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DROIT BANCAIRE
Dr KAMTA Elvice
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Bibliographie indicative
1-SOUSI-ROUBI (Blanche), Lexique de la banque et des marchés financiers, 3è éd. Paris : Dalloz,
2001, 260 pages
2-NYAMA (Jean-Marie), Droit bancaire et de la micro finance en zone CEMAC, vol 1 et 2, éd.
CERFOD, 2006
8-EBER (Nicolas), Les relations de long terme banque-entreprise, Paris : Vuibert, 1999,144
pages
11-BERNET-ROLLANDE (Luc), Principes de technique bancaire, 22è éd. Paris : Dunod : 2002,432
pages
12-MOSCHETTO (Bruno) et ROUSSILLON (Jean), La banque et ses fonctions,5è éd. Paris : PUF,
1998 ,127 pages
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
Jusqu’en 1930, la profession de banquier était encore considérée comme toute autre profession
commerciale relevant du Code de Commerce, dont l’exercice n’était subordonné à aucune
réglementation spécifique. La première tentative de réglementation verra précisément jour avec la loi
du 19 juillet 1930 portant interdiction de l’exercice de la profession de banquier aux individus
frappés de certaines condamnations et aux faillis non réhabilités. Mais ce n’est que 30 ans plus
tard après les indépendances que suivront les règles de cette profession. Depuis lors, la réglementation
de la profession n’a cessé de se renforcer au niveau des unions régionales et notamment en Afrique
Centrale grâce à une politique de coopération monétaire entre les États-membres, avec l’élaboration
des règles communes telles que la Convention du 17 janvier 1992portant harmonisation et
réglementation bancaire dans les pays de l’Afrique Centrale ; la création de la CEMAC au sein de
laquelle se trouvent la BEAC, l’UMAC, la COBAC, etc.
Le droit bancaire se distingue par le particularisme de ses sources, mais sans doute davantage,
par l’implication des banques dans tout processus de développement, c’est-à-dire d’Investissement et
de croissance tant des États que des particuliers. En effet, si les sources du droit des opérations de
banques sont de même nature que le droit commercial général, en revanche leurs importances
respectives sont très inégales. Les sources internationales ont influencé les premières opérations de
crédit grâce notamment à la Convention de Genève de 1930 portant sur les effets de commerce
(lettre de change, billet à ordre) et les Conventions de 1931 sur le chèque.
À cette formalisation des instruments bancaires, se sont ajoutées les pratiques internationales
unifiées telles que les règles et usances uniformes en matière de crédit documentaire qui ont permis
aux banquiers de tous les pays d’adhérer aux pratiques normalisées.
Les sources nationales, beaucoup plus abondantes, traduisent l’importance qu’accordent les
États à l’activité bancaire dans les politiques économiques qu’ils élaborent. Elles résultent pour
l’essentiel des organismes (BEAC, COBAC, CNC) auxquels le législateur a conféré un pouvoir
réglementaire de contrôle de la distribution du crédit.
Dans la pratique quotidienne cependant, la relation bancaire est avant tout basée sur des contrats
soumis aux conditions de droit commun. Ces contrats bancaires, quels que soient leurs qualificatifs,
obéissent avant tout au principe du consensualisme, et donc se forment par l’échange de consentements
des parties.
Ce double aspect règlementaire et consensuel de l’activité bancaire, qui imprime finalement
son originalité à cette profession, génère différentes sources de responsabilité pour le banquier. Si à
l’égard des clients, cette responsabilité est davantage contractuelle, elle est essentiellement délictuelle
et professionnelle à l’égard des tiers en cas de manquement aux conditions d’exercice de la profession.
L’activité bancaire s’articule juridiquement en 5 grandes phases modulaires à savoir :
▪ L’organisation de la profession
▪ Les instruments bancaires
▪ Les comptes bancaires
▪ Les techniques juridiques de financement bancaires
▪ Les techniques boursières
Dans le cadre de ce cours cependant, l’accent sera mis d’une part sur la problématique de la profession
bancaire ( I ère partie) et, d’autre part, sur les comptes bancaires (IIème partie ). Les autres phases
modulaires pourraient faire ultérieurement l’objet des cours spécifiques.
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I ère partie : LA PROFESSION BANCAIRE
La profession bancaire se caractérise par son extrême réglementation à la fois de son cadre
organique et de son cadre relationnel.
