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L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance

financière de l’entreprise ? Une application au cas des


entreprises cotées à la Douala Stock Exchange (DSX)
Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba
Dans Revue Congolaise de Gestion 2020/1 (Numéro 29), pages 101 à 133
Éditions Éditions ICES
ISSN 1729-0228
DOI 10.3917/rcg.029.0101
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L’introduction en bourse améliore-t-
elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas
des entreprises cotées à la Douala
Stock Exchange (DSX).

Résumé Fidèle
La présente étude a pour objectif DJOUMESSI *
d’apprécier l’impact de
l’introduction en bourse des Jérôme
entreprises sur leurs GONNE*
performances. Nous avons à cet
effet interrogé le socle théorique Léopold
de l’agence, du signal et du DJOUTSA
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modèle comportemental du WAMBA*
timing. D’après ces théories, la
performance de l’entreprise est
susceptible d’augmenter après
leur introduction à la côte. À
partir des tests de comparaison
sur les données d’entreprises
*
cotées à la Douala Stock FSEG
Exchange, nous sommes arrivés à Université de
deux conclusions. D’une part, il Ngaoundéré
ressort que la performance de Cameroun.

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L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
l’entreprise l’année de cotation, comparativement à celle
des années antérieures, a augmenté significativement.
D’autre part, il ressort que l’évolution des performances
de l’entreprise après l’année de cotation, dépend des
indicateurs de performance utilisés. Globalement, ces
performances se détériorent progressivement au fil du
temps. Néanmoins, le taux de rendement, le dividende par
action et le bénéfice par action, connaissent parallèlement
des variations à la hausse.

Mot-clés : Bourse, performance, DSX, modèle


comportemental du timing

Does Stock Market Listing Improve the


Financial Performance of a Company?
The Case of Companies Listed in the
Douala Stock Exchange.

Abstract
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This study seeks to analyse the effects of going
public on company performance. To do this, we use the
theoretical bases of agency and signal theories, as well as
the behavioural timing model. According to these theories,
the performance of a company is likely to increase after its
introduction into the stock exchange. After applying
comparison tests on data from companies registered in the
Douala Stock Exchange, we arrive at two main
conclusions. Firstly, we find that the performance of the
company during the year of registration relative to that of
preceding years increased significantly. We also find that
the evolution of the performance of the company after the
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year of registration depends on the performance indicator


used. Globally, these performances are gradually eroded
with time despite the fact that the rate of return, dividend
per share, and earnings per share all witness an increase.

Key-words : Stock Exchange, Performance, DSX,


Behavioural Timing Model.
--------------

1. Introduction

L e financement des entreprises est vital. En l’absence


d’un financement adéquat, les projets
d’investissements et les fonds de roulement des entreprises
sont étouffés, il n’y a pas de création d’entreprises. Les
entreprises qui existent déjà peinent à se développer et la
croissance économique du pays en pâtit. En Afrique,
l’accès au financement reste problématique. D’après le
rapport 2011sur le développement en Afrique, on
dénombrait dans le continent africain entre 55 et 67
millions d’entreprises, dont 70 % ne disposeraient pas de
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moyens financiers suffisants. Leurs besoins de
financement représentent entre 385 et 455 milliards de
dollars EU (McKinsey et Company, 2011). Afin que
l’Afrique puisse exploiter tout son potentiel et parvenir à
une croissance forte et inclusive, il faut donc remédier au
problème d’accès au financement. La faiblesse des
capitaux propres, les conditions d’emprunt des banques et
la spécificité des crédits octroyés par elles, ne répondent
plus complètement aux besoins des entreprises. Celles-ci
cherchent d’autres modes de financement parmi lesquels,

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l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
l’émission des titres sur le marché d’appel public à
l’épargne.
C’est en réponse à cette préoccupation que les
premières bourses de valeurs ont vu le jour en Afrique. De
l’étude de Nkontchou (2010), il ressort que dès le début de
la décennie 90, on pouvait dénombrer près d’une douzaine
de places boursières en Afrique alors que de nos jours, il
en existe plus de 23 dont 2 bourses régionales.
Le Cameroun n’est pas resté en marge de cette
mutation. Pour soutenir l’expansion des entreprises, l’État
camerounais a créé en 1999 une bourse mobilière
dénommée la « Douala Stock Exchange (DSX) » dont
l’ouverture effective a eu lieu en avril 2003. Malgré les
mesures incitatives (avantages fiscaux, allégement des
conditions et modalités d’accès aux financements
boursiers) mises en place par l’État pour encourager
l’introduction des entreprises à cette bourse, seulement
trois entreprises ont pu après plus de 15 ans de son
ouverture. Cette situation nous amène à nous interroger
sur les performances des entreprises après leur
introduction en bourse. Plus précisément, est-ce que
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l’introduction des entreprises en bourse améliore leurs
performances ?
Cette problématique a fait l’objet d’un bon nombre
d’études appliquées au marché américain (Jain et Kini,
1994 ; Mikkelson et al., 1997), asiatique (Kim et al., 2004
; Kutsuna et al., 2002 ; Younesi, 2012), européen (Sentis,
2001 ; Pastusiak et al., 2016) et même africain (Wambui
Wamari, 2014 ; Munisi, 2017). Les conclusions n’étant
pas généralisables, il ne serait pas inutile de répliquer une
telle étude dans un contexte où le marché financier peine à
se développer, en l’occurrence au Cameroun. À notre

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connaissance, une telle problématique n’a pas encore fait


l’objet d’une recherche dans ce contexte.
L’objectif central de ce travail est d’apprécier les
performances des entreprises après leur introduction en
bourse afin de dégager les implications sur le plan
managérial. Pour ce faire, nous avons examiné les cas de 3
entreprises jusqu’ici cotées à la bourse mobilière du
Cameroun. Une méthodologie fondée sur l’analyse du
contenu a été retenue. Le contenu des Déclarations
Statistiques et Fiscales (DSF) et des rapports annuels
boursiers de chaque entreprise, a été exploité dans le but
de collecter les informations nécessaires à la conduite de
l’étude.
Cet article sera structuré en trois parties : la première
circonscrit le cadre théorique d’analyse, la seconde
présente le cadre méthodologique et la troisième met en
évidence les résultats et les implications managériales.

