Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DOCUMENTATION
26/09/2008
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 1
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
Charges CP Charges C T
Produit P1
Déchet D1
Produit P2
Système A P Système A T
Déchet D2
Service S
Productions Traitements
1.2 Coproduction
Modification Indicateurs de
Les problèmes de coproduction apparaissent lorsqu’un système du système responsabilité
remplit plusieurs fonctions de production alors qu’une seule est étu-
diée, autrement dit lorsqu’un système génère plusieurs produits ou
services tandis qu’un seul de ces flux sortants contribue à la fonc- Socio-
Découpage Élargissement Physiques
tion étudiée. Ils sont aussi connus sous le nom d’affectation à systè- économiques
mes multisorties (multi-output). Ce type courant de problème se
pose pour une raffinerie de pétrole qui produit différents carburants,
Figure 5 – Diagramme récapitulatif des méthodes de résolution des
combustibles industriels et matériaux divers. Un autre exemple typi-
affectations à cofonctions simultanées
que est la coproduction de soude, chlore et hydrogène par électro-
lyse du sel [4].
Un problème de ce type se pose ainsi : considérons un système ■ Les boucles ouvertes mettent en jeu des cofonctions successives.
AT remplissant 2 fonctions de traitement en traitant les déchets D1, L’exemple considéré et les différentes méthodes d’affectation pour
D2, et ayant des flux entrants et sortants amenant la charge environ- ce type de cofonctions sont présentées au paragraphe 3.3.5.
nementale CT (figure 4). Quelle part de CT doit-on affecter à la fonc- Les figures 5 et 6 montrent les méthodes de résolution des affec-
tion de traitement de D1 ou D2 ? tations à cofonctions simultanées et successives.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 3
Cofonctions successives
Traitements Productions
Figure 6 – Diagramme récapitulatif des méthodes de résolution des affectations à cofonctions successives
FE1, S2 Produit P2
FE2, D3 Système A P
Les coproductions et cotraitements sont des cofonctions qui se
P4 Service S
produisent au même instant et qui peuvent de ce fait être analysées
au niveau d’un processus élémentaire donné : on parle de cofonc- D4
tions simultanées. Nous allons ici présenter les différentes métho-
des de résolution des problèmes d’affectations à des cofonctions Figure 7 – Application de la méthode de découpage
remplies au même instant. Celles-ci incluent les coproductions, les
cotraitements et les revalorisations vues comme des cofonctions
simultanées. Une première stratégie consiste à modifier le système
Parfois, le découpage ne se fait pas selon des critères techniques.
analysé : soit par une étude détaillée des processus suivie d’un
Certains proposent en effet de découper arbitrairement les systè-
découpage du système, soit par un élargissement à d’autres
mes en choisissant un ratio approprié par exemple en partageant
systèmes remplissant les mêmes fonctions. Une seconde méthode
équitablement la charge environnementale du système à l’ensem-
consiste à établir des règles d’affectation sur la base d’indicateurs
ble des fonctions qu’il assure. Ces méthodes sont difficilement justi-
physiques et/ou socio-économiques. La plupart des auteurs associe
fiables si les fonctions sont différentes.
plusieurs méthodes.
La première étape commune à toutes ces méthodes est la défini-
tion du système étudié (frontières, flux entrants et sortants...).
2.2 Méthodes basées sur l’élargissement
du système
2.1 Méthodes basées sur le découpage
du système Ces méthodes, souvent dénommées méthodes par substitution
(d’un système par un autre) [8] élargissent le système à d’autres sys-
tèmes remplissant les cofonctions. Elles considèrent qu’un système
Il s’agit de décomposer le système en sous-systèmes indépen- qui assure plusieurs fonctions en même temps évite l’existence
dants liés à chacune des fonctions. Ainsi, par l’étude approfondie d’autres systèmes remplissant chacune des fonctions. Après exten-
d’une plate-forme pétrolière, il est possible d’identifier certains pro- sion, le système ne remplit plus que la fonction étudiée.
cessus liés uniquement à la production de gaz et d’autres liés à la
production de pétrole [7]. Elles ont beaucoup été utilisées pour créditer la production par
incinération [9]. Les charges de la production d’énergie par le
Pour le système AP, supposons que la charge CP soit liée aux pro- pétrole, par exemple, sont alors soustraites des charges affectées à
duits P3, P4 entrants, aux services S1 et S2 entrants, aux flux environ- des emballages en plastique lorsqu’ils sont incinérés.
