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INTRODUCTION
Le droit bancaire désigne l’ensemble des règles visant à régir les activités exercées à titre
de profession habituelle par les établissements de crédit.
Les opérations de banque sont expressément commerciales et souvent les banques sont commerciales,
toutefois on trouve aussi des banques civiles.
• Elles apparaissent dès l’Antiquité mais l’activité bancaire prend réellement son essor durant le
Moyen-Âge. On voit l’apparition des charge, dépôts et crédit.
• Au 19ème siècle :
- Création de la BDF : société privée à qui on donne le monopole de l’émission de la monnaie en
France et la surveillance du système bancaire.
- Début du capitalisme : apparition de la monnaie fiduciaire et scripturale.
- Naissance de grands établissements bancaires : Crédit Agricole, Crédit Mutuel…
• Crise de 1929 : l’Etat va intervenir pour réglementer le crédit et nationaliser de grandes
banques (ex : Crédit Agricole). On voit une réglementation qui s’assouplit ce qui permet au ré-
seau bancaire de se multiplier.
• Fin des 80’s : étape de privatisation puis de nationalisation. On voit aussi de nombreux change-
ments liés à une politique de déréglementation (= politique qui entraine allégement des con-
traintes pesant sur la banque)
• Avec la construction européenne on a un nouvel environnement juridique
- Le Cashback : service de fourniture d’espèces qui fait qu’on va pouvoir avoir de l’argent du com-
merçant chez qui on achète avec sa CB.
- Ouverture du marché français aux banques européennes
- Introduction de la monnaie unique
- Instauration de la BCE : la BDF devient une simple banque centrale nationale.
Toutes ces évolutions ont donné naissances à des autorités de supervision comme l’ACPR (Autorité de
Contrôle Prudentiel et de Résolution) qui est le gendarme des banques.
Elle permet de répondre aux besoins des clients en élargissant leurs offres de service habituelles per-
mettant de faire face à la concurrence avec les autres banques mais aussi la grande distribution.
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2. L’élargissement de la clientèle
On parle d’un phénomène de « bancarisation des ménages » : de nombreux individus disposent d’un
compte en banque. Le taux de bancarisation est de 99% en France. Les banques doivent ainsi endosser
un rôle plutôt inhabituel.
La banque est devenue un partenaire incontournable. L’absence de compte devient un facteur d’exclu-
sion c’est pourquoi le législateur a inséré un « droit à l’ouverture d’un compte ».
Les personnes âgées n’ayant pas connu l’arrivée d’internet peuvent avoir des difficultés à utiliser les
services bancaires désormais numérisés.
L’informatique a révolutionné le monde bancaire et a permis de faciliter les opérations bancaires (ex :
guichets automatiques, banques à domicile).
Le secteur bancaire s’est numérisé dû à l’évolution d’internet mais pour faire face à un concurrent : la
banque digitale.
Ex : Apparition de « Fintech » : technologie financière dite « disruptive » qui proposent des services fi-
nanciers plus simple, efficace et moins coûteuse en passant par des applications mobiles.
Ce sont des start-up qui investissent dans tous les domaines de la banque et de la finance.
Ex 2 : Les comptes nickel. Ils ont été créés en 2014 et ont été rachetés par BNP. Il s’agissait au départ
d’un compte sans banque : s’ouvre en 5mn, pas besoin de condition de revenus etc agrée par l’ACPR (=
unité de contrôle). C’est un compte de paiement (≠ banque).
Les banques ont donc décidé d’effectuer des partenariats avec ces start-up et les rachètent même (ex :
BNP).
Avec toutes ces évolutions, on se demande si les agences bancaires physiques ne vont pas disparaitre
et on constate que de plus en plus d’agences bancaires ferment (mais surtout parce que bcp était créée
au départ). Une étude d’août 2018 « ThinkTank » a évoqué le fait que d’ici 20-30 au moins 5 métiers
vont totalement disparaitre à cause de la menace de l’intelligence artificielle.
On a multiplié les opérations bancaires internationales (le leasing (=crédit-bail) ou factoring (=technique
de mobilisation des créances).
L’implantation des banques sur le marché européen a été facilité grâce à la mise en place de l’UEM et
de l’unification progressive des législations bancaires en UE.
- Lien avec la finance : Ils sont traditionnels. Les établissements de crédit sont compétents pour
agir sur les marchés financiers.
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- Lien avec les assurances : On a un phénomène de « banque-assurance » : il vise la distribution
par les banques des assurances-vies.
- CMF
- Loi bancaire 24 janvier 1984 : C’est la 1ère à avoir parlé de la notion « d’établissement de cré-
dit ».
- Code civil, Code de commerce, Code de la consommation
- Avis de la BDF
- Depuis 2003, Ministre de l’économie fixe les règles applicables aux établissements de crédit
- La profession produit des « contrats type » pour produire des règles ou des engagements de
bonne conduite (évite intervention du légsialteur).
- Convention « AERAS » 2006 : facilite l’accès aux crédits des personnes présentant un risque ag-
gravé de santé.
Ce sont des règles qui naissent des besoins de la pratique qui finit par les répéter et leur donner une
valeur juridique. Ils jouent un rôle important mais uniquement dans les rapports entre professionnels.
• Les dates de valeur : Ce sont des dates de débit ou de crédit en fonction de l’opération effectuée
par le client prise en compte par le banquier pour le calcul de l’éventuel intérêt débiteur. Elles
n’ont de raison d’être que s’il existe des délais de traitement (ex : pour le virement, pas besoin).
• Usage consistant pour le banquier à retenir une année fictive de 360 jours pour le calcul des
intérêts de prêt accordé à des professionnels. La CDC a condamné cet usage lorsque le prêt est
destiné à des non-professionnels.
4. La jurisprudence
Elle est à l’origine par exemple de certains devoirs imposés aux banquiers dans sa relation avec la clien-
tèle. Ex : Devoir de mise en garde.
Ex :
- Convention de Genève sur la lettre de change et le billet à ordre : 7 juin 1930
- Convention de Genève sur le chèque du 11 mars 1931
Pour éviter les crises internationales et lutter contre le blanchiment de capitaux, des organismes sont
chargés de surveiller des établissements de crédit (ex : Le comité de Bâle, le GAFI).
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2. Les sources communautaires (règlements, directives)
Elles sont prédominantes au point que certains auteurs ont annoncé la disparition progressive de la
législation bancaire française car la très grande majorité des textes nationaux transposent des directives
européennes.
Certaines directives ont conduit à une harmonisation des règles relatives à la profession bancaire :
è Faciliter l’accès et l’exercice par les établissements de crédit européen
è Assurer la sécurité des clients de ces établissements
è Mettre en place un contrôle des opérations de blanchiment
Directive 2007 : création d’un marché unique des paiements (espace SEPA).
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PARTIE 1 : LA RÉGLEMENTATION DE LA PROFESSION BAN-
CAIRE
• Il existe une règlementation de base commune à tous les établissements de crédit avec la loi d
24 janvier 1984.
• Toutefois, tous les établissements qui évoluent dans le secteur bancaire ne sont pas des éta-
blissements de crédit et obéissent à des règles différentes.
Le statut des EC a fait l’objet d’une réforme en 2014 pour tenir d’un règlement européen prévoyant une
harmonisation du statut des EC. La définition des EC s’en est trouvé changée.
§1. Définition
Art L511-1 CMF : Les EC sont des personnes morales dont l’activité consiste pour leur propre compte et
à titre de profession habituelle à recevoir des fonds remboursables du public et à octroyer des crédits.
Au départ, le législateur de 1984 avait défini les EC comme des « PM qui effectuent à titre de profession
habituelle des opérations de banque et qui mettent à disposition la gestion de moyen de paiement ».
Or en droit européen, 2 critères étaient nécessaires :
- L’établissement devait octroyer des crédits
- Recevoir des fonds remboursables
(≠ mise à disposition de moyens de paiement).
Art L312-2 CMF : Sont considérés comme fonds remboursables du public les fonds qu’une personne
recueille d’un tiers notamment sous forme de dépôt avec le droit d’en disposer pour son propre compte
mais à charge de les restituer.
Donc il faut 3 conditions pour que la réception de fonds soit constitutive d’opération de banque :
è Remise de fonds : C’est une remise d’espèce qui vient du public. Cette exigence est importante
car dès que les fonds sont déposés non pas par des tiers mais par des personnes liées au récep-
tionnaire des fonds, l’intermédiaire bancaire ne se justifie plus. C’est pour ça que le législateur
exclue expressément de la catégorie des opérations de banque la réception de fonds déposée
par les associés ou dirigeants d’une société.
è Liberté de disposition du dépositaire : C’est une liberté essentielle à l’activité bancaire. « Les
dépôts font les crédits ».
è Restitution des fonds déposés : On appelle ça la « liquidité des dépôts » : c’est la faculté pour
tout déposant de pouvoir à tout moment obtenir le remboursement de leur dépôt.
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B. Les opérations de crédit
Art L313-1 CMF : Acte par lequel une personne agissant à titre onéreux, met ou promet de mettre des
fonds à la disposition d’une autre ou qu’elle prend dans l’intérêt de celle un engagement par signature
(aval, cautionnement, garantie).
La caractéristique essentielle : avance de fonds + promesse de mise à disposition de fonds faite contre
rémunération.
Ex d’opération de crédit :
- Prêt d’argent
- Opération de crédit-bail
- Les opérations de mobilisation des créances : Lorsqu’une entreprise titulaire d’une créance sur
une autre entreprise à qui on doit une certaine somme d’€. L’entreprise peut transférer ces
créanciers à son banquier.
RAPPEL : Réception de fonds + Opérations de banque = seuls éléments qui constituent un établissement
de crédit. Ce que nous allons voir tout de suite ne fait pas parti de la définition.
Art L311-3 al.2 CMF : Ce sont des opérations de banque comprenant des opérations de mise à disposi-
tion de la clientèle ou de gestion de moyen de paiement.
Art L311-3 al.1 CMF : Un moyen de paiement ce sont « tous les instruments permettant à toute per-
sonne de transférer des fonds quel que soit le support ou le procédé technique utilisé ».
Les services bancaires de paiement ne renferment pas toutes les opérations de mise à disposition et de
gestion des moyens de paiement.
Depuis l’ordonnance du 15 juillet 2009, le marché des activités de paiement est devenu un marché
concurrentiel car on y trouve des établissements non bancaires. On distingue :
- Les établissements de crédit
- D’autres acteurs – qui ne sont pas des banques – depuis 2009 :
o Les établissements de paiement : On a des « agrégateurs de compte » qui se position-
nent entre le banquier et le client. Ce ne sont pas des banques.
o Les établissements de monnaie électronique : Paypal par ex.
§2. Classification
1. Les banques
Art L511-9 al.2 CMF : Les banques peuvent effectuer toutes les opérations de banque.
Très généralement ce sont des banques commerciales. On trouve plusieurs sortes de banques com-
merciales :
- Banque de détail : banques de particulier et très petites entreprises
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- Banque d’entreprise : banques qui s’occupent de PME. Cette banque peut intégrer une banque
d’affaire pour proposer des services plus sophistiqués par ex.
