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CHAPITRE IV : COMMENT EXPLIQUER LES CRISES FINANCIERES ET REGULER LE SYSTEME A l’aide du document 4 et en réponse à la question 3 du document 2 p 134, on peut

se à la question 3 du document 2 p 134, on peut considérer que les crises financières ont été
FINANCIER ? fréquentes jusqu’en 1929 puis ses sont multipliées à partir des années 80. A cette époque, on assiste à un vaste mouvement de
Ce chapitre est un peu technique et nécessite que vous maîtrisiez le chapitre 4 de première sur le financement de libéralisation financière qu’Henri Bourguignat qualifie de 3 « D » de la globalisation financière :
l’économie. Afin de réviser les bases, faites l’exercice d’application dans le livre p 135. Je vous conseille également de  Désintermédiation : recours croissant des agents non financiers au marché financier pour couvrir leurs besoins de
visionner la vidéo intitulée : qu’est-ce que le système financier. financement.
Alors que dans le chapitre 2, nous avons analysé le rôle des FMN dans l’internationalisation de la production, nous allons cette  Déréglementation : assouplissement ou suppression des règles encadrant les transactions financières.
fois-ci observer le phénomène de globalisation financière. Cette dernière implique un recours accru aux marchés financiers dans  Décloisonnement : suppression des frontières au sein des marchés des capitaux nationaux ainsi qu’au sein des
le financement des économies, une concurrence plus forte entre les acteurs financiers, et la possibilité élargie de participer à tous marchés des capitaux des différents pays + suppression de l’encadrement réglementaire des banques qui les
les compartiments de ces marchés. La globalisation financière correspond à la mobilité internationale des capitaux. Cette cantonnaient à des réseaux et à des activités spécifiques de financement (différence entre banque de dépôt et banque
dernière est en partie liée à la stratégie des FMN qui, en réalisant des IDE, déplacent des capitaux d’un territoire vers un autre. d’investissement)
La globalisation financière a permis une baisse du coût du financement des agents économiques (ménages, entreprises, Etats),
avec une concurrence accrue au sein du système financier, mais elle conduit aussi à un endettement accru des acteurs, et à un
B) La crise des années 30
retour de l’instabilité financière à partir des années 80. Cette instabilité financière est potentiellement dévastatrice si elle se 1- Du krach de 1929 à Wall street à la crise financière
transmet à l’économie réelle par le biais de la contraction du crédit, de l’effet de richesse négatif, des faillites de banques
et d’entreprises qui déclenchent une récession voire une dépression. La crise des années 30 fait suite à une période de forte expansion des marchés financiers aux Etats-Unis dans les années 20.
Cette expansion s’explique en grande partie par la spéculation et non les performances économiques des entreprises américaines.
Le système financier correspond à l’ensemble des institutions (marché de titres et intermédiaires financiers) qui permettent aux Cette spéculation est largement soutenue par le développement du crédit (lire document 1 p 136). Les spéculateurs s’endettent
agents ayant des besoins de financement de se procurer les ressources nécessaires à la mise en œuvre de leurs projets sans pour acheter des actions qu’ils espèrent revendre à un prix plus élevé et ainsi réaliser une plus-value rapide, leur permettant de
attendre d’avoir cumulé l’épargne suffisante. rembourser leur crédit et de conserver un profit important. Après avoir diminué le taux d’intérêt directeur* en 1927, les
I) Quelles sont les caractéristiques des crises financières ? responsables de la Réserve Fédérale (la Banque centrale des États-Unis) ont mis en place une politique monétaire restrictive afin
Connaitre les principales caractéristiques de la crise financière des années 1930 et de celle de 2008 (effondrement boursier, de relever les taux d’intérêt et de limiter la hausse du prix des actions. Cette politique monétaire a contribué au déclenchement du
faillites en chaîne, chute du PIB et accroissement du chômage). krach boursier d’octobre 1929. (On verra que c’est également le cas en 2008 et 2023).
A) Définir la notion de crise financière
1- Distinguer crise économique et crise financière *Le taux directeur est le taux d'intérêt fixé par une institution financière relative à un pays ou à un groupe de pays. Les banques
centrales fixent les taux directeurs sur les zones qu'elles regroupent (comme la BCE pour la zone Euro qui compte depuis le
Avant de distinguer crise financière et crise économique, il faut commencer par rappeler ce qui oppose l’économie dite « réelle » 1/1/2023 20 pays membres). Le pilotage de ces taux est un instrument de politique monétaire, qui permet d'agir sur la vie
de l’économie dite « financière » économique d'un pays. En effet, le taux directeur influence directement le prix du crédit et de l'épargne octroyés par les
Première définition, par la négative : si l’on considère l’économie comme la description des mécanismes de banques privées qui répercutent les taux de la banque centrale.
production/distribution/consommation de biens et de services ainsi que des mécanismes d’échange les mettant en œuvre, toute
activité ne répondant pas à ces critères pourraient être considérée comme relevant de l’économie financière. Il existe 3 taux directeurs qui peuvent prendre des noms différents en fonction des pays (cours de première):

 Le taux de rémunération des dépôts : taux de rémunération des dépôts que font les banques auprès de la banque
Dans une acception étroite, l’économie réelle ne concerne donc que les échanges marchands (un bien contre de la monnaie, centrale ;
depuis la disparition du troc). Les moyens servant au financement de l’économie, qu’il s’agisse du crédit, des actions ou des  Le taux de refinancement (« taux refi ») : instrument de politique monétaire, il permet d'absorber ou de fournir
obligations, relèveraient ainsi de la sphère financière. contre garanties des liquidités aux banques au taux minimum décidé par la banque centrale (à la suite de la faillite de
la SVB, la BCE a relevé ce taux de 3% à 3,5%) ; Ce taux était de 0% entre mars 2016 et mars 2022, il a été
augmenté la dernière fois à 4,25% le 27/07/2023 en raison de l’inflation.
