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Éco-conception et méthodologie de conception, quelle

convergence ?
Smaïl Aït-El-Hadj
Dans Marché et organisations 2013/1 (N° 17), pages 31 à 50
Éditions Réseau de recherche sur l'innovation
ISSN 1953-6119
ISBN 9782343004013
DOI 10.3917/maorg.017.0031
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ÉCO-CONCEPTION ET METHODOLOGIE DE
CONCEPTION, QUELLE CONVERGENCE ?

Smaïl AÏT-EL-HADJ
ITECH
smail.aitelhadj@itech.fr

Introduction

La pression environnementale pèse aujourd’hui fortement sur


l’activité économique et notamment industrielle. La structure et les
formes de cette contrainte environnementale sont complexes et
évolutives. Elles le sont particulièrement pour le domaine qui nous
préoccupe ici, celui de la conception des produits et services.
Des mesures environnementales isolées ou répondant à un seul aspect
de la contrainte environnementale (réduction de rejets chimiques,
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élimination des CFC pour la préservation de la couche d’ozone...) ont été
mises en place, à partir des années 1990. Un ensemble d’approches et de
méthodologies, à finalité environnementale, plus globales : éco-bilan,
analyse de cycle de vie, éco-conception, ont été développées
ultérieurement. Ces approches, qui forment aujourd’hui le corps des
approches environnementales en conception, seront présentées en
montrant que, représentant sans doute un état récent et encore peu
développé de la démarche de maîtrise environnementale, elles traitent la
question en isolant la dimension environnementale des autres
dimensions de la conception. De plus, ces approches, très préoccupées
de l’exhaustivité de l’analyse environnementale, ne sont menées que sur
des systèmes et processus achevés, complets et souvent dans une
problématique de conformité à finalité de labellisation.
Or, aujourd’hui, du fait même de la complexité et du poids croissant
des contraintes environnementales, les opérateurs industriels et
notamment les concepteurs, ont besoin de méthodologies de traitement
de la variable environnementale au cours même du processus de
conception, comme un support d’aide à la décision permettant d’intégrer
la variable environnementale au processus de choix et d’optimisation du
produit-système en conception.
Dans la même période, depuis les années 1990, les entreprises ont eu
tendance à formaliser et à intégrer le processus de conception, lui-même
de plus en plus contraint, à la fois sur les plans des fonctionnalités, des
technologies, des coûts et du temps. Ce processus de conception, que
certains formalisent sous le nom de PCI (processus de conception et

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d’innovation), d’autres dans le cadre de l’ingénierie système, a pour
finalité de maximiser les performances du processus de conception et
optimiser le produit-système conçu qui en découle.
Le contexte nouveau est que les opérateurs doivent intégrer la
variable environnementale dans le processus de conception comme
variable supplémentaire de cette optimisation.
Comment articuler et intégrer ce modèle de traitement au modèle
global de conception comme un support d’aide à la décision au cours des
phases du processus de conception ?
Comment générer ce nouveau sous-ensemble de traitement de la
variable environnementale, notamment en l’extrayant des méthodes plus
globales existant actuellement ?
Ceci pose alors la question de l’intégration théorique et
méthodologique de ces approches, d’origine environnementale, à ce
nouveau modèle de conception élargie.
Au-delà des méthodologies de modélisation et d’optimisation, la
problématique environnementale affectera aussi ces deux autres
composantes opératoires d’un processus de conception intégrée : la
dimension organisationnelle, processus d’ingénierie concourante
notamment, et la dimension informationnelle et de capitalisation des
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connaissances, qui nécessitera un traitement particulier du fait du
caractère émergeant des sciences de l’environnement.

1. La pression croissante de la dimension environnementale

La problématique de prise en compte et de préservation de


l’environnement, qui s’est construite dans la décennie 70 avec la crise de
l’énergie et qui a été formalisée pour la première fois dans le rapport du
Club de Rome (Mésarovic, 1974), a été centrée, dans un premier temps,
sur une maîtrise des rejets, en particulier de produits intrinsèquement
toxiques, et sur les économies de matières premières et d’énergie.
Elle s’est complexifiée et amplifiée avec le développement de la
notion d’impact environnemental suscitée par les phénomènes de
destruction de la couche d’ozone, d’accroissement de l’effet de serre et
de développement des pollutions massives, atmosphériques, aquatiques,
marines. Ceci a conduit à l’élargissement du concept de pollution : de la
pollution par « l’intrinsèquement toxique » à la « pollution par
accumulation ».
Aujourd’hui la problématique de la maîtrise environnementale est
passée d’un statut de traitement politique de type macro-social à la
gestion d’un ensemble de contraintes et de mutations de la vie
industrielle qui en découlent. A ce niveau, cette intégration de la
problématique environnementale dans la logique industrielle affecte