2. Cadre théorique d’analyse


Nous présenterons ici les théories mobilisées pour
expliquer les décisions des entreprises à s’introduire en
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bourse, ensuite les indicateurs de mesure de la
performance des entreprises cotées et enfin, une synthèse
de la littérature sur la performance des introductions en
bourse.
2.1. Décision d’introduction en bourse à l’épreuve des
théories de la gouvernance d’entreprise
Pour expliquer la décision d’introduction en bourse
et les perspectives de l’entreprise après l’accès à la cote, la
littérature financière fonde ses analyses sur quelques
théories. Dans le cadre de cette étude, nous allons nous
appuyer plus particulièrement sur les théories de la

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l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
gouvernance d’entreprise à savoir : la théorie de l’agence,
la théorie du signal, le modèle comportemental du timing
et du cycle de vie.
En se référant donc à la théorie de l’agence, le
marché financier est considéré comme un mécanisme
externe de gouvernance d’entreprise. Charreaux (1997)
définit la gouvernance d’entreprise comme l’ensemble des
mécanismes qui gouvernent la conduite des dirigeants et
définissent leur espace discrétionnaire. Dans ce cadre, le
marché financier, selon Fadil (2005), a pour vocation la
protection des actionnaires face aux comportements
opportunistes des dirigeants à travers un système de
contrôle à deux niveaux.
Au premier niveau, les actionnaires mécontents ont
toujours la possibilité de vendre leurs titres, faisant ainsi
baisser la valeur de la société. Au deuxième niveau, le
marché des fusions-acquisitions constitue un garant de
l’efficacité des entreprises.
Fort de ce constat, le marché financier constitue,
selon Charreaux (1997), un mécanisme spontané et non
spécifique qui contraint les dirigeants à prendre des
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décisions stratégiques efficaces. Fadil (2007) souligne que
cela est d’autant plus vrai dans le cas de grandes
entreprises où la menace d’une OPA est plus pesante du
fait de l’atomisation de la structure d’actionnariat.
La théorie de l’agence conclue que les exigences et
contraintes que le marché financier impose aux dirigeants
les poussent à faire davantage preuve de prudence dans les
choix stratégiques adoptés, et à remettre l’intérêt des
actionnaires au cœur de leur préoccupation de gestion. Par
conséquent, l’introduction en bourse inciterait les
dirigeants à prendre des décisions allant dans le sens des

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intérêts des actionnaires, ce qui pourrait être différent en


l’absence de cotation.
S’agissant de la théorie du signal, elle est fondée par
Stephen Ross qui a initié en 1977 les principaux travaux
dans ce domaine. Cette théorie a été développée pour
pallier les insuffisances de la théorie des marchés à
l’équilibre. Elle part du constat que l’information n’est pas
partagée par tous au même moment et que l’asymétrie
d’information est la règle. Considérant qu’il existe des
problèmes d’asymétrie d’informations entre principal et
agent, elle vise à analyser les mécanismes de
fonctionnement des marchés financiers. Elle a pour but
d’expliquer les variations des cours grâce aux signaux
émis par les dirigeants à travers leurs décisions
stratégiques et leur politique financière.
La théorie du signal explique donc en grande partie
les choix de financement des entreprises par les marchés
financiers et les interactions perçues entre les différents
acteurs en présence sur les marchés. À titre d’exemple,
l’émission d’un emprunt obligataire constitue un signal
positif quant aux flux futurs de l’entreprise. Le dirigeant
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n’émet de nouvelles obligations que s’il est sûr de ses
capacités à faire face au service de la dette. Le prix de
l’action s’en trouvera alors apprécié, ce dernier étant
déterminé par l’actualisation des dividendes futurs
anticipés. En outre, l’endettement constitue un mécanisme
de pression qui incite les dirigeants à être plus
performants, de manière à minimiser les risques de faillite
et de perte de leur emploi. Les entreprises cotées, étant
généralement perçues comme des étalons du fait des
exigences liées à l’introduction et au maintien à la cote, le
choix de s’introduire en bourse et surtout la propension à y

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l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
dégager de bonnes performances constituent un important
signal pour ses divers partenaires, notamment financiers.
Allant dans le même sens, Stoughton, Wong et Zechner
(2001) montrent que l’opération d’introduction pourrait
signaler la bonne qualité des produits de l’entreprise. Dans
le même ordre d’idées, les politiques de distribution de
dividendes constituent un mécanisme de résolution des
conflits entre dirigeants et actionnaires. Dans ce sens,
Rozeff (1982) justifie l’existence de la politique de
distribution de dividendes comme un moyen de discipliner
les dirigeants.
En se référant au modèle comportemental du timing
et du cycle de vie, le postulat de base serait qu’ils existent
des périodes plus propices à l’introduction que d’autres.
Les entreprises pourront donc surfer sur les périodicités
afin de choisir stratégiquement le moment propice pour
s’introduire en bourse. Ceci pourrait expliquer l’envolée
des cours les premiers jours de cotation. À long terme, les
investisseurs recoupent et analysent progressivement les
informations sur le marché. C’est ce qui explique qu’une
inversion de tendance des performances boursières devient
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une évidence.

