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OPEN INNOVATION : QUELS ENJEUX POUR LE SECTEUR BANCAIRE ?

Meriem Haouat Asli

De Boeck Supérieur | « Innovations »

2012/3 n°39 | pages 27 à 48


ISSN 1267-4982
ISBN 9782804175108
DOI 10.3917/inno.039.0027
Article disponible en ligne à l'adresse :
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OPEN INNOVATION :
QUELS ENJEUX POUR
LE SECTEUR BANCAIRE ?
Meriem HAOUAT ASLI
ISTEC-Paris
ISERAM-ISEG
meriem_haouat@yahoo.fr

Le secteur financier est un univers particulièrement réglementé et soumis


à de nombreuses contraintes imposées par les autorités financières. Il n’est
certes pas aisé d’innover dans de telles conditions. Toutefois, ces obstacles
réglementaires n’ont pas entravé l’innovation financière, et ce pour diverses
raisons (Gowland, 1991). En effet, l’innovation peut permettre aux banques
d’augmenter leurs profits en réduisant les coûts de transaction, de recherche
et de marketing (Madan, Soubra, 1991 ; Finnerty, 1992), de faire face à la
concurrence (Storey, Easingwood, 1993), de réduire les risques liés à l’inter-
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médiation financière (Capelle-Blancard, 2009) – ou plutôt de les transférer
à d’autres – ou encore de contourner la réglementation (Silber, 1983 ; Miller,
1986 ; Kane, 1986).
Cette innovation financière a été favorisée par le processus de dérégle-
mentation intervenu à la fin des années 1980. En effet, le rôle de plus en plus
important joué par les marchés financiers dans le financement de l’économie
et le recul de l’activité bancaire traditionnelle ont incité les banques à inno-
ver afin de demeurer un acteur financier incontournable. En outre, les déve-
loppements technologiques, notamment en matière de télécommunication
et d’informatique, ont également contribué à l’essor de l’innovation finan-
cière, ce qui a profondément transformé l’activité de l’intermédiation finan-
cière (Sobreira, 2004).
Ces dernières années, les banques ont de plus en plus recours à l’innova-
tion ouverte (open innovation), un modèle d’innovation basé sur des appro-
ches partenariales, initialement expérimenté par les firmes non financières
(Chesbrough, 2003). Le concept de l’open innovation est fondé sur l’idée que
les entreprises peuvent faire appel à d’autres acteurs (équipes de recherche,
clients, fournisseurs ou autres entreprises) dans leur processus d’innovation
(outside in), mais peuvent également externaliser leurs idées en contribuant

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Meriem Haouat Asli

à l’innovation de partenaires extérieurs (inside out). À titre d’exemples,


Natixis a lancé, en 2009, un laboratoire de cash management afin de dévelop-
per avec ses clients de nouveaux services (applications sur des smartphones,
mise en place de plateformes de dialogue entre clients et experts, etc.) leur
permettant de mieux répondre aux attentes des clients. Dans une seconde
étape, cette démarche devra intégrer également d’autres professionnels ne
faisant pas partie de l’équipe de trésorerie de Natixis. Pour sa part, WeBank,
une banque italienne en ligne, a entamé en 2011 une nouvelle expérimen-
tation en la matière, le but étant d’imaginer une application bancaire sur
iPad avec l’aide d’internautes. Par ailleurs, la banque BNP Paribas s’est asso-
ciée avec une filiale du groupe Orange, pour mettre en place un service de
paiement et de transfert d’argent par téléphone mobile. L’offre commerciale
a été lancée, en 2008, en Côte d’Ivoire et le produit a été testé en 2009 au
Sénégal.
La plupart des expériences d’open innovation mises en avant par les ban-
ques – souvent pour des raisons publicitaires – sont relatives aux activités
bancaires de détail. Toutefois, l’innovation ouverte n’est pas limitée aux
banques commerciales. Elle concerne aussi bien les banques de dépôt que les
banques d’investissement ou les banques d’affaires. Cet article envisage le
secteur bancaire plutôt à travers le retail banking, tout en s’appuyant, dans
une dimension prospective, sur l’analyse des innovations financières ayant
touché les activités bancaires d’investissement et de financement. En effet,
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il est difficile d’isoler les différentes activités bancaires avec la généralisation
des banques universelles exerçant toutes sortes d’opérations bancaires et
financières. Par ailleurs, il ressort des différentes expériences bancaires en
matière d’open innovation que les banques collaborent très peu entre elles.
L’innovation ouverte passe essentiellement par une coopération avec les
clients (notamment via le marketing relationnel) et les entreprises n’exer-
çant pas d’activité bancaire. Ainsi, la coopétition 1 n’est pas privilégiée par
les banques en matière d’innovation, étant donné le risque élevé de la perte
de contrôle de la relation client.
Même si le recours à l’open innovation demeure relativement limité dans
le secteur financier, la multiplication récente des expérimentations bancai-
res conduit à s’interroger sur les conséquences potentielles de cette appro-
che. En particulier, quels avantages peut-on attendre d’un tel processus
d’innovation, aussi bien pour la banque que pour ses clients ? Quel est le rôle
joué par l’open innovation face à la mutation de l’environnement de l’indus-

1. Coopétition (association des termes coopération et compétition) : partenariat réalisé avec la


concurrence (Brandenburger, Nalebuff, 1996).

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Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

trie financière ? Quels sont les risques liés à la mise en place de l’innovation
ouverte étant donné les spécificités du secteur bancaire ?
Cet article est organisé en deux parties. Dans un premier temps, après un
bref exposé des spécificités des banques et des particularités de l’innovation
financière, nous présenterons le modèle développé par Fasnacht (2009a), le
seul modèle théorique d’innovation ouverte appliquée au secteur bancaire
disponible. Dans un second temps, en se basant sur une analyse critique de
ce modèle, nous examinerons les avantages et les risques liés à l’ouverture du
processus d’innovation pour les banques, leurs clients mais aussi en termes de
stabilité financière. Nous mettrons également l’accent sur les incidences en
matière de réglementation bancaire.