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directement et profondément toutes les activités matérielles et sociales et,
plus précisément, la conception de produits et systèmes.
Cette problématique environnementale se manifeste par toute une
série de contraintes correspondant aux principaux domaines de
dégradation de l’environnement.
- La réduction des rejets de produits toxiques, ou de rejets massifs
déséquilibrant l’équilibre environnemental par accumulation. Ces
rejets pouvant être des effluents atmosphériques ou liquides ou
des déchets solides.
- La réduction de la production et des rejets de CO2, responsable de
l’augmentation de l’effet de serre, et la limitation ou suppression
des gaz portant atteinte à la couche d’ozone.
- La réduction, suppression et remplacement des matières, sources
d’énergie et technologies produisant des effets nocifs sur la santé
humaine et l’environnement global (systèmes de combustion,
bruit, amiante, métaux lourds...).
- L’accroissement des économies de matières premières et
d’énergie.
Ces obligations et contraintes de fonctionnement tendent à s’imposer
à l’entreprise par divers canaux (Reyés, 2006).
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- Le premier est celui des normes, qui consiste finalement en l’intégration
a priori de contraintes environnementales dans une réglementation.
Deux types de normes sont en action parallèlement : les normes
techniques (norme REACH, normes bruits...) et les normes de
contrainte d’intégration de la démarche environnementale telles que les
ISO 14000 sur la démarche d’éco-conception dans l’entreprise
(Schiesser, 2011).
- La contrainte environnementale peut être transmise à l’entreprise
par le prix. Ce vecteur joue, en particulier, pour l’économie des
matières premières et énergétiques frappées de rareté et de risques
d’épuisement. La flambée des prix du pétrole, mais aussi des
céréales et des « terres rares », par exemple, en sont aujourd’hui
une manifestation majeure et le premier indicateur d’une pénurie
parfois momentanée, mais dont les pics manifestent une tendance
longue à la raréfaction.
- Cette pression économique est, dans certains cas, provoquée
artificiellement par les pouvoirs publics, par le biais de la taxation
qui génère un prix artificiel destiné à compenser la ressource
perdue et à en financer la régénération. Elle est une application du
principe du pollueur-payeur. Les grands exemples en sont la taxe
carbone, la taxe de reprise des appareils électroménagers...
- Il existe des contraintes environnementales que l’on pourrait
appeler d’ordre public, lorsqu’il s’agit d’effets environnementaux à
échelle massive, générant des risques majeurs. Elles prennent alors
la forme d’une contrainte publique réglementaire et répressive. Il

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s’agit de tout ce qui concerne les matières et installations à
rayonnement ionisant, les installations Seveso, les matières
explosives et appareils à pression. Il s’agit d’un domaine où la
prévention des risques se confond avec la gestion
environnementale.
- Une voie, enfin, spécifique aux entreprises, est la transmission de
cette contrainte environnementale par le consommateur et
l’usager, qui peut contraindre l’entreprise à modifier ses produits
et ses pratiques par la communication consumériste comme par le
boycott. Elle peut être relayée par l’opinion et, ainsi, amener les
entreprises à développer une plus grande maîtrise
environnementale de leurs produits et pratiques pour préserver
leur activité à travers la sauvegarde et la promotion de leur image.
Cet ensemble de contraintes environnementales va se manifester en
nécessités technico-économiques réelles et fortes qui ont amené, depuis
plus d’une dizaine d’années, à élaborer des méthodes d’analyse et
d’évaluation pour prendre en compte ces nouvelles dimensions.
Ce que nous appelons plus loin la « variable environnementale », à
intégrer au processus de conception, est d’abord la mesure des effets
environnementaux des technologies, matières et pratiques, du système
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produit à concevoir, et des effets de choix sur ces composants en vue de
se rapprocher d’un niveau d’effet environnemental recherché.

