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Fiche de Droit bancaire

Droit bancaire (Université de Picardie Jules Verne)

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FICHES DE REVISION DE DROIT BANCAIRE

LEÇON 1 : INTRODUCTION AU DROIT BANCAIRE


Article L110-1 du code de commerce : Répute comme acte de commerce, toutes les opérations de
change, les services de paiement, le courtage, banque, ouvrage, activité d’émission et de gestion de la
monnaie électronique.
Objet double du droit bancaire : c’est à la fois un droit des opérateurs et un droit des opérations.

I) Le droit des opérateurs bancaires

Droit bancaire souvent présenté comme le droit d’une profession, celle de l’activité des banquiers
et des établissements de crédits dont la profession est de nature commerciale , qui sont des
commerçants = commerce de la monnaie. La monnaie est un produit particulier car :
- Son émission dépend du monopole régalien, monopole qui s’est atténué avec l’entrée dans
la zone euro qui met en vigueur le principe de la monnaie unique
- Elle est par définition un produit à risque puisqu’elle se définit comme un pouvoir d’achat
indifférencié permettant d’acquérir des biens ou services au moyen de l’échange. Elle ne
représente qu’une valeur dépendant de la confiance accordée au système bancaire, qui,
en dépit des crises, continue de s’imposer comme une nécessité (phénomène de
bancarisation croissante). La monnaie facilite le paiement et l’acquisition de biens ou
services mais aussi la création de nouvelles valeurs, la circulation de la monnaie au travers du
crédit.
C’est un droit qui définit le statut des entreprises qui se livrent au commerce de l’argent . En ce
sens, le droit bancaire est un droit statutaire, institutionnel, professionnel

Article L511-1 du CMF : Définit les établissements de crédits comme « les entreprises dont l’activité
consiste pour leur propre compte, et à titre de profession habituelle, à recevoir des fonds remboursables
du public et à octroyer des crédits ». Des établissements de crédits, on y trouve les banques. Toutes les
banques sont des établissements de crédits mais tout établissement de crédits n’est pas une banque.
Pour qualifier un établissement de crédit :
- Chercher si à titre habituelle, elle reçoit des fonds remboursables du public
- Qu’elle octroie des crédits
= Une mission d’intérêt général, ce qui justifie le contrôle permanent de l’Etat dans le secteur
bancaire car les banquiers créent de la monnaie.

II) Le droit des opérations bancaires

Droit bancaire est le droit qui définit les opérations bancaires et ce dont ils sont susceptibles
d’accomplir. C’est aussi un droit contractuel en ce qu’il s’intéresse aux contrats bancaires mais aussi
un droit des techniques bancaires influencées aujourd’hui par les nouvelles technologies.
Ainsi, en plus d’être un droit institutionnel, statutaire et commerciale, elle est contractuelle car il
y’a un lien entre le droit bancaire et le droit civil (régime des obligations, contrat et contrats
spéciaux, droit des suretés…)

SECTION 2 : PRESENTATION DU DROIT BANCAIRE

I) Le rôle fondamental du secteur bancaire dans l’économie

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Renvoie aux 5 missions bancaires traditionnelles des banques


- La réception et les dépôts de fonds remboursables du public
- Le financement de l’économie
- La fourniture des moyens de paiement
- La collecte de l’épargne
- L’intermédiation & la création de la monnaie

A) La réception et les dépôts de fonds remboursables du public

Tenue des comptes et la réception des dépôts de ces clients. Aujourd’hui, tenir un compte en
banque est très important car sans compte, pas de possibilité de survivre (salaires, prestations
sociales, règlement de paiement…)
Disposition d‘un compte bancaire = service de base. Le législateur reconnait un droit à un
service bancaire résultant de la volonté de lutter contre l’exclusion social.

B) Le financement de l’économie

Les établissements de crédits ont aussi pour mission de financer les ménages, les entreprises et
encore l’économie.
Reproches faites aux banques de financer trop et parfois de ne pas financer les projets = difficile de
trouver l’équilibre.

C) La fourniture des moyens de paiement

Mission la plus récente. Ainsi, il revient aux établissements de crédits de mettre à la disposition
des entreprises et particuliers, des instruments de paiement, des moyens de paiement :
chèque, carte bancaire, virement, paiement en ligne, etc.
Compte bancaire = élément important de la vie sociale mais il est essentiel de disposer des techniques
de paiement pour pouvoir créditer le compte d’une personne à qui on achète un bien.

D) La collecte de l’épargne

Placement des sommes d’argents. Ex : compte courant, livret d’épargne, livret de développement
durable. Les banques ont tendance à placer l’épargne sur les marchés financiers.

E) L’intermédiation bancaire et la création de monnaie

Intermédiation bancaire = financement intermédié ou indirecte (on emprunte directement à la


banque) // financement désintéressé ou directe (lorsque les emprunteurs empruntent
directement sur les marchés sans passer par l’intermédiaire d’une banque).
Explication : la banque reçoit des dépôts de fonds remboursable à tout moment. Grâce à ces dépôts et
son propre fonds, elle accordera du crédit. L’un va avec l’autre. La banque collecte l’épargne et la
redirige vers les emprunteurs. Intermédiation. La banque fait totalement écran entre ces deux
relations.
La banque = intermédiaire entre les acteurs qui ont les capacités de financement et ceux qui
ont besoin de la capacité de financement. Les épargnes font des crédits. C’est là qu’est tout le sel
de l’activité bancaire, et tout son risque (risque d’insolvabilité et d’illiquidité vue dans la crise
économique de 1929). La banque reçoit des dépôts à vue, ce qui veut dire qu’à tout moment, les
clients peuvent retirer ces dépôts. Et elle accorde des prêts à long terme grâce à ça. On dit qu’elle
transforme l’échéance. On voit qu’à chaque fois qu’une banque accorde un crédit, la quantité
de monnaie en circulation dans l’économie augmente car la banque n’efface pas le dépôt de A
pour prêter à B : il y a un dépôt supplémentaire.
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II) Le poids du secteur bancaire dans l’économie

A) En France

- Cf statistiques de la FBF en 2016 (fédération bancaire française ) qui compte à peu près 383
établissements de crédits dont 180 banques, 90 banques mutualistes ou coopératives,
18 caisses de crédits municipales et 95 établissements de crédits spécialisés. En 2017 =
pour 1 M d’habitants, on a 570 agences bancaires soit 37567 agences bancaires.
- Taux de bancarisation française important et favorable à l’inclusion sociale car plus de
99% de la population ont un compte bancaire.
L’activité bancaire = 2.7% du PIB français en 2017 contre 2.4% en 2008. D’autre part, le secteur
bancaire semble avoir un rôle important en économie mais aussi en droit social car en termes
d’emploi, elle compte 370 300 personnes en 2017, 98,5% le sont en CDI. Le secteur bancaire est
l’un des tout premiers employeurs privés français = 2,7% de l’emploi privé.
- 81 millions de cartes bleues en circulation, 19 milliards d’opérations de paiement
gérées par les banques. Fin 2016, chaque seconde, 29 paiements sans contact. 67% des
internautes paient en ligne au moyen de services bancaires digitaux.
La France a un secteur bancaire assez puissant. Parmi les 9 premières banques européennes, il
y a 4 banques françaises. Pour classer les banques françaises, on se réfère au PNB (produit net
bancaire).
Qu’est-ce le PNB ? Le produit net bancaire est la différence entre le produit et les charges
d’exploitation bancaires. Selon la doctrine, elle est souvent considérée comme étant l’équivalent de
la valeur ajoutée de l’activité bancaire. Ne pas confondre le PNB avec la rentabilité d’une banque
(qui correspond à des sommes colossales et calculés avant le paiement des impôts et avant
l’imputation des exploitations générales). Il existe également d’autres critères permettant de
caractériser le PNB : c’est celui du nombre de salariés, collaborateurs ou encore, le nombre de
clients.

B) En Europe

Le poids économique du secteur bancaire est variable selon les pays européens. On mesure le
poids de ce secteur au regard du PIB et en Europe, la moyenne est de 4,9% du PIB (la France est
en-dessous). Luxembourg : 29% du PIB. Irlande : 10%. Italie : 5,3%. Allemagne : 3,8%.
L’ALL est le pays qui emploie le plus dans le secteur bancaire (près de 600.000 emplois), loin devant le
RU (dont le chiffre va baisser avec le brexit). Le secteur bancaire est une source d’emploi au
premier plan mais aussi de développement économique.

III) Les défis du secteur bancaire

A) La désintermédiation bancaire

Mouvement de désintermédiation depuis 30 ans. Les acteurs préfèrent maintenant passer le mode
de financement directe, et donc emprunter sur les marchés notamment le marché financier
que de passer par la banque. Les banques ne sont plus perçues comme le seul vecteur possible
de financement. A côté d’un financement bancaire, on recherche un financement direct,
désintermédié. La banque voit son rôle évoluer : placement de titres sur les marchés par exemple. La
désintermédiation bancaire renvoie à un mouvement de dérèglementation qui a offert à
certaines E la possibilité d’obtenir des financements sans passer par les banques, notamment
par la voie des TCN (titres de créance négociables).
Parmi ces TCN créés en 1985, on cite les billets de trésorerie (billets à ordre) ou encore les BMTN
(Bons à moyen terme négociables). Ces TCN sont juridiquement des emprunts, le plus souvent à
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court terme (inférieurs à 1 an et 1 jour), qui permettent à des entreprises de satisfaire leurs
besoins de trésorerie en s’adressant directement à des détenteurs de liquidités sur les
marchés financiers. C’est une des variantes du financement par le marché qui concurrence le
financement bancaire. Pour faire face à la concurrence, la banque va aussi émettre et souscrire ces
TCN.
A côté de ce mouvement, on trouve le mouvement du financement participatif. Dans cette figure
du Crowd landing, les plateformes numériques vont permettre à des particuliers notamment
de co-prêter (l’union fait la force). Plusieurs prêteurs vont pouvoir prêter à intérêts jusqu’à
2000 euros ou sans intérêts jusqu’à 5000 euros à un emprunteur (peut-être une PME) via une
plateforme de collecte, appelée intermédiaire de financement participatif. Juridiquement, ces
intermédiaires doivent avoir le statut de CIF (conseiller en investissement participatif).

B) Le financement de l’ombre

C’est ce dont on appelle le « shadow banking ». Selon le Conseil de système bancaire, il s’agit
d’un système d’octroi, d’intermédiation de crédits impliquant des entités et des activités se
trouvant potentiellement à l’extérieur du système bancaire, et donc qui échappe à la
règlementation bancaire. La finance de l’ombre ne signifie pas une finance illicite (elle est
souvent licite) mais plutôt une finance controversée. Ce que l’on vise par-là est que le financement,
notamment de l’économie, peut se faire par des acteurs non-bancaires. De ce point de vue, on
voit qu’on est en phase avec le phénomène de désintermédiation. Les acteurs non-bancaires vont
octroyer des financements non-bancaires. Ce sont souvent des fonds, parfois dits spéculatifs,
d’investissement parfois, de pension, de gestion (de portefeuilles notamment), de capital
investissement. Parfois, on les présente comme des intermédiaires financiers, mais pas
bancaires. Ce ne sont pas des banques. Ils ne collectent pas de dépôts, ils ne reçoivent pas des fonds
remboursables du public, et ne sont pas soumis à la réglementation bancaire.
Intérêt du Shadow Banking = accroitre la rentabilité mais aussi échapper aux lourdes règles de
supervision de l’activité bancaire. Plus l’activité bancaire est règlementée, plus on a envie de recourir
au shadow banking.
Inconvénients : présente des risques en cas de désengagement massif de défaillances sur certains
crédits car phénomène de dominos. Ex de la crise des subprimes de 2007 où des financements
immobiliers de plus-value un peu virtuelle sur l’immobilier résidentiel aux US ont été titrisés
et placés dans des produits « pourri » et se sont diffusés à toute l’économie, entraînant des
risques systémiques
Mais les banques essaient d’alléger le risque en sortant des crédits de leurs biens, soit opèrent une
activité qui ressemble à une activité de financement mais sans les règles strictes. Cette finance
bancaire parallèle pesait plus de 92 000 milliards de dollars en 2015 (Conseil de stabilité
financière) = + de 150% du PIB mondial.

C) Les nouvelles technologies

1. LE BLOCKCHAIN

C’est un système informatique bancaire qui toutefois permettra d’échapper au fisc, des banques mais
aussi des notaires.
La blockchain (chaîne de blocs) est une technologie de stockage et de transmission d’information
transparente, réputée sécurisée, et qui fonctionne sans aucun organe central ou étatique de
contrôle. Il préserve et conserve la trace des transactions effectués sur le bloc de chaîne qu’on ne peut
évidemment pas modifier. C’est une technologie de stockage de données participative,
décentralisée et qui ne résulte pas d’un système d’authentification public.
Bill Gates : « elle pourrait remplacer la plupart des tiers de confiance plus ou moins investis de
prérogatives de puissance publique dont les notaires, banques, etc. »

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2. LE BITCOIN

Le mot « Bit fait référence à une unité d’information binaire » tandis que le « Coin signifie pièces de
monnaie ». Le bitcoin est une monnaie cryptographique, une crypto monnaie qui a été inventée
par Satoshi Makamoto en 2009. Cette monnaie est utilisée dans un système de paiement Peer to
Peer, c’est une monnaie privée. Elle n’est en aucun cas émise par un État ou une banque
centrale. On est dans le cadre d’une monnaie virtuelle qui ne cesse de se développer. Cette monnaie
tend toutefois malgré tout aujourd'hui à rencontrer un certain succès car c’est un système simple
tout d’abord, qui fait appel à une technologie voisine de la blockchain : les transactions en
bitcoins sont réputées infalsifiables grâce à la technologie de la blockchain. Autres atouts :
l’anonymat et la faiblesse des coûts de transaction. Les règlements en bitcoins seraient moins
chers. L’État français essaie par ailleurs de fiscaliser les détenteurs du bitcoin.

Peut-on considéré le bitcoin comme une monnaie ? Non si on suit les critères classiques et organiques
qui veulent que la monnaie soit émise par l’État (pouvoir de battre monnaie). Mais si on regarde le
critère fonctionnel, la monnaie est une unité de compte, un instrument de paiement et le cas échéant
une réserve d’épargne, et là le bitcoin marque des points : on peut donner aux marchandises un prix
en bitcoin, il sert de moyen de paiement, reste le problème de la réserve d’épargne même s’il semble
que ç’en est une.
Tribunal fédéral des USA : le Bitcoin était une forme de monnaie notamment car convertible
avec des monnaies classiques
Circulaire française du 11 juillet 2014 : a précisé que pour les besoins du calcul de l’impôt, les
détenteurs du bitcoin sont invités à déclarer « la valeur d’actif représentée par les unités de
compte virtuelles stockées sur un support électronique ». On se rapproche de l’idée que le bitcoin
est un nouveau bien (une nouvelle richesse au sens du droit des biens = mobilier incorporel).

SECTION 3 : HISTOIRE DU DROIT BANCAIRE

A) Pendant l’Antiquité

C’est avec le code d’Hammourabi datant de 1700 avant JC que l’on constatera l’existence d’activité
bancaire comme par exemple le prêt sur marchandise à Babylone ou aussi des activités
bancaires embryonnaires en Egypte ou en Phénicie
Pratique religieuse des activités bancaires dans les enceintes religieuses mais ce n’est plus tard
qu’elles seront exercées à l’extérieure du cadre religieux.
Ce n’est qu’à l’apparition des argentari à l’époque romaine, qui réalisaient des opérations à
caractère bancaire de prêts, dépôts, avance d'argent moyennant intérêts pour le compte de clients que
l’activité financière va se développer à partir du moyen âge à la renaissance. Jusqu’au bas Moyen Age
(Vème siècle après JC), les activités de banque se limitent souvent à des opérations de caisse : déposer
de l’argent et en retirer (mission première historiquement des banques). Le crédit reste encore assez
peu pratiqué

B) Du moyen âge à la renaissance

Invasion des barbares qui déstabilise l’essor des techniques bancaires mais aussi de
l’économie et de l’activité financière. Ce n’est qu’à partir du 11ème siècle que l’activité bancaire
reprend.
En Europe, l’Italie domine l’activité bancaire car on assiste pour la première fois à la création
d’une banque à Venise (1151) et Florence devient une haute place bancaire. Le Nord de l’Italie
(Lombardie) va produire les « banquiers lombards » qui ont inventé plusieurs choses : le calcul de
l’année (sur 360 jours, pour faire que l’intérêt pour l’emprunteur soit plus important), le prêt sur gage
avec pacte commissoire (le droit canonique était franchement hostile à l’activité de prêt). Le concile
de Latran (catholique) a interdit le prêt en 1215, tandis que le concile de Trêve a interdit en
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1227 la rémunération des dépôts. Le droit canonique est hostile à l’activité bancaire qui est perçue
comme oisive. Il est coupable de s’enrichir par le seul écoulement du temps.
Les banques jouent un rôle fondamental dans le règlement et le paiement des échanges
internationaux. On songe à la lettre de change (droit cambiaire) qui est un instrument d’achat
et d’échange. Les banques permettent le règlement de ces échanges internationaux et accompagnent
le développement du commerce au Moyen Age, le développement des grandes routes commerciales
d’Europe du Nord, les échanges notamment qui passent par la Route de la Soie, développement et
richesse des foires de champagne.
Pendant toute cette période, l’activité de banquier va se diversifier car en plus de recevoir des dépôts,
il sera également un dispensateur de crédit et de prêts.

C) De la renaissance au 18ème siècle

La renaissance marque une grande période d’essor de l’activité bancaire, de son épanouissement.
Apparition de grandes familles de banquiers privés comme les Médicis en Italie ; Jacques Cœur
en France ; Fugger en ALL
Des techniques bancaires voient le jour : le chèque. Quant aux grandes découvertes des
explorateurs comme Magellan, Colomb, celles-ci appellent des financements des expéditions et des
expéditions subséquentes. Financement aussi de l’importation car ces découvertes vont permettre
l’afflux de métaux précieux en Europe qui viendront alimenter l’économie et le secteur bancaire.
Le 18ème siècle marque l’apparition de banques sous forme de société alors qu’en 1640, on
assiste en Angleterre à l’apparition des billets de banque.

D) Pendant le 19ème siècle

Cette période est caractérisée par la révolution industrielle (ex : Invention et création de la
machine à vapeur, création de la classe ouvrière, développement de la production du charbon
et de l’acier puis du textile, développement du capitalisme et du libéralisme).
Essor des banques sur 3 causes :
- Développement de la monnaie foncière en ANG depuis 1640
- Utilisation fréquente des titres de sociétés pour financer les entreprises
- Développement de la monnaie scripturale avec un rôle de + en + important pour les chèques.
En 1807, le Code de commerce ne consacre pas de dispositions spécifiques à l’activité bancaire.
C’est donc une période de liberté : contractuelle, sociétaire, bancaire.

E) Du 20ème siècle à nos jours

Marqué par la crise financière de 1929 & la chute de la bourse aux conséquences durable et
brutales = provoquant la panique des épargnants venant retirer en masse leurs dépôts.
Siècle de la restauration de l’autorité de l’État sur le secteur bancaire. Aux US, Roosevelt va
mettre un peu les banques à pied en séparant les activités de banques d’affaires et de banques de
dépôt pour éviter de mettre en péril les dépôts.
En France : interventionnisme étatique se traduit par l’adoption d’une LOI DU 19 JUIN
1930 sur la profession bancaire. C’est une loi de moralisation, notamment par le biais
d’interdiction d’exercer la profession bancaire à l’intention des escrocs. Mais ce n’est pas une loi
de contrôle des banques. Ensuite, viendra les LOIS DES 13 ET 14 JUIN 1941 par lesquels le
Législateur institue en France un contrôle des banques. Encadrement juridique assez strict,
des organismes professionnels de contrôle sont alors institués. Ce mouvement va se prolonger à
la fin de la 2GM puisque l’État souhaite s’approprier les banques (nationalisations) pour avoir la
haute main sur l’économie d’après-guerre et obliger les banques à investir certains secteurs
essentiels à la reconstruction de la France. LA LOI DU 2 DECEMBRE 1945 relative à la
nationalisation et l’organisation du crédit va modifier les lois de 1941 sans les abroger. Dans les
années 1960, on assiste à un nouvel essor des banques. Le taux de bancarisation de la société
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française explose, les banques se font de nouveaux clients = les femmes, les jeunes, parfois même les
enfants par le biais de leurs parents. Apparition de la carte bancaire. Les activités des banques se
diversifient, elles investissent dans l’industrie, dans l’immobilier, elles s’activent sur les marchés
financiers. Elles s’internationalisent et ouvrent des succursales dans d’autres pays. Mouvement
de concentration du secteur bancaire. ADOPTION LE 24 JANVIER 1984 DE LA LOI BANCAIRE
relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit. Les lois de 1941 modifiées en
1945 ne permettaient plus vraiment le contrôle de l’activité bancaire. C’est ce texte qui
détermine et retient cette catégorie générique d’établissements de crédit recouvrant une
fusion des banques de dépôt et d’affaire + s’ouvre aux banques mutualistes et coopératives. Il
définit les institutions bancaires et les autorités de contrôle, et facilite la constitution de
banques universelles
Cette loi du 24 Janvier 1984 constitue le socle du code monétaire et financier même si ce code a été
réformé plusieurs fois. Elle est donc toujours d’actualité.

SECTION 4 : LES SOURCES DU DROIT BANCAIRE

I) LES SOURCES NATIONALES

A) Les sources écrites et textuelles

- Article 34 de la Constitution : précise la compétence du législateur en matière d’obligation


civiles, commerciales et bancaires.
- La loi renvoie à des arrêtés du ministre de l’économie pour fixer des règles de droit
bancaire. Depuis la LOI DE SECURITE FINANCIERE DU 1ER AOUT 2003, c’est le ministre de
l’économie qui est invité à arrêter de très nombreuses règles de droit bancaire,
notamment celles concernant par exemple les conditions des opérations que peuvent effectuer
les établissements de crédit dans leurs relations avec la clientèle prévu à l’article L.611-1 du
COMOFI. Le ministre de l’économie doit arrêter les règles relatives aux instruments de crédit
et les règles du crédit.
- Certaines autorités de contrôle ont également un pouvoir normatif dans le droit bancaire tel
est le cas de l’ACPR
- En vérité, c’est le code monétaire et financier qui comporte l’ensemble des règles
relatives à l’activité et aux opérations bancaires. Il est composé de 7 livres (LA MONNAIE,
LES PRODUITS, LES SERVICES, LES MARCHES, LES PRESTATAIRES DE SERVICES PORTANT
SUR LE STATUT DES BANQUES ET DES EC, LES INSTRUMENTS DE CONTROLE ET LES OUTRE-
MER). Ce code a été modifié à plusieurs reprises dont la LOI MURCEF DU 11 DECEMBRE 2001
OU ENCORE LES ORDONNANCES DU 15 JUILLET 2009 ET 9 AOUT 2017 sur les services de
paiement. On ne trouve pas tous les contrats ou opérations de crédits dans le code monétaire
et donc parfois, il faut se référer à certains codes comme par exemple le code civil pour les
contrats de prêts ou de dépôts, et au code de la consommation, ou encore au code de commerce
toutes les fois qu’on s’intéresse au droit cambiaire avec le billet à ordre et la lettre de change
- Les chartes ; en 1990 sur les services bancaires de base, Convention AREAS du 6 juillet
2006 dont l’objectif est de permettre l’accès au crédit plus facilement sans risquer de se voir
opposer un refus par les établissements de crédit et compagnies d’assurance. Codes de bonne
conduite, notamment sur la transparence tarifaire

B) Les usages

Ce sont le plus souvent des sources professionnelles du droit bancaire.


Peut-on opposer un usage à un client ou pour que l’opposabilité ait lieu, le client doit-il en avoir eu
connaissance ? = c’est ce dont opère certaines associations de professionnels de banque, à attester par
un certificat de l’existence d’un usage et de la teneur de cet usage. Le président de l’association de
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professionnels de banques françaises a lui-même édicter un parère (certificat) dans lequel il se


prononce sur la pratique des lettres d’intention existant dans les usages bancaires. Le Président
écrit ainsi une lettre disant que « dans les usages bancaires français, la lettre par laquelle une société de
renom indiscutée sur le plan tant de la morale commerciale que de l’assise financière parraine une
société qu’elle contrôle pour l’obtention et le maintien d’un crédit constitue un engagement moral
d’assurer la bonne fin du crédit et est considéré comme présentant en pratique une sécurité comparable
à un engagement de caution ».
EXEMPLES :
- Date de valeur : pendant assez longtemps, les établissements de crédit ont adopté un usage
bancaire qui était contesté parce qu’il conduisait à retenir des dates de remise au crédit ou des
dates de débit différées ou avancées selon le cas. Chambre commerciale le 6 avril 1993
n°90-21-198 a indiqué que les remises des retraits sur les comptes bancaires n’impliquent pas
que les dates de crédit soient différées ou avancées. Et en réalité, la chambre commerciale
n’admet de différer que s’il y a des justifications matérielles. Le sujet était le contrôle de la cause,
ici il y avait une absence de cause, donc pas d’application de l’usage
- Calcul de l’intérêt selon l’année lombarde : usage très ancien, qui consiste à calculer le taux
d’intérêt souscrit d’après l’année lombarde. Par souci de simplification, l’année lombarde est
faite de 12 mois de 30 jours, donc 360 jours. Cet usage a été censuré dans les rapports entre
banque et non-professionnel par la 1ère chambre civile le 19 juin 2013. Elle considère que le
taux de l’intérêt doit être calculé sur la base de l’année civile, et non pas l’année lombarde, à peine
pour le prêteur de perdre tout droit à l’intérêt conventionnel.

C) La jurisprudence

Elle aussi joue un rôle important notamment dans la fixation de la notion de compte courant. A
permis d’imposer un devoir de mise en garde au prêteur à l’égard d’un emprunteur profane
comme à l’égard d’une caution profane.
Enfin, on peut citer l’arrêt d’assemblée plénière de la CDC du 4 mars 2005 sur la sanction de la
violation du monopole bancaire.

II) LES SOURCES EUROPEENNES ET INTERNATIONALES

A) Les sources européennes

Européanisation du droit bancaire marqué par plusieurs réformes européennes :


- 1977 : est adoptée la première directive communautaire de coordination bancaire.
- En 1993 est annoncé un marché unique européen bancaire.
- En 1999 : l’euro est institué dans les rapports bancaires.
- La convention du 20 mars 2000 qui pose les règles d’accès à l’activité bancaire, elle-
même qui sera modifié par la convention du 14 Juin 2003.
- En 2002, l’euro le sera pour tout un chacun.
- En 2013 : les États de la zone euro adoptent un mécanisme de supervision unique
européen dit MSU, qui constitue un pilier de l’Union bancaire. Depuis le 15 avril 2014, le
Parlement européen a adopté l’Union bancaire, qui est une réponse de l’UE à la crise traversée
juste avant par la zone euro. Dans le cadre de ce MSU, un système d’agrément unique est
en principe prévu pour les banques par la BCE. C’est cette Union bancaire qui institue un
mécanisme de résolution unique qui est le deuxième pilier de cette Union bancaire.
- Le règlement européen du 26 juin 2013 qui supprime les conventions du 20 mars 2000
et du 14 juin 2003 afin d’unifier le statut bancaire au sein de l’UE tout en redéfinissant
les conditions d’accès à l’activité bancaire dans la zone euro.
L’idée est que ce sont des institutions de l’UE, BCE notamment et un fonds de résolution bancaire
unique vont avoir pour mission d’assurer la solvabilité des banques en Europe

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B) Les sources internationales

Elles sont nombreuses et il faut distinguer les conventions fondatrices des autres conventions.

CONVENTIONS FONDATRICES AUTRES CONVENTIONS INTERNATIONALES


- Convention de Genève sur la lettre L’influence de forums, de comités, de groupes
de change et le billet à ordre du 7 internationaux qui sont des lieux où de grands
juin 1930. banquiers centraux se rassemblent pour améliorer
- Convention de Genève sur le la supervision bancaire internationale. Ces forums
chèque le 11 mars 1931. vont permettre de préparer la conclusion d’accords.
- Convention d’Ottawa du 18 mai - Comité de Bale Forum où environ 4 fois par an
1988, ratifiée par la France le 10 sont traités et évoqués des sujets de supervision
juillet 1991 sur le crédit-bail bancaire. Il est hébergé par la Banque des
international et l’affacturage règlements internationaux. Ce Comité a lieu pour
international. la première fois en 1974 à la suite notamment de
- Convention de Rome du 19 Juin la liquidation d’une banque allemande. Au début
1989 qui définit la loi applicable il s’appelait le Comité Cook. Dans ce Comité de
aux obligations contractuelles Bâle, aujourd'hui, on retrouve des représentants
de banques centrales et d’autorités de contrôle
de 13 pays. Et il s’ouvre petit à petit à un nombre
de plus en plus conséquent d’État.
- Comité de stabilité financière : Hébergé par la
Banque des règlements internationaux de Bâle.
En anglais FSB (Financial Stability Board). Créé
par le G5. Il a été créé à Londres en 2009 et
succède à un forum de stabilité financière créé
par le G7. Aujourd'hui, 26 pays en font partie et
on est dans un objectif de coopération, de
supervision et surveillance des opérations
financières à l’échelle internationale

LEÇON 2 : LES OPERATIONS BANCAIRES


Section 1 : Identification des opérations bancaires

La grande loi bancaire du 24 Janvier 1984 définissait les établissements de crédits à travers
les opérations bancaires et financières dont principalement, la réception de fonds remboursable au
public, les opérations de crédit ainsi que la mise à disposition de la clientèle ou la gestion des moyens
de paiement. L’Ordonnance du 27 juin 2013 (en vigueur depuis le 1er janvier 2014) a resserré la
définition des opérations bancaires pour correspondre mieux à un droit européen qui a une
conception un peu plus étroite en matière d’établissement de crédit, tel que déterminé à l’Art. 4 du
règlement européen du 26 juin 2013 qui définit l’établissement de crédit comme une entreprise
dont l’activité consiste à recevoir du public des dépôts ou d’autres fonds remboursables et à octroyer des
crédits de son propre compte, et ceci à titre habituel de profession. Ce règlement européen dresse
également une liste d’activités que peut exercer à titre connexes les établissements de crédits. C’est un
éventail des activités possibles pour les établissements de crédit : prêt, service de paiement, crédit-
bail, émission de monnaie et gestion d’autres moyens de paiement, octroi de garanties,
transaction pour compte propre ou pour le compte de clients sur les marchés financiers,
participation aux émissions de titre, conseil aux entreprises, intermédiation sur les marchés
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bancaires, conservation et administration de valeurs mobilières, renseignements


commerciaux, location de coffres, émission de monnaie électronique, gestion de patrimoine.
En droit interne, c’est l’article L311-1 du code monétaire et financier qui définit les opérations de
crédits comme « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds remboursables du public,
les opérations de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement ».

