 8 octo-
bre 1982, R.G., n° 577/80.
40) Trav. Ypres, 5 février 1982, Ch. D. S., 1982, p. 344; C. trav. Liège, 29 octobre
1973, R.D.S., 1974, p. 351.
41) Cass., 3 mai 1982, R. W., 1983-84, col. 183.
42) Doc. Par!., Chambre, 1962-63, n° 471, 1, 4.
- 100 -

plus loin, de sorte que la quotité saisissable et cessible doive &tre calculée
non pas sur le montant total mais sur la somme payée par mois civil?
Cela semble douteux. L'indemnité de congé remplace la rémunération
dans le sens étroit du terme c.-à-d. le salaire auquel le travailleur aurait
eu droit pendant une certaine période si le préavis avait été respecté.
On peut également tirer argument du fait qu'en matière de chômage,
sont considérés comme rémunération l'indemnité de préavis ou les dom-
mages et intér&ts pour rupture du contrat de travail auxquels le travail-
leur a droit, à l'exception de l'indemnité couvrant un dommage
moral 43). Or l'indemnité pour licenciement abusif des ouvriers a été
considérée par la jurisprudence comme une indemnité pour dommage
moral. Le tribunal du travail de Charleroi a décidé que cette indemnité
en tant qu'indemnité pour dommage moral est cumulable avec l'alloca-
tion de ch8mage 44). Il n'y a donc pas lieu de mensualiser cette indem-
nité pour obtenir la quotité saisissable et cessible.
Exemple:
rémunération = 40.000 F
indemnité = 6 x 40.000 F = 240.000 F
quotité saisissable et cessible: 240.000 - 26.400 = 213.600 F.
Puisqu'elles doivent &tre payées en m&me temps, l'indemnité de congé
et l'indemnité pour licenciement abusif doivent &tre totalisées pour cal-
culer cette quotité.
Vu les petites limites salariales de l'article 1409 du Code judiciaire,
cela signifie dans la plupart des cas que l'indemnité pour licenciement
abusif est intégralement saisissable et cessible.
A noter que les indemnités de licenciement irrégulier des travailleurs
protégés doivent &tre considérées comme de la rémunération. Ce point
de vue est confirmé par la jurisprudence et l'article 1409 C.J. est applica-
ble à ces indemnités. Par analogie avec l'arr&t de la Cour de cassation
du 3 mai 1982 à propos de l'indemnité de congé, on peut supposer
que la quotité saisissable et cessible doit &tre calculée sur le montant
dû par mois et non sur le montant total. Toutes ces indemnités de
protection sont en effet prévues pour assurer pendant une certaine période
un revenu aux travailleurs lorsqu'ils perdent leur emploi en raison de
la situation particulière dans laquelle ils se trouvent.
Enfin on peut rappeler que l'indemnité de l'article 63 ne donne pas
lieu à la perception de cotisations sociales 44bis).

43) Art. 126 de l'arr&té royal du 20 décembre 1963 relatif à l'emploi et au chômage.
44) Trav. Charleroi, 22 juin 1973, cité par P. DENIS, Droit de la sécurité sociale, Se
ed., ~ruxelles, Larcier, p. 392, n° 479, note 7.
44bis) Article 19 § 2, 2° de l'arr&té royal du 28 novembre 1969 sur la sécurité sociale
des travailleurs.
101 -

4.6. Prescription de l'action


L'action prescrit un an après la cessation du contrat (article 15 de
la loi du 3 juillet 1978 sur les contrats de travail) 45).

5. Cas d'espèce
5.1. Justification du licenciement par des motifs économiques
5.1.1. Réorganisation de l'entreprise ou sa fermeture
La cour du travail de Gand rappelle qu'un licenciement nécessité par
la réorganisation de l'entreprise n'est pas en soi abusif 46). Le choix des
personnes à licencier ressortirait au pouvoir de gestion de l'employeur
et échapperait, comme tel, à toute critique 47).
La cour du travail d'Anvers a décidé qu'il n'y avait pas licenciement
abusif en cas de fermeture de l'entreprise 48). Par .contre un licencie-
ment suivi d'engagement de travailleurs de même qualification a pu être
considéré comme abusif 49).
5.1. 2. Conflits internes
Lorsqu'un désaccord, une divergence de vues ou une mésentente est
constatée entre deux membres du personnel, le licenciement de l'un d'eux
apparaît pour la jurisprudence justifié par les nécessités économiques
de l'entreprise, sans que les juridictions aient le pouvoir de déterminer
si l'employeur ei1t été mieux inspiré de licencier tel ou tel comparse 50).
Le même raisonnement est suivi par le tribunal du travail de Bruxelles
qui refuse de considérer comme abusif le licenciement d'un des deux
concierges de l'entreprise alors que la mésentente avec son collègue ren-
dait aléatoire les possibilités de cohabitation 51).
5.1.3. Nouvelles technologies
Les juridictions liégeoises ont rendu deux décisions contradictoires alors
qu'elles étaient saisies d'une demande d'indemnité pour rupture abusive
du contrat, qui était justifiée par l'employeur dans l'utilisation d'une
nouvelle technique de l'entreprise. Pour la cour du travail, "n'est pas
abusif le licenciement d'un ouvrier linotypiste justifié par les nécessités

45) C. trav. Liège, 18 octobre 1982, fur. Liège, 1963, p. 108; C. trav. Bruxelles, 14
mai 1984, JT.T., 1985, p. 135; voir aussi: C. trav. Mons, 15 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 226.
46) C. trav. Gand, 9 décembre 1981, Ch. D. S., 1982, p. 20; voir aussi Trav. Anvers,
7 mai 1987, R.G., n° 155.561 et Trav. Anvers, 7 mai 1987, R.G., n° 134.720.
47) C. trav. Liège, 11 mars 1983, fur. Liège, p. 231; C. trav. Anvers, 3 mars 1983,
R.D.S., 1983, p. 508.
48) C. trav. Anvers, 15 octobre 1980, J T.T., 1981, p. 172.
49) C. trav. Liège, 18 février 1987, Bull. F.A.R., n° 165, p. 60; remplacement par un
stagiaire ONEm: C. trav. Liège, 27 novembre 1985, JT.T., 1985, p. 382.
50) Trav. Liège, 4 décembre 1979, J T. T., 1980, p. 353.
51) Trav. Bruxelles, 28 janvier 1982, R.G., n° 64295/80; dans le même sens: C. trav.
Bruxelles, 17 octobre 1983, R.G., n° 13675.
- 102 -

de fonctionnement de l'entreprise, celle-ci ayant procédé au remplace-


ment de la technique de la composition au plomb par celle de la photo-
composition ... ". Par ailleurs, la loi du 3 juillet 1978 n'oblige pas
l'employeur à supporter les frais de réadaptation professionnelle de son
personnel et celui-ci n'a pas non plus le droit de l'exiger de
l'employeur 52).
Pour le tribunal du même ressort, par contre, l'employeur a, dans
un cas semblable, à se soucier de savoir si le travailleur n'est pas à
même d'acquérir la qualification technique dont question. Ce jugement
met l'accent sur l'article 20, 1° de la loi du 3 juillet 1978 qui fait obliga-
tion à l'employeur de mettre à la disposition du travailleur "... l'aide
... nécessaire à l'accomplissement du travail" et qui fait référence à la
notion de bon père de famille 53).
Il faut noter que le Conseil national du travail a adopté la CCT n °
39 du 6 décembre 1983 relative aux conséquences de l'adoption des tech-
nologies nouvelles. Aux termes de cette convention, l'employeur qui
ne respecte pas la procédure d'information ou de concertation prévue
ne peut accomplir un acte tendant à mettre fin unilatéralement au con-
trat de travail, sauf pour des motifs étrangers à l'introduction de la
nouvelle technologie concernée. Mais cette convention n'a vu le jour
qu'après l'introduction de la photocomposition dans les imprimeries qui
a provoqué un massacre de l'emploi dans ce secteur.

5.1.4. Transfert et cession de l'entreprise


La CCT conclue au sein du Conseil national du travail n° 32bis du
7 juin 1985 a prolongé le principe du maintien des contrats par une
interdiction de licencier pour le seul motif du transfert, principe in-
stauré par la CCT n° 32 du 28 février 1978. Toutefois cette interdiction
est levée chaque fois que l'employeur établit des raisons économiques,
techniques ou d'organisation autres que le transfert. Dans la mesure où
l'employeur demeure en dernière analyse seul juge de l'opportunité du
congé et où aucune procédure n'a été instituée qui permette à une auto-
rité d'en vérifier efficacement la régularité, le risque est grand qu'une
telle exception ne ruine le principe sur lequel elle se greffe.
Les craintes redoublent lorsque l'on observe que la convention collec-
tive n'a pas prévu de sanction à la violation de l'interdiction. Aussi,
dans une hypothèse où manifestement le licenciement se fondait exclusi-
vement sur le transfert, la cour du travail de Liège a-t-elle recouru à
l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978 54).
Un tel raisonnement appelle toutefois des réserves car il n'existe pas
d'équation parfaite entre les types de licenciement sanctionnés par l'arti-

52) C. trav. Liège, 30 juin 1981, R.G., n° 7635/80; voir aussi C. trav. Liège, 12 décem-
bre 1986, Bull. F.A.R., n° 165, p. 58.
53) Trav. Liège, 24 mars 1981, R.G., n° 24484.
54) C. trav. Liège, 28 mars 1984, ]. T. T., 1984, p. 364.
- 103 -

de 63 et ceux que prohibe la CCT n° 32bis: alors qu'il ne figure pas


parmi les exceptions à l'interdiction formulées par la convention collec-
tive n° 32bis, le licenciement fondé sur le comportement où l'inaptitude
du salarié n'est pas illicite au regard de l'article 63. Le fondement de
la demande du travailleur n'était pas l'article 63 mais le non-respect
d'une disposition contractuelle. Selon la doctrine, il n'y aurait lieu qu'au
paiement de dommages et intér&ts pour abus de droit 55).
Il semble que les deux possibilités peuvent coexister. Premièrement
on peut difficilement nier la tendance à considérer les transgressions
de l'interdiction de licencier sans sanction expresse comme un licencie-
ment abusif 56). Il s'agit là d'une limite inhérente à l'intér&t de l'entre-
prise. Deuxièmement, rien n'emp&che l'application de l'abus de droit
s'il est satisfait aux critères très restrictifs de cette notion, toutes les
circonstances de la cause prises en considération. Troisièmement, il ne
faut pas oublier que l'irrespect d'une convention collective de travail
bien que sanctionné pénalement, peut encore donner lieu à des domma-
ges et intér&ts. Dans les deux derniers cas, le juge reste bien évidemment
souverain dans l'appréciation du dommage que le travailleur doit prouver.
5.1.5. Les intérêts économiques de l'employeur
L'employeur d'une société à la frontière belgo-luxembourgeoise pro-
pose à ses ouvriers bénéficiant d'un contrat de droit belge de passer
sous statut luxembourgeois, avec quelques compensations. Certains
ouvriers refusent et ils sont licenciés. Le tribunal du travail d'Arlon
considère que l'employeur avait un intér&t économique objectif à ras-
sembler tout son personnel sous un statut unique (il avait des ouvriers
sous statut luxembourgeois) et que, dès lors, il n'a pas abusé de son
droit de licenciement 57).
Une entreprise, confrontée à des difficultés économiques, propose à
ses travailleurs une diminution de rémunération afférente au temps de
déplacement, les paiements effectués par l'employeur demeurant large-
ment supérieurs aux obligations imposées par les CCT sectorielles. Un
seul ouvrier refuse d'accepter les nouvelles conditions de travail. Compte
tenu de ces circonstances, le licenciement de cet ouvrier n'a pas été
considéré comme abusif 58).

5.2. Licenciement fondé sur l'aptitude ou la conduite de l'ouvrier


5.2.1. Une simple déception ...
La cour du travail de Bruxelles rappelle que la notion de licenciement
abusif de l'art. 63 ne se situe pas au niveau d'une véritable incapacité

55) TAQUET et WANTIEZ, note sous C. trav. Liège, 28 mars 1984, ].T.T., 1984, p. 366.
56) C. trav. Liège, 27 février 1985, ]. T. T., 1985, p. 382.
57) Trav. Arlon, 13 mars 1984, R.G., n°' 494 et 7495; dans le m~me sens: C. trav.
Liège, 23 septembre 1987, Bull. F.A.R., n° 171, p. 54.
58) C. trav. Anvers, 28 novembre 1984, ].T.T., 1985, p. 171.
- 104 -

professionnelle, d'une inconduite notoire ou d'une inaptitude manifeste;


elle peut se situer au niveau de la déception, de la constatation d'une
médiocrité habituelle ou occasionnelle ou d'un manque de conscience
professionnelle 59).
5.2.2. L'incapacité de travail de l'ouvrier
La Cour de cassation a estimé que si la résiliation sans préavis avant
que la durée de l'incapacité de travail dépasse six mois est irrégulière,
cette résiliation n'est pas pour cette seule raison abusive 60).
Les juridictions du fond ont généralement suivi l'enseignement de la
Cour de cassation. Ainsi, ne serait pas abusif le licenciement d'un ouvrier
dont les absences répétées perturbent le travail en équipe et contraignent
l'employeur à recourir au service d'intérimaires 61).
Le tribunal du travail de Nivelles estime que ne serait pas abusif le
licenciement d'ouvriers, même s'il était effectué à titre d'exemple, justi-
fié par des absences répétées pour incapacité de travail alors que le pro-
blème de l'absentéisme dans l'entreprise avait fait l'objet de nombreuses
discussions en conseil et qu'il est indiscutable que ces absences pertur-
baient le travail au sein de la société 62).
Pour le tribunal du travail de Bruxelles, il n'est pas raisonnable d'esti-
mer que, lorsqu'un conducteur d'autobus victime d'un accident le ren-
dant inapte à l'exercice de cette mission, a été reclassé dans diverses
fonctions temporaires pendant près de deux ans, son licenciement après
ce délai en deviendrait abusif, aux motifs qu'il cesserait d'être lié à l'apti-
tude. Ce n'est pas au regard de la fonction temporairement exercée que
l'aptitude doit s'apprécier, mais au regard de l'emploi pour lequel ce
travailleur avait été engagé 63).
Par contre, la Cour du travail du même ressort estime que ne consti-
tue pas un motif justifiant le licenciement de l'ouvrier, le fait que l'inté-
ressé ait été définitivement remplacé durant sa période de maladie: ainsi,
à la reprise du travail, la société devait savoir qu'elle allait avoir soit
l'obligation de conserver les deux travailleurs, soit d'en licencier un des
deux ... La société ne peut invoquer comme nécessité de fonctionnement
un événement qu'elle a créé elle-même et qui a pour conséquence de
porter atteinte aux droits du travailleur 64).
En résumé, on peut dire que le licenciement ne peut être une sanction
de l'incapacité de travail, mais doit être motivé par des circonstances
économiques 65).

59) C. trav. Bruxelles, 27 juin 1983, J.T.T., 1984, p. 411.


60) Cass. 19 octobre 1981, J.T.T., 1483, p. 22.
61) C. trav. Liège, 19 décembre 1984, ]. T. T., 1985, p. 225.
62) Trav. Nivelles, 13 janvier 1984, J. T. T., 1984, p. 413.
63) Trav. Bruxelles, ·24 janvier 1983, R.G., n° 83952/81.
64) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, Ch. D. S., 1981, p. 180.
65) Trav. Bruxelles, 29 mai 1980, Chron. dr. soc., 1981, p. 192; voir aussi C. trav. Bruxel-
les, 21 avril 1986, J.T.T., 1987, p. 65 et Trav. Liège, 17 décembre 1984, Bull. F.A.R.,
n° 149, p. 14 et C. trav. Liège, 4 décembre 1987, Bull. F.A.R., n° 172, p. 65.
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La jurisprudence tient compte de l'importance de l'entreprise, des con-


séquences de l'absence et du dérangement que la maladie du travailleur
peut causer s'il n'est pas remplacé 66).
On peut également citer un arr&t de la cour du travail de Liège 67)
dans lequel le juge se livre à des considérations moralisatrices. Alors
que l'ouvrier s'était soumis volontairement à une opération de chirurgie
esthétique, ce dont on ne peut lui faire grief, celui-ci n'avait pas prévenu
l'employeur qu'il allait &tre volontairement absent pendant quatre semai-
nes ... "il n'a pas bien agi en n'avertissant pas son employeur, qui avait
besoin de lui ... ".
L'appréciation de la conduite de l'ouvrier (ou l'appréciation de la
manière dont le patron a apprécié cette conduite) est laissée, en cas
de litige, au sens moral des juges, tout au moins lorsqu'il y avait réelle-
ment quelque chose à reprocher au travailleur.
Par contre, dans le m&me arr&t, le licenciement de l'épouse de ce
. travailleur fut considéré comme abusif aux motifs que l'employeur ne
t reprochait rien à l'ouvrière, sinon de lui avoir célé que son époux allait
subir une opération de chirurgie esthétique. Le simple fait d'&tre l'épouse
d'un ouvrier licencié ne pouvait perturber le fonctionnement de l'éta-
blissement.

5.2.3. La grève
Le tribunal du travail de Bruxelles rappelle que la participation à la
grève ne constitue pas, en soi, un acte illicite, m&me s'il existe des con-
ventions collectives qui limitent le recours à ce type de mouvement.
Il en conclut que le licenciement justifié par la seule participation à
un mouvement de grève sauvage est abusif 68).
Dès lors que, dans le cas d'espèce, le licenciement avait été opéré
moyennant paiement d'une indemnité et non pour faute grave, on peut
se demander si ce type de motivation est satisfaisant. En effet, la ques-
tion ne serait pas de déterminer si le travailleur a eu un comportement
licite ou non, mais si son comportement était de nature à perturber
le bon fonctionnement de l'entreprise.
Le juge se trouve plus souvent que l'on ne le pense, forcé de se pro-
noncer indirectement sur la grève à 1' occasion de sa décision en matière
de licenciement 69). En général, la jurisprudence estime que le licencie-
ment faisant suite à l'organisation d'une grève est abusif7ü).

66) Trav. Bruxelles, 24 avril 1981, Ch. D. S., 1981, p. 183.


67) C. trav. Liège, 28 octobre 1986, Bull. F.A.R., n° 165, p. 62 et la note de J. Jacqmain.
68) Trav. Bruxelles, 10 janvier 1985, R.G., n° 15017/83; dans le même sens: Trav. Den-
dermonde, 16 décembre 1983, Ch. D. S., 1984, p. 48.
69) Trav. Charleroi, 28 avril 1980, J.T.T., 1980, p. 233.
70) Trav. Liège, 11 février 1986, Bull. F.A.R., n° 158-159, p. 42.
- 106

5.2.4. Les absences du travailleur


- N'est pas justifié par des motifs d'absence au travail, le licencie-
ment de l'ouvrier qui, pendant les 10 mois précédant un avertissement
solennel, s'était absenté pendant 38 jours de travail, mais qui, par contre
dans les 9 mois qui suivirent la notification de cet avertissement, n'a
été absent que pendant 3 jours et qui sollicitait, par ailleurs, un change-
ment de poste pour raisons médicales 71).
- L'employeur ne pouvait considérer que l'ouvrier avait abandonné
volontairement son emploi pour cause d'absence non motivée, puisque
les pièces du dossier revélaient qu'un certificat médical justifiant cette
absence avait été adressé à l'entreprise dans les délais voulus et que le
médecin-délégué de l'entreprise avait confirmé la prolongation de l'inca-
pacité de travail. n y a donc licenciement abusif puisque non justifié
par l'attitude ou la conduite de l'ouvrier, ni les nécessités de l'entreprise.
On peut s'étonner de la rupture des relations contractuelles effectuée
par l'employeur qui, mis au courant de son erreur, se limite à payer
une indemnité compensatoire de préavis au lieu de réintégrer l'ouvrier
dont l'attitude était irréprochable 72).
- "La partie défenderesse n'a pas abusé de son droit en licenciant
avec préavis un travailleur sur lequel elle ne pouvait pas compter en
raison d'absences injustifiées" 73).
- L'ouvrier qui persiste dans son intention de s'absenter durant toute
une journée, malgré l'ordre formel de reprendre le travail l'après-midi
du jour où il s'est soumis à une visite médicale, n'a pas une attitude
qui justifie un licenciement abusif, puisque la rupture du contrat de
travail est justifiée par un motif qui a un lien avec sa conduite (voir
supra)74).
- n n'y a pas de licenciement abusif lorsque le travailleur s'est absenté
sans justification un samedi alors que son régime de travail comprenait
le samedi mais pas le lundi. Toutefois dans la pratique, il arrivait sou-
vent que le travailleur devait rester chez lui le samedi pour travailler
le lundi et c'était la règle au moment du licenciement 75).

5.2.5. Divers
- Absence de preuve de l'inconduite de l'ouvrier
Est abusif le licenciement d'un ouvrier, accompagné de celui de deux
autres ouvriers, qui a été décidé par l'employeur en raison de l'impossi-
bilité d'identifier l'auteur d'un acte de vandalisme. Le droit de licencier

71) Trav. Bruxelles, 24 avril 1981, Ch. D. S., 1981, p. 183.


72) Trav. Nivelles, 28 avril 1982, Ch. D. S., 1982, p. 412.
73) Trav. Liège, 12 octobre 1981, fur. Liège 1982, p. 100; voir aussi: C. trav. Liège,
4 décembre 1985, R.G., n° 2063/83.
74) Trav. Liège, 24 avril 1981, Ch. D. S., 1981, p. 187.
75) Trav. Anvers, 19 juin 1987, R.G., n° 147.684.
- 107 -

ne peut, par ailleurs, être utilisé pour sanctionner un travailleur auquel


il est reproché de ne pas avoir dénoncé l'auteur d'un acte de
vandalisme 76).
- Echange de coups
A été jugée abusive, la rupture d'un contrat de travail intervenue entre
parties à la suite d'un échange de coups où le travailleur avait été, d'après
les éléments du dossier répressif, la victime 77).

5.3. Circonstances entourant la rupture


5.3.1. Caractère brutal du licenciement
- Notification de la rupture par voie d'huissier
Du fait que l'employeur a recours à cette forme de notification, la
jurisprudence a tendance à déduire le caractère "brutal et inhabituel"
du licenciement 78).
- Licenciement dans les semaines qui suivent l'engagement
Il n'est pas rare que les décisions judiciaires qualifient d'abusif le licen-
ciement décidé par un employeur peu de temps après l'engagement du
travailleur, alors que les circonstances de la cause pouvaient laisser croire
à une certaine stabilité d'emploi 79).
Par contre, il a été jugé que le fait que le travailleur n'ait pu bénéficier
des allocations de ch8mage après son licenciement en raison de son âge
et de son peu de prestations ne peut influer sur le droit de licencier
de l'employeur ni conférer à l'exercice de ce droit un caractère
abusif 80).
5.3.2. Mise en cause de l'honorabilité du travailleur
Les juridictions ont estimé que prouvait l'abus du droit de rupture,
le fait que l'employeur laisse planer un doute sur l'honorabilité du tra-
vailleur et que le licenciement nuit inutilement à la réputation du tra-
vailleur. On peut toutefois remarquer qu'il y a moins d'application
d' "atteinte à l'honneur" dans la jurisprudence que pour les employés.
La différence entre les deux notions sur le plan du travail intellectuel
y est probablement pour quelque chose.
Ainsi, il est question de temps en temps d'indemnité pour licencie-
ment abusif en cas de licenciement pour "raisons urgentes" 81). L'inexac-
titude des raisons urgentes ne rend pas nécessairement le licenciement

76) C. trav. Liège, 17 avril 1985, fur. Liège, 1985, p. 400.


77) C. trav. Liège, 24 juin 1980, Rev. rég. dr., 1981, p. 80.
78) C. trav. Bruxelles, 20 décembre 1978, R.G., n° 8381, confirmant Trav. Bruxelles,
21 décembre 1977, R.G., n° 83100/77.
79) C. trav. Bruxelles, 11 janvier 1983, R.G., n° 13283.
80) C. trav. Mons, 18 septembre 1981, R.G., n° 3021.
81) Trav. Nivelles, 28 avril 1982, Ch. D. S., 1982, p. 412; voir aussi: C. trav. Liège,
5 décembre 1978, fur. Liège, 1978-79, p. 213.
- 108 -

abusif. Ainsi si l' enqu&te judiciaire révèle que le travailleur n'est pas
en cause, il n'y a pas nécessairement licenciement abusif. Il suffit qu'il
y ait eu des soupçons motivés 82). Il a également été jugé que le congé
est donné avec une légèreté coupable lorsque les faits reprochés sont
de nature à laisser planer un doute sur l'honn&teté et la moralité du
travailleur, et que l'employeur ne prend pas la moindre information
quant à la réalité des faits 83). En sens contraire, il a été également jugé
que le seul fait que l'employeur, faisant foi d'une manière un peu légère
aux témoignages qui lui étaient présentés, ait mal apprécié le caractère
de gravité du comportement d'un travailleur ne constitue pas en lui-
m&me un abus de droit 84).

5.3.3. Licenciement décidé en représailles d'une revendication légitime


Un licenciement abusif se déduit souvent du fait qu'il a été donné
en guise de représailles. Il en va ainsi par exemple des licenciements
intervenus après une visite de l'inspection des lois sociales 85), après une
revendication de la prime de fin d'année ou des frais de transport 86),
après un refus du travailleur d'aller travailler à l'étranger 87). Il doit bien
sûr exister un lien causal entre la revendication et le licenciement.
Afin de voir si le travailleur peut bénéficier d'une certaine protection,
il convient de s'interroger non pas sur le point de savoir si la revendica-
tion est fondée mais bien sur la manière dont elle est posée. Ainsi la
cour du travail de Liège a jugé que l'employeur peut se tromper de
bonne foi sur une question de salaires, mais que le travailleur peut &tre
en faute en prenant des jours de congés sans autorisation pour marquer
désapprobation. Le motif de licenciement "manque de discipline, de soli-
darité vis-à-vis des collègues" était fondé, le licenciement n'est pas
abusif 88).
D'autre part, la revendication salariale non fondée d'un travailleur mérite
protection pour autant qu'elle ne soit pas fantaisiste et qu'elle soit pré-
sentée avec tact 89). En effet la réponse adéquate d'un employeur à une
revendication correctement émise ne réside pas dans un licenciement
mais dans un refus ou dans le fait de porter le différend devant les
tribunaux.
En matière de licenciement, les juridictions bruxelloises ont souvent
répété le sain principe qu'un travailleur a le droit d'&tre entendu avant
que l'employeur décide de s'en débarrasser.