Elles ont été créées au 19ème siècle pour faciliter le financement de l’économie locale, sociale et profes-
sionnelle car ce sont des secteurs qui n’avaient pas facilement accès au crédit.
Ces missions particulières ont entrainé une compétence plutôt limitée de ces établissements en con-
trepartie de certains avantages qui ont été supprimées par la suite.
Ces banques se sont ensuite banalisées et proposaient les mêmes produits que les banques commer-
ciales. Cette banalisation n’a pas eu lieu au niveau institutionnel où elles ont gardé une spécificité
puisque leur organisation est pyramidale construite sur plusieurs niveaux : local et national.
Ce sont des établissements publics communaux issus des anciens monts de piété. C’est une institution
charitable qui avait pour mission au 19ème siècle de fin mettre aux abus des usuriers et de faciliter les
prêts d’argent en faveur des personnes modestes.
On a un plafond pour le prêt qui fait que si on va au-delà, on commet un délit de prêt usuraire.
A l’époque, ces usuriers prêtaient mais cela coûtait cher. Les monts de piété avaient pour rôle de faciliter
l’accès au crédit avec des taux raisonnables.
Aujourd’hui ce sont des banques qui cèdent des crédits à raison d’objets gagés. Ces caisses bénéficient
d’un monopole car ce sont les seules à le proposer (même si elles proposent aussi des crédits mobiliers
et immobiliers)
C’est une catégorie issue de la réforme de 2014. Leur activité consiste à financer des ventes à crédits
ou d’autres formes de prêt à court et moyen terme aux particuliers, financier le logement, pratiquer le
crédit-bail, l’affacturage etc…
Les anciennes sociétés financières sont des établissements de crédit spécialisés sauf si elles ont fait le
choix d’un autre statut : celui de société de financement.
On y trouve : La DIAC, Cofidis, ACPR…
Traditionnellement, les opérations de banque sont réservées aux seuls établissements de crédit :
è Nécessité de protéger les déposants quant à la liquidité de leurs dépôts
è Possibilité pour les pouvoirs publics de contrôler la distribution de crédit
Cependant, ce monopole se trouve menacé notamment à cause de l’internationalisation mais aussi des
pénuries de crédit qui poussent les entreprises à utiliser des circuits parallèles de crédit.
On a de nouvelles sources de financement :
- Le Crowfunding : dérogation légale qui permet à des particuliers de financer des projets via une
plateforme se comportant comme une banque
- ShadowBanking : possibilité pour des institutionnels de se financer en parallèle au circuit régu-
lier.
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C’est un phénomène de « désintermédiation bancaire » : on ne passe plus par le banquier pour se fi-
nancer mais par d’autres voies liées aux nouvelles règles particulières ayant pour rôle de rembourser la
solvabilité et la liquidité des opérations de crédit.
Les banquiers sont aussi menacés sur le marché des services de paiement et n’ont plus que le monopole
des services bancaires de paiement.
- Loi 2015 : permet les prêts inter-entreprises -> les entreprises peuvent prêter à une autre en-
treprise. Des conditions sont imposées à ce financement.
C’est l’article L511-5 CMF qui définit le monopole bancaire en tenant compte des modifications issues
de la réforme de 2014. C’est d’ailleurs un article cohérent compte tenu de ces modifications.
Ce monopole est protégé grâce à l’existence de sanctions pénales (Art L571-3 CMF), disciplinaires (pou-
vant être prononcées par l’ACPR), mais pas de sanction civile depuis un arrêt de l’AP du 4 mars 2005 où
la CDC refuse de prononcer la nullité des contrats conclus par un établissement n’ayant pas respecté le
monopole bancaire.
• D’autres organismes peuvent accomplir des opérations de crédit : les entreprises peuvent con-
sentir des avances sur salaire ou des prêts à caractère exceptionnel à leurs salariés. Dans cette
catégorie entre :
o Financement participatif (Art L511-6 7° CMF) : Faculté ouverte aux personnes physiques
de consentir des prêts dans le cadre du financement participatif.
o Prêt inter-entreprise (Art L511-6 3bis) : entreprise consent un prêt à une autre entreprise.
Les EC peuvent adjoindre à leur activité principale des activités connexes pour lesquelles aucune exclu-
sivité ne leur est accordé : opération de change, opération de gestion patrimoniale et financière, ser-
vices de paiement.
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CHAPITRE 2 : LES AUTRES ÉTABLISSEMENTS DU SECTEUR BANCAIRE
Certains établissements du secteur public peuvent effectuer des opérations de banque sans être soumis
au statut des établissements de crédit conféré à l’article L518-1 CMF.
On a aussi la Caisse des Dépôts et Consignation.
Depuis le 1er janvier 2014, l’art. L511-1 2 CMF définit comme des PM autres que des EC effectuant à
titre de profession habituelle et pour leur propre compte des opérations de crédit dans les opérations
de crédit dans les conditions et limites définies par leur agrément.
ð Ce statut s’adresse aux établissements dont l’activité consiste à octroyer des crédits pour leur
propre compte mais qui ne sont pas autorisés à recevoir ou collecter des fonds remboursables
du public (ex : HSBC Factoring, Natixis Financement ayant obtenu à la fois un agrément comme
société de financement et établissement de paiement).
A. Les établissements de paiement (ex : American Express Carte France – Service d’accueil du
compte nickel)
Art L522-1 CMF : Ce sont des PM habilitées à fournir des services de paiement à titre de profession
habituelle.
Ces établissements ont été créés par une ordonnance de 2009 qui a transposé la directive DSP1. Elle a
eu pour objectif d’accroitre la concurrence sur le marché de service de paiement jusqu’alors monopolisé
par les EC en ouvrant ce marché à des acteurs non bancaires.
• Ces EP peuvent fournir un nombre limité d’opérations décrites comme des services de paie-
ment => C’est leur activité principale (ils ont l’exclusivité sur ces opérations).
- Exécution d’opération de prélèvement et de virement
- Transmission de fonds
- Services permettant de verser ou retirer des espèces…
• Ils peuvent fournir, à titre accessoire, d’autres services : services de change, services d’investis-
sement… => C’est leur activité complémentaire.
Les fonds collectés par ces EP ≠ fonds remboursables du public (ce ne sont pas des EC). Ils ne peuvent
pas s’en servir dans un autre but que celui d’exécuter une opération de paiement.
La directive DSP2 de 2015 (transposée en 2017) a poursuivi l’ouverture du marché des paiements. Elle
a favorisé l’apparition d’une nouvelle catégorie de prestataires de services de paiement : les prestataires
de services d’information sur les comptes. Ce sont les agrégateurs de compte (Art L522-1 CMF : L’acti-
vité consiste à proposer aux clients des services en ligne d’information sur leur compte de paiement et
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leur permettre de bénéficier d’une vision consolidée de l’ensemble de leur compte sur une seule inter-
face). => impose aux banquiers le partage des données bancaires de leurs clients (avec leur autorisa-
tion).
Ce partage relève de l’Open Banking : possibilité pour les clients d’accéder à un éventail de service fi-
nancier émanant d’acteurs différents dans leur propre banque.
Ils ont été créés par une directive du 16 septembre 2009 (transposée en France en 2013)
Art L525-1 CMF : Ce sont des PM « autres que les EC » qui émettent et gèrent à titre de profession
habituelle de la monnaie électronique.
La monnaie électronique est une valeur monétaire stockée sous forme électronique. Ce nouveau moyen
de paiement peut être chargé sur un support électronique tel qu’une carte prépayée (ex : Carte izly), la
puce d’un téléphone ou à distance sur un serveur (ex : Paypal).
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TITRE 2 : L’ORGANISATION DE LA PROFESSION BANCAIRE
L’ACPR est saisi d’un dossier d’agrément et doit opérer de minutieuses vérifications qui la conduiront à
prendre une décision (sur le fait d’accorder ou non l’agrément) :
- Peut le refuser : Si les dirigeants ne répondent pas aux conditions d’honorabilité requises par
les textes ou s’ils manquent d’expérience.
- Peut le retirer : Notamment, si on constate qu’un EC qui bénéficie d’un agrément précis va au-
delà de ce qui lui est accordé.
- Peut le modifier : Notamment si l’EC a subi des changements affectant l’agrément accordé pré-
alablement.
- La procédure d’agrément reprend ses droits lorsqu’un EC souhaite établir en France une filiale
ou ouvrir une succursale et a son siège social en dehors de l’UE.
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CHAPITRE 2 : LES AUTORITÉS DU SECTEUR BANCAIRE
• SEBC ( Système Européen de Banque Centrale ) entré en vigueur avec TMaastricht. Il est com-
posé de :
Ø La BCE qui prend les décisions. Elle a pour mission de coordonner les règlementa-
tions bancaires et monétaires. Elle est dirigée par 2 organes :
En France, c’est la BDF. Depuis son intégration dans la SEBC elle a plusieurs missions :
- Mise en œuvre de la politique monétaire définit par la SEBC.
- Veille au bon fonctionnement et à la sécurité des services de paiement
- C’est la banque de l’État français et la banque des banques : les EC peuvent se refinancer auprès
d’elle des crédits qu’ils ont accordés.
Pour faire à la crise des dettes en 2008, les EM ont Association française des EC et des entreprises
créé un mécanisme de gestion de crise pour préserver d’investissement : Organisation qui permet de
la stabilité de la zone euro. Il est q° de le transformer défendre les intérêts communs de la profession
en fond monétaire européen afin de lui conférer un et sert d’interlocuteur auprès de l’État.
rôle plus important. La BDF : rôle de circuit d’infos de la part des EC
qui sont stockées dans des fichiers.
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CHAPITRE 3 : LES CONTRÔLES DE LA PROFESSION BANCAIRE
Les fonds propres servent aussi Contrôle aux comptes par deux
au calcul des différents ratios : commissaires aux comptes.
Ratio de couverture (ou solva-
bilité) : Permet de mesurer le
rapport entre le montant des
fonds propres d’un EC et le
montant de ses engagements.
Ratio de division des risques :
Evite que les EC ne prennent
des engagements excessifs en
faveur d’un seul client ou de
plusieurs clients bénéficiant de
concours importants.
B. Le contrôle de crédit
Lorsqu’une banque accorde un crédit à un client, elle le porte à l’actif de son compte bancaire et créé
de la monnaie scripturale. Les risques inflationnistes de la création de cette monnaie justifient l’inter-
vention d’autorités bancaires qui disposent de plusieurs moyens pour contrôler le crédit :
- Peut obliger les EC à constituer des réserves : Ce sont des avoirs dont les EC doivent disposer
dans un compte ouvert à la BDF.
- BCE a les moyens d’intervenir sur les marchés de capitaux.
C’est un dispositif européen visant à mettre en place le mécanisme de résolution unique (MRU).Cette
procédure est destinée répondre aux conséquences de la défaillance avérée ou prévisible d’un EC.
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Tout EC agréé en France doit adhérer à un fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) qui a
pour objet d’indemniser les déposants en cas d’indisponibilité de leurs dépôts ou autres fonds rembour-
sables. Il est mis en œuvre par l’ACPR :
- Lorsqu’elle constate que l’établissement en cause n’est plus en mesure de faire face à ses obli-
gations de remboursements
- A titre préventif.
