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Répertoire de droit commercial

Table des matières


Bibliographie
Généralités (1 - 4)
Art. 1 - Nature juridique controversée des bons de caisse (5 - 15)
§ 1 - Rejet de la qualification de valeur mobilière (6 - 10)
§ 2 - Qualification stérile d'effet de commerce (11 - 14)
§ 3 - Qualification opportune de reconnaissance de dette (15)
Art. 2 - Régime juridique assuré des bons de caisse (16 - 68)
§ 1 - Précision du champ d'application des règles légales (17 - 24)
§ 2 - Rigueur des conditions d'émission des bons de caisse (25 - 41)
§ 3 - Sécurité des conditions de circulation des bons de caisse (42 - 55)
§ 4 - Sécurité du paiement des bons de caisse (56 - 68)
Art. 3 - Fiscalité contraignante des bons de caisse (69 - 82)
§ 1 - Régime fiscal des bons de caisse émis par les banques (70 - 79)
§ 2 - Régime fiscal des bons de caisse émis par des entreprises autres que les banques (80 - 82)
Index alphabétique
Actualisation

Bon de caisse

Arnaud LECOURT
Maître de conférences à l'Université de Pau et des pays de l'Adour

juin 2014 (actualisation : avril 2016)

Table des matières

Généralités, 1 - 4

Art. 1 - Nature juridique controversée des bons de caisse, 5 - 15


§ 1 - Rejet de la qualification de valeur mobilière, 6 - 10
§ 2 - Qualification stérile d'effet de commerce, 11 - 14
§ 3 - Qualification opportune de reconnaissance de dette, 15

Art. 2 - Régime juridique assuré des bons de caisse, 16 - 68


§ 1 - Précision du champ d'application des règles légales, 17 - 24
§ 2 - Rigueur des conditions d'émission des bons de caisse, 25 - 41
§ 3 - Sécurité des conditions de circulation des bons de caisse, 42 - 55
§ 4 - Sécurité du paiement des bons de caisse, 56 - 68

Art. 3 - Fiscalité contraignante des bons de caisse, 69 - 82


§ 1 - Régime fiscal des bons de caisse émis par les banques, 70 - 79
§ 2 - Régime fiscal des bons de caisse émis par des entreprises autres que les banques, 80 - 82

Bibliographie

BONNEAU, Droit bancaire, 10 e éd., 2013, Domat droit privé, Montchrestien. - RIPERT et ROBLOT, Traité de droit
commercial, t. 2 : Contrats commerciaux. Effets de commerce. Banque. Bourse. Procédures collectives, par DELEBECQUE
et GERMAIN, 17 e éd., 2004, LGDJ. - de JUGLART et IPPOLITO, Traité de droit commercial, t. 7 : Banques et bourses, par
L. R. MARTIN, 3 e éd., 1991, Montchrestien.

MURRAT, Les bons de caisse ou à échéance fixe, Banque 1939. 550. - LUCAS, Revendication de bons de caisse dans une
procédure collective, RD bancaire et bourse 1999, n o 73, p. 81.
Généralités

1. Les bons de caisse sont des titres négociables émis en représentation d'une créance de remboursement d'un prêt de
somme d'argent. Ils peuvent être à ordre ou au porteur et ils représentent toujours un prêt de somme d'argent à court
ou à moyen terme, jamais à long terme (BONNEAU, Droit bancaire, 10 e éd., 2013, Montchrestien, n o 751).
Historiquement, la réglementation des bons de caisse remonte au décret-loi du 25 août 1937 (DP 1937. 4. 245). Il a été
complété de nombreuses fois, par le décret-loi du 14 juin 1938 (DP 1938. 4. 299), par le décret du 25 mars 1966
(D. 1966. 206) et par la loi n o 66-384 du 16 juin 1966 (D. 1966. 254). Par ailleurs, la loi du 13 juin 1941 (D. 1941. 333)
relative à la réglementation et à l'organisation de la profession bancaire contient également des dispositions qui
intéressent les bons de caisse dans ses articles 2 et 5. Aujourd'hui, la réglementation des bons de caisse trouve son
siège aux articles L. 223-1 à L. 223-4 du code monétaire et financier, ainsi qu'aux articles L. 232-1 et L. 232-2 du même
code pour ce qui touche à leur sanction.
Actualisation
1. Réforme. - L'ordonnance n o 2016-520 du 28 avril 2016, prise en vertu de l'habilitation issue de la loi n o 2015-990 du
6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques (art. 168), dite loi Macron, modernise le
régime juridique applicable aux bons de caisse et procède aux adaptations nécessaires pour permettre l'intermédiation
de ces titres sur les plateformes de financement participatif des conseillers en investissements participatifs (CIP) et des
prestataires de services d'investissement (PSI). Les bons de l'ordonnance fournit une définition légale des bons de
caisse : ce sont des « titres nominatifs et non négociables comportant engagement par un commerçant de payer à
échéance déterminée, délivrés en contrepartie d'un prêt […]. [Ils] ne peuvent, dans une même émission, conférer des
droits de créance identiques pour une même valeur nominale ». Pour permettre le développement de l'intermédiation
des bons de caisse sur les plateformes internet de financement participatif, l'ordonnance crée une nouvelle catégorie de
bons de caisse, les « minibons », lesquels pourront, contrairement aux bons de caisse « classiques », être échangés sur
ces plateformes (art. 2 ; C. mon. fin., art. L. 223-6 à L. 223-13 nouv.). Seules les sociétés par actions et les SARL qui ont
établi le bilan de leur troisième exercice commercial, et dont le capital est intégralement libéré, peuvent émettre des
minibons. Ceux-ci sont proposés au public sur la plateforme internet d'un CIP et d'un PSI répondant aux exigences fixées
par le règlement général de l'Autorité des marchés financiers, et dans la limite d'un montant calculé sur une période de
douze mois et fixé par décret. Les minibons sont assortis d'un taux conventionnel fixe, plafonné, et ils sont amortissables
dans des conditions définies par décret. L'émission de minibons peut être inscrite dans un dispositif d'enregistrement
électronique partagé (Blockchain). La protection des épargnants sera assurée par l'obligation pour ces plateformes de
fournir un service de conseil : celles-ci devront notamment s'assurer que les montants investis par les investisseurs sont
appropriés au regard de leur situation financière et de leurs objectifs d'investissement.
2. Les bons de caisse présentent des avantages importants, qui contrastent avec l'utilisation somme toute modeste qui
en est faite. Pour l'émetteur, les bons de caisse sont un excellent moyen de se procurer des liquidités à court et à moyen
terme et de pouvoir ainsi procéder à des aménagements de trésorerie, qui vont lui conférer plus de souplesse dans son
activité. Quand l'émetteur est une banque, l'émission de bons de caisse lui permet de rémunérer une épargne stable,
tout en lui fournissant, le cas échéant, un instrument de garantie appréciable. Car, fréquemment, la banque, qui se porte
caution des engagements de son client, peut souhaiter qu'il garantisse cet engagement en sollicitant l'émission des bons
de caisse qu'elle souscrits. Ces derniers seront ensuite affectés en nantissement du cautionnement conféré.

3 . La principale explication à la faible utilisation des bons de caisse tient en réalité à la concurrence qu'ils subissent
d'autres instruments financiers. Pour qui souhaiterait obtenir des ressources à court ou à moyen terme, il est toujours
possible de recourir à un prêt d'argent classique soumis aux articles 1892 et suivants du code civil. Les articles 1689 et
suivants de ce même code autorisent la cession de la créance de remboursement, ce qui en accélère la négociabilité. Ce
type de prêt, appelé « bon de caisse nominatif », est cependant laissé hors du champ d'application de la réglementation
des bons de caisse, et notamment du décret-loi du 25 août 1937 (Crim. 11 févr. 1941, JCP 1941. II. 1644, note Bastian. -
Nancy, 10 mars 1953, JCP 1954. II. 8154, note Vitu). Toutefois, leur concurrence est relativement ténue dans la mesure
où, d'une part, étant nominatif, ce type de prêt ne préserve pas l'anonymat qui est recherché avec l'utilisation des bons
de caisse et, d'autre part, le mécanisme civiliste de la cession de créances est lourd et s'impose davantage comme un
obstacle à leur négociabilité que comme une faveur réelle. En revanche, les bons de caisse ont beaucoup plus à craindre
des titres de créances négociables régis par les articles L. 213-1 à L. 213-4 et D. 213-1 à D. 213-7 du code monétaire et
financier. Nous verrons ci-dessous que leurs ressemblances peuvent conduire à les assimiler (V. infra, n o 15).

4 . Les dispositions qui régissent les bons de caisse restent relativement sommaires. C'est donc essentiellement la
jurisprudence qui a bâti le régime juridique de cet instrument financier. Si la nature juridique des bons de caisse demeure
aujourd'hui controversée (V. infra, n os 5 s.), son régime juridique est en revanche bien assuré (V. infra, n os 16 s.), tout
comme son régime fiscal (V. infra, n os 69 s.).
Art. 1 - Nature juridique controversée des bons de caisse

5. Il n'est pas aisé de déterminer la nature juridique des bons de caisse car ils empruntent diverses figures juridiques qui
permettraient de les assimiler à des instruments financiers très différents les uns des autres. Cependant, en perçant leur
mécanisme profond, la jurisprudence a permis de dégager une vision plus nette de leur nature juridique propre. Elle n'a
pas totalement réussi à écarter toute controverse.

§ 1 - Rejet de la qualification de valeur mobilière

6. Dire que les bons de caisse peuvent être à ordre ou au porteur ne fournit guère d'indication sur leur nature juridique
profonde. Afin de mieux les cerner, la jurisprudence s'est d'abord interrogée sur la question de savoir s'ils ne pouvaient
pas revêtir la qualification de valeur mobilière. Le fait qu'ils soient au porteur ou à ordre facilite leur circulation ; en ce
sens, ils se rapprochent des valeurs mobilières (sur lesquelles, V. Rép. sociétés, v o Valeurs m obilières). Mais
l'assimilation doit être rejetée.

7. De prime abord, les bons de caisse présentent effectivement des similitudes avec les valeurs mobilières et notamment
avec les obligations. Tels que définis par les articles L. 223-1 et suivants du code monétaire et financier, ils entretiennent
avec les obligations des rapports évidents. Alors que ces dernières peuvent être créées sous la forme nominative ou au
porteur, les bons de caisse peuvent également revêtir ces figures juridiques. Leur circulation en est facilitée et leur
caractère négociable rejoint celui des valeurs mobilières. Cependant, il est nécessaire de bien distinguer les deux
notions car la création de bons de caisse peut parfois permettre de masquer une émission de valeurs mobilières par des
entités qui n'ont pas accès à cette possibilité. La volonté de contourner la stricte réglementation qui entoure l'émission
d'obligation, notamment, pourrait ainsi être source de fraude avérée.

8 . Une jurisprudence, finalement peu fournie, a tenté de faire le départ entre les valeurs mobilières et les bons de
caisse, soulignant leurs différences en partant de leurs ressemblances. La Cour de cassation avait d'abord souligné que
« les titres même seulement susceptibles d'être côtés en Bourse, c'est-à-dire les obligations émises en représentation
d'une somme déterminée, offertes au public par fractions égales et ordinairement remboursables à long terme ou
amortissables par tirage au sort sont des valeurs mobilières. Spécialement, il en est ainsi pour des bons au porteur émis
dans ces conditions par une compagnie de chemin de fer » (Req. 3 janv. 1927, DH 1927. 34. - V. égal. Civ. 9 avr. 1879,
DP 1879. 1. 289). Plus récemment, un arrêt a encore pu retenir que « doivent être qualifiés d'obligations des titres au
porteur offerts au public dans le dessein de compléter le capital social et non d'assurer les besoins de la trésorerie
sociale, titres groupés en trois séries présentant chacune des modalités identiques et productifs d'un intérêt fixe payable
à terme échu sur présentation des coupons dont ils étaient munis. De pareils titres quoique offerts au public sous la
dénomination de bons de trésorerie constituent de véritables obligations » (Crim. 15 juin 1954, JCP 1975. II. 8724, note
D. B. - Dans le même sens : Grenoble, 13 nov. 1967, JCP 1969. II. 15830, note Tronchet).

