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Répertoire de droit commercial

 Table des matières
 Bibliographie
 Généralités (1 - 6)
 Chapitre 1 - Existence de l'escompte (7 - 73)
o Section 1 - Analyse de l'escompte (7 - 18)
 Art. 1 - Notion d'escompte (7 - 8)
 Art. 2 - Nature juridique de l'escompte (9 - 13)
 Art. 3 - Distinction de l'escompte et des opérations voisines (14 - 18)
o Section 2 - Éléments de l'escompte (19 - 73)
 Art. 1 - Titres escomptés (20 - 48)
 § 1 - Effets de commerce (22 - 45)
 A - Lettre de change (26 - 42)
 B - Autres effets de commerce (43 - 45)
 § 2 - Chèques (46 - 48)
 Art. 2 - Conclusion de la convention d'escompte (49 - 73)
 § 1 - Échange des consentements (50 - 64)
 A - Effets présentés au banquier (53 - 61)
 B - Reprise à l'escompte (62 - 64)
 § 2 - Date et preuve de l'escompte (65 - 68)
 § 3 - Garanties de l'escompte (69 - 73)
 Chapitre 2 - Exécution de l'escompte (74 - 147)
o Section 1 - Remise du titre (74 - 79)
 Art. 1 - Endossement (76)
 Art. 2 - Autres formes de remise (77 - 79)
o Section 2 - Effets de l'escompte (80 - 147)
 Art. 1 - Effets avant l'échéance (81 - 103)
 § 1 - Droits du banquier (82 - 100)
 A - Droits résultant du contrat d'escompte (83 - 91)
 B - Droits inhérents à la qualité de porteur (92 - 100)
 § 2 - Obligations du banquier (101 - 103)
 Art. 2 - Effets après l'échéance (104 - 147)
 § 1 - Paiement de l'effet à l'échéance (105 - 111)
 A - Présentation au paiement (105 - 107)
 B - Modification du paiement (108 - 111)
 § 2 - Recours du banquier escompteur (112 - 147)
 A - Détermination des recours (112 - 122)
 B - Exercice des recours (123 - 147)
 Index alphabétique
Escompte 

Deen GIBIRILA
Professeur émérite (UniversitéToulouse1 Capitole)

octobre 2018

Table des matières

Généralités 1 - 6

Chap. 1 - Existence de l'escompte 7 - 73

Sect. 1 - Analyse de l'escompte 7 - 18


Art. 1 - Notion d'escompte 7 - 8
Art. 2 - Nature juridique de l'escompte 9 - 13
Art. 3 - Distinction de l'escompte et des opérations voisines 14 - 18
Sect. 2 - Éléments de l'escompte 19 - 73
Art. 1 - Titres escomptés 20 - 48
§ 1 - Effets de commerce 22 - 45
§ 2 - Chèques 46 - 48
Art. 2 - Conclusion de la convention d'escompte 49 - 73
§ 1 - Échange des consentements 50 - 64
§ 2 - Date et preuve de l'escompte 65 - 68
§ 3 - Garanties de l'escompte 69 - 73

Chap. 2 - Exécution de l'escompte 74 - 147

Sect. 1 - Remise du titre 74 - 79


Art. 1 - Endossement 76
Art. 2 - Autres formes de remise 77 - 79
Sect. 2 - Effets de l'escompte 80 - 147
Art. 1 - Effets avant l'échéance 81 - 103
§ 1 - Droits du banquier 82 - 100
§ 2 - Obligations du banquier 101 - 103
Art. 2 - Effets après l'échéance 104 - 147
§ 1 - Paiement de l'effet à l'échéance 105 - 111
§ 2 - Recours du banquier escompteur 112 - 147

Bibliographie

BONHOMME, Instruments de crédit et de paiement, 12 e éd., 2017, LGDJ. – BONNEAU, Droit


bancaire, 12e éd., 2017, Montchrestien. – COQUELET, Entreprises en difficulté. Instruments
de paiement et de crédit, 6 e éd., 2017, coll. Hypercours, Dalloz. – DEKEUWER-DÉFOSSEZ
et MOREIL, Droit bancaire, 11e éd., 2016, coll. Mémento, Dalloz. – DELEBECQUE et
GERMAIN, Traité de droit commercial, t. 2 par RIPERT et ROBLOT, 16 e éd., 2000, LGDJ. –
DEVÈZE, COURET et alii, Droit du financement, 2018, Lamy. – DEVÈZE et PÉTEL, Droit
commercial. Instruments de paiement et de crédit, 1992, Montchrestien. – DUPICHOT et
GUÉVEL, Les effets de commerce. Traité de droit commercial, t. 2, 3e éd., 1996,
Montchrestien. – FERRONNIÈRE et DE CHILLAZ, Les opérations de banque, 1980, Dalloz. –
GAVALDA et STOUFFLET, Droit bancaire, 8 e éd., 2010, LexisNexis. – LE CANNU,
GRANIER et ROUTIER, Droit commercial. Instruments de paiement et de crédit. Titrisation,
9e éd., 2017, coll. Précis, Dalloz. – LEGEAIS, Droit commercial et des affaires, 25 e éd., 2018,
coll. Université, Sirey ; Opération de crédit, 2e éd., 2018, LexisNexis. – L.-M. MARTIN, Traité
de droit commercial, Banques et bourses, t. 7, 3e éd., 1991, Montchrestien. – MESTRE,
PANCRAZI, ARNAUD-GROSSI, MERLAND et TAGLIARINO-VIGNAL, Droit commercial, 30 e
éd., 2016, LGDJ. – NEAU-LEDUC, NEAU-LEDUC et PÉRIN-DUREAU, Droit bancaire, 6 e éd.,
2018, coll. Cours, Dalloz. – NEUVILLE, Droit de la banque et des marchés financiers, 2005,
PUF. – S. PIEDELIÈVRE, Instruments de crédit et de paiement, 10 e éd., 2018, coll. Cours,
Dalloz ; Droit bancaire, 1re éd., 2003, coll. Thémis, PUF. – S. PIEDELIÈVRE et PUTMAN,
Droit bancaire, 2011, Economica. – PUTMAN, Droit des affaires, t. 4 : Moyens de paiement et
de crédit, 1995, coll. Thémis, PUF. – RIVES-LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, Droit
bancaire, 6e éd., 1995, coll. Précis, Dalloz. – STOUFFLET, Instruments de paiement et de
crédit, 8e éd., 2012, LexisNexis.
KLOTZ, L'escompte sans recours. Une formule originale encore trop peu utilisée, in
Mélanges offerts à Pierre Vigreux, USST, 1981, coll. Travaux et recherches, IPA-IAE, p.  469
s. – D. MARTIN, L'escompte indirect, Gaz. Pal. 1972. 2. Doctr. 422. – VASSEUR, Le contrat
d'escompte. Nature et portée. À propos de l'arrêt de la Cour de cassation du 24 février 1982,
Banque 1982. 1458 ; L'application de la loi Dailly. Escompte ? Cession de créance en
propriété à titre de garantie ? ou bien l'un ou l'autre suivant les cas ?, D. 1982. Chron. 273. –
Travaux de la commission Gilet, Notes et études documentaires, 14 janv. 1967, Doc. fr.,
no 3354.
RIVES-LANGE, Les problèmes juridiques posés par l'opération d'escompte, thèse,
Montpellier, 1962.
Généralités
1. Les opérations de crédit à court terme, c'est-à-dire celles d'une durée inférieure ou égale à
deux ans, permettent des aides de trésorerie aux entreprises par l'effet de la mobilisation de
leurs créances. Les techniques destinées à assurer ces besoins financiers sont de trois
ordres : la cession de créances professionnelles selon les modalités prévues aux articles
L. 313-23 et suivants du code monétaire et financier, notamment au moyen de la cession
d'escompte, l'affacturage et l'escompte d'effets de commerce (V.  Affacturage [Com.],
Cession et nantissement de créances professionnelles [Com.] et Effet de commerce [Com.] ).

2. La présente étude est consacrée à l'escompte qui, bien que fortement concurrencé depuis
bon nombre d'années par la pratique de la cession de créances professionnelles, demeure
encore largement utilisé.

3. Toujours est-il que, en dépit de l'amoindrissement de son rôle lié à l'avènement de la


cession de créances professionnelles, l'escompte demeure répandu en France comme
opération de crédit réalisée par la cession d'un effet de commerce. Il connaît encore un
certain succès en raison des avantages qu'il offre, parmi lesquels figure au premier chef la
simplicité. Quels que soient les titres qu'il emploie – effets de commerce ou chèques –, il
n'exige que leur remise au banquier sans besoin d'accomplir les formalités du droit civil
qu'impose la cession de créance. Il constitue un instrument de crédit pratique, pour le crédité,
qui est dispensé de l'obligation de recouvrer l'effet de commerce et, pour le créditeur, qui peut
se financer de nouveau. Il est le type même d'opération de crédit à court terme qui permet
aux fournisseurs de mobiliser leurs créances sur leurs acheteurs et de reconstituer par
anticipation leurs fonds de roulement. Il présente également une grande sécurité en raison
des garanties du change, sans omettre les avantages attachés à la propriété du titre, plus
particulièrement, la propriété de la provision, l'inopposabilité des exceptions et la faculté de
transmission. Le banquier a la possibilité, par le réescompte, de récupérer les fonds qu'il a
avancés en endossant à son tour l'effet escompté auprès d'une autre banque ou de l'institut
d'émission.

4. Néanmoins, l'escompte a été victime du succès qui est à l'origine de sa désaffection. Outre
la mobilisation des crédits à court terme, l'escompte est également devenu une technique de
mobilisation de crédits à moyen et long terme, si bien que les banques ont été assez
rapidement envahies par une multitude d'effets traités dont la manipulation est à la fois lourde
et onéreuse (Travaux de la commission Gilet, Notes et études documentaires, 14 janv. 1967,
Doc. fr., no 3354). De surcroît, les délais de règlement consentis par les fournisseurs à leurs
clients créent chez ces derniers un besoin de crédit qu'ils obtiennent en mobilisant leurs
créances grâce à l'escompte. La défaveur évoquée touche les deux fonctions de l'escompte :
la mobilisation des crédits commerciaux et la mobilisation des crédits bancaires. Certes,
l'informatique permet de réduire notablement les inconvénients liés à la lourdeur et au coût
élevé, mais c'est au détriment des garanties cambiaires traditionnelles, lesquelles sont
d'ailleurs souvent inutilisées, dans la mesure où la plupart des traites ne sont pas acceptées
ou comportent la mention « sans frais ».

5. Pour se substituer à l'escompte comme technique de mobilisation des crédits


commerciaux, une nouvelle opération de crédit de mobilisation de créances commerciales
(CMCC) a été instituée sous deux aspects : le CMCC garanti et le CMCC non garanti
(GAVALDA et STOUFFLET, Droit bancaire, 8 e éd., 2010, LexisNexis, nos 421 s.). Le CMCC
garanti avait fait l'objet de l'ordonnance n o 67-838 du 28 septembre 1967 (D. 1967. 380),
laquelle avait créé la facture protestable et transmissible, censée être un titre plus souple que
la lettre de change. Mais l'échec pratique de cette opération de crédit a entraîné l'abrogation
de ladite ordonnance par la loi no 81-1 du 2 janvier 1981 (D. 1981. 40), dite loi « Dailly » du
nom du sénateur instigateur de ce texte, aujourd'hui codifiée aux articles L. 313-23 et
suivants du code monétaire et financier. Seul subsiste à l'heure actuelle le CMCC non
garanti. Par ce mécanisme, le client regroupe une série de créances commerciales en
représentation desquelles il souscrit à l'ordre du banquier un billet, dit « billet de
mobilisation ». Celui-ci représente l'avance consentie par le banquier. La remise du billet
n'implique pas un transfert des créances, bien que ces dernières soient l'assise du crédit
consenti. Le CMCC non garanti s'analyse juridiquement comme un prêt ou un découvert
mobilisé (RIVES-LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, Droit bancaire, 6 e éd., 1995, coll.
Précis, Dalloz, no 524), alors que, économiquement, il est un crédit avec mobilisation de
créances (BONNEAU, Droit bancaire, 10e éd., 2013, Montchrestien, no 559).

6. Ce système est voisin de l'escompte, mais s'en différencie notablement du fait que les
créances ne sont pas transmises au banquier. D'ailleurs, le crédit de mobilisation est
incompatible avec l'escompte, car le client qui souhaite en bénéficier doit s'engager à ne pas
recourir à l'escompte. Le CMCC ne s'est pas toutefois imposé comme l'instrument privilégié
de la technique du crédit à court terme. Cette situation, probablement due à l'avènement du
bordereau Dailly, témoigne de la place de choix encore occupée par l'escompte.

Chapitre 1er - Existence de l'escompte

Section 1re - Analyse de l'escompte

Art. 1er - Notion d'escompte

7. La notion d'escompte n'est pas très aisée à appréhender dans la mesure où la loi ne définit
pas ce procédé qui relève de la pratique bancaire. De plus, il existe un risque de confusion,
car le terme « escompte » désigne à la fois l'opération de crédit et la somme que le banquier
déduit du montant de l'effet pour déterminer l'avance qu'il consent au client. L'escompte est
l'opération de crédit par laquelle un client – le crédité titulaire d'une créance à terme – remet
un effet de commerce à un banquier fournisseur de crédit – l'escompteur – qui en paie le
montant au remettant ou en crédite son compte, déduction faite d'une somme représentant le
service rendu et les intérêts à courir jusqu'à l'échéance, cette somme portant elle-même le
nom d'« escompte ». La perception d'une somme forfaitaire, sensiblement inférieure au
montant de l'effet au lieu de la perception d'agios proportionnels, n'est pas exclusive de
l'escompte (Com. 1er oct. 1996, no 94-10.953  , Bull. civ. IV, no 218 ; JCP E 1996. II. 892,
note Bonneau ; D. 1997. 225, note D. Martin   ; RTD com. 1997. 124, obs. M. Cabrillac   ;
RJDA 1/1997, no 88). Le client est fréquemment le tireur d'une lettre de change qui a une
créance sur le tiré. Mais il n'est pas interdit que le client soit le tiré de l'effet de commerce,
auquel cas, cet escompte est dit « indirect ».

8. L'escompte utilise donc les techniques des effets de commerce, dans la mesure où il se
traduit par la remise d'un effet au banquier : celui-ci avance les fonds représentés par le titre
et bénéficie de tous les avantages du porteur d'un effet de commerce. Mais cette conception
purement descriptive ne suffit pas à expliquer cette remise au banquier et à différencier
l'escompte d'autres opérations également fondées sur l'endossement (V. infra, nos 14 s.).
Aussi, la doctrine ne manque pas de souligner que l'escompte est avant tout un contrat
(V. infra, nos 9 s.).

Art. 2 - Nature juridique de l'escompte

9. Bien que les auteurs soient unanimes à considérer l'escompte comme un contrat, sa
nature juridique reste discutée : deux conceptions s'affrontent (VASSEUR, Le contrat
d'escompte. Nature et portée. À propos de l'arrêt de la Cour de cassation du 24 février 1982,
Banque 1982. 1458).

10. Pour la première, l'escompte s'analyse en une cession : soit une vente d'effet de
commerce (SAVATIER, note ss. Montpellier, 23 oct. 1953, D. 1955. 133. – GORÉ, note ss.
Poitiers, 18 mai 1954, D. 1955. 365), soit une cession de créance. La remise d'une somme
d'argent au remettant correspond au paiement des créances cédées. Le banquier
cessionnaire achète une créance à terme à l'un de ses clients – le cédant – et dispose, contre
ce dernier et le tiré, des droits cambiaires attachés au titre et des recours de droit commun
issus de la cession de créance (C. civ., art. 1689  ). Cette approche met en évidence, d'une
part, le fait que le banquier devienne propriétaire de l'effet en vertu de l'endossement et,
d'autre part, le caractère synallagmatique de l'escompte, la remise du titre ayant pour
contrepartie la remise d'une valeur par la banque à son client. Elle présente l'inconvénient de
ne pas mettre en exergue le fait que l'escompte constitue avant tout une opération de crédit.