Le minimum garanti est 100 000€ par compte et par déposant. Il ne concerne que les professionnels et
particuliers.
Le particularisme des défaillances bancaires a conduit le législateur à mettre en place des dispositifs en
partie dérogatoire au droit commun des entreprises en difficulté issues de la loi du 26 juillet 2005.
Exemple : La notion de cessation des paiements –le critère de déclanchement d’une procédure de re-
dressement judiciaire– a été adapté à la matière bancaire. Un EC n’est pas en cessation de paiements
en raison de son impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible mais parce
qu’il n’est pas en mesure d’assurer ses paiements immédiatement (remboursement des dépôts à vue)
ou à terme rapproché (épargne à court terme).
A. Le secret bancaire
Il est destiné à protéger le client dans la relation de confiance qu’il noue avec le banquier. Depuis la loi
du 24 janvier 1984 « Loi bancaire », le secret bancaire est devenu un vrai délit (avant c’était juste un
usage) et est puni pénalement à 1 an d’emprisonnement et 15 000€ d’amende en cas de violation.
è Dirigeants de l’EC
è Toutes personnes participant à un titre quelconque à la gestion de l’établissement
è Employé d’un EC
è Les personnes participant aux missions de l’ACPR (souvent sous forme d’enquête)
è Agents de la BDF
Ce sont principalement les clients du banquier. Toutefois, c’est un secret relatif (≠ secret médical qui
est absolu) donc le client peut y renoncer et délier son banquier de son obligation au profit d’une per-
sonne ou du public.
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Exemple : Renonciation possible pour les agrégateurs de compte -> pour qu’ils puissent offrir une vue
sur l’ensemble des comptes, le banquier doit partager les données bancaires avec ces agrégateurs. Ce-
pendant cet échange n’est possible que si le client y consent en renonçant au secret bancaire.
Le risque de brèche de sécurité est fort donc on a des authentifications fortes pour protéger l’échange.
ð Ce secret est opposable aux tiers (membres de la famille, conjoint…) Il y a des hypothèses où le
conjoint pourra obtenir des infos :
o Compte joint avec son épouse
o En raison de procédures spécifiques dans un divorce qui permet au JAF d’avoir des infos
sur le conjoint devant régler une prestation compensatoire/pension alimentaire et qu’il
faut fixer un montant.
Est couverte par le secret bancaire l’information confidentielle : celle précise, chiffrée et non publiée.
è Le banquier ne peut divulguer des infos sur son client tel que l’octroi d’un crédit est risqué
è Le banquier ne peut communiquer le verso d’un chèque car y figure les coordonnées bancaires
du bénéficiaire. Pour avoir accès au verso, le tireur devra demander au bénéficiaire directement
de renoncer au secret bancaire.
è Le banquier ne peut répondre à une info portant sur la dénomination, l’immatriculation et le
lieu du siège social de son client sans l’accord de celui-ci.
Le secret bancaire peut subir des dérogations lorsqu’il heurte à un intérêt supérieur qui apparait soit au
bénéfice de certaines autorités, soit de certaines procédures civiles.
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des manquements aux dispositions légales à
l’ACPR et à l’AMF).
C’est l’attention que le banquier doit apporter à la situation de son client afin de se comporter en pro-
fessionnel dirigeant.
Le banquier se doit d’être neutre sur les opérations qui passent sur le compte de son
client, il n’a aucun avis à émettre.
Comment interprète le juge ce principe ? Le banquier n’est pas obligé d’intervenir pour empêcher son
client d’accomplir un acte irrégulier, inopportun ou dangereux. Le principe de non-ingérence assure la
protection du banquier contre une action en responsabilité qui pourrait être engagée contre lui dans le
cas où l’opération effectuée se révèlerait préjudiciable pour le client ou un tiers. Le client profite aussi
de ce principe qui préserve le respect de sa VP.
Le champ d’application de ce principe est large : applicable à toutes les opérations liées au service de
paiement (dépôts, retraits, encaissements) ainsi qu’aux opérations de crédit.
è L’obligation de surveillance :
Le banquier doit se montrer vigilant en présence d’opérations présentant une anomalie apparente. Il
peut engager sa responsabilité à l’égard de son client ou des tiers pour ne pas s’être opposé à de telles
opérations, càd ne pas avoir repéré des anomalies avec les conséquences préjudicielles qui peuvent
exister.
Tous les clients ne profitent pas de ce devoir car ils n’en ont pas tous besoin. Seuls les clients non-avertis
en sont bénéficiaires (on prend en compte divers critères : âge, expérience, capacité à comprendre
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mécanismes de crédit et d’investissement). Il faut cependant que l’opération envisagée fasse apparaitre
un risque d’endettement excessif.
Pour les clients avertis, le banquier ne doit communiquer que les infos qu’ils ignorent.
Art L313-14 Code de la consommation : On l’a consacré dans le domaine du crédit à la consommation
au bénéfice de tous les consommateurs de crédit (avertis et non-avertis) sous la forme d’une obligation
d’explication à l’égard de l’emprunteur (pour voir si son contrat est adapté à ses besoins et sa situation
financière).
Art L313-12 Code de la consommation : Impose au prêteur de mettre en garde l’emprunteur lorsque
compte tenu de sa situation financière, le contrat de crédit immobilier peut induire des risques spéci-
fiques pour lui.
Depuis une loi du 12 juillet 1990, les EC participent avec beaucoup d’autres pros à la lutte contre le
blanchiment de capitaux car ils apparaissent tout particulièrement exposé à ce risque. Cependant, cette
contribution conduit le banquier à intervenir dans les affaires de son client au mépris du principe de
non immixtion et du secret des affaires.
Chambre commerciale 15 novembre 2016 illustre la difficile combinaison entre le devoir de vigilance
et de non-ingérence : Une cliente multi-bancarisée mais assez âgée avait tiré 6 chèques d’un montant
total de 188 000€ au profit d’une seule personne physique sans emploi qui les avait portés au crédit
de son compte bancaire dans une caisse du Crédit Mutuel. La femme décède et son fils assigne le CM
pour manquement à leur devoir de vigilance car selon lui, il disposait d’une vision d’ensemble de la
situation de spoliation dont sa mère fut victime. Les juges du fond ont été sensibles mais pas les juges
de cassation qui ont estimé que « si les EC doivent déclarer les opérations susceptibles de relever de la
lutte contre le blanchiment, ils ne sont pas tenus d’une obligation générale d’informer le procureur de
la République des faits délictueux dont ils peuvent soupçonner la commission par leur client dans les
affaires desquelles à défaut d’anomalie apparente ils n’ont pas à s’immiscer ».
Ces dispositions de prévention de blanchiment ont été codifiées : Art L561-1 et s. CMF.
Elle s’inscrit dans le cadre d’une relation d’affaires nouée avec la clientèle. Le client en question est la
personne physique qui contrôle directement ou indirectement le client.
Lorsque le banquier n’est pas en mesure d’identifier son client ou d’obtenir des infos sur l’objet et la
nature de la relation d’affaires, le CMF lui impose de n’exécuter aucune opération et de mettre fin à la
relation.
b. L’obligation de déclaration
Art L561-15 CMF : Le banquier doit dénoncer les sommes et opérations qui paraissent suspectes et les
envoyer à la cellule de renseignement financier nationale (Tracfin). Ces déclarations étant confiden-
tielles, il est interdit au banquier, sous peine de sanction pénale, d’en informer son client.
Le banquier qui a procédé de bonne foi à une déclaration bénéficie d’une immunité. Lorsque les inves-
tigations du Tracfin mettent en évidence des faits susceptibles de relever du blanchiment, le service
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saisit le Procureur de la République qui peut engager une procédure judiciaire ou procéder à un classe-
ment sans suite du dossier.
1. Responsabilité pénale
- Infractions de droit commun : Le banquier peut être responsable soit en tant qu’auteur, soit
complice de son client. Il peut ainsi être condamné pour abus de confiance, atteinte au secret
professionnel, escroquerie, fraude fiscale…
- Infractions spécifiques à l’activité bancaire :
o Correctionnelles : Le banquier peut être sanctionné pour avoir averti son client de la sai-
sine du service Tracfin.
o Contraventionnelles : Amende (par ex : crédit à la consommation).
2. Responsabilité civile
a. Faute contractuelle
è Mauvaise exécution d’un ordre donné par son client : Exécution tardive d’un virement ou d’un
chèque.
è Le banquier donne au fonds versé par son client une autre affectation que celle qui était con-
tractuellement prévu
è Si l’établissement prêteur verse les fonds au bénéficiaire sans s’assurer que celui-ci a totale-
ment exécuté la prestation à laquelle il était tenu.
La responsabilité du banquier peut être atténuée voir même écartée. On peut avoir des clauses d’exo-
nération ou de limitation de responsabilité qui sont incluses dans les contrats banques. Elles ne sont
valables qu’à la condition de n’exonérer le banquier que de ses fautes légères et d’avoir fait l’objet d’une
acceptation moins tacite du client.
b. Faute extracontractuelle
è Responsabilité du fait personnel : Souvent fondée sur une faute d’imprudence, de négligence
ou d’incompétence.
è Responsabilité du fait d’un préposé : Art 1242 al.5 : Le banquier répond en sa qualité de com-
mettant des dommages causés par son préposé dans le cadre de ses fonctions à moins de dé-
montrer un abus de fonction de sa part.
Art L313-12 CMF : sanctionne la méconnaissance par le banquier des prescriptions qu’il pose tout en
réservant en certaines circonstances la possibilité d’y déroger.
Art L313-12 al.1 CMF impose au banquier souhaitant réduire ou interrompre un crédit accordé à une
entreprise le respect de 2 conditions :
19
Ø Notification écrite : On avertit son client.
Ø Un préavis : Ne peut être inférieur à 60 jours.
En cas de non-respect, cela peut entrainer le rétablissement du concours abusivement rompu et enga-
ger la responsabilité pécuniaire du banquier si le préjudice est subi par l’entreprise bénéficiaire ou pour
sa caution sous réserve d’établir un lien de causalité suffisant entre cette interruption et le préjudice.
Si l’entreprise concernée le demande, le banquier doit lui fournir les raisons qui ont motivé la réduction
ou l’interruption du crédit. On l’interprète comme une restriction à la liberté du banquier mais souvent
l’entreprise le demande rarement.
L’article L313-12 ne règlemente pas la rupture de tous les crédits bancaires. Seuls sont visés les crédits :
- A durée indéterminée autre qu’occasionnel
- Consentis expressément par le banquier (par un écrit)
L’article précise que le banquier ≠ tenu de respecter un délai de préavis en cas de comportement gra-
vement répréhensible du bénéficiaire du crédit au cas où la situation de ce dernier s’avérerait irrémé-
diablement compromise -> Le banquier est dispensé du préavis mais pas de la notification écrite.
a. Le soutien abusif
Après l’ouverture d’une procédure de redressement ou liquidation judiciaire d’une entreprise, ses
créanciers ou cautions pourront engager la responsabilité du banquier pour soutien abusif ou maintien
artificiel de l’activité. Le banquier deviendra alors créancier et cherchera à obtenir le remboursement
du crédit.
