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n°18
QUEL RÔLE POUR
LA FONCTION RH ?
RCSG
CAS DE L’ENTREPRISE PUBLIQUE SOTU.COM
Afef CHOUAIB
Université de Sfax
Laboratoire LARIME (Laboratoire
de Recherche Interdisciplinaire sur
les Mutations des Economies et des
Entreprises, ESSEC de Tunis)
afef.chouaib@escs.usf.tn
RÉSUMÉ ABSTRACT
Avec l’amplification des technologies de l’informa- With the amplification of information and communi-
tion et de la communication (TIC) et le dévelop- cation technologies (ICT) and the exponential deve-
pement exponentiel de leurs usages (applications, lopment of their uses (applications, platforms, etc.),
plateformes, …), le monde s’est engagé depuis une the world has been engaged for a decade in a third
décennie dans une troisième révolution : « une ré- revolution: “a revolution technological”. Tipped
volution technologique ». Basculées dans une « ère into a “digital era”, companies face unprecedented
digitale », les entreprises affrontent des transforma- transformations that are accelerating and disrupting
tions inédites qui s’accélèrent et bouleversent leur their functioning and their managerial systems. The-
fonctionnement et leurs systèmes managériaux. Dès refore, the company must transform itself, promote
lors, l’entreprise doit se transformer, promouvoir les new uses and encourage new practices. To support
nouveaux usages et encourager les nouvelles pra- it in these transformations, it is essential that the HR
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INTRODUCTION
Avec l’engouement du numérique, la digitalisation des entreprises devient
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de la technologie par les usagers. Ces approches étant limitatives, des ap-
proches ultérieures ont focalisé sur la conduite du changement organisa-
tionnel puisque la réussite de toute TD implique des changements organi-
sationnels profonds en créant un environnement de travail digitalisé, plus
collaboratif.
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forcément une acceptation et une appropriation par les salariés pour faire
évoluer leurs pratiques de travail dans la lignée de la stratégie digitale de
leur entreprise (Karoui et Dudézert, 2016). Ainsi des approches théoriques
plaçant l’usage et l’appropriation par l’usager au cœur de la conception des
Technologies de l’Information (TI), comme celui de la capacité d’absorp-
tion des TI et le modèle de la maturité digitale, furent développées.
Le modèle d’absorption (Cohen et Levinthal, 1990 ; Boynton et al., 1994)
permet de prendre en compte certaines dimensions organisationnelles qui
interviennent dans l’appropriation et l’usage de la technologie comme le
climat social, la gestion des SI, la culture partagée SI, les processus internes
de collaboration et le rôle des managers. Le concept d’absorption repose
sur « une mosaïque de connaissances » nécessaires à l’assimilation de la
technologie : les connaissances relatives à la gestion des TI et l’efficacité
des processus de gestion des TI. Ces connaissances favorisant le lien entre
managers spécialistes TI et managers métiers, permettent de promouvoir
un climat d’échange, le développement d’une planification solide, d’une
vision TI claire et partagée, d’un soutien managérial, d’un contrôle des
structures. Ainsi ce modèle suppose que les TI ne sont assimilées, adoptées
et utilisées efficacement qu’en présence d’un climat organisationnel favo-
rable, des savoir-faire autour des TI partagés et des processus de gestion des
TI efficaces (Cohen et Levinthal, 1990).
Longtemps appréhendée comme un simple empilement de technologies
(Autissier et al., 2014), la TD des organisations a connu l’essor de travaux
ayant remis en cause cette logique d’empilement au profit d’une analyse en
termes de maturité digitale. Fayon et Tartar (2019), par exemple, proposent
un outil de mesure de la maturité numérique d’une organisation articulé
autour de six leviers pertinents pour parer aux disruptions : stratégie, orga-
nisation, personnel, offre, technologie/innovation et environnement. Basé
sur un processus d’amélioration continue, le modèle de maturité internet
et digital et numérique baptisée DIMM (Digital Internet Maturity Model) de
Fayon et Tartar, permet de mesurer à l’aide d’indicateurs, la maturité numé-
rique de l’entreprise et repérer à quel stade de transformation numérique
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vigueur. Le terrain est ainsi mûr pour opérer le changement et passer à une
phase de « transition » caractérisée par l’abandon d’anciennes pratiques et
l’adoption de celles qui sont souhaitées. Enfin, le processus se clôt par un
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ritisme ;
• une budgétisation axée sur les moyens et non sur les objectifs.
Ces mêmes vertus qui apparaissaient comme garantes de l’efficacité or-
ganisationnelle, sont perçues aujourd’hui comme les principaux dysfonc-
tionnements pour répondre aux exigences de la société post-industrielle
caractérisée par la globalisation, ainsi que pour s’allier aux exigences de
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Selon Coron et al. (2019), la fonction RH doit répondre à quatre défis ma-
jeurs : d’abord, la disruption qui consiste à booster la capacité d’adaptation
et d’innovation de l’entreprise face à la concurrence accrue et les évolu-
tions technologiques rapides et ce par le développement et l’adaptation
permanente des effectifs et des compétences. La marchandisation de la
relation sociale est un second phénomène qui amène à gérer des popula-
tions aux statuts divers sur le marché du travail. La collaboration se place
comme un troisième défi RH à l’ère du digital en remettant en cause les
schémas d’organisation classiques et les modes de fonctionnement tradi-
tionnels en faveur des formes plus agiles, plus collaboratives nécessaires à
la survie des entreprises. Enfin, la robotisation consiste à penser les colla-
boration humain-machine et aux risques d’un asservissement de l’homme
à la machine.
Pour leur part, Baudoin et al. (2019) attribuent à la fonction RH le rôle
« d’architecte social » en assurant l’accompagnement de l’organisation
dans sa transformation digitale sur quatre plans :
• l’accompagnement de la transformation des métiers, des compétences,
des rôles, des postures, des carrières : L’automatisation des processus
impacte quantitativement et qualitativement les emplois de l’entreprise
dans une logique de destruction créatrice (Schumpeter, 1942). Dans une
logique proactive, la GRH doit miser sur la GPEC pour repérer, recruter
et développer des profils « agiles » capables de s’adapter aux turbulences
d’une époque incertaine ;
• l’accompagnement de la transformation des modes d’organisation du tra-
vail : L’organisation taylorienne, les modes de fonctionnement classiques,
les relations hiérarchiques et de subordination sont totalement abolis avec
la « dématérialisation » et la déspécialisation générée par le numérique.
La contribution de la fonction RH est indispensable pour la réorganisa-
tion de l’espace de travail, la flexibilisation du temps de travail, le déve-
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CONCLUSION
Bien plus qu’une affaire de technologies et d’équipements, la transforma-
tion digitale se veut un profond changement requérant une vraie réflexion
stratégique et une transformation des modes de management, de collabo-
ration, d’apprentissage traditionnels qui dominent la structure bureaucra-
tique d’une entreprise publique… Une réelle transformation culturelle,
managériale et organisationnelle s’impose et devrait asseoir ce changement
organisationnel. La fonction RH ne doit pas céder à un déterminisme tech-
nologique ; plus que jamais, la révolution digitale lui offre l’opportunité de
devenir une source de pratiques innovantes et de se positionner en parte-
naire stratégique pour répondre aux enjeux de la digitalisation et accompa-
gner les transformations requises au sein de l’organisation, en impliquant
les collaborateurs dans un rôle capital d’adaptabilité et d’acculturation à un
nouvel univers digital.
Le cas proposé permet d’illustrer comment une entreprise publique cédant
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RÉFÉRENCES
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