nementaux entrants F E1 ainsi qu’aux flux environnementaux sortant
F E2 et aux déchets sortants D3 et D4. Une étude précise (par la chi- Pour l’exemple AP, on étend le système à un système B de char-
mie, la physique, l’automatique...) peut permettre un découpage ges CB produisant le même produit P2, à un système C de charges
fructueux. On s’apercevra par exemple que les flux entrant P3 et S1 CC produisant le service S. On affecte alors à la production de P1, les
sont liés à P1, que S2 et F E1 et F E2 et D3 sont liés à P2 et que P4 et D4 charges CP - CB - CC.
sont liés à S (figure 7). Pour le cotraitement AT, si l’on considère l’affectation à la fonction
Pour le cas de cotraitement, par une étude approfondie du sys- de traitement du déchet D1 par le système AT. Nous étendons le sys-
tème AT, les charges seraient aussi attribuées au traitement de D1 et tème à un système D de charges CD traitant le déchet D2. On affecte
D2. alors au traitement de D1 la charge CT - CD.
Malheureusement, la technique de découpage n’est pas toujours Cette méthode par soustraction peut amener l’apparition de char-
applicable, car elle demande une connaissance approfondie des ges négatives. Pour éviter cela et pour rendre la méthode plus trans-
procédés et mécanismes et les cofonctions sont parfois profondé- parente, certains auteurs préfèrent ajouter les charges évitées au
ment liées. système comparé [10]. Par exemple, si l’on compare la production
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 5
remplir la même fonction ce qui rend cette méthode bien souvent liser, possibles quand des ressources sont traitées dans des parties
indaptée ou susceptible d’induire de grandes variations de résultats. distinctes de centres de traitement par exemple. Les affectations
● Les méthodes par indicateurs socio-économiques peuvent tra- sont plus complexes lors de traitements simultanés de plusieurs
duire dans tous les cas au moins une partie de la réalité causale si ressources. On doit alors prendre en compte la conservation des
les indicateurs sont judicieusement choisis (l’existence d’un pro- entités physiques (causalités physiques directes), les contributions à
cédé a toujours une justification économique). Dans le cas de copro- la formation et la consommation d’autres entités physiques par
duction, c’est ce type d’indicateur qui doit être utilisé si l’on veut divers mécanismes physico-chimiques (causalités physiques indi-
tenir compte de la réalité causale. Elles sont basées sur des données rectes) et les transports, énergies, infrastructures requis (causalités
considérées plus fluctuantes ou moins mesurables parce que sociales). Nous ne développerons pas ici les méthodes pour ce type
dépendantes d’un marché ou d’une échelle de valeur non mesura- de problème d’affectation (cf. § 1), elles ont été très peu abordées
ble (degré de satisfaction par exemple). par les différents auteurs.
Les méthodes par indicateurs physiques peuvent traduire une Nous ne considérerons pas les vies des ressources liées à
partie de la réalité causale dans les cas de cotraitements et si les d’autres ressources entrant aux différentes étapes de la vie de la res-
indicateurs sont judicieusement choisis. Ces méthodes nécessitent source. Cela signifie pas exemple que nous n’étudions pas le recy-
une bonne connaissance des mécanismes physiques. Elles sont clage des infrastructures utilisées. L’apport d’autres ressources au
basées sur des données mesurables considérées plus objectives. cours de la vie de la ressource considérée doit être étudié dans le
Dans les cas de coproduction, l’utilisation d’indicateurs physiques cadre d’autres vies de ressources pour éviter une expansion trop
peut être valide si cela permet d’approcher les causalités socio-éco- importante du système étudié.
nomiques. Les normes ACV ([14] [15]) conseillent l’utilisation des
indicateurs physiques en priorité car ils sont plus mesurables, en Un système cascade est une vie d’une ressource ayant une seule
dépit de leur contradiction avec la réalité causale. source (ressource naturelle ou déchet ou produit). Nous considére-
rons, pour étudier toutes les méthodes appliquées aux revalorisa-
tions, une vie complète de ressource représentée par un système
cascade défini à partir d’une ressource naturelle.