9. Or, il paraît évident que les bons de caisse ne répondent pas aux critères ci-dessus énoncés, qui ne valent que pour
les valeurs mobilières (de JUGLART et IPPOLITO, Traité de droit commercial, t. 7 : Banques et bourses, par L. R. MARTIN,
3 e éd., 1991, Montchrestien, n o 144). D'une part, si la jurisprudence les qualifie d'effets négociables, ils ne doivent
toutefois pas constituer des fractions égales d'une émission globale placée dans le public et portant sur une somme
déterminée à l'avance ; en ce sens, ce ne sont pas des obligations (Civ. 7 mai 1912, D. 1914. 1. 249, note Binet). A
contrario, cela signifie que les bons de caisse ne pourraient être assimilés aux obligations qu'à la condition de n'être pas
offerts au public pour un montant uniforme. En effet, ils sont généralement émis au jour le jour, en fonction des besoins
de trésorerie de l'émetteur, mais aussi au regard des besoins de placement des bénéficiaires, c'est-à-dire les clients de
l'émetteur. D'autre part, si le taux d'intérêt est toujours le même pour une série de titres, par exemple une série
d'obligations, il est en revanche toujours différent pour chaque bon de caisse émis. En effet, dans cette hypothèse, le
taux est fixé soit par la volonté des parties, soit d'après l'état du marché (offre et demande). Les bons de caisse n'étant
donc pas fongibles, ils ne peuvent être négociés sur un marché boursier. Enfin, à la différence des obligations
notamment, les bons de caisse ne sont pas remboursables par tirage au sort et les clients de l'émetteur, une banque le
plus souvent, ne sont pas réunis dans une masse comparable à la masse des obligataires. Cette analyse est confirmée
par la jurisprudence qui réaffirme que les bons de caisse ne sont pas des valeurs mobilières mais des titres exprimant
une reconnaissance de dette (Com. 27 mars 2012, n o 11-15.316 , Bull. civ. IV, n o 64 ; D. 2012. Actu. 940, obs.
De lpe ch ; JCP E 2012, n o 1646, spéc. n o 7, obs. Routier ; Gaz. Pal. 2012. 1563, obs. Houin-Bressand ; RD banc. fin.
2012, n o 110, obs. Crédot et Samin ; LEDB mai 2012. 6, obs. Lasserre Capdeville).

10. Il est impératif de bien tracer la frontière entre les bons de caisse et les valeurs mobilières car de nombreux intérêts
s'y attachent. D'abord, sur le terrain fiscal, le régime des bons de caisse est plus strict que celui des valeurs mobilières et
impose des contraintes dont celles-ci sont en principe épargnées (V. infra, n os 69 s.). Ensuite, sur le terrain juridique, la
distinction des bons de caisse et des valeurs mobilières permet de mesurer la portée de l'interdiction faite aux sociétés à
responsabilité limitée (SARL) d'émettre des valeurs mobilières (V. Rép. sociétés, vo Société à responsabilité lim itée). En
effet, il est traditionnel que ce type de groupement ne puisse émettre des titres négociables. Avant l'entrée en vigueur
de l'ordonnance n o 2004-274 du 25 mars 2004 et de son décret d'application n o 2006-1566 du 11 décembre 2006, la
SARL ne pouvait donc émettre des bons de caisse que s'ils se distinguaient nettement des valeurs mobilières. Il était
alors admis que la société à responsabilité limitée pouvait émettre des bons nominatifs, respectueux de l'intuitu personae
qui la traverse, mais ne devait pas abuser de l'émission de bons au porteur ou à ordre en raison de la confusion possible
avec les valeurs mobilières. La jurisprudence et une partie de la doctrine considéraient alors que seule la mise en
circulation de titres assimilables aux valeurs mobilières pouvait donner lieu à la spéculation que la loi n o 66-537 du
24 juillet 1966 (JO 26 juill.) avait souhaité écarter. Aujourd'hui, le problème ne se présente plus sous le même angle.
Avec l'entrée en vigueur de l'ordonnance du 25 mars 2004, la SARL dispose désormais de la possibilité, sous réserve
d'avoir atteint certains seuils, d'émettre des obligations nominatives. À ce titre, l'intérêt de la distinction perd beaucoup
de son importance car, à présent, sauf le strict intérêt fiscal, il sera de peu d'importance de faire le départ entre les bons
de caisse nominatifs et les obligations de même nature émises par la SARL, ces deux formes de titres étant désormais
tolérées au sein du groupement.

§ 2 - Qualification stérile d'effet de commerce

1 1 . Manifestement, les bons de caisse se rapprochent plus nettement des effets de commerce (V. Effets de
com m erce). La jurisprudence, hésitante, n'y semble pas opposée (Lyon, 21 mai 1990, D. 1981. IR 192, obs. Vasseur. -
Paris, 6 janv. 1993, Dr. sociétés 1993, comm. 104, obs. Hovasse), que les bons soient stipulés à ordre ou au porteur.
Dès 1869, la Cour de cassation a ainsi décidé que « les billets à ordre ou au porteur de trois mois à cinq ans et portant
intérêt remis à ses clients par une société de banque, ainsi que les bons et valeur à exigibilité fixe et limitée émis par
une semblable société pour les besoins de ses opérations sont sujets au droit de timbre de 5 % comme effets de
commerce » (Req. 17 août 1869, DP 1870. 1. 33). Bien plus récemment, la Cour de cassation a eu l'occasion de réaffirmer
cette position mais toujours, cependant, de manière hésitante, en évitant soigneusement d'employer les termes « effets
de commerce », qu'elle remplace par les termes « effets négociables » (Civ. 2 e, 16 mai 1990, n o 88-10.987 , JCP 1990.
IV. 271). Plus nettement, les juges du fond ont tenté de trancher la controverse, affirmant tour à tour que les bons de
caisse établis à ordre « obéissent aux règles posées par le code de commerce à propos du billet à ordre » (Lyon, 21 mai
1990 et Paris, 6 janv. 1993, préc. ; contra : Aix-en-Provence, 24 mai 1994, Juris-Data n o 046997). Tout récemment, la
cour d'appel de Rennes a qualifié plus clairement les bons de caisse d'effets de commerce : « Considérant que les bons
de caisse anonymes constituent de simples effets de commerce, transmissibles par simple tradition dont les modalités de
remboursement obéissent au régime de l'article 2276 du code civil selon lequel en fait de meubles possession vaut titre,
de sorte que seule la détention physique du bon au porteur permet d'obtenir son paiement (Rennes, 12 mars 2013, RG
n o 11/03516 ).

12. La doctrine est plus timide, qui conteste assez largement cette qualification aux bons de caisse, notamment en ce
qu'ils ne seraient qu'un moyen de preuve d'un prêt à court terme, non des effets de commerce à proprement parler. Si
l'analyse paraît en effet difficilement réfutable pour les bons de caisse nominatifs qui peuvent être cédés selon le droit
commun, elle semble en revanche plus contestable, pour une autre partie de la doctrine, quand les bons de caisse sont
stipulés à ordre ou au porteur. Dans ces cas, l'écrit ne joue pas uniquement le rôle d'un instrument de preuve du prêt, il
constitue au contraire le droit lui-même. De la sorte, le transfert du titre entraîne le transfert du droit. De même, la
doctrine réfute la nature d'effets de commerce aux bons de caisse au motif que les premiers ne sauraient être grevés
d'un intérêt, à la différence des seconds. L'argument doit être rejeté. D'une part, la loi n'interdit pas la stipulation d'un
intérêt relativement aux effets de commerce et, d'autre part, au contraire, l'article L. 511-3 du code de commerce l'admet,
certes exceptionnellement, mais de façon suffisamment explicite pour que l'on considère que, finalement, la stipulation
d'un intérêt n'est pas incompatible avec la qualification d'effet de commerce.

13. Plus généralement, la qualification d'effet de commerce est contestée aux bons de caisse au prétexte de la variété
des formes sous lesquelles ils peuvent être émis. Si l'article L. 223-1 du code monétaire et financier ne vise que les bons
de caisse à ordre ou au porteur, la pratique utilise également des bons de caisse nominatifs. Les bons de caisse peuvent
par ailleurs être créés au porteur, ce qui les différencient de la lettre de change et du billet à ordre (Paris, 17 mai 1991,
Quot. jur., 17 sept. 1991, p. 4). De même encore, alors que la créance, en représentation de laquelle les effets de
commerce sont émis, peut avoir une cause quelconque (vente de marchandises, par exemple), les bons de caisse sont
toujours représentatifs d'une créance financière, d'un prêt d'argent. Il en est ainsi même pour les bons à échéance fixe
créés par les banques ; la remise de fonds à l'occasion de laquelle ces titres sont créés ne peut être considérée comme
un dépôt irrégulier, car les bons sont payables à terme fixe et productifs d'intérêts.

14. La question de la nature juridique des bons de caisse, rapportée aux effets de commerce, stigmatise les hésitations
de la doctrine et de la jurisprudence. Le débat qu'elle engendre est pourtant largement stérile. La portée de la
qualification retenue est relativement limitée. Ou bien, en effet, les bons de caisse satisfont aux conditions requises pour
les billets à ordre ou, plus rarement, pour les lettres de change et, dans ce cas, le régime juridique propre à ces
instruments trouvera à s'appliquer. Ou bien les bons de caisse sont au porteur et leur qualification d'effets de commerce
n'aura que très peu d'incidences car le régime des effets de commerce n'est quasiment pas développé par la loi. Tout
juste s'agira-t-il d'appliquer les règles gouvernant la mise en gage des effets (C. com., art. L. 521-1) ou de leur étendre
la règle de l'inopposabilité des exceptions (Com. 17 juill. 1984, RTD civ. 1984. 378, obs. Mestre ; Gaz. Pal. 1984. 1.
Pan. 277, note Dupichot).

§ 3 - Qualification opportune de reconnaissance de dette

15. Devant l'incertitude de leur nature juridique, la jurisprudence qualifie les bons de caisse d'effets négociables, qui
« s'apparentent à des reconnaissances de dettes dont la cause n'est pas exprimée, donc à des obligations valables
conformément aux dispositions de l'article 1132 du code civil » (Com. 12 oct. 1982, D. 1983. IR 192, obs. Vasseur. - Paris,
16 févr. 1983, Juris-Data n o 020448. - Com. 27 mars 2012, n o 11-15.316 , préc. supra, n o 9). Il ne faut toutefois pas
confondre cette qualification avec celle de titres de créances négociables (sur lesquelles, V. Rép. sociétés, v o Titres de
créances négociables). S'il existe des similitudes entre ces titres et les bons de caisse, leur régime juridique est, en
revanche, plus contraignant que celui des bons. En outre, ils sont beaucoup plus diversifiés. Par exemple, certains de ces
titres permettent de drainer des capitaux dans les mêmes conditions que les bons de caisse (certificats de dépôt établis
par les banques à vue ou à moins de deux ans, bons à moyen terme négociables [BMTN], etc.). Or, comme ils peuvent
être émis par une grande variété d'émetteurs, il faut comprendre que ceux-ci se trouvent placés devant une alternative :
soit recourir à ces titres, soit utiliser les bons de caisse. Cette situation est cependant discutable car elle apparaît comme
un moyen de contourner, là encore, la législation applicable aux bons à moyen terme négociables. En laissant prospérer
plusieurs instruments permettant d'aboutir à des résultats équivalents, le législateur crée les conditions d'une
concurrence malsaine et augmente les risques de fraude. En optant pour la qualification de reconnaissance de dette des
bons de caisse, la jurisprudence coupe court, en revanche, à ces difficultés.

