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Promotion de la qualité écologique

des produits et écolabels

par Nadia BŒGLIN


Chef du département éco-conception et consommation durable à l’ADEME
(Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
Docteur-Ingénieur de l’ENSTIB (École nationale supérieure des technologies
et industries du bois)

1. Panorama général ............................................................................... G 6 250v2 - 2


1.1 Enjeux environnementaux liés à la qualité écologique
des produits ............................................................................................ — 2
1.2 Déclarations écologiques sur les produits ........................................... — 3
1.3 Pratiques aujourd’hui normalisées ....................................................... — 4
2. Caractéristiques d’un écolabel ....................................................... — 6
2.1 Qu’est-ce qu’un écolabel ? .................................................................... — 6
2.2 Existant en termes d’écolabels ............................................................. — 6
2.3 Éléments constitutifs d’un écolabel ...................................................... — 6
3. Élaboration des critères.................................................................... — 10
3.1 Écolabel et cycle de vie des produits.................................................... — 10
3.2 Principaux types de critères .................................................................. — 11
3.3 Formalisation des critères écologiques................................................ — 12
4. Bilan et perspectives ......................................................................... — 13
4.1 Bilan provisoire contrasté...................................................................... — 13
4.2 Perspectives prometteuses.................................................................... — 14
Pour en savoir plus...................................................................................... Doc. G 6 250V2

a prise en compte de l’environnement par les entreprises recouvre à la fois


L les aspects réglementaires (conformité à la réglementation existante) et les
démarches volontaires. Parmi ces dernières, on distingue généralement deux
approches : celle centrée sur les sites de production et celle axée sur les pro-
duits. Dans les faits, cette distinction apparaît quelque peu formelle, les deux
approches se rejoignant sur de nombreux points et contribuant toutes deux à
une amélioration environnementale des activités considérées.
L’approche « produit » consiste à réduire les impacts sur l’environnement
d’un produit donné, en prenant en compte tout ou partie de son cycle de vie
(de sa fabrication à son élimination finale). La valorisation des efforts réalisés
pour accroître la qualité écologique d’un produit passe par la communication
de ce caractère écologique aux consommateurs finaux, de manière à influer
sur leurs choix lors de l’acte d’achat. Cette communication peut s’effectuer
librement (autodéclarations écologiques d’un fabricant) ou par le biais d’une
certification selon une procédure et des critères préétablis. C’est ce dernier cas
qui constitue l’objet des écolabels, signes de reconnaissance officielle de la
qualité écologique d’un produit, aptes à satisfaire voire à développer les atten-
tes des consommateurs en termes de bien-fondé et de sincérité des messages
à caractère écologique.

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L’enjeu majeur de ces divers modes de promotion, par nature volontaire,


réside dans leur crédibilité, leur légitimité aux yeux du public et leur diffusion,
en termes de bonnes pratiques, auprès de l’ensemble des fabricants ; seuls
gages d’une reconnaissance fondée et durable des progrès environnementaux
réalisés.

1. Panorama général Chaque type de produits provoque, tout au long de son cycle de
vie, des impacts spécifiques. La répartition des contributions de la
consommation moyenne d’un Européen à l’effet de serre et à la
production de déchets ménagers (ordures ménagères, encom-
1.1 Enjeux environnementaux liés brants et déchets verts) est donnée figure 2 à titre illustratif.
à la qualité écologique des produits Les impacts environnementaux croissants de nos modes de
consommation résultent de la multiplicité des produits et services
Industrie, agriculture, transports... tous ces secteurs d’activité que nous consommons. Ainsi, au-delà de discours qui stigma-
ont des impacts négatifs sur l’environnement. Or, quelle est la fina- tiseraient quelques produits particuliers (sacs de caisse, lingettes,
lité de ces activités si ce n’est de mettre à disposition des consom- produits à usage unique...), il convient avant tout d’améliorer les
mateurs les biens et services achetés au quotidien ? Ainsi, par performances de chaque produit et service en fonction de ses
exemple, nos déchets sont avant tout nos achats. Quant à « l’effet impacts environnementaux spécifiques et de s’interroger sur la
de serre », il résulte en partie du cycle de vie des produits que nous multiplication de nos biens et le raccourcissement de leur durée de
consommons (fabrication, distribution, élimination). vie (pour cause d’obsolescence technique, esthétique, effet de mode
ou pièces non réparables...). Ce raccourcissement est synonyme de
Pour approcher plus finement les impacts liés à notre consomma- renouvellement d’achat plus rapide et donc de consommation de
tion, la Commission européenne, au travers de sa politique intégrée ressources supplémentaires.
des produits (PIP), a mené diverses études qui permettent de carac-
tériser la consommation moyenne d’un Européen. Leur synthèse Pour orienter notre société de consommation vers des modes
sur la période 1999-2002, intitulée « Impacts sur l’environnement plus durables, il convenait donc de développer des sigles de
des produits et services consommés en Europe » et réalisée par Bio reconnaissance distinctifs aptes à guider les consommateurs vers
Intelligence Services pour l’ADEME en mai 2006 permet d’illustrer des choix de produits plus respectueux de l’environnement : les
quantitativement la consommation moyenne individuelle et les écolabels, signes officiels de reconnaissance de la qualité environ-
impacts environnementaux qui en résultent (figures 1, 2, 3). nementale des produits, en sont la pièce centrale.

Textiles
Chaussures
14 kg
Eau potable 4 paires
59 m3
Savon et hygiène
Fruits, légumes, sucre et céréales 5 kg
491 kg
Produits d'entretien
Viande 11 kg
96 kg
Emballages
155 kg
Lait
77 kg

Matériaux de construction (BTP)


2 630 kg
Produits électriques Chauffage
& électroniques 24 GJ
18 kg
Transports de Journaux
marchandises Transports 26 kg
8 000 tkm publics
2 700 pkm

Figure 1 – Quelques exemples


de consommation annuelle moyenne
d’un Européen (U15, 1999)

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Fruits, Occupation
légumes, des bâtiments
Produits céréales résidentiels Voitures
de soin 23 % individuelles
et sucre
pour bébé < 0,1% 16,9 % Occupation des
< 0,1 % bâtiments tertiaires
12 % Transports de
Boissons alcoolisées
marchandises
< 0,1 %
9,9 % Appareils
Produits de jardinage
électriques
et déchets verts
ménagers
< 0,1 %
7,5 % (6,9 %)
Chaussures
0,1 %
Viandes
Service gestion
5,4 %
de l'eau potable
0,6 %
Services de gestion
Papier (hors 9,3 t éq. CO2 des déchets
emballages) 5%
1% Textiles
Travaux publics 5 %
1% Matériaux de contruction
Équipements 3%
informatiques Transports publics
1,4 % (1,2 %) Produits Emballages 2,6 %
d'entretien Meubles 2%
2% 2%

Pour les appareils électriques, la valeur entre parenthèses correspond à la phase d’utilisation :
sur les 7,5 % de contribution des appareils électriques ménagers, 6,9 % correspondent à la phase
d’utilisation. Cette phase d’utilisation fait l’objet d’un double comptage : elle est également incluse
dans les 23 % de contribution de l’occupation des bâtiments résidentiels (idem pour la catégorie
équipements informatiques et l’occupation des bâtiments tertiaires). Figure 2 – Bilan effet de serre de la
consommation annuelle moyenne d’un
Européen

Fruits, Occupation
légumes, des bâtiments
Produits céréales résidentiels Voitures
de soin et sucre < 0,1 % individuelles
pour bébé < 0,1 % Occupation
18 %
< 0,1 % des bâtiments tertiaires
Boissons alcoolisées < 0,1 % Transports
< 0,1 % de marchandises
< 0,1 %
Produits de jardinage Appareils
et déchets verts électriques
18 % ménagers
Chaussures 1,7 %
0,7 %
Service gestion Viandes
de l'eau potable 9%
1,6 %
Services de gestion
Papier (hors 580 kg des déchets
emballages) < 0,1 %
10 % Textiles
Travaux publics 1,5 %
< 0,1 % Matériaux de contruction
Équipements 8,6 %
Transports publics
informatiques Produits 0,4 %
Emballages
0,8 % d'entretien Meubles 27,4 %
3,3 % Figure 3 – Déchets ménagers liés à la
< 0,1 %
consommation annuelle moyenne d’un
Européen