11. La seconde conception consiste à qualifier l'opération d'escompte de « prêt sur titre » : le
banquier fait l'avance du montant de la traite et obtient en garantie la remise de l'effet de
commerce, l'intérêt étant constitué par la rémunération retenue par le banquier. Cette
conception, qui exprime bien le rôle économique de l'escompte et son caractère d'opération
de crédit, pêche en ce qu'elle ne révèle pas le caractère synallagmatique de l'escompte,
puisqu'elle l'assimile au prêt, contrat unilatéral. Cette analyse, qui a été retenue par la Cour
de cassation et certains auteurs (Crim. 6 mai 1964, D. 1965. 468, note Gavalda), paraît avoir
été justifiée par la volonté de soumettre l'escompte aux lois de l'usure (Crim. 18 oct. 1946,
Gaz. Pal. 1946. 2. 235).

12. Aucune des deux conceptions n'étant complètement satisfaisante, on s'accorde pour


considérer que l'escompte est une opération sui generis qui se situe à mi-chemin entre le prêt
et la vente et utilise les techniques cambiaires. En effet, l'escompte se réalise en principe par
l'endossement translatif d'un effet de commerce, à la suite d'un accord entre le banquier et
son client, en vue d'une opération de crédit, c'est-à-dire de tout acte par lequel une personne
agissant à titre onéreux met ou promet de mettre des fonds à la disposition d'une autre
personne ou prend dans l'intérêt de celle-ci un engagement par signature tel qu'un aval, un
cautionnement ou une garantie (C. mon. fin., art. L. 313-1  ).

13. Pour autant, l'escompte ne revêt pas un caractère spéculatif, en dépit de la qualification


de prêt qui lui a été conféré, afin de lui appliquer la réglementation de l'usure (Crim. 18  oct.
1946, préc. supra, no 11) ; aussi, se distingue-t-il de l'achat de titres par le banquier (V. infra,
no 16). À l'heure actuelle, il est perçu comme une opération de crédit fondé sur le transfert de
propriété d'un titre de créance : d'une part, le banquier escompteur anticipe le paiement d'une
créance à terme en octroyant une avance, d'autre part, il acquiert l'effet escompté en
propriété et pas seulement à titre de gage (BONNEAU, op. cit., nos 567 et 570). Il résulte de
la jurisprudence que l'endossement en propriété caractérise l'escompte, peu importe le mode
de rémunération de l'escompteur – même non-banquier – qui avance le montant d'un effet de
commerce au porteur de celui-ci (Com. 1er oct. 1996, no 94-10.953  , préc. supra, no 7).

Art. 3 - Distinction de l'escompte et des opérations voisines

14. L'escompte repose sur la transmission de propriété d'un titre de créance, puisqu'il se


matérialise par la remise du titre au banquier qui, en contrepartie, remet au client une somme
d'argent. Cette remise ne correspond pas obligatoirement à un escompte. Il n'est pas exclu
que le titre soit simplement remis pour un encaissement au banquier qui, de son côté,
consent au client une avance pour un montant équivalent (sur la différence entre la remise à
l'escompte et la remise à l'encaissement : Com. 23 févr. 1976, RTD com. 1976. 768, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange. – Paris, 9 juill. 1980, Banque 1981. 141, obs. L.-M. Martin ; RJ
com. 1981. 301, note Delebecque. – Paris, 27 mai 1983, D. 1984. IR 72, obs. M. Cabrillac. –
RIVES-LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., no 318). En pareille situation, les
conséquences juridiques diffèrent de celles rencontrées en cas d'escompte, en ce que le
banquier n'acquiert pas la propriété de l'effet, mais devient seulement mandataire chargé de
le recouvrer. Si le titre n'est pas payé, il ne dispose d'aucun recours cambiaire, mais d'un
recours de droit commun en remboursement de l'avance né du contrat de crédit.

15. La distinction entre ces deux opérations n'est guère aisée à établir, dans la mesure où
elles se réalisent fréquemment par un endossement en blanc. Celui-ci est présumé translatif,
mais cette présomption qui n'est pas irréfragable supporte la preuve de la volonté contraire
des parties (Com. 3 mai 1971, Bull. civ. IV, no 119 ; RTD com. 1972. 127, obs. M. Cabrillac et
Rives-Lange. – Paris, 19 mars 1974, RTD com. 1974. 319, obs. M. Cabrillac et Rives-
Lange. – Et sur pourvoi : Com. 23 févr. 1976, préc. supra, no 14. – Com. 24 sept. 2002, no 00-
11.121  , Bull. civ. IV, no 129. – V.  Endossement [Com.] ). Cette preuve peut résulter du
bordereau de remise sur lequel serait expressément mentionné que l'effet est remis à
l'encaissement. Constitue aussi un précieux élément d'appréciation la date de valeur qui
détermine le jour où commencent éventuellement à courir les intérêts : si cette date
correspond à celle probable de l'encaissement de l'effet, et non à celle de la remise, il s'agit,
non point d'une remise à l'escompte, mais d'une remise à l'encaissement. En revanche, la
clause « sauf encaissement » et une demande « d'avis de sort » ne sont pas significatives de
la nature de l'opération.

16. La remise du titre contre le versement d'une somme d'argent peut représenter un achat
de titre. Le transfert de propriété de titre qui en résulte ne correspond pas à un crédit de sorte
que, contrairement à la situation précédente, le banquier dispose des actions cambiaires, et
non de celles issues du contrat de crédit. Là encore, la différence est difficile à établir entre
l'escompte et l'achat de titre qui s'illustrent tous deux, par un endossement en blanc. Le
critère de distinction peut être la somme allouée qui, en cas de remise de titre, est amputée
d'un montant plus élevé que celui prélevé par le banquier escompteur en guise de
rémunération (Com. 1er oct. 1996, préc. supra, no 7).

17. L'escompte se distingue de la remise d'un effet à titre de gage, notamment par


endossement pignoratif. Cette dernière, bien que conférant au banquier les droits cambiaires
inhérents à cette opération, n'a pas pour contrepartie la remise de fonds consécutive à
l'acquisition de la propriété du titre qui est propre à l'escompte. Celui-ci se distingue de l'aval
qui implique nécessairement la restitution du titre. S'agissant de la cession de créance
professionnelle, dite « cession Dailly », il existe une différence selon qu'elle est opérée dans
le cadre d'une opération d'escompte ou d'une cession à titre de garantie. Bien qu'en toute
hypothèse la propriété de la créance soit transmise au cessionnaire, dans la première, le
transfert est définitif, tandis que dans la seconde il est temporaire ; le cédant d'origine peut
alors retrouver la propriété de la créance cédée sans formalité particulière dans la mesure où
la garantie prend fin lorsque son bénéficiaire n'a plus de créance à faire valoir ou lorsqu'il y
renonce (Civ. 1re, 19 sept. 2007, no 04-18.372  , Bull. civ. I, no 275 ; D. 2007. AJ 2532, obs.
Delpech   ; RD banc. fin. 2007, no 6, p. 44, obs. Crédot et Samin ; Banque et Droit 2007,
no 116, p. 30, obs. Bonneau ; Banque 2008. 81, no 698, obs. Guillot et Boccara).

18. Il convient, enfin, de différencier l'escompte de la pratique, qui consiste pour une banque
à exiger de son client confronté à une difficulté financière de lui remettre des effets de
commerce en vue d'apurer partiellement le passif, notamment le débit du compte courant. À
première vue, la situation se rapproche de l'escompte en ce que le compte ne fonctionne plus
comme un compte courant, dès lors que les remises se font en sens unique. En réalité, elle
s'en éloigne fortement, car il s'agit purement et simplement d'un paiement (Com. 17  févr.
1959, Bull. civ. III, no 89. – Rennes, 29 janv. 1964, RTD com. 1964. 625, obs. Houin). Le
banquier bénéficie de recours cambiaires, et non de ceux dérivant du contrat de crédit.
Section 2 - Éléments de l'escompte

19. L'opération d'escompte implique la remise d'un titre par son porteur au banquier qui en
avance le montant, mais se réserve la faculté de se faire rembourser par la clause « sauf
encaissement ». Elle est complexe, non seulement par elle-même, mais également par les
titres qu'elle met en jeu (V. infra, nos 20 s.), d'où la nécessité d'examiner les titres escomptés
et la conclusion de la convention (V. infra, nos 49 s.).

Art. 1er - Titres escomptés

20. L'escompte peut, en principe, porter sur n'importe quelle créance ; le tout est que celle-ci
représente une somme d'argent d'un montant précis. Il faut donc exclure les récépissés et les
connaissements qui représentent des marchandises, ainsi que les titres tels que les actions
et parts de fondateurs dont la valeur est susceptible de varier.

21. Dans la réalité, l'escompte s'applique toujours à des créances déterminées incorporées


dans un titre, notamment des effets de commerce et des chèques, dès lors que cette
technique paraît offrir au banquier des chances suffisantes de remboursement des sommes
avancées (M. CABRILLAC et RIVES-LANGE, obs. crit. [ss. Lyon, 9 mars 1976, RTD com.
1977. 136], pour lesquels seuls les effets de commerce sont escomptables).

§ 1er - Effets de commerce

22. Le droit français ne donne aucune définition de l'effet de commerce. Ce terme qui
constitue l'intitulé du livre V, titre Ier du code de commerce, n'est actuellement visé que par le
code de commerce (art. L. 511-38, L. 521-1, L. 522-35, L. 523-9, L. 524-57, L. 632-1, 4o et
L. 624-15) et le code monétaire et financier (art. L. 211-1, I, 2o) qui se contentent de les
évoquer. Ainsi, l'article L. 632-1, 4o du code de commerce annule les paiements de dettes
échues faits par des procédés anormaux au cours de la période suspecte qui précède le
jugement d'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire. L'article
L. 624-15 du code de commerce permet au propriétaire de revendiquer les effets de
commerce qu'il avait remis au débiteur pour être recouvrés ou spécialement affectés à des
paiements déterminés, s'ils se trouvent encore dans le portefeuille du débiteur.

23. C'est la doctrine qui définit l'effet de commerce comme un titre négociable constatant au
profit du porteur une créance de somme d'argent et sert à son paiement (PUTMAN, Droit des
affaires, t. 4 : Moyens de paiement et de crédit, 1995, coll. Thémis, PUF, n o 11. – V. aussi
CAUSSE, Les titres négociables. Essai sur le contrat négociable, 1993, Litec).

24. L'effet de commerce se distingue de la monnaie fiduciaire ; il constitue seulement un


substitue de monnaie. Il se différencie également des autres titres négociables (polices
d'assurance faisant l'objet d'un titre à ordre ou au porteur, récépissés permettant d'obtenir
l'attribution de marchandises déposées dans un magasin général, connaissements…), dans
la mesure où il représente une somme d'argent. Il se distingue, enfin, notamment par la durée
de l'opération, des titres représentatifs de crédit à long terme mobilisables.

25. Parmi les effets de commerce, deux se présentent comme de simples moyens de


paiement (lettre de change et billet à ordre), tandis qu'un autre apparaît en plus comme un
moyen de garantir le paiement en constituant un gage sur des biens (généralement des
marchandises appartenant au débiteur warrant). L'un repose sur une relation juridique
triangulaire où une personne donne l'ordre à une autre de payer une troisième (lettre de
change), alors que les autres se fondent sur une relation juridique bilatérale entre un
créancier et un débiteur (billet à ordre, warrant).

A - Lettre de change

26. L'opération d'escompte est apparue à propos de la lettre de change ; c'est également


celle-ci qui en constitue le principal domaine d'application. À cet égard, d'importantes
précisions doivent être apportées sur les traites pro forma, les effets de complaisance et la
lettre de change-relevé.

1° - Traites pro forma

27. Les traites pro forma résultent de la pratique, en particulier de celle des travaux publics.
Elles se justifient par l'impossibilité de recourir à l'escompte, à la suite du refus de certaines
personnes physiques commerçantes ou personnes morales d'admettre que des effets soient
tirés sur elles. En outre, d'autres personnes ne peuvent émettre rapidement de lettres de
change afin de mobiliser leurs créances à terme, en raison notamment de vérifications
administratives souvent lentes et pesantes auxquelles sont soumis les règlements des
marchés des travaux publics. Pour contourner ces difficultés, les banques conviennent avec
leurs clients de la remise de traites pro forma qui sont des lettres non acceptées et non
destinées à circuler, ni à être présentées au paiement. Il s'agit de véritables lettres de
change, en dépit de l'appellation pro forma ; la jurisprudence admet leur validité (Aix-en-
Provence, 16 avr. 1969, RTD com. 1969. 557, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange ; JCP 1970.
II. 16228, note Gavalda. – Et sur pourvoi : Com. 14 déc. 1970, Banque 1971. 411, obs.
Marin ; RTD com. 1971. 409, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange ; D. 1972. 1, note Bouloc). En
vertu des principes cambiaires, la traite n'a nullement besoin d'être acceptée pour être
escomptée et le banquier acquiert la propriété de la provision (Com. 15 déc. 1986, JCP E
1987. I. 16123 ; RTD com. 1987. 223, obs. M. Cabrillac et Teyssié. – Pour un billet à ordre :
Com. 28 juin 1983, Bull. civ. IV, no 191 ; RTD com. 1984. 115, obs. M. Cabrillac et Teyssié).
Pour consolider son droit sur la provision, le banquier peut faire défense au tirer de s'en
dessaisir (RIVES-LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., no 493. – Com. 28 juin 1983,
D. 1983. 444, note Endréo).
28. Les lettres de change pro forma présentent tout de même des risques pour le banquier
dont la garantie repose uniquement sur la créance de la provision transmise avec la traite pro
forma. Il doit donc vérifier la réalité de la créance fondamentale, c'est-à-dire que la traite pro
forma qui lui est remise à l'escompte, corresponde bien à des marchandises déjà expédiées
ou des travaux déjà exécutés, et non à des marchandises ou des travaux simplement
commandés. Le banquier n'en demeure pas moins libre d'escompter ou non les traites non
acceptées (V. infra, nos 53 s.). Il perçoit d'ailleurs une commission spéciale lors de
l'escompte, en contrepartie des dangers qu'il court en acceptant d'escompter des titres en
pareilles circonstances.

2° - Effets de complaisance

a. - Notion et sanction des effets de complaisance

29. Une lettre de change naît en général à l'occasion d'une opération de vente ou de


fourniture de marchandises. Le client appelé « tiré » accepte ce titre cambiaire émis par son
fournisseur appelé « tireur », car il reconnaît lui devoir une somme d'argent. Dans l'attente du
règlement de la dette par le débiteur, le tireur, afin d'obtenir un crédit, propose la lettre de
change à l'escompte, le plus souvent à sa banque qui en acquiert la propriété et devient ainsi
le nouveau créancier.

30. En présence d'un effet de complaisance, le tiré accepte le titre, alors même qu'il ne doit
rien au tireur, mais seulement pour lui permettre de présenter la traite à l'escompte. Sachant
pertinemment et d'un commun accord que le tiré ne paiera pas à l'échéance, le tireur va en
émettre une seconde qu'il proposera à l'escompte et lui procurera ainsi la somme d'argent
nécessaire pour effectuer le paiement de la première lettre. Le renouvellement de l'opération
aboutit à créer des « effets de cavalerie », expression due au chevauchement des effets de
complaisance. Ces mauvais effets ne sauraient être confondus avec les effets dits
« financiers » qui, s'ils ne reposent pas sur une opération commerciale, sont destinés à être
réglés par un tiré solvable et de bonne foi. Ces derniers sont une technique de mise à
disposition d'un réel crédit.

31. Au contraire, les mauvais effets visent à combler d'une manière illicite l'insuffisance de
trésorerie d'une entreprise, le tiré ne disposant pas plus de crédit que le tireur. Aussi, au-delà
des débats doctrinaux relatifs à la notion et à la sanction de l'effet de complaisance
(ROBLOT, Les effets de commerce, 1975, Sirey, n os 618 s. – GAVALDA et STOUFFLET, op.
cit., nos 409 et 414. – LE CANNU, GRANIER et ROUTIER, Droit commercial. Instruments de
paiement et de crédit. Titrisation, 8e éd., 2010, coll. Précis, Dalloz, no 421. – BONHOMME,
Instruments de crédit et de paiement, 10 e éd., 2013, LGDJ, no 121. – RIVES-LANGE et
CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., no 494. – MASSART, Les effets de complaisance en
question, LPA no 77, 28 juin 1991, p. 27 s.), la jurisprudence admet à la fois la nullité de la
lettre de complaisance et son inopposabilité au porteur de bonne foi, lequel conserve donc,
en principe, ses droits contre les signataires (Civ. 29 mars 1887, DP 1887. 1. 451. – Req.
11 mars 1935, DH 1935. 210).
32. Cette nullité est liée à l'absence de cause ou à une cause immorale ou illicite. Mais, pour
condamner la lettre de complaisance, les juges se fondent surtout sur la réelle intention du
souscripteur complaisant de s'engager envers le bénéficiaire, parce qu'il envisageait d'ouvrir
un crédit au tireur ou de cautionner une de ses dettes. L'effet de complaisance doit ainsi se
distinguer de l'effet d'ouverture de crédit et de l'effet de cautionnement qui sont tout à fait
licites. L'effet d'ouverture de crédit – ou effet financier – consiste à procurer du crédit à un
tiers en apposant sa signature sur une lettre de change et, de ce fait, se rendre débiteur
envers tout porteur. L'effet de cautionnement vise à garantir la dette d'un tiers en souscrivant
une traite.