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CHAPITRE I : STRUCTURE DU SYSTÈME BANCAIRE
La loi définit d’abord les différentes catégories d’établissement de crédit, ainsi que l’activité
que chacun d’eux peut être autorisé à exercer.
Section I : LA CATEGORISATION DES ETABLISSEMENTS DE CRÉDIT
I. Définition d’établissements de crédit
Sous le vocable « établissements de crédit » sont regroupés tous les organismes qui effectuent
à titre habituel des opérations de banques. L’art 2 du Décret n° 90/1469 du 9 novembre 1990 portant
définition des établissements de crédit distinguait plusieurs catégories juridiques d’établissements
parmi lesquels les banques, les établissements financiers, les caisses d’épargne postales, les sociétés
d’Investissement financières et de participation auxquels, il faut ajouter avec le Décret n°98/300/PM,
les coopératives d’épargne et de crédit. Avec le règlement COBAC-R-2009/02 cependant, la banque
est un établissement de crédit qui regroupe un ensemble catégoriel assez large. Ce texte classe les
établissements de crédit en banque et en établissements financiers. Les banques peuvent être
universelles ou spécialisées alors que les établissements financiers qui ne peuvent recevoir les fonds
du public sont, soit de courtage, soit de participation, soit de factoring (affacturage), ou soit de leasing
(crédit-bail).
En revanche, ne sont pas soumis à la réglementation des établissements de crédit : le trésor
public, la BEAC, les organismes d’Etat chargés des prises de participation (SNI), les organismes de
financement sans but lucratif relevant d’une législation ou d’une réglementation particulière
(FOGAPE=Fonds de garantie des petites entreprises), les notaires, les agents d’affaires et gérant de
fortunes qui administrent les fonds de leurs clients sans effectuer les opérations de banques.
II. Classification des banques
Le règlement COBAC R-2009/02 portant fixation des catégories des établissements de crédit,
de leur forme juridique et des activités autorisées classe les banque en deux principales catégories : les
banques universelles et les banques spécialisées.
1. Les banques universelles
Elles ont pour vocation de recevoir du public, des dépôts de fonds à vue et à terme, et
d’effectuer les opérations de crédit. Bref, elles ont compétence pour accomplir toutes les opérations
bancaires et même non bancaires, à condition que ces dernières opérations soient réalisées dans les
mêmes conditions définies par les règlements de la COBAC, lesquels règlements préciseront le niveau
maximal autorisé pour ces opérations. Ces dernières sont par ailleurs désignées en zone CEMAC par
l’expression « opérations connexes ».
Traditionnellement appelées banques de dépôt, les banques universelles peuvent cependant
accorder le crédit à court terme pour faciliter les opérations commerciales courantes tels les découverts,
l’escompte ...
Exemple : BICEC, SGC, Afriland First bank, etc.
2. Les banques spécialisées
Elles réalisent les opérations de banque dans la limite de la décision d’agrément qui les
concerne ou des dispositions statutaires, législatives et réglementaires qui leur sont propres dans le
respect toutefois des prescriptions communes de la réglementation bancaire. Ces banques ont
généralement pour principal champs d’activité :
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• Soit un type particulier d’opérations notamment les crédits à moyen et
long terme (Exemple : les banques de développement d’antan), et les
prises de participation ;
• Soit un secteur où une clientèle déterminée.
Exemple : le Crédit foncier
III. Les établissements financiers
Les différences fondamentales imposées par le législateur entre la banque et l’établissement
financier résident dans l’origine du fonds utilisé par chacun dans son activité. Si les banques ont le
monopole de l’utilisation des dépôts du public, les établissements financiers ne peuvent avoir recours
qu’à leurs capitaux propres ou à des capitaux d’emprunt.
Les établissements financiers sont classés en 6 catégories :
➢ Les établissements financiers de la promotion de la consommation ;
➢ Les établissements financiers de la promotion des investissements ;
➢ Les établissements de courtages financiers ;
➢ Les établissements de factoring ou affacturage ;
➢ Les établissements de recouvrement ;
➢ Les établissements de crédit-bail ou leasing ;
2. Les micro-finances de deuxième catégorie qui fonctionnent comme des banques car collectent
l’épargne et octroient les crédits même aux tiers. Ils se constituent toujours sous la forme juridique
de société anonyme avec un capital minimum qui passe 50 millions de francs CFA à 300
millions de francs CFA (Article 1 du Règlement COBAC EMF R-2017/03 portant fixation du
capital social minimum des établissements de micro-finance des deuxième et troisième
catégories). En plus de la réserve légale, l’EMF de deuxième catégorie doit constituer une réserve
obligatoire représentant 15% des bénéfices à affecter sans limitation de durée et de montant. Elle
doit avoir en outre la forme d’une société anonyme avec conseil d’administration.