2. L’émergence de l’approche d’évaluation environnementale :


l’analyse du cycle de vie

Les éléments de réponse méthodologiques qui ont été élaborés sont


situés dans ce que l’on peut appeler un « paradigme environnemental »
qui met en évidence l’unité et la nécessité de l’exhaustivité de la prise en
compte des effets et impacts environnementaux pour tendre vers une
maîtrise acceptable de ces effets. Ce souci d’exhaustivité est à l’origine de
l’adoption du cadre du cycle de vie comme univers privilégié de l’analyse
environnementale. Ceci n’empêche pas la batterie des méthodes
d’analyse environnementale de comporter toute une gamme qui va du
bilan d’une matière rejetée, tel le bilan carbone, à la méthodologie la plus
complète, l’analyse de cycle de vie ou ACV.

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Tableau 1 : Liste et caractéristiques des principaux outils d’analyse de
l’environnement
Outil Objet Echelle et Effets et Effets Eléments utilisés
cycle de substances rapportés à
vie considérés
ACV Produit, Global Effets Fonction du Bilan de masse
service ou (régional) multiples produit, du Impact
système Totalité Grand service ou environnemental
du cycle nombre de du système Modèles
de vie substances multimédias
AFS Substance Régionale Pas d’effet Temps et Bilan de mass
polluante ou Substance région Modèles
globale unique donnée multimédias
Cycle de
la
substance
EIE Nouvelle Locale Variable Capacité Variable selon
activité Effets selon d’absorption l’auteur de
localisée locaux l’auteur de locale l’étude
l’étude
AR Installation Locale ou Toxicité Période Modèles
ou produit régionale donnée multimédias
chimique Evaluation de
l’effet
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AFM Matériau, Régionale - Temps et Bilan de masse
matière ou région Compatibilité de
première nationale donnée flux de matière
BC Activité ou Globale Emission de Produit, Bilan de masse
entreprise Totalité gaz à effet service, Potentiel d’effet
du cycle de serre région ou de serre
de vie Changement entreprise
climatique
Source : Jolliet, 2010.

Le principal outil, aujourd’hui universellement utilisé, est l’analyse du


cycle de vie ou ACV. Il permet d’évaluer l’impact environnemental d’un
produit d’un service ou d’un système, en prenant en compte l’intégralité
de son cycle de vie.
Selon l’état de l’art couramment admis, tel qu’issu des normes ISO
14040, l’analyse du cycle de vie comporte quatre étapes.

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Schéma 1 : Phases de l’analyse du cycle de vie
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Source : Jolliet, 2010.

- La phase de définition permet de définir les contours et limites


du système à étudier, « l’unité fonctionnelle » comme il est
désigné dans le domaine, le champ de l’étude et ses objectifs, les
scénarios et alternatives à étudier (Vigneron, 2010).
- Il est, dans un deuxième temps, appliqué un inventaire des
émissions et des extractions au système considéré (Jolliet, 2010).
Cette approche se fait dans les deux sens, celui des rejets du
système, dites émissions polluantes (mais qu’est-ce qui est
polluant ? à partir de quelle quantité ?), ainsi que les extractions
de matières renouvelables et non renouvelables.
- L’analyse de l’impact environnemental, étape nécessaire car la
constatation des rejets et extractions ne suffit pas à définir l’effet
sur l’environnement du système, du fait de relations à établir et à
construire entre ces effets décelés et les grands impacts
environnementaux : épuisement des ressources, effet de serre,
écotoxicité et toxicité humaine... Cette étape aboutit à une
caractérisation des dommages sur la santé humaine, les
écosystèmes et notamment la diversité biologique, les équilibres
climatiques (Schiesser, 2011).
- L’interprétation est l’ultime étape de cette démarche,
interprétation des résultats, évaluation des incertitudes et des