INNOVATION OUVERTE
ET INDUSTRIE BANCAIRE
Les recherches en matière d’open innovation se sont concentrées principale-
ment sur les industries de pointe. Elles ont largement négligé le secteur ban-
caire où l’adoption de l’innovation ouverte n’est qu’à ses débuts.
Néanmoins, ces dernières années, de plus en plus d’institutions financières
ont mis en place ce concept, offrant un terrain de recherche particulière-
ment intéressant. L’étude de l’innovation ouverte dans l’industrie bancaire
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tient compte dans cette perspective des spécificités des banques. Plus préci-
sément, les particularités des innovations financières ainsi que leurs effets sur
l’attrait de l’innovation ouverte dans le secteur bancaire seront analysés dans
la deuxième section de cette partie. À notre connaissance, un seul modèle
théorique porte sur l’open innovation dans le secteur bancaire. Ce modèle
développé par Fasnacht (2009a) sera exposé dans la troisième section.

Spécificités bancaires
La banque se distingue des autres institutions - financières et non financières
- par un certain nombre de caractéristiques et de fonctions qui lui sont pro-
pres. Ces particularités bancaires ont valu à la banque un traitement particu-
lier, notamment en matière de réglementation.

Exposition au risque systémique

D’abord, l’activité bancaire est exposée au risque systémique. La liquidité du


contrat de dépôt et l’illiquidité du crédit bancaire engendrent une incerti-
tude sur les demandes de remboursement des dépôts pouvant rendre les ban-
ques vulnérables aux ruées bancaires en période de défiance. En cas de

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Meriem Haouat Asli

panique bancaire (même infondée), tous les déposants demandent le retrait


de leurs dépôts, puisque ces derniers sont remboursés au pair et dans l’ordre
d’arrivée au guichet (premier arrivé, premier servi). Étant donné les spécifi-
cités des dépôts et l’asymétrie d’information, la course des déposants aux gui-
chets pour retirer leurs dépôts peut s’avérer rationnelle même si elle se base
sur une simple rumeur. Ces comportements peuvent entraîner l’insolvabilité
– voire la faillite – de la banque qui n’est plus capable de faire face à ses enga-
gements. Toutefois, la faillite d’une banque peut provoquer celle d’autres
banques, puisque le secteur bancaire est plus vulnérable à l’instabilité que les
autres secteurs de l’économie. En effet, les banques sont fortement engagées
dans les marchés interbancaires et dans le système des paiements. Étant
donné leur exposition aux risques et aux asymétries d’information, les pro-
blèmes rencontrés par une banque peuvent se propager aux autres, condui-
sant à une crise systémique (Diamond, Dybvig, 1983). Une telle crise a de
graves conséquences pour l’économie, puisqu’elle engendre la destruction du
mécanisme des paiements. À cet égard, les banques gèrent l’épargne des per-
sonnes physiques et morales et financent la croissance économique. Elles
sont indispensables pour le bon fonctionnement de l’économie. L’insolvabi-
lité ou la faillite d’une banque peut donc avoir des conséquences considéra-
bles sur l’ensemble de l’économie.

Réglementation prudentielle
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Les particularités bancaires valent à la banque une réglementation pruden-
tielle stricte. Étant donné les coûts considérables occasionnés par les crises
systémiques, des politiques de prévention des crises sont mises en place
depuis le début des années 1970. Les normes et les recommandations dans le
cadre de l’accord de Bâle I (1988) puis de Bâle II (2004) et plus récemment
dans le cadre de Bâle III (2010) tentent d’améliorer la gestion des risques
bancaires (Basel Committee on Banking Supervision, 2010) ; des risques
accentués par la libéralisation financière.

Industrie bancaire en perpétuelle mutation

L’industrie financière est en perpétuelle mutation, une mutation accélérée


ces dernières années par la crise des subprimes. Le secteur financier a ainsi
connu une vague de consolidation, notamment le rachat de Bear Stearns par
JP Morgan, le rachat de Merrill Lynch par Bank of America ou encore le
rachat de Washington Mutual par JP Morgan, en 2008. De surcroît, ces der-
nières années, le secteur financier a enregistré des centaines de faillites ban-
caires, à l’instar de Lehman Brothers, ainsi que nombreuses nationalisations,
telles que celles de Northern Rock, Fortis, Freddy Mac et Fannie Mae. Ces
récents changements stimulent le passage d’un concept d’innovation

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Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

« fermée » à une innovation ouverte (Fasnacht, 2009a). Les développe-


ments qui suivent sont consacrés à l’examen des spécificités des innovations
financières (innovations bancaires en particulier) ainsi qu’à l’analyse des
déterminants de l’innovation ouverte dans le secteur de l’intermédiation
financière.

Attrait de l’open innovation dans le secteur bancaire


D’après l’étude de l’OCDE (2008), l’attrait de l’innovation ouverte dépend
de la particularité des structures industrielles et de l’environnement techno-
logique des organisations. Cette étude énumère quatre facteurs clés (inspirés
de Malerba et Orsenigo, 1993) régissant les possibilités d’innovation
ouverte :
– les conditions d’opportunité (Cohen, Levin, 1989) reflétant la facilité
- ou la difficulté - avec laquelle une organisation peut innover, de manière
incrémentale (progressive) ou radicale (de rupture) ;
– les conditions d’appropriabilité (Cohen, 1995 ; Dosi, 1988) représen-
tant le degré de protection de l’avantage né de l’innovation ;
– les conditions de cumulativité des connaissances (Cohen, Levinthal,
1989) concernant le point auquel les innovations actuelles servent de base
aux innovations future ;
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– et le degré de pluridisciplinarité du savoir (nature des connaissances et
leur mode de transmission).
Ces éléments caractérisent le régime technologique et déterminent le
choix stratégique des entreprises innovantes (Malerba, Orsenigo, 1993 ;
Malerba, Orsenigo, 1995). Un autre facteur déterminant peut s’ajouter aux
précédents pour l’analyse des opportunités d’innovation ouverte, à savoir
l’élément touché par l’innovation : innovation de produit (la mise au
point d’un nouveau produit), innovation de procédé (meilleure ou nou-
velle méthode de production ou de distribution), innovation de marché
(nouveaux marchés), innovation de matières premières (nouveaux com-
posants) ou innovation organisationnelle (une nouvelle organisation du
travail) 2. Tous ces facteurs ont un rôle décisif dans l’attrait de l’innovation
ouverte. Quid de l’industrie bancaire ? Dans ce qui suit, nous étudierons
ces différents éléments en tenant compte des spécificités de l’innovation
bancaire, afin d’évaluer l’intérêt potentiel pour l’innovation ouverte dans
ce secteur.

