Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
trie financière ? Quels sont les risques liés à la mise en place de l’innovation
ouverte étant donné les spécificités du secteur bancaire ?
Cet article est organisé en deux parties. Dans un premier temps, après un
bref exposé des spécificités des banques et des particularités de l’innovation
financière, nous présenterons le modèle développé par Fasnacht (2009a), le
seul modèle théorique d’innovation ouverte appliquée au secteur bancaire
disponible. Dans un second temps, en se basant sur une analyse critique de
ce modèle, nous examinerons les avantages et les risques liés à l’ouverture du
processus d’innovation pour les banques, leurs clients mais aussi en termes de
stabilité financière. Nous mettrons également l’accent sur les incidences en
matière de réglementation bancaire.
INNOVATION OUVERTE
ET INDUSTRIE BANCAIRE
Les recherches en matière d’open innovation se sont concentrées principale-
ment sur les industries de pointe. Elles ont largement négligé le secteur ban-
caire où l’adoption de l’innovation ouverte n’est qu’à ses débuts.
Néanmoins, ces dernières années, de plus en plus d’institutions financières
ont mis en place ce concept, offrant un terrain de recherche particulière-
ment intéressant. L’étude de l’innovation ouverte dans l’industrie bancaire
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 09/08/2022 sur www.cairn.info (IP: 41.243.52.154)
Spécificités bancaires
La banque se distingue des autres institutions - financières et non financières
- par un certain nombre de caractéristiques et de fonctions qui lui sont pro-
pres. Ces particularités bancaires ont valu à la banque un traitement particu-
lier, notamment en matière de réglementation.
Réglementation prudentielle
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 09/08/2022 sur www.cairn.info (IP: 41.243.52.154)
gine. D’un autre côté, la forte mobilité des salariés des firmes bancaires favo-
rise la diffusion des expériences, des connaissances d’une banque à l’autre, ce
qui rend encore plus compliquée la protection des innovations (Fasnacht,
2009a). De surcroît, les innovations financières se diffusent facilement à
l’échelle internationale. Néanmoins, en matière bancaire, il suffit parfois
d’être le premier à innover pour profiter des retombées financières. Parfois
même, il n’est pas souhaitable de mettre en place des brevets pour des raisons
de réseaux (Gowland, 1991). Dans de telles conditions d’appropriabilité, les
banques collaborent essentiellement avec leurs clients dans le cadre de
l’innovation ouverte, limitant ainsi leurs coopérations avec les concurrents
afin de conserver une avance sur leurs rivaux.
INNOVATION OUVERTE :
AVANTAGES ET RISQUES
POUR LE SECTEUR BANCAIRE
En examinant l’implémentation de l’open innovation à l’industrie bancaire,
Fasnacht (2009a) tente de démontrer que la meilleure option pour les ban-
ques, qui évoluent dans un environnement très concurrentiel et en cons-
tante évolution, est d’ouvrir leur modèle d’innovation à des partenaires
extérieurs et d’être parmi les pionniers afin de saisir les opportunités de
l’innovation ouverte. Il conclut que les avantages de l’ouverture du processus
d’innovation des banques dépassent largement les inconvénients.
Certes, Fasnacht (2009a) évoque brièvement le risque systémique inhé-
rent au système financier et la nécessité d’une réglementation prudentielle.
Toutefois, il se focalise dans son analyse sur les bénéfices et les risques liés à
la mise en place de l’innovation ouverte pour les banques, leurs actionnaires
et leurs clients. Il adopte dans son ouvrage une approche managériale, négli-
geant l’aspect macroéconomique et les conséquences éventuelles en matière
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 09/08/2022 sur www.cairn.info (IP: 41.243.52.154)
Avantages de la collaboration
Le concept d’innovation ouverte permet l’accès aux savoirs et aux expertises
des différents partenaires, stimulant l’innovation. Ainsi, l’innovation
ouverte permet aux banques de gagner du temps, de partager les coûts élevés
des projets de R&D et aussi de mutualiser un risque important dû à l’incerti-
tude de l’évolution des marchés.
Fasnacht (2009a) estime que l’innovation ouverte est non seulement
indispensable pour améliorer la compétitivité des banques, mais aussi pour
assurer la survie de ces institutions dans un environnement de plus en plus
concurrentiel. Il considère également que le modèle d’open innovation est le
meilleur moyen pour créer de la valeur. Par ailleurs, il incite les managers à
repenser leur modèle traditionnel, en assurant plus d’ouverture, davantage
de flexibilité et en se focalisant sur les besoins des clients. L’innovation
ouverte devrait, par conséquent, augmenter l’efficience opérationnelle.
ont besoin du soutien de leur hiérarchie. D’un autre côté, les intrapreneurs
subissent des pressions psychologiques importantes en cas d’échec de leur
projet. Ces derniers peuvent se retrouver seuls et isolés dans une structure
organisationnelle encore rigide, n’arrivant pas à obtenir les moyens humains
et matériels dont ils ont besoin (Batac et al., 2008). D’après le collège
d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail
(2009), les salariés des banques sont particulièrement concernés par le stress
ainsi que la quantité et la complexité du travail. Les risques psychosociaux
générés par les changements organisationnels ont des conséquences négati-
ves sur les résultats et la réputation des banques.