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limites. Cette étape peut s’attacher à mettre en relation l’analyse
environnementale avec des aspects économiques et sociaux
(Jolliet, 2010).
Cette démarche globale est issue des conceptions de « bilan
environnemental » et reste concentrée sur ce type de préoccupation et de
système conceptuel. Elle va permettre d’évaluer un système
exclusivement par rapport à son comportement environnemental.
L’interaction avec les dimensions d’usage, technologiques, économiques
et sociales n’intervient qu’à l’interprétation finale d’une analyse centrée
sur l’environnement.
L’intérêt est que l’analyse ACV ait justement été élevée à l’échelle du
cycle de vie, ce qui permet d’appréhender les risques de transfert
d’impact d’une phase de fonctionnement à une autre. L’ACV permet de
produire une analyse globale et « exhaustive ». Cette exhaustivité,
salutaire sur le plan de l’analyse environnementale, comporte aussi des
effets négatifs, tels que la non-capacité à mener de telles analyses
partielles au niveau de phases de réalisation ou de fonctionnement du
système. Cette exhaustivité induit aussi fatalement une lourdeur du
dispositif, qui peut en exclure certains opérateurs, et générer aussi des
problèmes de délai.
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Du fait de cette finalité d’exhaustivité et de la lourdeur de la
démarche, la méthodologie ACV fonctionne sur une conception
achevée, dans une logique de jugement. Ceci constitue une limite de
construction, car sa contrainte d’exhaustivité exige que l’ensemble des
choix ait été effectué et que la détermination du produit-système ait été
achevée pour pouvoir mener la démarche d’analyse de cycle de vie.
L’ACV ne peut alors constituer qu’une caractérisation ex post, une
évaluation et finalement un jugement de conformité environnementale.
Cette caractéristique convient d’ailleurs bien à des problématiques
d’évaluation de conformité et de certification. De ce fait aussi, l’ACV
possède une efficacité propre pour définir des axes stratégiques de
politique environnementale pour un produit système pérenne ou une
famille de produits (Millet, 2003). Elle n’est, par construction, pas
adaptée à un processus d’aide à la décision sur les choix, en cours
d’élaboration, d’un produit ou d’un système nouveau.
Cette focalisation sur une analyse exclusivement environnementale
exclut de la démarche de conception d’un produit-système, comme nous
le verrons plus loin, la prise en compte simultanée de l’ensemble du
système de contraintes auquel sont soumises la conception et la
réalisation d’un système. La variable environnementale est supposée agir
dans le domaine de la conception « toutes choses égales par ailleurs ». Ce
qui implique que la variable environnementale, ou plus précisément
l’opérateur d’analyse environnementale, fonctionne sans penser les
interactions entre les décisions sur la variable environnementale et
l’ensemble des autres variables de conception. Un process, produit ou

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système en cours de conception peut être efficient sur le plan
environnemental et s’avérer inadapté sur le plan des usages et/ou
inefficace sur le plan technologique et/ou exorbitant sur le plan des
coûts. On peut ainsi aboutir à une maîtrise du processus
environnemental qui joue comme une sur-optimisation locale d’une
configuration de produit-système qui, en même temps et par ces choix,
cesse d’être satisfaisant sur la plus grande partie de ses autres objectifs de
performance.

3. Le contexte d’une conception contrainte et de développement


d’une méthodologie intégrée de conception

Ce type de développement méthodologique environnemental


intervient face à un univers de la conception en entreprise qui a lui-
même connu de fortes évolutions. Les années 80 ont vu une évolution
de la problématique de conception marquée par trois facteurs de
contraintes spécifiques :
- un renforcement de l’exigence des consommateurs et usagers
dans une logique d’adaptation fonctionnelle,
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- un mouvement continu de changement technologique, qui
accroît notamment les potentialités mais aussi la complexité
technologique des systèmes conçus,
- ces évolutions se concrétisent dans un univers concurrentiel
contraignant qui génère une forte pression sur les coûts et les
temps de développement.
Il est déjà clair donc que la nouvelle pression environnementale
s’ajoute, se combine avec l’ensemble des contraintes préalables ; elle ne
les supprime pas ou ne s’y substitue pas.
L’accroissement continu et combiné des contraintes de cet univers, et
l’exigence générale d’efficience qui en découle, a entrainé l’élaboration
d’un nouvel appareillage méthodologique et organisationnel de gestion
de la conception et des processus de conception à la fois plus intégrés et
plus formalisés (Meinadier, 1998).
Ces dispositifs de conception intégrés, appelé parfois PCI (Process de
conception et d’innovation), qui combinent d’ailleurs le plus souvent un
ensemble méthodologique, un système organisationnel d’ingénierie
concourante et un système d’information de gestion intégré des données
et des systèmes de calcul, se sont développés dans le cadre de deux
grands champs théoriques.
Le premier est situé dans le paradigme d’origine mécanique du
« design engineering », héritier de l’école allemande de F. Reuleaux
(1876), représenté particulièrement par Hubka et Eder (1984), Eder et
Hosnedl (2008), par Pahl et Betz (1984). Ccette approche est aussi