2.2. La performance des entreprises : définitions et


mesures
Bon nombre d’études ont eu pour lourde tâche de
cerner la notion de performance en entreprise. Toutefois, il
n’existe pas de définition exhaustive ou universelle. Les
définitions sont multiples, les angles de discernement sont
variés et multidimensionnels et les indicateurs de mesure
sont divers et nombreux. Tenter de définir le terme
performance devient alors une utopie, car la diversité des

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acceptions ne nous permet pas d’opter pour une seule


définition. Pour De La Villarmois (2001), c’est un concept
ou un construit difficile à appréhender à cause de ses
dimensions multiples. Compte tenu de la nature de
l’étude, nous nous sommes astreints à limiter notre champ
d’investigation à celui de la performance financière afin de
proposer une définition claire et pertinente. Délimiter la
performance au seul angle financier revient à se fixer pour
objectif stratégique l’amélioration de la valeur
actionnariale. Ce choix ne sous-estime en aucun cas les
autres dimensions de la performance.
Dans la littérature, bon nombre d’indicateurs
appropriés sont mis en évidence pour se prononcer sur la
performance financière d’une entreprise. Le contenu
informatif de chaque indicateur est différent selon
l’utilisateur et le destinataire. Par conséquent, nous
constatons deux familles d’indicateurs en l’occurrence,
comptables et boursiers. Dans ce sens, « les mesures de
performance doivent ainsi servir d’indicateur de la valeur
économique, de la création de valeur et du potentiel de
gains futurs ».
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Parmi les indicateurs comptables qui peuvent
contenir de l’information révélatrice de performance, nous
pouvons citer à titre indicatif et non exhaustif, la
rentabilité financière, la rentabilité économique, la
profitabilité, l’autonomie financière, la croissance du
chiffre d’affaires.
Concernant les indicateurs boursiers, plusieurs sont
utilisés pour divulguer un contenu informatif sur la
performance financière d’une société cotée. Il s’agit par
exemple du bénéfice par action, du rendement en
dividende. Le ratio cours sur actif net et la valeur de

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L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
l’entreprise sur le résultat d’exploitation sont utilisés pour
traduire les anticipations des investisseurs à l’égard des
perspectives de croissance d’une société cotée.

2.3. L’introduction en bourse et performance : une


relation plutôt contrastée
L’évolution des performances financières des
sociétés introduites en bourse suscite, depuis les années
90, une abondante littérature. La plupart d’auteurs ayant
effectuées des études, que ce soit aux États-Unis, en
Europe, en Asie ou même en Afrique, sont tous unanimes
qu’à l’année d’introduction à la bourse, la performance de
l’entreprise augmente par rapport aux années précédentes.
Par contre, les avis deviennent partagés quant à l’évolution
de cette performance après l’introduction. Pour certains, la
performance post-introduction se dégradent
systématiquement à long terme ; pour d’autres, on observe
une stabilité ou une variation positive.
Dans le registre des travaux qui clament un déclin
des performances post-introduction, Mansali et Labegorre
(2010) suggèrent que ce résultat est valable quels que
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soient le marché et la période d’introduction. Ainsi, sur
une étude menée aux USA, Mikkelson et al. (1997) notent
une chute de 8 % de la rentabilité économique et de 10 %
de la profitabilité opérationnelle un an après
l’introduction. Jain et Kini (1994) montrent que pour 682
entreprises publiques cotées entre 1976 et 1988, la
médiane d’exploitation des flux de trésorerie et de l’actif a
diminué de manière significative en termes de ratio entre
l’année précédant l’introduction et la troisième année
subséquente. Aggarwal et Rivoli (1990) trouvent
également une dégradation de la performance de -13,73 %

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après trois ans de l’introduction en bourse. Stern et


Bornstein (1985) trouvent à leur tour qu’à partir de la date
d’introduction en bourse jusqu’au dernier mois précédant
leur étude, la rentabilité moyenne des titres nouvellement
émis était inférieure de 22 % par rapport à l’indice de
bourse S&P 500. Les titres admis à la cote connaissent
également une dégradation de leurs performances à 36
mois, de -21 % en Finlande (Keloharju, 1993), de -12,11
% en Allemagne (Ljungqvist, 1997) et de -8,31 % à -22,96
% en Grande-Bretagne (Levis, 1993). En France, les
performances économiques se détériorent également, de -
0,14 % à -4,8 % deux ans post introduction (Sentis, 2001),
et de -11,3 % à -15,4 % sur l’intervalle [-1 an ; +3 ans]
autour de la date d’introduction (Serve, 2007). De même,
Chahine (2004) y obtient une sous-performance de -9,94
% dès la deuxième année post introduction. Le déclin des
performances boursières n’est pas en reste en Asie. Il
s’avère toutefois inégalement prononcé selon les places.
Par exemple, des rentabilités anormales négatives de -48
% sont relevées à Hong-Kong (Agarwal et al., 2008),
contre -23 % en Chine (Kao et al., 2008). La rentabilité
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économique des sociétés thaïlandaises diminue de 70 %
trois ans après l’introduction, après prise en compte de
l’évolution des ventes et des dépenses d’investissement
(Kim et al., 2004).
Sur un échantillon de 527 entreprises introduites à la
WSE sur la période 1991-2012, Pastusiak et al. (2016)
trouvent que les ratios de rentabilité de l’année précédant
l’introduction en bourse ont augmenté par rapport à
l’année précédente, puis, après l’introduction en bourse,
ont diminué. Sur un échantillon de 7 entreprises en
Nairobi sur la période 2000 et 2006, Wambui Wamari

