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Cours d’Economie Générale ECS 1 Module 2 CH 5 Année académique 2018-2019
Un établissement "too big to fail" est un établissement "trop gros pour faire faillite". Son
poids financier rend impossible le fait que les autorités monétaires puissent le laisser tomber,
en raison de l’effet majeur qu’une faillite entraînerait. En l’absence d’intervention, l’économie
risque la crise systémique. Le poids d’une banque, mesuré par le total de son bilan permet
d’estimer l’ampleur des conséquences de sa faillite éventuelle. Les difficultés d’une banque
s’étendent vite à d’autres banques et à l’économie tout entière. Les pouvoirs publics se
refusent donc à ne pas secourir une banque trop importante. Le principe "too big to fail" part
d’une bonne intention : éviter le risque systémique dû à la faillite d’un grand établissement.
Risque systémique : risque de dégradation brutale de la stabilité financière qui compromet la
capacité du système financier à remplir sa fonction fondamentale, l’offre de services
financiers, avec des répercussions sur l’économie réelle ou risque de crise financière
généralisée provoqué par la défaillance d’un participant qui entraîne dans sa chute d’autres
défaillances d’établissements financiers (effet domino).
Plusieurs situations présentent des risques systémiques :
L'interdépendance des institutions financières : si les institutions sont
interdépendantes, en se prêtant des fonds les unes aux autres, il peut y avoir un effet de
contagion en cas de difficulté d'une institution. En effet, suite à un choc, par exemple
si une banque fait défaut, les difficultés se propagent au système financier et
provoquent des faillites en chaîne, touchant l'ensemble des marchés financiers, c'est
l'"effet domino".
L'exposition commune des différentes composantes d'un marché à un choc (par
exemple si toutes les institutions du marché détiennent un grand nombre de parts dans
une entreprise, si celle-ci fait défaut, toutes les institutions seront en difficulté).
Les déséquilibres financiers : lorsque certaines économies mondiales dégagent de
forts excédents (capacité de financement) et d'autres de grands déficits (besoins de
financement), le déséquilibre est un risque systémique. En effet, d'une part, dans les
économies à capacité de financement, l'accumulation d'excédents incite les agents à
réaliser des placements financiers de plus en plus risqués. D'autre part, les économies
mondiales sont rendues très interdépendantes, et un changement dans une économie
peut avoir de grandes répercussions sur d'autres. Ainsi, lorsque les déséquilibres se
creusent, la probabilité d'une crise globale augmente.
Le risque systémique a des répercussions sur l'économie réelle. D'une manière générale :
L'effondrement des cours de titres engendre un effet de richesse négatif (perte de
revenu pour les agents qui détiennent des titres).
La structure financière des entreprises se dégrade (la valeur de leurs actifs financiers
se dégrade), elles ont plus de mal à obtenir des financements et deviennent plus
vulnérables.
L'offre de crédit se contracte et limite les capacités d'investissements des agents
(ménages, entreprises, Etat). Cela fait diminuer le niveau de production, ce qui affecte
le niveau d'emploi. * Dans cette situation de risque systémique, les agents formulent
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Crise de la dette souveraine : c'est une situation dans laquelle un Etat a des
difficultés à rembourser sa dette. Elle peut venir du simple doute des agents financiers
sur les capacités de l'État à rembourser sa dette, car si ces agents sont méfiants, ils
cessent de prêter à l'État, or cet Etat pouvait compter sur l'emprunt pour rembourser
ses premiers créanciers. C'est par exemple la crise qu'a connue la Zone Euro en 2010.
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ménages en vendant leurs habitations. On s'est alors rendu compte que des prêts
avaient été accordés beaucoup trop facilement).
Reflux et pessimisme : dans un contexte pessimiste, les agents cherchent à tout prix
des liquidités, la méfiance s'accroît envers les autres agents. Plus personnes ne veut
prêter d'argent, et le crédit se fait rare. C'est le "credit crunch". Les agents cherchent
alors à vendre leurs titres pour avoir des liquidités, et les cours des titres chutent
brutalement.
Déflation de la dette et restructuration : la baisse des cours appauvrit les agents, qui
vendent alors d'autant plus de titres pour compenser cette baisse, ce qui fait à nouveau
baisser leurs cours. Il y a donc une baisse auto-entretenue des prix des actifs, ainsi que
des revenus, car les entreprises sont en difficulté. L'intervention publique est cruciale
durant cette phase pour amorcer la reprise (aux Etats-Unis, de grandes banques ont fait
faillite, nécessitant l'intervention du Trésor public. Cette crise s'est propagée au reste
du monde).