Art. 2 - Régime juridique assuré des bons de caisse

1 6 . Les bons de caisse sont des instruments précieux de drainage des capitaux. Leur régime juridique est ainsi
profondément marqué par les caractères de précision et de sécurité qu'ils doivent inspirer. C'est ainsi que, alors que le
champ d'application des règles légales est très précis, l'émission des bons de caisse est entourée d'un régime
relativement rigoureux, notamment lorsque les bons de caisse sont offerts au public, censé assurer tout autant la
sécurité de leur circulation que celle de leur paiement.
§ 1 - Précision du champ d'application des règles légales

1 7 . La réglementation édictée aux articles L. 223-1 et suivants du code monétaire et financier ne connaît pas une
application générale ; elle ne s'applique qu'aux bons de caisse à ordre ou au porteur. Toutes les formes de titres ne sont
donc pas couvertes par la législation relative aux bons de caisse. Par ailleurs, leur « offre au public » suscite quelques
difficultés.

18. La législation relative aux bons de caisse ne s'applique pas aux bons de caisse nominatifs, qui n'ont donc pas à obéir
à ses prescriptions. Il s'agit là de véritables reconnaissances de dette à personne nommément désignée et leur cession
obéit aux dispositions de l'article 1690 du code civil, pas aux règles des articles L. 223-1 et suivants du code monétaire
et financier.

19. La réglementation des bons de caisse exclut également ceux qui sont émis par les établissements de crédit (C. mon.
fin., art. L. 223-4), en raison notamment de l'assise et des garanties financières que présentent ces établissements.

2 0 . La procédure des articles L. 223-1 et suivants doit en revanche être suivie pour le cas d'une émission, d'une
exposition, d'une mise en vente ou en circulation des bons de caisse « par voie d'offre au public ». Cette formule, en son
temps, a suscité quelques difficultés. Elle a été rapprochée de formules analogues figurant dans d'autres textes et a
donné lieu à diverses interprétations, aujourd'hui clarifiées.

21. L'interrogation principale était constituée de la question de savoir si la loi du 7 mars 1925 relative à la SARL, avant
son abrogation par la loi n o 66-537 du 24 juillet 1966, interdisant aux SARL d'émettre des valeurs mobilières par
souscription publique, s'appliquait aux bons de caisse. La jurisprudence a d'abord jugé qu'elle n'avait pas à s'appliquer
non seulement lorsque les titres étaient nominatifs et ne pouvaient être assimilés à des valeurs mobilières, mais
également lorsque le public n'avait pas été sollicité par les différents procédés susceptibles de faire de l'émission une
souscription publique (Crim. 11 févr. 1941, JCP 1941. II. 1644, note Bastian). Dans le même ordre d'idées, le souscripteur
non remboursé de bons de caisse au porteur qu'avait émis une SARL, par l'intermédiaire d'une banque, a été jugé mal
fondé à engager la responsabilité de celle-ci, alors qu'il ne prouvait pas qu'il avait été démarché par la banque et que
celle-ci avait fait appel au public, condition nécessaire pour que le souscripteur puisse invoquer la violation par la banque
des prescriptions soit de l'article 4 de la loi du 7 mars 1925, soit de l'article 250 du code général des impôts (Grenoble,
13 nov. 1967, JCP 1969. II. 15830, note Tronchet ; RTD com. 1969. 558, obs. Cabrillac et Rives-Lange). De ce fait, il n'y
avait pas lieu de rechercher si les bons devaient, ou non, être assimilés à des valeurs mobilières.

2 2 . La loi n o 66-537 du 24 juillet 1966, abrogeant celle du 7 mars 1925, a interdit aux SARL d'émettre des valeurs
mobilières en n'exigeant plus, pour la déclarer nulle, que cette émission se soit effectuée par souscription publique. La
question n'en subsistait pas moins de savoir ce qu'il fallait entendre par « offre au public » et les interprétations
antérieures conservèrent tout leur intérêt.

23. Par rapprochement avec le droit bancaire et avec la loi du 13 juin 1941 organisant alors la profession bancaire, il a
été soutenu que, comme les obligations, les bons de caisse à ordre ou au porteur seraient toujours susceptibles, dès
leur émission, d'une large diffusion dans le public, en raison même de leur négociabilité. En revanche, donnant une autre
interprétation des dispositions du décret-loi de 1937, la jurisprudence, pour satisfaire cette exigence, demande que le
public ait été sollicité par des procédés susceptibles de l'amener à souscrire, soit que l'on exige une publicité écrite, soit
que l'on admette également des actes de démarchage. La doctrine de l'époque (BASTIAN, VITU, MURRAT et TRONCHET,
essentiellement) a largement approuvé ces conditions, précisant, par ailleurs, qu'il y aura offre faite au public si l'appel
s'adresse « à une foule anonyme de souscripteurs éventuels » (BASTIAN, note sous Crim. 11 févr. 1941, préc. supra, n o
21).

24. Aujourd'hui, ces questions ont cependant largement perdu de leur intérêt depuis que l'ordonnance n o 2004-274 du
25 mars 2004 a autorisé les SARL à émettre, sous certaines conditions, des obligations nominatives (C. com., art. L. 223-
11). Ces titres, étant nominatifs, ne peuvent être assimilés à des valeurs mobilières et les solutions anciennes semblent
pouvoir perdurer ici. Car le régime des émissions d'obligations dans les SARL est calqué sur celui applicable aux
obligations émises par les sociétés par actions, à l'exclusion expresse des règles relatives à l'offre au public de titres
financiers à laquelle les SARL ne sont toujours pas habilitées à recourir. Dès lors, pas plus que sous l'empire des
législations antérieures, la SARL ne peut recourir à la publicité, au démarchage, à des établissements de crédit ou à des
prestataires de services d'investissement. En ne permettant donc à la SARL que de contacter directement les personnes
intéressées, et non par voie d'offre au public, la loi fait échapper ce groupement aux prescriptions des articles L. 223-1 et
suivants du code monétaire et financier. De la sorte, demeure parfaitement valable l'émission, par une SARL, de bons de
caisse nominatifs et cessibles exclusivement dans les formes prescrites par l'article 1690 du code civil (Nancy, 10 mars
1953, JCP 1954. II. 8154, note Vitu).

§ 2 - Rigueur des conditions d'émission des bons de caisse

2 5 . La rigueur de l'émission des bons de caisse dispense ses effets de façon graduée, tout à la fois quant aux
personnes pouvant les émettre, quant à la durée de leur émission et dans l'hypothèse d'une émission de bons de caisse
offerts au public.

A. - Rigueur relative quant aux personnes admises à émettre des bons de caisse

26. Les principes posés par les textes sont largement inspirés par la liberté. En principe, toute personne est admise à
émettre des bons de caisse à ordre ou au porteur, sans qu'aucune limite ne puisse entraver cette idée. Sans distinction,
l'émission de ces bons de caisse est ainsi ouverte aux particuliers, civils comme commerçants, mais également aux
personnes morales de droit privé comme de droit public. En outre, leur forme sociale importe peu, puisqu'il peut s'agir
indifféremment d'une société, d'une association ou d'un groupement d'intérêt économique. L'émission frauduleuse de
bons de caisse par le conseiller commercial d'un assureur (sans agrément de la profession de prestataire de services
d'investissement notamment) peut entraîner des sanctions pénales, notamment du chef d'escroquerie (Civ. 2 e, 13 sept.
2012, n o 11-25.786 ).

27. Une première question se pose cependant de savoir si l'émission de bons de caisse est permise, s'agissant des
sociétés de personnes ou de la SARL, alors qu'il leur est interdit d'émettre des valeurs mobilières. Nous avons déjà en
partie répondu à cette interrogation, notamment pour la SARL (V. supra, n os 21 s.). D'une part, la possible émission
d'obligations nominatives par la SARL ne constitue pas un obstacle à l'émission de bons de caisse, ces derniers, lorsqu'ils
sont nominatifs, ne pouvant être assimilés à des valeurs mobilières. D'autre part, l'article 1841 du code civil, interdisant
aux sociétés qui n'y ont pas été autorisées par la loi d'émettre des titres négociables, ne s'applique pas dans le contexte
des bons de caisse puisqu'il ne vise que les droits sociaux attribués en contrepartie des apports. L'émission des bons de
caisse y est donc étrangère.

28. Une seconde interrogation s'avérait plus délicate. Elle portait sur la question de savoir si, dans le cadre des sociétés
par actions, l'émission de bons de caisse était permise pour le cas où la société n'aurait pas libéré intégralement son
capital social. La question était redoutable car l'article L. 245-1, 2 o du code de commerce prévoyait des sanctions pénales
en cas d'émission d'obligations ou de bons, alors que le capital social n'était pas intégralement libéré. Fallait-il assimiler
l'émission de bons de caisse à l'émission d'obligations ? En faveur d'une réponse positive, certains auteurs ont souligné
que le texte étant rédigé en des termes généraux, il n'y avait pas lieu de distinguer là où la loi n'avait pas souhaité le
faire. En outre, l'esprit des textes était préservé ; en effet, l'interdiction légale reposait sur l'idée d'obliger les sociétés à
constituer leurs capitaux propres avant de solliciter une quelconque épargne. Il était alors évident que les bons de
caisse, instruments de drainage des capitaux, entraient dans cette catégorie. En faveur d'une réponse négative,
d'autres auteurs remarquaient que, les bons de caisse n'étant pas des valeurs mobilières, le texte leur était inapplicable,
comme hors de propos. Ce débat n'a plus de portée aujourd'hui, la loi NRE n o 2001-420 du 15 mai 2001 (D. 2001. 1673)
ayant purement et simplement abrogé l'article L. 245-1 du code de commerce.

2 9 . Il faut enfin noter que l'émission des bons de caisse, notamment dans la société anonyme, ne relève pas de
l'assemblée générale ordinaire des actionnaires, car son autorisation n'est requise que pour l'émission d'emprunts
obligataires (C. com., art. L. 225-100 in fine).

B. - Rigueur affirmée quant à la durée de l'émission des bons de caisse

30. Le principe est simple : aucun bon de caisse ne peut être souscrit à moins de un mois et à plus de cinq années
d'échéance (C. mon. fin., art. L. 223-1). Par exception, les bons de caisse émis par des personnes morales, de droit privé
comme de droit public, ne peuvent avoir une échéance inférieure à deux années. L'article L. 511-5 du code monétaire et
financier précise en effet qu'il est « interdit à toute entreprise autre qu'un établissement de crédit de recevoir du public
des fonds à vue ou à moins de deux ans de terme ». La notion de public est largement entendue par la jurisprudence et
par la doctrine, qui insistent sur le fait que les fonds reçus du public visent tous ceux qu'une personne recueille d'un tiers
avec la possibilité d'en disposer pour son propre compte, à charge cependant de restitution (V. Dépôt et com pte en
banque).

31. La violation de ces prescriptions entraîne l'application de sanctions rigoureuses. D'une part, une amende de 3 750 €
et, en cas de récidive, un emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux années peuvent être prononcés (C. mon. fin., art.
L. 232-2). D'autre part, la violation de l'interdiction prévue à l'article L. 511-5 du code monétaire et financier constitue
l'exercice illégal de la profession de banquier (C. mon. fin., art. L. 571-3. - V. Banques et établissem ents de crédit).

32. En réalité, seuls les établissements de crédit sont affranchis de ce délai de deux années. Ils peuvent ainsi émettre
des bons de caisse à moins de deux années de terme. Simplement, la rigueur de l'émission des bons de caisse impose
de distinguer selon que ces établissements sont habilités, en règle générale ou seulement à titre accessoire, à recevoir
des fonds du public. Les établissement de crédit habilités à recevoir habituellement et généralement des fonds du public
(les banques, les établissements de crédit mutualistes ou coopératives, les caisses d'épargne et de prévoyance et les
caisses de crédit municipal) peuvent sans difficulté émettre des bons de caisse à moins de deux ans de terme. En
revanche, les établissements de crédit qui ne reçoivent qu'accessoirement des fonds du public (sociétés financières,
institutions financières spécialisées), parce qu'ils n'y sont pas expressément autorisés dans les conditions de l'article
L. 511-10 du code monétaire et financier, ne sont pas habilités à recevoir des fonds à moins de deux années de terme.