82) Trav. Bruxelles, 9 septembre 1986, Rechtspr. Arb. Br., 1986, p. 382.
83) C. trav. Liège, 6 janvier et 19 mai 1981, fur. C. trav. Liège, 1981, p. 59; voir aussi:
C. trav. Liège, 17 février 1988, Bull. F.kR., n° 171, p. 51.
84) C. trav. Liège, 5 avril 1984, R.D.S., 1985, p. 63.
85) Trav. Bruxelles, 1" avril 1981, ]. T.T., 1983, p. 25.
86) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, ]. T. T., 1983, p. 24.
87) C. trav. Anvers, 18 décembre 1980, R. W, 1980-81, col. 2405.
88) C. trav. Liège, 26 février 1986, fur. Liège, 1986,. p. 398.
89) C. trav. Bruxelles, .25 octobre 1982, J.T.T., 1984, p. 412.
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Un arr&t de la cour du travail 90) rappelle que l'article 63 de la loi


du 3 juillet 1978 a pour but de lutter contre les licenciements intempes-
tifs, capricieux, effectués par malice bien que le travailleur se soit tou-
jours acquitté correctement de sa tâche. Alors que dans le passé, l'ouvrière
avait fréquemment accompli des prestations supplémentaires, elle fut ame-
née à en refuser une, annoncée l'avant-veille, qui aurait sérieusement
perturbé sa vie familiale. Elle demanda à ce sujet un entretien avec son
chef de service, qu'elle n'obtint pas. C'est le droit d'un travailleur, dans
certaines circonstances, de se poser des questions et de vouloir en débat-
tre. En congédiant l'ouvrière dès qu'elle eût émis sa protestation,
l'employeur a abusé de son droit de licenciement.
On ne peut donc tenir de principe clair; un licenciement décidé en
représailles d'une revendication légitime et correctement posée n'est pas
toujours considéré comme abusif.
Ainsi, un jugement du tribunal du travail d'Anvers 91) va m&me en
sens inverse de la tendance générale sur la question. Un travailleur-
déménageur craint que son employeur ne soit insuffisamment assuré en
fonction des tâches qu'il doit exécuter; il en parle à son employeur
et se voit licencier. L'employeur présente des déclarations des collègues
du demandeur, qui non seulement confirment que le demandeur se fai-
sait des soucis, mais montrent aussi qu'il aurait incité ses collègues à
faire de m&me en ce qui concerne le problème de l'assurance; le tribunal
constate ensuite que le travailleur "par ses plaintes au sujet de préten-
dues irrégularités a discrédité son employeur auprès d'un client ... ". Le
caractère abusif du licenciement n'est donc pas retenu. "... considérant
qu'il s'ensuit que les juridictions du travail ne disposent que d'un con-
tr8le marginal de sorte qu'il faut examiner si le motif du licenciement
est effectivement le motif invoqué par l'employeur et si ce motif a un
rapport avec l'aptitude du travailleur et/ou les nécessités de l'entreprise".
Il a été jugé en l'espèce que le travailleur a perturbé le climat de travail
et a donc à raison été licencié à cause de sa conduite.
On voit encore ici une illustration de la réticence de certains juges
à juger de l'opportunité du licenciement: la politique de décision souve-
raine de l'employeur doit rester intacte de manière à maintenir une
large marge d'appréciation en cas de licenciement.

5.4. Violation des dispositions d'une convention collective


On a dit plus haut (voir 5.1.4.) comment certains tribunaux avaient
remédié à l'absence de sanction de la CCT 32bis en y applicant l'article
63 de la loi du 3 juillet 1978.

90) C. trav. Bruxelles, 7 mars 1988, Bull. F.A.R., n° 171, p. 49 et la note de J. Jacqmain.
91) Trav. Anvers, 11 juin 1987, R.G., n° 156.349.
- 110 -

Par un raisonnement du même ordre, il a été décidé que revêtait un


caractère abusif, le licenciement d'un travailleur effectué en contradic-
tion avec une convention collective qui, en cas de manque de travail
pour motif économique, prévoyait qu'avant de procéder au licenciement,
l'employeur devait répartir le travail et organiser un ch8mage à tour
de r8le 92).
A été également jugé abusif le licenciement décidé sans que soit respec-
tée la procédure préalable prévue par une convention collective relative
à la garantie de l'emploi 93).
Certaines décisions ont même été jusqu'à appliquer le forfait de l'arti-
cle 63 à des licenciements intervenus sans qu'ait été respectée la conven-
tion individuelle qui avait limité l'exercice du pouvoir de rupture de
l'employeur 94).

5.5. Raisons valables de licencier


- La cour du travail de Bruxelles a considéré que n'était pas abusif
le licenciement d'un bagagiste d'un h8tel qui n'avertit pas son employeur
du fait que son collègue, réceptionnaire de nuit, avait fermé la porte
afin de ne pas être dérangé. L'employeur, note la Cour, a pu être déçu
par le comportement du travailleur qui ne fait rien pour protéger ses
intérêts les plus élémentaires et qui n'a pris aucune initiative pour faire
cesser le préjudice qu'il subissait 95).
- Révèle son incapacité à exercer la fonction d'agent de surveillance,
l'ouvrier d'une entreprise de gardiennage trouvé endormi sur les lieux
du travail 96).
- Est justifié le licenciement d'un travailleur dont le rendement comme
mécanicien garagiste s'avère nettement inférieur à celui de ses
collègues 97). La jurisprudence a établi le principe que l'employeur a un
grand pouvoir d'appréciation quant au choix des travailleurs qui doivent
être licenciés 98).
- La répétition de fautes professionnelles relevées dans un laps de
temps relativement bref peut justifier, aux termes de l'article 63 de la
loi du 3 juillet 1978, le licenciement dans les formes légales, sans que
celui-ci revête un caractère abusif 99).

92) Trav. Dendermonde, 16 décembre 1983, Ch. D. S., 1984, p. 48.


93) Trav. Charleroi, 15 juin 1982, J T. T., 1983, p. 26.
94) Voir MERGITS, B., "Conventionele beperkingen van het ontslagrecht" in Actuele
problemen van het arbeidsrecht, RIGAUX, M. (ed), Kluwer, 1984, n° 606.
95) C. trav. Bruxelles, 27 juin 1983, JT.T., 1984, p. 411.
96) C. trav. Bruxelles, 12 mars 1984, R.G., n° 15107.
97) Trav. Bruxelles, 14 mai 1985, R.G., n° 98812/82.
98) C. trav. Anvers, 3 mars 1983, R.D.S., 1983, p. 508; C. trav. Liège, 11 mars 1983,
fur. Liège, 1983, p. 231.
99) Trav. Bruxelles, 10 janvier 1985, R.G., n° 15013/83.
- 111 -

- Si elle ne peut &tre invoquée au titre de faute grave, l'attitude du


travailleur qui refuse d'accomplir une mission extérieure à l'entreprise
pour le motif que cela pourrait l'amener à dépasser son temps de travail
normal, est de nature à justifier le licenciement au regard de l'article
63 de la loi du 3 juillet 1978 100).
- les plaintes de clients font qu'un licenciement ne peut &tre consi-
déré comme abusif 109.
Le licenciement est justifié dans ces circonstances:
- nécessité de favoriser l'efficacité du fonctionnement de
l'entreprise 102);
- fréquence habituelle d'engagements constants et de licenciements
dans le secteur 103);
- médiocrité habituelle ou occasionnelle 104);
- manque de sens de la profession 105);
- réorganisation ayant suscité l'engagement d'autres travailleurs avec
d'autres qualifications 106).
Le comportement fautif du travailleur est pris en compte mais doit
&tre apprécié au moment du licenciement 107). Les fautes commises après
le licenciement n'ont pas d'influence sur le licenciement abusif 108).

III. LE REGIME DES EMPLOYES DEPUIS LA LOI


DU 3 JUILLET 1978

1. Fondement théorique de l'abus du droit de rupture


Puisque l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978 n'a pas d'équivalent
pour les employés, ceux-ci doivent toujours recourir à la théorie géné-
rale de l'abus de droit en cas de licenciement prétendument abusif. Le
tribunal du travail de Verviers rappelle, si besoin en était, que l'article
63 ne saurait &tre appliqué par analogie au contrat de travail
d'employé 109).
n subsiste quelque incertitude à propos du fondement théorique de
l'abus du droit de rupture: est-ce la responsabilité aquilienne (applica-
tion de l'article 1382 du Code civil) ou la responsabilité contractuelle
(article 1134, al. 3 du Code civil)?

100) C. trav. Bruxelles, 17 mai 1983, R.G., n° 91146/82.


101) Trav. Bruxelles, 23 janvier 1984, R.G., n° 5647/82.
102) C. trav. Bruxelles, 21 avril 1986, ].T.T., 1986, p. 65.
103) Trav. Bruxelles, 1er septembre 1986, Rechtspr. Arb. Br., 1986, p. 370.
104) C. trav. Bruxelles, 9 novembre 1981, ].T.T., 1983, p. 23.
105) C. trav. Bruxelles, 27 juin 1983, ].T.T., 1984, p. 411.
106) C. trav. Liège, 30 juin 1981, fur. C. trav. Liège, 1980-81, p. 54.
107) Cass., 8 décembre 1986, R.D.S., 1987, p. 273.
108) Cass., 1er mars 1982, J.T.T., 1983, p. 22.
109) Trav. Verviers, 6 juin 1984, fur. Liège, 1985, p. 318.
- 112 -

L'intér&t de déterminer le fondement de l'abus de tout droit de rup-


ture est à rechercher dans les conséquences du fait qu'en droit positif
belge, entre parties contractantes, la responsabilité aquilienne ne peut
&tre mise en cause que si la faute alléguée constitue la violation non
d'une obligation contractuelle, mais d'une obligation qui s'impose à tous
et que le dommage causé par cette faute soit autre que celui résultant
de la mauvaise exécution du contrat.
Si d'autre part, on prétend situer le fondement du licenciement abusif
des employés dans l'article 1382 du Code civil, force est de considérer
que, dans de nombreuses hypothèses, le recours à la théorie de l'abus
de droit sera paralysé. Telle est la position adoptée dans certains de
ses arr&ts par la cour du travail d'Anvers 109bis). Plusieurs arguments
permettent cependant d'exclure semblable démarche au profit d'une lec-
ture plus logique. Au niveau jurisprudentiel, l'arr&t de la Cour de cassa-
tion du 19 septembre 1983 110) articule l'abus de droit en matière
contractuelle sur le principe de l'exécution de bonne foi. Cette position,
déjà adoptée par une doctrine de qualité, permet de maintenir une cohé-
rence plus grande dans la vision globale du licenciement abusif:
puisqu'aussi bien le régime des ouvriers présente un caractère contrac-
tuel, toute distorsion de principe entre celui-ci et le régime des travail-
leurs intellectuels se trouve écartée tandis que sont éludées les irritantes
questions que suscite le concours des responsabilités.
Dans cette perspective, le concept m&me de licenciement abusif des
employés n'apparait pas fondamentalement distinct de la notion légale
retenue pour les ouvriers, telle qu'elle a été interprétée par la jurispru-
dence; dans les deux cas, c'est le m&me recours à une notion de faute
patronale, distincte de l'inobservation des délais de préavis, notion envi-
sageant globalement les m&mes comportements; c'est la m&me référence
à un intér&t de l'entreprise, camouflant celui de l'entrepreneur. Seul
en définitive subsiste l'écart dtl à la charge probatoire.
Dans la pratique, on peut fonder son action sur l'une des deux bases
et l'on peut m&me changer la qualification de l'action en cours de
procédure 111).

2. Critères de l'abus du droit de rupture


La définition de la faute révélatrice de l'abus de droit est loin d'&tre
uniforme en jurisprudence. Les divergences d'opinion résultent en grande
partie des hésitations sur les fondements théoriques de l'abus du droit
de rupture. Pour les tenants de la responsabilité contractuelle, il sera
surtout fait état de la bonne foi qui doit présider à l'exécution des

109bis) C. trav. Anvers, 28 juin 1982, R. W., 1983-84, col. 297.


110) Cass., 19 septembre 1983, ]. T.T., 1984, p. 57.
111) Trav. Bruxelles, 29 janvier 1986, ]. T. T., 1987, p. 23.
- 113 -

conventions ou des finalités de l'exercice du pouvoir de licenciement.


Les adeptes du fondement quasi-délictuel de la théorie de l'abus de droit
recherchent la faute de l'auteur de la rupture dans la légèreté ou la
témérité avec laquelle il a agi, voire dans son intention de nuire.

2.1. Critère restrictif: l'intention de nmre


Cette conception étroite a toujours ses adeptes. Ainsi:
- le jugement qui rejette une demande de dommages et intér&ts au
motif que "les circonstances de renvoi ne sont pas constitutives d'un
abus de droit avec la volonté de mal faire que cela implique" 112);
- l'abus de droit suppose l'usage d'un droit dans l'intention précise
de nuire 113);
- une décision paraît particulièrement significative en reconnaissant
l'existence de faute dans le chef de l'employeur mais en rejetant la
demande de dommages et intér&ts. Il n'y aurait pas eu en l'espèce "la
faute nette et clairement dégagée requise en matière de licenciement
abusif" 114).

2.2. La légèreté ou la témérité coupables


C'est la faute légère, celle que n'aurait pas commise un homme nor-
malement prudent et avisé dans l'exercice de ses droits, qui suffit en
cette matière pour engager la responsabilité et pour constituer un abus
de droit.
La faute légère sera notamment établie lorsqu'en l'absence de toute
intention malicieuse, le titulaire d'un droit en use en causant à des tiers
un préjudice hors de toute proportion avec l'avantage recherché 115).
"L'abus de droit n'existe pas seulement lorsqu'il y a faute délictuelle
mais aussi faute quasi-délictuelle basée sur la faiblesse ou la légèreté" 116).
"Le tribunal constate qu'à l'appui de sa décision de rompre, la société
a reproché à M... des faits qu'elle a dil reconnaître avoir été commis
par d'autres. Il s'agit là d'un comportement particulièrement léger et
qui crée un préjudice distinct de celui résultant de la rupture" 117).
"Il ne s'agit donc pas en la cause de rechercher si l'intéressé a voulu
nuire à l'appelant, mais bien de déterminer si une personne prudente
et diligente aurait agi comme l'a fait l'intimé" 118).

112) Trav. Liège, 24 avril 1981, Ch. D. S., 1981, p. 187.


113) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1983, R.D.S., p. 375; dans le m&me sens: C. trav. Bruxel-
les, 20 février 1980, R.G., n° 10075.
114) Trav. Bruxelles, 15 janvier 1982, R.G., n° 68466/81.
115) Cass., 19 septembre 1983, R. W., 1983-84, col. 1480.
116) C. trav. Mons, 11 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 94 et aussi Trav. Liège, 25 juin
1984, R.G., n° 113912.
117) Trav. Bruxelles, 3 septembre 1984, R.G., n° 17609/83.
118) C. trav. Liège, 13 septembre 1984, fur. Liège, 1985, p. 313; C. trav. Liège, 27
juin 1983, fur. Liège, 1984, p. 253.
- 114

2.3. Le détournement de pouvoir


"Il n'importe pas en matière d'abus de droit que celui dont il est
abusé trouve son origine dans le domaine contractuel ou extracontrac-
tuel; ce qui importe, c'est l'utilisation détournée de la finalité d'un droit
dont une personne est titulaire, cette utilisation détournée constituant
une faute engendrant le dommage dont il est demandé réparation" 119).
"Des dommages et intér&ts complémentaires ne se justifient que lors-
que le licenciement intempestif a un caractère manifestement abusif et
qu'il ne peut s'expliquer par aucune considération d'ordre professionnel,
social ou économique" 120).
"L'abus de droit est révélé par le caractère vexatoire ou méchant de
l'intention à laquelle aurait obéi le titulaire de ce droit, par l'absence
de motif légitime et par le détournement de la finalité économique et
sociale du droit exercé" 121).

2.4. La faute doit &tre personnelle à l'auteur de la rupture


"Quant aux bruits que certains employés de la société - ou leurs
épouses - auraient pu répandre au sujet des circonstances de la rupture
ou de l'honn&teté du travailleur, l'employeur n'en est pas responsable,
n'ayant quant à lui, donné aucune publicité méchante au motif de la
rupture" 122).
Toutefois, si l'on considère que l'abus de droit de licenciement met
en oeuvre la responsabilité aquilienne, on peut, en réalité, se demander
si une demande de dommages et intér&ts ne pourrait &tre fondée tant
sur l'article 1382 que sur l'article 1384 du Code civil qui prévoit des
cas de responsabilité pour autrui.

3. La preuve de l'abus de droit


Par application de l'article 1315 du Code civil, il appartient normale-
ment à celui qui s'estime victime d'un abus de droit d'en fournir la
preuve en justice. Ainsi le régime de la preuve de l'abus de droit est
fondamentalement différent de celui prévu à l'article 63 de la loi du
3 juillet 1978. Comme le rappelle le tribunal du travail de Bruxelles,
il appartient au demandeur en dommages et intér&ts d'établir la faute,
le dommage et la relation causale entre la faute et ce dommage 123).
La tâche de l'employé est particulièrement malaisée. Il ne peut se con-
tenter de constater l'absence du motif ou d'établir l'inexactitude des

119) Trav. Verviers, 6 juin 1984, fur. Liège, 1985, p. 318.


120) Trav. Bruxelles, 5 juillet 1982, R.D.S., 1983, p. 429.
121) Trav. Bruxelles, 30 mars 1983, R.G., n° 74004/81.
122) Trav. Bruxelles, 10 février 1983, R.G., n° 70344/81.
123) Trav. Bruxelles, 20 juin 1983, R.D.S., 1984, p. 115.
- 115

motifs invoqués; encore faut-il qu'il apporte des éléments concrets à


l'appui de son argumentation, ou à défaut, qu'il rassemble un faisceau
de présomptions pouvant éclairer le tribunal sur les véritables intentions
de l'employeur.
Le juge peut, d'office ou sur demande d'une des parties, imposer des
mesures d'enquête, mais il n'y est pas obligé. Les faits peuvent être
prouvés par toutes voies de droit, témoins et présomptions de fait
compris 124). Les remarques écrites, préalables au licenciement, n'ont
qu'une importance relative, mênie si les parties essaient d'en tirer tout
le profit possible pendant le procès.
L'employé qui peut prouver un motif de licenciement présumé injuste,
ne doit plus rien prouver et c'est à l'employeur à son tour de renverser
la présomption 125).
Un motif reconnu inexact peut constituer une présomption parmi
d'autres, susceptibles de faire apparaître le caractère abusif de la
rupture 126).
La lecture des décisions judiciaires fait clairement apparaître que peu
de demandes de travailleurs intellectuels en dommages et intérêts pour
abus de droit de rupture aboutissent en raison de l'insuffisance des preu-
ves présentées par le demandeur. Tant8t c'est la preuve de la faute qui
fait défaut, tant8t celle du dommage, voire les deux.
Dès lors, la demande est rejetée sans que la juridiction sociale ait à
examiner le fond de la question.
Exemples:
"Si le motif invoqué pour mettre fin au contrat de travail peut appa-
raître comme un moyen commode de se débarrasser à bon compte du
demandeur, rien ne permet toutefois de croire qu'il constitue unique-
ment un prétexte" 127).
"La demanderesse n'établit pas que la défenderesse a abusé de son
droit de licenciement. Le document qu'elle produit au sujet d'un accord
concernant le siège d'exploitation ou ses extensions ultérieures est sans
pertinence à cet égard, comme d'ailleurs l'engagement d'une intérimaire
peu après son départ" 128).
"Le tribunal constate que les affirmations de M. X. ne sont appuyées
d'aucun élément justificatif, ni d'autre précision" 129).

124) Trav. Bruxelles, 3 mai 1984, J. T. T., 1984, p. 370.


125) Trav. Liège, 9 février 1985, J. T. T., 1985, p. 383.
126) Trav. Verviers, 29 juin 1979, J.T.T., 1979, p. 13.
127) Trav. Bruxelles, 30 mars 1983, R.G., n° 74004/81.
128) Trav. Bruxelles, 4 avril 1984, R.G., n° 87892/82; dans le même sens: Trav. Bruxel-
les, 13 décembre 1983, R.G., n° 13836/83.
129) Trav. Bruxelles, 8 février 1985, R.G., n° 19455/83; C. trav. Bruxelles, 29 juin 1982,
R.D.S., 1982, p. 427.
- 116 -

Par contre, à lire certaines motivations, il semble que l'on puisse déce-
ler une certaine tendance à faire application du renversement de la charge
de la preuve établi par l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978, au contrat
de travail d'employé: "En conclusion, le véritable motif de licenciement
n'apparaît pas, mais il n'est certainement pas en relation directe avec
les intérêts de l'entreprise dont la défense normale peut justifier une
rupture; en outre, les motifs invoqués ne paraissent pas exacts" 130).
Le tribunal du travail de Courtrai paraît renverser la charge de la
preuve lorsqu'il accueille une demande pour abus de droit de rupture
en énonçant: "Considérant qu'en l'espèce il est clair que la défenderesse
ne peut opposer de raisons suffisantes, ni une faute individuelle du deman-
deur, ni des nécessités d'ordre technique ou économique qui pourraient
justifier le licenciement" 131).
Le tribunal du travail de Bruxelles a également opéré ce renversement
de la charge de la preuve en présumant abusif le licenciement qui inter-
vient immédiatement après que l'employé ait émis une revendication
tendant à faire respecter une obligation contractuelle par son
employeur 132).

4. L'évaluation du préjudice

4.1. L'indemnité pour licenciement abusif


Les travailleurs intellectuels ont toujours l'obligation d'établir l' exis-
tence et l'étendue du préjudice subi par le licenciement. Ainsi surgit
le problème de la détermination et de l'évaluation du dommage soumis
à réparation. Celui-ci, selon la Cour de cassation 133), "doit être dis-
tinct en tous ses éléments du dommage que l'indemnité de congé est
destinée à réparer". La Cour désigne ainsi vraisemblablement le dom-
mage moral 134). C'est là un système qui s'articule sur une conception
restrictive et traditionaliste de l'abus de droit, impliquant que le préju-
dice provoqué par la perte de l'emploi ne peut être réparé.
Force est de constater, à lire la jurisprudence, que les plaideurs ne
parviennent jamais à rapporter cette preuve: ·les juridictions du travail
se conforment dès lors généralement à l'enseignement de la Cour de
cassation, aux termes duquel si aucune des parties n'a proposé un mode
d'évaluation du dommage, le juge constatant l'impossibilité d'en déter-
miner le montant exact, peut évaluer le dommage ex aequo et bono 135).

130) C. trav. Bruxelles, 11 janvier 1983, R.G., n° 13283.


131) Trav. Courtrai, 9 janvier 1985, R.G., n° 15634.
132) Trav. Bruxelles, 11 mars 1981, R.G., n° 51439/80.
133) Cass., 19 février 1975, Pas., I, p. 622
134) Contra: C. trav. Bruxelles, 4 mars 1980, ].T.T., 1980, p. 244.
135) Cass., 23 novembre 1972, Pas., 1973, I, p. 292.
- 117 -

La cour du travail de Liège s'est opposée à la Cour suprême dont


elle a cependant subi la censure en admettant la réparation intégrale
du préjudice subi 136). On trouve cependant des décisions qui estiment
qu' "en matière de résiliation du contrat de travail d'employé, la loi
du 3 juillet 1978 a org~nisé un mode spécifique de réparation de préju-
dice résultant de la rupture du contrat, système forfaitaire de l'indem-
nité compensatoire de préavis, laquelle répare adéquatement tout préjudice
- matériel et moral - né de la perte d'emploi" 137).
On peut donc dire en général. que la jurisprudence sociale décharge
souvent le salarié d'une partie de la preuve: l'importance du préjudice
ne doit pas être établie lorsque l'abus est rapporté. Il en résulte une
incohérence entre les décisions judiciaires qui fixent la hauteur du dom-
mage, allant du franc symbolique à des sommes supérieures au million,
dans des hypothèses pourtant parfaitement parallèles.
Comme pour l'indemnité pour licenciement abusif des ouvriers, le
droit à l'indemnisation naît et se détermine dès la notification de la
volonté de rupture de l'une des parties et ne saurait être affecté par
un événement ultérieur, tel un congé pour motif grave (voir supra II 4.4.).

4.2. Nature juridique de l'indemnité


Faut-il rappeler avec le tribunal du travail d'Ypres que l'indemnité
pour licenciement abusif n'est pas une rémunération avec la conséquence
que les intérêts ne courent pas de plein droit 138). On trouve cependant
une légère tendance de la jurisprudence à admettre le principe de ces
intérêts 139).
Le caractère privilégié de l'indemnité pour licenciement abusif est con-
troversé. La cour d'appel de Liège et la cour du travail de Liège l'ont
rejeté 139bis): cette indemnité ne peut avoir le caractère des "indemnités
comprises dans la rémunération au sens de l'article 545 de la loi sur
les faillites ni, partant, constituer une créance privilégiée". Le tribunal
de commerce de Charleroi et le tribunal de commerce de Bruxelles entre
autres 139bis) ont reconnu le caractère privilégié de cette indemnité.
La doctrine estime que le privilège se justifie pour l'indemnité accor-
dée sur base de l'article 63 mais pas pour l'indemnité fondée sur l'article
1382 du Code civil. On peut contester le bien-fondé de cette distinction.
Premièrement, l'indemnité pour licenciement abusif entre dans la caté-
gorie des avantages auxquels le travailleur a droit en raison de son enga-
gement puisque selon les travaux préparatoires de la loi du 12 avril

136) C. trav. Liège, 9 décembre 1976, J.T.T., 1977, p. 219.