Cette distinction recouvre souvent également une dimension morale : il y aurait d’un côté la « bonne » économie réelle, la seule
« vraie » économie, et de l’autre une économie financière irréelle, et au fond parasitaire. Une telle distinction n’en reste pas moins  Le taux du prêt marginal (en Europe) : c'est le taux au jour le jour auquel la Banque centrale prête des liquidités aux
artificielle. La sphère financière, bien qu’elle manipule pour l’essentiel des signes immatériels n’en fait pas moins partie de banques.
l’économie réelle. Aucune activité « réelle » n’est envisageable sans une intervention de la sphère financière à tous les stades de
Le jeudi 24 octobre 1929 (jeudi noir), 12,8 millions (j’ai même trouvé 16,4 millions dans certains ouvrages) de titres sont
cette activité : que ce soit pour fournir de la trésorerie, couvrir les risques de change, emprunter en banque ou sur les marchés
présentés à la vente face à une demande proche de 0. Les cours s’effondrent de près de 20% en une matinée, la panique s’installe
financiers… Si la sphère financière s’est autant développée, c’est quand même d’abord parce que la complexité croissante
et les investisseurs qui s’étaient endettés pour acheter les titres doivent les vendre. (Étude du document 3 p 135 partie de gauche).
de la sphère « réelle » le nécessitait.
Cet effondrement se poursuivra jusqu’en 1932 pour atteindre une perte totale de 85%.
L’effondrement des cours boursiers constitue un effet de richesse négatif* : il réduit le patrimoine de certains ménages qui vont
On peut retenir 2 définitions de la notion de crise économique : par conséquent limiter leur consommation et leur investissement logement. La baisse de la demande sur le marché des biens et
services et le marché de l’immobilier entraîne alors la baisse des prix ce qui réduit là encore le patrimoine des ménages.
*effet de richesse négatif : baisse de la consommation et de l’investissement des ménages entrainée par une baisse de la valeur
 Au sens courant : période de dépression ou de stagnation durable de la conjoncture économique. de leur patrimoine.
 Au sens strict : processus de retournement du cycle économique en son point le plus haut qui interrompt la phase Dans un contexte de surendettement ne se limitant pas aux Etats-Unis, plusieurs événements vont conduire à une série de faillites
d’expansion. bancaires, ce qui conduit à une diminution du crédit et à une baisse du financement de l’économie…

Une crise financière, quant à elle, est une perturbation brutale du système financier (banques, marchés financiers 2- De la crise financière à la crise économique
notamment). Les crises financières peuvent être des crises de change*, des crises bancaires*, des crises boursières*, des crises
des dettes souveraines* et seraient dues principalement à des prises de risques mal maîtrisées, à la dégradation de la La faillite de nombreuses entreprises et de banques (40% des banques vont faire faillite entrainant avec elles leurs clients) va
solvabilité de certains emprunteurs publics ou privés et/ou aux comportements spéculatifs de certains opérateurs. Compte entrainer la chute du PIB et la montée du chômage. D’après les données de la Société des Nations, la production industrielle
tenu de la mondialisation des marchés, une crise financière reste rarement circoncise à un pays ou à un groupe de pays. Une crise
entre 1929 et 1932, a diminué de 46 % aux Etats-Unis, de 42 % en Allemagne, de 23 % en France et de 16 % au Royaume-Uni.
financière qui se prolonge entraîne rapidement une chute de la croissance, voire la récession (crise de l’économie réelle).
Le chômage passe de 3 % (1929) à 25% (1933) de la population active aux Etats-Unis. Tous les secteurs sont touchés, l’industrie
comme l’agriculture où nombre d’exploitants sont ruinés et doivent vendre leurs terres. Ces événements encouragent les situation délicate. Les actions des banques s’effondrent ce qui entraîne une chute généralisée des cours boursiers. La crise est
migrations d’une région à l’autre ; la misère et les bidonvilles se développement. Le phénomène n’est pas limité aux Etats-Unis financière.
puisque le taux de chômage a atteint 26,6 % en 1931 au Royaume-Uni, 33,7 % en 1930 en Allemagne pour rester durablement On parle de crise de liquidité quand plus aucun agent (notamment les banques) n’est prêt à prêter aux autres : le
entre 10 % et 15 % dans ces pays. La crise se propage par les flux de capitaux et le commerce international dans le monde financement est temporairement asséché (credit crunch). Les défauts de paiements dans l’immobilier ont fragilisé les banques
entier. Chaque pays se retranche derrière ses barrières douanières (protectionnisme) ce qui aggrave la dépression. qui ont cessé de se prêter les unes aux autres sur le marché interbancaire
La récession combinée à la déflation va conduire les économies dans la dépression.
Ainsi la crise financière se transforme en crise économique. L’analyse de JM Keynes rompt avec la pensée économique dominante (Marché du financement à CT entre banque) créant une crise de liquidité. Les banques ne se prêtant plus les unes aux autres ont
de l’époque (analyse néoclassique) qui considère que l’augmentation du chômage serait liée à l’existence de salaires trop élevés des difficultés à rembourser les titres arrivés à échéance, la valeur de l’actif des banques diminue et devient inférieure à leur
(CH3). Pour lui le chômage serait lié à une demande insuffisante, il faut donc privilégier une politique de relance par la demande. passif.
