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Finances Publiques en Tunisie :

Comment financer le fardeau croissant


des dépenses publiques
en période de faible croissance économique ?

Mohamed Safouane BEN AÏSSA


TABLE DES MATIERES

II. QUELS ENSEIGNEMENTS A TIRER A PARTIR DES FAITS STYLISES ET DE LA


PENSEE ECONOMIQUE EN PERIODES DES GRANDES CRISES........................................... 3

III. EVOLUTION DES PERFORMANCES ECONOMIQUES EN TUNISIE .............................. 8

IV. EVOLUTION DES FINANCES PUBLIQUES ........................................................................... 14

V. LA RIGUEUR BUDGETAIRE : ACTIONS & MOYENS ?........................................................ 14

VI. LA RELANCE ECONOMIQUE .................................................................................................... 19

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II. Quels enseignements à tirer à partir des faits stylisés et de
la pensée économique en périodes des grandes crises

1. La crise de 29 et la pensée keynésienne

En Grande-Bretagne la chute de la Livre à la fin de septembre 1931 a marqué


tout à la fois le déclin des tendances orthodoxes et la prédominance, dans le domaine
monétaire notamment, de conceptions très analogues à celles de John Maynard
Keynes*. Jusqu’à cette époque, lorsque la balance des paiements se trouvait en déficit,
les autorités s’efforçaient de ramener l’équilibre en relevant le taux de l’escompte.
Cette conception, vieille de plus d’un siècle à l’époque, avait fini par devenir dans la
plupart des pays une règle fondamentale de la politique monétaire.
Tout autre est la conception de M. Keynes. Dans sa doctrine, hors le cas de
plein emploi, la hausse du taux de l’intérêt apparaît toujours indésirable. Elle
contrarie en effet l’investissement et d’une manière indirecte la consommation ; elle
ralentit par conséquent l’activité économique et risques-en certains cas d’aggraver le
déficit courant au lieu de l’atténuer. Or, les autorités britanniques semblent, depuis
1931, s’être constamment refusé, malgré la pression qui s’est exercée à plusieurs
reprises sur le change, à imposer les restrictions monétaires qu’eût exigées la hausse
du taux de l’intérêt. Le taux de l’escompte, qui autrefois variait fréquemment, a été
fixé en juin 1932 à un niveau immuable. D’autre part, un fonds d’égalisation a été créé
sous une forme qui soustrait le marché monétaire à l’effet des mouvements
internationaux de capitaux. On peut ainsi, en toutes circonstances, maintenir sur ce
marché une abondance monétaire adéquate, comme on maintient dans les bassins à
flot un niveau permanent au moyen des écluses qui les isolent de la mer.
Aux Etats-Unis, la politique monétaire a évolué dans un sens parallèle. Depuis
1934, les taux d’intérêt tant à long terme qu’à court terme sont restés
remarquablement faibles et les taux d’escompte, autrefois assez mobiles, ont fait
preuve d’une grande stabilité. L’évolution de l’économie américaine au cours des
dernières années montre d’ailleurs que, si la baisse du taux d’intérêt est une condition
nécessaire de la reprise, elle n’en est pas une condition suffisante, conformément à
une importante conclusion de la Théorie Générale de Keynes. On peut encore
retrouver l’influence de cette théorie dans plusieurs dispositions fiscales appliquées
aux réserves des sociétés américaines durant des décennies. Par ailleurs, les
préférences de J.M. Keynes vont vers une politique d’extension de l’épargne, puisqu’il
estime que les dépenses de consommation ne doivent pas être développées à
l’exclusion des dépenses d’investissement et puisque d’autre part le montant global
de celles-ci est nécessairement égal à celui des épargnes. Il démontre également que,
lorsque le plein emploi n’est pas réalisé, la propension à épargner est de nature, en
diminuant le revenu global, à réduire le montant effectif des épargnes. Une
distribution plus large des bénéfices des sociétés témoigne chez elles d’une
propension plus faible à épargner ; et c’est par là qu’elle peut avoir, en certains cas,
une action favorable sur l’activité des affaires.

*
L’ouvrage de John Maynard Keynes intitulé « Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie », paru chez
Palgrave Mac Millan & C°, London, 1936.

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2. Les chocs pétroliers des années 70 et l’apparition du Néokeynesien
Alors que le dollar est longtemps restée la monnaie mondiale, en 1971, le
gouvernement américain suspend la convertibilité du dollar en or. La mesure
permettra désormais aux Etats de choisir librement leur système de change ; aussi,
l’or n’est plus utilisé comme valeur de base.

Des changes fixes ou des changes flottants ont donc été mis en place.

• Changes flottants Les taux de changes sont compris dans une certaine marge de
fluctuation limitée (ex : le serpent monétaire européen de 1972 fixait une limite à
2,25 %).

• Changes fixes Ils sont établis par rapport à une devise, par exemple.