1.2 Déclarations écologiques concentrés sur quelques points sensibles en matière d’environne-
ment (« protège la couche d’ozone », « biodégradable à 100 % »...).
sur les produits
Parallèlement, les produits qualifiés de « verts » ont gagné en
Largement présentes en France dès la fin des années 1980, les efficacité de manière à satisfaire les besoins du consommateur en
déclarations écologiques sont des messages imprimés sur les termes de préoccupations environnementales et d’aptitude à
produits ou sur leur emballage, sous forme de textes explicatifs ou l’usage (capacité d’un produit à répondre aux attentes du
de pictogrammes, vantant les mérites environnementaux, réels ou consommateur en matière de service rendu lors de son utilisation).
prétendus, du produit considéré (« protège l’environnement », Après une génération de produits destinée aux seuls
« 100 % recyclé »...). Au fil des années, ces messages ont évolué : consommateurs « écologistes », les vendeurs se sont peu à peu
d’une génération axée sur l’absence de telle ou telle substance adressés à l’ensemble des consommateurs, affirmant qu’un produit
(« sans chlore », « sans colorant »...), les messages se sont peu à peu pouvait être à la fois efficace et « respectueux de l’environnement ».

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Ces différentes évolutions ont conduit à la situation actuelle où


cohabitent divers types de déclarations écologiques. Celles-ci Tableau 1 – Cartographie des normes de management
peuvent être classées en trois niveaux distincts en fonction du environnemental
nombre et de la nature des acteurs impliqués, sans qu’il ne soit
préjugé du bien-fondé ou de la sincérité des déclarations ne faisant Objectif Organismes (sites) Produits
pas appel à un contrôle extérieur indépendant (tierce partie).
Mise en œuvre Système de Prise en compte de
■ Autodéclarations et messages assimilables qui relèvent de la d’une politique management l’environnement en
environnementale environnemental conception et
seule responsabilité du fabricant ou du distributeur. Le message (14004, 14061) développement de
écologique peut être véhiculé par la dénomination même du pro- produits (14062)
ducteur, par le produit ou encore par des marques ou labels verts
propres à un distributeur ou à un vépéciste. De même, des Démonstration Système de Étiquetage
messages et pictogrammes largement répandus, comme management environnemental
« sauvegarde la forêt », ne font généralement pas appel à un environnemental (série 14020)
contrôle par tierce partie. (14001)

■ Marques ou labels privés collectifs initiés par un secteur pro- Outils Audit
fessionnel ou par un organisme considéré comme indépendant du d’évaluation environnemental
(série 14010)
fabricant, qui assurent que chaque produit qui les porte satisfait à un Analyse de cycle de vie
cahier des charges, identique pour tous. On citera, pour exemple, le Évaluation des (série 14040)
pictogramme APUR (Association des producteurs et utilisateurs de performances
carton recyclé) qui informe l’acheteur sur la quantité effective de environnementales
fibres recyclées présente dans le papier. (série 14030)

■ Écolabels, signes officiels de reconnaissance des avantages envi- Terminologie Termes et définitions (14050)
ronnementaux des produits qui les portent. Chaque pays présente
ses procédures propres : en France, la marque NF-Environnement
résulte d’une certification, régie par la loi no 94-442 du 3 juin 1994. tions ne sont pas trompeurs par nature : c’est le manque de
Le produit écolabellisé a fait l’objet d’un contrôle par tierce partie et connaissances qui conduit le consommateur à une appréciation
a satisfait à un cahier des charges préétabli fixant des critères pour erronée. Exemple : la boucle de Moebius.
la catégorie de produits considérés : l’élaboration des cahiers des
Ce sigle, très largement répandu, signifie généralement que le
charges a fait appel aux différentes parties intéressées (profession-
produit ou l’emballage qui le porte est recyclable : il s’agit là d’une
nels, associations, pouvoirs publics...). L’écolabel peut être national
caractéristique technique des matériaux qui ne présuppose en rien
(« NF-Environnement » français, « Ange bleu » allemand...) ou
de l’effectivité du recyclage après utilisation dudit produit, le
supranational (Écolabel européen, Cygne blanc du Conseil
recyclage effectif dépend de bien d’autres facteurs (existence d’un
Nordique).
système de collecte séparative, d’une filière de recyclage, de
En France, la cohabitation actuelle de tous ces types de décla- débouchés industriels...). Dans le cas cité, si le consommateur
rations écologiques résulte de la jeunesse des écolabels, qui se perçoit que le sigle en question se réfère au recyclage, la dis-
traduit par un faible nombre de catégories couvertes et une faible tinction entre techniquement recyclable ou effectivement voué à
visibilité sur le marché, et aussi de la volonté de différenciation des être recyclé lui échappe généralement.
professionnels (préférence pour un sigle spécifique à leurs propres La figure 4 donne des exemples de symboles ou de picto-
produits par opposition à une reconnaissance certes officielle mais grammes présents sur les produits.
exploitable également par les produits concurrents).
Il convient de citer un dernier type d’information à caractère
écologique, actuellement en voie de développement. C’est un cas 1.3 Pratiques aujourd’hui normalisées
particulier d’étiquetage écologique, couramment dénommé
« écoprofil ». Informatif et non sélectif, il fait appel à la compré- Concernant l’approche « produit », les travaux environnementaux
hension supposée accrue du public, professionnel en particulier, de l’ISO sont centrés sur les outils d’évaluation (normes relatives
pour les questions environnementales. Ces étiquettes peuvent se à l’analyse de cycle de vie : série des ISO 14040), la prise en compte
présenter sous forme de diagrammes ou de tableaux récapitulant de l’environnement en conception (« éco-conception » : ISO 14062)
les valeurs de quelques indicateurs environnementaux clés et sur la communication écologique (Normes relatives à l’étiquetage
(exemples : effet de serre, potentiel de destruction de la couche environnemental : série des ISO 14020). Ces différentes normes
d’ozone, CO2, déchets...). Ces valeurs sont généralement issues des sont le pendant des normes, aujourd’hui plus connues, traitant du
résultats d’une ACV (Analyse de cycle de vie) des produits. management environnemental des sites ou organismes (tableau 1).
Aux côtés de ces déclarations à caractère environnemental, Concernant spécifiquement les normes relatives à l’étiquetage
d’autres types d’informations sont diffusés et souvent compris à environnemental, celles-ci traitent à la fois des écolabels officiels
tort par le consommateur comme correspondant à un avantage (ISO 14024), des autodéclarations (ISO 14021) et des éco-profils
environnemental effectif, spécifique au produit. On citera les (ISO 14025) et bénéficient d’une norme internationale commune :
marquages obligatoires (exemple : le point vert Éco-emballage l’ISO 14020 (cf. [Doc. G 6 250V2]).
dont la signification est que l’entreprise a payé sa contribution aux
La diffusion et l’appropriation de ces différentes normes doit
coûts de valorisation des déchets d’emballages ménagers) ou les
conduire, à terme, à clarifier et assurer la sincérité des procla-
pictogrammes d’identification des matériaux (acier, aluminium,
mations à caractère écologique. En effet, si l’application des normes
plastiques, carton...) qui, dans un but de valorisation de leurs
ISO est volontaire, leur caractère mondial ainsi que la référence
images, intègrent souvent des éléments graphiques à consonance
qu’elles constituent dans le cadre des échanges commerciaux inter-
environnementale, généralement liés au récyclage (boucle, flèches
nationaux doivent faciliter une diffusion massive et une adoption
disposées en triangle...).
progressive par tous des bonnes pratiques préconisées. En
Sauf exception (exemple : mettre en exergue l’absence d’une particulier, dans le cadre des autodéclarations, ces normes peuvent
substance qui n’est généralement pas présente dans la servir de support à l’élaboration de différentes réglementations ou
composition des produits considérés), les différents types d’asser- préconisations nationales.

