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Cours d’Economie Générale ECS 1 Module 2 CH 5 Année académique 2018-2019

CHAPITRE 5 : LES CRISES FINANCIERES


INTRODUCTION
De nombreuses crises ont affecté les économies nationales depuis plusieurs décennies. Celle
de 1929, celle de 1973 ou plus récemment celle de 2008. Ces grandes crises ont à chaque fois
touché l’ensemble des agents économiques : les entreprises (entrainant des faillites), les
ménages (réduisant leur pouvoir d’achat ou faisant croitre le chômage), les banques (les
rendant plus réticentes à financer les projets), les États et les finances publiques. Dans un
monde où les économies nationales sont de plus en plus interconnectées et liées à la finance
internationale, les probabilités des crises à s’étendre à l’échelle mondiale sont immenses. Si
on analyse les crises qui se sont déroulées depuis le milieu des années 1980, on se rend
compte que ce sont surtout les crises bancaires et financières qui ont tendance à se multiplier.
Ces crises s’expliquent en particulier par un phénomène qui s’appelle la théorie du « cycle du
crédit ». Dans ce chapitre, en premier lieu, nous définirons les notions nécessaires à la
compréhension des crises financières et présenterons les différentes formes de crises
financières. En second lieu, nous indiquerons les différentes phases des crises et exposerons
les causes des crises financières. Troisièmement, nous traiterons de la manifestation des crises
financières, et en dernier ressort, nous présenterons les processus de régulation des marchés
financiers.
Section 1 : DEFINITIONS

En économie, la crise est le moment où la conjoncture se retourne à la baisse, c’est- à-dire le


moment qui clôt une phase d’expansion économique et ouvre une phase de récession, voire de
dépression.
On parle de crise financière pour qualifier un retournement de la conjoncture dans le système
financier. Les crises financières sont favorisées par un contexte particulier : innovations
financières, système financier libéralisé, facilité d’accès au crédit.
La titrisation est un procédé par lequel une banque qui détient une créance émet une
obligation adossée à cette créance, qu’elle vend sur les marchés financiers. En réalisant cette
opération, elle transfère le risque de non remboursement du prêt à un autre agent. Elle a
entraîné une augmentation du crédit en minimisant le risque de crédit.
L’aléa moral est un risque provenant d’une situation d’asymétrie d’information. Ainsi les
opérateurs financiers peuvent prendre des risques non anticipés, parce qu’ils savent qu’il
existe un prêteur en dernier ressort (Etat ou banque centrale) qui pourra les couvrir.
L’assurance d’un sauvetage financier conduit à prendre davantage de risques. Par exemple,
avec le phénomène de la titrisation, les banques ont pu prendre davantage de risques et ont
accordé des crédits à des ménages peu solvables, car elles savaient qu'elles pourraient
revendre les crédits sous forme de titres et se débarrasser du risque. Il y a eu une asymétrie
d'information entre les banques qui vendaient ces titres et les acheteurs, qui ont été mal
informés des risques que représentaient ces titres, fondés sur des créances faites à des
ménages qui risquaient de faire défaut.