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présente en France à travers les travaux de l’ENSAM représentés en
particulier, et dans le cadre du sujet ici traité, par D. Millet (2003).
Le second courant, auquel nous nous référons, est celui de l’ingénierie
système (system engineering) organisé dans un ensemble
méthodologique et de doctrine d’organisation plus centré sur la maîtrise
de la complexité. La démarche est d’ailleurs issue des activités complexes
de l’aéronautique et de l’espace, et plus marquée, sur le plan
épistémologique, par les approches systémiques (Meinadier, 1998). Le
dispositif de l’ingénierie système a largement combiné des méthodologies
préexistantes : analyse fonctionnelle, morphologique... tout en intégrant
des dimensions d’organisation, de traçabilité, de qualité du processus de
conception (INCOSE, 2010).
Ce dispositif méthodologique de conception est d’abord conçu dans
une logique « top down », d’élaboration « descendante » du produit-
système en conception, qui privilégie la reconnaissance initiale, effective
et précise des besoins de l’usager du produit ou système. Le processus se
poursuit dans une élaboration « pas à pas » du produit-système conçu
vers sa définition architecturale, puis technique, suivi de son optimisation
et de sa validation.
Il s’agit d’une réponse à l’exigence croissante du client par rapport aux
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performances du produit-système en conception que ce développement
d’approches d’accompagnement descendantes du processus de
conception, du besoin vers les solutions techniques.
Ce type de dispositif de conception formalise une approche intégrée
du processus de conception qui prend en compte et combine l’ensemble
des variables - fonctionnelles, architecturales, organiques,
technologiques, économiques et organisationnelles - du processus de
conception des produits et systèmes, dans un but d’optimisation du
système, c’est-à-dire de réalisation conjointe de l’ensemble de ces
exigences, dans le système de compromis le meilleur possible. C’est le
domaine même de la « conception par les modèles » (Bonjour, 2009),
rendue nécessaire par les contraintes d’efficience et de maîtrise de la
complexité.
En dynamique, le processus qui en est issu codifie des étapes de
conception du produit-système : phase fonctionnelle, phase conceptuelle
ou architecturale, phase de définition organique du système et des sous-
systèmes, phase de conception technique détaillée, phase d’analyse de
coût du cycle de vie. La conception est vue comme une succession de
phases rationnelles codifiées, garantie de son efficacité. Mais au-delà de
ce phasage linéaire de présentation, la réalisation de la démarche de
conception, l’optimisation des choix et la recherche de compromis
entraînent, en réalité, une démarche itérative (Perrin, 1999).
Parallèlement au dispositif formalisé d’élaboration des caractéristiques
du système-produit, le processus de conception d’ensemble, en tant que

39
processus de réalisation, comprend aussi un système organisationnel
codifié et un système d’informations et de gestion de la connaissance.
La prise en compte du système d’exigence de maîtrise
environnementale implique ainsi l’intégration de cette démarche
environnementale à toutes les phases et composantes du processus de
conception en ingénierie système (Millet, 2003), non seulement de
modélisation de définition et d’optimisation mais aussi d’organisation,
informationnelle et cognitive.

4. Obstacles et pistes d’une convergence

On aura compris de cet exposé que nous sommes en présence


aujourd’hui de démarches qui s’ignorent en laissant un « trou » dans le
besoin social de maîtrise d’une conception globale.
D’un côté, jusqu’à présent, les problématiques et démarches de
conception n’avaient pas intégré la prise en compte des contraintes
d’environnement. De l’autre, les dispositifs méthodologiques de prise en
compte de l’environnement se sont développés sans se combiner et
s’intégrer au système global de contraintes de conception et, sur le plan
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méthodologique, sans s’articuler aux dispositifs méthodologiques de
maîtrise de la conception tels que l’ingénierie système.