I) LA RECEPTION DE FONDS REMBOURSABLES AU PUBLIC

L’article L312-2 du code monétaire et financier la définit comme « les fonds qu'une personne
recueille d'un tiers, notamment sous la forme de dépôts, avec le droit d'en disposer pour son propre
compte mais à charge pour elle de les restituer ». 4 critères existent donc pour la caractériser :
- Exigence d’une remise de fonds, de dépôts. Les dépôts doivent être faits par le tiers et
l’établissement devra ainsi réceptionner les fonds. Le fond est un Terme générique qui vise soit
des espèces, soit de la monnaie scripturale. Cependant, la réception de monnaie électronique
n’est pas considérée par cet article.

- La seconde concerne la notion du public vs tiers : le public concerne toutes les personnes
tierces à l’établissement de crédits. Il faut donc que la personne ne soit pas liée étroitement à
l’EC qui est ici le dépositaire. Si le tiers et le dépositaire sont liés, alors il n’est guère utile
d’imposer l’intermédiation d’une banque à travers le monopole bancaire et c’est ainsi que le
législateur exclue la réception de fonds faite par un véritable public. On distingue ici 2 séries de
fonds exclues :
 Les comptes courants d’associés (L312-2 du CMF) : ce sont des fonds résultant de
prêts participatifs. Le prêt participatif est assimilé à des fonds propres de l’emprunteur,
ce prêt n’est remboursé qu’après le remboursement de tous les créanciers
chirographaires (L313-4 du CMF)
 Fonds que reçoit une entreprise pour le compte de ses salariés, dans la limite de
10% de ses K propres

- Il faut que le dépositaire puisse librement disposer des fonds reçus pour son propre compte.
L’ADN de l’activité bancaire est que les fonds des déposants puissent faire les crédits. Cette
liberté pour le banquier de disposer des dépôts est très courante en l’absence de convention
contraire entre ce banquier et le client

- Il faut que le dépositaire ait une obligation de restitution des fonds déposés = contrepartie du
dépôt. Ce sont des fonds remboursables, le dépositaire a une obligation de restitution. Le
déposant doit pouvoir récupérer le montant déposé par un retrait ou un chèque (direct), ou
quand je désigne à la banque dépositaire un tiers auquel je souhaite faire un virement pour
payer une dette (indirecte).

Même si l’article L311-1 du CMF ne fait pas mention du dépôt dans la réception de fonds
remboursable du public contrairement à l’article L312-2 , on peut supposer que les contrats de dépôts
prévus aux articles 1915 et suivants du code civil et défini comme un acte par lequel on reçoit la
chose d'autrui, à la charge de la garder et de la restituer en nature peut être un contrat sur la réception
de fonds remboursable tout comme le prêt et le mandat. Il suffit de constater l’obligation de
restitution des fonds du dépositaire peu importe la forme du contrat.

II) LES OPERATIONS DE CREDITS

Opération de crédits = opération de banque par nature et prédéfini à l’article L313-1 du CMF. «
Constitue une opération de crédit, tout acte par lequel une personne agissant à titre onéreux met ou
promet de mettre des fonds à la disposition d'une autre personne ou prend, dans l'intérêt de celle-ci, un
engagement par signature tel qu'un aval, un cautionnement, ou une garantie. Sont assimilés à des
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opérations de crédit le crédit-bail (leasing), et, de manière générale, toute opération de location assortie
d'une option d'achat ».
Ainsi, l’opération de crédit suppose :
- Qu’un EC promette ou met à titre onéreux, des fonds à la disposition d’une tierce personne :
l’EC doit agir à titre onéreux, toutes les fois où il reçoit un intérêt en contrepartie même
aléatoire.
- On promet ou on met des fonds à la disposition de la personne peu importe que l’on donne une
avance immédiate des fonds ou encore ultérieurement
- Le législateur parle de « tout acte ». De là, on suppose que l’acte juridique peut être même
une promesse d’avance ou encore une avance de fonds. Il détermine également plusieurs
contrats spéciaux pouvant être considéré comme des opérations de crédits tel que l’aval, le
cautionnement et la garantie.
- Généralement, il s’agit d’avance de fonds et pas d’autre chose. On a vu la notion de fonds dans
la réception de fonds remboursables du public. Sont exclus les opérations d’échanges de
taux qui ne sont pas des opérations de crédits par nature.

Ex 1 : L’ouverture au crédit
1ère chambre civile du 28 mars 2000 : le prêt accordé par un établissement de crédit a un caractère
consensuel. La promesse oblige à délivrer les fonds quand le bénéficiaire du crédit décidera que les fonds
doivent être versés.
Cependant, quand le banquier fait un engagement de garantie envers le bénéficiaire, il n’avance pas
les fonds tout de suite car dans la mesure où ll donne sa signature pour la garantie et que le
bénéficiaire est défaillant, celui-ci sera amené à payer les sommes dues.
NB : une simple location n’est pas une opération de crédit tel l’a démontré la jurisprudence de la
chambre civile.

III) LES SERVICES BANCAIRES DE PAIEMENT

On n’est plus seulement dans le cadre de la mise à disposition de la clientèle ou encore de la


gestion de paiement, la formule est différente aujourd’hui et plus étendue. On est dans le cadre des
services bancaires de paiement.
Evolution consacrée par L’ORDONNANCE DU 15 JUILLET 2009 relative aux fournitures de
moyens de paiement et à la création de nouvelles entités que sont les Etablissements de paiement
(EP) alors que l’activité des services de paiement était auparavant l’apanage des EC. Même si la
situation est différente aujourd’hui, on a tendance à considérer les services bancaires de banques
comme celle des EC.
Article L311-3 du CMF définit les services de paiement et plus généralement les moyens
de paiement, tout en renvoyant cette notion à l’article L311-1 du même code. « Sont considérés
comme moyens de paiement tous les instruments qui permettent à toute personne de transférer des
fonds, quel que soit le support ou le procédé technique utilisé ». Cependant, l’article nous parle
également de la mise à la disposition de la clientèle, de la gestion de paiement, ce qui consiste depuis
1984 à consiste à mettre à disposition de la clientèle ces moyens de paiement et à gérer ces
moyens de paiement mais comme avec l’ordonnance de 2009, les services bancaires de
paiement entrant dans le monopole bancaire se sont étendus vu qu’on distingue désormais 3
catégories de services de paiement :
- Les services bancaires de paiement.
- Les activités relevant de la monnaie électronique, apanage des établissements de monnaie
électronique.
- Services de paiement dont une liste est donnée par L.314-1 du CMF. Ils ne font pas l’objet d’un
monopole bancaire mais du monopole des nouveaux établissements de paiement créés en
2009.

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Concrètement, ce qui relève du monopole des établissements de crédit, c’est la délivrance au


client de formules de chèque. Seule aujourd'hui cette délivrance est un service bancaire de
paiement spécifiquement réservé aux banques. Les autres services bancaires de paiement peuvent
être accomplis par les banques, mais les banques ne le font pas au titre de leurs activités réservées
(activités connexes). Ces activités connexes vont permettre aux EC de gérer les moyens de
service de paiement non-bancaires et d’entrer en concurrence envers elles.

Dans la logique européenne, comme les établissements de paiement ne sont pas des
établissements bancaires, ils peuvent ouvrir des comptes de paiement qui se distinguent des
comptes bancaires car l’établissement de paiement ne peut utiliser les sommes déposées pour
son propre compte (pas de libre disposition des fonds perçus du public). Le compte doit avoir
pour objet exclusif d’effectuer des opérations de paiement.

SECTION 2 : LE MONOPOLE DES OPERATIONS BANCAIRES

Ce monopole des opérations bancaires est marqué par le DECRET DU 17 MARS 1791 DIT
D’ALLARDE consacrant la liberté d’entreprendre qui a valeur constitutionnelle en disposant qu’il
est « libre à toute personne de faire telle négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle
trouvera bon ». Celle-ci sera suivi par les LOIS DU 14 ET 17 JUIN 1791 DITE CHAPELIER qui a
interdit la reconstitution des corporations et autres organisations professionnelles qui contrôlaient
l’accès à un métier, au nom de la liberté du commerce.
Cette étape se renforce avec la LOI ROYER DU 27 DECEMBRE 1973 qui énonce dans son
article 1 que « la liberté et la volonté d’entreprendre sont le fondement des activités commerciales et
artisanales ». Quant au droit communautaire, il garantit un libre exercice des activités
économiques, qui est un principe général du droit communautaire pour la CJUE. Il est bon de
rappeler que le monopole bancaire est une exception à la liberté d’entreprendre, à la liberté du
commerce et de l'industrie = historiquement, l’activité bancaire s’est développée à l’abri de ces
libertés.
La grande loi de Juin 1941 vient elle-même vient encadrer l’activité bancaire, et la faire
sortir de cette oasis qu’est la liberté du commerce en soumettant les EC à des règles de contrôle dont
la plus importante ici est l’agrément bancaire par le biais du monopole bancaire.

I) LES FONDEMENTS DU MONOPOLE BANCAIRE

Le monopole bancaire a été instauré pour plusieurs raisons :

- Protéger, garantir notre confiance dans les établissements de crédit. Puisque la banque a
la libre disposition des sommes par la suite d’un dépôt qui lui transfère la propriété de la
monnaie, il faut être sûre qu’elle puisse le rendre.

- Encadrer la distribution de crédits. Après 1945 (loi de nationalisation des banques), le


gouvernement s’est attaché à encadrer la distribution de crédit. Les banques créent la monnaie,
mais si on augmente trop la masse monétaire, ont créé de l’inflation, et elle érode le pouvoir
d’achat de la monnaie. Aujourd'hui, la politique monétaire est largement déterminée par
l’Europe, et notamment la BCE.

- Assurer la liquidité des marchés financiers, où les banques sont très présentes.

- Garantir le public contre le risque d’insolvabilité des établissements de crédit, et plus


précisément contre le risque systémique d’insolvabilité de ces établissements car si un
grand EC comme Lehman tombe cela peut fragiliser le système bancaire tant national et à
l’échelle international.
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Ces fondements sont souvent contestés par certains qui regrettent l’âge d’or de la libre activité du
commerce de l’argent = Article Hubert de Vauplane.
Le monopole bancaire entre en concurrence avec d’autres services financiers non bancaire comme
celle du Shadow Banking mais on s’aperçoit qu’avec l’évolution et la rentabilité du financement
de l’ombre, les règles régissant le monopole bancaire sont moins solides.

II) LA DEFINITION DU MONOPOLE BANCAIRE

A) L’essence de la définition

Ce monopole bancaire est précisé dans l’article L511-5 du CMF qui met en place une
prohibition d’ordre public en disposant qu’« Il est interdit à toute personne autre qu'un
établissement de crédit ou une société de financement d'effectuer des opérations de crédit à titre
habituel. Il est, en outre, interdit à toute personne autre qu'un établissement de crédit de recevoir à titre
habituel des fonds remboursables du public ou de fournir des services bancaires de paiement ».
C’est un monopole des opérations bancaire effectuées à titre habituel par les EC. Le monopole
dont jouissent les établissements de crédit est la conséquence de l’agrément en qualité
d’établissement de crédit imposé par la loi à l’article L511-10 du CMF. Sans cet agrément par les
Autorités (BCE), nul ne peut être considéré comme un EC.

Observations sur l’article L511-5 du CMF :

- Son 1er alinéa met implicitement un duopole entre les sociétés de financements et les
établissements de crédits en ce qui concerne les opérations de crédits. Cependant, il faut se
rappeler de la distinction entre les 2 car un service de financement n’octroie que des crédits
tandis que l’EC s’occupe de la réception de fonds remboursables mais aussi des opérations de
crédits et des services de paiement dont il a le monopole tel le démontre l’alinéa 2. Le
monopole de la réception des fonds remboursables par les EC joue quel que soit la date du
dépôt alors qu’avant 2015, le législateur avait cantonné le monopole bancaire à la réception de
dépôt d’une durée inférieure ou égale à 2 ans. La doctrine voudrait que l’on parle de
domaine réservé et non pas de monopole bancaire

Il faut néanmoins préciser que ce monopole bancaire repose sur certains critères des opérations
bancaires précitées dans la section 1 :

- Un critère de temps, d’habitude : Seules sont interdites les opérations effectuées à titre
habituel sans agrément. Il faut des opérations répétées dans le temps. A contrario, les
opérations effectuées de façon occasionnelle sont libres, elles ne tombent pas sous le coup de la
loi pénale. Théoriquement, l’habitude peut apparaître dès le second acte. L’appréciation
de l’habitude revient aux juges du fond mais c’est la Cour de cassation qui contrôle et est
intervenue à plusieurs reprises pour casser des arrêts qui avaient admis une habitude là où
pour la CDC il n’y en avait pas.
Jurisprudence prétorienne : pour qu’il y ait habitude, il faut une pluralité d’opérations répétées dans le
temps, mais également une pluralité de clients
Cassation, Commerciale du 03 décembre 2002 : Sur plusieurs années, un banquier octroie 9 prêts
successifs à titre onéreux mais à disposition d’un même client. Les conseillers d’appel ont dit que c’était
une habitude. Mais cassation car motif inopérant et insuffisant à caractériser la nature habituelle des
opérations effectuées.
Ainsi, l’habitude est caractérisée par une pluralité d’actes ou opérations et une pluralité
de clients, conditions cumulatives. Mais la chambre commerciale n’a pas toujours suivi ce principe :

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Chambre commerciale du 07 janvier 2004, non publié : Banque belge qui prête à un emprunteur
français un crédit hypothécaire. Cette banque n’était pas à l’époque agréée pour opérer en France et
reconnaissait bien qu’elle s’était livrée à une opération bancaire, mais elle relevait qu’il s’agissait d’une
opération occasionnelle (un prêt à un unique client). La CDC dit que « fusse à titre occasionnel, la banque
belge aurait dû obtenir l’agrément à peine de violer le monopole bancaire.

- L’onérosité des opérations habituelles : la question se pose même si la loi ne mentionne pas
cette onérosité dans les opérations habituelles violant le monopole bancaire. Ainsi, est ce que
toutes les opérations habituelles onéreuses sont-elles interdites ? Si l’exigence d’onérosité n’est
pas littéralement reprise dans l’énoncé de l’interdiction, c’est parce que la notion même
d’opération de crédit suppose, pour être bancaire qu’elle soit onéreuse. En revanche, pour la
réception de fonds publics, l’onérosité n’est pas une condition.

- Ce monopole est d’application territoriale : car il ne s’applique qu’aux opérations de


crédits basés en FR ou sur le territoire national vu que l’agrément est national. S’agissant des
crédits, soit on a égard au lieu de conclusion du crédit, soit au lieu d’exécution du crédit. Si le
crédit est conclu en France ou si les fonds doivent être mis à disposition en France, le monopole
doit s’appliquer et l’opérateur en question doit être agréé comme établissement de crédit.

Selon ce même article, les banques peuvent également fournir des services d’investissement, mais
elles doivent alors être agréées comme PSI (prestataire de service d’investissement).

B) Le monopole des dénominations bancaires

Seules les banques peuvent accomplir à titre habituel des opérations bancaires. De la même
façon, seuls les établissements de crédit ont le droit d’utiliser une dénomination faisant croire
qu’elles sont agréées en qualité d’établissement de crédit. L’usage de la dénomination
établissement de crédit et, au-delà, toute publicité, communication, expression laissant
entendre qu’une personne qui n’est pas établissement de crédit le serait est sanctionnée par
l’article L.511-8 du CMF, article s’appliquant également aux services de financement et qui pose une
sanction pénale. Un organisme non agréé comme EC n’a pas le droit d’utiliser une telle dénomination.
Pas le droit d’instituer non plus une certaine confusion pour les clients. Mais ce monopole de la
dénomination concerne également les sociétés de financement. Ces dernières partagent le marché duo
politique de l’octroi de crédit donc de la même façon, seule une société de financement a le droit
d’utiliser la dénomination de société de financement

C) Les sanctions du monopole bancaire

Il faut en ce sens distinguer les sanctions civiles des sanctions pénales.

SANCTIONS CIVILES SANCTIONS PENALES


- Article L571-3 du
Silence du législateur en ce qui concerne la sanction civile mais CMF : Le délit
l’on se pose relativement des questions : d’exercice illégale de la
profession de banquier
1) La nullité : pendant longtemps, cette question a divisé la est passible de 3 ans
jurisprudence commerciale et civile. d’emprisonnement et
La Chambre commerciale a pendant longtemps appliquer la nullité d’une amende de
des conventions (s’il y’a une sanction pénale, il doit bien avoir une 375000€. Le fait, pour
sanction civile du droit privé et la meilleure est la nullité). toute personne, de
Commerciale du 19 novembre 1991 : « Attendu qu'en statuant méconnaître l'une des

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ainsi, alors que l'interdiction pesant sur toute personne autre interdictions prescrites
qu'un établissement de crédit d'effectuer à titre habituel des par les articles L. 511-
opérations de crédit-bail protège, non seulement l'intérêt général 5 (monopole
et celui des établissements de crédit, mais aussi celui des crédit- substantiel) et L. 511-8
preneurs, et que sont, dès lors, recevables les actions engagées (monopole de la
par eux et tendant à l'annulation des conventions conclues en dénomination) est
infraction à la règle précitée, la cour d’appel a violé les textes puni
susvisés ».
Le tribunal peut -
La 1ère chambre civile opte pour le rejet de la nullité de la convention. ordonner l'affichage
1ère chambre civile du 13 octobre 1982 : « L’infraction d'exercice ou la diffusion de la
illégal de la profession de banquier (...) ne portant atteinte qu'à décision prononcée
l'intérêt général et à celui de la profession de banquier que la loi a dans les conditions
voulu protéger, n'est pas de nature a entrainer la nullité du prévues par l'article
contrat de prêt ». 131-35 du code
Avis du prof = comprend pas l’atteinte à l’intérêt général donc pas de pénal » = mise au ban
nullité ? Alors que droit des nullités divisé entre nullité absolue et de la société ou de
nullité relative, donc selon s’il y a un intérêt général ou pas. 0 en droit l’apprenti banquier
civil pour la CDC. Ici, ce devrait être une nullité absolue. non agréé.
Criminelle du 27 février
AP, 04 mars 2005 : La seule méconnaissance par un 2017 : la CDC approuve la
établissement de crédit de l’exigence d’agrément (...) n’est pas de CA d’avoir caractérisé un
nature à entraîner la nullité des contrats qu’il a conclus = délit sur l’existence de
Solution confirmée dans les arrêts de la chambre commerciale caractéristique matérielle
des 31 octobre et 28 novembre 2006 et chambre commerciale du (en l’espèce, des
8 janvier 2008 particuliers avaient prêter
au prévenu des fonds qu’il
2) L’action en responsabilité et en indemnisation devait restituer) et une
La question qui se pose est de savoir si la victime lésée peut intention de violation par le
demander une indemnisation du fait de la violation du MB ou encore prévenu de la loi pénale (il
se constituer partie civile. avait conscience qu’il
- Criminelle du 09 mai 1972 où La cour refuse que l’on se place violait la loi pénale) /
sur ce point pour se porter partie civile
- Criminelle du 03 juin 2004 : Aujourd'hui, la chambre
criminelle admet et déclare recevable la constitution de partie
civile, mais ce n’est pas pour autant que la demande va
prospérer

INCONVENIENTS DE L’ABSENCE DE LA NULLITE AVANTAGES DE L’ABSENCE DE NULLITE

- On piétine le monopole bancaire car on - Sécurité juridique puisque l’on


doit quand même respecter l’acte qui conserve le contrat de prêt qui a été
viole le monopole bancaire. conclu entre les parties
- On est incités à violer le MB car la - On peut se faire sur ce point de
probabilité de se faire attraper est très l’argent sans aucun doute car les
faible et en plus on ne risque pas la nullité. conventions conclues sans agrément
Le MB perd son prestige restent valables
-

Des sanctions disciplinaires sont aussi possibles d’être prononcée par l’ACPR. Parmi ces
sanctions, on a :

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- L’article L612-39 du CMF : Le retrait disciplinaire est le retrait partiel ou total de


l’agrément bancaire. Comme l’agrément est donné aujourd'hui par la BCE, l’ACPR va
saisir la BCE pour proposer à cette dernière un retrait d’agrément. = sanction des
personnes agrées

- L’article L612-40 du CMF : qui prévoit en l’absence d’agrément, les sanctions telles que
l’avertissement, blâme, radiation du dirigeant ou de l’établissement, liquidation
judiciaire, l’interdiction d’effectuer certaines opérations et toutes autres limitations
dans l’exercice de l’activité,

III) LES DEROGATIONS AU MONOPOLE BANCAIRE

A) Les dérogations de portée générale


Article L515-6 et 7 du CMF

Article L515-6 du CMF modifié par Article 515-7 du CMF


ordonnance du 05 avril 2017

Dispose que certaines activités ou entités ne L’interdiction d’exercer une activité bancaire ne fait
sont pas concernés par les interdictions du pas obstacle à telle ou telle opération
monopole bancaire. On écarte purement et
simplement à ceux-ci, les interdictions
relatives aux opérations de crédits ne
concernent pas ;

Ne sont pas concernés par les interdictions du MB :


- Les établissements cités à l’article 518-1 du CMF dont le trésor public, la Caisse de dépôt et des
consignations, BDF, La Poste, l’institut d’émission des départements d’Outre-Mer ou encore
l’Etat au cœur des finances
- Les entreprises d’assurances ou de réassurance qui peuvent exercer n’importe quelle activité
bancaire
- Les entreprises d’investissements et les organismes de titrisations de placement collectifs de
valeurs mobilières
- Les organismes de monnaie électronique et de paiement
Pour ces personnes, pas de délit de leur part tant qu’elles respectent les règles juridiques spécifiques
que le législateur a prévu pour eux.

B) Les dérogations spéciales

On distingue :

1- Le crédit inter-entreprise : vecteur important de la désintermédiation car on constate


qu’aujourd’hui, les entreprises qui ne sont pas des banques ont vocation à faire du crédit et
à se faire crédit. Celle-ci comporte le délai de paiement, c’est-à-dire la possibilité pour un
fournisseur d’accorder des délais de paiement à un acheteur. Cette opération n’est pas
interdite même si elle est une opération bancaire au sens de la loi. Dangereux pour le secteur
financier français, l’article L441-6 du code de commerce pose un plafonnement en disposant
que « l’on ne peut s’accorder sur un délai de plus de 60 jours à compter de l’émission de la
facture ».

2- Les opérations de trésorerie intra-groupe : ce sont des sociétés qui se regroupent pour
constituer une centrale économique et de trésorerie interne au groupe, un groupe de
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société dépourvu de la personnalité morale. Dans ce cas, un financement pourra être


attribué à l’une des sociétés du groupe sans avoir à recourir au financement bancaire/ On
mutualise les excédents de la trésorerie des sociétés du groupe afin de pouvoir aider l’une des
sociétés du groupe étant dans le besoin.

3- Loi Macron du 06 aout 2015 : disposant à l’article L511-6 du CMF la possibilité pour
certaines entreprises et sous certaines conditions (13 critères) justifiant de biens
économiques, d’établir un prêt par écrit d’une durée inférieure à 2 ans et donc d’accorder
des prêts à d’autres sociétés avec lesquelles elles sont économiquement liées

LEÇON 3 : LES OPERATEURS BANCAIRES

SECTION 1 : LES ETABLISSEMENTS DE CREDITS

Ce sont les acteurs principaux dont l’activité était définie avant 2013 comme une opération de
banque. La conception de cette activité a été resserré par le droit européen qui en avait une
conception plus étroite.
Article 4 du 26 juin 2013 : définit l’EC comme « une entreprise dont l’activité consiste à recevoir des
dépôts ou d’autres fonds remboursables du public, et à octroyer des crédits à titre de profession habituel
et pour leur propre compte ». Evolution qui a été transposer à l’article L511-1 du CMF qui renvoie à
l’article L312-2 et 313-1 du CMF
Trois Observations à retenir de ce règlement :

- Cette définition ne renvoie plus la notion d’EC au terme générique de la notion


d’opération de banque. Elle renvoie à 2 de ses activités principales, dont le dépôt de fonds
remboursables du public et l’octroi des crédits On renvoie à des espèces d’acticités et non
plus à un genre d’opération de banque. Le droit européen a une vision stricte de la
notion d’EC en considérant que « ce sont les dépôts qui font les crédits », le premier étant la
condition de la seconde (condition cumulative). La réception est la condition économique de
l’octroi. Il faut cumulativement pouvoir faire les 2 opérations pour être EC alors qu’en 1984, on
estimait que l’accomplissement habituel de l’une ou l’autre des activités suffisait à caractériser
l’EC. Ici, ce qui ne figure pas dans le texte est les services bancaires de paiement. Ceci est
logique car, restreints à la simple délivrance de chèques, ils ne participent plus à la notion d’EC

- Il considère l’EC comme une entreprise or l’entreprise peut être individuel ou sociétaire. Ce
que l’on peut comprendre est que l’agrément bancaire ne peut être donné qu’à une
personne morale peu importe qu’il prenne la forme d’un groupement sociétaire

- Traduit un lien indissoluble entre l’agrément et la qualité d’EC car c’est l’agrément qui
permet l’accès à la qualité d’EC. Sans agrément, on ne peut être EC. C’est ce dont va venir
préciser l’article L511-9 du CMF disposant que « les EC sont agréés en qualité de banque, de
banque mutualiste ou coopérative, d’EC spécialisés ou de caisse de crédit municipal »
NB : l’agrément correspond à des espèces particulières d’agrément.

I) Les banques

 Article 511-9 alinéa 2 du CMF = ces banques ont une compétence générale car elles
peuvent effectuer toutes opérations de banque. En effet, les banques sont des EC mais l’EC ne
se définit plus en rapport avec le terme générique de l’opération de banque (imperfection du
CMF sur ce point).
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Ex : banques généralistes qui animent et tiennent les guichets ; les banques régionales ou
locales ; les banques spécialisées dans la consommation ou le financement tel que les
marchés…
Il est possible qu’un EC banque soit spécialisé sur un segment du marché lorsqu’elle demande
l’agrément = Spécialisation voulue ; Mais L’agrément lui-même peut réduire l’objet social de la
banque agréé à certaines activités. En ce cas, la spécialisation de l’activité de la banque est
dépendante des termes de son agrément : la spécialisation n’est plus voulue mais imposée par
l’agrément

 Principe de spécialité bancaire : Prévu à l’article L511-3 du CMF, ce principe affecte


également les sociétés d’investissement et peut se résumer sous les termes suivants : « Que la
banque et rien que la Banque ». Selon ce principe, seul la banque peut effectuer les 3
opérations principaux de banque en plus des activités connexes, qui quant à eux ne sont
pas soumis au monopole bancaire. Par ailleurs, ces banques ne doivent pas s’immiscer dans
des activités ni bancaires, ni connexes, sauf si autorisées par un arrêté du ministre des finances.
Objectif ici étant d’éviter une concurrence entre les banques qui dispose d’un capital et de
moyens élevées contrairement aux autres entreprises, de protéger les déposants =
contrepartie du monopole
Ex : Une banque ne peut pas produire, fabriquer ou procéder à des achats pour revendre.

II) Les autres établissements de crédits

A) Les banques mutualistes et coopératives

Se distingue des autres banques en ce qu’elles avaient pour mission de participer au


financement de certaines professions et notamment au financement de la solidarité .
Ex : La mission première de la Caisse agricole est le financement des agriculteurs ; celle du Crédit
mutuel étant l’octroi d’un financement à des personnes modestes sur fond de solidarité mutuelle
Véritable exemple est celui de l’article L512-85 du CMF affirmant que la Caisse d’épargne participe
de la mise en œuvre des principes de solidarité et lutte contre l’exclusion
Missions particulières et compétences limitées mais ce n’est plus le cas aujourd’hui depuis
l’instauration de la Loi Bancaire. Ces spécificités d’ordre historique ont largement disparu. D’abord
parce que la loi bancaire a largement soumis ces établissements au statut bancaire de base.
Ensuite, on a assisté à une suppression des bonifications dont ces établissements pouvaient
bénéficier à titre exclusif. Exemple : depuis 1989, le CA n’a plus le monopole d’octroyer des prêts à
taux bonifiés ; idem pour les caisses d’épargne. On a donc une banalisation de ces banques
mutualistes et coopératives. Enfin, ces banques se sont vu reconnaitre une compétence
générale dans le respect évidemment des textes législatifs et réglementaires qui les régissent.
Ce qui se retrouve dans L511-9 : « les banques peuvent effectuer toutes les opérations de banque ».
Organisation pyramidale particulière de ces banques mutualistes et
coopératives composé caisses locales, régionales, et un organe central qui assure la cohérence
du réseau et sa représentation auprès des pouvoirs publics

B) Les caisses de crédits municipal

Crée en 1918 pour remplacer les établissements de prêts de gage. Ce sont des établissements
publics communaux qui ont reçu pour mission d’octroyer des prêts sur gage corporels aux
particuliers et dont la loi estime que le montant de crédit que peut octroyer ces caisses ne peut
excéder les 2/3 de la valeur du bien ; ou les 4/5 si c’est un métal précieux.

C) Les établissements spécialisés


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Institués par l’ordonnance du 27 juin 2013, ces EC spécialisés sont venus remplacer les
sociétés de financements et les institutions financières spécialisés.
Article L513-1 : la définition négative de cet EC montre qu’il s’agit d’institution spécialisé par essence
et non par choix. L’agrément en qualité d’ECS va préciser les activités offertes à ce dernier et
donc les délimiter. Par ex, un ECS peut ê spécialisé en crédit à la consommation, crédit immob,
crédit-bail… tout dépend de la teneur de son agrément.
On s’accorde à leur reconnaitre le droit de recevoir des fonds du public. Ils bénéficient du
passeport européen
EX : Crédit foncier, société de financement de l’habitat

SECTION 2 : LES OPERATEURS BANCAIRES AUTRES QUE LES ETABLISSEMENTS DE


CREDITS
= ont un statut particulier

I) Les opérateurs habilités à effectuer des opérations de banque

LES INSTITUTIONS DE L’ARTICLE L518-1 DU CMF LES SOCIETES DE FINANCEMENT

- Ce sont les établissements publics dont Institué par l’ordonnance du 1er janvier 2014 à
beaucoup sont proche de l’Etat l’article L511-1 alinéa 2 comme des «
- Peuvent effectuer des opérations de personnes morales autres que les EC qui
banque sans être soumis au statut des EC et effectuent à titre de profession habituelle et
sont donc des dérogations générales au MB pour leur compte des opérations de crédit ».
- Selon la doctrine, ce serait des quasi EC ou Ce ne sont pas des EC mais des
des EC innomés car elles n’ont pas cette établissements dont l’activité consiste à
qualification mais opèrent quand même les accorder des crédits (duopole bancaire
opérations de banques partagé avec les EC) et non pas de recevoir
Ex : le Trésor Public, la BDF, les services financiers des fonds remboursables du public (MB des
de La Poste, la Caisse des dépôts et consignations EC).

II) Les opérateurs non habilités à effectuer des opérations de banque

On distingue :

- Les compagnies financières holding : ce sont les holding ou compagnie financières qui
contrôle les groupes bancaires ou financier (compagnie qui ont comme pour filiale des
EC)

- Les établissements financiers : ils se distinguent des EC en ce qu’ils ne peuvent pas


recevoir des fonds remboursables du public. Ont 2 activités principales dont prendre
des participations dans les EC ou soit exercer l’une des activités connexes des EC prévu à
l’article L311-2 du CMF (1,3,4,5,7ème élément).