Section 5 : MANIFESTATION DES CRISES FINANCIERES : CAS DE
LA CRISE DES SUBPRIMES
Quand une vague d’optimisme touche un domaine d’activité, le prix des actions des
entreprises de ce secteur grimpe et comme tout le monde pense que l’augmentation va se
poursuivre, chacun achète ces titres et une "bulle" se forme. Cette hausse fournit des garanties
aux emprunteurs qui s’endettent davantage et achètent plus d’actions. Les prix grimpent
encore et l’emballement s’auto-entretient jusqu’à l’explosion. La crise est systémique quand
elle se diffuse à l’ensemble des marchés financiers à l’échelle planétaire. Concernant le cas de
la crise des subprimes intervenue aux Etats-Unis, on note qu’à partir de 2002 le marché de
l’immobilier connaît un essor considérable. Les taux d’intérêt sont au plus bas et les banques
développent un marketing très persuasif pour vendre des crédits, d’abord à des ménages aisés
(clientèle "prime"), puis à des catégories moins favorisées ("subprime"). Chaque agent est
gagnant : l’emprunteur qui espère devenir propriétaire, le banquier qui transfère le risque à
d’autres (titrisation), le courtier qui touche une commission, le créancier qui ne risque rien
tant que le prix de l’immobilier est orienté à la hausse (il récupère son argent en saisissant le
bien immobilier). . . Une subprime est un prêt immobilier proposé à un emprunteur au revenu
modeste avec un taux d’intérêt élevé. Aux Etats-Unis, il s’est agi d’emprunts immobiliers
accordés à des ménages à faibles revenus à taux variables. Quand les taux d’intérêt ont
augmenté, ces ménages se sont retrouvés dans l’impossibilité de rembourser leurs crédits.
Mais surtout ces crédits immobiliers ont été titrisés sous forme de titres de créances que
s’échangeaient les banques sur les marchés financiers. On parle de créances douteuses, c’est-
à-dire dont le risque de non-recouvrement est élevé. En 2006, les crédits "subprime" ont
représenté 24 % des nouveaux crédits immobiliers octroyés aux États-Unis. Ces prêts ont
participé à la création d’une bulle immobilière ; tant que le prix de l’immobilier augmente, la
maison acquise et mise en hypothèque, garantit le bon déroulement de l’opération. En cas de
défaillance, le crédit sera remboursé par la vente de la maison. Mais le prix de l’immobilier
plonge. Les taux d’intérêt passent de 1 % à 5 %, ce qui provoque l’insolvabilité des clients.
Des millions d’américains perdent leur logement. Les établissements de crédits qui ont
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effectué ces prêts sont au bord de la faillite (Lehman Brothers, l’une des plus prestigieuses
banques d’investissement au monde, fait faillite en septembre 2008). De nombreuses banques
étrangères ont racheté les crédits transformés en titres financiers (titrisation) et se retrouvent
dans une situation délicate. Les actions des banques s’effondrent ce qui entraîne une chute
généralisée des cours boursiers. La crise est financière. On parle de crise de liquidité quand
plus aucun agent n’est prêt à prêter aux autres : le financement est temporairement asséché.
105 Les défauts de paiement dans l’immobilier ont fragilisé les banques qui ont cessé de se
prêter les unes aux autres créant une crise de liquidité. Les banques ne se prêtant plus
mutuellement ont des difficultés à rembourser les titres arrivés à échéance, la valeur des titres
diminuant, la valeur de l’actif des banques diminue et devient inférieure à leur passif. La crise
des subprimes engendre la crise financière qui se transforme en crise économique et en crise
de la dette en Europe selon le cheminement suivant : Les banques ayant des difficultés de
paiement, elles accordent moins facilement de crédits. Les entreprises n’arrivent plus à
financer leurs productions et c’est alors la sphère économique qui subit les conséquences de
cette crise. Le taux de croissance ralentit, le chômage augmente et les revenus baissent. C’est
la crise économique. En 2009, les Etats-Unis, l’Europe et le Japon enregistrent même un taux
de croissance négatif. La mondialisation des échanges internationaux propage la crise
économique à l’ensemble des pays. La globalisation financière propage l’instabilité sur toutes
les places financières du globe. La crise finit par atteindre les Etats qui augmentent les
dépenses publiques pour sortir de la crise. Ils aident les banques pour éviter leur faillite (too
big to fail), les ménages défavorisés (aides sociales). La crise entraîne une baisse des recettes
fiscales et les déficits budgétaires prennent de l’ampleur. Les États doivent emprunter (dette
souveraine), alors que certains sont déjà fortement endettés. Les marchés financiers
s’interrogent sur leur capacité à être solvables. Par conséquent les taux d’intérêt des
obligations deviennent élevés pour certains pays qui doivent considérablement réduire leurs
dépenses publiques, ce qui se répercute négativement sur la croissance. C’est la crise de la
dette publique.
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