Les demandeurs doivent établir que le banquier connaissait ou devait connaitre au moment de l’octroi
du crédit litigieux la situation compromise du débiteur de telle façon que le crédit ne servait qu’à pro-
longer artificiellement la vie de l’entreprise, différer l’ouverture de la procédure collective et aggraver
son passif.
Si le banquier est déclaré responsable, il doit indemniser ses clients ou créanciers à hauteur de l’aggra-
vation du passif constaté.
ð C’est une JP assez sévère pour le banquier, donc le L est intervenu pour la limiter : Art L650-1
CCom introduit par la loi du 16 juillet 2005 : Lorsqu’une procédure collective est ouverte les
créanciers ne peuvent être tenus pour responsables des préjudices subis du fait des concours
consentis sauf les cas de fraude, immixtion caractérisée dans la gestion du débiteur ou si les
garanties prises en contrepartie de ces concours sont disproportionnées à ceux-ci. Cependant,
20
même si les 3 exceptions sont présentes cela ne suffit pas à engager la responsabilité du ban-
quier car il faut que les concours octroyés soient fautifs (Chambre commerciale 27 mars 2012).
Le banquier peut alors commettre une faute génératrice de responsabilité si le débiteur fait l’objet
d’une procédure de surendettement.
Art L733-5 Cconsommation : Demande à la commission de surendettement de tenir compte de la con-
naissance que pouvait avoir chacun des créanciers de la situation de surendettement du débiteur mais
également de vérifier que les crédits ont été consentis avec le sérieux qu’impose les usages profession-
nels.
21
PARTIE 2 : LA RÉGLEMENTATION DE L’ACTIVITÉ BANCAIRE
Il donne lieu à la rédaction d’un contrat cadre de dépôt (Définit à l’article 1111 Cciv et visé à l’article
L314-1 CMF)
Le client doit être majeur et disposer de la capacité d’exercice (Art 1145 Cciv).
Ø La minorité du client ou son incapacité s’il est majeur ne pose particulièrement d’obs-
tacle à l’ouverture d’un compte
Ø Le RM d’un client physique ne constitue plus un obstacle (Art 221 : Autonomie ban-
caire des époux).
• Le client mineur :
- S’il est émancipé : Il dispose de la pleine capacité et pourra ouvrir et faire fonctionner un
compte.
- S’il n’est pas émancipé : Il est incapable de contracter et ne peut agir que par ses représentants
qui font fonctionner le compte jusqu’à la majorité. Mais en principe, les banques ouvrent sou-
vent un compte sous la seule signature du mineur.
La PM doit être dotée de la PJ (Art 1145 al.2 Cciv modifié par la loi de transposition du 20 avril 2018).
Avant 2018, elle était limitée à la réalisation de leur objet et désormais la capacité des PM est limitée
aux règles de chacune d’elle.
La capacité de contracter se déterminera en fonction des dispositions qui régissent la catégorie à la-
quelle la PM intervient.
22
è Les groupements dotés de la PM : L’ouverture d’un groupement personnalisé est requise par
l’organe habilité par la loi ou les statuts à le représenter. Le banquier devra s’assurer de la réalité
juridique du groupement en demandant la communication de documents justifiant sa constitu-
tion, des pouvoirs de la personne agissant pour le compte de la société au moment de l’ouver-
ture du compte et en cas de changement de représentant.
è Les groupements non dotés de la PM : Ils ne peuvent être titulaires de compte en banque. Mais
en pratique, le fondateur pourra souvent ouvrir un compte en banque même si la société
n’existe pas encore.
2. Le droit au compte
• Cette liberté est contrariée par la nécessité absolue de disposer d’un compte bancaire (Art
L123-24 Ccom) qui impose au commerçant l’ouverture d’un compte ou procéder à un certain
nombre de règlements en monnaie scripturale pour des opérations en deçà de certains mon-
tants -> tout ceci nécessite un compte bancaire.
• Ceci s’est accompagné de la reconnaissance d’un droit au compte depuis la loi du 24 janvier
1984 qui a été renforcé sous l’influence du droit européen. (Art L312-1 I. 1° CMF).
Depuis le 23 juin 2017, le droit au compte profite également aux ressortissants européens et
plus spécialement à toute personne physique résidant légalement sur le territoire d’un autre
EM de l’UE n’agissant pas pour des besoins professionnels ainsi que toute PP de nationalité
française résidant hors de France.
Le droit de disposer d’un compte n’empêche pas le banquier de pouvoir refuser le postulant. Depuis
une ordonnance de 2016, on exige du banquier qu’il communique au demandeur gratuitement et par
écrit les motifs de ce refus. La BDF intervient alors, saisie par la personne ayant essuyé le refus, et est
chargée de désigner un établissement (très souvent c’est celui ayant refusé le postulant).
L’établissement désigné :
Ø Ouvrira un compte dans les 3 jours ouvrés à compter de la réception des pièces né-
cessaires pour l’ouverture d’un compte.
Ø Offrira à son client les services bancaires. (Art D312-5 CMF).
Elles permettent au banquier de l’éclairer sur son client afin d’éviter que le compte ne fasse l’objet d’un
usage illicite de la part de son client.
Art R312-2 CMF : Préalablement à l’ouverture du compte, le client doit présenter un document officiel
portant sa photographie.
23
Si le banquier souhaite délivrer un chèque à son client, il doit interroger impérativement la BDF afin de
s’assurer que son client ne figure pas sur le fichier des interdits de chèque. A défaut, le banquier pourra
être condamné à payer les chèques irrégulièrement délivrés.
- Il se réalise par l’envoi d’une lettre d’accueil à l’adresse indiquée qui est validée par le client en
cas de non-retour.
- Le banquier devra obtenir un spécimen de sa signature et éventuellement celle des mandataires
désignés aux fins d’authentification des ordres du client.
- Le banquier doit déclarer aux services fiscaux les ouvertures et clôtures de compte afin d’ali-
menter le fichier automatisé de gestion de comptes déclaré au fisc : le FICOBA.
2. L’information du client
- Il est informé du contenu des opérations bancaires grâce à la communication des conditions
générales de banque (il va connaitre notamment les tarifs).
- Le code impose que la gestion d’un compte de dépôt ouverte aux PP soit réglée par une con-
vention écrite entre le client et son EC : ces conventions ne sont pas à l’abri d’un contrôle de
clause qui pourraient se révéler abusives (Art 1171 Cciv).
A. La tenue du compte
Il doit vérifier la réalité du consentement par son client car seul le client ou son représentant a le pouvoir
d’accomplir des opérations sur le compte.
Ø Soit le consentement a été donné par écrit (ex : signature d’un chèque) : Le banquier
va vérifier la signature du client comparé à la signature effectuée à l’ouverture du
compte.
Ø Soit le consentement résulte de l’usage d’un code confidentiel (appelé signature élec-
tronique) : Le banquier doit s’assurer de l’identité de son auteur.
Ø Si le titulaire du compte est représenté (soit légalement comme pour les PM ou inca-
pables majeurs, soit conventionnellement comme pour les procurations sur le
compte) : Le banquier doit contrôler les pouvoirs du client ou ceux agissant en son
nom.
Ø Si le banquier débite le compte de son client en raison d’une signature contrefaite
(chèque falsifié) ou d’une opération qui n’émane pas de son client ou d’une personne
habilitée : il engage sa responsabilité (Art 1937 Cciv : le dépositaire doit remettre la
chose déposée qu’à celui qui lui a confié ou à celui qui a été indiqué pour le recevoir).
Sa responsabilité peut être allégée ou supprimée si le client a lui-même commis une
faute ayant contribué en tout ou partie au dommage causé.
24
ð Deuxième étape : L’inscription des créances en compte.
Le banquier doit inscrire toutes les opérations de crédit et de débit au compte de son client.
Pour entrer en compte, les créances doivent être certaines, liquides et exigibles. L’entrée en compte
d’une créance produit un effet compensatoire : la créance s’éteint et se fond dans le solde du compte.
Elle est assurée lors de l’envoi du relevé de compte retraçant toutes les opérations effectuées déga-
geant un solde provisoire du compte.
Selon la JP, le silence gardé à la réception de son relevé de comptes vaut approbation du client des
écritures mentionnées. C’est une présomption simple : le client peut rapporter (pendant la durée de la
prescription légale) la preuve d’éléments propres à écarter cette présomption.
Elle doit être réservée au paiement par chèque car ils sont exclus de la réglementation des services de
paiement qui prescrit pour tous les autres instruments de paiement des règles différentes.
è L’article L133-23 CMF fait peser sur le banquier la preuve que l’opération de paiement contes-
tée par le client a été correctement exécuté.
è L’article L133-24 CMF prévoit que pour toute opération non autorisée ou mal exécutée, l’utili-
sateur devra le signaler sans tarder à son prestataire et au plus tard dans les 13 mois suivant la
date de débit sous peine de forclusion.
2. La saisie du compte
25
B. La rémunération du banquier
1. Les intérêts
Depuis 2005, la rémunération des comptes de dépôt est autorisée en France toutefois c’est assez rare.
Le solde débiteur d’un compte dépôt constitue un crédit consenti par le banquier (c’est le découvert en
compte). Ce crédit autorise une rémunération au profit du banquier mais à des conditions précises :
- Il est nécessaire que la convention passée avec le client le prévoie.
- A défaut de stipulations expresses, aucun intérêt n’est dû.
Pour que le client en soit informé il faut que le taux de l’intérêt conventionnel soit fixé par écrit.
Quant au TEG (Taux Effectif Global) exprimant le coût global du crédit : il est librement déterminé dans
la convention de compte sous réserve de ne pas être usuraire (On détermine un plafond de l’usure, si
le taux ou le prêt proposés par le banquier le dépasse, ils sont usuraires). Il doit être fixé par écrit. En
cas d’absence d’écrit ou d’erreur dans le calcul du TEG, la stipulation des intérêts conventionnels est
frappée d’une nullité relative (Art 1178 et s. CCiv).
N.B : La toute petite erreur de calcul ne peut produire de conséquences.
2. La commission
C’est le prix des services rendus au client. Elles peuvent être perçues à l’occasion de nombreuses opé-
rations (ex : la tenue du compte).
En principe, les commissions sont librement fixées par le banquier et doivent figurer dans la convention
de compte. Le législateur est intervenu pour encadrer le montant de certaines commissions :
Ø Il a imposé la gratuité des services bancaires de base.
Ø Il a plafonné les frais perçus à la suite d’incidents de paiement liés à l’émission de
chèques sans provision.
Ø Il a fait de même pour les commissions d’intervention.
Le fait d’avoir conclu une convention-découvert avec son banquier n’empêche pas le prélèvement de
commissions par le banquier (8€/opération avec un plafond de 80€ pour les personnes non-fragiles).
Le législateur prévoit de limiter les frais prélevés par les banquiers lors de saisie des comptes sur les
clients.
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è Le compte peut être clôturé unilatéralement par chacune des parties sans avoir en principe à
motiver sa décision.
è Le respect d’un préavis est requis sauf circonstances exceptionnelles (ex : comportement grave
du client => le banquier peut clôturer immédiatement le compte).
è Si c’est un compte de dépôt ouvert à une personne physique agissant pour des besoins ≠ pro-
fessionnels : le client ou son représentant légal peut résilier la convention à tout moment sauf
stipulation contractuelle d’un préavis ne pouvant dépasser 30j. Le banquier doit respecter un
délai de préavis d’au moins 2 mois.