33. Le taux de rémunération est en principe librement convenu entre les parties, sous réserve, naturellement, qu'il ne
soit pas usuraire. Mais ce principe de liberté doit cependant être tempéré lorsque les bons de caisse sont émis par un
établissement de crédit, c'est-à-dire dans la majorité des cas. En effet, les établissements de crédit sont soumis, en
matière de taux d'intérêt, aux contraintes fixées par le Conseil national du crédit et du titre sur ce plan. Aux termes de
l'article L. 312-3 du code monétaire et financier, « nonobstant toutes dispositions contraires, il est interdit à tout
établissement de crédit qui reçoit du public des fonds en compte à vue ou à moins de cinq ans, et par quelque moyen
que ce soit, de verser sur ces fonds une rémunération supérieure à celle fixée par le ministre chargé de l'économie ». La
loi de sécurité financière n o 2003-706 du 1 er août 2003 (D. 2003. 1947) a supprimé l'alternative, qui permettait que la
rémunération soit fixée par le ministre chargé de l'économie ou par règlement du Comité de la réglementation bancaire
et financière. Cette interdiction s'applique vraisemblablement aux bons de caisse et demeure sanctionnée aux plans
fiscal et disciplinaire.

3 4 . Outre ces conditions générales restrictives d'émission, communes à tous les bons de caisse, la rigueur relevée
trouve un écho dans les conditions particulières requises dans l'hypothèse de bons de caisse offerts au public.

C. - Rigueur affirmée en cas d'émission de bons de caisse offerts au public

35. Lorsque les bons de caisse sont offerts au public, les conditions d'émission sont beaucoup plus rigoureuses, car il
s'agit là de protéger l'épargne publique. Or, la réglementation repose ici très clairement sur la notion d'offre au public,
dont il convient d'éclaircir les contours. Si la notion rejoint largement celle d'appel public à l'épargne, encore faut-il la
préciser (V. Rép. sociétés, v o Appel public à l'épargne). Aux termes de l'article L. 411-1 du code monétaire et financier,
« l'offre au public de titres financiers est constituée par l'une des opérations suivantes : 1 o une communication adressée
sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit à des personnes et présentant une information suffisante sur les
conditions de l'offre et sur les titres à offrir, de manière à mettre un investisseur en mesure de décider d'acheter ou de
souscrire ces titres financiers ; 2 o un placement de titres financiers par des intermédiaires financiers ». Or, à suivre la
doctrine, l'offre au public consistant en « un appel direct ou indirect à la foule anonyme des souscripteurs ou simplement
à une catégorie de souscripteurs anonymes » (BASTIAN, note sous Crim. 11 févr. 1941, préc. supra, n o 21), elle suppose
nécessairement le recours à des procédés de publicité, de démarchage ou d'intermédiation bancaire. Les deux notions
se recoupent donc sans difficulté.

36. Cette précision apportée, l'énonciation des personnes autorisées à émettre des bons de caisse par offre au public
laisse apparaître la rigueur antérieurement relevée. L'article L. 223-1 du code monétaire et financier vise expressément
les commerçants personnes physiques, alors que les articles L. 223-2 et L. 223-3 du même code envisagent le cas des
sociétés commerciales, tout en réitérant la possibilité ouverte aux particuliers commerçants. Si la référence aux
commerçants personnes physiques ne soulève guère d'interrogations, la question est, en revanche, plus aiguë de savoir
si tous les groupements peuvent émettre des bons de caisse offerts au public. Car l'obstacle tiré de l'article 1841 du
code civil, qui interdit aux sociétés n'ayant pas été autorisées par la loi à faire publiquement appel à l'épargne, semble
insurmontable. Bien que partagée, la doctrine paraît relativement favorable à une appréciation bienveillante de la
situation. Même si l'interdiction de faire publiquement appel à l'épargne frappe les sociétés autres que les sociétés par
actions, il est également permis de concevoir, en sens contraire, que le législateur permette à tous les groupements de
faire appel public à l'épargne pour le placement d'une catégorie de titres seulement. Cette interprétation résulte
suffisamment, selon nous, des articles L. 223-1 à L. 223-3 du code monétaire et financier qui visent indifféremment les
commerçants personnes physiques et morales, mais sans distinguer selon la forme du groupement. Il n'y a donc pas lieu
de distinguer là où la loi ne distingue pas. En outre, cette appréciation se réclame du bon sens juridique le plus évident.
On ne comprendrait pas, en effet, qu'un simple commerçant personne physique puisse émettre des bons de caisse
offerts au public, alors que cette possibilité serait fermée aux sociétés autres que par actions. La sécurité juridique n'y
gagnerait pas en cohérence.

3 7 . En revanche, il paraît assuré que la réglementation relative aux bons de caisse ne s'applique pas aux
établissements de crédit, pas plus d'ailleurs qu'aux sociétés dont les emprunts sont soumis à un régime légal ou
réglementaire spécial ou bénéficiant de la garantie de l'État, des départements, des communes ou des établissements
publics. L'émission des bons de caisse offerts au public est suffisamment protégée par la garantie que confèrent ces
institutions publiques ; il n'est pas donc pas nécessaire de les soumettre à la réglementation.

38. Lorsque les bons sont offerts au public, leur émission doit respecter un certain nombre de conditions, qui s'ajoutent
aux précédentes et qui assurent une protection optimale de l'épargne publique. Ces conditions sont drastiques, l'article
L. 223-2 du code monétaire et financier en dressant la liste, non sans quelques maladresses. Elles se décomposent en
conditions de fond et en conditions de forme.

39. Au fond, les conditions requises sont finalement assez simples. D'une part, l'émission des bons de caisse offerts au
public n'est réservée qu'aux seules personnes physiques ou morales ayant la qualité de commerçant. D'autre part,
l'émetteur doit être en mesure de présenter le bilan approuvé de son troisième exercice, afin d'être autorisé à émettre
des bons de caisse offerts au public. Ce n'est là que la garantie classique d'une protection efficace du public, mais dont
on doit remarquer qu'elle est plus rigoureuse qu'en matière d'emprunts obligataires. Enfin, les bons de caisse ne
peuvent être souscrits à plus de cinq ans d'échéance, ni à moins de deux ans.

40. Sur la forme, les conditions imposées par la réglementation proposent d'assurer une transparence paradoxale dans
un domaine où l'anonymat domine. En effet, les conditions de forme posées par l'article L. 223-2 du code monétaire et
financier paraissent, une fois encore, rigoureuses. L'intérêt est d'informer au plus juste le souscripteur et les porteurs
successifs des bons, à la fois quant à la situation financière de l'émetteur et quant à sa situation juridique (une
éventuelle faillite, par exemple). C'est ainsi qu'une liste - non exhaustive - nous est proposée afin d'en mieux cerner les
contours. Aux termes de l'article L. 223-2 du code monétaire et financier, « les titres remis au prêteur mentionnent, outre
le nom du greffe du tribunal de commerce où l'émetteur est immatriculé, son numéro d'identification au registre du
commerce et des sociétés, les noms, prénoms et adresse de l'émetteur, l'objet de son commerce, le lieu où il l'exploite et
l'enseigne de l'établissement et, s'il s'agit d'une société, la forme, la dénomination, le capital et le lieu du siège social de
la société émettrice ». Le même article ajoute que « les titres reproduisent […] le dernier bilan de l'émetteur, certifié
sincère par ce dernier ». On notera au passage la maladresse qui consiste à viser « le nom » du greffe du tribunal de
commerce… Cependant, l'essentiel est ailleurs. La liste n'étant pas exhaustive, il ne fait aucun doute que l'émetteur doit
signer les bons de caisse émis. En tant qu'écrit commercial, l'article L. 110-3 du code de commerce n'exige pas la
formalité du « bon pour » (pour une reconnaissance de dette : Civ. 1 re, 2 mai 2001, n o 97-19.536 , D. 2001. AJ 1951,
obs. Lienhard ; RTD com. 2001. 865, obs. Saintourens ).

41. La sanction des conditions d'émission relatives aux bons de caisse offerts au public est lourde. Elle est à la fois civile
et pénale. Sur le plan civil, la sanction tient en la nullité car, les règles étant impératives - la protection de l'épargne
publique est à ce prix -, leur violation affecte nécessairement la validité des bons de caisse. Sur le plan pénal, les
infractions aux articles L. 223-1 et suivants du code monétaire et financier sont constitutives d'un délit puni, aux termes
de l'article L. 232-2 de ce code, d'une amende de 3 750 € et un emprisonnement d'une durée de deux ans est encouru
en cas de récidive dans le délai de cinq ans. L'article L. 232-1 du code monétaire et financier réserve en outre la
possibilité de condamner le fait, pour l'émetteur, de reproduire un bilan inexact et faussement certifié sincère.

§ 3 - Sécurité des conditions de circulation des bons de caisse

42. Par principe, et sans que cela soulève de grandes difficultés, les bons de caisse circulent selon les modalités propres
à leurs caractéristiques. Si les bons sont au porteur, ils circulent par tradition, c'est-à-dire par la remise matérielle du titre
de la main à la main. S'ils sont émis à ordre, les bons de caisse circulent par voie d'endossement, c'est-à-dire au moyen
d'une signature apposée au dos du titre, par laquelle le cédant donne l'ordre au débiteur de payer au cessionnaire le
montant du bon. Toutefois, depuis la loi n o 86-824 du 11 juillet 1986 (D. 1986. 399), la circulation des bons de caisse est
facilitée puisque ses dispositions prévoient que « les transactions relatives aux bons qui offrent possibilité au porteur de
demeurer anonyme peuvent être effectuées par tout moyen de paiement ». Désormais les établissements de crédit
pourront acquérir des bons de caisse en les payant en espèces, ce qui, corrélativement, autorisera les porteurs de bons
de caisse à les mobiliser rapidement auprès de l'établissement concerné sans dévoiler leur identité.

43. Les bons de caisse « nominatifs » obéissent classiquement aux règles de transmission, de paiement, de prescription
et, plus généralement, de circulation des créances civiles à personne dénommée ; il faudra donc, en particulier, observer
pour leur cession les dispositions prévues par les articles 1690 et suivants du code civil.

44. Quelle que soit la forme sous laquelle les bons de caisse pourraient être émis, ils présentent chaque fois un intérêt
qui en renforce l'utilisation. Les conditions dans lesquelles ils vont alors circuler sont largement sécurisées car les
opérations juridiques, auxquelles ils donnent prises, nécessitent cet encadrement.

4 5 . Il est d'abord intéressant de remarquer que les bons de caisse peuvent être utilisés comme instruments de
libéralités. La jurisprudence n'hésite pas, en effet, à considérer que les bons de caisse, seraient-ils émis au porteur,
peuvent parfaitement faire l'objet d'un don manuel, la tradition autorisant sans difficulté cette modalité en raison de leur
caractère corporel (Agen, 27 janv. 1993, Juris-Data n o 040985). En effet, les titres au porteur peuvent faire l'objet d'un
don manuel car, de la circonstance qu'ils sont désormais dématérialisés, il résulte qu'inscrits en compte ils se
transmettent par virement de compte à compte (Com. 19 mai 1998, n o 96-16.252 , D. 1998. 551, note R. Martin ;
JCP 1999. I. 118, n o 8, obs. Viandier et Caussain ; RTD civ. 1999. 677, obs. Patarin ). Cependant, même attractive,
cette possibilité ouvre la voie à un contentieux relativement fourni, qui centre ses difficultés autour de l'équivoque de la
possession du porteur. En raison des enjeux financiers qui s'attachent au contexte, le porteur des bons de caisse doit
bien souvent établir la preuve de l'intention libérale. Et la jurisprudence adopte ici une attitude très stricte. Si elle a pu
considérer, un temps, que le possesseur qui prétend avoir reçu une chose en don manuel, par exemple des bons de
caisse, bénéficie d'une présomption et qu'il appartient donc au revendiquant de rapporter la preuve de l'absence d'un tel
don ou de l'équivoque de sa possession (Civ. 1 re, 19 oct. 1983, Bull. civ. I, n o 241. - Civ. 1 re, 30 mars 1999, n o 97-11.838
, JCP 2000. II. 10274, note Cagnoli), elle semble bien adopter la position inverse aujourd'hui. Elle a ainsi pu décider
qu'un « concubin ayant laissé entre les mains de sa compagne des bons de caisse d'épargne souscrits par lui seul, il
convient d'ordonner la restitution de ces bons aux héritiers du défunt en l'absence de preuve de l'existence du don
manuel en faveur de la concubine. Le défunt n'avait rédigé en sa faveur aucun document ni déclaré à quiconque qu'il
voulait lui faire don des bons, un tel don allégué restait du domaine de la conjecture » (Riom, 18 sept. 1991, Juris-Data
n o 051712. - Agen, 6 mai 1993, et Paris, 21 mai 1993, Dr. sociétés 1993. Comm. 215, obs. Hovasse). La sécurité qui
accompagne la donation de bons de caisse est parfois même excessive car, la plupart du temps, la jurisprudence
considère que la preuve de l'intention libérale ne peut pas même s'induire de libéralités antérieures, en l'absence d'un
témoignage précis sur les circonstances exactes de la remise des bons de caisse (Montpellier, 19 août 1992, Juris-Data
n o 034600).

46. Les bons de caisse peuvent également être mis en gage. La réforme des sûretés issue de l'ordonnance n o 2006-346
du 23 mars 2006 (D. 2006. 1311) est toutefois en mesure de modifier cette perspective, le gage étant désormais
exclusivement réservé aux biens meubles corporels (V. Gage com m ercial). Or, sauf à ce que les bons de caisse soient
émis au porteur, les bons à ordre ne pourront plus faire l'objet d'un gage mais uniquement d'un nantissement, cette
forme de sûreté étant désormais réservée aux meubles incorporels. Cependant, sur le fond, les choses devraient rester
en l'état. En effet, antérieurement à la réforme des sûretés, la jurisprudence faisait déjà le départ entre les bons de
caisse au porteur ou à ordre.

47. Quand les bons de caisse sont émis à ordre, le nantissement est établi à l'égard des tiers par l'endossement des
bons à titre de garantie. En revanche, lorsque les bons de caisse sont émis au porteur, leur gage, en tant que meubles
corporels, est soumis au formalisme du nouvel article 2336 du code civil issu de l'ordonnance n o 2006-346 du 23 mars
2006 (D. 2006. 1311), dès lors qu'il est réalisé par une personne civile en garantie d'une créance civile. C'est dire qu'il y a
nécessairement établissement d'un acte authentique ou sous seing privé. En effet, l'ordonnance précitée affirme le
caractère solennel du gage. La règle est posée au nouvel article 2336 du code civil : « Le gage est parfait par
l'établissement d'un écrit ». L'ancien article L. 521-1 du code de commerce est en revanche maintenu. Il renvoie aux
dispositions relatives à la preuve en ce qui concerne la constitution du gage commercial. En revanche, contrairement aux
anciennes dispositions de l'article 2074 du code civil, l'abandon par l'ordonnance de 2006 précitée du caractère réel du
gage fait que la dépossession, comme l'inscription, devient une simple formalité de publicité, ainsi que le souligne
l'article 2037 du code civil. C'est une règle d'opposabilité du droit créée par la sûreté aux tiers. Ce formalisme est
cependant écarté lorsque le gage est constitué soit par un commerçant, soit par une personne non-commerçante pour
un acte de commerce (C. com., art. L. 521-1, al. 1 er), c'est-à-dire quand il présente un caractère commercial (Com.
25 févr. 1975, JCP 1975. II. 18133 bis, note Bost et Stemmer. - Com. 20 juin 1984, Bull. civ. IV, n o 204). Dans cette
hypothèse, la plus fréquente, avant l'ordonnance n o 2006-346 du 23 mars 2006 de réforme des sûretés l'exécution du
gage était simplifiée puisque le créancier gagiste pouvait recouvrer directement le montant du gage auprès de l'émetteur
lors de la survenance du terme, sans être dans l'obligation de suivre au préalable les procédures de l'article 2078,
alinéa 1 er, du code civil et de l'article L. 521-1, alinéa 1 er, du code de commerce (Com. 26 févr. 1971, Bull. civ. IV, n o 24.
- Com. 31 oct. 2006, n o 05-15.868 , Bull. civ. IV, n o 212 ; D. 2006. AJ 3052, obs. Delpech ; RJDA 2007, n o 290).
Depuis l'entrée en vigueur de l'ordonnance du 23 mars 2006, le nouvel article 2348 du code civil, qui rompt avec l'ancien
article 2078 du même code, admet sans réserve le pacte commissoire pour la réalisation du gage. La simplicité dans la
réalisation du gage devient donc le principe, et non plus l'exception. Il faut toutefois remarquer que les choses se
présentent parfois sous un jour plus compliqué. Il existe en effet quelquefois des difficultés pour déterminer précisément
quelle est la créance garantie. Les juges du fond la distinguent souverainement en fonction des preuves apportées
(Versailles, 10 oct. 1986, Juris-Data n o 047854. - Paris, 10 avr. 1994, Juris-Data n o 022884).

48. La jurisprudence, bien avant l'ordonnance de réforme des sûretés de 2006, s'était prononcée sur un nantissement
de bons de caisse (depuis : Com. 31 oct. 2006, n o 05-15.868 , Bull. civ. IV, n o 212 ; D. 2006. AJ 3052, obs. Delpech
; RJDA 2007, n o 290). Elle avait ainsi considéré qu'est « légalement justifié l'arrêt qui condamne une banque à restituer
la valeur nominale d'un bon de caisse constitué en nantissement pour garantir les dettes d'une société mise en
liquidation judiciaire, dès lors qu'il relève que les parties ont stipulé que la banque encaisserait, pour le compte du client,
tous les produits à provenir du bon ainsi que les sommes versées en remboursement du capital et, s'il y a lieu, imputerait
ces encaissements sur sa créance, ce dont il résulte que l'imputation n'était possible que si la créance de la banque était
exigible lors de l'échéance du bon et constate que l'échéance du bon était antérieure à l'exigibilité de la créance de la
banque » (Com. 15 oct. 1991, n o 90-10.530 , Bull. civ. IV, n o 293 ; D. 1991. IR 258 ; RJDA 1991, n o 1054). Le
créancier nanti ne peut donc se prévaloir des dispositions de l'article 2081 du code civil et, si les bons de caisse
produisent des intérêts, il ne pourra pas les percevoir. Mais la règle n'est pas d'ordre public et le constituant du
nantissement pourrait parfaitement, par délégation ou mandat, autoriser le nanti à percevoir les intérêts. Toutefois, s'ils
sont échus avant les intérêts ou le capital de la dette garantie, le nanti peut les conserver pour procéder à une
imputation alors impossible, sauf si les parties sont en compte courant.

49. Plus rare est la situation dans laquelle l'épouse nantit au profit d'une banque des bons de caisse constituant des
biens communs en garantie des engagements de la société appartenant à son mari. Les règles sont-elles les mêmes
dans cette hypothèse ? Au visa de l'article 1415 du code civil, la Cour de cassation a censuré les juges du fond pour ne
pas avoir relevé une approbation par les époux de leurs engagements réciproques de cautionnement personnel
souscrits par actes séparés en garantie d'une même dette et pour ne pas avoir recherché si les dispositions de
l'article 1415 du code civil étaient applicables au nantissement donné par l'épouse (Civ. 1 re, 8 mars 2005, n o 01-12.734
, RJPF 2005. 7-8/37, obs. Vauvillé). L'enseignement général qui peut être tiré de cet arrêt, et qui est donc applicable au
nantissement de bons de caisse, est que lorsque deux époux s'engagent séparément, chacun de leur côté mais pour
garantir une même dette, la communauté ne se trouve pas engagée et l'article 1415 du code civil n'a plus lieu de
s'appliquer. Seule l'épouse sera donc tenue du nantissement des bons de caisse, ce qui est difficilement acceptable pour
le banquier.

50. La circulation des bons de caisse pose également quelques difficultés, d'apparition récente, dès lors que survient
une procédure collective. Deux questions permettent de remettre en cause, au moins sur ce terrain, la sécurité qui
entoure la circulation des bons de caisse.

51. Qu'advient-il, tout d'abord, des bons de caisse légitimement retenus à titre de gage par un créancier, dès lors que
survient le redressement judiciaire de son débiteur ? Une affaire récente nous éclaire. Dans le cadre d'un redressement
judiciaire, une banque détentrice d'un bon de caisse remis en gage a sollicité du juge-commissaire l'autorisation de le
céder. Le juge-commissaire autorise la vente et la cour d'appel saisie d'un recours de la banque, diligenté sur un autre
point de droit, déclare l'appel irrecevable, au motif que le juge-commissaire avait agi dans le cadre de ses fonctions. Un
pourvoi fut formé car seul est autorisé le paiement d'une créance antérieure au jugement en vue du retrait du gage,
quand ce retrait est justifié par la poursuite d'activité. Ces conditions faisant défaut, le juge a censuré l'arrêt d'appel au
motif que le juge-commissaire, qui n'avait pas autorisé le retrait du gage, avait méconnu l'étendue de ses pouvoirs (Com.
11 mai 1999, n o 96-11.280 , RTD com. 2000. 166, obs. Bouloc ; RD banc. fin. 2000. Comm. 22, obs. Lucas). La leçon
est claire : en présence d'un droit de rétention, le juge-commissaire n'a pas le pouvoir d'autoriser l'administrateur
judiciaire à vendre un bon de caisse détenu à titre de gage par le créancier. La Cour de cassation rappelle la puissance
de cette garantie, qui tire sa force d'une situation de fait.

52. Par ailleurs, dans la droite ligne du droit de rétention susvisé, il est de plus en plus fréquent de se trouver confronté
aux difficultés nées de la revendication de bons de caisse dans la procédure collective ouverte contre une banque. Les
faits sont simples et donnent à réfléchir sur ce terrain délicat. Le client d'une banque souscrit deux bons de caisse
anonymes au porteur et il les nantit au profit de la banque en garantie d'un crédit. La banque conserve les bons de
caisse. Elle est placée en redressement judiciaire et le souscripteur ayant cédé les bons à un tiers, le cessionnaire
procède à la déclaration des créances dans la procédure ouverte contre la banque. Alors que le juge-commissaire admet
cette créance, la cour d'appel de Paris infirme son ordonnance au motif que la créance ne saurait être admise, faute pour
le cessionnaire et le souscripteur d'en établir l'existence (Paris, 26 juin 1998, Rev. proc. coll. 2001, n o 1, p. 21 ; RD
bancaire et bourse 1999. Comm. 81, obs. Lucas). La solution peut sembler logique de prime abord. Le souscripteur
comme le cessionnaire n'ont en leur possession que des reçus anonymes, insuffisants pour établir l'existence des bons.
Les reçus anonymes ne confèrent, en eux-mêmes, aucun droit au remboursement. Dès lors, le juge retient logiquement,
préservant une stricte sécurité juridique, que le titulaire des bons de caisse devait ainsi faire établir son droit de
propriété sur les bons litigieux en effectuant une action en revendication. Cette décision soulève deux difficultés, sur
lesquelles il convient de revenir.

53. D'une part, il convient de s'interroger sur la question de savoir qui avait la qualité de créancier de la banque : le
souscripteur ou le cessionnaire des bons de caisse ? Les bons étant émis au porteur, et non à ordre, toute la
problématique, qui rejoint directement le problème de la circulation des bons de caisse, tourne autour de l'idée de
tradition des bons. Autrement dit, la créance née à l'occasion de l'émission de bons de caisse au porteur peut-elle être
cédée sans qu'il y ait tradition des bons au porteur, opération indispensable dès lors que ceux-ci ont été remis en
nantissement à un créancier ? Dans l'espèce rapportée, les bons ont été nantis au profit de la banque, de sorte qu'ils
n'étaient plus librement négociables. En effet, le titre-papier était nécessairement remis à la banque, dans le cadre du
nantissement, et il n'était donc plus question de le céder par tradition tant que la garantie demeurait. Pour autant, les
bons de caisse n'étaient pas, a priori, incessibles ; simplement, devaient-ils emprunter la voie des dispositions de
l'article 1690 du code civil, c'est-à-dire le chemin du droit commun de la cession de créance. La cession des bons nantis,
permise, n'aurait alors été opposable à la banque qu'en faisant l'objet d'une signification. Toutefois, cette analyse mérite
d'être rejetée car elle méconnaît la singularité de la matière. Comme le souligne un auteur (LUCAS, note préc.), en
matière de bons de caisse au porteur, titres non dématérialisés, la tradition du titre-papier n'est pas « l'un des moyens
de faire circuler le droit de créance ; il constitue le moyen unique ». C'est dire que la sécurité du mécanisme de la
tradition ne supporte aucune exception. Tout repose, en effet, sur cette transmission effective du titre-papier. De ce
point de vue, la jurisprudence assure une sécurité juridique bienvenue dans la circulation des bons de caisse.

5 4 . D'autre part, il est intéressant d'examiner les conditions dans lesquelles la créance du souscripteur pouvait être
admise. En l'espèce, le propriétaire des bons de caisse nantis n'a pas exercé l'action en revendication dans les trois
mois, de sorte que la banque en est devenue propriétaire. La solution est logique, car, incapable de présenter les titres
au porteur puisqu'il en est dépossédé, le souscripteur ne peut établir sa qualité de créancier. La question qui se pose
alors légitimement est celle de savoir s'il ne faut pas considérer que « ne peut se présenter comme créancier de
l'émetteur du bon que celui qui est propriétaire de l'instrumentum ». La propriété du titre-papier permettrait alors
d'établir de façon certaine la qualité de créancier, à l'exclusion de tout autre mode de preuve. C'est la position qui
recueille l'assentiment de la jurisprudence. Si l'on doit se féliciter de la sécurité juridique qu'apporte cette solution, on
peut également la juger excessive. Elle procède largement d'un artifice, qui consiste à prétendre acquise, tel un postulat,
l'incorporation du droit dans le titre, qui commande que le droit de créance soit lié à l'instrumentum qui le constate. Or,
rien n'est moins sûr. Si l' instrumentum constitue le véhicule du droit, par la tradition, il n'incorpore pas le droit lui-même.
Cette affirmation est largement démontrée par le régime de la perte ou du vol des bons de caisse au porteur puisque,
alors, le titulaire des bons de caisse pourra tout de même établir sa qualité de créancier. C'est donc bien que la
revendication n'est pas l'unique moyen pour établir la qualité de créancier du souscripteur.

55. Dans le prolongement de cet arrêt, il est alors intéressant d'aborder la circulation des bons de caisse en cas de
perte ou de vol des titres. La distinction des bons émis à ordre ou au porteur retrouve ici son empire. Si les bons de
caisse sont émis à ordre, ils ont la nature de billets à ordre et leur sort est réglé par l'article L. 511-11, alinéa 2, du code
de commerce selon lequel « si une personne a été dépossédée du titre par quelque événement que ce soit, le porteur
justifiant de son droit n'est tenu de se dessaisir de la lettre que s'il l'a acquise de mauvaise foi ou si, en l'acquérant, il a
commis une faute lourde » (V. Lettre de change). Si les bons sont émis au porteur, la situation est plus délicate. Alors
que la jurisprudence s'était montrée longtemps hésitante sur la marche à suivre (par exemple : Civ. 1 re, 2 mai 1990,
n o 97-18.489, Juris-Data n o 001239. - Montpellier, 15 juin 1896, Gaz. Pal. 1896. 2. 192. - Colmar, 20 févr. 1992, Juris-
Data n o 043522), le pouvoir réglementaire est intervenu, qui fixe des solutions mieux assurées. L'article 1 er modifié du
décret n o 56-27 du 11 janvier 1956 relatif à la procédure à suivre en cas de dépossession de titres au porteur ou de
coupons écarte les bons de caisse au porteur de l'action en revendication, réservée aux seuls titres de valeurs
mobilières non dématérialisés négociables sur un marché réglementé français. C'est ainsi que le détenteur de bons de
caisse, contre lequel est diligenté une action en revendication par leur propriétaire légitime, n'est pas admis à invoquer
la compensation avec une créance dont il se prétendrait titulaire à l'égard du demandeur (Civ. 1 re, 24 févr. 1993, n o 89-
20.865 , D. 1994. Somm. 19, obs. Lasserre-Jeannin ; Dr. sociétés 1993. 129, comm. Hovasse).

§ 4 - Sécurité du paiement des bons de caisse

56. La distinction entre bons de caisse à ordre et bons de caisse au porteur reste, sur ce terrain du paiement, très
marquée. Car, si le paiement des premiers obéit à la réglementation propre au billet à ordre, en revanche, le paiement
des seconds ne fait l'objet d'aucune disposition législative. Sans qu'il soit possible de les attraire dans le régime des
effets de commerce, puisque par hypothèse ils n'en remplissent pas les conditions de forme, les règles d'interprétation
puisées dans la théorie générale du droit imposent de s'en remettre au droit commun. Le paiement des bons de caisse
au porteur entre alors pleinement dans le champ des dispositions générales du droit civil et du droit des affaires. Il reste
que, globalement, le paiement des bons de caisse est entouré, une fois n'est pas coutume, d'une sécurité importante,
qu'il s'agisse de déterminer les personnes parties au paiement, les modalités du paiement ou encore les conditions de
prescription du paiement.

A. - Sécurité dans la détermination des parties au paiement des bons de caisse

57. Par principe, le remboursement des bons de caisse s'effectue en numéraire par le solvens, c'est-à-dire par celui qui
les a émis. Sa détermination ne pose, le plus souvent, aucune difficulté, notamment lorsque l'émission, comme cela est
très fréquent, émane d'un établissement de crédit. Mais le problème peut cependant se présenter sous un jour plus
complexe. Il arrive en effet qu'un préposé de l'établissement de crédit fasse souscrire à un client des bons de caisse,
mais en détourne le produit. Émis en fraude des droits de la banque, le préposé engage sa responsabilité et
l'établissement de crédit n'est pas, en principe, tenu de rembourser les faux bons de caisse ou les bons de caisse
dépourvus de cause (Paris, 25 sept. 1986, Juris-Data n o 025689). Cependant la deuxième chambre civile de la Cour de
cassation a pu juger qu'un porteur de bons de caisse anonyme pouvait pratiquer une saisie-attribution au préjudice de
la banque émettrice des bons, cette dernière en refusant le paiement, dès lors que ceux-ci sont fondés sur une cause
licite (Civ. 2 e, 16 mai 1990, n o 88-10.987 , RD bancaire et bourse 1990. Comm. 229, obs. Crédot et Gérard).
5 8 . Ce principe, protecteur des intérêts des établissements de crédit, ne résout pas la question de savoir sur quel
fondement sont responsables les préposés. Par référence au droit commun, les bons au porteur n'obéissant à aucune
disposition légale spécifique, l'article 1384, alinéa 5, du code civil peut servir de fondement à leur responsabilité. C'est
ainsi que le juge recherche, classiquement, si le préposé a agi dans l'exercice de ses fonctions et si la victime a pu être
trompée par ce dernier, en fonction de l'apparence d'action dans le cadre de ses attributions qu'il a pu donner aux
clients. La jurisprudence est ici relativement sécurisante. Elle écarte, au gré des espèces, la responsabilité de la banque
quand le bon de caisse remis au client était un spécimen et comportait des irrégularités décelables par un novice (Paris,
25 sept. 1986, préc.) ou quand les bons, remis par l'employé à son oncle, l'ont été en échange de sommes versées au
compte chèques personnel du préposé (Civ. 2 e, 21 oct. 1987, Juris-Data n o 001530. - Civ. 2 e, 7 nov. 1990, n o 89-17.089
, JCP 1991. IV. 5). En revanche, logiquement, la responsabilité de l'établissement de crédit est engagée lorsqu'il ne
prête pas suffisamment attention aux manoeuvres de son préposé, qui émet des bons de caisse sur le papier à en-tête
de la banque (Lyon, 20 mars 1992, Juris-Data n o 041428) ou quand les fonds détournés ont été remis en vue de l'achat
de bons de caisse, dès lors qu'il entrait dans les fonctions du préposé de proposer des placements financiers,
notamment par le truchement de bons de caisse anonymes (Civ. 2 e, 19 janv. 1994, n o 92-12.650 , JCP 1994. IV. 101.
- Paris, 7 avr. 1993, Juris-Data n o 021007).

59. La détermination de l'accipiens repose également sur le droit commun. Aux termes de l'article 1240 du code civil, « le
paiement fait de bonne foi à celui qui est en possession de la créance est valable, encore que le possesseur en soit par
la suite évincé ». L'émetteur se libère ainsi en cas de remboursement des bons de caisse à leur porteur. Mais là encore,
la jurisprudence est sécurisante car elle subordonne cette libération au respect d'une double condition relativement
stricte.

60. D'une part, elle entend assez classiquement le possesseur de la créance, qui tient à celui qui détient le titre au
porteur en qualité de propriétaire. La réalité est cependant, là encore, plus complexe. La réglementation des bons de
caisse repose essentiellement sur l'anonymat qui les entoure. Or, les porteurs de bons anonymes les déposent à la
banque, qui leur remet un reçu, lui-même anonyme, appelé certificat de dépôt ou certificat de retrait et qui génère un
contentieux important. C'est, en effet, sur cette base que la banque opère le paiement des bons de caisse. Mais le litige
apparaît lorsque les bons sont payés à une autre personne que le titulaire du certificat de dépôt. C'est ainsi que la
jurisprudence condamne fréquemment l'établissement de crédit à payer deux fois les bons - à la personne qui se
présente indûment puis au titulaire du certificat de retrait - aux motifs que ce certificat prouvait et le dépôt des bons de
caisse et leur propriété (Bordeaux, 21 oct. 1981, D. 1981. IR 247, obs. Vasseur. - Paris, 20 sept. 1985, D. 1985. IR 330,
obs. Vasseur). Cette approche prétorienne n'est guère sécurisante car elle se fonde sur un rapport qui n'est pas
fondamentalement logique : celui qui est en possession de la créance est celui qui détient le certificat de dépôt. C'est
pourquoi il faut se féliciter de la censure apportée par la Cour de cassation, pour laquelle « la production du certificat de
retrait qui ne constitue qu'un reçu du dépôt qu'il constate, ne confère en elle-même aucun droit à paiement » (Com.
5 mai 1987, D. 1987. IR 213, obs. Vasseur. - Com. 18 déc. 1990, n o 89-12.562 , JCP N 1991. II. 237. - Com. 16 juill.
1991, n o 90-14.354 , RJDA 1991, n o 943). En effet, la qualité de déposant et celle de propriétaire de la créance
peuvent ne pas se recouvrir exactement. Il est parfaitement concevable que, par le biais d'un vol ou d'une remise
volontaire, la chose d'autrui ait été déposée par un autre que son propriétaire. Il est alors particulièrement sécurisant de
considérer que le certificat de dépôt ne représente pas nécessairement la chose déposée. La Cour de cassation et les
juges du fond réitèrent constamment cette affirmation, en précisant que « le certificat de dépôt n'est pas le bon de
caisse lui-même et ne confère nullement un droit à paiement du bon de caisse » (Com. 2 oct. 2001, n o 1629, RJDA 2002,
n o 191. - Montpellier, 20 févr. 2001, Juris-Data n o 151212). Le reçu ne peut donc en aucun cas se substituer au titre
remboursable.

61. D'autre part, la jurisprudence exige que le paiement fait à l'accipiens soit effectué de bonne foi pour être libératoire.
La jurisprudence est stricte. Le solvens doit avoir payé dans l'ignorance que le possesseur des bons au porteur n'était
pas le véritable propriétaire et l'émetteur, de son côté, doit s'être assuré au préalable de la légitimité de la propriété du
porteur (Civ. 2 e, 16 mai 1990, n o 88-10.987 , JCP 1990. IV. 271). C'est donc au propriétaire des bons de caisse au
porteur de rapporter la preuve de la mauvaise foi de l'émetteur, notamment en formant opposition au paiement.
Cependant, dans l'hypothèse où les bons de caisse auraient été perdus ou volés, la jurisprudence ménage une
possibilité pour leur porteur d'apporter la preuve de sa qualité de propriétaire autrement qu'en produisant les bons eux-
mêmes. En se fondant sur les principes de la liberté de la preuve en matière commerciale, elle tolère que le porteur
rapporte la preuve de sa qualité de titulaire par tous moyens à l'égard de l'émetteur. Il lui faut alors interrompre la
prescription dans les termes de l'article 2244 du code civil, c'est-à-dire par citation en justice, même en référé, par
commandement ou par saisie, signifiés à celui qu'il souhaite empêcher de prescrire (Com. 15 juin 1993, n o 91-16.951 ,
Dr. sociétés 1993. Comm. 215, obs. Hovasse).