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a Exemples de marques ou labels autodéclarés

MONOPRI X
80 %
PAPIER RECYCLE

Exemple de marque initiée


par un secteur professionnel

b Écolabels
Écolabel français Exemples d'écolabels étrangers
Marque NF - Environnement
Ange Bleu allemand Cygne Blanc nordique

Écolabel européen

Choix environnemental Éco-mark japonais


canadien

c Autres

Point-vert Éco-Emballage La Boucle de Mœbius Exemple d'Éco-profil

Exemples de pictogrammes d'identification des matériaux

02

aluminium acier PE - HD

Figure 4 – Exemple de symboles ou de pictogrammes présents sur les produits

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2. Caractéristiques 2.2 Existant en termes d’écolabels


d’un écolabel Les écolabels sont apparus fin des années 1970. Tout d’abord cir-
conscrits aux pays dont les citoyens étaient réputés pour leur forte
conscience écologique, ils se sont peu à peu multipliés, avec la
généralisation des préoccupations environnementales. Les princi-
2.1 Qu’est-ce qu’un écolabel ? paux écolabels existants sont les suivants :
Faisant face à la confusion croissante des informations éco- — l’« Ange bleu » allemand (créé en 1977, à l’initiative du minis-
logiques présentes sur les produits, les écolabels sont une tère de l’Intérieur allemand, ce label est la propriété du ministère
reconnaissance officielle des qualités environnementales d’un fédéral de l’Environnement, de la Protection de la Nature et de la
produit. Sécurité nucléaire) ;
La marque « NF-Environnement », propriété d’AFAQ-AFNOR Cer- — le « Choix environnemental » canadien (créé en 1988, par le
tification, est l’écolabel français : il est le symbole d’une ministère de l’Environnement canadien dans le cadre de la promul-
certification, régie par la loi no 94-442 du 3 juin 1994 modifiant le gation de la « loi canadienne sur la protection de l’environ-
code de la consommation en ce qui concerne la certification des nement ») ;
produits industriels et des services et la commercialisation de — le « Cygne blanc » du Conseil nordique (créé en 1989, il est
certains produits. Cette marque s’applique aux produits destinés géré par les instances suédoise et finlandaise de normalisation, la
aux consommateurs et aux produits intermédiaires. Les produits fondation norvégienne des écolabels, le ministère de l’Environ-
pharmaceutiques et les produits agroalimentaires sont provisoire- nement islandais et fait de plus appel à un observateur danois) ;
ment exclus du champ d’application de la marque. — l’« Éco-mark » japonais (créé en 1989 par l’Agence japonaise
Le double objectif des écolabels est de guider le choix des pour l’Environnement) ;
consommateurs, en leur apportant une information objective et — la Marque « NF-Environnement » française (créée en 1991 ; à
fiable, et d’encourager les industriels à améliorer la qualité écolo- l’initiative d’AFAQ-AFNOR Certification, à la demande des ministères
gique de leurs produits. L’écolabel français « NF-Environnement », chargés de l’Environnement, de l’Industrie et de la Consommation) ;
comme l’écolabel européen, désigne des produits qui ont une
— l’« Umweltzeichen Baüme » autrichien (créé en 1991 par le
incidence moindre sur l’environnement et une aptitude à l’usage au
ministère de l’Environnement, de la Jeunesse et de la Famille) ;
moins équivalente à celle d’autres produits d’usage comparable.
Les critères d’un écolabel sont définis pour une catégorie de pro- — le « Milieukeur » hollandais (créé en 1992 à l’initiative des
duits, c’est-à-dire un ensemble de produits remplissant la même ministères de l’Environnement et de l’Économie) ;
fonction et pouvant être considérés comme substituables. — l’« Écolabel européen » (institué par le Règlement CEE
Les principales caractéristiques des écolabels sont : no 880/92 du Conseil du 23 mars 1992) ;
— la double garantie « Qualité et environnement » : l’écolabel — l’« AENOR – Media ambiente » espagnol (créé en 1993 à
atteste à la fois de la qualité d’usage du produit et de sa qualité l’initiative de l’Association espagnole de normalisation et de
écologique, pour ne sacrifier ni l’efficacité du produit ni la sécurité certification).
des consommateurs ; Chacun de ces écolabels présente des particularités propres :
— une approche multicritère basée sur le cycle de vie du degré d’implication des pouvoirs publics, représentation associa-
produit : cette démarche se traduit soit par la réalisation d’analyses tive, périodicité de révision des critères... Chaque écolabel traduit
de cycle de vie (ACV), soit par des approches plus légères qui les particularités ou priorités nationales : ainsi, par exemple, alors
tentent de concilier réalisme et cohérence méthodologique (voir La que l’écolabel autrichien fixe des exigences très fortes en termes
procédure pratique de création d’un écolabel NF-Environnement ) ; d’épuration des eaux, l’écolabel français insiste sur l’aptitude à
— un caractère dynamique et évolutif : les écolabels sont l’usage des produits à côté de nombreux critères écologiques,
attribués pour une durée déterminée, de façon à pouvoir actualiser l’écolabel japonais ne fixe quant à lui que des critères écologiques
leurs exigences en fonction de l’évolution des technologies et des mais exige, des produits écolabellisés, l’obtention préalable
connaissances. La périodicité des révisions est de l’ordre de 2 à d’autres labels japonais visant à garantir l’efficacité et la sécurité
3 ans ; des produits. Toutefois, malgré ces différences, les objectifs se
— un caractère volontaire : l’obtention d’un écolabel relève recoupent et la normalisation internationale en cours devrait
d’une démarche volontaire des entreprises ; permettre d’harmoniser peu à peu les différentes approches
— un caractère sélectif : par leur niveau d’exigence, les critères (approche multicritère basée sur le cycle de vie des produits).
de l’écolabel garantissent une certaine sélectivité. Les écolabels nationaux des pays européens apparaissent tous,
Concernant le caractère sélectif des écolabels, il convient de sou- peu ou prou, en adéquation avec les principes de l’écolabel
ligner l’une des spécificités de l’information environnementale des- européen. Ainsi, par exemple, l’écolabel le plus ancien, l’« Ange
tinée aux consommateurs : par opposition à d’autres types de bleu » allemand (obtenu par près de 600 entreprises sur quelque
déclarations figurant sur les produits (efficacité, douceur, odeur...), 3 600 références commerciales), initialement basé sur une appro-
le consommateur ne peut juger par lui-même, lors de l’utilisation che de type monocritère, fait aujourd’hui appel à des analyses
du produit, du bien-fondé de telle ou telle assertion environnemen- multicritères et au concept de cycle de vie dans ses travaux
tale. Celle-ci constitue un bien d’expert et sa prise en compte par récents.
le consommateur lors du choix du produit repose sur la reconnais-
sance de cette expertise et sur une relation de confiance. Dans les
faits, c’est le caractère officiel et sélectif de la marque qui constitue
la caution de cette expertise aux yeux du consommateur. Ainsi,
2.3 Éléments constitutifs d’un écolabel
bien que souvent décriée comme étant un frein au développement
des écolabels, la sélectivité constitue une composante incontour- Si les éléments constitutifs peuvent légèrement varier d’un éco-
nable du système d’écolabellisation. De plus, du côté des fabri- label à l’autre, il n’en reste pas moins que, dans leurs grandes lignes,
cants, seule cette sélectivité peut être source de gain de parts de ils sont équivalents. À titre d’illustration, voici les éléments d’un
marché : en effet, à quoi servirait un écolabel « équitablement » cahier des charges de l’écolabel français « NF-Environnement » :
abordable à tous sinon à fossiliser les parts de marché de chacun ? — le champ d’application (catégorie de produits visés : ensem-
Seule une certaine sélectivité peut être gage d’une dynamique des ble de produits ayant une même fonction, pouvant être considérés
marchés vers des produits plus éco-responsables. comme substituables et comparables) ;