è Régime particulier prévu pour les comptes de dépôt ouvert en application du droit au compte
(ce régime a été durcit par l’ordonnance PAD depuis le 23 juin 2017) : Le banquier qui a un
ouvert un tel compte, sur injonction de la BDF, ne peut le clôturer qu’en adressant gratuitement
à son client et à la BDF pour information sa décision par notification écrite et motivée (Nou-
veauté : le banquier doit s’expliquer). Art L312-1 IV° -> liste de comportements fautifs pouvant
justifier la fermeture (ex : infos inexactes, utilisation du compte pour des opérations de blan-
chiment etc)… Le banquier doit laisser à ce même client un délai de préavis de 2 mois.
b. L’inactivité du compte
C’est une loi du 13 juin 2014 ENV en janvier 2016 qui traite de cela. Les règles sont codifiées aux articles
L312-19 et L312-20 CMF. Ces règles :
- Définissent la notion de « compte inactif » en distinguant selon que le titulaire est vivant ou
décédé.
- Elles exigent des EC qu’ils recensent tous les ans les comptes inactifs ouverts dans leurs livres
et qu’ils en informent les titulaires ou ayants-droit.
- Décident du sort des dépôts et avoirs inscrit sur ces comptes inactifs.
Cela peut durer 10 ans. Une fois le délai écoule, cela passe sur les fonds de la Caisse des Dépôts et des
Consignations pour 20 ans, puis ils reviennent à l’Etat (prescription trentenaire).
Art L312-1-7 CMF : La résiliation de tout compte de dépôt ou compte sur livret est gratuite.
La profession bancaire s’est engagée à faciliter les transferts de compte à vue et modérer le montant
de ces tarifs. Le législateur est intervenu avec la loi de 2014 pour favoriser la mobilité bancaire des
comptes de dépôt -> l’établissement d’accueil va prendre les choses en main.
C’est censé être + simple mais ce n’est pas toujours le cas : le transfert d’un compte et PEL coûte 200€.
27
de nouvelles modalités (ex : signature du repré- *Procédure de sauvegarde ou redressement ju-
sentant). diciaire : compte ≠ affecté et continue de fonc-
tionner sous la signature du dirigeant ou du man-
dataire de justice.
*Liquidation judiciaire : clôture du compte.
1. Liquidation
- La clôture du compte interdit toute nouvelle opération : le client ne peut plus émettre de
chèques. Il doit restituer ses formules de chèques au banquier.
- Les commissions liées au fonctionnement du compte cessent d’être dues.
- Opérations antérieures doivent être dénouées.
- Si le solde du compte est suffisant, le banquier peut contre-passer les effets escomptés revenus
impayés ( = opération de crédit au bénéfice du client professionnel. Les effets sont des effets
de commerce dont le montant est crédité par le banquier au moment du consentement de
l’effet). Le banquier se rembourse ainsi le montant de l’effet sur le compte de son client.
- Les pouvoirs des mandataires et des procurations cessent de produire effet.
- Si le solde est créditeur : Il doit être remis au client ou ses ayants-droit. On applique la prescrip-
tion quinquennale (Art L110-4 Ccom).
- Si le solde est débiteur : Le montant doit être réglé par le client ou ses ayant-cause. On applique
le même régime de la prescription quinquennale. Il est possible d’appliquer un taux légal ou
conventionnel à ce solde.
- Le compte sera ensuite arrêté par le client ou ses héritiers. Une fois le solde du compte réglé, il
ne peut plus faire l’objet d’une révision (sauf en cas d’erreur, d’omission ou de présentation
inexacte).
Il n’est réglementé par aucun texte. C’est la pratique qui l’a créée au 12ème siècle et encadré par la
jurisprudence.
Il joue un rôle important dans la vie des affaires : Si le banquier l’autorise, il peut fonctionner à décou-
vert. Il procure alors un crédit à son titulaire et constitue un instrument simplifié de recouvrement des
créances.
Cette simplification vient du traitement des créances dont les parties souhaitent un règlement immédiat
et successif en raison du nombre important des opérations. Les créances se multiplient et sont substi-
tuées par une créance unique dite créance de solde. Dès lors qu’elle est fongible, liquide, certain et
exigible elle se fondra alors dans le solde du compte provisoire du compte et sera payée à ce moment
là.
Le compte courant est souvent ouvert à des commerçants pour leurs activités professionnelles mais il
peut aussi être ouvert à des particuliers.
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On a du mal à distinguer compte courant et compte de dépôt. Le vocabulaire est flou, les termes sont
souvent inter-changés alors que les règles et exigences applicables sont différentes.
è Exigence de forme écrite à la convention de compte (Art L312-1 CMF).
è Conséquences du solde débiteur du compte.
o Pour qu’un compte de dépôt débiteur puisse produire effet : convention entre le ban-
quier et son client
o Compte courant : les intérêts courent de plein droit.
C’est le contrat par lequel les parties décident de faire entrer en compte toutes les créances et les dettes
réciproques de manière à ce qu’elles soient réglées immédiatement par leur fusion dans un solde dis-
ponible soumis à un régime unique. Il faut ainsi 2 éléments :
- Un élément intentionnel relatif à l’intention des parties
- Un élément matériel correspondant aux remises de créances et de dettes
A. Élément intentionnel
La volonté des parties d’être en compte courant doit être indispensable. A défaut de volonté, c’est sim-
plement un compte de dépôt qui apparait comme un simple cadre comptable alors que le compte cou-
rant profite d’une règlementation plus élaborée, sophistiquée.
- Expresse : Elle résulte le plus souvent de la signature par le client d’une convention que les
parties ont qualifié de compte courant.
Toutefois, cette qualification ne lie pas le juge. Il est nécessaire que l’accord des parties corres-
ponde au mécanisme du compte courant.
ð 15 mars 2015 CDC : Malgré la qualification de compte courant donné au compte litigieux par
les 2 parties (qui ne relevaient pas du milieu bancaire) il lui manquait un élément indispensable
(chaque créance remise en compte perd son individualité pour se fondre dans le compte cou-
rant) => élément devant être absolument présent dans le mécanisme de compte courant sous
peine de disqualification.
- Tacite : Il résulte alors dans le fonctionnement même du compte. On a conclu une convention
que l’on n’a pas nécessairement qualifié de compte courant mais dont le mécanisme prouve
que c’en est un.
B. Élément matériel
Il s’agit des remises effectuées par les parties. Elles consistent en des créances de sommes d’argent du
remettant contre le récepteur (le client et la banque). Ces 2 qualités doivent être revêtues par les par-
ties. Les sommes doivent être liquides, certaines et exigibles pour que la créance qui entre en compte
puisse être réglée.
Les remises doivent remplir d’autres caractéristiques qui ont été mises en relief par la jurisprudence :
ces créances doivent être générales, réciproques et enchevêtrées.
29
1. La généralité du compte courant
Cela signifie que chaque partie (banquier/client) s’engage à faire entrer en compte toutes les créances
dont elle est titulaire à l’encontre de son cocontractant. Elle se réalise de plein droit. L’idée est de per-
mettre de constituer une garantie pour le banquier en faisant entrer toutes les créances sur le compte.
Les parties peuvent écarter ce principe et décider que certaines créances n’entreront pas en compte
pour recevoir une affectation spéciale que le banquier devra respecter. Cette affectation spéciale devra
être demandée avec l’entrée en compte des créances.
2. La réciprocité et l’enchevêtrement
• Réciprocité : Les remises doivent pouvoir être le fait des 2 parties. La JP entend de manière
large cette notion (ex : les remises en compte courant peuvent prendre la forme d’inscription
d’agios au débit du compte)
• Enchevêtrement : Les remises doivent provenir alternativement du client ou du banquier. Il doit
y avoir un flux de relations entre les deux parties.
A. L’effet extinctif
L’inscription en compte d’une créance entraine son règlement immédiat. La créance est considérée
comme payée. Cette créance disparait pour se fondre avec les autres fonds du compte dans un solde
provisoire dont l’exigibilité est repoussée à la clôture du compte.
Le banquier ne peut exiger le remboursement du solde provisoire, il peut le réclamer mais il ne pourra
y prétendre qu’à la clôture du compte.
Dans un compte de dépôt, des règles existent pour protéger le client contre lui-même, les débits en
compte ne peuvent dépasser un certain délai et le banquier notifie au client qu’il doit régler ce débit, il
est contraint par la législation.
è Dans un compte courant, si le client est débiteur il fait l’objet d’agios (= frais perçus par la
banque pour le fonctionnement d’un compte) mais le banquier n’exige pas nécessairement de
son client qu’il couvre le débit.
B. Indivisibilité du compte
Il a été mis en relief par la jurisprudence. Il signifie que les opérations d’un compte courant se succédant
les unes aux autres jusqu’au règlement définitif forment un tout indivisible qu’il n’est pas permis de
décomposer, ni de scinder. Tant que le compte est ouvert, il n’y a pas de créance ou dette mais seule-
ment des articles de débit et de crédit. C’est seulement à la clôture du compte qu’on procède au bilan
et qu’on détermine le solde à la charge de tel ou tel contractant (et qu’on détermine qui est créancier
et débiteur).
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Toutefois même si l’exigibilité du compte est reportée à la clôture du compte, le fonctionnement du
compte courant emporte des conséquences qui limitent le principe d’indivisibilité : par ex, le fait de
constater un solde débiteur à la fin du mois peut faire courir des intérêts de plein droit.
ð La CDC a pu autoriser la saisie du solde provisoire créditeur d’un compte courant si on admet
que le solde a une valeur juridique. En cas de position débitrice du compte, des intérêts sont
dus au banquier, ils courent de plein droit alors qu’en principe, le solde débiteur ne peut pro-
duire d’intérêts que s’ils sont expressément stipulés (Art 1905 Cciv).
Les causes et effets de la clôture d’un compte courant sont à peu près les mêmes que pour un compte
de dépôt. Cependant lorsque des effets de commerce portés en compte sont revenus impayés, ils peu-
vent être contrepassés malgré la clôture du compte et peuvent être conservés par le banquier puisque
l’effet de règlement de compte ne joue plus après sa clôture.
A. La pluralité de comptes d’un même titulaire (principe de l’indépendance des comptes, con-
vention créant un lien entre les comptes)
C’est une situation très fréquente (compte de dépôt et compte courant, compte de dépôt et compte
de titre…) Tout se passe au sein de la même banque.
Chaque compte a pour fondement un contrat distinct qui doit recevoir une exécution autonome cor-
respondant à ses propres règles de fonctionnement. Cela a des conséquences juridiques très impor-
tantes :
- Elle s’oppose à la compensation entre les soldes créditeurs de l’un et débiteur de l’autre. Rien
n’empêche le client de l’opérer, mais ce ne sera pas automatique.
- La provision de chèque doit être appréciée au regard du seul compte sur lequel le chèque est
tiré.
Le principe de l’indépendance des comptes peut être écartée par des conventions dites « conventions
d’unité de compte ou convention de fusion » permettant au banquier de compenser les soldes des dif-
férents comptes notamment en cas d’ouverture d’une procédure collective à l’encontre du client.