L’ampleur de la crise, sa brutalité et sa durée (1929-1939) ont fortement marqué les contemporains. La crise est structurelle. Il Petit rappel : la « liquidité bancaire » ou base monétaire correspond à la monnaie « Banque centrale », c'est-à-dire les billets de
faudra une profonde transformation du système capitaliste et l’instauration d’un Etat-providence pour renouer avec la croissance. banque et les avoirs détenus par les banques commerciales sur leur compte courant à la Banque centrale, ou encore les créances
C) La crise de 2008 qu'elles peuvent facilement échanger contre de la monnaie centrale. La liquidité bancaire influence la création monétaire dont la
principale source est le crédit.
1- Une analyse théorique La chute des subprimes engendre la crise financière qui se transforme en crise économique et en crise de la dette en
Europe. (Risque systémique). La crise financière a des effets d’autant plus dévastateurs aux USA, qu’en l’absence d’Etat
Nombreux sont les économistes qui se sont intéressés aux phénomènes de cycle : John Maynard Keynes, Hyman Minsky, John providence, les ménages US placent leur épargne sur les marchés afin d’assurer leur retraite future.
Kenneth Galbraith, Charles Kindleberger ou plus récemment Paul Krugman et Michel Aglietta. L’effondrement des bourses et les difficultés des banques entravent le financement des entreprises. Ces dernières ne parviennent
Selon ces économistes, Il n’y a pas simplement une répétition des crises, mais une répétition de cycles financiers, dont la crise plus à emprunter pour financer leur activité et leurs investissements. De même la dépréciation du prix des actifs mobiliers
constitue l’un des moments.² (actions) et immobiliers (maisons) entraine un effet de richesse négatif pour les entreprises et les ménages. La crise financière
provoque un pessimisme qui n’incite pas les entreprises à embaucher. La production baisse et le chômage augmente (crise de
Dans le cadre de son analyse de l’instabilité financière, Hyman Minsky propose dans les 80 l’idée du « Paradoxe de la l’économie réelle).
tranquillité », mécanisme économique reposant sur le caractère endogène des crises (notamment des crises financières) et
l’endettement. La crise est le fruit du fonctionnement même du système financier : plus les investisseurs sont confiants, plus ils D) La formation des bulles spéculatives à l’origine des crises financières
vont adopter un comportement de financement risqué. Dans les périodes de croissance, les agents s’endettent et financent Comprendre et savoir illustrer la formation et l’éclatement (dans le II, A) d’une bulle spéculative (comportements mimétiques
leurs investissements et leur consommation à crédit, ce qui dynamise la demande et renforce la croissance et l’optimisme général. et prophéties auto réalisatrices).
Cependant, le taux d’endettement des agents s’accroit, des crédits sont accordés à des agents moins solvables, des comportements
spéculatifs se développent et les bulles peuvent se former sur les prix de certains actifs. 1- Définir la bulle spéculative
Le paradoxe de la tranquillité de Minsky a été vérifié plusieurs fois dans l’histoire économique. Il permet notamment d’expliquer
la crise de 2007-2008 qui a frappé les Etats-Unis et les pays Européens. En sciences économiques, on définit une bulle spéculative comme une situation lors de laquelle le prix d’un actif financier ou
non financier diffère significativement et durablement de sa valeur fondamentale.
Les actifs non financiers des ménages englobent principalement les actifs détenus par les entreprises familiales non constituées
2- Dans la pratique en sociétés et les logements détenus par les ménages.
Les actifs financiers les plus courants sont les actions et les obligations :
Il faut rechercher l’origine de la crise des subprimes dans la politique monétaire menée aux USA au début des années 2000 à la  Une action est un titre de propriété qui donne droit à son détenteur à des revenus variables appelés dividendes, ainsi
suite de l’éclatement de la bulle internet. Afin de relancer l’économie US, Alan Greespan (gouverneur de la BC US : la FED) qu’un droit de vote en assemblée générale des actionnaires. Le propriétaire de l’action a aussi le droit de la revendre.
décide de baisser les taux directeurs de la réserve fédérale, pour faciliter l’accès au crédit et donc à l’endettement.  Une obligation est un titre de créance d’une durée déterminée qui donne droit à son détenteur à des revenus fixes
Un crédit subprime est un crédit hypothécaire proposé à une personne peu solvable. (Encadré à savoir p 137) appelés intérêts, auxquels s’ajoute le remboursement de la somme prêtée à l’échéance. Le propriétaire de
Aux Etats-Unis, à partir de 2002 le marché de l’immobilier connaît un essor considérable. Les taux d’intérêt sont au plus bas et l’obligation peut aussi la revendre avant l’échéance à un autre agent.
les banques développent un marketing très persuasif pour vendre des crédits, d’abord à des ménages aisés (clientèle prime), puis à
des catégories moins favorisées (clientèle subprime). Les agents acquièrent des actifs financiers pour protéger leur patrimoine contre l’inflation, pour obtenir des revenus du capital
Chaque agent est gagnant : l’emprunteur qui espère devenir propriétaire, le banquier qui transfère le risque de crédit à d’autres (l’intérêt étant la rémunération du prêteur, le dividende et le gain en capital celle de l’actionnaire) et pour les revendre à un prix
grâce à la titrisation, le courtier qui touche une commission, le créancier qui ne risque rien tant que le prix de l’immobilier est plus élevé afin d’encaisser une plus-value (spéculation).