33. La nullité de l'effet de complaisance rejaillit sur l'opération d'escompte, empêchant ainsi le
banquier d'obtenir un remboursement sur le fondement de cette opération (Com. 21 juin
1977, Bull. civ. IV, no 177 ; RTD com. 1977. 744, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange ; D. 1977.
IR 399, obs. Vasseur ; D. 1978. 113, note Lucas de Leyssac). Il est, en effet, inconcevable
qu'un banquier de mauvaise foi puisse, par une action en répétition, se faire rembourser et,
en définitive, être mieux loti que le complaisant qui a payé et auquel la jurisprudence refuse
tout recours.

34. En dehors de la sanction civile de la nullité, la lettre de complaisance est pénalement


condamnable. Elle constitue une escroquerie, si elle s'accompagne des conditions requises
(Crim. 20 juin et 3 nov. 1983, Bull. crim. nos 189 et 277 ; RTD com. 1984. 492, obs.
M. Cabrillac et Teyssié), et la responsabilité du banquier est envisageable au titre de la
complicité. Mais celui-ci n'encourt pas de sanctions pénales, lorsqu'il a ignoré les faits
incriminés. Ainsi, dans une espèce où le directeur d'une agence bancaire avait escompté des
billets dans des conditions constitutives d'escroquerie, les juges ont estimé qu'il n'était pas
complice car il n'avait apporté aucune aide aux coupables. On pouvait, tout au plus, lui
reprocher de s'être abstenu de n'avoir pas suffisamment vérifié la situation financière des
intéressés ; or, il n'existe pas de complicité par abstention (Douai, 12 mai 1977, RTD com.
1977. 769, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange).

b. - Mauvaise foi, fondement des effets de complaisance

35. Le porteur de mauvaise foi peut être le banquier escompteur lui-même ou tout autre
porteur. Est de mauvaise foi, en vertu de l'article L. 511-12 du code de commerce (anc.
C. com., art. 121), le banquier qui a agi sciemment au détriment du débiteur. C'est le cas
lorsque, en recevant l'effet de commerce, il a eu conscience du préjudice causé au débiteur
en le privant d'un recours (DIENER, La mauvaise foi du banquier au sens de l'article  121 du
code de commerce, D. 1977. Chron. 97. – REUTER, La mauvaise foi de l'article 121 du code
de commerce, RTD com. 1974. 439. – VIANDIER, La complaisance, JCP N 1981. I. 384).
Pour la jurisprudence, la mauvaise foi réside dans la conscience que, en consentant «  à
l'endossement du titre à son profit, de causer un dommage au débiteur cambiaire par
l'impossibilité où il le mettrait de se prévaloir vis-à-vis du tireur ou d'un précédent endosseur,
d'un moyen de défense issu de ses relations avec ces derniers » (Com. 26 juin 1956, 5 arrêts
« Worms », JCP 1956. II. 9600, note Roblot ; RTD com. 1957. 146, obs. Becqué et
H. Cabrillac. – Com. 13 janv. 1987, Bull. civ. IV, no 17 ; RTD com. 1988. 469, obs.
M. Cabrillac et Teyssié). Les juges du fond peuvent, cependant, retenir la mauvaise foi si le
banquier escompteur a eu connaissance des difficultés financières du tireur et qu'il savait que
celui-ci ne pourrait constituer provision à l'échéance (Com. 10 juin 1997, RTD com. 1997.
485, obs. M. Cabrillac  ). De même, la mauvaise foi du banquier a pu être déduite de sa
déclaration à la procédure du débiteur d'une créance dont l'importance révélait une situation
très obérée, alors que son accès à des informations privilégiées le mettait en situation lors de
l'escompte d'apprécier la situation irrémédiablement compromise du remettant (Com. 21 mai
1996, RTD com. 1996. 500, obs. M. Cabrillac  ). Faire la preuve de la mauvaise foi implique
d'établir que le banquier a eu connaissance du caractère fictif de l'effet escompté, source de
préjudice pour le débiteur. Le tiré complaisant ne saurait invoquer le soutien abusif du tireur
complu par le banquier escompteur (Com. 9 avr. 1996, RTD com. 1996. 500, obs.
M. Cabrillac  ).

36. La mauvaise foi suppose deux conditions. Il faut, tout d'abord, que le porteur ait
connaissance de l'existence de l'exception, c'est-à-dire du moyen de défense que le tiré
pourrait opposer au tireur. Cela ne suffit tout de même pas, car il n'est pas exclu que la
provision soit fournie. Il convient donc, ensuite, que l'intéressé ait la certitude que l'exception
subsistera jusqu'à l'échéance (Com. 14 juin 1972, Bull. civ. IV, no 190 ; RTD com. 1972. 969,
obs. M. Cabrillac et Rives-Lange). Il en va notamment ainsi quand le banquier connaît
effectivement le vice de complaisance. C'est ce qui se passe lorsqu'il ne veut pas interrompre
brusquement son concours, de crainte de mettre son client en état de cessation des
paiements (Com. 21 juin 1977, préc. supra, no 33), ou lorsqu'on se trouve en présence de
traites « tirées en l'air » (Crim. 3 nov. 1983, préc. supra, no 34). En revanche, la connaissance
qu'il a de la cessation des paiements du tireur (Com. 17 févr. et 11 mars 1959, Bull. civ. III,
nos 87 et 132. – Com. 4 nov. 1975, Bull. civ. IV, no 258 ; RTD com. 1976. 378, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange) ou des difficultés de trésorerie du remettant (Paris, 4 juill. 1957,
D. 1958. 156, note Houin. – Caen, 11 juin 1971, Banque 1971. 1037, obs. L.-M. Martin ; RTD
com. 1971. 1051, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange) ne le rend pas de mauvaise foi.

37. Il incombe aux juges d'apprécier la bonne ou mauvaise foi du porteur au moment de
l'acquisition de l'effet, de sorte qu'il n'y a pas lieu de prendre en considération de son
comportement après l'endossement pour lui opposer la nullité (Com. 22 janv. 1974, D. 1974.
408). Si le porteur ne prend véritablement conscience du préjudice qu'après l'entrée en
possession de la lettre de change, il demeure de bonne foi et continue à bénéficier de la règle
de l'inopposabilité des exceptions. En tant que fait juridique, la mauvaise foi peut être
prouvée par tous moyens.

38. La mauvaise foi, telle que précédemment analysée, ne se confond pas avec les fautes
éventuellement commises par le banquier lors de la réception de la traite à l'escompte, ni
avec l'intention frauduleuse, la négligence ou l'imprudence (Com. 8 janv. 1991, no 89-
17.295  , Bull. civ. IV, no 11 ; D. 1991. Somm. 218, obs. M. Cabrillac  , selon lequel la seule
négligence ou même imprudence d'un créancier cambiaire n'est pas assimilable à la
mauvaise foi). Ses négligences peuvent, certes, engager sa responsabilité à l'égard des
créanciers du remettant qui ont légitimement cru à son crédit ; mais elles ne révèlent pas sa
mauvaise foi, car elles n'impliquent pas sa connaissance du préjudice causé (Com. 4 déc.
1962, Bull. civ. III, no 498. – Com. 2 déc. 1964, Bull. civ. III, no 535). La doctrine met en
exergue l'importance de la distinction entre la mauvaise foi et la faute du banquier
escompteur (GAVALDA, note sous Com. 2 févr. 1976, JCP 1977. II. 18714, spéc. I.-b. –
M. CABRILLAC et RIVES-LANGE, RTD com. 1975. 586 et 1978. 146). C'est dire que la
bonne foi du banquier ne le met pas à l'abri d'une responsabilité inhérente à une faute
d'imprudence ou de négligence, source d'un préjudice par les tiers du fait du crédit accordé
par l'escompte. Bien évidemment, le porteur de mauvaise foi ne peut exercer les recours nés
du titre (Civ. 16 juill. 1928, S. 1929. 1. 57, note Lescot. – Com. 17 févr. 1959, Bull. civ. III,
no 87. – Com. 28 oct. 1964, Bull. civ. III, no 453).

c. - Appréciation de la bonne foi du banquier escompteur

39. Reste à savoir si le banquier escompteur doit se renseigner sur la qualité du document


qui lui est présenté (V. infra, nos 57 s.). Les tribunaux considèrent habituellement qu'il n'est
pas tenu de s'informer sur la nature des relations juridiques existant entre le du tireur et le
tiré, ni de s'assurer de l'effectivité de la provision (Com. 29 juin 1964, JCP 1964. II. 13949,
note Gavalda. – Aix-en-Provence, 18 mars 1964, Banque 1964. 137. – Aix-en-Provence,
17 déc. 1970, et Caen, 11 juin 1971, préc. supra, no 36. – En ce sens, V. Com. 9 déc. 1974,
Bull. civ. IV, no 315 ; RTD com. 1975. 575, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange, pour une traite
non acceptée. – Com. 9 juill. 1979, Bull. civ. IV, no 22 ; RTD com. 1980. 116, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange). Un banquier n'a même pas été considéré comme de mauvaise
foi, dans une espèce où, ayant appris l'existence d'un litige entre le tireur et le tiré, il a d'abord
restitué le titre, puis l'a repris à l'escompte sans s'informer de l'évolution du différend. La Cour
de cassation a jugé que cette défaillance ne permet pas d'établir que l'effet serait sans
provision (Com. 3 déc. 1980, JCP 1981. IV. 67 ; RTD com. 1981. 324, obs. M. Cabrillac et
Teyssié). Cette solution paraît contestable en raison d'une négligence particulièrement grave
du banquier qui aurait dû avoir des doutes sur l'existence de l'exception.

40. On peut toutefois signaler des décisions qui soumettent le banquier à un devoir
d'information et de conseil (Com. 28 oct. 1974, RTD com. 1975. 343, obs. M. Cabrillac et
Rives-Lange. – Com. 9 déc. 1974, préc. supra, no 39), parfois, d'ailleurs, de manière
exagérée (Nîmes, 26 oct. 1977, D. 1978. IR 418, obs. Vasseur ; RTD com. 1978. 146, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange). Cela n'empêche pas les juges du fond de procéder à des
investigations, afin d'établir ladite bonne ou mauvaise foi. Ainsi, la preuve contraire est-elle
opposable au banquier qui se prévaut de la présomption de l'article L. 511-7 du code de
commerce (anc. C. com., art. 116. – Com. 12 juill. 1971, RTD com. 1972. 127, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange).

3° - Lettre de change-relevé

41. La lettre de change-relevé est le produit de l'informatisation due au coût élevé du


traitement des effets de commerce. Ainsi, est née la lettre de change-relevé papier ou « LCR
papier » qui repose sur une véritable lettre de change papier dont seules les informations
sont transcrites sur un support magnétique. La « LCR papier » est aisément escomptable
puisque le titre, qui répond aux conditions posées par l'article L. 511-1 du code de commerce,
est endossé et remis à l'escompteur. Pour cela, le banquier reçoit une lettre de change
traditionnelle qu'il conserve. C'est seulement au moment de l'encaissement que le banquier
établit le support magnétique et le soumet au traitement informatique. La «  LCR papier » est
susceptible d'être acceptée (Com. 30 juin 1998, no 95-17.785  , Bull. civ. IV, no 212 ;
D. Affaires 1998. 1448, obs. X. D.).

42. S'agissant de la lettre de change-relevé magnétique ou « LCR magnétique » qui est


apparue postérieurement à la « LCR papier », elle n'occasionne aucune émission de titre
papier ; elle est directement inscrite sur une bande magnétique. Aussi, n'est-il pas possible
de l'escompter. C'est ce qui conduit certainement la doctrine à considérer qu'elle n'est pas un
effet de commerce (LE CANNU, GRANIER et ROUTIER, op. cit., no 533. – RIVES-LANGE et
CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., no 270), excluant ainsi toute application des règles
juridiques relatives à la lettre de change. Dès lors, le banquier escompteur ne dispose ni de la
créance de la provision, puisque aucune créance de somme d'argent ne lui est transmise par
ce système, ni d'un quelconque recours cambiaire. L'escompteur ne peut recouvrer la
créance escomptée qu'en qualité de mandataire. En cas de non-paiement, il ne dispose que
d'un recours de droit commun contre le remettant.

B - Autres effets de commerce

43. Les bordereaux de cession des créances professionnelles dits « bordereaux Dailly »,


créés par la loi du 2 janvier 1981 (préc. supra, no 5), ne constituent pas des effets de
commerce pour une double raison : tout d'abord, ils ne sont pas destinés à assurer un
paiement, mais seulement à servir de garantie ; ensuite, la transmission est organisée par ce
texte, dans des conditions spécifiques qui excluent l'escompte stricto sensu.

44. Cette précision étant apportée, les autres effets de commerce classiques, tels que le billet
à ordre, le warrant ou les bons de caisse, sont susceptibles d'escompte. Il en va de même
des billets de trésorerie, des certificats de dépôt négociables issus de la loi n o 85-1321 du
14 décembre 1985 (D. 1986. 42, art. 32 et 35) qui, de par leur qualification d'effets de
commerce, sont escomptables.

45. Il importe peu que ces effets soient émis pour la livraison de marchandises ou une
prestation de service, le tout est qu'ils ne soient pas des effets de complaisance. Il suffit que
le titre représente une créance de somme d'argent liquide qui puisse, à terme, conférer à
l'escompteur le droit d'exiger le paiement d'un ou plusieurs tiers.

§ 2 - Chèques
46. Un doute peut naître à propos du chèque, dans la mesure où, étant un instrument de
paiement à vue, il paraît difficile d'admettre qu'il donne lieu à une opération de crédit comme
l'escompte. Néanmoins, la pratique et la jurisprudence valident l'escompte des chèques
(Com. 11 mars 1970, Bull. civ. IV, no 94 ; JCP 1970. II. 16490, note Rives-Lange. – Com.
15 juin 1976, JCP 1977. II. 18694, note Bousquet ; Banque 1977. 230, obs. L.-M. Martin ;
RTD com. 1977. 132, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 3 janv. 1978, Bull. civ. IV,
no 1 ; D. 1978. IR 306, obs. Vasseur ; RTD com. 1978. 137, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange.
– Com. 30 janv. 1996, no 94-12.885  , Bull. civ. IV, no 27 ; D. 1996. 321, note Rives-Lange   
; RTD com. 1996. 302, obs. M. Cabrillac   ; LPA no 11, 13 mai 1996, p. 323, note D. Martin ;
RD bancaire et bourse 1996. 52, obs. Crédot et Gérard. – Paris, 17 févr. 1982, D. 1983.
IR 41, obs. M. Cabrillac). Bien que l'on puisse s'interroger sur l'utilité de l'escompte d'un
chèque constitutif d'un titre à vue, cette opération est assez souvent mise en œuvre par les
entreprises dont l'insuffisance de trésorerie ne permet pas d'attendre l'encaissement des
chèques (Com. 3 janv. 1978, préc. – Com. 17 mars 1998, no 95-21.435  , Bull. civ. IV,
no 103 ; RTD com. 1998. 648, obs. M. Cabrillac   ; JCP E 1998. 1642, note Lecène-
Marénaud).

47. Il reste à déterminer si l'opération constitue un escompte de chèque ou une avance sur
encaissement. Le premier entraîne le transfert au banquier de la propriété du chèque. La
seconde est seulement une avance faite sur l'encaissement du chèque par la banque, en tant
que mandataire du remettant, et ne s'accompagne pas de l'acquisition du chèque par la
banque. Il s'ensuit que le banquier escompteur, devenu propriétaire de la provision et qui se
heurte au refus de paiement du tiré à l'échéance, peut agir contre le tireur. Il revient à celui-ci
de démontrer la mauvaise foi du porteur (Com. 3 janv. 1978, préc. supra, no 46, pour des
chèques volés. – Crim. 3 avr. 1979, JCP 1979. IV. 209, chèques sans provision pris à
l'escompte en connaissance de cause).