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— les exigences en matière d’environnement (critères écologi-


ques) ; de la Consommation). Sur la base d’une grille d’opportunité
— les exigences en matière d’aptitude à l’usage (généralement (tableau 5), le Comité décide de la poursuite des travaux et de
basées sur les normes et prescriptions existantes) ; l’ordre de priorité des catégories, en fonction de ses priorités
— les procédures d’évaluation de la conformité et de la (intérêt écologique de la catégorie, lisibilité et visibilité de l’éco-
surveillance ; label...) et du contexte international (travaux d’écolabellisation
— les dispositions concernant l’information du consommateur européenne ou autres écolabels étrangers). Durant cette pre-
et le marquage des produits. mière phase, sur demande de l’entreprise, les travaux peuvent
être maintenus confidentiels.
Le tableau 2 récapitule ces différents éléments dans le cas de
l’écolabel français pour les cahiers : Après avis positif du Comité, l’ADEME réalise par elle-même
au sous-traite auprès d’un prestataire spécialisé des recherches
auprès de la société intéressée et d’experts du secteur concerné
et rédige un rapport de synthèse sur le cycle de vie du produit en
s’appuyant sur la grille d’évaluation (cf. tableau 3).
P r o c é d u re p r a t i q u e d e c r é a t i o n d ’ u n é c o l a b e l
NF-Environnement Dans le même temps, AFAQ-AFNOR Certification évalue le
marché potentiel concerné par le projet de certification. Ces
S’agissant d’un écolabel encore jeune (le premier règlement
deux rapports sont présentés au Comité, pour accord sur la créa-
technique applicable aux peintures et vernis date de 1992), la
tion d’une nouvelle marque « NF-Environnement ».
marque « NF-Environnement », propriété d’AFAQ-AFNOR
AFAQ-AFNOR Certification informe alors les professionnels du
Certification, a vu ses procédures s’affiner au fur et à mesure des
secteur concerné des travaux en cours.
études. Cette évolution pragmatique a conduit au mode de
fonctionnement consensuel actuel qui vise à concilier le déve- Un groupe de travail restreint (GTR) est ensuite créé afin
loppement de la marque et les principes méthodologiques d’élaborer les critères : toute entreprise, organisme profes-
d’une étude des produits du « berceau à la tombe ». Ainsi, sionnel ou association de protection de l’environnement ou de
contrairement aux premières catégories, les procédures défense des consommateurs le souhaitant peut y participer.
d’élaboration n’ont plus recours nécessairement à une analyse Cette ouverture constitue le gage de la crédibilité des travaux
de cycle de vie complète (ACV) de produits représentatifs mais à qui, s’ils ont été initiés par une seule entreprise, sont menés en
une approche semi-qualitative du cycle de vie. L’utilisation d’une concertation avec les autres professionnels du secteur. Les
grille qualitative (tableau 3) permet d’identifier les étapes clés critères sont déterminés en fonction des principaux aspects
en matière d’impacts environnementaux au cours de la vie du environnementaux identifiés lors de l’étude du cycle de vie du
produit (enseignements tirés d’études publiques antérieures, produit. Chaque composante du Comité français des écolabels
avis d’experts...). Au vu des résultats obtenus, des données peut également participer à ce GTR. Sous l’animation de
quantitatives spécifiques à ces étapes et aux impacts corres- l’ADEME, le GTR définit les propositions de critères et en fixe les
pondants sont recueillies avant d’élaborer des propositions de seuils.
critères écologiques et de seuils correspondants. Il s’agit donc Après une enquête élargie des professionnels et des asso-
d’une approche itérative qui se base à la fois sur des données ciations intéressées, l’adoption des critères est soumise au vote
qualitatives et quantitatives. du Comité français des écolabels ; le nouveau cahier des
Cette procédure a pour objectif de dynamiser le processus charges est alors publié au Journal Officiel. Une fois le cahier
d’écolabellisation et de rendre l’écolabel accessible aux des charges publié, les industriels demandeurs de l’écolabel
PME-PMI, tout en conservant la qualité et le sérieux de la n’ont pas à faire réaliser une étude aussi approfondie sur leur
marque « NF-Environnement ». Cette procédure simplifiée doit propre produit, ils doivent uniquement faire la preuve de la
permettre d’augmenter le nombre de catégories écolabellisées conformité de leurs produits aux critères établis.
et d’accroître la visibilité de l’écolabel. Notons pour finir que la demande de création d’un écolabel
« NF-Environnement » pour une nouvelle catégorie de produit
est gratuite. Les études concernant les travaux de réalisation
d’un nouveau cahier des charges sont entièrement prises en
charge par les pouvoirs publics. À ce titre, l’ADEME ne demande
En pratique, l’élaboration d’un Cahier des charges passe aucune participation financière aux industriels lors de la réali-
par différentes étapes : sation des études techniques, mais compte bien entendu sur
Suite aux demandes présentées à AFAQ-AFNOR Certification leur participation active à chaque stade de la procédure.
par une entreprise ou tout autre partie intéressée (associations
notamment), l’ADEME effectue une première recherche, à partir
des renseignements communiqués par l’entreprise intéressée
(tableau 4). Outre le renvoi du questionnaire complété à
l’ADEME, l’entreprise adresse à AFAQ-AFNOR Certification une Concernant les régimes financiers des écolabels, ceux-ci peuvent
lettre d’intérêt pour la création d’un nouveau label varier en fonction des caractéristiques du marché de la catégorie de
« NF-Environnement » ; AFAQ-AFNOR Certification lui produit considéré. Généralement, un régime financier discuté au
communique en retour les informations générales sur la préalable avec la profession ou les industriels est établi par
marque « NF-Environnement » et sur ses procédures. AFAQ-AFNOR Certification, catégorie par catégorie de produits. Il
Cette recherche conduit à la présentation de la demande par comprend des frais d’admission et une redevance annuelle pour le
l’ADEME au Comité français des écolabels. Se réunissant droit d’usage de la marque, fonction du chiffre d’affaires réalisé par
plusieurs fois par an, ce comité, placé au sein d’AFAQ-AFNOR le produit labellisé avec un plafonnement et une redevance
Certification, regroupe les différentes parties intéressées : minimale étudiée au cas par cas, pour chaque catégorie. Par ailleurs,
producteurs, distributeurs, associations de consommateurs, les coûts de réalisation des tests sont à la charge de l’industriel
associations de protection de l’environnement et pouvoirs demandeur. À titre illustratif, sont reproduits en tableau 6, les dif-
publics (ministères chargés de l’Industrie, de l’Environnement, férents coûts relatifs à l’obtention auprès d’AFAQ-AFNOR Certifica-
tion de l’écolabel européen sur le papier à copier (2006). (0)

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Tableau 2 – Récapitulatif des critères de l’écolabel NF-Environnement sur les cahiers

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Tableau 3 – Grille d’évaluation simplifiée


Unité fonctionnelle (fonction remplie par le produit Quantités de produits nécessaires pour satisfaire à l’unité fonctionnelle :
dans les conditions jugées satisfaisantes) : ... ... Nota : par « produit » on entend « produit avec son système d’emballage »

Extraction Production Fabrication Transport


Rubriques
Sous-rubriques de matières de du Utilisation Élimination et
écologiques
premières matériaux produit stockage

Utilisation d’énergie non


renouvelable
Énergie
Utilisation d’énergie
renouvelable
Utilisation de ressources non
renouvelables
Matière première (non Utilisation de ressources
compris l’énergie) renouvelables
Utilisation de ressources rares
ou d’espèces menacées
Acidification de l’atmosphère
Eutrophisation de l’eau
Effet de serre
Appauvrissement de la couche
d’ozone
Émissions/rejets Risques pour la flore et la faune
Risques pour l’homme
Chaleur (modification de la
température des milieux
naturels)
Radiations
Déchets de classe I
Déchets Déchets de classe II
Autres (préciser)
Risques pour la flore et la faune
Risques d’accidents Risques pour l’homme
(accident du travail inclus)
Odeurs
Bruit
Nuisances
Atteintes à l’esthétique
Occupation de l’espace
Durée de vie technique
Réparabilité et possibilités de
remise à niveau
Durabilité
Caractère réutilisable du
produit ou de ses parties
Recyclabilité des matériaux
Durée d’utilisation Durée d’utilisation effective
Information/formation
Filières de valorisation mises en
Optimisation place ou utilisées
Stratégie d’amélioration
Autres (préciser)

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Tableau 4 – Exemples de questions-type posées à l’entreprise demandeuse de la création d’un écolabel


« NF-Environnement » pour une nouvelle catégorie de produits
• Désignation du produit concerné.
• Segmentation du marché et données économiques clés de ce marché.
• Démarche qualité et/ou environnement de l’entreprise demandeuse.
• Mode de communication actuel (site et/ou produit).
• Avantages et limites que présente, comparativement à ses concurrents, le produit présenté.
• Principaux impacts sur l’environnement de la catégorie de produits et avantage(s) présumé(s) du produit candidat.
• Connaissance de critères de labels privés ou officiels, écologiques ou non, concernant cette catégorie de produits.
• Propositions préliminaires de critères pour la marque « NF-Environnement » pour cette catégorie de produits, ou réflexions dans ce sens.
• Etc.