orienté à la hausse (il peut toujours récupérer son argent en saisissant et en vendant le bien immobilier). Concrètement : Le fait pour un agent d’acquérir une action revient à obtenir le droit à des dividendes futurs ainsi qu’à la valeur
→ Titrisation : transformation d’un crédit en titre de créance (voir définition dans le A ù savoir page 137) de revente de l’action. Payer pour acquérir une action revient donc à payer pour obtenir le droit à des dividendes futurs ainsi que
Le crédit subprime est un prêt immobilier à taux variable proposé (taux promotionnel en début de période) à un emprunteur de percevoir le prix de revente de l’action. Si l’on considère que le prix d’une chose doit en refléter la valeur, alors le prix d’une
au revenu modeste avec un taux supérieur à celui proposé à la clientèle prime. En 2006, les crédits subprimes ont représenté 24% action doit refléter la valeur de ce que l’on obtient en échange de cette action, c’est-à dire qu’elle doit être fonction de la valeur
des nouveaux crédits immobiliers octroyés aux Etats-Unis. des dividendes futurs et de la valeur de revente. Le « fondamental de l’action » résulte donc de la valeur des dividendes futurs et
Ces prêts ont participé à la création d’une bulle immobilière ; tant que l’immobilier augmente, la maison acquise et mise en de la valeur de revente de l’action. En sciences économiques, on généralise ce raisonnement à l’ensemble des actifs financiers et
hypothèque garantit le bon déroulement des opérations. En cas de défaillance, le crédit sera remboursé par la vente de la maison. on fait l’hypothèse que le prix d’un actif financier reflète la valeur de son fondamental.
De même l’augmentation du prix de l’immobilier entretient un « effet de richesse positif » qui encourage les ménages à s’endetter
pour satisfaire une consommation toujours plus importante (crédit hypothécaires). 2- Le rôle des comportement mimétiques
Alors que la réserve fédérale avait encouragé la baisse des taux à la suite de l’éclatement de la bulle internet, elle se trouve face à
un deux difficultés : il faut attirer les investisseurs étrangers afin qu’ils contribuent au financement de la dette publique, et les C’est la situation dans laquelle le comportement des investisseurs est influencé par celui des autres (ici, dans le cadre du
tensions inflationnistes réapparaissent, dans ce cas, une seule solution : augmenter les taux d’intérêt. Cela va avoir des marché financier). Il existe 3 formes de comportement mimétique :
répercussions sur tous les crédits contractés à taux variables. A partir de 2004 les taux d’intérêt passent de 1% à 5%, ce qui  Mimétisme normatif : conformisme
provoque l’insolvabilité des clients (la crise d’insolvabilité est liée au fait que les agents n’ont pas les moyens de faire face à leurs  Mimétisme informationnel : on fait comme les autres car on pense qu’ils sont mieux informés
obligations, ils n’arrivent plus à rembourse leurs dettes). Les banques saisissent les biens et les mettent en vente sur le marché.  Mimétisme autoréférentiel : on suit la majorité
Des millions d’américains perdent leur logement et les prix de l’immobilier plongent.
Les établissements de crédits qui ont effectué ces prêts sont au bord de la faillite (Lehman Brothers fait faillite en septembre Le prix d’un actif financier provient du comportement de la majorité des agents sur le marché financier, comportement qui
2008). De nombreuses banques étrangères ont acheté des crédits transformés en titres (titrisation) et se retrouvent dans une provient de leurs anticipations. Si la majorité anticipe que le prix va monter, alors il montera. Dans ce cas, il ne sert à rien d’avoir
raison tout seul contre la majorité. Il est donc rationnel de se porter acheteur en espérant revendre plus tard le titre à un prix plus
trésorerie, la banque se trouve en position de prêteur net sur le marché interbancaire. Dans le cas inverse la banque doit avoir
élevé et avant que la bulle n’éclate. La bulle provoque et est provoquée par des comportements mimétiques : il est rationnel recours au marché pour assurer son refinancement.
de suivre la majorité, d’adopter le comportement majoritaire. Ce phénomène étonnant avait été très bien décrit par Les actifs et les passifs de la classe 2 correspondent aux opérations avec la clientèle. À l’actif, les crédits accordés, au passif, les
l’économiste (et spéculateur avisé) John M. Keynes (1936, Document 3 p 139) dans sa métaphore du concours de beauté : pour dépôts collectés ventilés selon leur degré d’exigibilité, leur forme (compte, bon, certificat) et leur nature au regard de la
gagner, il ne faut pas se comporter selon ses préférences ou ses anticipations personnelles ; il faut se comporter en fonction de réglementation bancaire (compte d’épargne à régime spécial, comptes ordinaires).
l’anticipation que l’on se fait du comportement de la majorité. Les actifs et les passifs de la classe 3 reprennent les opérations sur titres et les opérations diverses. À l’actif, les placements de
3- Les prophéties auto-réalisatrices la banque sur le marché des capitaux pour son propre compte (portefeuille de titres, classés selon leur durée de conservation). Au
passif, les titres de dettes que la banque émet pour se refinancer.
La prophétie auto-réalisatrice est la situation dans laquelle les agents économiques modifient leurs comportements de telle sorte La classe 4, à l’actif, contient les valeurs immobilisées, c’est-à-dire les biens et valeurs censés demeurer durablement dans le
que leurs prévisions soient vérifiées. patrimoine de la banque.