137) Trav. Verviers, 6 juin 1984, fur. Liège, 1985, p. 318; dans le même sens: Trav.
Namur, 18 février 1985, R.G., n° 3262.
138) Trav. Ypres, 5 février 1982, Ch. D. S., 1982, p. 344.
139) C. trav. Gand, 8 octobre 1985, R. W., 1983-84, col. 1448; Trav. Gand, 30 septembre
1985 1 R. W., 1985-86, col. 1943.
139ois) Liège, 24 mai 1984, fur. Liège, 1984, p. 606 et C. trav. Liège, 29 octobre 1973,
R.D.S., 1974, p. 351.
- 118 -

1965 sur la protection de la rémunération, ces termes visent non seule-


ment les avantages se rapportant à l'exécution du contrat, mais aussi
ceux qui découlent de la cessation de l'engagement. Deuxièmement, depuis
l'arrêt de la Cour de cassation du 19 septembre 1983, l'abus de droit
commis à l'occasion de l'exécution ou de la rupture d'un contrat engen-
dre non plus une responsabilité délictuelle, mais la responsabilité con-
tractuelle de son auteur, fondée sur l'exigence de bonne foi dans
l'exécution des conventions.

4.3. Cumul avec d'autres indemnités


On a vu que l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978 interdit expressé-
ment le cumul de l'indemnité spéciale de la protection de la femme enceinte
avec celle de licenciement abusif. Mais quid des dommages et intérêts
que pourrait réclamer une employée licenciée abusivement? Apparem-
ment, rien n'empêcherait leur cumul avec l'indemnité de protection.
C'est bien l'opinion du tribunal du travail de Liège 139ter).
Selon cette juridiction, l'employée en cause prouvait à suffisance qu'en
la congédiant, l'employeur a détourné le droit de licencier de sa finalité
économique et sociale et a fait preuve soit d'une légèreté coupable, soit
d'une intention de lui nuire, constitutive d'une faute particulière. Le
préjudice moral est certain mais c'est à le réparer que sert la sanction
civile qu'est l'indemnité de protection si elle n'a pu exercer sa fonction
dissuasive en prévenant le licenciement. Le dommage que cause à la
travailleuse la perte d'emploi est censé adéquatement compensé par
l'indemnité de préavis.
Mais il subsiste un argument qui semble avoir convaincu le tribunal:
le licenciement a "laissé planer un doute sur l' honorabilité" de l'emplo-
yée. C'est probablement celui-ci qui détermine le tribunal à constater
un préjudice particulier.
Enfin, rappelons que l'action en dommages et intérêts pour licencie-
ment abusif se prescrit par un an à dater de la fin du contrat, si l'on
suit la thèse contractuelle de l'abus de droit (article 15 de la loi du
3 juillet 1978). Si l'on suit la thèse de la responsabilité civile, il faudrait
admettre la prescription de 30 ans!

5. Cas d'espèce
5.1. Les circonstances entourant le licenciement
5.1.1. La mise en cause de l'honorabilité du travailleur
- "La rupture consécutive à l'imputation erronée d'un motif grave
peut devenir abusive lorsque les circonstances qui l'entourent dénotent

139ter) C. trav. Bruxelles, 4 février 1980, ].C.B., 1980, p. 531; C. trav. Charleroi, 22
octobre 1986, fur. Liège, 1987, p. 819 et la note de C. Parmentier; Rev. Reg. dr. 1987,
p. 44 et la note de J. Caeymaex; Trav. Gand, 30 septembre 1985, ].T.T., 1986, p. 263.
- 119 -

dans le chef de l'employeur une intention de nuire ou à tout le moins


une légèreté blamable. Tel est le cas lorsque la société qualifie un travail-
leur d'escroc ou de contrefacteur alors qu'elle ne l'a m&me pas entendu
en sa défense et n'apporte pas la moindre preuve de cette accusa-
tion" 140) 141).
- "En notifiant le préavis à un moment psychologiquement et mora-
lement défavorable et particulièrement délicat sur le plan de l'honn&teté
de l'appelant, honn&teté réputée intacte vu le classement de l'affaire sans
suite, l'intimé a, par légèreté, inconscience, imprudence ou inopportu-
nité, abusé de son droit de licenciement" 142).
- Après avoir licencié l'employé moyennant préavis, le chef de divi-
sion a diffusé deux notes destinées au personnel et où il exposait que
le licenciement était d-Q au "manque de perspicacité et d'engagement
de l'intéressé" ainsi qu'à son "indécision et manque de confiance". Cette
attitude injustifiée de l'employeur est génératrice d'un dommage
moral 143).
- Il en va de m&me pour le directeur général, qui sans avoir été
prévenu de quoi que ce soit, est prié de quitter immédiatement son
bureau et les locaux de l'entreprise, et est m&me escàrté jusqu'à sa voi-
ture sans pouvoir mettre de l'ordre dans ses dossiers, ni prendre ses
affaires personnelles 144).
A été jugé abusif le licenciement donné dans les circonstances suivantes:
- accusations non fondées d'abus de confiance et publicité donnée
au licenciement 145);
- invocation de motif grave injustifié avec atteinte à la réputation
professionnelle et à la santé psychique du travailleur 146);
- commentaires superflus et dommageables lors du licenciement 147);
- accusations non fondées de vol avec "arrestation" du travailleur
par l'employeur pour le conduire à la prison 148).
On peut d'ailleurs dire que l'acquittement après des suites judiciaires
conduit bien souvent à l'indemnisation pour licenciement abusif 149). Par

140) Trav. Liège, 5 février 1986, Bull. F.A.R., n° 160, p. 13 et la note de J. Jacqmain.
141) C. trav. Bruxelles, 2 juin 1982, Ch. D. S., 1984, p. 11; dans le même sens: C.
trav. Liège, 27 juin 1983, fur. Liège, 1984, p. 253.
142) C. trav. Liège, 13 septembre 1984, fur. Liège, 1985, p. 313; voir aussi C. trav.
Mons, 11 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 94.
143) Trav. Bruxelles, 22 mai 1987, Bull F.A.R., n° 166/167, p. 100; dans le même sens:
Trav. Namur, 18 février 1985, R.G., n° 38262.
144) C. trav. Bruxelles, 22 novembre 1979, R.G., n°6999.
145) Trav. Namur, 18 février 1980, Rev. Reg. Dr., 1980, p. 166.
146) C. trav. Bruxelles, 4 mars 1980, ]. T. T., 1980, p. 244.
147) Trav. Nivelles, 17 janvier 1986, ].T.T., 1986, p. 245.
148) C. trav. Liège, 27 juin 1983, fur. Liège, 1984, p. 253.
149) C. trav. Liège, 20 juin 1985, ].T.T., 1986, p. 281; contra: Trav. Bruxelles, 9 septem-
bre 1986, Rechtspr. Arb. Br., 1986, p. 382.
- 120 -

contre, il ne faut pas toujours conclure de la rapidité dans l'exécution


du licenciement qu'il y avait intention de nuire chez l'employeur et
atteinte à la réputation du travailleur 150).
5.1.2. Le moment de la rupture
"Ne rend pas le licenciement abùsif le fait qu'il intervienne deux mois
avant le début d'une nouvelle période de cinq ans d'ancienneté, ni que
le préavis soit remplacé par le paiement d'une indemnité compen-
satoire" 151).
"N'est pas abusif le licenciement d'une institutrice intervenu à la veille
du jour où elle aurait été éventuellement en droit d'obtenir une nomina-
tion définitive. La contrepartie nécessaire de ce droit est celui du pou-
voir organisateur de ne pas procéder à une telle nomination
définitive" 152).
Le licenciement intervenant avant la fin de l'essai n'est pas abusif 153).
Par contre, un licenciement suivant une très courte période de travail
après l'engagement peut &tre abusif car le travailleur comptait sur une
période minimum d'occupation pour faire ses preuves 154).
Le licenciement intervenant juste avant la fin de la période d'un an
de service en vue d'échapper au paiement de l'indemnité d'éviction a
pu &tre considéré comme abusif s'il existait en plus une promesse de
stabilité d'emploi 155).
Le fait que le travailleur ait été débauché par l'employeur est un élé-
ment important 156) mais non décisif. La faute de l'employeur ne se
déduit pas alors du licenciement mais de la rupture de l'apparence de
stabilité fautivement créée 157). La promesse de stabilité ne suffit pas en
elle-m&me à qualifier le licenciement d'abusif 158) mais lorsque le tra-
vailleur a dll déménager sur incitation de l'employeur, il y a licencie-
ment abusif 159).
5.1.3. Le licenciement décidé en représailles d'une revendication légi.time
La jurisprudence admet fréquemment la demande de dommages et inté-
r&ts consecutive à un licenciement opéré après une revendication légi-
time émise par le travailleur et fondée sur le contrat ou la loi pour
les prestations passées.

150) Trav. Bruxelles, 20e ch., R.G., n° 84578/81.


151) Trav. Bruxelles, 3 décembre 1984, ].T.T. 1985, p. 158.
152) Trav. Charleroi, 21 février 1983, R.D.S. 1983, p. 152.
153) Trav. Gand, 23 septembre 1985, T.G.R., 1985, p. 135. Licenciement jugé abusif
pendant la période d'essai: C. trav. Liège, 20 octobre 1982, R.D.S., 1983, p; 119; C.
trav. Gand, 23 septembre 1985, T.R.G., 1985, p. 135.
154) Trav. Bruxelles, 13 mars 1986, J. T. T., 1987, p. 307.
155) C. trav. Bruxelles, 2 février 1983, Ch. D. S., 1984, p. 282.
156) C. trav. Liège, 20 octobre 1982, R.D.S., 1983, p. 119.
157) VERHEYDEN, R., "De willekeurige afdanking", R. W., 1976·77, p. 218.
158) Cass., 15 décembre 1980, J.T.T., 1981, p. 134.
159) C. trav. Bruxelles, 11 mai 1977, R.G., n° 6558.
- 121 -

La cour du travail de Bruxelles énonce en principe "que le fait pour


l'employeur de licencier même avec préavis un travailleur pour la seule
raison d'avoir accompli des démarches intérieures ou extérieures à l'entre-
prise, afin de faire valoir ses droits ou revendiquer son dû, constitue
un abus de droit" 160).
Ainsi en est-il du licenciement intervenant après une démarche d'une
organisation syndicale, d'intervenir dans les frais de transport du travail-
leur, en exécution d'une convention collective sectorielle 161).
Il en est de même de la rupture intervenant après que l'employé ait
introduit une action en justice afin d'obtenir le .paiement de la prime
de fin d'année due pour l'année écoulée 162).
Par contre, il semble que ne soit pas abusif le licenciement notifié
à un travailleur qui refuse une modification future de ses conditions
de travail, justifiée par des nécessités économiques de l'entreprise.
Ainsi en a jugé le tribunal du travail de Bruxelles dans un cas où
la rupture des relations contractuelles était intervenue après que l'employé
avait refusé de revoir pour l'avenir les conditions de rémunération initia-
lement prévues 163).
Ce raisonnement n'a cependant pas été suivi par la cour du travail
d'Anvers, qui déclare abusif le licenciement intervenant en représailles
du refus légitime d'un travailleur d'aller accomplir pendant 4 mois en
Norvège, ses prestations de service. Il est vrai que, des motifs de l'arrêt,
il semble ressortir que la Cour ait estimé que l'employeur ne justifiait
pas la nécessité économique d'un tel déplacement; encore qu'il faille
relever que la charge de la preuve sur ce point, imcombait au tra-
va1·11eur... 164) .
Le licenciement suivant l'exercice du droit de grève reste problémati-
que. Si l'on suit par analogie la jurisprudence relative aux ouvriers, on
peut remarquer qu'il peut y avoir abus du droit de licenciement s'il
est donné à la légère ou sans raison connue 165). Le juge se situe ici
immanquablement sur le terrain de l'appréciation marginale du droit
de grève.

5.2. Les motifs économiques et l'intérêt de l'entreprise


C'est sans surprise qu'il a été jugé qu'un employeur n'avait pas abusé
de son droit de rupture en procédant au licenciement d'un comptable

160) C. trav. Bruxelles, 1" avril 1981, f T.T., 1983, p. 25; dans le même sens: C. trav.
Bruxelles, 20 mai 1986, R.G., n° 18.238.
161) Trav. Ypres, 5 février 1982, Ch. D. S., 1982, p. 344.
162) C. trav. Bruxelles, 4 mai 1981, f T.T., 1983, p. 24; Trav. Liège, 9 février 1985,
! T. T., 1985, p. 29.
163) Trav. Bruxelles, 4 mai 1981, R.G., n° 55511/80.
164) C. trav. Anvers, 18 décembre 1980, R. W., 1980-81, col. 2405.
165) Trav. Liège, 4 décembre 1979, f. T. T., 1980, p. 353.
- 122

au cours d'une restructuration des services de l'entreprise 166). A vrai


dire, fréquemment le travailleur recherche dans des éléments de faits
postérieurs à la rupture du contrat de travail, la preuve de la non-réalité
des motifs de réorganisation ou d'économies à faire invoquées par
l'employeur lors du licenciement. Il semble que ce raisonnement n' appa-
raisse pas comme convaincant aux juridictions sociales.
De m&me fut rejetée la demande de dommages et intér&ts formulée
par un représentant qui faisait valoir que n'étaient pas réels les motifs
économiques invoqués dans la lettre de licenciement alors qu'au cours
de sa période d'emploi, il avait participé à l'accroissement du chiffre
d'affaires de la société et que l'entreprise avait engagé un autre représen-
tant peu après son licenciement 167).
Le licenciement opéré dans le cadre d'une réorganisation d'entreprise
ne résulte pas d'un usage abusif du droit de rupture, m&me s'il est établi
qu'un autre travailleur a été engagé en remplacement du travailleur licen-
cié, alors qu'il n'est pas établi que les fonctions exercées par ces deux
travailleurs étaient équivalentes 168).
Dans le m&me esprit, il a été jugé que si l'employeur a motivé sa
décision de licencier par le manque de rentabilité de l'employé, cette
appréciation fait partie du domaine réservé du gestionnaire de l'entre-
prise et ne peut &tre soumise au tribunal 169).
En l'occurrence, l'employé offrait de démontrer que les reproches de
l'employeur étaient faux et affirmait qu'ils dissimulaient l'intention de
le remplacer par du personnel plus jeune et moins coûteux. Le tribunal
estime sans intér&t l'offre de preuve du travailleur: l'employeur produit
des chiffres qui indiquent le redressement de la rentabilité de l'entreprise
après le départ de l'employé, et de toute manière m&me si le motif
se révélait inexact, "il ne saurait en &tre déduit qu'il y ait eu manoeuvre
de pression abusive" à l'égard du travailleur. On peut se demander com-
ment un abus de droit pourrait encore &tre prouvé si le tribunal adopte
pareille position; ne sous-entend-elle pas l'idée que l'importance du délai
de préavis (en l'occurrence 18 mois) exclut toute autre indemnisation?

166) Trav. Bruxelles, 13 décembre 1983, R.G., n° 13836/83; dans le m&me sens: Trav.
Bruxelles, 22 février 1983, R.G., n° 71556/81.
167) C. trav. Gand, 24 janvier 1985, T. V.B.R., 1985, p. 65.
168) C. trav. Mons, 11 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 94 et Trav. Bruxelles, 7 janvier
1987, JT.T., 1987, p. 207.
169) Trav. Dendermonde, 16 décembre 1983, Ch. D. S., 1984, p. 48 et C. trav. Liège,
11 février 1986, Ch. D. S., 1986, p. 176.
- 123 -

Ont également été jugés comme non abusifs les licenciements motivés
par:
- une baisse des activités 170);
- un trop haut coût salarial malgré la compétence 171);
- un refus d'effectuer des déplacements nécessaires 172);
- une divergence d'opinion avec les supérieurs 173).
En général, les juridictions sociales considèrent que n'abuse pas de
son droit de rupture, l'employeur qui licencie un travailleur afin de
mettre fin à des dissensions internes. Dans ce cas, l'employeur ne peut
que faire le choix qu'il estimait le plus profitable à l'intérêt de
l'entreprise 174). Il faut citer cet arrêt exemplaire de la cour du travail
de Gand, concernant le licenciement d'un travailleur à nom juif 175).
L'entreprise était devenue la victime d'un chantage accompagné de menace
d'alerte à la bombe et l'employeur a licencié l'employé en question
moyennant indemnité. La Cour a estimé que la menace était réelle et
que l'employeur était autorisé à licencier dans ces circonstances parce
qu'il y allait de l'intérêt de l'entreprise. L'abus de droit pour cause de
licenciement raciste n'a pas été retenu.
Cet arrêt va à l'encontre d'une autre jurisprudence selon laquelle
l'employeur ne peut céder devant des menaces de grève, mais doit tout
mettre en oeuvre afin d'empêcher les discriminations 176).

5.3. La modification des conditions de travail


La cour du travail de Bruxelles avait estimé que la rupture abusive
mettant fin aux relations entre parties se distingue de l'hypothèse où
l'employeur faisant usage d'une clause du contrat modifie abusivement
celle-ci. La rupture abusive du contrat est sanctionnée par l'allocation
de dommages et intérêts tandis que la modification abusive a pour uni-
que conséquence la rupture elle-même 177). Une telle position semble
trop restrictive. En effet, si les motifs de l'employeur à la base de la
modification d'un élément essentiel du contrat sont illégitimes, on ne
peut admettre qu'il n'y ait jamais abus du droit de licencier. Il ne s'agit
pas de condamner les modifications de fonctions imposées par l'employeur

170) Trav. Bruxelles, 22 avril 1983, R.G., n° 24578/81; C. trav. Gand, 9 décembre 1981,
Ch. D. S., 1982, p. 20.
171) C. trav. Bruxelles, 29 juin 1982, R.D.S., 1982, p. 627.
172) Trav. Bruxelles, 27 décembre 1983, R.G., n° 5672/82; C. trav. Mons, 19 avril 1982,
R.D.S., 1983, p. 69.
173) Trav. Liège, 26 mai 1986, Bull. F.A.R., n° 162-163, p. 26 et la note de J. Jacqmain;
voir aussi C. trav. Anvers, 20 mars 1986, R.D.S., 1986, p. 535.
174) Trav. Bruxelles, 29 novembre 1983, Rechtspr. Arb. Br., 1985, p. 174.
175) C. trav. Bruxelles, 29 juin 1982, R.D.S., 1982, p. 627.
176) C. trav. Mons, 9 octobre 1981, J. T. T., 1983, p. 24.
177) C. trav. Bruxelles, 7 février 1973, J.T.T., 1974, p. 85; C. trav. Charleroi, 23 février
1976, J. T. T., 1977, p. 166.
- 124 -

en raison des nécessités de l'entreprise, mais d'examiner le motif légitime


ou non à la base de la décision de modification pour conclure éventuel-
lement à un abus du droit exercé.
Il semble que la jurisprudence ait depuis évolué dans ce sens. Ainsi
la cour du travail de Liège a estimé que l'employeur en modifiant unila-
téralement et de manière essentielle le contrat d'emploi (rétrogradation
à des fonctions subalternes et déplacement du lieu de travail) a obligé
le travailleur a changer d'orientation, lui faisant perdre le fruit des efforts
consentis depuis 18 mois. Enfin la décision prise au vu et au su du
reste du personnel apparaît comme un désaveu public supplémentaire;
ce comportement entraîne un préjudice moral pour le travailleur dis-
tinct du dommage que l'indemnité compensatoire de préavis est destinée
à réparer 178).
En revanche, le tribunal du travail de Bruxelles estime, à juste titre,
que n'a pas abusé de son droit de rupture, l'employeur qui a licencié
un de ses travailleurs qui refusait une modification de la mission qui
lui était confiée 179).
Le même tribunal a également estimé que le retrait d'un avantage
accordé à titre précaire n'apparaît pas nécessairement comme une mesure
de représailles envers un travailleur qui aurait émis une prétention jugée
excessive dès lors que les explications données par l'employeur sur la
nécessité de pouvoir disposer à nouveau librement de ces avantages sont
parfaitement plausibles 180).
On peut encore citer cet arrêt de la cour du travail de Mons rendu
dans l'affaire suivante: une gérante licencie deux membres du personnel
qui l'accusaient de racisme. Une grève s'ensuit et l'employeur se voit
obligé de reprendre les deux travailleurs. La gérante constate alors la
rupture du c01;itrat parce que cette réintégration est ressentie comme
humiliante et insupportable pour elle 181). Le fait que l'employeur ait
d'abord suivi la gérante dans sa décision de licencier puis qu'il soit revenu
sans hésitation sur cette décision semble avoir emporté la conviction
du juge pour conclure à un licenciement abusif.
Dans tous les cas, les modifications du contrat de travail précédant
un licenciement peuvent constituer un élément important pour décider
si une pression ou des représailles ont été exercées 182).

5.4. L'irrespect des dispositions de conventions collectives


La sanction de l'irrespect par une tartie des obligations découlant d'une
convention, collective ou non, parait devoir être trouvée dans les règles

178) C. trav. Liège, 24 septembre 1984, fur. Liège, 1985, p. 315.


179) Trav. Bruxelles, 2 janvier 1984, R.G., n° 69630/81.
180) Trav. Bruxelles, 11 mai 1983, R.G., n° 82703/81.
181) C. trav. Mons, 11 avril 1983, R.D.S., 1984, p. 94; voir aussi C. trav. Liège, 24
septembre 1984, fur. Liège, 1985, p. 315.
182) C. trav. Bruxelles, 29 juin 1979, J. T. T., 1980, p. 84.
- 125 -

qui gouvernent classiquement la responsabilité contractuelle. Le détour


par la théorie de l'abus de droit apparaît bien inutile 183).
Si l'on suit cette opinion, on s'étonnera de ces décisions qui rejettent
des demandes de dommages et intérêts formulées pour non-respect des
obligations de conventions collectives au motif que lesdites conventions
collectives ne prévoient aucune sanction civile en cas de non-respect
de leurs dispositions 184).
Le tribunal du travail d'Anvers a estimé qu'une convention collective
qui garantissait une certaine stabilité d'emploi et autorisait les licencie-
ments pour motifs économiques, n'était pas violée par un employeur
qui avait procédé au licenciement d'une travailleuse dont les très nom-
breuses absences étaient de nature à désorganiser l'entreprise 185).
Le tribunal du travail de Charleroi a, quant à lui, estimé abusif le
licenciement décidé sans que soit respectée la procédure préalable prévue
par une convention collective relative à la garantie de l'emploi 186).
Une certaine jurisprudence accorde dans ces cas des délais de préavis
plus importants 187).
Le tribunal du travail de Bruxelles a recouru à la théorie de l'abus
du droit de rupture pour réprimer un comportement de l'employeur
qui viole deux dispositions (l'une contractuelle: la convention d'entre-
prise, l'autre réglementaire, le R.G.P.T.) dont aucune ne prévoit de sanc-
tion particulière 188). C'est en vain que l'employeur prétend qu'en
notifiant 18 mois de préavis alors que 12 auraient largement suffi, il
a déjà couvert un tel dommage.

5.5. Licenciement pour motif grave et abus de droit


Il est clair que "le seul fait du rejet par le tribunal des motifs de
rupture invoqués par l'employeur ne suffit pas à établir l'abus de
droit" 189).
"Rien ne permettait de croire que le motif invoqué pour rompre sur
l'heure les relations de travail constituait uniquement un prétexte et

183) Dans ce sens: C. trav. Mons, 4 mai 1987, Bull F.A.R., n° 171, p. 57.
184) C. trav. Anvers, 28 juin 1982, R. W., 1983-84, col. 298; Trav. Bruxelles, 25 octobre
1984, R.G., n° 21884/83.
185) Trav. Anvers, 17 mai 1983, R.G., n° 104821.
186) Trav. Charleroi, 15 juin 1982, J.T.T., 1983, p. 26; dans le même sens: Trav. Cour-
trai, 9 janvier 1985, R.G., n° 15634. Voir aussi C. trav. Bruxelles, 10 janvier 1984, Rechtspr.
Arb. Br., 1985, p. 34 et C. trav. Anvers, 19 juin 1984, JT.T., 1986, p. 180.
187) C. trav. Anvers, 30 décembre 1986, R. W., 1986-87, 6/2042; C. trav. Liège, 30 juin
1983, Ch. D. S., 1984, p. 167.
188) Trav. Bruxelles, 22 mai 1987, Bull. F.A.R., n° 166-167, p. 101 et la note de J.
Jacqmain.
189) Trav. Bruxelles, 5 juillet 1982, R.D.S., 1983, p. 429.

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----· -- ·-
126 -

l'employeur avait pu croire, de bonne foi, la réalité du motif qu'il


invoquait 190).
En revanche, "le tribunal estime que le licenciement du demandeur
constitue un abus de droit, soit que le motif invoqué n'ait été qu'un
prétexte pour se débarrasser, sans préavis, d'un employé avec lequel cer-
tains incidents s'étaient produits par le passé, soit que la défenderesse
ait agi avec une légèreté brnmable, devant savoir qu'aucun tribunal du
travail ne reconnaitrait comme motif de brusque rupture les faits invo-
qués par elle" 191).

5.6. Le comportement de l'employé


Les fautes commises par l'employé excluent généralement l'abus de
droit. Il faut cependant apporter deux nuances à ce principe. Première-
ment, pour rappel, la Cour de cassation estime que l'abus de droit doit
s'apprécier au moment du licenciement et non au regard de fautes com-
mises par la suite par le travailleur 192). Deuxièmement, la sanction ne
peut être hors de proportion par rapport à la faute commise. Il en
va ainsi du licenciement immédiat d'une employé qui riait lors du dis-
cours du directeur général 192bis).
On trouve très peu de décisions admettant le licenciement abusif dans
le cas de l'incapacité de travail de l'employé. Il a notamment été jugé
que la rupture irrégulière du contrat avant la fin des six mois d'incapa-
cité prévus à l'article 78 de la loi du 3 juillet n'est pas arbitraire ni
donc constitutive d'un abus de droit; de plus l'employé devrait prouver
l'existence d'un préjudice distinct de celui réparé par l'indemnité de
congé 193).
Il a été également jugé que le licenciement par suite d'absences répé-
tées, même justifiées, exerçant une influence dérangeante sur le travail,
n'est 'pas abusif 194), en répétant encore que le contrôle du motif du
licenciement ne peut porter que sur son existence et non sur son oppor-
.'
tumte.