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3. Les établissements de micro finance de troisième catégorie qui accordent des crédits aux tiers sans
toutefois exercer l’activité de collecte de l’épargne. Leurs fonds peuvent provenir d’emprunts, de
dépôt de garantie ou des fonds laissés par les actionnaires. Le crédit ouvert à tous devient pour
cette catégorie d’EMF, l’activité principale. Le capital social minimum est passé de 25 millions
de francs CFA à 150 millions de francs CFA (Article 1 du Règlement COBAC EMF R-2017/03
portant fixation du capital social minimum des établissements de micro-finance des deuxième et
troisième catégories). Elle doit par ailleurs avoir la forme d’une société anonyme avec conseil
d’administration.
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peut ainsi citer entre autres les chèques bancaires, chèques de voyage, cartes de paiement et de retrait,
virements ou avis de prélèvement, cartes de crédit et transferts électroniques de fonds…
II. Les activités connexes et les prises de participation
Les banques peuvent aussi effectuer les opérations connexes telles que le change, le placement,
la souscription, l’achat, la gestion, la garde et la vente des valeurs mobilières et tout produit financier,
le conseil et l’assistance en matière de gestion du patrimoine, de gestion financière, l’ingénierie
financière, et d’une manière générale, tous les services destinés à faciliter la création ou le
développement des entreprises et enfin, la banque d’assurance.
Les établissements de crédit peuvent prendre et détenir des participations dans les entreprises
existantes ou en création dans les conditions définies par la réglementation de la COBAC.
III. Les activités à caractère non bancaire
Les établissements de crédit sont autorisés notamment à exercer toute activité de mandataire,
courtier ou commissionnaire pour le compte de filial ou en prolongement des autres activités bancaires
autorisées.
2 limites sont cependant imposées par la COBAC quant au droit pour les établissements de
crédit assujettis d’effectuer d’autres activités.
• Une limite d’ordre qualitatif et juridique : le respect du jeu de la concurrence, compatibilité
avec la profession bancaire ;
• Une limite d’ordre quantitatif : aux termes de la réglementation de la COBAC, le montant
annuel de l’ensemble des produits provenant de ce type d’activité ne doit pas excéder 10% du
produit net bancaire défini comme la différence entre les produits et les frais bancaires.
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La réglementation porte sur les conditions d’ouverture et de fonctionnement, ainsi que sur les
structures de l’entreprise bancaire.
Section I : LES CONDITIONS D’OUVERTURE
I. Les banques
Pour exercer le commerce de banque, il est nécessaire de satisfaire à un ensemble de conditions
relatives à la forme juridique de l’entreprise, au capital social minimum exigé, à l’agrément de
l’autorité monétaire, à l’inscription au CNC.
1. La forme juridique
Les sociétés ayant pour objet le commerce des banques ne peuvent être constituées que sous la
forme de SA, SCS, société coopérative ou en forme mutuelle.
En revanche, il est interdit aux banques d’adopter la forme des SARL, de SA à capital variable,
ou encore de SNC.
Dans la pratique toutefois, c’est la forme des SA qui a pignon sur rue.
2. Le capital social
Le capital social exigé des banques en vue de leur constitution sur le territoire de la CEMAC
est de 10 milliards de FCFA minimum (Article 1 du Règlement R-2009/01 portant fixation du capital
social minimum des établissements de crédit). Il doit être entièrement libéré.
3. L’agrément de l’autorité monétaire
Aucun établissement de crédit ne peut exercer ses activités sur le territoire national sans avoir
été agréé par l’autorité monétaire, c’est-à-dire le ministre des finances, après avis conforme de la
COBAC.
L’agrément doit correspondre au type d’opérations que l’entreprise entend effectuer.