Cependant, les monnaies sont généralement reliées au dollar, ce qui permet d’éviter
les variations brutales des monnaies sur le marché des changes. Mais la libéralisation
des mouvements de capitaux a limité l'importance de ce caractère fixe.

Mais la crise ne résulte pas seulement de la décision de 1971. Certains économistes


considèrent en effet que la crise était de toute façon inévitable. D'autres soulignent
l'importance de la crise pétrolière dans la crise qui survient dans les pays occidentaux.
La décision des pays producteurs de pétrole d’augmenter les prix du pétrole a en effet
bouleversé l’économique mondiale. En fondant leurs économies sur le pétrole, les
pays de l’OCDE, elles en sont devenues totalement dépendants. Ils ont créé
d’importantes sociétés, qui contrôlaient les 4/5 des gisements de pétrole. Ces sociétés
versaient des redevances correspondant à 50 % du prix pratiqué aux pays
producteurs. Mais ces conditions inégales conduisent les pays producteurs à se
rassembler au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en
1960. Ainsi, dès 1969, la Libye impose un prix du baril à 2,2$ (contre 1,8$ avant), et
récupère 55 % des bénéfices. Mais la guerre du Kippour accélère ce mouvement de
contestation : des menaces d’embargo sur les exportations de pétrole à destination
des pays amis d’Israël font monter la tension. En 1973, les producteurs de pétrole
multiplient le prix du pétrole par quatre (1erchoc pétrolier en 1973) puis par deux
(2e choc pétrolier en 1979). Les pays occidentaux payent désormais très cher leur
consommation en pétrole.

Les années 1970 vont ainsi connaître une importante augmentation des taux
d’inflation jusque dans les années 1980. De nombreuses politiques vont alors être
mises en place pour tenter d’enrayer le phénomène.

La crise des années 1970 est caractérisée par des éléments inconnus à l’époque. Les
crises précédentes n’avaient jamais revêtu de telles caractéristiques. Si le chômage ou
encore la chute des investissements constituaient des critères connus d'une crise,
l’inflation qui s’y est ajoutée ne l’était pas ; l’inflation ne survenait auparavant qu’en
période de guerre ou de façon brève selon les évènements. Aussi, le taux
d’investissement est alors descendu, et la production a reculé. Cette période marque
les débuts du chômage. Le nombre de chômeurs augmentait, mais le nombre

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d’emploi, lui, se maintenait en raison de l'arrivée des « baby-boomers » sur le marché
du travail.

Les différences avec la crise des années 30 sont donc importantes. La dépression n'a
pas été aussi importante, il s'agissait d'un simple ralentissement de la croissance,
même si celle-ci était composée de courtes phases de récession. L'augmentation
continue de la croissance est alors due à l’amélioration constante du niveau de vie,
qui n'a pas cessé avec la crise, maintenant ainsi le niveau de consommation.
Parallèlement, les échanges commerciaux mondiaux se sont également accrus,
contrairement à ce qu'il s'était passé dans les années 30.

Les appareils de production des Etats-Unis vont devenir moins productifs, et le


capitalisme va alors devoir se modifier. Les marchés vont s’ouvrir, et,
progressivement, les Etats vont se libéraliser. La libéralisation a été contrainte sous
la pression internationale, la France n'en fera pas exception.

C'est ainsi que les marchés financiers vont acquérir une place considérable. Mais le
système financier international est traversé par des crises importantes à la fin du XXe
siècle, comme au début du XXIe. Les flux financiers s’accroissent énormément et
rapidement ; les transactions internationales en valeurs mobilières augmentent, tout
comme les investissements institutionnels. Les flux financiers sont si importants que
les entreprises vont essentiellement se financer par l’émission d’actions. L’ensemble
de ces flux a conduit à une instabilité inévitable, qui a conduit à la crise de 2008.

Les taux de rentabilité ont diminué progressivement dès les années 1960,
essentiellement en raison des coûts de production trop importants. Les salariés
s’étaient en effet regroupés en syndicats afin de revendiquer un meilleur salaire. Les
conséquences de ces augmentations étant défavorables à l’économie, l’organisation
du travail, mise en place au début du XXe siècle, a donc été remise en cause. Mais les
travailleurs cherchent à conserver leurs acquis. Malgré les grèves, les conditions de
travail ont changé et les délocalisations continuent pour alléger les frais des
entreprises.

À la suite de la crise de 1929, Keynes (1936) a plaidé en faveur des politiques de


stabilisation. Keynes et ses disciples défendaient des politiques de stabilisation sur la
base de deux postulats : d’une part, la rigidité à la baisse des prix (et des salaires) et
d’autre part, la préférence pour la liquidité. Le récent ralentissement économique
mondial semble démontrer toute la pertinence du paradigme keynésien. Toutefois, ce
paradigme n’explique pas complètement les causes et la nature ni du niveau faible de
l’inflation ni du ralentissement économique actuel. Pour cette raison, il ne faut en
tirer aucune conclusion directe, ni sur l’orientation appropriée de la politique
monétaire, ni sur son efficacité potentielle. Une question théorique fondamentale, qui
a une incidence capitale sur le rôle stabilisateur de la politique monétaire, a trait à la
nature et à la stabilité de la relation entre l’inflation et les fluctuations de la
production à court et long termes. Depuis plus de quarante ans, cette question est au
cœur du débat théorique et des études économétriques associées et ce, depuis que
Phillips (1958) a observé une relation empirique apparente entre la croissance des
salaires et le taux de chômage. Les résultats empiriques des travaux de Phillips ont

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étendu la connaissance de la politique de stabilisation en choisissant le taux de
chômage et le niveau de la production correspondant durablement à un certain
niveau d’inflation à long terme.