Tableau 5 – Grille d’opportunité de la création 3. Élaboration des critères


d’un écolabel « NF-Environnement » pour une nouvelle
catégorie de produits
3.1 Écolabel et cycle de vie des produits
Points étudiés Oui/Non Observations
Pour être porteur de sens, l’écolabel doit traduire par ses critères
Industriels ou distributeurs
intéressés la volonté de limiter les impacts majeurs de la catégorie de produits
considérée. Approcher ces impacts passe par une vision globale du
Faisabilité Travaux sur l’aptitude à cycle de vie du produit, c’est-à-dire par l’examen de l’ensemble des
l’usage étapes (fabrication, distribution, utilisation, élimination ou valorisa-
tion en fin de vie...) : par exemple, il ne suffit pas qu’un produit soit
Données ACV disponibles composé de matériaux recyclés pour qu’il soit « meilleur pour
Existence d’auto- l’environnement » qu’un autre produit constitué de matériaux vier-
déclarations écologiques ges, le recyclage pouvant, dans certains cas, conduire à l’intensifi-
cation de certains impacts (liés aux opérations de collecte, de
Position- Autre écolabel national retraitement...), ce qui peut en diminuer la pertinence environne-
nement
mentale globale. Aussi il apparaît nécessaire d’avoir une vision
Non couvert par l’écolabel d’ensemble, pour éviter les déplacements de pollutions ou au moins
européen arbitrer, en toute connaissance de cause, l’augmentation de tel
Crédibilité de l’écolabel impact, résultat de la diminution de tel autre. Dans ce domaine,
l’outil le plus largement diffusé à ce jour est l’ACV (analyse du cycle
Visibilité de l’écolabel de vie), qui résulte de l’interprétation du bilan quantifié des flux de
(vente, utilisation, médias, matières et énergies tout au long du cycle de vie d’un produit [2].
Portée de ...) Son application dans le cadre des écolabels présente de nombreux
l’écolabel avantages : elle prépare les décisions, en éclairant les différents
Rotation suffisante du
produit acteurs par la connaissance de la valeur quantifiée et de l’origine
des impacts, rapportée à une référence commune autorisant les
Intérêt des consommateurs comparaisons : l’unité fonctionnelle.
Toutefois, il existe quelques difficultés de mise en pratique de
l’ACV dans le cadre des écolabels. Imaginons une catégorie de pro-
duits dont la fabrication relève d’un secteur industriel relativement
homogène tant en ce qui concerne la taille de ses unités de
Tableau 6 – Frais relatifs à la certification
fabrication que leur degré technologique, et dont les circuits de dis-
du papier à copier tribution et les modes d’utilisation et d’élimination sont modélisés.
Imaginons, de plus, que l’aptitude à l’usage de ladite catégorie soit
Droit Redevance clairement identifiée (un service rendu pour une durée définie), tra-
Logo Ajout/Réduction
d’inscription annuelle duite sous forme d’unité fonctionnelle, base de référence de l’ACV.
Écolabel 825 € 0,15 % du PME : 25 % de Alors, l’analyse de cycle de vie apparaît comme l’outil idéal à mettre
européen chiffre réduction sur les en œuvre... à condition bien évidemment de pouvoir disposer de
sur le papier d’affaires des frais d’inscription et données représentatives relatives à chaque étape du cycle de vie.
à copier produits sur la redevance Mais en pratique, les conditions exposées précédemment sont-elles
certifiés annuelle. toujours satisfaites ? Les difficultés rencontrées sont-elles momen-
minimum de Pour les pays en voie tanées, liées à l’état des connaissances, ou inhérentes à la métho-
825 € et de développement : dologie ACV ou à l’hétérogénéité des systèmes analysés ? Il ne
plafonnement 25 % de réduction
à 25 000 € sur toutes les s’agit pas de discréditer l’outil ACV, qui, pour certaines catégories
redevances. de produits (exemples : sacs-poubelle, peintures et vernis...), s’est
15 % de réduction révélé et perdurera comme étant l’outil le plus adéquat, mais
pour les entreprises simplement d’exposer les difficultés pratiques rencontrées dans sa
certifiées EMAS et mise en application dans le cadre de l’écolabellisation. Parmi
ISO 14001. celles-ci, on peut citer à ce titre quelques exemples.