4. L’établissement doit être inscrit auprès du CNC
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Aux termes de l’art 18 de l’Annexe à la Convention du 17 juin 1992 « la direction générale
des établissements de crédit doit être assurée par 2 personnes au moins »
Ces dirigeants doivent être agréés par l’autorité monétaire sur avis conforme de la COBAC.
IV. L’organe délibérant
L’organe délibérant est constitué par le conseil d’administration ou tout organisme similaire. Il
veille à la cohérence des contrôles internes et externes.
V. Les Commissaires aux comptes
Les opérations des établissements de crédit sont contrôlées par au moins 2 CAC agréés dans
les mêmes conditions que les dirigeants. Ils doivent être choisis parmi ceux qui sont inscrits sur la liste
prévue à l’art 696 de l’AUDSCGIE.
VI. Les succursales ou agences
La succursale est un démembrement d’une société autrement dit, un siège d’exploitation qui
constitue une partie dépourvue de personnalité juridique d’un établissement de crédit, et qui effectue
directement en tout ou partie les opérations inhérentes à l’activité d’établissement de crédit.
La situation d’une succursale vis-à-vis des obligations réglementaires bancaires varie selon que
l’établissement dont elle dépend à son siège implanté dans un des États membres de la CEMAC, ou
dans un pays tiers.
Dans le premier cas, ces succursales ou agences sont dispensées d’agrément sous réserve
toutefois que le CNC, après avoir été saisi de la date de leur ouverture ait autorisé celle-ci.
Dans le second cas, les succursales au Cameroun d’établissements étrangers dont le siège n’est
pas situé dans un État membre de la CEMAC doivent obtenir l’agrément de l’autorité monétaire, dans
la mesure où elles n’en sont pas expressément dispensées par la réglementation bancaire.
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Si le cadre relationnel de la profession bancaire ne diffère pas fondamentalement de la plupart
de celui des entreprises commerciales, il comporte néanmoins suffisamment de spécificités dans 2
domaines précis : celui des relations entre le banquier et sa clientèle d’une part, et celui de la
responsabilité d’autre part.
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Section II : APPLICATION SPÉCIFIQUES DE LA RESPONSABILITE CIVILE
BANCAIRE
Ces exemples soulèvent ici également les problèmes de responsabilité contractuelle et
délictuelle.
I. Cas de responsabilité contractuelle
Lorsqu’il est lié dans le cadre d’une ouverture de crédit par une promesse de prêt, le banquier
peut-il subitement refuser l’exécution reliquataire de son engagement ?
La question se pose surtout pour l’ouverture de crédits d’exploitation consentis sans durée
déterminée car d’une part, l’absence de terme ouvre d’ordre public, une faculté de dénonciation
unilatérale du contrat notamment par la banque ; d’autre part, le crédit d’exploitation, oxygène de
l’entreprise, est celui dont le gel est le plus susceptible de lui causer des troubles de fonctionnement,
voire des lésions financières déterminant de la cessation de paiement.
La loi bancaire camerounaise dispose en son art 22 à cet égard que : « les concours à durée
indéterminée qu’un établissement de crédit consent à une entreprise ne peuvent être réduits ou
interrompus que sur notification écrite à l’expiration d’un délai de préavis fixé lors de l’octroi des
concours et repris dans l’acte de confirmation » (al 1).
« L’établissement de crédit n’est tenu de respecter aucun délai de préavis que l’ouverture de
crédit soit à durée indéterminée ou déterminée, en cas de comportement gravement répréhensible du
bénéficiaire du crédit ou au cas où la situation de ce dernier s’avèrera irrémédiablement compromise.
Le non respect de ces dispositions peut entraîner la responsabilité pécuniaire de l’établissement de
crédit » (al 2).
L’art 22 de l’Ordonnance prévoit ainsi 2 facultés de dénonciation de l’ouverture de crédit : une
faculté normale prévue à l’al 1 et une faculté exceptionnelle posée par l’al 2.
A. La faculté normale de dénonciation
La loi pose 2 conditions préalables pour qu’un concours à durée indéterminée puisse être réduit
ou interrompu. Une notification écrite et un délai de préavis.
La notification écrite doit répondre au souci d’informer son destinataire de l’intention claire et
ferme de l’établissement de crédit de remettre en cause son concours.
Le délai de préavis s’apprécie de manière conventionnelle si le délai de préavis n’a pas été fixé
lors de l’octroi du concours, il importe de se référer aux usages.
