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I.

Les caractéristiques de la crise


financière des années 1930 et de celle de
2008
La crise de 1929 : la grande dépression
 En 1929 l’économie américaine est en pleine expansion, boostée par :
o les spéculations boursières ;
o et les gains de productivité réalisés grâce au fordisme.
o Les États-Unis sont projetés dans la consommation et la production de masse.
o On observe :
o une augmentation de la production industrielle d’environ 50% ;
o une explosion des cours de la Bourse ( +300%) qui attire de plus en plus
d'investisseurs.
o En octobre 1929 l’optimisme est stoppé par des révélations de données indiquant
une surproduction : le 24 octobre 1929, c’est le jeudi noir :
o tous les spéculateurs vendent leurs titres en même temps, faisant ainsi
s’écrouler le prix des actions ;
o la Bourse de Wall Street perd 40% de sa valeur.
o Cette crise est donc due à une bulle spéculative créée par la possibilité d’acheter
des actions à crédit.
o Elle va rapidement s’étendre à la sphère réelle (chômage, sans -abris), avant de
toucher le reste des pays occidentaux.
o L’économie mondiale se retrouve plongée dans une crise de surproduction qui se
traduit par une dépression de longue durée dans les années 1930 dont découlent :
o une forte déflation ;
o un important chômage (+480\,\%480% dans les pays de l’OCDE).
o La crise est aggravée par l’adoption de politiques déflationnistes qui ont pour effet
pervers de réduire la consommation autant que le commerce extérieur, et donc
d’amplifier la crise.
o En conséquence, un changement dans les mentalités économiques se fait : c’est
le début des politiques keynésiennes : John Maynard Keynes suggère de mener
une politique conjoncturelle de relance appuyée sur une intervention de l’État dans
l’économie.
o Cette politique repose sur deux leviers d’action :
o agir sur la conjoncture en menant une politique budgétaire qui favorise la
demande (grâce aux dépenses publiques) ;
o mener en parallèle une politique monétaire qui favorise le crédit (grâce à la
baisse des taux d’intérêt).
o Dès 1932, Franklin Delano Roosevelt initie cette politique de relance à travers le
New Deal.

La crise de 2008 : la crise des subprimes


 En 2008, le niveau de la dette privée est devenu excessif.
 Il concerne :
o la dette immobilière des ménages ;
o la dette des entreprises ;
o et la dette des banques et organismes financiers.
o Cet endettement généralisé va être le point de départ d’une nouvelle crise
financière de grande ampleur.
o La crise intervient après deux décennies de prospérité qui attirent de plus en plus
de personnes à la recherche de placements de plus en plus rentables dont elles
sous-évaluent les risques.
o C’est dans ce contexte que, dès 2005, des crédits immobiliers sont ainsi accordés
à des emprunteurs qui ne présentaient pas de garanties suffisantes.
o On appelle ces crédits les subprimes.
o L’endettement des ménages américains va s’appuyer sur trois caractéristiques :
o des taux d’intérêt très bas pour attirer les emprunteurs ;
o des crédits accordés à taux variables très bas au début, puis qui augmentent
au bout de deux ou trois ans ;
o des crédits gagés par une hypothèque sur le logement acheté (ce qui attire les
prêteurs).
o Ainsi, lorsque la Banque centrale américaine relève progressivement ses taux,
beaucoup de ménages américains deviennent insolvables.
o Les créanciers se mettent à vendre les biens immobiliers pour se rembourser, d’où
découlent deux conséquences :
o le retournement des prix de l’immobilier à la baisse ;
o des pertes et faillites pour les prêteurs.
o De financière, la crise devient économique dès la fin 2007 dans le monde entier,
du fait de la mondialisation des marchés financiers.
o On assiste à une progression en quatre temps :
o En raison des difficultés d’évaluation de leurs risques, les produits structurés
peuvent rapidement devenir des placements douteux pour les institutions
financières qui les possèdent.
o En cas de situation économique délicate, celles-ci chercheront donc à s’en
débarrasser.
o Les banques se retrouvent ainsi exposées aux subprimes.
o C’est pourquoi, elles commencent à garder leurs liquidités.
o En quelques semaines la crise se transforme donc en crise de liquidités
généralisée, menaçant l’économie réelle d’un credit crunch.
o Conséquences : réduction de la consommation et difficultés d’nvestissement pour
les entreprises.
o Par ailleurs, les subprimes n'étant pas détenus que par des établissements
financiers américains : les banques du monde entier commencent à faire faillite.
o La situation de 2007 se traduit par un effondrement en chaîne des marchés de
crédits structurés qui finit par constituer un choc symétrique.
o En 2009, tous les pays de l’OCDE affichent une croissance négative avec :
o la chute de la production et du commerce mondial ;
o la hausse du chômage ;
o la baisse des crédits entraînant celle des investissements.
o La crise financière se transforme alors en crise des dettes souveraines des pays
de la zone euro (cf. Grèce).
o Avec une croissance négative du PIB et l’impossibilité de dépenser pour relancer,
la consommation et la production chutent encore et enfoncent un peu plus les États
dans la banqueroute.
o Face à la crise, la réaction des États va se décomposer en trois axes :
o Les banques centrales préservent les liquidités des banques en agissant
en open market. Cela contribue :
o à dissiper les anticipations déflationnistes (attendre que les prix baissent
encore) qui ralentissent la production ;
o à rétablir la liquidité du système bancaire.
o L’administration Obama refinance le système bancaire américain en rachetant une
partie du capital des banques nationales et propose des prêts garantis aux
investisseurs privés (≠ Union européenne).
o Les États-Unis et la Chine mobilisent leur politique budgétaire à travers des plans
de relance (l’administration Obama injecte 800milliards de dollars dans
l’économie).
o Ainsi, dès 2010 les États-Unis sortent de la crise et obtiennent une croissance
durable autour des 2% tandis que les pays de la zone euro entretiennent la
récession en appliquant une politique d’austérité.