48. Qu'en est-il du chèque postal ? Sa nature juridique, autrefois controversée, ne soulève


plus aujourd'hui de difficulté ; le chèque postal est un véritable chèque, sous réserve du
chèque d'assignation (V.  Chèque [Com.] ). À ce sujet, la loi n o 2005-516 du 20 mai 2005
relative à la régulation des activités postales (JO 21 mai) a mis fin à la spécificité des activités
financières de la poste. Un établissement de crédit appelé « Banque postale » a ainsi été
créé. En application de l'article 16, II de ce texte, la Poste a transféré à cet établissement
l'ensemble des biens, droits et obligations de toute nature liés à ses services financiers. Elle
lui a également transféré l'intégralité des comptes et livrets ouverts, ainsi que les biens, droits
et obligations qui s'y rattachent. Il en résulte que le chèque postal se trouve désormais
soumis au même régime que le chèque bancaire.

Art. 2 - Conclusion de la convention d'escompte


49. Le contrat d'escompte obéit en principe au droit commun, lequel concerne les parties
contractantes, l'échange de leurs consentements, la date et la preuve du contrat, ainsi que
les garanties de l'escompte.

§ 1er - Échange des consentements

50. La convention d'escompte est passée entre le titulaire du titre de créance, souvent le
tireur ou le porteur de la lettre de change et le banquier escompteur. En pratique, le vendeur
de marchandises ou le fournisseur de services remet à son banquier, en vue de l'escompter,
la traite qu'il a tirée sur l'acheteur ou le client. L'échange de consentements doit donc
intervenir entre le remettant et le banquier escompteur.

51. Le contrat est consensuel. La volonté du remettant s'exprime par la présentation du titre
faite par lui au banquier ; ce dernier manifeste la sienne, d'une manière informelle. La remise
matérielle du titre et l'ouverture de crédit qui s'ensuivent constituent l'exécution du contrat lui-
même.

52. Deux points doivent être examinés : les effets présentés au banquier et la reprise à
l'escompte.

A - Effets présentés au banquier

1° - Liberté d'escompte

53. Compte tenu des risques liés à l'importance des sommes engagées, le banquier n'est pas
obligé d'escompter tous les titres qui lui sont présentés. Il dispose de la faculté d'opérer un tri
parmi les effets présentés (Toulouse, 6 févr. 1980, D. 1981. IR 18, obs. Vasseur. – Versailles,
23 janv. 2003, BRDA 8/2003, p. 7 ; RJDA 7/2003, no 771. – Com. 22 avr. 1980, Bull. civ. IV,
no 62 ; D. 1981. IR 19, obs. Vasseur. – Com. 30 nov. 1999, no 96-14.028  , Bull. civ. IV,
no 212 ; D. 2000. AJ 42, obs. V. A.-R  . ; JCP E 2000. 1087, spéc. no 15, obs. Gavalda et
Stoufflet ; RD banc. fin. 2000. 13, obs. Crédot et Gérard). Il en va de même pour une
mobilisation de créances au moyen d'un bordereau Dailly (Com. 20 nov. 2001, Banque mars
2002. 74, obs. Guillot). Autrement dit, il a la possibilité de différer son acceptation, afin
d'examiner les effets qui lui sont proposés ; la formation du contrat d'escompte est alors
retardée. L'endossement qui suit la remise du titre n'en transfère pas la propriété, du fait que
le banquier a différé son accord. Jusque-là, le remettant reste propriétaire de l'effet. Seul
l'échange de consentements, marqué par l'acceptation du banquier, réalisera le transfert de
propriété.

54. La Cour de cassation a confirmé l'idée selon laquelle, en l'absence d'engagement


d'escompter des effets tirés sur des débiteurs déterminés dans la limite d'un encours, le
banquier n'est pas tenu de prendre à l'escompte l'ensemble des effets qui lui sont remis. Par
ailleurs, il n'engage pas sa responsabilité si, après avoir porté au crédit le montant des effets
litigieux, il décide ensuite de les contre-passer, dès lors que la contre-passation n'est pas
tardive. L'écriture de crédit initiale n'éteint donc pas le droit du banquier de rejeter les effets
remis pourvu qu'il le fasse dans un délai raisonnable (Com. 21 févr. 2012, no 10-27.625  ,
Banque et Droit mai-juin 2012, n o 143, p. 18, obs. Bonneau). Le banquier a ainsi toute liberté
pour refuser les effets correspondant à des opérations anormales ou émis sur des
commerçants dont l'honnêteté ou la solvabilité est douteuse. La preuve du refus, qui peut
émaner de tout moyen, résulte de ce que le compte du remettant n'a pas été crédité (Com.
21 mars 2000, no 96-21.442  , Banque et Droit 2000, no 74, p. 57, obs. Guillot).

55. Le banquier qui refuse de prendre un effet à l'escompte a l'obligation d'en aviser
rapidement le remettant (Paris, 14 janv. 1988, D. 1989. Somm. 89, obs. M. Cabrillac), afin
que celui-ci ait une idée précise de l'état de son compte, car son manque de célérité à avertir
clairement l'entreprise de sa décision de rejet est susceptible d'être qualifié de manquement à
son obligation d'information (Versailles, 23 janv. 2003, préc. supra, no 53). De même, si au
retour d'un effet impayé, il contre-passe, puis réescompte en vue d'une nouvelle présentation,
il doit avertir son client (Com. 13 mars 1990, no 88-16.740  , Bull. civ. IV, no 82 ; Banque
1990. 1212, obs. Rives-Lange ; JCP E 1991. II. 91, note Gavalda et Stoufflet). Le banquier
escompteur est également tenu d'informer promptement le remettant du non-paiement de
l'effet par le tiré (Com. 14 mai 1991, RJDA 8-9/1991, no 730. – Com. 8 déc. 1992, Rev. proc.
coll. 1993. 132, obs. Soinne. – Com. 2 nov. 1994, no 92-15.128  , inédit). En revanche, il
n'est pas obligé d'avertir son client (tiré) de ce qu'il escompte une traite acceptée par lui
(Com. 9 mai 1990, Banque 1990. 1212, obs. Rives-Lange ; JCP E 1991. I. 91, no 34, obs.
Gavalda et Stoufflet). Il engage, toutefois, sa responsabilité et peut se voir opposer des
exceptions, en vertu de l'article L. 511-12 du code de commerce, s'il acquiert l'effet en
sachant que son client ne fournira pas de provision (Com. 18 janv. 2011, no 10-30.027  ,
Gaz. Pal. 25 et 26 févr. 2011, p. 28, note Houin-Bressand ; Gaz. Pal. 1er et 2 avr. 2011, p. 38,
note Bonhomme. – V. supra, no 36). Il faut préciser que le refus d'escompter certains effets
n'entraîne pas la résiliation de la convention de crédit d'escompte (Com. 8 déc. 1987, Bull.
civ. IV, no 264).

56. La plupart du temps, le banquier accepte d'escompter un effet de commerce dès la


présentation de celui-ci par le client. C'est le cas lorsque l'escompte a lieu dans le cadre de
relations contractuelles. Sauf rejet ultérieur, il intervient au moment de la remise, ce qui
signifie que le contrat d'escompte est formé et exécuté immédiatement. L'effet est endossé et
son montant est inscrit au crédit du compte du client. La date de l'opération d'escompte est
donc celle la remise du titre, et non celle de sa relation comptable (Com. 30 janv. 1979, Bull.
civ. IV, no 38 ; Banque 1979. 1503, obs. L.-M. Martin ; D. 1980. IR 15, obs. Vasseur).

2° - Critères d'escompte

57. Toutes les banques fixent une limite des risques qu'elles acceptent pour chaque client.
Pour déterminer leur conduite, elles prennent en considération trois éléments.
58. Le premier critère est le crédit du cédant que le banquier peut apprécier au regard de
divers moyens d'enquête : – connaissance personnelle du client et de ses ressources
mobilières et immobilières ; – analyse du bilan et de la comptabilité de l'entreprise ;
– renseignements fournis par les agences de documentation commerciale.

59. Le deuxième est la solvabilité des tirés. C'est un aspect important de la sécurité des
escomptes, car le banquier court d'autant plus de risques qu'il accepte un grand nombre
d'effets sur un même tiré. Dès lors qu'il ne connaît pas le tiré ou le souscripteur, le banquier a
intérêt à se forger une opinion sur leur solvabilité, notamment en menant une enquête auprès
des agences de renseignements commerciaux ou auprès de ses correspondants. Afin de
réduire les risques de se heurter à une insolvabilité, il a intérêt à ne pas accepter sur le même
tiré un nombre trop important d'effets.

60. Le troisième et dernier élément a trait à la nature du papier, des effets commerciaux,
financiers ou de pure complaisance dont le banquier doit tenir compte pour apprécier la
possibilité d'un véritable escompte et la sécurité du paiement.

61. D'autres éléments peuvent également avoir une incidence sur les risques auxquels le
banquier est exposé ; il s'agit des incidents susceptibles de se produire postérieurement à la
réception des effets : refus d'acceptation, renouvellement ou réclamation d'effets impayés…

B - Reprise à l'escompte

62. En pratique, la reprise à l'escompte concerne l'hypothèse où il est procédé


automatiquement par l'informatique à la contre-passation d'un effet revenu impayé. Celle-ci
peut toutefois ne pas traduire la véritable volonté du banquier qui procède ensuite à une
nouvelle écriture rétablissant le crédit du client. S'agit-il alors d'une annulation de la contre-
passation qui rétablit le premier escompte ou d'une reprise à l'escompte, c'est-à-dire d'un
consentement à un nouvel escompte ?

63. Pour se prononcer, les tribunaux apprécient la volonté du banquier en se fondant sur


quelques indices, en particulier, la rapidité de réaction dudit banquier. Si, le jour de la contre-
passation automatique ou le lendemain, il procède à une nouvelle écriture au crédit du client,
il s'agit fréquemment d'une annulation de la contre-passation (Com. 22 nov. 1976, Bull.
civ. IV, no 293 ; RTD com. 1977. 341, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Amiens, 4 mai
1977, D. 1978. IR 83, obs. M. Cabrillac ; RTD com. 1977. 764, obs. M. Cabrillac et Rives-
Lange). En revanche, s'il tarde à réagir, on se trouve en présence d'une reprise à l'escompte
(pour un chèque : Com. 6 nov. 1984, Bull. civ. IV, no 296 ; RTD com. 1985. 538, obs.
M. Cabrillac et Teyssié ; Banque 1985. 752, obs. Rives-Lange, rejetant le pourvoi contre
Versailles, 23 sept. 1982, Gaz. Pal. 1983. 1. 174, note A. D. ; RTD com. 1983. 259, obs.
M. Cabrillac et Teyssié. – Pour une lettre de change : Com. 2 mai 1977, D. 1977. IR 400, obs.
Vasseur ; RTD com. 1977. 562, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 11 juin 1979,
Banque 1979. 1372, obs. L.-M. Martin ; D. 1980. IR 203, obs. Vasseur ; RTD com. 1979. 776,
obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 19 janv. 1983, Bull. civ. IV, no 5 ; RTD com. 1983.
439, obs. M. Cabrillac et Teyssié).

64. La reprise à l'escompte devrait normalement intervenir sous la forme du biffage du


premier endos et l'apposition d'un nouvel endos sur le titre. Il n'en va pas toutefois ainsi  ; il y a
simplement remise du titre dans sa forme initiale, produisant les effets d'une cession de
créance (Com. 2 mai 1977, préc. supra, no 63).

§ 2 - Date et preuve de l'escompte

65. La date de l'escompte correspond à celle de l'échange des consentements, et non à celle
de l'inscription au crédit du client du montant de l'effet ; celle-ci ne crée pas le droit ; elle en
constitue le reflet et la traduction scripturale (Com. 30 janv. 1979, préc. supra, no 56. – Com.
20 mars 1984, Bull. civ. IV, no 109 ; Banque 1984. 855, obs. L.-M. Martin. – Com. 10 mai
1989, Banque 1989. 1085, obs. Rives-Lange). A fortiori, le contrat ne se forme pas à la date à
laquelle le banquier tient la somme à la disposition de son client. Tout va dépendre des
circonstances de l'espèce et, à ce propos, des juges du fond approuvés par la Cour de
cassation ont considéré que l'accord était intervenu au jour de la prise de valeur (Toulouse,
30 nov. 1982, D. 1983. IR 248, obs. M. Cabrillac, pourvoi rejeté par Com. 20 mars 1984,
préc.).

66. La prise immédiate de l'effet à l'escompte ne suscite pas de difficulté. Ce n'est pas le cas
lorsque le banquier exerce son droit de choisir ; il reçoit alors le titre par le jeu de
l'endossement, sans donner immédiatement son accord. En pareille circonstance, cet
endossement, qui ne repose pas sur la volonté de prendre le titre à l'escompte, ne produit
pas d'effet translatif et c'est très justement que les juges du fond ont retenu la date de valeur
(Com. 20 mars 1984, préc. supra, no 65. – Contra : Com. 20 mars 1962, JCP 1962. II. 12747,
note crit. Rives-Lange). La formation du contrat d'escompte se trouve ainsi retardée jusqu'à
l'acceptation effective et, entre-temps, le remettant conserve la propriété de la créance.

67. En présence d'une reprise à l'escompte, la date à retenir est celle de la reprise, et non
celle de l'escompte originaire (Com. 4 juin 1971, Bull. civ. IV, no 153 ; RTD com. 1972. 140,
obs. M. Cabrillac et Rives-Lange). Mais, lorsque cette reprise est effectuée après l'échéance,
elle ne vaut que comme cession de créance (Com. 11 juin 1979, préc. supra, no 63).

68. La preuve de l'escompte est faite par tous moyens, tout au moins à l'encontre du
banquier. En réalité, il s'agit de la preuve de son acceptation. Elle est très souvent établie par
le bordereau d'escompte qui est le reçu qui comporte une description du titre et les conditions
habituelles de l'opération d'escompte. Ce bordereau comporte souvent la clause « sauf
bonne fin » ou « sauf encaissement » ou encore « sous réserve d'encaissement », mais en
aucune manière cette clause détermine la nature juridique de la remise, à l'escompte ou à
l'encaissement (Com. 15 mai 1981, Bull. civ. IV, no 226. – V. supra, no 15). La preuve peut
aussi émaner de l'inscription du crédit au compte du client, celle-ci établissant l'existence du
contrat et non sa date, ledit client n'ayant élevé aucune contestation contre ce relevé, alors
qu'il en a eu connaissance avant l'échéance de la traite. À l'inverse, malgré l'apparence créée
par le bordereau, la preuve d'un simple mandat d'encaissement, notamment en cas d'endos
en blanc, refusant à la banque la propriété de l'effet, peut résulter de tous moyens.

§ 3 - Garanties de l'escompte

69. La création et la circulation de la lettre de change et, d'une manière générale, des effets
de commerce donnent naissance à des relations cambiaires entre les signataires qui, de ce
fait, sont garants du paiement. L'escompte comporte donc des garanties intrinsèques liées au
transfert des droits cambiaires. En outre, l'endossement de la traite emporte la transmission
de droits accessoires qui assurent le paiement de la créance fondamentale.

70. Pareillement, sauf convention contraire, le signataire d'un bordereau de cession de


créances professionnelles est garant solidaire du paiement des créances cédées (C. mon.
fin., art. L. 313-23  ) et la remise de ce bordereau transfère de plein droit les sûretés
attachées à chaque créance.

71. Le fournisseur peut toutefois exiger des sûretés complémentaires, constitutives de


garanties extrinsèques. Pareille sûreté peut revêtir l'aspect d'un aval sur le titre escompté ou
d'un aval par acte séparé, lequel permet de garantir plusieurs lettres de change, y compris
celles non encore émises et, même, tous les effets présentés à l'escompte jusqu'à une date
donnée par le débiteur garanti.