Alors que la crise se prolonge dans les années quatre-vingt (inflation, chômage,
déficits publics, faible croissance), on assiste au déclin du keynésianisme pur. Dans
un environnement de faible inflation des années quatre-vingt-dix, une nouvelle
génération de "néo-keynésiens" apparaît.

Ils conservent de Keynes deux principes majeurs : l’imperfection du marché et la


nécessité de l’intervention de l’Etat. Ils construisent un nouveau keynésianisme qui
intègre les acquis de la microéconomie ainsi que les apports des néoclassiques.
Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001, met l’accent sur la nécessité de tenir
compte des dynamiques économiques de court terme. Il stipule : "Les nouveaux
économistes keynésiens pensent qu’il est pratiquement impossible de concevoir des
normes fixes dans une économie en évolution rapide".

3. La crise financière des subprimes & Co.


Les année 2007-2008 vont marquer l’entrée dans une « crise majeure »,
probablement comparable en intensité à celle de 1929 ; généralement on situe, par
convention, le début de cette crise au moment de la faillite de la banque Lehman
Brothers en Septembre 2008.
En 2009, on peut considérer que la suprématie des Etats-Unis et du Dollar ont
sérieusement remis en cause.

De 2007 à 2011, on peut distinguer plusieurs phases :


• 2007-2008 : Eclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis,
• 2008-2009 : La crise immobilière achève la déstabilisation du système
financier : de nombreux acteurs financiers engagés dans l’immobilier mais
aussi dans d’autres placements à risque sont incapables de faire face à la chute
des cours.

Cette crise financière dégénère en crise bancaire : méfiantes face à des produits
financiers complexes dont on ne sait plus ce qu’ils recèlent, les banques cessent de se
prêter entre elles. Or les flux monétaires entre banques sont indispensables au bon
fonctionnement de l’économie.

Les banques cessent d’accorder des prêts aux entreprises, lesquelles ont besoin de
financements pour investir et se développer : la crise bancaire se transforme en crise
économique laquelle débouche sur une crise sociale avec l’augmentation du chômage
et la remise en cause du pouvoir d’achat.

La première réaction des Etats est de soutenir les banques (à l’exception notable de
Lehmann-Brothers) et l’activité économique en pratiquant des politiques de relance
(budgétaire et création monétaire, « Plan Paulson ») mais cela a pour défaut de
constituer une incitation à la spéculation. Le deuxième défaut est que cela transfère
la dette privée vers la dette des Etats.

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Durant cette période, les économies sur le « fil du rasoir », ne sachant s’il faut
s’inquiéter prioritairement des risques de récession ou des risques d’inflation.

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III. Evolution des performances économiques en Tunisie

L’analyse des faits économiques nécessite un cadrage des performances


macroéconomiques de la Tunisie durant la dernière décennie, comparées avec celles
de la décennie précédant la révolution. Cet exercice démontre qu’on se retrouve
aujourd’hui à faire face à la plus grave crise économique de notre histoire où tous les
indicateurs sont au rouge : des déficits tous azimuts, une inflation rampante, un taux
de chômage inquiétant, une inégalité régionale aggravée, un niveau d’endettement
alarmant, un déficit périlleux de la finance publique, une monnaie nationale en chute
libre, un niveau de réserves de change préoccupant et, en conséquence, une
croissance amorphe.

1. La croissance économique

La moyenne de la croissance économique durant la décennie précédant la


révolution (2001-2010) s’établissait à 4,5% contre une moyenne qui a chuté durant la
dernière décennie (2011-2018) pour atteindre 1,7% seulement.

Source : Institut National de la Statistique (INS)

L’économie tunisienne a cédé 3 points de croissance annuellement après la


révolution. Force de constater que la demande extérieure a régressé du fait de notre
forte exposition à nos premiers partenaires de commerce extérieur qui sont les
européens (Essentiellement La France, L’Allemagne & L’Italie). Cependant, il est utile
de rappeler les facteurs intérieurs qui ont impactés de plein fouet la croissance
économique en Tunisie, la privant d’environ 3 points sur la base de la moyenne
enregistrée durant la décennie précédant la révolution.