- Les établissements de paiement : Crée par l’ordonnance du 15 juillet 2009 transposant


la directive SEPA du 13 novembre 2007 concernant les services de paiement dans le
marché intérieur. L’objectif de cette directive était d’accroitre la concurrence sur les
services de paiement. Le marché des services de paiement était monopolisé par les
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banques dont le législateur européen a voulu ouvrir le marché des services de paiement
à des opérateurs non bancaires. L’art L522-1 du CMF définit les EP comme des «
personnes morales qui fournissent à titre habituel les services de paiement mentionnés à
l’art 314-1 du CMF ». Ils ont donc un monopole, mais limite aux services de paiement. Sur
ces services, on a donc en concurrence les EP, et les EC mais qui interviennent au titre de
leurs activités connexes

- Les établissements de monnaie électronique : L’article L526-1 du CMF les définit comme
des « personnes morales qui émettent et gèrent à titre de profession habituelle de la
monnaie électronique ». La monnaie électronique est définie par la directive comme «
une valeur monétaire stockée sous une forme électronique, représentant une créance sur
l’émetteur, et accepté par un autre que l’émetteur de monnaie électronique ». Ce qui
caractérise cette monnaie électronique est qu’il y a un émetteur unique, et qui en est le
débiteur. Elles sont soumises à des règles allégées, notamment de capital social : 350
000e (contre 5 millions pour une banque) Ex : Monéo.

- Les intermédiaires en service de paiement ou en opération de banques et les


intermédiaires en financement participatif

SECTION 3 : L’AGREMENT DES OPERATEURS BANCAIRES

Le monopole bancaire repose sur l’agrément bancaire, idée confirmée par la directive du 26
Juin 2013 dans un objectif d’harmonisation européen et qui énoncent dans son article 8 que
« Les états membres doivent exiger de leur établissement de crédit qu’ils obtiennent l’agrément avant de
démarrer leurs activités »
Article L511-9 du CMF définit l’agrément = autorisation administrative qui va conditionner
l’accès à la profession. Condition exigée dans l’intérêt de la sécurité des déposants et du
système financier en général.

I) L’autorité compétente pour agrée

En 1985 = Compétence du Comité des établissements de crédits devenu en 1996 le Comité des
établissements de crédit et des entreprises d’investissements.
Puis ordonnance du 21 Janvier 2010 qui a permis la création de l’ACP dit ACPR qui a aujourd’hui
cette compétence importante dans l’agrément.
Depuis le mécanisme de surveillance unique (MSU) et le mécanisme de résolution unique
(MRU) de l’UE pour la garantie européenne des dépôts, l’ACPR est obligé de composé avec la
BCE. Supervision bancaire européenne qui depuis l’ordonnance du 04 novembre 2014 confère la
compétence d’agrément des EC installés dans la zone euro à la BCE
En réalité, la décision de la BCE d’agrément unique est préparée et instruite pour la France par
l’ACPR, et pour les autres Etats de la zone euro par leurs autorités d’agrément respectives. C’est
donc l’ACPR qui vérifie les pièces et prépare la décision d’agrément de la BCE, mais elle ne prend plus
la décision d’octroi d’agrément. La BCE est réputée accepter l’agrément passés 10 jours. L’ACPR
continue toutefois d’être compétente pour les retraits d’agrément. Elle agréé les succursales
d’entreprises relevant d’Etat tiers à l’UE. Enfin, reste seule compétente pour l’agrément des
sociétés de financement (car spécificité fr)

II) Le processus d’agrément

A) La vérification des conditions de l’agrément

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 Contrôle de la forme sociale des entreprises souhaitant se voir reconnaitre la qualité d’EC.
Seul les PM peuvent prétendre à l’agrément bancaire mais elles restent libres de choisir
leur forme. La majeure partie, ce sont les sociétés de capitaux dont les SA à l’exclusion des SAS

 La conformité des activités projetés avec l’agrément sollicité : En plus de demander la


qualité d’EC, l’entreprise peut aussi demander celle de prestataire de service d’investissement
(PSI) et dans ce cas, l’ACPR travaille avec l’AMF. L’agrément étant spécial, le CMF oblige
l’ACPR à vérifier que l’entreprise est apte à réaliser ses objectifs de développement dans
des conditions compatibles avec le système bancaire : l’ACPR doit s’assurer que le
requérant est de nature à assurer aux clients une sécurité optimale.

 La viabilité du requérant ou de l’entreprise qui doit posséder les moyens techniques et


financiers (RH adéquates, employés compétents, système de contrôle interne efficace,
dotation d’un capital propre élevé (K social de 5M pour les banques et 2M pour les
sociétés d’investissements) pour réaliser les objectifs qu’ils se posent

 L’actionnariat de l’entreprise car le requérant doit fournir des infos détaillées sur les
apporteurs de capitaux

 Les conditions relatives à la direction de l’EC qui doit être assurée par 2 personnes dits
effectifs ou dirigeants responsables (doivent avoir de l’expérience justifiée, les compétences
mais pas forcément qu’ils soient de nationalité française). L’empêchement de l’un n’empêche
pas l’autre.

B) Les décisions relatives à l’agrément bancaire

1) L’octroi de l’agrément : Après vérification des conditions, l’ACPR transfère les pièces
justificatives ou projet de décision à la BCE. L’ACPR peut proposer un agrément total ou
limité à l’objet social de l’établissement ou encore assortir l’agrément de certaines
conditions en vue le préserver l’équilibre de l’établissement et le bon fonctionnement
du système bancaire. Enfin, la décision d’octroi peut être subordonnée à la prise par le
requérant de certains engagements.

2) Le refus de l’agrément : refus si elle estime que sa mission de surveillance sera entravée
par le requérant. Il existe d’autres motifs raisonnables comme par exemple le fait que la
qualité des apporteurs de l’EC ne permette pas une gestion saine. Idem si les dirigeants de
l’entreprise requérante ne présentent pas l’honorabilité, la compétence ou l’expérience
adéquates. Le refus d’agrément notifié au demandeur par l’ACPR est susceptible d’un REP
devant le CE mais si le refus émane de la BCE, la décision est susceptible de faire l’objet
d’un recours en annulation devant le TI de 1ère instance de l’UE

3) Le retrait de l’agrément : Seule la BCE a aujourd’hui compétence pour effectuer le retrait


de l’agrément (perte de pouvoir de l’ACPR même si elle peut prononcer l’interdiction
d’exercice). La BCE peut retirer un agrément soit à la demande de cet EC lui-même, soit
d’office parce que cet établissement ne remplit plus les conditions de l’agrément ou n’en
a pas fait usage depuis 12 mois, ou n’a pas fait usage de son activité depuis 6 mois. En cas
de retrait total d’agrément, il entraine la liquidation de l’EC. On voit bien que l’agrément
est intimement lié à la notion d’EC.

4) La modification de l’agrément ; il y a des modifications qui peuvent nécessiter une


autorisation préalable de l’ACPR. Si par ex la personne agréée souhaite modifier sa forme
sociale, son nom, réduire son capital, modifier son objet social, il faudra une telle
autorisation préalable. En revanche, c’est un régime de déclaration qui s’appliquera aux
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modifications les moins graves, qui ne remettent pas en cause l’agrément (ex ouverture
d’un nouveau guichet ou augmentation du capital).

III) Les effets de l’agrément bancaire

Droit d’effectuer des opérations bancaire à titre habituel en FR, ce qui signifie que l’EC doit
respecter en raison du principe de spécialité de l’agrément bancaire, les conditions et modalités
de son agrément. En cas d’excès, il s’expose à des sanctions sur le fondement de la violation du
MB

Le droit d’effectuer des opérations bancaires à titre habituel dans la zone euro : Avant, les EC
étrangères ayant leur siège à l’extérieur du CE devait obtenir l’agrément du Comité
d’établissement de crédit et des établissements d’investissements, le principe de liberté
d’établissement restait alors subordonné à l’octroi d’un agrément national. Mais depuis la mise en
place du MSU et la directive de 1973, des questions se posent sur la licéité de la règle. selon laquelle
une banque située dans un EM mais pas en France ne pouvait pas traiter des services bancaires
en Fr sans y être installée. Il n’existait pas de dispense d’agrément pour les banques européennes.
1°) la CJCE a été saisie, notamment dans l’hypothèse d’une banque agréée en Belgique. La Cour en
1997 a considéré que ceci était contraire au droit communautaire que d’exiger un agrément
d’une banque non fr mais membre de l’UE pour prêter des services en Fr sur le fondement de la
libre prestation de service.
CCOm de 2005 : « La législation français est allée au-delà de ce qui était nécessaire pour
protéger… » il est incompatible avec le droit communautaire car ajoutait une condition pas
justifiée et non proportionnée. *
2°) Depuis la directive de 1989 en vigueur depuis le 1 er janvier 1993, elle a institué un principe
très éclairant cad le principe de l’agrément unique dans 31 pays = passeport européen →
termes repris dans la directive 2006/48 et étendu à l’espace économique (les 28 pays de l’UE +
3 pays membres de l’AELE que sont la Norvège, Islande, Lichtenstein). Un EC situé dans l’un des
Etats situés dans l’EEE est fondé à établir une succursale dans un autre Etat partie sans avoir à
demander un nouvel agrément s’il dispose de ce passeport unique. Une seule exigence : il doit
notifier son projet à l’autorité de supervision dont il dépend et celle-ci doit le transmettre à
l’autorité de supervision du pays d’accueil. Ce passeport unique permet la délivrance de services
bancaires de paiement, sur le fondement de la liberté de prestation de services, sans avoir à être agréé
par le pays dispensateur des services bancaires de paiement prolongé par un contrôle unique,
effectué en priorité par l’autorité du pays en question.

LEÇON 4 : LA SURVEILLANCE DES OPERATEURS BANCAIRES


= Tutelle des EC ayant un caractère sectoriel (spécifique aux banques), délayée (dont la compétence
était conférée à la Commission bancaire) et nationale (dont la FR contrôlait les membres).
Changement car aujourd’hui, elle est devenue plurisectorielles car elle est partagée entre les
autorités mais l’Etat reste quand même présent (ministre de l’économie) et européenne.
Tutelle = Supervision = Surveillance et angle de protection. Cette supervision dépend d’autorités
de banques centrales, et est non seulement nationale et européenne (mille feuilles des autorités de
supervision).
Cette surveillance est :
- Micro prudentiel ; en ce qu’elle permet de vérifier et contrôler la solidité financière des
éléments du système bancaire
- Macro prudentielle ; vérifie la solidité de l’ensemble du système bancaire et non seulement
celui des acteurs ou des EC

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Fonction de protection mais aussi de régulation (nouveau nom de réglementation à différencier de


la règlementation étatique) supposant que la régulation serait la réglementation qui tend à
gommer les déséquilibres produits par la seule action du marché

SECTION 1 : LES AUTORITES DE SURVEILLANCE

I) Les autorités françaises

On a des organes consultatifs qui ne sont pas des autorités de surveillance (Comité consultatif
du secteur financier & Comité consultatif de la législation et réglementation française). En revanche,
la BDF n’est plus depuis 20 ans (suite à la création de la BCE le 1 er juillet 1998) une autorité de
contrôle et de surveillance de la profession bancaire mais cela n’empêche pas que celle-ci soit
la Banque centrale nationale.
A l’origine, la BDF a été créé sous le consulat (1800) puis nationalisé par le GDG en 1945. Elle est donc
la propriété de l’Etat et dispose de la personnalité juridique.
Thierry Bonneau : « La BDF continue malgré elle de participer à la tutelle des EC et du système
bancaire pour des raisons sociologiques ». Justifications car le gouverneur de la BDF est le
président de l’ACPR (La BDF s’incarne dans l’ACPR par la présence de son gouverneur et de son
personnel qui est celui de l’ACPR)
Des autorités de contrôle et de surveillance française, il faut distinguer l’ACPR (micro
prudentiel) et le Haut contrôle de stabilité financière (macro prudentiel)

A) L’autorité de contrôle prudentiel et de résolution

1°) La présentation de l’ACPR

Elle a pour mission principale de veiller à la sécurité des déposants mais aussi de
maintenir en bonne santé les EC. C’est une AA (autorité administrative) adossée à la BDF qui lui
fournit les moyens informatiques, humains et matériels. Elle remplace la Commission bancaire qui,
autrefois était chargée de contrôler les EC et d’en sanctionner leurs manquement s.
Loi LME de 2008 ; opère une fusion des autorités de contrôle de la banque (CB, CEC et CECI) et des
autorités de contrôle des assurances (Comité de contrôle des entreprises d’assurance) pour créer
l’ACPR . Cette fusion intervient en vue de prévenir d’éventuelles crises de subprimes (depuis
celle de 2008) car on s’est rendu compte que le secteur de l’assurance et le secteur bancaire sont
interdépendant.
En 2013, le législateur confère à l’ACPR des pouvoirs de résolutions en vue de résoudre
les difficultés bancaires qui ne passent pas par la procédure collective (c’est à cette date qu’elle
devient l’ACPR car avant c’était uniquement ACP). En décembre 2016, ces pouvoirs de résolutions
ont été étendu au secteur de l’assurance = contrôle à la fois le secteur bancaire et le secteur de
l’assurance.
Depuis le MSU et MRU, l’ACPR est un cabinet du gouvernement de la zone euro et notamment
de la BCE et donc son rôle s’est décru puisqu’il s’agirait d’une autorité qui préparerait les
décisions européennes, d’un collaborateur des institutions européennes.
Article L612-1 du CMF modifié par la loi du 20 janvier 2017 ; Elle supprime l’ACPR de la
catégorie des AAI et la définit comme une simple autorité administrative dont la mission est de
veiller à la préservation de la stabilité financière et à assurer la protection des clients ». On ne
sait plus ce qu’elle est finalement car malgré son indépendance, elle ne dispose pas de la PM.

2°) Les missions de l’ACPR

LA STABILITE DU SYSTEME FINANCIER LA PROTECTION DE LA CLIENTELE


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- Délivre les demandes d’agrément en - Elle veille au respect des règles


matière de banque et assurance qu’octroie assurant la protection de la clientèle.
la BCE Elle peut donc coopérer avec l’AMF et ces
dernières vont constituer un pôle
- Surveillance permanente des organes commun de traitement des demandes
soumis à son contrôle mais aussi des publiques. Il existe par une sorte de
petites banques contrairement aux guichet unique : plateforme électronique
grandes banques soumis à la surveillance et un site internet commun
de la BCE
- Représente et incarne la supervision
- Vérifie que les EC respectent les règles française dans les instances
relatives à leur activité et les limites de européennes et internationales et
leur agrément dispose donc de pouvoir de contrôle,
de police administrative et de sanction
- Participe à l’élaboration de la mise en dans la mesure où elle peut porter à la
œuvre des mesures de prévention et de connaissance du public, des informations
résolution des crises bancaires importantes

3°) L’organisation de l’ACPR

COLLEGE DE SUPERVISION ET DE COMMISSION DES SANCTIONS


RESOLUTION

CS étant une instance de droit commun de Détient le pouvoir de sanction disciplinaire de
l’ACPR composé de 19 membres présidé par le l’ACPR, sanctionne les manquements aux
gouverneur de la BDF, elle-même constitué d’un statuts des EC.
CS plénier qui traire les grandes questions Indépendante du CS, les membres de la
générales de supervision communes de commission de sanction ne peuvent être les
banque et d’assurance, fixe les orientations et mêmes que ceux du CS (principe d’impartialité).
définit les priorités de l’ACPR pour les années à
venir. Elle a également une fonction de Procédure disciplinaire :
poursuite des EC en cas de manquements - Le secrétariat général de l’ACPR, après
enquête, rédige des rapports, identifie les
anomalies et transmet ces rapports au
CR crée par la loi du 26 juillet 2013 présidé
collège de supervision
aussi par le gouverneur de la BDF qui traite des
- Au vu de ces rapports, le collège de
mesures de prévention et de résolutions des supervision de l’ACPR décide de
crises bancaires l’ouverture d’une procédure disciplinaire
en notifiant aux intéressés l’ouverture de
la procédure et en saisissant la
commission des sanctions à qui il transmet
les griefs
NB : la commission doit respecter le principe
contradictoire et les droits de la défense.
- Après désignation d’un rapporteur de la

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commission des sanctions pour instruire le


dossier, l’intéressé sera convoqué pour
une audience qui est en principe publique
mais il est possible de demander les huis
clos afin de protéger la confidentialité et le
secret des affaires.
- A la fin de l’audience, la commission
prononcera donc une sanction
(avertissement, blâme, interdiction de
réaliser certaine opérations bancaires sur
une durée de 10 ans minimum, retrait de
l’agrément ou suspension des dirigeants =
cf article L612-39 et 40 du CMF) dont la
décision peut faire l’objet d’un REP auprès
du CE dans un délai de 2 mois à compter sa
notification

B) Le Haut conseil de la stabilité financière

A pour mission d’assurer la protection de la stabilité du système financier dans son ensemble en
vue de préserver la capacité à une contribution de la croissance économique.
Prévention du risque systémique et des crises du système bancaire.

1) Sa composition

8 membres dont 5 membres de droit (ministre de l’économie et des finances, le président de la BDF
en sa qualité de PR de l’ACPR, le vice PR de l’ACPR, le PR de l’AMF et le PR de l’autorité des normes
comptables) + 3 autres membres qualifiées qui sont en principe des économistes.

2) Ses pouvoirs

- Pour prévenir des risques systémiques, ce haut conseil peut être amener à prendre des
avis mais aussi des mesures contraignantes en application du principe de son pouvoir
discrétionnaire orienté, c’est-à-dire qu’il prend de façon discrétionnaire ces décisions en
tenant compte d’un jeu d’indicateurs et d’analyses approfondie
- Ces mesures contraignantes étant obligatoire, les EC doivent constituer un coussin de
fonds propres à taux déterminé par le haut conseil. Ce haut conseil peut également
décider de la mise en place d’un coussin facultatif de cycle systémique

II) Les autorités européennes

A) La Banque centrale européenne (BCE)

Définition = institution publique qui gère la monnaie d’un pays, ou encore une institution
publique qui contrôle la masse de monnaie en circulation dans un groupe de pays. BCE est la
banque centrale de tous les EM de l’UE et est situé à Francfort. Crée en 1998, elle est depuis 1999,
responsable de la mise en œuvre de la politique monétaire dans la zone euro. Dotée de la PM,
elle participe au système bancaire des banques centrales à côté des banques centrales nationales de
chaque états membres.
Elle a pour objectif primordiale et générale qui est de stabiliser les prix mais aussi de
permettre un développement durable de l’Europe fondé sur la croissance économique
(économie du marché sociale hautement compétitive puis emploi et progrès social). Elle définit
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également la politique monétaire des EM et dispose du monopole de l’émission de la monnaie et


des billets.
Autre mission étant une mission de contrôle prudentiel des EC issu des EM tel que le mentionne
l’article 267 du TFUE dans le cadre du MSU dont elle doit assurer le fonctionnement efficace et
cohérent tout en contribuant à la sauvegarde et à la solidité du système bancaire et stabilité du
système financier. Mission micro prudentiel à la fois macro prudentielle.
Elle a la compétence d’octroi d’agrément mais elle peut aussi retirer l’agrément

B) L’autorité bancaire européenne (ABE)

Autorité microprudentielle indépendante de l’UE qui œuvre pour une règlementation


prudentielle et de surveillance efficace au sein du secteur bancaire de l’UE.
Institué depuis le 1er janvier 2011, elle est l’une des personnes morales chargé de la supervision
européenne et participant au système européen bancaire et financier.
Elle a pour mission d’améliorer les règles de supervision, d’une part élaborer des normes
particulièrement contraignantes pour les unes et d’autre part des normes d’orientation pour
tout le secteur bancaire européen. = manuel et recueil des normes et pratiques de supervision à
l’attention des autorités nationales de supervision et des EC en vue d’’harmoniser les règles de
supervision prudentielle au niveau européen.
Quasi pouvoir normatif car elle n’a pas le pouvoir d’édicter des normes techniques donc peu de
pouvoir normatif.
Evalue et établit des rapports sur la capacité et faiblesses des EC à gérer les crises par le biais de
stimulations de risques de crises.

C) Le comité mixte et le système européen de services financier

LE COMITE MIXTE EUROPEEN DES LE SYSTEME EUROPEEN DE SERVICES


AUTORITES DE SURVEILLANCE FINANCIER
S’associe de :
- L’autorité bancaire européenne
- L’autorité européenne des marchés Réseau européen des autorités de supervision
financiers tant nationale et européenne ainsi que les
- L’autorité européenne des assurances autorités de résolution.
Assure la coordination intersectorielle, la
cohérence entre ces 3 autorités. = bonne
articulation des opérations de surveillance
menées par celles-ci. = Règlement de conflits
entre ces 3 autorités.

D) Le comité européen des risques systémiques

Issu du travail d’un groupe mené par Jacques Laroisière (président du fond monétaire
international et gouverneur de la banque de France) en 2011, met en vue d’éviter la crise
financière de 2007, un organisme chargé de surveiller dans l’ensemble, le système financier
européen, de couvrir le secteur bancaire et d’assurer la gestion des actifs sur le marché
financier et dans la lutte contre le sandow Banking.
Il évalue et établit les risques de crises et peut dans ce cadre, émettre des alertes ou rendre des
recommandations. En revanche, il n’a pas la personnalité morale.

SECTION 2 : LES MODALITES DE LA SURVEILLANCE

I) Les règles prudentielles


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A) Les règles de surveillance macro prudentielles


Transformation d’échéance = au fait que les dépôts font les crédits qui concourent à l’augmentation de la
masse monétaire. Plus on octroie du crédit, plus y’a d’argent en circulation dans l’économie.

Est lié au fait qu’il est indispensable du réguler le crédit pour gérer le risque monétaire =
Contrôle de la masse monétaire et encadrement du crédit.
Avant, on avait un contrôle qualitatif (orientation des crédits dans certains secteurs) et un contrôle
quantitatif (taux de crédits que les EC avait le droit d’octroyer) par l’état français mais aujourd’hui, ce
rôle est depuis le MSU entre les mains de la BCE.
Ainsi, l’encadrement des grandes lignes de la politique monétaire de la BCE consiste en :

- La régulation de crédit s’opère par la constitution de réserves auprès de la BCE qui


consiste pour les EC, à déposer obligatoirement sur un compte rémunéré, une fraction
des dépôts qu’ils reçoivent du public

- La fixation du taux directeur (qui avant était de la compétence des banques centrales
nationales). Ces taux directeurs sont des taux d’intérêts fixés le jour pour jour. On
distingue parmi ces taux directeurs les taux de rémunération des dépôts (0,40%), taux
d’escompte ou taux de prêts (0,20%) et le taux de refinancement (0% et est devenu le
baromètre des coûts de crédits). En effet, la BCE refinance les banques, la banque
finance les ménages, et elle se refinance auprès de la BCE → plus le taux de
refinancement est élevé, plus le taux d’intérêt pour les ménages est élevé. Si le taux
augmente, les banques vont limiter l’octroi de leurs crédits / si le taux de refinancement
diminue, elles vont plutôt augmenter l’octroi de leurs crédits.

B) Les règles micro prudentielles

Porte sur des mesures destinées à prévenir le risque de défaillance des EC, à assurer la stabilité
financière de cette dernière ou d’une entreprise ou société de financement ou encore d’une
entreprise d’assurance.
Prudentiel = prudence = bon comportement qui renvoie à des règles de bonne conduite et
gestion financières.
Ces règles vont donc prévenir les risques bancaires dont le principe est évoqué à l’article L511-41 du
CMF disposant que « les EC et les sociétés de financement sont tenus de respecter les normes de gestion
destinées à garantir leur liquidité et leur solvabilité à l’égard des déposants et plus généralement des
tiers, ainsi que l’équilibre de leur structure financière. Ils doivent respecter des ratios de couverture et de
division des risques ».
Il faut donc comprendre ici :

- La ratio de la solvabilité : originaire de l’accord de Bâle 1 en 1988 et introduit par une


directive européenne de 1989, puis en 2004, on la rapproche des risques bancaires en
vue de couvrir non seulement les risques d’octroi du crédit mais aussi les risques
opérationnels du marché financier. On renforce ici l’exigence de transparence financière
et on met en place une individualisation pour une plus grande surveillance prudentielle en
couvrant le risque de marché, de crédit et opérationnel

- La ratio d’effet de levier : risque de perte élevé lié à la possibilité de verser une somme
faible pour obtenir un gain élevé. Pour y recourir, il faut emprunter une somme d’argent
importante en apportant peu, l’intérêt est que la rentabilité des fonds propres explose.
On dit dans ce cas qu’on démultiplie l’emprunt. Cette ratio a été encadré par le comité de
Bâle à hauteur de 3% des fonds propres.

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- La ratio de liquidité : dans le but d’éviter les crises de panique des déposants en cas de
crise (risque de perte de confiance des déposants à l’EC compte tenu de l’économie
bancaire lié à la transformation d’échéance), et vu que ces dépôts sont des liquidités à
court terme qui risque dans cette situation d’entraîner une déconnexion bancaire et
l’impossibilité pour les banques de répondre aux demandes de tous ces clients, ont été
mis en place ici la ratio de liquidité à court terme (dont l’objectif est d’assurer que la
banque dispose d’un niveau adéquat d’actifs liquides de haute qualité pouvant être
convertis en liquidités pour couvrir ses besoins sur une période de 30j en cas de
difficulté de financement) et la ratio de liquidité à long terme entrant en vigueur en
2019 (dont l’objet est que tout EC justifie d’un financement stable lui permettant de «
poursuivre sainement ses activités pendant une période de 1an pour faire face à des
tensions prolongées)

- La ratio relatifs aux grands risques : supposant que les EC doivent respecter les règles de
lutte contre les grands risques et les règles de contrôle.

II) Les règles comptables

EC assujettis à des règles comptables pour une plus grande transparence financière, le but
étant de détecter les anomalies avant qu’ils ne surviennent.
Comptes certifiés par au moins 2 commissaires aux comptes et dont l’ACPR veille sur ces opérations
comptables en vue d’éviter des crises.

III) Les règles de gouvernance et de bonne gestion

Prévu par l’ordonnance du 20 février 2014, elles permettent :

- Un contrôle interne des EC des dispositions de l’article L511-41 du CMF et oblige les EC à
mettre en œuvre des mesures de contrôle en temps réel rattachés à l’exercice de leurs
activités et de gérer les risques auxquels ils pourraient être exposés du fait de leurs
activités. Ils doivent également mettre en place des procédures de contrôle juridiques
des risques, c’est-à-dire de voir si l’EC satisfait les règles de droit commun.

- La gouvernance des EC : l’idée est de vérifier en vertu de l’article L511-55 du CMF que les
règles de gouvernance des EC sont solides et respectés. Le tout contrôlé par l’ACPR. Ils
doivent également consacrer un temps suffisant à leurs fonctions et l’EC doit veiller à ce
que les dirigeants suivent des formations permettant de justifier que leur compétence
acquise au moment de l’agrément continue de l’être par la suite. Il faut donc une
formation continue. Les rémunérations font aussi l’objet d’un contrôle renforcé (car aléa
moral) donc législateur intervenu pour encadrer la part variable de rémunération des
salariés preneurs de risques (ex des traders) : pour éviter des prises de risques
excessives, il est prévu par 511-78 que la part variable ne saurait excéder le montant de
la part fixe (elle ne peut excéder 50% de la part fixe).

- La séparation des activités bancaires et financières

IV) Les procédures de résolution et les procédures collectives bancaires

A) La procédure de résolution

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La liquidation des entreprises permettant de régler les créanciers n’étant pas toujours
adapter aux défaillances bancaires, on va mettre en place cette procédure de résolution en
essayant de traiter la crise de façon réactive pour éviter que celle-ci ne contamine toute
l’économie en général.
C’est la directive du 15 mai 2014 qui institue dans les états membres de la zone euro cette
procédure sur le fondement du MRU.
Au niveau national, c’est le collège de résolution de l’ACPR qui va ouvrir la procédure à la
demande du gouverneur de la BDF, du directeur de la trésorerie ou encore à la demande de la
BCE. 3 conditions devront être cumulativement réunies :

- Que la défaillance de l’EC soit avérée ou prévisible


- Que soit constaté l’absence de perspective raisonnable d’évitement ou de la mise en
œuvre de mesures dans un délai raisonnable
- Que la mise en place de la mesure de résolution soit nécessaire aux regards des objectifs
de résolution et que la liquidation judiciaire ne permettrait pas de satisfaire ces
objectifs
La mise en place de ces mesures de résolutions permet d’assurer le fonctionnement de l’EC
pendant la période de crise et d’éviter que celle-ci produise des effets négatifs sur le système
financier, d’éviter le renflouement des deniers publics et protéger les fonds des clients.

Comme mesures de résolution, on distingue : Cession d’activités, Remplacement des dirigeants,


Mise en place d’une structure relais chargée de recevoir à titre provisoire des actifs et dettes
en vue de leur transfert ultérieur, Recourir à une structure de gestion d’actifs, Instituer des
mesures de renflouement interne, Emission de titres de capital, « Bail in » cad mesure de
réduction de la dette des créanciers chirographaires ; pour éviter le bail out (par les deniers
publics)

B) La procédure collective bancaire

Cette procédure ne peut être ouverte sans un avis conforme de l’ACPR


L’EC doit se trouver en situation de redressement judiciaire et suppose donc un constat de
cessation de paiement, et donc le fait que l’EC ne soit pas en mesure d’assurer ces paiements,
immédiatement ou à terme. L’on définit cette cessation de paiement comme l’impossibilité de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible, et donc caractérisé par un problème de
trésorerie.
Pour l’organiser il faut faire un inventaire de l’actif de l’EC et déclarer le passif de celle-
ci. Les créanciers sont donc sujets à une déclaration de leur créance à la faillite. A défaut, le
créancier ne pourra pas recevoir de somme d’argent dans la procédure collective. Ce principe
cardinal reçoit une exception : en effet, les déposants, ainsi que le fond de garantie, sont
dispensés de déclaration à la procédure collective de la banque.

LEÇON 5 : LES DEVOIRS DU BANQUIER


Ce sont des devoirs et non des obligations en ce que l’obligation renvoie à une créance du côté de l’actif et
à une dette du côté du passif sur le plan terminologique. Ce n’est que si ses devoirs venaient à être violés
par le banquier, que la violation donnerait droit à une obligation civile d’indemnisation du client par
exemple

SECTION 1 : LES DEVOIRS DU BANQUIER DANS LE DROIT COMMUN

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La relation entre le banquier et son client supposant la conclusion d’un contrat dit intuitu
personae, il est donc légitime que le banquier soit soumis à des devoirs pouvant vis-à-vis du client
entrainer sa responsabilité précontractuelle ou contractuelle, et vis-à-vis du tiers au contrat, sa
responsabilité délictuelle.