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L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
(2014) observe une dégradation à long terme, mais non
significative du prix de l’action et du ratio bénéfice sur
cours de l’action des entreprises après leur introduction en
bourse.
Dans le registre des travaux qui ne trouvent pas
d’impact significatif de la variation de la performance
post-introduction, Sentis (2001) rapporte des rentabilités
anormales de 10,18 % à 6 mois et de 21,8 % à un an. En
revanche, il ne note pas de performances significativement
négatives ou positive à 2 ans ou à 3 ans. Sur leur
échantillon, Degeorge et Derrien (2001) ne mettent non
plus en évidence de rentabilités anormales positif ou
négatif par rapport à l’indice MIDCAC ou à des
portefeuilles d’entreprises comparables en termes de taille
et de book-to-market et ce quel que soit l’horizon
considéré.
Dans le registre des travaux qui prêchent l’effet
positif et significatif de la performance post- introduction,
Wambui Wamari (2014) observe à partir d’un échantillon
de 7 entreprises en Nairobi sur la période 2000 et 2006,
que le bénéfice par action augmente après l’année
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d’introduction en bourse. Munisi (2017) trouve à partir
d’un échantillon d’entreprises introduites à la bourse de
valeur de DSE de Tanzanie que la différence de
performance avant et après l’introduction dépend de la
mesure de la performance utilisée dans l’analyse. L’auteur
insiste sur le fait qu’après l’année d’introduction, la
performance est davantage élevée si elle est mesurée par le
ratio des ventes sur les actifs. De même, sur un échantillon
de 169 introductions réalisées en Corée entre 1985 et
1989, Kim et al. (1995) ont mis en évidence une sur-
performance des émissions initiales. Fort est de constater à

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partir de cette recension de la littérature que la


performance des introductions en bourse varie d’un pays à
l’autre. Il s’agira pour nous de faire une vérification
empirique dans le contexte camerounais afin de formuler
les implications managériales.

3. Démarche méthodologique de l’étude


Nous présenterons d’abord l’échantillon, ensuite les
données utilisées et enfin, la méthode d’analyse des
données et la description des tests.

3.1. Échantillon
Notre échantillon est constitué de 3 entreprises
cotées à la bourse des valeurs mobilières du Cameroun
(DSX). Cette faible taille de l’échantillon se justifie par le
fait qu’après plus de 15 ans de l’ouverture officielle de la
DSX, seulement 3 sociétés se sont introduites. Il s’agit de
la Société des Eaux Minérales du Cameroun (SEMC)
depuis juin 2006, la SAFACAM depuis le 9 juillet 2008 et
la Société camerounaise des palmeraies (SOCAPALM)
depuis le 26 novembre 2008.
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3.2. Les données
Les données nécessaires à la conduite de l’étude sont
obtenues après exploitation des Déclarations Statistiques
et Fiscales (DSF) et des rapports annuels boursiers de
chaque entreprise. Ces documents nous ont permis
d’obtenir directement ou par calculs, les informations
comptables et boursières permettant de mesurer la
performance financière des entreprises de l’échantillon.
Les données de référence ont concerné les dividendes par
action, le Yield (taux de rendement des actions), le nombre

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L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
d’actions, le bénéfice net par action, le cours boursier de
chacune des sociétés, le PER, le Payout Ratio, les ratios
d’activité et de gestion, les ratios de productivités, les
ratios d’investissement et de financement, les ratios de
profitabilité et les ratios de rentabilité.

3.3. Méthodes d’analyse des données et description des


tests
Comme Alexandre et Charreaux (2001) et Fadil
(2007), nous avons réalisé une étude longitudinale, sur une
période de sept ans (trois ans avant la cotation, l’année de
la cotation, et trois ans après)
Dans le cadre de cette étude, la date initiale
d’analyse de performances est différente d’une société à
une autre, compte tenu de la disparité de leur date
d’introduction en bourse (les trois sociétés se sont
introduites en bourse depuis plus de sept ans). L’analyse
sera spécifiquement centrée d’une part sur la comparaison
de la performance financière avant et après l’introduction
en bourse et d’autres part sur l’évolution de cette
performance depuis l’introduction en bourse.
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En ce qui concerne la comparaison des performances
financières, une série d’indicateurs à la base de ces
comparaisons, a été relevée dans la littérature. Nous nous
sommes appropriés de ceux mis en évidence dans les
travaux des auteurs tels qu’Alexandre et Charreaux
(2001), Fadil (2005 ; 2007) et Munisi (2017). Il s’agit des
indicateurs de rentabilité et de profitabilité ; nous avons
ajouté à cette liste les indicateurs d’activité et de gestion,
de productivité, d’investissement, de financement afin de
mieux comprendre la formation de la performance. Pour
rendre compte de ces comparaisons, nous avons évalué

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 114


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

dans le cadre d’analyse statique, l’impact de la cotation sur


ces indicateurs de performance calculées entreprise par
entreprise et, en moyenne, sur une période de trois ans
avant et après la cotation. Dans le cadre d’analyse
dynamique, les tests complémentaires ont été effectués sur
les valeurs des mêmes indicateurs en opposant
successivement les années extrêmes n-3/n+3, puis n-3/n
(période de pré cotation) et, enfin, n/n+3 (période post
cotation). Pour Fadil (2005), cette variante présente
l’avantage de rendre plus visible et plus significatifs les
changements des niveaux de performances, mesurés par
les données comptables. De plus, elle permet de savoir si
la cotation améliore ou détériore le niveau de performance
atteint par les entreprises avant la cotation (l’analyse étant
faite dans l’intervalle de la période de référence de sept
ans).
En ce qui concerne la comparaison via les
indicateurs boursiers, elle s’est faite de façon statique, sur
une période de quatre ans à compter de la date de cotation
(n/n+3), sur un ensemble d’indicateurs tels que les cours
boursiers, le PER, le dividende par action, le Yield, le
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Payout Ratio, le nombre d’actions, le bénéfice net par
action. L’étude post cotation rend compte de la dynamique
temporelle en analysant l’évolution des indicateurs
boursiers de l’année d’introduction en bourse (année n) à
l’année n+3. Laquelle étude permettra de confirmer la
bonne ou piètre performance appréhendée à travers les
indicateurs comptables. Pour apprécier concrètement la
dynamique de performance attribuable à la cotation, il
s’agira de comparer à travers les coefficients de variation
les données boursières de l’année n à celles de la moyenne
des trois années suivantes dans un premier temps et dans

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 115


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
un second, la moyenne de la troisième année (n+3) suivant
l’année d’introduction.