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■ Difficulté de définir l’unité fonctionnelle d’un groupe de limiter à des ACV parcellaires, en prétextant de cet outil-alibi pour,
produits : si les peintures peuvent être comparées sur la base d’une au final, définir des critères auxquels une réunion d’experts et un
unité de surface recouverte pendant une durée définie et présentant peu de bon sens auraient pu aboutir. Une dernière solution, inter-
certaines caractéristiques de qualité déterminées, ou si les impacts médiaire, se veut avant tout pragmatique (voir « La procédure
générés par les sacs-poubelle peuvent être rapportés à un volume pratique de création d’un écolabel NF-Environnement ») : faire au
de déchets stocké et transporté, pour de nombreuses autres catégo- mieux en l’état actuel des connaissances et des contraintes, tout en
ries, la détermination quantifiée du service rendu apparaît problé- conservant une approche basée sur le cycle de vie. Pour ne citer
matique. C’est le cas en particulier des produits pour lesquels la qu’un exemple, prenons les impacts liés au transport et à la
satisfaction de l’utilisateur est hautement subjective et les pratiques distribution d’un produit de consommation courante. Il n’est pas
individuelles très variables : parfums, shampooings, produits déso- toujours possible de décrire un circuit de distribution représentatif
dorisants... Une seconde cause majeure de difficulté concerne les type pertinent et de connaître précisément la contribution des
produits qui, en plus de leur fonction principale, remplissent plu- transports aux impacts de l’ensemble du cycle de vie du produit. Il
sieurs fonctions annexes non quantifiables. On citera pour exemple faut de surcroît prendre en considération l’obligation de ne pas
le cas des mobiliers de crèches ou de maternelles : chaque élément créer des barrières aux échanges : un critère qui limiterait le
pris séparément peut être qualifié en fonction de son ergonomie, de nombre de kilomètres parcourus est donc proscrit. Dans ce champ
sa résistance et de sa durabilité ; toutefois, il s’inscrit dans un de contraintes, une première solution pourrait être d’évincer le pro-
ensemble, présentant un caractère ludique et récréatif, auquel sont blème en ne préconisant aucun critère lié aux transports. Une
associées des fonctions d’éveil pour le moins difficiles à quantifier. seconde solution est celle préconisée par une approche plus
Dès lors qu’il n’apparaît pas possible de définir une unité fonction- pragmatique. Elle conduit à retenir un critère sur l’optimisation des
nelle exhaustive, faut-il pour autant s’interdire d’œuvrer pour l’amé- transports (par le taux de remplissage des camions, la démontabi-
lioration de la qualité écologique de ce type de produits ? La lité des produits, l’optimisation du volume des emballages...) en
question est loin d’être tranchée : pour preuve, les exemples cités arguant du fait qu’au pire ce critère n’aura pas de conséquence sur
précédemment, qui font ou ont fait l’objet de travaux d’écolabellisa- l’environnement, mais, qu’au mieux, voire probablement dans la
tion, soit à l’échelle nationale, soit à l’échelle européenne. Certains majorité des cas, ce critère sera bénéfique à l’environnement. Cette
de ces travaux ont conduit à des aberrations méthodologiques : approche pourrait sembler en contradiction avec une démarche de
définition d’une unité fonctionnelle correspondant à la simple type ACV, mais il n’en est rien : c’est, en effet, grâce aux ensei-
moyenne des quantités utilisées, hors considération de l’efficacité gnements tirés d’ACV antérieurement réalisées des produits
variable des produits, ce qui équivaut à une unité fonctionnelle non d’autres secteurs, mais présentant un système de distribution
fonctionnelle... D’autres ont clairement délimité leur champ d’étude similaire, que l’on peut affirmer aujourd’hui que le transport
à une fonction principale (s’asseoir par exemple) ou à une caracté- constitue un impact important qui nécessite d’être minimisé.
ristique donnée (quantité de matières actives par exemple) pour Notons pour finir que l’utilisation d’un outil de calcul et d’inter-
tenter de surpasser les difficultés rencontrées. Qu’elles soient prétation, qu’il s’agisse de l’ACV ou d’une autre approche, ne
contestées par les uns ou défendues par les autres, ces différentes constitue toujours qu’un élément d’aide à la décision. La décision
démarches auront au moins eu le mérite de mettre en évidence la finale relève toujours d’un choix stratégique et politique, au regard
variété des approches possibles et leur risque de dérives respectif, de l’ensemble des intérêts en jeu et des sensibilités propres des
qu’il s’agisse de la rigueur toute théorique d’une ACV au champ décideurs. Ainsi, imaginons que, pour remplir un service donné,
d’études mal défini, ou, à l’inverse, du caractère réducteur d’une deux types de produits distincts soient éligibles. Imaginons de plus
approche trop simplificatrice [1]. qu’une ACV démontre que l’un d’entre eux requiert l’utilisation
■ Disponibilité de données représentatives : la réalisation d’une d’une substance aux impacts environnementaux particulièrement
ACV requiert la connaissance d’une grande quantité de données importants. Deux voies s’offrent alors : la première, dans une
quand elle est centrée sur un produit précis. Cette quantité s’accroît logique d’exclusion, consiste à ouvrir l’écolabel uniquement aux
encore considérablement dès lors que l’on cherche à décrire une produits ne faisant pas appel à la substance incriminée. La seconde
catégorie regroupant des produits distincts, soit par leur technolo- choisit une logique de progrès en ouvrant l’écolabel aux deux
gie, soit par leur composition même. D’un point de vue métho- types de produits, tout en proposant des critères permettant de
dologique, l’ACV d’une catégorie de produits constitue souvent un limiter les impacts de la substance en cause (approche géné-
défi qui pose des problèmes particuliers (signification des données ralement retenue au niveau français). Selon la catégorie de produit
collectives, représentativité des moyennes, mode de prise en considérée et les aspirations des différents acteurs impliqués dans
compte des écarts-types...). Outre les questions pratiques liées à la le processus d’écolabellisation, l’une ou l’autre de ces deux voies
collecte de ces données (moyens en temps et en argent), la sera retenue, sans pour autant avoir été uniquement fondée sur la
connaissance de ces dernières nécessite la pleine collaboration des simple analyse comptable des flux d’entrée et de sortie d’une ACV.
industriels impliqués, ce qui, pour des raisons de manque
d’adhésion au but poursuivi (l’écolabellisation) ou de confidentialité
(mise à plat des procédés et communication des résultats) s’avère 3.2 Principaux types de critères
difficile à obtenir. Actuellement, faute de données concernant
l’ensemble des étapes du cycle de vie, certaines études se Les exigences d’un écolabel, qu’il s’agisse de la marque
contentent de la prise en compte des principaux matériaux « NF-Environnement » ou de l’écolabel européen s’expriment sous
constitutifs pour lesquels les données sont disponibles, et tentent, forme de critères de nature différente :
avec plus ou moins de succès, d’approcher les autres étapes du — les critères d’aptitude à l’usage : pour se positionner claire-
cycle de vie du produit. Ces approximations peuvent permettre ment comme des produits avant tout aptes à satisfaire les attentes
l’obtention de valeurs chiffrées précises mais celles-ci restent par- du consommateur en termes d’usage et d’efficacité, les produits
cellaires et souvent non représentatives. Or, comme dans tout essai écolabellisés doivent présenter des performances au moins égales
de quantification et de modélisation de phénomènes complexes, la à celles des produits courants appartenant à la même catégorie.
qualité des résultats ne réside pas dans la précision apparente des Cette obligation se traduit par des critères d’aptitude à l’usage, qui
valeurs, mais dans la rigueur avec laquelle les données ont été reprennent, quand elles existent, les normes et exigences en
collectées et traitées et dans la justesse des hypothèses successives vigueur dans le secteur considéré, ou, à défaut, essayent de forma-
retenues. liser au mieux des exigences d’aptitude à l’usage ;
Face à ces difficultés, plusieurs solutions sont envisageables. — les critères écologiques : dans l’objectif de limiter les impacts
L’une, radicale, consiste à ne réaliser des écolabels que pour les sur l’environnement des produits considérés, ces critères se tradui-
catégories de produits ne présentant pas ce type de difficultés... À sent par des exigences portant sur la composition des produits, sur
l’autre extrême, une seconde solution pourrait consister à se leurs procédés de fabrication, ou sur certaines qualités intrinsè-

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ques du produit relevant de choix de conception (cf. § 3.3). Ils peu- ■ Critères liés à la durabilité des produits
vent également être centrés sur l’information du consommateur,
Exemple : rpérennité de l’offre : les pièces de rechange assurant
dans un souci de pédagogie, pour l’inviter à de meilleures prati-
la fonctionnalité de l’appareil devront être disponibles pendant une
ques environnementales lors de l’utilisation du produit et de son
période de 10 ans après la fin de production de l’appareil (NF-Environne-
élimination après usage.
ment aspirateurs-traîneaux).
La juxtaposition d’exigences d’efficacité (critères d’aptitude à
l’usage) et d’exigences environnementales (critères écologiques)
illustre l’une des caractéristiques essentielles des écolabels, bien ■ Critères d’exclusion ou de limitation d’une substance donnée
que celle-ci soit rarement explicitée. Il s’agit de la notion de Exemple :
« nécessaire et suffisant ». Cette notion tend à éviter une éventuelle
sous-efficacité des produits labellisés qui conduirait soit à une sur- • Absence de substances à base de cadmium, plomb, chrome VI,
consommation du produit pour satisfaire à l’usage souhaité, ce qui mercure et arsenic et de dibutyl, dioctyl ou di 2-éthyl-héxylphtalates et
en ferait perdre l’intérêt écologique, soit à un rejet par le absence de symbole de danger, ce qui interdit de fait les substances
consommateur de l’ensemble des produits écolabellisés suite à une pour lesquelles cet étiquetage réglementaire est obligatoire
mauvaise expérience sur un produit précis... À l’autre extrême, cette (NF-Environnement peintures, vernis et produits connexes).
notion s’oppose à la surefficacité de certaines générations de pro-
• Teneur en phosphates inférieure ou égale à 50 g par cycle de
duits, souvent synonyme de ponctions environnementales inutiles.
lavage (écolabel européen sur les détergents textiles).
Par exemple, à quoi servirait un produit particulièrement robuste,
qui présenterait des consommations en matières premières fortes
et une durabilité technique d’une dizaine d’années, si en pratique, ■ Critères concernant l’information : les informations exigées
les évolutions technologiques et les habitudes de consommation peuvent être destinées soit au consommateur (sensibilisation), soit
conduisent à le remplacer annuellement ? De même quel serait à des opérateurs impliqués lors de la valorisation du produit arrivé
l’intérêt d’un produit ménager pouvant techniquement résorber les en fin de vie (marquage d’identification des matériaux) :
taches les plus complexes, si cela se traduit par une agressivité
accrue au regard de l’environnement (difficulté à être dégradé une Exemple :
fois rejeté dans l’eau, par exemple), alors qu’en pratique son usage • Indication de la quantité nécessaire et suffisante de produit à
se limite au nettoyage de salissures courantes ? Toute la difficulté utiliser : exigence de recommandations sur l’emballage concernant
de l’approche réside dans la définition pratique du « nécessaire et l’utilisation de la lessive et son dosage (écolabel européen sur les
suffisant », la notion de superflu étant par nature subjective. détergents textiles).
• Identification visant à favoriser le recyclage : pour les
composés en matière plastique d’une masse supérieure à 50 g, un
3.3 Formalisation des critères écologiques marquage permanent doit permettre d’identifier les matières utilisées
(NF-Environnement composteurs individuels de jardin).
Selon la catégorie de produits considérée et l’approche retenue,
les critères écologiques sont de nature variées. La nature même
d’un critère résulte directement de considérations environnemen- ■ Critères liés à la conception des produits : actuellement peu
tales, mais son seuil et la sélectivité qui en découle sont le résultat présents dans les travaux d’écolabellisation, ces critères pourraient
d’un processus de concertation et de négociation itératif qui fait être amenés à se développer. Ils viseraient, par exemple, à accroître
appel aux différentes parties intéressées. la durabilité effective des produits soit en évitant leur remplacement
Nous nous limiterons ici à l’exposé de quelques exemples, étant total lors de la défection d’un élément les composant (notion de
entendu qu’un même écolabel juxtapose au final plusieurs types séparabilité et de réparabilité), soit en les préservant d’une
de critères écologiques. obsolescence trop rapide (possibilité de mise à niveau techno-
logique grâce à la modularité des équipements). Bien que souvent
■ Critères liés aux flux des sites de production (inventaire difficiles à formaliser, de tels critères sont d’ores et déjà intégrés au
comptable) niveau français pour des catégories comme l’ameublement ou les
blocs autonomes d’éclairage de sécurité.
Exemple : réduction des émissions de soufre : les émissions de
soufre dans l’air, résultant de la production de pâte ou de pâte et de La sélectivité finale de l’écolabel dépend de la combinaison des
papier ne doivent pas dépasser 1,5 kg de soufre par tonne sèche à l’air critères : le facteur limitant l’accessibilité à l’écolabel peut, soit être
(écolabel européen sur les papiers à copier). le résultat des différents critères, unitairement peu sélectifs mais
dont la combinaison conduit à une forte sélectivité finale, soit
■ Critères liés aux impacts potentiels (interprétation) résulter d’un ou deux critères particulièrement restrictifs, les autres
critères n’étant alors que des garde-fous, comme ceux, par
Exemple : réduction de la pollution de l’eau : la demande
exemple, qui ne font que reprendre la réglementation en vigueur.
chimique en oxygène (DCO) des rejets résultant de la production de
pâte ou de pâte et de papier ne doit pas dépasser 30 kg par tonne Au côté des critères unitaires (axés sur une seule caractéristique)
sèche à l’air (écolabel européen sur les papiers à copier). décrits ci-dessus, il existe des critères combinant plusieurs carac-
téristiques qui, au moyen d’un système de pondération préétabli,
■ Critères écologiques relatifs à l’usage du produit conduisent à attribuer au produit une note globale et à fixer une
Exemple : valeur plafond à cette dernière pour l’attribution de l’écolabel
(exemple : l’écolabel européen sur les papiers hygiéniques ou sur
• Économie d’eau et d’énergie : consommation d’eau inférieure l’hébergement touristique). Si ce type de critère apparaît aux uns
ou égale à 15 L et consommation d’électricité inférieure ou égale à
séduisant car pratique (il conduit à une classification unique des
0,23 kWh par kilogramme de linge sur la base du résultat obtenu pour produits : la note la plus faible correspondant au « meilleur »
le cycle « blanc 60 oC » (écolabel européen sur les laves-linge). produit ou au « pire » selon l’échelle retenue), il est jugé par
• Limitation du bruit : puissance acoustique inférieure ou égale à d’autres comme tout à fait discutable, tant dans sa construction
80 dBA, référence 1 pW (NF-Environnement aspirateurs-traîneaux). (addition algébrique de grandeurs hétérogènes et coefficients de
• Efficacité énergétique : les lampes fluorescentes compactes doi- pondération non explicites) que dans ses effets induits (phéno-
vent être de classe A en matière d’efficacité énergétique et présenter mène de compensation : un produit présentant une caractéristique
une intensité lumineuse supérieure à 70 % à la 10 000e heure d’utilisa- particulièrement mauvaise vis-à-vis d’un impact donné pourrait
tion (écolabel européen sur les ampoules électriques à culot unique). accéder à l’écolabel s’il minimise ses autres impacts).