I) Les devoirs du banquier lors de la formation du contrat

- Devoir général d’information


- Devoir de mise en garde du client

A) Le devoir d’information précontractuel

Elle trouve sa source dans l’article 1104 du code civil qui dispose que « les contrats doivent
être négociées, formées et exécutées de bonne foi ». C’est une obligation d’ordre public et
aujourd’hui, l’article 1112-1 du code civil dispose que cette obligation est due lorsque l’autre
partie nous fait confiance. Il faut donc donner des informations pertinentes, légitimes ; d’autant
que le contrat bancaire est plus un contrat d’adhésion, qui selon Carbonnier « on n’adhère plus
qu’on y consent ».
Article L111-1 CCM° : prévoit une obligation d’information générale de la part des fournisseurs
de biens et services au profit des consommateurs sur les caractéristiques essentielles des prix
et services proposés

B) Le devoir de mise en garde

La jurisprudence estime que l’information brute n’est pas suffisante. Il s’agit ici d’informer et
mettre en garde le client sur les risques inhérents à telles opérations.

- Cassation, Chambre mixte de 2007 : le prestataire de service doit informer l’emprunteur


non averti sur les risques d’un endettement excessif

Cette mise en garde signifie que « la banque dispensatrice de crédit qui n’a pas à s’immiscer dans
les affaires de son client pour apprécier l’opportunité des opérations auxquelles il procède n’est
tenue non d’une obligation de conseil mais seulement d’une obligation de mise en garde ».

II) Les devoirs du banquier lors de l’exécution du contrat

Article 1104 du code civil = devoir de loyauté du banquier au regard de son client, de ses pairs
mais aussi des tiers.
Il ne saurait non plus pas utiliser des informations détenues sur un client A au profit d’un client
B, ou à son profit personnel. Ce serait une violation du secret bancaire et il y aurait conflit
d’intérêts.

SECTION 2 ; LES DEVOIRS SPECIFIQUES DU BANQUIER

Devoirs propres en raison du rôle du banquier dans la création de la monnaie scripturale mais
aussi dans la gestion des flux financiers.
C’est l’ACPR qui veille au respect de ces devoirs en mettant en place des sanctions administratives.
Renforcement des devoirs professionnels, de la déontologie professionnels des banquiers.

I) Le devoir de non-ingérence du banquier


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C’est la consécration du principe de non-immixtion du banquier selon lequel le banquier ne


doit pas s’imminer dans les affaires du client pour apprécier l’opportunité des opérations qu’il procède.
Le banquier fournit au client, les moyens de conduire ces affaires tout en l’aidant en lui fournissant
certaines techniques bancaires et non de les gérer, ce qui signifie que le banquier ne peut se
substituer au client dans la gestion de ses affaires.
La doctrine considère que ce devoir est fondé sur l’article 9 du code civil ou de l’article 8 de
la CEDH mettant en place le respect de la vie privée. On peut également fonder ce devoir sur la
liberté de commerce, d’entreprendre qui comprend la liberté de gérer ces affaires et de
commercer comme l’on veut.
Ainsi, ce principe a pour objectif de protéger le client dans ces affaires mais aussi le banquier
car celui-ci ne doit pas être tenu responsables de toutes les opérations réalisées par son client.
Cela nous conduire à constater que :

- Le banquier n’a pas le devoir d’empêcher le client d’accomplir certains actes irréguliers,
même dangereux sauf réserve d’une anomalie apparente. Concrètement, pour tout ce qui
concerne les dépôts, retraits, remises de chèques, l’EC est en droit de ne pas s’interroger sur
l’origine des fonds. Il est tenu de mettre en garde le client sur sa solvabilité
Chambre commerciale, 1990 : la falsification d’un chèque pouvant être décelé par un employé de
banque normalement avisé, la banque n’avait pas à s’interroger sur la raison d’un encaissement
plus élevé que d’habitude en s’immisçant de la sorte dans les affaires de son client.

- La banque a l’obligation d’exécuter les ordres de paiement de son client même s’ils sont
inopportuns.

II) Le devoir de secret bancaire

Article 57 de la loi du 24 janvier 1984 / 226-13 et 14 du code pénal : il est acquis que le secret
bancaire est sanctionné pénalement par les peines de violation du secret professionnel, soit 1 an
d’emprisonnement et une amende.
Article 511-33 du CMF : sont tenus au secret les dirigeants des EC et leurs employés + les
personnes qui dans le cadre de leurs fonctions, ont reçu ces informations confidentielles (ACPR
ou toutes autres autorités de surveillance).
Le secret bancaire a pour objet de renforcer la confiance des clients et il est opposable aux
tiers à qui on ne peut communiquer toutes informations couvertes par le secret.
Ce devoir de secret est d’intérêt privé car le bénéficiaire du secret peut y renoncer et autoriser
le banquier à révéler des informations couvertes par le secret
Quels sont les informations couvertes ?
- Ce sont les informations confidentielles et qui ne sont pas publiques
- Ces informations doivent être précises, chiffrés (ex : solde du compte ou encore solde du crédit,
dossier médicales. .

Si le banquier est tenu d’une obligation au secret qui n’est ni relatif ni générale, il peut quand
même fournir des informations d’ordre général comme par exemple celle sur la stabilité ou la
solidité du client (mauvais ou bon client) = pratique dite des renseignements commerciaux
La durée du secret est pérenne : il dure autant qu’il est nécessaire pour le respect des personnes
protégées par le secret. En principe, le fait que le bénéficiaire du secret ne soit plus le client
(changement de banque) ou qu’il décède, ne libère pas la banque

A qui le secret bancaire est inopposable ?

- Au juge pénal lors d’une procédure sauf en cas d’enquête préliminaire

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- Inopposabilité circonstanciée au juge civil et commercial en raison de l’article 11 du CPC


qui précise que le juge peut ordonner la production de tout document détenu par des
tiers « s’il n’existe pas d’empêchement légitime ». Le secret bancaire est un
empêchement légitime car si la banque viole le secret bancaire, elle encoure un délit. Ce
n’est que s’il y a des textes spéciaux que le juge pourra passer outre le secret bancaire.

- Inopposabilité aux autorités de surveillance et à l’administration fiscale

III) Le devoir de vigilance

On a tendance à l’associer faussement à l’obligation de prudence. C’est un devoir qui vient


se heurter au principe de non-immixtion du banquier dans la gestion des affaires du clients car
ici, on incite le banquier à être actif.
Idée qu’un EC ne peut pas accorder une confiance aveugle à son client, quand bien même
ce serait l’un de ses clients les plus anciens ou fortunés. Le banquier doit rester vigilant : «
l’attention du banquier doit rester en éveil ». Par ex, avant d’ouvrir un compte, le banquier doit vérifier
l’identité et l’adresse du client.
Mais puisque le banquier ne saurait toujours tout vérifier, la non-ingérence commande que la
vigilance reste au second plan toutes les fois que l’on est en absence d’anomalie ou
d’irrégularité manifeste.
Le banquier doit d’abord relever les anomalies matérielles, cad formelles. Ex : si un chèque
apparait falsifié à la lecture d’un simple examen par un employé normalement avisé, la banque
serait responsable de ne pas avoir repéré l’anomalie (ex Com juillet 2009).
Les anomalies d’ordre intellectuel tiennent à la substance de l’opération (somme importante,
mouvement inhabituel) : algorithmes de comportement mise en place par les banques.
 Les anomalies matérielles affectent la régularité même du contrat ou du titre (falsification,
imitation grossière d'une signature, grattage, etc.), permettraient ainsi d'engager facilement la
faute du banquier dans la mesure où l'altération est révélée par un simple examen du titre.
Lorsqu’un employé avisé peut facilement voir qu’un chèque a été détourné et falsifié, la banque
manque à son devoir de vigilance si elle laisse passer ce chèque (ex : Com, 7 juillet 2009).
 Les anomalies intellectuelles, qui résultent des circonstances dans lesquelles l'opération
se présente (montant très élevé par rapport aux revenus habituels du titulaire du compte,
nombre important de chèques remis à l'encaissement, etc.), ne pourraient être soupçonnées
qu'à partir de certains éléments objectifs du contexte. Mise en place d’algorithmes de
consommation : si nos habitudes changent, il y a une alerte.
Impose au banquier une vigilance constante et un examen attentif des opérations effectuées en
veillant à ce qu'elles soient cohérentes avec la connaissance actualisée que le banquier a de leur
relation d'affaires.

IV) Le devoir de droit spécial, la lutte contre le blanchiment d’argent

C’est le processus à l'issue duquel des fonds obtenus au moyen de la commission d'infractions pénales
sont réinjectés dans l'économie légale. Recycler des fonds d’origine criminelle (trafic de stups, d’êtres
humains, d’armes, financement de terrorisme ajoutée par l’ordonnance du 30 janvier 2009 etc.)
Technique du blanchiment comporte 3 étapes :

1) Le prélavage/phase de placement : le blanchisseur va introduire des fonds illégaux dans le


système financier légal en multipliant les versements de petites sommes dans de multiples
commerces.

2) Le lavage/empilement : le blanchisseur va faire circuler les fonds le + possible afin d’en masquer
l’origine illicite. Pour ce faire, il va procéder à des achats, ventes, placements. But : diluer les fonds
frauduleux pour en faire oublier l’origine.
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3) Le recyclage/phase d’intégration : le blanchisseur réinvestit l’argent dans des activités licites


Blanchiment : à peu près 2,7% du PIB mondial selon un rapport de l’INSEE. Le blanchiment peut
déstabiliser la monnaie, endommager la santé financière des banques, contaminer des opérations
financières légales, concourir à des mouvements incontrôlés, couts sociaux et politiques en facilitant
la corruption des gouvernements et l’infiltration des autorités administratives et judiciaires.

 Vigilance allégée lorsque le risque de blanchiment paraît faible, dans ce cas, elle doit quand
même identifier son client ou lorsque le produit bancaire envisagé figure sur une liste prévu
par décrets

 Vigilance renforcée : Lorsque la banque est une banque correspondante ou distributeur


d’instruments financiers pour un établissement qui est situé dans un pays en dehors de l’UE et
qui ne présente pas de garanties équivalentes ou orsque le risque de blanchiment paraît élevé
à raison du client, du produit bancaire envisagé, de l’opération. Enfin, lorsque le banquier est
confronté à une opération particulièrement complexe ou d’un montant inhabituellement élevé,
opération qui ne paraît pas avoir de justification économique ou d’objet licite (le banquier doit
se renseigner sur l’origine des fonds).
Ex d’obligation de vigilance complémentaire : quand le client n’est pas physiquement présent lors
de son identification (la banque doit demander une pièce d’identité supp, une confirmation d’identité
par un tiers indépendant du client …) Les banques en ligne sont assujetties à ces obligations de
vigilance complémentaires.

* Obligations de déclaration
Elle doit porter sur toutes les sommes inscrites en compte et sur toutes les opérations d’un client dans
les cas suivants (posés par l’art L561-15) : lorsque les banques savent, soupçonnent ou ont de bonnes
raisons de soupçonner que les opérations proviennent d'une infraction passible d'une peine privative de
liberté supérieure à un an ou sont liées au financement du terrorisme.  Se limitait initialement au trafic
de stups, élargissement avec ord 20 janv 2009 Ce soupçon s’étend aussi à la tentative du client de
réaliser des opérations sur des fonds qui seraient eux-mêmes issus d’infractions.
La banque doit tjs communiquer dans les 30j à TRACFIN même s’il n’y a aucun soupçon, tous les
versements et/ou retraits faits de +10 000€ par un client sur un même compte sur un même 1 mois
calendaire.
La déclaration est écrite, faite par un déclarant spécialement habilité à cette fin dans l’EC et
confidentielle (vis-àvis du client comme du tiers) Les banques bénéficient d’une immunité quand bien
même elles auraient déclaré un soupçon infondé. N’encourent aucune responsabilité envers le client
pour le cas où elles auraient déclaré un soupçon qui se serait avéré infondé.
TRACFIN doit répondre à la banque, sinon peut être condamné pénalement. TRACFIN peut s’opposer
à l’exécution de l’opération voulue par le client pendant une certaine durée. Pourra saisir in fine le
Procureur aux fins d’enquête.
Si une banque qui aurait dû déclarer ne déclare pas, elle encoure des sanctions disciplinaires qui
peuvent être prononcées par la Commission des sanctions + si la banque ne se dote pas d’une
structure en interne d’identification des soupçons et de déclaration des soupçons.
En principe, la banque n’encourt pas de sanction pénale en cas de non déclaration. Cependant,
dans des cas très exceptionnels, la banque peut être accusée de complicité lorsqu’elle a
intentionnellement choisi de couvrir le client.
Concernant les sanctions civiles : Com, 28 avril 2004 : l'obligation de vigilance imposée aux
organismes financiers en application de l'article L. 563-3 du CMF n'a pour seule finalité que la détection
de transactions portant sur des sommes en provenance du trafic de stupéfiants ou d'activités criminelles
organisées  refus qu’un client invoque l’inobservation de ces textes pour fonder une action en
violation d’une obligation de vigilance
.

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LEÇON 6 : LE DROIT COMMUN DES COMPTES


BANCAIRES
Faisant partie du MB, le compte bancaire est l’instrument de la réception du fonds
remboursable du public mais aussi en ce qu’il permet la réalisation d’opérations de crédits, de
services de paiement. Ce qui la distingue des comptes de paiement est que le compte de paiement ne
comporte pas la transformation d’échéance -les dépôts ne font pas les crédits.
Vasseur : « le compte bancaire est un tableau des crédits et des dettes réciproques de 2 personnes », et
donc une entité comptable et juridique.

- Entité comptable en ce qu’il assure la traçabilité matérielle et temporelle des opérations


effectuées par le client et son banquier. Ce compte est identifié par IBAN, c’est-à-dire un
numéro international du compte. Matériellement, le compte comporte le crédit, le débit et
le solde. Par crédits, on entend les dépôts qui vont venir alimenter positivement le compte du
client, ce peut être des dépôts directs (réception d’un virement ou versement d’espèces)
ou indirecte (le client remet à son banquier un instrument de paiement qu’il a la charge
d’encaisser) et qui sont donc soumis à restitution. Quant aux opérations de débits, ce sont
les opérations qui se traduise par une restitution directe des fonds (retrait auprès du
guichet ou par carte bancaire) ou indirecte (le client donne l’ordre d’exécution de
paiement).

- Entité juridique car la doctrine tend à rapprocher le compte de dépôt au compte courant
en ce qu’ils permettent tout les 2 les opérations de règlements de sommes inscrites sur
le compte. Les créances et dettes réciproques qui entrent en compte sont réglées et donc
éteintes par le fait de l’entrée en compte.

C’est donc le résultat de la convention bancaire, contrat conclu entre le client et la banque,
convention qui permet au client d’user des instruments comptables du compte. C’est une sorte de
contrat cadre.

SECTION 1 : L’OUVERTURE DU COMPTE

I) LA DECISION D’OUVERTURE DU COMPTE

A) Le principe de liberté

Le fondement étant celui de l’article 1102 du code civil consacrant la liberté pour chacun de
conclure ou non un contrat. Cela signifie que le client est libre d’ouvrir ou non un compte, que le
banquier est libre d’accepter ou de refuser l’ouverture d’un compte.

- En ce qui concerne le client, la liberté de conclure existe mais la liberté de choisir l’EC
est limitée par le monopole bancaire

-En ce qui concerne la liberté du banquier, il a le droit de refuser ou non un crédit mais
en ce qui concerne l’ouverture du compte, l’article L312-2 du CMF dispose que celui peut
rejeter la demande de l’ouverture du compte sur 2 raisons : La convention entre un
banquier et son client relève d’un fort intuitu personae et d’une relation de confiance Si
le banquier refuse, il doit le faire au motif que le client peut bénéficier d’un compte de
dépôt (droit au compte).
Cependant, cette liberté de refus du banquier ne doit pas être abusive, discriminatoire.

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B) La nécessité d’ouverture dans certains cas

- Article L112-6 du CMF = interdiction de règlements en espèces pour + de 1000€.


D’ailleurs pour les versements de salaires et traitements ou encore versements de
prestations sociales dont le règlement doit se faire par virement ou par chèque sur le
compte de la personne. En dehors de ces hypothèses, le seuil est porté à 15.000€
NB : Pour des particuliers n’agissant pas pour des besoins professionnels, ils peuvent régler en espèce
au minimum sur 15000€

- Article L123-24 du CMF ; qui exige que tout commerçant se fasse ouvrir un compte
auprès de l’EC ou auprès du bureau de chèques postaux.

C) Le droit au compte

Ce droit au compte est prévu à l’article 312-1 du CMF. Même s’il est reconnu au niveau droit
européen, le droit français reste plus protecteur que celui-ci en ce qu’il impose la gratuité des
services bancaires.
Cf la procédure d’ouverture et de refus du TD.

II) Les conditions d’ouverture du compte

A) La capacité du titulaire

Cette personne ne doit pas être atteinte de l’incapacité juridique, ce qui signifie qu’il doit disposer
de la capacité de jouissance et de la capacité d’exercice.
Sont concernés :

- Les PP et même chacun des époux peut librement en vertu de l’article 221 du code civil,
s’ouvrir un propre compte

- En ce qui concerne les mineurs : s’il n’est pas émancipé, il ne peut en principe ouvrir de
compte que par l’intermédiaire de ses représentants légaux - parents titulaires de
l’autorité parentale ou tuteur. Le compte fonctionne ensuite en principe sous l’initiative
du représentant légal du mineur. Le mineur peut effectuer seul des versements sur son
compte mais il ne peut effectuer d’opérations de débit. Mais la pratique bancaire est
autre pour une raison simple : les EC ont intérêt de fidéliser les clients assez tôt : par la
capacité d’usage = en droit des personnes, on reconnait au mineur une capacité d’usage
coutumière, qui lui permet de faire de modestes achats de la vie courante = donc on
admet à certaines conditions qu’un mineur puisse retirer des espèces sur un compte et
effectuer des petits paiements, mais ne pourra pas ex être emprunteur ou bénéficier
d’un découvert.

- En ce qui concerne le majeur incapable : s’il est sous tutelle, il est représenté par son
tuteur dans tous les actes de la vie civile = donc le tuteur ouvre et gère le compte. S’il est
sous le régime de curatelle plus léger, non plus de la représentation mais de l’assistance,
la personne peut ouvrir un 1er compte de dépôt seule car c’est un acte
d’administration ; mais ne peut ouvrir seule un 2nd compte car acte de disposition ; et la
personne protégée pourra faire fonctionner son compte mais en principe assistée de son
curateur avec souvent exigence de la double-signature

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En ce qui concerne les PM, il faut que ceux-ci soit immatriculée au RCS, ce qui leur donnera la
capacité juridique. les dirigeants agissant pour le compte d’une société en formation peuvent
passer des actes pour que tout soit prêt lorsque la société acquerra la personnalité juridique
(et la société reprendra les actes rétroactivement) ; donc il est possible d’ouvrir un compte
bancaire pour une société en formation.
Mais pour les sociétés qui n’ont pas la PM comme les sociétés en participation et groupes de
sociétés. Donc impossibilité d’ouvrir un compte. Dans ce cas, l’associé de la société ouvrira un
compte en son nom personnel.

B) Les formalités d’ouverture du compte

Puisque la convention de compte est un contrat d’adhésion, toutes clauses abusives présentes
sera réputé non écrite que ce soit dans la relation entre professionnels ou dans la relation
entre le banquier et le client.
Ainsi, l’on exige :

 L’écrit pour les conventions de dépôts ou de compte courant dans les relations entre
banquier et non professionnels, dont l’absence sera sanctionnée à 75 euros d’amende
fiscale.
 Il est aussi prévu que toute modification ultérieure de la convention soit communiquée
par écrit au client au plus tard 2 mois avant la date d’entrée en vigueur de la
modification. Si le client reste silencieux lorsqu’il reçoit la proposition d‘avenant à la
convention, son silence vaudra acceptation. Pour les PM, pas d’exigence de l’écrit.
Exigence de la signature du client pour la signature de la convention initiale.
 Les devoirs du banquier dont :
o Le devoir d’information car le banquier doit informer le client sur les conditions
générales et le fonctionnement du compte, sur les tarifs des différents services
proposés, et sur les droits et devoirs réciproques des parties. Un code de bonne
conduite a été élaboré par la Fédération bancaire française, approuvé par l’ACPR.
o Un devoir de vérifications : ces vérifications sont alourdies à cause du devoir de
vigilance et lutte contre le blanchiment. Le banquier doit connaitre l’identité du
client et l’obligation varie selon que le client soit pers physique ou morale.

Si c’est une PP, le banquier doit vérifier le domicile et l’identité du client, lequel doit
présenter un document officiel comportant sa photographie. Le banquier doit conserver et
recueillir les informations détaillées sur l’identité du client. Le banquier doit vérifier le
domicile par la pratique de la « lettre d’accueil ».

Si c’est une personne morale, le banquier doit demander la présentation d’un acte officiel
constatant l’existence de la personnalité morale. Il se fait remettre un spécimen des signatures des
dirigeants de la société, et il procèdera à une déclaration aux services fiscaux

SECTION 2 : LE FONCTIONNEMENT DU COMPTE


= Stade de l’exécution de la convention de compte

I) Le pouvoir du client de faire fonctionner le compte

En principe, ce pouvoir revient à la personne qui ouvre le compte. Pour les PM, ce sont les
représentants légaux qui sont chargés de la tenue du fonctionnement du compte. Compte tenu de
l’obligation de vigilance qui pèse sur lui, le banquier est tenu de vérifier l’identité et les
pouvoirs de celui qui effectue toutes opérations sur le compte. Cependant, ces vérifications
n’étant pas systématiquement faite, il faut dans le cadre du contentieux bancaires distinguer :
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- Pour les opérations de crédits : pour les virements et versements, toute personne a la
capacité et le pouvoir de les effectuer sur le compte et au regard du principe de non
immixtion du banquier, pas besoin de vérifier.

- Pour les opérations de débit : suppose plus de vigilance de la part du banquier qui doit
vérifier l’authenticité de la signature du client ou le mandat donné par celui-ci par
procuration à un mandataire, voir s’il n’existe pas d’anomalie apparente tel est le cas de
l’émission d’un chèque qui suppose l’existence d’un écrit et la signature du titulaire.

Responsabilité de la banque Cas de responsabilité du client


- Cas de signature contrefaite
- Si ce dernier n’a pas constaté l’anomalie - Faute lourde ou négligence du client,
apparente susceptible de donner également lieu à la
- S’il a ordonné un paiement alors qu’il n’en responsabilité partagée et dont il
avait pas le pouvoir appartient à la banque de le prouver.
- Cas de non-respect l’article 1937 du Ex : client qui fait trainer son chéquier ou la
code civil disposant que « le dépositaire laisse dans sa voiture sans vérifier ses relevés
doit restituer la chose déposée qu’à de compte
celui qui la lui a confiée ou à celui qui a
été indiqué pour recevoir le dépôt »

II) La tenue du compte par le banquier

La tenue du compte est une obligation du banquier envers son client en exécution de la
convention de compte conclue avec son client.

A) La passation des opérations en compte

En vertu des règles du code civil, le banquier agit non seulement en qualité de dépositaire (car
il reçoit les fonds du client, dépôt irrégulier qui est translatif de propriété en raison de la nature
fongible de la monnaie) mais aussi de mandataire (au titre des opérations que lui ordonne
d’accomplir son client) vu que le titulaire du compte est un déposant.
Le banquier est aussi un prêteur tant qu’il consent un crédit et autorise un découvert.

1) L’enregistrement des opérations

Que ce soit un dépôt, un ordre de paiement ou un crédit ou découvert, chacune des opérations
doit être enregistré par le banquier. Il doit enregistrer pour chaque opérations accomplies et
ordonnées par son client sa nature (est ce un paiement par CB, retrait, virements, chèque…), la
date, le montant et le solde provisoire résultant du compte.
Enregistrement fait par le mécanisme de récépissé d’opérations ou de relevés de compte
périodique qui est par usage mensuel. Le banquier est tenu de réaliser ces opérations dans les
brefs délais avec diligence et exactitude.
Chambre commerciale de Septembre 2006 : en cas d’erreur du banquier sur ces opérations, il
est susceptible d’engager sa responsabilité civile contractuelle à l’égard de son client. Qu’ainsi,
en application de l’article 1937 du code civil, c’est au banquier en sa qualité de dépositaire,
qu’incombe la charge de la preuve de la bonne restitution des fonds.
Solution appliquée souvent en cas d’opérations de virements ou de paiement par CB ou de chèque.
Mais celle-ci s’applique aussi en cas de responsabilité partagé avec le client déposant et il revient
à la banque également de prouver la faute lourde du client l’exonérant partiellement ou
totalement de sa responsabilité, en l’espèce la négligence du client avait été caractérisée car il ne

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prenait pas des précautions pour assurer la sécurité de ses relevés de comptes (Cassation
commerciale de 1980).
De l’enregistrement des opérations, il faut également différencier :

- L’entrée en compte : notion abstraite. Une créance est réputée entrée en compte dès lors
qu’elle est juridiquement affectée ou appréhendée par ce compte. C’est donc la date de
naissance de la créance d’une partie acquise sur l’autre qui suppose que la créance soit
cumulativement certaine, liquide et exigible pour être payé. Cette date permet également
le calcul du solde provisoire du compte et évidemment de déterminer la provision d’un chèque
par ex.

- L’inscription en compte : notion concrète, matérielle et comptable permettant de


comptabiliser l’entrée en compte. Il en résulte qu’il peut avoir un décalage entre l’inscription
en compte et l’entrée en compte (système de date de valeur).

Quel est la différence entre un solde débiteur et un solde créditeur ?

On dit que le solde est créditeur lorsque le client dispose d’une créance de fonds déposée à
l’égard du banquier. Le solde est débiteur lorsque le niveau des débits est supérieur au niveau
des fonds déposés par le client, ce qui peut être défini comme une avance du banquier à son client
(crédit).
L’on considère que peu importe que nous soyons dans un compte de dépôt ou courant, l’entrée de
la créance au compte provoque son extinction suite à sa fusion avec le solde provisoire. La créance
perd son individualité et disparaît, ce qui signifie que si le compte est débiteur, elle correspond par sa
fusion avec le solde, une dette unique envers le banquier et non une pluralité de dettes. SI le solde est
créditeur, alors elle continuera de correspondre à une créance qui est elle aussi unique.

2) La contre-passation de certaines opérations

« Ce qui a été fait comptablement ne peut jamais être défait ». L’idée est que l’on peut toujours ajouter
mais jamais ne supprimer ce qui a été inscrit sur le compte.
La contre passation est une technique qu’utilise le banquier pour radier les opérations erronées
inscrites sur le compte (ex du mauvais ordre de paiement) ou anticipée. L’inscription ne pouvant
être supprimer, le banquier devra réalisée une opération modificative. Annulation économique et non
juridique.

B) La reddition du compte par le banquier

Le banquier étant le mandataire de son client, il doit rendre compte à celui-ci. son travail étant
d’agir au nom et pour le compte du mandant, il doit donc lui rendre compte de la gestion du
compte.
Cette reddition se traduit par l’émission d’avis d’opérées ou d’exécution dès lors qu’une
opération vient d’être accompli par le banquier, et par l’émission de relevés périodiques sur les
opérations effectuées pendant une période déterminé.
Article L312-1-5 du CMF : met indirectement en place cette obligation de reddition des comptes à
la charge du banquier pour les PP n’agissant pas pour des besoins professionnels en disposant
qu’un tel client est « informé gratuitement par le biais de son relevé de compte mensuel… »
Article L314-14 CMF s’intéresse aux opérations de paiement : un prestataire de service de
paiement fournit sans tarder à l’utilisateur des informations sur les opérations de paiement qu’il a
passé. Les parties peuvent convenir contractuellement que les informations seront fournies selon une
autre périodicité qui ne peut excéder un mois.
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3) Le silence du client sur la reddition des comptes

« Qui ne dit mot consent », ainsi, le silence du client conservé lors de la reddition des comptes peut-il
être retenu contre lui ?

Au début, la jurisprudence affirmait que qui ne dit mot ne consentait pas puis revirement de la
situation. Désormais, elle considère que qui ne dit mot consent mais sous certaines conditions et
précisions :

- Pour les opérations passées et ayant déjà fait l’objet d’une reddition, le banquier est tenu
d’adresser des relevés de compte au client ou d’autres documents tels que ceux
proposant la modification de la rémunération du banquier ou du TEG. Pareil pour les
documents concernant les modifications à venir. Ici, le principe est que le silence vaut
acceptation du client au sens probatoire mais l’article L312-1-1 du CMF dispose que toute
modification de la convention du compte de dépôt doit être soumise au client au minimum
2 mois avant la date de modification de cette convention. L’EC informe le client qu’il est
réputé avoir accepté la modification si celui-ci ne proteste pas. Ce consentement ne vaut
que comme une présomption d’accord, de rectitude mais cela n’empêche pas le client
d’apporter la preuve d’éléments à l’écarter pendant le délai de prescription.
Ainsi, il revient à distinguer la date d’approbation présumée de l’opération du délai de
prescription du client pour contester l’opération.
Cassation commerciale de 1998 : « la réception sans protestation ni réserve des avis d’opérés et
relevés de compte fait présumer l’existence et l’exécution des opérations indiquées mais
n’empêche pas le client, pendant le délai de prescription, de reprocher à la banque d’avoir agi
sans mandat ». Solution confirmée dans plusieurs arrêts.
Article 2254 du code civil : le délai de prescription légal est de 5 ans mais il est possible que les
parties à la convention décide de réduire ce délai mais jamais en dessous d’1 an.
Recommandation de 2005 : sont abusives, les clauses qualifiant les délais de vérifications de
relevés de compte comme des délais de prescriptions ou de forclusion au motif qu’elles laissaient
croire que le consommateur ne pouvait plus apporter la preuve d’éléments à écarter cette
présomption de régularité des opérations. (= entrainerait la confusion entre la présomption simple
de la régularité des opérations et le délai de prescription).

C) La rémunération du banquier

2 types de rémunérations dont :

A) Les Intérêts

1) La typologie des intérêts du banquier

Les intérêts créditeurs Les intérêts débiteurs

- Avant l’ancien article L312-3 du CMF Lorsque le solde du client est à découvert, l’EC
interdisait la rémunération des dépôts consent un crédit à celui-ci donc il est normal
à vue. qu’il perçoive une rémunération (avance de fond
Prohibition en vue d’encourager les fr à placer ou opération de crédit donnant nécessairement
leur argent dans des livrets d’épargne et de lutter lieu à rémunération).
contre l’inflation et au motif que l’on risquait de S’agissant de la stipulation du taux d’intérêt, il
faire peser sur les banques une charge financière revient de distinguer :
trop élevée et vu que ceux-ci étaient tenu en

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vertu de la loi de fournir certaines formules - Le taux d’intérêt légal : dont l’accord
gratuitement, on ne voulait pas rompre un des parties suffit à valider le principe,
certain équilibre emmenant les banques à peu importe que le client soit
augmenter leur commission professionnel ou pas.

