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COURS DE

DROIT BANCAIRE

Dr KAMTA Elvice

1
Bibliographie indicative
1-SOUSI-ROUBI (Blanche), Lexique de la banque et des marchés financiers, 3è éd. Paris : Dalloz,
2001, 260 pages

2-NYAMA (Jean-Marie), Droit bancaire et de la micro finance en zone CEMAC, vol 1 et 2, éd.
CERFOD, 2006

3-GALVADE (Christian) et STOUFFET (Jean), Instrument de paiement et de crédit : effets de


commerce, chèque, carte de paiement, transfert de fonds, 5è éd. Paris : Litec 2003,526 pages

4-GARSUAULT (Philippe) et PRIAM (Stéphane), La banque fonctionnement et stratégies, 2è éd.


Paris : économica, 1997,463 pages

5-ANDREANI (Caroline), Les métiers de la banque et de la finance, Paris : L’étudiant,2003, 185


pages

6-DAUNIZEAU (Jean-Michel), Les entreprises en difficulté pratique bancaire et juridique,


Paris :revue banque éditeur,1996

7-RIPERT (Georges) et ROBLOT (René),Traité de droit commercial 2 :effets de commerce,


banque et bourse, contrats commerciaux, procédures collectives, 16 éd. Paris :LGDJ, 2000,1256
pages

8-EBER (Nicolas), Les relations de long terme banque-entreprise, Paris : Vuibert, 1999,144
pages

9-SIRUGUET (Jean-Luc), Le contrôle comptable bancaire, un dispositif de maitrise des risques,


t2,Paris :2003,561 pages

10 –DUPIN DE SAINT CYR (Christian), Conditions bancaires : analyse, contrôle et négociation,


Paris : économica, 1996,112 pages

11-BERNET-ROLLANDE (Luc), Principes de technique bancaire, 22è éd. Paris : Dunod : 2002,432
pages

12-MOSCHETTO (Bruno) et ROUSSILLON (Jean), La banque et ses fonctions,5è éd. Paris : PUF,
1998 ,127 pages

2
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Jusqu’en 1930, la profession de banquier était encore considérée comme toute autre profession
commerciale relevant du Code de Commerce, dont l’exercice n’était subordonné à aucune
réglementation spécifique. La première tentative de réglementation verra précisément jour avec la loi
du 19 juillet 1930 portant interdiction de l’exercice de la profession de banquier aux individus
frappés de certaines condamnations et aux faillis non réhabilités. Mais ce n’est que 30 ans plus
tard après les indépendances que suivront les règles de cette profession. Depuis lors, la réglementation
de la profession n’a cessé de se renforcer au niveau des unions régionales et notamment en Afrique
Centrale grâce à une politique de coopération monétaire entre les États-membres, avec l’élaboration
des règles communes telles que la Convention du 17 janvier 1992portant harmonisation et
réglementation bancaire dans les pays de l’Afrique Centrale ; la création de la CEMAC au sein de
laquelle se trouvent la BEAC, l’UMAC, la COBAC, etc.
Le droit bancaire se distingue par le particularisme de ses sources, mais sans doute davantage,
par l’implication des banques dans tout processus de développement, c’est-à-dire d’Investissement et
de croissance tant des États que des particuliers. En effet, si les sources du droit des opérations de
banques sont de même nature que le droit commercial général, en revanche leurs importances
respectives sont très inégales. Les sources internationales ont influencé les premières opérations de
crédit grâce notamment à la Convention de Genève de 1930 portant sur les effets de commerce
(lettre de change, billet à ordre) et les Conventions de 1931 sur le chèque.
À cette formalisation des instruments bancaires, se sont ajoutées les pratiques internationales
unifiées telles que les règles et usances uniformes en matière de crédit documentaire qui ont permis
aux banquiers de tous les pays d’adhérer aux pratiques normalisées.
Les sources nationales, beaucoup plus abondantes, traduisent l’importance qu’accordent les
États à l’activité bancaire dans les politiques économiques qu’ils élaborent. Elles résultent pour
l’essentiel des organismes (BEAC, COBAC, CNC) auxquels le législateur a conféré un pouvoir
réglementaire de contrôle de la distribution du crédit.
Dans la pratique quotidienne cependant, la relation bancaire est avant tout basée sur des contrats
soumis aux conditions de droit commun. Ces contrats bancaires, quels que soient leurs qualificatifs,
obéissent avant tout au principe du consensualisme, et donc se forment par l’échange de consentements
des parties.
Ce double aspect règlementaire et consensuel de l’activité bancaire, qui imprime finalement
son originalité à cette profession, génère différentes sources de responsabilité pour le banquier. Si à
l’égard des clients, cette responsabilité est davantage contractuelle, elle est essentiellement délictuelle
et professionnelle à l’égard des tiers en cas de manquement aux conditions d’exercice de la profession.
L’activité bancaire s’articule juridiquement en 5 grandes phases modulaires à savoir :
▪ L’organisation de la profession
▪ Les instruments bancaires
▪ Les comptes bancaires
▪ Les techniques juridiques de financement bancaires
▪ Les techniques boursières
Dans le cadre de ce cours cependant, l’accent sera mis d’une part sur la problématique de la profession
bancaire ( I ère partie) et, d’autre part, sur les comptes bancaires (IIème partie ). Les autres phases
modulaires pourraient faire ultérieurement l’objet des cours spécifiques.

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I ère partie : LA PROFESSION BANCAIRE
La profession bancaire se caractérise par son extrême réglementation à la fois de son cadre
organique et de son cadre relationnel.

TITRE 1 : LE CADRE ORGANIQUE DE LA PROFESSION BANCAIRE


La structure actuelle du système bancaire au Cameroun repose sur 3 textes de bases :
➢ L’Ordonnance n°85/002 du 31 août 1985 relatif à l’exercice de l’activité des
établissements de crédit (modifiée et complétée par la loi n° 88/006 du 15 juillet 1988, la loi
n° 90/019 du 10 août 1990, et plus tard par l’ordonnance n°96/03 du 24 Juin 1996 relative à
la restructuration des établissements de crédits etc.) ;
➢ Le Décret n° 90/1469 du 09 novembre 1990 portant définition des établissements de crédit ;
➢ La Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire
dans les États d’Afrique Centrale, auquel il faut associer le Règlement COBAC-R-2009/02
portant fixation des établissements de crédit, de leur forme juridique et des activités
autorisées.
Il importe de signaler ici le Décret n°98/300/PM du 09 septembre 1998 fixant les modalités
d’exercice des activités des coopératives d’épargne et de crédit qui est venu étendre à ces
établissements le contrôle de la COBAC.
L’on peut aussi mentionner le règlement n°02/03/CEMAC/UMAC/CNC relatif aux
systèmes, moyens et incidents de paiement, ainsi que les multiples règlements COBAC qui régissent
de manière particulière les établissements de microfinance.
Ces textes qui viennent d’être énumérés définissent et règlementent, avec bien d’autres qui
n’ont pas été cités, les différentes catégories ainsi que le cadre normatif de leurs activités.