3. Traitement des cofonctions
successives 3.2 Exemple choisi
Les revalorisations mettent par contre en jeu la multiple utilisation
des entités physiques à des instants différents. On parle de cofonc- On considère la vie de la ressource représentée sur la figure 9. Les
tions successives. Ce dernier type de cofonctions est analysé au étapes sont définies par tous les processus requis et les flux envi-
niveau d’un processus donné dans plusieurs méthodes ; on se ronnementaux liés à la ressource primaire. Les charges liées à la
ramène alors à un problème de cofonctions simultanées. D’autres ressource étudiée ont été isolées par une affectation préalable à res-
méthodes ont développé des analyses au niveau de la vie d’une res- source (cf. § 3.1). Une ressource naturelle (appelée la source) est uti-
source ou de systèmes cascade pour tenir compte de la succession lisée dans une étape 1 pour fabriquer le produit 1 vierge remplissant
des fonctions. une fonction 1. Cette étape amène les charges V (V pour rappeler
vierge). L’étape 1 génère le déchet 1 qui est utilisé dans l’étape 2
Les cofonctions successives correspondent au cas des revalorisa- pour fabriquer le produit 2 revalorisé remplissant la fonction 2.
tions en boucle ouverte. Une ressource remplit alors successive- Cette nouvelle étape amène les charges R2 (R pour rappeler revalo-
ment différentes fonctions à des instants différents. Souvent traitée risé). Nous supposerons que 1/3 du produit 2 usagé est traité dans
dans les ACV, l’étude des revalorisations a même largement contri- l’étape 4 de charges T4 (T pour rappeler traitement final). Le reste
bué à leur notoriété. Pourtant elles posent des problèmes d’affecta- des déchets (2/3 du produit 2) est utilisé dans l’étape 3 des charges
tion qui sont loin d’être résolus notamment pour la prise en compte R3 pour fabriquer le produit 3 qui remplit la fonction 3. Le produit 3
des cascades. De nombreuses méthodes ont été développées et est traité après usage dans l’étape 5 de charges T5.
nous en présentons ici un inventaire assez large.
Pour la comparaison des différentes méthodes, nous considérons
les valeurs suivantes pour chaque charge en « unités de charges »
3.1 Notion de vie d’une ressource tout à fait théorique.
et de système cascade
Charges de chaque étape V R2 R3 T4 T5
Une ressource est définie comme une entité physique utilisable Valeurs en « unités de charges » 10 3 11 2 12
par les être humains ; on distingue les ressources naturelles prove-
nant de l’environnement et les ressources anthropiques (entités
dans des produits ou des déchets) qui peuvent être réutilisées par la Nous supposerons que le déchet 1 est normalement revalorisé
suite. Pour étudier les revalorisations de façon générale, nous allons dans l’étape 2′ remplissant une fonction 2′ et de charges R′ quand il
travailler dans le cadre de la vie d’une ressource. La vie d’une res- n’est pas revalorisé dans l’étape 2. Le déchet de cette étape subit un
source est composée de multiples cycles de vie, car elle prend en traitement final dans l’étape 3′ de charges T (figure 10).
compte les multiples utilisations d’une entité physique issue d’une
ressource naturelle (par exemple du minerai de fer amène de multi-
ples utilisations du fer). On représente souvent la vie d’une res- Charges de chaque étape R′ T′
source de façon linéaire, depuis l’extraction des ressources
naturelles jusqu’aux traitements finaux. En fait, d’autres ressources Valeurs en « unités de charges » 15 3
peuvent être utilisées à chaque étape, et chaque étape peut conduire
à différentes nouvelles étapes. Comme les revalorisations remplissent les deux types de fonc-
Comme on se limite à un inventaire des flux entre étape, des flux tion, deux cas peuvent se présenter :
environnementaux et des fonctions uniquement liés à une res-
source d’un type donné, une affectation « à ressource » est requise. — l’analyse d’une fonction de traitement ;
Il s’agit en premier lieu d’opérer certains découpages simples à réa- — l’analyse d’une fonction de production.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
Ressource
naturelle V R2 R3 T5
Fonction 1 Fonction 2 Fonction 3
Flux
environnementaux Étape finale
Étape 4 Traitement final
du déchet 2
T4
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 7
8 Quantité choisie en
« unités d’utilité » 7 2 8
Charges
6
0 Quantité choisie en
« unités de charges » 7 3 9
1 2
Filière de traitement
R2 R'
On voit que la filière 1 crée globalement plus de charges que la
b méthode 50/50 simple filière 2 (figure 13 a) mais aussi plus de charges évitées ou d’utilité
que la filière 2 (figures 13 b et 13 c). Comment comparer les
filières ?