1. Le compte indivis
Il est doté d’un fonctionnement complexe : il ne peut fonctionner que sous la signature de tous les
titulaires. C’est un compte ouvert au nom de chaque titulaire. Souvent les titulaires donnent mandat à
l’un d’eux afin de faire fonctionner le compte sous sa seule signature.
31
- En cas de solde débiteur : Les indivisaires ne sont pas solidairement tenus du solde envers le
banquier (sauf s’ils sont commerçants pour laquelle on présume la solidarité).
En l’absence de solidarité convenue entre les indivisaires, le banquier devra diviser son action
entre chaque débiteur. Conséquence simplement théorique car le banquier ne manque jamais
de stipuler la solidarité passive de tous les titulaires.
- En cas de solde créditeur : Il ne pourra être saisit par les créanciers car il est indivis. Les créan-
ciers devront provoquer le partage pour se faire payer sur la part revenant à leur débiteur (Art
815-17 al.3 Cciv).
En cas d’émission d’un chèque sans provision, tous les indivisaires sont susceptibles de subir une mesure
d’interdiction bancaire autant sur le compte indivis que sur leur compte personnel.
Art L131-80 CMF : Les indivisaires peuvent désigner d’un commun accord le responsable du compte
collectif qui subira seul l’interdiction sur le compte collectif et sur ses comptes personnels. Les autres
ne subiront l’interdiction que sur le compte collectif.
2. Le compte joint
Comme en matière de compte indivis, il existe une coresponsabilité des cotitulaires dès lors qu’un
chèque sans provision a été émis (Art L131-80 CMF).
Remarques :
è L’ouverture d’un compte joint ne fait pas échapper les titulaires aux règles de leur RM. Si des
époux sont SB, cette séparation s’applique aux sommes déposées sur le compte. L’un des époux
(ou ses ayants droits devra alors prouver par tous moyens qu’il a la propriété exclusive des fonds
déposés sur le compte joint).
è L’ouverture du compte joint nécessite que le banquier s’assure du consentement des cotitu-
laires parce que la convention de compte ne se présume pas (Chambre commerciale, 8 mars
2017).
Ce sont des comptes de dépôts bénéficiant d’avantages financiers fiscaux en contrepartie d’un blocage
temporaire des fonds.
è Le plus célèbre des comptes d’épargne c’est le livret A distribuable par tous les EC depuis 2009.
Les taux d’intérêts des livrets A sont exonérés de l’IR.
32
D’autres comptes sont exonérés de l’IR à des conditions d’utilisation particulières : livrets de dévelop-
pement durable et solidaire par ex.
Des considérations professionnelles ont rendu obligatoire l’ouverture de comptes spéciaux : c’est le cas
pour les avocats pour les règlements dont bénéficient leurs clients.
Ils ont un objet limité aux services de paiement offerts par les prestataires de services de paiement.
C’est un service bancaire essentiel réalisé par le biais de moyens de paiement (Art L311-1 CMF).
La compétence relève de la compétence des EC et d’autres prestataires.
Art L312-2 CMF : C’est une opération réservée aux banques. Elle consiste en la remise par un client à
son banquier d’une somme d’argent à charge pour lui de la restituer.
Le dépôt présente une nature originale parce que le déposant cherche moins la garde de ses fonds que
la possibilité de se les faire instantanément restituer.
Comme la monnaie est fongible, le déposant perd dès l’instant de leur remise, la propriété des sommes
déposées et il devient titulaire d’un droit de créancier. Le banquier devient propriétaire des fonds.
En contrepartie de cette liberté est-il tenu de ré- S’il ne restitue pas ou alors mal les fonds, il peut
munérer cet argent ? engager sa responsabilité (sauf cas FM).
Une interdiction de la rémunération des comptes Le banquier est tenu de restituer les fonds dès
à vue a existé pendant longtemps jusqu’à ce que que le client le demande.
la JP européenne y mette fin.
Le principe de restitution a été renforcé par l’ins-
titution d’un système de garantie des dépôts im-
posé dès 1994 par une directive européenne et
figurant à l’art L511-43 CMF.
33
§2. Les catégories particulières de dépôt
Section 2 : Le chèque
C’est un titre par lequel une personne, le tireur, donne l’ordre à une autre personne, le tiré, de payer
une somme d’argent déterminée à une 3ème personne, le bénéficiaire/porteur.
C’est un titre de paiement ancien. Le banquier joue un rôle primordial car il est le seul à pouvoir payer
et encaisser un chèque. Il se place en 4ème position en termes d’usage après la CB, virement et prélève-
ment.
Les banquiers et les pouvoirs publics essayent de décourager l’utilisation du chèque voir de le faire to-
talement disparaitre. Le moyen efficace serait de proposer une alternative qui soit plus simple et rapide.
Cependant, le chèque résiste car il existe encore des circonstances nécessitant son recours.
A. L’émission du chèque
34
è Si le banquier refuse de délivrer un chèque il devra s’en expliquer si le juge le lui demande. Dans
la pratique, il peut expliquer directement à son client qu’il ne lui délivrera pas de chèque.
è S’il accepte de délivrer gratuitement un chèque, il devra prendre des précautions (contrôler
identité + domicile du postulant, interroger BDF qui tient le fichier central des chèques impayés
afin de savoir si son client ne fait pas l’objet d’une interdiction de chèques). Si le banquier ne
procède pas à ce contrôle, il encoure des sanctions (ex : il devra régler les chèques émis par un
client interdit bancaire).
35
b. Les conditions de fonds
B. La provision du chèque
C’est la créance du tireur sur le tiré grâce à laquelle le tireur a à sa disposition une somme d’argent
chez le tiré qui est au moins égal au montant du chèque.
Cette condition de provision ≠ condition de validité du chèque.
36
1. Les caractères de la créance de provision
La remise de chèques transfère au porteur le droit qu’avait le tireur sur la créance constituant la provi-
sion. Le porteur devient le nouveau titulaire de cette créance.
Le porteur pourra prétendre à son encaissement alors même que le tireur fait l’objet d’une procédure
collective.
A. Le paiement du chèque
Art L131-31 CMF : Le chèque est payable à vue donc il peut être encaissé au jour de son émission
même s’il est post daté.
Art L131-32 CMF : Le délai de présentation du chèque est de 8 jours et payable en France.
Sanction en cas de non-respect ? Le tiré doit payer le chèque même après l’expiration du délai de pré-
sentation. Cette obligation persiste jusqu’à la prescription d’un an applicable au rapport entre tireur et
tiré (Art L131-59 CMF).
La présentation tardive entraine pour le bénéficiaire la perte de ses recours contre les signataires an-
térieurs du chèque donc sanction avec une portée limite.
37
Ø L’obligation légale de payer les chèques d’un montant égal ou inférieur à 15€. Ce sont les « pe-
tits chèques ». Il y a une manière pour le banquier de décourager ces petits chèques car ne
l’arrange pas.
Ø Obligation conventionnelle suite à la délivrance au tireur d’une carte de garantie de chèque.
Ø Obligation résultant d’une méconnaissance par le banquier de la législation sur l’interdiction
bancaire/judiciaire d’émettre des chèques (Art L131-81 CMF).
è Le tiré qui a payé un chèque sans opposition est présumé valablement libéré (Art L131-38 al.1
CMF)
è Le tireur qui a remis un chèque en paiement à son créancier n’est lui pas immédiatement libéré
car comme l’énonce l’article L131-67 CMF « Cette remise n’entraine ni paiement ni novation
en conséquence, la créance originaire subsiste avec toutes les garanties qui y sont attachées
jusqu’à ce que ledit chèque soit payé ». Cette règle implique que le paiement de la créance
n’est libératoire qu’à compter de l’encaissement effectif du chèque.
è Si la remise du chèque ne libère pas le tireur/débiteur elle emporte néanmoins des consé-
quences importantes : Lorsque le débiteur doit payer dans un délai déterminé, la JP estime qu’il
a satisfait à son obligation en remettant un chèque provisionné même si le paiement effectif
n’est réalisé qu’après expiration de ce délai.
1. L’opposition au paiement
On va interdire au banquier de livrer le chèque tant que l’opposition ne sera pas levée.
Cette opposition est interdite sauf 4 cas prévus par la loi (Art L131-35 al.2 CMF) :
- Perte chèque
- Vol du chèque
- Redressement ou liquidation judiciaire du bénéficiaire
- L’utilisation frauduleuse du chèque : appliqué par la JP -> Com, 4 juillet 2018. En revanche, elle
ne va pas l’accepter en cas de chèque émis à titre de garantie afin d’éviter son paiement.
Le tireur doit faire la preuve qu’il se trouve dans l’hypothèse où l’opposition est permise. L’opposition
est confirmée par écrit.
Ø Si l’opposition reçue par le banquier est régulière (correspond à l’un des 4 cas) : il doit la res-
pecter. Il ne paye pas et il n’a pas à en vérifier la véracité.
Ø Si l’opposition n’est pas régulière : le banquier doit payer. Le tireur est alors passible de sanc-
tions pénales (Art L163-2 CMF).
Quel que soit son fondement l’opposition entraine traditionnellement révocation immédiate du man-
dat de payer confiée au banquier par le titulaire du compte et blocage de la provision jusqu’à ce qu’il
ait été statué sur la validité de l’opposition.
Le législateur a adopté 2 mesures pour lutter contre l’émission de chèques sans provision :
38
o De dissuader et réprimer l’émission de chèque sans provision
o Assurer la réparation du préjudice subi par le bénéficiaire du chèque.
Le tireur peut y échapper s’il régularise sa situation (il paye le chèque litigieux). A défaut de régularisa-
tion, le tireur perd sa faculté d’émettre des chèques pendant 5 ans tant qu’il ne règlera pas la somme
du chèque litigieux -> Art L131-78 CMF.
L’interdit bancaire peut faire l’objet d’une saisie de ses comptes par le certificat de non-paiement délivré
au porteur du chèque lui permettant d’obtenir un titre exécutoire.
è Concentrer la répression judiciaire sur les fraudes les plus graves. Même si on a une déjudicia-
risation avec la 1ère mesure, le juge intervient toujours pour des fraudes graves.
Art L163-2 CMF : De lourdes peines d’amende et d’emprisonnement attendent le tireur qui
commet des délits intentionnels (5 ans d’emprisonnement et 365 000€ d’amende pour des dé-
lits tels que le retrait, le blocage de la provision après l’émission du chèque, former une oppo-
sition injustifiée au paiement du chèque -> dès qu’elle ne correspond pas aux 4 cas d’opposition
autorisés par la loi).
La Directive sur les Services de Paiement 1 de 2007 transposée par une ordonnance de 2009 a posé les
bases d’un droit nouveau des services de paiements dans le CMF :
- Elle a introduit un nouveau vocabulaire, « payeur » pour débiteur, « bénéficiaire » pour créan-
cier…plus général permettant de couvrir + de situations.
- A fait apparaitre de nouveaux acteurs non bancaires : En 2009, c’était les établissements de
paiement.
- A encadrée les relations contractuelles nouées entre les clients et les prestataires des services
de paiement.
- A instaurée un cadre juridique qui a vocation à s’appliquer à tous les instruments scripturaux.
Elle a été remplacée par la directive sur les services de paiement 2 de 2015 transposée par une directive
de 2017 ENV en 2018. Ce remplacement se justifie par la nécessité de tenir en compte les bouleverse-
ments du marché de paiement avec le marché des paiements électroniques notamment.
Art L314-1 CMF donne une liste fournie de 8 activités considérées comme des « services de paiement ».
Deux activités ont été introduites par la directive n°2 :
è Émergence de fintechs dans le monde bancaire (Art D314-2 6° CMF) : C’est un service d’initia-
tion de paiement qui est un service consistant à initier un ordre de paiement à la demande de
l’utilisation de services de paiement concernant un compte de paiement détenu auprès d’un
autre prestataire de services de paiement. L’usage permet de régler par virement sur internet
et le bénéficiaire n’aura alors pas besoin d’attendre pour fournir/livrer le bien.
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è Service d’information des comptes : Service en ligne consistant à fournir des infos consolidées
concernant un ou plusieurs comptes de paiement détenus par l’utilisateur du service de paie-
ment auprès d’autres prestataires de services de paiement.
Ces services sont proposés par des professionnels ≠ bancaires et transforme la relation bilatérale entre
le client et son banquier en une relation triangulaire/quadrangulaire car d’autres acteurs s’immiscent
dans cette relation. Cela suscite des inquiétudes en terme de sécurité, de responsabilité et de protection
des données bancaires.
Art L133-4 CMF : Il s’agit de tout dispositif personnalisé et de l’ensemble des procédures convenues
entre l’utilisateur du service de paiement et son prestataire utilisé pour donner un ordre de paiement.
è Termes généraux pour que cette définition convienne aux futurs nouveaux modes de paiement.
L’instrument de paiement permet l’exécution d’une opération de paiement (Art L133-3, I CMF) : Action
consistant à verser, transférer ou retirer des fonds indépendamment de toute obligation sous-jacente
entre le payeur et le bénéficiaire initiée par le payeur (utilisation de sa CB) ou pour son compte (vire-
ment) ou par le bénéficiaire (prélèvement) :
è Permet de reconnaitre l’initiateur de paiement comme un nouveau prestataire de paiement
è Maintient un principe fondamental : Pour tout instrument de paiement de la monnaie scriptu-
rale, une opération de paiement est indépendante de toute obligation sous-jacente entre le
payeur et le bénéficiaire.
L’établissement bancaire ne peut/veut pas connaitre les relations unissant le payeur et le bénéficiaire
qui sont à l’origine de l’opération de paiement. C’est le principe d’indépendance entre l’obligation fon-
damentale (celle à l’origine de la relation de paiement) et l’obligation cambiaire (qui se greffe à l’obli-
gation fondamentale) liée à l’utilisation d’un moyen de paiement. Il a été désormais codifié.
ð Deux obligations qui sont indépendantes. Si le titulaire d’une créance ne peut payer, c’est une
exception inopposable si elle ne concerne pas son obligation.
L’opération de paiement doit être réalisée en euro même si la directive 2 autorise une monnaie diffé-
rente. Elle doit être réalisée par le biais d’un compte de paiement (compte bancaire + compte de paie-
ment).
Des exclusions sont prévues pour les paiements en espèce, les instruments de paiement papiers
(chèques) et privatifs (cartes délivrées par des enseignes de grande distribution).
B. Le contenu de la réglementation
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1. Les dispositions relatives à la réalisation de l’opération de paiement
Art L133-6 I° CMF : Une opération de paiement est autorisée si le payeur a donné son consentement à
son exécution.
Cette classification tripartite des opérations de paiement (Art L133-3 II° CMF) doit désormais faire une
place à l’intervention possible d’un prestataire de service d’initiation de paiement.
On remarquera que l’article L133-8 I° CMF généralise le principe de l’irrévocabilité de l’ordre de paie-
ment. Ce principe signifie que l’ordre de paiement ne peut plus être révoqué ni par le payeur, ni par le
bénéficiaire dès qu’il a été reçu par le prestataire du payeur.
Ce principe est assorti de certains tempéraments (Art L133-8 CMF).
Elle doit être exécutée dans les conditions et délais impartis par la loi.
Pour être exécuté, l’ordre de paiement doit avoir été reçu et accepté par le prestataire de service de
paiement du payeur.
Le moment de la réception de l’ordre de paiement est très important puisque c’est à ce moment-là qu’il
devient, sauf exception, irrévocable.
Si les conditions de l’exécution ne sont pas réunies, le prestataire de service de paiement peut refuser
d’y procéder (Art L133-10 CMF).
Le législateur a souhaité accélérer l’exécution des ordres de paiement. C’est ainsi qu’un délai de principe
est posé par l’article L133-13 CMF, le montant de l’opération de paiement doit être crédité sur le
compte du prestataire du bénéficiaire au plus tard à la fin du premier jour ouvrable suivant le moment
de la réception de l’ordre de paiement.
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è Le prestataire doit sécuriser l’instrument de paiement utilisé par son client (art L133-15 CMF)
è Le prestataire doit exécuter avec célérité l’opération de paiement ordonné. Remarque : Pour
ce faire, le prestataire n’a pas à s’assurer de l’identité du bénéficiaire de l’opération. Il lui suffit
de respecter l’identifiant unique transmis par son client et ce même (Art L133-21 CMF) si
d’autres renseignements lui ont été communiqués.
Cette solution est beaucoup plus confortable que celle qui prévalait jusqu’à la transposition de la DSP1
par l’ordonnance du 15 juillet 2009 et qui obligeait le banquier réceptionnaire d’un ordre de virement
à contrôler l’identité du bénéficiaire en vérifiant la concordance entre le nom du bénéficiaire désigné
et l’identité bancaire communiqué.
Art L133-21 CMF l’en dispense, le prestataire de service de paiement n’est donc pas responsable s’il a
exécuté un virement pour lequel le payeur avait fourni un numéro de compte erroné. (Chambre com-
merciale 24 janvier 2018 en se fondant sur cet article).
Le prestataire de service de paiement du payeur doit (Art L133-21 al.3 CMF) s’efforcer de récupérer les
fonds engagés dans l’opération de paiement.
4 exigences principales :
è Il doit prendre toutes mesures raisonnables pour préserver la sécurité de ses données de sécu-
rité personnalisées (Art L133-16 CMF).
è Le payeur est tenu d’utiliser l’instrument de paiement conformément aux dispositions régissant
sa délivrance et son utilisation (Art L133-16 al.2 CMF)
è Le payeur a l’obligation d’informer sans tarder son prestataire aux fins de blocage de l’instru-
ment (Art L133-17 CMF) lorsqu’il a connaissance de la perte du vol, du détournement ou de
toutes utilisations non autorisées de son instrument de paiement ou des données qui lui sont
liées.
è Il doit fournir à son prestataire l’identifiant unique qui permet à celui-ci d’identifier le bénéfi-
ciaire. Si son identifiant se révèle inexacte, l’utilisateur sera alors responsable dans la mesure
où le prestataire peut s’en tenir au seul identifiant communiqué.
L’utilisateur peut contester une opération exécutée par son prestataire de service de paiement dans 3
hypothèses :
è La contestation d’une opération non autorisée : Il s’agit d’une opération de paiement pour la-
quelle le payeur n’a pas donné son consentement à l’ordre de paiement dans les formes con-
venues (Art L133-6 et L133-7 CMF). Le client a par conséquent le droit de s’en plaindre en sui-
vant des règles différentes selon que l’opération litigieuse a été effectué ou non avec un instru-
ment de paiement doté de données de sécurité personnalisées.
o Dans le 1er cas (concerne principalement les cartes de crédit et virements électroniques
dotés de code personnalisé) : les règles applicables sont celles des articles L133-19 et
L133-20. Concernant le règlement de la responsabilité : tout dépend si le payeur a
formé ou non une opposition régulière.
§ Avant l’opposition, le payeur ne supporte les pertes liées à l’utilisation de son
instrument de paiement que dans la limite d’un plafond de 50€. Le législateur
prévoit des cas où cette franchise n’aura pas à être réglé par le payeur (notam-
ment avec la DSP2). Ce sont des exceptions d’exonération liées au vol ou à la
perte de sa carte.
42
§ Après l’opposition, le payeur ne supporte plus aucune perte.
En revanche, sa négligence (son comportement) peut ne pas entrainer ces exonérations. Notamment
des cas de JP qui amènent à se pencher sur les nouvelles pratiques liées aux nouvelles technologies
telles que les opérations de fishing ou hameçonnage.
Après avoir fait preuve d’une certaine indulgence à l’égard des victimes, aujourd’hui, la chambre com-
merciale se montre plus sévère et elle attend des utilisateurs un peu plus de clairvoyance, moins de
naïveté en présence de courriels contenant des indices permettant à un utilisateur normalement atten-
tif de douter de sa provenance.
o Dans le 2ème cas (lorsque l’opération non autorisée n’a pas été effectué avec un instru-
ment de paiement comportant un dispositif de sécurité personnalisé : Art L133-23 et
L133-24 CMF). Ces dispositions précisent la charge de la preuve qui pèse sur le presta-
taire de service de paiement lequel devra prouver que l’opération litigieuse a été au-
thentifiée dûment enregistrée et comptabilisée et qu’elle n’a pas été affectée par une
déficience technique ou autre. Le texte vise le délai accordé à l’utilisateur du service de
paiement pour contester l’opération de paiement non autorisée Art L133-24 qui vise
un délai de 13 mois suivant la date de débit et développe les conséquences de cette
contestation.
è La contestation d’une opération mal exécutée : Pour déterminer la responsabilité civile du res-
ponsable de la mauvaise exécution, les textes distinguent selon que l’ordre de paiement a été
donné directement par le payeur ou par l’intermédiaire du bénéficiaire (Art L133-22 CMF).
è La contestation du montant du paiement : C’est une hypothèse nouvelle prévue par l’article
L133-25 CMF qui présente l’originalité de porter sur une opération autorisée par le payeur et
qui peut donner lieu à un remboursement par le prestataire alors même que ce dernier a par-
faitement exécuté sa mission. Le payeur a en effet droit au remboursement par son prestataire
de service de paiement d’une opération autorisée si cette autorisation donnée n’indiquait pas
le montant exact de l’opération de paiement et si le montant de l’opération dépassait le mon-
tant auquel le payeur pouvait raisonnablement s’attendre en tenant compte du profil de ces
dépenses passées et des circonstances propres à l’opération (ex : vise les factures de téléphonie
mobile non connues en avance et dont les montants peuvent se trouver élevés).
C’est un procédé qui permet de transférer des fonds d’un compte vers un autre compte. Le banquier
joue le rôle d’intermédiaire entre le compte du donneur d’ordre qu’il va débiter et celui du bénéficiaire
qu’il faut créditer. Le législateur en a favorisé l’usage tant pour les paiements internes que pour les
paiements transfrontaliers.
Art L632-1 4° Ccom : Le donneur d’ordre quand il cesse de payer ses dettes devient débiteur, cela en-
traine la nécessité de lancer une procédure collective. Le temps que cela se mette en place on est dans
une période suspecte. Parmi les moyens de paiement que le législateur considère comme normal dans
cette période, le virement en fait partie et peut être utilisé par le débiteur pour payer certaines dettes.
Le virement est simple, électronique. Il est onéreux et peut être facturé lorsqu’il fait intervenir 3 ban-
quiers. Les banquiers ont été séduit par sa faculté d’exécution et ont su tirer parti de la liberté contrac-
tuelle.
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1. Le virement bancaire
Il nécessite un ordre de paiement, c‘est la première phase qui correspond à l’instruction donnée par un
client à son banquier de débiter son compte d’un certain montant pour créditer le compte d’un béné-
ficiaire. L’ordre de paiement est émis sous forme de mandat.
Les rapports juridiques entre le donneur d’ordre et le bénéficiaire n’ont aucune influence sur la validité
du virement. Le virement est une opération abstraite qui ne dépend pas du rapport de base car il crée
un autre type de rapport.
è L’ordre reçu par le banquier porte sur une somme d’argent et non pas sur une opération juri-
dique particulière. Le banquier n’a pas à savoir pourquoi le virement a été émis.
La capacité exigée du donneur d’ordre est d’effectuer un paiement ou de disposer des fonds. Le ban-
quier n’a d’autres vérifications que celles concernant l’identité du donneur d’ordre et s’assurer que c’est
bien son client et qu’une provision préalable soit bien disponible.
Pas de forme particulière : peut être donné par écrit, support électronique/papier, à l’oral.
La preuve de l’ordre de virement peut être rapportée par tout moyen. La charge de la preuve pèse sur
le prestataire du donneur d’ordre.
Le client donneur d’ordre dispose d’un délai de 13 mois pour contester l’opération (délai de droit com-
mun s’appliquant aux instruments de paiement).
La remise de l’ordre ne libère pas le débiteur (≠ novation) comme en matière de chèque. Émettre un
ordre de paiement ce n’est pas payer mais enclencher un paiement. Tant que le montant n’est pas
crédit sur le compte du bénéficiaire -> pas de paiement.
Depuis l’ordonnance du 15 juillet 2009, l’ordre devient irrévocable dès qu’il a été reçu par le prestataire
du donneur d’ordre sauf si les parties ont convenues d’une date ou d’un moment pour l’exécution.
L’ordre sera alors révocable au plus tard à la fin du jour ouvrable précédant cette date.
L’opération de virement induit des opérations à la charge du banquier du donneur d’ordre et du ban-
quier du bénéficiaire.
è Il doit exécuter le virement conformément aux instructions du client : montant, date, bénéfi-
ciaire.
è Il doit effectuer quelques vérifications avant : vérifier l’authenticité de l’ordre. A défaut, il com-
met une faute susceptible d’engager sa responsabilité sauf s’il prouve une faute du donneur
d’ordre.
è Il doit s’enquérir des pouvoirs de l’auteur de l’ordre : L’exécution du virement doit être inter-
rompue lorsque le donneur d’ordre se trouve dessaisit par le jugement de redressement ou
liquidation judiciaire.
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è Doit vérifier que les fonds sont suffisants et disponible sur le compte. A défaut, il peut suspendre
l’exécution du virement ou faire une avance à son client.
è Doit faire en sorte que le montant du virement soit crédité sur le compte du prestataire du
bénéficiaire au plus tard à la fin du 1er jour ouvrable suivant la réception de l’ordre.
Le virement vaut paiement pour la JP dès réception des fonds par la banque du bénéficiaire.
a. Le prélèvement
C’est une demande de paiement établit par un créancier avec l’accord du débiteur. C’est la banque du
créancier qui adresse au banquier du débiteur une demande pour obtenir le paiement de la créance.
Le payeur peut contester l’existence du mandat de prélèvement toutefois il ne peut engager la respon-
sabilité du prestataire de SP qui a exécuté l’ordre de prélèvement donné par le bénéficiaire.
è 24 mai 2008, Chambre commerciale : Le prestataire de cet ordre ≠ à s’assurer de l’existence du
mandat de prélèvement donné par le payeur au bénéficiaire.
L’autorisation du payeur devient irrévocable à compter de la fin du jour ouvrable précédant le jour con-
venu pour le débit des fonds.
Si une révocation intervient avant que le règlement ne devienne irrévocable, elle ne produit ses effets
que pour l’avenir.
Si le compte ≠ approvisionné, le prélèvement reste impayé et est retourné au créancier.
Il laisse l’initiative du paiement du débiteur puisqu’il fonctionne à partir d’une autorisation de prélève-
ment donné au coup par coup avant chacun des règlements. Il permet de contrôler l’émission de
moyens de paiement. Il est peu coûteux donc apprécié des banques.
Toutefois il est incompatible avec le système SEPA (modalités de paiement européen) et a donc été
remplacé depuis 2016 par le TIP-SEPA qui fonctionne comme un ordre de prélèvement et qui répond
aux conséquences juridiques de ce moyen de paiement.
c. La monnaie électronique
C’est un moyen de paiement qui est en plein développement. Cette monnaie peut être chargée sur
support électronique -> cartes prépayées, puce d’un téléphone portable, mémoire d’un ordi, compte
de paiement en ligne (ex : Paypal).
Le paiement par carte est intervenu en 1950 et a connu un grand succès qui supplante aujourd’hui le
chèque.
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1. Diversité des cartes
En pratique on distingue :
è Les cartes à débit immédiat : Carte débit (carte de retrait qui permet le retrait dans les distribu-
teurs).
è Les cartes à débit différés : Carte de crédit -> carte de paiement (permet le retrait et transfert
de fonds) et de crédit (peuvent provoquer 2 sortes de crédit : un simple délai de paiement ou
une véritable ouverte de crédit).
Ce différé d’encaissement ne constitue pas un crédit à la consommation (sauf s’il excède 40 jours et
qu’il n’occasionne aucun autre frais que la cotisation liée au bénéfice des moyens de paiement.
Dans la plupart des cas, les cartes combinent et cumulent toutes ces fonctions.
3 catégories de cartes :
• Cartes émises par certains grands magasins pour effectuer le règlement des achats auprès d’eux
ou d’autres sociétés du groupe. Ce sont des cartes privatives (Art L5122-7 V° CMF).
• Cartes accréditives émises par des établissements spécialisés (ex : American Express). Ils règlent
aux fournisseurs adhérents au système le montant des achats ou prestations de services effec-
tuées par leurs adhérents. Ces clients remboursent ensuite les établissements émetteurs selon
une périodicité convenue par chèque ou virement.
• Cartes bancaires émises par les banques regroupées au sein d’un GIE. Les émetteurs tiennent
en même temps les comptes des titulaires des cartes, le remboursement s’opère simplement
par le débit du compte des clients.
2. Mécanisme juridique
a. Le contrat porteur
C’est un contrat d’adhésion qui a pour objet de définir le service de paiement offert au porteur et les
conditions dans lesquelles il doit utiliser sa carte pour en bénéficier.
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b. Le contrat fournisseur
Pour bénéficier des paiements par carte de leurs clients, les commerçants doivent adhérer au groupe-
ment CB.
3. Incidents d’utilisation
Loi du 30 décembre 1991 incrimine la falsification ou la contrefaçon de CB (Art L163-4 CMF). C’est un
délit punissable de 7 ans d’emprisonnement et de 750 000€ d’amende.
è La personne qui utilise une carte dont elle n’est pas titulaire est coupable d’escroquerie.
è La personne qui détourne le n° d’une carte confiée par son titulaire pour le règlement d’une
prestation est coupable d’abus de confiance.
En cas d’usage contrefaite, la banque doit supporter la charge des détournements tant que le porteur
était en possession de sa carte au moment du paiement (Art L133-19 CMF).
è S’il s’agit d’une utilisation frauduleuse d’une carte non falsifiée : Le commerçant est en principe
payé en application de la clause de garantie (sauf s’il a commis une faute). Le titulaire de la carte
doit former une demande d’opposition.
Le titulaire doit rembourser les sommes avancées par l’émetteur jusqu’à l’opposition dans la limite d’un
plafond de 50€. Des exceptions existent et permettent au porteur d’être totalement déchargé de toute
conséquence financière. Le prestataire de SP pourra devoir rembourser les frais s’il n’avait pas proposé
à son client un niveau d’authentification fort.
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è Cette disposition a beaucoup servi à la chambre commerciale notamment dans ces cas d’hame-
çonnage.
A compter de cette opposition c’est sur l’émetteur que pèse le risque financier. Il doit payer toutes les
factures établies régulièrement entre la date de l’opposition et le moment où elle aura été diffusée par
ses soins à l’ensemble du réseau.
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TITRE 2 : LE SERVICE DE CRÉDIT
Il entre dans le monopole du banquier qu’il partage avec les sociétés de financement qui se lézarde en
raison de la multiplication des dérogations apportées par le législateur.
A. La rémunération du crédit
C’est la condition d’engagement du banquier. Elle est remplie lorsque l’opération de crédit est faite,
moyennant le versement d’un intérêt et/ou d’une commission. La rémunération varie selon le type de
crédit. Elle se décompose toujours en 2 éléments :
è Une partie correspond à l’intérêt de la somme avancée pendant la période considérée : Ce sont
les agios. Ils sont calculés à partir d’un taux de base librement choisi par la banque auxquelles
on ajoute un ou plusieurs points selon le type de crédit consenti.
è L’autre partie est constituée de perceptions rémunérant le service rendu. Le banquier a par ex
droit à rémunération s’il promet à son client la disposition d’une certaine somme même si celui-
ci ne s’en sert pas ou pas totalement : Ce sont les ouvertures de crédit. Le banquier est obligé
de tenir compte de cette promesse pour avoir les fonds à la disposition de son client : ces per-
ceptions forfaitaires s’appellent les commissions.
La rémunération du banquier est assujettie à un formalisme strict et complexe, très souvent source d’un
contentieux que certains auteurs n’ont pas hésité à qualifier d’opportuniste dans le sens où son calcul
est fermé sur des commissions sans réelles statistiques, ou encore sur un taux effectif global (TEG) qui
pourrait être erroné. Il y en préparation une réforme du TEG : le législateur souhaite mettre fin à ces
multiples contentieux.
La mise à disposition des fonds peut être immédiate, future ou éventuelle. Elle caractérise le crédit de
décaissement et s’illustre par le prêt d’argent. On rencontre les crédits de mobilisation des créances.
Qu’est-ce qu’un crédit de mobilisation des créances ? C’est la possibilité pour le client du banquier de
lui céder des créances à terme en contrepartie du versement de leur montant immédiatement.
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La mise à disposition des fonds ne peut être que future comme dans le cadre d’une promesse de
prêt/crédit. Dans cette hypothèse le banquier s’engage à accorder à un client un crédit d’un certain
montant dénommé encours ou ligne de crédit dont il usera à sa guise.
L’ouverture de crédit n’entraine pas une mise à disposition immédiate des fonds ; celle-ci ne sera con-
sommé qu’à partir du moment où le client utilisera l’ouverture dont il bénéficie.
La mise à disposition ne peut être qu’éventuelle ; c’est le cas lorsqu’elle ne devient effective qu’en rai-
son de la défaillance du client. L’exemple type est le cautionnement.
La loi assimile aux opérations de crédit le crédit-bail et plus généralement toute opération de location
assortie d’une option d’achat.
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