4. Résultats et implications managériales


Dans cette section, nous présentons d’abord les
résultats de l’étude et ensuite les implications
managériales.
4.1. Résultats de l’étude
Il s’agira ici d’apprécier successivement l’évolution
de la performance financière des entreprises de
l’échantillon, à travers les indicateurs comptables et
boursiers, avant et après l’introduction en bourse.
4.1.1. La performance via les indicateurs comptables
Le tableau 1 ci-dessous présente les indicateurs
comptables de performance financière des 3 sociétés
cotées à la DSX. Pour chaque période retenue : l’an 3
avant l’introduction (n- 3), toutes les trois années avant
l’introduction, l’année d’introduction (n), toutes les trois
années post-introduction, l’an 3 post-introduction (n+ 3).
Pour chaque indicateur, nous calculerons la moyenne pour
ces trois sociétés.
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Tableau 1. Les indicateurs comptables de la performance
financière.

Indicateurs Moyennes
n-3 n-1, n n+1, +3
n-2, n+2,
n-3 n+3
Ratios de rentabilité
Rn/capitaux propres 0,0529 0,0947 0,2664 0,1913 0,2056
- RCAI/Capitaux propres 0,0762 0,1541 0,3246 0,2599 0,3026
- Re= EBE/AE 0,3304 0,261 0,3676 0,2629 0,282
Ratios de profitabilité
- Résultat Net/CAHT 0,0856 0,0973 0,226 0,1988 0,1903

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 116


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

- EBE/CAHT 0,2066 0,2203 0,5508 0,3548 0,3595


Ratios de financement
- Équilibre financier 1,5125 0,7881 1,4279 1,1468 0,8216
- Autonomie financière % 1,7623 2,1713 3,2093 2,7717 1,9372
Ratios d’investissement
-Actif immobilisé net/Total 0,5487 0,6126 0,5634 0,5733 0,7649
Bilan
-Immo fin. nette/Total 0,0961 0,106 0,1081 0,0498 0,0192
immobilisation
- Immob corp nette/Total 0,8992 0,8546 0,8823 0,9235 0,9505
immobilisation
- R-D/Total immobilisation 0 0 0 0 0
Ratios de productivité (en milliers)
- CAHT/Effectif 50078, 51687, 52924, 61444, 59009,
3 38 8
- Résultat Nette/Effectif 3015,4 2799,5 5198,4 5944, 7475,3
Ratios d’activité et de gestion
- CAt – CAt-1/ CAt-1 0,0705 0,0488 0,2828 0,0961 0,1116
- Crédit fournisseurs (en 36 40 48 65 64
jours)
- Crédit Clients (en jours) 72 64 22 85 177

Pour les indicateurs de rentabilité, nous disons


globalement que la cotation a un effet positif sur la
performance des entreprises. Pour prendre seulement les
deux indicateurs comptables de performance au sens strict
(rentabilité des capitaux propres et rentabilité
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économique), on peut remarquer qu’on est passé de 0,0529
pour le premier ratio et de 0,3304 pour le second
(moyennes à n-3) à respectivement 0,2056 et 0,282 à la
troisième année post-cotation (soit respectivement une
variation de 15, 03 % et de – 4,84 % entre l’année n-3 et
n+3. Globalement, on constate une variation à la hausse en
confrontant ces mêmes indicateurs sur toutes les trois
années avant (0,0947 et 0,261) et toutes les trois années
après cotation (0,1913 et 0,2629). On constate
respectivement une variation à la hausse en moyenne de
9,66 % et 0,19 % entre les trois années avant et les trois

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 117


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
années post-cotation. Par ailleurs, à l’année de cotation,
les sociétés cotées ont atteint les niveaux les plus élevés de
rentabilités économique et financière (0,2664 et 0,3676),
lesquels se sont dégradés au cours des trois années post
cotation (soient respectivement une baisse de 6,08 % et de
8,56 % entre n et n+3). De même, entre l’année n et les
moyennes des trois années post cotation, les rentabilités
sont passées respectivement à 0,1913 et 0,2629 (soit une
baisse de 7,51 % et de 10,47 %). Ainsi, l’augmentation de
sources de financement permise par la cotation (émission
d’actions ou d’obligations) s’est accompagnée d’une
amélioration plus importante des résultats. Plusieurs
facteurs, objectifs et subjectifs, peuvent expliquer cet état
de choses. Pour ce qui est des facteurs objectifs, l’on peut
attribuer le niveau de performances financières atteint par
les entreprises les années d’introduction et les trois années
post introduction aux opérations ouvrant droit, au sens de
la loi de finance, au bénéfice des taux réduits d’impôts sur
les sociétés. Ainsi, les sociétés cotées ayant rempli, toutes,
les conditions d’éligibilité au bénéfice des taux réduits
d’impôts sur les sociétés, les performances observées les
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années de cotation et post cotation s’en trouvent davantage
justifiées.
En ce qui concerne les facteurs subjectifs, deux
raisonnements contradictoires peuvent être avancés pour
expliquer les performances post-introduction. D’une part,
l’admission en bourse semble à première vue favoriser une
meilleure gouvernance d’entreprise (Janmohamed, 2010).
Ainsi, l’exigence de transparence de nouveaux apporteurs
de ressources, oblige les dirigeants à fournir des
informations qui reflètent une image fidèle des opérations
réalisées par les entités dont ils ont la charge. Du coup, les