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Un établissement "too big to fail" est un établissement "trop gros pour faire faillite". Son
poids financier rend impossible le fait que les autorités monétaires puissent le laisser tomber,
en raison de l’effet majeur qu’une faillite entraînerait. En l’absence d’intervention, l’économie
risque la crise systémique. Le poids d’une banque, mesuré par le total de son bilan permet
d’estimer l’ampleur des conséquences de sa faillite éventuelle. Les difficultés d’une banque
s’étendent vite à d’autres banques et à l’économie tout entière. Les pouvoirs publics se
refusent donc à ne pas secourir une banque trop importante. Le principe "too big to fail" part
d’une bonne intention : éviter le risque systémique dû à la faillite d’un grand établissement.
Risque systémique : risque de dégradation brutale de la stabilité financière qui compromet la
capacité du système financier à remplir sa fonction fondamentale, l’offre de services
financiers, avec des répercussions sur l’économie réelle ou risque de crise financière
généralisée provoqué par la défaillance d’un participant qui entraîne dans sa chute d’autres
défaillances d’établissements financiers (effet domino).
Plusieurs situations présentent des risques systémiques :
 L'interdépendance des institutions financières : si les institutions sont
interdépendantes, en se prêtant des fonds les unes aux autres, il peut y avoir un effet de
contagion en cas de difficulté d'une institution. En effet, suite à un choc, par exemple
si une banque fait défaut, les difficultés se propagent au système financier et
provoquent des faillites en chaîne, touchant l'ensemble des marchés financiers, c'est
l'"effet domino".
 L'exposition commune des différentes composantes d'un marché à un choc (par
exemple si toutes les institutions du marché détiennent un grand nombre de parts dans
une entreprise, si celle-ci fait défaut, toutes les institutions seront en difficulté).
 Les déséquilibres financiers : lorsque certaines économies mondiales dégagent de
forts excédents (capacité de financement) et d'autres de grands déficits (besoins de
financement), le déséquilibre est un risque systémique. En effet, d'une part, dans les
économies à capacité de financement, l'accumulation d'excédents incite les agents à
réaliser des placements financiers de plus en plus risqués. D'autre part, les économies
mondiales sont rendues très interdépendantes, et un changement dans une économie
peut avoir de grandes répercussions sur d'autres. Ainsi, lorsque les déséquilibres se
creusent, la probabilité d'une crise globale augmente.
Le risque systémique a des répercussions sur l'économie réelle. D'une manière générale :
 L'effondrement des cours de titres engendre un effet de richesse négatif (perte de
revenu pour les agents qui détiennent des titres).
 La structure financière des entreprises se dégrade (la valeur de leurs actifs financiers
se dégrade), elles ont plus de mal à obtenir des financements et deviennent plus
vulnérables.
 L'offre de crédit se contracte et limite les capacités d'investissements des agents
(ménages, entreprises, Etat). Cela fait diminuer le niveau de production, ce qui affecte
le niveau d'emploi. * Dans cette situation de risque systémique, les agents formulent

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des anticipations pessimistes, ce qui limite la reprise de la production. Dans ce cas, la


crise s'auto-entretient.
Credit crunch : phénomène d’assèchement des possibilités de crédit auprès des
établissements bancaires.
Réglementation prudentielle : normes contraignantes visant à réduire le risque systémique
en forçant les banques et les agents financiers à éviter une prise de risque excessive.
Une bulle spéculative : il y a bulle lorsque la différence entre le cours d’une action et le
rendement économique d’une entreprise est trop grande. La bulle spéculative est une situation
où les cours des actions augmentent du fait du comportement mimétique des spéculateurs,
sans rapport avec la valeur réelle des entreprises. Cette bulle se développe à cause
d’anticipations auto-réalisatrices des opérateurs de marché : tous se procurent des titres en
espérant qu’ils vont prendre de la valeur, la demande augmente, et les titres prennent
effectivement de la valeur. Au moment où ces anticipations se retournent, on parle
d’éclatement de la bulle : les agents liquident leurs titres, qui perdent alors de la valeur. Sur
les marchés des capitaux, la hausse des prix ne se traduit pas forcément par une baisse de la
demande, en raison de comportements mimétiques. Il y a mimétisme, car les investisseurs
achètent parce que d’autres achètent. On peut considérer qu’une des motivations de l’adoption
du comportement mimétique est que l’information sur le marché manque : l’agent suit alors
des leaders supposés mieux informés que lui.
La volatilité désigne l'amplitude des fluctuations du cours d'un actif. Un actif est volatile si
son cours varie fortement sur une courte période.
Paradis fiscal : territoire sur lequel l’impôt sur les bénéfices ou les revenus de capitaux
supporté par les non-résidents est insignifiant et dont les autorités se montrent "peu
coopératives" pour fournir à des pays tiers des renseignements sur les patrimoines ou les
revenus des personnes qui y ont des comptes.