190) Trav. Bruxelles, 30 mars 1983, R.G., n° 74004/81.


191) Trav. Bruxelles, 3 mars 1982, J.T.T., 1983, p. 27; dans le m&me sens: Trav. Bruxel-
les, R.G., n° 17609/83.
192)_Cass., 1" mars 1982, J.T.T., 1983, p. 22.
192fns) Trav. Liège, 16 avril 1986, fur. Liège, 1986, p. 585.
193) Trav. Liège, 25 mars 1982, R.G., n° 8366/81.
194) C. trav. Anvers, 17 avril 1986, R.D.S., 1986, p. 540 et Trav. Nivelles, 13 janvier
1984, J.T.T., 1984, p. 413.
- 127 -

IV. CONCLUSION
Il est bien malaisé de tirer de ces décisions des conclusions générales
et définitives sur l'application de l'article 63 de la loi du 3 juillet 1978.
Alors que certaines décisions paraissent établir une réelle limitation du
droit de licenciement, d'autres par contre justifient le licenciement de
manière générale en se référant à l'intérêt de l'entreprise. D'autre part,
le renversement de la charge de la preuve instauré par cet article consi-
déré par plusieurs auteurs comme une étape vers la motivation du congé,
n'a pas encore débouché sur une jurisprudence ferme, notamment quant
aux preuves, aux présomptions, aux vraisemblances.
L'inexactitude ou l'absence de preuve des faits allégués par l'employeur,
lors de la notification du congé ou a posteriori, débouchent nécessaire-
ment sur un licenciement abusif pour les ouvriers; encore faut-il déter-
miner dans chaque cas où se situe la frontière de l'exactitude et où
se fixe la limite minimale ou maximale de la preuve.
Plusieurs arrêts ont autorisé l'employeur à faire par toutes voies de
droit, témoins compris, la preuve des faits avancés 195). Il est incontes-
table que l'ouvrier, défavorisé par des délais de préavis extrêmement
courts, voit sa stabilité d'emploi s'améliorer depuis 1978. Encore faut-il
que la définition du licenciement abusif prévu à l'article 63 ne soit pas
interprétée de manière restrictive. Il faut espérer que la jurisprudence
aille dans le sens des jugements et arrêts qui situent cette définition
dans le prolongement de la théorie générale de l'abus de droit.
Il ne parah pas y avoir sur le fond de distinction fondamentale entre
les cas relatifs aux ouvriers et ceux qui concernent des employés. Il
y a pour les uns et les autres recours à une certaine notion de faute,
distincte de l'inobservation des délais de préavis, envisageant globale-
ment les mêmes comportements.
Subsiste évidemment la différence liée à la charge probatoire. Même
si une certaine jurisprudence a tendance à admettre plus volontiers
qu'auparavant l'abus de droit, il n'en reste pas moins que l'employé
est défavorisé au point de vue de la preuve par rapport à l'ouvrier.
Les motifs de cette discrimination sont plus le reflet d'un rapport de
force que d'une vision cohérente du droit de licenciement. Les juges
restent sur leur réserve.
L'abus de droit reste un. exceptionnel correctif d'équité au principe
des délais forfaitaires de préavis. On peut supposer néanmoins que l'appli-
cation de l'article 63 exercera par analogie une influence sur la jurispru-
dence en matière de contrat de travail d'employé; le renversement de
la charge de la preuve est en effet propice au développement d'une
nouvelle jurisprudence amenée à contrôler non seulement l'exactitude
des motifs économiques ou techniques, mais encore, dans une certaine

195) Exemple: C. trav. Liège, 20 décembre 1985, R.G., n° 2193/83.


- 128 -

mesure, leur opportunité. A un moment où l'instabilité tend à devenir


la règle dans les relations contractuelles, le rôle des juridictions du tra-
vail devient toujours plus important.
Dominique DENIS

BIBLIOGRAPHIE
V. VANNES et M. DECLERCQ, "L'abus du droit de licenciement dans le
contrat de travail d'employé'', Permanence du droit civil en droit du travail,
Bruxelles, ULB, 1983, p. 307 et ss.
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d'ouvrier", Permanence du droit civil en droit du travail, Bruxelles, ULB, 1983,
p. 296 et SS.
M. JAMOULLE, "Contrat de travail et contrat d'emploi - Examen de juris-
prudence 1968 à 1974", RC]B, 1975, p. 345 et ss.
J. GENNEN, "Quelques réflexions sur le licenciement abusif", Ch. D. S.,
1981, p. 189 et SS.
A. DE BERSAQUES, "La notion de licenciement abusif dans le contrat de
travail", RC]B, 1972, p. 213 et ss.
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F. DEMET, "Le licenciement abusif, cinq ans de jurisprudence liégeoise (81-86)",
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Oriëntatie, mars 1988, p. 74 et ss.
D. CUYPERS, "Overzicht van rechtspraak 1980-1986: rechtsmisbruik bij ontslag
van bedienden", Oriëntatie, avril 1988, p. 96 et ss.
P. BLONDIAU, Th. CLAEYS, B. MAINGAIN et H. SCHEYVAERTS, "La
rupture du contrat de travail, chronique de jurisprudence 79-81 ", J T. T., 1983,
p. 265 et SS.
P. BLONDIAU, Th. CLAEYS, B. MAINGAIN et H. SCHEYVAERTS, "La
rupture du contrat de travail, chronique de jurisprudence 82-84", J T. T., 1986,
p. 121 et SS.
- 129 -

SAMENVATTING
Motivering van de afdanking en misbruik van ontslagrecht
Het is moeilijk tot een algemeen en definitief besluit te komen voor
de toepassing van artikel 63 van de wet van 3 juli 1978. Sommige beslis-
singen beperken werkelijk het recht om af te danken, andere roepen
het belang van de onderneming in om een ontslag te aanvaarden.
De omkering van de bewijslast, voorzien bij dit artikel, is voor vele
auteurs een stap naar de motivatie van het ontslag, maar leidde tot op
heden niet tot een strenge rechtspraak inzake bewijs, vermoedens of
waarschijnlijkheden.
W anneer de werkgever bij of na de betekening van het ontslag ten
onrechte feiten inroept of de feiten niet bewijst, leidt dit voor de hand-
arbeider tot het vaststellen van een rechtsmisbruik, doch men blijft pei-
len naar wat nu juist of onjuist is, naar de minimale of maximale
afbakening van het bewijs.
In vele arresten kreeg de werkgever de kans om met alle rechtsmidde-
len, getuigenis inbegrepen, de ingeroepen feiten te bewijzen. De handar-
beider moet het stellen met uiterst korte opzeggingstermijnen, maar sinds
1978 geniet hij toch meer vastheid van betrekking. Het begrip 'misbruik
van het ontslagrecht' zoals omschreven in artikel 63 mag echter niet
beperkend worden opgevat. Hopelijk zal een rechtspraak groeien in de
zin van de vonnissen en arresten, die het begrip hanteren in het ver-
lengde van de algemene theorie van het rechtsmisbruik.
Uit de praktijk blijkt dat er tussen hand- en hoofdarbeiders geen grote
verschillen zijn bij de aanpak van het probleem. Voor beiden hanteert
men voor eenzelfde gedraging een soort foutenconcept, verschillend van
de niet-naleving van een opzeggingstermijn.
Er is wel een verschillende aanpak van de bewijsvoering. Een zekere
rechtspraak is geneigd sneller een rechtsmisbruik vast te stellen, maar
de bediende draagt toch een zwaardere bewijslast dan de werkman. De
reden van dit onderscheid heeft meer te maken met de krachtenverhou-
ding dan met een samenhangend inzicht in het ontslagrecht. De rechters
tonen zich heel voorzichtig. Rechtsmisbruik blijft een uitzonderlijk bil-
lijkheidscorrectief van het beginsel van de forfaitaire opzeggingstermijn.
T och kan men stellen dat de toepassing van artikel 63 naar analogie
de rechtspraak inzake de arbeidsovereenkomst voor bedienden beïnvloedt.
De verschuiving van de bewijslast verwekt een nieuwe rechtspraak, waarbij
men niet alleen nagaat of de economische of technische beweegredenen
gegrond zijn, maar ook of ze gepast voorkomen. Nu onbestendigheid
de algemene regel wordt bij een contractuele verhouding, wordt de rol
van de arbeidsgerechten ongemeen belangrijk.

- -----:------:--:--.- · 1
- 130 -

Cass. (3e k.) - 10-10-1988


Vz.: Soetaert - O.M.: Lenaerts - Pl.: Mrs R. Bützler & A. De Bruyn
T.V.D.E. / R.S.Z. (nr. 6243)

SOCIALE ZEKERHEID. - VERVOER VAN GOEDEREN.


Opdat de personen, die vervoer van goederen verrichten, hun opgedragen
door een onderneming, door middel van voertuigen waarvan zij geen eige·
naar zijn of waarvan de aankoop gefinancierd of de financiering gewaar·
borgd wordt door de ondernemer, worden geacht tegen loon arbeidsprestaties
te verrichten onder het gezag van een ander persoon of in gelijkaardige
voorwaarden ais die van een arbeidsovereenkomst, is het niet vereist dat
het verrichten van vervoer door de ondememer kan worden opgelegd, noch
dat de ondememer de voorwaarden waaronder het verrichten van vervoer
moet verrichten, kan bepalen.

SECURITE SOCIALE. - TRANSPORT DE CHOSES.


Pour que les personnes, qui effectuent des transports de choses qui leur
sont commandés par une entreprise au moyen d'un véhicule dont elles ne
sont pas propriétaires ou dont l'achat est financé ou le financement garanti
par l'exploitant de cette entreprise, soient censées exécuter des prestations
de travail moyennant rémunération sous l'autorité d'un tiers ou dans des
modalités similaires à celles d'un contrat de travail, il n'est pas requis que
l'exécution du transport soit imposée par l'exploitant, ni que l'exploitant
puisse décider des conditions du transport.

Gehoord het verslag van raadsheer Marchal en op de conclusie van


advocaat-generaal Lenaerts;
Gelet op het bestreden arrest, op 16 september 1987 door het arbeids-
hof te Antwerpen gewezen;
Over het middel: schending van de artikelen 1, 2, § 1, 1°, van de
wet van 27 juni 1969 tot herziening van de besluitwet van 28 december
1944 betreffende de maatschappelijke zekerheid der arbeiders, en 3, enig
lid, 5°, van het koninklijk besluit van 28 november 1969 tot uitvoering
van de wet van 27 juni 1969 tot herziening van de besluitwet van 28
december 1944 betreffende de maatschappelijke zekerheid der arbeiders,
gewijzigd bij koninklijk besluit van 15 juni 1970,
doordat het arbeidshof vaststelt: dat uit het procesverbaal van de ins-
pectiedienst en de sociale inspectie is gebleken dat in juli 1982 het wagen-
park van de vennootschap bestond uit zes trucks en aanhangwagens
die alle reden onder de benaming en de vervoersvergunningen van de
p.v.b.a., en waarvoor de p.v.b.a. verzekeringen had afgesloten, dat de
vennoten-chauffeurs gewoonlijk om de maand de vrachtdocumenten en
de vrachtprijzen aan de zaakvoerder overhandigden, samen met de opgave
van de gemaakte kosten, dat V.D.E. dan de facturatie op naam van
- 131 -

de p.v.b.a. waarnam, de onkosten betaalde en de verdere administratie


verrichtte, dat een rekening courant op naam van elke chauffeur werd bij-
gehouden, dat de vennoten-chauffeurs zelf een cliënteel verwierven voor-
aleer zij tot de p.v.b.a. toetraden en dit cliënteel ook zelf opzochten, dat
de zaakvoerder V.D.E. iedereen vrijliet in het contacteren van cliënteel,
dat hij wel op verzoek van de chauffeurs die een gebrek aan opdrachten
hadden, bemiddelde bij relaties om die chauffeurs aan werk te helpen,
en dat in die situatie de vennoten-chauffeurs zelf de overeenkomst met de
cliënt afhandelden en vrij beslisten het transport al dan niet te doen, dat
geen rijverplichting of werktijden opgelegd waren en dat men in het
bedrijf van oordeel was dat het vervoer voor iedere deelgenoot zelfstan-
dig gedaan werd in zijn hoedanigheid van werkend vennoot waarbij
hij over een beperkt aantal aandelen beschikte en effectief het transport
mee hielp uitvoeren, zonder dat hierbij van enig toezicht sprake was;
Overwegende dat, luidens artikel 2, § 1, 1°, van de wet van 27 juni
1969 tot herziening van de besluitwet van 28 december 1944 betreffende
de maatschappelijke zekerheid der arbeiders, de Koning, bij in minister-
raad overlegd besluit en na het advies van de Nationale arbeidsraad te
hebben ingewonnen, de toepassing van deze wet kan uitbreiden, onder
de voorwaarden die Hij bepaalt, tot de personen die zonder door een
arbeidsovereenkomst te zijn verbonden, tegen loon arbeidsprestaties onder
het gezag van een ander persoon verrichten of die arbeid verrichten
in gelijkaardige voorwaarden als die van een arbeidsovereenkomst;
Overwegende dat ter uitvoering daarvan, bij koninklijk besluit van
28 november 1969, inzonderheid artikel 3, 5°, de toepassing van de
wet werd verruimd tot, onder meer, de personen die vervoer van goede-
ren verrichten dat hun door een onderneming opgedragen wordt, door
middel van voertuigen waarvan zij geen eigenaar zijn of waarvan de
aankoop gefinancierd of de financiering gewaarborgd wordt door de
ondernemer, alsmede tot die ondernemer;
Overwegende dat de aldus door artikel 3, 5°, van het koninklijk bes-
luit aangewezen personen, indien ze onder de erin bepaalde voorwaar-
den vallen, worden geacht personen te zijn die tegen loon arbeidsprestaties
onder het gezag van een ander persoon verrichten of die arbeid verrich-
ten in gelijkaardige voorwaarden als die van een arbeidsovereenkomst;
Overwegende dat uit het aangehaalde artikel 2, § 1, 1°, van de wet
van 27 juni 1969 blijkt dat een persoon arbeid kan verrichten in gelijk-
aardige voorwaarden als die van een arbeidsovereenkomst zonder juri-
disch onder het gezag van een ander persoon te staan;
Dat voor de toepassing van die wet op grond van artikel 3, 5°, van het
koninklijk besluit derhalve niet is vereist dat het verrichten van vervoer
door de ondernemer kan worden opgelegd, noch dat de ondernemer de
voorwaarden waaronder het vervoer moet worden verricht, kan bepalen;
Dat het middel faalt naar recht;
Om die reden,
Verwerpt de voorziening.

-- - - - -- • - • - • - ~ - -- ~ -.- ---------.- -.- 1 -:-:-.-.-.---------.--- -;>--.-- ---_-_- -.-- -- 1 '-::--.-:.-:------:::-:-:-:-:-:~::-:-::-::- -~--::-: :-::- --::-- '
- 132 -

Cass. (3e ch.) - 17-10-1988


Pr.: Basly M.P.: Liekendael - PL: Me J. Dassesse
A.G. / F.A.T. (n° 8296)

ACCIDENT DU TRAVAIL. - EXIGIBILITE DE LA DETTE


La dette de l'assureur-loi envers le Fonds des accidents du travail existe
dès que les conditions légales sont réunies, à savoir la fixation de l'incapa-
cité permanente de travail à un taux inférieur à 10 % et l'expiration du
délai triennal de révision. Une disposition légale déterminant l'époque du
paiement est étrangère à l'existence de la dette et n'affecte pas son exigibi-
lité: le droit à obtenir le versement du capital naît à l'expiration du délai
de révision.

ARBEIDSONGEVAL. - OPEISBAARHEID VAN DE SCHULD.


De schuld van de verzekeraar-wet aan het Fonds voor arbeidsongevallen
bestaat van zodra de wettelijke voorwaarden verenigd zijn, te weten het
bepalen van de blijvende arbeidsongeschiktheid op minder dan 10 % en
het verloop van de driejarige herzieningstermijn. De wettelijke betalingster-
mijn heeft geen invloed op de opeisbaarheid: het recht op de storting van
het kapitaal ontstaat na verloop van de herzieningstermijn.

Ouï Monsieur le président de section Basly en son rapport et sur


les conclusions de Madame Liekendael, avocat général;
Vu l'arr&t attaqué, rendu le 28 avril 1986 par la cour du travail de
Bruxelles;
Sur le moyen pris de la violation des articles 24 (tel que modifié par
l'a.r. n° 39 du 31-3-82, art. 1er), 45, alinéas 1•r en 3 (tel que modifié
par l'a.r. n° 39 du 31-3-82, art. 5), 51, spécialement 2°, 51bis (tel que
modifié par l'a.r. n° 39 du 31-3-82, art. 6), 51bis, alinéas 1•r et 2 (tels
que modifiés par l'a.r. n° 212 du 26-9-83, art. l•r), 58, § l•r, 11° (tel
que modifié par l'a.r. n° 39 du 31-3-1982, art. 7), 59, 10° (tel que modi-
fié par l'a.r. n° 39 du 31-3-82, art. 8), 60, spécialement alinéa 2, de
la loi du 10 avril 1971 sur les accidents du travail; de l'article 5 de
l'arr&té royal n° 39 du 31 mars 1982 modifiant la loi du 10 avril 1971
sur les accidents du travail; de l'article 1er de l' arr&té royal du 30 mars
1982 portant exécution de l'article 42, alinéa 2, de la loi du 10 avril
1971 sur les accidents du travail; de l'article 4 de l'arr&té royal n° 212
du 26 septembre 1983 modifiant la loi du 10 avril 1971 sur les accidents
du travail; et des articles 1376, 1377, 1980 et 1983 du Code civil, alors que,
deuxième branche, en retenant en l'espèce où la victime ne présentait
à l'expiration du délai de révision, soit le 2 octobre 1982, qu'une incapa-
cité permanente de travail inférieure à 10 %, sur le fondement de l'arti-
cle 51, 2°, de la loi du 10 avril 1971 qui précise que l'assureur-loi constitue
(notamment auprès du Fonds des accidents du travail) le capital de la
- 133 -

rente en cas d'incapacité permanente de travail, dans le mois de l'expira-


tion du délai de révision, qu' "ainsi, dans le mois d'octobre 1982,
l'assureur-loi était tenu de constituer le capital de la rente et que c'est
ce capital-là qui est versé au Fonds des accidents du travail dès que
l'expiration du délai de révision est atteinte"; que "la cause juridique
de la débition du capital est donc l'expiration du délai de révision visé
à l'article 72" et que "le droit du Fonds des accidents du travail à
obtenir le versement du capital était né à l'expiration du délai de révi-
sion", l' arr&t méconnait les dispositions de l'article 51 bis de la loi du
10 avril 1971 sur les accidents du travail (telles que modifiées par l'a.r.
n° 39, art. 6) qui, d'une part, n'obligent l'assureur-loi, lorsque la victime
ne présente à l'expiration du délai qu'une incapacité permanente infé-
rieure à 10 % à verser au Fonds des accidents du travail le capital de
la rente que dans le courant du premier mois du trimestre qui suit
l'expiration du délai de révision et qui, d'autre part, constituent une
dérogation aux dispositions prérappelées de l'article 51, 2°, qui ne sau-
raient trouver application lorsqu'à l'expiration du délai de révision, l'inca-
pacité permanente de la victime n'atteint pas 10 %; que partant l'arr&t
viole l'ensemble desdites dispositions (violation des art. 51, alinéa 1er
et 2° de la loi du 10-4-71 sur les accidents du travail et 51bis de ladite
loi telle que modifiée par l'a.r. n° 39, art. 6) ainsi que les articles 1376
et 1377 du Code civil en rejetant l'action de la demanderesse en restitu-
tion des sommes versées indûment au défendeur;
Attendu qu'il ressort de l'arr&t que la demanderesse, assureur-loi, a
versé au défendeur, le 31 décembre 1982, une somme de 788.055 F,
représentant le capital de la rente à laquelle avait droit un travailleur
dont l'incapacité permanente, consécutive à un accident du travail, était
définitivement fixée à 8 % depuis le 2 octobre 1982, date de l'expiration
du délai de révision de trois ans prévu à l'article 72 de la loi du 10
avril 1971 sur les accidents du travail; que la demanderesse, ayant appris
le 3 janvier 1983 le décès dudit travailleur, survenu le 23 décembre 1982
"sans le moindre rapport avec l'accident du travail", considéra qu'elle
avait indûment constitué le capital de la rente et forma contre le défen-
deur une demande en répétition d'indû;
Attendu que si, à l'expiration du délai triennal de révision visé audit
article 72, la rente était calculée, comme en l'espèce, sur un taux d'inca-
pacité permanente de travail. inférieur à 10 %, l'article 51bis de la m&me
loi, dans sa rédaction en vigueur à l'époque, imposait à l'assureur de
verser le capital de la rente au Fonds des accidents du .travail, dans
le courant du premier mois du trimestre qui suit l'expiration du délai
visé à l'article 72; ·
Attendu qu'un payement n'est indû que s'il est dépourvu de cause;
Qu'en l'espèce, le payement par la demanderesse au défendeur du capi-
tal de la rente trouvait sa cause dans la loi; qu'en vertu de l'article
51 bis précité, la dette de l'assureur envers le Fonds des accidents du
travail existait dès que les conditions légales en étaient réunies, à savoir,
- 134 -

d'une part, la fixation de l'incapacité permanente de travail à un taux


inférieur à 10 %, d'autre part, l'expiration du délai triennal de révision;
que la disposition dudit article Slbis déterminant l'époque du payement
est étrangère à l'existence de la dette et n'affecte que son exigibilité;
Qu'il s'ensuit qu'en décidant que le droit du défendeur était né à
l'expiration du délai de révision et en refusant, dès lors, à la demande-
resse le remboursement du capital versé, la cour du travail n'a violé
aucune des dispositions légales indiquées dans le moyen;
Que, dans la mesure où, en sa deuxième branche, il critique cette
décision, le moyen manque en droit;
Attendu que les autres griefs allégués par la demanderesse, fussent-ils
fondés, seraient sans incidence sur la légalité de la décision critiquée
et ne sauraient, dès lors, entrainer la cassation;
Que, dans cette mesure, le moyen, en toutes ses branches, est irre-
cevable;
Par ces motifs,
rejette le pourvoi.

Cass. (3e k.) - 19-12-1988


Vz.: Châtel - O.M.: Lenaerts - Pl.: Mrs Bützler & De Gryse
D. / n.v. S (nr. 6376)

ADMINISTRATIEVE GELDBOETE. - TERMIJN. - DRAAGWIJDTE.


De termijn van twee jaar voor het opleggen van een administratieve
geldboete, geldt niet alleen voor de tijd waarover de bevoegde ambtenaar
beschikt om de boete op te leggen, maar ook de tijd waarbinnen het gerecht
definitief uitspraak moet hebben gedaan.

AMENDE ADMINISTRATIVE. - DELAI. - PORTEE.


Le délai de deux ans dans lequel l'amende administrative doit être infli-
gée concerne non seulement le temps dont dispose le fonctionnaire désigné
pour infliger l'amende, mais également le temps accordé aux juridictions
pour se prononcer de façon définitive.

Gehoord het verslag van raadsheer Rauws en op de conclusie van


advocaat-generaal Lenaerts;
Gelet op het bestreden arrest, op 16 december 1987 door het arbeids-
hof te Antwerpen gewezen;
Over het middel: schending van de artikelen 7, 8 en 13 van de wet
van 30 juni 1971 betreffende de administratieve geldboeten toepasselijk
in geval van inbreuken op sommige sociale wetten,
- 135 -

doordat het Arbeidshof, na te hebben vastgesteld dat "luidens artikel


13 van de wet van 30 juni 1971 geen administratieve geldboete kan
worden opgelegd twee jaar na het feit dat de bij die wet bedoelde over-
treding oplevert; dat de daden van onderzoek of van vervolging, ver-
richt binnen de gestelde termijn van twee jaar, de loop van de verjaring.
stuiten; dat de verjaringstermijn ingevolge stuiting hoogstens kan ver-
dubbelen ", oordeelt dat "deze verjaringstermijn van openbare orde is
en dus ambtshalve moet worden toegepast; dat niet alleen de administra-
tieve beslissing, maar ook de rechterlijke beslissing, waarbij de adminis-
tratieve geldboete wordt opgelegd, binnen de voormelde verjaringstermijn
moeten worden genomen (... )", en na te hebben vastgesteld dat "de
feiten, waarop de oorspronkelijke vordering van eiser steunt, dateren
van 30 mei 1983 en alsdan vastgesteld werden bij proces-verbaal van
de Inspectie van de sociale wetten ", besluit dat "de oorspronkelijke
vordering van eiser hoe dan ook als verjaard dient te wor4en beschouwd,
vermits meer dan vier jaar verlopen is sedert de als basis van de oor-
spronkelijke vordering van eiser aangevoerde feiten zouden zijn gepleegd;
dat de verjaringstermijn door stuitingsdaden maximaal op vier jaar kan
worden gebracht, zodat de vordering sedert 31 mei 1987 alleszins ver-
jaard is ", en de oorspronkelijke eis als uitgedoofd door verjaring afwijst,
terwijl, overeenkomstig artikel 7 van de wet van 30 juni 1971, de
bevoegde ambtenaar beslist, indien de arbeidsauditeur afziet van straf-
rechtelijke vervolging of verzuimt tijdig een beslissing te nemen, en na
de betrokken werkgever de mogelijkheid te hebben geboden zijn ver-
weermiddelen naar voren te brengen, of wegens de overtreding van de
sociale wetten, een administratieve geldboete moet worden opgelegd;
wanneer de werkgever in gebreke blijft de boete binnen de gestelde
termijn te betalen, de ambtenaar slechts de toepassing van de administra-
tieve geldboete voor de arbeidsrechtbanken kan vorderen; de bevoegde
ambtenaar aldus een administratieve geldboete oplegt, en de arbeidsge-
rechten slechts uitspraak doen over de toepassing ervan; overeenkomstig
artikel 13 van dezelfde wet, geen administratieve geldboete meer kan
worden opgelegd twee jaar na het feit dat de overtreding oplevert, doch
daden van onderzoek of van vervolging, verricht binnen deze termijn,
de loop ervan stuiten, zodat een nieuwe termijn van gelijke duur begint
te lopen; artikel 13 aldus slechts vereist dat de administratieve geldboete
zou worden opgelegd door de bevoegde ambtenaar binnen de termijn
van twee jaar, welke, ingevolge stuiting, tot vier jaar kan oplopen, doch
geenszins vereist dat binnen deze termijn tevens uitspraak zou worden
gedaan door het aangesproken arbeidsgerecht over de toepassing van
de aldus opgelegde administratieve geldboete; het arbeidshof derhalve,
door te oordelen dat de bij artikel 13 van de wet van 30 juni 1971
bedoelde verjaringstermijn ook inhoudt dat de rechterlijke beslissing bin-
nen deze termijn moet worden genomen, de strekking van de in het
middel vermelde wetsbepalingen miskent:
- 136 -

Overwegende dat uit de wetsgeschiedenis blijkt dat met de bij artikel


13 van de wet van 30 juni 1971 bepaalde termijn van twee jaar, die
kan worden gestuit, niet enkel beoogd wordt de tijd waarover de bevoegde
ambtenaar beschikt om, overeenkomstig de bepalingen van artikel 7,
van de beslissing tot oplegging van een administratieve geldboete kennis
te geven, maar ook de tijd waarbinnen het arbeidsgerecht definitief uit-
spraak moet hebben gedaan over de bij artikel 8 van dezelfde wet bedoelde
vordering tot toepassing van de administratieve geldboete, die de bevoegde
ambtenaar inleidt ingeval de werkgever blijft weigeren die boete te
betalen;
Dat het middel faalt naar recht;
Om die redenen,
Verwerpt de voorziening.
Noot. - De Programmawet van 30 december 1988 wijzigt de wet van 30 juni 1971
op verschillende punten. Bij de bespreking van artikel 91, handelend over de verjaring,
leest men in de parlementaire werken dat de termijn, waarin de administratieve geldboete
wordt opgelegd, zoals in het verleden, slechts slaat op de administratieve beslissing. De
procedure voor de arbeidsgerechten wordt bijgevolg beheerst door de verjaringstermijn
van dertig jaar, die geldt in burgerlijke zaken (Pari. St., Kamer, nr. 609/1 - 1988-89, 40).