2. Typologie des innovations selon Schumpeter (1911).

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Meriem Haouat Asli

Typologie schumpetérienne appliquée au secteur bancaire

En ce qui concerne la typologie Schumpetérienne des innovations


(cf. supra), elle est difficilement applicable au secteur bancaire étant donné
le caractère hybride des innovations financières. En effet, la majeure partie
des innovations de produit dans le secteur financier découlent d’innovations
de procédé et d’innovations de marché. Une telle situation pousse les ban-
ques à rechercher des collaborations extérieures pour se tenir informées de
tout changement, aussi bien dans le secteur financier (nouvelles réglemen-
tations, évolution des besoins des clients, création de nouveaux marchés ou
changement de fonctionnement d’un marché financier déjà existant) que
dans tout autre secteur susceptible d’avoir des répercussions sur l’activité
bancaire (progrès informatique, nouvelles technologies de communication).

Innovation ouverte dans le secteur bancaire et conditions d’opportunité

Dans le cadre de l’examen des conditions d’opportunité, il s’avère judicieux


de commencer par identifier le degré de continuité des innovations bancaires
par rapport à la situation de départ. Certes, les innovations financières sont
le plus souvent incrémentales, en réponse à l’évolution de l’environnement
(Fasnacht, 2009a). Toutefois, les banques sont capables d’innover de
manière radicale (Favre-Bonté et al., 2009). En adoptant un nouvel équipe-
ment informatique, une banque peut engendrer une série d’innovations en
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plusieurs étapes comme le montre la théorie de la diffusion de l’innovation
dans les services (Barras, 1986 ; Barras, 1990). Selon cette théorie, le progrès
technologique engendre, avant tout, des innovations progressives de pro-
cédé, augmentant ainsi l’efficacité des banques. Ces innovations sont géné-
ralement suivies par d’autres, plus radicales. Enfin, la diffusion technologique
peut aboutir à des innovations de produits. Ainsi, les banques sont constam-
ment à la recherche de partenaires extérieurs pour être au courant des nou-
velles évolutions technologiques. L’innovation ouverte est ainsi favorisée par
les intermédiaires financiers.

Innovation ouverte dans le secteur bancaire


et conditions d’appropriabilité

L’activité bancaire est caractérisée par une quasi-absence de la protection de


la propriété intellectuelle. Effectivement, l’innovation financière fait rare-
ment l’objet de brevets (le Cash Management Account déposé par Merrill
Lynch ou encore la carte à puce font partie des rares exceptions). D’un côté,
la protection de la propriété intellectuelle est juridiquement difficile à met-
tre en œuvre en matière bancaire puisqu’il suffit d’une légère modification
des caractéristiques du produit financier pour le distinguer du produit d’ori-

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Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

gine. D’un autre côté, la forte mobilité des salariés des firmes bancaires favo-
rise la diffusion des expériences, des connaissances d’une banque à l’autre, ce
qui rend encore plus compliquée la protection des innovations (Fasnacht,
2009a). De surcroît, les innovations financières se diffusent facilement à
l’échelle internationale. Néanmoins, en matière bancaire, il suffit parfois
d’être le premier à innover pour profiter des retombées financières. Parfois
même, il n’est pas souhaitable de mettre en place des brevets pour des raisons
de réseaux (Gowland, 1991). Dans de telles conditions d’appropriabilité, les
banques collaborent essentiellement avec leurs clients dans le cadre de
l’innovation ouverte, limitant ainsi leurs coopérations avec les concurrents
afin de conserver une avance sur leurs rivaux.

Innovation ouverte dans le secteur bancaire


et conditions de cumulativité

Il s’avère important d’étudier le rôle des conditions de cumulativité des con-


naissances dans l’innovation ouverte. Pour Schumpeter (1911), « En règle
générale, le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui
fait concurrence jusqu’à le ruiner ». Dans quelle mesure la théorie de Schum-
peter s’applique-elle au secteur bancaire ?
Contrairement aux innovations industrielles, la mise en place de nou-
veaux produits financiers permet de diversifier la gamme de produits déjà
existants sans pour autant engendrer l’obsolescence de ces derniers. En effet,
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les innovations financières ne disparaissent que rarement : effet de cliquet.
Cette caractéristique de l’innovation financière incite les banques à innover
puisque les nouveaux produits financiers mis en place continuent d’exister,
même après le changement des conditions économiques initiales ayant con-
tribué à leur création. En particulier, cette longévité des innovations finan-
cières favorise l’ouverture du processus de l’innovation des banques,
notamment la collaboration avec les clients afin de répondre à l’évolution de
leurs besoins. À l’issue de cette analyse des innovations financières, les spé-
cificités de ces dernières semblent stimuler les partenariats extérieurs et
favoriser l’innovation ouverte dans le secteur bancaire, particulièrement via
la collaboration avec les clients. Le paragraphe qui suit présente le modèle
développé par Fasnacht (2009a), qui étudie l’innovation ouverte dans
l’industrie bancaire.

Open innovation et industrie bancaire :


le modèle de Fasnacht (2009a)
La littérature théorique examinant l’application de l’innovation ouverte
dans l’industrie bancaire est très limitée et relativement récente. Fasnacht

n° 39– innovations 2012/3 33


Meriem Haouat Asli

est le premier à mettre en place un modèle spécifique à l’activité bancaire en


2009. À notre connaissance, le modèle Fasnacht (2009a) est le seul déve-
loppé en la matière jusqu’à présent (Figure 1). Ainsi, il est important d’en
exposer les principes.