72. La sûreté peut également consister en un nantissement, notamment la retenue sur


bordereau – ou retenue à l'escompte – par laquelle une partie du montant de l'effet reste
entre les mains du banquier en guise de gage. Cette retenue réside dans l'inscription dans un
compte spécial, un pourcentage du montant des effets escomptés en fonction de la qualité du
papier escompté – accepté ou non accepté, par exemple –, afin de garantir les découverts
consentis au remettant, jusqu'à ce que le solde du compte atteigne le montant prévu par la
convention. Les sommes inscrites dans un tel compte constituent un gage-espèces constitutif
d'une sûreté que le banquier escompteur peut opposer à l'administrateur judiciaire lors d'une
procédure collective. La validité de ce gage est incontestable (Paris, 4 janv. 1965, Banque
1965. 93) ; il suffit que le consentement du remettant soit certain (Paris, 26 mai 1967, JCP
1968. II. 15518, note Stoufflet) et que les fonds soient déposés sur un compte impersonnel,
afin que la banque soit effectivement mise en possession des espèces gagées. Le gage-
espèces se caractérise par son coût peu élevé et son efficacité, compte tenu du droit de
rétention dont bénéficie le banquier détenteur des espèces. Il est également indivisible  :
chaque retenue opérée répond de l'ensemble du gage, même si, en cas de procédure
collective, la banque est colloquée au-delà de la valeur du gage à titre chirographaire (Rouen,
11 févr. 1992, Banque et Droit 1992, no 24, p. 147).

73. Enfin, le banquier peut assortir la convention d'escompte, de la souscription par son


client, d'une assurance crédit dont il prévoit le transfert à son profit.
Chapitre 2 - Exécution de l'escompte

Section 1re - Remise du titre

74. L'escompte se réalise par la remise d'un titre par son porteur au banquier qui en avance
le montant et se réserve la faculté, sauf encaissement, de se faire rembourser par la clause. Il
a pour conséquence de transférer la propriété de l'effet au banquier qui doit justifier d'un
endossement régulier (Com. 24 nov. 1992, no 90-20.891  , Bull. civ. IV, no 370).

75. La remise du titre en propriété au banquier s'effectue, outre par la voie cambiaire de
l'endossement translatif, par d'autres formes. Effectivement, l'escompte est une opération
juridique particulière qui suppose la mobilisation d'une créance, laquelle se réalise par
diverses techniques.

Art. 1er - Endossement

76. La remise du titre escompté s'effectue en général par le procédé cambiaire de


l'endossement translatif d'une lettre de change, d'un billet à ordre ou d'un chèque
– fréquemment en blanc (V.  Endossement [Com.] ). La lettre de change peut être émise par
le tireur à son propre ordre (Amiens, 15 oct. 1993, JCP 1994. II. 22258, note Massot-Durin).
L'endossement ne s'impose pas pour autant. En pratique, les fournisseurs tirent des lettres
de change à l'ordre de leur banquier et les leur remettent ou émettent des traites sans
mention du nom du bénéficiaire, bien que la législation sur les effets de commerce exige que
soit désigné le bénéficiaire, c'est-à-dire celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être
fait (C. com., art. L. 511-1  , I, 6o). La jurisprudence admet toutefois la régularisation de la
traite jusqu'au moment de sa présentation au paiement (Com. 10 oct. 1989, D. 1990.
Somm. 122, obs. M. Cabrillac  ).

Art. 2 - Autres formes de remise

77. Les règles de la « cession Dailly » s'appliquent, lorsque les créances ne sont pas
représentées par un titre cambiaire. Dans ce cas, l'escompte ne se réduit pas à un simple
endossement.

78. Les articles L. 313-23 et suivants du code monétaire et financier prévoient en effet la


mobilisation des créances professionnelles par voie de bordereau. L'utilisation du bordereau
« Dailly », qui n'est pas un titre cambiaire, offre plusieurs avantages. Il permet, tout d'abord,
de transmettre des créances sans avoir à respecter les formalités de la cession de créances
prescrites par l'article 1690 du code civil. Ensuite, le nantissement de créances se réalise
également sans que s'appliquent les dispositions de l'article 2362 du code civil. Enfin, un seul
et unique bordereau suffit pour transférer plusieurs créances, ce qui permet de réduire les
coûts de traitement. Tout comme la lettre de change, le bordereau « Dailly » est donc
susceptible d'être escompté.

79. Le bordereau « Dailly » ne se confond pas avec deux autres procédés. Il se distingue,
d'une part, du bordereau de remise à l'escompte qui est un document papier sur lequel sont
inscrits les différents effets proposés à l'escompte, classés en général au regard du lieu de
domiciliation. Ce document est fréquemment émis en double exemplaire, l'un remis au
banquier et l'autre, conservé par le remettant. Il se différencie, d'autre part, du bordereau
d'escompte qui reprend les effets proposés et retenus à l'escompte. Ce dernier document est
remis au client, après acceptation par le banquier de l'opération d'escompte. Le bordereau
constitue pour le remettant un moyen de preuve. Il est également un document contractuel,
lorsque y figurent les conditions de l'opération d'escompte qui lient les parties.

Section 2 - Effets de l'escompte

80. Ces effets doivent être envisagés à deux périodes, avant et après l'échéance, dans la
mesure où l'escompte est une opération de crédit. Il n'empêche que l'échéance mentionnée
sur le titre peut être rectifiée par une prorogation ou par un renouvellement. Dans la première
hypothèse, tous les signataires doivent donner leur accord. Dans la seconde, le titre initial est
remplacé par un nouvel effet revêtu des mêmes signatures que le précédent, sans toutefois
porter atteinte aux sûretés qui subsistent de plein droit.

Art. 1er - Effets avant l'échéance

81. Ces effets concernent les droits et obligations du banquier qui résultent de l'escompte.

§ 1er - Droits du banquier

82. Ces droits proviennent du contrat d'escompte et de la détention de l'effet.

A - Droits résultant du contrat d'escompte

1° - Droit à la propriété du titre

83. Le banquier dispose du droit d'exiger le transfert de la propriété du titre. Ce droit est le
plus souvent immédiatement satisfait dans la mesure où le banquier a déjà reçu le titre,
notamment pour examen. Si le client ne lui a pas transmis l'effet, il demeure tenu d'une
obligation de délivrance. Il en est ainsi en cas d'escompte en pension (NORMAND, Les
opérations bancaires de pension, RTD com. 1966. 671. – LEGEAIS, Les garanties
conventionnelles sur créances, 1986, Economica. – FERRY et BIGNON, Les opérations de
pensions, JCP E 1994. I. 389. – PERROT, Pensions de titres et transfert de propriété, RD
bancaire et bourse 1994. 252. – AUCKENTHALER, La pension après la loi du 2 juillet 1996
de modernisation des activités financières, Banque et Droit juill.-août 1998. 11 s. – RIVES-
LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., nos 711 s. – GAVALDA et STOUFFLET, op. cit.,
nos 490 s. – V.  Pension livrée [Sociétés] ).

84. Selon l'article L. 432-12 du code monétaire et financier, la pension est l'opération par
laquelle une personne morale, un fonds commun de placement ou un fonds commun de
créances cède en pleine propriété à une autre personne morale, à un fonds commun de
placement ou à un fonds commun de créances, moyennant un prix convenu, des valeurs,
titres ou effets et par laquelle le cédant et le cessionnaire s'engagent respectivement et
irrévocablement, le premier, à reprendre les valeurs, titres ou effets, le second, à les
rétrocéder pour un prix et à une date convenus. Au terme de l'opération, le cédant paie au
cessionnaire le prix convenu et ce dernier rétrocède au premier les valeurs, titres ou effets
(C. mon. fin., art. L. 432-15). En cas de défaillance du cédant, le cessionnaire conserve ces
valeurs, titres ou effets. Si, en revanche, ce dernier ne restitue pas les valeurs, titres ou effets
qui lui ont été transmis, le montant de la cession reste acquis au cédant.

2° - Droit à une rémunération

85. Le banquier a droit à une rémunération qui comporte des agios ou intérêts et des
commissions.

86. L'agio ou escompte est l'intérêt du crédit résultant de l'escompte. Il est retenu à la source
et est calculé sur le montant nominal de l'effet, et non sur la somme versée par le banquier au
client. On dit que l'escompte est en dehors, ce qui est avantageux pour le banquier. Il est
déterminé en fonction du temps restant à courir jusqu'à l'échéance et, à cet égard, les usages
retiennent par commodité deux règles selon lesquelles il n'est tenu compte que de trois cent
soixante (360) jours dans l'année et d'un nombre minimal de dix à vingt jours, selon que l'effet
est bancable ou non. Les textes retiennent l'année civile de trois cent soixante-cinq
(365) jours (C. consom., art. R. 313-1  . – Com. 10 janv. 1995, no 91-21.141  , Bull. civ. IV,
no 8 ; JCP 1995. II. 22475. – Paris, 12 janv. 1996, D. Affaires 1996. 266), alors que la Cour
de cassation a condamné la pratique bancaire consistant à calculer les intérêts sur une
année de trois cent soixante et non de trois cent soixante-cinq jours (Com. 17 janv. 2006,
no 04-11.100  , Bull. civ. IV, no 11 ; D. 2006. AJ 439, obs. Avena-Robardet   ; RTD com.
2006. 460, obs. Legeais   ; RD banc. fin. 2006, no 2, p. 14, obs. Crédot et Samin). Le taux
des agios est librement fixé par le banquier à partir du taux de base bancaire avec une
majoration qui dépend de la confiance inspirée par le client et de la qualité du papier (RIVES-
LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., no 496).
87. Si, en principe, l'agio est calculé au moment de l'escompte et immédiatement imputé sur
le crédit inscrit au compte du client, il en va différemment lorsque le banquier et son client
sont liés par un compte courant. En effet, la pratique de l'« escompte en compte » conduit à
ne calculer l'agio qu'au dénouement de l'opération et sur les seules sommes effectivement
utilisées par le client (Aix-en-Provence, 8 juill. 1977, D. 1979. IR 143, obs. Vasseur ; JCP
1979. II. 19111, note Stoufflet ; RTD com. 1979. 298, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange). Cela
signifie que, si ce dernier n'utilise pas la somme portée à son crédit, il ne paie pas d'agio, les
commissions étant également peu élevées. Mais, s'il l'utilise, il paie, sur le montant utilisé et
pour la durée d'utilisation, un intérêt supérieur à l'agio normal.

88. Fiscalement, les intérêts des effets escomptés parvenus à échéance avant la clôture de
l'exercice sont déductibles dudit exercice. Quand les intérêts sont payés au moment de la
remise à l'escompte d'effets de commerce qui parviendront à échéance postérieurement à la
clôture de l'exercice, ils doivent être rattachés au prochain exercice (CE 1er juin 2001, Bull.
Joly 2001. 1013, note Parot ; RD banc. fin. 2001. 301, obs. David).

89. Parallèlement aux agios, le banquier perçoit diverses commissions qui le rémunèrent des
frais entraînés par l'opération. Il s'agit de la commission d'endos qui s'élève à 0,6 % du
montant de l'effet, ou plus pour certains. Indépendante de sa durée, sauf exceptions, elle
s'applique à tous les escomptes pour la mobilisation de certains crédits à moyen terme. La
commission de confirmation d'un montant de 1 %, qui s'applique au papier financier,
correspond à l'engagement de maintenir le concours pendant la période prévue. La
commission de service, variable selon les effets, compense les frais de gestion du papier
commercial, notamment la présentation à l'encaissement. Une commission supplémentaire
est perçue sur les traites présentées à l'acceptation. Une commission spéciale peut être due
pour les effets payables à l'étranger. À tous ces prélèvements, s'ajoutent des frais de
traitement pour lesquels une somme minimale est prévue.

90. Les différents éléments de la rémunération du banquier sont mentionnés sur le bordereau


d'escompte. Il est, en effet, nécessaire qu'un écrit soit établi et accepté par le client, sinon le
banquier ne pourrait imposer que le taux légal d'intérêt (Civ. 2e, 22 mai 2003, no 02-12.198  ,
Bull. civ. II, no 156 ; Banque et Droit 2003. 76, no 91, obs. Th. Bonneau, responsabilité
personnelle d'un directeur d'agence bancaire qui avait exigé des commissions occultes).
Avec la loi no 2003-721 du 1er août 2003 sur l'initiative économique (D. 2003. 2055),
l'opération d'escompte en tant qu'opération de crédit échappe à toute réglementation sur
l'usure, si elle concerne « une personne morale se livrant à une activité industrielle,
commerciale, artisanale, agricole ou professionnelle non commerciale » (L. 2003, art. 32-I ;
C. consom., art. L. 313-3  , nouv. al. 2, ; C. mon. fin., nouv. art. 313-4 ; JCP E 2003. 241,
no 4 ; BRDA 15-16/2003, p. 28, no 15) ; bien que la loi ne vise expressément que le prêt, il
faut admettre, à la lecture des travaux parlementaires, qu'elle s'applique à tout crédit de
décaissement, par conséquent y compris à l'escompte (V. égal. en ce sens : Montpellier,
16 déc. 2003, RD banc. fin. 2004. 136, obs. Bouloc). En pareille hypothèse, le taux d'intérêt
peut donc être librement fixé par les parties. Il doit, cependant, être notifié au client par écrit,
avant que le crédit soit effectivement consenti (C. civ., art. 1907   ; C. consom., art. L. 313-
1  s.).
91. En revanche, ne sont pas prises en considération les retenues sur bordereau destinées à
alimenter un compte de garantie du banquier (Paris, 26 mai 1967, préc. supra, no 72, sur la
fixation de ces retenues), les sommes prélevées par les banques pour éteindre la dette d'un
tiers (Crim. 3 nov. 1975, Bull. civ. IV, no 246 ; RTD com. 1976. 386, obs. M. Cabrillac et
Rives-Lange). De même, sont exclues les sommes dues au banquier en vertu d'une clause
pénale ou d'une clause instituant que, à défaut de paiement d'une seule échéance, le solde
restant dû devient exigible. Ces différentes sommes constituent des sanctions pécuniaires
infligées aux débiteurs pour l'inexécution de leurs obligations contractuelles ; elles relèvent,
non point de la rémunération du capital, mais de la responsabilité civile (Com. 22  févr. 1977,
Bull. civ. IV, no 58. – Civ. 1re, 1er févr. 1978, Bull. civ. I, no 44. – Lyon, 12 mai 1970, RTD com.
1971. 1057, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – V. aussi GEISENBERG, Prêt d'argent,
clause pénale et usure, RTD com. 1966. 297).

B - Droits inhérents à la qualité de porteur

1° - Prérogatives générales

92. Le banquier, porteur légitime du titre, bénéficie de tous les droits liés à la qualité de
porteur (C. com., art. L. 511-11  , al. 1er, selon lequel est porteur légitime le détenteur « qui
justifie de son droit par une suite ininterrompue d'endossements… »). Étant propriétaire de la
créance représentée par le titre escompté, il dispose de celui-ci à son gré. Si l'opération
d'escompte porte sur une lettre de change, il est libre de présenter celle-ci à l'acceptation,
sauf si la présentation est obligatoire dans un délai déterminé ou si la traite est payable à un
certain délai de vue (C. com., art. L. 511-17  , al. 2) ou en cas d'instruction formelle du
cédant. Le banquier qui ne respecte pas l'obligation de présenter la lettre à l'acceptation dans
le délai stipulé par le tireur est déchu de ses recours cambiaires (C. com., art. L. 511-49  ,
III). L'acceptation est généralement donnée sur la traite elle-même ; donnée par acte séparé,
elle est dépourvue de tout effet cambiaire et ne saurait constituer qu'une promesse de
paiement obligeant l'accepteur selon le droit commun (Com. 22 févr. 1954, D. 1954. 311 ;
Banque 1954. 244, obs. Marin ; RTD com. 1954. 367, obs. Becqué et H. Cabrillac. –
Montpellier, 13 janv. 1950, JCP 1950. II. 5624 ; Banque 1950. 301, obs. Marin ; RTD com.
1950. 247, obs. Houin).