Un agent se porte acquéreur d’un actif s’il pense que sa valeur fondamentale va augmenter et/ou s’il pense que le prix du titre La classe 5, au passif, comprend les provisions constituées et les fonds propres y compris les bénéfices non distribués.
sera plus élevé dans le futur, lui permettant ainsi de le revendre et d’effectuer une plus-value. Dit autrement, un agent qui anticipe
que le prix de l’actif va augmenter se porte acheteur. Cette augmentation peut aussi conduire à ce que d’autres agents modifient 1-1 Le risque de crédit
leur comportement et se portent acquéreurs à leur tour en raison d’un comportement mimétique. L’augmentation du prix qui s’en
est suivie confirme les agents dans leurs anticipations. Inversement, un agent qui anticipe que le prix de l’actif va baisser se fait Le premier rôle des banques est de contribuer au financement de l’économie en octroyant des prêts. En octroyant un prêt,
vendeur et sera imité par les autres. la banque devient créancière de l’emprunteur, d’où l’intérêt pour elle de bien sélectionner les emprunteurs. En effet, la valeur
d’un prêt octroyé par une banque dépend de la capacité de l’emprunteur à rembourser ses dettes ainsi que les intérêts. Si
II) De l’éclatement des bulles spéculatives aux crises financières l’emprunteur est « de bonne qualité » (prime), il remboursera son prêt et ce prêt conservera une valeur fondamentale élevée dans
Quand les bulles éclatent, la valeur des actifs baisse et le caractère cumulatif de cette baisse s’explique par les mêmes le bilan de la banque. On appelle risque de crédit, la possibilité que le débiteur (l’emprunteur) se révèle incapable de
mécanismes que la phase de hausse : comportements mimétiques et prophéties auto-réalisatrices. rembourser sa dette et en payer les intérêts.
A) Le déclenchement des crises financières
1-2 La transformation bancaire
1- Le mécanisme de l’éclatement des bulles spéculatives
Les banques transforment des dépôts à court terme en crédit à LT.
Une fois les anticipations retournées à la baisse, c’est-à-dire que la majorité des agents sont devenus vendeurs, la demande de Une banque reçoit, d’une part, des dépôts à court terme. Si un de ses clients se présente au guichet pour retirer une somme
titres diminue, l’offre augmente et le prix de l’actif financier diminue effectivement : la bulle éclate. placée sur son compte de dépôt à vue, la banque est dans l’obligation de lui fournir les liquidités immédiatement. Tous les dépôts
Les comportements mimétiques jouent : si le prix diminue, il est rationnel de vendre avant d’avoir effectué des pertes, même si figurent au passif de la banque et sont en moyenne d’une maturité courte.
l’on pense que les fondamentaux de l’actif sont de qualité. La baisse du prix de l’actif financier va inquiéter des agents qui, D’autre part, la banque prête à long terme : prêts aux entreprises pour financer les investissements, prêts immobiliers aux
jusque-là anticipaient sa hausse. A leur tour, ils réviseront leur anticipation et souhaiteront vendre. La baisse du prix entraîne la ménages pour financer l’investissement logement, prêts étudiants bénéficiant souvent d’un différé, ... Ces prêts figurent à l’actif
baisse du prix. de la banque et sont en moyenne d’une maturité longue.
2- Différents exemples
2- Le risque d’insolvabilité et d’illiquidité à l’origine de paniques bancaires (bank run)
La faillite de New Century (deuxième institution de crédits subprimes aux Etats-Unis) le 2 avril 2007 a pu constituer la base
d’une modification des anticipations quant au risque des produits financiers conçus à base de crédits subprimes. L’incertitude se De manière générale, la panique bancaire vient du manque de confiance des agents économiques envers une ou des banques. Ce
faisant croissante à propos de produits jugés jusqu’ici de qualité et disséminés auprès d’un grand nombre d’agents aux moyens manque de confiance peut provenir du risque d’insolvabilité ou d’illiquidité. Dans les 2 cas, les banques se trouvent dans
d’autres produits plus ou moins opaques a pu modifier les anticipations de la majorité des détenteurs de ces produits. Cette l’incapacité de fournir des liquidités à leurs clients ce qui les conduit à la faillite.
modification d’anticipations devenant autoréalisatrice et conduisant à la baisse des prix des actifs financiers, combinée à Une banque devient insolvable lorsque la valeur de son actif, composée des prêts qu’elle a octroyés, et des actifs qu’elle
des comportements mimétiques alimentant cette baisse a conduit à l’effondrement des cours boursiers et aux faillites des détient (actions, obligations, ...), diminue jusqu’à devenir inférieure au montant de ses dépôts (qui figurent au passif).
institutions financières en 2007-2008.
L’insolvabilité provient d’une dégradation de la qualité des actifs détenus par la banque, c’est-à-dire une baisse de la valeur
fondamentale des prêts qu’elle a octroyés ou des actifs qu’elle détient, par exemple, si les emprunteurs ne remboursent plus la
B) La propagation des crises financières au sein du secteur bancaire et financier totalité de leurs mensualités et ne paient plus les intérêts qu’ils doivent. Dans ce cas, les entrées de liquidités en provenance
des prêts et actifs détenus sont insuffisantes pour permettre à la banque de pouvoir honorer ses engagements en matière
Comprendre les phénomènes de panique bancaire et de faillites bancaires en chaîne. de retraits de la part de ses clients : elle manque de liquidité à cause d’une mauvaise performance de ses prêts.
Les banques jouent un rôle central dans le déroulement des crises financières. Leurs activités de financement de l’économie les
amènent à prendre des risques qui peuvent, si la solvabilité des emprunteurs se dégrade, les fragiliser avec des conséquences L’illiquidité, au contraire, n’est pas directement liée à un problème de performance des prêts octroyés mais à l’activité de
graves sur l’activité économique. transformation. Elle apparaît lorsque la banque a prêté à long terme des ressources dont elle dispose à court terme
1- Les risques associés à l’activité des banques (endettement ou dépôts de ses clients). Même si tous les prêts qu’elle a octroyés sont performants (les liquidités affluent comme
prévu), il est possible qu’elle en manque, de manière temporaire, si ses clients souhaitent rapidement et massivement retirer leurs
Présentation d’un bilan bancaire pour ceux qui veulent faire de la finance (je n’aurai pas d’exigence pour les autres) : La dépôts. Si les banques sont à court de liquidité, elles peuvent chercher à s’en procurer auprès des autres banques sur le marché
structure du bilan d’une banque est différente de la structure des autres sociétés (actif = ressources et passif = dettes). De manière interbancaire (si confiance il y a) ou auprès de la Banque centrale (prêteur en dernier ressort).