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CHAPITRE I : STRUCTURE DU SYSTÈME BANCAIRE
La loi définit d’abord les différentes catégories d’établissement de crédit, ainsi que l’activité
que chacun d’eux peut être autorisé à exercer.
Section I : LA CATEGORISATION DES ETABLISSEMENTS DE CRÉDIT
I. Définition d’établissements de crédit
Sous le vocable « établissements de crédit » sont regroupés tous les organismes qui effectuent
à titre habituel des opérations de banques. L’art 2 du Décret n° 90/1469 du 9 novembre 1990 portant
définition des établissements de crédit distinguait plusieurs catégories juridiques d’établissements
parmi lesquels les banques, les établissements financiers, les caisses d’épargne postales, les sociétés
d’Investissement financières et de participation auxquels, il faut ajouter avec le Décret n°98/300/PM,
les coopératives d’épargne et de crédit. Avec le règlement COBAC-R-2009/02 cependant, la banque
est un établissement de crédit qui regroupe un ensemble catégoriel assez large. Ce texte classe les
établissements de crédit en banque et en établissements financiers. Les banques peuvent être
universelles ou spécialisées alors que les établissements financiers qui ne peuvent recevoir les fonds
du public sont, soit de courtage, soit de participation, soit de factoring (affacturage), ou soit de leasing
(crédit-bail).
En revanche, ne sont pas soumis à la réglementation des établissements de crédit : le trésor
public, la BEAC, les organismes d’Etat chargés des prises de participation (SNI), les organismes de
financement sans but lucratif relevant d’une législation ou d’une réglementation particulière
(FOGAPE=Fonds de garantie des petites entreprises), les notaires, les agents d’affaires et gérant de
fortunes qui administrent les fonds de leurs clients sans effectuer les opérations de banques.
II. Classification des banques
Le règlement COBAC R-2009/02 portant fixation des catégories des établissements de crédit,
de leur forme juridique et des activités autorisées classe les banque en deux principales catégories : les
banques universelles et les banques spécialisées.
1. Les banques universelles
Elles ont pour vocation de recevoir du public, des dépôts de fonds à vue et à terme, et
d’effectuer les opérations de crédit. Bref, elles ont compétence pour accomplir toutes les opérations
bancaires et même non bancaires, à condition que ces dernières opérations soient réalisées dans les
mêmes conditions définies par les règlements de la COBAC, lesquels règlements préciseront le niveau
maximal autorisé pour ces opérations. Ces dernières sont par ailleurs désignées en zone CEMAC par
l’expression « opérations connexes ».
Traditionnellement appelées banques de dépôt, les banques universelles peuvent cependant
accorder le crédit à court terme pour faciliter les opérations commerciales courantes tels les découverts,
l’escompte ...
Exemple : BICEC, SGC, Afriland First bank, etc.
2. Les banques spécialisées
Elles réalisent les opérations de banque dans la limite de la décision d’agrément qui les
concerne ou des dispositions statutaires, législatives et réglementaires qui leur sont propres dans le
respect toutefois des prescriptions communes de la réglementation bancaire. Ces banques ont
généralement pour principal champs d’activité :

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• Soit un type particulier d’opérations notamment les crédits à moyen et
long terme (Exemple : les banques de développement d’antan), et les
prises de participation ;
• Soit un secteur où une clientèle déterminée.
Exemple : le Crédit foncier
III. Les établissements financiers
Les différences fondamentales imposées par le législateur entre la banque et l’établissement
financier résident dans l’origine du fonds utilisé par chacun dans son activité. Si les banques ont le
monopole de l’utilisation des dépôts du public, les établissements financiers ne peuvent avoir recours
qu’à leurs capitaux propres ou à des capitaux d’emprunt.
Les établissements financiers sont classés en 6 catégories :
➢ Les établissements financiers de la promotion de la consommation ;
➢ Les établissements financiers de la promotion des investissements ;
➢ Les établissements de courtages financiers ;
➢ Les établissements de factoring ou affacturage ;
➢ Les établissements de recouvrement ;
➢ Les établissements de crédit-bail ou leasing ;

IV. Les établissements exclus du champ classique de la réglementation


bancaire : les Etablissements de micro-finances
Le règlement sus-évoqué est complété par un autre à savoir, le règlement
n°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de
micro finance dans la CEMAC qui, en plus des banques, soumet les établissements de micros finances
au contrôle la COBAC. Il faut noter qu’une série de Règlements adoptés par la COBAC en 2017 et
2018 sont venus corrigés et compléter la règlementation des EMF.
Les EMF sont donc des structures qui, sans avoir le statut de banque ou d’établissement
financier, rendent des services spécifiques en faveur des personnes à faibles revenus qui sont
exclus du circuit bancaire classique ou traditionnel plus exigent.
Ces établissements peuvent être classés en trois catégories également :
1. Les micro-finances de première catégorie qui collectent l’épargne de leurs membres et n’octroient
les crédits rien qu’à ces derniers. Ici, un membre ne peut détenir directement ou par personne
interposée plus de 20% des parts sociales. Par ailleurs, obligation est faite de constituer un fonds
de solidarité destiné à couvrir les pertes. Ce fonds doit être en permanence « au moins de 40% du
capital constitué après imputation des déficits ». Cette catégorie d’EMF doit avoir la forme de
société coopérative avec Conseil d’administration. Exemple : MC

2. Les micro-finances de deuxième catégorie qui fonctionnent comme des banques car collectent
l’épargne et octroient les crédits même aux tiers. Ils se constituent toujours sous la forme juridique
de société anonyme avec un capital minimum qui passe 50 millions de francs CFA à 300
millions de francs CFA (Article 1 du Règlement COBAC EMF R-2017/03 portant fixation du
capital social minimum des établissements de micro-finance des deuxième et troisième
catégories). En plus de la réserve légale, l’EMF de deuxième catégorie doit constituer une réserve
obligatoire représentant 15% des bénéfices à affecter sans limitation de durée et de montant. Elle
doit avoir en outre la forme d’une société anonyme avec conseil d’administration.

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3. Les établissements de micro finance de troisième catégorie qui accordent des crédits aux tiers sans
toutefois exercer l’activité de collecte de l’épargne. Leurs fonds peuvent provenir d’emprunts, de
dépôt de garantie ou des fonds laissés par les actionnaires. Le crédit ouvert à tous devient pour
cette catégorie d’EMF, l’activité principale. Le capital social minimum est passé de 25 millions
de francs CFA à 150 millions de francs CFA (Article 1 du Règlement COBAC EMF R-2017/03
portant fixation du capital social minimum des établissements de micro-finance des deuxième et
troisième catégories). Elle doit par ailleurs avoir la forme d’une société anonyme avec conseil
d’administration.

Section II : L’ACTIVITE DES ETABLISSEMENTS DE CRÉDIT


Les établissements de crédit développent plusieurs types d’activités dont l’incidence sur le plan
macro-économique justifie leur stricte réglementation.
Sous-section I : Les activités bancaires
La Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la réglementation bancaire
dans les États d’Afrique Centrale énumère plusieurs types d’activités bancaires qui peuvent être
classées en 3 catégories.
I. Les activités principales
A l’instar de son devancier, le Décret n° 90/1469 en son art 4 (1), l’article 4 de l’annexe de
la Convention précitée dispose que les opérations de banques comprennent « la réception des fonds
du public, l’octroi des crédits, la délivrance des garanties en faveur d’autres établissements de crédit,
la mise à disposition de la clientèle et la gestion des moyens de paiement. »
1) Réception des fonds du public et délivrance des garanties en faveur d’autres
établissements de crédit
Sont considérés comme fonds reçus du public, les fonds qu’un établissement bancaire recueille
d’un tiers notamment sous forme de dépôt avec le droit d’en disposer pour son propre compte, en
charge pour l’établissement de les restituer. Le tiers doit s’entendre de toute personne ayant une
personnalité juridique distincte du récepteur. C’est de ce tiers que les fonds doivent être recueillis.
C’est pourquoi ne sont pas considérés comme fonds reçus du public, par Ex : les fonds reçus
ou laissés en compte par les associés ou les actionnaires, détenant au moins 5% du capital d’une
entreprise, les administrateurs, les membres du directoire et du conseil de surveillance ou de gérance,
ainsi que les fonds propres provenant des prêts participatifs.
D’autre part, un établissement de crédit parfois en proie à des difficultés d’accès au crédit
auprès d’un autre pourvoyeur de fonds est souvent obligé de solliciter la garantie de son partenaire du
réseau ou hors réseau afin d’accéder au crédit souhaité. Ceci peut être rendu possible par le biais du
cautionnement ou une autre forme de garantie par signature.
2) Les opérations de crédit
Constitue une opération de crédit, tout acte par lequel un établissement de crédit met ou promet
de mettre des fonds à la disposition d’une personne, ou bien prend dans l’intérêt de celle-ci, un
engagement par signature.
3) La mise à disposition des moyens de paiement
Sont considérés comme moyens de paiement, tous les instruments qui, quel que soit le support
ou le procédé technique mis en œuvre, permet à toute personne d’utiliser les fonds à sa disposition. On