Conseil d'Etat (3e ch.) - 6-1-1989


Pr.: Van Aelst - M.P.: Haubert - Pl.: M•s Demolin, Brulard,
Govaerts & Demeester
S. / E.B., M.I., I. 514 & U.N.M.P.B. (n° 35.546)

A.M.I. - ASSURANCE LIBRE. - SUPPRESSION D'UN SERVICE.


L La suppression d'un service relevant de la fédération n'est pas imputable
à une société mutualiste qui en est membre.
IL Les membres d'une fédération sont les sociétés mutualistes et non leurs
membres.

Z.I.V. - VRIJE VERZEKERING. - AFSCHAFFING VANEEN DIÈNST.


L Het afschaffen van een door het verbond ingerichte dienst kan niet
aangerekend worden aan een mutualistische maatschappij, !id van dat
verbond.
IL De leden van een verbond zijn de mutualistische maatschappijen en
niet hun leden.

Vu la requête, introduite le 10-2-1987, par laquelle S. poU:rsuit l'annu-


lation de:
- 137 -

1° l'arrêté royal du 19-11-1986, publié au Moniteur belge le 10-12-1986,


p. 16.729 en ce qu'il homologue les nouvelles dispositions statutaires
de la Fédération mutualiste interprofessionnelle;
2° la délibération de l'assemblée générale de la Fédération mutualiste
interprofessionnelle du 22-3-1986 modifiant l'article 2 des statuts de ladite
fédération;
3° la décision de la mutuelle interprofessionnelle des enseignants et
associés relative à la suppression du service des " indemnités journalières".
Vu les mémoires en réponse;
Vu le rapport avec avis conforme de Mme Haubert, auditeur adjoint
au Conseil d'Etat;
Entendu M. le conseiller François en son rapport;
Considérant que le requérant s'est affilié en 1975 à la mutuelle inter-
professionnelle d'enseignants et associés, membre elle-même d'une fédé-
ration devenue en 1979 la Fédération mutualiste interprofessionnelle;
que, selon l'article 2, deuxième alinéa, de ses statuts, la mutuelle a notam-
ment pour but de permettre à ses membres de "bénéficier des avantages
statutaires "octroyés par la fédération et l'union nationale à laquelle
est " affiliée la société" ; que le requérant, professeur mis en disponibilité
par le Ministre de l'éducation nationale en 1983, a eu droit aux indemni-
tés d'assurance libre non subsidiée que la caisse d'invalidité de la fédéra-
tion devait lui payer par l'intermédiaire de sa mutuelle; qu'une
modification des statuts de la fédération, décidée par une assemblée géné-
rale du 22-3-1986 et homologuée par un arrêté royal du 19-11-1987,
mit fin au service des indemnités journalières;
Considérant que le requérant prend un premier moyen de la violation
'des articles 3 et 21 de la loi du 23-6-1894 portant révision de la loi
du 3-4-1851 sur les sociétés mutualistes en ce qu'il n'est pas prouvé
que la mutuelle ait, comme elle devait le faire pour supprimer le service
des indemnités journalières, modifié ses statuts ni que la fédération ait
respecté pour modifier les siens les formes prescrites par les dispositions
invoquées, de sorte qu'il faut "présumer que la décision de supprimer
le service des indemnités journalières a été faite en méconnaissance à
la fois des statuts et des articles 3 et 21 de la loi du 23-6-1894";
Considérant que la suppression d'un service relevant de la fédération
n'est pas imputable à une société mutuelle qui en est membre; que
celle-ci n'avait donc pas à modifier ses statuts en raison de cette suppres-
sion; qu'à propos de la modification de ceux de la fédération, le requé-
rant n'indique pas quelle règle aurait été violée; que le moyen ne peut
être retenu;
Considérant que le requérant prend un deuxième moyen de la viola-
tion de l'article 22bis de la loi du 23-6-1894 en ce qu'il n'a pas été
convoqué à l'assemblée générale du 22-3-1986;
Considérant que l'article 22bis de cette loi a trait aux assemblées des
sociétés mutualistes; que, conformément à l'article 3 de la même loi,
les membres de la fédération sont, aux termes de l'article 5 de ses sta-
- 138 -

tuts, les sociétés mutualistes et non leurs membres; que le moyen man-
que en droit;
Considérant que le requérant prend un troisième moyen de la viola-
tion de l'article 35, § 3, de l'arrêté royal du 13-4-1965 réglant l'attribu-
tion des subsides de l'Etat en faveur des services d'assurance mutualiste
libre, en ce que l'assemblée générale du 22-3-1986 aurait dti décider "soit
de l'affectation des réserves, soit de l'apurement du déficit du service
supprimé"; qu'il ajoute que l'arrêté royal attaqué ne pouvait être "pro-
mulgué en dépit <lesdites irrégularités";
Considérant que l'article 35, § 3, de l'arrêté royal du 13-4-1965 réglant
l'attribution des subsides de l'Etat en faveur des services d'assurance
mutualiste libre disposait:
"En cas de suppression d'un service, l'assemblée générale de l'associa-
tion mutualiste décide soit de l'affectation des réserves, soit de l'apure-
ment du déficit.
Si les réserves d'un service subsidié sont transférées à un ou plusieurs
autres services subsidiés, les subsides qui ont été octroyés au service
supprimé sont attribués à ce ou ces services";
que l'article 13, § 3, de l'arrêté royal du 9-7-1986 réglant l'attribution
des subsides de l'Etat en faveur des services d'assurance mutualiste libre,
arrêté abrogeant le précédant avec effet au 1-1-1986, dispose de même;
que ces dispositions ne sont toutefois pas applicables en l'espèce, les
dispositions de l'arrêté royal du 13-4-1965 relatives aux subsides au ser-
vice d'incapacité primaire ayant été abrogées par l'article 8 de l'arrêté
royal du 20-1-1984, et le service des indemnités journalières n'étant plus
subsidié; que le moyen ne peut être retenu;
Considérant que le requérant prend un quatrième moyen de ce que
"le contr8le des comptes annuels ainsi que du calcul et de l'octroi des
subsides de l'Etat en faveur des services subsidiables n'a pas été effectué
correctement par la partie adverse" et de ce qu'il est "dans l'ignorance
totale des comptes annuels de la fédération ... en particulier... des comptes
de l'exercice de 1985"; qu'il ajoute que les comptes annuels et les bilans
n'ont pas été introduits dans le délai légal; qu'il conclut que la première
partie adverse a homologué la décision de l'assemblée générale sans rem-
plir le devoir de contr8le que lui fait la loi du 23-6-1894 en son article 21;
Considérant que, pour la raison exposée à l'occasion de l'examen du
troisième moyen, les griefs relatifs aux subsides sont sans objet; que
la première partie adverse répond à juste titre que "s'il est vrai que
les comptes de l'exercice 1985 n'avaient pas été introduits avant le
31-5-1986 comme le prescrit l'article 35, § 2, de l'arrêté royal du
13-4-1965 ... cela ne signifie pas qu'il n'aient pas été contr8lés dès leur
introduction" et ajoute, sans être contredite, qu'il y avait eu un con-
tr8le sur place en janvier 1986; que la fédération n'avait pas à communi-
quer de comptes au requérant qui n'est pas membre de son assemblée
générale; que le moyen ne peut être retenu,
Décide : la requête est rejetée.
- 139 -

Cass. (3e ch.) - 9-1-1989


Pr.: Bosly - M.P.: Duchatelet - Pl.: M• A. De Bruyn
O.N.S.S. / V. (n° 8439)

SECURITE SOCIALE. - RESPONSABILITE SOLIDAIRE.


Quiconque fait appel, pour l'exécution d'un travail immobilier, à un
entrepreneur non enregistré, est solidairement responsable du paiement des
sommes dues par celui-ci à l'O.N.S.S., à l'exception de certains travaux
prévus par la loi. En élargissant cette exception aux travaux effectués à
un immeuble affecté partiellement à des fins professionnelles, le juge res-
treint illégalement la règle générale de droit.

SOCIALE ZEKERHEID. - HOOFDELIJKE AANSPRAKELIJKHEID.


Hij die voor de uitvoering van een onroerend werk een niet geregistreerde
aannemer aanspreekt, is hoofdelijk aansprakelijk voor de betaling van som-
men, die deze aan de R.S.Z. verschuldigd is, behalve voor bepaalde, wette-
lijk opgesomde werken. Door deze uitzondering uit te breiden tot werken
aan een gebouw dat deels beroepsmatig wordt aangewend, beperkt de rech-
ter onrechtmatig de algemeen rechtsregel.

La Cour,
Ouï Monsieur le conseiller Verheyden en son rapport et sur les con-
clusions de Monsieur Duchatelet, premier avocat général;
Vu l'arr&t attaqué, rendu le 28 janvier 1988 par la cour du travail
de Bruxelles;
Sur le premier moyen, pris de la violation de l'article 30bis, spéciale-
ment §§ 1•r, 3 et 6, 1°, de la loi du 27 juin 1969 revisant l'arr&té-loi
du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs, inséré
dans ladite loi par l'article 61 de la loi de réorientation économique
du 4 aodt 1978, et de l'arr&té royal d'exécution du 5 octobre 1978,
article 1er,
en ce que l'arr&t déboute le demandeur de son action tendant à obte-
nir le paiement des montants de 53.744 F. et 32.246 F., le premier
demandé au défendeur en sa qualité de codébiteur solidaire d'un entre-
preneur non enregistré, en vertu de l'article 30bis, § 1•r, de la loi du
27 juin 1969, le second représentant les majorations dues en vertu du
§ 3 de cet article à raison du défaut de versement, lors du règlement
de la facture dudit entrepreneur, de 15 % du montant de celle-ci, au
motif que le défendeur invoquait à bon droit le bénéfice de l'exception
à l'application desdites dispositions qui est prévue par le § 6, 1°, de
cet article 30bis en cas de travaux de transformation, aménagement, répa-
ration, entretien ou nettoyage d'une habitation individuelle existante,
car, nonobstant l'affectation du sous-sol de l'immeuble concerné par les
travaux à l'exercice de la profession du défendeur, cet immeuble répon-

··.·.-1
- 140 -

dait au concept de l'habitation, qui "ne couvre pas seulement la table


et le lit, mais toute activité de la vie courante de l'habitation, y compris
donc, éventuellement, une activité professionnelle personnelle exercée
par le défendeur en son habitation",
alors que l'exception prévue par le § 6, 1°, de l'article 30bis aux dispo-
sitions d'ordre public des §§ 1er et 3 de cet article doit être appliquée
strictement; qu'elle ne concerne, sub 1°, que les habitations individuel-
les et ne peut donc être étendue à des immeubles affectés à la fois à
l'habitation et à des fins professionnelles; que le terme "habitation'',
ne faisant l'objet d'aucune définition spécifique du législateur, doit être
pris dans son sens usuel, à savoir l'immeuble où l'on demeure et loge;
d'où il suit qu'en étendant à un immeuble affecté, füt-ce partiellement,
à d'autres fins que l'habitation au sens usuel, l'exception à l'application
des §§ 1er et de l'article 30bis de la loi du 27 juin 1979 prévue par
le § 6, 1°, dudit article, l'arrêt a violé lesdites dispositions (violation
de l'art. 30bis de la loi du 27-6-69, spécialement des §§ 1er, 3 et 6,
1°, de cet article et de l'a.r. d'exécution du 5-10-78, art. 1er):
Attendu que l'article 30bis, §§ 1•r et 3, de la loi du 27 juin 1969
prévoit que quiconque fait appel, pour l'exécution d'activités détermi-
nées par le Roi, à un entrepreneur non enregistré à la liste de ceux
qui répondent aux dispositions légales et réglementaires en la matière,
est solidairement responsable du payement des sommes dues par celui-ci
au demandeur, dans la mesure qu'il détermine, et est tenu, lors de cha-
que payement qu'il effectue à ce cocontractant, de retenir et de verser
à l'Office national de sécurité sociale 15 % du montant dont il est rede-
vable, non compris la taxe sur la valeur ajoutée;
Que, parmi ces activités, figure, notamment, l'exécution d'un travail
immobilier au sens de l'article 1•r, 1°, de l'arrêté royal de 5 octobre
1978 portant exécution dudit article 30bis;
Que ces dispositions ne sont pas applicables selon le § 6 de ce même
article, " à la transformation, l'aménagement, la réparation, l'entretien
ou le nettoyage d'une habitation individuelle existante";
Que cette exception, étant de stricte interprétation, ne concerne que
l'habitation individuelle prise au sens usuel du terme, soit l'immeuble
affecté uniquement au logement;
Attendu qu'en décidant que l'exception prévue par ledit § 6 est appli-
cable lorsque les travaux ont été effectués à un immeuble affecté partiel-
lement à des fins professionnelles, l'arrêt restreint illégalement le champ
d'application de la mesure instaurée par les paragraphes 1•r et 3 de l'arti-
cle 30bis;
Que le moyen est fondé;
Par ces motifs,
Casse l'arrêt attaqué.
- 141 -

Cass. (3e k.) - 16-1-1989


Vz.: Soetaert - O.M.: Lenaerts - PL: Mrs A. Houtekier & L. De Gryse
A.B.V.V. & V.H./1 (n° 6377)

SLUITING VAN ONDERNEMING. - GEMIDDELD AANTAL WERK-


NEMERS.
De rechter kan, zonder de wettelijke bepalingen te schenden, oordelen
dat een planmatige ajbouw van de ondememing in het refertejaar tot gevolg
heeft dat het gemiddelde aantal werknemers niet als "gewoonlijk " kan wor-
den aangemerkt en het bewijs daarvan vinden in het volgende jaar.

FERMETURE D'ENTREPRISE. - EFFECTIF MOYEN.


Le juge peut, sans violer les dispositions légales, décider qu'une réduction
systématique de l'entreprise durant l'année de référence fausse la notion
d'effectif moyen "habituel " et en trouver la preuve en se référant aux effec·
tifs de l'année suivante.

Gehoord het verslag van afdelingsvoorzitter Soetaert en op de conclu-


sie van advocaat-generaal Lenaerts;
Gelet op het bestreden arrest, op 16 november 1987 door het arbeids-
hof te Brussel gewezen ;
Over het middel: schending van de artikelen 97 van de Grondwet,
14, § 1, eerste lid, van de wet van 20 september 1948 houdende organi-
satie van het bedrijfsleven, gewijzigd bij de wet van 28 januari 1963
en het koninklijk besluit nr. 4 van 11 oktober 1978, 3, § 1, eerste
lid, en 4, § 1, van het koninklijk besluit van 31 juli 1986 betreffende
de ondernemingsraden en de comités voor veiligheid, gezondheid en ver-
fraaiing van de werkplaatsen.
W at het tweede en het derde onderdeel betreft:
Overwegende dat, terwijl in artikel 4, § 1, van het koninklijk besluit
van 31 juli 1986 wordt bepaald hoe het gemiddelde aantal werknemers
moet worden berekend, in geen enkele wettelijke bepaling wordt gezegd
wat onder "gewoonlijk" moet worden verstaan; dat het arrest, zonder
de in de onderdelen aangewezen wettelijke bepalingen te schenden, heeft
kunnen oordelen dat de planmatige afbouw van de onderneming in het
refertejaar tot gevolg had dat het gemiddelde niet als "gewoonlijk" kon
worden aangemerkt en het bewijs daarvan heeft kunnen vinden mede
in het volgende jaar;
Dat de onderdelen niet kunnen worden aangenomen;
Overwegende dat, nu de voorziening moet worden verworpen, de vor-
dering tot bindendverklaring zonder belang is;
Om die redenen,
Verwerpt de voorziening en de vordering tot bindendverklaring.
- 142 -

Cass. (2e ch.) - 23-1-1989


Pr.: Ch~tel - M.P.: Duchatelet - Pl.: Me R. Bützler
I.N.A.S.T.I. I J., J. & U.I. (n° 7916}

STATUT SOCIAL DES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS. - OPPOSI-


TION DE LA NORME EUROPEENNE A LA NORME NATIONALE.
Dans la mesure où il s'oppose à l'exemption de cotisation des travailleurs
indépendants qui exercent habituellement et en ordre principal une activité
salariée sur le territoire d'un autre Etat membre de la Communauté écono-
mique européenne et en tant qu'il est, donc, contraire aux articles 48 et
52 du Traité instituant cette communauté, dans l'interprétation que leur
donne l'arrêt de la Cour de justice, l'article 35, § 1·~ de l'arrêté royal
du 19 décembre 1967 ne peut être appliqué.

SOCIAAL STATUUT DER ZELFSTANDIGEN. -TEGENSTRIJDIGHEID


VAN NATIONALE REGEL AAN EUROPESE REGEL.
Voor zover artikel 35, § 1, van het koninklijk besluit van 19 december
1967 de vrijstelling verhindert van de bijdragen aan het sociaal statuut,
van zelfstandigen die gewoonlijk en in hoofdorde een loontrekkende activi-
teit uitoefenen in een ander Lidstaat van de Europese economische gemeen-
schap, en dus indruist tegen de artikelen 48 en 52 van het Verdrag van
deze Gemeenschap, mag dit artikel niet toegepast worden.

La Cour,
Ouï Monsieur le conseiller Marchal en son rapport et sur les conclu-
sions de Monsieur Duchatelet, premier avocat général;
Vu l'arrêt attaqué, rendu le 13 décembre 1985 par la cour du travail
de Bruxelles ;
Sur les deux moyens, le premier, pris de la violation des articles 12,
§ 2, alinéa 1er, de l'arrêté royal n ° 38 du 27 juillet 1967 organisant
le statut social des travailleurs indépendants, tel que modifié par l'article
9, 2°, de la loi du 6 février 1976, 35 de l'arrêté royal du 19 décembre
1967 portant règlement général en exécution de l'arrêté royal n° 38
précité, tel que modifié par l'article 10 de l'arrêté royal du 18 août
1972 et complété par l'article 9 de l'arrêté royal du 15 juillet 1970,
et 7, § 2, du règlement n° 1612/68 du 25 octobre 1968 du Conseil
de la C.E.E., relatif à la libre circulation des travailleurs à l'intérieur
de la Communauté,
en ce que, après avoir considéré "qu'il importe de vérifier si les deux
premiers défendeurs ont exercé une activité principale en qualité de tra-
vailleur salarié en Angleterre'', l'arrêt décide que "cette approche du
dossier oblige à l'application de l'article 12, § 2, de l'arrêté royal n°
38 du 27 juillet 1967, l'I.N.A.S.T.I. soutenant, à tort que cette disposi-
- 143 -

tion n'est applicable, conformément à l'article 35 de l'arrêté royal du


19 décembre 1967, que si l'activité exercée est soumise au régime de
pension belge", estimant "que l'article 35 de l'arrêté royal du 9 décem-
bre 1967 a été pris pour l'application de l'artic;le 12, § 2, (de l'a.r. n°
38) ", que "si l'article 35 fait référence aux divers régimes de pension,
ce n'est pas pour en faire une condition de l'activité habituelle et en
ordre principal, mais seulement comme base de calcul du nombre de
jours de travail requis pour que soit établie semblable activité et que
l'article 12 n'impose ni n'implique que l'activité professionnelle alléguée
ait été exercée dans le pays ni que l'activité à titre principal ait entraîné
l'assujettissement obligatoire à un autre régime belge de pension", y
ajoutant que "la réglementation communautaire couvre les travailleurs
salariés de la C.E.E. dont les britanniques", que "le régime de pension
qui leur est applicable est assimilé à un régime de pension belge", et
que "indépendamment du fait que cette législation communautaire n'a
été étendue aux régimes des travailleurs indépendants qu'ultérieurement,
les règles non discriminatoires dont bénéficiaient, pendant la période
litigieuse, les salariés britanniques s'opposent aussi à l'interprétation don-
née, par le demandeur, à l'article 12, § 2, (règlement C.E.E., 16-12-68,
1612/68, art. 7-2)", et après avoir constaté que le premier défendeur
bénéficiait d'une pension de retraite, taxes et cotisations ayant été payées
en Angleterre, rejette la demande relative au premier défendeur, et, en
ce qui concerne le deuxième défendeur, ordonne la réouverture des débats,
alors que l'article 35 de l'article royal du 19 décembre 1967 précité
dispose, en son premier paragraphe, que "pour l'application de l'article
12, § 2, de l'arrêté royal n° 38, l'assujetti est considéré comme exerçant
habituellement et en ordre principal, à c8té de l'activité professionnelle
en qualité de travailleur indépendant, une autre activité professionnelle
au cours de l'année pour laquelle les cotisations sont dues a) lorsque
son occupation comme ouvrier, employé, mineur ou marin naviguant
sous pavillon belge répond à la notion d'occupation habituelle et en
ordre principal au sens du régime applicable à ces travailleurs, b) lors-
que, si son activité relève d'un autre régime de pension établi par ou
en vertu d'une loi, par un règlement provincial ou par la Société natio-
nale des chemins de fer belges, cette activité s'étend au cours de l'année
sur huit mois ou 200 jours au moins (...)", précise, en son deuxième
paragraphe, cette règle pour les cas où l'activité envisagée ne s'étend
pas sur l'ensemble de l'année, et dispose, en son troisième paragraphe,
que "pour l'application du présent article, l'occupation au service d'un
organisme international ou supranational dont la Belgique fait partie,
est assimilée à une occupation comme ouvrier ou employé, suivant le
cas, au sens du § 1er, a"; que cet article 35, et, dès lors, l'article 12,
§ 2, de l'arrêté royal n° 38 ne peuvent être applicables, comme le soute-
nait le demandeur dans ses deuxièmes conclusions additionnelles, que
lorsque le travailleur indépendant exerce simultanément à titre principal
une activité salariée dont le régime de pension est établi par une loi
- 144 -

belge; que l'article 35 fait référence aux divers régimes de pension belge,
non seulement afin de déterminer la base de calcul du nombre de jours
de travail requis pour que soit établie l'activité habituelle et en ordre
principal, mais aussi afin d'en faire une condition spécifique pour que
ces jours de travail puissent être pris en considération; que la disposition
légale précitée fait donc référence à un régime de pension au sens de
la législation belge, à l'exclusion de tout régime de pension ·établi par
une législation étrangère, la seule exception prévue concernant l'occupa-
tion comme employé ou ouvrier au service d'un organisme international
ou supranational dont la Belgique fait partie; que l'article 7, § 2, du
règlement 1612/68 du Conseil de la C.E.E. relatif à la libre circulation
des travailleurs à l'intérieur de la Communauté, dispose que le travail-
leur ressortissant d'un Etat membre bénéficie sur le territoire des autres
Etats membres, des mêmes avantages sociaux et fiscaux que les travail-
leurs nationaux; que cette règle communautaire, bien qu'elle instaure
le principe de la non-discrimination, ne pourrait avoir comme consé-
quence que l'activité exercée par un ressortissant britannique, en Grande-
Bretagne, devrait nécessairement être assimilée à l'activité exercée en Bel-
gique, par un ressortissant belge; que le principe de la non-discrimination
implique uniquement que le ressortissant britannique pourrait bénéficier
des mêmes avantages que les ressortissants belges, c'est-à-dire que lorsque
pour ces derniers l'exercice de l'activité principale en Belgique, ou au
service d'un organisme international ou supranational est requise pour
faire appel à l'application des articles 35 et 12, § 2, précités, les ressortis-
sants britanniques peuvent également se prévaloir de l'exercice d'une
telle activité en Belgique ou au service d'un organisme international ou
supranational; qu'il y aurait seulement discrimination lorsque la même
législation serait appliquée différemment à des personnes se trouvant
dans la même situation juridique; de sorte que la cour du travail, en
considérant que l'article 35 de l'arrêté royal du 19 décembre 1967 n'exige
point que l'activité principale soit soumise au régime de pension belge,
a violé ce texte légal (violation de l'art. 35 de l'a.r. du 19-12-67, ainsi
que de l'art. 12, § 2, de l'a.r. n° 38, précités), et que, en estimant que
les règles communautaires non-discriminatoires s'opposent à ce que l'acti-
vité exercée en Grande-Bretagne par un ressortissant britannique ne soit
pas prise en considération pour l'application des articles 35 de l'arrêté
royal du 19 décembre 1967, et 12, § 2, de l'arrêté royal n° 38, elle
a méconnu ces règles communautaires (violation de l'art. 7, § 2, du
règlement 1612/68 du Conseil de la C.E.E.);
le second, pris de la violation des articles 1.a et 2 du règlement (C.E.E.)
n° 1408/71 du Conseil du 14 juin 1971 relatif à l'application des régimes
de sécurité sociale aux travailleurs salariés et à leur famille qui se déplacent
à l'intérieur de la Communauté, 1.2.a.a, 1.3.a et 4 du règlement C.E.E.
n° 1390/81 du Conseil du 12 mai 1981 étendant aux travailleurs non
salariés et aux membres .de leur famille le règlement C.E.E. n° 1408/71
- 145 -