93. Le tiré qui, recevant pour l'acceptation la lettre de change par voie postale, s'abstient de
renvoyer celle-ci, engage sa responsabilité à l'égard du banquier escompteur sur le
fondement de l'article 1240 (anc. art. 1382) du code civil (Com. 26 mars 1974, Bull. civ. IV,
no 109. – Com. 12 févr. 1974, Bull. civ. IV, no 55 ; JCP 1975. II. 17961, note M. Cabrillac ;
RTD com. 1974. 556, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 12 mai 1976, Bull. civ. IV,
no 164. – Com. 13 oct. 1992, no 90-20.261  , Bull. civ. IV, no 302, RTD com. 1993. 136, obs.
M. Cabrillac et B. Teyssié  ). La banque doit, cependant, établir la réalité du préjudice qu'elle
prétend avoir subi et, en particulier, démontrer qu'elle s'est trouvée dans l'impossibilité de
contre-passer l'effet au débit du compte du remettant, faute pour le tiré d'avoir retourné l'effet
dans un délai raisonnable (Com. 7 oct. 1987, Bull. civ. IV, no 215).
94. La présentation à l'acceptation est, au contraire, interdite lorsque le titre porte la mention
« non acceptable ». En l'absence d'une telle mention, le banquier est libre de présenter lui-
même l'effet au tiré (Com. 18 janv. 1955, JCP 1955. II. 8602, note Lescot ; D. 1955. 188, note
Goré ; Banque 1955. 253, obs. Marin. – Com. 29 juin 1964, préc. supra, no 39). Le tireur peut
également avoir stipulé que la présentation à l'acceptation soit différée jusqu'à une certaine
date.

95. Le banquier a la faculté, avec l'accord de tous les signataires, de modifier l'échéance par
la prorogation ou de procéder au renouvellement de l'effet. Il a également le droit de
conserver le titre ou de le faire circuler, notamment de le négocier pour se refinancer. Dans
cette dernière hypothèse, il procède à un réescompte auprès d'un autre banquier ou, plus
fréquemment, auprès de la Banque de France qui joue le rôle de banquier des banquiers et
dirige le crédit. À cette fin, celle-ci détermine le taux de réescompte. Par cette opération qui
ne présente pas de particularité, le banquier cède le titre qu'il a acquis et reçoit en
contrepartie une certaine somme d'argent. Si, à l'échéance, l'effet n'est pas honoré, le
mobilisateur peut se retourner contre lui.

2° - Prérogative particulière

96. À ces différentes prérogatives du banquier, s'ajoute un droit particulier relatif à la propriété
de la provision qui est transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de change
(C. com., art. L. 511-7  , al. 3). Il convient toutefois de préciser que, en vertu de
l'interprétation donnée par la jurisprudence de l'article L. 511-7, alinéa 2, du code de
commerce, le droit du porteur sur la provision acquis par la remise du titre ne devient définitif
qu'à l'échéance (sur la date de transfert de propriété consécutive à celle de la remise du titre
au porteur : Com. 20 mars 1984, Bull. civ. IV, no 108 ; Banque 1984. 859, obs. L.-M. Martin ;
RTD com. 1984. 697, obs. M. Cabrillac et Teyssié. – Com. 4 juill. 1989, Bull. civ. IV, no 211 ;
Banque 1989. 976, obs. Rives-Lange ; RTD com. 1989. 693, obs. M. Cabrillac et Teyssié, et
p. 741, obs. Martin-Serf ; JCP 1990. II. 15661, note Dubois ; D. 1991. 369, note Bloch  ).
Jusque-là, il s'agit d'un droit simplement éventuel, ce qui permet au créancier fondamental
d'obtenir paiement de la part de son débiteur et, par conséquent, de déposséder le porteur
(Com. 24 avr. 1972, D. 1972. 686, note Roblot ; RTD com. 1972. 964, obs. M. Cabrillac et
Rives-Lange. – Com. 29 janv. 1974, Bull. civ. IV, no 37 ; RTD com. 1975. 559, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 28 juin 1983, Bull. civ. IV, no 190).

97. Le banquier escompteur d'une traite non acceptée et tirée par l'entrepreneur principal sur
le maître de l'ouvrage doit, jusqu'à l'échéance, craindre l'exercice par le sous-traitant de
l'action directe susceptible d'accaparer la provision de l'effet, dès lors que le maître de
l'ouvrage n'ayant pas pris l'engagement personnel de payer la lettre de change, le sous-
traitant est fondé à obtenir paiement de sa créance, au détriment du banquier (JESTAZ, Le
tireur conserve-t-il la disponibilité de la provision après l'émission d'une lettre de change ou
d'un chèque ?, RTD com. 1966. 881. – Sur l'action directe du sous-traitant lorsque
l'entrepreneur principal a créé une traite sur le maître de l'ouvrage : VASSEUR, Réflexions
sur le régime juridique du porteur de traites non acceptées. À propos de Com. 4  déc. 1984,
D. 1985. Chron. 199. – À propos de cet arrêt : Com. 4 déc. 1984, D. 1985. 181, note
Bénabent ; JCP 1985. II. 20445, note Synvet ; Banque 1985. 642, obs. Rives-Lange. – En ce
sens, V. Com. 18 févr. 1986, Bull. civ. IV, no 20 ; D. 1986. IR 324, obs. Vasseur ; JCP 1987.
II. 20730, note Synvet ; RTD com. 1987. 83, obs. M. Cabrillac et Teyssié. – Com. 4 juill. 1989,
préc. supra, no 96. – Com. 29 mars 1994, RJDA 10/1994, n o 1020 ; RTD com. 1994. 529,
obs. M. Cabrillac et Teyssié  . – V. aussi PARROT, Les droits du porteur sur la provision
d'une lettre de change non acceptée en cas de redressement judiciaire du tireur, JCP  E 1991.
I. 58. – TALAU, Le porteur d'une lettre de change, le sous-traitant et la provision, JCP E
1999. 996. – BONNEAU, Plaidoyer en faveur du sous-traitant s'opposant au banquier
escompteur d'une lettre de change, in Mélanges en l'honneur de Michel Vasseur, 2000,
Banque éditeur, p. 27 s. – HÉCART, Réflexions à propos de la traite non acceptée, D. 2003.
Chron. 539  ). Cette thèse est cependant discutée en doctrine, dans la mesure où la cession
de créance à laquelle est assimilé l'escompte d'un effet non accepté est inopposable au sous-
traitant (L. no 75-1334 du 31 janv. 1975, art. 13-1. – SYNVET, Nouvelles variations sur le
conflit opposant banquiers et sous-traitants, JCP 1990. I. 3425. – BACHELOT, Le banquier et
le sous-traitant, Banque et Droit sept.-oct. 1989. 155 s.).

98. Toujours est-il qu'il en va autrement si la lettre a été acceptée ou, si avant l'échéance, le
banquier a fait défense formelle au tiré de se libérer du paiement en d'autres mains que les
siennes ou encore si la créance du tireur sur le tiré a été l'objet d'une affectation spéciale,
c'est-à-dire d'une immobilisation au profit du porteur. C'est à ce moment-là que la provision va
être considérée comme définitivement sortie du patrimoine du tireur qui ne peut plus
prétendre la récupérer, mais ce n'est qu'à l'échéance que le porteur peut et doit réclamer le
paiement du titre. Dès lors, en cas de conflit entre un sous-traitant et un banquier
escompteur, la préférence est donnée au second (Com. 18 nov. 1997, RTD com. 1998. 180,
obs. M. Cabrillac  ). Cependant, avant l'échéance, la seule connaissance par le tiré de
l'émission d'une lettre de change non acceptée ne suffit pas pour immobiliser la provision et
faire acquérir au banquier porteur un droit définitif (Com. 1 er févr. 1977, Bull. civ. IV, no 35 ;
D. 1977. IR 398, obs. Vasseur ; RTD com. 1977. 332, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange). Au
contraire, à l'échéance, cette connaissance ne l'autorise pas à s'acquitter valablement entre
les mains du tireur (Com. 4 oct. 1982, Bull. civ. IV, no 290 ; D. 1983. IR 409, obs. Vasseur).

99. Bien que produisant le même effet, à savoir la consolidation du droit du porteur, il existe
une différence entre une lettre acceptée et celle non acceptée pour laquelle le tiré a reçu une
défense de payer. Dans la première, le tiré est cambiairement engagé : il ne peut se prévaloir
du principe de l'inopposabilité des exceptions à l'égard du porteur de bonne foi ; il est obligé
de payer, dans la mesure où l'acceptation suppose la provision et en établit la preuve à
l'égard des endosseurs (C. com., art. L. 511-7  , al. 4 et 5), sauf à apporter la preuve du
défaut de provision, puisque l'acceptation n'établit qu'une présomption simple d'existence de
la provision (Com. 4 janv. 1980, Bull. civ. IV, no 4). Dans la seconde, le tiré n'est astreint au
paiement à l'échéance que s'il a reçu provision ; auquel cas, il ne peut opposer au porteur un
paiement effectué au tireur, notamment par compensation (Com. 18 mars 1986, Bull. civ. IV,
no 50 ; D. 1987. Somm. 291, obs. Vasseur). Pour autant, l'interdiction faite au tiré n'a plus de
portée juridique, lorsque le porteur ne rapporte pas la preuve de l'existence de la provision à
la date d'échéance de l'effet (Com. 3 mai 1995, RJDA 10/1995, n o 1132 ; D. 1996. 292, note
Gibirila   ; Rev. huiss. 1996. 323, note Bazin).

100. Il appartient au banquier porteur de la traite non acceptée, dont il réclame le paiement
au tiré, de prouver par tous moyens l'existence de la provision, notamment la livraison des
biens commandés ou l'exécution de la prestation de service. Dès lors que la créance existe
dans son principe, la provision est présumée exister et le tiré, non accepteur habilité à
opposer au banquier escompteur les mêmes exceptions qu'à l'encontre du tireur, doit
apporter la preuve du vice affectant cette provision, pour se libérer de son obligation de payer
l'effet (Com. 16 juin 1987, Bull. civ. IV, no 146 ; RD bancaire et bourse 1988. 152, obs. Crédot
et Gérard).

§ 2 - Obligations du banquier

101. La principale obligation du banquier est de mettre immédiatement à la disposition de son


client le produit de l'escompte, notamment les fonds correspondant au montant de l'effet,
après déduction de sa rémunération (Com. 6 nov. 1984, Bull. civ. IV, no 298 ; Banque 1985.
753, obs. Rives-Lange). La jurisprudence considère cette mise à disposition comme le critère
déterminant pour qualifier d'escompte une opération litigieuse et écarter la qualification de
remise à l'encaissement.

102. Quant à savoir si le banquier n'assume pas une obligation de vérifier la valeur de l'effet
proposé à l'escompte par son client, nous avons préalablement signalé quelques décisions
qui en ont admis le principe (V. supra, no 34). Il convient toutefois de ne pas en exagérer la
portée : le banquier ne saurait effectivement se voir imposer systématiquement une charge
générale d'enquête et d'information, eu égard à la multiplicité des opérations d'escompte,
parfois d'ailleurs difficilement conciliable avec les exigences de secret professionnel qui lui
incombe (LACOTTE, Quelles limites au devoir de non-ingérence de la banque ?, Banque et
Droit 1999, no 65, p. 10 s.).

103. Cette responsabilité issue des relations avec son client côtoie celle qui existe à l'égard
des tiers, notamment lorsque le banquier soutient artificiellement ou abusivement une
entreprise en difficulté (DAIGRE, Le banquier et l'entreprise en redressement judiciaire, Rev.
huiss. 1990. 177. – RIVES-LANGE, Responsabilités bancaires et procédures collectives,
Banque et Droit, no spécial, 1990. 27 s. – JEANTIN, La situation des banquiers dispensateurs
de crédit, Rev. proc. coll. 1991. 141. – POITRINAL, Soutien abusif ou rupture brutale du
crédit aux entreprises. Les banquiers entre Charybde et Scylla, Banque et Droit mai-juin
1994, no 35, p. 6 s. ; Responsabilité des banques pour soutien abusif, Dr. et patr. avr.
1994. 37 s. – CRÉDOT, Propos sur la responsabilité du banquier, LPA n o 35, 23 mars 1994,
p. 11 s. – LABORDE, De la responsabilité des banques en matière de crédit aux entreprises
en difficulté, LPA no 5, 12 janv. 1994, p. 34 s. – LAUTRETTE et HAEFELE, La responsabilité
des banques dans l'octroi et le retrait du crédit, LPA n o 57, 12 mai 1995, p. 4 s. –
LIKILLIMBA, Le soutien abusif d'une entreprise en difficulté, 1998, coll. Bibl. dr. entr., Litec).
Sur ce terrain, la jurisprudence lui impose un devoir de discernement, de s'informer et, même,
un devoir de surveiller les fonds prêtés. La question de responsabilité se pose également
dans le domaine pénal, notamment en cas de banqueroute du client (MOULY, La
responsabilité pénale du banquier en cas de banqueroute de son client. Un révélateur,
D. 1984. Chron. 32).

Art. 2 - Effets après l'échéance

104. À l'échéance, le banquier doit, bien évidemment, accomplir les démarches requises afin
d'obtenir paiement. Par ailleurs, il dispose de divers recours pour obtenir le remboursement
du crédit qu'il a consenti.

§ 1er - Paiement de l'effet à l'échéance

A - Présentation au paiement

105. En tant que porteur, le banquier escompteur doit, dans les délais requis, présenter l'effet
au paiement (C. com., art. L. 511-26  , al. 1er). S'il n'obtient pas satisfaction, il a intérêt à
faire dresser protêt, faute de quoi, il est réputé porteur négligent. Le plus souvent, il est
dispensé de cette formalité par une clause de retour sans frais ou sans protêt apposée sur le
titre (C. com., art. L. 511-43  , al. 1er).

106. Dans la pratique, la majeure partie des effets est payée, de sorte qu'il existe rarement
des contentieux. Mais, le cas échéant, le banquier est tenu d'informer le remettant de tout
incident de paiement, plus précisément, de donner avis du défaut de paiement à son
endosseur dans les quatre jours ouvrables qui suivent le jour du protêt ou celui de la
présentation, en cas de clause de retour sans frais (C. com., art. L. 511-42  , al. 1er, et
L. 511-43  , al. 2). À défaut, il engage sa responsabilité (Com. 12 juin 1978, D. 1979. IR 144,
obs. Vasseur ; RTD com. 1979. 299, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Paris, 19 mai 1995,
RD bancaire et bourse 1996. 12, obs. Crédot et Gérard). La preuve de l'inobservation de ce
délai incombe à celui qui s'en prévaut contre le porteur (C. com., art. L. 511-43  , al. 3. –
Com. 4 juin 1955, RTD com. 1955. 854, obs. Becqué et H. Cabrillac).

107. En ce qui concerne le délai de présentation, le banquier assume seulement l'obligation


de s'y conformer. Sa responsabilité ne saurait être mise en cause au motif qu'il a présenté
l'effet au paiement le dernier jour. Celle-ci est souvent minimisée ou éludée par la stipulation
de clauses limitatives de responsabilité pour présentation tardive, défaut de protêt ou d'avis
de paiement (Com. 22 déc. 1981, Bull. civ. IV, no 455). Ces clauses ne s'étendent pas
toutefois à la faute lourde de la banque, mais le remettant contre qui elle va se retourner, doit
faire la preuve du préjudice subi par lui. À ce propos, la réparation du préjudice est limitée au
montant de l'effet visé.

B - Modification du paiement

108. Une modification du paiement peut résulter d'une prorogation d'échéance ou d'un


renouvellement de l'effet.

1° - Prorogation d'échéance

109. Le banquier escompteur a tout à fait le droit de refuser une demande de report
d'échéance formulée par le tiré. Mais il ne peut y consentir qu'avec l'accord des autres
signataires, faute de quoi, il perdrait ses recours cambiaires à leur encontre. À l'inverse, une
prorogation d'échéance non agréée par le tiré est inopposable à ce dernier. Aussi,
l'endossement du titre au-delà du délai exigé pour faire dresser protêt n'engendre que les
effets d'une cession de créance ordinaire (C. com., art. L. 511-14  , al. 1er). En outre, le tiré
est fondé à opposer à la banque les exceptions nées de ses relations personnelles avec le
tireur, entre autres, l'absence de provision à l'échéance (Com. 23 mars 1993, no 90-19.419  ,
Bull. civ. IV, no 115). Le débiteur cambiaire peut par, tout moyen, prouver que l'endossement
est postérieur à l'expiration du délai de protêt (T. com. Seine, 19 mars 1959, RTD com. 1959.
908, obs. Becqué et H. Cabrillac).