10
Charges Il faut appliquer une procédure de comparaison. En comparant les
8
filières sur la base de la même utilité (en calculant un ratio charges/
6 utilité), on calcule que la filière 1 crée presque 1,4 fois plus de char-
4 ges par utilité que la filière 2. En soustrayant les charges évitées des
2
charges de chacune des filières, la filière 1 amène globalement
11 unités de charges de plus. Quelle que soit la procédure choisie, la
0 filière 2 est meilleure que la filière 1.
1 2
Filière de traitement
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
Charges 30 25
25 Charges
20 20
15
10 15
5
0 10
1 2
Filière de traitement 5
T5 T4 T'
0
R3 R2 R' 1 2 3
a comparaison des charges Fonction
T5 T4 R2 R3 V
Utilité 10
8
6 Figure 16 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource
4 par la méthode courante
2
0
1 2
du traitement des déchets, c’est-à-dire du produit 2′′ usagé dans ce
Filière de traitement
contexte. Nous supposerons que V ′′ = 8 unités de charges et T ′′ = 4.
utilité de la fonction 2’
La fonction 2 est donc affectée de 12 unités de charges si elle est
utilité de la fonction 3 remplie par l’étape 2′′.
utilité de la fonction 2 Dans la suite de l’article, nous considérons l’affectation aux fonc-
b comparaison des utilités tions 1, 2 et 3 respectivement remplies par les produits 1, 2 et 3 dans
le cadre de notre exemple.
Charges 12
évitées 10
8
3.4.1 Méthodes de découpage simples
6
4
2 ■ Méthode courante
0
1 2 Cette méthode ([19] [20] [21]) est encore la plus couramment utili-
Filière de traitement sée dans les ACV. Les charges de l’étape initiale (utilisant des res-
charges évitées de la fonction 2’ sources naturelles) sont affectées à la fonction remplie par le produit
vierge (composé de ressources naturelles). Les charges des revalo-
charges évitées de la fonction 3
risations sont affectées à la fonction remplie par le produit composé
charges évitées de la fonction 2 de ressources revalorisées, et les charges des traitements finaux
c comparaison des charges évitées sont affectées à la fonction remplie par le produit qui subira un trai-
tement final. C’est la méthode de base. La méthode courante affecte
5 unités de charge à la fonction 2 remplie par l’étape 2 (figure 16).
Figure 13 – Comparaison des filières 1 et 2 de traitement
par la méthode ARSC Plusieurs auteurs suggèrent que générer des produits usagés qui
seront revalorisés devrait affecter le produit qui sera revalorisé de
charges supplémentaires à titre de traitement.
■ Méthode 50/50 simple
Ressource
naturelle V'' T'' ■ Ainsi, dans la méthode 50/50 simple, 50 % des charges de l’étape
Fonction 2 de revalorisation du produit usagé sont affectées à la fonction du
produit qui sera revalorisé et 50 % à celle du produit composé de
Étape 2" Étape 3" ressources revalorisées (figure 17). Celle-ci correspond à une sim-
plification de la méthode 50/50 telle qu’elle est présentée par ses
concepteurs [19]. La méthode 50/50 simple affecte 9 unités de
Étape initiale Étape finale charge à la fonction 2 remplie par l’étape 2.
Production/utilisation Traitement final
du produit 1 du déchet 3 ■ Méthode Huppes
Dans cette méthode [17], l’étape de revalorisation du produit
Figure 14 – Filière de production de la fonction 2 par l’étape 2” usagé est décomposée en processus successifs. Les charges de ces
processus sont alors affectées à la fonction du produit qui sera reva-
lorisé tant qu’il a encore une valeur négative, c’est-à-dire que cette
ressource est encore un déchet. Lorsque la valeur de la ressource
devient positive, les charges des processus de revalorisation sont
Étape 2 Fonction 2 Étape 2" Fonction 2 affectées au système qui utilisent ces ressources. Si la valeur du pro-
de production de production duit usagé est positive, nous nous retrouvons dans un cas de copro-
duction. La valeur de la ressource est évaluée par Huppes à partir
Filière 1 de production Filière 2 de production des données économiques.