B. La faculté exceptionnelle de dénonciation
L’al 2 en indique les critères et la mise en œuvre.
Les critères de dénonciation sont regroupés en 2 causes à savoir :
• Un comportement gravement répréhensible. Ex : l’affectation du crédit à d’autres
emplois, la présentation des documents comptables falsifiés.
• Une situation irrémédiablement compromise : elle désigne un état virtuel ou effectif de
cessation matériel de paiement d’où résulte une impossibilité de pouvoir honorer ses
engagements.
Ici, la mise en œuvre de la dénonciation a lieu instantanément. Si le banquier est tenu de notifier
par écrit sa décision, en revanche, il est dispensé d’observer le préavis convenu.
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II. Cas de responsabilité délictuelle
L’hypothèse ici est celle d’une rupture tardive. Concrètement, la banque peut aussi exposer sa
responsabilité civile délictuelle, cette fois pour avoir fourni en connaissance de cause ou par
imprudence fautive ou coupable, des crédits à une entreprise dont la situation financière est
irrémédiablement compromise.
En effet, dans une telle situation, loin d’aider le débiteur à refaire surface, crédit devient un pur
moyen de l’accroissement du passif de l’entreprise. Mais la faute d’imprudence ou de négligence
alléguée par le banquier et parfois difficile à caractériser.
Parce que la démarcation entre la suffisance du crédit et son abus est très relative, cette relativité
est à la fois temporelle et substantielle. Il reste toutefois qu’en professionnel, il appartient au banquier
de s’informer sur l’état réel des clients qui bénéficient de ses concours.
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TITRE I : GENERALITES SUR LES COMPTES BANCAIRES
La relation bancaire s’exprime et se traduit pour l’essentiel par des flux monétaires initiés par le client
(dépôt, paiements) où favorisés par l’établissement de crédit (concours divers). Cette relation est
généralement précédée et sous-tendue par un ou plusieurs comptes qui permettent d’inscrire au débit
et au crédit les résultats des mouvements et des opérations concernant le client.
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I. Dépôt avec affectation spéciale
La remise des fonds peut être faite au banquier pour servir à une opération déterminée comme
par exemple la souscription d’actions ou l’achat de titre. On dit dans ce cas qu’elle à une affectation
spéciale.
Mais dans cette hypothèse, on assiste à la conjonction de 2 contrats : le banquier jouant le rôle
à la fois du dépositaire et du mandataire.
II. Les intérêts des fonds déposés
Le dépôt est par sa nature un contrat à titre gratuit (art 1917 CCIV). Mais il peut être salarié.
En principe, le dépôt en banque ne l’est pas car le banquier tire un avantage du dépôt. Par un
renversement de la situation normale, C’est le banquier qui en général paye à titre de rémunération un
intérêt sur les sommes déposées.
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à se préoccuper de leur origine ou de leur destination sauf cas de fraude ou d’acte manifestement
illicite.
Le fonctionnement du compte donne lieu souvent à des intérêts qui courent au profit des
banquiers (intérêt –débiteur) ou au profit du client (intérêt – créditeur).
Les intérêts des crédits bancaires doivent être stipulés en principe de manière expresse et écrite
et leurs taux déterminés ou tout au moins déterminables (art 1905, 1906 CCIV).
Sauf exception pour les comptes à termes sur livret et les comptes d’épargne logement, les
banques ne versent pas d’intérêt pour les soldes créditeurs des dépôts à vue. Si l’exécution des
stipulations se fait directement au débit des comptes qui reçoivent les concours du banquier, en
revanche, les modalités de calcul et de paiement de ces intérêts donnent lieu régulièrement à des
difficultés d’appréciation au regard de règles de droit commun.
• L’art 1906 CCIV dispose que « l’emprunteur qui a payé des intérêts, qui n’étaient pas
stipulés ne peut ni les répéter, ni les imputer sur le capital. »
• L’art 1154 CCIV qui soumet la capitalisation des intérêts à des règles particulières.
De ces 2 dispositions, la JP et les usages tirent les conséquences suivantes :
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droit commun. Mais alors le taux d’intérêt applicable demeurera celui qui avait été
convenu ou appliqué pendant le fonctionnement du compte jusqu’à complet paiement
du solde débiteur.
B. L’utilisation du compte
Le fonctionnement d’un compte comporte habituellement l’utilisation de chèques par le client.