Section 2 : LES DIFFERENTES FORMES DE CRISES FINANCIERES

Les crises financières peuvent prendre la forme de :


 Krach boursier ou crise boursière : très forte chute des cours des actions.
Ajustement brutal à la baisse sur les marchés boursiers, lié à l'éclatement d'une bulle
spéculative. Une grande partie des titres perdent brusquement leur valeur, car tous les
agents cherchent à les revendre.
 Crise de change : effondrement de la valeur de la monnaie. Ajustement violent du
taux de change de la monnaie d'un pays vis-à-vis des autres monnaies. Il peut par
exemple s'agir du cas où une monnaie est victime d'une attaque spéculative (les agents
financiers détenteurs de cette monnaie cherchent à la vendre pour faire diminuer sa
valeur), comme en a été victime la livre sterling en 1992.
 Crise bancaire : les banques sont en situation d'illiquidité ou d'insolvabilité, et de ce
fait n'arrivent plus à obtenir d'argent sur les marchés de capitaux. Elles ne peuvent
alors plus accorder de crédits et risquent de ne pas rembourser les agents qui leur ont
confié leurs fonds. C'est le cas des faillites bancaires de 2008.

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 Crise de la dette souveraine : c'est une situation dans laquelle un Etat a des
difficultés à rembourser sa dette. Elle peut venir du simple doute des agents financiers
sur les capacités de l'État à rembourser sa dette, car si ces agents sont méfiants, ils
cessent de prêter à l'État, or cet Etat pouvait compter sur l'emprunt pour rembourser
ses premiers créanciers. C'est par exemple la crise qu'a connue la Zone Euro en 2010.

Section 3 : LES CAUSES DES CRISES FINANCIERES

Plusieurs explications permettent de comprendre ces crises financières :


 un système financier libéralisé laisse une grande liberté aux acteurs sur les marchés.
L’interdépendance entre les marchés financiers, entre les banques ainsi qu’entre le
secteur bancaire et les marchés financiers se propage à l’ensemble du système
financier national et international.
 L’abondance de liquidités et le crédit facile. Les prêteurs imprudents sont devenus
incapables de sélectionner les bons projets (risque de crédit).
 Le développement d’innovations financières. En créant des opportunités nouvelles
de placement, les innovations financières sont des facteurs de déstabilisation. La
titrisation, au cœur de la crise des subprimes, fournit un exemple de l’augmentation du
risque systémique issue des innovations financières (risque de marché).
 L’augmentation des inégalités. Quand les inégalités s’accroissent, les ménages les
plus modestes sont contraints d’emprunter, ce qui augmente le risque bancaire. A
l’opposé les ménages les plus aisés, dont les revenus et le patrimoine progressent
rapidement, alimentent la spéculation par leurs apports de capitaux sur les marchés
d’actifs.

Section 4 : LES PHASES DE CRISES

Selon Charles Kindleberger la crise se déroule en cinq phases :


 Essor : période de croissance économique et d'expansion du crédit. Elle rend
favorable une hausse du prix des actifs (par exemple dans les années 1990 aux Etats-
Unis).
 Euphorie : dans la continuation de l'essor, le crédit est accordé de plus en plus
facilement, car les investisseurs recherchent les placements les plus rentables et
financent des projets de plus en plus risqués. Les risques de crédit sont sous-estimés.
(Cela a par exemple été le cas aux Etats-Unis, avec le système des "subprimes". Les
garanties hypothécaires des prêteurs ont donné confiance aux investisseurs qui ont
accordé des prêts à des ménages peu solvables.)
 Paroxysme et retournement : les agents peuvent brusquement prendre conscience
des risques trop grands qui ont été pris, notamment lorsque les projets risqués
échouent et que des débiteurs font défaut. Les fragilités du système apparaissent et les
anticipations des agents se retournent brusquement, c'est-à-dire qu'ils deviennent
pessimistes (aux Etats-Unis, en 2007, lorsque le prix des logements a diminué, il n'a
plus été possible pour les banques prêteuses de compenser les défauts de paiement des

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ménages en vendant leurs habitations. On s'est alors rendu compte que des prêts
avaient été accordés beaucoup trop facilement).
 Reflux et pessimisme : dans un contexte pessimiste, les agents cherchent à tout prix
des liquidités, la méfiance s'accroît envers les autres agents. Plus personnes ne veut
prêter d'argent, et le crédit se fait rare. C'est le "credit crunch". Les agents cherchent
alors à vendre leurs titres pour avoir des liquidités, et les cours des titres chutent
brutalement.
 Déflation de la dette et restructuration : la baisse des cours appauvrit les agents, qui
vendent alors d'autant plus de titres pour compenser cette baisse, ce qui fait à nouveau
baisser leurs cours. Il y a donc une baisse auto-entretenue des prix des actifs, ainsi que
des revenus, car les entreprises sont en difficulté. L'intervention publique est cruciale
durant cette phase pour amorcer la reprise (aux Etats-Unis, de grandes banques ont fait
faillite, nécessitant l'intervention du Trésor public. Cette crise s'est propagée au reste
du monde).
Section 5 : MANIFESTATION DES CRISES FINANCIERES : CAS DE
LA CRISE DES SUBPRIMES