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■ L’ambition des écolabels n’est pas de développer une mode


4. Bilan et perspectives passagère axée sur des slogans écologiques attractifs mais d’influer
durablement et profondément sur les habitudes de consommation
4.1 Bilan provisoire contrasté de chacun : le temps et l’énergie nécessaires pour atteindre cet
objectif sont à la hauteur de cette ambition. Les quelques années de
recul dont nous disposons ne sont pas suffisantes pour dresser un
Selon les pays et les catégories de produits considérés, les
bilan définitif sur la pertinence de cette démarche volontaire, qu’il
écolabels remportent des succès variés : on notera en particulier
s’agisse de la réceptivité des consommateurs ou de l’implication
leur forte implantation en Allemagne et dans les Pays nordiques ;
des professionnels.
ce qui correspond aux pays les plus anciennement impliqués dans
les processus d’écolabellisation.
■ La crédibilité de l’écolabel repose sur la concertation de toutes
En regroupant l’écolabel européen et la marque NF-Environ- les parties intéressées : en cela, la réalisation d’un écolabel pour
nement, le nombre de catégories pouvant faire l’objet d’une certi- une nouvelle catégorie de produits est forcément plus lourde et plus
fication sur le marché français en 2005 était de 40 (voir liste en lente que ne l’est une quelconque initiative unilatérale, profession-
tableau 7) et correspondait à plus de 500 références commerciales nelle ou associative. De même, le relatif consensus auquel il tend ne
et à une centaine d’entreprises. Au niveau européen, il est à noter peut satisfaire totalement les attentes initiales de toutes les parties.
les croissances très encourageantes des produits écolabellisés et la
France, un des tout premiers pays en matière de certification (0)
européenne, n’est pas en reste. Ainsi, en 2006, en Europe, le chiffre
d’affaires des produits portant l’écolabel européen devrait franchir
Tableau 7 – Catégories de produits couvertes
le milliard d’euros (figure 5).
par un écolabel au niveau français et européen
Après quelques années d’existence, force est de constater que les (situation en 2006)
écolabels n’ont pas encore, hors marchés particuliers (peintures,
cahiers, sacs de caisse, enveloppes...), influé de manière significa-
tive sur le marché français. Les causes les plus fréquemment évo- Marque NF-Environnement
quées pour expliquer ces résultats mitigés vont, en fonction des • Ameublement
acteurs interrogés, du manque de sensibilité environnementale attri- • Blocs autonomes d’éclairage de sécurité
bué au consommateur français (par comparaison avec ses voisins • Cafetières électriques
allemands ou nordiques) à l’absence d’enthousiasme voire au refus • Cahiers
de participer des industriels, en passant par l’insuffisance de soutien • Cartouches d’impression laser
des pouvoirs publics, la lourdeur et les coûts des procédures de cer- • Colles de papeterie
tification, ou le manque de relais opéré par les associations... Si • Colorants universels
aucune de ces explications n’est probablement à rejeter entière- • Composteurs individuels de jardin
ment, il importe de rappeler quelques évidences moins polémiques. • Enveloppes et pochettes postales
• Filtres à café
• Litières pour chats
• Lubrifiants pour chaînes de tronçonneuse
• Peintures, vernis et produits connexes
800 • Produits de signalisation routière
• Profilés de décoration
• Sacs sortie de caisse
• Sacs-cabas
• Sacs-poubelle
• Service de rénovation mécanique d’articles automobiles
600
• ...

Écolabel européen
• Amendements organiques et supports de culture
400 • Ampoules et tubes électriques
• Aspirateurs
• Chaussures
• Détergents pour lave-vaisselle
• Détergents pour textiles
200
• Hébergement touristique
• Lave-linge
• Lave-vaisselle
• Liquide vaisselle
• Matelas
• Nettoyants multi-usages et nettoyants pour sanitaires
0 • Ordinateurs
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 • Ordinateurs portables
• Papier graphique et papier pour photocopie
Chiffre d'affaires sortie usines • Papiers absorbants et papiers toilette
des produits portant l'écolabel • Peintures et vernis intérieurs
européen (en millions d'euros) • Produits textiles
Nombre d'entreprises Nombre de références vendues • Réfrigérateurs et congélateurs
titulaires de l'écolabel portant l'écolabel européen • Revêtements de sols (en dur : dalles, céramique...)
européen (en nombre de références) • Services de camping
• Téléviseurs
Figure 5 – Évolution de l’écolabel européen de 1998 à 2005
• ...