3. Ratio Cooke : rapport entre les fonds propres d’une banque et l’ensemble des engagements de
crédits pondérés par des coefficients dans le but de refléter de risque de crédit.
4. Le ratio Core Tier 1 (noyau dur du capital des banques) est passé de 2 % (Bâle II) à 4,5 % (Bâle
III) avec en plus un matelas de protection supplémentaire de 2,5 %.
5. Restriction des types d’actifs pouvant faire partie des fonds propres de base.
BIBLIOGRAPHIE
BANQUE DES RÈGLEMENTS INTERNATIONAUX (2010), 80e Rapport annuel, Bâle.
BARRAS, R. (1986), Towards a theory of innovation in services, Research Policy, 15 (4),
161-173.
BARRAS, R. (1990), Interactive innovation in financial and business services: The van-
guard of the service revolution, Research Policy, 19, 215-237.
BASEL COMMITTEE ON BANKING SUPERVISION (2010), Basel III: A global regula-
tory framework for more resilient banks and banking systems, Basel Committee on Banking
Supervision Publications, Bank for International Settlements, December (rev June 2011).
BATAC, J., MAYMO, V., PALLAS, V. (2008), L’intrapreneuriat dans les établissements
bancaires : étude du rôle des middle-managers, Revue du Financier, mars-avril.
BLUNDELL-WIGNALL, A., ATKINSON, P. (2010), Thinking Beyond Basel III: Neces-
sary Solutions for Capital and Liquidity, OECD Journal: Financial Market Trends, 1.
BRANDENBURGER, A, NALEBUFF, B. (1996), La co-opétition: une révolution dans la
manière de jouer concurrence et coopération, Paris, Village mondial.
CAPELLE-BLANCARD, G. (2009), Les marchés dérivés sont-ils dangereux ?, Revue éco-
nomique, 60 (1), 157-171.
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 09/08/2022 sur www.cairn.info (IP: 41.243.52.154)
FÉDÉRATION BANCAIRE FRANÇAISE (2010), Bâle : mesurer les impacts sur l’écono-
mie, La lettre de la profession bancaire, actualité bancaire, 545, mai.
FINNERTY, J. D. (1992), An overview of corporate securities innovation, Journal of
Applied Corporate Finance, 4 (4), 23-39.
GOWLAND, D. (1991), Financial innovation in theory and practice, in Surveys in Mone-
tary Economics, 2, Financial Markets and Institutions, in Green, C. J., D. T. Llewellyn (eds),
Blackwell, Oxford.
HENDERSHOTT, P. H., SHILLING J. D. (1989), The impact of agencies on conventional
fixed-rate mortgage yields, Journal of Real Estate Finance and Economics, 2, 101-115.
HU, H. T. C. (1995), Hedging expectations: Derivative reality’ and the law and finance of
the corporate objective, Texas Law Review, 73 Tex. L. Rev. 985.
HUANG, P. (2000), A normative analysis of new financially engineered derivatives,
Southern California Law Review, 73, 471-521.
KANE, E. J. (1986), Technology and the regulation of financial markets in Technology and
the regulation of financial markets: Securities, Futures and Banking. A. Saunders and L. J.,
White, eds. Lexington Books, Lexington, MA.
MADAN, D., SOUBRA, B. (1991), Design and marketing of financial products, Review of
Financial Studies, 4 (2), 361-384.
MALERBA, F., ORSENIGO, L. (1993), Technological regimes and firm behavior, Indus-
trial and Corporate Change, 2, 1, 45-74.
MALERBA, F., ORSENIGO, L. (1995), Schumpeterian patterns of innovation, Cambridge
Journal of Economics, 19 (1), 47-65.
MARCH, J. G. (1991), Exploration and Exploitation in Organizational Learning, Organi-
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 09/08/2022 sur www.cairn.info (IP: 41.243.52.154)
SIRMANS, C. F., BENJAMIN, J. D. (1990), Pricing fixed rate mortgages: Some empirical
evidence, Journal of Financial Services Research, 4, 191-202.
SOBREIRA, R. (2004), Innovation financière et investissement. Le cas de la titrisation,
Innovations. Cahiers d’économie de l’innovation, 19, 115-130.
STOREY, C., EASINGWOOD, C. (1993), The impact of new product development pro-
ject on the success of financial services, The Service Industries Journal, 13 (3), 40-54.
ZOLLINGER, M., LAMARQUE, E. (1999), Marketing et stratégie de la banque, 3e édi-
tion, Paris, Dunod.
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 09/08/2022 sur www.cairn.info (IP: 41.243.52.154)