Quand une vague d’optimisme touche un domaine d’activité, le prix des actions des
entreprises de ce secteur grimpe et comme tout le monde pense que l’augmentation va se
poursuivre, chacun achète ces titres et une "bulle" se forme. Cette hausse fournit des garanties
aux emprunteurs qui s’endettent davantage et achètent plus d’actions. Les prix grimpent
encore et l’emballement s’auto-entretient jusqu’à l’explosion. La crise est systémique quand
elle se diffuse à l’ensemble des marchés financiers à l’échelle planétaire. Concernant le cas de
la crise des subprimes intervenue aux Etats-Unis, on note qu’à partir de 2002 le marché de
l’immobilier connaît un essor considérable. Les taux d’intérêt sont au plus bas et les banques
développent un marketing très persuasif pour vendre des crédits, d’abord à des ménages aisés
(clientèle "prime"), puis à des catégories moins favorisées ("subprime"). Chaque agent est
gagnant : l’emprunteur qui espère devenir propriétaire, le banquier qui transfère le risque à
d’autres (titrisation), le courtier qui touche une commission, le créancier qui ne risque rien
tant que le prix de l’immobilier est orienté à la hausse (il récupère son argent en saisissant le
bien immobilier). . . Une subprime est un prêt immobilier proposé à un emprunteur au revenu
modeste avec un taux d’intérêt élevé. Aux Etats-Unis, il s’est agi d’emprunts immobiliers
accordés à des ménages à faibles revenus à taux variables. Quand les taux d’intérêt ont
augmenté, ces ménages se sont retrouvés dans l’impossibilité de rembourser leurs crédits.
Mais surtout ces crédits immobiliers ont été titrisés sous forme de titres de créances que
s’échangeaient les banques sur les marchés financiers. On parle de créances douteuses, c’est-
à-dire dont le risque de non-recouvrement est élevé. En 2006, les crédits "subprime" ont
représenté 24 % des nouveaux crédits immobiliers octroyés aux États-Unis. Ces prêts ont
participé à la création d’une bulle immobilière ; tant que le prix de l’immobilier augmente, la
maison acquise et mise en hypothèque, garantit le bon déroulement de l’opération. En cas de
défaillance, le crédit sera remboursé par la vente de la maison. Mais le prix de l’immobilier
plonge. Les taux d’intérêt passent de 1 % à 5 %, ce qui provoque l’insolvabilité des clients.
Des millions d’américains perdent leur logement. Les établissements de crédits qui ont

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effectué ces prêts sont au bord de la faillite (Lehman Brothers, l’une des plus prestigieuses
banques d’investissement au monde, fait faillite en septembre 2008). De nombreuses banques
étrangères ont racheté les crédits transformés en titres financiers (titrisation) et se retrouvent
dans une situation délicate. Les actions des banques s’effondrent ce qui entraîne une chute
généralisée des cours boursiers. La crise est financière. On parle de crise de liquidité quand
plus aucun agent n’est prêt à prêter aux autres : le financement est temporairement asséché.
105 Les défauts de paiement dans l’immobilier ont fragilisé les banques qui ont cessé de se
prêter les unes aux autres créant une crise de liquidité. Les banques ne se prêtant plus
mutuellement ont des difficultés à rembourser les titres arrivés à échéance, la valeur des titres
diminuant, la valeur de l’actif des banques diminue et devient inférieure à leur passif. La crise
des subprimes engendre la crise financière qui se transforme en crise économique et en crise
de la dette en Europe selon le cheminement suivant : Les banques ayant des difficultés de
paiement, elles accordent moins facilement de crédits. Les entreprises n’arrivent plus à
financer leurs productions et c’est alors la sphère économique qui subit les conséquences de
cette crise. Le taux de croissance ralentit, le chômage augmente et les revenus baissent. C’est
la crise économique. En 2009, les Etats-Unis, l’Europe et le Japon enregistrent même un taux
de croissance négatif. La mondialisation des échanges internationaux propage la crise
économique à l’ensemble des pays. La globalisation financière propage l’instabilité sur toutes
les places financières du globe. La crise finit par atteindre les Etats qui augmentent les
dépenses publiques pour sortir de la crise. Ils aident les banques pour éviter leur faillite (too
big to fail), les ménages défavorisés (aides sociales). La crise entraîne une baisse des recettes
fiscales et les déficits budgétaires prennent de l’ampleur. Les États doivent emprunter (dette
souveraine), alors que certains sont déjà fortement endettés. Les marchés financiers
s’interrogent sur leur capacité à être solvables. Par conséquent les taux d’intérêt des
obligations deviennent élevés pour certains pays qui doivent considérablement réduire leurs
dépenses publiques, ce qui se répercute négativement sur la croissance. C’est la crise de la
dette publique.