de la fonction 2 de la fonction 2 Dans notre exemple, R2 (<0) représente la part des flux environne-
mentaux des processus de l’étape 2 où la ressource a encore une
Figure 15 – Filières 1 et 2 de production comparées valeur négative, R2 (>0) la part où la ressource a une valeur positive.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 9
20 25
Charges Charges
20
15
15
10
10
5 5
0 0
1 2 3 1 2 3
Fonction Fonction
T5 T4 R2 R3 V T5 T4 R2 R3 V
Figure 17 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource Figure 19 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource
par la méthode 50/50 simple par la méthode Östermark
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
25 20
Charges Charges
20
15
15
10
10
5
5
0 0
1 2 3
Fonction --5
T5 T4 R2 R3 V
--10
1 2 3
Figure 20 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource Fonction
par la méthode Lindeijer (version 1)
T5 T4 VR3 R3 VR2 R2 V
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 11
5
3.4.4 Méthodes basées sur des catégories de flux
environnementaux
0
--5 Dans ces méthodes dites méthodes par types [11], les flux envi-
1 2 3 ronnementaux de la vie de la ressource sont regroupés par catégo-
Fonction ries (ou types), entre ceux qui sont liés à l’extraction de ressources
naturelles, ceux qui correspondent aux étapes de revalorisation et
T5 T4 TR3 VR3 R3 TR2 VR2 R2 V ceux qui correspondent aux traitements finaux. Les flux environne-
mentaux sont ensuite affectés, selon leur type, de différentes maniè-
Figure 23 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource res aux différents produits de la vie de la ressource.
par la méthode basée sur la masse
■ Méthode courante par type
Dans la « méthode courante par type », la somme des flux envi-
ronnementaux des extractions est affectée proportionnellement aux
16 quantités de ressources naturelles utilisées, la somme des flux envi-
Charges 14 ronnementaux des revalorisations est affectée proportionnellement
12 (en considérant la masse des produits) aux quantités de ressources
10 revalorisées utilisées, et la somme des flux environnementaux des
8 traitements finaux est affectée proportionnellement aux systèmes
6 qui génèrent des déchets subissant un traitement final (figure 25).
4 Cette méthode affecte 17,7 unités de charge à la fonction 2 remplie
2 par l’étape 2.
0
1 2 3
Fonction
20
T5 T4 R2 R3 V
Charges
15
Figure 24 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource
par la méthode proportion de la masse totale
10
5
(par proportionnalité) la charge environnementale totale entre tou-
tes les fonctions [11]. 0
1 2 3
■ Proportion de la masse totale
Fonction
Dans la méthode « Proportion de la masse totale » la somme de
tous les flux environnementaux de la vie de ressource est répartie T5 T4 R2 R3 V
aux différentes fonctions sur la base de la masse des produits
(figure 24). Cette méthode affecte 14,25 unités de charge à la Figure 25 – Affectation à chaque fonction de la vie de la ressource
fonction 2 remplie par l’étape 2. par la méthode courante par type
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 12 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
3.4.5 Méthodes étendues à la vie de la ressource 3.4.6 Analyse des revalorisations par les systèmes
et aux charges évitées cascade
■ Méthode 50/50 étendue On voit que la filière 1 crée globalement plus de charges que la
filière 2 (figure 29 a, mais aussi plus de charges évitées ou d’utilité
Dans cette méthode (version de 50/50 [19]), les bénéfices X sont que la filière 2 (figures 29 b et 29 c). La comparaison n’est donc pas
attribués aux différentes étapes, 50 % proportionnellement à la aisée. Pour comparer les deux alternatives, nous devons appliquer
quantité de déchets revalorisés générés et 50 % proportionnelle- des procédures de comparaison. Par la procédure de l’utilité, les
ment à la quantité de déchets utilisés. C’est la moyenne des deux charges liées à chaque alternative sont comparées sur la base de la
méthodes précédentes. Cette méthode affecte 11,5 unités de charge même utilité. On calcule alors que remplir la fonction 2 par l’étape 2
à la fonction 2 remplie par l’étape 2. crée 3,7 fois plus de charges par utilité que de remplir la fonction 2
par l’étape 2′′. Par la procédure des charges évitées, ces dernières
■ Méthode Boguski
sont soustraites des charges créées pour chaque alternative. Par ce
Dans cette méthode [14], le bénéfice X des revalorisations est calcul, on conclut que remplir la fonction 2 par l’étape 2 amène glo-
attribué en fonction de la masse des produits dans la vie de la res- balement 4 unités de charges de plus que de remplir la fonction 2
source (figure 26). Il s’agit de la version « étendue » de la méthode par l’étape 2′′.