Ces trois points seraient l’incidence des faits stylisés suivants :

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• Le phosphate relâche l’économie tunisienne :
La Tunisie a produit en 2010, 8,149 millions de tonnes de Phosphates. En
moyenne, de 2001 jusqu’à 2010, la Tunisie a produit à un rythme annuel de
7,9 millions de tonnes. En 2018, la production nationale en phosphates a chuté
à 3,3 millions de tonnes. Cette production a suivi un rythme annuel sur la
période allant de 2011 à 2018, de 3,4 millions de tonnes de phosphate, soit une
baisse de 57% par rapport à la moyenne annuelle de la décennie précédant la
révolution. Cette baisse de production, accompagnée à des effets directs
(augmentation de l’effectif recruté, augmentation salariale, augmentation des
coûts de fonctionnement), indirects (augmentation des subventions
distribuées, activités connexes de transport, de valorisation) et induits (le
manque à gagner du groupe chimique, la perte de compétitivité, le manque à
gagner en recettes fiscales, ect…) est en train de couter un point de croissance
annuellement ;

Source : Institut National de la Statistique (INS)

• Une facture énergétique qui explose

- Le pétrole tunisien en berne : La Tunisie a produit en 2010, 3,732


millions de tonnes de pétrole. En moyenne, de 2001 jusqu’à 2010, la
Tunisie a produit à un rythme annuel de 3,6 millions de tonnes. En
2018, la production nationale en pétrole a chuté à 1,764 millions de
tonnes. Cette production a suivi un rythme annuel sur la période allant
de 2011 à 2018 de 2,476 millions de tonnes, soit une baisse de 32% par
rapport à la moyenne annuelle de la décennie précédant la révolution.
Cette baisse n’est pas venue seule perturber la croissance économique
en la privant de sa part de valeur ajoutée, elle s’est accompagnée par (i)
une réticence de plus en plus manifeste des investisseurs
internationaux dans le domaine, ce qui s’est traduit par une chute des
permis de prospection en cours (à cause de la rigidité et l’aspect

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aléatoire du nouveau code des hydrocarbures), (ii) une demande
galopante sur le marché local qui nécessite des importations plus
importantes (nouvelles marques de voitures ont été autorisées à opérer
sur le marché tunisien) et (iii) l’activité de raffinage de pétrole en déclin.
En effet, la STIR raffine avec un coût global supérieur de 22% comparé
au même produit importé et livré.

Source : Institut National de la Statistique (INS)

- Une demande énergétique intérieure qui ne cesse


d’augmenter : Cette baisse des recettes générées par la vente de la
production de pétrole et gaz naturel s’est accompagnée par une
demande intérieure en énergie qui est exagérément croissante. Nous
considérons la production d’électricité comme indicateur de la
demande énergétique intérieure. Cette production n’a cessé
d’augmenter plus que proportionnellement que le rythme de la
croissance économique. En effet, la production moyenne annuelle des
années 2001-2010 s’établit à 12929 106 kWh contre 17610 106 kWh pour
les années 2011-2018, soit une croissance de 36%. Deux faits marquants
de cette évolution : (i) la première est que la part des énergies
renouvelables est restée à un niveau de 3% du bilan énergétique (un
niveau très éloigné de l’objectif à horizon 2020, 20%). Ce qui fait que la
quasi-majorité de la production nationale en électricité est assurée par
du gaz naturel qui alimente les centres électriques du pays. Ce qui
alourdit la facture énergétique du pays sans pour autant qu’il y ait une
contre partie productive qui vient couvrir ce gouffre financier et (ii) La
deuxième concerne la lourde facture des impayés de la Société
Tunisienne d’Electricité et de Gaz la STEG, dont son cumul s’élève à
plus de 1,5 Millard de Dinars.

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Source : Institut National de la Statistique (INS)

Ces facteurs ont privé la croissance de l’économie tunisienne d’un point


régulièrement depuis 2011.

• Un secteur touristique sinistré après la montée du terrorisme

Le secteur touristique a beaucoup souffert de la montée du terrorisme. Le graphique


ci-après, montre bien la double chute vertigineuse qu’a connu les entrées des non
résidants après le déclenchement de la révolution en 2011 et après les triples attentats
de mars, juin et novembre 2015. En effet, la moyenne annuelle des entrées des non
résidants durant les années 2001-2010 s’établit à 6,2 millions d’entrées contre une
moyenne de 5,5 millions d’entrées durant la période 2011-2018. Cette baisse de 11%
était accompagnée par une forte volatilité a mis à plat le secteur qui s’est retrouvé très
affecté par ses évènements. Quand on parle du secteur touristique, ne veut pas dire
que le secteur hôtelier mais toutes les activités annexes (les restaurants, les cafés, les
transports aérien, maritime et terrestre, l’artisanat, le commerce de détails, les soins,
la culture et le sport). Un autre secteur est intimement lié est celui de l’agriculture (on
se rappelle à la fin de 2015 les agriculteurs en colère versaient leur collecte de lait par
terre puisque la demande a chuté à la suite des attentats et les établissements
hôteliers ne s’approvisionnent plus). Le préjudice subi par ce secteur sinistré aurait
pénalisé la croissance économique d’un point du PIB annuellement depuis 2011.