simplifiée, le bilan d’une banque se présente de la façon suivante :
Exemples : Des paniques bancaires se sont produites au cours de toutes les crises financières majeures aux Etats-Unis jusqu’en
Le passif renseigne sur l’origine des ressources, c’est-à-dire les fonds collectés par la banque. 1933 (1819, 1837, 1857, 1873, 1884, 1893, 1907, 1930-1933). L’instauration en 1933 d’une assurance dépôt fédérale qui
L’actif informe sur l’utilisation des fonds collectés. protège des pertes les déposants jusqu’à un certain montant a empêché le retour des paniques bancaires, même s’il a pu se
Le cadre comptable ventile le bilan d’une banque en 5 classes : produire occasionnellement des ruées isolées pour des raisons particulières aux institutions financières concernées. Pourtant, un
Les actifs et les passifs de la classe 1 correspondent aux opérations interbancaires celles que la banque réalise avec d’autres tel phénomène s’est produit récemment : des queues de déposants se sont formées à l’entrée des succursales de la banque
institutions financières, dans le cadre de sa gestion de trésorerie. Quand son exploitation lui permet de dégager des excédents de britannique Northern Rock en septembre 2007 (pour la première fois depuis 1866, des déposants se ruaient sur une banque
britannique). La raison en était que l’assurance dépôt au Royaume-Uni était très mal conçue : 100 % des premières 2 000 £
et 90 % pour les 33 000 £ suivantes. Or, toute assurance dépôt de moins de 100 % peut amener les déposants à retirer leur de l'emprunteur. Il n'est pas systématique, on retrouve ainsi fréquemment des dettes dites « unsecured », pour lesquelles aucune
argent à la moindre rumeur (par comparaison, l’assurance dépôt est aujourd’hui de 100 000 € en Europe et de 250 000 $ garantie n'est mise en place.
aux Etats-Unis, à 100 % dans les deux cas). A la suite de la faillite de la SVB le 10 mars 2023, la FED a annoncé
une « exception de risque systémique » et la garantie des dépôts jusqu’à 100% des sommes déposées. Le mécanisme de baisse du prix du collatéral et de ventes forcées peut aussi aggraver les phénomènes décrits précédemment.
D’une manière générale, avec la baisse du prix du collatéral, les prêteurs exigent des emprunteurs un apport de fonds
3- Les faillites bancaires en chaîne complémentaires pour compenser cette perte de garantie. En conséquence, les emprunteurs vont devoir procéder à des ventes
forcées, qui, cumulées diminuent à nouveau la valeur du collatéral.
Il existe un risque de contagion lors d’une panique bancaire. Le non remboursement des crédits ou la baisse du cours des titres
diminuent la valeur de l’actif bancaire. Lors de la crise des subprimes, la baisse des prix de l’immobilier (le bien immobilier servait d’hypothèque donc de collatéral)
L’interconnexion très forte entre les banques, conduit à une contagion rapide d’une banque à l’autre. C’est ainsi qu’une panique peut conduire les ménages surendettés et les banques qui saisissent les logements à vendre ces biens immobiliers dans l’urgence.
bancaire peut conduire à des faillites bancaires en chaîne. Lors de la crise de 2008, la titrisation est souvent considérée comme Là encore, cette vente forcée fait fortement baisser le prix du bien, d’abord par augmentation de l’offre sur le marché mais
l’élément principal de la contagion de la crise à l’ensemble de la sphère financière. Les banques se sont servies de cette technique aussi parce qu’elle oblige le vendeur à accepter une décote puisque la vente doit se faire rapidement et dans un marché baissier.
financière pour se débarrasser des risques qui pesaient sur les créances immobilières subprimes. Ce mécanisme aggrave encore la diminution de la valeur du patrimoine des agents et donc leur consommation et
En juillet et août 2007, le marché a pris de conscience de la toxicité des produits financiers innovants adossés aux prêts investissement, ce qui se répercute sur la production et l’emploi.
immobiliers hypothécaires subprimes. Parallèlement, l’asymétrie d’information régnant sur le marché interbancaire a contribué à L’économiste américain Irving Fisher avait étudié ce phénomène à la suite de la crise de 29. Il explique qu’en cherchant à se
la dégradation de la confiance entre les banques puisque chacune sait que l’autre fait des pertes et dispose d’actifs de mauvaise désendetter en vendant leurs actifs, les entreprises provoquent une déflation (baisse du niveau général des prix) qui accroît le
qualité. Aussi, chaque banque prêtant à une autre, même à vingt-quatre heures, craint de ne pas être remboursée. Le marché poids réel de leur dette (debt-deflation ou déflation par la dette).
interbancaire s’est asséché : aucune banque ne souhaitait plus prêter aux autres. L’insolvabilité de certaines banques conduit, par Conclusion : En dégradant massivement les notations des crédits hypothécaires américains, les principales agences de notation-
un effet dominos du fait des interconnexions entre banques, à ce que toutes risquent alors, l’illiquidité et la faillite : c’est le risqueMoody’s, Standard & Poor’s et Fitch ont été l’élément déclencheur de la crise financière qui a éclaté en 2007 aux Etats-Unis.