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 118


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

comptes en général et les résultats en particulier, sont de


moins en moins opaques comparativement aux années
précédant l’introduction. L’appréciation du ratio
RCAI/Capitaux propres sur la période post-introduction
comparativement aux années antérieures à la cotation
(0,3026 à trois ans suivant l’introduction contre 0,0762 à
trois ans précédant l’introduction, ou encore 0,2599 en
moyenne sur les trois années post-introduction contre
0,1541 en moyenne sur les trois années avant introduction)
traduit bien qu’en dehors des avantages fiscaux, la
cotation a favorisé un assainissement des mœurs ou
pratiques de gouvernance.
D’un autre côté, on peut utilement militer en faveur
d’une possibilité de gestion des résultats par les dirigeants.
À cet effet, Dechow et Skinner (2000) avancent que les
offres publiques d’actions donnent une motivation directe
à gérer les résultats. Dans la mesure où les dirigeants
peuvent ajuster à la hausse les résultats publiés sans pour
autant être détectés, ils peuvent améliorer les termes de
cession des actions de leurs firmes au public, ce qui leur
permet de réaliser des gains directs pour leur propre
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compte ainsi que pour le compte de leurs entreprises.
L’utilisation des états financiers dans le processus
d’évaluation des prix des actions sur le marché, combinée
avec la discrétion managériale, offre aux dirigeants, à la
fois, la motivation et la possibilité à gérer les résultats de
leurs entreprises pendant les périodes des émissions
initiales (Roosenboom et al., 2003).
Par ailleurs, la cotation a augmenté l’autonomie
financière des entreprises : le ratio Capitaux
propres/Dettes totales est passé de 1,7623 (moyenne à n-3)
à 1,9372 (moyenne à n+3). Dans le même sens, cette

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 119


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
autonomie s’est améliorée sur toute la période post-
cotation avec un ratio de 2,7717 (moyenne après) contre
2,1713 pour l’ensemble des trois ans précédant la cotation.
Mais l’effet de la cotation sur l’équilibre financier
n’est pas assez concluant puisque cet équilibre s’est
détérioré à la troisième année post-introduction (0,8216 en
moyenne). Ce qui nous permet de conclure que les
entreprises font plus recours à l’augmentation de capital
par émission d’actions qu’aux autres sources de
financement. Elles recherchent donc plus d’autonomie et
de flexibilité que n’offre l’endettement.
En ce qui concerne les indicateurs d’activité et de
gestion, on peut remarquer, au vu des différents ratios que
la cotation a favorisé, une croissance du chiffre d’affaires
des entreprises, même si la moyenne de cette croissance
sur toutes les trois années post-introduction (9,61 %) reste
en dessous de celle de l’année d’introduction (28,28 %).
Cette moyenne est tout de même supérieure à celle des
trois années avant introduction (4,88 %). Ce
développement des capacités commerciales à la période
post-introduction peut être attribué au renforcement de la
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visibilité ou de la notoriété des entreprises facilitée par
leur admission à la cote.
D’un autre côté, on peut constater que la cotation a
augmenté le pouvoir de négociation des entreprises vis-à-
vis de leurs fournisseurs. Elles sont passées d’une durée
moyenne de dettes-fournisseurs d’un mois (36 jours en
moyenne à n-3) à plus de deux mois (64 jours en
moyenne) à la période post-introduction. Ce qui semble
corroborer les prédictions théoriques.
À contrario, la cotation a dégradé le pouvoir de
négociation de ces entreprises avec leurs clients. Le délai

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 120


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

de paiement des créances clients est passé de 72 jours en


moyenne avant introduction à 177 jours en moyenne
durant les trois années post-introduction. Nous pensons
que ce rallongement du délai de paiement des créances
clients est la compensation d’une augmentation des prix de
vente, laquelle augmentation se traduit par une
amélioration des ratios de profitabilité et de productivité à
la période d’introduction et post-introduction comme
l’indique le tableau 1.
D’après les ratios d’investissement, on peut noter
que les entreprises ont ralenti leurs investissements en
actifs financiers durant la période post-cotation. Elles ont
donc renoncé à leur politique de croissance externe au
profit d’une croissance interne par de nouvelles
acquisitions d’immobilisations corporelles. Cela
s’explique par le ratio immobilisations corporelles
nettes/Total immobilisations dont les moyennes post-
introductions sur les trois années (0,9235) et à la troisième
année (0,9505) sont largement passées au-dessus des
moyennes avant introduction (respectivement 0,8546 et
0,8992). Puisque l’orthodoxie financière suppose que
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l’acquisition de nouvelles immobilisations s’accompagne
d’une augmentation du besoin en fonds de roulement,
l’augmentation du délai des crédits-clients (et donc du
besoin en fonds de roulement) et la croissance de la
productivité des salariés, mentionnées ci-dessus semblent
trouver ici leur explication. Toutefois, la cotation n’a pas
eu d’impact sur les investissements en R&D qui sont
restés nuls sur toute la période d’étude.
Pour la majorité des indicateurs comptables de
performance retenus, nous pouvons noter un pic à l’année
d’introduction en bourse (moyenne à n). Ce niveau atteint

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 121


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
par les indicateurs à l’année d’introduction connaît un
revirement à la baisse durant les trois années post-cotation.
Ce déclin des performances financières à la période post-
introduction confirme les résultats obtenus par bon
nombre d’auteurs (Mikkelson et al., 1997 ; Agarwal et al.,
2008 ; Mansali et Labegorre, 2010 ; Ljungqvist, 1997 ;
Kao et al., 2008 ; Pastusiak et al., 2016 ; Serve, 2007 ;
Kim et al., 2004 ; Wambui Wamari, 2014).
4.1.2. La performance via les indicateurs boursiers
Le tableau 2 ci-dessous met en évidence les
indicateurs boursiers de performance que nous avons
retenus afin de peaufiner notre analyse de la performance
financière des entreprises camerounaises après leur
introduction à la DSX. Comme précédemment, nous avons
pour chaque indicateur et chaque année, étudié les
moyennes calculées sur les 3 entreprises cotées. L’étude
étant faite de l’année d’introduction (année n) à la
troisième année après introduction (année 3).