basée sur la masse [27]. Cette méthode affecte 12,4 unités de charge
à la fonction 2 remplie par l’étape 2. Les deux procédures concluent que dans ce cas précis théorique
de revalorisation, il vaut mieux remplir la fonction 2 à partir de res-
■ Les différentes méthodes d’affectation à la fonction 2 de produc- sources naturelles. En effet, le déchet qui serait utilisé dans l’étape 2
tion sont comparées dans l’histogramme de la figure 27. sera alors utilisé de façon plus efficace.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 13
25
Charges
20
15
10
Méthode courante
50/50 simple
Huppes
Méthode GEP
Boucle fermée 1
Boucle fermée 2
Méthode Östermark
Lindeijer 1
Lindeijer 2
Valeur environnementale
50/50
Basée sur la masse
Proportion de la masse totale
Proportion de la valeur totale
Méthode courante par type
Méthode Östermark par type
Valeur environnementale par type
50/50 par type
Östermark étendue
Valeur environnementale étendue
50/50 étendue
Boguski
Étape 2 Figure 27 – Comparaison de l’affectation
Étape 2" Méthode d’affectation à la fonction 2 remplie par l’étape 2 et par
l’étape 2′′ suivant les méthodes considérées
R2 R3 T5
Fonction 2 Fonction 3
30
Charges
25
20 8 10
Utilité 7 Charges
15 6 évitées 8
5 6
10 4
3 4
5 2 2
1
0 0 0
Charges créées Charges créées Utilité créée Utilité créée Charges évitées Charges évitées
par l’étape 2 par l’étape 2’’ associée associée par l’étape 2 par l’étape 2''
à la fonction 2 à la fonction 2
par l’étape 2 par l’étape 2''
T5 T4 R3 R2 V'' + T'' T' R' utilité de la fonction 3 charges évitées de la fonction 3
utilité de la fonction 2'' charges évitées de la fonction 2''
a comparaison des charges b comparaison des utilités c comparaison des charges évitées
Figure 29 – Analyse de revalorisation par les systèmes cascade. Comparaison de la fonction 2 remplie par les étapes 2 et 2”
par la méthode ARSC
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 14 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel
3.4.7 Comparaison des méthodes diées au sein de la vie de la ressource. Elle requiert de nombreuses
données. À part la méthode ARSC, aucune méthode ne prend en
Les différentes méthodes amènent des résultats très variés. Tou- compte toutes les fonctions et charges environnementales en aval
tes les méthodes sont additives sauf la méthode GEP et la méthode et le devenir « habituel » du déchet 1 par l’étape 2′.
de la boucle fermée qui sont critiquables pour cette raison. La
méthode ARSC est additive au niveau des charges et au niveau des
utilités ou des charges évitées.
Les méthodes de découpage simples s’intéressent à une fraction 4. Conclusion
donnée de la vie de la ressource. Elles ne prennent pas en compte
les conséquences au niveau de toute la vie de ressource pas plus
que les traitements et productions évitées grâce aux revalorisations. Les problèmes d’affectation demandent encore beaucoup de
Ces méthodes ont l’avantage d’être plus simples à mettre en œuvre. recherche surtout pour la prise en compte des revalorisations. Il est
Lorsqu’elles prennent en compte les charges évitées, les métho- notamment primordial de développer des bases de données adap-
des de découpages, ne considèrent que des traitements finaux et tées. On voit que les résultats peuvent être très variables suivant les
des productions à partir de ressources naturelles. Il existe des argu- méthodes. Il reste un large travail pour définir une méthode qui soit
ments pour chaque affectation des bénéfices des revalorisations, applicable tout en n’omettant pas des aspects importants.
mais aucune n’est satisfaisante d’un point de vue général.
Dans le domaine des revalorisations, il est important de détermi-
Les méthodes qui prennent en compte la vie de la ressource ten- ner le devenir à long terme et à longue distance, sinon les problè-
tent une vision plus globale du berceau « réel » à la tombe « réelle ». mes risquent d’être transférés plus loin ou aux générations futures.