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Source : Office national du tourisme tunisien (ONTT)

A compléter

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2. L’inflation

A compléter

Source : Institut National de la Statistique

3. Le déficit budgétaire

A compléter

4. Le déficit commercial

A compléter

5. Le déficit courant

A compléter

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IV. Evolution des finances publiques
A compléter

V. La rigueur budgétaire : Actions & Moyens ?

1. Rationalisation des dépenses de fonctionnement (0.8 milliard de


DT)

Dépenses de fonctionnement relatives au parc roulant

➢ Vente du parc des 32000 voitures de fonction (vente prioritaire aux


fonctionnaires)
➢ Appel aux prestataires privés pour fourniture de prestations sur mesure et par
acte
➢ Intégration une partie (50%) de la valeur monétaire des bons d’essence dans le
salaire de base
➢ Intégration de l’autre partie (50%) dans la prime de rendement
➢ Annulation des parcs automobiles ainsi que les dépenses d’entretien,
maintenance, de vignettes, de cartes grise, d’assurances, etc…
➢ Encourager les employés affectés à ses parcs à s’installer pour leur propre
compte
➢ Encourager le secteur privé à créer des agences de location pour
l’administration publique
➢ Encourager les fonctionnaires à acheter en priorité avec un rabais et une facilité
de paiement par un prélèvement sur salaire.

Dépenses de fonctionnement relatives à la facture énergétique

➢ Auditer en matière de maîtrise énergétique de l’ensemble des bâtiments des


administrations publiques et des entreprises publiques ;
➢ Cartographier ses bâtiments selon les classes énergétiques des bâtiments les
plus énergivores aux bâtiments les moins énergivores ;
➢ Fixer des objectifs de réduction de consommation d’énergie comme indicateurs
prioritaires de bonne gouvernance

Dépenses de fonctionnement relatives à la facture de location des


bâtiments

➢ Reloger des administrations dans des bâtiments relevant du domaine de l’Etat,


➢ Cartographier les actifs (terrains et bâtiments) des administrations et
entreprises publiques ainsi que des collectivités locales et du domaine de l’Etat,
➢ Redéployer ses actifs pour satisfaire le besoin pressant de certaines
administrations, dont les services sont éclatés sur plusieurs sites et les
bâtiments ne sont pas habilités pour abriter des travailleurs, encore moins
conformes aux nouvelles normes (bâtiment technologique, classé A – ami avec
l’environnement)

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Dépenses de fonctionnement relatives à la facture du matériel
informatique et consommables

➢ Louer le matériel informatique (ordinateurs, imprimantes, fax,


vidéoprojecteurs et scanners) auprès du secteur privé (services opérés avec
maintenance et entretien) en sécurisant les données de l’Etat.

2. Rationalisation des dépenses d’investissement au titre des grands


projets (3.2 milliards de DT)

Gel des dotations budgétaires au titres des grands projets non structurant suivant :
- Port Ennefidha,
- Raffinerie Sekhira,
- Cimenterie de Gafsa,
- Pont fixe de Bizerte

3. Optimiser l’existant et opter pour la rigueur budgétaire

a. Recouvrement des impôts locaux (1 milliard de DT)

Le taux de recouvrement des taxes sur les terrains non bâtis (TNB) et les taxes
sur l’immobilier bâtis (TIB) s’établit à 13%. Une simple initiative de la part des
conseils municipaux, en soumettant les mauvais payeurs à des mises en
demeure allant jusqu’à la saisie bancaire, peut accélérer le recouvrement de
ses dettes constatées et peut procurer à la recette du trésor public la somme de
1 milliard de dinars.

b. Traçabilité de l’enregistrement des titres (0,4


milliard de DT)

Une synchronisation de l’information entre l’étape de la signature légalisée et


les recettes des finances (le délai légal étant de 45 jours). Ainsi, l’ensemble des
occasions d’accès à la propriété sera tracé parfaitement et cela procurera au
trésor des recettes additionnelles de 0,4 milliard de dinars.

c. Inclusion du secteur informel (1,6 milliard de DT)

Le secteur informel pèse 28% du PIB selon la comptabilité nationale (INS) : (i)
10% de l’ensemble du secteur agricole, (ii) 8% représentant la valeur ajoutée
non déclarée des patentés (qui existent fiscalement mais sous déclarent leurs
revenus), (iii) 10% représentant les activités non déclarées (qui n’existent pas
fiscalement et qui sont actifs dans des activités illicites ou pas mais ils sont
considérés comme hors champs de couverture fiscale).