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peut ainsi citer entre autres les chèques bancaires, chèques de voyage, cartes de paiement et de retrait,
virements ou avis de prélèvement, cartes de crédit et transferts électroniques de fonds…
II. Les activités connexes et les prises de participation
Les banques peuvent aussi effectuer les opérations connexes telles que le change, le placement,
la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente des valeurs mobilières et tout produit financier,
le conseil et l’assistance en matière de gestion du patrimoine, de gestion financière, l’ingénierie
financière, et d’une manière générale, tous les services destinés à faciliter la création ou le
développement des entreprises et enfin, la banque d’assurance.
Les établissements de crédit peuvent prendre et détenir des participations dans les entreprises
existantes ou en création dans les conditions définies par la réglementation de la COBAC.
III. Les activités à caractère non bancaire
Les établissements de crédit sont autorisés notamment à exercer toute activité de mandataire,
courtier ou commissionnaire pour le compte de filial ou en prolongement des autres activités bancaires
autorisées.
2 limites sont cependant imposées par la COBAC quant au droit pour les établissements de
crédit assujettis d’effectuer d’autres activités.
• Une limite d’ordre qualitatif et juridique : le respect du jeu de la concurrence, compatibilité
avec la profession bancaire ;
• Une limite d’ordre quantitatif : aux termes de la réglementation de la COBAC, le montant
annuel de l’ensemble des produits provenant de ce type d’activité ne doit pas excéder 10% du
produit net bancaire défini comme la différence entre les produits et les frais bancaires.

Sous-section II : LES DIFFÉRENTES ACTIVITÉS DES ETABLISSEMENTS


FINANCIERS
I. Caractéristiques des établissements financiers
Les établissements financiers se distinguent des banques par l’origine des ressources qu’ils
peuvent consacrer à leurs opérations financières. À la différence des banques en effet, ils ne sont pas
autorisés à recevoir des fonds en dépôt du public, ni à mettre à sa disposition des moyens de paiement.
Ils sont tenus de travailler essentiellement avec leurs fonds propres ou avec des capitaux empruntés
(émission d’obligation, emprunts bancaires…).
II. Activités
À l’exception des fonds du public et de la mise à disposition des moyens de paiement, les
établissements financiers peuvent effectuer une ou plusieurs opérations de banque définies, et
notamment le cautionnement, le courtage, l’intermédiation dans les opérations portant sur les effets
publics, les ventes à tempérament (variété de vente à crédit dont le paiement du prix est fractionné et
versé par échelonnement d’une durée déterminée), les financements des ventes à crédit, le crédit –
bail, le factoring, le recouvrement.

CHAPITRE II : LA RÉGLEMENTATION DES ETABLISSEMENTS DE CRÉDIT

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La réglementation porte sur les conditions d’ouverture et de fonctionnement, ainsi que sur les
structures de l’entreprise bancaire.
Section I : LES CONDITIONS D’OUVERTURE
I. Les banques
Pour exercer le commerce de banque, il est nécessaire de satisfaire à un ensemble de conditions
relatives à la forme juridique de l’entreprise, au capital social minimum exigé, à l’agrément de
l’autorité monétaire, à l’inscription au CNC.
1. La forme juridique
Les sociétés ayant pour objet le commerce des banques ne peuvent être constituées que sous la
forme de SA, SCS, société coopérative ou en forme mutuelle.
En revanche, il est interdit aux banques d’adopter la forme des SARL, de SA à capital variable,
ou encore de SNC.
Dans la pratique toutefois, c’est la forme des SA qui a pignon sur rue.
2. Le capital social
Le capital social exigé des banques en vue de leur constitution sur le territoire de la CEMAC
est de 10 milliards de FCFA minimum (Article 1 du Règlement R-2009/01 portant fixation du capital
social minimum des établissements de crédit). Il doit être entièrement libéré.
3. L’agrément de l’autorité monétaire
Aucun établissement de crédit ne peut exercer ses activités sur le territoire national sans avoir
été agréé par l’autorité monétaire, c’est-à-dire le ministre des finances, après avis conforme de la
COBAC.
L’agrément doit correspondre au type d’opérations que l’entreprise entend effectuer.
4. L’établissement doit être inscrit auprès du CNC

II. Les établissements financiers


L’ouverture d’un établissement financier est subordonnée à quelques exceptions près aux
mêmes conditions que celles exigées des banques.
Depuis 2009, le capital social minimum exigé des établissements financiers ayant leur siège
social sur le territoire de la CEMAC est fixé à 2 milliard de F CFA (Article 2 du Règlement R-2009/01
portant fixation du capital social minimum des établissements de crédit). Il doit être entièrement libéré
au moment du dépôt de dossier de demande d’agrément.
Section II : STRUCTURE DE L’ENTREPRISE BANCAIRE
Comme toute entreprise sociale, les entreprises exerçant le commerce des banques
comprennent une direction générale (organe exécutif), un conseil d’administration (organe délibérant)
et des assemblées.
Elles peuvent également s’organiser en succursales et agences, et sont tenues de faire appel aux
Commissaire Aux Comptes.
III. La direction générale

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Aux termes de l’art 18 de l’Annexe à la Convention du 17 juin 1992 « la direction générale
des établissements de crédit doit être assurée par 2 personnes au moins »
Ces dirigeants doivent être agréés par l’autorité monétaire sur avis conforme de la COBAC.
IV. L’organe délibérant
L’organe délibérant est constitué par le conseil d’administration ou tout organisme similaire. Il
veille à la cohérence des contrôles internes et externes.
V. Les Commissaires aux comptes
Les opérations des établissements de crédit sont contrôlées par au moins 2 CAC agréés dans
les mêmes conditions que les dirigeants. Ils doivent être choisis parmi ceux qui sont inscrits sur la liste
prévue à l’art 696 de l’AUDSCGIE.
VI. Les succursales ou agences
La succursale est un démembrement d’une société autrement dit, un siège d’exploitation qui
constitue une partie dépourvue de personnalité juridique d’un établissement de crédit, et qui effectue
directement en tout ou partie les opérations inhérentes à l’activité d’établissement de crédit.
La situation d’une succursale vis-à-vis des obligations réglementaires bancaires varie selon que
l’établissement dont elle dépend à son siège implanté dans un des États membres de la CEMAC, ou
dans un pays tiers.
Dans le premier cas, ces succursales ou agences sont dispensées d’agrément sous réserve
toutefois que le CNC, après avoir été saisi de la date de leur ouverture ait autorisé celle-ci.
Dans le second cas, les succursales au Cameroun d’établissements étrangers dont le siège n’est
pas situé dans un État membre de la CEMAC doivent obtenir l’agrément de l’autorité monétaire, dans
la mesure où elles n’en sont pas expressément dispensées par la réglementation bancaire.

TITRE II : CADRE RELATIONEL DE LA PROFESSION BANCAIRE

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Si le cadre relationnel de la profession bancaire ne diffère pas fondamentalement de la plupart
de celui des entreprises commerciales, il comporte néanmoins suffisamment de spécificités dans 2
domaines précis : celui des relations entre le banquier et sa clientèle d’une part, et celui de la
responsabilité d’autre part.

CHAPITRE I : LES RELATIONS BANQUE – CLIENT


Ces relations génèrent des obligations particulières à la charge du banquier et qui se résument
en 2 principes : l’information et la réserve professionnelle.
Section I : L’INFORMATION BANCAIRE
L’obligation informative comporte 2 volets : l’information publique et l’information
contractuelle.
I. L’information publique
Elle a lieu dans un but d’attraction et de sollicitation de la clientèle potentielle dont les
manifestations dominantes sont la publication des comptes, la publicité et le démarchage.
1. Tout établissement de crédit doit publier ses comptes dans les conditions fixées par
l’autorité monétaire, après avis du CNC. La COBAC s’assure que ces publications sont
régulièrement effectuées ;
2. Comme toute entreprise commerciale, la banque organise à sa manière, sa publicité
commerciale sous réserve du respect de la réglementation sur la publicité ;
3. La sollicitation de la clientèle à domicile, au lieu de travail ou en lieu public, est susceptible
d’être réalisé par le démarchage.

II. L’information contractuelle


Cette information présente ainsi un double aspect : les conditions de banque et l’obligation de
renseignement.
1. Les conditions de banque
Dans un sens large, l’expression désigne les conditions qui régissent l’ensemble des opérations
effectuées dans les comptes de banque et de leurs clients.
Dans un sens étroit, elle englobe les conditions des principales opérations, autrement dit, la
rémunération des services que les banques rendent à leur clientèle, et celle qu’elles consentent à leurs
clients par suite de l’emploi de leur crédit.
Que ce soit dans un sens ou dans l’autre, chaque établissement de crédit est tenu de faire
périodiquement une large publicité par voie de presse, d’affichage dans ses différentes agences aux
conditions de banque applicables à la clientèle.
2. L’obligation de renseignement
Elle désigne le devoir de porter à la connaissance du partenaire ce qui peut utilement contribuer à
l’éclairer sur les circonstances de l’opération ainsi que sur la nature et la portée de ses engagements.
La banque a à sa charge, une obligation de conseil
De même, la réglementation bancaire impose à ses établissements l’envoi systématique à leurs
clients, du relevé mensuel des comptes, d’un avis de toutes les aspirations ne résultant pas d’un ordre
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du client, et devant donner lieu à un avis d’opérer. Mieux, les banques sont tenues de payer les chèques
émis nonobstant le défaut de provision en cas de survenance d’un incident de paiement imputable au
manque d’information.
Section II : LA RESERVE BANCAIRE
L’activité bancaire nécessite la discrétion car dans son rôle d’intermédiation financière, la
banque est non seulement dépositaire des fortunes, mais également des secrets qui les entourent.
L’obligation de discrétion impose en conséquence au banquier, à la fois un devoir de non-
ingérence dans les affaires de ses clients et le secret professionnel.
I. Le devoir de non-ingérence
Le banquier doit garder une certaine neutralité dans la gestion de ses rapports avec ses clients.
Il ne doit ni se substituer à eux, ni intervenir dans la conduite de leurs affaires.
Cette réserve n’exclut pourtant pas la vigilance dans l’accomplissement des ordres des clients ;
car il convient que la banque se montre attentive à l’usage qui pourrait être fait des services qu’elle
fournit.
II. Le secret professionnel
L’art 45 de l’Ordonnance de 1985 impose le secret professionnel à « tout membre du conseil
d’administration et toute personne qui a un titre quelconque, participe à la direction, à la gestion ou
au contrôle d’un établissement de crédit ou qui est employé »
Par dérogation à cette obligation, le secret professionnel ne peut être opposé aux organismes et
institutions publiques dont la mission impose la levée du secret professionnel à leur égard (COBAC,
Autorité monétaire, CNC, BEAC).
Le secret cède encore devant l’autorité judiciaire agissant dans le cadre d’une procédure pénale,
des administrations fiscales et douanières qui bénéficient d’un droit de communication de documents
de toute nature relatifs aux opérations intéressant leurs services.

CHAPITRE II : LA RESPONSABILITE BANCAIRE


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Les établissements de crédit leurs dirigeants et leurs personnels répondent des actes ou fait
dommageables ou illicites commis dans l’exercice de leurs activités.
Dans la pratique, la responsabilité du banquier est souvent de nature civile. Cette responsabilité
demeure donc soumise au droit commun du genre. Comme conséquence, elle est déterminée par la
conjonction d’une faute, d’un préjudice et d’un rapport de causalité de celui-là à celui-ci.
Cette responsabilité civile se détermine dans un cadre général mais avec des applications
particulières en matière bancaire.
Section I : LE CADRE GÉNÉRAL DE LA RESPONSABILITE BANCAIRE
C’est une responsabilité tantôt contractuelle, tantôt délictuelle.
I. La responsabilité civile contractuelle
La responsabilité du banquier est généralement contractuelle à l’égard des clients lorsqu’elle
résulte de l’inexécution totale ou partielle ou de la mauvaise exécution (tardive ou erronée des ordres
ou des opérations qui lui sont confiés).
Elle a donc lieu à l’égard du client, lui-même victime d’un manquement contractuel dont elle
vise à réparer le dommage induit, prévisible et non imputable à une cause étrangère.
Une autre question est celle de la responsabilité contractuelle de la banque engagée par ses
préposés. Au sein de l’entreprise banquière en effet, les pouvoirs les plus étendus sont répartis entre
divers cadres (directeurs généraux et adjoints, directeurs d’agence, fondés de pouvoir). En droit
l’opposition se fait entre dirigeants sociaux, organes légaux de la société et les salariés qui, quel que
soit leur rang hiérarchique demeurent des préposés. Une procuration peut attribuer des pouvoirs limités
à une série de cadre plus ou moins supérieurs. À son tour, un directeur d’agence investi d’une
procuration peut déléguer à ses collaborateurs certaines tâches bien précises.
La variété et le caractère complexe de cette organisation et de cette répartition des tâches entre
les agences de l’entreprise bancaire peuvent être à l’origine de bien des confusions. Aussi, pour vérifier
la validité de l’engagement contractuel de la banque, il y aura lieu d’examiner si le contrat à bien été
conclu par un représentant habilité.
Dans tous les cas, pour la jurisprudence, il y a lieu de retenir la responsabilité de la société sur
la base de la théorie de mandat apparent.
II. La responsabilité civile délictuelle
Fondée sur le principe général de responsabilité énoncé à l’art 1382 du CCIV, elle désigne
l’obligation pour tout établissement de crédit d’avoir à réparer le dommage fautif causé soit à un tiers,
soit même à un de ses clients mais indépendamment des relations contractuelles existant entre eux.
Ici, la victime n’allègue pas un manquement contractuel de la banque à son égard, mais plutôt
un préjudice autonome causalement relié à un fait répréhensible de la banque.
Généralement, les banquiers sont responsables des fautes professionnelles qu’ils peuvent
commettre dans l’ouverture et le fonctionnement des comptes des clients malhonnêtes en raison des
agissements dommageables que ces fautes permettent de perpétrer. Étant des personnes morales dans
la plupart des cas, leur responsabilité est engagée normalement es qualité de commettant pour des
fautes commises par leurs organes ou préposés dans l’exercice et les limites habituelles de leur
fonction.

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Section II : APPLICATION SPÉCIFIQUES DE LA RESPONSABILITE CIVILE
BANCAIRE
Ces exemples soulèvent ici également les problèmes de responsabilité contractuelle et
délictuelle.
I. Cas de responsabilité contractuelle
Lorsqu’il est lié dans le cadre d’une ouverture de crédit par une promesse de prêt, le banquier
peut-il subitement refuser l’exécution reliquataire de son engagement ?
La question se pose surtout pour l’ouverture de crédits d’exploitation consentis sans durée
déterminée car d’une part, l’absence de terme ouvre d’ordre public, une faculté de dénonciation
unilatérale du contrat notamment par la banque ; d’autre part, le crédit d’exploitation, oxygène de
l’entreprise, est celui dont le gel est le plus susceptible de lui causer des troubles de fonctionnement,
voire des lésions financières déterminant de la cessation de paiement.
La loi bancaire camerounaise dispose en son art 22 à cet égard que : « les concours à durée
indéterminée qu’un établissement de crédit consent à une entreprise ne peuvent être réduits ou
interrompus que sur notification écrite à l’expiration d’un délai de préavis fixé lors de l’octroi des
concours et repris dans l’acte de confirmation » (al 1).
« L’établissement de crédit n’est tenu de respecter aucun délai de préavis que l’ouverture de
crédit soit à durée indéterminée ou déterminée, en cas de comportement gravement répréhensible du
bénéficiaire du crédit ou au cas où la situation de ce dernier s’avèrera irrémédiablement compromise.
Le non respect de ces dispositions peut entraîner la responsabilité pécuniaire de l’établissement de
crédit » (al 2).
L’art 22 de l’Ordonnance prévoit ainsi 2 facultés de dénonciation de l’ouverture de crédit : une
faculté normale prévue à l’al 1 et une faculté exceptionnelle posée par l’al 2.
A. La faculté normale de dénonciation
La loi pose 2 conditions préalables pour qu’un concours à durée indéterminée puisse être réduit
ou interrompu. Une notification écrite et un délai de préavis.
La notification écrite doit répondre au souci d’informer son destinataire de l’intention claire et
ferme de l’établissement de crédit de remettre en cause son concours.
Le délai de préavis s’apprécie de manière conventionnelle si le délai de préavis n’a pas été fixé
lors de l’octroi du concours, il importe de se référer aux usages.
B. La faculté exceptionnelle de dénonciation
L’al 2 en indique les critères et la mise en œuvre.
Les critères de dénonciation sont regroupés en 2 causes à savoir :
• Un comportement gravement répréhensible. Ex : l’affectation du crédit à d’autres
emplois, la présentation des documents comptables falsifiés.
• Une situation irrémédiablement compromise : elle désigne un état virtuel ou effectif de
cessation matériel de paiement d’où résulte une impossibilité de pouvoir honorer ses
engagements.
Ici, la mise en œuvre de la dénonciation a lieu instantanément. Si le banquier est tenu de notifier
par écrit sa décision, en revanche, il est dispensé d’observer le préavis convenu.

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II. Cas de responsabilité délictuelle
L’hypothèse ici est celle d’une rupture tardive. Concrètement, la banque peut aussi exposer sa
responsabilité civile délictuelle, cette fois pour avoir fourni en connaissance de cause ou par
imprudence fautive ou coupable, des crédits à une entreprise dont la situation financière est
irrémédiablement compromise.
En effet, dans une telle situation, loin d’aider le débiteur à refaire surface, crédit devient un pur
moyen de l’accroissement du passif de l’entreprise. Mais la faute d’imprudence ou de négligence
alléguée par le banquier et parfois difficile à caractériser.
Parce que la démarcation entre la suffisance du crédit et son abus est très relative, cette relativité
est à la fois temporelle et substantielle. Il reste toutefois qu’en professionnel, il appartient au banquier
de s’informer sur l’état réel des clients qui bénéficient de ses concours.

IIème PARTIE : LES COMPTES BANCAIRES


Toutes les opérations réalisées par une banque avec des particuliers ou des commerçants
n’entraînent pas obligatoirement l’ouverture d’un compte. Il en est ainsi par Ex de règlements
occasionnels, du paiement des exportations, de crédit documentaire ou d’ordre de paiement venant de
l’étranger. D’autres types en revanche nécessitent une relation de compte.

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TITRE I : GENERALITES SUR LES COMPTES BANCAIRES
La relation bancaire s’exprime et se traduit pour l’essentiel par des flux monétaires initiés par le client
(dépôt, paiements) où favorisés par l’établissement de crédit (concours divers). Cette relation est
généralement précédée et sous-tendue par un ou plusieurs comptes qui permettent d’inscrire au débit
et au crédit les résultats des mouvements et des opérations concernant le client.

CHAPITRE I : LA NAISSANCE DE LA RELATION DES COMPTES


Opération de banque par nature « la réception des comptes publics » s’opère généralement à travers
une convention de dépôt sous couvert de laquelle cette remise d’actifs monétaires est effectuée. Elle
est ensuite matérialisée par la tenue d’un compte destiné à l’enregistrement des opérations des parties.
Section I : LES CONTRATS DE DÉPÔT
a. Définition et caractère
Le dépôt est un contrat par lequel une personne remet une certaine somme d’argent à un
banquier qui s’engage à la lui restituer sur sa demande.
N’étant pas prévu par la loi commerciale, ce contrat reste sous l’application des règles du CCIV
(art 1915 et S) sauf dérogation résultant de la volonté des parties ou des usages. Mais le dépôt en
banque est un contrat commercial. Il l’est nécessairement pour le banquier. Il n’a ce caractère pour le
dépositaire que s’il est fait par un commerçant pour les besoins de commerce.
En ce qui concerne le cas particulier du dépôt de fonds, le banquier, s’il a le devoir d’assurer
une bonne conservation des fonds reçus, ne peut être tenue de restituer exactement les mêmes espèces
monétaires, mais seulement d’autres espèces de même valeur nominale. C’est donc un contrat de dépôt
imparfait compte tenu de la fongibilité de la chose déposée.
La preuve du contrat de dépôt peut être faite contre le banquier par tout moyen. Dans la
pratique, le client ne peut faire la preuve que par la production des reçus délivrés du banquier.
b. La situation de la banque dépositaire
Dans le dépôt irrégulier, le dépositaire a le libre usage de la chose déposée ; il s’agit d’une
somme d’argent, il en devient propriétaire à charge de restitution. Tel est l’esprit de l’art 13 du Décret
n°90/1469 du 9 novembre 1990 portant définition des établissements de crédit.
En comparaison, la loi bancaire française précise mieux les droits et les obligations du
dépositaire, sont ainsi considérés comme fonds en dépôt, tout fonds reçu par l’établissement de crédit
avec ou sans stipulation d’intérêt de tout tiers sur sa sollicitation ou à le demande du déposant, avec
le droit d’en disposer pour les besoins de son activité propre sous la charge d’assurer audit déposant,
un service de caisse et notamment, de payer en concurrence des fonds se trouvant en dépôt tous ordres
de disposition donnés par lui (chèques, virement), et de toute autre façon en sa faveur ou en faveur
des tiers et de recevoir pour les joindre au dépôt, toute somme que ladite entreprise ou personne
dépositaire encaisse pour le déposant, soit par convention avec lui, soit en vertu d’un usage ».
Section II : LA GESTION DU DÉPÔT BANCAIRE
Les fonds déposés dans une banque peuvent faire l’objet d’une affectation spéciale et, dans
certains cas, ils génèrent des intérêts.

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I. Dépôt avec affectation spéciale
La remise des fonds peut être faite au banquier pour servir à une opération déterminée comme
par exemple la souscription d’actions ou l’achat de titre. On dit dans ce cas qu’elle à une affectation
spéciale.
Mais dans cette hypothèse, on assiste à la conjonction de 2 contrats : le banquier jouant le rôle
à la fois du dépositaire et du mandataire.
II. Les intérêts des fonds déposés
Le dépôt est par sa nature un contrat à titre gratuit (art 1917 CCIV). Mais il peut être salarié.
En principe, le dépôt en banque ne l’est pas car le banquier tire un avantage du dépôt. Par un
renversement de la situation normale, C’est le banquier qui en général paye à titre de rémunération un
intérêt sur les sommes déposées.