Les méthodes sont valables si ce qu’elles ne prennent pas en Ce qui est vrai pour les problèmes l’est aussi pour les aspects posi-
compte est similaire pour les deux filières. Seule la méthode ARSC tifs. De même, produire des objets permettant de multiples utilisa-
tient compte des causalités au sein de la vie de la ressource en étu- tions intéressantes pendant longtemps devrait être pris en compte
diant des systèmes cascades différents suivant les fonctions étu- même si cela se déroule ailleurs ou plus tard.
Références bibliographiques
[1] SCHNEIDER (F.). – Analyse des réemplois, selected packaging materials. Quantification Life Cycle Assessment of products. CML, Lei-
recyclages, valorisations de déchets par of environmental loadings. Gôteborg den, 2-3 déc. 1991. Bruxelles : SETAC-
l’étude de systèmes cascade. Thèse de (Suède) : Chalmers Industriteknik, 1991, Europe, 1991, p. 57-70.
doctorat : INSA de Lyon, LAEPSI, 1996, 315 p. 206 p. Rapport no SOU 1991 : 77. [Offprint]. [18] KARLSSON (R.). – LCA as a guide for the
[2] FRISCHKNECHT (R.). – Allocation - an issue [10] FINNVEDEN (G.). – Some comments on the improvement of recycling. Proceedings of
of valuation. Proceedings of the european allocation problem and system boundaries. the european workshop on allocation in LCA.
workshop on allocation in LCA. Leiden, fév. Proceedings of the european workshop on Leiden, Pays-Bas, fév. 1994, Huppes G. &
1994, Huppes G. & Schneider F. (Eds), allocation in LCA. Leiden, fév. 1994, Huppes Schneider F. (Eds), Leiden : CML, Bruxelles :
Leiden : CML, Bruxelles : SETAC, 1994, G. & Schneider F. (Eds), Leiden : CML, SETAC, 1994, p. 18-28.
p. 122-131. Bruxelles : SETAC, 1994, p. 65-73. [19] FAVA (J.A.), DENISON (R.), JONES (B), CUR-
[3] MAILLEFER (C.). – Allocation of environmen- [11] EKVALL (T.). – Principles for allocation at RAN (M.A.), VIGON (B.), SELKE (S.) et BAR-
tal interventions. Life Cycle Assessment multi-output processes and cascade recy- NUM (J.). – A technical framework for life
(LCA) - Quo vadis ? Schaltegger (Ed.) Berlin : cling. Proceedings of the european workshop cycle assessment. Smugglers Notch, Ver-
Birkhäuser, 1996, p. 27-38. on allocation in LCA. Leiden, fév. 1994, Hup- mont, USA, 18-23 août 1990. Washington,
[4] HUPPES (G.). – Macro-environmental policy : pes G. & Schneider F. (Eds), Leiden CML, DC : SETAC, 1990, 134 p.
principles and design - with cases on milk Bruxelles : SETAC, 1994, p. 91-101. [20] HEIJUNGS (R.), GUINEE (J.), HUPPES (G.),
packaging, cadmium, phosphorus and nitro- [12] EGGELS (P.) et VEN VAN DER (B.). – Alloca- LANKRIJER (R.M.), UDO DE HAES (H.A.),
gen, and energy and global warming. Thèse tion model in case of multiple waste hand- WEGENER SLEESWIJK (A.), ANSEMS
de doctorat : Université de Leiden CML, 1993, ling. Proceedings of the european workshop (A.M.M.), EGGELS (P.G.), DUIN VAN (R.) et
430 p. on allocation in LCA. Leiden, fév. 1994, Hup- GOEDE DE (H.P.). – Environmental life cycle
[5] SCHNEIDER (F.). – Allocation and recycling, pes G. & Schneider F. (Eds), Leiden : CML, assessment of products (traduit du néerlan-
enlarging to the cascade system. Procee- Bruxelles : SETAC, 1994, p. 143-148. dais) - Part I Guide - Part II Backgrounds.
dings of the european workshop on alloca- [13] FINNVEDEN (G.) et HUPPES (G.). – Life cycle Leiden : CML, 1992. 96 p. & 130 p. ISBN
tion in LCA. Leiden, fév. 1994, Huppes G & assessment and treatment of solid waste. 90-5191-064-9.