systémique Cette dernière s’est ensuite transmise à l’économie réelle, qui va entrer en récession sous l’effet des restrictions de crédit et
des effets richesses. La consommation des ménages a alors décru et le taux d’épargne a augmenté, du fait des effets de richesse
C) La transmission des crises financières à l’économie réelle et de l’augmentation du taux de chômage. La baisse des financements, la diminution du revenu anticipé des ménages et la crise de
confiance ont réduit l’investissement des entreprises. La faillite de la banque Lehman Brothers, seule à ne pas être sauvée par les
Connaître les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle : effets de richesse négatif, baisse plans de sauvetage, a renforcé la perte de confiance des agents économiques. Les entreprises ont alors compris que la crise serait
du prix du collatéral et ventes forcées, contraction du crédit. durable et sévère et ont ajusté leur production en conséquence : anticipant que le revenu des ménages diminuerait, elles ont réduit
La crise de 2008, comme celle des années 1930 et la plupart des crises financières, qui se manifestent notamment par la baisse la production pour ne pas se retrouver avec de coûteux stocks invendus. Ainsi, en zone euro, la baisse de la production
du prix des actifs financiers, des faillites bancaires et la disparition de la confiance, a des conséquences sur l’économie réelle, industrielle atteignait 15,9 % sur un an en juillet 2009. Le taux de chômage a alors augmenté pour atteindre, en juillet 2009,
entraînant notamment une baisse de la production et une montée du chômage. 9,4 % aux Etats-Unis, en hausse de 3,6 points sur un an ; 9,5 % en zone euro, en hausse de 2 points sur un an. Dans les pays les
Les économistes utilisent l’expression canaux de transmission pour désigner l’ensemble des mécanismes et processus par plus exposés à la bulle immobilière, les effets ont été décuplés : le taux de chômage est ainsi passé de 6,0 % à 12,5 % en Irlande
lesquels un choc dans la sphère financière se transmet à la sphère réelle (le monde de la production de biens et services non et de 11,4 % à 18,5 % en Espagne.
financiers).
Deux canaux principaux sont à l’origine de la transmission de la crise financière à l’économie réelle : II) Comment réguler le système financier
 La réduction du financement de l’économie, du fait d’une contraction du crédit, d’une part ; Connaître les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier qui permettent de réduire l’aléa moral
 Les effets de richesse négatif sur la consommation et l’investissement des ménages et entreprises, d’autre part. des banques : supervision des banques par la banque centrale, ratio de solvabilité.
La régulation financière peut être définie comme un ensemble de mécanismes et de règles qui assurent le bon fonctionnement et
Ces deux canaux sont renforcés par un troisième phénomène qui aggrave la contagion : la baisse du prix du collatéral et les la stabilité des marchés financiers.
ventes forcées.
1- La contraction du crédit (credit crunch)
A) La justification de la régulation du système financier
La baisse de la valeur des actifs financiers détenus par une banque (obligation, crédits subprime, actions…) conduit à une
diminution de la valeur de son patrimoine, réduisant ainsi ses fonds propres. Avec moins de fonds propres, la banque doit Le principal risque que font courir les activités bancaires et financières au système économique provient de l’aléa moral.
réduire le montant de prêts qu’elle octroie aux agents économiques. L’aléa moral consiste dans le fait qu’une personne ou une entreprise assurée contre un risque peut se comporter de manière plus
Dès lors, cette contraction du crédit à disposition des ménages et des entreprises entraine une baisse de la consommation et de risquée que si elle était totalement exposée au risque.
l’investissement et plus largement des difficultés pour les agents en besoin de financement. Les conséquences sur l’économie L’aléa moral apparaît ainsi à tous les échelons du système bancaire et financier : octroi d’un crédit par une banque, sa revente
réelle sont lourdes : baisse de la consommation et de l’investissement, faillite d’entreprises et montée du chômage. sous forme de produit financier innovant à un fond spéculatif par un trader pariant avec les fonds de sa banque, elle-même
Ainsi, le manque de crédit réduit le niveau de la demande globale et nuit à la croissance économique. couverte par les fonds publics au moyen des garanties de la banque centrale (prêteur en dernier ressort) ou de l’Etat.
2- Les effets de richesse négatifs Au niveau le plus global, les banques en s’engageant dans des opérations risquées (transformation bancaire ou prêts à des
agents aux revenus incertains, activités spéculatives…) risquent la faillite. Or, la faillite d’une banque cause des pertes à ses
Les économistes appellent effet de richesse le fait qu’une variation de la valeur des actifs patrimoniaux (actions, obligations, créanciers qui lui ont prêté leurs fonds : les ménages et entreprises qui perdront leur épargne, les autres banques qui lui auront
biens immobiliers...) des agents incite ces derniers à modifier leurs dépenses et donc leur demande de biens de consommation et octroyé un prêt et ne seront pas remboursées. L’aléa moral apparaît ici : les créanciers ont fait confiance à la banque en déposant
d’investissement. Cette demande s’accroît lorsque la valeur du patrimoine augmente et diminue en cas de baisse. leurs fonds mais ils n’ont pas les moyens de contrôler l’utilisation qu’elle en fait. La banque peut adopter un comportement plus
Dans le cas d’un effet de richesse négatif, la baisse du prix des actifs financiers (actions, obligations) et réels (logement, risqué que ne le souhaitent ses créanciers. En outre, les conséquences d’une faillite bancaire sont généralement graves et
terrain...) réduit la valeur du patrimoine des agents qui les détiennent : ceux-ci sont, ou, se sentent, moins riches ; ce qui deviennent catastrophiques si elles sont suivies de faillites bancaires en chaîne réduisant fortement le financement de l’économie,
les conduit à réduire leurs dépenses de consommation et d’investissement, ce qui pèse sur la croissance et l’emploi. la croissance économique et l’emploi.