110. Le report d'échéance d'une lettre de change n'emporte pas novation. Par conséquent,
elle n'altère pas les sûretés qui garantissent le paiement de l'effet. L'avaliste, autrement dit, la
caution cambiaire, continue à être tenu dans les mêmes termes que le débiteur principal, à
savoir le tiré dont il s'est porté garant ; il demeure obligé envers le porteur jusqu'à la nouvelle
échéance. La situation diffère quand la prolongation d'échéance se réalise par la substitution
de l'effet à un autre sans signature de l'avaliste ; auquel cas, celui-ci ne reste tenu qu'au titre
de caution de droit commun (Paris, 11 oct. 1967, Banque 1968. 473), sauf si l'aval a été
donné par acte séparé (Com. 12 juin 1978, Bull. civ. IV, no 159).

2° - Renouvellement de l'effet

111. Le renouvellement de l'effet s'opère par la substitution d'un effet à un autre qui permet
au banquier escompteur d'obtenir le paiement de nouvelles commissions et de nouveaux
agios. La conséquence essentielle est, à l'échéance, de rendre les signataires du nouvel effet
débiteurs solidaires du banquier escompteur porteur de bonne foi. L'obligation cambiaire
contractée par le tiré à la suite du renouvellement de l'effet ne s'éteindrait pas sur le
fondement de l'ancien article 1234 du code civil (abrogé le 1er oct. 2016, par l'Ord. no 2016-
131 du 10 févr. 2016) si, entre-temps, le tiré avait acquitté sa dette envers le tireur en vertu
de l'effet initial non escompté.
§ 2 - Recours du banquier escompteur

A - Détermination des recours

112. Outre les recours conférés à tout porteur par le droit cambiaire, le banquier bénéficie de
ceux nés du contrat d'escompte.

1° - Recours liés à la qualité de porteur

a. - Droits des effets escomptés

113. Ces recours excluent l'escompte sans recours ou à forfait qui suppose que le porteur y a
renoncé (KLOTZ, L'escompte sans recours. Une formule originale encore trop peu utilisée, in
Mélanges offerts à Pierre Vigreux, USST, 1981, coll. Travaux et recherches, IPA-IAE, p.  469
s. – Com. 7 avr. 1992, JCP E 1993. I. 243, obs. Gavalda et Stoufflet. – Com. 8 juill. 1997,
no 95-10.702  , Bull. civ. IV, no 222 ; D. 1998. 427, note Goyet   ; D. 1999. Somm. 150, obs.
M. Cabrillac  ). Précisons que la renonciation de l'escompteur au recours contre le tireur, en
cas de non-paiement par le tiré, est distinct de la renonciation au recours fondé sur l'absence
qui doit être expresse (Com. 8 juill. 1997, préc.).

114. La qualité de porteur légitime du banquier l'autorise à agir sur le terrain cambiaire contre
l'un quelconque des signataires de l'effet qui en sont solidairement tenus. En outre, s'il est de
bonne foi, il bénéficie de l'inopposabilité des exceptions qui le met à l'abri de tous moyens de
défense que le débiteur pourrait invoquer à l'encontre de son créancier fondamental (sur la
mauvaise foi, V. supra, nos 35 s.). Pour échapper à la règle de l'inopposabilité des exceptions,
le tiré tente parfois de démontrer que l'effet a été remis à l'encaissement, et non à l'escompte
(Paris, 19 mars 1974, préc. supra, no 15).

115. Le banquier dispose également en tant que porteur, de l'action née du rapport
fondamental. Ayant définitivement acquis à l'échéance la propriété de la provision, il peut agir
contre le tiré en paiement de la créance qu'avait le tireur contre ce dernier. Il ne bénéficie plus
alors de l'inopposabilité des exceptions. Pour autant, le porteur peut se trouver dépossédé de
son droit sur la provision, notamment à la suite d'un avis à tiers détenteur qui lui aurait été
notifié avant l'échéance (Com. 6 juin 1984, Bull. civ. IV, no 186 ; D. 1985. IR 31, obs.
M. Cabrillac. – Com. 20 mars 1984, préc. supra, no 96).

b. - Droits attachés au bordereau « Dailly »

116. En tant que propriétaire des créances cédées par bordereau « Dailly », le banquier
escompteur est seul qualifié pour agir contre le débiteur cédé. Par ailleurs, le signataire du
bordereau étant garant solidaire du paiement des créances transmises (C. mon. fin.,
art. L. 313-24  , al. 2), ce banquier peut légitimement poursuivre le remettant, sans avoir
préalablement engagé d'actions contre le débiteur cédé (Com. 14 mars 2000, no 96-14.034 
, Bull. civ. IV, no 55 ; RTD com. 2000. 996, obs. M. Cabrillac  ). Il peut d'autant plus le faire
que, ayant réclamé le paiement au débiteur, ce dernier a refusé pour un quelconque motif de
régler les factures.

117. Le banquier porteur du bordereau ne saurait voir sa responsabilité mise en cause, parce
qu'il a négligé de poursuivre le débiteur cédé. Il pourrait, néanmoins, engager sa
responsabilité s'il tarde à informer le remettant du refus de paiement des factures cédées et
compromettre ainsi ses chances de recouvrement (Com. 10 oct. 1995, D. 1995. IR 244  ).

118. À l'instar du droit cambiaire, le débiteur, qui a reçu notification d'une cession mais ne l'a
pas acceptée, peut opposer au banquier les exceptions nées de ses rapports personnels
avec le cédant.

2° - Recours fondés sur la convention d'escompte

119. Pendant longtemps, l'action issue du contrat d'escompte a été quasiment ignorée,


probablement du fait que l'on s'en tenait aux mécanismes cambiaires, sans prendre en
considération les réalités de la convention d'escompte. Il est évident que le banquier, qui
avance les fonds dans le cadre d'un escompte qui est une opération de crédit, veut se faire
rembourser si le tiré ne paie pas. Il n'a accepté de consentir une avance à son client qu'à
l'unique condition qu'elle lui soit remboursée ; c'est de l'essence même du crédit que toute
avance soit remboursée. Tel est le sens de la clause « sauf bonne fin » ou « sous réserve
d'encaissement » qui figure sur le bordereau d'escompte et exprime la volonté des parties
selon laquelle le contrat d'escompte génère une action en remboursement. Aussi, en plus des
recours dont il dispose en qualité de porteur légitime d'un titre, le banquier bénéficie d'une
action reposant sur la convention d'escompte elle-même (Paris, 24 févr. 1982, D. 1982. 467,
note Stoufflet ; D. 1983. IR 44, obs. M. Cabrillac ; RTD com. 1982. 587, obs. M. Cabrillac et
Teyssié ; Banque 1982. 526, obs. L.-M. Martin. – Com. 30 janv. 1996, préc. supra, no 46),
peu importe la nature du titre escompté. La jurisprudence a d'ailleurs expressément décidé
que, en cas d'escompte d'un chèque, même le banquier, qui a été négligent pour ne pas avoir
présenté en temps utile le chèque au paiement ou a tardé à faire dresser protêt (C. mon. fin.,
art. L. 131-47  ), peut agir contre l'endosseur (Com. 30 janv. 1996, préc. supra, no 46).

120. Il existe, tout de même, sur ce point une divergence doctrinale. Certains auteurs
admettent que cette action soit ouverte à propos de tous les titres escomptés (GAVALDA et
STOUFFLET, op. cit., no 418. – RIVES-LANGE et CONTAMINE-RAYNAUD, op. cit., no 507).
D'autres, au contraire, la rejettent, au motif que l'article 52, alinéa 4, du décret-loi du
30 octobre 1935 (devenu C. mon. fin., art. L. 131-59  , al. 4) confère un recours subsidiaire
fondé sur l'enrichissement injuste dans cette hypothèse (M. CABRILLAC et TEYSSIÉ, RTD
com. 1982. 590). Dès lors que ce recours obéit à des conditions plus strictes que l'action née
du contrat, il semblerait que cette dernière soit exclue.

121. Le recours en paiement répond également à la volonté du remettant. Celui-ci, désireux


de mobiliser sa créance par l'escompte souhaite que le banquier lui en avance le montant. En
contrepartie du paiement anticipé du titre, il en cède la propriété au banquier. Il n'en est pas
quitte pour autant ; bien au contraire, comme tout crédité, il se porte garant du bon
achèvement de l'opération.

122. L'action en paiement ne peut être intentée qu'à l'encontre du cocontractant du banquier,


seul engagé dans la convention d'escompte, les signataires de l'effet, tiers au contrat, ne
pouvant être poursuivis. Elle revêt une grande utilité quand le banquier ne peut exercer
d'action cambiaire, soit parce qu'il a perdu un tel recours en raison de la prescription ou de la
déchéance (Com. 3 avr. 1978, Bull. civ. IV, no 109), soit parce que l'escompte a été effectué à
propos d'un titre au porteur, les recours cambiaires n'ayant jamais existé. Quant au banquier
escompteur impayé au jour de l'ouverture de la procédure collective contre le tireur, il peut
déclarer sa créance même si le tiré a payé avant la déclaration (Com. 8 juin 2010, no 09-
14.624  , Bull. civ. IV, no 108 ; JCP 2010, no 39, p. 1811, obs. M. Cabrillac).

B - Exercice des recours

123. Les différents recours préalablement examinés sont, en principe, exercés conformément


aux règles procédurales du droit commun. Il n'empêche que la jurisprudence considère que
les actions cambiaires et fondamentales ont le même objectif, si bien que les dispositions de
l'article 565 du code de procédure civile sont applicables : l'action du demandeur fondée sur
l'une n'est pas nouvelle en appel, alors même que l'instance a été engagée sur l'autre (Paris,
24 févr. 1982, préc. supra, no 119).

124. La question de l'exercice des recours se pose en des termes différents, lorsqu'existe une
convention de compte courant. Celle-ci permet au banquier d'opérer une contre-passation qui
consiste en une écriture au débit du compte du client (Com. 31 janv. 1977, Bull. civ. IV,
no 122 ; RTD com. 1977. 137, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 3 avr. 1978, préc.
supra, no 122. – Com. 2 mai 1978, Bull. civ. IV, no 122. – SYNVET, La contre-passation en
compte courant. Un vieux problème toujours d'actualité, in Les activités et les biens de
l'entreprise, Mélanges offerts à Jean Derruppé, 1991, Litec, p. 193 s.). Lors de l'opération
d'escompte, le montant de l'effet de commerce est inscrit au crédit du client. Si cet effet est
impayé par le débiteur principal, le banquier, plutôt que de poursuivre les tiers débiteurs du
titre, va reporter le montant de l'effet au débit du compte de ce client. Cette écriture est
désignée « contre-passation ». Perçue autrefois comme l'annulation de l'écriture antérieure
au crédit, elle constitue aujourd'hui un mode d'exercice de l'action en paiement du banquier.
Bien qu'elle permette au banquier d'engager toutes les actions dont il dispose pour obtenir
paiement, en réalité, c'est à propos des recours cambiaires que la contre-passation est mise
en œuvre.

1° - Existence de la contre-passation

a. - Caractères de la contre-passation
125. La contre-passation représente « un droit au remboursement » pour le banquier
escompteur (Com. 11 mars 1970, préc. supra, no 46). Il s'agit d'un mécanisme qui lui permet
d'exercer un recours contre l'un de ses clients, en sa qualité de porteur d'effets de commerce
ou de créances cédées par bordereau « Dailly », de titulaire du droit au remboursement issu
du contrat d'escompte ou de la créance fondamentale. Dès lors, en raison de sa créance de
remboursement née du non-paiement du titre escompté, ce banquier inscrit le montant de
l'effet, ainsi que les frais de protêt, d'avis et les intérêts légaux depuis l'échéance, au débit du
compte du remettant. Pendant le fonctionnement du compte courant, cette inscription
équivaut à un paiement, même si le solde est débiteur. Néanmoins, lorsqu'elle intervient
après l'ouverture de la procédure collective du tireur, la contre-passation d'un effet de
commerce ne vaut pas paiement et n'en fait pas perdre la propriété au banquier escompteur
(Com. 11 juin 2014, no 13-18.064  , Lexbase hebdo no 388, 3 juill. 2014, éd. Affaires, note
Lebel ; RJDA 2/2015, no 136).

126. La contre-passation constitue pour le banquier escompteur une faculté, et non une
obligation, lorsque l'effet revient impayé (Com. 1 er févr. 1961, JCP 1962. II. 12670, note
Rives-Lange. – Com. 22 juin 1964, Bull. civ. III, no 322). Il a l'option entre agir contre le
remettant et contre-passer en inscrivant au débit du compte courant de son client le montant
de l'effet impayé. Il peut également choisir de ne pas inscrire sa créance au disponible du
compte et laisser figurer dans un compte général « effets impayés » ou dans un compte
d'attente au nom du remettant et poursuivre le recouvrement directement contre les
signataires. Il ne s'agit pas d'une contre-passation, quand bien même la banque aurait inscrit
le montant des intérêts au débit du compte courant de son client (Com. 11 juin 1996, no 94-
15.534  , Bull. civ. IV, no 166 ; RJDA 12/1996, no 1507. – Com. 12 janv. 1999, no 95-
16.526  , Bull. civ. IV, no 11. – Com. 19 oct. 1999, RJDA 12/1999, n o 1378). Les banques
utilisent cette technique quand le client est in bonis, mais que son compte courant est
nettement débiteur. En isolant ainsi sa créance, le banquier est censé n'avoir pas été payé. Il
conserve, par conséquent, ses recours contre les signataires solidairement tenus du
paiement. En revanche, s'il contre-passe l'effet revenu impayé, il ne peut agir contre le tiré
qu'en tant que mandataire du tireur (Com. 19 déc. 2000, RJDA 5/2001, no 629).

127. Le caractère facultatif de la contre-passation justifie que la date retenue soit celle de son
inscription en compte, et non celle de la décision prise par le banquier escompteur (Com.
21 juin 1994, no 92-13.683  , Bull. civ. IV, no 226 ; RTD com. 1995. 168, obs. M. Cabrillac 
).

128. Le banquier n'est, en principe, soumis à aucun délai pour réaliser la contre-passation,
aussi longtemps que le délai de prescription n'est pas écoulé (V. infra, no 132). Il a toutefois
intérêt à agir rapidement car, s'il tarde et que son attitude cause un préjudice au client
remettant, sa responsabilité peut se trouver engagée (Com. 9 mai 1990, préc. supra, no 55. –
Com. 14 janv. 1997, RJDA 5/1997, no 671 ; RTD com. 1997. 293, obs. M. Cabrillac  ).

129. La contre-passation est, en principe, définitive si bien que le banquier, sauf accord entre
les parties, ne peut revenir sur sa décision (Montpellier, 11 févr. 1964, JCP 1964. II. 13649,
note Rives-Lange. – Pour un accord entre les parties : Com. 27 févr. 1961, RTD com. 1961.
944, obs. Houin. – Aix-en-Provence, 3 janv. 1975, Banque 1975. 649, obs. L.-M. Martin. –
Aix-en-Provence, 18 mars 1975, RTD com. 1976. 166, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange). Le
tout est que la contre-passation résulte de la volonté effective du banquier, et non du
fonctionnement automatique de l'ordinateur. Dans cette dernière hypothèse, la banque peut
effacer l'opération et rétablir la situation antérieure, mais elle doit prouver sa volonté de ne
pas contre-passer. Cette preuve émane de plusieurs indices, notamment de la promptitude
de sa réaction (Com. 17 mars 1982, Bull. civ. IV, no 110. – Com. 6 nov. 1984, préc. supra,
no 63. – Com. 10 janv. 1983, Bull. civ. IV, no 5. – Aix-en-Provence, 3 janv. 1975, préc.).

130. À cet égard, l'annulation d'une contre-passation automatique qui équivaut au maintien
de la convention initiale d'escompte ne se confond pas avec la reprise à l'escompte qui
correspond à une nouvelle opération d'escompte. Cette distinction revêt une grande
importance, dans la mesure où elle révèle la volonté du banquier de contre-passer ou non.
Cette question est réglée au cas par cas, selon les faits en présence. La jurisprudence
considère qu'une nouvelle écriture rapidement passée au crédit du compte du client est
assimilée à l'annulation d'une contre-passation, car elle démontre l'absence de volonté de
contre-passer du banquier escompteur (Com. 22 nov. 1976, préc. supra, no 63. – Com. 6 nov.
1984, préc. supra, no 63, pour un chèque). Au contraire, dans la situation où le montant des
écritures n'est pas identique, on se trouve en présence d'une nouvelle opération d'escompte
(Com. 2 mai 1977, préc. supra, no 63).

b. - Conditions de la contre-passation

131. Dès lors que la contre-passation constitue un mode d'exercice du recours cambiaire, il


faut que le porteur remplisse les conditions du droit cambiaire. Il convient, en particulier, que
le banquier soit effectivement investi d'un droit contre son client ; cela suppose qu'il attende
l'échéance et ne saurait donc contre-passer un effet non encore parvenu à la date de
paiement (Civ. 19 mars et 31 mars 1930, DP 1930. 1. 119. – Com. 14 oct. 1940 et 7 juill.
1942, DC 1943. 70. – Comp. Com. 7 avr. 1998, JCP E 1998. 114, note Stoufflet). Les recours
cambiaires et, par conséquent, la contre-passation ne peuvent être exercés avant l'échéance
que dans les cas prévus par l'article L. 511-38, I, 2o du code de commerce : s'il y a eu refus
total ou partiel d'acceptation ; dans les cas de redressement ou de liquidation judiciaire du
tiré, accepteur ou non, de cessation des paiements, même non constatée par un jugement ou
de saisie de ses biens demeurée infructueuse ; dans les cas de redressement ou de
liquidation judiciaire du tireur d'une lettre non acceptable.