Section 6 : LA REGULATION DES MARCHES FINANCIERS


La régulation désigne l'ensemble des mécanismes et des règles qui assurent le bon
fonctionnement et la stabilité des marchés en évitant l'apparition de crises qui risquent de faire
disparaître le marché.
1- Les objectifs d'une régulation financière

 Assurer la confiance dans le système bancaire, notamment à travers l'établissement de


règles prudentielles et le choix d'une politique monétaire.
 Organiser le fonctionnement des marchés, en favorisant la transparence afin de réduire
les asymétries d'information.

2- Les réglementations prudentielles Elles sont un ensemble de règles imposées aux


acteurs par les pouvoirs publics pour éviter la faillite des institutions financières.
Les objectifs visés par les réglementations prudentielles : protéger les déposants et
stabiliser le système monétaire et financier pour limiter le risque systémique.

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On distingue deux types de réglementation prudentielle :


 La réglementation microprudentielle porte sur le risque de faillite individuelle des
institutions financières. Elles imposent à chaque institution des règles pour qu'elle ne fasse
pas faillite, ou pour limiter les conséquences négatives de cette faillite.
 La réglementation macroprudentielle porte sur les risques d'une crise systémique. Elle
tient compte du fait que la faillite d'un établissement n'a pas seulement des conséquences
sur cet établissement, mais aussi sur tout le reste de l'économie. En effet, la faillite de cet
établissement peut entraîner la faillite d'autres institutions à qui le premier devrait de
l'argent, mais cela peut aussi avoir pour conséquence une diminution générale du niveau de
confiance et mettre toute l'économie en difficulté. La réglementation macroprudentielle
consiste donc à trouver des règles permettant de limiter les interdépendances et les
conséquences sur d'autres établissements des difficultés d'une institution financière. Depuis
la fin des années 1980, différents accords appelés « accords de Bâle » ont mis en place des
règles prudentielles internationales de sécurité bancaire et financière.
 Accords de Bâle I, 1988. Ils ont mis en place un dispositif prudentiel pour assurer la
solvabilité et la stabilité du système bancaire international en fixant un ratio de sovabilité,
nommé ratio Cooke. C'est un volume minimum de fonds propres (c'est-à-dire de capital
disponible) dont une banque doit disposer par rapport aux crédits qu'elle accorde, car on
estime que ce volume de fonds propres doit lui permettre d'éviter une situation
d'insolvabilité. Il était alors de 8%, ce qui signifie que les banques devaient toujours détenir
en fonds propre au minimum 8% des crédits qu'elles accordent afin d'éviter le risque de
crédit.
 Accords de Bâle II, 2006. Ils modifient la définition des fonds propres et le calcul du ratio
afin de tenir compte à la fois des risques de crédit (risque que les débiteurs fassent défaut),
des risques de marché (risque que les actifs détenus par les banques perdent de leur valeur)
et des risques opérationnels (risques de pertes liés à un mauvais fonctionnement de
l'établissement bancaire). De manière générale, elles tendent à diminuer les exigences qui
pèsent sur les établissements bancaires.
 Accords de Bâle III, 2010 : après la crise financière de 2007 qui a révélé que les règles
prudentielles ne suffisaient pas à écarter le risque de crise systémique, les accords de Bâle
III redéfinissent ces règles. La nature des fonds propres est redéfinie afin de mieux tenir
compte des risques que comportent les actifs qui peuvent y être inclus. Au ratio de
solvabilité (qui vise à éviter une situation d'insolvabilité pour la banque) s'ajoute un ratio
de liquidité, qui impose aux banques de toujours disposer d'un volume minimal de
liquidités en fonction du volume et de la nature des titres qu'elles détiennent. La prise en
compte de la liquidité en plus de la solvabilité vient du lien entre les deux. La crise de 2007
a montré que si une banque a un problème d'illiquidité (elle manque de liquidités à court
terme tout en étant solvable à moyen terme), cela peut faire perdre confiance aux
investisseurs. Ceux-ci peuvent refuser de prêter de l'argent à cette banque, ou faire
augmenter les taux d'intérêt. La crise de liquidité se transforme alors en crise de solvabilité,
car la banque peut devenir insolvable (c'est-à-dire que ses créances ne suffisent plus à
rembourser ses dettes) si elle est obligée d'emprunter de l'argent à des taux très élevés.