relatif à l'application des régimes de sécurité sociale aux travailleurs sala-


riés et à leur famille qui se déplacent à l'intérieur de la Communauté,
en ce que l'arrêt du 13 décembre 1985 considère que "la réglementa-
tion communautaire couvre les travailleurs salariés de la C.E.E., dont
les britanniques et que le régime de pension qui leur est applicable est
assimilé à un régime de pension belge'', reconnaissant ainsi l'applicabi-
lité du règlement de la C.E.E. n° 1408/71, précité, pour déterminer
les obligations des défendeurs, afférentes à la période du premier janvier
1976 au trente juin 1977,
alors que le champ d'application du règlement de la C.E.E. n° 1408/71
se limitait, avant le premier juillet 1982, aux activités des travailleurs
salariés {occupés en Belgique), comme indiqué dans les articles 1.a et
2 dudit règlement; que le seul fait que l'intéressé ait été travailleur sala-
rié, occupé en Grande-Bretagne, ne peut suffire pour permettre d'affir-
mer que l'applicabilité du statut social belge des travailleurs indépendants
doit être appréciée à la lumière du règlement de la C.E.E. n° 1408/71,
pour la période antérieure au premier juillet 1982 ; que l'article 4 du
règlement de la C.E.E. n° 1390/81 - étendant par les articles 1.2.a.a
et 1.3.a le règlement de la C.E.E. n° 1408/71 aux travailleurs non-salariés
- dispose que les dispositions du règlement n° 1390/81 entrent en vigueur
le premier jour du septième mois suivant la publication au Journal offi-
ciel des Communautés européennes du règlement visant à adapter le
, règlement C.E.E. 574/72 en vue de permettre son application aux tra-
vailleurs non salariés ainsi qu'aux membres de leur famille: que le règle-
ment C.E.E. n° 3795/81 du Conseil du 8 décembre 1981, étendant aux
travailleurs non salariés et aux membres de leur famille le règlement
C.E.E. n° 574/72, a été publié au Journal officiel du 31 décembre 1981
{n° L 378/1 e.s.); de sorte que la cour du travail a dans son arrêt,
pour appliquer la réglementation européenne aux deux premiers défen-
deurs pour l'époque pendant laquelle ils exerçaient une activité non sala-
riée en Belgique, soit accordé au règlement de la C.E.E. n° 1390/81
un effet rétroactif illégal (violation des artt. 1.2.a.a, 1.3.a et 4 dudit règle-
ment), soit appliqué, pour la période du premier janvier 1976 au trente
juin 1977, les dispositions du règlement de la C.E.E. n° 1408/71 aux
travailleurs indépendants {violation des artt. 1.a et 2 dudit règlement):
Attendu que les moyens reprochent à l'arrêt, d'une part, de décider
que l'article 35 de l'arrêté royal du 19 décembre 1967 ne soumet pas
l'exemption de cotisations à la sécurité sociale des travailleurs indépen-
dants, prévue à l'article 12, § 2, de l'arrêté royal n° 38 du 27 juillet
1967, à la condition que l'autre activité professionnelle visée par cette
disposition relève d'un régime de pension belge, d'autre part, d'écarter
l'application de l'article 35 en se fondant sur les dispositions de l'article
7, § 2, du règlement C.E.E. n° 1612/68 et du règlement C.E.E. n°
1408/71;

.·.·,-.-.--------·· _- --- --,


- t46 -

Attendu que, certes, il ressort des dispositions de droit belge précitées,


spécialement de l'article 35, § ter, de l'arrêté royal du t9 décembre t967,
que le travailleur indépendant dont les revenus professionnels acquis en
cette qualité n'atteignent pas un certain montant n'est exempté de l'obli-
gation de payer des cotisations à la sécurité sociale des travailleurs indé-
pendants, en raison d'une autre activité professionnelle exercée
habituellement et en ordre principal à c&té de l'activité professionnelle
en qualité de travailleur indépendant, que lorsque cette autre activité
professionnelle relève d'un régime de pension belge;
Mais attendu que, dans son arrêt du 7 juillet t988, rendu dans les
affaires jointes t54/87 et t55/87 en cause de l'Institut national d'assuran-
ces sociales pour travailleurs indépendants contre Wolf et consorts, la
Cour de justice des Communautés européennes, interprétant les articles
48 et 52 du Traité instituant la Communauté économique européenne,
a dit pour droit: "Les articles 48 et 52 du traité doivent être interprétés
en ce sens qu'ils s'opposent à ce qu'un Etat membre refuse aux travail-
leurs indépendants exerçant sur son territoire, le bénéfice de l'exemption
de cotisation prévue par la réglementation nationale fixant le statut social
des travailleurs indépendants, au motif que l'activité salariée susceptible
de donner droit à l'exemption est exercée sur le territoire d'un autre
Etat membre";
Attendu qu'il ressort des constatations de l'arrêt attaqué que, dans
le cas des défendeurs, l'application de la règle de l'article 35 de rarrêté
royal du t 9 décembre t 967 revient à leur refuser le bénéfice de ladite
exemption parce que l'activité salariée qui peut y donner droit n'est
pas exercée en Belgique ;
Attendu que,
dans la mesure où il s'oppose à l'exemption de cotisations des travail-
leurs indépendants qui exercent habituellement et en ordre principal
une activité salariée sur le territoire d'un autre Etat membre de la Com-
munauté économique européenne,
ce qui est le cas en l'espèce suivant les constatations de l'arrêt,
et en tant qu'il est, ainsi, contraire aux articles 48 et 52 du Traité
instituant cette communauté, dans l'interprétation que leur donne l'arrêt
de la Cour de justice, l'article 35, § ter, de l'arrêté royal du t9 décembre
t 967 ne peut être appliqué;
Que, ne pouvant entraîner la cassation, les moyens sont irrecevables;
Par ces motifs,
Rejette le pourvoi;
Condamne le demandeur aux dépens.
- 147 -

Cass. (3de k.) - 30-1-1989


Vz.: Soetaert - O.M.: Lenaerts - PL Mr R. Bützler
S. / R.V.A. (nr. 6400)

WERK.LOOSHEID. - ARBEIDSDAG. - DIENSTBODE.


Voor de toepassing van artikel 11 Bbis Werkloosheidsbesluit was niet vereist
dat, de werkloze dienstbode was in de laatste dienstbetrekking die aan zijn
aanvraag om werkloosheid voorafging.

CHOMAGE. - JOURNEE DE TRAVAIL. - TRAVAILLEUR


DOMESTIQUE.
Pour l'application de l'article 118bis de l'arrêté royal du 20 décembre
1963, il. n'était p~s re9~is que le chômeur f~t tra_vaJlleur domestiq~e dans
le dernier emploi precedant sa demande d admission aux allocations.

Gehoord het verslag van raadsheer Marchal en op de conclusie van


advocaat-generaal Lenaerts;
Gelet op het bestreden arrest, op 28 september 1987 door het Arbeids-
hof te Gent gewezen;
Over het middel: schending van artikel 118bis van het koninklijk bes-
luit van 20 december 1963 betreffende arbeidsvoorziening en werkloos-
heid, ingevoegd bij koninklijk besluit van 21 maart 1983, en
overeenkomstig artikel 2 van het koninklijk besluit van 21 maart 1983,
gewijzigd bij koninklijk besluit van 12 november 1984, geldig van• 1
april 1984 (lees: 1983) tot en met 31 december 1984 (lees: 1 juli 1985),
en voor zoveel nodig van de artikelen 118, inzonderheid eerste lid, van
het koninklijk besluit van 20 december 1963 en 97 van de Grondwet,
doordat het Arbeidshof, na te hebben vastgesteld dat zowel de gewes-
telijke werkloosheidsinspecteur als de eerste rechter oordeelden dat arti-
kel 118bis van het Werkloosheidsbesluit niet toepasselijk was omdat het
een gunstmaatregel voor dienstboden betrof, en dat eiseres een pompsta-
tion bediende van 2 juli 1984 tot 31 augustus 1984, met betrekking
tot artikel 118bis van het koninklijk besluit van 20 december 1963 oor-
deelt: "Eiseres verliest uit het oog dat zij op het ogenblik van haar
uitkeringsaanvraag de hoedanigheid van dienstbode moet bezitten. Arti-
kel 118bis is een gunstmaatregel die alleen betrekking heeft op dienstbo-
den en is toepasselijk noch in het geval van eiseres - die reeds een maand
werkte als bedienster van een pompstation - noch in het geval van een
dienstbode, die gedurende zes maanden geen arbeidsprestaties verricht
omdat zij op het ogenblik van haar uitkeringsaanvraag geen dienstbode
meer was doch zonder beroep was ",
terwijl artikel 118bis van het koninklijk besluit van 20 december, inge-
voegd bij koninklijk besluit van 21 maart 1983, en overeenkomstig arti-
kel 2 van datzelfde koninklijk besluit, gewijzigd bij koninklijk besluit
- 148 -

van 12 november 1984, gelding hebbend van 1 april 1983 tot en met
31 december 1984 (lees: 1 juli 1985), bepaalde dat "het aantal arbeidsda-
gen bepaald in artikel 118, eerste lid, voor de dienstboden 300 bedraagt,
in de loop van de achttien maanden v66r hun aanvraag om uitkerin-
gen"; deze bepaling slechts vereist dat de op werkloosheidsuitkeringen
aanspraak makende werkloze in de achttien maanden die aan zijn aan-
vraag voorafgaan, minstens 300 arbeidsdagen ais dienstbode zou kunnen
in aanmerking doen nemen, <loch niet vereist dat de werkloze "op het
ogenblik van zijn uitkeringsaanvraag" de hoedanigheid van dienstbode
zou bezitten of dat zijn laatste tewerkstelling v66r zijn uitkeringsaan-
vraag geschiedde in uitvoering van een arbeidsovereenkomst voor dienst-
boden; eiseres had aangevoerd en noch door verweerder, noch door
het arbeidshof betwist werd, dat zij van 1 maart 1983 tot en met 30
juni 1984 ais dienstbode was tewerkgesteld geweest; uit de stukken bleek
dat zij op 3 september 1984 werkloosheidsuitkeringen aanvroeg, en eise-
res aanvoerde zonder te worden tegengesproken op dat vlak, dat zij
in de door artikel 118bis van het W erkloosheidsbesluit beoogde referte-
periode 419 arbeidsdagen in rekening kon brengen; het arbeidshof
derhalve niet zonder miskenning van artikel 118bis van het Werkloos-
heidsbesluit eiseres het voorrecht van deze bepaling kon ontzeggen, op
de enkele grond dat zij op het ogenblik van "de uitkeringsaanvraag"
de hoedanigheid van dienstbode niet meer zou hebben bezeten, omdat
zij v66r haar uitkeringsaanvraag ais bedienster van een pompstation had
gewerkt (schending van alle in de aanhef van het middel vermelde wets-
bepalingen, art. 97 van de Grondwet uitgezonderd),, althans niet ant-
woordt op de aanvoeringen in dat verband in het verzoekschrift tot
hoger beroep van eiseres (schending van art. 97 van de Grondwet):
Overwegende dat, krachtens artikel 118, eerste lid, van het koninklijk
besluit van 20 december 1963, op werkloosheidsuitkering gerechtigd zijn
de werknemers, die ten minste het voor hun leeftijdsgroep bepaalde
aantal arbeidsdagen in de loop van de voor die groep geldende refertepe-
riode in aanmerking kunnen doen nemen;
Overwegende dat, krachtens artikel 118bis van dat besluit, het aantal
arbeidsdagen bepaald in artikel 118, eerste lid, voor de dienstboden 300
dagen bedraagt, in de loop van de achttien maanden v66r hun aanvraag
om uitkeringen;
Dat deze bepaling tijdelijk in voormeld besluit werd ingevoegd bij
koninklijk besluit van 21 maart 1983 dat in werking trad op 1 april
1983 en ophield van kracht te zijn op 1 juli 1985;
Overwegende dat aldus, wat de dienstboden betreft, voor een bepaalde
tijd werd afgeweken van de in artikel 118 gestelde voorwaarden, nu
gedurende die tijd voor alle dienstboden, ongeacht hun leeftijd, dezelfde
toelaatbaarheidsvoorwaarden tot het recht op werkloosheidsuitkering
golden;
- 149 -

Dat, blijkens de considerans van het koninklijk besluit van 21 maart


1983, tot die tijdelijke afwijking besloten werd "teneinde een discrimi-
natie te vermijden tussen de jongeren en de ouderen ", ingevolge de
inwerkingtreding op 1 april 1983 van de bepalingen waarbij de regeling
betreffende arbeidsvoorziening en werkloosheid op de dienstboden toe-
passelijk werd;
Dat, nu de opzet van artikel 118bis is gelijke behandeling van de
jongere en de oudere dienstboden ten aanzien van de sociale zekerheid,
aile werknemers die tijdens het van toepassing zijn van dit artikel het
vereiste aantal arbeidsdagen als dienstbode presteerden, zich op die bepa-
ling kunnen beroepen, ook al waren zij geen dienstbode in de laatste
betrekking die aan hun aanvraag om uitkeringen voorafging;
Overwegende dat het arrest beslist dat artikel 118bis te dezen niet
toepasselijk is op de enkele grond dat eiseres niet als dienstbode was
tewerkgesteld toen zij werkloos werd; dat het arrest de beslissing niet
naar recht verantwoordt;
Dat het middel iP-: zoverre gegrond 1s;
Om die redenen, ~ -
Vernietigt het bestreden arrest.

Arbh. Antwerpen (2e k.) - 14-5-i987


V z.: Boes - PL: Mrs Stappers & Goossens
n.v. M.H.O. / D.A. (A.R. 85/839)

I. DRINGENDE REDEN. - HERHAALDE DRONKENSCHAP.


Il. LOON. - SLECHTS NETTO OPEISBAAR
Het drinken dat als ziekte kan beschouwd worden en de daaruit voort·
vloeiende afwezigheid maakt geen ernstige tekortkoming uit in de zin van
artikel 35 van de wet van 3 juli 1978.
IL De wet verplicht de werkgever de sociale en fiscale ajhoudingen te
verrichten op het bruto zodat slechts het netto dient uitbetaald en door
de werknemer opeisbaar is.

I. MOTIF GRAVE. - EBRIETE REPETEE.


II. REMUNERATION. - SEUL LE NET EST EXIGIBLE.
L L'alcoolisme, qui peut être considéré comme une maladie, et l'absence
qui en découle ne constituent pas un manquement grave au sens de l'article
35 de la loi du 3 juillet 1978.
IL La loi impose à l'employeur d'effectuer les retenues sociales et fiscales
sur le brut de sorte que seul le net doit être payé et est exigible.

,_.,·,-··-----··- :-1 ,_-_-_-_-_-------.-·-----


- 150 -

TEN GRONDE
Feiten
Overwegende dat geïntimeerde als arbeider in dienst is getreden van
appellante op 3 augustus 1960; dat hij technisch bediende werd op 1
juni 1965 en op 1 juni 1975 de functie kreeg van adjunct-
opperwachtmeester;
Overwegende dat appellante de arbeidsovereenkomst tussen partijen
onmiddellijk beëindigd heeft op 15 februari 1984, bij exploot van gerechts-
deurwaarder S., betekend; dat dit luidde als volgt: "Mijnheer, Wij ver-
wijzen naar ons schrijven van 30 januari 1984, waarin U werd
medegedeeld dat wij verplicht zullen zijn een einde te stellen aan uw
dienstbetrekking in onze maatschappij, indien U het drinken van alco-
holische dranken niet laat. Op maandag, 13 februari 1984, hebt U zich
niet op het werk aangeboden. Uw echtgenote heeft naar de fabriek gebeld
om één dag verlof voor U aan te vragen. Op dinsdag, 14 februari 1984,
hebt U zich evenmin op het werk aangeboden. Weer heeft uw echtge-
note gebeld om één dag verlof te vragen. Onze hoofdwachter en adjunct-
hoofdwachter, die zich bij U thuis hebben aangeboden, hebben U daar
niet kunnen aantreffen. Op woensdag 15 februari 1984 hebt U zich
voor de derde achtereenvolgende dag niet aangeboden. Uit een onder-
zoek dat onmiddellijk werd ingesteld, is gebleken dat U zich weer aan
de drank hebt begeven, met als gevolg uw wederopname in een gespe-
cialiseerde instelling. Tijdens drie vermelde dagen, hebt U persoonlijk
geen enkel contact genomen met de fabriek. In deze omstandigheden
is het ons niet mogelijk U nog langer in dienst te houden en bijgevolg
stellen wij vanaf heden, 15 februari 1984, een einde aan uw arbeidscon-
tract, zonder voorpzeg noch vergoeding. Hoogachtend, E., adjunct-
directeur - J., Directeur van de zetel.";
Overwegende dat uit de overgelegde stukken is gebleken dat geïn-
timeerde op 13 februari 1984 niet op zijn werk is verschenen en zijn
echtgenote die dag getelefoneerd heeft naar appellante om voor die dag
verlof te vragen voor haar man; dat geïntimeerde de dag nadien weder-
om niet op het werk is verschenen en zijn echtgenote wederom voor
die dag verlof heeft gevraagd; dat is gebleken dat geïntimeerde op 14
februari 1984 in het ziekenhuis te Herentals is opgenomen; dat een
medisch getuigschrift aan appellante werd overgemaakt op 16 februari
1984, waaruit blijkt dat geïntimeerde inderdaad in voormeld ziekenhuis
opgenomen werd op 14 februari 1984 en dat zijn werkongeschiktheid
zou duren tot. en met 14 maart 1984;
Overwegende dat uit het verslag van de beëdigde hoofdwachter M.,
en uit andere overgelegde stukken is gebleken dat geïntimeerde alcohol-
verslaafd was en zich vanaf 13 februari 1984 terug aan de drank had
begeven met een opname in een ter zake gespecialiseerde instelling te
Bierbeek op 15 februari 1984 tot gevolg;
- 151 -

Overwegende dat appellante bij schrijven van 30 januari 1984 geïn-


timeerde in gebreke had gesteld als volgt: "Geachte Heer, Bij deze beves-
tigen wij U het gesprek dat U op 26 januari 1984 hebt gehad met
de heren D., Adjunct-directeur, P., Adjunct-Afdelingsingenieur, en N.,
Personeelschef. Hierbij werd U gewezen op de langdurige ziekteperio-
den van 8 juni 1983 tot 18 juli 1983 en van 5 oktober 1983 tot 23
januari 1984, die het gevolg waren van uw drankzucht. U hebt ons
bij een vroeger gesprek reeds de verzekering gegeven dat U de drank
zoudt laten, en U hebt ons op dat gebied zeer teleurgesteld. Nochtans
zijn wij bereid U een laatste kans te geven, ook omdat U ons weder
met nadruk hebt beloofd het drinken van alcoholische dranken te laten.
Dit betekent wel dat, indien wij moesten vernemen dat U deze belofte
niet naleeft, wij genoodzaakt zullen zijn een einde te stellen aan uw
dienstbetrekking in onze maatschappij. Het is inderdaad niet denkbaar
dat zulke langdurige afwezigheden, en dat nog wel om de aangehaalde
redenen, met het uitvoeren van een verantwoordelijk functie verenig-
baar zouden zijn. Hopend dat U deze zaak met de nodige ernst zult
blijven aanpakken, verblijven wij Hoogachtend, E., Adjunct-directeur,
J.; Directeur van de zetel."; dat dit schrijven door geïntimeerde op
31 januari 1984 ondertekend werd;

Geen dringende reden tot onmiddellijk ontslag - Opzeggingsver-


goeding
Overwegende dat als dringende reden tot onmiddellijk ontslag door
appellante aangevoerd werd; dat geïntimeerde het drinken van alcoholische
dranken niet gelaten heeft, ondanks de gedane beloftes, en ten gevolge
daarvan wederom op het werk afwezig is geweest op 13, 14 en 15 februari
1984;
Overwegende dat uit de overgelegde gegevens is gebleken dat geïn-
timeerde zodanig aan de drank verslaafd was dat hij als een zieke diende
te worden beschouwd; dat de afwezigheid van geïntimeerde op zijn werk
vanaf 14 februari 1984 gerechtvaardigd werd door een medisch getuig-
schrift, weliswaar slechts op 16 februari 1984 aan appellante overgemaakt;
Overwegende dat de professionele samenwerking tussen partijen on-
tegensprekelijk ten zeerste bemoeilijkt werd door geïntimeerdes toestand,
maar ter zake onvoldoende aangetoond is dat deze toestand een ernstige
tekortkoming uitmaakte in de zin van het artikel 35 van de wet van
3 juli 1978; dat niet op afdoende wijze aangetoond is dat de gedraging
van geïntimeerde te wijten was aan een schuldige houding, dan wel inge-
volge ziekte; dat, gelet op de herplaatsing van geïntimeerde in een voor
alcoholisten gespecialiseerde instelling, het blijkbaar om een hervalling
ging van een verslaafde, zijnde een ziektetoestand waarbij het begrip
"schuldige houding" dient gerelativeerd te worden; dat appellante dien-
volgens het bestaan van een dringende reden tot onmiddellijk ontslag
niet te genoegen van recht aangetoond heeft, zodat het onmiddellijk
- 152 -

ontslag als niet gerechtvaardigd client te worden beschouwd en appel-


lante de betaling verschuldigd is van een opzeggingsvergoeding; dat appel-
lante ten onrechte gewag makt van een beëindiging van de overeenkomst
wegens overmacht vermits geenszins is gebleken dat de ziektetoestand
van geïntimeerde van blijvende aard was;
Overwegende dat voor het bepalen van de opzeggingstermijn waarop
geïntimeerde op 15 februari 1984 gerechtigd was en de eraan verbonden
opzeggingsvergoeding, rekening client gehouden te worden met zijn anciën-
niteit in het bedrijf van appellant van 23 jaar, 6 maanden en 12 dagen,
zijn functie van adjunct-opperwachtmeester, zijn leeftijd van 43 jaar,
zijn basisjaarloon van 1 052 076 F, en zijn mogelijkheden om een gelijk-
waardige betrekking te vinden, beoordeeld op het ogenblik van het onmid-
delli jk ontslag;
Overwegende dat, mits de juiste waarde te geven aan voormelde gege-
vens, client aanvaard te worden dat geïntimeerde gerechtigd was op de
door appellante in ondergeschikte orde vooropgestelde termijn van 21
maanden, zodat een opzeggingsvergoeding verschuldigd is van 1 052 076 F.
x 21/12 = 1 841 133 F bruto;
Overwegende dat het contactueel recht van de werknemer op het bru-
toloon louter principieel is en de werknemer de wettelijk opgelegde
inhoudingen niet enkel moet dulden, maar hem het recht ontzegd is
de betaling van de werknemersbijdrage R.S.Z. en de bedrijfsvoorheffing
in zijn handen op te eisen; dat hieruit volgt dat de werknemer slechts
de betaling in zijn handen kan opvorderen van het brutoloon onder
aftrek van de wettelijk bepaalde inhoudingen voor de R.S.Z. en de bedrijfs-
voorheffing, die de werkgever aan de bevoegde instellingen moet over-
maken (M.J. Declercq, L'application des intér&ts moratoires aux prestations
sociales", J.T.T. 1980, 307, Cass. 7-2-73, Arr. Cass. 1973, 570; Arbb.
Antwerpen 27-11-86, Soc. Kron. 1987, 92); dat eveneens slechts verwij-
lintresten op basis van het artikel 10 van de wet van 12 april 1965
verschuldigd zijn op het netto-opeisbaar gedeelte van het als brutoloon
toegekend bedrag (Cass. 10-3-86, Soc. Kron. 1986, 101);
Op die gronden, Het Hof,
Verklaart de ingestelde beroepen ontvankelijk;
Verklaart het incidenteel beroep niet gegrond.
NOOT.
Het bedrag van veroordeling wordt vastgelegd op basis van één of andere · bewer-
king uitgevoerd met brutobedragen.
Deze evidentie wordt bij de uitvoering wel eens - blijkbaar moedwillig - in
vraag gesteld zelfs met gevolg dat men zich tot de beslagrechter dient te wenden.
De door de arbeidsrechtbank te Turnhout weerhouden formulering, en door het
arbeidshof overgenomen, lijkt ons dan wel een ideale formule om aan een te ijverige
uitvoerder tegen te stellen.
H.D.
- 153 -

Arbrb. Ieper (3e k.) - 13-9-1988


Vz.: Lecleir - O.M.: Dobbelaere -
PL: Mrs Geelhand de Merxem loco Snick & Cauwelier
N.S.V.M.B. v.z.w. / S. (A.R. 12024 - 12417)

SOCIAAL STATUUT DER ZELFSTANDIGEN. - AANGESLOTEN LID.


- DERDE.
Een bij een sociale verzekeringskas voor zelfstandigen aangesloten lid kan
niet ais derde beschouwd worden in de zin van art. 26 van de wet van
27 juni 1921. De kas hoeft dus haar rechtspersoonlijkheid niet te bewijzen
ten opzichte van ·het aangesloten lid dat in gebreke is gebleven zijn bijdra-
gen te betalen en hiervoor gedagvaard werd. De verweerder kan ais !id
bij de eiseres zich dus niet beroepen op het art. 26 van de wet van 27
juni 1921 (v.z.w.).