CHAPITRE II : LA TENUE DES COMPTES


Il importe avant toute étude sur les mécanismes propres à chaque catégorie de compte de relever
les règles générales qui conditionnent l’ouverture et le fonctionnement des comptes bancaires.
Section I : L’OUVERTURE DU COMPTE BANCAIRE
I. Les conditions générales d’ouverture
Toute personne physique majeure et toute personne morale peut ouvrir un compte en banque.
Cette ouverture suppose que les conditions suivantes soient remplies.
1. Le consentement
L’ouverture d’un compte suppose que le consentement du client mais également celui du
banquier qui conserve le droit de refuser l’ouverture d’un compte à un client qu’il juge indésirable.
2. La capacité
Il faut que le titulaire ait la capacité non seulement de déposer des fonds mais aussi de les
retirer. Le compte ne peut donc être ouvert que pour une personne ayant pleine capacité ou dûment
habilitée ou encore par le représentant légal d’un incapable.
S’agissant des personnes morales, l’ouverture de leur compte nécessite de vérifier les pouvoirs
et l’identité des personnes habilitées à les représenter.
Il importe de relever que l’ouverture d’un compte n’est pas obligatoire. Toutefois, aux termes
de l’art 20 de l’Ordonnance du 31 août 1985, toute personne qui s’est vue refuser un compte de
dépôt par plusieurs banques et qui de ce fait ne dispose d’aucun compte, peut saisir l’autorité monétaire
ou le CNC en vue d’obtenir la désignation d’une banque auprès de laquelle elle pourra ouvrir un tel
compte. La banque désignée peut limiter les services liés à l’ouverture de ce compte, aux opérations
de caisse.
II. Le fonctionnement des comptes
A. L’enregistrement des opérations
Les modalités de fonctionnement d’un compte sont liées à la nature des opérations initiées par
les 2 parties. Mais le compte est tenu par la banque qui enregistre les opérations du client, sans avoir

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à se préoccuper de leur origine ou de leur destination sauf cas de fraude ou d’acte manifestement
illicite.
Le fonctionnement du compte donne lieu souvent à des intérêts qui courent au profit des
banquiers (intérêt –débiteur) ou au profit du client (intérêt – créditeur).
Les intérêts des crédits bancaires doivent être stipulés en principe de manière expresse et écrite
et leurs taux déterminés ou tout au moins déterminables (art 1905, 1906 CCIV).
Sauf exception pour les comptes à termes sur livret et les comptes d’épargne logement, les
banques ne versent pas d’intérêt pour les soldes créditeurs des dépôts à vue. Si l’exécution des
stipulations se fait directement au débit des comptes qui reçoivent les concours du banquier, en
revanche, les modalités de calcul et de paiement de ces intérêts donnent lieu régulièrement à des
difficultés d’appréciation au regard de règles de droit commun.
• L’art 1906 CCIV dispose que « l’emprunteur qui a payé des intérêts, qui n’étaient pas
stipulés ne peut ni les répéter, ni les imputer sur le capital. »
• L’art 1154 CCIV qui soumet la capitalisation des intérêts à des règles particulières.
De ces 2 dispositions, la JP et les usages tirent les conséquences suivantes :

1. Les intérêts courent de plein droit sans stipulation expresse


Ici, on tire argument de la 1 ère disposition citée en soulignant que, quoi qu’elle vise
essentiellement, les paiements fait volontairement par l’emprunteur, elle est applicable aussi dans tous
les cas où l’attitude du débiteur peut être analysée comme un acquiescement. C’est pourquoi le silence
gardé par le client au reçu de son relevé périodique de compte vaut approbation d’imputation d’intérêt.
2. Les intérêts inscrits au débit d’un compte se capitalisent
Cette règle est imposée par l’art 1154 CCIV, mais elle est appliquée par les banques de
manière plus flexible que ne le prévoit cette disposition. L’art 1154 n’autorise en effet la capitalisation
des intérêts que si elle a fait l’objet d’une convention spéciale et à la condition qu’elle porte sur des
intérêts dus sur un crédit mis en place depuis au moins 12 mois révolus.
Par contre, conformément aux usages bancaires, dès leur entrée au compte les intérêts échus
concourent à modifier le solde provisoire, et a fortiori le calcul éventuel de nouveaux intérêts à tel
enseigne que la capitalisation s’opère de manière automatique puisque le montant de la créance des
intérêts s’ajoute au capital produisant des intérêts au taux stipulé par les parties ou à défaut de
stipulation, au taux appliqué par les banquiers pour les découverts en compte.
Pour éviter tout excès qui résulterait de cette exception que l’usage commercial apporte à la
prohibition de l’anatocisme (règle d’ordre public) et atténuer l’automaticité de son application en
matière bancaire, la JP soumet la capitalisation des intérêts à 3 conditions :
▪ L’envoi au client des arrêtés périodiques des comptes, précisant le montant des intérêts
échus et reportés ;
▪ Par référence aux usages du commerce, la capitalisation ne devrait intervenir qu’après
un délai minimum de 3 mois. Mais il importe de relever ici que l’art 19 al 2 de l’arrêté
n°244 du 31 août 1985 fixant les conditions de banques, n’autorise aucune
capitalisation avant 12 mois révolus à partir de la date de mise en place d’un crédit, ou
d’une facilité sur le moyen et le long terme.
▪ La capitalisation n’est admise que pendant le fonctionnement du compte. Après la
fermeture de celui-ci, les intérêts ne peuvent être capitalisés que dans les conditions de

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droit commun. Mais alors le taux d’intérêt applicable demeurera celui qui avait été
convenu ou appliqué pendant le fonctionnement du compte jusqu’à complet paiement
du solde débiteur.

B. L’utilisation du compte
Le fonctionnement d’un compte comporte habituellement l’utilisation de chèques par le client.
La signature du titulaire est conservée sur une fiche aux fins de vérification des ordres signés par lui.
La délivrance des formules de chèques n’est pas obligatoire pour le banquier. À chaque inscription en
compte, le banquier établit la position de son client. Ce dernier a contre son banquier une créance égale
à sa position créditrice appelée provision.
C. Clôture du compte
Par son caractère personnel, le compte ouvert par le banquier à un client est clôturé à la mort
de ce dernier et par la survenance de son incapacité. Mais encore tout changement dans la situation du
client peut entraîner clôture de son compte.
Section II : LA VARIÉTÉ DU COMPTE
La pratique bancaire dénomme les comptes ouverts aux clients d’après la nature des opérations
faites ou envisagées. S’il s’agit d’une opération unique faite par une personne qui n’est pas en relation
suivie avec la banque, le compte est dit «compte de passage ».
EX : un compte chèque, un compte courant (compte commercial ou compte des affaires)
Lorsque le compte est ouvert au profit de plusieurs titulaires, on parle dans cette hypothèse de
« compte collectif » ou « compte indivis ».
Certains comptes peuvent être ouverts par la banque en parallèle à des comptes déjà ouverts.
C’est le cas des « comptes encaissement » et des « comptes acceptations » ou « caution », etc. Dans la
pratique bancaire courante, les relations des banques avec leurs clients se matérialise tantôt à travers
les comptes de dépôt individuel, tantôt à travers les comptes pluraux.

TITRE II : LES COMPTES DE DÉPÔT INDIVIDUEL


On distingue plusieurs catégories de compte de dépôt. Mais à l’analyse de la prestation des
fonds donnés en dépôt, on peut les ramener à 2 principales catégories : d’une part les comptes de dépôt
qui permettent d’enregistrer les opérations courantes entre le banquier et son client dont le plus
important est le compte courant, et d’autre part le compte de dépôt d’épargne.