- Evolution avec la jurisprudence de la - S’agissant du taux d’intérêt


CJCE en 2004 affirmant que la conventionnel : l’alinéa 2 de l’article
législation française était trop stricte et 1907 du code civil dispose que celui-ci
portait entrave à la liberté doit être écrit. Au début, on estimait
d’établissement et à la libre prestation que ce taux appliqué devait être
de services en ce qu’elle ne permettait mentionné dans les relevés de comptes
pas à d’autres banques des EM de dont l’acceptation résultait de la
s’installer en FR. réception sans protestation mais la
Ensuite un arrêté de 2005 puis une loi de 2007 Chambre commerciale en date du 10
sont venu abroger l’article L312-3 du CMF mai 1994 en a déduit que celle-ci ne
Cependant, il faut savoir qu’il est toujours interdit pouvait suppléer l’absence de fixation
aux Etablissements de monnaie électronique de préalable, par écrit, du taux de l’intérêt
rémunérer les comptes peu importe la durée de conventionnel
détention de la monnaie électronique. Notion qui s’est effacé au profit du TEG qui
comprend l’intérêt conventionnel lui-même
ainsi que toutes les sommes mises à la charge
de l’emprunteur en contrepartie ou à
l’occasion du prêt, qui permet de connaître le
coût total du crédit.
Com de 2004 : le TEG peut être mentionné sur
le relevé de compte et en indiquant
expressément que l’acceptation du client peut
résulter de son silence après la réception de
celui-ci, sauf stipulation contraire insérée dans
la convention de compte. Ainsi, il est nécessaire
qu’au préalable, le TEG soit fixé dans la
convention, la réception sans protestation du
relevé de compte mentionnant le TEG n’est pas
suffisante.
Ainsi, la mention du taux d’intérêt est faite à titre
indicatif dans la convention de prêt ou
d’ouverture du compte et la mention du TEG
appliqué dans le relevé de compte est faite à titre
d’information. L’absence d’écrit fixant le TEG
entraine la nullité de la stipulation des
intérêts et la substitution de l’intérêt légal, et
ceci en vue d’assurer la transparence de la
relation entre l’EC et son client.

2) Le calcul des intérêts

Cela si le compte est débiteur ou créditeur. Le TEG est un taux annuel, de sorte qu’il varie selon que
la période de découvert. Mais un certain nombre de pratiques, qui permettent de gonfler
artificiellement la rémunération du prêteur, ont été encadrées par le législateur :

a) La pratique de dates de valeur

Cf arrêt du 06 février 1993 du TD


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b) La pratique de l’année lombarde

Elle consiste à calculer un intérêt par rapport à une période de 360 jours au lieu de 365 jours, ce
qui permet à l’intérêt d’augmenter puisque le diviseur diminue.
Cf Arrêt du 19 juin 2013

B) Les commissions

Les commissions correspondent à la rémunération perçue par l’établissement de crédit au


titre des services fournis pour la tenue du compte, la réalisation des opérations de paiement et
le cas échéant, au titre des incidents de paiement qui imposent d’effectuer un contrôle particulier.
La réception taisante des relevés de compte vaut présomption d’accord pour le prélèvement
passé des commissions et cela vaut acceptation tacite pour le prélèvement des commissions
futures ; le tout, sous réserve des exigences relatives à la conclusion écrite de la convention de
compte pour les personnes physiques (agissant pour des besoins professionnels depuis 2013). Le
principe est celui de la libre fixation des commissions par les parties (surtout par l’établissement
de crédit en pratique puisque la convention de compte est un contrat d’adhésion) mais le législateur a
prévu des exceptions à ce principe :

- La gratuité est imposée pour les services bancaires de base et pour la délivrance de
formules de chèques (mais non de leur envoi) dans le cadre du droit au compte.

- On impose à l’établissement de crédit de proposer un service limité de fonctionnement du


compte pour lequel les commissions sont plafonnées à 3€/mois à ses clients
consommateurs n’agissant pas pour des besoins professionnels, en situation de fragilité.
(lutte contre le phénomène d’exclusion bancaire).

- A été imposé un plafonnement des commissions dues au titre d’une irrégularité dans le
fonctionnement du compte pour les consommateurs n’agissant pas pour des besoins
professionnels. Ces frais ne peuvent être facturés qu’après information préalable de l’incident
et sont plafonnés

- Les frais liés aux incidents de paiement sont également plafonnés et peuvent, le cas
échéant, se cumuler avec la commission pour irrégularité du fonctionnement du compte

III. MODALITÉS PARTICULIÈRES DE FONCTIONNEMENT DU COMPTE

A) PLURALITÉ DE TITULAIRES

En principe, l’initiative des opérations appartient au titulaire du compte mais il existe des règles
spécifiques de fonctionnement pour certains comptes de dépôt, soit parce qu’ils disposent de
plusieurs titulaires, soit parce que leur titulaire dispose de plusieurs comptes au sein du même
établissement de crédit. Le compte dit collectif est un compte détenu par plusieurs titulaires. Il
en existe 2 sortes :

- Le compte indivis est un compte soumis au régime de l’indivision qui résulte d’un
événement volontaire ou involontaire. L’article 815-3 du Code civil prévoit que le
fonctionnement du compte, s’agissant des opérations portées au débit, requiert l’accord
de tous les indivisaires qui peuvent néanmoins désigner un mandataire. En cas de solde
débiteur du compte, chacun des indivisaires n’est tenu que pour sa part et
l’établissement de crédit devra diviser ses poursuites, sauf à ce que la convention ait

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prévu une solidarité. En cas de solde créditeur du compte, l’indivision se reporte sur ce
solde, avec exigence de l’unanimité des indivisaires pour restitution.

- Le compte-joint ou commun s’entend d’un compte collectif assorti d’une part, d’une
solidarité active, c’est-à-dire que chaque titulaire du compte dispose de l’ensemble des
sommes déposées et peut faire fonctionner le compte seul ; et d’autre part, d’une solidarité
passive au profit du banquier qui pourra poursuivre chacun des titulaires du compte
pour la totalité du solde débiteur. Cette solidarité passive ne vaut qu’à l’égard de la banque :
le créancier d’un des titulaires ne pourra pas saisir l’ensemble du solde créditeur mais
seulement la part qui revient à son débiteur.

B) PLURALITÉ DE COMPTES

Depuis un arrêt Com. 14 avril 1975, le principe est celui de l’indépendance des comptes qui
signifie que le solde créditeur d’un compte ne peut servir à compenser le solde débiteur d’un
autre compte sans l’accord du client et que le banquier ne peut pas effectuer d’opérations entre les
comptes sans l’accord du client. Ce principe a plusieurs conséquences : d’abord, les intérêts sont dus
par rapport à la position de chacun des comptes. Ensuite, pour déterminer si un chèque émis
par le client est provisionné, il convient de se référer uniquement au compte sur lequel le
chèque a été tiré. Enfin, le banquier doit respecter l’affectation des opérations déterminées par
son client. Par exception, les parties peuvent déroger au principe d’indépendance des comptes par :

- Une clause de compensation permettant généralement à la banque de décider, s’il l’estime


opportun, que le solde débiteur d’un compte se compensera avec le solde créditeur d’un autre
compte. La clause est inopposable au banquier qui n’est pas obligé de la mettre en œuvre, ni
aux tiers, c’est-à-dire qu’un créancier du titulaire du compte peut saisir le solde créditeur de
son débiteur sans que le banquier ne puisse s’y opposer au motif que ce solde sert à compenser
le solde débiteur d’un autre compte.

- Un accord de fusion de comptes ou convention d’unité de comptes permettant de réputer les


différents comptes les sous-comptes d’un compte unique, de sorte que le banquier a
l’obligation de prendre en considération l’ensemble des comptes pour exécuter les ordres de
paiement. Cet accord est opposable aux tiers en cas de saisie

SECTION 3 : CLÔTURE DU COMPTE

I. LES CAUSES DE LA CLÔTURE

Les causes premières de la clôture du compte sont celles du droit commun des contrats : les
comptes à durée déterminée prennent fin par l’arrivée du terme, sauf hypothèse de tacite
reconduction ; les comptes à durée indéterminée peuvent être résiliés par chacune des parties,
sous réserve du respect d’un préavis raisonnable du client qui peut être fixé par la convention (en
pratique, il n’excède pas 30 jours concernant les comptes ouverts par une personne physique agissant
pour des besoins non professionnels). Quant au préavis imposé à l’établissement de crédit, il doit être
d’au moins 30 jours. Par ailleurs, il existe des causes pathologiques de clôture du compte telles
que le décès de la personne physique ou la dissolution de la personne morale titulaire du
compte.
En revanche, la survenance d’une incapacité ou d’une procédure collective, n’entraîne
pas la clôture du compte mais la modification des règles de fonctionnement.
Enfin, depuis le 1er janvier 2016, les comptes n’ayant donné lieu à aucune manifestation
de son titulaire ou de ses héritiers pendant une période de 12 mois, c’est-à-dire les comptes
inactifs, sont clôturés.
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II. LES EFFETS DE LA CLÔTURE

La clôture du compte entraîne l’obligation pour la banque de solder les opérations en compte,
c’est-à-dire d’inscrire en compte les opérations antérieurement entrées en compte et, le cas échéant,
procéder à des contrepassations. Si à la clôture le solde du compte est créditeur, il doit être
restitué au client et, inversement, le solde débiteur doit être remboursé à la banque. Quel que
soit l’état du solde, il est soumis à la prescription quinquennale de l’article L112-4 du Code de
commerce, le solde débiteur étant productif d’intérêts au taux légal en principe. Depuis la loi
MURCEF, lorsque la clôture du compte est justifiée par la modification de la convention, elle ne peut
donner lieu à aucun frais pour la personne physique agissant pour des besoins non professionnels. La
loi Hamon du 17 mars 2014 a étendu la gratuité de la clôture du compte pour toutes les
personnes physiques n’agissant pas pour des besoins professionnels et a mis en place un
dispositif d’aide à la mobilité bancaire rendant les transferts de comptes entre établissements
de crédit plus faciles. Dans les autres cas, lorsque la convention de compte est conclue avec un
professionnel, les effets de la clôture du compte sont intégralement prévus par la convention.

LEÇON 7 : LE COMPTE COURANT


Né de la pratique et non exclusif à la matière bancaire, le compte courant est une convention
par laquelle deux personnes décident de faire entrer en compte toutes leurs créances et dettes
réciproques. Son régime ayant été intégralement bâti par la jurisprudence, celle-ci tend toutefois à
l’aligner sur le régime du compte de dépôt (concernant la portée de la réception taisante des
relevés de compte, les personnes habilitées à faire fonctionner le compte, les obligations du banquier
dans la tenue du compte découlant de ses devoirs généraux…) mais cette harmonisation n’est pas
synonyme d’unification.

SECTION 1 : LA NOTION DE COMPTE COURANT

La convention de compte courant est caractérisée par la remise réciproque de l’ensemble des
créances nées entre deux parties afin de les éteindre mutuellement dans un solde dont
l’exigibilité est repoussée à la clôture du compte. A défaut, le compte ouvert au sein d’un
établissement de crédit ne sera pas qualifié de compte courant.

I. L’ÉLÉMENT MATÉRIEL DU COMPTE COURANT : LES REMISES

A) LA GÉNÉRALITÉ DU COMPTE COURANT

Le principe d’affectation générale au compte courant signifie que le compte doit permettre
d’appréhender toutes les créances qui existent entre les parties : toutes les remises du client
seront automatiquement affectées à ce compte et, réciproquement, toutes les créances de
l’établissement de crédit seront automatiquement portées au débit du compte. Les parties
peuvent exclure certaines créances de leur relation contractuelle, de l’objet du compte courant
(exemple : créance délictuelle) et peuvent exceptionnellement déroger au principe. Ce principe est
une garantie pour chacune des parties : l’entrée en compte de la créance vaut extinction de la
créance, chaque partie acceptant cette extinction que parce qu’en contrepartie, la créance de l’un,
donc la dette de l’autre, sera éteinte par l’entrée en compte.

B) LA RÉCIPROCITÉ DES REMISES


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La réciprocité du compte courant signifie que celui-ci doit pouvoir recevoir des remises des 2
parties à fins de règlement. Cette réciprocité n’a pas à être effective mais seulement potentielle,
ce qui signifie que chacune des parties doit pouvoir remettre ses créances en compte. Il se peut
que pendant une certaine période le compte ne reçoive que des remises du client, simplement parce
que le banquier n’a aucune créance à faire rentrer en compte. Inversement, il peut y avoir débit
systématique du client parce que celui-ci n’a aucune remise à effectuer. En revanche, le fait qu’une
des parties déroge systématiquement à l’affectation en compte conduira à considérer que la
condition de réciprocité des remises n’est pas satisfaite et à exclure la qualification de compte
courant. L’exigence de réciprocité concerne les remises de créances et non le solde : le fait que le
solde du compte courant soit systématiquement débiteur ou à l’inverse, systématiquement
créditeur, ne suffit pas à exclure la réciprocité et la qualification de compte courant car le solde
dépend du volume des remises.

C) L’ENCHEVÊTREMENT DES REMISES

L’exigence d’enchevêtrement des remises de créances complète l’exigence précédente : il ne peut y


avoir enchevêtrement que s’il y a réciprocité mais l’inverse n’est pas vrai. Cette exigence signifie
que les remises sont susceptibles d’être effectuées en alternance aléatoire par l’une ou l’autre
des parties durant le fonctionnement du compte courant, sans ordre particulier, ce qui constitue
encore une garantie pour les parties. Cette condition permet d’éviter que l’établissement de crédit
attende systématiquement que le client dispose des fonds nécessaires, que le solde soit
créditeur pour inscrire ses créances en compte. Cet enchevêtrement doit simplement être
potentiel et n’a pas à être systématiquement vérifié. Toutefois, si l’exécution du contrat révèle que
les remises sont systématiquement effectuées dans un ordre particulier, la qualification de
compte courant sera exclue.

II. L’ÉLÉMENT INTENTIONNEL : LA VOLONTÉ COMMUNE DES PARTIES

La qualification du compte courant ne dépend pas uniquement du fonctionnement du compte


mais avant tout de la volonté commune des parties, éventuellement révélée par ce
fonctionnement. La convention doit révéler que les parties ont entendu faire produire au compte
un effet de règlement des créances réciproques, faute de quoi il ne s’agirait pas d’un compte
courant. La difficulté tient au fait que, contrairement au compte de dépôt, le compte courant n’est
soumis à aucun formalisme particulier, ce qui implique que l’intention des parties puisse être
simplement tacite, déduite des circonstances.

SECTION 2 : LE RÉGIME DU COMPTE COURANT

I. LE RÈGLEMENT DES CRÉANCES

A) L’EFFET EXCLUSIF

Toute entrée en compte courant d’une créance vaut paiement, quel que soit l’état du solde du
compte, débiteur ou créditeur, la créance disparaissant, perdant son individualité pour se fondre dans
le solde provisoire du compte. Cela signifie que dès lors qu’une créance est inscrite en compte, son
créancier est considéré comme désintéressé. La créance du client ou du banquier vient seulement
se reporter, le cas échéant, sur le solde du compte, mais celle-ci ne sera exigible qu’à la clôture du
compte. Cet effet extinctif n’est pas spécifique au compte courant puisque la jurisprudence le
reconnaît aussi à l’entrée en compte de dépôt d’une créance à la différence que cette entrée en
compte ne vaut paiement que si le solde du compte disponible est créditeur, qu’une
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compensation est possible entre la créance de restitution du client et la créance du banquier. Ainsi, le
compte courant présente une spécificité puisque le règlement se produit alors même qu’il n’y
aurait pas de compensation entre la créance de restitution du client et la créance de la banque, alors
même que le solde du compte serait débiteur (exemple : Si le solde du client est débiteur de -200€
et que la banque procède au débit de sa créance de 50€, le solde passe alors à -250€ mais le banquier
est considéré comme satisfait). Les auteurs estiment que cette entrée en compte vaut paiement
parce qu’il y aurait novation mais en réalité, la créance s’éteint immédiatement et ne donne
pas lieu à une nouvelle créance. Il faudra attendre la clôture du compte pour savoir lequel du
client (solde final créditeur) ou banquier (solde final débiteur) est créancier de l’autre. Pour le
professeur Périn-Dureau, il s’agit d’un mécanisme sui generis, car l’entrée en compte courant
vaut paiement parce que les parties l’ont voulu.
L’effet extinctif de l’entrée en compte courant a plusieurs conséquences : d’abord, le créancier étant
considéré comme désintéressé, il n’a aucune action en paiement de cette créance durant le
fonctionnement du compte mais seulement, le cas échéant, à la clôture du compte ; ensuite, la
créance étant éteinte, elle cesse de produire ses intérêts et seul le solde provisoire du compte
continuera d’en produire, le taux n’étant pas nécessairement le même et la période de crédit non
plus ; enfin, dès lors que la créance s’éteint, ses accessoires également (sûretés réelles ou
personnelles afférentes). En revanche, le banquier peut prendre des sûretés pour garantir le
solde débiteur du compte courant (Com. 13 novembre 2014).
En principe, seules les créances certaines, liquides et exigibles peuvent entrer en compte mais afin de
respecter la commune intention des parties, la doctrine a proposé de prendre en compte toutes
les créances réciproques des parties, alors même qu’elles ne seraient pas certaines, liquides et
exigibles, pour déterminer le solde provisoire ou final du compte courant, ce que la
jurisprudence a admis, dans une certaine mesure, dans 2 arrêts Com, 6 février 1996 où étaient en
cause des sociétés disposant d’un solde créditeur mais qui, ayant été placées en liquidation judiciaire,
demandaient par l’intermédiaire des liquidateurs, restitution de ce solde :
- Dans la première affaire, une banque s’était portée caution à concurrence d’un certain montant
envers une société propriétaire de locaux loués à une autre société du paiement des loyers et
charges locatives dus par cette dernière. La société preneuse est mise en redressement et en
liquidation judiciaires, le liquidateur demandait à ce que la banque lui reverse le solde
créditeur du compte courant ouvert dans ses livres. La banque refuse de restituer tout le
solde, déclarant conserver la différence pour la couvrir du montant des loyers impayés
dans la limite de son engagement de caution. Le liquidateur assigne la banque en paiement
de la somme. Les loyers étant d’ores et déjà impayés, la banque était tenue d’une
obligation de règlement, celle-ci pouvant disposer alors d’un recours subrogatoire ou
personnel contre le débiteur garanti défaillant. Mais la créance résultant de ce recours
n’était pas encore liquide et exigible immédiatement car il n’avait pas encore été procédé au
règlement. La Cour de cassation accepte une compensation entre la créance de la banque
qui était certaine mais non encore exigible avec le solde créditeur du compte courant. En
effet, dès lors que la créance est certaine, elle existe juridiquement dans le patrimoine et
il convient de la prendre en compte pour déterminer l’étendue des droits et obligations
des parties, le succès et l’efficacité du compte courant reposant sur la garantie de
règlement réciproque.

- Dans la deuxième affaire, une banque avait accepté de cautionner les loyers dus par une société
titulaire d’un compte auprès de cette banque à son bailleur. Avant de procéder à la restitution
du solde créditeur, la banque avait là aussi procédé au débit des sommes qu’elle risquait de
devoir assumer aux lieux et place de son client (montant maximal de sa garantie). La Cour de
cassation va refuser la compensation entre le solde créditeur du compte courant et la
créance purement éventuelle de la banque. La banque a une obligation de couverture mais
tant que l’obligation de règlement n’existe pas, il n’y a pas de recours contre le débiteur.

B) LE PRINCIPE D’INDIVISIBILITÉ DU SOLDE


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Dès leur entrée en compte, les créances se fondent dans un solde provisoire indivisible
du solde constaté à la clôture du compte. En conséquence, le banquier ne peut pas demander
paiement du solde débiteur provisoire ni au titulaire du compte, ni à sa caution (Com. 25 novembre
1974) car le solde provisoire est indivisible du solde final qui ne sera pas nécessairement débiteur. Il
faut que le banquier attende la clôture du compte pour demander paiement. Toutefois, la
convention peut prévoir que le maintien d’une position débitrice au-delà d’un certain montant
et au-delà d’une certaine durée, entraînera la clôture du compte et par conséquent, la
possibilité de demander paiement du solde provisoire qui devient définitif.
L’indivisibilité du compte devrait conduire à l’indisponibilité du solde créditeur : le client ne
pourrait pas en demander restitution directe ou indirecte et le solde ne devrait pas être saisissable
par les tiers. Mais une telle rigueur conduirait à une paralysie complète du fonctionnement du
compte courant, ce qui explique que la jurisprudence ait admis des exceptions au principe
d’indivisibilité du compte :

- Le client peut demander restitution directe ou indirecte du solde créditeur.

- La jurisprudence admet la saisissabilité du solde provisoire créditeur, l’indivisibilité jouant


entre les parties à la convention de compte mais n’étant pas opposable aux tiers.

- La caution ne devrait en principe garantir que le solde débiteur constaté à la clôture du


compte. En conséquence, si elle dénonce sa garantie avant la clôture du compte, elle est libérée
mais la jurisprudence estime toutefois que l’obligation de couverture de la caution cesse
pour l’avenir et qu’elle demeure à hauteur du solde débiteur provisoire constaté au jour
de la fin de son engagement. A la clôture du compte, si le solde est encore débiteur, cette
obligation de couverture deviendra obligation de règlement.

C) LES INTÉRÊTS

Si le banquier ne peut demander paiement immédiat du solde provisoire débiteur, ce


solde bien qu’indivisible et indisponible, peut produire des intérêts. La jurisprudence estime
que l’article 1907 du Code civil ne s’applique pas au compte courant, de sorte que son solde
débiteur est productif d’intérêts de plein droit au taux légal uniquement, alors même que les
parties n’auraient pas convenu du principe de l’intérêt. Le TEG en effet doit être fixé par écrit, à
défaut de quoi l’intérêt légal lui sera substitué. Par ailleurs, la jurisprudence estime que les règles
du Code civil relatives à l’anatocisme ne s’appliquent pas puisque la créance d’intérêt du banquier
vient immédiatement se fondre dans le solde provisoire, elle est automatiquement capitalisée, il n’y a
plus d’intérêt au sens strict une fois la créance entrée en compte.

LEÇON 8 : LE PAIEMENT SUR TITRE, LE CHÈQUE

Le chèque, qui ressort du monopole bancaire, est un titre par lequel une personne, le tireur,
donne l’ordre à un établissement de crédit, le tiré, de payer à vue, c’est-à-dire sur simple présentation,
une somme déterminée à une troisième personne, le bénéficiaire. Le chèque est dit sur titre puisque le
titre vient incorporer la créance du tireur sur le tiré, c’est-à-dire la créance de restitution du client
déposant sur son établissement de crédit teneur de compte. Cette créance de provision va circuler en
même temps que le titre, avant de donner lieu au paiement du chèque au profit de son dernier
porteur. Le chèque se distingue de la lettre de change en ce qu’il n’est qu’un instrument de paiement
et qu’il ne peut être tiré que sur un établissement de crédit ou assimilé en vertu de l’article L131-4 du
CMF.

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SECTION 1 : L’ÉMISSION DU CHÈQUE

I. LES CONDITIONS DE VALIDITÉ DU CHÈQUE

A) LES CONDITIONS DE FORME

1. Les mentions obligatoires

L’article L131-2 du CMF prévoit que le chèque doit contenir 6 mentions obligatoires :

- La dénomination de « chèque » insérée dans le texte même du titre(1)


- Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée précisée en chiffres et en lettres (2)
- Le nom de celui qui doit payer, c’est-à-dire le tiré (3)
- Le lieu où le paiement doit s’effectuer(4)
- La date (qui marque le point de départ de l’action en prescription contre le tireur) et le lieu de
la création du chèque(5)
- La signature de celui qui émet le chèque, c’est-à-dire le tireur (6).

L’article L131-3 du CMF pose des règles de suppléance concernant respectivement l’omission
du lieu de paiement ou du lieu de création qui est remplacé par le lieu désigné à côté du nom
du tireur, c’est-à-dire le lieu indiqué dans son adresse préimprimée. Les autres omissions sont
sanctionnées par la nullité du chèque en tant quel, de sorte que le titre ne vaut pas comme
chèque mais peut valoir comme simple commencement de preuve par écrit (Com. 16 décembre
2014) ou reconnaissance de dette (Civ. 1ère, 26 janvier 1988). Néanmoins, cette nullité est
susceptible de confirmation par le tireur par une inscription complémentaire sur le titre.

2. Les mentions facultatives

Le chèque peut comporter des mentions facultatives, devenues de style puisqu’elles sont pré-
imprimées sur les formules de chèques, telles que le nom et l’adresse du domicile du tireur (1) ; le nom
du bénéficiaire du chèque(2) à défaut duquel le chèque circule au porteur ; l’interdiction d’endossement
c’est-à-dire de la transmission du chèque à une personne autre qu’un établissement de crédit (3) auquel
cas ce n’est efficace que si le chèque comporte le nom d’un bénéficiaire déterminé ; une clause de
barrement qui oblige le tiré à procéder au paiement entre les mains d’un autre établissement de crédit
ou assimilé(4).

NB : Théoriquement, le porteur d’un chèque peut demander paiement au tiré sur simple présentation du
titre, contre remise d’espèces. Toutefois, la clause de barrement interdit au porteur d’échanger
directement le titre contre des espèces, c’est-à-dire que le titre doit être remis à une banque à
l’endossement et il reviendra à l’établissement de crédit teneur de compte du bénéficiaire de demander
paiement à l’établissement de crédit tiré, teneur de chèque du tireur, avant de restituer les sommes au
porteur du chèque. Deux mentions facultatives sont quasiment imposées en fait (elles assurent une
parfaite traçabilité) par l’article L131-71 et sont pré-imprimées par les banquiers sur les formules
délivrées à leurs clients.
Elles restreignent le libre choix des conditions dans lesquelles les chèques peuvent circuler et être
payés :

- La clause interdisant l’endossement à une personne autre qu’une banque ou un


établissement assimilé. Cette clause ne limite que les possibilités d’endossement mais
n’interdit pas la tradition du chèque au porteur tant que le nom du bénéficiaire n’est pas
indiqué, le chèque peut librement circuler.

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- La clause de barrement par laquelle le chèque ne peut être payé par le tiré qu’à un
banquier ou un établissement assimilé ou à un client du tiré, ce qui s’entend d’une
personne connue du banquier, c’est-à-dire pratiquement titulaire d’un compte chez le
tiré qui en aura vérifié l’identité et l’adresse. Le barrement du chèque interdit ainsi à la
banque de verser des espèces à un inconnu, ce qui limite le risque de paiement en cas de
vol.

3. Les mentions interdites

Un certain nombre de mentions sont interdites en ce qu’elles sont purement et


simplement réputées non écrite, de sorte que le chèque est valable si, par ailleurs il comporte
les mentions obligatoires prévues. Parce que le chèque constitue seulement un instrument de
paiement et non de crédit, il est payable à vue et ne peut comporter d’échéance, de stipulations
d’intérêts ou de condition puisque l’engagement de payer du tireur est pur et simple. Si le
chèque doit contenir l’indication de sa date de création, même postdaté, il produit les effets
d’un chèque et peut donner lieu à un paiement immédiat (Com. 12 janvier 2010).
S’agissant des chèques dits de caution ou de garantie, ils peuvent être remis en paiement
dès leur émission, cette condition suspensive au paiement étant inopposable. En revanche, si le
paiement n’a pas de cause car la condition ne se réalise pas, de sorte que le bénéficiaire du
chèque n’avait aucun droit au paiement, le tireur pourra agir en répétition de l’indu contre le
bénéficiaire (Com. 9 mars 1993). Par ailleurs, sont interdites l’acceptation du chèque, du titre
par le tiré puisqu’il ne s’agit pas d’un instrument de crédit ainsi que la clause de non garantie
du tireur qui porterait atteinte à la sécurité du titre en ce que le bénéficiaire ne pourrait pas se
retourner contre le tireur.

B) LES CONDITIONS DE FOND

Si l’émission d’un chèque vaut mandat de payer, le chèque transfère en réalité la créance de provision
du tireur sur le tiré, du client sur l’établissement de crédit teneur de compte. L’émission d’un chèque
s’analyse donc en un ordre de restitution indirect de la part du déposant.

 La capacité : Le tireur doit avoir la capacité de faire fonctionner le compte, ce qui soulève
des difficultés pour les comptes collectifs ou détenus par les personnes morales.

 Le consentement : Le tireur doit donner son consentement puisque seul ce dernier, le


déposant peut ordonner au dépositaire de se dessaisir des fonds, ce qui soulève des
difficultés en présence de faux chèques ou de chèques falsifiés. Par principe, si le
banquier constate une irrégularité dans le titre, il a l’obligation de refuser le paiement
du chèque puisque l’ordre n’est pas valable. Mais il arrive que l’irrégularité ne soit pas
décelée et que le banquier procède au paiement du chèque irrégulier entre les mains du
bénéficiaire.
Par principe et en toute hypothèse, le tireur peut agir contre celui qui a détourné le chèque, ce
dernier pouvant néanmoins être insolvable ou introuvable. Se pose alors la question de savoir qui
du banquier ou du client tireur doit en assumer les conséquences financières selon les hypothèses :

- Le faux chèque est un chèque irrégulier dès son origine en ce que la signature n’est pas
celle du donneur d’ordre qui n’en est pas à l’origine et qui n’a jamais eu la volonté
d’émettre de chèque. Faute de répondre aux exigences de l’article L131-2 du CMF, cela ne
vaut pas comme chèque. En conséquence, le banquier qui s’est dessaisi des fonds sur
présentation d’un faux chèque engage sa responsabilité de plein droit en cette seule
qualité de dépositaire, quand bien même le faux était indécelable et qu’il n’aurait commis
aucune faute. En effet, la qualité de dépositaire implique pour lui une obligation de résultat : il
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ne peut restituer les sommes que sur ordre du client. A cet égard, il doit réparer le préjudice
subi par son client, c’est-à-dire restituer au tireur l’intégralité des sommes dont il s’est
dessaisi. En application du droit commun de la responsabilité, si le titulaire du compte ou
l’un de ses préposés a commis une faute et aurait, dès lors, contribué à son propre
préjudice, cela conduira à un partage de responsabilité avec l’établissement de crédit
tiré (cela n’exonère que partiellement la banque) et aura pour effet de réduire le droit
d’indemnisation du titulaire du compte, voire de l’anéantir totalement si sa faute est la
cause exclusive de son dommage (Com. 28 janvier 2014). Dans ce cadre, le banquier peut
opposer au tireur sa négligence dans la surveillance des formules de chèque ou dans la
surveillance des relevés de compte qui lui permettraient de déceler un détournement
du chèque, exonérant le banquier. L’exonération du banquier est totale si le banquier n’a
commis aucune faute.

- Le chèque falsifié est un chèque régulièrement émis par le donneur d’ordre, le tireur
mais qui a ultérieurement été altéré, détourné (falsification du montant, du
bénéficiaire…). Dans cette hypothèse, l’ordre ayant régulièrement été émis par le tireur,
le banquier pouvait valablement se dessaisir des sommes et par conséquent, il ne sera
responsable que si le tireur démontre sa négligence dans le paiement du chèque (Com.
16 mars 2010), ce qui renvoie aux hypothèses d’absence totale de contrôle ou d’une
irrégularité apparente, aisément décelable par un examen sommaire d’un employé
normalement diligent.