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■ Le système étant fondé sur l’implication de toutes les parties


intéressées, il ne saurait fonctionner et se développer que si cha- Réponses (%)
cune des parties ou au moins l’une de leurs composantes y trouve
un bénéfice. Concernant les entreprises impliquées, il s’agit avant
tout d’un bénéfice concurrentiel. Ainsi, par exemple, dans le cadre 60
d’un marché à volume à peu près stable, une sélectivité qui permet-
trait à chaque fabricant de faire labelliser un pourcentage voisin, par 50 53
rapport à ses concurrents, de sa gamme de produits conduirait à un Scientifique 42
simple recentrage de son chiffre d’affaires, sans gain de parts de 40
marché. À moins de pouvoir vendre les produits labellisés à un prix 33
supérieur (ce qui reste à démontrer), l’écolabel serait alors peu Claire 31
30
attractif pour les fabricants. Ainsi, l’avantage concurrentiel actuel de
l’écolabel réside dans son caractère sélectif vis-à-vis des produits 26
20 Suffisante 20
mais également vis-à-vis des fabricants. Nous sommes de fait face à
un dilemme : l’écolabel n’est acceptable par tous que s’il ménage
une place à chacun, mais n’est attractif pour le consommateur, 10
comme pour le producteur, que s’il est facteur de différenciation, 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
c’est-à-dire s’il est sélectif. Pourcentages de réponses positives aux trois questions successives :
■ L’écolabel a pour but de favoriser les produits générant moins « L’information vous semble-t-elle suffisante ? claire ? scientifique ?
d’impacts sur l’environnement que ceux d’usage similaire. S’il
devient le facteur d’achat influent qu’il souhaite être, il défavorise de Figure 6 – Opinion des Français sur l’information
fait les produits auxquels il n’est pas attribué. En ce sens, l’écolabel sur les produits verts (Enquête Ipsos/ADEME « attitudes et comportements
ne saurait remporter l’unanimité auprès des industriels concernés et des Français face à l’environnement » juillet 2004)
sera donc toujours sujet à la critique d’une partie d’entre eux.

Tableau 8 – La perception par les Français de leurs efforts


4.2 Perspectives prometteuses en faveur de l’environnement comparée
à celle des Européens (1)
Le succès des écolabels et leur capacité future à inciter vérita-
blement les consommateurs à une consommation plus écologique
dépendront du renforcement et de la persistance des efforts menés Laquelle de ces affirmations reflète le mieux votre situation
par les différentes parties. personnelle en relation avec vos efforts pour prendre soin de
l’environnement ?
En termes de perspectives, il faut relever l’apparition de signaux
encourageants variés, qui pourraient marquer le début d’une ère « Je prends soin de l’environnement mais cela n’a pas un grand
nouvelle pour les écolabels. impact tant que les autres citoyens ne font pas la même chose »
• UE25 : 30 %
■ Les catégories de produits écolabellisés sans titulaires dis- • France : 35 %
paraissent peu à peu : d’une situation longtemps majoritaire, elles
sont d’ores et déjà minoritaires. Il semblerait que ce que certains ont « Je prends soin de l’environnement mais cela n’a pas un grand
impact tant que les grands pollueurs (entreprises et industries) ne
appelé le « front du refus industriel » (prise de position sectorielle font pas la même chose »
forte de rejet de l’écolabel et d’encouragement à ses membres à ne • UE25 : 27 %
pas y postuler) se fissure peu à peu, et que l’apparition d’un • France : 35 %
industriel, français ou étranger, demandeur de l’écolabel dans une
catégorie donnée, ne soit somme toute qu’une question de temps. « Je prends soin de l’environnement et cela conduit à des
résultats »
■ L’implication des distributeurs se renforce : maillon clé entre le • UE25 : 19 %
fabricant et le consommateur, ces acteurs bénéficient d’un fort • France : 13 %
pouvoir décisionnel en termes de visibilité des produits sur le « J’aimerais en faire plus mais cela m’apporte trop
marché, ce qui pourrait permettre de trancher la question récurrente d’inconvénients (cela nécessite du temps, coûte cher...) »
de l’offre et de la demande : l’offre de produits écolabellisés est-elle • UE25 : 13 %
limitée faute de demande des consommateurs, ou est-ce, à • France : 9 %
l’inverse, la demande qui ne peut s’exprimer faute d’offre ? Ainsi, « J’aimerais faire plus mais je ne sais pas quoi faire »
par exemple, le succès actuel de l’écolabel NF-Environnement sur • UE25 : 9 %
les cahiers est en grande partie lié à l’implication de la distribution • France : 7 %
qui l’a appliqué à ses marques de distributeurs MDD (Carrefour,
(1) Source Eurobaromètre novembre 2004.
Auchan...). (0)
■ Les consommateurs se déclarent de plus en plus concernés par
les conditions environnementales, voire sociales, dans lesquelles consommateurs ne se traduisent pas encore sous forme de passage
ont été fabriqués les produits qu’ils consomment. Dans le même à l’acte systématique en matière d’achats, elles présagent d’ores et
temps, ils sont de plus en plus impliqués dans le règlement des pro- déjà des évolutions profondes à venir de nos modes d’achat et de
blèmes liés aux pollutions et aux déchets (contribution financière ou consommation. D’autres sondages soulignent la demande
participation active au tri des déchets ménagers). Des sondages d’informations environnementales fondées comme en témoigne
successifs indiquent une évolution du consommateur vers des l’évolution des attentes et critiques présentée figure 6. Si les
attitudes plus volontaristes vis-à-vis de l’environnement. Ainsi, consommateurs se déclarent très majoritairement concernés par la
selon une enquête de TNS MédiaIntelligence pour Ethicity (mars protection de l’environnement et mettent en avant le manque
2006), 31 % des sondés déclarent choisir régulièrement des produits d’information pour expliquer la faible part de leurs achats
plus respectueux de l’environnement : ils n’étaient que 18,6 % en éco-responsables, les raisons sont sans doute plus complexes,
2005. Chacun prend donc de plus en plus conscience de son propre comme le montre l’Eurobaromètre de novembre 2004 (« Attitudes
impact sur l’environnement et de l’influence de ses choix en matière des citoyens européens vis-à-vis de l’environnement » : tableau 8).
de consommation. Si, pour l’instant, les intentions affichées par les Ainsi, le sentiment d’impuissance à faire changer les choses, le fait

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de ne pas savoir quoi faire, le manque de pression sociale, les importante : en effet, tandis que l’acheteur est invité à prendre en
contraintes financières, l’attente d’exemplarité de la part des insti- compte des objectifs de développement durable lors de la détermi-
tutions, l’invisibilité des bénéfices, le souci du moindre effort ou nation de ses besoins, la référence aux exigences des écolabels offi-
encore l’insuffisance des offres..., sont autant de raisons avancées ciels est proposée comme l’un des moyens de définir les
par les consommateurs pour ne pas adopter de comportement spécifications techniques du marché. Cette évolution vers une plus
environnemental malgré leur réel intérêt pour la protection de grande prise en compte de l’environnement dans l’achat public
l’environnement. constitue une tendance lourde et s’appuie sur des directives euro-
péennes récentes encore plus ambitieuses que les textes français
■ Le développement récent de politiques d’achats « durables », actuels.
tant au niveau d’organismes publics que d’entreprises privées, Dans ce contexte, l’avenir des écolabels apparaît aujourd’hui
devrait stimuler l’offre de produits de qualité écologique reconnue. favorable. Évolution des préoccupations environnementales des
Or, bon nombre des produits à destination des entreprises sont consommateurs, développement des stratégies d’écoconception
également à destination des ménages : le développement de la des entreprises et prise en compte du développement durable
demande des professionnels, privés ou publics, pourrait donc créer dans l’achat public sont autant de signes encourageants. Les
les marchés nécessaires à un plus grand investissement des fournis- écolabels, grâce à la fois à la rigueur qui fonde leur légitimité, à
seurs dans les produits de qualité écologique, investissement qui, leur processus concerté et transparent et à leur évolutivité,
par rebond, pourrait bénéficier également au marché grand public. pourraient bien se révéler comme l’un des outils les plus pertinents
Concernant spécifiquement les achats publics, qui correspondent à pour répondre aux attentes naissantes des marchés et orienter
quelque 10 % du PIB français, l’évolution du code des marchés notre société vers des modes de production et de consommation
(décret no 2006-975 du 1er août 2006) marque une inflexion plus durables.

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