Pour tenter de pallier ce problème d’aléa moral, les Etats ont mis en place une première forme de régulation, notamment aux
3- Baisse du prix du collatéral et ventes forcées Etats-Unis en 1933 : un filet de sécurité public consistant à faire garantir par l’Etat les dépôts bancaires pour rassurer les
épargnants de retirer leurs fonds en cas de retournement des anticipations. Outre l’assurance dépôt qui est une règlementation
Un collatéral est un actif porté en garantie d’un prêt (dette). Tous les types d'actifs peuvent être concernés : propriété explicite, la régulation s’est aussi effectuée au moyen :
immobilière, stocks, créances, titres de participation, liquidités... C’est le « coussin de sécurité » d'un créancier en cas de défaut
 De la banque centrale qui, en tant que prêteur en dernier ressort a injecté des liquidités auprès d’une banque
ou du système financier pour éviter les paniques bancaires en chaîne ;
 De l’Etat qui a pu renflouer ou nationaliser temporairement certaines institutions financières comme ce fut le
cas en 2008, leur évitant la faillite en leur octroyant des fonds publics en provenance des contribuables (d’où le
mécontentement de la population que l’on retrouve dans certains mouvements sociaux/occupy Wall street). En 2023,
la banque nationale Suisse a demandé à UBS de racheter le crédit Suisse.

Cependant, cette régulation a des effets ambivalents : si elle protège les déposants en empêchant les banques de faire faillite…
elle empêche effectivement les banques de faire faillite. Or, protéger les banques de la faillite correspond à leur proposer de jouer
à un jeu du type « pile, je gagne ; face, le contribuable perd » car l’Etat utilisera les fonds des citoyens pour sauver les banques.
Une régulation de ce type conduit donc à augmenter la prise de risque des banques plutôt qu’à la diminuer. Ces problèmes sont
amplifiés pour les banques qui ont une taille qui les rend systémiques (banques too big to fail), c’est-à-dire que leur faillite
entraînerait un dysfonctionnement du système financier tout entier : faillites bancaires en chaîne et faillites des déposants
(ménages et entreprises).
Le risque systémique est lié à la forte probabilité d’un dysfonctionnement majeur, voire de l’effondrement du système financier.
Ce risque peut s’étendre à une vaste zone géographique ou se propager à l’échelle planétaire, via des effets de dominos, puis de
faillites en chaîne.

L’aléa moral des banques rend donc nécessaires des politiques de régulation du système bancaire et financier.

B) Les moyens de régulation du système financier


1- La supervision par la Banque Centrale

La supervision bancaire consiste, pour les autorités de régulation, à prévenir les crises bancaires en concevant une
réglementation bancaire efficace et en s’assurant de sa mise en œuvre.
Les règles visant à encadrer les activités bancaires et financières pour assurer la stabilité du système financier et éviter les
crises sont appelées règles prudentielles.
2- Ratio de solvabilité

Un ratio de solvabilité cherche à prévenir le risque d’insolvabilité des banques. Il correspond à un rapport entre les fonds propres
d’une banque et les actifs pondérés par leur risque.
Les banques doivent être en permanence solvables, c’est-à-dire pouvoir faire face à leurs engagements à tout moment. En
effet, si les clients de la banque qui ont déposé chez elle leur argent (dépôts à vue) doutent de sa solidité financière, ils risquent de
perdre confiance et de retirer leurs dépôts, précipitant la banque (et tout le système s’il s’agit d’une banque importante) dans des
difficultés majeures.
C’est pourquoi La Banque des Règlements Internationaux (BRI) dont le siège est à Bâle (Suisse) a établi des ratios de
solvabilité que toutes les banques doivent respecter.
Un premier ratio a été créé dès 1988. On l’appelle ratio de Bâle I (ou ratio Cooke) : Ce ratio se mesurait en comparant le niveau
des engagements d’une banque (crédits et autres placements) au montant de ses fonds propres (capital apporté par les actionnaires
et profits de la banque). Il était égal à 8 %. Cela signifiait que pour prêter un total de 100 millions d’euros, une banque devait
avoir au minimum 8 millions d’euros de fonds propres pour être considérée comme solvable.
Les accords de Bâle III en 2010 ont fait passer le ratio de solvabilité minimum de 8% à 10,5% dont 4,5 de vrais fonds propres.
Pour plus de précisions, vous pouvez consulter le site de La finance pour tous en cherchant : Ratio de solvabilité bancaire. Bâle
III impose également au secteur bancaire la constitution d’un coussin contra-cyclique, une sorte de « matelas de sécurité » que les
banques alimenteront en phase d’expansion économique, et dans lequel elles pourront à l’inverse puiser en cas de récession.
Les banques sont également soumises à des ratios de liquidité permettant à une banque de pouvoir faire face à une pénurie de
refinancement pendant au moins un mois.
Régulièrement, la BCE organise des stress tests afin de s’assurer de la capacité du système bancaire européen à faire face à une
crise.
Votre livre envisage une troisième partie sur les obstacles à la régulation du système financier. Cette dernière ne figure pas au
programme et pourrait éventuellement servir en conclusion d’un sujet sur les difficultés à mettre en place une régulation
internationale tant les acteurs cherchent à développer des innovations pour contourner les anciennes règles, preuve en est la
situation de 2023. Si les exigences en termes de fonds propres ont été renforcées pour les banques, le shadow banking system
n’est toujours que très faiblement réglementé. Or, les entités de cette « finance de l’ombre » ont été en partie créées par les
banques pour y loger des produits titrisés constitués à partir de leurs actifs risqués. Ainsi, le shadow banking system est utile à
l’économie car il permet d’étendre les possibilités de financement et de diversifier les risques. Mais c’est aussi un moyen pour les
banques de contourner les réglementations prudentielles et alimente la prise de risque. Comme il entretient des liens forts avec le
système bancaire classique, il représente bien une menace pour la stabilité financière.

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