II. Bulles spéculatives et faillites bancaires


Formation et éclatement des bulles spéculatives
 Pour comprendre comment se forme une bulle spéculative, il faut d’abord se
pencher sur le fonctionnement des marchés financiers, lieu dématérialisé dans
lequel se confrontent offre et demande de capitaux.
 Il s’agit de la mise en relation des agents ayant des besoins de financement avec
ceux ayant des capacités de financement.
 Pour qu’il puisse remplir cette fonction, le marché financier doit être efficient : aucun
actif ne doit y être survalorisé ou sous-valorisé.
 Pour qu’un marché financier soit efficient il faut que plusieurs conditions soient
réunies.
o les acteurs du marché doivent être rationnels ;
o l’information doit circuler librement et gratuitement ;
o les coûts de transaction doivent être nuls ;
o aucun opérateur ne doit être en mesure, par ses seules décisions, de faire
varier le cours des actifs.
o Dans ce contexte, la spéculation est stabilisatrice : si le cours s’écarte de sa valeur
fondamentale, certains opérateurs vont acheter ou vendre des actifs, ramenant
ainsi le cours vers sa valeur d’équilibre.
o Or, le risque de spéculation est élevé car le marché remplit rarement les conditions
optimales de l’efficience, notamment en termes de transparence et de rationalité
des agents :
o ces derniers peuvent colporter des informations fausses, mais aussi en créer
involontairement ;
o ce phénomène est amplifié par le comportement mimétique.
o L’hétérogénéité des acteurs et l’existence de comportements mimétiques vont
créer des bulles spéculatives dans lesquelles le cours d’un actif s’éloigne de sa
valeur réelle.
o Une bulle spéculative a quatre phases :
 Gestation : l’optimisme des investisseurs va provoquer une hausse modérée du
prix d’un actif.
 Naissance : voyant le comportement de certains investisseurs, d’autres agents
vont les imiter et acheter aussi des titres.
 Euphorie : la bulle s’entretient et grossit sur la base de l’endettement.
 Éclatement : la bulle financière est suivie d’un retournement des anticipations et
d’une chute brutale des prix à la suite d’un évènement non prévu.

Les crises bancaires : risque de faillites en chaîne


 Une crise bancaire correspond à une situation financière très dégradée pour les
banques.
 Elles doivent rembourser des créanciers, mais n’ont pas à leur disposition
immédiate l’argent pour le faire (en raison notamment de placements devenus
illiquides).
 Ainsi, une crise bancaire engendre une crise de liquidité (aussi appelée crise
d'illiquidité).
 L'assèchement de liquidité provoque la paralysie du système interbancaire.
 On assiste alors à un credit crunch (baisse du nombre de crédits octroyés due au
durcissement des conditions d’obtention).
 Ce phénomène perturbe les échanges entre vendeurs et acheteurs qui ne se
rencontrent plus, rendant impossibles les opérations financières.
 La crise de liquidité est une crise systémique, c'est à dire inhérente au système
économique tout entier.
 Lors d’une panique bancaire, les clients, craignant de perdre leur épargne, retirent
l’ensemble de leur dépôt.
 Ce sont ainsi eux qui mettent la banque en difficulté puisqu’elle va peiner à trouver
les fonds nécessaires à cette demande massive de liquidités.
 On appelle ce phénomène une prophétie auto-réalisatrice.
 Une panique bancaire peut s’auto-entretenir :
o un nombre inhabituel de retraits réduit les liquidités de la banque ;
o ce déficit de liquidités engendre encore plus de retraits des dépôts.
o Lorsqu’une banque fait faillite, elle ne peut honorer ses échanges sur le mar ché
interbancaire.
o Elle entraine ainsi d’autres banques dans sa chute selon un effet dominos.
o Une crise bancaire correspond donc à la propagation d’une crise financière au
système bancaire et provoque des faillites en chaîne des banques de second rang.