La signature du titulaire est conservée sur une fiche aux fins de vérification des ordres signés par lui.
La délivrance des formules de chèques n’est pas obligatoire pour le banquier. À chaque inscription en
compte, le banquier établit la position de son client. Ce dernier a contre son banquier une créance égale
à sa position créditrice appelée provision.
C. Clôture du compte
Par son caractère personnel, le compte ouvert par le banquier à un client est clôturé à la mort
de ce dernier et par la survenance de son incapacité. Mais encore tout changement dans la situation du
client peut entraîner clôture de son compte.
Section II : LA VARIÉTÉ DU COMPTE
La pratique bancaire dénomme les comptes ouverts aux clients d’après la nature des opérations
faites ou envisagées. S’il s’agit d’une opération unique faite par une personne qui n’est pas en relation
suivie avec la banque, le compte est dit «compte de passage ».
EX : un compte chèque, un compte courant (compte commercial ou compte des affaires)
Lorsque le compte est ouvert au profit de plusieurs titulaires, on parle dans cette hypothèse de
« compte collectif » ou « compte indivis ».
Certains comptes peuvent être ouverts par la banque en parallèle à des comptes déjà ouverts.
C’est le cas des « comptes encaissement » et des « comptes acceptations » ou « caution », etc. Dans la
pratique bancaire courante, les relations des banques avec leurs clients se matérialise tantôt à travers
les comptes de dépôt individuel, tantôt à travers les comptes pluraux.
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sorte à faire apparaître un nouveau solde qui en traduisent irréversiblement la fusion avec tous les
autres articles précédents et avenir du compte. Il importe de bien distinguer entre d'une part, la fusion
des articles du compte et d’autre part, la considération de la position débitrice ou créditrice d’une
partie.
1. La fusion des articles du compte
Cette fusion s’applique aux tiers comme au banquier car la remise en compte ne constitue pas
en soi un paiement. De cette idée, la JP tire plusieurs conséquences qui écartent les règles ordinaires
du paiement à savoir :
▪ S’il y a ouverture du crédit en compte courant, celui qui a usé de son crédit et qui fait
ensuite des remises n’est pas considéré comme ayant remboursés sa dette. Aussi peut-
il de nouveau user de son crédit jusqu’à concurrence de la somme promise par le
banquier.
▪ La remise faite pendant la période suspecte précédant l’ouverture du jugement de
liquidation du bien. Si elle est intervenue conformément aux prévisions du compte
courant, ne peut pas être regardé comme un paiement d’une dette non échue et par la
suite, ne peut pas être déclarée inopposable à la masse des créanciers conformément à
l’art 68 AU ; sauf si le teneur du compte connaissait l’état de cessation de paiement
du remettant lors de la remise en compte par application de l’art 69 AU.
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Toute écriture passée en compte courant perd son individualité pour devenir un simple article ;
autrement dit, il y a novation. Cet effet novatoire doit s’entendre en ce que la traduction scripturale en
compte de l’une quelconque des créances réciproques entre les parties lui fait perdre son existence
juridique originelle, et lui substitue définitivement l’écriture comptable correspondante.
Autrement dit, la créance antérieure et légitimement acquise d’une opération régulière est, du
fait de sa traduction comptable formelle novée (C’est-à-dire éteinte et remplacée) en une écriture
autonome, désormais soumise à la seule loi du compte qui l’accueille.
Section III : LE FONCTIONNEMENT DU COMPTE COURANT
Le fonctionnement du compte courant se traduit par un inventaire des écritures et exprime un
courant de remise réciproque parfois émaillé d’incidents telle que la contre passation des effets
impayés.
I. Les remises
On appelle remise la traduction comptable par écriture adéquate de la créance de l’une des
parties contre l’autre. Il y a donc remise en compte lorsque les droits monétaires détenus par l’une
d’elles au titre d’une opération quelconque (Ex : avances consenties par le banquier, dépôt fait par le
client, encaissement réalisé en son nom), sont concrètement matérialisés par une écriture comptable
en application de l’engagement d’affectation générale et de l’accord de règlement par balance.
Les remises forment les articles successifs du compte et lui confèrent par là une matérialité où
s’affirme une volonté réelle des parties de donner une exécution effective à leur convention de compte
courant.