II. LE TRANSFERT DE LA PROVISION : L’EFFET D’ÉMISSION DU CHÈQUE

A) L’EXISTENCE DE LA PROVISION

La provision se définit comme les droits du tireur de disposer des fonds auprès du tiré.
L’émission du chèque emporte immédiatement transfert de la provision au profit du
bénéficiaire ou du porteur, ce dont il résulte que celle-ci doit exister lors de l’émission du
chèque. L’émission du chèque et son dessaisissement opèrent un transfert immédiat de la provision
au profit de son bénéficiaire. L’article L131-4 du CMF prévoit que le chèque ne peut être tiré que
sur un établissement de crédit ayant, au moment de la création du titre, des fonds à la
disposition du tireur et conformément à une convention, expresse ou tacite, en vertu de laquelle
le tireur a le droit de disposer de ses fonds par chèque. La provision se définit comme le droit du
tireur à l’égard du tiré de disposer des fonds, la créance de provision pouvant ainsi s’entendre
de la créance de restitution des fonds du tireur sur le tiré mais il peut également s’agir d’une
créance de mise à disposition des fonds lorsque le tiré a consenti une avance de fonds, une
autorisation de découvert au profit du tireur.
L’article L131-20 du CMF dispose que l’endossement, c’est-à-dire la transmission du chèque,
emporte transfert de la provision, la jurisprudence étendant cette disposition à l’émission du
chèque. En conséquence, la créance de provision quitte définitivement le patrimoine du tireur pour
être transmise au bénéficiaire du chèque, quelle que soit la date de l’encaissement. A cet égard, le
décès, l’incapacité ou l’ouverture d’une procédure collective qui interviendrait entre l’émission du
chèque et sa présentation au paiement sont sans incidence sur les droits du porteur. Toutefois, le
chèque ne sera payé que si la provision existe encore au moment de son paiement.

B) LE CARACTÈRE PRÉALABLE ET DISPONIBLE DE LA PROVISION

Le caractère préalable et disponible de la provision signifie que le tireur doit pouvoir


disposer, sur le compte à partir duquel le chèque a été émis (sauf convention de compte) du
montant du chèque dès son émission.

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NB : La seule clause de compensation entre les comptes ne suffira pas à considérer le chèque comme
provisionné, cette clause n’étant qu’une garantie offerte au banquier et non une clause opposable par le
titulaire du compte. La notion de créance de provision étant plus large que celle de créance de restitution
(créance de mise à disposition, autorisation de découvert…), un chèque peut parfaitement être considéré
comme provisionné alors même que le compte fonctionnerait à découvert, dès lors que son montant ne
dépasse pas celui de l’autorisation de découvert, de l’avance de fonds consentie par l’établissement de
crédit au profit du tireur.
Toutefois, dans cette hypothèse, il faudra nécessairement que le client prouve qu’il disposait
effectivement d’une avance de fonds en vertu d’une convention antérieure à l’émission du
chèque. Par principe, des tolérances passées du banquier, des facilités de caisse, ne suffisent
pas à caractériser une ouverture de crédit permettant au client d’émettre des chèques à
découvert (Com. 30 juin 1992). En revanche, si elles deviennent répétées, il sera possible de
déceler une autorisation tacite de découvert du banquier permettant au tireur d’émettre des
chèques à découvert. A cet égard, seule une analyse in concreto du fonctionnement du compte
permettra de déceler, le cas échéant, une telle autorisation tacite (Com. 4 mars 1986).
Si la provision, constituée par une créance de restitution ou une autorisation de découvert, est
inexistante au moment de l’émission du chèque, le tireur encourt les sanctions tenant à
l’émission d’un chèque sans provision. En pratique, le banquier ne prend connaissance du chèque
qu’au moment de la présentation au paiement par le bénéficiaire, de sorte que le défaut de provision
est susceptible de régularisation entre l’émission et le paiement du chèque.

C) LE CARACTÈRE IRRÉVOCABLE DE LA PROVISION

Le caractère irrévocable de la provision signifie que le tireur n’a pas le droit de retirer la
provision entre l’émission du chèque et sa présentation au paiement, de sorte que la provision
doit surtout exister au moment du paiement. Ce caractère résulte du fait que la créance de
provision quitte le patrimoine du tireur dès l’émission du chèque, émission qui emporte
transfert de provision au profit du bénéficiaire. Dès lors, le tireur n’a plus aucun droit, ne peut
plus retirer la provision, ni faire opposition au paiement du chèque. Le retrait de provision est
pénalement sanctionné pénalement par l’article L163-2 du CMF qui prévoit une peine
d’emprisonnement de 5 ans et 375 000€ d’amende.
Cette obligation ne concerne aucunement l’établissement de crédit tiré qui n’a pas
l’obligation de bloquer la provision et qui ne sera tenu de payer le chèque que si la provision
existe encore au moment de sa présentation au paiement, c’est-à-dire seulement si le tireur n’a
pas retiré la provision. Toutefois, lorsque la provision est constituée par une autorisation de
découvert, il peut y avoir une difficulté si le banquier révoque cette autorisation entre l’émission du
chèque et sa présentation au paiement, de sorte qu’il n’y a plus de provision à ce moment. Dans un
arrêt Com. 30 mai 2000, il a été jugé que si une telle révocation est licite, elle n’est pas opposable
au bénéficiaire du chèque à qui la provision a été transmise dès l’émission du chèque . Si la
provision est transférée dès l’émission du chèque, cette créance ne peut être honorée que si
elle existe toujours au moment du paiement, et c’est la raison pour laquelle le bénéficiaire n’a
pas la certitude d’être désintéressé du seul fait de l’émission du chèque.

II. LES GARANTIES DE LA PROVISION EN FAVEUR DU BÉNÉFICIAIRE

A) LES GARANTIES DU TIREUR

- En tant que signataire du titre qui incorpore une créance, le tireur s’engage
cambiairement à honorer le chèque en cas de défaut de paiement par le tiré se justifiant
par le fait que le tireur ne dispose pas des fonds suffisants.

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- La remise d’un chèque ne vaut pas novation, ce qui signifie que l’émission du chèque
n’emporte pas extinction de l’obligation de payer, ne vaut pas en tant que telle paiement
du bénéficiaire par le tireur. Le tireur ne sera libéré à l’égard du bénéficiaire que si la
créance de provision est effectivement payée.

B) LES GARANTIES DE L’ÉTABLISSEMENT DE CRÉDIT TIRÉ

L’établissement de crédit tiré n’a l’obligation de payer le chèque que s’il est provisionné, que si le
tireur dispose des fonds suffisants. Néanmoins, le bénéficiaire peut obtenir du tiré certaines garanties
d’être payé avant la présentation au paiement :

- L’aval qui ne constitue pas une garantie propre au chèque.

- L’article L131-5 prévoit que le tiré peut viser le chèque, le visa ayant pour effet de
constater l’existence de la provision au moment de l’émission du chèque. NB : Il n’y a
toujours pas obligation pour le banquier de bloquer la provision, ce qui n’a pas réellement
d’intérêt pour le bénéficiaire.

- L’article L131-14 prévoit que le tiré peut, sur demande du tireur avant qu’il ne se
dessaisisse du titre auprès du bénéficiaire ou sur demande du bénéficiaire, certifier le
chèque, de sorte qu’il va constater l’existence de la provision et la bloquer au profit du
bénéficiaire pendant le délai légal de présentation au paiement du chèque qui est de 8
jours à compter de son émission. Le tiré ne peut pas refuser la certification mais elle est
coûteuse et oblige le bénéficiaire à présenter le titre au paiement dans un délai de 8 jours.

- L’article L131-7 prévoit que l’établissement de crédit peut émettre un chèque de banque
sur demande du client, au profit d’un bénéficiaire déterminé. Dans cette hypothèse, il
s’agit d’un chèque tiré par la banque, sur ses propres comptes. La banque ne va émettre ce
chèque de banque que si la provision existe et en débitant immédiatement le compte du
donneur d’ordre du montant du chèque de banque.

SECTION 2 : LE PAIEMENT DU CHÈQUE

I. L’ENDOSSEMENT OU LA CIRCULATION DU CHÈQUE

Le chèque est un instrument payable à vue, c’est-à-dire qu’il doit donner lieu à remise de
fonds au porteur par le tiré dès sa présentation : le tiré remet les fonds au porteur. Le titre peut
théoriquement circuler avant d’être présenté au paiement. Si le chèque ne comporte pas de
bénéficiaire déterminé (mention non obligatoire), le chèque est remis au porteur et circule par simple
tradition, c’est-à-dire par remise du titre.
Le bénéficiaire du titre est alors le porteur, celui qui dispose matériellement du chèque. Si le
chèque comporte un bénéficiaire déterminé, le tiré ne peut procéder au paiement, par
principe, qu’entre les mains de ce bénéficiaire. Toutefois, le chèque peut circuler par la voie de
l’endossement qui se matérialise par une signature au dos du chèque. L’endossataire deviendra
porteur légitime du chèque et pourra obtenir paiement du titre puisque l’endossement emporte
transfert de la provision du tireur au bénéficiaire. L’endossement emporte transfert de la provision du
bénéficiaire endosseur au profit de l’endossataire qui obtiendra paiement ou endosser le titre au
profit d’un nouvel endossataire.
L’endossement peut être fait en blanc, comme pour la lettre de change, et le titre circulera
alors par remise au porteur. L’endosseur devient garant du paiement du chèque au même titre
que le tireur (engagement cambiaire). En conséquence, le porteur pourra se retourner, à défaut
de paiement du tiré, contre le tireur ou contre les différents endosseurs, contre tout signataire
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du titre donc. Là encore la portée de l’endossement peut varier : sauf preuve contraire, l’endossement
est présumé translatif, c’est-à-dire qu’il emporte transfert de la provision du bénéficiaire à
l’endossataire.
Toutefois, l’endossement peut également être réalisé à titre de procuration, c’est-à-dire que
l’endossataire ne sera pas titulaire de la créance de provision mais sera chargé de recouvrer le
paiement pour le compte de l’endosseur. Il pourra encaisser la provision mais pour le compte
de l’endosseur, il ne devient pas titulaire de la provision, il n’y a pas d’effet translatif.
L’endossement peut être pignoratif, c’est-à-dire remis à titre de gage, la remise du chèque
étant réalisée afin de garantir la créance de l’endossataire qui conservera le titre jusqu’à
extinction de sa créance (cette technique est inexistante en réalité puisque le banquier préférera un
chèque de garantie). En pratique néanmoins, la circulation du chèque est limitée en raison de la
clause dite de non endossement devenue de style. Cette clause interdit l’endossement du
chèque au profit de toute autre personne qu’un établissement de crédit. Le bénéficiaire du
chèque, s’il en est un, ne pourra endosser le titre qu’au profit d’un établissement de crédit.
L’établissement de crédit procèdera ensuite au recouvrement du chèque.

II. LA REMISE EN PAIEMENT

La clause de barrement qui est devenue de style impose que le chèque soit présenté au
paiement par un établissement de crédit et non pas le bénéficiaire du chèque lui-même. Cette banque,
devenue endossataire du titre, va devoir demander paiement de ce chèque au tiré. Le paiement se
réalise entre la banque du bénéficiaire (banque dite présentatrice) et la banque tirée (banque teneur
de compte du tireur).

A) LES OBLIGATIONS DE LA BANQUE PRÉSENTATRICE

Avant de présenter le chèque au paiement, la banque présentatrice qui est endossataire du


chèque doit veiller à la régularité formelle du titre, c’est-à-dire que la banque doit vérifier la
régularité apparente du titre en termes de mentions, signatures, absence de falsification, mais il n’a
pas en revanche à vérifier que le paiement est causé (régularité intellectuelle du titre). Principe de
non-ingérence sous réserve des problématiques LBC/FT. S’il manque une mention, la banque va
généralement renvoyer le chèque en disant qu’il n’est pas présentable au paiement.
Le banquier présentateur doit présenter le titre à la banque tirée afin d’obtenir règlement de
la créance (système informatisé intrabanques). Par principe, le chèque doit être présenté au
paiement dans les 8 jours de sa création (article L131-32 du CMF) A défaut, le porteur, le
banquier endossataire est considéré comme négligent et perd ses recours cambiaires. C’est la
présentation au paiement qui doit être fait dans les 8 jours et non pas la remise de
l’endossement par le bénéficiaire à sa banque. La seule sanction de l’irrespect de ce délai est la
perte du recours cambiaire. En revanche, le banquier et indirectement le bénéficiaire, ne
perdent pas ses recours fondamentaux : le chèque pourra être payé puisqu’au plan
fondamental, l’émission et la transmission du chèque emportent transfert de la provision
(exemple : Moi bénéficiaire d’un chèque, je l’endosse au profit de ma banque teneur de compte qui
doit le présenter à la banque tirée au paiement, tiré qui est la banque du tireur. La question qui se
pose est de savoir à partir de quand le banquier endossataire du titre doit porter au crédit du compte
du bénéficiaire le montant du chèque.
Quand est-ce que ce chèque doit entrer en compte ? En toute rigueur, il faudrait distinguer :

- Si l’endossement est réalisé à titre de procuration (je vous remets le chèque pour que vous
procédiez au paiement), il faudrait théoriquement attendre le recouvrement du chèque
par l’endossataire, ma banque, pour qu’il crédit ensuite le compte du bénéficiaire.

- Si l’endossement est translatif, je remets le titre à ma banque et je la rends propriétaire de


la créance de provision, la créance du bénéficiaire sur l’endossataire est justifiée par la
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transmission de la provision. Je vous remets le titre par la voie de l’endossement translatif


donc moi bénéficiaire je me dessaisis de la créance de provision au profit de
l’établissement de crédit teneur de compte. En toute rigueur, le banquier devrait et a
l’obligation d’inscrire le montant du chèque en compte, sous réserve de contrepassation si
finalement, ce banquier endossataire n’est pas satisfait, n’obtient pas paiement de la
créance de provision.

Théoriquement, il faudrait distinguer ces 2 endossements mais la jurisprudence tend à rapprocher


ces 2 types d’endossements en estimant que le banquier doit par principe procéder immédiatement
au crédit du compte. Ce serait une forme d’obligation qui se fonde sur un usage bancaire. L’usage veut
que l’on crédite immédiatement le montant du chèque au profit du bénéficiaire. En
contrepartie, le banquier endossataire a toujours le droit de contrepasser le montant du
chèque en cas d’impayé et ce, quel que soit le type d’endossement. Toutefois, cet usage n’est
qu’un usage supplétif de volonté, de sorte que le banquier pourra refuser de créditer
immédiatement le chèque à condition toutefois d’en avertir le client (document 1, séance 11).
En conséquence, certains considèrent que le banquier n’a pas l’obligation de créditer le montant du
chèque mais a l’obligation de prévenir puisque par principe il a l’obligation de créditer le montant du
chèque. A défaut d’avoir prévenu, il commet une faute qui engage sa responsabilité.

B) LES OBLIGATIONS DU TIRÉ

Le tiré devra vérifier la régularité formelle du chèque, notamment la signature du tireur afin
de déceler, le cas échéant, un faux chèque ou un chèque falsifié. Par principe, le devoir de non-
ingérence devrait s’opposer à la vérification de la régularité intellectuelle de l’opération.
Néanmoins, le devoir de loyauté à l’égard de son client doit toutefois l’inciter et l’obliger à
alerter le client d’une irrégularité manifeste quant à la licéité de l’opération. Par ailleurs, le
banquier tiré devra vérifier qu’il n’y a pas eu opposition régulière à l’ordre de paiement et enfin, il
devra vérifier si la provision est suffisante.

- Lorsque la provision est suffisante, le banquier tiré a l’obligation de payer le chèque. A


défaut, il engage sa responsabilité à l’égard du tireur comme du bénéficiaire.

- Lorsque la provision est insuffisante, le banquier tiré a la possibilité de refuser le


paiement. Toutefois, en principe, ce n’est qu’une possibilité et non une obligation, le juge
estimant qu’un chèque sans provision vaut demande implicite de crédit de la part du
tireur qui peut être ou non acceptée par la banque tirée. Le paiement d’un chèque sans
provision n’est donc pas, par principe, fautif en tant que tel (Com. 30 mars 2010). En
revanche, les circonstances qui entourent ce paiement sans provision peuvent rendre le
paiement fautif. A défaut de provision suffisante ou en cas d’opposition régulière, le
banquier tiré peut refuser le paiement.

III. LES INCIDENTS DE PAIEMENT

A) L’OPPOSITION AU PAIEMENT

D’après l’article L131-35 du CMF, l’opposition s’entend de l’interdiction de payer adressée au


tiré par le tireur, c’est-à-dire de la révocation de l’ordre de payer, qui va précisément à l’encontre du
principe d’irrévocabilité de la provision. Par conséquent, l’opposition est en principe interdite sauf
dans les cas limitativement énumérés par l’article L131-35 du CMF :

- De la perte ou du vol du titre, c’est-à-dire en cas de dessaisissement involontaire du chèque


par le tireur ou le bénéficiaire, sachant que ce dessaisissement sous la contrainte et la
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violence est assimilé au vol (attention, il peut y avoir perte ou vol par le bénéficiaire ou le
tireur).

- En cas d’utilisation frauduleuse du chèque, le dessaisissement a été volontaire mais le


chèque a ensuite été détourné de sa destination initiale.

- L’obtention d’un chèque par des moyens mensongers caractérise un cas d’opposition mais
il ne s’agit pas ici d’un droit de remords de la part du tireur.

- En cas d’ouverture d’une procédure collective du bénéficiaire ou du porteur, et ce, afin


d’éviter un détournement de fonds, susceptible de conduire le tireur à payer 2 fois le
paiement.

Le banquier tiré doit vérifier la licéité de l’opposition au moment de la présentation au


paiement. Le banquier doit vérifier la licéité apparente de l’opposition. Si le banquier reçoit, de
la part du tireur, une opposition manifestement illicite, c’est-à-dire une opposition non fondée sur un
motif prévu par la loi, il doit passer outre cette opposition. En ce sens, l’article L163-1 du CMF punit de
6000€ le fait de refuser le paiement d’un chèque en raison d’une opposition non fondée sur un cas
prévu par la loi. Le banquier tiré a bien l’obligation de refuser une opposition illicite, non fondée sur
un motif prévu par la loi. Il doit passer outre l’opposition. En revanche, le banquier n’a pas l’obligation
de vérifier la réalité, la véracité du motif allégué par le client. C’est là toute la difficulté qui concerne
une opposition formellement licite (je dis qu’on m’a volé le chèque mais c’est mensonger).
Se pose la question du traitement de l’opposition mensongère : elle est fondée sur un motif prévu par
la loi mais c’est mensonger. L’opposition est formellement licite mais mensongère. Dès lors qu’en
apparence, l’opposition est justifiée par un cas prévu par la loi, le banquier peut valablement
refuser de payer le chèque (Com. 8 octobre 2002). L’article L131-35 du CMF autorise seulement
le porteur à demander la mainlevée de l’opposition en réalité illicite au juge des référés. Le
banquier peut passer outre une opposition mensongère dès lors qu’elle est formellement licite.
Il en a la possibilité mais en a t-il l’obligation ? (Civ. 1ère , 19 mars 2015 : en l’espèce une banque
tirée avait payé le chèque au-delà du montant autorisé, donc paiement d’un chèque sans provision, et
avait payé le chèque en dépit d’une opposition apparemment licite mais en réalité mensongère. Le
banquier était passé outre l’opposition et avait ensuite demander remboursement des sommes au
tireur sur le fondement de l’enrichissement sans cause, ce qu’a admis la cour d’appel. La Cour de
cassation censure estime que la faute de l’appauvri, le tiré, l’avait privé de l’action de in rem verso. En
quoi consiste la faute ? Est-ce le fait d’avoir payé au-delà du découvert autorisé ? A priori non puisque
le paiement d’un chèque sans provision vaut demande implicite d’ouverture de crédit. La faute
consiste t-elle à refuser le paiement sur motif formellement licite mais mensonger ? A priori oui, la
loyauté couplée avec le devoir de non ingérence, doit conduire le banquier à croire son client.
L’opposition est formellement licite, peut importe qu’elle soit ou non mensongère. Ce n’est pas
seulement que le banquier a la possibilité de refuser de payer, mais il doit refuser de payer
(arrêt de 2015), c’est une obligation. Il faut simplement que le motif allégué par le client soit
prévu par la loi. Le banquier a l’interdiction de passer outre une opposition formellement
licite.

II. LE REFUS DE PAIEMENT

Dès lors que le chèque est provisionné, le banquier a l’obligation de payer le chèque. A défaut, le
banquier peut refuser le paiement.

A) LES CAUSES DE REFUS

En l’absence de provision, le banquier tiré peut en principe refuser de payer le chèque, sauf
dans 2 hypothèses où il a l’obligation de le payer alors qu’il n’est pas provisionné :
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- En cas de chèque d’un montant inférieur à 15€, le tiré a l’obligation de payer le chèque
même en l’absence de provision (article L131-82). En principe, les commerçants ont donc
la certitude d’être payé. Cette exception ne s’applique pas en cas de paiement fractionné d’une
somme supérieure à ce montant.

- Lorsque le banquier aura délivré une formule de chèque à un client en situation


d’interdit bancaire ou s’il n’a pas demandé restitution des formules.

Hormis ces 2 exceptions, le banquier peut toujours refuser de payer le chèque lorsqu’il n’est pas
provisionné.
NB : Si la provision est seulement insuffisante et non totalement inexistante, le tiré a l’obligation de
procéder à un paiement partiel que le porteur ne pourra refuser contrairement à feu l’article 1244 du
Code civil qui interdisait qu’on puisse imposer au créancier un paiement partiel. Le solde du paiement
entraînera un défaut de paiement.

B) LES CONSÉQUENCES DU DÉFAUT DE PAIEMENT

1. La sanction du tireur

Le chèque sans provision n’est plus sanctionné pénalement depuis la loi du 30 décembre
1991. Toutefois, le retrait de la provision est encore pénalement sanctionné et par ailleurs,
l’émission d’un chèque sans provision entraîne la procédure d’interdiction bancaire. Cette
procédure est prévue par l’article L131-73 du CMF. Il s’agit là d’un usage bancaire légalisé par la
loi MURCEF du 11 décembre 2001.
Avant de refuser le paiement du chèque, le banquier doit informer le tireur des
conséquences du défaut de provision afin de laisser la possibilité au tireur de constituer une
provision suffisante pour honorer le chèque. A défaut, le banquier pourra enclencher la
procédure d’interdiction bancaire, sachant toutefois que l’absence d’information du tireur
n’interdit pas au tiré de mettre en œuvre la procédure, ne remet pas en cause la procédure
d’interdiction bancaire mais entraîne seulement sa responsabilité (manquement à l’article L131-
73).
Le tiré devra réparer le préjudice subi par le tireur, préjudice qui réside seulement dans la
perte de chance de régulariser sa situation et d’échapper à l’interdiction bancaire, sachant que
cette interdiction n’est en réalité qu’une interdiction d’émettre des chèques. En ce qui concerne
cette interdiction, l’article L131-73 du CMF dispose que l’établissement de crédit peut enjoindre
le titulaire du compte de restituer à tous les établissements de crédit dont il est client les
formules de chèques en sa possession ou détenu par ses mandataires et de ne plus émettre de
chèques.
Par principe, ce n’est qu’une possibilité puisque le tiré peut toujours payer un chèque sans provision.
Il peut refuser le paiement sans mettre la procédure de l’interdiction bancaire aussi. Dans le mêle
temps, le banquier doit informer les mandataires de son client afin qu’ils n’utilisent plus les formules
en leur possession. Le banquier doit transmettre cette information à la Banque de France qui
inscrira alors le tireur sur le Fichier central des chèques (FCC) et tout établissement de crédit
qui entend délivrer une formule de chèque doit d’abord interroger le service du FCC afin de
refuser la délivrance de formule si son client y est inscrit. La méconnaissance de cette
obligation est lourde pour les établissements de crédit puisque la banque devra assurer le
paiement de tous les chèques sans provision émis par une personne frappée d’interdiction
bancaire, d’émettre des chèques. Cette interdiction d’émettre des chèques n’est levée que
lorsque le titulaire du compte a réglé le montant du chèque impayé au porteur ou aura
constitué une provision suffisante pour le règlement du chèque.

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L’interdiction d’émettre des chèques est levée, même en l’absence de régularisation, à l’issue
d’un délai de 5 ans à compter de la date d’injonction de restitution des formules. L’émission d’un
chèque sans provision entrainent le défaut de paiement exposer le tireur à des sanctions bancaires

2. Les recours du porteur (bénéficiaire ou banque présentatrice) faute de paiement

Le chèque n’est pas un instrument de crédit contrairement à la lettre de change. C’est un


instrument de paiement. Sa remise, son émission vise à éteindre une dette du tireur à l’égard de son
bénéficiaire du chèque. Cette créance dite fondamentale du bénéficiaire sur le tireur est appelée
encore valeur fournie. Pour autant, la seule remise du titre ne vaut pas paiement et laisse subsister
cette créance fondamentale tant que le chèque n’est pas payé. Il demeure créancier du tireur. En
revanche, cette remise du titre n’éteint pas les rapports fondamentaux. En revanche, la signature du
titre fait naitre de nouveaux rapports, les rapports cambiaires qui se superposent aux rapports
fondamentaux, ce qui permet une pluralité de recours.

- Les recours fondamentaux : Le bénéficiaire du chèque dispose toujours d’un recours contre
le tireur au titre de la créance fondamentale. Mais le tireur pourra lui opposer l’ensemble des
exceptions pour s’opposer au paiement, nées de leur relation. Le porteur impayé, le
bénéficiaire dispose encore d’un recours fondamental contre le tiré puisque la remise du
chèque emporte transfert de la provision, c’est-à-dire cession de créance (le bénéficiaire est
devenu directement créancier, au plan fondamental, du tiré, au titre de la créance de provision
transférée). Cette action du porteur contre le tiré se prescrit par 1 an à compter de l’expiration
légal du délai de présentation du chèque qui est de 8 jours à compter de son émission.
Toutefois, le tiré pourra lui opposer toutes les exceptions qu’il pouvait opposer au tireur. Le
tiré ne sera tenu de payer que pour autant que la provision existe. Au plan fondamental, si le
bénéficiaire agit contre le tireur, ce dernier peut lui opposer toutes les exceptions nées de la
relation du contrat. Si le bénéficiaire agit au plan fondamental contre le tiré, le tiré peut lui
opposer toutes les exceptions mais nées de sa relation avec le tireur et non de la relation du
contrat initial entre le tireur et le bénéficiaire. Par ailleurs, un dernier recours doit être
envisagé : celui du banquier présentateur qui est endossataire contre le bénéficiaire endosseur
(pour obtenir paiement, le bénéficiaire ne peut pas directement présenter le titre au tiré, il va
remettre le titre à l’endossement à un établissement de crédit, clause de barrement, qui va
immédiatement créditer son compte du montant du chèque, avant de demander paiement au
tiré). Le banquier endossataire aura inscrit le montant du chèque au crédit du compte avant
même d’être payé. A défaut de paiement par le tiré, le banquier présentateur et porteur du titre
qui n’est jamais qu’un endossataire, dispose d’un recours contre le bénéficiaire, au titre de la
valeur fournie (j’ai inscrit le montant sur vos comptes en raison du titre qui est revenu
impayé), le bénéficiaire endosseur étant garant du paiement. Il va ensuite contrepasser le
montant du chèque. Le banquier a toujours le droit de contrepasser le crédit d’un chèque
revenu impayé car l’endosseur (quand endossement translatif) est garant du paiement et qu’on
a avancé des fonds quand y’a eu endossement à titre de procuration. Attention, la procuration
ne doit pas être abusive, brutale.

- Les recours cambiaires : Le chèque est un titre cambiaire, raison pour laquelle il ressort du
monopole des établissements de crédit. C’est un service bancaire de paiement. En conséquence,
le tireur ainsi que tous les endosseurs, tous les signataires du chèque, souscrivent, par cette
signature, un engagement cambiaire. Le porteur du chèque dispose de recours cambiaires à
l’égard de tous les signataires en sus des recours fondamentaux de droit commun. Le porteur
qui au départ est l’endossateur, le banquier présentateur, peut agir contre le bénéficiaire qui a
signé le chèque pour le remettre à l’endossement et contre le tireur. L’intérêt de ce recours est
que le porteur est protégé par la règle dite de l’inopposabilité des exceptions : le tireur ainsi
que tous les endosseurs devront paiement au porteur de bonne foi, sans pouvoir lui opposer
l’absence de cause du paiement. Le tireur devra payer le chèque soit au banquier endossataire
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soit même au bénéficiaire quitte à se retourner ensuite contre le bénéficiaire du chèque s’il
estime le paiement indu. En contrepartie, ces recours sont enfermés dans des conditions très
strictes, sachant que pour le chèque, il n’y a jamais qu’action au plan fondamental : En principe,
le chèque doit être présenté au paiement dans les 8 jours de son émission, sauf à entraîner
perte des recours cambiaires pour le porteur, ce qui se passe quasiment systématiquement. Par
ailleurs, l’autre condition concerne la procédure : en cas de chèque impayé, le porteur, c’est-à-
dire le banquier présentateur endossataire, le porteur doit faire dresser protêt (acte d’huissier
constatant le défaut de paiement) afin de pouvoir mettre en œuvre des recours cambiaires. A
défaut, il est dit négligent et perd ses recours cambiaires. Toutefois concernant les chèques, le
législateur a mis en place une procédure simplifiée de certificats de non paiement (article
L131-73 du CMF). Lorsque le tireur n’a pas régularisé l’incident dans les 30 jours suivant la
première présentation du chèque, le tiré doit émettre à la demande du porteur un certificat de
non paiement. Ce certificat de non paiement est ensuite signifié au tireur par voie d’huissier,
signification valant commandement de payer. Si le paiement n’intervient toujours pas dans les
15 jours suivant cette signification, l’huissier délivre au porteur un titre exécutoire qui lui
permettra de faire saisir les biens du tireur. L’autre contrepartie est que la prescription des
recours cambiaires est abrégée par rapport au droit commun, elle est de 6 mois ou 1 an selon
les cas à compter de l’expiration du délai légal de présentation, sachant que la présentation
dans le délai légal est une condition préalable au maintien des recours cambiaires. Les recours
cambiaires en matière de chèques sont largement en désuétude. En pratique, l’endossataire va
contrepasser le titre, il va débiter le compte du bénéficiaire du montant du chèque, lui remettre
le titre, et le bénéficiaire va se débrouiller et bien souvent, agir souvent contre le tireur. Le
législateur a pendant un temps encouragé les paiements par chèques qui présentent l’avantage
de laisser une trace des paiements. L’intérêt du paiement par titre est qu’il y a toujours une
trace du paiement. Toutefois, ce mode de paiement est considéré comme coûteux en raison de
son aspect matériel (il faut fabriquer les formules) et des vérifications qu’il impose même si
tout est informatisé et que ces vérifications sont succinctes. Le chèque est de moins en moins
usité nous diton mais en réalité dans le monde des affaires. Il reste relativement courant dans
la vie courante pour 2 raisons : il permet d’obtenir des facilités de caisse (le tireur va
simplement vérifier que la provision existe au moment de la présentation du paiement) et c’est
le seul moyen de paiement complètement gratuit. Les banques et les pouvoirs publics prônent
sa disparition au profit des paiements dématérialisés.

LEÇON 10 : LES PAIEMENTS DÉMATÉRIALISÉS OU PAIEMENTS


SUR ORDRE
Le développement des nouvelles technologies a permis aux banques de créer des instruments de
paiement dit dématérialisés : la carte de paiement, puis la carte de crédit, le virement et le
prélèvement et le paiement par smartphone, le paiement par la montre ; l’idée étant que le paiement
ne suppose plus une remise de l’instrument à son créancier mais repose uniquement sur un ordre du
débiteur donné à son banquier de procéder au transfert des fonds. Le débiteur du paiement mais
créancier de l’établissement de crédit lui donne l’ordre de procéder au transfert des fonds, à la
restitution des fonds, entre les mains de son créancier. Le paiement sur ordre n’est qu’une restitution
indirecte des fonds déposés auprès de l’établissement de crédit teneur de compte. Ces paiements
dématérialisés sont nés de la pratique et ces nouveaux procédés ont longtemps été ignorés par le
législateur. Leur régime juridique a largement été élaboré par la jurisprudence sur le fondement du
contrat de mandat et du contrat de dépôt. Le législateur a commencé en 2011 à appréhender ces
pratiques en introduisant, lors de l’adoption du CMF, des dispositions ponctuelles relatives au
paiement par carte. Ces paiements, quoique créés par la pratique, étaient bien des opérations de
paiement du ressort du monopole bancaire. Toutefois, le droit de l’UE s’est saisi de ces nouveaux
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modes de paiement. Elle a été transposée par une ordonnance du 15 juillet 2009, entrée en vigueur le
1er novembre 2009, c’est-à-dire que cette directive s’applique à toutes les opérations de paiement
réalisées à partir du 1er novembre 2009 et ce, quelle que soit la date d’ouverture du compte :
application immédiate aux effets futurs des contrats en cours. Cette directive a permis de libéraliser le
secteur puisqu’elle a ouvert la fourniture de services non bancaires de paiement aux prestataires de
services de paiement. Les opérations de paiement ne sont plus du monopole bancaire, elles sont
ouvertes à tous les prestataires de services de paiement. Ce ne sont plus les établissements de crédit
au sens strict. Cette directive a libéralisé les services de paiement, sauf pour les services bancaires de
paiement que sont le chèque et les effets de commerce. Pour autant, la directive est venue réglementer
ces pratiques jusqu’alors
Il s’agit d’une législation impérative en ce qui concerne les paiements réalisés par des personnes
physiques n’agissant pas pour des besoins professionnels.
- Pour les opérations réalisées par des professionnels, lorsque le débiteur client de
l’établissement de crédit ou plutôt du prestataire de service de paiement est un professionnel,
les Etats membres ont la faculté de déroger aux règles communautaires.

SECTION 1 : LE DECLENCHEMENT DE L’OPERATION DE PAIEMENT

L’opération de paiement suppose toujours l’autorisation, le consentement du payeur et suppose qu’un


ordre de paiement été valablement donné, soit par le payeur, soit par le bénéficiaire.

I. L’AUTORISATION DE L’OPERATION DE PAIEMENT

Le paiement doit toujours être autorisé par le payeur et l’article L133-6 du CMF prévoit que
l’opération est autorisée si le payeur a donné son consentement, ce qui suppose que ce consentement
soit préalable. Le consentement peut être donné pour une opération ponctuelle ou une série
d’opérations (exemple : prélèvements permanents). Par exception, l’article L133-6 prévoit que le
consentement peut, si la convention entre le payeur et son PSP le prévoit, être un consentement
postérieur à l’exécution, ce qui permet une ratification d’une opération d’ores et déjà exécutée. Il faut
simplement que la convention de paiement le prévoie. Le texte ne précise pas quant à la forme de
cette ratification de l’opération de paiement. Cette disposition pourrait, dans le fond, modifier la
portée d’une réception taisante des relevés de compte pour les opérations passées en dehors de toute
considération de formalisme évidemment. Jusqu’à présent, la jurisprudence estimait que la réception
taisante des relevés de compte ne valait que présomption d‘acceptation, puisque l’acceptation doit
être antérieure aux opérations (ne supplée pas un formalisme impératif). On peut se demander si
dorénavant, même pour les opérations passées, une réception taisante pourrait valoir ratification
tacite d’une opération passée. L’article L133-7 du CMF renvoie à la forme convenue entre le payeur et
son PSP concernant l’expression de ce consentement, sachant que le respect des formes
conventionnelles est exigé ad validitatem (article L133-18), ce qui est logique, même pour les
paiements dématérialisés, et surtout pour eux, car la forme est la seule garante de la sécurité de
l’opération. Ce consentement peut être retiré tant que l’ordre de paiement n’est pas devenu
irrévocable.

II. L’ORDRE DE PAIEMENT

L’article L133-8 du CMF évoque l’ordre de paiement qui peut être donné par le payeur ou le
bénéficiaire. Le donneur d’ordres n’est pas nécessairement le payeur, l’article n’imposant aucune
forme quant à l’ordre de paiement. L’article prévoit également que le donneur d’ordre ne peut plus
révoquer l’ordre une fois qu’il a été reçu par le PSP du payeur. C’est une exception par rapport au droit
français antérieur fondé sur le mandat puisqu’en principe le mandat est révocable tant qu’il n’a pas
été exécuté. Ici, l’ordre est irrévocable dès qu’il a été reçu par le PSP, ce qui offre une garantie
supplémentaire pour le bénéficiaire : il a la certitude que le payeur ne pourra pas revenir sur son
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consentement. Autre sécurité : lorsque l’ordre est donné par l’intermédiaire ou directement par le
bénéficiaire du paiement, l’ordre de paiement est irrévocable dès qu’il est transmis par le payeur au
bénéficiaire, dès qu’il est reçu par le bénéficiaire. L’article L133-6 ou 25 ?? prévoit une exception
concernant les prélèvements : le payeur pourra retirer son consentement en dépit d’un ordre
irrévocable jusqu’à la veille du jour convenu pour l’exécution de l’ordre. Dès que le PSP reçoit l’ordre
de paiement, il doit agir avec diligence et agir au plus vite, raison pour laquelle l’ordre est irrévocable,
afin d’assurer la rapidité de l’exécution de l’opération de paiement.

SECTION 2 : L’EXECUTION DE L’OPERATION DE PAIEMENT

I. L’EXECUTION REGULIERE DE L’ORDRE DE PAIEMENT

Le PSP du payeur est dépositaire des fonds reçus du client. Il pèse sur ce dépositaire une obligation de
célérité dans l’exécution de l’ordre de paiement puisqu’il s’agit d’une restitution des fonds. En
conséquence, le prestataire engage sa responsabilité en cas d’exécution tardive d’un ordre de
paiement. Avant l’entrée en vigueur de l’ordonnance de 2009, la question était laissée à l’appréciation
des magistrats (illustrations dans la plaquette, document 10 de la séance 11 concernant un chèque
non provisionné). Aujourd’hui, les délais d’exécution sont strictement réglementés. Toutefois, la
satisfaction complète du bénéficiaire du paiement suppose en réalité 2 étapes puisqu’il s’agit de
transférer de la monnaie scripturale, inscrite en compte. Le PSP du payeur va donc devoir transférer
les fonds sur les comptes du PSP du bénéficiaire qui, à son tour, va inscrire les fonds sur les comptes
du bénéficiaire. Pour exécuter l’ordre, le PSP du payeur va transmettre les fonds au PSP du
bénéficiaire qui va ensuite créditer les sommes sur le compte du bénéficiaire. Ce n’est que lorsque le
bénéficiaire aura reçu les sommes en compte qu’il sera désintéressé au plan fondamental.

A) LES OBLIGATIONS DU PSP DU PAYEUR

Concernant les transferts des fonds du compte du PSP payeur au PSP du bénéficiaire, l’article L133-13
du CMF prévoit que les sommes doivent être portées au crédit du PSP du bénéficiaire le jour suivant la
réception de l’ordre de paiement. La date de réception de l’ordre de paiement est définie par l’article
L133-9 du CMF. La date de réception correspond par principe à la réception matérielle de l’ordre ou
du jour ouvrable suivant si l’ordre est reçu un jour non ouvrable ou de la date convenue par les
parties, entre le payeur et son PSP, s’il est prévu que tous les ordres seront considérés comme reçus
tel jour du mois. Il existe 2 exceptions à ce principe d’exécution le jour suivant la réception de l’ordre :
- Lorsque les sommes ne sont pas libellées en euros (article L133-12).
- Le délai d’exécution est prorogé d’1 jour supplémentaire lorsque l’ordre de paiement est donné
par un support papier (c’est quand même un paiement dématérialisé).

B) LES OBLIGATIONS DU PSP DU BENEFICIAIRE

Le PSP du bénéficiaire va recevoir els fonds sur son propre compte mais doit ensuite inscrire ces
sommes sur le compte du bénéficiaire du paiement. L’article L133-14 du CMF prévoit que le PSP du
bénéficiaire doit mettre les fonds à disposition de son client immédiatement après que son propre
compte a été crédité. Pour autant, le texte prévoit l’hypothèse d’une date de valeur différée qui ne peut
être postérieure d’un jour ouvrable à la date à laquelle le PSP du bénéficiaire a reçu les fonds du PSP
du payeur. La loi impose ainsi une exécution rapide des opérations de paiement en chiffrant, en
quantifiant les délais d’exécution, ce qui est un apport par rapport à la jurisprudence antérieure,
sachant que l’article L133-22 du CMF prévoit la responsabilité des prestataires de services de
paiement en cas d’exécution tardive de ces opérations. L’exécution doit être rapide, ce qui assure la
sécurité des parties, sauf incident de paiement.

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II. LES INCIDENTS LIES AUX OPERATIONS DE PAIEMENT

Il n’y a pas transfert de créance du payeur sur le PSP au profit du bénéficiaire. Mais néanmoins, cette
opération de paiement s’analyse en une forme de restitution indirecte des fonds déposés au sein d’un
établissement de paiement, d’un PSP, restitution qui se réalise entre les mains d’un tiers, créancier du
déposant, le payeur, et non directement entre les mains du payeur. Comme en matière de chèque, les
incidents de paiement sont de 2 ordres :

A) L’opposition à l’instrument de paiement

Elle se réalise par le payeur, la directive SEPA laissant une large place à la liberté des parties quant au
déroulé de l’opération. C’est la convention des parties qui prévoit la forme du consentement, de
l’ordre, sachant que ces procédures de paiement sont presque entièrement dématérialisées. Ces
paiements peuvent apparaître comme moins sécurité qu’un paiement sur titre. En contrepartie de
cette liberté laissée aux parties et plus exactement, au PSP (contrat d’adhésion), le législateur vient
renforcer les obligations et la responsabilité du PSP en la matière.

1. Les obligations du PSP

Les obligations du PSP concernant les oppositions sont prévues par l’article L133-15 du CMF. Le texte
prévoit que le PSP doit veiller à l’efficacité non seulement de l’instrument de paiement mais aussi des
dispositifs de sécurité personnalisés liés à l’instrument de paiement. En conséquence, le texte précise
certains aspects de cette obligation générale.
Tout d’abord, le PSP ne doit pas envoyer par courrier un nouvel instrument de paiement, il peut en
revanche envoyer un instrument de paiement de remplacement ainsi que le dispositif de sécurité
personnalisé accompagnant cet instrument (pour la carte, on ne peut pas envoyer la première carte
bleue mais on peut envoyer les suivantes avec les codes). Lorsque le prestataire envoie par courrier
un dispositif de paiement ou le dispositif de sécurité personnalisé accompagnant cet instrument de
paiement, le prestataire supporte le risque de cet envoi. Si l’instrument de paiement ou le dispositif de
sécurité est détourné, au moment de cet envoi, il revient au PSP d’en assumer la charge. C’est le risque
de l’envoi ici.
Ensuite, le PSP doit mettre en place les moyens permettant à son client de faire opposition et les
moyens de prouver qu’il a fait opposition à l’instrument de paiement.

2. Les obligations de l’utilisateur de services de paiement, du payeur

Corollaire des obligations du prestataire, le preneur a l’obligation, dès qu’il reçoit un instrument de
paiement, ou un dispositif de sécurité personnalisé, prendre toute mesure raisonnable pour préserver
la sécurité de l’instrument de paiement et des dispositifs de sécurité (article L133-16 du CMF). Le
texte ne précise pas ce qu’est une mesure raisonnable, elle sera laissée à l’appréciation du juge. Par
ailleurs, l’article L133-17 du CMF prévoit des obligations en matière d’opposition à l’instrument de
paiement, étant précisé que les dispositions de la directive sont inspirées de la réglementation
française sur la carte de paiement, elle-même inspirée de l’opposition au chèque. Cela peut donner des
indices d’appréciation ou d’évolution de la jurisprudence. L’article L133-17 prévoit que l’utilisateur
doit informer le PSP aux fins de blocage de l’instrument de la perte, du vol, du détournement ou de
toute utilisation non autorisée de l’instrument de paiement ou des données qui lui sont liées.
L’utilisateur doit informer le PSP de l’un de ces événements dès lors qu’il en a connaissance. Cette
opposition, ce blocage de l’instrument de paiement ne vaut que pour les opérations effectuées pour
l’avenir. Contrairement à ce qui est prévu en matière de chèques, l’opposition ne vaut pas révocation
de l’ordre de paiement passé. En matière d’instrument de paiement autre que le chèque, l’opposition
ne vaut que pour l’avenir ! Cela relèvera de la contestation des opérations de paiement.

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B) LE REFUS D’EXECUTION PAR LE PRESTATAIRE

Concernant le chèque, le mandat de payer est irrévocable, ce qui signifie que le banquier tiré a
l’obligation de payer dès lors que la provision existe et sauf opposition licite au chèque. A l’inverse,
s’agissant des paiements sur ordre, l’article L133-10 envisage un refus d’exécution de l’ordre par le
PSP du payeur. Cette disposition, a priori, autorise un refus d’exécution par le PSP sans en préciser les
conditions, sauf une : il peut refuser l’ordre sous réserve du respect des prévisions du payeur. Par
ailleurs, le texte prévoit que le PSP doit notifier son refus au client payeur, à l’utilisateur du paiement
(pas au bénéficiaire) dès que possible et en tout état de cause, à la fin du premier jour ouvrable
suivant la réception de l’ordre de paiement au plus tard parce qu’au plus tard le premier jour ouvrable
suivant la réception de l’ordre, l’utilisateur peut légitimement attendre que l’ordre soit effectué. La loi
reconnaît au PSP le droit de ne pas exécuter l’ordre de paiement, la loi (directive transposée)
prévoyant les modalités de ce refus (1 jour ouvrable) mais ne prévoit pas les motifs justifiant ce refus.
Reste à savoir si ce refus est discrétionnaire. Dans le silence des textes quant à ces motifs, il faut a
priori en revenir au droit commun du contrat de mandat et du contrat de dépôt puisqu’en réalité, ce
sera sous réserve de l’interprétation uniforme de la directive par la CJUE.

- Le refus du PSP est fondé sur une erreur matérielle (ce qui renvoie aux questions relatives à la
forme du consentement du payeur), en ce cas ce n’est pas réellement un refus d’exécution de
l’ordre puisque l’opération est simplement non autorisée si les formes n’ont pas été respectés,
l’ordre n’a pas valablement été donné.

- Le refus est fondé sur l’absence de provision, en ce cas le refus d’exécution de l’ordre n’est a
priori pas fautif parce que l’ordre de paiement vaut restitution indirecte de fonds déposés. Si
l’utilisateur de paiement ne dispose pas des fonds suffisants, le PSP n’est pas dépositaire et n’a
donc rien à restituer. Par ailleurs, le banquier n’a jamais l’obligation de faire l’avance de fonds
au client.

- Le refus est fondé sur la convention des parties, auquel cas le refus d’exécution de l’ordre ne
sera a priori pas fautif (exemples : limites liées au montant maximum de paiement ou virement
par jour).

- Dans les autres cas, hormis ces hypothèses, une faute du PSP qui refuse d’exécuter l’ordre de
paiement doit être envisagée. En tant que dépositaire des fonds, le PSP doit les restituer à vue,
c’est-à-dire sur demande du client et cela vaut également pour les restitutions au profit des
tiers que sont ces ordres de paiement. Il semble bien que le refus d’exécuter l’ordre soit fautif.
L’article L133-10 fait obligation au PSP de notifier le refus à l’utilisateur des services de
paiement et ce, au plus tard, le premier jour ouvrable suivant la réception de l’ordre. Hormis
ces hypothèses, le PSP doit exécuter l’ordre de paiement, ce qui n’empêche pas la contestation
des opérations de paiement.

SECTION 3 : LA CONTESTATION DES OPERATIONS DE PAIEMENT

Jusqu’en 2009, les dispositions du CMF, issues de l’ordonnance du 14 décembre 2000, ne


s’intéressaient qu’à la contestation des paiements par carte bancaire. Concernant les autres paiements
sur ordre, la jurisprudence avait déterminé les règles de contestation des opérations de paiement et
de responsabilité du banquier, en se fondant sur le droit commun (article 1134 bonne foi et
convention des parties, le contrat de dépôt et le contrat de mandat). En réalité, c’est tout ce que nous
avions envisagé au moment du fonctionnement du compte. Jusqu’à la transposition de la directive, il y
avait des dispositions spéciales relatives à la carte bancaire, et pour le reste, la jurisprudence qui
réglait les difficultés sur le droit commun. Le dispositif mis en place pour le paiement par carte a été
remplacé à compter du 1er novembre 2009, par le régime commun à toutes les opérations de paiement
autres que les services bancaires de paiement (chèques et effets de commerce), régime commun issu
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de la directive de 2007. La directive prévoit 2 chefs de contestation des opérations de paiement :


l’opération non autorisée et l’opération mal exécutée, sachant que le législateur a mis en place une
procédure commune à ces 2 types de contestations.

I. LES REGLES COMMUNES A L’ENSEMBLE DES CONTESTATIONS

A) LE DELAI DE CONTESTATION

L’article L133-24 du CMF prévoit un délai raccourci, bref de contestation des opérations. L’utilisateur
du service de paiement doit signaler sans tarder au PSP toute opération non autorisée ou mal
exécutée, sans autre précision sur ce délai de signalement, ce qui là encore laisse une liberté aux
parties, sous réserve des clauses abusives. Par ailleurs, l’utilisateur doit ensuite contester l’opération
au plus tard dans les 13 mois suivant la date de débit de l’opération et ce, sous peine de forclusion.
L’article L133-24 prévoit que les parties peuvent convenir d’un délai différent dans l’intérêt du
prestataire. Le délai peut être plus bref, sauf lorsque l’utilisateur du service de paiement est une
personne physique n’agissant pas pour des besoins professionnels, c’est-à-dire un consommateur. Le
délia de contestation des opérations est relativement bref, sachant que le texte ne prévoit pas
l’obligation de signaler rapidement une opération mal exécutée, sachant que ce délai est
contrebalancé par les règles relatives à la charge de la preuve qui sont particulièrement favorables à
l’utilisateur.

B) LA CHARGE DE LA PREUVE

Avant l’entrée en vigueur de l’ordonnance du 15 juillet 2009, il revenait par principe au banquier de
démontrer qu’il avait reçu l’ordre du client avant de se dessaisir des fonds. C’est à lui de prouver qu’il
a correctement exécuté son obligation. Toutefois, la réception taisante des relevés de compte valait,
pour les opérations, présomption d’acceptation et non pas acceptation tacite puisque l’ordre de
paiement doit être préalable à la restitution des fonds. Si le client contestait dans le délai d’1 mois,
c’était bien au PSP de prouver préalablement la restitution des fonds l’ordre du client. L’article L133-
23 revient sur ces principes puisqu’en cas de contestation d’une opération par l’utilisateur, il revient
au PSP de prouver que l’opération a été authentifiée, dument enregistrée et comptabilisée et qu’elle
n’a pas été affectée par une déficience technique. Cette nouvelle règle remet en cause a priori la
jurisprudence relative reconnaissant une présomption d’acceptation du fait de la réception taisante
des relevés de compte qui ne pourraient plus valoir présomption d’acceptation puisqu’en toute
hypothèse, selon cet article, c’est au PSP de prouver qu’il a bien reçu un ordre. Pas de méprise, cela ne
concerne que les opérations de paiement au profit d’un tiers bénéficiaire réalisées à compter du 1 er
novembre 2009 (application immédiate aux contrats en cours). Et même à compter du 1 er novembre
2009, cela ne vaut pas pour les autres opérations (intérêts débiteurs, commissions…). Ca ne vaut que
pour les opérations relevant du champ de la directive. Par ailleurs, cette disposition n’est impérative
que pour les opérations réalisées par des utilisateurs personnes physiques n’agissant pas pour des
besoins professionnels. Pour les opérations réalisées par des professionnels, une dérogation à cette
règle de charge de la preuve est possible si la convention le prévoit. Par ailleurs, le consentement du
payer doit en principe être préalable à l’autorisation de paiement mais une ratification de l’opération
est possible. Donc, par principe, le risque de la preuve pèse sur le PSP, l’idée étant que ces instruments
de paiement offrent une garantie moindre que le paiement par chèque, et ce qui est contrebalancé par
une responsabilité accrue du banquier, ces instruments de paiement, à l’inverse du chèque, n’étant
pas gratuits. La directive vient alourdir les opérations du banquier. Le client devra donc simplement
alléguer que l’opération a été exécutée sans son ordre ou qu’elle a été mal exécutée, il reviendra
ensuite au PSP de rapporter la preuve contraire. Si le PSP n’y parvient pas, l’opération sera considérée
comme non autorisée ou mal exécutée.

II. LA CONTESTATION D’UNE OPERATION DE PAIEMENT NON AUTORISEE


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En cette hypothèse, le client va contester être à l’origine de l’ordre, il estime que son consentement à
l’opération n’a pas été donné (il n’est pas à l’origine du virement ou du paiement…). Par principe, il est
toujours possible de demander remboursement à celui qui a détourné l’instrument de paiement. Celui
qui doit assumer les risques est celui qui a détourné. Mais qui du PSP ou du client utilisateur devra
supporter la perte financière liée au détournement de l’instrument de paiement si le détourneur a été
insolvable ou introuvable ? L’ordonnance remet en cause les règles établies par la jurisprudence sur le
fondement du droit commun. Avant 2009, en se fondant sur les règles relatives au contrat de mandat
et de dépôt, la jurisprudence estimait que la restitution des fonds sur autorisation d’un tiers, donc
sans autorisation du déposant, était irrégulière (obligation de résultat). Le banquier devait alors
immédiatement restituer les sommes à l’utilisateur. L’ordonnane de 2009 a a gardé ce principe avec
des exceptions.

A) PRINCIPE DE RESPONSABILITE DE PLEIN DROIT DU PRESTATAIRE

L’article 133-18 du CMF dispose que le PSP doit rembourser immédiatement au payeur le montant de
l’opération non autorisée, ce qui vient compléter la règle de preuve de l’article 133-24 : si on ne
parvient pas à prouver que l’opération a été dument autorisée par l’utilisateur, le banquier doit
rembourser (+ toutes les conséquences, commissions agios prélevés…).

B) LES EXCEPTIONS A LA RESPONSABILITE DE PLEIN DROIT DU PRESTATAIRE

Ce sont des exceptions qui existaient déjà mais dans des termes différents pour la carte bleue, non
pour les autres instruments de paiement. Dorénavant, ces exceptions valent pour tous les instruments
de paiement dématérialisés selon les termes du législateur européen. La responsabilité de plein droit
du PSP est atténuée lorsque :
L’instrument de paiement est doté d’un dispositif personnalisé de sécurité parce que le payeur a
l’obligation de faire opposition. Une fois l’opposition faite (article L133-20), le payeur ne supporte
aucune conséquence financière lié à l’utilisation de l’instrument de paiement, sauf agissement
frauduleux de sa part (opposition frauduleuse). Pour les opérations passées, réalisées avant que le
client n’ait eu le temps de faire opposition (vol de la carte le lundi, mardi mercredi et jeudi dépenses ;
on se rend compte plus de carte le samedi, on fait opposition). Pour ces opérations, le principe est
retenu est celui d’un partage de responsabilité entre PSP et le payeur (article L133-19 du CMF).
L’utilisateur devra supporter tout ou partie des conséquences financières de l’opération en fonction
de la convention des parties dans un plafond de 150€. Au-delà de ce plafond, la responsabilité
incombe au PSP. Cette exception subit elle-même 2 exceptions :
1° L’utilisateur ne supporte aucune perte dans 4 hypothèses (on revient au principe de responsabilité
de plein droit, perte assumée par le PSP) :

- Il s’agit des opérations de paiement réalisées sans utilisation du dispositif de sécurité


personnalisé (exemple : utilisation de la carte sans le code confidentiel comme le péage ou
certains Etats de l’UE ; paiement sans contact amis pas paiement internet avec le code de
sécurité).

- Lorsque l’opération a été effectuée en détournant à l’insu du payeur l’instrument de paiement


ou les données qui lui sont liées (difficultés de qualification avec le vol : si on se saisit la carte
bleue et qu’on l’utilise, c’est un volet la franchise s’applique ; mais si on a eu un piratage du
numéro, la franchise ne s’applique pas).

- En cas de contrefaçon de l’instrument de paiement, alors même que le payeur est en possession
de cet instrument (exemple : reproduction de carte bleue)
- Lorsque le prestataire n’a pas fourni au payeur les moyens de faire opposition (sanction du
PSP).
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2° Pas de partage de responsabilité entre le banquier et le prestataire mais responsabilité pleine et


entière de l’utilisateur qui devra assumer la perte : il s’agit soit de l’hypothèse d’agissement
frauduleux de sa part ou bien s’il n’a pas, intentionnellement ou par négligence grave, préserver la
sécurité des dispositifs de sécurité personnalisés ni fait opposition à l’instrument de paiement. Sa
faute le prive de la réparation due par le banquier. Sa faute doit la conduire à supporter les
conséquences du dommage. C’est une faute qui exonère totalement le banquier.
Le nouveau régime est assez proche de celui qui était prévu pour la carte bancaire. = Pour les
opérations de paiement réalisées sans autorisation du payeur alors qu’il y a un dispositif de sécurité,
l’exception au principe est le partage de responsabilité, sauf exception à l’exception (responsabilité
pleine et entière du banquier ou de l’utilisateur).

III. LA CONTESTATION D’UNE OPERATION MAL EXECUTEE

L’article L133-21 : le PSP doit exécuter l’ordre émis par son client. Si les informations fournies par le
payeur sont inexactes, le banquier n’est pas responsable, ce qui est logique au regard du principe de
non ingérence (exemples : erreur sur le montant, erreur sur le destinataire du paiement). Le banquier
n’a pas à vérifier la pertinence de l’opération. Toutefois, le PSP devra s’efforcer de récupérer les fonds
(relations interbancaires) mais il peut faire payer des frais à l’utilisateur si la convention le prévoit. Il
peut facturer ce service. Par ailleurs, ce sera en toute hypothèse au payeur de supporter l’insolvabilité
de l’accipiens, de celui qui a bénéficié le paiement indu et non au PSP.
Hormis l’hypothèse d’une erreur de la part du client, le PSP répond, est responsable de la mauvaise
exécution d’une opération de paiement. Toutefois, il faudra distinguer le rôle et la responsabilité des
différents PSP (article L133-22).

1ère étape : Concernant la transmission des fonds entre le prestataire du payeur et le prestataire du
bénéficiaire, le prestataire du payeur est responsable de plein droit à l’égard de son client, c’est-à-dire
qu’il devra, le cas échéant, rembourser les fonds (s’il a fait un virement de 1000 au lieu de 100 +
commissions et agios mais hypothèse inverse aussi) et en toute hypothèse, assumer les conséquences
du paiement fautif.

2ème étape : Concernant la transmission des fonds au bénéficiaire par le prestataire de paiement du
bénéficiaire (étape qui consiste à créditer les sommes sur le compte du bénéficiaire par son
prestataire), seul ce prestataire est responsable à l’égard du payeur (responsabilité délictuelle, article
1240) comme du bénéficiaire (responsabilité contractuelle fondée sur la convention de compte).
Par ailleurs, les textes envisagent la question d’un ordre de paiement qui serait transmis par le
bénéficiaire ou par l’intermédiaire du bénéficiaire, il est un risque d’une mauvaise transmission de
l’ordre de paiement. En général, l’ordre de paiement est transmis par le bénéficiaire ou par
l’intermédiaire de son prestataire, les textes précisent que le prestataire du bénéficiaire est
responsable de la bonne transmission de l’ordre de paiement au prestataire du payeur. La
réglementation paraît largement ou relativement (dépend du point de vue) abstraite. C’est l’intérêt de
la directive qui a pour objectif de permettre l’adaptation de cette directive à l’ensemble des opérations
de paiement qui nous sont aujourd’hui encore, ou en 2007, inconnues mais inventées des banques (v.
Neau Leduc). Depuis cette directive, de nouveaux modes de paiement sont apparus, parce que cette
directive de 2007 a été introduite avant la démocratisation des smartphones, donc avant l’explosion
du commerce électronique. Le paiement va être réalisé par une application, ce n’est pas un instrument
mis à la disposition par un PSP. C’est un ordre donné par le payeur par l’intermédiaire du bénéficiaire
mais également par l’intermédiaire de son téléphone. Mais ce n’est pas un instrument de paiement
directement mis à disposition de l’utilisateur par une banque. La mise en place de ces processus de
paiement a procédé d’un accord entre les PSP et certains opérateurs internet. Le risque est qu’il y ait
une forme de confiscation du marché. Afin de libéraliser le secteur, tout en garantissant la sécurité des
paiements, la directive SEPA II a été adoptée le 25 novembre 2015, celle-ci venant abroger et

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remplacer la directive SEPA I de 2007. Principale nouveauté de la directive, le texte vient consacrer 2
nouveaux services de paiement donc 2 nouveaux types de PSP :

- La directive reconnaît le service d’initiation de paiement qui consiste à initier un ordre de


paiement à la demande de l’utilisateur et concernant un compte de paiement détenu auprès
d’un autre PSP. L’initiateur va intervenir dans l’opération mais uniquement pour donner
l’ordre. ApplePay procède d’un service de paiement.

- La directive reconnaît le service d’information ou d’agrégation des comptes est un service en


ligne consistant à fournir des opérations consolidées concernant un ou plusieurs comptes de
paiement détenu(s) auprès d’un ou plusieurs autres PSP.

Afin de libéraliser le secteur, la directive prévoit que ces 2 services sont bien des services de paiement
qui, en conséquence, relèvent du monopole des PSP. En conséquence, pour libéraliser le secteur, la
directive prévoit un droit d’accès de ces nouveaux PSP que sont les initiateurs et les agrégateurs aux
informations détenues par le PSP gestionnaire du compte, au PSP du payeur.
Par ailleurs, la directive prévoit un renforcement des obligations de sécurité des PSP ainsi qu’un
renforcement de la protection des données personnelles des clients. En revanche, elle ne modifie pas,
ne bouleverse pas les principes régissant le déroulé d’une opération de paiement. Cette directive de
2015 devra être transposée le 13 janvier 2018 au plus tard. Le droit bancaire évolue en même temps
que les échanges. Une difficulté, la pratique bancaire vient bien souvent précéder le droit, c’est une
conséquence de la liberté contractuelle. Mais en cas de nouvelles difficultés, le juge devra statuer
avant même que le législateur ne se soit saisi de la question (garanti autonome, crédit documentaire,
compte, opérations de paiement…). Le juge devra statuer.