Tableau 2. Les indicateurs boursiers de la performance


financière.
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Indicateurs Année Année Année Année Moyenne Moyenne
n n+1 n+2 n+3 n/n+3 n+1/n+3
Cours moyen des actions à 52 semaines
Moyenne 88276,2 82456,5 98694,4 73606,3 85758,4 84919,1
Coef. 0,96197 (*) 0,8 (**)
Variation (*)
Écart type 10523,9
Dividendes/action
Moyenne 3134 3509,3 4146 5058 3961,8 4237,8
Coef. 1,4 (*) 1,6 (**)
Variation
Écart type 841,7
Yield en %

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 122


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Moyenne 4,3 5,7 6,3 8 6,1 6,7


Coef. 1,5 (*) 1,8 (**)
Variation
PER
Moyenne 10,7 13,2 11,1 8,414 10,9 10,9
Coef. 1,0 (*) 0,8 (**)
Variation
Bénéfice net par action
Moyenne 8260,2 6267,2 8860,0 8747,5 8033,7 7958,2
Coef. 1,0 (*) 1,0589 (**)
Variation
Pay out Ratio (%)
Moyenne 41,8 53,5971 46,6202 61,7848 50,95 54,00
Coef. 1,3 (*) 1,47791 (**)
Variation
Source : calcul des auteurs à base des annuels boursiers de 2009, 2010
et 2011.
(*) Coefficient de variation année n/moyenne des trois années post
cotation.
(**) Coefficient de variation année n/année n+3.

L’examen de ce tableau montre globalement que les


données boursières retenues présentent une dégradation
des performances des entreprises observées. Toutefois, les
trois sociétés se sont distinguées par des indicateurs
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bousiers assez satisfaisants, quoique déclinants, pendant
les trois années suivant l’année de cotation.
En ce qui concerne les cours boursiers, il ressort que
le cours moyen des trois entreprises est passé de 88 276,19
pour l’année d’introduction à 73 606,25 pour la troisième
année suivant l’année d’introduction : soit une variation à
la baisse d’une part, de 16,62 % par rapport à l’année
d’introduction et d’autre part de 3,8 % par rapport à la
moyenne des trois années suivant l’année d’introduction.
Au vu donc du niveau moyen atteint par les cours

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 123


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
(85758,36) et de l’écart-type (10523, 90), on peut
souligner que la volatilité des cours n’est pas grande.
Globalement, ces statistiques traduisent en moyenne
une variation à la baisse des cours boursiers (soit un
coefficient de variation de 0,9619 inférieur à 1) au cours
des trois premières années suivant l’année de cotation.
Cette baisse du niveau des cours tient plus au
nombre réduit d’intervenants et de transactions sur le
marché et aussi à un manque de culture boursière chez les
intervenants. C’est aussi la preuve que le marché boursier
camerounais n’est pas assez liquide. La chute des cours
boursiers associée à une augmentation des dividendes
distribués sur les trois années post-introduction explique
naturellement la variation à la hausse du taux de
rendement. En effet, le taux de distribution de dividende
(Payout Ratio) a varié en moyenne à la hausse entre
l’année de cotation et la troisième année suivant l’année
de cotation de 20 % (41,8 % contre 61,8 %) et de 12,2 %
entre l’année de cotation et la moyenne des trois années
suivant l’année de cotation.
Le dividende par action croît avec les années de
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cotation. De même, le taux de rendement des actions a
connu une variation à la hausse de 3,67 % entre l’année de
cotation et la troisième année suivant l’année de cotation
et de 3,33 % entre l’année de cotation et la moyenne des
trois années post-cotation. Cette hausse des taux de
rendement et de distribution des dividendes explique le
fait que les détenteurs des titres préfèrent les conserver
dans leur portefeuille. Ce comportement des investisseurs
explique à son tour le faible volume de transaction sur les
titres et donc l’illiquidité et l’inefficience de la DSX.

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 124


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

Le déclin de la performance via les indicateurs


boursiers, à travers les cours observés entre l’année
d’introduction et les trois années post-cotation à la DSX,
pourrait s’expliquer par un excès d’optimisme des
investisseurs qui valorisent l’entreprise à un prix plus
élevé lors de l’introduction. Le titre progresse donc au-
delà de sa valeur, et le déclin futur de performances est le
résultat de la convergence des opinions optimistes et
pessimistes (Miller, 1977, 2000 ; Houge et al., 2001). Les
teneurs de la finance comportementale imputent
l’évolution cyclique des cours à la rationalité limitée de
l’investisseur (Hirshleifer, 2001). De plus, la sous-
performance observée au cours des trois premières années
suivant l’année de cotation, peut, selon Teoch et al.
(1998), s’expliquer par l’incapacité des investisseurs à
décrypter les manipulations de résultats opérées par les
dirigeants qui s’apprêtent à introduire leurs entreprises en
bourse.
Pour ce qui est du PER, on constate que la moyenne
des trois sociétés est passés de 10,69 (année n) à 8,41
(année n+3) et à 10,90 (moyenne n+1/n+3). Il va sans dire
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que le PER a connu une variation à la baisse de 21,25 %
entre l’année n et l’année n+3. En d’autres termes, le
nombre d’années de bénéfice à débourser par l’acquéreur
pour acquérir la société, est passé en moyenne de 10,69
années à 8,41 années). Toutefois, le PER a évolué à la
hausse entre l’année de cotation (10,69) et la moyenne des
trois années suivant l’année de cotation. Globalement le
PER moyen affiché par les trois sociétés, n’a presque
connu aucune amélioration au cours des trois années (en
d’autres termes, le nombre d’années de bénéfice à
débourser par un acquéreur pour acquérir la société a

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 125


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
tendance à augmenter). Cette piètre performance observée
à travers le PER peut s’expliquer par :
- la variation quasi-linéaire entre le cours de l’action
et le bénéfice par action (soient respectivement des
coefficients de variation de 0,9619 <1 et de 0,9634 < 1).
La corrélation entre les deux variables tend vers 1 ;
- la variation moyenne à la baisse du bénéfice par
action à la période post-cotation (soit un coefficient de
variation de 0,9634 entre l’année de cotation et la
moyenne des trois années suivantes) ;
- la variation moyenne à la baisse du cours, qui peut
s’expliquer par le faible taux de distribution de dividende
par rapport aux autres sociétés (soit un taux de distribution
de 36,49 % contre 42,44 % pour la SAFACAM et 73,92 %
pour SEMC).
En somme, les entreprises camerounaises introduites
à la DSX ont vu leurs performances boursières se décliner
sur les trois ans suivant la cotation. En d’autres termes, il y
a performance, mais à un rythme décroissant. Nos résultats
vont dans le même sens que ceux de Mansali et Labegorre
(2010) en contexte français. Cette situation arrange
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toutefois les détenteurs d’actions qui préfèrent en
conserver sur soi dans la mesure où ils en tirent un
rendement élevé et croissant sur les années post-
introduction.