Figure 1 – Innovation ouverte Fasnacht (2009a)


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Ce modèle qui tient compte des changements de l’environnement de la
banque (marché, réglementations, clients, technologies, économie, etc.)
considère l’open innovation, à la fois, comme un défi et une source d’avanta-
ges concurrentiels pour les banques.
Fasnacht (2009a) recommande aux banques d’ouvrir leur modèle d’inno-
vation, d’intégrer les nouvelles idées en dehors des frontières de l’entreprise
et de saisir les opportunités de l’innovation ouverte. Pour réussir cette tran-
sition, il propose de passer d’une organisation traditionnelle bureaucratique
centrée sur les produits à une organisation ouverte, flexible et centrée sur les
clients. Le passage d’une innovation fermée à une innovation ouverte impli-
que la mise en place de stratégies de transition, de nouvelles pratiques mana-
gériales ainsi qu’une culture de l’innovation ouverte.
Le passage d’un modèle classique de l’innovation (fermée) à un modèle
d’open innovation est une transition particulièrement complexe. Fasnacht
(2009a) met l’accent sur les différentes stratégies de transition des banques,
leur permettant d’amorcer l’ouverture de leur processus d’innovation aux

34 n° 39– innovations 2012/3


Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

acteurs extérieurs, tout en mettant le client au centre de la création de la


valeur ajoutée.
D’un côté, de nombreuses banques ont déjà adopté un modèle opération-
nel centré sur les produits, en offrant à leur clientèle des produits financiers
structurés ou gérés par des tiers : l’architecture ouverte. L’innovation ouverte
n’étant pas limitée aux produits, elle peut être ainsi une extension de ce
modèle d’architecture ouverte aux connaissances. La transition vers un
modèle ouvert plus avancé implique une collaboration accrue, davantage de
flexibilité et des frontières organisationnelles plus perméables.
D’un autre côté, les banques sont de plus en plus nombreuses à prôner
une forte intégration des clients afin de répondre davantage à leurs besoins.
En effet, différentes méthodes sont mises en place pour mieux connaître les
consommateurs et identifier leurs besoins. L’organisation de la plupart des
firmes bancaires met désormais le client au centre de toutes ses activités, ce
qui constitue une autre étape vers le modèle d’innovation ouverte centré sur
le client, et non pas sur le produit.
Par ailleurs, la perpétuelle mutation de l’environnement des firmes ban-
caires a poussé ces dernières à entreprendre des changements organisation-
nels. Les formes organisationnelles traditionnelles étaient appropriées à un
environnement relativement stable, toutefois, elles ne semblent plus adap-
tées à l’environnement très concurrentiel de ces dernières années. Les ban-
ques ont été poussées à adopter des structures plus flexibles, permettant une
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adaptation plus rapide aux changements. Cette transformation affectant
l’organisation des banques représente un autre facteur stimulant l’innova-
tion ouverte, qui exige une grande flexibilité organisationnelle et de nouvel-
les pratiques managériales.

Les nouvelles pratiques managériales dynamiques

Le passage à l’open innovation implique un changement organisationnel radi-


cal. Les banques doivent mettre en place de nouvelles pratiques managéria-
les. En effet, l’innovation ouverte exige une structure organisationnelle
organique, flexible avec d’importantes capacités d’adaptation. Fasnacht
(2009a) souligne l’importance de la dynamique de l’adaptation des banques,
en faisant référence à un certain nombre de théories :
– d’abord, le modèle des organisations ambidextres qui considère qu’une
organisation doit être capable d’innover dans des pistes différentes - exploi-
tation de son marché et exploration de nouvelles pistes (O’Reilly, Tushman,
2004 ; March, 1991) ;
– ensuite, le concept de l’attitude intrapreneuriale, l’intrapreneuriat
étant le processus par lequel un individu s’associe avec une organisation exis-

n° 39– innovations 2012/3 35


Meriem Haouat Asli

tante et utilise son savoir-faire afin de générer l’innovation et la créativité au


sein de cette même organisation (Sharma, Chrisman, 1999) ;
– enfin, la théorie de l’analyse holiste et systémique de l’industrie qui sup-
pose de prendre en considération l’organisation comme un tout et non pas
comme la somme de ses différentes parties (service, département, unité, divi-
sion, équipe, etc.).

La culture de l’innovation ouverte


La culture d’entreprise – ensemble de valeurs, croyances, mentalités et com-
portements partagés par tous les acteurs de l’organisation – est l’un des plus
importants moteurs de l’innovation. Rejetant l’acceptation de l’entreprise
comme étant un simple regroupement de facteurs de production, Fasnacht
(2009a) la considère comme une organisation unie par des manières de pen-
ser et d’agir. L’adoption d’un modèle d’innovation ouverte est une initiative
individuelle de la banque qui exige un changement culturel et une modifica-
tion des comportements : une culture de l’innovation ouverte.
Alors que la culture organisationnelle procure une identité à l’entreprise,
les valeurs de l’innovation ouverte concernent le niveau de partage des con-
naissances et de communication au sein de l’organisation. Dans un modèle
d’open innovation, les banques doivent assurer le passage d’une structure
rigide, bureaucratique, basée sur les zones géographiques, les fonctions ou les
types de produits à une nouvelle organisation, plus décentralisée et moins
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hiérarchique, centrée sur les clients et les services. En effet, la structure ini-
tiale et la culture liée à cette structure hiérarchique ne favorisent pas l’inno-
vation.
Ainsi, la culture de l’innovation ouverte prend en considération les con-
naissances et les idées individuelles permettant de servir de nouvelles caté-
gories de clients (finance islamique, femmes fortunées, etc.), d’offrir des
produits et des services variés et de créer de nouvelles opportunités. Le but
est d’établir la confiance aussi bien entre la banque et ses clients, qu’entre les
employés de la banque. Ces derniers sont en mesure de travailler en groupe
pour exploiter au mieux leur potentiel. La culture de l’innovation ouverte
exige donc d’assurer la transparence, la disponibilité et le partage de l’infor-
mation au sein de la banque, en ayant recours à Internet, Intranet, des réu-
nions et conférences régulières ou encore des technologies collaboratives
telles que GlobeSmart. La culture de l’innovation ouverte favorise les
échanges d’idées. Elle est indispensable au développement des capacités
nécessaires pour l’innovation ouverte. Le principal défi de cette nouvelle
culture d’entreprise est de rassurer la clientèle qui considère toujours la con-
fidentialité et le secret bancaire comme un facteur déterminant dans leur
décision d’investissement.

36 n° 39– innovations 2012/3


Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

Ce qui suit examine les avantages et les risques de l’ouverture du proces-


sus d’innovation des banques aux acteurs extérieurs, ainsi que les incidences
en matière de réglementation prudentielle.

INNOVATION OUVERTE :
AVANTAGES ET RISQUES
POUR LE SECTEUR BANCAIRE
En examinant l’implémentation de l’open innovation à l’industrie bancaire,
Fasnacht (2009a) tente de démontrer que la meilleure option pour les ban-
ques, qui évoluent dans un environnement très concurrentiel et en cons-
tante évolution, est d’ouvrir leur modèle d’innovation à des partenaires
extérieurs et d’être parmi les pionniers afin de saisir les opportunités de
l’innovation ouverte. Il conclut que les avantages de l’ouverture du processus
d’innovation des banques dépassent largement les inconvénients.
Certes, Fasnacht (2009a) évoque brièvement le risque systémique inhé-
rent au système financier et la nécessité d’une réglementation prudentielle.
Toutefois, il se focalise dans son analyse sur les bénéfices et les risques liés à
la mise en place de l’innovation ouverte pour les banques, leurs actionnaires
et leurs clients. Il adopte dans son ouvrage une approche managériale, négli-
geant l’aspect macroéconomique et les conséquences éventuelles en matière
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de stabilité financière. En revanche, dans un article où il aborde la question
de l’innovation ouverte sous un angle macroéconomique, Fasnacht (2009b)
souligne le risque systémique accru suite à une transition vers un modèle
d’innovation ouverte et plaide en faveur d’une réglementation prudentielle
plus adéquate.
En s’appuyant sur une analyse critique des arguments avancés par Fas-
nacht (2009a), nous tenterons d’examiner les bénéfices et les risques liés à
l’adoption du modèle d’innovation ouverte dans le secteur bancaire, ainsi
que les conséquences en termes de surveillance bancaire.

Open innovation dans le secteur bancaire :


atouts et avantages
Au même titre que les autres secteurs, le secteur bancaire tire profit des
nombreux avantages de l’innovation ouverte. Nous rappellerons briève-
ment, dans un premier paragraphe, les avantages de la collaboration, puis
examinerons, dans un second paragraphe, le cas particulier de l’architecture
ouverte.

n° 39– innovations 2012/3 37


Meriem Haouat Asli

Avantages de la collaboration
Le concept d’innovation ouverte permet l’accès aux savoirs et aux expertises
des différents partenaires, stimulant l’innovation. Ainsi, l’innovation
ouverte permet aux banques de gagner du temps, de partager les coûts élevés
des projets de R&D et aussi de mutualiser un risque important dû à l’incerti-
tude de l’évolution des marchés.
Fasnacht (2009a) estime que l’innovation ouverte est non seulement
indispensable pour améliorer la compétitivité des banques, mais aussi pour
assurer la survie de ces institutions dans un environnement de plus en plus
concurrentiel. Il considère également que le modèle d’open innovation est le
meilleur moyen pour créer de la valeur. Par ailleurs, il incite les managers à
repenser leur modèle traditionnel, en assurant plus d’ouverture, davantage
de flexibilité et en se focalisant sur les besoins des clients. L’innovation
ouverte devrait, par conséquent, augmenter l’efficience opérationnelle.

L’architecture ouverte : précurseur en matière d’open innovation

L’architecture ouverte, définie comme étant l’ouverture du réseau de distri-


bution des banques aux autres établissements financiers, n’est qu’un aspect
de l’open innovation. Elle présente un certain nombre d’avantages pour la
banque. En effet, elle permet de contourner la réglementation, en permet-
tant un développement des activités (offshore) et la vente des produits finan-
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ciers à travers un réseau international de succursales. Ce qui est également
un avantage pour la clientèle, qui aura accès aux produits et services variés
de banques différentes à travers un seul point de vente. Un tel avantage per-
met à la banque d’augmenter ses revenus, de diversifier ses risques, d’amélio-
rer les perspectives de distribution des produits et d’accélérer sa stratégie de
croissance, assurant de larges bénéfices aux actionnaires (Fasnacht, 2009a).
Le principal défi de l’architecture ouverte relevé par Fasnacht (2009a) con-
cerne la force de vente de la banque (la possibilité de vendre davantage les
produits des tiers plutôt que ses propres produits) et la peur de dépendre de
différents partenaires pour les produits structurés.

Open innovation dans le secteur bancaire : les risques

De nombreux inconvénients de l’innovation ouverte pèsent sur l’activité


bancaire. Les banques – tout comme les firmes industrielles ayant ouvert
leurs processus d’innovation – encourent un certain nombre de risques.
D’abord, elles peuvent se retrouver face au risque de perte de contrôle,
notamment en cas de comportement opportuniste des partenaires. Une telle
situation peut être à l’origine d’incertitudes concernant le partage des fruits
de la collaboration. Certes, l’innovation ouverte n’exclut pas la protection

38 n° 39– innovations 2012/3


Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

de la propriété intellectuelle, elle peut même impliquer le versement de


droits de licence considérables (OCDE, 2008), mais elle suppose une
entente, dès le départ, sur les conditions de partage de la propriété intellec-
tuelle, des risques et des revenus. Les négociations peuvent s’avérer longues,
complexes et onéreuses. L’innovation ouverte peut donc accroître les risques
de fuites des connaissances protégées, en travaillant avec des partenaires
extérieurs susceptibles de concurrencer l’entreprise. Ce risque est encore
plus important pour les banques étant donné la quasi-absence de la protec-
tion de la propriété intellectuelle. À titre d’exemple, la collaboration avec
des opérateurs de télécommunication ou des constructeurs de téléphones
mobiles peut soulever des interrogations quant au risque de la concurrence
potentielle de ces acteurs susceptibles d’entrer sur le marché des paiements
par téléphone mobile ou par Internet. À ce risque s’ajoutent des difficultés
liées à la gestion de l’innovation ouverte, telles que le choix des partenaires,
la coordination du travail, le choix du projet, etc.
Dans ce qui suit, nous analyserons les risques de l’innovation ouverte
d’un point de vue marketing, risques opérationnels et stratégiques, manage-
ment et culture d’entreprise ainsi que d’un point de vue prudentiel et régle-
mentaire.

D’un point de vue marketing


Dans un marché de plus en plus concurrentiel et étant donné les spécificités
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des produits bancaires (produits similaires et tarification assez homogène), la
stratégie marketing des banques est de plus en plus orientée sur la qualité de
la relation entretenue avec ses clients (Zollinger, Lamarque, 1999). Ainsi, le
marketing relationnel a été privilégié afin de conquérir une nouvelle clien-
tèle et fidéliser la clientèle établie.
Même si les partenariats avec les clients sont souvent mis en avant par les
banques, notamment pour des motifs publicitaires, les réalisations en
matière d’innovation ouverte visent en priorité l’amélioration des revenus
bancaires, via les informations collectées grâce à la gestion de la relation
client (Customer Relation Management). Or, la relation de long terme entre
la banque et son client est avant tout basée sur la confiance. C’est probable-
ment pour cette raison que les banques ne communiquent pas sur leur ges-
tion de la relation client, ni sur l’usage fait des informations confidentielles
les concernant. L’innovation ouverte soulève ainsi le problème lié au secret
et à la confidentialité bancaire. Par ailleurs, il est important d’envisager les
risques liés à la sécurité, une autre source de confiance des clients, suite au
développement de l’innovation ouverte. En effet, la multiplication des utili-
sateurs pouvant accéder aux données sécurisées exige un niveau supérieur de
sécurité. L’initiative européenne « open bank project », fondée par Simon

n° 39– innovations 2012/3 39


Meriem Haouat Asli

Redfern et visant l’ouverture des transactions financières à un nombre plus


important d’individus tout en augmentant la transparence, envisage que la
sécurité sera assurée par les experts sécurité des banques en collaboration
avec l’ensemble de la communauté open source (logiciel libre).

D’un point de vue des risques opérationnels et stratégiques


L’innovation financière, associée à la complexité des produits financiers
structurés et à la faible rentabilité des placements classiques, a fortement
contribué à la multiplication des fraudes et des escroqueries financières dans
la décennie 2000. Certains montages frauduleux (basés sur la pyramide de
Ponzi consistant à rémunérer les investissements des clients grâce aux
apports des nouveaux investisseurs) ont été révélés par la crise des subprimes.
Avec la divulgation de nombreux cas de fraudes, de blanchiment d’argent et
de corruption, l’affirmation du secrétaire général de l’OCDE – Angel Gurría
– lors du Forum européen d’éthique des affaires, « L’innovation financière a
sacrifié l’éthique des affaires sur l’autel du profit extraordinaire », prend toute sa
signification. Le développement de l’innovation ouverte dans le secteur
financier accentue cette tendance.
Toutefois, le nouveau défi de l’open innovation dans le secteur bancaire
consiste en la mise en place d’un partenariat entre les banques et les autorités
compétentes, afin d’innover en matière de lutte contre la corruption, le blan-
chiment d’argent et la fraude. Une telle collaboration est indispensable pour
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améliorer l’éthique des établissements bancaires. Pour relever ce défi de taille,
l’innovation en matière d’échange d’informations et de coordination, per-
mettant d’augmenter le degré de transparence financière, s’avère indispensa-
ble. L’open bank project propose des logiciels de détection de fraude, offrant la
possibilité de contrôler les comptes des organismes ayant reçu des subven-
tions publiques et de suivre l’utilisation des dons attribués aux fondations.

D’un point de vue management et culture d’entreprise


Le passage d’une organisation traditionnelle à un mode de travail intrapre-
neurial, favorisant l’innovation ouverte, n’est pas sans inconvénients pour
les établissements bancaires. Même si le modèle dominant reste bureaucrati-
que, les nouvelles orientations organisationnelles des banques soulèvent un
certain nombre de problèmes liés aux risques psychosociaux (matérialisés par
les exigences émotionnelles, le degré d’autonomie, l’insécurité, le stress,
l’intensité et la durée du travail). Ces risques sont générés par la multiplica-
tion des situations de souffrance au travail vécue par les employés qui n’ont
pas été suffisamment préparés aux changements. D’un côté, les intrapreneurs
sont souvent soumis à des forces contradictoires, dans la mesure où les colla-
borateurs peuvent agir aussi bien en alliés qu’en ennemis. Par conséquent, ils

40 n° 39– innovations 2012/3


Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

ont besoin du soutien de leur hiérarchie. D’un autre côté, les intrapreneurs
subissent des pressions psychologiques importantes en cas d’échec de leur
projet. Ces derniers peuvent se retrouver seuls et isolés dans une structure
organisationnelle encore rigide, n’arrivant pas à obtenir les moyens humains
et matériels dont ils ont besoin (Batac et al., 2008). D’après le collège
d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail
(2009), les salariés des banques sont particulièrement concernés par le stress
ainsi que la quantité et la complexité du travail. Les risques psychosociaux
générés par les changements organisationnels ont des conséquences négati-
ves sur les résultats et la réputation des banques.