II. La contre-passation des effets impayés
La contre-passation consiste dans le débit en compte, du montant d’un titre antérieurement pris
à l’escompte. En effet, lorsqu’un banquier escompte sur un effet de commerce qui lui est remis par un
client, si l’effet n’est pas payé à l’échéance par le débiteur principal (le tiré d’une lettre de change par
exemple), le banquier peut en reporter le montant au débit du compte du client.
Section IV : LA CESSATION DE LA RELATION DE COMPTE COURANT
La convention de compte courant peut être conclue pour une durée déterminée ou bien sans
détermination de durée, ce qui est le cas le plus usuel. Dans ce 2 nd cas, elle peut être dénoncée
unilatéralement par l’une des parties. Étant en outre considérée dans l’usage commerciale comme une
convention conclue intuitu personae, le compte courant prend fin par la mort, la liquidation des biens
ou le redressement judiciaire ou alors la survenance De l’incapacité d’une des parties.
I. La détermination du solde
Le compte étant clôturé, il y a lieu d’établir la balance pour faire apparaître le solde. A cet effet,
il importe de tenir compte des opérations de la liquidation en cours, pour mieux caractériser la créance
du solde. Ces opérations concernent notamment la contre passation des effets de commerce sous
réserve d’encaissement.
Depuis les Arrêts du 10 mars 1852, la Cour de Cassation admet que s’agissant des effets de
commerce échus, le banquier qui les avait escomptés peut les contre passer pour faire apparaître le
solde définitif. Mieux, lorsque le client est en liquidation de biens ou redressement judiciaire, la JP
reconnaît également au banquier le droit de conserver les effets de ce commerce bien qu’il en ait contre
passer le montant, et sans que le syndic de la liquidation des biens du remettant puisse se les faire
restituer.
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Cette contre passation met le banquier dans une situation excellente dans la mesure où, d’une
part, il efface l’article inscrit à tort au compte client, d’autre part et par application de la théorie des
coobligés, il conserve la possibilité d’agir contre les signataires de la lettre pour en obtenir le paiement.
II. Les garanties du solde
Le solde définitif du compte courant est susceptible d’être garanti par les dispositions
appropriées convenues soit à l’ouverture, soit en cours de fonctionnement du compte (clause de
compensation, sûretés réelles ou personnelle).
III. Le règlement de la créance du solde
Le solde créditeur constitue la créance de l’une des parties contre l’autre. Cette créance est
liquide et exigible. C’est pourquoi elle peut être l’objet d’une saisie - attribution par les créanciers de
la partie créditrice, et peut être payée pendant la période suspecte comme dette échue.
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II. La phase de prêt
Le principe de l’épargne logement est de permettre à des personnes ayant progressivement
épargné de bénéficier le moment venu des prêts destinés au financement ou l’achat de terrain à bâtir,
la construction, l’acquisition, la réparation ou l’amélioration des maisons destinées à l’habitat
principal, à la résidence de retraite ou à la location du bénéficiaire.
Section III : LES COMPTES À TERME
Le compte à terme est celui dont le titulaire ne peut disposer des fonds avant l’expiration d’un
délai déterminé à partir de la date d’ouverture. En contre partie, un intérêt est versé au déposant,
variable suivant la durée de l’immobilisation et l’importance des capitaux engagés.
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Substantiellement, la stipulation d’unité de compte consiste à convenir que les multiples
comptes formellement ouverts et matériellement tenus au nom d’un même titulaire sont réputés
stipulés de simples divisions fonctionnelles. Aussi en application de cet accord, tout se passe entre les
parties comme s’il n’existe entre elles qu’un seul compte auquel on attaché tout effet de droit
(liquidation des intérêts débiteurs, saisie – attribution, existence d’une provision disponible, etc.), et
donc, il doit être tiré un solde global représentant la position consolidée des différents compartiments
du compte réputé unique.
Section II : L’ACCORD DE COMPENSATION
La convention ou clause de compensation est l’accord par lequel la banque et le client
conviennent que les multiples comptes tenus pourront donner lieu le cas échéant, à une compensation
de leur solde en sens inverse. Elle tend à autoriser par avance une compensation conventionnelle dont
la validité de principe n’est pas discutable.
L’avantage majeur de cette convention est de permettre d’englober dans les mécanismes
compensatoires les soldes de compte de toute nature correspondant à des régimes différents, et donc
dépourvus de toute fongibilité juridique.
FIN DU COURS
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