4.1. Obstacles à l’intégration des méthodes environnementales


dans l’ingénierie de conception

L’éco-conception, dans son acception actuelle, est le plus souvent


confondue avec l’analyse du cycle de vie (Vigneron, 2001), (Schiesser,
2011), et marquée de la nécessité de l’appréhension exhaustive de
l’interaction environnementale d’un produit-système. Cela induit une
démarche a posteriori, qui ne permet que d’établir le constat du
comportement environnemental d’un produit système achevé. Cette
démarche ne fournit pas les moyens d’une adaptation à la contrainte
environnementale, du système-produit conçu au cours même de sa
genèse, et dans les différentes phases de choix qui vont le déterminer.
Les nécessités d’une convergence entre les méthodologies d’analyse
environnementale de type ACV-éco-conception, se décomposent ainsi
en plusieurs aspects.
- La nécessité d’intégrer la variable environnementale dans le
processus complexe de la conception, ce qui comprend la
nécessité d’articuler la variable environnementale dans le
« modèle » d’ensemble de conception d’un produit-système.
- Ceci passe par une capacité à décomposer la variable
environnementale complexe, des effets environnementaux du
système d’ensemble, dans les effets environnementaux des

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différents sous-systèmes et éléments qui vont le constituer. C’est
ainsi une manière de comprendre plus intimement, voire de
modéliser la dynamique des effets de cycle de vie.
Il est souligné comme difficulté de ce rapprochement,
l’incompatibilité entre un système de données flou de l’environnement et
ce que Millet (2003) appelle le système hypercontraint de la conception.
Il signale deux autres facteurs de cette étanchéité : le fait que la science
environnementale est une science jeune, mais qu’elle représente un
paradigme puissant qui tend à isoler cette démarche de la démarche
globale de conception.
Corrélativement, la variable environnementale, ainsi décomposée,
peut ainsi être intégrée à la logique de « choix » du processus de
conception. Ainsi, on ne se contentera pas de constater un
comportement environnemental « fatal » du produit-système, mais on
pourra, à chaque moment, intégrer la variable environnementale dans les
choix et compromis des différentes étapes du processus de conception.
Ceci jusqu’à obtenir, entre autres éléments d’optimisation, des résultats
environnementaux du système achevé, qui seront la résultante de bons
choix environnementaux tout au long du processus de conception et du
cycle de vie. Il s’agira alors de résultats environnementaux « requis »,
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c’est-à-dire qui auront été définis comme spécifications dès le début du
processus de conception.
Ce modèle de définition, de choix et de résolution, fonctionne sous
une condition logique qui est que les améliorations à orientation
environnementale prises tout au long du cycle de conception,
améliorations « locales », convergent positivement dans un optimum
global sur le plan du système achevé et de son cycle de vie. C’est là une
préoccupation centrale de la démarche de cycle de vie que celle d’un effet
environnemental global le meilleur possible, en veillant à ce qu’il n’y ait
pas de transfert des effets de telle manière qu’une solution locale très
satisfaisante cache une dégradation d’ensemble, car elle a transféré un
effet négatif fort en un autre point du cycle de vie.
Cela supposera le recours à des itérations, notamment entre le
système d’ensemble et ses composants, et pour l’ensemble de cette
question, le problème se pose pour d’autres variables du système
notamment la technologie.

4.2. Quelques pistes de cette convergence

Comment donc générer un dispositif méthodologique de conception


globale, intégrant la problématique d’éco-conception en intégrant la
variable environnementale tout au long du processus de conception ?
Comment modéliser le jeu de la variable environnementale dans les
choix de conception ? Du coté des sciences de la conception, comment

41
élaborer une compatibilité de l’approche « éco » avec le corpus établit en
conception ?

4.2.1. Une première démarche en lien avec le « design


engineering »

Dominique Millet avait entamé ce travail dès 2003, dans sa thèse, son
livre et les expérimentations qui les ont accompagnés. Il propose trois
voies de développement :
- la création d’un instrument d’évaluation de conception spécialisé
pour l’acteur environnement en repartant néanmoins de l’outil
ACV en tant que tel,
- une démarche d’éco-conception partagée qui consiste alors à
étendre et intégrer la problématique environnementale dont nous
reproduisons ci-dessous le schéma,
- la création du support d’une organisation apprenante, à la fois
pour mieux intégrer le nouveau paradigme de l’environnement
dans une logique d’apprentissage, et aussi parce que
l’environnement, domaine de connaissance jeune, a besoin
d’accumulation ordonnée de connaissances et de la construction
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d’une « expertise écologico-environnementale localisée ».

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Schéma 2 : Proposition de démarche d’éco-conception accompagnant le
processus de conception
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Source : Millet, 2003.