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Section 7 : CRISES JUMELLES DANS LES PAYS RECEMMENT


OUVERTS A LA GLOBALISATION FINANCIERE
Si les crises de change frappent maintenant plus rarement les pays développés, elles sont
devenues plus fréquentes pour les pays nouvellement financiarisés. En se combinant aux
crises bancaires renaissantes, elles ont engendré un type de crise financière nouvelle pour la
période d’après-guerre : les crises jumelles. Ces crises jumelles se manifestent par la
combinaison d’une spéculation intense contre la monnaie nationale et une vague de
défaillances bancaires. Elles associent une méfiance à l’égard de la stabilité du taux de
change (et donc du régime de change), et une méfiance à l’égard de la liquidité ou de la
solvabilité des intermédiaires bancaires, qui rétroagissent l’une sur l’autre en se renforçant
mutuellement. Les pays asiatiques n’ont pas inventé la crise jumelle, mais celle-ci a été la
forme dominante de crise financière pendant l’épisode 1977-1998 : Indonésie, Malaisie,
Philippines, Thaïlande, Corée, ont eu à affronter simultanément une crise de change et une
crise bancaire. A priori, en avenir certain, il est possible de développer trois hypothèses
alternatives simples concernant cette simultanéité : • selon une première conception, la crise
de change et la crise bancaire ont les mêmes causes (Reinhart et Végh, 1996). Une des causes
communes étant souvent, pour les pays émergents, un programme de stabilisation… trop
réussi qui provoque une euphorie excessive. In fine, ce sont les tensions sur le déficit courant
et l’accroissement de l’endettement extérieur, qui résultent du programme de stabilisation (de
son succès, dans un premier temps), qui provoquent le déclenchement d’une attaque
spéculative contre la monnaie dont la crise bancaire est la conséquence indirecte, les capitaux
fuyant et le marché des changes s’effondrant ; • dans un deuxième modèle, la crise bancaire
entraîne la crise de change (Velasco, 1987) par l’intermédiaire de l’émission de monnaie
domestique excessive provoquée par le secours exceptionnel en liquidité que la Banque
centrale apporte au système bancaire pour le stabiliser ; • dans un troisième modèle, c’est au
contraire la crise de change qui entraîne la crise bancaire (Stoker, 1994) ; les banques ne
résistent pas aux pertes de change dues à la dévaluation, qui s’ajoutent aux pressions sur leur
solvabilité induites par la perte de réserves non stérilisée (Réserves qui ne sont pas annulées
par les effets des interventions des banques centrales sur l’offre de monnaie par la réalisation
des opérations opposées sur les marchés d’actifs nationaux et étrangers) de la Banque centrale
amenant une contraction du crédit bancaire.
CONCLUSION
Depuis une trentaine d’années, les crises financières ont tendance à se multiplier. Ces crises
s’expliquent notamment par un mécanisme étroitement lié à la stratégie des banques : le cycle
du crédit. Par leurs comportements, les banques contribuent parfois à générer ou alimenter
encore davantage les situations de récession. En 2008, la crise des « subprimes » aux États-
Unis est l’un des exemples les plus révélateurs. Depuis pourtant, les pouvoirs publics, les
chefs d’États, ont décidé de mettre en place de nouvelles règles destinées à mieux encadrer les
activités bancaires et empêcher ce genre de situation de se renouveler.

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