D’un point de vue prudentiel et réglementaire


Avant de se focaliser sur la relation entre l’innovation ouverte et la stabilité
financière, il serait intéressant d’examiner brièvement les conséquences de
l’innovation financière sur le secteur financier.
Malgré les nombreuses études menées sur les avantages et les risques
éventuels de l’innovation financière, un consensus est loin d’être établi en la
matière. Les avis sur les bénéfices et les inconvénients de l’innovation finan-
cière sont largement partagés. Il s’avère que l’innovation dans le secteur
financier est une arme à double tranchant. Certes, elle contribue à l’amélio-
ration de l’efficacité des systèmes financiers. Cependant, elle risque d’aug-
menter l’instabilité financière et d’accentuer la fragilité du système bancaire
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(Rajan, 2006).
Si la plupart des auteurs s’accordent à dire que l’innovation financière a
des conséquences, à la fois positives et négatives, les avis divergent lorsqu’il
s’agit de conclure en ce qui concerne l’impact net de l’innovation. Pour cer-
tains, l’innovation financière procure des gains considérables en termes de
bien-être social, étant donné son rôle important dans l’amélioration de la
performance de l’économie réelle (Merton, 1992). En se focalisant sur
l’innovation dans le cadre du marché hypothécaire, certains auteurs mettent
en évidence la baisse des taux d’emprunt ayant suivi la mise en place de la
titrisation (Hendershott, Shilling, 1989 ; Sirmans, Benjamin, 1990). Évi-
demment, ces études ont été réalisées bien avant la crise des subprimes et par
conséquent, elles n’ont pas pu tenir compte des conséquences néfastes de la
titrisation des crédits hypothécaires. Pour d’autres, l’innovation financière
présente des risques significatifs. Elle a de nombreuses conséquences sur la
stabilité financière (Hu, 1995 ; Huang, 2000).
L’innovation financière peut donc compromettre la stabilité financière,
toutefois ce risque peut être accentué avec le développement de l’innovation
ouverte. En effet, les liens entre les différents acteurs étant resserrés, un pro-
blème affectant une banque peut être facilement transféré à une autre ban-

n° 39– innovations 2012/3 41


Meriem Haouat Asli

que, accentuant le risque systémique. La globalisation financière et le


développement de réseaux mondiaux d’innovation ouverte permettent une
diffusion des risques à l’échelle internationale.
Fasnacht (2009a) met l’accent sur les avantages de l’architecture ouverte
pour la banque et ses clients (cf. supra). Toutefois, l’utilisation des produits
structurés par d’autres banques peut engendrer une perte de contrôle de la
composition du produit. La titrisation des subprimes est l’illustration d’un tel
risque ; une innovation ayant initialement pour but de disperser les risques
et qui a finalement abouti à un partage des pertes. Présenté comme un avan-
tage pour les banques par Fasnacht (2009a), le fait d’esquiver les contraintes
réglementaires accentue davantage ces risques.
L’application du concept de l’innovation ouverte à l’industrie bancaire
sans mettre en place les réglementations adéquates peut avoir des consé-
quences désastreuses, au même titre que la titrisation des subprimes.
L’innovation ouverte accentue le lien entre les différentes institutions
financières, notamment des banques concurrentes. En effet, la collaboration
est la base du développement et de la distribution des innovations financiè-
res. Néanmoins, une telle connexion entre les différents acteurs financiers a
déjà contribué à répandre les problèmes économiques et financiers, au
niveau régional voire mondial, lors des différentes crises financières. Il est
important de souligner, comme le note Fasnacht (2009a), que la vulnérabi-
lité est due, non pas au réseau de partenaires, mais à la forte complexité du
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système financier, à sa globalisation et à la difficulté de gérer les risques liés
à un modèle ouvert.
La limitation des risques systémiques potentiels passe par la mise en place
de mesures adéquates, à savoir des réglementations appropriées. Nous exami-
nerons dans ce qui suit les conséquences éventuelles en termes de réglemen-
tation prudentielle du risque systémique lié à l’innovation ouverte dans le
secteur financier.

Incidences en matière de réglementation prudentielle


Afin de limiter le risque systémique inhérent à l’activité des banques, le
Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire (CBCB) met en place régulière-
ment depuis sa création des normes bancaires, dans le but d’améliorer le dis-
positif prudentiel.

Le point sur la réglementation prudentielle

Afin d’assurer la stabilité du système bancaire international, l’accord de Bâle


I (1988) a imposé aux banques un ratio minimum de fonds propres égal à

42 n° 39– innovations 2012/3


Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

8 % : ratio Cooke 3. Ce ratio n’était qu’un point de départ pour la réglemen-


tation prudentielle, montrant rapidement ses limites et faisant face à de
nombreuses critiques, particulièrement en ce qui concerne l’évaluation des
risques bancaires. Ces insuffisances du premier accord de Bâle ont poussé,
dans un premier temps, les autorités de réglementation à l’amendement de
l’accord initial, puis à une révision en profondeur, aboutissant aux accords de
Bâle II (2004). D’une part, ces nouveaux accords visaient à mieux estimer les
risques bancaires, notamment en incorporant les risques de taux, les risques
de marché et les risques opérationnels dans le calcul du nouveau ratio de
fonds propres : ratio McDonough (pilier 1). D’autre part, les accords de Bâle
II avaient pour but d’imposer un processus de surveillance prudentielle
(pilier 2), permettant aux autorités de contrôle d’exiger des réglementations
plus contraignantes que celles proposées par le premier pilier, et un dispositif
de transparence, visant en particulier la publication des informations des
banques (pilier 3).
Toutefois, la réforme de Bâle II, censée pallier les insuffisances des
accords de Bâle I, s’est avérée inefficace face à la crise des subprimes. Cette
crise financière a mis en évidence les défauts de l’accord de Bâle II. En effet,
la réglementation n’a pas réussi à détecter le risque de crédit et a complète-
ment négligé le risque d’illiquidité. Un tel échec a débouché sur un troisième
accord : Bâle III (2010).
Ce nouvel accord, mis en place par le comité de Bâle (Basel Committee on
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Banking Supervision, 2010), vise à consolider la solvabilité des institutions
bancaires, en relevant le ratio de solvabilité 4 et en renforçant la qualité des
fonds propres 5. En outre, Bâle III introduit deux ratios de liquidité : le Liqui-
dity Coverage Ratio (LCR), permettant aux banques de faire face à une crise
de liquidité aigüe pendant un mois, et le Net Stable Funding Ratio (NSFR)
leur permettant de résister à une crise pendant une année. Par ailleurs,
l’accord a pour objectif de définir un ratio d’effet de levier (rapport entre les
fonds propres et le total bilan) comme mesure améliorant les exigences en
fonds propres. Enfin, dans le but de réduire le risque systémique, le comité de
Bâle envisage de mettre en place une surveillance renforcée et une surcharge
en capital additionnelle pour les institutions bancaires dites « systémiques ».
Ces dernières se distinguent notamment par leur taille et le degré de l’inter-
connexion avec les autres institutions.