Les différentes voies de l’intégration d’une démarche


environnementale sont ainsi tracées, sauf que nous souhaitons l’intégrer
à un référentiel d’ingénierie système, décrit plus haut. Ceci suppose deux
voies de développement : exprimer dans les termes des méthodologies
existantes (INCOSE, 2010) les contraintes environnementales :
comment, par exemple, exprimer la dimension environnementale, à
travers l’analyse fonctionnelle ? et aussi, mieux comprendre et modéliser
les comportements environnementaux des systèmes conçus.

4.2.2. L’intégration à une démarche d’ingénierie système :


convergence conceptuelle et modélisation

Sur le plan de l’environnementalisation des méthodes de conception,


on peut imaginer plusieurs phases intégrant la dimension
environnementale à chaque phase du processus de modélisation de la
conception.
- Organiser, dès le départ du processus, l’intégration des
contraintes environnementales dans le cahier des charges du

43
système-produit à concevoir, à travers l’enrichissement
environnemental des spécifications client.
- Mettre en œuvre une analyse fonctionnelle qui, au-delà de
permettre de déterminer « l’unité fonctionnelle » comme le
pratique l’ACV, et d’exprimer les fonctions classiques d’un
système, permettrait de formaliser, sous forme de fonctions
contraintes, les nuisances environnementales du système ou, sous
forme de fonctions positives, les nécessités de maîtrise des effets
environnementaux, les critères de qualité environnementale du
système-produit à élaborer. Ainsi, au lieu que les effets
environnementaux soient constatés en réel et après un processus
de conception achevé, il serait ainsi possible de les conceptualiser
a priori et ainsi, de se donner un modèle « requis » d’exigences
environnementales à satisfaire dans la conception.
- Intégrée comme composante d’une architecture fonctionnelle,
une telle démarche fournit les bases de projection d’un modèle a
priori, certes approximatif, mais éclairant du comportement
environnemental du produit-système à concevoir.
- On peut aussi imaginer d’approfondir cette démarche en affinant
ces fonctions, leurs effets organiques et les moyens d’y pallier à
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travers la mise en œuvre d’AMDEC à contenu environnemental,
c’est-à-dire d’une formalisation environnementale en approche
risques.
- A un stade plus avancé de la conception, la variable « éco » devra
évidemment intervenir dans les choix organiques et
technologiques, en l’intégrant notamment dans les démarches de
détermination et d’allocation des exigences.
- La recherche d’une interaction entre les déterminations locales et
les effets globaux de la variable environnementale sur le produit-
système, peut être modélisée par le recours aux méthodes de
propagation de contraintes (Scaravetti, 2006).
- Enfin il importe de penser l’interaction, entre la prise en compte
de la variable environnementale et la prise en compte des coûts
dans le « life cycle cost », en identifiant les coûts ou surcoûts de la
dimension environnementale, par la prise en compte directe de
ses effets, ou par les alternatives technologiques, notamment,
qu’elle peut imposer.
Le schéma ci-dessous recense toutes les phases du processus de
conception où peut être intégrée une prise en compte environnementale,
sans qu’il soit possible de les traiter de manière détaillée dans l’espace
limité de cet article.

44
Schéma 3 : Intégration de la variable environnementale dans le processus
de modélisation de conception du système-produit en ingénierie système

Modélisation a priori de l’impact


environnemental global

Identification des variables environnementales


et boucle sur les choix d’organes
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Identification des variables environnementales et
Choix et optimisation du système
boucle sur l’optimisation

Identification des variables environnementales et


boucle sur le cycle de possession

Optimisation en termes de coûts

Source : Auteur.

45
4.2.3. L’intégration dans l’organisation du process de conception et
le système d’information