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i. Régime fiscale agricole :

Un régime fiscale agricole mérite d’exister pour les agents économiques


qui opèrent dans le secteur au même titre que le régime de couverture
sociale et le régime de retraite. Ce régime doit être souple, non
contraignant, évolutif et surtout incitatif pour l’agriculteur. Le but de ce
régime n’étant pas de renflouer la caisse de l’Etat mais plutôt d’accéder
à un statut de citoyenneté fiscale. Par conséquent, l’impact financier
peut être nul.

ii. Lutte contre la fraude fiscale :

La lutte contre la fraude fiscale ne nécessite pas forcément le


déploiement de plus de personnel, mais le vrai investissement doit être
opéré dans les méthodes de travail. Aujourd’hui, le contrôle fiscal est
quasiment systématique et réservé essentiellement pour les grandes et
moyennes entreprises. Son efficacité est très relative. Il faut changer de
méthode de travail du contrôle systématique vers un ciblage généré par
la gestion de risque et les nouvelles technologies d’information. Dans
cette nouvelle démarche, les chambres professionnelles syndicales
doivent être impliquées par les analyses faites par l’administration
fiscale.
A titre d’exemple, un secteur d’activité relevant des services a déclaré
un chiffre d’affaire agrégé de 150 millions de dinars en 2015 auprès de
l’administration fiscale. Par ailleurs, les tunisiens ont déclaré à travers
l’enquête sur le budget de consommation en 2015, avoir consommé le
même service et donc avoir dépensé plus de 680 millions de dinars.
Lequel montant peut-être considérer comme le vrai chiffre d’affaire
généré par le secteur. L’écart ne peut représenter que l’ampleur de la
fraude dans ce secteur.

Les projets de l’administration fiscale qui se sont arrêtés depuis l’année


2016, doivent reprendre à savoir :
▪ La caisse enregistreuse fiscale (avec une généralisation pour les
grandes surfaces, les pharmacies, l’ensemble des commerces de
détails – quincaillerie, épiciers, fruits secs, bureaux de tabac,
fruits et légumes, prêt à porter, librairie, etc…)
▪ Un régime fiscal spécifique pour le commerce en ligne
▪ Un régime fiscal spécifique pour l’hébergement touristique hors
hôtels (RB&B, Booking, ect…)
▪ Le système de traçabilité (médicaments, boissons alcoolisées,
tabacs, matériaux de construction, etc…)
▪ Recoupement de la base de données de la TVA
▪ Généralisation de la facture électronique pour l’ensemble des
activités,
▪ Généralisation de la liasse fiscale à l’ensemble des états
comptables,
▪ Généralisation l’obligation de la liasse fiscale pour la direction
des moyennes entreprises (DME).

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▪ Mapping du registre de l’administration fiscale avec celui des
douanes (les blacks listés dans un registre ne peuvent plus opérer
librement dans l’autre – Exp. : Un fraudeur fiscal ne peut
continuer une activité d’importation normale que lorsqu’il
s’acquitte de sa dette)

iii. Inclusion fiscale du secteur informel :

▪ Limiter certains avantages aux seuls conformes fiscalement


(Allocation de voyage ne sera accordée que pour les revenus
déclarés supérieurs à 2 fois le montant de l’allocation, Le
pèlerinage n’est autorisé que pour les personnes ayant une
traçabilité de leurs revenus ainsi qu’une conformité fiscale),
▪ L’accès à la propriété doit être conditionné à la conformité fiscale
▪ Pénaliser la non-conformité,
▪ Actionner le plan de conformité,
▪ Pénaliser le cashing des opérations transactionnelles générant
un accès à la propriété,
▪ Lancer une amnistie de change accompagnée d’une amnistie
fiscale au même moment que l’application de la nouvelle loi de
change,
▪ Créer des régimes fiscaux transitoires pour faciliter l’inclusion
fiscale des hors champs.

4. Optimiser la dette publique extérieure de la Tunisie

a. Agence Tunisie Trésor (0,2 milliard de DT):

La création d’une Agence mixte qui relève du Ministère des Finances et la


Banque Centrale de Tunisie qui s’occupe de la dette est une nécessité. Dans ce
sens, cette agence sera habilitée à intervenir avant même la dinarisation de la
dette extérieure après l’adoption finale de l’ARP de la ligne de crédit. Le délai
moyen d’attente d’adoption est de 45 jours. Il y a une optimisation à travers un
placement sécurisé sur le marché financier du montant en attendant les
procédures d’adoption. Cette Agence aura pour rôle entre-autres de faire
l’ingénierie financière de la dette extérieure. Cette optimisation peut générer
annuellement 200 millions de Dinars.

b. Accéder au Panda Bands :

Le portugal vient en mai dernier de lever 2 milliards de yuans sur le marché


chinois des « panda bonds ». Un terme qui désigne les obligations en devise
chinoise levées par des émetteurs étrangers sur le marché intérieur chinois. Il
s'agit d'une première pour un Etat de la zone Euro. Berceau du troisième
marché obligataire du monde, d'une valeur de plus de 86 000 billions de yuans
(12 450 milliards de dollars), la Chine a déjà attiré à ce jour plus de 1 200
institutions étrangères sur son marché local. Grâce à des volumes de