3. Ratio Cooke : rapport entre les fonds propres d’une banque et l’ensemble des engagements de
crédits pondérés par des coefficients dans le but de refléter de risque de crédit.
4. Le ratio Core Tier 1 (noyau dur du capital des banques) est passé de 2 % (Bâle II) à 4,5 % (Bâle
III) avec en plus un matelas de protection supplémentaire de 2,5 %.
5. Restriction des types d’actifs pouvant faire partie des fonds propres de base.

n° 39– innovations 2012/3 43


Meriem Haouat Asli

Certes, la réforme bancaire de Bâle III constitue une étape importante


dans la lutte contre la prise de risque excessive des banques. Toutefois, ces
mesures semblent insuffisantes étant donné l’enjeu. De surcroît, le calendrier
d’application de cette réforme est étalé jusqu’à 2019, ce qui ralentit l’entrée
en vigueur des nouvelles normes plus strictes. Certaines mesures sont encore
en discussion et ne sont pas définitivement fixées. Outre les critiques sou-
vent adressées à cette nouvelle réforme prudentielle en ce qui concerne les
conséquences potentielles sur le financement de l’économie (Fédération
Bancaire Française FBF, 2010), de nombreuses interrogations peuvent être
soulevées concernant l’efficacité des nouvelles réglementations en matière
de stabilité financière. Dans quelle mesure cette nouvelle réforme améliore-
t-elle la stabilité financière, particulièrement avec l’essor de l’innovation
ouverte dans le secteur financier ?

Incidences en matière de réglementation prudentielle


Avec le développement de l’innovation ouverte dans le secteur financier,
une collaboration internationale est indispensable pour élaborer des règles
prudentielles plus sévères, en particulier en matière de transparence. En
effet, le troisième pilier des accords de Bâle II visant à améliorer la transpa-
rence dans la communication des établissements financiers n’a pas pu éviter
l’expansion de produits financiers structurés complexes et opaques, ayant
mené à une crise financière mondiale. Il est donc indispensable de pallier les
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insuffisances du dispositif de Bâle II et de renforcer la transparence, en par-
ticulier avec le développement de l’innovation ouverte dans le secteur
financier. Les accords de Bâle III n’apportent pas de résolutions efficaces
pour remédier aux problèmes liés au manque de transparence. Une solution
est pourtant nécessaire pour la mise en place d’un cadre réglementaire favo-
risant l’innovation ouverte dans le secteur bancaire.
Au-delà de la transparence, des considérations d’ordre systémique peu-
vent être soulevées dans le cadre d’une réglementation bancaire intervenant
dans un contexte où les banques commencent à expérimenter l’innovation
ouverte. Un des apports de Bâle III est d’introduire une dimension macro-
prudentielle pour faire face au risque systémique, répondant aux critiques
adressées aux accords de Bâle II (Rochet, 2008). Ces derniers, ayant une
orientation microprudentielle (normes focalisées sur la capitalisation des
banques individuelles), se sont avérés incapables de gérer l’innovation
financière et d’anticiper le risque systémique. Le nouvel accord tente d’y
remédier en mettant en place des mesures réduisant la procyclité, notam-
ment via des matelas de protection supplémentaire, qui doivent être consti-
tués dans les phases d’expansion des crédits. D’un autre côté, le comité de
Bâle propose des calibrations différentes des risques, en fonction du degré

44 n° 39– innovations 2012/3


Open innovation : quels enjeux pour le secteur bancaire ?

d’exposition de l’établissement financier au risque systémique. Ces mesures


sont essentielles dans la lutte contre le risque systémique, même si les normes
ne sont pas encore définies avec précision et les modalités sont encore en
discussion. Une telle approche macroprudentielle semble, par ailleurs, diffi-
cilement applicable en pratique. En effet, dans la plupart des cas, les banques
réussissent à mettre en place de nouvelles innovations financières pour faire
face aux changements réglementaires entrepris par le comité de Bâle (Blun-
dell-Wignall, Atkinson, 2010).
En outre, le renforcement des règles prudentielles pour les seules banques
semble insuffisant. Il est donc essentiel d’étendre les contraintes réglemen-
taires à d’autres partenaires des banques, notamment les acteurs pouvant
exercer des activités concurrentes (Blundell-Wignall, Atkinson, 2010). De
surcroît, un contrôle renforcé est indispensable pour s’assurer de l’applica-
tion rigoureuse des normes adoptées.
La réforme de Bâle III est indéniablement une étape très importante dans
l’amélioration de la réglementation bancaire, toutefois les normes pruden-
tielles ne sont qu’un aspect de la politique à adopter afin de favoriser la sta-
bilité financière. Les politiques monétaire et budgétaire sont également au
centre du dispositif permettant de limiter les risques financiers. À cet égard,
la Banque des Règlements Internationaux souligne l’importance des politi-
ques économiques pour atteindre cet objectif (BRI, 2010).
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CONCLUSION
Ces dernières années, les banques ont de plus en plus recours à l’innovation
ouverte, ce qui conduit à s’interroger sur les conséquences potentielles de
cette approche sur le secteur financier. Il ressort de cet article que l’innova-
tion ouverte offre de nombreuses opportunités aux banques. Toutefois, elle
présente des risques significatifs en matière de stabilité financière. Bien que
l’innovation ouverte ait de nombreux avantages en termes de gain de temps
et de partage des connaissances, des coûts et des risques, une forte intercon-
nexion entre les banques, associée à une forte complexité des produits finan-
ciers, peut mener à une situation incontrôlée, et par conséquent à un risque
systémique accru.
Ce risque est susceptible d’être limité par la mise en place d’une régle-
mentation adéquate. La réforme de Bâle III est certes une étape importante
dans le renforcement de la stabilité financière, néanmoins elle semble insuf-
fisante. L’élaboration de normes prudentielles plus contraignantes a pour
objectif de mettre en place un nouveau cadre réglementaire permettant
d’atténuer les risques, tout en permettant aux banques de saisir les opportu-

n° 39– innovations 2012/3 45


Meriem Haouat Asli

nités offertes par l’innovation ouverte afin de faire face à la concurrence et


aux changements de l’industrie bancaire, puisqu’au final, comme l’affirme
Charles Darwin (1809-1882), « c’est ceux qui ont appris à collaborer et à impro-
viser le plus efficacement qui l’ont emporté ».

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