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À QUOI SERVENT LES BANQUES ?

Il a existé historiquement différents types de modèles bancaires :


 le modèle de la banque de dépôt : collecte de l'épargne
 le modèle de la banque d'affaire : spécialisation bancaire (ex : banque protestante du
2nd Empire  les frères Pereire),
 le modèle de la banque universelle (généralement considéré comme allemand) : la
banque par son volume tient l'ensemble des compartiments = affaires et particuliers.

MODÈLE ALLEMAND :
La banque universelle allemande est liée au développement de l'industrie  nécessité de
lever beaucoup de capitaux. Banques deviennent partie prenantes de l'industrie.

MODÈLE ANGLO-SAXON :
Les banques sont amenées à se confronter à la finance directe (rencontre demande/offre).

MODÈLE FRANÇAIS :
Sous développement historique des marchés financiers  facilite le financement indirect
(financement bancarisé, intermédiaire). En France, pendant longtemps, le modèle a été celui
de l'économie d'endettement = taux directeur bas pour faciliter les emprunts à taux réduits :
prêts généreusement accordés, l'inflation efface la dette. Dans l'économie d'endettement,
les ANF (Agent Non Financier : ménages, entreprises) s'endettent auprès des banques, elles-
mêmes demandeuses de monnaie auprès de la banque centrale. La banque centrale
refinance le système, rôle de prêteur en dernier ressors. Ce modèle a déjà commencé à être
remis en cause à la fin des 60's, et l'a clairement été au début des 80's. Raison macro
économique majeure = ce système est inflationniste ! Le développement des marchés
financiers s'opère à ce moment là  change de fait le rôle des banques.
La banque devient un acteur parmi d'autres sur les marchés financiers.

RÔLE :
 Collecte et gestion de l'épargne : la banque est censée mieux gérer l'argent qu'un
particulier seul.
 La banque octroie des crédits : elle doit être capable d'évaluer les risques (ne pas
prêter à n'importe qui n'importe comment)
 La banque gère les instruments de payement : cartes bleues, chéquiers, etc.
Le rôle de la banque change à cause de la financiarisation de l'économie : elle devient un
acteur régulier des marchés financiers, à la différence de son image prudentielle (gestion des
risques) qu'elle a du mal à exercer dans une économie de marchés financiers.
 La banque peut ne plus être capable de gérer les risques (ex : Lehman Brothers 2007)
Cette question de contrôle bancaire s'était déjà posée après la crise de 29  Glass-Steagall
Act (1933) : séparation des banques de dépôt et des banques d'affaire.
Loi Dodd-Franck aux USA (2010) : volonté de séparer davantage les activités bancaires sur les
marchés financiers, à partir des risques qu'elles représentent.

La BRI (Banque des Règlements Internationaux) a posé dès 1988 les accords de Bâle (Bâle
1) : il s'agissait d'établir une règle entre les actifs propres des banques et les actifs risqués : le
ratio devait être de 8%. Objectif : éviter que les risques pris par les banques débouchent sur
une faillite bancaire.
2004, Bâle 2 : on décide d'élargir le contenu de ce qui est contrôlé. À partir de 2004, le
risque de crédit (= prêts) est contrôlé ainsi que le risque de marché (= évolution de la valeur
des titres).
2010, Bâle 3 : renforce les règles préétablies et vise à accroitre le fond propre des banques.
Elles ont été renflouées après la crise de 2008. Jusque là, 4.5% et en 2019 va passer à 7%.
Fond propre = capital de départ de l'entreprise.
Aujourd'hui (2017), on est entrain de négocier Bâle 4.
Objectif : être capable de mesurer précisément les risques en amont.

Essor du shadow-banking = toutes les activités bancaires qui figurent dans le hors bilan. Elles
sont favorisées par le développement d'acteurs financiers tels que les hedge funds ou les
sociétés écrans créées pour jouer sur la différence fiscale, l'absence de contrôle des capitaux
et les droits des sociétés.
 Opacité accrue, contrôle réel des risques de la banque très complexe.
Depuis la crise, le shadow-banking n'a pas disparu : il représente 60 milliards de $ en 2007,
et 80 milliards en 2015.

Cela justifie la multiplication de directives sur le contrôle des banques (en 2011 en UE par
exemple). Or les banques sont des "champions nationaux", des fleurons. Elles peuvent être
menacées par des contrôles extrêmement rigides et qui feraient baisser leur compétitivité
par rapport à leurs concurrents (point de vue des banques). C'est ce qui fait que les tests
sont critiqués, car ils sont accusés de dissimuler l'ampleur de certains risques.
Pour l'instant, on veut séparer davantage les activités des banques (retour en arrière) mais il
s'agit également d'agir en amont, de manière préventive, pour éviter les faillites bancaires.
 France : réforme bancaire proposée en 2013 par Montebourg  Échec.
Les banques arrivent en général à éviter les réformes qui leur seraient défavorables.
L'objectif serait que les banques puissent avoir plus de fonds propres et moins de dettes à
leur passif (la dette est addictive) sécuriser le bilan comptable des banques, et donc leur
solvabilité.
Quand une banque prête de l'argent, elle exige entre 20 et 30% de fonds propres. Elle
n'applique pas à elle même ce principe là. Les banques aujourd'hui ont entre 80 et 90% de
dettes à leur bilan (et donc que 10% de fonds propres).
Au 19ème siècle, les banquiers étaient responsables sur leurs avoirs propres. Les capitaux
propres pouvaient atteindre 40 à 50% de l'actif de la banque.
C'est particulièrement dans les 80's que le bilan des fonds propres a fortement chuté (d'où
Bâle en 1988). Au départ, un simple ratio fond propre/actif semblait suffire, ce qui s'est
avéré largement insuffisant avec la multiplication des sophistications financières.
La financiarisation aujourd'hui conduit les banques à tenter de réduire leur fond propre qui
ne leur rapporte rien et d'accroitre leur risque (leur niveau de rendement potentiel).
C'est particulièrement le cas dans un contexte où les taux d'intérêt réels sont faibles, ce qui
veut dire que les marges des banques sont en partie rognées.

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