CHAPITRE I : LE COMPTE COURANT


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La convention de compte courant est celle par laquelle deux personnes décident de porter
réciproquement en compte toutes les opérations juridiques qu’elles feront entre elles de manière à ce
qu’il ait des compensations successives, et de ne procéder en principe aux règlements qu’à la clôture
du compte par le paiement du solde.
Elle se caractérise à la fois par la relation qui s’établit entre les parties et les effets propres à
cette convention.
Section I : LES PARTIES ET LES CARACTERES DE LA CONVENTION DE
COMPTE COURANT
I. Les parties au contrat
La convention de compte courant est un acte générateur d’obligation dont la spécificité lui vient
de son objet. En effet, cette convention comporte un accord supplémentaire et particulier par lequel les
parties s’obligent du d’une manière générale, à imputer au compte, non seulement les opérations
relatives au dépôt convenu (encaissement et retrait)mais également aux opérations financières de toute
nature intervenant entre elles en vue de leur règlement fusionné.
De cette particularité, du compte courant, se dégage un certain nombre de caractères que la JP
a fixés.
II. Les caractères du contrat
Toutes les opérations juridiques existant entre les parties doivent figurer dans les comptes car
les différentes opérations se servent de garantie les unes aux autres. Cette stipulation dite d’affectation
générale au compte unique des créances réciproques est d’une importance capitale dans la mesure où
elle modifie la fonction du compte en cause. En effet, loin de demeurer un pur compte de situation du
dépôt constitué, le compte courant assume en outre une fonction essentielle de règlement par balance
de tous les chefs de créance susceptibles d’apparaître entre le banquier et son client, de l’un contre
l’autre et inversement. C’est la raison pour laquelle la formule est réservée a priori aux professionnels
ou entreprises destinés à entretenir dans le cadre de leurs activités, des flux financiers réguliers et
significatifs avec la banque partenaire.
Ceci explique ensuite que le compte soit en général et de convention expresse, ouvert aux seules
opérations ordinaires ou « courantes » (d’où la dénomination du compte) C’est-à-dire principalement
au dépôt et disposition du client d’une part, et aux avances de trésorerie de la banque d’autre part.
Section II : LES EFFETS DU COMPTE COURANT
Le fonctionnement du compte courant emporte 3 effets : un effet de report de l’exigibilité du
solde à la clôture du compte, un effet novatoire et un effet d’indivisibilité.
I. Le report de l’exigibilité du solde
Ce report est sous tendu par l’idée selon laquelle par conventions tacites, les parties ont renoncé
à se demander l’une à l’autre, le règlement du solde dégagé par le fonctionnement du compte tant que
celui-ci n’est pas clôturé.
II. L’indivisibilité du compte
La règle de L’indivisibilité a été dégagée pour exprimer d’un mot le mécanisme du compte
courant. Elle signifie que les différents articles du compte courant sont ou forment la partie d’un tout.
En conséquence, ils se tiennent les uns aux autres. Elle signifie plus précisément que toute écriture
passée au compte doit être aussitôt arithmétiquement combinée au solde des écritures antérieures, de

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sorte à faire apparaître un nouveau solde qui en traduisent irréversiblement la fusion avec tous les
autres articles précédents et avenir du compte. Il importe de bien distinguer entre d'une part, la fusion
des articles du compte et d’autre part, la considération de la position débitrice ou créditrice d’une
partie.
1. La fusion des articles du compte
Cette fusion s’applique aux tiers comme au banquier car la remise en compte ne constitue pas
en soi un paiement. De cette idée, la JP tire plusieurs conséquences qui écartent les règles ordinaires
du paiement à savoir :
▪ S’il y a ouverture du crédit en compte courant, celui qui a usé de son crédit et qui fait
ensuite des remises n’est pas considéré comme ayant remboursés sa dette. Aussi peut-
il de nouveau user de son crédit jusqu’à concurrence de la somme promise par le
banquier.
▪ La remise faite pendant la période suspecte précédant l’ouverture du jugement de
liquidation du bien. Si elle est intervenue conformément aux prévisions du compte
courant, ne peut pas être regardé comme un paiement d’une dette non échue et par la
suite, ne peut pas être déclarée inopposable à la masse des créanciers conformément à
l’art 68 AU ; sauf si le teneur du compte connaissait l’état de cessation de paiement
du remettant lors de la remise en compte par application de l’art 69 AU.

2. Position créditrice et débitrice du compte


Les conséquences suivantes ont été tirées par la jurisprudence en partant de l’idée que malgré
l’indivisibilité du compte courant, cette règle n’empêche pas de connaître la position de chaque partie
en comptabilité.
• Hypothèse d’une position créditrice : le créancier généralement, le client, a le droit
de tirer un chèque sur son banquier en raison de la provision constituée par sa créance.
De même, les créanciers du client peuvent pratiquer une saisie - attribution sur la
position créditrice de leur débiteur. Cette saisie opère un blocage du compte courant, et
aucune opération ultérieure ne peut modifier la créance saisie – attribuée. Toutefois, le
montant de celle-ci ne peut être déterminé que par une liquidation des opérations
antérieures en tenant compte par exemple du droit acquis sur la provision par le porteur
d’un chèque auquel le titre a été remis avant la saisie.
Cette même règle est applicable à l’avis à tiers détenteur (ATD) dont les effets sont
comparables à ceux d’un jugement de validité de saisie – attribution et qui n’est soumis à aucune
condition de forme.
• Hypothèse d’une position débitrice : les conséquences sont tout aussi importantes à
savoir : la sûreté consentie en garantie d’un compte courant au cours de son
fonctionnement peut être considérée à certaines conditions, si le client a une position
débitrice, comme constituée par une dette antérieure, et à ce titre peut tomber en cas de
liquidation des biens sur le coup des inopposabilités de droit édictées par l’art 68 AU.
Mais la jurisprudence fait échapper à l’inopposabilité en tout état de cause, les dettes
nées au moment ou après la constitution de la sûreté sous la forme de nouvelles avances
consenties par le banquier, à partir des analyses comparatives provisoires et définitives
du compte courant.

III. L’extinction novatoire des créances

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Toute écriture passée en compte courant perd son individualité pour devenir un simple article ;
autrement dit, il y a novation. Cet effet novatoire doit s’entendre en ce que la traduction scripturale en
compte de l’une quelconque des créances réciproques entre les parties lui fait perdre son existence
juridique originelle, et lui substitue définitivement l’écriture comptable correspondante.
Autrement dit, la créance antérieure et légitimement acquise d’une opération régulière est, du
fait de sa traduction comptable formelle novée (C’est-à-dire éteinte et remplacée) en une écriture
autonome, désormais soumise à la seule loi du compte qui l’accueille.
Section III : LE FONCTIONNEMENT DU COMPTE COURANT
Le fonctionnement du compte courant se traduit par un inventaire des écritures et exprime un
courant de remise réciproque parfois émaillé d’incidents telle que la contre passation des effets
impayés.
I. Les remises
On appelle remise la traduction comptable par écriture adéquate de la créance de l’une des
parties contre l’autre. Il y a donc remise en compte lorsque les droits monétaires détenus par l’une
d’elles au titre d’une opération quelconque (Ex : avances consenties par le banquier, dépôt fait par le
client, encaissement réalisé en son nom), sont concrètement matérialisés par une écriture comptable
en application de l’engagement d’affectation générale et de l’accord de règlement par balance.
Les remises forment les articles successifs du compte et lui confèrent par là une matérialité où
s’affirme une volonté réelle des parties de donner une exécution effective à leur convention de compte
courant.
II. La contre-passation des effets impayés
La contre-passation consiste dans le débit en compte, du montant d’un titre antérieurement pris
à l’escompte. En effet, lorsqu’un banquier escompte sur un effet de commerce qui lui est remis par un
client, si l’effet n’est pas payé à l’échéance par le débiteur principal (le tiré d’une lettre de change par
exemple), le banquier peut en reporter le montant au débit du compte du client.
Section IV : LA CESSATION DE LA RELATION DE COMPTE COURANT
La convention de compte courant peut être conclue pour une durée déterminée ou bien sans
détermination de durée, ce qui est le cas le plus usuel. Dans ce 2 nd cas, elle peut être dénoncée
unilatéralement par l’une des parties. Étant en outre considérée dans l’usage commerciale comme une
convention conclue intuitu personae, le compte courant prend fin par la mort, la liquidation des biens
ou le redressement judiciaire ou alors la survenance De l’incapacité d’une des parties.
I. La détermination du solde
Le compte étant clôturé, il y a lieu d’établir la balance pour faire apparaître le solde. A cet effet,
il importe de tenir compte des opérations de la liquidation en cours, pour mieux caractériser la créance
du solde. Ces opérations concernent notamment la contre passation des effets de commerce sous
réserve d’encaissement.
Depuis les Arrêts du 10 mars 1852, la Cour de Cassation admet que s’agissant des effets de
commerce échus, le banquier qui les avait escomptés peut les contre passer pour faire apparaître le
solde définitif. Mieux, lorsque le client est en liquidation de biens ou redressement judiciaire, la JP
reconnaît également au banquier le droit de conserver les effets de ce commerce bien qu’il en ait contre
passer le montant, et sans que le syndic de la liquidation des biens du remettant puisse se les faire
restituer.

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Cette contre passation met le banquier dans une situation excellente dans la mesure où, d’une
part, il efface l’article inscrit à tort au compte client, d’autre part et par application de la théorie des
coobligés, il conserve la possibilité d’agir contre les signataires de la lettre pour en obtenir le paiement.
II. Les garanties du solde
Le solde définitif du compte courant est susceptible d’être garanti par les dispositions
appropriées convenues soit à l’ouverture, soit en cours de fonctionnement du compte (clause de
compensation, sûretés réelles ou personnelle).
III. Le règlement de la créance du solde
Le solde créditeur constitue la créance de l’une des parties contre l’autre. Cette créance est
liquide et exigible. C’est pourquoi elle peut être l’objet d’une saisie - attribution par les créanciers de
la partie créditrice, et peut être payée pendant la période suspecte comme dette échue.

CHAPITRE II : LE COMPTE DE DÉPÔT D’EPARGNE


Dans cette catégorie, on retrouve les comptes sur livret, les comptes d’épargne sur logement,
et les comptes à terme.
Section I : LES COMPTES SUR LIVRET OU COMPTE D’ÉPARGNE
I. L’ouverture
Les comptes d’épargne peuvent être ouverts auprès des banques (compte bancaire ou compte
sur livret) par toute personne physique ou morale.
S’agissant des personnes physiques, un compte sur livret peut être ouvert à un mineur non
émancipé sur demande de son représentant légal qui aura par ailleurs seule qualité pour le faire
fonctionner.
II. Le fonctionnement du compte
Les comptes d’épargne ne peuvent enregistrer que des opérations de virement, versement ou
retrait en faveur du titulaire, virement dû au compte courant, ou encore au compte chèque du titulaire.
Les versements portent intérêts qui sont calculés à terme échu sur le solde moyen en valeur de
la période sur laquelle porte l’arrêté de ce compte.
Section II : LES COMPTES D’ÉPARGNE LOGEMENT
Le système d’épargne logement, dont la gestion est confiée par la loi n° 002 du 29 juin 1982
au Crédit foncier du Cameroun, s’apparente à bien des égards au crédit différé puisqu’il confère
« Droit au crédit » à l’issue d’une période d’épargne contractuelle.
Pour la mise en place de cette formule, on distingue une phase d’épargne et une phase de prêt.
I. La phase d’épargne
Elle concerne l’ouverture des comptes selon 2 formules correspondant à 2 types d’épargne
logement : le client le client peut donc ouvrir soit un compte de carnet A destiné à recevoir des fonds
en vue de l’obtention d’un prêt épargne logement au CFC, soit un compte carnet B pour seul objet de
constitution d’une épargne et sa rémunération.

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II. La phase de prêt
Le principe de l’épargne logement est de permettre à des personnes ayant progressivement
épargné de bénéficier le moment venu des prêts destinés au financement ou l’achat de terrain à bâtir,
la construction, l’acquisition, la réparation ou l’amélioration des maisons destinées à l’habitat
principal, à la résidence de retraite ou à la location du bénéficiaire.
Section III : LES COMPTES À TERME
Le compte à terme est celui dont le titulaire ne peut disposer des fonds avant l’expiration d’un
délai déterminé à partir de la date d’ouverture. En contre partie, un intérêt est versé au déposant,
variable suivant la durée de l’immobilisation et l’importance des capitaux engagés.

TITRE III : LES COMPTES DE DÉPÔT PLURAUX


La pluralité peut tenir ici soit à la titularité d’un même compte ouvert sous plusieurs identités :
on parle alors de compte collectif ; soit à la détention par un même titulaire de plusieurs comptes dans
les livres d’une banque : on parle de compte multiple.
CHAPITRE I : LES COMPTES COLLECTIFS
On distingue généralement 2 catégories de compte collectif : le compte collectif simple et le
compte collectif joint.
Section I : LE COMPTE COLLECTIF SIMPLE OU COMPTE INDIVIS
Ce compte est soumis au droit commun de l’indivision EX : dans l’hypothèse d’une succession
non encore partagée qui comprend un compte en banque, ce compte ne peut fonctionner que sous la
signature conjointe de tous les indivisaires à moins que l’un d’eux ne reçoive de tous les autres, le
mandat de faire le compte sous sa seule signature.
Section II : LE COMPTE JOINT
La caractéristique du compte joint est d’être en co-titularité entre 2 personnes au moins qui
conviennent tant entre elles même qu’à l’égard de la banque, dépositaire et teneur du compte d’une
clause de solidarité active qui permet à chaque co-titulaire d’effectuer toutes les opérations sur le
compte sous sa seule signature et engagé la banque à restituer la totalité du dépôt à l’un quelconque
des titulaires du compte.
Cette clause est généralement doublée d’une stipulation de solidarité passive par laquelle
chacun des co-titulaires s’obligent classiquement à répondre vis-à-vis de la banque, de la totalité du
solde débiteur éventuellement dégagée par le fonctionnement du compte.

CHAPITRE II : LES COMPTES MULTIPLES


L’hypothèse de base est celle où plusieurs comptes sont ouverts et tenus dans le même
établissement de crédit au nom d’un même titulaire. Ces comptes peuvent faire faire l’objet soit d’un
accord d’unité de compte, soit d’un accord de compensation de solde.
Section I : L’ACCORD D’UNITE DE COMPTE

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Substantiellement, la stipulation d’unité de compte consiste à convenir que les multiples
comptes formellement ouverts et matériellement tenus au nom d’un même titulaire sont réputés
stipulés de simples divisions fonctionnelles. Aussi en application de cet accord, tout se passe entre les
parties comme s’il n’existe entre elles qu’un seul compte auquel on attaché tout effet de droit
(liquidation des intérêts débiteurs, saisie – attribution, existence d’une provision disponible, etc.), et
donc, il doit être tiré un solde global représentant la position consolidée des différents compartiments
du compte réputé unique.
Section II : L’ACCORD DE COMPENSATION
La convention ou clause de compensation est l’accord par lequel la banque et le client
conviennent que les multiples comptes tenus pourront donner lieu le cas échéant, à une compensation
de leur solde en sens inverse. Elle tend à autoriser par avance une compensation conventionnelle dont
la validité de principe n’est pas discutable.
L’avantage majeur de cette convention est de permettre d’englober dans les mécanismes
compensatoires les soldes de compte de toute nature correspondant à des régimes différents, et donc
dépourvus de toute fongibilité juridique.

FIN DU COURS

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