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transactions importants et à une large base d'investisseurs, l'émission
d'obligations libellées en yuan, ou « obligations panda », sur le marché local
est devenue plus populaire non seulement pour les émetteurs souverains mais
également pour les sociétés étrangères.
La détérioration de notre balance commerciale est due essentiellement à
l’invasion des importations chinoises. Le marché obligataire chinois est un bon
créneau pour (i) recycler la dette, (ii) diversifier les sources d’endettement
extérieur, (iii) s’exposer moins au risque de change.

c. La dédollarisation et la moindre exposition au risque de


change :

Trois pays méritent une attention particulière et un traitement spécifique (La


Turquie, L’Algérie et la Chine). Le commerce bilatéral de la Tunisie avec ces
trois pays a connu durant la dernière décennie une évolution exponentielle.
Toutefois, cette évolution était très asymétrique et n’a bénéficié que des
importations de ses pays au détriment des exportations tunisiennes vers ses
pays. Ce qui a déséquilibré massivement la balance commerciale bilatérale
avec ses pays qui s’est détériorée. Les mesures de rationalisation des
importations sont inefficaces car elles ne font qu’augmenter le commerce
informel et le trafic illicite.
En examinant les détails des biens importés à partir des trois pays voici ce qui
en sort :
- L’Algérie nous exporte du gaz naturel, des matériaux de construction,
des biens alimentaires. Sans oublier que c’est un pays voisin avec lequel
on partage plus de 1000 kms de frontière.
- La Chine nous exporte (contrairement à ce que nous pouvons avoir
comme clichés) essentiellement des biens d’équipement et des matières
premières et accessoirement des biens finaux.
- La Turquie nous exporte essentiellement des biens alimentaires, du
Textile et des biens d’équipement.

Outre nos premiers clients européens (les Français, les Allemands et les italiens, avec
lesquels nous disposons d’une balance plus ou moins équilibrée parfois même
excédentaire – sans rentrer dans des polémiques de quantification des exportations
du secteur offshore), notre exposition commerciale avec ses trois pays (La Turquie,
L’Algérie et la Chine). Compte tenu de la composition des importations avec les
différents pays, on doit discriminer notre traitement en deux lots :

- L’Algérie et la Chine : les exportations algériennes et chinoises vers la


Tunisie sont très peu substituables aujourd’hui. De ce fait, il faudrait
développer un plan de développement global avec ses pays. La pierre
angulaire de ce plan de développement de relations commerciales et
d’investissement devrait passer par la dédollarisation de nos relations.
Si on parvient à dédollariser nos relations commerciales, cela signifie
qu’on rééquilibrera notre balance commerciale bilatérale. Autrement
dit, le déficit de la balance commerciale bilatérale sera recyclé en
investissement, en prestations touristiques ou des soins de santé.

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- La Turquie : Les exportations turques vers la Tunisie sont largement
substituables. Il est urgent d’arrêter l’hémorragie en rééquilibrant cette
balance bilatérale sans délai en rationnant les importations.

VI. La relance économique


L’impact financier des effets directs des précédentes mesures qui reposent sur le
principe de la rigueur budgétaire peut s’établir à 7,2 milliards de DT. Une somme
potentielle à obtenir à court terme (en 2020) et voici les autres actions à prendre qui
nécessitent d’épuiser des moyens à partir de cette somme :

1. Des Plans Marshall Sectoriels

En phase d’analyse de la croissance économique en Tunisie, nous avons vu que le


rythme de croissance a chuté en perdant 3 points de croissance entre la décennie
précédant et succédant à la révolution. Nous avons également vu que ses 3 points sont
départagés en 4 foyers, à savoir, le phosphate, l’énergie avec le pétrole et l’électricité,
et le tourisme. Nous proposons 4 plans Marshall pour chacun de ses piliers de la
croissance économique.
1.1. Phosphate : Il est important pour le phosphate de reprendre un rythme
de production dépassant les 8 millions de Tonnes, de retrouver les
marchés perdus, d’avoir un plan de continuité d’activité, de réfléchir sur
le développement des sites de production, de s’occuper des aspects
environnementaux, etc…
1.2. Pétrole et Gaz : Remettre à jour la cartographie des exploitations
pétrolières et gazières, actualiser la cartographie des réserves, des puits
marginaux, la révision du code des hydrocarbures, avoir des
conventions comme celles avec l’Arabie Saoudites, la restructuration de
la STIR, améliorer la convention avec l’Algérie, etc…
1.3. Electricité : Recouvrement des impayés de la STEG, nouvelle
génération de compteurs intelligents (à puce téléphonique, relevé à
distance, fermeture et ouverture à distance, compteurs post-payés,
etc…), la restructuration de la STEG, auditer les filiales comme la SIS et
STEG ER, l’implication de la STEG dans le programme national des
énergies renouvelables et la maîtrise énergétique, ect…
1.4. Tourisme : Le financement du secteur y compris les dettes du secteur,
la création d’un compte satellite du secteur qui sera détenu par l’INS,
extériorisation de l’Open Sky des négociations de l’ALECA avec l’union
européenne, amélioration de la formation professionnelle du secteur,
monter en gamme, développement du cadre de partenariat avec
l’Algérie et la Libye en matière d’accessibilité des algériens et des
libyens aux hôpitaux publics tunisiens.