132. Le banquier ne peut contre-passer que s'il n'est pas déchu de ses recours cambiaires et
que le délai de prescription n'est pas écoulé (Limoges, 17 févr. 1958, JCP 1958. II. 10547,
note H. Cabrillac). Cette deuxième condition ne s'impose pas lorsque la contre-passation
enregistre l'action issue de la provision. Celle-ci se maintient en effet, malgré la négligence du
porteur ou la prescription cambiaire. Il en va de même pour l'action née du contrat
d'escompte. Précisons que l'action cambiaire du banquier escompteur contre le remettant ou
toute autre personne signataire de l'effet s'éteint au-delà d'un an (C. com., art. L. 511-78  ,
al. 2), alors que l'action en remboursement du crédit née du contrat d'escompte ne se prescrit
qu'à l'expiration du délai de droit commun.

133. Rien n'exige que la contre-passation intervienne avant la clôture du compte, laquelle ne


met pas fin au fonctionnement de celui-ci. Cette clôture ouvre une période de liquidation qui
permet de faire passer au disponible les créances figurant jusque-là au différé, si elles
remplissent les conditions nécessaires d'exigibilité et de liquidité (Com. 25 mai 1965, D. 1965.
529, rapp. Monguilan ; JCP 1966. II. 14477, note Gavalda. – Com. 14 avr. 1959, Banque
1959. 668, obs. Marin. – Amiens, 10 janv. 1977, RTD com. 1977. 342, obs. M. Cabrillac et
Rives-Lange, pour qui la contre-passation effectuée le jour du prononcé du jugement
déclaratif est considérée comme effectuée après la clôture du compte). Durant ce laps de
temps, le banquier ne perd donc pas le droit de contre-passer. Il en va de même pour
l'exercice des actions nées de la provision ou du contrat d'escompte. En outre, la contre-
passation peut être opérée après une saisie-attribution dans le délai d'un mois à compter de
celle-ci (C. pr. exéc., art. L. 162-1  ).

c. - Montant de la contre-passation

134. Le banquier peut contre-passer pour le montant intégral de la créance cambiaire


majorée des frais de protêt et d'avis et des intérêts légaux. L'exception à ce principe réside
dans le fait que le banquier a reçu un acompte avant de contre-passer. Lorsque cet acompte
a été payé par le remettant, il doit être déduit du montant de la contre-passation ; ce dernier
ne saurait, en effet, se voir imposer un deuxième paiement au moyen de la contre-passation.
C'est également le cas d'une personne non tenue par la solidarité, telle que le tiré non
accepteur, qui aurait payé l'acompte. Quand il s'agit, au contraire, d'un signataire de la traite,
c'est-à-dire d'un coobligé solidaire, la solidarité profite au banquier qui est ainsi habilité à
réclamer le paiement intégral à l'un quelconque des codébiteurs.

135. Reste à savoir dans quelle mesure le banquier peut contre-passer, lorsque l'un des
coobligés fait l'objet d'une procédure collective (C. com., art. L. 622-33  , L. 623-1  et
L. 623-2  ). Il convient alors de distinguer trois situations.

136. Dans le premier cas, le banquier porteur d'engagements solidairement souscrits par le


débiteur en état de redressement judiciaire et d'autres coobligés a reçu un acompte sur sa
créance avant le jugement d'ouverture ; il ne peut déclarer sa créance que déduction faite de
cet acompte et conserve sur ce qui lui reste dû, ses droits contre le coobligé ou la caution
(C. com., C. com., art. L. 622-33  , al. 1er, sur renvoi de, art. L. 631-14  , al. 1er).

137. Dans le deuxième cas, l'acompte a été versé après la cessation des paiements du client.
Il peut déclarer sa créance pour la valeur de son titre dans chaque procédure de
redressement judiciaire (C. com., C. com., art. L. 622-31  , sur renvoi de, art. L. 631-14  ,
al. 1er) et peut donc contre-passer pour le tout.

138. Dans le troisième cas, l'acompte a été versé après la cessation des paiements de l'un
des coobligés, mais avant celle du remettant. L'article L. 622-31 du code de commerce
s'applique également là, du seul fait que l'un des coobligés se trouve en état de cessation des
paiements. Il n'y donc pas lieu de déduire l'acompte. Mais, puisque le client du banquier est
encore in bonis au moment de la contre-passation, il ne peut être tenu au-delà de ce qu'il
reste dû. Le banquier ne peut donc contre-passer pour le tout.

139. Ces différentes hypothèses sont régies par la solidarité des débiteurs concernés. Elles
ne s'appliquent donc pas en l'absence de solidarité ; ce qui est le cas lorsque la contre-
passation résulte de l'action née de la provision et où donc son montant équivaut à celui de la
créance fondamentale. Le banquier doit alors déduire tous les acomptes perçus.

2° - Conséquences de la contre-passation

140. Quand le banquier opère la contre-passation, c'est-à-dire, rappelons-le, qu'il inscrit au


débit de son client et au disponible, le montant de sa créance, deux problèmes se posent :
celui de la restitution de l'effet et celui de la déduction des sommes reçues de la part des
codébiteurs.

a. - Restitution de l'effet

141. La réponse à la question de savoir si le banquier qui contre-passe doit restituer ou non
le titre remis, dépend de celle relative au fait qu'il est réputé payé ou non.

142. La contre-passation intervenue en cours de fonctionnement du compte courant, alors


que le client est in bonis, équivaut au paiement de la créance cambiaire du banquier (Com.
25 janv. 1955, JCP 1955. II. 8547 bis, note H. Cabrillac. – Com. 19 déc. 1956, D. 1957. 287,
note Néel). Le banquier est tenu de restituer l'effet sans délai, dans la mesure où il est réputé
désintéressé, que le solde soit créditeur ou débiteur, encore faut-il que la créance cambiaire
soit inscrite au disponible – et au débit – du remettant (Com. 3 nov. 1988, Banque 1989. 99,
obs. Rives-Lange). Si elle figure dans un compte d'attente ou au compte général des effets
impayés, il n'y a pas paiement et donc pas obligation de restituer (Com. 31 janv. 1977, préc.
supra, no 124. – Com. 3 avr. et 2 mai 1978, préc. supra, no 124). Cette solution s'applique en
matière de chèques (Com. 20 mars 1979, Bull. civ. IV, no 108 ; RTD com. 1979. 781, obs.
M. Cabrillac et Rives-Lange). Elle présente l'inconvénient de faire perdre aux banques la
possibilité de mettre en œuvre leurs recours contre les autres signataires de l'effet. Aussi,
celles-ci ont élaboré des clauses qui leur permettent de contre-passer, tout en conservant
l'effet (RIVES-LANGE, La liberté des conventions et la contre-passation avant clôture du
compte courant, JCP 1965. I. 1889). La plupart de ces clauses ont été considérées comme
licites, notamment celle par laquelle le porteur conserve le titre en qualité de mandataire et
inscrit au compte de son client les sommes encaissées (Lyon, 30 janv. 1956, JCP 1956.
II. 9291). C'est également le cas de la clause qui autorise le banquier à conserver le titre en
gage du paiement du solde (Com. 14 avr. 1959, préc. supra, no 133. – Paris, 17 févr. 1961,
RTD com. 1961. 156, obs. Houin). En revanche, est condamnée la clause réservant la
propriété du titre (Lyon, 30 janv. 1956, préc.).

143. Une contre-passation après la clôture du compte demeure possible, même si celle-ci a


pour origine le redressement judiciaire du remettant. Cependant, elle ne vaut pas paiement, si
le solde est insuffisant pour désintéresser le banquier. Ce dernier peut alors conserver le titre,
afin de poursuivre les coobligés (Com. 14 avr. 1959, préc. supra, no 133. – Com. 18 nov.
1977, RTD com. 1978. 145, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com. 3 mars 1980, JCP CI
1980. I. 8719. – Com. 10 janv. 1983, préc. supra, no 129. – Com. 28 févr. 1983, Bull. civ. IV,
no 87. – GAVALDA, La contre-passation des effets de commerce après clôture du compte
courant, JCP 1963. I. 1763, spéc. no 15). Des solutions identiques ont été retenues en
matière de chèque (Com. 24 oct. 1977, D. 1978. 507, note Contamine-Raynaud. – Et sur
renvoi : Agen, 2 mai 1979, RTD com. 1979. 781, obs. M. Cabrillac et Rives-Lange. – Com.
17 mars 1998, préc. supra, no 46). Si, en revanche, ce solde est suffisamment alimenté pour
absorber le montant de la créance, celle-ci est éteinte par compensation et le banquier est
obligé de restituer le titre.

144. La contre-passation effectuée après un redressement judiciaire doit être traitée comme
celle intervenue après la clôture du compte courant. Si le solde est débiteur, le banquier ne
peut être considéré comme totalement désintéressé, le titre n'a pas à être restitué au client et
la banque peut engager les recours qui y sont attachés (Com. 25 mai 1965, préc. supra,
no 133. – Com. 9 mai 1990, préc. supra, no 55).

145. Étant donné son obligation de restituer les effets contre-passés, la responsabilité de la


banque a été retenue du fait que ceux-ci n'étaient pas parvenus au destinataire, le privant
ainsi de tout recours (Com. 7 mars 2000, no 94-10.369  , Bull. civ. IV, no 50 ; RTD com.
2000. 416, obs. M. Cabrillac   ; D. 2000. AJ 208, obs. Daleau   ; RD bancaire et bourse
2000. 160, obs. Crédot et Gérard) ; d'où la nécessité de restituer la traite par lettre
recommandée avec avis de réception.

b. - Réduction des sommes perçues

146. Le banquier qui, après la contre-passation, a conservé le titre parce qu'il n'a pas été
payé peut poursuivre les tiers débiteurs du titre aux fins d'obtenir un paiement. Reste à
déterminer s'il doit les porter au crédit du compte de son client ou réduire d'autant sa
production dans la procédure de redressement ou de liquidation judiciaire de son client. Dans
l'hypothèse où celui-ci est in bonis, il doit les porter à son crédit, puisqu'il ne peut lui réclamer
davantage que ce qui lui est dû. En revanche, lorsque le client est en cessation des
paiements, la solution tient à l'existence de l'une des deux situations suivantes. Si le tiers qui
a payé n'est pas solidairement tenu, par exemple un tiré non accepteur, le banquier doit
réduire d'autant sa créance. Si, à l'opposé, ce tiers est solidairement engagé, les articles
L. 622-29 et suivants du code de commerce s'appliquent. Il s'ensuit que le banquier peut
déclarer sa créance pour l'intégralité de son montant dans la procédure collective de son
client, jusqu'au paiement complet de la somme due. Bien que, logiquement, cette production
ne devrait porter que sur la créance cambiaire représentée par le titre, la jurisprudence admet
qu'elle vise le montant intégral du solde du compte courant (Com. 25 mai 1965, préc. supra,
no 133).
147. Ces solutions sont exclues, puisque la théorie des coobligés ne s'applique pas lorsque
la contre-passation intervient dans le cadre de l'action fondée sur la provision. Le banquier,
bien que détenteur du titre, doit déduire de sa créance les sommes versées par les tiers. Pour
cette raison, il en va de même de la contre-passation réalisée à la suite de la résiliation du
contrat d'escompte.

Index alphabétique

■Acceptation

donnée sur la traite 92

facultative 92

obligatoire 92

par acte séparé 92

présentation 89, 92, 93, 94

preuve 68

refus 61

■Achat de titre 13, 16

■Acompte 134, 136, 137, 138

■Action 20

cambiaire 16, 122, 123, 132

directe 98

d'escompte 119, 132

fondamentale 115, 123

issue de la provision 132, 133, 139, 147

en paiement 122, 124

en remboursement 119, 132

en répétition 33

■Affacturage 1

■Agios 7, 85, 86, 89, 111

■Année bancaire 86

■Aval 12, 17

par acte séparé 71, 110

porté sur le titre 71

■Avance sur encaissement 47

■Avis à tiers détenteur 115

■Banque de France 95

■Banquier

droits 82 s.

obligations 101 s.

■Billet à ordre 25, 44, 76

■Billet de trésorerie 44

■Bon de caisse 44

■Bonne foi

appréciation 39

porteur 31, 99, 114

■Bordereau Dailly 6, 43, 53, 70

■Bordereau de remise 15, 79

■Caution

cambiaire 110

de droit commun 110, 136
■Cautionnement 12

■Certificat de dépôt négociable 44

■Cessation des paiements 36, 131, 137, 138, 147

■Chèque 46 s.

■Chèque postal 48

■Clause

limitative de responsabilité 107

pénale 91

de retour sans frais 105, 106

sauf bonne fin 68, 119

sauf encaissement 15, 19, 68, 74, 119

■Commission 85, 87, 89, 111



de confirmation 89

d'endos 89

occulte 90

de service 89

spéciale 89

supplémentaire 89

■Compte d'attente 126, 142

■Compte courant 18, 87, 124 s., 142, 144, 146

■Compte général des effets impayés 12, 142

■Connaissement 20, 24

■Contre-passation 62, 63, 124



annulation 130

caractères 125 s.

conditions 131 s.

conséquences 140 s.

existence 125 s.

montant 134 s.

après l'ouverture de la procédure collective du tireur 125

■Coobligé 134 s., 138, 143, 147

■Créance fondamentale 28, 69, 125, 139

■Crédit de mobilisation des créances commerciales (CMCC) 5

■Déclaration de créance 122

■Échéance

prorogation 95

renouvellement 95

■Effets

de cautionnement 32

de cavalerie 30

de commerce 22 s.

de complaisance 29 s.

financier 32

d'ouverture de crédit 32

■Endossement

en blanc 15

pignoratif 17

de propriété 12

translatif 12

■Entrepreneur principal 98

■Escompte

analyse 7 s.

date 65 s.

effets 80 s.

éléments 19 s.

exécution 74 s.

existence 7 s.

garanties 69 s.

nature juridique 9 s.

notion 7, 8

en pension 83

preuve 68

sans recours ou à forfait 113

■Fonds commun

de créances 84

de placement 84

■Fourniture de marchandises 29

■Inopposabilité des exceptions 3, 37, 99, 114, 115


■Intérêts 7, 15, 85, 126, 134

■Lettre de change 26 s.

■Lettre de change-relevé

magnétique 42

papier 41

■Maître de l'ouvrage 98

■Mauvaise foi 35 s.

■Nantissement 72, 78

■Paiement de l'effet

présentation au paiement 105 s.

prorogation d'échéance 109, 110

renouvellement de l'effet 111

■Part de fondateur 20

■Police d'assurance 24

■Prêt 5, 11 s.

■Promesse de paiement 92

■Protêt 105 s., 109, 119, 125, 134

■Provision 3, 27, 28, 35, 36, 39, 42, 47, 55, 96 s., 109, 115, 132, 139, 147

■Récépissés 20, 24

■Recours du banquier escompteur



détermination 112 s.

exercice 123 s.

■Redressement ou liquidation judiciaire 22, 131, 136, 137, 143, 144, 146

■Remise

à l'encaissement 14, 15, 101

à l'escompte 14, 15, 28, 79, 88

■Retenue sur bordereau 72

■Saisie-attribution 133

■Secret professionnel 102

■Signature 12, 32, 80, 110

■Sous-traitant 98

■Soutien abusif 35, 103

■Titres escomptés 20 s.

■Traite « pro forma » 27

■Usure 11, 13, 90

■Vente 10, 12, 29

■Warrant 25, 44

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