Un apport important pour l’efficience d’un dispositif de conception


global éco-intégré est la mise en place d’une organisation spécifique de la
dimension environnementale dans le processus de conception (Reyes,
2006). Elle peut comporter notamment une entité responsable de la
problématique environnementale au sein de l’équipe conception, dans
une logique d’ingénierie concourante. Ce RCE, responsable chargé de
l’environnement, comme le nomme Millet, ou responsable de la
conception environnement, comme nous pourrions l’appeler, est aussi
responsable de la mise en place du processus d’apprentissage
environnemental et de la gestion des connaissances dans ce domaine.
Du côté de l’apport des sciences de l’environnement, il s’agit
d’approfondir cette science jeune, en vue d’une part, d’acquérir des
connaissances sur le comportement environnemental des systèmes
techniques, et de développer un outillage, différencié, « léger » et
praticable en itération. Il est nécessaire aussi de capitaliser les données
environnementales, tirées du processus de conception, par un véritable
retour d’expérience et dans un système d’informations et de
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capitalisation spécifique.
S’interrogeant sur la lenteur voire l’inexistence de l’intégration de
l’approche environnementale dans les processus de conception en
entreprise, Bertoluci (2006) pose le problème de cette intégration, non
seulement au niveau des méthodes d’analyse et d’évaluation, de
l’organisation de la conception et de la mise en place de systèmes
d’information adéquats, mais aussi de la clarification globale du
positionnement de l’entreprise, comme le montre le tableau ci-dessous,
par rapport à la problématique environnementale.

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Schéma 4 : Démarche de modélisation du contexte entreprise de choix
des axes d’éco-conception
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Source : Bertoluci, 2006.

L’intérêt de cette approche est qu’elle s’attache, à partir de l’évaluation


des impacts, à mener un retour de décomposition et d’affectation de ces
impacts aux différents niveaux et phases de fonctionnement et de
contexte de la genèse du produit-système, permettant de constituer les
bases de connaissance nécessaires au fonctionnement d’un dispositif
d’éco-conception dynamique tel que nous l’envisageons.
Ainsi, nous serions sur la voie de l’élaboration d’une conception
globale comprenant une éco-conception dynamique, intégrée, non
seulement capable de prendre en compte la variable environnementale à
chaque phase de conception, mais aussi de permettre, au final, une
meilleure maîtrise environnementale globale du produit-système en
conception et de son cycle de vie.

47
Conclusion

Cette proposition de développement d’une méthodologie de


conception élargie de produits-systèmes, dynamique et permanente
devrait permettre de construire la maîtrise de la question
environnementale, dès l’origine et tout au long du processus de
conception.
Comme nous l’avons vu, sur le plan méthodologique, elle intègre des
données et des analyses issues de la science environnementale, dans une
chaîne de résolution structurée selon l’ingénierie système.
Mais cette intégration de la prise en compte de l’environnement dans
la chaîne de conception en entraîne l’extension vers une problématique
de modélisation du cycle de vie, qui n’était pas une approche habituelle
de l’ingénierie système.
Il en découle aussi que l’évaluation environnementale globale n’est
pas seulement une opération finale sur le produit-système achevé,
comme dans l’ACV traditionnelle, mais une élaboration, qui commence
avec les spécifications et exigences fonctionnelles concernant
l’environnement, jusqu’à une ACV finale, concrète et exhaustive,
incrémentée au cours de la démarche de conception, à partir des
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modélisations locales d’intégration de l’environnement dans les
différentes phases de définition du système. De ce fait, la maîtrise
environnementale du produit-système conçu constitue un système
d’exigences, formalisé dès le début du processus, et dont nous
approcherons la pertinence tout au long du processus. Cette démarche
de prise en compte de la variable environnementale présente une
analogie avec le traitement de la dimension des coûts, initiée avec une
approche fonctionnelle de type « design to cost », conception à coût
global (CCG), pour converger sur une véritable formalisation concrète
exhaustive du type de l’établissement du coût du cycle de vie (LCC).
Cette analogie peut être prolongée sur deux plans. Tout d’abord celui
de la base de connaissances et de données, très imprécise et souvent
faible dans l’état actuel de nos connaissances environnementales, qui est
systématiquement incrémentée au cours du processus de traitement. Ce
qui donne une importance toute particulière à la construction d’un
dispositif concomitant de gestion de la connaissance.
L’autre analogie consiste dans la possibilité, à un niveau donné de
développement de cette connaissance accumulée, de pouvoir établir des
déterminations sous une forme « paramétrique », comme dans la
dimension technologique ou de la formalisation des coûts de la
conception.
Il s’agit d’un chantier méthodologique majeur, à valider sur des
conceptions de produits-systèmes, à optique cycle de vie, intégrant
notamment les dimensions système-produit, système de production et
logistique jusqu’à la fin de vie.

48
L’émergence d’une telle problématique et d’une telle ambition
correspond probablement à un niveau de maturité donné de la
problématique environnementale.

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