B. - Sécurité quant aux modalités du paiement des bons de caisse

6 2 . Les bons de caisse sont normalement remboursables en numéraire. Cette modalité permet ainsi de préserver
l'anonymat du porteur, qui doit être dispensé de révéler son identité. La loi est souple, qui favorise le paiement des bons
de caisse anonymes par tous moyens. Dès lors, par principe, le paiement des bons de caisse au porteur est libre, qu'il
s'agisse du règlement du principal ou des intérêts.

6 3 . Il est cependant permis d'inclure une clause dans le contrat d'émission, qui ouvre la possibilité d'un paiement
anticipé : l'évidente limite à cette possibilité tient toutefois à l'interdiction d'émettre des bons à moins de deux ans pour
les sociétés qui n'ont pas le statut d'établissement de crédit. Les bons peuvent également être remboursés par voie
d'échange.

64. La preuve du paiement diffère largement, une fois encore, selon que le bon est émis au porteur ou à ordre. Si le bon
est assorti d'une clause à ordre, les principes classiques s'appliquent sans difficulté : le remboursement se fera au
porteur légitime. Si le bon est stipulé au porteur, il aura été déposé auprès d'une banque qui aura remis au déposant un
reçu de retrait. Quoi qu'il en soit, la preuve du paiement est assurée par la remise des bons de caisse à l'émetteur. Ce
n'est là qu'application de l'article 1282 du code civil aux termes duquel « la remise volontaire du titre original sous
signature privée, par le créancier au débiteur, fait preuve de la libération » (Com. 17 déc. 1991, n o 90-10.715 , Dr.
sociétés 1992. Comm. 67, obs. Hovasse). Mais, généralement, la jurisprudence reste très libérale, en admettant la
preuve par tous moyens du paiement effectué. L'application du principe de liberté de la preuve en droit des affaires,
illustré à l'article L. 110-3 du code de commerce, est rendue nécessaire par l'anonymat des bons de caisse. L'article 1341
du code civil est en effet d'utilisation délicate dans ce cadre, notamment lorsque l'exigence d'un écrit n'est pas de nature
à préserver l'anonymat. La jurisprudence l'a rappelé à maintes reprises, qui assure des solutions intelligentes préservant
l'anonymat tout en autorisant l'établissement de la preuve. Une banque a ainsi pu rapporter la preuve du paiement
d'intérêts de bons de caisse par la production de ses livres comptables, alors même que le créancier était une personne
civile, car « le caractère anonyme de l'opération bancaire litigieuse a pour effet que la banque n'avait pas le droit d'exiger
une décharge pour la remise des intérêts » (Lyon, 27 nov. 1980, D. 1981. IR 340, obs. Vasseur). Plus radicalement, les
juges du fond énoncent parfois qu'en « raison de l'anonymat du bon de caisse, les règles de preuve de l'article 1341 du
code civil doivent être écartées et la preuve testimoniale admise » (Paris, 11 mai 1988, Juris-Data n o 022726).

C. - Sécurité quant à la prescription du paiement des bons de caisse

65. La distinction entre bons de caisse à ordre et bons de caisse au porteur permet de faire le départ entre les règles
applicables. La prescription des actions en paiement des bons de caisse à ordre obéit aux mêmes principes que pour les
billets à ordre. Les actions contre l'émetteur se prescrivent ainsi par trois ans à compter de la date d'échéance (C. com.,
art. L. 511-78). Toutefois, la prescription de l'action cambiaire, en vertu de l'article L. 511-78 du code de commerce, laisse
subsister l'action en paiement fondée sur le rapport fondamental assimilable à un prêt d'argent (RIPERT et ROBLOT,
Traité de droit commercial, t. 2 : Contrats commerciaux. Effets de commerce. Banque. Bourse. Procédures collectives, par
DELEBECQUE et GERMAIN, 17 e éd., 2004, LGDJ, n o 2365). Concrètement, l'action en paiement n'est pas éteinte dès lors
que la prescription décennale résultant de l'article L. 110-4 du code de commerce n'est pas acquise (Paris, 6 janv. 1993,
Dr. sociétés 1993. Comm. 104, obs. Hovasse). La jurisprudence dégage ici une solution sécurisante, qui peut se réclamer
du bon sens. Quand le porteur est celui qui a prêté au souscripteur, la disparition du rapport cambiaire laisse découvrir le
rapport fondamental. En revanche, la solution est plus discutable lorsque les bons de caisse à ordre ont circulé car, dans
cette hypothèse, le dernier porteur ne saurait se prévaloir d'aucune créance, à l'égard du souscripteur, autre que celle
de nature cambiaire. Aussi, lorsqu'elle sera prescrite, le porteur sera dépourvu de toute action contre le souscripteur. La
jurisprudence a toutefois confirmé son approche, qui réitère que la prescription applicable à l'action en paiement de bons
de caisse est celle de droit commun prévue par l'article L. 110-4 du code de commerce, et non le délai spécifique aux
effets de commerce (Com. 21 mars 1995, n o 93-12.383 , RTD com. 1995. 826, n o 4, obs. Bouloc ; RTD com. 1995.
824, n o 4, obs. Cabrillac ). Cette solution a été récemment réaffirmée : les bons de caisse n'étant pas des valeurs
mobilières mais des titres exprimant une reconnaissance de dette de la banque qui a reçu les fonds dans le cadre de son
activité, le délai de prescription est le délai de droit commun prévu par l'article L. 110-4 du code de commerce (Com.
27 mars 2012, n o 11-15.316 , préc. supra, n o 9).

66. Si, par principe, la prescription applicable aux bons de caisse est donc la prescription décennale, la jurisprudence
admet cependant que les parties puissent réduire conventionnellement ce délai, tout en l'opposant au souscripteur
(Com. 13 févr. 1996, n o 94-13.159 , JCP E 1997. I. 635, n o 4, obs. Gavalda et Stoufflet). Sur le principe, la Cour de
cassation confirme cette possibilité de réduire le délai légal de la prescription (Com. 27 nov. 2005, n o 03-17.843, JCP E
2006. I. 1850, n o 3, obs. Stoufflet et Mathey), mais refuse toujours, en conformité avec la doctrine dominante,
d'envisager son allongement (TERRÉ, SIMLER et LEQUETTE, Droit civil. Les obligations, 11 e éd., 2013, coll. Précis, Dalloz,
n o 1489). L'opposabilité au souscripteur résulte du constat, d'une part, qu'il avait eu en sa possession les titres pendant
plus de trois mois et, d'autre part, que la prescription figurait sur le recto des bons de caisse de manière très apparente.
Il était donc évident que le souscripteur avait pu avoir connaissance de la clause réduisant la prescription.

6 7 . La prescription ne constitue pas, en principe, un obstacle à l'exercice d'une action en paiement si celle-ci a été
retardée ou rendue impossible par l'existence d'un cas de force majeure. C'est ainsi que ne constitue pas un cas de force
majeure le fait que le bon de caisse ait été bloqué par une instance pénale (Aix-en-Provence, 2 déc. 1992, Banque et
droit, avr. 1993. 37). Plus généralement, en rappelant le régime de l'opposition sur les bons de caisse au porteur, la
Cour de cassation, après avoir constaté que le porteur des bons litigieux les avait présentés au remboursement trois
ans après le délai décennal figurant au verso desdits bons, prévu à peine de prescription, a pu donner raison à une cour
d'appel qui en avait déduit que ce porteur, qui n'avait ni établi ni même allégué qu'il avait été dans l'impossibilité d'agir,
ne pouvait prétendre à un quelconque remboursement (Com. 14 déc. 2004, n o 01-13.302 , D. 2005. AJ 213, obs.
Lie nha rd ; RTD com. 2005. 391, obs. Cabrillac ; JCP E 2005. I. 1676, n o 5, obs. Stoufflet et Mathey). Si la Cour
confirme que le droit commun des obligations régit les bons de caisse, elle affirme dans le même temps que seule
l'impossibilité absolue d'agir établie par le porteur pouvait empêcher la prescription de courir.

68. S'agissant des bons de caisse au porteur, leur paiement se prescrit là encore par référence au droit commun. Le
principal se prescrit ainsi par dix ou par trente ans, selon que l'émetteur est une personne commerçante ou civile. Quant
aux intérêts, l'article 2277 du code civil recommande que leur soit appliquée une prescription quinquennale.
Art. 3 - Fiscalité contraignante des bons de caisse

6 9 . Il convient de distinguer selon que les bons sont émis par une banque ou par une entreprise autre qu'un
établissement de crédit.

§ 1 - Régime fiscal des bons de caisse émis par les banques

70. En ce qui concerne le régime des produits, il faut faire une distinction selon la personne du bénéficiaire : personne
physique non-commerçante, personne morale et organisme sans but lucratif.

7 1 . Le régime des produits, c'est-à-dire le régime fiscal des intérêts afférents aux bons de caisse, appliqué aux
particuliers obéit à une dichotomie simple. Il diffère selon que le prélèvement libératoire est ou non applicable et selon
que l'anonymat est préservé ou non.

72. Si le prélèvement n'est pas applicable, les produits payés (notamment les intérêts) seront soumis à l'impôt sur le
revenu du particulier. Ils vont donner lieu à une retenue à la source qui ne peut être prise en charge par l'émetteur mais,
cependant, cette retenue ouvre droit au profit des bénéficiaires à un crédit d'impôt fixé à 10/90 du montant net des
produits payés.

73. Si le prélèvement est applicable, il tient alors lieu de retenue à la source et il s'applique à la totalité des produits
(intérêts et prime de remboursement) payés. Il est calculé sur leur montant brut. Dès lors, les produits échappent à
l'imposition sur le revenu. Schématiquement, le taux de prélèvement se décompose comme suit : si la date d'émission
est comprise entre le 1 er janvier 1990 et le 31 décembre 1994, le taux de base est de 35 % en l'absence d'anonymat et
de 60 % en cas contraire ; si la date d'émission est postérieure au 1 er janvier 1995, il est de 16 % en l'absence
d'anonymat et de 60 % en cas contraire. Il faut noter que le taux de 35 % reste acquis aux produits capitalisés sur un
plan d'épargne populaire dont la durée est inférieure à quatre ans. À ces bases s'ajoutent des prélèvements sociaux à
hauteur de 11 %.

7 4 . Il est fréquent que l'administration fiscale taxe d'office un contribuable dont le montant des sommes perçues
dépasse le montant des revenus par lui déclarés. Afin d'éviter ce désagrément, le contribuable peut établir que ses
disponibilités excédentaires ne proviennent pas de revenus dissimulés. Toutefois, le contribuable ne pourra invoquer un
autre motif, par exemple la cession d'un bon anonyme, que s'il a déclaré son identité et son domicile fiscal. Pour les bons
de caisse émis avant le 1 er janvier 1998, la déclaration d'identité et de domicile fiscal est effectuée au moment du
paiement des intérêts et, pour les bons émis postérieurement, l'option entre le régime de l'anonymat ou non doit être
réalisée dès la souscription du bon, dans un souci de transparence (L. de finances pour 1997 n o 96-1181 du 30 déc.
1996, D. 1997. 70, art. 97).

75. Pour les personnes morales, le régime est plus simple puisque les produits perçus sont en principe inclus dans le
bénéfice imposable et soumis à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun.

76. Pour les organismes sans but lucratif (associations, notamment), les produits perçus le sont à la source au taux de
10 %.