LEÇON 11: LA REGLEMENTATION DU CREDIT ET LES AUTRES


OPERATIONS DE CREDITS

SECTION 2 : LES RÈGLES PARTICULIÈRES AUX DIFFÉRENTRES OPÉRATIONS DE


CRÉDIT

I. LE CRÉDIT AUX ENTREPRISES : CRÉDIT AVEC MOBILISATION DE CRÉANCES

La mobilisation de créances est une opération de crédit à court terme permettant à une entreprise
d’obtenir immédiatement une avance de fonds correspondant au montant d’une créance non encore
exigible qu’elle détient, diminué d’une commission revenant à l’établissement de crédit qui sera
remboursé par le débiteur (exemple : Une entreprise livre des marchandises à un client le 1 er octobre,
pour une valeur de 100€, le paiement étant convenu pour la fin du mois. L’entreprise ayant besoin de
liquidités immédiatement, elle transfère sa créance à l’établissement de crédit qui, en échange, lui
remet immédiatement 80€, soit le montant de la créance diminué de sa rémunération.
L’établissement de crédit sera ultérieurement remboursé directement par le débiteur). Avant la
réforme de 2016 qui a consacré la cession de contrats, la cession de dettes et qui a simplifié la cession
de créances, le droit bancaire connaissait déjà 3 techniques de mobilisation de créances : l’escompte,
l’affacturage et la cession Dailly. Souvent, cette technique s’inscrit dans une convention cadre entre
l’entreprise et l’établissement de crédit qui s’entend d’une promesse de crédit. Ces conventions
comportent généralement 2 clauses :

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- Une clause de globalité par laquelle l’entreprise bénéficiaire de l’ouverture de crédit s’engage à
transmettre à son banquier l’ensemble des créances qu’elle détient sur ses clients et qui
répondent aux caractéristiques prévues par la convention. Elle permet d’éviter que l’entreprise
ne présente uniquement ses créances douteuses.

- Une clause d’exclusion qui réserve au banquier uniquement le droit de refuser certaines
créances en cas notamment, de doute sur la solvabilité du débiteur.

A) L’ESCOMPTE

L’escompte est une opération de crédit consistant à transférer la propriété juridique d’une créance,
par sa matérialisation dans un titre appelé effet de commerce, dans un titre papier ayant vocation à
circuler, à un établissement de crédit en échange d’une avance de trésorerie immédiate correspondant
au montant de l’effet de commerce, diminué d’une commission. Les créances peuvent être
matérialisées par des effets de commerce qui sont des titres papiers ayant vocation à circuler. Il s’agit
de titres négociables constatant au profit de son porteur légitime une créance de somme d’argent et
permet d’obtenir son paiement, la propriété de cette créance circulant en même temps que le titre. Le
Code de commerce distingue 2 titres permettant de matérialiser une créance :

- La lettre de change (créée par le créancier) est le titre par lequel une personne, le tireur, donne
l’ordre à une autre personne, le tiré, de payer à une date déterminée une certaine somme
d’argent à une troisième personne, le bénéficiaire et ce, précisément parce que le tireur est à la
fois créancier du tiré et débiteur du bénéficiaire. Le tireur transfère sa créance sur le tiré entre
les mains du bénéficiaire.

- Le billet à ordre (créé par le débiteur) est le titre par lequel une personne, le souscripteur,
s’oblige à payer à une date déterminée une certaine somme d’argent à une autre personne, le
bénéficiaire, soit de sa propre initiative, soit sur demande de l’un de ses propres créanciers.
Cela se rapproche d’une reconnaissance de dette mais cela va plus loin car le souscripteur
débiteur matérialise sa dette dans un titre.

Ces 2 titres ont pour objet de matérialiser une créance afin d’en transférer la propriété au profit d’un
bénéficiaire qui lui-même pourra faire circuler la créance, soit par remise au porteur, soit par
endossement. Fondamentalement, la technique est la même mais les techniques ne sont pas à
l’initiative des mêmes personnes. A cet égard, les articles L512-1 et suivants du Code de commerce
relatifs aux billets à ordre renvoient aux dispositions des articles L511-1 et suivants du Code de
commerce relatives à la lettre de change.

1. L’émission de la lettre de change

La lettre de change suppose nécessairement une relation fondamentale entre le créancier tireur et le
débiteur tiré : c’est cette créance fondamentale, qui est la créance dite de provision, qui justifie la
création du titre. Or, l’émission du titre au profit du bénéficiaire se justifie par une autre créance
fondamentale du bénéficiaire sur le tireur qui s’appelle la valeur fournie : c’est cette créance qui
justifie que le tireur se dessaisisse de sa créance de provision (par le biais du tiré) au bénéfice du
bénéficiaire qui, lui-même, pourra s’en dessaisir au profit d’un endossataire, de l’un de ses créanciers.
A cet égard, la lettre de change constitue :

- Un instrument de paiement en ce sens que l’on est toujours créancier de celui qui nous remet le
titre et ainsi, la propriété juridique de la créance.

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- Un instrument de crédit en ce que sa particularité est de comporter une échéance, c’est-à-dire


qu’elle circule tant qu’elle n’est pas exigible puisqu’elle est payable à terme, ce qui fait d’elle
constitue un instrument de crédit par incorporation de la créance dans un titre.

2.Les conditions de validité de la lettre de change

S’agissant des conditions de forme, l’article L511-1 du Code de commerce prévoit 8 mentions
obligatoires, à défaut desquelles le titre ne peut valoir comme lettre de change :

- La dénomination « lettre de change » qui doit être inséré dans le texte même de l’effet et non
seulement dans l’intitulé du titre.

- Le « mandat pur et simple de payer une somme déterminée », c’est-à-dire l’ordre de payer.

- Le nom de celui à qui il convient de demander paiement, à savoir le nom du tiré.

- L’échéance du titre, c’est-à-dire la date à laquelle le paiement peut être réclamé au tiré, la lettre
pouvant être stipulée à terme ou à vue (elle sera présentée au paiement à la discrétion du
porteur dans le délai d’1 an à compter de l’émission de la dette).

- Le lieu où le paiement doit s’effectuer.

- Le nom du bénéficiaire doit être précisément mentionné et ne pas être laissé en blanc.
Toutefois, le tireur peut valablement se désigner comme bénéficiaire.

- La date et le lieu où la lettre de change a été créé. A défaut de lieu, la lettre est considérée
comme souscrite au lieu désigné à côté du nom du tireur. En revanche, le défaut de date rend
nulle la lettre de change (Com. 29 mars 1994).

- La signature du tireur garantit que le tiré paiera à l’échéance le bénéficiaire et les porteurs
successifs. Attention, ici par l’émission de la lettre de change, le tireur donne certes l’ordre au
tiré de payer mais celui-ci s’engage cambiairement, c’est-à-dire qu’il s’engage lui-même à payer
à défaut de paiement par le tiré. A cet égard, la clause dite de non garantie du tireur est réputée
non écrite.

S’agissant des conditions de fond, la création d’une lettre de change est soumise à l’ensemble des
règles de droit commun qui régissent la création d’un acte juridique, à savoir le consentement, la
capacité, l’objet et la provision (qui est la cause de la lettre de change). Si l’une de ces conditions fait
défaut, le tireur ne sera pas engagé contrairement aux autres signataires qui seront valablement
engagés. En effet, l’article L511-5 du Code de commerce consacre un principe d’indépendance des
signatures : cet article indique que si la lettre de change porte la signature d’une personne incapable,
une signature fausse ou d’une personne imaginaire, les obligations des autres signataires n’en sont
pas moins valables. La nullité au fond d’un titre valable en la forme n’affecte pas l’engagement des
autres signataires. La validité de chaque engagement doit être envisagée séparément, ce qui signifie
que chaque signataire du titre s’engage cambiairement (exemple : le bénéficiaire du titre qui souhaite
remettre celui-ci à son créancier endossataire va devoir signer le signer, l’endosser. Se faisant, le
bénéficiaire devient endosseur et s’est engagé cambiairement en cas de défaillance du tiré). Ce
principe évite l’annulation du titre et garantit la sécurité du porteur puisque les signataires successifs
du titre ne peuvent opposer au porteur du titre la nullité de l’engagement du tireur.
Par ailleurs, l’article L313-13 du Code de la consommation interdit la signature d’une lettre de chance
à l’occasion de la souscription d’un crédit à la consommation.

3.Le transfert de la provision


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L’émission d’une lettre de change emporte transfert de la créance de provision du créancier tireur sur
le débiteur tiré au profit du bénéficiaire qui est lui-même créancier du tireur et ce, alors même que
ladite créance ne serait pas encore liquide, exigible et certaine. L’absence de ces caractères avant
l’échéance du titre ne fait pas obstacle à sa circulation. En revanche, l’article L511-7 du Code de
commerce dispose qu’il n’y a provision que si, à l’échéance de la lettre de change, celui sur qui elle est
tirée est redevable auprès du tireur d’une somme au moins égale au montant de la lettre de change.
Par ailleurs, l’article L511-7 indique qu’il appartient au tireur de faire provision, c’est-à-dire qu’il lui
incombe de faire en sorte que le tiré soit son débiteur au jour d’échéance de la lettre mais ce paiement
se fera entre les mains du porteur devenu titulaire de cette créance. A défaut pour le débiteur de faire
provision, le paiement ne sera pas justifié et le tiré pourra le refuser. Mais en vertu de l’article L511-6,
le tireur étant garant cambiaire du titre, il devra payer la lettre de change, raison pour laquelle il est
dans son intérêt de faire provision.

4.Les garanties de la lettre de change

- Faire défense au tiré de payer entre les mains du tireur : Le bénéficiaire ou le porteur peut
interdire au tiré de payer entre les mains du tireur, auquel cas, le tiré ne pourra pas
valablement se libérer entre les mains du tireur, et s'il paie le tireur, il devra néanmoins payer
le bénéficiaire ou le porteur en vertu de l'adage « qui paie mal paie de fois ». Il reviendra ensuite
au tiré d'agir contre le tireur en répétition de l'indu. En revanche, le tiré pourra opposer au
bénéficiaire ou au porteur toutes les exceptions qu'il pouvait opposer au tireur pour ne pas
payer.

- L’acceptation est, d’après l’article L511-9, un engagement cambiaire par lequel le tiré s’oblige à
payer le montant de la lettre de change à son échéance. Cet engagement impose au tiré de
payer le porteur du titre indépendamment de l’existence de la provision, c’est-à-dire qu’il
s’engage à payer sur présentation, qu’il soit débiteur ou non. Le tiré n’a pas l’obligation
d’accepter la lettre qui lui est présentée par le porteur qui souhaite des garanties mais ce refus
rend le titre suspect en ce que le tiré refuse ainsi de reconnaître qu’il est débiteur du tireur, ce
qui autorise le porteur à exercer immédiatement son recours contre les autres endosseurs, le
tireur et le cas échéant, à l’avaliste, sans attendre l’échéance.

- L’aval, qui est une forme de cautionnement commercial, est donné, d’après l’article L511-21
sur la lettre de change par les mots « bon pour aval » ou toute autre formule équivalente et doit
être signé par l’avaliste. Par cet aval, l’avaliste s’engage cambiairement à l’égard du porteur,
pour tout ou partie du montant de la lettre de change, à payer le titre à son échéance à défaut
de paiement par le tiré ou en cas de refus d’acceptation du tiré. Ainsi, l’avaliste, comme tout
signataire, est garant du paiement et de l’acceptation.

5. La circulation de la lettre de change

Une fois la créance de provision transmise au bénéficiaire dès l’émission de la lettre de change qui la
matérialise, celui-ci peut, en vertu de l’article L511-8 du Code de commerce, transmettre librement le
titre par voie de l’endossement. L'endossement doit être mentionné sur le titre et s’effectue par la
signature de l’endosseur. Chaque signataire du titre devient garant cambiaire du paiement et de
l’acceptation, de telle sorte que plus le titre circule, plus le titre gagne en garanties, ce qui signifie que
l’endossataire dernier porteur a droit au paiement de la part du tiré et de tous les signataires qui sont
garants du paiement et de l’acceptation. Dans cette hypothèse, le bénéficiaire qui devient endosseur,
donne l’ordre au tiré de payer entre les mains de l’endossataire qui devient porteur du titre et titulaire
de la créance de provision, ce dernier pouvant à son tour endosser le titre au profit d’un autre
endossataire. Toutefois, l’endossement peut être fait en blanc, auquel cas le tiré recevra pour ordre de
payer entre les mains du porteur, un endossataire non déterminé, de sorte que le titre et la créance,
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circuleront par simple remise au porteur. Dans cette hypothèse, puisqu’il n’y a ni de nom ni de
signature, le dernier porteur ne pourra se retourner que contre le dernier endosseur connu. Il existe 3
types d’endossements :

- L’endossement est réalisé à titre de procuration : L’endossataire est seulement chargé de


recouvrer paiement de la créance pour le compte de l’endosseur et ne devient donc pas
propriétaire de la créance.

- L’endossement est réalisé à titre pignoratif : Le titre sera remis à l’endossataire à titre de gage
jusqu’à ce que celui-ci soit satisfait, jusqu’à extinction de sa propre créance sur l’endosseur. S’il
est satisfait, il remettra le titre à son endosseur, à défaut, il retiendra le titre mais ne pourra pas
immédiatement obtenir paiement du titre.

- L’endossement est réalisé à titre translatif : L’endossement va transférer à l’endossataire la


propriété du titre et de tous ses accessoires. C’est par cet endossement au profit d’un
établissement de crédit que va se réaliser le crédit par mobilisation de créances : le banquier va
escompter la lettre de change, va devenir endossataire et donc porteur du titre et en
contrepartie de cet endossement à son profit, il va régler le montant de la lettre de change au
porteur précédent, déduction faite des intérêts et commissions. Il escompte la lettre de change,
règle au porteur précédent ou au bénéficiaire quand le titre n’a pas circulé (souvent le
bénéficiaire est le tireur). A l’échéance de la lettre de change, l’établissement de crédit
demandera paiement du titre au tiré.

6. Le paiement de la lettre de change

A l’échéance de la lettre, le porteur légitime du titre va en demander paiement au tiré. Ce porteur


légitime peut être le bénéficiaire initial ou bien, si le titre a circulé, le dernier endossataire désigné,
voire le porteur qui dispose matériellement du titre si l’endossement a été fait en blanc. Le porteur
légitime sera en réalité l’établissement de crédit escompteur de la lettre de change.

7.Le banquier doit procéder à la présentation au paiement

L’article L511-26 du Code de commerce prévoit que le porteur de la lettre de change doit la présenter
au paiement soit le jour où elle est payable, c’est-à-dire à son échéance ou, au plus tard, dans un délai
de 2 jours ouvrables. L’échéance présente un caractère impératif, c’est-à-dire que le paiement ne peut
pas intervenir avant cette échéance, sauf hypothèse de refus d’acceptation par le tiré. Si la
présentation au paiement est trop tardive, le porteur est dit négligeant et il perd ses recours
cambiaires mais conserve son droit d’être payé. Il est dans l’intérêt du tiré de vérifier la régularité de
la chaîne des endossements et la légitimité du porteur avant de payer car à défaut, son paiement n’est
pas libératoire et il s’expose à payer une seconde fois entre les mains du porteur légitime. Le paiement
peut être fait par tout moyen, mais en pratique, en application de la clause de domiciliation, le
banquier escompteur dernier porteur va présenter le titre au paiement à l’établissement de crédit
teneur de compte du tiré qui procédera au débit du compte du tiré du montant de la lettre de change.
Une fois le paiement effectué, le porteur doit remettre le titre au tiré, cette remise du titre valant
présomption irréfragable de paiement. Le paiement éteint tous les rapports fondamentaux comme les
rapports cambiaires et tous ceux qui ont reçu la créance de provision à titre de paiement sont
considérés comme désintéressés.

8.Le défaut de paiement

L’émission de la lettre de change repose toujours sur des rapports fondamentaux : le tireur créé la
lettre de change uniquement parce qu’il est à la fois créancier du tiré et débiteur du bénéficiaire au
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profit duquel il l’émet. Il en est de même de la transmission ultérieure du titre : l’endossement se


justifie par l’existence d’une créance de l’endossataire sur l’endosseur. Mais la spécificité de la lettre
de change est que son émission comme sa transmission font naître des rapports cambiaires. En
conséquence, le banquier escompteur porteur dispose de 2 types de recours :

S’agissant des recours fondamentaux :

- Le porteur impayé dispose d’une action à l’encontre du tiré, au titre de la provision puisque
l’émission comme la transmission de la lettre de change emportent transfert de la provision.
Dans ce cas, le tiré ne sera tenu de payer le porteur que si la provision existe et il pourra lui
opposer toutes les exceptions qu’il pouvait opposer au tireur (défaut de provision, nullité ou
inexécution du contrat, prescription…). Par principe, il incombe au porteur de prouver
l’existence de la provision faite par le tireur mais si le tiré a accepté la lettre de change et qu’il
s’est donc engagé cambiairement, l’article L511-7 prévoit que l’acceptation présume la
provision. Le tiré peut également opposer au porteur le paiement qu’il aurait fait entre les
mains du tireur, c’est-à-dire l’extinction de la créance de provision, sauf s’il a accepté la lettre
de change ou qu’il lui a été fait défense de payer entre les mains du tireur. Le tiré peut encore
opposer au porteur le paiement par compensation avec sa propre créance auprès du tireur.

- Le porteur impayé dispose d’une action à l’encontre du dernier endosseur, de la personne qui a
lui transmis la lettre de change, au titre de la valeur fournie, de l’avance de fonds. En pratique,
le banquier escompteur dernier endossataire va exercer ce recours par contrepassation : le
dernier endosseur remet le titre à un banquier endosseur en contrepartie d’une avance de
fonds. A défaut de paiement par le tiré, le banquier escompteur va contrepasser l’écriture pour
obtenir remboursement en débitant le compte de son client du montant précédemment
crédité.

- Le porteur impayé dispose d’une action à l’encontre de l’avaliste du tiré ou du dernier


endosseur, c’est-à-dire à l’encontre de l’avaliste des personnes dont il est créancier.
Néanmoins, depuis un certain nombre d’années, le cautionnement souscrit par une personne
physique est soumis à un formalisme obligatoire et par conséquent, l’aval d’une lettre de
change ne vaudra pas comme cautionnement en cas d’irrespect de ce formalisme (Com. 12
mars 2013).

S’agissant des recours cambiaires (qui sont tout l’intérêt de la lettre de change pour le porteur) :

En vertu de l’article L511-44, le porteur a un droit de recours en paiement contre chacun des
signataires (tireur, tiré accepteur qui refuse de payer, endosseurs, avalistes) qui se sont engagés
cambiairement à son égard. L’efficacité de ces recours est assurée par 2 principes :

- Le principe d’indépendance des signatures, consacré par l’article L511-5, veut que le signataire
actionné d’une lettre de change ne puisse pas opposer le vice qui affecte l’engagement d’un des
signataires, de sorte que le vice demeure sans incidence sur les autres engagements souscrits.
des autres signataires. Cela signifie que si le porteur doit être légitime, la régularité des
endossements s’entend d’une régularité formelle.

- Le principe d’inopposabilité des exceptions, consacré par l’article L511-12, signifie que les
personnes signataires actionnées ne peuvent pas opposer au porteur les exceptions fondées
sur leurs rapports personnels avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs, à moins que le
porteur, en acquérant le lettre, n’ait agi sciemment au détriment du débiteur (Com. 5 mars
1991). Cela signifie que le tireur peut céder plus de droits qu’il n’en a puisqu’il devra payer le
titre alors même qu’au plan fondamental, il n’est pas débiteur de cette créance de provision. Il
existe des exceptions au principe d’inopposabilité des exceptions :

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 Le vice apparent du titre est toujours opposable puisque les engagements cambiaires reposent sur
un formalisme strict, gage de sécurité.
L’absence de consentement ou l’incapacité du tireur qui ne peut se dessaisir de la provision est
toujours opposable.
 Les exceptions demeurent toujours opposables dans les rapports directs entre signataires (en cas
de contrepassation par le banquier qui n’est jamais qu’un recours qu’à l’encontre de son client
endosseur qui peut lui opposer les exceptions).
Le porteur de mauvaise foi ne bénéficie pas, d’après l’article L511-12 du principe d’inopposabilité
des exceptions, de sorte que le tiré notamment pourra opposer au porteur de mauvaise foi les
exceptions nées de la relation fondamentale ; la mauvaise foi s’entendant du fait pour la banque
d’avoir acquis la lettre en ayant agi sciemment au détriment du débiteur, c’est-à-dire du tiré. La
mauvaise foi du porteur permet seulement au signataire actionné de lui opposer les exceptions.
Toutefois, la mauvaise foi du porteur ne fait que perdre l’inopposabilité des exceptions mais pas le
paiement dont le tiré doit s’acquitter.

Le signataire qui a été actionné et qui a procédé au paiement du titre pourra obtenir remise du titre. Il
deviendra à son tour porteur du titre et pourra se retourner contre les autres signataires, de sorte
qu’au final, il y aura bien paiement par le tireur ou le tiré si l’un des deux est solvable. Ces recours
cambiaires sont efficaces puisqu’ils offrent la quasi-certitude d’obtenir paiement mais en contrepartie,
seul le porteur dit diligent peut exercer ces recours cambiaires. Ce dernier est considéré comme
diligent à une double condition :
- Lorsqu’il a présenté le titre au paiement dans les 2 jours ouvrables suivant l’échéance.
- Lorsqu’il a fait dressé protêt faute de paiement, c’est-à-dire qu’il a fait constaté le défaut de
paiement par le tiré par un acte d’huissier dans les 10 jours à compter de l’échéance. Toutefois,
le porteur est dispensé de cette formalité dans 2 hypothèses : lorsque le tiré fait l’objet d’une
procédure collective puisque dans ce cas, ce dernier a interdiction de payer les créances nées
antérieurement à la procédure collective et en présence d’une clause dite sans protêt ou clause
sans frais d’huissier (dispense conventionnelle).
A défaut de respecter ces conditions, le porteur est dit négligent et perd en principe ses recours
cambiaires. En revanche, il peut toujours agir au plan fondamental : la négligence n’éteint pas le droit.
Néanmoins, par exception à ce principe, la négligence du porteur ne lui fait pas perdre ses recours
cambiaires à l’égard du tiré accepteur comme à l’égard du tireur qui n’a pas fait provision. Les recours
cambiaires sont enfermés dans de stricts délais :
- Le recours cambiaire contre le tiré accepteur se prescrit par 3 ans à compter de l’échéance du
titre.
- Le recours cambiaire contre le tireur ou contre un endosseur se prescrit par 1 an à compter de
l’échéance du titre.
En pratique, le recours cambiaire du banquier escompteur est exercé contre son client endosseur qui
a remis le titre à l’escompte par la voie de la contrepassation. Toutefois, puisque la contrepassation
vaut paiement, la banquier est dans cette hypothèse interdit d’exercer ses autres recours cambiaires :
en toute hypothèse, s’il contrepasse l’effet de commerce, il est considéré comme payé et ne peut pas
agir contre les autres signataires du titre. L’établissement de crédit n’aura donc pas toujours intérêt à
contrepasser, notamment si le compte du client est débiteur mais plutôt intérêt à agir contre les
autres signataires (Com. 18 septembre 2012).

B) L’AFFACTURAGE

Né de la pratique et n’étant régi par aucun texte, l’affacturage est un contrat par lequel un
établissement de crédit, l’affactureur ou le factor, règle les créances de son client, l’adhérent,
moyennant le transfert de la propriété de ses créances et le versement d’une rémunération, en
contrepartie desquelles il se charge de leur recouvrement. La cession de créance ne repose pas sur
l’incorporation de celle-ci dans un titre qui ferait naître un rapport cambiaire, ce qui signifie en
conséquence que le banquier devient propriétaire de la créance à ses risques et périls et qu’il doit
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assurer le recouvrement des créances et supporter le défaut de paiement du débiteur, sans recours
possible contre son client. La technique de l’affacturage repose sur une subrogation conventionnelle et
non pas sur une cession de créances au sens strict : le créancier client de l’établissement de crédit
reçoit paiement de sa créance non pas par son débiteur mais par sa banque, le factor, or, du fait de ce
paiement, l’établissement de crédit est subrogé dans les droits et actions de son client à l’égard du
débiteur. Cela a 2 conséquences :

- Le créancier client est considéré comme désintéressé puisqu’il a obtenu paiement de sa


créance qui n’existe plus dans le patrimoine de ce dernier, ce dont il résulte que ses créanciers
ne peuvent plus la saisir.

- L’établissement de crédit, factor, n’est que subrogé dans les droits du créancier client, ce qui
implique une subrogation dans les mêmes limites : le débiteur pourra lui opposer toutes les
exceptions inhérentes à la dette qu’il pouvait opposer à son créancier initial (exemples :
paiement fait entre les mains du créancier, compensation avec une dette réciproque du
créancier).

La technique de l’affacturage offre un service de crédit mais assure également un service de gestion
des créances qui est assez coûteux en raison du risque pris par le factor.

C) LA CESSION DAILLY

Institué par une loi du 2 janvier 1981 et codifié aux articles L313-23 et suivants du CMF, la cession
Dailly est un mécanisme simplifié de cession de créances en ce que les créances vont pouvoir être
transmises en une seule fois par leur mention sur le bordereau Dailly. Cette cession peut être utilisée :

- A titre de garantie, auquel cas il y a transfert de la créance mais la cession n’est pas la
contrepartie du crédit : l’établissement de crédit consent un crédit mais l’avance de fonds
devra par principe être remboursée par son bénéficiaire client de la banque. Ce n’est qu’en cas
de défaillance du client que le banquier pourra se faire rembourser par le recouvrement des
créances. Ce recouvrement est subordonné à la défaillance du client et logiquement, il ne peut
recouvrer les créances qu’à hauteur de la défaillance et pas pour la totalité.

- A titre d’escompte, auquel cas la cession de créances est consentie en contrepartie de l’avance
de fonds, ce qui constitue effectivement un crédit par mobilisation de créances. Dans ce cas,
l’avance de fonds sera remboursée non pas par son bénéficiaire client de la banque mais par le
débiteur cédé. Le banquier cessionnaire va créditer le compte du client d’une somme égale au
montant des créances cédées, diminué de ses intérêts et commissions. En contrepartie de ce
crédit, il reçoit les créances à titre définitif et le crédit sera remboursé par le paiement des
créances par le débiteur cédé. Le cédant demeure garant, de sorte que la cession ne se fait pas
aux risques et périls du banquier.

1. Les conditions de la cession Dailly

S’agissant des conditions de fond


- La cession Dailly ne peut être réalisée que par une personne morale ou par une personne
physique agissant pour ses besoins professionnels.
- Le cessionnaire ne peut être qu’un établissement de crédit ou une société de financement
(opération de crédit ressortant du monopole bancaire).
- Seules des créances professionnelles (peu importe leur nature : contractuelle, délictuelle…),
c’est-à-dire nées dans un cadre professionnel peuvent être cédées. Ces créances peuvent être

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incertaines dans leur principe et dans leur montant mais doivent être identifiables et
évaluables.

S’agissant des conditions de forme


- Les créances cédées doivent être énumérées sur un bordereau soumis aux mentions
obligatoires de l’article L313-23 du CMF exigeant notamment des mentions relatives à
l’identification des parties et l’identification des créances cédées
- L’article L313-23 du CMF exige la signature du cédant ainsi que la mention, apposée par le
cessionnaire, de la date de la remise qui permet de déterminer la date à laquelle le transfert de
la créance s’opère.

2. Les effets de la cession Dailly

L’article L313-37 du CMF dispose que la remise du bordereau vaut transfert de propriété de la
créance à compter de la date apposée par le cessionnaire sur ce bordereau. C’est à cette date aussi que
la cession devient opposable aux tiers, la cession étant souvent qualifiée d’occulte car souvent, la
créance quitte le patrimoine du cédant, donc le droit de gage général des créanciers du cédant, sans
les avertir, sans aucune information des tiers. De plus, le cédant ne peut par principe plus recevoir
paiement de la créance, sauf dans une hypothèse : la jurisprudence admet que le débiteur cédé puisse
se libérer entre les mains du cédant qui reçoit paiement en qualité de mandataire du cessionnaire
(mandat tacite de recouvrement donné au cédant par le cessionnaire), auquel cas le cédant devra
restituer au cessionnaire les sommes perçues, même en cas d’ouverture d’une procédure collective
(document 10 de la séance 7 ????). En cas de procédure collective du cédant, les créances cédées
avant l’ouverture de la procédure (alors même que cela concernerait des créances nées
postérieurement à l’ouverture de la procédure en raison d’un contrat à exécution successive comme
des créances de loyer) ne lui appartiennent plus, celui-ci ne peut plus recevoir paiement sauf en
qualité de mandataire du cessionnaire. En revanche, le banquier cessionnaire peut se voir opposer
toutes les exceptions que le débiteur cédé pouvait opposer au cédant, notamment la nullité ou
l’inexécution du contrat par le cédant, le paiement réalisé entre les mains du cédant ou la
compensation avec une dette réciproque du cédant.

3. Les garanties du cédant

Le banquier cessionnaire peut se voir opposer toutes les exceptions par le débiteur cédé mais peut
toutefois garantir ses droits sur la créance :

- Selon l’article L313-24 du CMF, le cédant est garant solidaire de la créance cédée, de sorte que
le banquier cessionnaire ne subit pas le risque d’impayé.

- Le cessionnaire peut notifier la cession de la créance au débiteur cédé, auquel cas la


notification mettra fin au mandat tacite de recouvrement confié au cédant, ce qui implique que
ce dernier ne pourra plus recevoir paiement mais que surtout, le débiteur cédé ne pourra plus
valablement se libérer entre les mains du cédant puisque la cession ne lui est plus occulte. Si le
débiteur cédé payait le cédant, ce paiement ne serait pas libératoire et il s’exposerait à payer 2
fois même s’il pourra agir, le cas échéant, contre le créancier cédant.

- D’après l’article L313-29 du CMF, le banquier cessionnaire peut demander au débiteur cédé
acceptation de la cession. En ce cas, le débiteur s’engage directement auprès du cessionnaire à
lui régler la créance sans pouvoir opposer les exceptions qu’il pouvait opposer au cédant.

Hormis ces 3 hypothèses, le débiteur peut se libérer auprès du cédant en ce que la cession demeure
occulte. Or, la difficulté est qu’il existe 3 modes de mobilisation aux fins d’obtention de crédit :
l’escompte, l’affacturage et la cession Dailly. Il y a des risques qu’une entreprise désespérée, à court de
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trésorerie, mobilise plusieurs fois la même créance et selon différents modes. Se pose alors la question
des conflits entre un banquier escompteur et le factor ou entre un banquier escompteur et le banquier
cessionnaire Dailly ou entre le factor et le cessionnaire Dailly. Par principe, il convient de régler le
litige en fonction de la date de transfert de la créance et tenir compte des éventuelles notifications et
acceptations par le débiteur cédé ou le tiré.

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