Les canaux de transmission : des crises financières vers l’économie


réelle
 Le système financier est au cœur de l’activité économique puisque, sans
financement :
o les ménages ne peuvent pas consommer plus que leur revenu ;
o les entreprises ne peuvent pas investir ;
o les États ne peuvent faire face à leurs dépenses.
o En somme, sans les banques ou les organismes financiers, les agents en besoin
de financement ne rencontreraient pas les agents en capacité.
o En découle une logique implacable : si le système financier s’écroule, il entraîne
avec lui tout le système économique en touchant l’économie dite « réelle ».
o En cas de credit crunch, le crédit interbancaire s’arrête :
o les banques cessent de se prêter les unes aux autres ;
o les restrictions de crédit s’étendent à la consommation des ménages et aux
entreprises.
o Cette situation aggrave la crise car elle limite la production et l’emploi, aboutissant
à une récession et un chômage de masse.
o La dévaluation du patrimoine financier et immobilier des ménages va les inciter à
moins consommer.
o Elle a donc un impact sur la croissance via trois principaux mécanismes :
 Quand les ménages jugent durable une baisse de leur richesse et la considèrent
comme une baisse de leur revenu permanent, ils épargnent.
 La baisse du prix des actifs augmente le coût du capital, avec un impact sur
l’investissement des entreprises du secteur productif.
 En période de crise, la valeur du patrimoine personnel est difficile à évaluer, et donc
les garanties réelles impossibles à fournir aux banques.
 Le surendettement peut constituer un canal supplémentaire de transmission de la
crise financière à l’économie réelle, puisque la difficulté des ménages et des
entreprises à contracter de nouveaux prêts, voire à satisfaire les échéances des
prêts en cours, les conduit à revoir à la baisse leur niveau de consommation et
d’investissement.

III. Les instruments de régulation


monétaire
Le rôle de prêteur en dernier ressort
 La Banque centrale possède des fonctions :
o d’émission de la monnaie fiduciaire ;
o d’exécution de la politique monétaire.
o Il existe deux types de politique monétaire :
 La politique monétaire « conventionnelle » (opérations d’open market, facilités
permanentes, réserves obligatoires).
 La politique monétaire « non conventionnelle » est mise en place pour faire face à
la crise. Elle répond à trois objectifs :
o augmenter massivement la quantité de monnaie (quantitative easing) ;
o orienter les anticipations des agents en agissant sur les taux directeurs ;
o débloquer les marchés de crédit en achetant des titres afin d’assouplir les
conditions de crédit (credit easing).
 En plus de ces fonctions, pour assurer la stabilité du système financier, la Banque
centrale se doit d’être prêteur en dernier ressort.
 Elle va baisser les taux d’emprunt de monnaie centrale pour les banques de second
rang, et racheter leur dettes.
 Elle s’assure ainsi qu’il y ait suffisamment de monnaie en circulation.
 Le prêteur en dernier ressort permet ainsi d’éviter que les risques inhérents à
l’activité bancaire menacent le bon fonctionnement de l’économie réelle.
 Mais, compte-tenu de la présence de ce filet de sécurité, la finance privée prend
parfois des risques excessifs en adoptant un comportement d’aléa moral.

La supervision des banques commerciales

 La crise financière de 2008 a fait apparaître certaines limites du système.


 À sa suite, des mesures ont été prises par les autorités pour améliorer la régulation
financière et bancaire.
 Les Banques centrales, et autres institutions financières, ont donc mis en place une
supervision bancaire.
 Les autorités ont établi des ratios de solvabilité ( == à 10\,\%10% depuis 2008)
que toutes les banques doivent respecter, pour pouvoir faire face à leurs
engagements à tout moment.
 Depuis novembre 2014, la supervision de la BCE s’exerce de deux manières :
o en direct, avec l’aide des autorités nationales de supervision, pour les
établissements jugés « significatifs » ;
o par l’intermédiaire des autorités nationales de supervision (mais sous le
contrôle de la BCE) pour les établissements jugés « moins significatifs ».

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