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2. Des grands projets structurants

La Tunisie a développé un syndrome des grands projets. Nous avons plaidé pour
l’arrêt des grands projets du port en eau profonde d’Enfidha, la raffinerie d’Skhira,
la Cimenterie de Gafsa et le Pont fixe de Bizerte. Ces projets sont des projets
défaillants et ils ne généreront aucun développement. Pire encore, ils accableront
la Tunisie dans l’endettement sans contrepartie (le même exemple est celui de
l’aéroport d’Enfidha qui est à lui seul une démonstration de l’irrationalité
économique en Tunisie.

La Tunisie a besoin de projets structurants et de développement. Trois projets


sont proposés pour répondre à un tel besoin :
- La ligne électrifiée avec l’Italie : cette ligne permettra le réel
développement du potentiel des énergies renouvelables. Cette ligne
peut être cofinancée par la Tunisie et l’Italie. Son coût est de 600
millions de dollars. Soit la part de la Tunisie est de 0,9 milliard de
dinars.
- Un port numérique : Ce port permettra à la Tunisie de devenir un
fournisseur d’internet sur la région de l’Afrique du Nord. Le
développement numérique du pays en dépend. Ce projet nécessite un
investissement de plus 1 milliard de dinars. Il doit être établit entre la
Tunisie (Bizerte) et la France (Marseille). Doter la Tunisie d’un nœud
numérique, va la propulser vers le peloton des pays pionniers dans le
numérique (développement & exploitation). Ce projet à lui seul est une
attractivité des IDE, une employabilité pour nos diplômés et une
pertinence de la valeur ajoutée qui cadre bien avec l’avenir que nous
souhaitons pour la Tunisie.
- La digitalisation de l’administration et des entreprises publiques : Cette
digitalisation permettra d’augmenter la productivité des fonctionnaires
publics, d’introduire de la bonne gouvernance et rendre l’action
publique de loin plus efficace. Trois secteurs pilotes qui nécessitent une
digitalisation sans délais : La justice, les Finances et la santé. Pour
commencer, ses trois secteurs nécessitent un budget de 1,1 milliard de
dinars.

3. Investir dans le socle social :

Trois secteurs nécessitent du cash in immédiatement :

- Le secteur de la santé (1 milliard de dinars)


- Le secteur de l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche
scientifique (1 milliard de dinars),
- Le transport aérien, maritime & terrestre (1 milliard de dinars)

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4. Une Loi sur les délais de paiement

Envisager une loi qui raccourci les délais de paiements est une mesure qui ne peut
augmenter la vélocité de l’argent, abréger la durée des cycles d’affaires et donc
créer plus rapidement de la valeur ajoutée avec une même masse monétaire en
circulation mais avec un volume plus important d’activités économiques. Ce genre
de mesure n’a pas de coût, ne génère pas de l’inflation et facile à implémenter. Le
seul risque provient de l’Etat. Faut-il rappeler que l’Etat est le premier agent
économique du pays. Celui qui détient le plus d’engagement à honorer sur le
marché des biens et services. Mais aussi, celui qui détient le plus d’impayés. Les
délais moyens de paiement effectif dans le secteur étatique dépassent les 180 jours
(loin des 90 jours de jure). Le plus grand souci pour l’Etat est la gestion de
trésorerie est subi toutes les distorsions et pressions budgétaires qui découlent la
plupart d’interventionnisme non fondé (sur des décisions politiques) qui rend la
planification et programmation budgétaire un exercice inefficace et obsolète
depuis sa création. 1,2 milliard de dinars seront alloués au paiement de la dette
de l’Etat envers ses fournisseurs ou les engagements de l’Etat à travers ses
entreprises.

Après avoir honoré les impayés de l’Etat, il peut être envisageable les délais
suivants :
4.1. 60 jours pour le secteur privé,
4.2. 45 jours pour le secteur public.
Les 15 jours de décalage peuvent être assimilés à un crédit fournisseur.
Autrement dit, l’Etat finance l’économie à travers ses contractants (les plus méritants
puisqu’ils doivent montrer une parfaite conformité fiscale et aptitude technique).

5. Création d’un marché boursier pour les biens (Commodity Stock


Exchange Market)

Dates, blé, Olives, Huiles d’Olive, Phosphates... La Tunisia Commodity Exchange


régulera les prix des produits nationaux. Avec des résultats garantis, et pour le plus
grand bénéfice des petits producteurs. Ce marché permettra un réel coup de ballet
pour réussir la désintermédiation. Les intermédiaires n’interviennent que d’une
manière concurrentielle en tant que simples livreurs qui ne pèseront plus sur la
structure des prix des biens que par le coût du transport. Par ailleurs, ce marché
donnera une visibilité et une exposition de la production nationale sur le marché
international. Et il sera un réel levier de croissance de nos exportations.

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