77. En ce qui concerne le régime des plus-values, la contrainte reste importante. La loi de finances pour 1992 précise
ainsi que la plus-value réalisée par une personne physique non-commerçante en raison de la cession de bons de caisse,
depuis le 1 er septembre 1992, est imposable, dès le premier euro, dans les conditions applicables à l'imposition des
intérêts afférents aux bons de caisse, soit l'assujettissement à l'impôt sur le revenu au barème progressif ou l'option
pour le prélèvement libératoire. Quant à la base imposable, le gain est ici constitué par la différence entre le prix effectif
de cession du bon net des frais acquittés par le cédant et le prix effectif d'acquisition. Quant aux pertes subies, elles
sont exclusivement imputables sur les produits et gains retirés de cessions de contrat dont les produits sont soumis au
même régime d'imposition au cours de la même année et des cinq années suivantes. Cette imputation se réalise sur les
produits et gains de cessions soumis à l'impôt sur le revenu et pour lesquels le paiement libératoire n'a pas été choisi.

78. Les obligations déclaratives sont également contraignantes. L'option pour le prélèvement libératoire, nous l'avons
vu, doit être réalisée au moment de la communication par le cédant du montant de la transaction à la personne désignée
pour pratiquer le prélèvement, et au plus tard le neuvième jour qui suit la date de cession. À défaut, le contribuable sera
placé sous le régime de droit commun. Dans ce cadre, il devra alors communiquer le montant des cessions effectuées aux
personnes soumises à la déclaration des revenus des valeurs mobilières prévue à l'article 242 ter du code général des
impôts. Il devra également mentionner sur la déclaration d'ensemble de ses revenus les gains de cession non soumis au
prélèvement libératoire.

79. Le s primes de remboursement afférentes aux bons de caisse sont imposables, soit à la date de remboursement, si
les bons de caisse ont été émis depuis le 1 er janvier 1993 et détenus par des personnes physiques non-commerçantes,
soit, s'il s'agit d'une personne morale commerçante, dans les conditions suivantes : si le contrat a été conclu avant le
1 er septembre 1992, l'imposition des intérêts payés d'avance est immédiate ; si le contrat a été conclu entre le
1 er septembre 1992 et le 31 décembre 1992, les primes de remboursement sont imposées soit au titre de chaque
exercice après répartition par annuité si la prime excède 10 % du prix d'acquisition, soit lors du remboursement ; si le
contrat a été conclu à compter du 1 er janvier 1993, les primes de remboursement sont imposables soit au titre de
chaque exercice selon une répartition actuarielle si la prime excède 10 % du prix d'acquisition, soit lors du
remboursement.
§ 2 - Régime fiscal des bons de caisse émis par des entreprises autres que les banques

80. Le régime des produits pour les particuliers non-commerçants est également soumis à la retenue à la source, au
taux de 10 % imputable sur l'impôt sur le revenu au barème progressif sous forme d'avoir fiscal, à condition que le
particulier soit résident. S'il est non-résident, les produits qu'il détient sont obligatoirement soumis au prélèvement
libératoire. Quant aux personnes morales, les produits perçus sont inclus dans le bénéfice imposable et soumis à l'impôt
sur les sociétés dans les conditions de droit commun. Les organismes sans but lucratif restent soumis à la perception à
la source au taux de 10 %. Aucun autre régime n'est ici concevable puisque les bons de caisse émis par les entreprises
ne peuvent pas être anonymes. Jusqu'à présent, les produits des obligations, titres participatifs et autres titres
d'emprunts négociables émis avant le 1 er janvier 1987 étaient, sauf exonération expresse, soumis à une retenue à la
source au taux de 15 %. Il en était de même des produits des bons de caisse des entreprises qui, au moment de leur
paiement, donnaient lieu à l'application d'une retenue à la source, quelle que soit leur date d'émission, au taux de 15 %.
Cette retenue à la source ne revêtait aucun caractère libératoire. Cependant, les bénéficiaires des revenus qui y étaient
soumis avaient droit, à ce titre, à un crédit d'impôt d'égal montant. Afin d'harmoniser le régime fiscal des produits des
obligations et titres assimilés émis avant le 1 er janvier 1987 et des produits des bons de caisse avec celui de l'ensemble
des autres revenus à taux fixe (L. fin. pour 2013, n o 2012-1509 du 29 déc. 2012, JO 30 déc., art. 9. - V. Les Nouvelles
fiscales n o 1104, p. 36), la retenue à la source est désormais supprimée. Attention cependant : la suppression de la
retenue à la source ne s'applique qu'aux produits perçus par des personnes physiques fiscalement domiciliées en
France. En conséquence, pour les non-résidents et les personnes morales, la retenue à la source est maintenue.

81. Le régime des plus-values obéit aux mêmes règles que pour les bons émis par les banques : les gains nets réalisés
par un particulier non-commerçant, depuis le 1 er septembre 1992, sont imposables dès le premier euro dans des
conditions identiques à celles applicables à l'imposition des produits : ils sont ainsi imposables au barème progressif de
l'impôt sur le revenu sans abattement dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers. Ils sont également soumis à
11 % de prélèvements sociaux et la CSG est déductible à hauteur de 5,8 % du revenu imposable. Le régime des primes
de remboursement est calqué sur celui des bons émis par les banques.

82. Il convient, pour terminer, de noter que, dans le cadre des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement des activités terroristes, les établissements de crédit ont le devoir de se renseigner sur l'identité de leurs
clients, notamment par le truchement d'un écrit probant. Si ces dispositions sont naturellement applicables aux bons au
porteur, il n'est pas évident que la jurisprudence suive le mouvement avec conscience. La Cour de cassation a ainsi pu
décider que l'émetteur d'un bon au porteur ne pouvait s'exonérer du remboursement, en l'absence d'opposition
régulière, que dans l'hypothèse d'un détournement de propriété du bon litigieux, la seule circonstance que le porteur
n'agit pas pour son compte et qu'il refuse de fournir les renseignements exigés par l'article L. 563-1 du code monétaire
et financier étant insuffisante pour caractériser un risque (Com. 21 janv. 2004, n o 01-10.928 , D. 2004. IR 609 ; Dr.
sociétés 2004. Comm. 88, obs. Bonneau). Plus généralement, les personnes physiques qui transfèrent vers un État
membre ou en provenance d'un État membre de l'Union européenne des bons de caisse anonymes pour un montant
supérieur ou égal à 10 000 € doivent les déclarer à la Banque de France. Un établissement de crédit qui ferait transiter
ces bons serait lui-même assujetti à ce devoir, à la demande de l'administration fiscale ou des douanes (C. mon. fin.,
art. L. 152-1 à L. 152-6).
Index alphabétique

Appel public à l'épargne 35

Association 26, 76

Avantages 2

Banque
blanchiment des capitaux 82
démarchage 21
émission de bons de caisse 2, 32
fiscalité 70 s.
préposé, souscription frauduleuse 57
procédure collective 52 s.
profession, exercice illégal 31
réglementation, exclusion 37
responsabilité 21, 58
V. Réception des fonds du public

Billet à ordre 11

Blanchiment des capitaux 82

Bon de caisse nominatif 3, 24


circulation 43
manoeuvres frauduleuses 58

Bon à ordre 11, 12


circulation 42
nantissement 47
paiement 56
perte ou vol 55
prescription 65
preuve 64

Bon au porteur 12, 13


circulation 42
don manuel 45
nantissement 47
paiement 56
perte ou vol 55
prescription 65
preuve 64
revendication 53

Bon de trésorerie 8

Certificat de dépôt 60

Cession de créance 3, 43

Circulation 7, 42 s.

Commerçant 36

Définition 1

Dépôt irrégulier 13

Droit de rétention 51

Durée 30 s.

Effet de commerce
prescription 65
qualification, rejet 11 s.

Émission 9, 25 s.
bons de caisse offerts au public 35 s.
conditions de fond 39
conditions de forme 40
durée 30 s.
personnes éligibles 26 s.
sanctions 41

Endossement 42

Fiscalité 10, 68 s.
bons émis par les banques 70 s.
bons émis par les entreprises autres que les banques 80 s.

Force majeure 67

Gage 14, 46

Groupement d'intérêt économique 26

Inopposabilité des exceptions 14

Instrument financier
concurrence 3
offre au public 35

Intérêts
nantissement 48
prescription 68
stipulation 12, 13
taux 33

Lettre de change 14
Libéralité 45

Montant 9

Nantissement 46 s.
bien commun 49
créance garantie, détermination 47
formalisme 47
intérêts, perception 48
redressement judiciaire 51

Nature juridique 5 s.

Négociabilité 23

Négociation
marché boursier 9

Obligations
distinction 7 s.
émission, sanctions pénales 28
nominatives, SARL 10, 24, 27

Offre au public 18, 20, 35 s.


appel public à l'épargne, distinction 35

Paiement 56 s.
anticipé 63
modalités 62 s.
parties 57 s.
preuve 64
V. Prescription

Perte 55
paiement 61

Plus-value
bons émis par les banques 77 s.
bons émis par les entreprises autres que les banques 81

Prélèvement libératoire 73, 80

Prescription 65 s.
délai, réduction conventionnelle 66
force majeure 67
intérêts 68
principe 65

Prêt d'argent 3

Prime de remboursement (fiscalité)


bons émis par les banques 79

Procédure collective 50 s.

Produits (fiscalité)
bons émis par les banques 70 s.
bons émis par les entreprises autres que les banques 80

Réception des fonds du public


établissements de crédit 32
prohibition 30
sanction 31

Reconnaissance de dette 15, 18

Régime juridique 16 s.
V. Circulation, Émission, Paiement, Réglementation

Régime matrimonial 49
Réglementation 1
champ d'application 17 s.
établissement de crédit 37

Responsabilité
établissement de crédit 21, 58

Revendication 52, 53

SARL
obligations nominatives, émission 10, 24, 27
valeurs mobilières, émission, prohibition 10, 21 s.

SARL, émission, prohibition 10, 21 s.

Société anonyme 29

Société par actions 28 s.

Société de personnes 27

Titre de créance négociable 3, 15

Titre nominatif 18

Transfert à l'étranger
obligation déclarative 82

Usure 33

Valeur mobilière
qualification, rejet 6 s.

Vol 55
paiement 60, 61

Actualisation
1. Réforme. - L'ordonnance n o 2016-520 du 28 avril 2016, prise en vertu de l'habilitation issue de la loi n o 2015-990 du
6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques (art. 168), dite loi Macron, modernise le
régime juridique applicable aux bons de caisse et procède aux adaptations nécessaires pour permettre l'intermédiation
de ces titres sur les plateformes de financement participatif des conseillers en investissements participatifs (CIP) et des
prestataires de services d'investissement (PSI). Les bons de l'ordonnance fournit une définition légale des bons de
caisse : ce sont des « titres nominatifs et non négociables comportant engagement par un commerçant de payer à
échéance déterminée, délivrés en contrepartie d'un prêt […]. [Ils] ne peuvent, dans une même émission, conférer des
droits de créance identiques pour une même valeur nominale ». Pour permettre le développement de l'intermédiation
des bons de caisse sur les plateformes internet de financement participatif, l'ordonnance crée une nouvelle catégorie de
bons de caisse, les « minibons », lesquels pourront, contrairement aux bons de caisse « classiques », être échangés sur
ces plateformes (art. 2 ; C. mon. fin., art. L. 223-6 à L. 223-13 nouv.). Seules les sociétés par actions et les SARL qui ont
établi le bilan de leur troisième exercice commercial, et dont le capital est intégralement libéré, peuvent émettre des
minibons. Ceux-ci sont proposés au public sur la plateforme internet d'un CIP et d'un PSI répondant aux exigences fixées
par le règlement général de l'Autorité des marchés financiers, et dans la limite d'un montant calculé sur une période de
douze mois et fixé par décret. Les minibons sont assortis d'un taux conventionnel fixe, plafonné, et ils sont amortissables
dans des conditions définies par décret. L'émission de minibons peut être inscrite dans un dispositif d'enregistrement
électronique partagé (Blockchain). La protection des épargnants sera assurée par l'obligation pour ces plateformes de
fournir un service de conseil : celles-ci devront notamment s'assurer que les montants investis par les investisseurs sont
appropriés au regard de leur situation financière et de leurs objectifs d'investissement.

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