4.2. Implications managériales


Cette recherche apporte des réponses claires,
précises et concises aux préoccupations de l’opinion
publique, des investisseurs et des dirigeants d’entreprises
sur les enjeux d’une introduction en bourse.

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 126


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

À travers les résultats de cette étude, il y a lieu de


constater que dans l’ensemble, la cotation a un effet positif
sur la performance financière des entreprises, même si
celle-ci se dégrade progressivement sur les trois ans post-
cotation. Il est conseillé aux dirigeants d’entreprises et
plus particulièrement ceux des entreprises camerounaises
éligibles à la DSX, d’ouvrir leur capital au public s’ils
veulent bénéficier du différentiel de performance engendré
par la cotation et des avantages fiscaux y afférant. Il est
aussi de toute évidence que la cotation améliore la
visibilité ou la notoriété des entreprises et constitue de ce
fait un moyen idéal de leur développement ou de leur
croissance. De ce point de vue, l’introduction en bourse
est une opération importante pour les dirigeants et leur
entreprise.
D’autre part, ces résultats doivent permettre aux
potentiels investisseurs de prendre de meilleures décisions.
Afin d’assurer leur retour sur investissement, les
investisseurs devront investir dans les entreprises ayant
pris la décision d’ouvrir leur capital. À la lumière des
résultats de cette étude, il ressort que les rendements
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qu’offre l’introduction des entreprises camerounaises à la
cote, sont plus profitables aux détenteurs des titres qu’aux
autres parties prenantes. Les investisseurs locaux ou
étrangers ont donc un intérêt à prendre les parts dans les
entreprises introduites à la DSX ou tout au plus inciter leur
entreprise à s’introduire à la DSX, afin de profiter des
dividendes.
Parallèlement, la cotation ne comporte pas que des
avantages. Sa première contrainte est de s’assurer d’un
niveau élevé et régulier de profitabilité. La société ne peut
se permettre de prendre trop de risques. La deuxième

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L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
contrainte concerne les exigences en matière de
comptabilité, de reporting et de gouvernance d’entreprise
qui sont nombreuses et coûteuses.

5. Conclusion
Cette étude avait pour ambition d’apprécier l’impact
de la cotation boursière sur la performance financière des
entreprises cotées à la Bourse mobilière du Cameroun
(Douala Stock Exchange). La performance financière a été
appréhendée à travers les indicateurs comptables et
boursiers.
À partir de la méthode de l’analyse de contenu, nous
avons exploité les Déclarations Statistiques et Fiscales
(DSF) et les Rapports annuels boursiers de chaque
entreprise afin de collecter les données nécessaires à la
conduite de l’étude. Une analyse de ces données à travers
les comparaisons statiques et dynamiques des
performances des entreprises avant et après l’introduction
en bourse nous a permis d’aboutir à deux constats :
- il ressort tout d’abord que la performance
financière mesurée par les indicateurs comptables (les
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rentabilités financière et économique, la profitabilité,
l’autonomie financière, croissance du chiffre d’affaires)
connait globalement une amélioration significative à
l’année de cotation comparativement aux trois années
précédentes et durant les trois années post-cotation cette
performance diminue progressivement ;
- il ressort ensuite que cette performance mesurée
par les indicateurs boursiers (l’évolution des cours, le
PER) corrobore les prédictions théoriques suivant
lesquelles les entreprises cotées affichent à l’année de
cotation une performance élevée qui se dégrade sur les

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 128


101-133 Fidèle Djoumessi, Jérôme Gonne, Léopold Djoutsa Wamba

années post-cotation. Cependant, le taux de rendement, le


dividende par action et le bénéfice par action, connaissent
une variation significative à la hausse durant les 3 années
post-introduction.
Globalement, il ressort de l’étude que les
performances des entreprises s’améliorent après leur
introduction en bourse. S’il est donc vrai que la cotation
améliore la performance des entreprises, comment
expliquer dans le conteste camerounais la réticence des
entreprises à ouvrir leur capital au public ? Craignent-elles
le basculement à plus de transparence et donc à moins de
manipulations comptables ? Craignent-elles la perte du
contrôle familial ? Serait-il un problème culturel sur le
plan national au sens de Hotsfed (1989) ? Peut-être
n’appréhendent-elles pas clairement les enjeux et les
avantages fiscaux liés à l’opération ? Que des questions
qui taraudent notre esprit.
De toutes les façons, afin de connaitre leurs
opinions, il serait intéressant pour nous de prolonger cette
étude en menant une autre sur les facteurs explicatifs de la
réticence des entreprises à s’introduire en bourse dans
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cette contrée.
Malgré la faible taille de l’échantillon, des
incertitudes quant à considérer la cotation comme l’unique
variable explicative du niveau de performance post
cotation, les résultats obtenus dans le cadre de cette étude
ont tous leurs mérites. Ils ouvrent les voies de recherches
futures et plus principalement sur les facteurs explicatifs
de la réticence des entreprises à se coté à la bourse.

Revue congolaise de gestion, N° 29, Janv. – Juin 2020 129


L’introduction en bourse améliore-t-elle la performance financière de
l’entreprise ? Une application au cas des entreprises cotées à la DSX
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