STATUT SOCIAL DES INDEPENDANTS. - MEMBRE AFFILIE. - TIERS.


Un membre affilié à une caisse d'assurances sociales pour travailleurs indé-
pendants ne peut être considéré comme tiers dans le cadre de l'art. 26
de la loi du 27 juin 1921. La caisse n'a donc pas à prouver sa personnalité
juridique à l'égard de son affilié resté en défaut de payer ses cotisations
et assigné ·de ce fait. Le défendeur ne peut dès lors pas invoquer, comme
membre de la demanderesse, l'art. 26 de la loi du 27 juin 1921 sur les a.s.b.l.

II. Toelaatbaarheid van de vorderingen


De verweerder betwist de toelaatbaarheid van de vorderingen omdat
de eiseres nalaat haar rechtspersoonlijkheid tegenover derden te bewij-
zen. Hij steunt zich hiervoor:
a) op het artikel 20 § 1 van het koninklijk besluit nr. 38 van 27
juli 1967 houdende inrichting van het sociaal statuut der zelfstandigen
waarbij bepaald wordt dat de kassen met het oog op een erkenning
door de Koning onder meer de juridische vorm van een vereniging zon-
der winstoogmerk moeten aannemen conform aan de wet van 27 juni
1921;
b) op het artikel 26, 1° lid van de wet van 27 juni 1921 waarbij
aan de vereniging zonder winstgevend doel en aan de instellingen van
openbaar nut rechtspersoonlijkheid wordt verleend dat bepaalt : ingeval
de bekendmakingen en formaliteiten, voorgeschreven door de artikelen
3, 9, 10 en 11, werden verzuimd, kan de vereniging zich niet op de
rechtspersoonlijkheid beroepen tegenover derden; deze zijn echter wel
gerechtigd ze in te roepen tegenover de vereniging;
Artikel 10 van de wet van 27 juni 1921 bepaalt: "Een lijst waarin
alle leden van de vereniging naar alfabetische orde van hun naam zijn
vermeld, met opgaaf van hun voornamen, woonplaats en nationaliteit,
wordt binnen de maand na de bekendmaking van de statuten neergelegd
- 154 -

op griffie van de burgerlijke rechtbank van de plaats waar de vereniging


haar zetel heeft. Wanneer de leden niet de Belgische nationaliteit bezit-
ten, wordt bovendien, in voorkomend geval hun inschrijving in het
bevolkingsregister vermeld. Elk jaar wordt de lijst aangevuld met een
opgaaf, naar alfabetische orde opgemaakt, van de wijzigingen die zich
met betrekking tot de leden hebben voorgedaan. Een ieder kan van
die lijst kosteloos inzage nemen."
De verweerder stelt dus dat de eiseres zich niet op de rechtspersoon-
lijkheid kan beroepen omdat zij nagelaten heeft de ledenlijst binnen
de maand na de bekendmaking van de statuten en vervolgens jaarlijks
de aanvullende ledenlijsten te hebben neergelegd ter griffie van de recht-
bank van eerste aanleg te Brussel ;
Het artikel 26 van de wet van 27 juni 1921 omschrijft een speciale
rechtsfiguur namelijk de niet-tegenstelbaarheid van de rechtspersoonlijk-
heid. De sanctie bestaat erin dat een v.z.w. zich niet kan beroepen op
de rechtspersoonlijkheid tegenover derden maar dat deze derden echter
wel gerechtigd zijn ze in te roepen tegenover de verenigingen. Derden
hebben dus een keuzemogelijkheid.
De verweerder eigent zich ter zake ten onrechte de hoedanigheid van
derde toe. Hij is lid (aangesloten lid) bij de eiseres en heeft zich daartoe
destijds laten aansluiten bij middel van een aansluitingsverklaring.
De aansluiting ter zake wordt ook niet betwist. De verzekeringsplich-
tigen die zich bij een sociale verzekeringskas hebben aangesloten, dienen
wel degelijk beschouwd te worden als leden. Dit blijkt voldoende uit
de wettelijke bepalingen en onder meer uit het artikel 63 § 3, 1° en
66 en 67bis van het koninklijk besluit van 19 december 1967 houdende
algemeen reglement in uitvoering van het koninklijk besluit nr. 38 van
27 juli 1967 houdende inrichting van het sociaal statuut der zelfstandigen.
In deze artikelen heeft men het uitdrukkelijk over "leden ".
In andere artikelen beperkt men zich tot het begrip "aangeslotene"
wat duidelijk doelt op een lidmaatschap.
Ook in het "Commentaar Sociaal Statuut" uitgaande van het Rijks-
instituut voor sociale verzekeringen der zelfstandigen, namelijk bij de
bespreking van artikel 20, koninklijk besluit nr. 38 van 27 juli 1967,
blz. 20/15 e.v. heeft men het permanent over "leden".
Bij het eventueel niet-naleven van de formaliteiten, gesanctioneerd door
het voornoemd artikel 26, blijft de rechtspersoonlijkheid voortduren ten
opzichte van de leden en tegenover derden die zulks verkiezen.
Het vermogen om te kiezen behoort alleen aan derden die met de
vereniging in conflict zijn, dus niet aan de leden zomin de gewone (" wer-
kende") als de andere leden, vermits beide soorten gebonden zijn door
de sociale overeenkomst en dus ten opzichte van de vcereniging geen
"derde" kunnen genoemd worden (zie A.P.R. 1° "Verenigingen zonder
winstoogmerk", J. Lindemans nr. 154, 3; 155a; 159).
MM

- 155 -

Een bij een sociale verzekeringskas voor zelfstandigen aangesloten lid


kan niet als derde beschouwd worden in het kader van artikel 26 van
de wet van 27 juni 1921. Zij hoeft dus haar rechtspersoonlijkheid niet
te bewijzen ten opzichte van het aangesloten lid dat in gebreke is geble-
ven zijn bijdragen te betalen en hiervoor gedagvaard werd.
De verweerder kan als lid bij de eiseres zich dus niet beroepen op
het artikel 26 van de wet van 27 juni 1921.
De vorderingen zijn bijgevolg toelaatbaar.
Om deze redenen, de rechtbank
Gelet op het éénsluidend schriftelijk advies.
Verklaart de vorderingen van de eiseres toelaatbaar.

Sommaires
Korte inhouden

C. trav. Bruxelles (Se ch.) - 26-1-1989


Pr.: Remion - M.P.: Annoye - Pl.: Mes Demeester & Mertens
U.N.F.M.N.B. / O.N.S.S. (R.G. 21.277)

REMUNERATION. - CADEAU OCCASIONNEL.


La valeur des cadeaux concrétisant matériellement la part prise par
l'employeur dans la célébration d'une carrière d'un quart de siècle à son
service d'un de ses employés, n'est pas soumise aux cotisations sociales.

LOON. - GELEGENHEIDSGESCHENK.
De waarde van het geschenk dat de persoonlijke bijdrage uitmaakt van
de werkgever bij het vieren van de 25 dienstjaren van één van zijn bedien-
den is niet onderworpen aan sociale zekerheidsbijdragen.
- 156 -

C. trav. Bruxelles (4e ch.) - 5-10-1988


Pr.: Hélin - M.P.: Watteyne - PL: M•s Wahis loco de le Court &
Dubaere loco Asscherickx
S. / s.a. N.B. (R.G. 20.829)

I. PREAVIS. - DISPENSE.
II. VACANCES ANNUELLES. - FIXATION.
III. PRIME ANNUELLE. - INDIVISIBLE.
I Si l'employeur ne peut unilatéralement dispenser le travailleur d'exécu-
ter son préavis, auquel cas la rupture irrégulière de contrat intervient le
jour où l'intéressé est ainsi empêché de poursuivre ses prestations de travail,
en revanche, rien n'empêche légalement les parties de convenir que le tra-
vailleur est dispensé d'exécuter tout ou partie de son préavis cependant que
l'employeur continue à lui assurer sa rémunération jusqu'à l'expiration du
préavis: en pareil cas, le contrat de travail qui n'est suspendu que dans
le chef du travailleur, ne sera rompu qu'à l'expiration du préavis.
II La date des vacances annuelles ne peut être décidée unilatéralement
par une des parties mais bien d'un commun accord négocié et notamment
d'un accord individuel entre l'employeur et le travailleur.
III Une prime annuelle c.-à-d. payable à l'issue d'une année, est indivisi-
ble de nature et il ne saurait en être autrement que si la convention ou
l'usage en prévoit la divisibilité; il en est d'autant plus ainsi pour le trei-
zième mois, qui suppose l'écoulement de 12 mois.

I. VOOROPZEG. - VRIJSTELLING.
II. JAARLIJKSE VAKANTIE. - VASTLEGGING.
III. JAARLIJKSE PREMIE. - ONSPLITSBAARHEID.
I De werkgever kan de werknemer niet eenzijdig vrijstellen van de uit-
voering van de opzeg, want dat zou de onrechtmatige beëindiging beteke-
nen van de overeenkomst de dag waarop de werknemer belet wordt zijn
werk uit te voeren. Partijen kunnen echter wel overeenkomen dat de werk-
nemer de vooropzeg geheel of gedeeltelijk niet moet uitvoeren en dat de
werkgever ondertussen het loon blijft uitbetalen. De overeenkomst is dan
alleen voor de werknemer geschorst en neemt slechts een einde na verloop
van de vooropzegtermijn.
II De datum van de jaarlijkse vakantie kan niet eenzijdig door een der
partijen vastgelegd worden maar in gemeenschappelijk overleg, bijvoorbeeld
door een individuele afspraak tussen werkgever en werknemer.
III Een jaarpremie, d.i. een premie, betaald bij afsluiting van een jaar,
is uit nature onsplitsbaar tenzij de overeenkomst of de gewoonte er anders
over beschikt. Dit is zeker het geval voor een dertiende maand, die het
verloop van 12 maanden veronderstelt.
- 157 -

C. trav. Mons (2e ch.) - 12-10-1987


Pr.: Cordier - Pl.: M•' Dailly & Vliegen
s.a. K. / D. (R.G. 6814)

ABUS DE DROIT. - LICENCIEMENT ET RECRUTEMENT.


Est abusif le licenciement d'un travailleur motivé par des impératifs de
restructuration alors que dans les semaines qui ont suivi la notification
du congé, l'entreprise a fait insérer dans la presse une annonce recrutant
des travailleurs de la même qualification que celle de la victime de la rupture.

RECHTSMISBRUIK. - AFDANKING EN AANWERVING.


De afdanking van een werknemer wegens reorganisatie is onrechtmatig,
wanneer de onderneming enkele weken na de kennisgeving van de afdan-
king in de krant advertenties plaatst om medewerkers aan te werven met
dezelfde beroepskwalificatie als deze van de afgedankte werknemer.

C. trav. Mons (Se ch.) - 16-10-1987


Pr.: Wuilbaut - Pl.: M•s Lemaire loco Viseur & Hubert
s.a. S. / V. (R.G. 8328)

TRAVAIL NETTEMENT DEFINI. - CONDITIONS.


Le contrat conclu pour un travail nettement défini doit définir le travail
pour lequel le travailleur est engagé avec suffisamment de précision que
pour que l'importance et la durée approximative de ce travail puissent être
déterminées au départ de ce seul écrit.

DUIDELIJK OMSCHREVEN WERK. - VOORWAARDEN.


De overeenkomst voor een duidelijk omschreven werk moet het werk,
waarvoor de werknemer is aangeworven, zo duidelijk omschrijven, dat de
omvang en de benaderende uitvoeringstijd van het werk aan de hand van
het geschrift alleen kan bepaald worden.
158 -

Comptes rendus - Boekbesprekingen

Gillardin, J. et Van der Vorst, P., Les conflits collectifs en droit du tra·
vail, Solutions négociées ou interventions judiciaires?, Bruxelles, Facultés
universitaires Saint-Louis, 1988, 179 p.

Le règlement pacifique des conflits collectifs, qui constitue l'une des


caractéristiques les plus remarquables du système juridique belge en matière
de relations de travail, est-il remis en question?
Certains ont pu certainement le craindre à la suite des nombreux con-
flits collectifs récents pour lesquels les protagonistes n'ont cessé de solli-
citer l'intervention du pouvoir judiciaire en vue de mettre un terme
aux différends qui les opposaient.
Le présent ouvrage reprend les contributions juridiques qui ont été
présentées à l'occasion d'une journée d'étude organisée par la Faculté
de droit des Facultés universitaires Saint-Louis le 10 juin 1988 et consa-
crée à cette évolution récente des modes de règlement des conflits collec-
tifs du travail. Il est apparu également intéressant et utile, pour la bonne
compréhension des débats qu'un tel thème peut soulever, de publier
les réflexions émises par les participants à la table ronde constituée à
l'occasion de cette journée.
Nous limitant aux contributions elles-m&mes, signalons qu'elles trai-
taient des thèmes suivants:
- L'article 6.1. de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme
et des libertés fondamentales et les articles 92 et 93 de la Constitution
à l'épreuve des conflits collectifs de travail, par M. Dispersyn;
- Les conflits collectifs de travail à l'épreuve du pouvoir judiciaire,
par G. Demez;
- Le droit de propriété à l'épreuve des conflits collectifs de travail,
par Ph. De Keyzer;
- Le concept d'entreprise à l'épreuve des conflits collectifs de travail,
par P.-P. Van Gehuchten.
L'actualité des problèmes traités et la qualité des auteurs des exposés
révèlent déjà l'intér&t de l'ouvrage.
A. TRINE
- 159 -

Denis, P., Droit de la sécurité sociale. - Mise à jour au 5 janvier 1989


de la cinquième édition, Bruxelles, Larcier, janvier 1989, 156 p.

On connaît la valeur scientifique et didactique de la collection des


précis de la faculté de droit de l'Université catholique de Louvain, dans
laquelle s'insère l'ouvrage du Professeur Denis. Nous avons d'ailleurs
eu l'occasion, à plusieurs reprises, de souligner les mérites spécifiques
de cet ouvrage. La présente mise à jour, qui reprend les modifications
législatives intervenues depuis la publication du livre de base ne dément
pas cette appréciation.
On s'étonnera, peut-être, de la date de clôture du volume analysé.
La raison en est que c'est à cette date (5-1-1989) que fut publiée au
Moniteur belge, la loi-programme du 30 décembre 1988.
Ce dernier ouvrage du Professeur Denis est le complément indispensa-
ble de son précis de 1986. La législation sociale a subi, en effet, depuis
lors, d'importantes et nombreuses modifications.
A. TRINE
160 -

A vis - Bericht

COLLOQUE INTERNATIONAL:
"TRAVAIL, PROTECTION SOCIALE ET LUTTE
CONTRE LA PAUPERISATION FAMILIALE EN EUROPE"
Bruxelles, 5-8 juillet 1989
Le Centre de Droit de la Famille de l'Université catholique de
Louvain organisera du 5 au 8 juillet 1989, avec le soutien de la
Commission des Communautés Européennes, un important Con-
grès international consacré au travail et à la protection sociale
comme moyens de lutte privilégiés contre la pauperisation crois-
sante des familles en Europe, liée aux mutations familiales, sociales
et économiques des deux dernières décennies.
Prenant le travail comme axe central, cinq thèmes principaux
seront développés:
- L'orientation et la formation comme préalables indispensables
à l'insertion ou à la réinsertion dans le monde du travail, principa-
lement pour les catégories à risques.
- Les politiques d'insertion ou de réinsertion dans le marché
de l'emploi.
- La protection contre l'exclusion du marché de l'emploi. Mesu-
res préventives et mesures palliatives.
- Les modalités de conciliation entre vie familiale et vie profes-
sionr:elle, comme sources de prévention contre l'insécurité éco-
nomique.
- Les lacunes de la protection sociale et de l'aide sociale dans
leurs rapports avec le travail et la famille.
L'accent sera principalement porté sur les innovations réalisées
dans les pays de la C.E.E., mais également dans d'autres pays indus-
trialisés.
Toute personne intéressée peut se renseigner à l'adresse suivante :
Centre de droit de la famille
Faculté de Droit de l'U.C.L., Place Montesquieu 2, B-1348
LOUVAIN-LA-NEUVE, Tél. 00-32-10-47.47.30
Le Colloque se tiendra à Bruxelles sur le site universitaire de
l'Université Catholique de Louvain.
Les langues du Congrès sont l'anglais et le français avec tra-
duction simultanée.
Ces pages remplacent les pages de la R.D.S. 1988, p. 481 - 488

Deze bladzijden vervangen de bladzijden van het T .S.R. 1988,


p. 481 - 488

Bijlage bij T.S.R. nr. 2, mei 1989 Annexe à R.D.S. n° 2, mai 1989
- 481 -

TABLE DES MATIERES


INHOUDSTAFEL
Année 1988 Jaargang
Doctrine Rechtsleer
. DE BROECK G., De Nationale arbeidsraad -
Enkele beschouwingen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
DE BROECK G., De sociale wetgeving in 1987.. . . . . . . . . . . . 169
DE BROECK G., La législation sociale en 1987............. 184
DE GOLS M. & MALDERIE M., Une decennie de
réglementation du travail intérimaire..................... 16
DEMEESTER H., Vrij onderwijs. - Statuut. - Terugkeer tot
het vo.orlopig regime., noot onder Cass. 10-10-1988. . . . . . . 391
ELST R., Arbeidsovereenkomst tussen echtgenoten?. . . . . . . . . . 24
ELST R., Begrip "loon" in de wetten op de jaarlijkse vakantie:
voor de berekening van het vakantiegeld van bedienden.. 416
ENGELS & BLANPAIN R., De voorwaarden voor het recht op
indirecte commissielonen in hoofde van de handelsvertegen-
woordiger, noot onder Arbrb. Mechelen 23-2-1988........ 461
GEYSEN P., La dépolitisation des nominations dans la magistrature 409
HALLEMANS P., Exposé de la loi du 27 février 1987 relative
aux allocations aux handicapés et de l' A.R. du 6 juillet 1987
en portant exécution ............... ·. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
HELIN G., La grève en Belgique.......................... 31
HUYS J., Het professioneel risico in de instellingen van openbaar
. nut na het cassatiearrest van 21 september 1987, noot onder
Cass. 21-9-1987 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
QUISTHOUDT J., Arbeidsongeschiktheid en werkloosheid... 365
REYNDERS W., Editoriaal: Tijdschrift voor sociaal recht: het
verhaal van een mens ......... ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
REYNDERS W., Editorial: La Revue de droit social: l'histoire
d'un homme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
REYNDERS W., La clause d'écolage dans la jurisprudence... 411
REYNDERS W., Le secrétariat social agréé: un allié précieux 53
REYNDERS W., Opzegging: afgiftebewijs van het geschrift, noot
onder· Cass. 16-11-1987.................................. 107
. , .. $,IMO~N~ D., 'De bescherming van de verdwaalde burger in de
, . doolhof van de sociale zekerheid. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 329
, TRINE. A., A qui revendiquer le droit à la qualité de travailleur
·: '"· · .. salané::?; not.e · sous Trib.trav. · Charleroi 15-10-1987... ... . . . 154
'"J;';lµNlt.J'.}.., Jalons pour l'histoire d'une Revue.............. 45
· TRUYENS E., Verkorte opzeggingstermijn. - Schorsing., noot
onder Arbrb. Tongeren 11-10-1988....................... 474
VAN DE PUT R., Recherches conceptuelles en réglementatfon
du travail. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
- 482 -

VAN LANGENDONCK J., Arbeidsongeval en aansprakelijkheid 73


X, Responsabilité des organes et des préposés des pouvoirs publics 249

Comptes rendus Boekbesprekingen


BATAILLE L.-M. & BERGER J.-M., Aide-mémoire des C.P.A.S. 479
BEN-ISRAEL R., The Case of Freedom to Strike............. 165
CLESSE J. & NEUPREZ V., Comprendre la modération salariale -
Situation au 31 décembre 1987...... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
DENIS P., Droit de la sécurité sociale....................... 166
DUFRANE-WARIN B. & BORN H., Doctrine juridique belge 166
HANAMI T. & BLANPAIN R., Industriel conflict resolution in
market economies. A study of Canada, Great Britain and Sweden 166
JASPERS A.Ph.C.M., BETTEN L., e.a., 25 Years European social
Charter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
LINDEMANS J. & VANDENEEDE L., De Verenigingen Zonder
Winstoogmerk, Practische handleiding. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
PIETERS D., Europa en internationaal sociale zekerheidsrecht. . 168
THUNIS X. & SCHAUSS M., Aspects juridiques du paiement par
carte .................................................. . 479
W ANTIEZ C., Introduction au droit social . ................ . 407
X., Cent ans de droit social en Belgique . ................... . 407
X., De nieuwe arbeidsregelingen. Hoe deze invoeren in uw onder-
. 2
neming ................................................ . 246
X., Le référé - Het kortgeding .. ........................... .. 246
X., Les codes Larcier - Mise à jour au 1er janvier 1988 . ..... . 247
X., Les nouveaux régimes de travail: comment pratiquement les intro-
duire dans vos entreprises? . ............................. . 247
X., Le travail dans le monde. Les revenus du travail: entre l'équité
et l >,t:r; . ,
e11 icacite ........................................... . 480
X., Rapport général 1985 sur la sécurité sociale .............. . 248
X., Recueil annuel de jurisprudence belge . ................... . 480

Jurisprudence

ABUS DE DROIT PREDISPOSITIONS PATHOLOGI-


TRAVAILLEUR PROTEGE QUES
Cass. 7-3-1988.................... 221 C.trav. Liège 16-3-1988........... 449
PRESTATIONS DE TRAVAIL
ACCIDENT DU TRAVAIL C.trav. Gand 5-5-1988............ 444
AGENT DE SERVICE PUBLIC.
NOTION ACCIDENT SUR LE
C.trav. Liège 12-1-1987........... 136
DROIT COMMUN. INTERVENTION CHEMIN DU TRAVAIL
D'UN TIERS TRAJET NORMAL
Trav. Mons 18-12-1986 . . . . . . . . . . . 319 C.trav. Mons 10-6-1988........... 405
INTERRUPTION DU CHEMIN DU FONDS. COTISATIONS. PRESCRJP-
TRAVAIL TION
Cass. 26-9-1988................... 424 C.trav. Liège 18-3-1987........... 144
- 483

NOTION MAINTIEN DE LA QUALITE DE


C.trav. Liège 11-5-1988........... 402 BENEFICIAIRE
RECONNAISSANCE DU DROIT Cass. 2-11-1987................... 104
Cass. 28-12-1987. . . . . . . . . . . .. . . . . . 245 Cass. 10-10-1988.................. 476
NON-DELIVRANCE DES DOCU-
ALLOCATIONS AUX MENTS SOCIAUX. PREJUDICE
HANDICAPES C.trav. Bruxelles 4-11-1987........ 477
PAIEMENT. ASILE RECUPERATION DES ALLOCA-
Cass. 4-1-1988.................... 204 TIONS INDUMENT PAYEES
C.trav. Gand 5-6-1987............ 129
AMENDE ADMINISTRA- STAGE. SERVICE MILITAIRE
TIVE C.trav. Liège 10-3-1987........... 142
COMPETENCE D'APPRECIATION
Trib.trav. Audenaerde 1-9-1987.... 157
CODE CIVIL
AVEU JUDICIAIRE
ASSURANCE MALADIE- Cass. 2-5-1988. . . . . . .. . . . . .. . .. . . . 286
RISQUE D'UNE ASSIGNATION
INVALIDITE POSTALE
CUMUL AVEC INDEMNITE DE
C. trav. Bruxelles 19-3-1986....... 299
FERMETURE. RECUPERATION.
PRECOMPTE CODE JUDICIAIRE
Trib.trav. Huy 14-11-1987......... 240 ACTION TEMERAIRE ET
EXCEPTION DE CHOSE JUGEE VEXATOIRE
C.trav. Mons 10-6-1988........... 405 Cass. 11-4-1988................... 324
INVALIDITE. APPRECIATION APPEL TEMERAIRE
C.trav. Liège 27-3-1987........... 146 C. trav. Bruxelles 1-10-1987....... 325
PAIEMENT INDU. RESPONSABI- DEBOUCHAGE DE MEMBRES
LITE D'UN TIERS C. trav. Bruxelles 30-6-1988....... 326
Mons 17-9-1987.................. 228 DECISION ADMINISTRATIVE
PAIEMENT TARDIF DE LA COTI- C.trav. Liège 23-6-1987........... 447
SATION. SUITE REFERE
C.trav. Anvers 16-1-1988.......... 428 C.trav. Bruxelles 15-10-1987....... 440
PRESCRIPTION REFERES. ELECTIONS SOCIALES
Trib.trav. Audenaerde 8-2-1988.... 243 C.trav. Liège 1-4-1987............ 149
PRESCRIPTION. SUSPENSION REQUETE DEPOSEE EN DEHORS
C.trav. Liège 5-1-1988............ 392 DES HEURES D'OUVERTURE
REVENUS PROVENANT D'UNE DU GREFFE
ACTIVITE. CUMUL AVEC LES C.trav. Liège 19-5-1988........... 403
INDEMNITES SAISINE DU JUGE
C.trav. Liège 11-5-1988........... 400 Cass. 21-3-1988................... 281
SUBROGATION
Bruxelles 23-2-1988 . . . . . . . . . . . . . . 304 CONCURRENCE
DELOYALE
CHOMAGE CREATION D'ENTREPRISE
APTITUDE AU TRAVAIL Bruxelles 25-4-1986............... 164
Cass. 16-5-1988................... 289
CHOMAGE DE LONGUE DUREE. CONTRAT
CONJOINT QUI TRAVAILLE D'ASSOCIATION
Cass. 22-2-1988................... 215 NOTION
CHOMAGE PARTIEL. AVANTAGES C.trav. Bruxelles 2-9-1987......... 430
EN NATURE. INFLUENCE CONTRAT DE TRAVAIL
C.trav. Liège 2-2-1987............ 138 FILLE AU-PAIR
CHOMEUR MARIE. ALLOCATION C. trav. Bruxelles 4-6-1987........ 325
D'ATTENTE FONCTIONNAIRES EN CONGE
Cass. 10-10-1988.................. 475 SYNDICAL
CONSERVATION DE LA QUALITE C.trav. Liège 11-2-1988........... 394
Cass. 8-2-1988.................... 209
DROIT. ACTIVITE INDEPEN- DELAI DE PREAVIS
DANTE DIRECTEUR REGIONAL
Cass. 11-1-1988................... 205 C.trav. Bruxelles 16-12-1987....... 477
484 -

- REDUIT. SUSPENSION MINIMUM DE MOYENS


Trib.trav. Tongres 11-10-1988..... 474 D'EXISTENCE
DROIT PENAL SOCIAL MONTANT. PENSION ALIMEN-
PRESCRIPTION. ORDRE PUBLIC TAIRE
Cass. 19-10-1987.................. 101 C.trav. Liège 7-1-1987............ 134
DUREE DETERMINEE RECUPERATION
CONDITIONS C.trav. Liège 3-2-1987............ 140
C.trav. Liège 27-4-1988........... 398 TAUX. ENFANT A CHARGE
C.trav. Liège 7-1-1987............ 134
DUREE DU TRAVAIL
HEURES SUPPLEMENTAIRES. MOTIF GRAVE
FONCTION DE DIRECTEUR AUDIENCE PREALABLE
C.trav. Bruxelles 9-3-1988......... 442 C.trav. Bruxelles 16-12-1987....... 477
ELECTIONS SOCIALES CONCURRENCE
C.P.A.S. C.trav. Bruxelles 2-9-1987......... 120
C. trav. Nivelles 9-12-1986........ 322 CONNAISSANCE DES FAITS.
INTERIMAIRES ENQUETE JUDICIAIRE
Cass. 28-12-1987.................. 198 C.trav. Liège 24-3-1988........... 451
LITIGE. DEFAUT D'INTERET DELAI DE NOTIFICATION. PRIN-
Trav. Malines 15-6-1987........... 155 CIPES
PERSONNEL DE DIRECTION. C.trav. Bruxelles 4-2-1988......... 226
CHEF DE SECURITE FAITS DE LA VIE PRIVEE
Cass. 4-1-1988.................... 202 C.trav. Bruxelles 24-12-1986....... 160
ENSEIGNEMENT LIBRE FAUTES ANTERIEURES DE LA VIE
PROFESSIONNELLE
STATUT CAPITALISATION DES
INTERETS C.trav. Bruxelles 24-12-1986....... 160
C. trav. Bruxelles 20-4-1988....... 306 INVOCATION
C.trav. Bruxelles 8-4-1987......... 162
STATUT. RETOUR AU REGIME
PROVISOIRE MANDATAIRE
C. trav. Gand 19-5-1988.......... 311
Cass. 10-10-1988.................. 388
PAS DE VOLONTE DE NUIRE
ESSAI Cass. 14-9-1987................... 99
REMUNERATION ANNUELLE. RELATIONS ANTERIEURES
FACTEURS. C.trav. Bruxelles 22-4-1987........ 163
Trav. Anvers 9-6-1987............ 327 RETARD ANNONCE
FORCE MAJEURE C.trav. Bruxelles 16-12-1987....... 477
INCENDIE
C.trav. Gand 13-4-1987........... 125 OBJET DE LA
INDEMNITE DE PREAVIS CONVENTION
PRESCRIPTION INTERPRETATION
Cass. 29-2-1988................... 218 C.trav. Bruxelles 1-3-1987......... 160
INDEMNITE DE RUPTURE PENSION
CALCUL. PRIME CUMUL
C.trav. Bruxelles 29-6-1988........ 478 C.J.C.E. 17-12-1987............... 324
PRESCRIPTION
Cass. 25-1-1988................... 207 PREAVIS
DELAI. CONVENTION COLLEC-
INDEMNITE D'EVICTION TIVE
QUALITE DE REPRESENTANT DE
C.trav. Bruxelles 10-3-1987........ 437
COMMERCE
Trib.trav. Bruxelles 12-1-1987...... 232 NOTIFICATION. REMISE. PREUVE
Cass. 16-11-1987.................. 107
JOURS FERIES NULLITE
SALAIRE C.trav. Bruxelles 24-4-1987........ 117
C.trav. Bruxelles 8-4-1987......... 162
LICENCIEMENT PROTECTION DE LA
NULLITE. CONSEQUENCES SUR REMUNERATION
RENONCIATION AU DROIT COMPENSATION
Cass. 28-11-1987.................. 110 Cass. 14-3-1988................... 223
485 -

MOMENT ou L'INFRACTION EST RUPTURE


CONSOMMEE POUVOIR JUDICIAIRE
Cass. 19-10-1987 ............ · · · · · · 101 Cass. 20-6-1988................... 325

PROTECTION DU ~-RUPTURE IMPLICITE


TRAVAIL ABANDON DU TRAVAIL
EXAMEN MEDICAL C. trav. Bruxelles 8-4-1987. . . . . . . . . 161
Cass. 26-9-1988................... 423
SECURITE SOCIALE
QUALIFICATION ACTE ADMINISTRATIF. RECOURS.
COMPETENCE DU JUGE SUSPENSION
C.trav.Bruxelles 2-9-1987.......... 430 C.trav. Bruxelles 18-2-1988........ 227
STATUT FAVORABLE ACTION TEMERAIRE ET VEXA-
C.trav. Bruxelles 15-10-1987....... 163 TOIRE
Trib.trav. Namur 9-9-1987........ 241
QUITTANCE POUR COTISATIONS - PAIEMENT PROVI-
SOLDE SIONNEL
RENONCIATION AUX DROITS Trav. Charleroi 21-4-1988......... 314
Cass. 7-3-1988.................... 475 DROIT SUBJECTIF
Trib.trav. Charleroi 15-10-1987.... 152
REMUNERATION RESPONSABILITE SOLIDAIRE
MOIS COMMENCE
Cass. 5-9-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 420
C.trav. Bruxelles 8-4-1987......... 161
TRANSPORTEUR DE CHOSES
PAIEMENTS ERRONES. DROIT
Cass. 10-10-1988.................. 476
POUR L'AVENIR
C.trav. Bruxelles 1-3-1987......... 160 STATUT
PAIEMENTS ERRONES. RECUPERA- EMPLOYE
TION C. trav. Bruxelles 3-12-1987....... 302
C.trav. Bruxelles 1-3-1987......... 160 RELATION D'AUTORITE
Cass. 9-5-1988.................... 287
REPOS DOMINICAL
JOUR FERIE. JOUR DE REMPLACE- STATUT SOCIAL DES
MENT
C.trav. Bruxelles 8-4-1987......... 162
INDEPENDANTS
ASSUJETTISSEMENT. CARTOMAN-
REMUNERATION CIENNE
C. trav. Bruxelles 24-2-1988....... 326
C. trav. Gand 23-6-1987. . . . . . . . . . . 131
RÈPRESENTANT DE ASSUJETTISSEMENT - GRATUITE
DU MANDAT
COMMERCE Trav. Mons 3-2-1986............. 316
APPORT DE CLIENTELE. PRE-
CONJOINT-AVOCAT-AIDANT
SOMPTION C. trav. Anvers 4-9-1987. . . . . . . . . . . 113
Trib.trav. Bruxelles 27-6-1988...... 235
COTISATION - SOLIDARITE
C.trav. Bruxelles 20-5-1988........ 478
Cass. 6-6-1988.................... 295
CLIENTELE. CRITERES
Cass. 15-6-1988................... 297 SUBORDINATION
EXCLUSIVITE DE VENTES. DROIT ADMINISTRATEUR ET EMPLOYE
AUX COMMISSIONS INDI- Trib.trav. Bruxelles 6-11-1987...... 234
RECTES ADMINISTRATEUR - GESTION
·Trib.trav. Malines 23-2-1988....... 457 JOURNALIERE
INDEMNITE Cass. 30-5-1988. .. . . . . . . . . . . . . . . . . 293
C.trav. Bruxelles 4-12-1987........ 122
QUALITE TRAVAILLEUR PROTEGE
Cass. 18-4-1988................... 284 DEMANDE DE REINTEGRATION
Cass. 30-5-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291
RISQUE PROFESSIONNEL LICENCIEMENT. RECONNAIS-
SECTEUR PUBLIC SANCE DU MOTIF
Cass. 21-9-1987................... 277 Cass. 15-2-1988................... 211
- 486 -

Rechtspraak

ADMINISTRA TIEVE VOLTOOIING VAN HET MISDRIJF


GELDBOETE Cass. 19-10-1987.................. 101
APPRECIATIEBEVOEGDHEID BESTAANSMINIMUM
Arbrb. Oudenaarde 1-9-1987...... 157 BEDRAG. KIND TEN LASTE
ARBEIDSBESCHERMING Arbh. Luik 7-1-1987.............. 134
MEDISCH ONDERZOEK BEDRAG. ONDERHOUDSGELD
Cass. 26-9-1988................... 423 Arbh. Luik 7-1-1987.............. 134
TERUGVORDERING
ARBEIDSDUUR Arbh. Luik 3-2-1987. . . . . . . . . . . . . . 140
OVERUREN. DIRECTIEFUNCTIE
Arbh. Brussel 9-3-1988............ 442 BURGERLijK WETBOEK
GERECHTELIJKE BEKENTENIS
ARBEIDSONGEVAL Cass. 2-5-1988.................... 286
ARBEIDSPRESTATIE RISICO VAN POSTMANDAAT
Arbh. Gent 5-5-1988. . . . . . . . . . . . . 444 Arbh. Brussel 19-3-1986........... 289
BEAMBTE VAN OPENBARE
DIENST. BEGRIP
DEELTIJDSE
Arbh. Luik 12-1-1987. . . . . . . . . . . . . 136 WERKLOOSHEID
BEGRIP VOORDELEN IN NATURA.
Arbh. Luik 11-5-1988............. 402 INVLOED
ERKENNING VAN RECHT Arbh. Luik 2-2-1987.............. 138
Cass. 28-12-1987.................. 245 DRINGENDE REDEN
FONDS. BIJDRAGEN. VERJARING AANGEKONDIGDE VERTRAGING
Arbh. Luik 18-3-1987............. 144 Arbh. Brussel 16-12-1987.......... 478
GEMEEN RECHT - TUSSENKOMST BETEKENINGSTERMIJN.
VAN EEN DERDE BEGINSELEN
Arbrb. Bergen 18-12-1986......... 319 Arbh. Brussel 4-2-1988. . . . . . . . . . . . 226
ONDERBREKING VAN DE WEG CONCURRENTIE
NAAR HET WERK Arbh. Brussel 2-9-1987. . . . . . . . . . . . 120
Cass. 26-9-1988................... 424 FEITEN UIT HET PRIVE-LEVEN
PATHOLOGISCHE AANLEG Arbh. Brussel 24-12-1986.......... 160
Arbh. Luik 16-3-1988............. 449 GEEN INZICHT TOT SCHADE
ARBEIDSOVEREENKOMST Cass. 14-9-1987................... 99
AMBTENAREN MET SYNDICAAL INROEPING
VERLOF Arbh. Brussel 8-4-1987. . . . . . . . . . . . 162
Arbh. Luik 11-2-1988. . . . . . . . . . . . . 394 KENNIS DER FEITEN.
AU-PAIR CONTRACT GERECHTELIJK ONDERZOEK
Arbh. Brussel 4-6-1987............ 325 Arbh. Luik 24-3-1988............. 451
MANDA TARIS
BENAMING Arbh. Gent 19-5-1988............ 311
BEVOEGDHEID VAN DE VOORAFGAANDELIJK VERHOOR
RECHTER Arbh. Brussel 16-12-1987.......... 478
Arbh. Brussel 2-9-1987............ 430 VROEGERE FOUTEN UIT HET
BEPAALDE TIJD BEROEPSLEVEN
VOORWAARDEN Arbh. Brussel 24-12-1986.......... 160
Arbh. Luik 27-4-1988............. 398 VROEGERE VERHOUDING
Arbh. Brussel 22-4-1987. . . . . . . . . . . 163
BESCHERMDE FEESTDAGEN
WERKNEMER LOON
ONTSLAG. ERKENNING VAN DE Arbh. Brussel 8-4-1987............ 162
REDEN ..... ...................... 211
GERECHTELijK WETBOEK
BESCHERMING VAN HET ADMINISTRATIEVE BESLISSING
LOON Arbh. Luik 23-6-1987. . . . . . . . . . . . . 447
COMPENSATIE AFSNOEPEN VAN LEDEN
Cass. 14-3-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223 Arbh. Brussel 30-6-1988........... 326
487 -

KORTGEDING ONDERGESCHIKTHEID
Arbh. Brussel 15-10-1987. . . . . . . . . . 440 BEHEERDER EN BEDIENDE
KORTGEDING. SOCIALE Arbrb. Brussel 6-11-1987.......... 234
VERKIEZINGEN BESTUURDER - DAGELIJKS
Arbh. Luik 1-4-1987. . . . . . . . . . . . . . 149 BESTUUR
ROEKELOOS BEROEP Cass. 30-5-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293
Arbh. Brussel 1-10-1987. . . . . . . . . . . 325
ROEKELOOS OF TERGEND ONGEOORLOOFDE
GEDING CONCURRENTIE
Cass. 11-4-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 OPRICHTING VAN EIGEN ONDER-
VA TTING VAN DE RECHTER NEMING
Cass. 21-3-1988................... 281 Brussel 25-4-1986................. 164
VERZOEKSCHRIFT NEERGELEGD ONGEVAL OP WEG VAN
BUITEN DE OPENINGSUREN
VAN DE GRIFFIE OF NAAR HET WERK
Arbh. Luik 19-5-1988. . . . . . . . . . . . . 403 GEWOON TRAJECT
Arbh. Bergen 10-6-1988........... 405

HANDELSVERTEGEN- OPZEGGINGSVER-
GOEDING
WOORDIGER VERJARING
AANBRENG VAN CLIENTEEL. Cass. 25-1-1988................... 207
VERMOEDEN Cass. 29-2-1988................... 218
Arbrb. Brussel 27-6-1988.......... 235
Arbh. Brussel 20-5-1988. . . . . . . . . . . 478 OVERMACHT
CLIENTEEL - CRITERIA BRAND
Cass. 15-6-1988................... 297 Arbh. Gent 13-4-1987. . . . . . . . . . . . 125
EXCLUSIVITEIT VAN VERTEGEN- PENSIOEN
WOORDIGING. RECHT OP INDI- CUMULATIE
RECTE COMMISSIELONEN HJEG 17-12-1987................. 324
Arbrb. Mechelen 23-2-1988........ 457
SCHADEVERGOEDING PROEF
Arbh. Brussel 4-12-1987........... 122 JAARLOON. FACTOREN
HOEDANIGHEID Arbrb. Antwerpen 9-6-1987. . . . . . . 327
Cass. 18-4-1988................... 284 PROFESSIONEEL RISICO
OPENBARE SECTOR
IMPLICIETE VERBREKING Cass. 21-9-1987. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
WERKVERLATING
Arbh. Brussel 8-4-1987............ 161 RECHTSMISBRUIK
BESCHERMDE WERKNEMER
KWALIFICA TIE DER Cass. 7-3-1988.................... 221
PARTIJEN SOCIAAL STATUUT' DER
VOORDELIG STATUUT
Arbh. Brussel 15-10-1987.......... 163 ZELFSTANDIGEN
BIJDRAGE. HOOFDELIJKHEID
KWIJTING VOOR SALDO Cass. 6-6-1988.................... 295
AFSTAND VAN RECHTEN ECHTGENOOT-ADVOCAAT
Cass. 7-3-1988.................... 475 HELPSTER
Arbh. Antwerpen 4-9-1987........ 113
LOON ONDERWERPING.KAARTLEGSTER
BEGONNEN MAAND
Arbh. Gent 23-6-1987............ 131
Arbh. Brussel 8-4-1987............ 161
ONDERWERPING. KOSTELOOS-
ONVERSCHULDIGDE BETALING.
HEID VAN HET MANDAAT.
RECHT VOOR DE TOEKOMST
Arbrb. Bergen 3-2-1986........... 316
Arbh. Brussel 1-3-1987............ 160
ONVERSCHULDIGDE BETALING. SOCIAAL STRAFRECHT
TERUGVORDERING VERJARING. OPENBARE ORDE
Arbh. Brussel 1-3-1987............ 160 Cass. 19-10-1987.................. 101
488 -

SOCIALE VERKIEZINGEN VERKORTE


DIRECTIEPERSONEEL. VEILIG- OPZEGGINGSTERMIJN
HEIDSCHEF SCHORSING
Cass. 4-1-1988.................... 202 Arbrb. Tongeren 11-10-1988....... 474
GESCHIL. GEBREK AAN BELANG
Arbrb. Mechelen 15-6-1987........ 155 VOOROPZEG
O.C.M.W. KENNISGEVING. AFGIFTE. BEWIJS
Arbrb. Nijvel 9-12-1986. . . . . . . . . . . 322 Cass. 16-11-1987.................. 107
UITZENDKRACHTEN NIETIGHEID
Cass. 28-12-1987.................. 198 Arbli.7 Brussel 24-4-1987 ............ .
NIETIGHEID. GEVOLG TEN AAN-
SOCIALE ZEKERHEID ZIEN VAN AFST AND VAN
ADMINISTRATIEVE HANDELING. RECHT
VERHAAL. SCHORSING Cass. 28-11-1987.................. 110
Arbh. Brussel 18-2-1988........... 227 TERMIJN. COLLECTIEVE OVER-
BIJDRAGEN. PROVISIONELE EENKOMST
BETALING Arbh. Brussel 10-3-1987........... 437
Arbrb. Charleroi 21-4-1988........ 314 TERMIJN. GEWESTELIJK DIREC-
HOOFDELIJKE AAN- TEUR
SPRAKELIJKHEID Arbh. Brussel 16-12-1987.......... 477
Cass. 5-9-1988.................... 420
SUBJECTIEF RECHT VOORWERP VAN DE
Arbrb. Charleroi 15-10-1987....... 152 OVEREENKOMST
TERGEND EN ROEKELOOS INTERPRETATIE
GEDING Arbh. Brussel 1-3-1987............ 160
Arbrb. Namen 9-9-1987........... 241
VERVOERDER VAN GOEDEREN VRIJ ONDERWIJS
Cass. 10-10-1988.................. 476 STATUUT. KAPITALISATIE VAN
DE INTRESTEN
STATUUT Arbh. Brussel 20-4-1988. . . . . . . . . . . 306
BEDIENDE STATUUT. TERUGKEER TOT HET
Arbh. Brussel 3-12-1987........... 302
VOORLOPIG REGIME
GEZAGSVERHOUDING Cass. 10-10-1988.................. 388
Cass. 9-5-1988.................... 287

TEGEMOE.TKOMING AAN WERKLOOSHEID


ARBEIDSGESCHIKTHEID
DE MINDER-VALIDEN Cass. 16-5-1988................... 289
BETALING. AFDELING VOOR BEHOUD VAN HOEDANIGHEID
KRANKZINNIGEN Cass. 8-2-1988.................... 209
Cass. 4-1-1988.................... 204 BEHOUD VAN HOEDANIGHEID
UITWINNINGS- VAN GERECHTIGDE
Cass. 2-11-1987................... 104
VERGOEDING Cass. 10-10-1988.................. 476
HOEDANIGHEID VAN HANDELS- GEf:!UWDE WERKLOZE. WACHT-
VERTEGENWOORDIGER UITKERING.
Arbrb. Brussel 12-1-1987.......... 232 Cass. 10-10-1988 .................. , 475
VENNOOTSCHAPS- LANGDURIGE WERKLOOSHEID.
WERKENDE ECHTGENOOT
CONTRACT Cass. 22-2-1988................... 215
BE GRIP
NIET-OVERMAKING VAN SOCIALE
Arbh. Brussel 2-9-1987. . . . . . . . . . . . 430
DOCUMENTEN. NADEEL
VERBREKING Arbh. Bruxelles 4-11-1987. . . . . . . . . 477
Rechterlijke macht STAGE. LEGERDIENST
Cass. 20-6-1988. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325 Arbh. Luik 10-3-1987............. 142
TERUGVORDERING
VERBREKINGS- Arbh. Gent 5-6-1987 ..... _....... 129
VERGOEDING TOELAATBAARHEID. ZELFSTAN-
BEREKENING. PREMIE DIG BEROEP
Arbh. Brussel 29-6-1988........... 478 Cass. 11-1-1988................... 205
489 -

ZIEKTE-INVALIDITEITS- LAATTIJDIGE BETALING BlJ-


DRAGE. GEVOLGEN
VERZEKERING Arbh. Antwerpen 16-1-1988....... 428
CUMUL MET SLUITINGSPREMIE. ONVERSCHULDIGDE BETALING.
TERUGVORDERING. BEDRIJFS- AANSPRAKELIJKHEID VAN EEN
VOORHEFFING DERDE
Arbrb. Hoei 14-11-1987........... 240 Bergen 17-9-1987................. 228
EXCEPTIE VAN GEWlJSDE VERJARING
Arbh. Bergen 10-6-1988........... 405 Arbrb. Oudenaarde 8-2-1988...... 243
INKOMSTEN UIT EEN ACTIVITEIT. VERJARING. SCHORSING
SAMENLOOP Arbh. Luik 5-1-1988.............. 392
Arbh. Luik 11-5-1988............. 400 ZONDAGSRUST
INDEPLAATSSTELLING FEESTDAG. VERVANGINGSDAG
Brussel 23-2-1988................. 304 Arbh. Brussel 8-4-1987. . . . . . . . . . . . 162
INVALIDITElT. BEOORDELING LOON
Arbh. Luik 27-3-1987............. 146 Arbh. Brussel 24-2-1988. . . . . . . . . . . 326

Table chronologique Chronologische tabel

1986 14-lX Cass.......................... 99


17-lX Mons ......................... 228
3-Il Trav. Mons ................... 316
21-lX Cass.......................... 277
19-Ill C.trav. Bruxelles ............... 299
1-X C.trav. Bruxelles ............... 325
25-lV Bruxelles ...................... 164
15-X C.trav. Bruxelles ............ 163, 440
9-Xll Trav. Nivelles ................. 322
15-X Trav. Charleroi ................ 152
18-Xll Trav. Mons ................... 319
19-X Cass.......................... 101
24-Xll C.trav. Bruxelles ............... 160
2-XI Cass.......................... 104
4-Xl C.trav. Bruxelles ............... 477
1987 6-Xl Trib.trav. Bruxelles ............ 234
7-1 C.trav. Liège .................. 134 14-Xl Trib.trav. Huy ................ 240
12-1 C.trav. Liège .................. 136 16-Xl Cass.......................... 107
12-1 Trib.trav. Bruxelles ............ 232 28-Xl Cass.......................... 110
2-Il C.trav. Liège .................. 138 3-Xll C.trav. Bruxelles ............... 302
3-Il C.trav. Liège .................. 140 4-XII Arbh. Brussel. ................ 122
1-Ill C.trav. Bruxelles ............... 160 16-Xll C.trav. Bruxelles ............... 477
10-III C.trav. Bruxelles ............... 437 17-XII C.J.C.E........................ 324
10-III C.trav. Liège .................. 142 28-XII Cass........................ 198, 245
18-III C.trav. Liège .................. 144
27-III C.trav. Liège .................. 146 1988
1-lV C.trav. Liège .................. 149 4-1 Cass........................ 202, 204
8-IV C.trav. Bruxelles ............ 161, 162 5-1 C.trav. Liège .................. 392
13-lV Arbh. Gent ................... 125 11-1 Cass.......................... 205
22-IV C.trav. Bruxelles ............... 163 16-1 Arbh. Antwerpen .............. 428
24-lV C.trav. Bruxelles ............... 117 25-1 Cass.......................... 207
4-VI c. trav. Bruxelles .............. 325 4-Il C.trav. Bruxelles ............... 226
5-VI Arbh. Gent. .................. 129 8-Il Cass.......................... 209
9-VI Arbrb. Antwerpen ............. 327 8-Il Arbrb. Oudenaarde ............ 243
15-VI Arbrb. Mechelen .............. 155 11-Il C.trav. Liège .................. 394
23-Vl Arbh. Gent. .................. 131 15-Il Cass .......................... 211
23-Vl C.trav. Liège .................. 447 18-Il C.trav. Bruxelles ............... 227
1-IX Arbrb. Oudenaarde ............ 157 22-Il Cass.......................... 215
2-IX C.trav. Bruxelles ............ 120, 430 23-Il Arbrb. Mechelen .............. 457
4-IX Arbh. Antwerpen .............. 113 23-Il Arbh. Brussel. ................ 304
9-lX Trib.trav. Namur .............. 241 24-Il C.trav. Bruxelles ............... 326
- 490 -

29-II Cass. ......................... 218 16-V Cass.......................... 289


7-III Cass ........................ 221, 475 19-V Arbh. Gent ................... 311
9-III C.trav. Bruxelles ............... 442 19-V C.trav. Liège .................. 403
14-III Cass .......................... 223 20-V C.trav. Bruxelles ............... 478
16-III C.trav. Liège .................. 449 30-V Cass........................ 291, 293
21-III Cass. .. ....................... 281 6-VI Cass.......................... 295
24-III C.trav. Liège .................. 451 10-VI C.trav. Mons .................. 405
11-IV Cass.......................... 324 15-VI Cass.......................... 297
18-IV Cass.......................... 284 20-VI Cass.......................... 325
20-IV C.trav. Bruxelles ............... 306 27-VI Arbrb. Brussel. ................ 235
21-IV Trav. Charleroi ................ 314 29-VI C.trav. Bruxelles ............... 478
27-IV C.trav. Liège .................. 398 30-VI c. trav. Bruxelles .............. 326
2-V Cass.......................... 286 5-IX Cass.......................... 420
5-V Arbh. Gent. .................. 444 26-IX Cass........................ 423, 424
9-V Cass.......................... 287 10-X Cass................... 388, 475, 476,
11-V C.trav. Liège ............... 400, 402 11-X Arbrb. Tongeren .............. 474

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