Schneider F. (Eds), Leiden : CML, Bruxelles : Proceedings of the international workshop, [21] ROUSSEAUX (P.). – Évaluation comparative
SETAC, 1994, p. 39-53. Stockholm, sept 28-29 1995. Stockholm : IVL, de l’impact environnemental global (ECIEG)
[6] SCHNEIDER (F.). – Analysing waste recovery Leiden : CML, 1995. ISSN 1102-6944. du cycle de vie des produits. Thèse de
as a switch of cascade systems. R’95 [14] Analyse de cycle de vie (Définition, déonto- doctorat : I.N.S.A., LCPAE, 1993, 276 p.
Congress proceeding. Genève, 1-4 fév. 1995, logie et méthodologie). 1996, 19 p, Norme [22] MEKEL (O.C.L.), HUPPES (G.) et GUINNEE
Barrage A & Edelmann X. (Eds), Suisse, 1995, AFNOR NF X30-300. (J.). – Environmental effects of different pac-
p. 261-267. [15] CONSOLI (F.), ALLEN (D.) et BOUSTEAD (I.) et kage systems for fresh milk. Leiden : CML,
[7] KNOEPFEL (I.). – Allocation of environmental al. – Guidelines for life-cycle assesment : a 1990, 64 p. Rapport no 70.
burdens in LCA according to a two stage pro- « code of practice ». S.E.T.A.C. édition [23] LUBKERT (B.), VIRTANEN (Y.) et MÜHLBER-
cedure. Proceedings of the european work- SETAC. Bruxelles : From the workshop held GER (M.). – Life cycle analysis - IDEA - An
shop on allocation in LCA. p. 133-139. in Sesimbra, Portugal, 321 March - 3 April international database foe ecoprofile analy-
[8] BAISNEE (P.F.) et HEINZ (B.). – Introduction 1993. 69 p. sis - A tool for decision makers. Laxenburg
paper - System boundaries. Proceedings of [16] ÖSTERMARK (U.). – Re-use versus recycling (Autriche) : IIASA, 1991, 174 p. Rapport
SETAC - Europe workshop on Environmental of PET-bottles a case study of ambiguities in no WP-91-30.
Life Cycle Assessment of products. Bruxelles, life cycle assessment. R′95 Congress Procee- [24] LINDEIJER (E.W.). – Allocating recycling for
Belgique : CML - SETAC-Europe, déc. 1991, ding. 1995. Genève, 1995, p. 249-253. integrated chain management : taking into
p. 35-52. [17] HUPPES (G.). – Allocating impacts of multiple account of quality losses. Proceedings of the
[9] TILLMAN (A.M.), BAUMANN (H.), ERIKSSON economic processes in LCA. Proceedings of european workshop on allocation in LCA.
(E.) et RYDBERG (T.). – Life-cycle analyses of SETAC - Europe workshop en Environmental Leiden, Pays-Bas, fév. 1994, Huppes G. &
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 550 − 15
Schneider F. (Eds), Leiden : CML, Bruxelles : neider F. (Eds), Leiden : CML, Bruxelles : Dans les Techniques de l’Ingénieur
SETAC, 1994, p. 29-38. SETAC, 1994, p. 61-63.
[27] VIGON (B.W.), TOLLE (D.A.), CORNABY
[25] SIRKIN (T.) et HOUTEN TEN (M.). – The cas-
(B.W.), LATHAM (H.C.), HARRISON (C.L.), [29] KUSKO (B.H.) et FRANKLIN (W.E.). – Analyse
cade chain - A theory and tool for achieving
BOGUSKI (T.L.), HUNT (R.G.) et SELLERS du cycle de vie. Réalisation de l’inventaire.
resource sustainability with application for
(J.D.). – Life cycle assessment : Inventory G 5500, 1.1998. Traité Génie industriel. Tech-
product design. Resource, conservation and
guidelines and principles. Ohio : EPA, 1993. niques de l’Ingénieur.
recycling, 1994, vol. 10, p. 213-277.
108 p. Rapport no EPA/R-92/245.
[26] FLEISCHER (G.). – The allocation of open- [28] BOGUSKI (T.K.), HUNT (R.G.) et FRANKLIN [30] ROUSSEAUX (P.). – Analyse du cycle de vie.
loop recycling in LCA. Proceedings of the (W.E.). – General mathematical model for LCI Évaluation des impacts. G 5605, 1.1998.
european workshop on allocation in LCA. Lei- recycling. Resource, conservation and recy- Traité Génie industriel. Techniques de l’Ingé-
den, Pays-Bas, fév. 1994, Huppes G. & Sch- cling, 1994, vol. 12, p. 147-163. nieur.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
G 5 550 − 16 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel