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L'ASIE

I- Crise asiatique de 1997


Cas d'école : elle sert de point de référence pour beaucoup de crises qui vont suivre
(Argentine, Brésil, Russie, Mexique...).
1982 : grande crise mexicaine de la dette
1997 : crise asiatique, davantage directement financière

Histoire :
2 juillet 1997 : les autorités thaïlandaises laissent flotter leur monnaie (le baht) qui se met à
plonger littéralement et entraine la quasi totalité des pays d'Asie (les dragons, les tigres). La
dépréciation du change varie selon les monnaies entre 30 et 50% en 2 mois, ce qui montre
l'effet "prophétie auto-réalisatrice" de l'histoire...
Explication post-crise de la part du FMI et de la BM : manque de transparence financière qui
prévalait dans ces économies (même si rien n'avait été signalé dans les années précédentes)
Jusqu'alors, l'entrecroisement des relations entre financiers et industriels était considéré
comme étant une vertu. C'est devenu un défaut, l'opacité serait devenue l'origine du
surinvestissement.
Entrées de capitaux massives jusqu'à juin 1997. Les agences de notation n'ont décelé
(comme d'habitude) aucun signe avant-coureur.
Crise due à un afflux de capitaux qui s'est porté massivement sur la zone asiatique. Cette
entrée massive a dans un 1er temps généré une croissance économique en partie factice. On
voit bien comment des pays émergents dépendent de financements extérieurs. Les retraits
de capitaux sont massifs en Indonésie, en Corée du Sud, en Thaïlande  appel quasi
instantané au FMI. Le FMI applique des mesures habituelles = rigueur budgétaire pour
freiner la demande intérieure et le déficit commercial, et hausse des taux d'intérêt pour
défendre la monnaie. En Corée, le taux de croissance dépassait 8% avant la crise, le taux
d'inflation était à 5, et le déficit commercial était très limité (entre 2 et 5% du PIB).
C'est donc avant tout une crise de la finance privée.
Les banques locales avaient massivement emprunté à court terme en $. Quand la
dépréciation du taux de change s'est opérée, elles ont été étranglées par les dettes  crise
de liquidité puis de solvabilité bancaire.
Dimension financière de la crise car hétérogénéité des pays : Corée déjà membre de l'OCDE
(pays industrialisé) alors que l'Indonésie est presque un pays en sous-développement.
Malaisie : inflexion, elle rétablit dans les années qui suivent un strict contrôle des capitaux
pour que l'État puisse être capable de guider les investissements économiques.
Effets variables d'un pays à l'autre, certains renouent avec la croissance dès 1999 (Corée).
Les titres émis (qui ont circulé dans la zone asiatique) étaient largement obligataires. Du
coup, les hedge funds ont investi sur le marché boursier + spéculation immobilière assez
forte. Maillon faible du système asiatique = le système bancaire : faible estimation des
risques, risque de change très élevé.

Signe avant coureur : en janvier 1997 en Thaïlande, un des grands conglomérats a fait faillite.
La liberté de circulation des capitaux favorise le comportement de panique  attaque
contre la bourse de Hong-Kong en octobre 1997. Véritable choc, car l'invulnérabilité
supposée des pays asiatiques a désormais été remise en cause.
Le won coréen perd 50% de sa valeur entre juillet et octobre, et la roupie indonésienne 80%.
Même le plan d'urgence établi par la Corée ne suffit pas à limiter les sorties de capitaux (qui
continuent encore en décembre). Il faut attendre un déblocage immédiat de 10 milliards de
$ du Trésor américain et l'insistance du FMI auprès des banques internationales pour
qu'elles maintiennent leurs investissements en Corée (presque rôle de "prêteur en dernier
ressors"). Cela produit un effet y compris au Japon (effet domino).

II- Problèmes du Japon depuis les années 80


On sait que l'une des caractéristiques importantes du modèle japonais depuis 1980 (Japon
considéré comme une puissance économique) est un surcroit d'épargne. Cette épargne s'est
dans un 1er temps exportée dans le reste du monde. À partir des 90's, double éclatement des
bulles boursières et immobilières qui a contribué à réduire l'investissement domestique (=
investissement privé).
Le déficit public est devenu LE principal débouché interne de l'épargne des ménages. Ce qui
veut dire que la seule marge de manœuvre de l'État japonais a été de laisser progresser son
endettement. Cela permet d'expliquer comment un pays dont la dette publique est de plus
de 2 fois la valeur du PIB (dette = 210% du PIB) a des taux d'intérêt aussi bas (ce sont les
ménages japonais qui placent leur épargne).
Ces dernières années, ce sont les entreprises qui ont contribué au financement de la dette
 endettement sans pleurs.
Ce qui est inquiétant, c'est que entre le début des 90's et le début des années 2000, la dette
publique japonaise a plus que triplé. Il faudrait distinguer la dette publique nette (on prend
en compte les avoirs) du Japon de la dette publique brute  on se rendrait compte que
l'État japonais possède un stock d'actifs financiers très important (l'État a racheté sa propre
dette ou celle des collectivités locales).

Problème : très fort endettement de la dette des ménages et des entreprises. Dans les 80's,
le crédit a été très bon marché, très abondant et les investissements nombreux.
 Le dégonflement des bulles a accru la propension à épargner.
C'est surtout dans les 90's que la baisse de la demande en capitaux des entreprises va
réduire l'endettement privé. On a donc un véritable enchainement : les entreprises
empruntent moins  elles achètent moins de titres d'obligation d'État  elles ont moins de
résultat  elles payent moins d'impôts  augmentation du déficit public.

Par rapport aux autres pays d'occidentaux, le Japon possède une épargne privée plus
importante. Culture de l'aversion au risque très forte notamment chez les ménages, qui
préfèrent détenir des obligations d'État (méfiance à l'égard du système boursier). Les
ménages sont à la recherche de placements surs. Les innovations financières conduisent à
une sorte de captation de l'épargne privée par l'État japonais pour financer ses propres
besoins. Les taux de prêt pour 10 ans étaient de 1% : on prêtait de l'argent pour 10 ans et on
ne touchait que 1%...
Néanmoins les marges du Japon ne sont pas sans limites : effet potentiel du vieillissement de
la population, et de la diminution de la population active. Cela conduit déjà à une
dégradation de l'épargne des ménages.

Ce qui risque de se produire = augmentation des taux des obligations. Pour récolter de
l'épargne, il va falloir augmenter son rendement. Risque de poser problème au déficit
japonais (le Japon ne risque pas de défaut de paiement car ce sont les ménages japonais qui
détiennent la dette mais si les taux de croissance nominaux ne sont pas positifs, problème).

Depuis les années 2000, la situation des entreprises s'est caractérisée par une épargne nette
positive. Elles dégagent plus d'épargne que de capacité de financement, ie elles
n'investissent pas.

Structurellement, le Japon est un pays qui enregistrait des excédents commerciaux très
importants (liés à la compétitivité externe du Japon).
Les exportations japonaises se sont déplacées géographiquement, notamment vers d'autres
pays de la zone même si à la fin de la période, la dépréciation du yen a restauré la
compétitivité prix externe des exportations japonaises.
Longtemps, le commerce extérieur japonais soutenait la demande, cela a été un peu moins
le cas durant la période. Le véritable défi auquel va être confronté l'État japonais dans la
gestion de sa dette va être de la stabiliser (elle ne pourra jamais la réduire). La marge de
manœuvre serait évidement le prélèvement fiscal (= un des prélèvements les plus faibles des
pays développés). Le poids des impôts dans le PIB au Japon au début 2010 est de 17% contre
25% en France, 30% au RU (plus d'impôts qu'en France mais moins de prélèvements
sociaux). Le taux de TVA est structurellement faible (entre 3 et 5%, 18% de moyenne
européenne). Ces mesures de pression fiscale sont très impopulaires au sein de la
population.
Paradoxe japonais : la fiscalité sur les ménages est très faible, mais conséquente sur les
entreprises (40%, plus que la plupart des pays occidentaux). Il faudrait prélever plus sur les
retraites.

III- Abenomics
Abenomics = désigne la politique mis en œuvre sous Shinzo Abe, 1er ministre du Japon depuis
décembre 2012.
Objectif : rétablir une dynamique de croissance, et stopper la déflation japonaise (qui existe
depuis le début des 90's).
Pigou : ce qui compte, c'est la valeur effective de la monnaie.
Déflation s'est accompagnée d'une baisse des exportations (car la déflation augmente la
valeur de la monnaie).
BOJ = Banque Centrale du Japon.
Abe a imposé une politique monétaire accommodante (l'économie japonaise a été
littéralement inondée de liquidités).
La taille de la BOJ double, en 2 ans (2012-2014), elle passe de 12% à 60% du PIB japonais (car
elle rachète les obligations du gouvernement japonais)  politique monétaire offensive.
Dès 2013, le taux d'inflation redevient positif (1.5)  dynamise la bourse japonaise et en
même temps le Yen a été déprécié (il a perdu entre ¼ et 1/3 de sa valeur par rapport au $ en
1 an). Cela a donc favorisé la reprise des exportations.
2011 : tsunami  le bilan a mis en place un grand projet d'infrastructures pour que les
investissements publics prennent le relais des investissements privés et que cela favorise
une sorte de croissance auto-entretenue.
En même temps, des mesures structurelles sont adoptées par les Abenomics (conseillers de
Abe) :
 politique de dérégulation des services, de l'agriculture
 plus grande ouverture aux investissements étrangers : c'est le TPP
 mise en place de zones économiques spéciales à fiscalité réduite (comme en Chine).
Du point de vue politique, ces mesures sont vues comme des mesures de redressement
national.
Salaires en régression de 12% entre 1996 et 2015  les ménages ont été obligé de puiser
dans leur épargne pour maintenir la consommation (cela ralentit l'économie du pays).

Selon le FMI : l'inflation demeure insuffisante au Japon. Les salaires demeurent très
largement à l'arrêt, et la dette publique trop lourde  problèmes du Japon non réglés.
Croissance prévisionnelle de 1.3 en 2017 et de 0.6 en 2018  Japon en retrait des pays
développés.
Crise japonaise due à une double bulle boursière et immobilière = largement entretenue par
la politique monétaire expansive. La BOJ a favorisé de manière massive le développement du
crédit pour faire face au problème. Lorsque la crise éclate, fin des 80's, l'indice de la bourse
japonaise perd 60% en 2 ans de sa valeur. Les banques perdent une grande partie de leurs
capitaux propres. Elles sont en plus frappées de plein fouet par le krach immobilier et
obligées de vendre à perte une partie de leur actif (ce qui favorise en plus la baisse des
prix...). Crédit crunch = elles arrêtent de prêter.
 1994 : 7 organismes de crédit immobilier font faillite.
 1997 : 3 célèbres banques d'affaire japonaises font faillite.
 1998 : le gouvernement doit nationaliser 2 banques d'affaire en faillite (dont la
fameuse LTCM)
 Système bancaire paralysé.
En 1998, l'État investit l'équivalence de 12% du PIB japonais. Avec cette crise, avènement de
la déflation. Politique monétaire extrêmement accommodante pour doper l'économie
réelle.
Mais la baisse des prix crée un cercle vicieux : cela accroit la valeur de la dette. Le prix des
terrains a perdu en 2003 80% de sa valeur.
La banque du Japon tente d'inonder le marché financier en passant d'un achat de 40
milliards à 300 milliards de titres  politique de quantitative easing (que les USA et l'Europe
reprendront).

IV- Le capitalisme asiatique évolue-t-il vers un capitaliste


anglo-saxon ?
De nombreux pays se sont rapidement convertis à l'économie de marché (Chine) = soutien à
la thèse de "fin de l'histoire" et de triomphe du capitalisme.
Assistons-nous à une convergence vers un modèle globale ou à une singularité ?

On peut expliquer différemment la prospérité et les crises des pays asiatiques :


 Perspective néoclassique : souligne les défauts de qualité des marchés des pays en
crise.
 Approches régulationnistes : insistent sur les régulations propres aux États. C'est le
cas des Keiretsu (= conglomérats) au Japon.

Le capitalisme asiatique serait caractérisé historiquement par une présence plus grande des
institutions que des marchés.
o Capitalisme autoritaire (Chine, Indonésie, Thaïlande)
o Modèles émergents et fragiles (Malaise, Philippines)
o Cités-États (HK, Singapour)
o Économies caractérisées par des progrès technologiques élevés et un encadrement
du travail (Japon, Corée, Taïwan).
 Déjà au sein du capitalisme asiatique, il existe des différences.

Au Japon, à partir des 90's, réformes néolibérales mises en œuvre (le capitalisme financier a
progressé). La firme japonaise s'est transformée, le marché du travail a été en partie
dérégulé. Autrement dit, si on ne peut pas dire que le Japon soit un capitalisme anglo-saxon,
il en est moins loin qu'il ne l'était il y a 20 ou 25 ans, même s'il y a des résistances.

Corée du Sud : avant 1987, le modèle coréen est un modèle de pays autoritaire, tiré par les
exportations. Productivité élevée, bas salaires.
Mais le système coréen a évolué entre 1987 et 1997 (protestations en Corée pour les
augmentations de salaire, demande de répartition des gains de productivité).

Chine : croissance de plus en plus tirée vers la consommation domestique. Y compris en


institutionnalisant davantage le marché du travail plutôt qu'en le libéralisant.
La croissance chinoise reste très largement favorisée par un contrôle étroit du crédit et de la
politique de change (sous-évaluation du Yuan).
Théorie du vol d'oies sauvages : énoncée en 1937 (pour le Japon à l'origine) = un pays
s'industrialise sur des produits simples, et exporte de plus en plus des produits complexes.
Pour certains, la Chine ne suivrait pas ce modèle puisque c'est la standardisation et la
modularité des produits (= fabrication et assemblage dissociés), appuyés sur les IDE, qui
créent un vaste réseau productif en Asie.
Excédent commercial record en Chine permet de régler beaucoup de problèmes
domestiques (comme les secteurs en déclin par exemple).
Contrepartie : forte dépendance à l'égard de l'extérieur.
Accords sino-nippon fin 2011 : pour pouvoir utiliser leurs monnaies plutôt que le $ dans leurs
échanges (et éviter les coûts de transaction).

Point commun des pays asiatiques : faible développement des marchés domestiques
(nécessaire pour réduire les inégalités internes par exemple).
 Occidentalisation du capitalisme d'Asie mais pas trop.

V- L'Inde
1) Les castes

Les castes n'existent pas qu'en Inde mais c'est dans la société indienne que cette forme
sociale a été le plus discutée car elle a une place majeure dans l'organisation de la société.
Un des 1ers auteurs français à avoir défini le système des castes = Célestin Bouglé (proche de
Durkheim) en 1935 : "une société est soumise au régime de castes si elle est divisée en un
grand nombre de groupes héréditairement spécialisés, hiérarchiquement superposés et
mutuellement opposés". Elle s'oppose au mélange de sang, aux conquêtes de rang et aux
changements de métier. Les classes sont aussi structurées par type de métier.
Force du système = accorder un rang. Comme le disait Max Weber "l'hindouisme consacre
des conduites de vie fondées exclusivement sur la piété"  tout découle de l'appartenance
de caste, notamment le métier. L'hindouisme incite à l'acceptation du monde (de l'ordre
social) car la voix du salut est possible par la réincarnation.
 Au sommet se trouvent les intérêts religieux consacrés : les brahman (prêtres) 
milieux politiques, d'administration
 Guerriers = kshatriya,
 Les agriculteurs, les marchands = vaiscya  milieux d'affaire
 Les serviteurs et les mendiants = shudras
Endogamie stricte (mariage dans le même groupe), hypogamie = mariage avec quelqu'un
d'en dessous.
Opposition entre la pureté et l'impureté. Religion polythéiste  met l'accent sur la
réincarnation. La caste des brahman assure sa supériorité y compris matérielle car les autres
castes doivent se laver de leurs impuretés en leur faisant des dons.
Gandhi : conservateur en terme de castes  il n'a pas fait bouger franchement les choses.
Pratiques qui demeurent clientélistes et conservatrices jusque dans les 90's. Les britanniques
avaient instauré des écoles pour les basses castes et une politique de bourse avec des
quotas dans la fonction publique.
Après 1947, Nehru lance un programme de promotion des basses castes (Other Background
Classes).
1963 : arrêt de la cour suprême indienne qui casse les mesures en terme de quotas car
jugées contraire à la constitution.
On assiste à une montée des partis nationalistes (comme le Bihar) qui estiment que le
socialisme est incompatible avec les classes.
Blocages surtout au Nord de l'Inde.
1978 : 2ème commission présidée par Mandal (issu des basses castes) : il propose de réserver
27% des postes de la fonction publique pour les basses castes (plutôt que 12.5%). Les
intouchables se sont alliés aux OBC (Other Background Classes).
Représentants de OBC = 11% en 1984 et 25% actuellement.
Empowerment au sein de la population indienne en politisant les basses castes. C'est par
l'accès au pouvoir politique que les basses castes ont pu avoir une meilleure représentation.
2) Démocratie indienne et castes

Jaffrelot (spécialiste de l'Inde) parle de "révolution silencieuse en marche depuis les 90's".
Yadavs = communauté du Nord. Un des groupes de caste les plus nombreux, qui a bénéficié
des réformes agraires. Deviennent des concurrents du Parti du Congrès, jusqu'alors
dominant.
L'idée est de montrer comment la démocratie va perturber le fonctionnement du système
de castes. Cela va affecter le domaine de la parenté  les petites divisions internes qui
existaient tendent à perdre de l'importance, prise de conscience du nombre (ils prennent
conscience qu'ils sont majoritaires).
Transformation religieuse, sorte de néo-hindouisme qui privilégie l'unité du groupe et la
figure divine de Krishna. Processus de substantialisation de la caste  signe d'appartenance
commune plus qu'une contrainte. La caste se transforme en un groupe ethnique susceptible
de défendre ses intérêts.

3) Le capitalisme indien

Claude Markovitz : grand spécialiste de l'Inde coloniale.


Impact du colonialisme britannique ?
 Le discours dominant dans le nationalisme indien est d'associer la période coloniale à
de la désindustrialisation + au déclin de la production (et notamment celle de textile)
 Certains secteurs artisanaux traditionnels ont perduré après la colonisation 
industrie moderne dès le milieu du 19ème s (textile, ouverture des usines Tata en
1911)
 Le capital indien a été le moteur principal du développement industriel de la période.
De grands groupes s'édifient début 20ème : Tata et Birla
 1947 : l'Inde a déjà une infrastructure industrielle, et une classe d'entrepreneurs.
Mais l'Inde demeurait un pays agraire avec des structures archaïques, une industrie
peu compétitive (structure très oligopolistique). Très peu de lien entre la banque et
l'industrie, ce qui explique l'intervention de l'État dans l'économie.
Gerschenkron : dit que plus le pays est en retard, plus l'État doit intervenir (pour
compenser les étapes initiales que le pays va sauter)
Inde précoloniale : a une dimension marchande, la lettre de change est connue (c'est
le hundi  permet de faire circuler de la monnaie sur de longues distances). Les
techniques du capitalisme sont déjà là. Capitalisme indien qui reste familial mais qui
existe et permet aux capitalistes de transmettre leurs biens.
 Les innovations des britanniques en terme de droit des sociétés ne sont pas si
importantes que cela pour comprendre le capitalisme indien (même s'il existe un
système informel important)
 Nehru (1947 - 1964 en politique) : correspond au "socialisme à l'indienne"  adhère
au socialisme mais l'Inde reste un système capitaliste.
 Planification de l'économie importante, alliance entre les dirigeants politiques
nationalistes et les représentants des grands groupes capitalistes.
 Plan de Bombay (1951 - 1955) : planification indicative plus qu'impérative 
collaboration entre les objectifs publics de l'État et les grands groupes privés
 Aide de l'URSS à partir des 60's avec des complexes sidérurgiques, des grands
barrages hydrauliques + système privé très important qui bénéficie de mesures
douanières (on protège le marché intérieur). Coordination entre secteur privé et
public, l'État prend en charge les investissements dans les industries de base.
Système qui perdure jusqu'à la fin du règne d'Indira Gandhi (1966 - 1977) mais avec
un gauchissement (nationalisation des banques en 1969).
 Réseaux commerçants qui reposaient sur une forte mobilité géographique,
notamment des hommes. Réseaux qui pouvaient même jouer un rôle avec l'Afrique,
le MO, l'Asie Orientale, l'Asie du SE.
 Après l'indépendance : problème car les réseaux commerciaux étaient composés en
majorité de musulmans, qui pour certains partent vers le Pakistan. Les minorités
indiennes sont abandonnées par le pouvoir politique quand la junte militaire birmane
(dictature) nationalise les biens des indiens  présence d'indiens en Afrique, ils
fuient.
 L'Inde considère sa diaspora plutôt comme un fardeau que comme une chance à
cause de son développement autonome et autocentré. Il faut attendre 1992 pour
que l'Inde renoue avec sa diaspora.
 Tous les capitalistes indiens sont censés appartenir à la caste des bania. Dans les
faits, c'est le bazar  beaucoup de non-hindous appartiennent à cette classe (parsis,
jaïns, et même des brahman) même si le capitaliste indien reste dominé par des
groupes familiaux.
 La caste s'est parfois métamorphosée en un groupe informel permettant de mobiliser
du capital. Certains ont même parlé de "capitalisme de caste" surtout pour les
banquiers tamouls (quelqu'un de la même caste ne trahit pas  pratique pour la
confiance).

4) L'Inde actuelle

Victoire du Parti nationaliste hindou (le BJP) aux élections législatives de 2014 avec comme
leader Modi (crédo = l'accroissement de l'investissement).
Fin des larges coalitions gouvernementales qui s'étaient imposées depuis la fin des 90's
(rendait difficile les réformes).
Multiplication des scandales de corruption dans ces dernières années  lutte contre la
corruption devenue une priorité du nouveau gouvernement.
Inde + Chine = 2 seuls BRICS qui se distinguent (et sont moins touchés par la récession).
Chine = problèmes macroéconomiques et financiers internes. L'Inde semble être l'économie
qui a réussi à s'adapter le plus rapidement au nouveau contexte international.
Chute des prix du pétrole : bonne nouvelle, pays qui importe des hydrocarbures.
Inde = nouvelle frontière de la croissance asiatique ? (1 milliard 250 millions d'habitants)

Particularités du modèle asiatique :


Gerschenkron : les pays qui réalisent un développement industriel plus tardif ont
généralement un modèle piloté par l'État.
 C'est le cas de l'ère Meiji au Japon par exemple, ou de la Chine dès 1949.
Cela s'apparente souvent à la mise en œuvre d'un État autoritaire. Cela pose le problème
des "valeurs asiatiques", hermétisme au pluralisme, aux libertés fondamentales, etc.

Amable : il y a 5 modèles du capitalisme :


 Le modèle néolibéral
 Le modèle continental européen (Allemagne)
 Le modèle social démocrate (pays scandinaves)
 Le modèle méditerranéen
 Le modèle asiatique
Pour caractériser les différents modèles, il faut d'abord s'intéresser au marché des produits :
y-a-t-il de la concurrence ? Ensuite, aux conditions de travail, puis aux problèmes financiers,
puis à la protection sociale et enfin à l'éducation.
La thèse d'Amable consiste à dire qu'il n'y a aucune nécessité qu'il y ait convergence vers un
seul modèle en Europe (plusieurs modèles coexistent).
Capitalisme asiatique : complémentarité entre marchés réglementés (marché des biens et
services) + un système financier orienté vers le long terme = primat accordé aux grandes
firmes, à la fois dans la formation de la main d'œuvre et dans la gestion des carrières.
Pour lui, c'est essentiellement le Japon d'abord, puis la Corée du Sud.
Très forte imbrication entre l'État et les firmes : les firmes sont protégées pour réaliser des
investissements étrangers. Dans le rapport salarial, présence non nulle des syndicats et
système bancarisé.
L'éducation est fortement valorisée (notamment la qualité de la formation secondaire au
Japon, pour uniformiser la main d'œuvre). Modèle qui entre en crise à partir des 90's.

Les mutations en cours (Sébastien Lechevalier, La grande transformation du capitalisme


japonais) :
À partir des crises financières et immobilières importantes rencontrées par le Japon dans les
90's : aggiornamento du capitalisme japonais au capitalisme anglo-saxon = dérégulation du
marché financier et du marché du travail pour tenter d'accroitre la productivité. Ce qui était
jusqu'alors présenté comme des grandes réussites (Keiretsu) est considéré comme un
handicap  déclin de la firme japonaise comme modèle, et du fameux compromis social
japonais, notamment caractérisé dans les grandes firmes par l'emploi à vie.
Même le capitalisme chinois aujourd'hui subit des tensions fortes (déséquilibres intérieurs,
niveau de consommation des ménages globalement insuffisant...).

Typologie (Robert Boyer, Diversité et transformations des capitalismes asiatiques, 2011) :


o Capitalisme semi-agraire insulaire : marqué par l'agriculture et la configuration
géographique : Indonésie, Philippines
o Capitalisme industriel tiré par le commerce : jeu des exports et du tourisme :
Malaisie, Thaïlande
o Capitalisme urbain : cité-États = HK, Singapour
o Capitalisme tiré par l'innovation : Japon, Corée, Taïwan
o Capitalisme continental mixte : Chine
Pour lui, la voie chinoise est très sensiblement différente de la voie japonaise : en Chine, il
existe une concurrence beaucoup plus grande entre firmes sur le marché des produits. Il y
aurait une dualité des statuts de salarié encore plus forte qu'au Japon (il n'existe pas
d'organisations politiques déjà). Enfin, la logique quasi fédérale chinoise (multiplication des
degrés d'intervention) dans un capitalisme d'État pose un problème concernant la cohérence
de l'ensemble. Il y aurait également un contrôle des flux de capitaux qui serait loin d'être
négligeable (volonté de contrôler l'origine des IDE).
Repris par beaucoup de pays asiatiques à l'issu de la crise de 1997, à l'exemple de la
Malaisie.
Boyer montre la limite du modèle de vol d'oie sauvage (Japon) : la Chine rompt largement
avec ce modèle. Elle profite beaucoup de la DIPP tout en standardisant et en modélisant les
produits, en jouant des IDE pour piloter ses importations et acter la centralité de la Chine
dans le dispositif. En clair, la Chine ne s'est pas simplement spécialisée dans les produits de
faible valeur ajoutée : elle a aussi profité de sa position pour devenir donneuse d'ordre à des
sous-traitants. Pose la question du leadership régional, discuté entre la Chine et le Japon.
Question d'une rivalité croissante à l'intérieur de la zone. Ce n'est que vu de très loin qu'on
peut parler de l'unicité d'un modèle de développement asiatique, qui ne tient pas compte de
nombreux points.

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